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SOMMAIRE

IN MEMORIUM ........................................................................................................................ 2

DEDICACE ................................................................................................................................ 3

REMERCIEMENTS .................................................................................................................. 4

TABLE DES SIGLES ET ABREVIATIONS …………………………………………….......7

LISTE DES TABLEAUX……………………………………………………………………..8

LISTE DES FIGURES………………………………………………………………………...8

RESUME.................................................................................................................................... 9

ABSTRACT ............................................................................................................................. 10

INTRODUCTION GENERALE.............................................................................................. 11

CHAPITRE 1 : CADRE THEORIQUE ET APPROCHE METHODOLOGIQUE DE LA

RECHERCHE .......................................................................................................................... 22

CHAPITRE 2 : SEMIOLOGIE ET REPRESENTATION SOCIALES DU SORCIER AU

BENIN……… .......................................................................................................................... 83

CHAPITRE 3 : SORCELLERIE : UNE CONNAISSANCE DIGNE

D’ENSEIGNEMENT………… ............................................................................................. 166

CONCLUSIONGENERALE…………………………………….………………………....236

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ............................................................................... 240

ANNEXES ............................................................................................................................. 244

TABLE DES MATIERES ..................................................................................................... 326


Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

IN MEMORIUM

A mon feu père Elias Gbadanou HESSOU pour la graine ensemencée et l’audace inoculée.

Le fruit a germé en ton absence pour grandir ton nom, le célébrer

Paraît – il que tu n’es pas loin…car, si loin, c’est si près…

Je l’ai senti, puisque tu m’as mis sur le chemin de ce qui t’a arraché à mon affection ; désormais

je sais. J’ai compris.

Merci Papa.

A Cossi Jean Marie APOVO

En mémoire du mémorable…

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DEDICACE

A ma mère Pauline DOFFON pour avoir accepté de me donner la vie

A la femme…qui m’aime…malgré tout.

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REMERCIEMENTS

A mon directeur de thèse, Professeur Dodji AMOUZOUVI. A ce magicien qui a l’art de

fabriquer des savants, je dis merci. Et demande pardon pour tous les grands rendez-vous

manqués ;

Au Professeur émérite Albert NOUHOUAYI ;

Au Professeur Mahougnon KAKPO le frère, l’ami qui a dû écrire un jour que le savoir est un

pouvoir ;

Au Professeur Honorat AGUESSY ;

Au Professeur Moustapha DIABATE ;

Au Professeur Nouréini Tidjani SERPOS ;

Au Professeur Guy Ossito MIDIOHOUAN;

Au Professeur Bienvenu KOUDJO ;

Au Professeur Albert Tingbé AZALOU ;

Au Professeur Adolphe KPATCHAVI ;

Au Professeur Nassirou Arifari BAKO ;

Au Dr. Aziz IMOROU ;

Au Dr. Sabbas ATTINDEHOU l’étonnant érudit qui mit tout à ma disposition, que les

bénédictions soient de Ouidah à Kpoguètomé ;

Au Dr Fernand NOUWLIGBETO…Merci pour la reconnaissance ;

Au Dr Jacques AGUIADAHO, une exception de connaissances ;

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Au Dr Joseph SAHGUI, d’abord pour son humanisme et son amour du prochain ; une

gentillesse et une générosité au service de l’humain et de la science.

Ma reconnaissance sans limite ;

Au Dr Nicolas AKOTCHAYE pour l’assistance et la fraternité au fronton de la science. Les

collines reconnaissantes ;

Au Dr. Mescario d’ALMEIDA pour la fraternité et l’assistance ;

A Pierre O. AGBANI, responsable du jardin botanique de l’UAC, haut lieu d’inspiration pour

ce travail ;

A tout le personnel du jardin botanique de l’UAC ;

Au redoutable Bokonon LOKO ATIN qui menaça de couper le régime de palme avec le

phallus ;

A Camille AMOURO et tous les amis du cercle Prométhée ;

A Expédit OLOGOU, cet omon ela ; la réincarnation de tous les talents des 41 collines ;

A tous les amis du C.A.C Kpanlingan ;

A tous les enseignants du supérieur qui ont contribué à ma formation ;

A mes amis de l’ESMAC-Hwendo ;

A mes amis de la vie associative ;

A tous ceux que j’ai rencontrés à l’ORTB : Collègues, amis- sachants et savants ;

A Mêdagbé Natacha HESSOU qui abandonna tout pour que ce travail soit ;

A Augustin GOUBALI, ma boîte à recherches ;


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A Claude Euphoria CAPO-CHICHI, la gazelle mahi qui s’est serieusement occupée de ce

travail ;

A Ghislain ADJAHOUISSO, mon graphiste ;

A la femme d’hier à demain ;

A mes enfants pour dire que l’impossible est l’affaire de ceux qui y croient et que le travail est

un trésor ;

A mes amis de promotion d’hier à demain ;

A mes professeurs d’hier à demain ;

Aux savants et sachants d’hier à demain ;

A Xavier ZOLA pour le précieux soutien ;

A mes amis : Thomas EDEA ; Gaston EGUEDJI ; Léon ZOHA, Mylène EWAGNIGNON et

Innocent SEWANOUDE.

A mes frères et sœurs : Henri Dagbedji, Nathalie, Fernando, Ladislas, Evariste, Rustique, Juste,

Justin, Odile, Modeste, Vincent ainsi que les autres trop tôt partis ;

Parmi vous, je n’ai pas pû être le plus sage, la vraie raison en est que j’ai envie de vous

connaître… Or la connaissance et la sagesse s’embrouillent souvent.

A tous les autres…

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TABLE DES SIGLES ET ABREVIATIONS

ORTB : Office de Radiodiffusion et Télévision du Bénin

RSE : Responsabilité Sociale de l’Entreprise

UAC : Université d’Abomey-Calavi

UNICEF : Organisation des Nations Unies pour l’Enfance

BRAOC : Bureau Afrique de l’Ouest et du Centre

RCA : Méllenium Challenge Account

CBRST : Centre Béninois de Recherche Scientifique et Technlogique

CPA : Centre de Promotion Artisanal

HAAC : Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication

ENAM : Ecole Nationale d’Administration et de Magistrature

FLASH : Faculté des Lettres Arts et Sciences Humaines

FADESP : Faculté de Droit, Economie et Science Politique

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LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1: synthèse des choix méthodologiques................................................................................... 73

Tableau 2 : chronogramme des tâches................................................................................................... 81

Tableau 3 : éléments ............................................................................................................................ 229

LISTE DES FIGURES

Figure 1 : carte du Sud Bénin ................................................................................................... 74

Figure 2 : diagrammes des representations sociales sur la sorcellerie ................................... 146

Figure 3 : Images d’un film inspiré de la sorcellerie (MERLIN) ........................................... 211

Figure 4 : Image d’une serie sur la sorcellerie : Harry Pother ............................................... 212

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RESUME

La sorcellerie a été longtemps perçue comme une pratique mystique de nuisance. Elle est, dans

cet ordre d’idée, la maîtrise des énergies globales pour nuire et répandre le mal sous toutes ses

formes, notament tuer.

Et pourtant, le sorcier, comme le savant, est un initié qui utilise également son savoir pour créer,

inventer ou faire du bien. C’est cette idée qui tient lieu d’objet de recherche pour la présente

thèse qui s’intitule : « La sorcellerie au sud du Bénin : étude socio-anthropologique ».

De nature mixte, cette recherche a permis d’approcher trois cent vingt quatre citoyens du sud

bénin. Ils sont des acteurs identifiés par choix raisonné. Sur la base des entretiens bien structurés

avec l’administration de questionnaires et des récits de vie.

A l’issu de cette recherche, on comprend que le mal sorcier est une construction de l’idéologie

dominante qui a besoin de diaboliser l’existant culturel du dominé.La sorcellerie relève de

l’anthropologie de l’éthique et de la morale.Le sorcier se construit selon la société à laquelle il

appartient. Il en ressort donc que la sorcellerie, au cas où elle existerait, mérite d’être

profondément relativisée.

Mots clés : sud du Bénin, sorcellerie, initiation Savant, bien, mal, Dieu.

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ABSTRACT

The witchcraft was perceived (collected) for a long time as a practice of nuisance. It would be

the control (master's degree) of the global energies to damage. Kill. And nevertheless, the

wizard as the scholar is an initiated who also uses his knowledge to create, invent or do good.

It is this idea which considers place of object of search (research) as the present thesis (theory)

which is entitled " The Witchcraft in the South of Benin: socio-anthropological study ". We

questioned dozens Beninese to obtain a report according to which we can find in the witchcraft

redefined by "tools" to contribute to the evolution of the company (society). The bad wizard is

a construction of the dominant ideology which needs to demonize existing cultural of the

dominated. The witchcraft is a control (master's degree) of the nature and there is well of

Keywords: The South of Benin – Witchcraft – Initiation – Learnad – Very – Bad – God

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INTRODUCTION GENERALE

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Si la sorcellerie n’existait pas, personne ne mourrait au Bénin. La foi portée sur la sorcellerie

‘’azé’’ fait mentir le concept philosophique du ‘’tout être est mortel’’.

Sous le chaud soleil de midi le gong a retentit trois fois. Les écoliers, comme d’habitude

s’ébranlent vers la sortie. Angelot, mon voisin de table a été encore une fois jaloux que

j’obtienne la meilleure note en dictée question. Il me lança « Comment un sanpè peut travailler

plus que moi, enfant d’un puissant PDG » J’ai gardé le mot ‘’Sanpè’’ et filait à la maison

‘’Maman c’est qui SANPE ? Interrogeai-je ; ma mère écrasa deux gouttes de larmes et me dit :

‘’Cela signifie, un enfant sans père’’. Pourquoi on me dit ça ? Je n’ai pas de père ?, ‘’Oui mon

bout de chou, tu en as bel et bien un qui n’est plus de ce monde. Il a été tué par la sorcellerie

dans votre village d’Awaya’’. ‘’Ah ! C’est quoi la sorcellerie ? Demandais-je à nouveau ; ma

mère baissa la tête et me répondit, mon fils je ne saurais te l’expliquer, c’est trop compliqué

pour un enfant de ton âge, tu le sauras plus tard…Et c’est cette déclaration de ma veuve mère

qui attisa ma curiosité et s’installa définitivement comme la première raison du choix de mon

sujet…

L’étranger qui rend visite au Bénin, n’a pas besoin de faire une enquête pour entendre parler de

la sorcellerie. Le concept (Sorcellerie) dans son aspect de frayeur est servi à tout venant. « Les

articles des journaux, les rumeurs, les confidences, les conversations sur la cause de l’infortune

de tel ou tel ou sur celle de son soudain succès, sont peuplés de leurs exploits » (Henry, 2008).

Les faits de sorcellerie ont toujours été perçus comme de la pure superstition, sans grand intérêt

pour l’autorité judiciaire.

Lorsque des rapports de police ont commencé par parler sur des faits de sorcellerie, le sujet

devient intéressant et digne d’analyse…Cela aussi motivé le choix de notre sujet. La sorcellerie

est si porteuse de mal et de mort que tout donne l’impression que sans elle personne ne mourrait.

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Comme si sans elle tout être humain n’est plus mortel. L’échec, la maladie, le malheur sous

toutes ses formes relèveraient purement et simplement de la sorcellerie.

Prométhée, héros de la mythologie grecque a volé le feu à Zeus, (Dieu dans la mythologie

grecque,) pour apporter la lumière à l’humanité.

Dans cette conception, plusieurs symboles s’accumulent pour éclairer la volonté de l’homme

de connaitre, de savoir et de dominer en dehors de Dieu ; Zeus. Dieu que les béninois du sud

appellent ‘’mahou’’. Le mot fon ‘’mahou’’ est fait du préfixe ‘’ma’’ négation ‘’hou’’

‘’dépasser’’ qui se traduit par ce que rien n’a dépassé. ‘’Mahou’’ Dieu est donc chez les fons

du sud Bénin ce que rien n’a dépassé. Après le ‘’ma hou’’ Dieu que rien ne dépasse ou le

sɛgbolissa’’ grand architecte de l’univers encore appelé ‘’ajalↄnon’’ ‘’aja’’ cage ‘’lↄnon’’, le

constructeur de la cage de l’univers, il y a le ‘’gbɛtↄ’’. gbè : vie ; tↄ : père ainsi appelé, l’homme

est le gbɛtↄ c'est-à-dire le père de la vie.

Acteur social clé, l’homme a tellement de responsabilité, d’emprise sur la vie qu’il est appelé

‘’gbεtↄ’’. Par décomposition gbε : vie, tↄ : père. Ainsi décomposé, l’homme, pour les béninois

du sud bénin serait le père de la vie.

Entre ces ‘’pères de la vie’’ prévalent la guerre du leadership et les rapports de force. La lutte

pour la survie, la lutte des classes, tous les combats pour la vie font dire à certains que ‘’la vie

est un combat’’. Un combat aussi bien au niveau du visible que de l’invisible. L’homme lutte

donc pour son bien être. Doté d’intelligence, l’Homme, au delà de son bien être, est aussi un

animal politique. Ceci developpe chez lui un instinct aussi bien de conservation que de

domination.

Père de la vie, père de la nature après Dieu, l’homme est doté de grandes capacités qui le rendent

capables de manipuler la nature. Par l’expérience, l’observation et diverses expérimentations

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transmises de génération en génération, l’homme a acquit plusieurs types et formes de

connaissances.

Parmi celles-ci la sorcellerie appelé ‘’Azé’’ en langue fongbé au Sud du Bénin, la sorcellerie

est un concept qui influence la vie des béninois depuis des siècles.

Ceux qui en sont acteurs et manipulateurs l’ont chargé de tout ce qui est noir, sombre et négatif :

la sorcellerie inspire la peur, le mal et surtout les maladies et la mort.

Compte tenu de sa spécificité, le sujet a longtemps échappé à la science. Dans ce travail, il est

impérieux pour nous de le considérer comme un fait social et de l’étudier en tant que tel. C’est

cela qui explique l’intitulé de notre sujet : ‘’La sorcellerie (Azé) au sud du Bénin : Etude socio

anthropologique’’. Nous nous sommes posé, à ce sujet des questions de recherches, des

hypothèses sont émises et entrainent logiquement des objectifs.

Entant que père de la vie, l’homme est le digne représentant de Dieu créateur sur terre. ‘’Je t’ai

créé à mon image et à ma ressemblance’’ (Genese1)

L’homme, Dieu sur terre est le seul animal doté d’intelligence (la capacité d’adaptation). Dans

la vie sociale, l’Homme est le Dieu de l’Univers. Cet Univers fait des quatre éléments que sont :

La terre, l’eau, l’air, le feu puis d’un cinquième l’éther, ou le verbe. C’est d’ailleurs au

commencement qu’était le verbe qui s’est fait chair. L’Homme est composé des quatre éléments

dont est fait la nature, l’univers. Dans la société des Hommes il y a les dominants et les dominés,

d’où la qualité d’animal politique qui caractérise l’homme. D’où la notion de ‘’pouvoir’’. Le

pouvoir sous toutes ses formes : pouvoir politique, pouvoir mystique et spirituel qui appelle la

connaissance et le savoir. Mahougnon kakpo, dira que ‘’le savoir est un pouvoir’’ le pouvoir

est donc un élément vital de tout être humain. On l’acquiert par ‘’initiation’’ c’est pourquoi

l’Afrique AF KA-RA, la terre des fils de Ra est un continent essentiellement initiatique.

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La vie est basée sur le concept de la dualité. Rien ne fonctionne en sens unique. Chaque acte ou

fait a son répondant. En guise d’exemple, le jour ne va pas sans la nuit, le bien existe parce qu’il

a le mal. La vie n’a de sens que lorsqu’on pense à l’inévitable mort. Le philosophe écrit à cet

effet que « Vivre c’est apprendre à mourir ». L’autre ira encore plus loin avec de l’humour noir

en proclamant « Ce qui est sûr, c’est que la vie est le seul endroit d’où personne ne sortira

vivant ».

L’Afrique, ‘’AF KA RA’’ est le contient des fils de Rà (Godson, 2015). Dans ce sens, cette

terre de la race noire en est une où l’initiation est d’une importance capitale. La vie sociale est

structurée et organisée en couches classes, catégories socio professionnelles et

confessionnelles…

Par les pratiques initiatiques , l’homme arrive à dompter la nature et à dominer ses semblables.

Parmi les pratiques initiatiques liées au savoir et à la supra-connaissance, il y a la sorcellerie.

Les béninois du sud Bénin l’appellent ‘’azé’’ en français ‘’tu as pris’’ pour dire que le ‘’azé’’

est le pouvoir qu’on prend. Ce qu’on prend pour réussir un exploit.

La sorcellerie est à la croisée de tous les chemins. Relevant du mystère des mystères, il y a

autant de sociétés que de sorcelleries.

Les sociétés africaines traditionnelles vivaient en toute quiétude dans un traditionalisme

rationnel. Avant l’envahissement colonial, tout était organisé structuré. La société est organisée

en castes et classes.

Dès l’envahissement du colonisateur qui a entrepris ‘’sa mission civilisatrice, c’est fini’’. Les

nouveaux maitres ont décidé de faire table rase du passé. Toutes les pratiques endogènes sont

perçues comme pures pratiques sataniques et diaboliques. Ce que l’envahisseur ne connait ni

ne comprend relève de l’ordre du diabolique et du satanique, bref de la négation, du mal. ‘’Au

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commencement, Dieu créa le ciel et la terre...Or la terre était vide et vague, les ténèbres

couvraient l’abîme et un souffle de Dieu agtait la surface des eaux.

Dieu dit : « Que la lumière soit et la lumière fut. Dieu vit que la lumière était bonne et Dieu

sépara la lumière et les ténèbres « nuit… » (La Bible Louis Second, Genèse 1 V1…). Ainsi est

décrite la création du monde dans la bible, L’œuvre des six jours.

Dieu, créant ainsi le monde a mis chaque chose à sa place. A cet effet, il a créé les continents

et les races. Races parmi lesquelles les races jaune, noire et blanche. Face à la diversité des

races, certains ethnologues ont procédé à leur classification. Ils ont établi des ‘’discours sur

l’inégalité des races’’ pour trouver que de toutes les races, la noire est la dernière (Gobineau,

2013).

Ils ont placé en tête de toutes les races, la blanche, la plus…..qui se doit d’entreprendre une

mission civilisatrice.

Cela a entraîné le système des trois « M » : Les Missionnaires, Les Marchands et les Militaires.

Les divers changements et crises ont impacté le langage au point où l’élite des peuples civilisés

clame « Civilisations, nous savons maintenant que vous êtes mortelles » (Eluard, 2008).

D’autres ethnologues, ou socio-anthropologues ont commencé par explorer de nouvelles formes

de recherches. L’anthropologie est donc devenue une science de terrain où chaque culture est

expliquée selon ’’ses réalités’’. Après la sociologie des connaissances, du savoir.

La République du Bénin est reconnue par tous comme la terre du vodoun (Aza 2010). Au Plan

physique et symbolique, le Bénin ressemble à un poing fermé sorti de l’océan.

Qu’elle existe ou pas, l’une des préoccupations majeures des Béninois vivant au sud du Bénin

est la sorcellerie. Véritable fléau social, le phénomène fait peur et ses adeptes (sorciers) sont

considérés comme de véritables bourreaux pour l’espece humaine.

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

On parle parfaitement de l’anthropologie, de l’éthique et de la morale (Massé, 2015). C’est là

une révolution qui consistera à défendre l’idée selon laquelle les « peuples primitifs » auraient

tous une morale. Ce raisonnement fut discuté. Il a pris par une critique des rapports entre morale

et religions…

Il convient de noter à ce sujet que la vie de l’homme sur terre, d’un point de vue éthique, est

partagée entre deux mots : l’amour et la peur (Neale Donald Walsch, Conversation avec Dieu,

2010, audio).

L’amour est perçu comme tout ce qui est divin, donc positif. La peur serait perçue comme une

invention humaine. Car, Dieu n’a pas créé le mal et la peur. En d’autres termes, on pourrait

traduire ces deux mots en bien et mal.

C’est en fait de cela qu’il s’agit parce que l’univers est caractérisé par cette dualité, bref ce

manichéisme. Dieu le père a en fait créé l’homme libre. Il a le choix entre le bien et le mal.

Dans Deutéronome 30 : ‘’l’homme, j’ai mis la vie et la mort… choisis la vie et vis.’’

Les philosophes ont abordé le sujet de la liberté, le libre arbitre. Avec les notions du ‘’ça’’ (le

désir), le surmoi (prescription sociale) contribuent au ‘’moi’’ (la personnalité, la responsabilité).

Par l’éducation, l’homme intègre une société qui crée à travers mythes fondateurs et culture, les

valeurs à suivre auxquelles sont intimement liées aux notions de bien et de mal.

C‘est à ce niveau qu’intervient un certain nombre de notions comme la sorcellerie.

Dans le golfe de Guinée, principalement dans le panthéon vodoun, la sorcellerie occupe une

place d’autant plus importante qu’elle est au cœur de la plupart des activités humaines (Kakpo,

2013).

La sociologie ayant pour racine socius, est l’étude scientifique des sociétés et des faits sociaux

ayant pour cadre la société, les relations sociales, les manières de se réunir ou de se retrouver,

mais aussi l’analyse de ces manières »

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

La sorcellerie plonge ses racines dans toutes les formes acquises de comportements qui

socialisent l’homme ; qui établit donc le contrat social.

Le mythe sous toutes ses formes, la culture et la civilisation impliquent des lois et règles qui

conduisent à une socio-anthropologie de la morale. Une morale fondée sur les notions du Bien

et du Mal ; y compris leur relativité puisque chaque peuple (société) établit ses normes suivant

des règles et principes qui lui sont propres.

La sorcellerie, relevant de la socio-anthropologie de la morale prend donc ses marques dans la

culture et la civilisation. L’on a tendance à confondre culture et civilisation (Pruneau, 2010).

Alors, peut-on dire que la culture est synonyme de civilisation ?

La civilisation est souvent associée à un jugement de valeur, elle qualifie les sociétés, puisque

l’on considère telle ou telle société ‘’civilisée’’. Mais ce terme désigne aussi certains aspects

de la vie sociale en s’appliquant à un ensemble de peuples ou de sociétés. C'est-à-dire en tant

que traits caractéristiques d’une civilisation. Les pyramides caractérisent l’Egypte comme la

culture vodoun caractérise le Dahomey, actuel Bénin.

Pour ce qui est de la culture, les théoriciens considèrent trois états relatifs à la culture d’une

société :

- l’état sauvage ;

- l’état barbare ;

- l’état de civilisation.

D’où l’Etat de civilisation fait penser à l’Etat de culture. C'est-à-dire, un état social, en

opposition à l’état de nature. C’est pour cela que l’être humain est considéré comme un être

social. La différence entre culture et civilisation se situe essentiellement au niveau matériel et

technique.

C’est cela qui a fait que dans l’histoire de l’humanité, des peuples dits civilisés ont décidé du

classement, donc du sort d’autres peuples dits ‘’barbares’’ et ‘’sauvages’’.

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

A un moment donné de l’histoire, des peuples dits ‘’civilisés’’ en avaient désigné d’autres qui

n’en étaient pas. Il y avait donc des peuples ‘’barbares’’ (comte Arthur de Gobineau). Les races

ont été aussi classifiées. Et au bas de l’échelle, git la race noire, sans oublier que la dominante

est la blanche (Gobineau, 1816-1882). Il y a eu donc des décisions dévalorisantes comme le

code du noir.

D’où, au nom de l’humanité, une mission civilisatrice. Dans un premier temps des

missionnaires ont envahi le continent africain. Il a été enseigné aux Africains l’abandon de leur

culture pour épouser celle européenne, d’où la table rase. Pour résumer ce fait, Jomo Kenyata

affirme : « Quand, ils étaient venus, ils avaient leur bible et nous avions nos terres. Ils nous ont

demandé de fermer les yeux pour prier. Quand nous avons ouvert nos yeux, ils avaient nos

terres et nous tenions leurs bibles »

Après cette expropriation, il y a eu leur marchand pour vider le continent de ses ressources

après l’avoir détourné de sa culture. Et le ‘’M’’ des militaires, est intervenu pour tout imposer

de force.

Avec ce système coercitif des ‘’trois M’’ (Missionnaires, Marchands, Militaires), la

colonisation était installée avec son idéologie dominante comme toujours, les normes et les

valeurs sont des construits idéologiques.

Même si Paul Valery a décrété : « Civilisations, nous savons maintenant que vous êtes

mortelles ». Les conséquences de l’idéologie dominante sont là : tout ce qui ne relève pas de

ses idéaux est à bannir. Car, toutes les formes d’expression culturelle sont nuisibles. Le monde

de la superstition est appréhendé et sanctionné. Au banc des accusés : la sorcellerie

Pour Bastien (1998) les termes « secrets » ; « révélés » ; « transmis » et« achetés » reviennent

pour contribuer à élever l’homme au dessus de son statut habituel.Dans une tradition où tout

est animé, le secret a sa valeur.

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

Ba(1998) rapporte que c’est Maa Nala, la Force suprême qui a doté l’homme d’une partie de

ses connaissances en lui enseignant les lois du cosmos. L’homme peut donc avoir une

communication parfaite avec son environnement terrestre et céleste. Le principe à cet effet est

clair que la connaissance du bien en tant que finalité, une exigence et devoir découlant de son

état primordial.

Bastien(1998) poursuit en citant Ba (1998). La connaissance est un secret entre Dieu et

l’homme, par rapport à tous les autres habitants de l’univers qui n’en disposent pas. Tout

comme Maa Nla Ou N’Gala a enseigné au premier homme, il continue à donner la connaissance

à des hommes de son choix. La connaissance révélée est perpétuellement ressourcée, toujours

identique et nouvelle, et adaptée aux situations. Les considérations sus évoquées sont valables

pour la sorcellerie.

Et pourtant, la sorcellerie appartient au monde des forces diaboliques (M’Bara, 2015 : 12). Le

terme est relatif à un contrat avec le diable. Il viendrait d’un mot de l’ancien anglais Willecratet

du mot anglo saxon Willecrat qui est un nom composé de l’art et de sorcière. Le terme art

signifie : force, pouvoir et habileté. Le terme sorcière vient du mot Latin Vicere qui signifie

‘’Conquérir’’. Ainsi, sorcellerie signifie : conquérir par la force le pouvoir ou la puissance. La

plupart des encyclopédies désignent le terme : sorcellerie dans le sens de la magie. Le

dictionnaire le définit comme ‘’l’utilisation de la magie pour nuire. Elle est confondue à la

magie noire. Bref, la sorcellerie peut être un pouvoir de nuisance terrible, un pacte avec le

démon. Le sorcier ou la sorcière étant de terribles jeteurs de sorts, nés pour nuire et tuer...

Mais, notre thèse choisit d’aller au-delà… de cette considération. Considérons cette sagesse

amérindienne :

Un vieil indien explique à son petit-fils que chacun de nous a en lui deux loups qui se livrent

bataille. Le premier loup représente la sérénité, l’amour et la gentillesse. Le second loup

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

représente la peur, l’avidité et la haine. « Lequel des deux loups gagne ? » répondit le grand

père.

En fait, la sorcellerie, c’est l’homme face à son choix dans la vie. De Deutéronome 30 à Sastre

(1957), Dieu met l’homme devant ses responsabilités. L’univers étant fait d’amour et de peur,

l’homme choisit. Selon sa culture, son vécu, son éducation et sa destinée. C’est pour cela qu’au-

delà de la sorcellerie admise par la majorité comme une activité malfaisante, la présente thèse

montre qu’il y a bel et bien une sorcellerie bienfaisante.

En Côte-d’Ivoire, les Komians en sont un exemple (Boa, 2010). Il y a bel et bien des gens qui

sont initiés pour faire du bien, guérir ou arracher les victimes des griffes des sorciers

malfaisants. Donc, en fait, c’est la société qui désigne ses sorciers. D’où la sorcellerie est une

mise en scène, un jeu social entre initiés malfaisants et bienfaisants qui complotent sur le dos

de la population dans un marché bien installé.

Il est à noter que les savants sont aussi des bienfaisants, ils utilisent les mêmes outils que les

sorciers malfaisants.

‘’Fleur du mal’’, la sorcellerie a également donné lieu à une étonnante industrie

cinématographique. Ce ‘’mal’’ a des biens qui nourrissent avec abondance l’économie créative.

Au nom de la sorcellerie, pour rendre l’émotion de la peur, des générations entières ont regardé

des films qui ont contribué largement à leur éducation, à leur formation.

Pour cela, il existe bel et bien des sciences dont l’apprentissage nous donne des outils féconds

pour avoir un supplément d’âme, d’espoir (Kakpo, 2013).

Et si on rassemblait toutes les sciences qui élèvent le niveau de la conscience humaine. Ces

sciences dont l’apprentissage fait que le peuple ne périt pas… sous une nouvelle science

audacieuse et englobante : la sorciologie .

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

CHAPITRE 1 :

CADRE THEORIQUE ET APPROCHE

METHODOLOGIQUE

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

Comme l’indique son intitulé, ce chapitre expose le cadre théorique ainsi que
l’approche méthodologique relatif à notre sujet
1.1. Problématique

La vie, la maladie, la mort, pourquoi déjà çà ; et ensuite quoi ? Voilà un questionnement spirituel

qui tracasse l’humanité depuis la nuit des temps. Sans réponse définitive, l’Homme est enclin

à philosopher constamment dans le labyrinthe de la foi ou dans celui des dénonciations de la

méchanceté de l’autrui. Malgré le progrès scientifique qui est aujourd’hui hors de portée de

l’imaginable, aucune théorie n’a encore pû convaincre les esprits sur l’origine et le sort de

l’homme autant que l’ont pû les doctrines religieuses et les dogmes. La maxime « Tout homme

est mortel », aussitôt prononcée, s’évanouit vite dans l’espérance inavouée d’une immortalité

puisqu’en effet les esprits finissent souvent par un deni en ne comprenant subitement plus

pourquoi ils doivent restituer la vie. Pourquoi un tel malheur ? Pourquoi donc maintenant ?

Juste au moment du succès ? Pourquoi cette mort injustifiable ? Malédiction ? Envoûtement ?

La réponse à une de ces préoccupations évoque presque toujours une pensée accusatrice. En

Afrique et au Bénin en particulier, la modernité a bien basculé les us et coutumes.

Face à ces constats, les populations du sud-Bénin ont diverses manières pour appréhender tout

ce qui survient dans leur vie. Il est de coutume d’entendre que l’enfant de tel, travaillant bien à

l’école peut se trouver subitement abattu par une mort inexpliquée ou encore, la femme de tel,

qui porte une grossesse qui s’étale sur une durée anormale (13 mois). Tous ces faits interpellent

la conscience des Béninois au sud et les conduisent à penser aux forces surnaturelles manipulées

par l’homme dans le but de nuire à son prochain. Ces phénomènes de la vie sont communément

qualifiés d’actes sorcelleresques.

La sorcellerie est restée ancrée de façon indélébile dans la mémoire collective. C’est elle qui

est évoquée pour expliquer la quasi-totalité des malheurs incompris, des éches et même de la

pauvreté. A quoi tient donc la pérennité de cette pensée ? S’agit-il d’un héritage culturel ? Que
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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

signifie la sorcellerie dans l’Afrique contemporaine, une Afrique embaquée dans le

mondialisme pour le moins acculturant ? Dans certaines contrées africaines des anthropologues

semblent défendre la théorie du complot de malins colonisateurs. C’est ainsi que (Abe & Abega,

(2006 : 34) déclarent que le mot sorcellerie ne renvoie à rien de connu dans les langues locales

au Cameroun. Il est difficile de lui trouver un équivalent, un mot qui puisse le traduire.

La vie en société suppose des principes et des règles. Ceux-ci sont établis à travers le temps et

l’espace. C’est cela qui s’appelle culture ou civilisation qui ne sont rien d’autres que des valeurs

qui s’incrustrent dans le subconscient collectif (Jung, 1918). Chaque société se définit donc par

ce type de valeur, d’où la rélativité de la culture et de la civilisation. Elles font appel aux notions

de bien et de mal, de mensonge et de vérité. L’autre a dit: «vérité au-délà des Pyrénées, erreur

en deçà». Descartes (1637) parle du bon sens est la chose du monde la mieux partagée avant

d’ajouter que chacun conduit le sien différement…il est arrivé dans le cours de l’histoire de

l’humanité que des civilisations se sont imposées à d’autres. Il est question de peuples civilisés

et de peuples primitifs. Par conséquent l’histoire de l’humanité à connu une mission civilisatrice

a l’égard des peuples non civilisés. C’est à cet effet que des mots et concepts sont inventés par

les idéologies dominantes pour qualifier, étiqueter, humilier les cultures des peuples dominés.

Parmi ces mots, le plus terrible et le plus usuel est la sorcellerie. Il est une construction de

l’idéoligie dominante pour dénigrer et noircir les pratiques culturelles et cultuelles des peuples

endogènes. Il s’agit là de l’aspect moral du concept de la sorcellerie qui désigne toutes les

pratiques que l’idéologie religieuse (dominante) ne comprend pas.

De ce fait, nous sommes dans l’anthropologie de la morale et de l’éthique.Etymologiquement,

« morale » vient du latin (philosophia) moralis, traduction par Cicéron, du grec ta ethica, les

deux termes désignent ce qui a trait aux mœurs, au caractère, aux attitudes humaines en général

et, en particulier aux règles de conduite et à leur justification. Toute entreprise humaine est

soumise à la question de savoir si elle se justifie ou pas. Si elle est nécessaire, admissible ou
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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

répréhensible ; en accord ou non avec les valeurs reconnues, c'est-à-dire si elle aide à la

réalisation de ce qui est considéré comme souhaitable à la prévention ou à l’élimination de ce

qui est jugé mauvais…Il faut noter que les règles ne sont les mêmes pour différents individus,

époques, civilisations sociétés. La question se pose de savoir comment découvrir un vrai bien

et une vraie morale, question à laquelle une réflexion systématique ou une philosophie de la

morale peut répondre et déjà, un peu défendre l’idée selon laquelle aucune morale n’existe de

façon absolue pour obliger tous les êtres humains.

Inspiré de Boa (2013) « Une question de révolte » : Camus (2013) dans l’ensemble de ses

œuvres, et plus précisément dans le mythe de Sisyphe a posé certaines questions philosophiques

fondamentales. L’existence humaine est caractérisée par l’absurde. Et chaque être humain est

libre de manifester sa révolte face à l’absurde. Le pire des comportements reste et demeure la

résignation. Le plus important a été de se demander si l’inévitable peut avoir une issue.

Réaliser une thèse de doctorat sur la sorcellerie est comme la manifestation de sa révolte face à

l’absurde. A cet effet, l’ivoirien Boa (2010) a écrit son ouvrage intitulé « La sorcellerie n’existe

pas ». Parcequ’il a été : « révolté à la fois par la soumission collective à l’idéologie de la

sorcellerie et par les effets pervers de cette même croyance » (Boa, 2010 : 9).

Appelant Camus (2013) au secours, il parle de révolte. La révolte qui est généralement pensée

comme l’expérience d’une sorte de colère qui part du plus profond même de l’homme. Ces

affres liées à la sorcellerie remettent en cause notre humanité. Cette révolte qui naît du spectacle

de la déraison devant une conduite injuste et l’incompréhension.

Dans la révolte, l’individu s’insurge contre une fatalité qui accable les innocents et les faibles.

Le révolté veut mettre fin au scandale du mal, il veut mettre fin à l’injustice.Le révolté se sent

en droit d’exiger l’harmonie ou la fin de la négativité au nom de deux raisons fondamentales :

 l’idée de perfection qu’il porte en lui ;

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

 l’idéal qu’il veut réaliser.

Qu’on m’excuse si cette thèse prend parfois l’allure de revendication et de révolte.

La sociologie descriptive ne suffira pas pour écurer cette thèse. On ira plus loin, jusqu’ aux

portes de l’herméneutique.C’est une révolte contre les dispositions vicieuses de la société.La

sorcellerie est une production de notre mentalité. Et le problème est que cette construction

entraîne la vindicte populaire.

Dans le même ordre d’idées, Mbog (2015) a affirmé :

« L’Asie, la Chine et l’Inde n’ont pas eu besoin de christianisme et de l’islam

pour être là où ils sont. D’où vient-il que les Africains soient accrochés au

christianisme et à l’islam pour s’en sortir ? Le juif est juif, l’arabe est arabe. Vous

entendez l’Europe chrétienne ne veut pas se faire avec l’islam. D’ou vient-il que

les Africains veulent être africains en n’ayant pas de religions à eux ? Ils veulent

être Africains en étant musulmans ?, ils veulent être africains en étant chrétiens ?

Ils veulent être africains en étant bouddhistes ? Vous voulez créer quel

Afrique dans cette méthode-là ? Donc vous comprenez très bien qu’il faut savoir

ce que c’est que la religion. La religion a pour but de contrôler les esprits et les

comportements. La religion est un enjeu politique, ce n’est pas une question

individuelle, la question religieuse est une question collective. L’enjeu de la

religion c’est de briser la capacité des faibles à se révolter et pendant ce temps,

cette même religion n’empêche pas les puissants de continuer à être puissants.

Conséquence, si vous êtes dans ces religions, vous êtes perdu,... C’est une hérésie

de dire que Jésus va vous sauver ou Mahomet. D’abord Jésus et Mahomet

doivent être aux arrêts, pourquoi aux arrêts ? Voilà des personnes qui ont la

prétention d’avoir eu Dieu en esprit et qui ont organisé des religions qui ont

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

conduit aux génocides ; qui paye la facture ? C’est eux ? Ou c’est Dieu qui les a

envoyés ? Auquel, si c’est Dieu, eh bien on va l’interroger : est- ce que vous avez

dit à Jésus et Mahomet de venir déporter 30 millions de Noirs en esclavage ? Est

ce que vous avez dit à Mahomet de venir mettre en esclavage 8 millions de noirs ?

La question est très sérieuse. Ne nous laissons pas embarquer dans les sites

mentaux qui n’ont aucun sens, ce sont des hérésies mentales. Et mon mot n’est

pas mal choisi, il pèse fort. Il n’existe pas un individu sur cette planète terre qui

dise que Dieu m’a dit…, l’Afrique a vécu 100 mille ans d’histoire sans qu’il n’y

ait une autre nation, une autre culture. Parce que Dieu a mis en l’homme noir la

potentialité absolue de la vérité. Si c’était les occidentaux, aucune autre nation

n’aurait résisté, ils les auraient exterminés. Conclusion, on ne peut pas prétendre

que l’Afrique qui a été la première sur cette planète terre n’a jamais vu Dieu et

que d’autres personnes viennent dire que Dieu leur parle. Dieu a une bouche ?

Dieu a les barbes ? Il ressemble à quoi ? Donc, les Africains doivent se ressaisir,

la question de Dieu en Afrique est une question scientifique. L’Afrique n’a

jamais dit Dieu, l’Afrique dit la science. Et c’est parce qu’elle est émue devant

la question scientifique qu’elle donne aux principes scientifique les noms de

Dieu. Quand vous entendez atoum, mahat, graa, orus, ce sont des principes

scientifiques. Ceux qui ont l’intention d’en savoir plus doivent savoir. Donc,

Dieu en Afrique est une question philosophique et scientifique. Il n’est pas

question de prétendre qu’on a vu Dieu et qu’on va en parler. J’achève sur cette

question de religions en disant trois choses : la prétention de l’islam de dire que

c’est Mahomet qui a sauvé, la prétention de Jésus de dire que c’est par lui que va

arriver le destin du monde, voilà la première base de division la plus fervente de

l’humanité, ce sont des religions exclusivistes. Le fait que chacun prétende que

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

si tu ne passes pas par moi tu ne verras pas Dieu tu es perdu, et vos mamans vous

les laissez à qui ? Si le salut est individuel ? Votre famille, vous la donnez à qui?

Vous partez seul, vous laissez les autres ? Vous comprenez donc que la question

de Jésus et de Mahomet, c’est une question anthropologique, c’est le sens

individualiste de l’histoire de l’humanité proposé par l’Occident qui n’est pas un

sens africain. Dire que vous allez avoir votre salut par Jésus ou Mahomet c’est

une faute en Afrique. Vous ne pouvez pas laisser votre père et vos cousins vous

ne pouvez pas, si vous le faites vous n’êtes plus Africains »Mbog,

Dans le but d’appuyer Mbog(2015) et fondant une nouvelle épistémologie Dika-Akwa (1982)

écrit :

« Aujourd’hui, le chercheur africain, le chercheur occidental de l’époque de la

décolonisation ne sauraient avoir la prétention d’avancer la science dans la

connaissance de l’Afrique, s’ils continuent à ignorer l’expérience propre à

l’Afrique, les racines socio-épistémologiques de son savoir spécifique, la logique

interne qui sous-tend le développement de ses sociétés et l’indissociabilité des

phases ‘’traditionnelle’’ et ‘’moderne’’ de celle-ci » Cette « expérience propre à

l’Afrique » mérite un examen plus approfondi de ses bases anthologiques. C’est

du mal de la sorcellerie que naitra le salut du continent africain. Au delà des

habitudes anthropologiques, cette thèse voudrait contribuer à changer quelque

chose. Car il est temps que la recherche en Afrique noire sorte de sa torpeur

sociologique… Les causes de nos errances épistémologiques suivantes. Le

handicap psychosociologique né de la (trop) grande influence des présupposés

épistémologiques de la nationalité dominante ; la forte parcellisation des

disciplines universitaires et la difficulté conjointe d’une herméneutique du savoir

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

africain ; le conformisme analytique des recherches universitaires souvent

empreintes de mandarinat intellectuel.La crétinisation d’une sociologie

appauvrie par la méconnaissance. Je ne suis pas un sorcier. Je ne suis pas initié à

la sorcellerie perçue comme un pouvoir de nuisance. Une société secrète où les

gens se transforment diablement la nuit, pour décider du malheur des autres.

(Dika-Akwa, 1982 : 362).

La sorcellerie relève du champ de l’imagination et de la création. Le champ physique est trop

étroit pour les grands esprits. Etant basé sur la loi de la métamorphose, chaque sorcier l’est

selon son être intrinsèque. Dans sa capacité de se transformer en animaux et autres objets,

chaque sorcier doit pouvoir se découvrir et désigner les objets et animaux qui lui marchent

mieux que d’autres.Aucune sorcellerie n’est universelle. Chaque société crée ses sorciers selon

ses besoins.

Je veux défendre la thèse que la sorcellerie n’est qu’une construction de l’idéologie dominante.

La sorcellerie, si elle existe, est un des mots inventés par les religions dominantes pour

stigmatiser et diaboliser les pratiques cultuelles et culturelles des peuples dominés.

Eu égard aux faits et pratiques relatives à la sorcellerie dûment constatés par la population, on

peut se poser la question de savoir Quelles sont les représentations sociales du sorcier au

Sud –Bénin ?

Pour répondre à cette préoccupation centrale, des hypothèses de recherche sont alors

formulées.

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

1.2. Les hypotheses et objectifs d’ordre général

1.2.1. Les hypothèses

 Les discours sociaux expliquent les perceptions que se font les populations du sud-Bénin

du sorcier ;

 La sorcellerie induit des types de savoirs dignes d’enseignement qui échappent au commun

des mortels.

Pour opérationnaliser ces hypothèses de recherche, des objectifs sont élaborés.

1.2.2. Les objectifs généraux

Cette recherche vise à analyser les représentations sociales du sorcier au sud-Bénin.

1.2.3. Objectifs spécifiques

 Dégager les discours sociaux sur le sorcier, son comportement social et son mode de

vie ;

 Répertorier les types de savoirs (sciences) dignes d’enseignement dans un cadre

académique.

1.3. Revue de la littérature

L’étude des phénomènes sociaux obéit à une démarche scientifique qui nous rappelle

Bachelard, (1989), se présente comme une course perpétuelle contre les obstacles

épistémologiques : lutte contre les préjugés et les évidences du sens commun, élaboration d’un

cadre d’analyse et mise en œuvre des procédures expérimentales.

La présente recherche met en évidence deux réseaux conceptuels à savoir : la sorcellerie et

l’anthropologie de la morale.Si on avait posé à Lachelier la question de savoir ce que c’est que

la sorcellerie, le philosophe aurait répondu « je ne sais pas ». Et il aurait quelque part raison,

puisque définir le concept de sorcellerie relève d’un olympisme mental.

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

Cimpric (2013) révoltée affirme que « la notion de sorcellerie n’est qu’une traduction souvent

inappropriées des termes vernaculaires. » La sorcellerie est fille de sa société. Il y a donc autant

de sociétés constituées que de « sorcellerie ». Face à cette complexité du concept, Boa démontre

que « la sorcellerie n’existe pas ». Elle existe peut-être, mais elle est flexible et élastique, dotée

d’une capacité d’adaptation rare, la sorcellerie circule, s’assoit et s’impose.Cette flexibilité lui

permet désormais de s’intégrer dans tous les domaines de la vie ; même les plus modernes.

Il en ressort que la sorcellerie comptemporaine échappe à la « tradition africaine ». Les formes

actuelles relèvent d’une « tradition inventée » pour emprunts de (Hobsbawn, 2007). Qui dit

« sorcellerie » dit donc « invention ». Cette notion regroupe aujourd’hui un nombre incalculable

de phénomènes « occultes », qui n’ont de valeur que, dans les contextes où ils sont construits.

La notion de sorcellerie appelle forcément celle de « contexte spécifiques ». Dans tous les cas

et tout regroupement fait. Elle se définit comme une capacité de nuire à une personne grâce au

pouvoir mystique. Le sorcier et la sorcière sont donc perçus comme ce personnage maléfique

inscrit dans le rôle de faire du mal sous l’influence de cette force ou ce pouvoir de la sorcellerie.

Puisque le champ lexical « sorcelleresque » relève de l’ordre de la métaphysique, les maîtres

mots qui lui répondent sans accusation, violences. Les accusations fréquentes sont la

conséquence directe d’une atmosphère généralisée d’insécurité spirituelle. Le discours social

se construit sur l’omniprésence du danger en étroite relation avec la sorcellerie considérée

comme un mal général, poison présent dans toutes les sauces, dans tous les plats.

Une société est un groupe organisé. Pour éviter les déviances entre acteurs sociaux, un contrat

social selon Rousseau est établi. Des lois et règlements existent et s’imposent à tous. Nul n’a le

droit de l’ignorer. Des balises sont donc posées qui permettent de juger des comportements et

des pratiques collectives comme étant conformes ou non aux normes sociales partagées par

tous. Ce sont là les normes qui impliquent le bon sens (Rousseau). Ce qui fait penser

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

directement aux notions du bien, du bon et du juste. Il en ressort une morale qui est une

composante intrinsèque de la vie sociale. Cette morale devient intrinsèque de la vie sociale,

l’humain étant un animal social. Un espace est ainsi défini dans lequel l’humain a des outils qui

le fondent à juger, guider, convaincre, dénoncer puis sanctionner au besoin (Masse, 2015).

Des idéaux moraux sont ainsi fixés qui emballent les notions de justice de responsabilité, de

solidarité, de dignité qu’il souhaite voir prévaloir dans sa société.

L’anthropologie morale est basée sur la culture, les mythes, la religion qui fondent les règles

qui justifient le comportement social. Le point social est ‘’l’éthique ordinaire « Une éthique

relativement tacite plus ancrée dans les accords communs que dans la règle, dans la pratique

plutôt que dans la connaissance ou les croyances et survenant sans attirer l’attention sur elle »

(Lambek, 2010).

Pour ce faire, l’anthropologie mise sur les contributions de la sociologie, de la psychologie

voire de la primato à l’étude des conditions d’apprentissage des normes morales et des

processus cognitifs qui les sous-tendent.Situées au cœur de la condition humaine et de la vie en

société, la morale et l’éthique s’accommodent mal des cloisonnements disciplinaires.Les

avatars de la nouvelle science du XXè siècle ont travaillé à répertorier les pratiques qui

heurtaient le sens moral des théologiens et des philosophes occidentaux.Les tenants de

l’anthropologie morale ont procédé à une ‘’ouverture’’ Les idées reçues sont bannies afin que

compte soit tenu des autres formes d’expression morale.

Dans cette dynamique, (Westermarck 1906) a élaboré un traité sur l’origine et le développement

des idées morales. Son ouvrage mettra le public en contact avec des pratiques familiales,

économiques, spirituelles et religieuses observées par les ‘’autres’’ dans les sociétés antiques

« primitives » et même animales.Il en est de même pour (Lévy-Bruhl 1903) qui a jeté les bases

d’une science des mœurs. Celle-ci est fondée sur le relativisme culturel appliqué aux notions

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

de bien, de juste et de devoir. Surtout son analyse est orientée dans la comparaison des mœurs

et coutumes, vers la morale aux quotidiens plutôt que vers l’exégèse des textes religieux.

Ces travaux ont posé les bases d’une analyse comparative systématique des diverses

moralités.Au-delà de cette recherche vigoureuse de prise en compte de la morale des autres, les

anthropologues de la morale iront plus loin en instaurant une deuxième révolution. Celle-ci

consiste à défendre l’idée selon laquelle « les peuples primitifs » auraient tous une morale. Ce

cheminement complexe a pris par une critique des rapports entre morale et religion.

Il convient de rappeler que (Taylor 1871) dans son « Primitives cultures » a soutenu que seuls

les peuples des religions monothéistes peuvent avoir accès à une éthique fondée sur des

principes moraux abstraits, (l’animisme étant jugé fondamentalement amoral) et que seuls ces

monothéismes soient aptes à associer les conditions de la survie de l’âme aux récompenses et

aux punitions méritées dans la vie terrestre (Taylor, 1871 :289)

Quant à (Radin1929), dans ses recherches sur les populations amérindiennes, il a soutenu, au

contraire que « l’homme primitif est un philosophe » que les langues des « aborigènes »

favorisent l’abstraction et la conceptualisation.

Ils sont allés plus loin en soutenant qu’il existe même dans les sociétés les plus traditionnelles

des individus aptes à la réflexion philosophique critique.On note que les sociétés dites

primitives n’ont eu leur salut que dans l’évolution des humains. Salut dû aux combats pour de

nouveaux ‘’sens’’ et à des élucubrations aussi argumentées les unes que les autres.

Dans cet ordre d’idées, le plaidoyer de Radin ne fait que compléter celui de Durkheim qui

soutient qu’ « il n’y a pas de peuple qui n’ait sa morale, seulement, celle des sociétés inférieures

n’est pas la nôtre. Ce qui la caractérise, c’est précisément qu’elle est essentiellement religieuse »

(Durkheim, 1934 : 37).

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

Au-delà des préjugés évolutionnistes qui émanent de ses propos, Durkheim n’en affirme pas

moins lui aussi l’universalité de la morale et de la compétence éthique. Cela a donné lieu à des

théories sur le relativisme culturel et celui moral.

Du fait du relativisme culturel, le concept de sorcellerie qui s’inscrit dans l’anthropologie

morale longtemps perçue comme l’incarnation du mal dans la culture des peuples endogènes

se dessouche et s’annule parce que construit et imposé par la puissance dominante.

1.4. Clarification des concepts

Il est récurrent d’entendre des discours négatifs sur le sorcier. Ce dernier est considéré dans la

société comme celui qui sème le mal et la terreur.

Il en résulte que la vie sociale quotidienne a cours dans une psychose permanente et une

propension à l’acculturation. Ceci ne favorise pas un développement humain convenable et

durable.Ce qui est paradoxal, c’est qu’autant l’opinon générale exprime la méchanceté de la

sorcellerie autant elle se confond d’abstractions et de contradictions lorsqu’elle est invitée à

caractériser le sorcier.

Qui est le sorcier ? La sorcellerie n’est-elle que l’équivalent du mal ?

La sorcellerie désigne souvent la pratique d’une certaine forme de magie, dans laquelle le

sorcier ou la sorcière travaille avec les énergies globales, que ce soit celles des plantes, des

objets, des cycles lunaires, des saisons ou même des entités. Selon les cultures, la sorcellerie

fut considérée avec des degrés variables de soupçon, voire d’hostilité, parfois avec

ambivalence. Certaines doctrines religieuses considèrent toute forme de magie comme de la

sorcellerie, la proscrivent ou la placent au rang de la superstition. Elles opposent le caractère

sacré de leurs propres rituels aux pratiques de la sorcellerie.

1.4.1. La sorcellerie c’est la parole (le verbe actif)

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

La Sorcellerie (AZE) c’est la parole c’est le verbe qui s’active et ce cristallise. Au

commencement étais le verbe et ensuite le verbe s’est fait chair. Elle est vie. Elle est morte. Elle

est vie-mort. C’est elle qui donne la vie. C’est elle qui donne la mort. Le sorcier, c’est celui qui

utilise le verbe pour construit un pont étanche entre la vie et la mort. Le visible et l’invisible.

Le sorcier ne peut jamais n’être que mauvais, car il manipule le verbe. Le verbe ou si on veut,

la parole fut créé, et la parole fut condamné. La parole son. La parole sens. La parole son/sens.

Minéké schipper a écrit que tour, et c’est « celui qui dit que la parole n’est rien sais que lui-

même n’est rien ».

La parole est la base de la Sorcellerie (AZE) bienfaisante ou malfaisante. C’est la

parole qui active la colère des dieux ou les joies. « Lorsqu’un insulte la maman du sorcier cela

est suffisant pour un véridique mise à mort. Les représentation sociale de la sorcellerie sont

déposées et enregistrées dans le mental humain par le verbe. La parole, encore et toujours elle.

C’est le verbe qui est le cinquième élément dont la vocation essentiel est d’attiré

L’univers à travers les quatre autres éléments que sont : la terre, l’eau, l’air et le feu.

La parole est active et créatrice .c’est le noyau dure de la vie. La parole set une source. Elle

mesure le commence et la fin de toute vie : le bébé qui viens de naitre rafi

J.FAVERT-SAADA (1977, 22) cite par BLANCHET(1987,4) Signal

« Qu’il n’y a pas de position neutre de la parole : en sorcellerie, la parole, c’est la guerre.

Quiconque en parle est un belligérant, et l’ethnographe comme tout le monde. »

BLANCHET (1987,4) ajoute que

« …la parole adressée dépend de la position occupé par l’observateur et/ou de la position qui

lui est attribué dans le champ de l’observation. Situé en extériorité par rapport au champ, c’est

de la dénégation qui lui est-offert. L’observateur prie dedans, par contre, reçoit un discou

variant selon qu’il est en place de sorcier ou de dés ensorceleur »

1.4.2. Sociolinguistique de la sorcellerie

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

Une sociolinguistique de la sorcellerie (azé) ; le parler azé : Lexique des termes sorcelleresques

ou ‘’azétologiques’’

La sorcellerie est encrée dans tous les compartiments de l’activité humaine au Sud du Bénin.

Par la cosmogonie, la mythologie, l’histoire, les contes et légendes, la sorcellerie est entretenue

et se manifeste par un parler spécifique. Elle est appelée ‘’azé’’ en langue fongbé. Le concept

enrichit le vocabulaire national au Bénin et prendra certainement place dans les grands

dictionnaires de la francophonie si ce n’est pas encore fait

La sorcellerie ou azé fait partie de la grande trinité du Panthéon Vodoun :

- Mahou Sègbolissa

- Lègba

- Minↄnan

- Mahou Sègbolissa, est le Dieu suprême, qui supplante tout. Lègba allagbara qui a tous

les pouvoirs. Côté mâle et minↄna gouverne la puissance matricielle.

La sorcellerie est une affaire de femmes. C’est une société secrète complexe et délicate. Il s’agit

ici de femmes illuminées et diversement puissantes dont les humeurs changent pour un oui ou

pour un non. ‘’na’’ désignant femme de pouvoir et en même temps la divinité responsable de

la sorcellerie. Au Nigéria on les désigne par ‘’Iya mi oshorunga’’ ce qui signifie ‘’nos mères

difficiles’’. Elles sont puissantes et redoutables. On retient au passage le ‘’agbomaxɛnan’’ un

concept devenu non de famille ‘’Le bouc ne saurait servir à faire la libation au vodoun nan’’

les ‘’nan’’ ont des lois des règles, des principes indiscutables.

En guise d’illustration, la vierge Marie est appelée en fon ‘’na malia’’. Cela lui confère un

pouvoir suprême ! Mais elle n’est pas une sorcière !!!

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

Azé

Etymologiquement signifie ‘’tu as pris’’ qui désigne la sorcellerie. Cela fait penser à titre

symbolique à la ‘’Saisine’’, la ‘’saisie’’ la perturbation de toute quiétude donc l’introduction

d’une inquiétude, une privation, une suppression.

Azetↄ

Azé : Sorcellerie tↄ : père, ainsi est appelé le sorcier. Curieusement et de façon invariable azetↄ,

malgré l’idée du masculin ‘’tↄ’’ est aussi utilisé pour les femmes sorcières. Pour dire que azé

(sorcellerie) est, dans tous les sens, une affaire de femmes.

Minↄnan

Ce qui signifie ‘’Nos mères’’ la sorcellerie est aussi désignée par ‘’minona’’ ‘’na’’ désignant

femme de pouvoir, et en même temps la divinité responsable de la sorcellerie.

Azéka

Signifie la calebasse du sorcier, généralement un réservoir des pouvoirs du sorcier

Azéglo

Antidote de la sorcellerie. Parer dans le sens de rendre incapable. Ceci désigne toutes autres

astuces mystiques et occultes pour se défendre contre les attaques sorcières

Azé vodoun :

Le vodoun de la sorcellerie. Il y en a beaucoup (na, kinninsi etc…)

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

Azé gbé :

gbé : la parole, le verbe. La parole de la sorcellerie ou du sorcier. Ici, on peut remarquer le

pouvoir du verbe. Les idaatcha appellent ‘’akpatcho’’, le sorcier qui a le pouvoir du verbe.

Azéphiles (néologisme inventé par David Koffi AZA)

Les ‘’azephiles’’ comme le nom l’indique sont ceux qui apprécient la sorcellerie à sa juste

valeur

Azéphobes (néologisme de David Koffi AZA)

Selon David Koffi Aza ce sont les détracteurs de la sorcellerie, qui parlent de ce qu’ils ne

maitrisent pas

Azéhounzo

Azé : sorcellerie, hun : ouvrir, zo : feu

‘’La sorcellerie a ouvert le feu’’. Pour designer un instant ‘’chaud’’ et critique de manifestation

implacable de l’acte sorcier

Azé vadji ou azégbadji

Azé : sorcellerie, avadji : C’est le temple, le lieu de célébration (Théâtre, Scène). Le théâtre de

la manifestation sorcelleresque. Le lieu fermé et consacré où cette société secrète deploie ses

forces, manifestations et puissances. C’est l’église, le lieu de la manifestation des mystères

sorciers.

Azé gban :

Azé : sorcellerie, agban : bagage

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

Le azégban est l’offrande aux divinités de la sorcellerie. C’est généralement un ‘’colis’’

mystique composé en échange d’une ‘’victime’’ danger. Un genre d’outil, canari spécialisé

pour la cause et qui porte le même nom

Azé nu biↄbiↄ

Azé : sorcellerie, nu : la chose, biↄbiↄ : demande

Est une demande sorcière

Quelques expressions consacrées

‘’nu nↄ wɛ dↄ nu tↄn kↄn’’

nu : La chose

nↄ : La mère

wɛ dↄ : qui est

nu tↄn : Sa chose

kↄn : au chevet

‘’ nu nↄ wɛ dↄ nu tↄn kↄn’’ signifie au plan intelligible : ‘’C’est la propriétaire même qui s’est

emparé de sa propriété’’ se dit quand à l’issue d’une consultation on se rend compte que la mère

du malade est dans cette société secrète et est responsable du malheur de son propre fils. C’est

une expression consacrée.

- ‘’hɛnude sin aze nↄ du de ton an ‘’ : la sorcellerie (azé) d’une famille (Clan) n’attaque

pas celle d’une autre.

- ‘’e zun azetↄ sin nↄ yomɛ, eko kpe nu ena ɖu mɛlan’’ : On n’a insulté le sexe de la mère

du sorcier ; cela suffit pour que la viande de quelqu’un soit consommée/mangée.

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

Derrière cet adage se cache le prétexte que cherche le sorcier avant de nuire

convenablement. Il s’agit de l’alibi sorcier.

Pour insulter un enfant, il y a une injure impitoyable ‘’djiman jlo azetↄ’’ pour dire ‘’né pour

déplaire au sorcier’’. Autrement dit ‘’enfant si vilain, si capricieux, si ennuyeux à déplaire ou à

faire peur à un sorcier’’ ! Ce n’est pas de l’humour.

- E sun / aze / nyi kↄ / mɛ : nommer / sorcellerie / nom / quelqu’un

C’est stigmatiser quelqu’un de sorcier

Azénukun

Un fruit aux couleurs rouge/noir. Le abrus précatorius qui entre en composition de plusieurs

produits pour ou contre la sorcellerie.

Azékanli : Les animaux de la sorcellerie

Azéhè : Oiseau de la sorcellerie

Azécuku : Chien de la sorcellerie

Azéwi : Chat de la sorcellerie .

Azétin : arbre sorcier (Afzelia Africana, blighia Sapida, Irvingia gabonninsis, Ficus vogehi,

Hildegardia barteri)

Plusieurs néologismes peuvent être inventés rien qu’en combinant azé et un autre mot par

exemple aze / drↄ : rêve de sorcellerie etc…

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

Analyse numérologique de sorcellerie et de azé. Nous partons de la valeur numérologique

1 A J S

2 B K T

3 C L U

4 D M V

5 E N W

6 F O X

7 G P Y

8 H Q Z

9 I R

Poids numerique de la sorcellerie

S O R C E L L E R I E

1 6 9 3 5 3 3 5 9 9 5

Poids numerique de azes

A Z E

1 8 5

Analogie du chiffre 4

- Symbole des quatre éléments

- Symbole de la matière
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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

- La méthodologie, l’organisation, la structure, la rigueur,

- Le concret : ce qui est réel, touchable, palpable

- Symbole de l’effort et du travail par analogie liée à la croix

Par analogie la sorcellerie est de la méthodologie, c’est de l’organisation, de la rigueur pour des

résultats concrets. Le 4 est lié à la terre.

Analogie du chiffre 5

- Le chiffre 5 a rapport à l’esprit. L’esprit s’ajoute à la matière pour donner 5. Le 5 est

l’animation, le mouvement. Le 5 est lié à l’air. Azé fait appel au cinquième élément. Le

5 c’est l’extension, le voyage. Le 5 est l’évolution de la sorcellerie.

Sorcellerie (azé) : valeurs numériques et poids des lettres/mots

L’anthropologie est la branche des sciences humaines qui étudie l’être humain sous ses aspects,

physiques et culturels. Culturels mais aussi et surtout cultuels. Cela renvoie à l’étude de

l’Homme dans son aspect holistique : il est esprit, il est corps et il est âme.

Etudier l’homme revient à explorer son côté spirituel. Cela emmène sur le terrain de la

sorcellerie et de la magie. La magie sous toutes ses formes.

La magie est le royaume de l’imaginaire, du verbe, des mots, par opposition à la réalité

matérielle qui demeure le royaume des faits.

Les faits, c’est aussi que l’équilibre doit s’établir entre le visible et l’invisible, la physique et la

métaphysique. Le déséquilibre est là lorsqu’on ne considère que les faits. Il convient à cet effet

de considérer que chaque âge a les sorciers qu’il mérite.

La sorcellerie est à la fois mythe, rite, savoir et pratique opératoire. « Tant que les lions n’auront

pas leurs propres historiens, les histoires de chasse continueront à glorifier les chasseurs. Il est

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

ici question d’une mise à jour des concepts en allant beaucoup plus en profondeur. Le magicien

est un expert capable d’altérer la réalité et de modifier son destin en agissant sur ce qui l’entoure.

Il perçoit le monde au-delà de ses apparences. Toutes choses sont reliées entre elles, par

exemple par la loi de l’analogie. Les héros de demain, ceux dont les exploits traversent les âges.

Les écritures s’accomplissent et grâce à la magie les hommes sont devenus puissants et civilisés

Magicien : personne capable de faire des choses extraordinaires.

Le grand inventeur et magicien de la Grèce antique, Archimède, disait par exemple qu’avec

« un levier assez long, un point d’appui et un endroit où s’installer, il pouvait déplacer la terre » !

Comme Archimède, le sorcier ne fait que créer des leviers, trouver des points d’appui et le bon

endroit d’où opérer

Les magiciens savent que la meilleure manière de prédire l’avenir c’est de le créer.

Dans le mytho (mythe fondateur) d’Harry Potter, JK Rowling écrit que « au-delà des frontières

du monde réel (qu’elle appelle ‘’Muggle’’), il existe un autre monde rempli de magie et peuplé

de magiciens de toutes sortes. C’est un monde régi par des règles et des principes qui lui sont

propres et dans lequel l’imaginaire, l’espoir, les rêves et l’amour ont un redoutable pouvoir de

transformation et de changement »

Le magicien est un socratique qui pratique ‘’le connais toi toi-même’’ et qui connait aussi

l’univers et les Dieux.

De ce fait, la magie est : « La connaissance la plus élevée, la plus absolue et la plus divine de

la philosophie naturelle éclairée dans ses réalisations par une juste compréhension des qualités

intrinsèques et ésotériques des choses faisant que la bonne solution appliquée au bon patient

permet d’atteindre des résultats inattendus et admirables » Oberon Zell Ravenheard

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

Analyse des significations de lettres et correspondances. « Au commencement, Dieu géométrisa

les nombres » Pythagore

Pour le savant Pythagore les nombres ont une influence très importante sur l’univers.

Victor Hugo ajoutera par ailleurs « La société humaine, le monde, l’homme tout entier est dans

l’alphabet…l’alphabet est source »

Pour donner la réplique, Marc-Alain OUAKNIN écrit qu’ « au commencement, Dieu créa

l’alphabet ! Alors furent crées le ciel et la terre »

Dans le but de comprendre la ‘’sorcellerie’’, ‘’azé’’ ou ‘’adje’’, nous avons décrypté la

signification du mot à travers la valeur significative des chiffres, des lettres à travers leurs

connotations et implications. L’objectif c’est d’étudier la sorcellerie (azé) en s’éloignant au

maximum des idées reçues, des préjugés et autres pré-requis. Déconstruire pour reconstruire.

- Valeur numerique des lettres

Valeur numérique Lettre

1 S La dent, attirer, déchirer

6 O L’œil, la source

9 R Tête, Commencement

3 C Chameau, sevrer, faire murir

5 E Homme en prière, le souffle, le son du souffle

3 L Enseignement, étude

3 L Enseignement, étude

5 E L’homme en prière

9 V Télé, commencement

9 I La main, le bras tendu

5 E Homme en prière

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

- ‘’Azé’’

1 A Toro

8 Z Charpente, infrastructure ; organisation

5 E

- ‘’Adje’’

A 1 Aleph / Toro

D 4 La porte

J 10 La main, bras tendu

E 5 Homme en prière, son, souffle

Le poids numérique et la signification des lettres des mots ‘’sorcellerie’’ et ‘’azé’’ renvoie à de

riches signifiants : ‘’Œil’’, ‘’dent’’, ‘’tête’’, ‘’sevrer’’, ‘’souffler’’, ‘’enseigner’’, ‘’prier’’,

‘’taureau’’, ‘’organisation’’, ‘’porte’’. C’est à ces riches ‘’signifiants’’ que les mots renvoient.

Toutes choses qui augurent d’une richesse syntaxique et sémantique à explorer en profondeur.

1.4.3. Nuisance

Elle est caractérisée par la malveillance volontaire ou involontaire. Elle a fait l’option du mal

et est toujours mauvaise. En tant que fondement du mal. Elle ne peut pas être thérapeutique. Sa

substance est la négation.

La sorcellerie porte tous les fardeaux négatifs du monde. La sorcellerie explique le mal et le

désordre. Elle répond essentiellement à la question du ‘’pourquoi’’ et non du comment.

La sorcellerie devient l’expression métaphorique et mimée de l’explication du monde.

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

La sorcellerie est perçue comme l’utilisation de la magie pour nuir. Les principaux ingrédients

de la sorcellerie malveillante sont la méchanceté, l’envie, la croyance aux pouvoirs surnaturels

et diverses techniques pour concentrer et projeter une volonté de faire le mal. Le terme

sorcellerie est flexible et élastique ce qui lui permet de circuler et d’infiltrer tout. La notion

française de sorcellerie. Hebgase demande si la sorcellerie n’est pas une chimère dangereuse ?

La sorcellerie englobe les pratiques magiques en vue d’exercer une action néfaste sur une

personne, un animal, un lieu, un objet. Les moyens de cette action sont la suggestion, le sort,

l’envoutement, la possession. L’outil principal du sorcier est la parole, le verbe.

1.4.4. Sorcellerie et magie

Si l’on consulte un dictionnaire spécialisé, on s’aperçoit qu’il existe d’innombrables formes de

magie. La magie est apparue lorsque les hommes comprirent comment maîtriser le Feu et

apprirent à le faire eux-mêmes. Cette découverte leur permit de faire un bond gigantesque dans

l’histoire évolutive de l’homme et creusa à jamais le fossé entre leur monde et celui des

animaux. Ils devinrent, en effet, les premiers à pouvoir créer quelque chose à partir de rien,

quelque chose de si puissant que cela assit leur domination sur le reste du monde vivant. En

effet, le feu permettait de tenir à distance les ours, les loups et les tigres à dents de sabre des

grottes et des campements. Il permettait de conduire le gibier dans les pièges et les guets – apens

tendus pour les capturer : le mammouth, couvert de longs poils inflammables, n’échappait pas

à la règle et tout redoutable qu’il était, il craignait les torches de nos ancêtres chasseurs ! Dans

Encyclopedia of Witches and Witchcraft, Guileyindique qu’au XVIIè siècle, lorsque les

enchanteurs des villages étaient au sommet de leur popularité, le terme enchanteur s’appliquait

aussi bien à des pratiquants de magie religieuse qu’à des adeptes de magie populaire

(couramment désignés comme étant les rusés ou les sages femmes du village ou comme des

charmeurs, des sorciers et des sorcières, des conjurateurs ou des protecteurs). A l’époque,

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

quasiment chaque village et chaque ville de Grande Bretagne et d’Europe possédaits son

enchanteur. Il était d’ordinaire craint et respecté et avait souvent un domaine de compétence

spécifique. Il pouvait exceller dans l’art de la divination ou celui de la recherche des personnes

ou d’objets disparus, dans la recherche des trésors cachés, dans la guérison des maux (qu’ils

atteignent les hommes ou les animaux), dans l’interprétation des rêves, dans la détection des

vols, dans l’exorcisme des fantômes et des fées, dans la fabrication d’amulettes, dans la

concoction de philtres d’amour, dans les sortilèges. De plus, comme ils étaient capables de

deviner l’auteur d’un crime, leur parole était écoutée.

En fait, la magie ne se définit ni par son but (argent, amour, etc.) ni par les moyens qu’elle

utilise (voix, métaux, nombre). Elle se divise en deux grandes catégories : la magie opérative

ou pratique, et la magie cérémonielle.

 La magie opérative peut être pratiquée par n’importe qui, n’importe où, à condition

d’avoir la connaissance du secret magique. La réussite dépend uniquement du respect

scrupuleux des règles et de force magnétique de l’opération (intimement liée à la

puissance de son désir).

 La magie cérémonielle est pratiquée exclusivement par un initié, et dans un lieu

spécialement consacré.

Alors que la magie opérative vise des objectifs concrets, tangibles, extérieurs à l’opérateur, la

magie cérémonielle privilégie le développement intérieur de ce dernier, avec, d’ailleurs, tous

les risques d’illusion et d’autosuggestion que cela implique. Il ne faut pas se dissimuler cet

aspect des choses.

La sorcellerie, science ritualisée, est parfois si proche de la magie opérative qu’elle en devient

pratiquement indiscernable.Comme elle, elle vise des buts pratiques en utilisant toutes les

forces à sa portée, tout ce qui représente une réserve d’énergie disponible.

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Aussi exploite-t-elle le plus souvent et parfois conjointement, le magnétisme humain, le fluide

du sous-sol (autrement dit, les courants telluriques) et également les égrégores des religions, les

gigantesques réservoirs de force physique constitués par la convergence de la force magnétique

de chaque individu composant la collectivité. Ce qui signifie d’ailleurs que toute communauté,

même laïque (parti, Etat, etc.) possède un problème des égrégores.

C’est cette utilisation de certaines forces « religieuses » qui a parfois valu à la sorcellerie une

réputation « satanique ». Non pas, bien sûr, qu’elle se réclame du diable, mais parce qu’elle

utilise, je le répète, des forces spirituelles pour des buts matériels, et donc jugés indignes par

les hypocrites conflits en dévotion, ils n’ont pas prononcé les trois vœux de pauvreté, de

chasteté et d’obéissance. Il y a aussi une autre raison, plus subtile et moins avouable à cette

condamnation portée par les autorités ecclésiastiques contre la sorcellerie qui n’est d’ailleurs

nullement antireligieuse. Les autorités en question n’admettent pas que des laïcs parasitent leurs

propres potentiels énergétiques.

Mais si l’on veut à tout prix faire intervenir la morale dans cette affaire, on peut dire que Dieu

ayant créé tous les hommes égaux, on voit mal (sauf à accuser les clercs d’égoïsme) pourquoi

les sorciers n’auraient pas le droit d’utiliser tous les moyens de communication disponibles avec

les forces divines, même s’ils sont indépendants des grands courants religieux qui n’ont jamais

interdit à leurs fidèles de demander à Dieu un avantage matériel. Alors, s’il vous plaît,

Messieurs les Tartufes, plus de « chasse gardée ».

Par ailleurs, la sorcellerie n’utilise les forces divines que pour un tiers environ de ses opérations,

car, tout rituel sorcier, je l’ai affirmé, fait intervenir très largement le magnétisme humain et le

magnétisme terrestre ou tellurisme.

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

Les accidents, en sorcellerie, sont dûs le plus souvent à un manque de contrôle de ces forces, et

nullement, contrairement à ce qu’imagine la superstition, à la colère divine. Utilisée avec

sagesse, la sorcellerie est une science essentiellement pratique et bénéfique.

Dieu : Les Béninois du sud-Bénin l’appellent« Mahou ». C'est-à-dire nu dé man do nou bi ou

é : ce qui existe en toute chose donc ce qui contrôle toutes choses. Il est aussi appelé le créateur,

le grand architecte de l’univers. Au regard de notre sujet Dieu est le premier grand magicien

donc le premier des sorciers. Etant le sorcier des sorciers il se trouve dans la portion du

fabricateur des sorciers. Il est dit dans la bible : « Dieu dit que la lumière soit et la lumière fut »

Genès 1.1. Doté de tous les pouvoirs il a créé l’univers, la vie (gbè) et il a créé l’homme.

L’homme est nommé au sud bénin gbèto (Le père de l’univers).

1.4.5. L’Homme (Le sorcier)

Il est semblable à Dieu il est créé à l’image de Dieu. Animal pensant et intelligent, il est perçu

comme le responsable de l’univers après Dieu. Il est composé de corps, d’esprit et d’âme. Il est

doté de la raison c'est-à-dire la capacité de distinguer le bien du mal. Il opère son choix (Bien

et mal), soit en toute responsabilité, soit au regard des prescriptions sociales. L’Homme nait

bon, c’est la société qui le corrompt.

1.5. Notion du corps de l’âme et de l’esprit (l’homme)

L'homme véritable (l'âme), est issu de l'âkâsha ou des plus subtiles vibrations de l'éther, par les

plus subtiles vibrations des éléments, par les fluides électriques et magnétiques de leur polarité.

Les actions des éléments s'effectuent dans l'âme, autrement dit dans le corps astral, exactement

de la même façon que dans le corps matériel. L'âme est liée, unie au corps par l'aimant

quadripolaire avec ses propriétés spécifiques. L'union se fait par l'influence électromagnétique

des éléments analogiquement au corps. L'activité des éléments, c'est-à-dire le fluide

électromagnétique de l'âme, est appelée par les initiés la matrice astrale ou la vie. La matrice

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

astrale ou le fluide électromagnétique de l'âme n'est pas identique à l'aura décrite par les

occultistes; plus bas, je reviendrai à cette dernière. Quant à la matrice astrale ou au fluide

électromagnétique, il s'agit du lien du corps et de l'âme. L'élément igné est aussi dans l'âme ce

qui forme l'eau ce qui vivifie, l'air, ce qui égalise, et la terre ce qui agglomère, développe et

conserve. Au corps astral sont soumises exactement les mêmes fonctions qu'au corps physique.

L'homme fut pourvu de cinq sens correspondant aux éléments, dont se sert le corps astral ou

l'âme pour enregistrer à l'aide des sens corporels les perceptions du monde physique. Cet

enregistrement et cette activité des cinq sens au moyen des corps astral et physique s'effectuent

par notre esprit immortel. Pourquoi notre esprit est immortel, je l'expliquerai par la suite. Sans

l'activité de l'esprit dans l'âme, le corps astral serait sans vie et se décomposerait en ses parties.

Puisque l'esprit ne pourrait produire ses effets sans l'intermédiaire de l'âme, le corps astral est

par conséquent le siège de toutes les propriétés de l'esprit immortel. Au degré de son

développement et de sa maturité, correspond une vibration spécifique de ses fluides électrique

et magnétique, qui se manifeste dans l'âme dans les quatre tempéraments. Nous distinguons,

suivant les éléments prédominants, les naturels colérique, sanguin, mélancolique et

flegmatique. Le mélancolique de l'eau et le flegmatique de la terre. Suivant l'intensité et la

vibration de l'élément en question, l'intensité, la force et l'expansion des fluctuations des fluides

concernés se manifestent dans les différentes propriétés.

Chacun de ces quatre éléments, qui déterminent le tempérament de l'homme, a sous la forme

active le bien ou les bonnes dispositions et sous la forme passive les dispositions opposées,

donc les mauvaises. Ce serait trop long d'établir ici un tableau exact de l'activité des éléments;

c'est pourquoi il est préférable que l'initié-débutant découvre lui-même par la méditation

d'autres influences. Sur le chemin de l'initiation, ceci a un but particulier. Je donne ici seulement

quelques exemples: Le tempérament colérique a, dans sa polarité active, les bonnes dispositions

suivantes: l'activité, l'enthousiasme, le zèle, la résolution, l'audace, le courage, la force créatrice,

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

l'assiduité, etc. Sous la forme négative, ce sont: l'avidité, la jalousie, la passion, l'irritabilité,

l'humeur querelleuse, la démesure, le penchant à la destruction, etc. Le tempérament sanguin

donne sous sa forme active: la pénétration, l'application, la joie, l'habileté, la bonhomie, la

clarté, l'enjouement, la facilité, l'optimisme, la vivacité, l'indépendance, la vigilance, la

confiance, etc. Sous la forme négative: l'irrévérence, le dédain, l'indiscrétion, l'impatience, la

ruse, le bavardage, le caquetage, la malhonnêteté, la versatilité, etc. Le tempérament

mélancolique sous la forme active: le respect, la charité, la modestie, le dévouement, la gravité,

la facilité, l'ardeur, la cordialité, la compréhension, la méditation, la compassion, la tranquillité,

l'approfondissement, la confiance, le pardon, la délicatesse, etc. Sous la forme négative:

l'indifférence, l'abattement, la timidité, la distraction, l'irrespect, la paresse, etc. Le tempérament

flegmatique sous la forme active: le respect, la considération, la persévérance, la circonspection,

la résolution, la gravité, la fermeté, le scrupule, la profondeur, la concentration, la sobriété, la

ponctualité, la réserve, l'objectivité, l'infaillibilité, la responsabilité, la sûreté, la prudence, la

ténacité, etc. Sous la forme négative: l'insipidité, la négligence, le dédain, l'indifférence, la

déloyauté, la timidité, la lourdeur, la paresse, la défiance, la taciturnité, etc. Les propriétés des

tempéraments forment suivant la prédominance de l'une d'elles, le fondement du caractère de

l'homme.

L'intensité des propriétés en question, qui s'extériorisent, dépend de la polarité, donc des fluides

électrique et magnétique. L'influence globale de l'activité des tempéraments produit un

rayonnement appelé aura. Par conséquent, il ne faut pas confondre l'aura avec la matrice astrale,

car il y a entre elles une crasse différence. La matrice astrale est le lien du corps et de l'âme,

l'aura, par contre, est le rayonnement de l'activité des éléments dans les différentes propriétés,

et elle est engendrée sous la forme active ou passive. Ce rayonnement produit dans l'âme entière

une vibration déterminée qui correspond à une couleur déterminée. En se basant sur cette

couleur, il est possible à l'initié d'identifier exactement par les yeux astraux sa propre aura ou

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

celle d'autres êtres. Le voyant peut ensuite, à l'aide de l'aura, non seulement établir le caractère

fondamental d'un individu, mais aussi apercevoir l'activité, ou la polarité de la vibration de

l'âme et éventuellement l'influencer. Je traite ce sujet dans un chapitre spécial concernant

l'introspection. Par conséquent, le tempérament de l'homme influence son caractère, et

conjointement ils forment dans leur réalisation, comme produit total, le rayonnement de l'âme

ou l'aura. Les images des grands initiés et des saints ne sont pas sans raison entourées d'une

auréole; celle-ci est identique à l'aura que nous venons de décrire. En plus du caractère, du

tempérament et de l'activité du fluide électromagnétique, le corps astral a encore deux centres

dans le cerveau. Celui-ci est le siège de la conscience et le cervelet de celui de son contraire, du

subconscient. Dans le chapitre "L'esprit", leurs fonctions sont traitées plus en détail. Comme

nous l'avons dit, l'âme est divisée suivant les éléments exactement comme c'est le cas pour le

corps. Les fonctions, les forces et les propriétés psychiques ont aussi leur siège dans l'âme,

respectivement dans certains centres analogiquement aux éléments, que la philosophie hindoue

appelle lotus. L'éveil des lotus est appelé yoga de la kundalinî dans l'enseignement hindou. Je

ne parlerai pas en détail des lotus ou des centres, car chacun peut acquérir la connaissance de

ce sujet dans les livres. Je passerai rapidement sur celui-ci, je dirai seulement que le centre le

plus bas est le mûlâdhâra ou centre de la terre.Il a son siège dans la partie la plus basse de l'âme.

Le centre suivant est celui de l'eau, il a son siège dans la région des organes sexuels; en

terminologie hindoue, il est désigné par le mot swâdhistâna. Le centre du feu, comme la partie

centrale de l'âme, se trouve dans la région du nombril; il se nomme manipûra. Le centre de l'air,

de l'élément médiateur, se localise dans la région du coeur; il s'appelle anâhata. Le centre de

l'éther ou de l'âkâsha se situe dans la région du cou; il se nomme visuddha. Un autre centre,

celui de la volonté, de l'entendement, de l'intellect se trouve entre les sourcils; son nom est âjnâ.

Le centre le plus haut et le plus divin est le lotus aux mille pétales appelé sahasrâra, duquel sont

issues toutes les autres forces des centres et dont elles subissent l'influence. Du plus haut centre

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le susumnâ ou le principe âkâsha que nous connaissons déjà, qui établit la liaison entre tous les

centres et effectue leur régularisation, s'écoule, en suivant le dos, dans le centre de la terre

comme dans un canal. Je reviens encore ci-après à l'éveil de la force du serpent dans chaque

centre. La tâche dans la description de l'âme consiste à établir le rapport des éléments dans l'âme

avec leur polarité et à en donner une image claire. On voit que le corps aussi bien que l'âme et

leur activité vivent et fonctionnent, que leur conservation et destruction est soumise aux lois

immuables de l'aimant quadripolaire, donc au mystère du tétragramme et s'oriente selon lui. Si

l'initié médite cela avec attention, il obtient une vue claire non seulement de la fonction du

corps, mais aussi de celle de l'âme et peut se faire une représentation correcte de l'interaction

réciproque selon les lois primordiales. Le plan astral, qui est souvent appelé la quatrième

dimension, n'est pas issu des quatre éléments, mais il est un degré de condensation de l'âkâsha,

donc de tout ce qui s'est passé jusqu'à présent, de ce qui se passe actuellement et de ce qui se

passera encore dans le monde matériel et de ce qui a une origine, une régulation et qui existe.

Comme nous l'avons déjà dit, l'âkâsha est la forme la plus subtile de l'éther, dans lequel se

déplacent entre autres les vibrations électriques et magnétiques. C'est par conséquent aussi la

sphère des vibrations, dans laquelle la lumière, le son, la couleur, le rythme, c'est-à-dire toute

vie dans la Création, ont leur source. Puisque l'âkâsha est l'origine de tout ce qui existe, tout,

bien entendu, se reflète en lui, c'est-à-dire tout ce qui fut déjà engendré et est passé, ce qui est

présentement engendré et se passe et dans le futur ce qui sera encore engendré et se passera.

C'est pourquoi on considère le plan astral comme l'émanation de l'Eternel, qui n'a ni

commencement, ni fin, autrement dit il est intemporel et infini. L'initié, qui se trouve à l'aise

sur ce plan, peut tout y voir, qu'il s'agisse du passé, du présent ou du futur. L'étendue de sa

compréhension dépend de son degré de perfection. La plupart des religions, les occultistes, les

spiritistes appellent au-delà le plan astral. Il est cependant évident à l'initié, qu'il n'y a ni bas-

monde, ni au-delà, et c'est pourquoi il ne craint pas la mort, car l'idée de la mort lui est étrangère.

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

Si par l'action dissolvante des éléments ou par une rupture soudaine la matrice astrale, qui est

le ciment des corps physique et astral, s'est séparée, il arrive ce qu'on appelle en général la mort,

mais ce n'est en réalité qu'un passage du monde terrestre dans le monde astral. En vertu de cette

loi l'initié ne connaît pas la peur de la mort, car il sait qu'il ne va pas dans un monde incertain.

Par la maîtrise des éléments il peut, en plus de bien d'autres choses, obtenir un relâchement de

la matrice astrale et effectuer une séparation spontanée du corps astral de son enveloppe

terrestre. Il peut de cette façon parcourir avec son corps astral les régions les plus éloignées, se

rendre dans les zones les plus différentes et opérer d'autres choses semblables. Ceci donne la

vraie lumière au sujet des légendes des saints, qui furent vus au même instant dans des lieux

différents et qui y étaient même actifs.

Le plan astral a différentes espèces d'habitants. Ce sont surtout les trépassés, qui séjournent au

degré de condensation correspondant au degré de leur maturité spirituelle. Le séjour des morts

est appelé par diverses religions paradis et enfer; l'initié cependant en donne une interprétation

symbolique. Plus un esprit est parfait, noble et pur, plus le degré de condensation du plan astral

où il réside est pur et subtil. Peu à peu son corps astral se dissout, jusqu'à ce qu'il se soit adapté

au degré de vibration de l'échelon correspondant du plan astral et identifié avec lui. Cette

identification dépend donc, comme nous le voyons, de la maturité et de la perfection spirituelle,

que l'esprit en question a acquises sur la terre. En outre, le plan astral est peuplé de bien d'autres

esprits; je n'en citerai ici que quelques espèces. Ce sont, par exemple, les esprits élémentaires;

ils n'ont qu'une ou peu de propriétés, suivant la nature des vibrations des éléments qui y

prédominent. Ils vivent des mêmes vibrations que celles qui sont propres à l'homme et qu'il

irradie sur le plan astral. Parmi eux, il y en a qui ont un certain degré d'intelligence. Des mages

se servent d'eux pour s'abandonner avec ces forces inférieures à des fins égoïstes. Une autre

espèce d'esprits sont les larves, qui sont créées consciemment ou inconsciemment par la pensée

sensorielle intensive par l'intermédiaire de la matrice astrale. Ce ne sont pas de vrais esprits,

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

mais de simples formes qui vivent à l'échelon le plus bas du plan astral des passions du monde

animal. Leur instinct de conservation les conduits dans la sphère des hommes dont les passions

leur plaisent. Ils aspirent à éveiller directement ou indirectement les passions qui sommeillent

en l'homme et à les enflammer. Si ces formes réussissent à induire l'homme vers une passion

qui leur est agréable, ils se nourrissent, vivent et se fortifient du rayonnement que cette passion

produit en l'homme. Un homme chargé de beaucoup de passions attire dans la sphère la plus

basse de son plan astral toute une armée de ces larves. Il se produit une lutte acharnée avec

elles, et dans le domaine de la magie, c'est une partie qui concerne évidemment la maîtrise des

éléments. A ce sujet plus de détails encore dans le chapitre de l'introspection. En outre, il y a

encore des esprits élémentaires et des larves qui peuvent être créés par la voie de l'art magique.

A ce sujet, également plus de détails dans la partie pratique de ce livre. Encore une autre espèce

d'esprits, que l'initié rencontre souvent sur le plan astral, ne doit pas être négligée. Ce sont en

effet les esprits des quatre éléments purs. Ceux du feu se nomment salamandres, ceux de l'air

sylphes, ceux de l'eau nixes ou ondines et ceux de la terre gnomes. Ces esprits forment pour

ainsi dire la liaison entre le plan astral et les éléments terrestres. Comment établir la liaison avec

ces esprits, comment les maîtriser, tout ce que l'on peut obtenir d'eux, cela est réservé également

à la partie pratique de cet ouvrage, à laquelle je consacre le chapitre spécial «La magie des

éléments». Il y a encore toute une série d'autres esprits que nous pourrions énumérer, comme

les satyres, les dryades, les nymphes, etc. Aussi fabuleux que cela puisse paraître, sur le plan

astral, il y a exactement les mêmes réalités que sur la terre. Le voyant peut les voir à volonté et

établir une liaison avec eux, grâce à quoi tout doute concernant leur existence est écarté dès le

commencement. C'est pourquoi l'initié doit préalablement se développer, savoir examiner, pour

pouvoir porter un jugement.

Comme nous l'avons déjà dit, l'homme a été créé à l'image de Dieu et est constitué du corps, de

l'âme et de l'esprit. Dans les chapitres précédents, nous avons appris que le corps et l'âme ne

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

sont que l'enveloppe ou le vêtement de l'esprit, ils sont donc périssables. Par conséquent, seul

l'esprit est la partie immortelle et l'image de Dieu. Il n'est pas aisé d'analyser et d'exprimer en

termes justes ce qui est divin, immortel, immuable. Mais en ceci aussi, nous pouvons, comme

pour tout problème, nous aider de la clé de l'aimant quadripolaire. L'esprit, le moi spirituel est

issu du principe primordial (âkâsha), de la source originelle de tout ce qui existe, de la matière

première spirituelle, avec les quatre propriétés des éléments qui sont propres à l'esprit immortel

créé à l'image de Dieu. L'élément igné, la partie impulsive, est la volonté. L'élément aérien se

manifeste dans l'intellect (entendement), l'élément aqueux dans la vitalité, la sensibilité et

l'élément terreux dans la conscience en tant qu'union des trois autres. Toutes les autres

propriétés de l'esprit ont comme fondement ces quatre premiers éléments. La partie

caractéristique du cinquième, donc de l'éther (âkâsha), se manifeste sous son aspect supérieur

dans la foi et sous sa forme inférieure dans l'instinct de conservation. Chacun des quatre

éléments mentionnés a encore beaucoup d'aspects, exactement conformes à la loi de l'analogie

de la polarité ou des éléments dans les sens positif et négatif. Tous ensembles forment le moi

ou l'esprit. Ainsi nous pouvons attribuer au feu la force, la puissance et la passion; la mémoire,

le discernement, le jugement à l'air; la conscience (morale) et l'intuition à l'eau; l'égoïsme, les

instincts de conservation et de reproduction à la partie terreuse de l'esprit. Ce serait trop long

de citer toutes les qualités de l'esprit relatives aux éléments. L'initié-débutant peut lui-même en

agrandir le nombre par une étude assidue et une méditation profonde, en tenant compte des lois

d'analogie de l'aimant quadripolaire. C'est une occupation très profitable qui ne devrait jamais

être négligée, car elle promet de grands succès dans la connaissance et la maîtrise des éléments

et assure de bons fruits. Dans ces trois chapitres du corps, de l'âme et de l'esprit, j'ai décrit

l'homme dans sa forme parfaite. Combien la connaissance de son propre petit univers est

nécessaire pour l'initiation et surtout pour la pratique magique et mystique, et même pour tous

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

les mystères, cela est déjà évident à l'élève. La plupart des écrivains ont ignoré cette partie très

importante, la base, soit par ignorance complète, soit pour des motifs importants.

De même que le corps a sa zone terrestre et le corps astral ou l'âme la zone astrale, l'esprit a

aussi sa propre zone, la sphère ou le plan mental. C'est la sphère de l'esprit avec toutes ses

forces. Les deux sphères, la matérielle aussi bien que l'astrale, sont issues de l’âkâsha ou du

principe primordial de la sphère correspondante par les quatre éléments, et la sphère mentale

est basée sur le même principe, par conséquent elle est également issue de l'âkâsha de l'esprit.

De même que l'esprit par une activité appropriée forme en lui-même un aimant quadripolaire et

extériorise dans sa polarité, comme phénomène secondaire, le fluide électromagnétique de la

même façon que le corps astral en conséquence de l'action des éléments, ainsi en est-il du corps

mental dans la sphère mentale ou de l'esprit. Comme le corps astral forme une matrice astrale,

l'od astral, par le fluide électromagnétique du monde astral, le fluide électromagnétique du

monde mental forme une matrice mentale qui lie le corps mental au corps astral. La matrice

mentale ou l'od mental, c'est-à-dire la substance mentale, est la forme la plus subtile de l'âkâsha;

elle régularise et maintient l'activité de l'esprit dans le corps astral. La substance mentale est

aussi, comme nous l'avons déjà dit, électromagnétique et elle transmet les pensées et les idées

à la conscience de l'esprit, qui la fait agir par le moyen des corps astral et physique. La matrice

mentale ou l'od mental est donc avec son fluide bipolaire la substance la plus subtile que nous

pouvons nous représenter dans le corps. La sphère mentale est aussi celle des pensées.Elles ont

leur source dans le monde des idées, donc dans l'âkâsha de l'esprit. Toute pensée est issue d'une

idée fondamentale qui prend la forme qui correspond à sa propriété et qui parvient à la

conscience du moi par l'éther, donc par la matrice mentale, comme forme de pensée ou image

plastique. Par conséquent, l'homme n'est pas le créateur de ses pensées, car chaque pensée à son

origine dans la sphère la plus haute de l'âkâsha ou zone mentale. L'esprit de l'homme est en

quelque sorte le récepteur, il est l'antenne des pensées du monde des idées, en quelque situation

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

qu'il se trouve. Le monde des idées étant un tout dans le Tout, toute nouvelle pensée, toute

nouvelle invention, tout ce que l'homme croit avoir créé lui même, est sorti du monde des idées.

L'inspiration dépend des dispositions et de la maturité de l'esprit. Chaque pensée renferme un

élément absolument pur, surtout quand la pensée contient des idées abstraites. Si la pensée est

constituée de plusieurs combinaisons issues du monde des idées, plusieurs éléments agissent

confusément sur sa forme et son rayonnement. Seules les pensées abstraites ont des éléments

purs et aussi des rayonnements polaires purs, car elles sont issues immédiatement d'une idée

originelle. Cette connaissance nous révèle que de pures pensées électriques, magnétiques,

indifférentes et neutres se manifestent. Chaque pensée a dans la sphère mentale sa forme, sa

couleur, son rayonnement (vibration) propres.

Par l'aimant quadripolaire de l'esprit la pensée arrive de cette manière à la conscience et est

transmise plus loin jusqu'à sa réalisation. Toute chose créée dans le monde matériel a par

conséquent, par la pensée et la conscience de l'esprit, sa cause et cela va sans dire son reflet

dans le monde des idées. Quand il ne s'agit pas immédiatement d'une idée abstraite, plusieurs

formes de pensées se manifestent. Ces pensées sont électriques ou magnétiques ou

électromagnétiques conformément à la propriété concernée des éléments de la pensée. La zone

matérielle est liée à l'espace et au temps. La zone astrale, la sphère de l'esprit périssable ou

transmutable, est liée à l'espace, et la zone mentale est infinie et intemporelle. Cela est valable

pour toutes les propriétés de l'esprit.

Mais l'intelligence d'une pensée dans le corps mental par le lien des matrices mentale et astrale,

qui sont liées dans la forme totale à l'espace et au temps, nécessite quelque temps jusqu'à ce

qu'elle soit consciente de cette pensée. L'activité cérébrale varie d'un individu à l'autre, étant

donné qu'elle dépend de la maturité de l'esprit. Plus celle-ci est avancée, plus l'homme est

développé spirituellement, plus les pensées se meuvent rapidement dans l'esprit. La zone

mentale a aussi ses habitants comme la zone astrale. En dehors des formes des pensées, ce sont
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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

surtout les morts, dont le corps astral s'est décomposé par les éléments en conséquence de leur

maturité et qui séjournent dans les régions de la sphère mentale qui correspondent à leur degré

de perfection. La zone mentale est aussi celle des élémentaux. Ce sont des esprits qui furent

créés consciemment ou inconsciemment par la pensée intensive et répétée de l'homme. Un

esprit élémental n'est pas suffisamment condensé pour se donner une enveloppe astraleou pour

s'y adapter. Son activité se réalise donc dans la sphère mentale. La différence entre une forme

de pensée et un élémental est que la forme de pensée est constituée d'une ou de plusieurs idées,

l'élémental, par contre, est doté d'un quantum de conscience et par conséquent d'instinct de

conservation, mais se différencie peu cependant des autres esprits mentaux; il peut même avoir

une forme semblable à celle de la forme de pensée. L'initié se sert souvent des esprits

élémentaux. Comment un élémental peut être créé, entretenu et employé à des fins précises,

c'est indiqué dans la partie pratique de ce livre. Il y aurait encore beaucoup à dire sur la zone

mentale, notamment sur les propriétés spécifiques de certains esprits. Mais ce qui vient d'être

dit est suffisant comme stimulant à l'étude et comme esquisse de la sphère mentale.

1.5.1. Le bien

Le Bien représente l’ensemble des aspirations positives essentielles de l’humain, que ces

dernières concernant son accomplissement vital ou ses aspirations spirituelles. Dans la plupart

des théologies, Dieu est le symbole du bien et la source de tout ce qui est favorable à

l’accomplissement des hommes.

1.5.2. Le mal

L’Idée de mal est associée à tous les évènements accidentels ou non, de comportement ou

d’états de fait jugés nuisibles, destructeurs ou immoraux, et qui sont sources de souffrances

morales et physiques.

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

Parmi les problèmes que l’existence du mal a suscités de tous temps, deux ont une importance

particulière : la question de savoir ce qu’il est et pourquoi il existe.

La pauvreté, le mot claque au vent comme un drapeau. Il ne manquerait plus qu’un hymne pour

accompagner et pour le célébrer. Tant la pauvreté est devenue une donnée lourde dans la vie de

millions d’hommes et de femmes dans le monde qu’elle régit leur quotidien. Elle régente leur

avenir. Elle leur dicte sa dure et implacable loi.

La pauvreté doit être probablement l’un des mots les plus usités au monde. Par les pauvres eux-

mêmes, en mal de mots pour dire les maux qui les accablent et qui les minent.

1.5.3. Le maléfique

Le terme sorcellerie est communément appliqué aux pratiques visant à influencer les énergies

d'une personne, d'un lieu, d'un objet, ...

Certains, comme les néo-païens, considèrent la nature maléfique de la sorcellerie comme étant

une projection chrétienne. Cependant, le concept de "praticien de la magie" influençant le corps

ou l'esprit d'autrui contre son gré était présent au sein de nombreuses cultures avant même

l'introduction du monothéisme. En effet, de vieilles traditions de "magie blanche" ou religieuses

avaient déjà pour but d'identifier ou de contrer ces praticiens. Beaucoup d'exemples de ce type

peuvent être trouvés dans les textes anciens provenant d'Égypte et de Babylone. Dans les

cultures où l'on croit que le sorcier a le pouvoir d'influencer le corps ou l'esprit d'autrui, il

apparaît une cause crédible de maladie (chez l'homme ou l'animal), de malchance, de mort

soudaine, d'impuissance ou maux divers dont l'origine paraît inexplicable. Une magie

folklorique bénigne et socialement plus acceptable peut alors être utilisée pour remédier au

sortilège, ou identifier le sorcier à l'origine du mal afin de s'en défendre ou d'en défaire

l'enchantement.

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

Plusieurs pratiques magiques sont assimilées à la sorcellerie, de telle sorte que les personnes

qui les utilisent ont été considérées comme des sorciers par les occidentaux, indépendamment

de la culture dans laquelle ces pratiques sont en usage. Une des pratiques les plus connues

consiste à fabriquer une poupée en argile, en cire ou en chiffon à l'effigie de personnes réelles

et les actions qui sont effectuées sur ces poupées sont censées être transférées aux sujets qu'elles

représentent ('poupée vaudou dans le vocabulaire courant, dénommée dagyde en occultisme).

Le sorcier lui-même est un mage noir qui pratique la magie noire, celle qui agresse, qui envoûte.

1.5.4. L’Initiation

Le mot « initiation » est attesté dès le XVe siècle. Il devient courant au XVIIIe siècle avec le

sens d’amission dans la religion chrétienne ou aux religions anciennes. Voltaire l’utilise dans

ce sens : « Il n’y avait alors aucun culte qui n’eut ses mystères, ses associations, ses

catéchumènes, ses initiés, ses profès.

Un initié est d’abord un chercheur et son laboratoire c’est lui-même. L’initié possède des

facultés spirituelles qui sont le fruit de maintes vies de travail sur lui-même. Ces vies

précédentes lui permettent l’accès au monde spirituel ou plan intuitif. C’est à la suite d’un

travail minutieux, rigoureux et patient que l’initié peut révéler le résultat de ses recherches. Il

le fait à l’aide d’une pensée claire à la portée de chaque personne qui s’intéresse à la vie

spirituelle.

L’initié joue ainsi pleinement son rôle d’être humain, lequel consiste, non pas à rester passif

devant l’univers, mais à devenir un Co-créateur de la manifestation universelle en développant

son intuition et sa pensée créative. De cette façon, il utilise la liberté que le monde spirituel lui

a offerte en exprimant son potentiel créateur.

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

Il capte des visions ou des intuitions dans le monde spirituel (qui est le plan intuitif) c'est-à-dire

le plan des connaissances, vérités résultantes de sa capacité de fusion avec le monde et avec ses

entités spirituelles.

Il ressent profondément en lui-même ce qu’il voit et il le comprend ; c'est-à-dire qu’il est

capable de l’interpréter correctement.

Il vit pleinement, dans son quotidien, ce qu’il a vu, ressenti et compris.

Il communique ses expériences spirituelles dans un langage clair et simple, accessible aux

personnes qui s’intéressent à la vie spirituelle.

L’initié est aussi celui qui détient des informations qui ne sont pas à la portée de tout le monde.

Quelque soit le domaine concerné, il y a toujours des gens qui savent des choses que les autres

ignorent. On trouve ce genre d’initiés à tous les étages de la société, que ce soit en politique ou

dans des activités plus communes. Du reste, l’initié est souvent avare de son savoir. Cela donne

lieu à d’interminables cachotteries qui permettent à ceux qui savent de se hisser au-dessus de

leurs semblables et d’y rester le plus longtemps possible.

Initié, c’est admettre à la connaissance et à la participation des mystères de l’antiquité, c’est

donner à quelqu’un les premiers éléments de quelque chose.

L’étymologie du mot initié vient du verbe latin « INITIARE », signifiant être passé par un

processus rituel conférant des connaissances ou un statut particulier. Communément, on associe

donc l’initié à quelqu’un qui a vécu une initiation la plus part des temps spirituels mais pas

forcement, ou bien qui possède des connaissances confidentielles. Dans les deux cas, il s’agit

d’une personne qui se démarque du reste de ses semblables par son savoir ou son savoir-faire.

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

1.5.5. La Stigmatisation

La stigmatisation touche autant les accusés de sorcellerie que les enfants « mal nés », jumeaux

et albinos. Plusieurs témoignages d’albinos révèlent leur stigmatisation sociale due

probablement à la peur qu’ils génèrent au sein de la société, par exemple, difficilement acceptés

à l’école, ils sont fréquemment maltraités par leurs camarades de classe. Les jumeaux, dont la

naissance demeure indésirable, supportent stigmatisation au sein de leur propre famille.

Un accusé de sorcellerie reste stigmatisé à vie et même s’il est soumis à des traitements

différents, son passé « sorcier » continuera à le poursuivre. Il est stigmatisé au sein de sa famille,

du quartier, du village ou de la communauté. La possibilité qu’il soit accusé encore une fois

demeure importante. Comme dans le cas des enfants « mal nés », la stigmatisation de « sorcier »

entraine également une discrimination. La famille, la communauté et l’Etat qui excluent

l’accusé de sorcellerie violent l’article 2/Alinéa 2 de la Convention relative aux Droits de

l’enfant qui explicite que « Les Etats parties prennent toutes les mesures appropriées pour que

l’enfant soit effectivement protégé contre toutes formes de discrimination ou de sanction

motivées par la situation juridique, les activités, les opinions déclarées ou les convictions de ses

parents, de ses représentants légaux ou des membres de sa famille ». La stigmatisation entraine

des traumatismes, des souffrances phycologiques et émotionnelles. Elle empêche l’éventuelle

réintégration des enfants dans la vie familiale.

Selon l’idée dominante, la sorcellerie est une très mauvaise chose, une chimère dangereuse à

combattre.

Cependant, il y a des pratiques d’ordre mythique qui sont positives. La confrérie de Komians

apparait comme une institution organisée. On pourrait la percevoir comme la borne positive de

la sorcellerie. Cette institution dépend des valeurs acceptées par la société alcan (côte d’ivoire).

Si les agris (alcan) ont mis en place depuis des siècles l’institution Komian, c’est qu’ils ont une

perception du monde qui l’a autorisé. C’est parce qu’ils pensent qu’au mal doit répondre le

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

bien. Tous les membres d’une société ne pouvant pas se mettre ensemble pour manger des âmes.

Ils croient en l’existence de Dieu, détenteur de la force vitale (le Gna mien kpli ou Dieu). Ils

conçoivent qu’il existe des mondes en dehors de ce que nous voyons à l’œil nu. Donc le monde

visible et celui invisible. Dieu possède la plus grande force cosmique. La force pour eux est un

principe matériel et spirituel déterminé par des règles générales. Il y a une hiérarchie des forces.

Il y a la force des hommes, des animaux et des plantes. Il y a une hiérarchie et une variation des

forces. Et lorsqu’un dysfonctionnement arrive, des sacrifices propitiatoires sont faits pour

revitaliser l’individu et la communauté. Cela s’oppose au mal et la malveillance qui fragilisent

notre énergie vitale. Il y a une interaction et une interdépendance des forces.

Les Komians savent que l’homme est composé de corps et d’esprit. Les Komians jouent le rôle

de protecteurs des âmes. Les Komians jouent donc le rôle d’intercesseurs auprès de Dieu.

La sorcellerie est une force nocturne de nuisance. Mais, pas recommandable selon la

philosophie Komian. Les Komians sont comme des êtres dotés de potentiels (troisième œil)

pour lutter contre le mal sorcier. Il est comme un ‘’prêtre’’ ou un ‘’devin’’ qui guérit. L’individu

qui doit exercer la fonction de Komian est choisie et formé rigoureusement. On lui enseigne les

principes du Bien. Il renait dans et à travers une nouvelle éthique. ‘’On ne devient Komian

qu’après une initiation’’. (Boa, 2010 : 55).

Le Komian a trois fonctions essentielles : servir la vie et la santé, assurer la cohésion sociale et

enfin renforcer l’énergie vitale de la royauté (Boa, 2010).

En gros, une mission positive.

La description que Boa (2010) fait des Komians est aussi valable pour les bokonon, prêtres du

fa, géomanciens, guérisseurs traditionnels…au Bénin. Face au ‘’mal’’ que développe la

confrérie des sorciers malveillants jeteurs de sort et mangeurs d’âme, ils jouent le rôle de

protecteur des valeurs positives humaines.

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

Parfois même, ils interviennent dans la gestion du pouvoir d’Etat puisqu’ils relèvent déjà de

l’ordre du spirituel et du religieux.

Mais il arrive bien des fois où l’idéologie dominante considère l’acte Komian comme relevant

également de la sorcellerie.

A cet effet, il convient de constater que les religions révélées ont leurs canaux. Ceux-ci sont

assez rigides et rigoureux. Ils n’admettent pas autre chose : on y est ou pas.

Après toutes ces définitions il convient de retenir fondamentalement que la sorcellerie est une

notion diffuse, multifonction et multiforme. Personne n’à réussi à factionner une définition

incontestable. Des philosophes et sociologues comme Boa (2010) sont allés jusqu’à affirmer

avec fortes arguments, comme le titre de tout un ouvrage que « la sorcellerie n’existe pas ».

Qu’elle existe ou non. Ce n’est pas là le problème. Le problème ce sont les probes qu’elle pose

à la société on cite : stigmatisation, accusation, condamnation, violence, exécution.

Les problèmes de la sorcellerie diabolique sont nés lorsque des civilisations étrangères

dominantes ont commencé par porter leur regard et jugements sur les autres civilisations qu’ils

ne comprennent pas.

Et tant que les lions n’auront pas leur propre historien, les histoires de chasse continueront à

glorifier les chasseurs.

Nous avons communes couronnes d’épines et devons envier avec courage notre propre car selon

Lopez, quand on est conscient de sa laideur et que l’on l’assume avec fierté, on devient beau.

1.6. La notion de mythe

Un mythe est une construction imaginaire (récit, représentation, idée) qui se veut explicative de

phénomènes cosmiques ou sociaux et surtout fondatrice d’une pratique sociale en fonction des

valeurs fondamentales d’une communauté à la recherche de sa cohésion. Il est porté à l’origine

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

par une tradition orale, qui propose une explication pour certains aspects fondamentaux du

monde et de la société qui a forgé ou qui véhicule ces mythes.

De nos jours, les principaux représentants des religions monothéistes, comme ceux des néo-

païens, n’éprouvent aucune difficulté à considérer que certains aspects de leurs textes sacrés

relèvent du mythe. Cette considération n’enlève rien au fait qu’ils contiennent aussi un grand

nombre de vérités religieuses, divinement inspirées mais révélées au moyen des catégories de

pensées et de langage d’une culture et d’une époque donnée. Parler de mythe en ce qui concerne

les monothéistes, n’implique aucun jugement de réflexion herméneutique.

1.7. La notion de civilisation

Pour Lopez (2008 : 3), le mot « civilisation date du XVIIIe siècle.Il désigne alors l’état des êtres

humains sortis de la barbarie des sauvages et des primitifs. Il tire ses origines du Latin Civis,

habitants des villes. Il sous entend pour les penseurs et les philosophes du XVIIIe, que la

civilisation occidentale est l’exemple et le modèle unique de référence (C’est nous qui

soulignons).

Aux XIXe et XXe siècle les progrès des transports, de la connaissance géographique du monde

de l’investigation historique et de l’ethnologie permettent de constater, dans le temps et dans

l’espace l’existence de nombreux peuples, foyers de civilisations différentes.

La civilisation est donc ‘’une forme particulière de la vie d’une société, dans les domaines moral

et religieux, politique, artistique, intellectuel, économique (dictionnaire Larousse). La carte

d’identité des civilisations se manifeste dans deux domaines : Le domaine matériel et celui

spirituel.Le premier (matériel) est la somme de progrès accumulés par chaque génération

témoignant de l’intervention de l’homme sur la nature. Le second (spirituel) est l’expression

des valeurs morales choisies par « une société, preuves de l’intervention de l’homme sur lui-

même.

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

Pour les ethnologues, une civilisation primitive dispose d’outils archaïques, une civilisation

évoluée dispose d’outils de plus en plus sophistiqués qui répondent aux besoins de l’homme, à

ses désirs sans cesse renouvelés et à l’économie de sa peine par l’ergonomie.

Les civilisations à haute technologie, semblent surpasser les autres par leur puissance ; elles

deviennent des « modèles » rapprochant, universalisant, mais aussi standardisant les sociétés.

1.8. Les composants spirituels

Les composants spirituels donnent heureusement une ‘’âme’’ à ces mécaniques que seraient les

civilisations.

L’Homo sapiens complète l’Homo faber. Au-delà des progrès techniques, les hommes

cherchent à donner un sens à leur vie. La richesse spirituelle des civilisations s’exprime dans

les croyances, les religions, les symboles, les valeurs d’appréciation du bien et du mal, et les

lois appliquées par les différents types de gouvernements. Il y a des valeurs guides.

Parmi ces valeurs – guides, on peut citer le courage physique, l’équilibre corporel, la

domination du corps, le respect d’autrui et surtout la connaissance. Celle des pictogrammes et

la réflexion sur les mystères de la nature (astronomie, astrologie) font du « lettré » chinois ou

Egyptien un modèle d’intelligence et de réussite sociale.

1.8.1. L’évolution spatiale et temporelle des civilisations

Chaque civilisation possède son domaine géographique, son aire de développement et de

rayonnement culturel. Elle est le reflet des conditions naturelles offertes à l’homme et peut, au

fil des influences ou des conquêtes s’étendre ou s’amenuiser.

Pierre Teilhard de Chardin dans son ouvrage Le phénomène humain (seuil, 1955) a approuvé

cette idée et a ajouté que « durant les temps historiques, c’est par l’occident qu’a passé l’axe

principal de l’anthropogenèse (processus de l’évolution des hommes depuis l’origine).

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

Il convient de mentionner que chaque société est unique à l’image de l’être humain.

L’évolution dans le temps

Les vestiges historiques que les touristes admirent nous plongent dans le passé de brillantes

civilisations.

La phrase de« Valery dans variété III » est gravée dans toutes les mémoires. S’inquiétant des

conflits européens, il avouait. « Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous

sommes mortelles…Nous savons qu’une civilisation a la même fragilité qu’une vie. »

Pour Braudel, (dans la méditerranée : l’espace et l’histoire (Flammarion) une civilisation ne

meurt jamais. Elle survit aux intempéries. Elle résiste au temps. « Détruites, pour le moins

détériorées, elles repoussent comme le chiendent ».

La civilisation européenne a évolué à travers la préhistoire, l’antiquité grecque et romaine,

l’humanisme et la renaissance. Et les grandes périodes de l’humanité sont composées de la

préhistoire et de l’histoire.

1.8.2. La notion de culture

Pour Jean Fleury, la culture est un thème majeur de la réflexion sociologique… on parle en

France de l’exception culturelle. Elle est une réalité concrète et durable. La culture a des

fondements. Elle est un phénomène collectif. Elle procède d’une activité symbolique

omniprésente.

Pour Laplatine, ce qui distingue la société humaine de la société animale, ce n’est nullement la

transmission des informations, la division du travail…)

Mais, cette forme de communication proprement culturelle qui procède par élaboration de

symboles, par élaboration des activités virtuelles afférentes à ces derniers. Les animaux n’ont

68
Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

jamais soufflé la bougie d’un gâteau d’anniversaires. La culture traduit le perfectionnement de

l’esprit humain.

La culture est tout complexe. « Culture ou civilisation, prise dans son sens ethnologique le plus

étendu, est ce tout complexe qui comprend la connaissance, les croyances, l’art, la morale, le

droit, les coutumes et les autres capacités ou habitudes acquises par l’homme en tant que

membre de la société » (Taylor,1871). La culture relève donc d’une conscience collective.

La prise en compte de la dimension culturelle du développement, recommandée dans le cadre

de la Décennie mondiale du développement culturel officiellement lancée le 21 janvier 1988,

est reconnue aujourd’hui par tous comme une donnée essentielle du processus de

développement endogène et intégral de nos pays. Mais la culture peut-elle véritablement jouer

son rôle sans qu’on en définisse la place, l’orientation, les objectifs et le contenu ?

C’est justement en réponse à ces interrogations qu’au terme des Etats généraux de la culture,

de la jeunesse et des sports, réunis à Cotonou en 1990, il a été élaboré la politique culturelle de

la République du Bénin.

Dans cet important document, la culture a été définie comme étant « la totalité des manières

d’être, de savoir, de faire savoir, de produire nos moyens d’existence ». Par ailleurs, plus loin,

il a été précisé qu’elle est également « l’action de l’homme sur lui-même et sur le monde pour

transformer et, par là, elle englobe la totalité de l’outillage matériel et immatériel, œuvres et

ouvrages d’art, savoir et savoir faire, langues, modes de pensée, comportements et expériences

accumulées par le peuple dans son effort de libération pour dominer la nature et éditer une

société toujours meilleure…

C’est dans et par la culture que se développe la créativité, facteur premier de tout

développement économique.

69
Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

Dans cette même perspective, la loi n°91 – 006 du 25 février 1991 portant charte culturelle en

République du Bénin a été adoptée et constitue dès lors un précieux document de référence pour

les agents de l’action culturelle, les artistes, les hommes et femmes de culture ainsi que pour

tous ceux qui désirent apporter leur contribution, quelle qu’en soit la nature, à la promotion des

arts et de la culture béninois. Mais force est de constacter que ces deux documents de valeur

n’existent que sous forme dactylographiée.

C’est pour pallier cette insuffisance que mon département à jugé opportun de les éditer sous

forme de plaquette afin de conférer à ces documents qui illustrent éloquemment le génie

créateur de notre peuple, toute la valeur qu’ils méritent. Ce faisant, nous espérons apporter ici

encore notre pierre à la construction de l’édifice culturel national entamée par tous mes

prédécesseurs, depuis feu Assogba Oké.

Toutefois, notre souhait ardent est que tous les béninois sans exclusion, voire les non –

Béninois, puissent traduire cette politique consignée dans la Charte culturelle dans les faits afin

que « la culture béninoise participe à la construction d’un humanisme qui replace l’homme au

centre de tout projet de développement ».

La culture, c’est la totalité des manières d’être, de savoir, de faire savoir, de produire et de

reproduire nos moyens d’existence ; une totalité qui englobe aussi bien les domaines

intellectuels, matériels que spirituels de notre vie sociale.

C’est l’ensemble des mécanismes mis en œuvre par l’homme pour connaitre son

environnement, le transformer afin de vivre en harmonie avec cet environnent et avec lui –

même. Elle trouve son origine et sa finalité dans l’homme. On peut dès lors affirmer qu’elle

est une donnée évolutive liée à la vie et au développement de chaque société humaine.

La politique culturelle, comprise comme l’organisation au niveau institutionnel de tout cet

ensemble de règles sociales, de comportements et de manifestations culturelles doit

70
Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

constamment s’adapter à l’évolution de la société et tenir compte de ses transformations, de ses

mutations, des crises qui la secouent et des changements qu’elles entraînent.

De tout temps, l’organisation de la vie culturelle des peuples a été un souci permanent des

gouvernements qui l’ont diversement mise en pratique. Les monarques des anciens royaumes

qu’abritait le territoire de l’actuelle République du Bénin l’avaient compris, qu’ils ramenaient

à leur cour les meilleurs créateurs d’œuvres de l’esprit ou tout au moins, s’assuraient leurs

services afin de mieux contrôler les différentes tendances qui se développent au sein du peuple.

Les colonisateurs du Dahomey l’avaient eux aussi bien compris, qu’ils avaient mis au point

pour les peuples colonisés une politique profondes, une politique d’oppression et d’aliénation

culturelle afin d’avoir à leur service une population accessible à leurs idées, partant, toute

dévouée à leur cause. Le gouvernement de la République populaire du Bénin l’a également

compris, qu’il a adopté en 1982 pour une politique culturelle visant à réhabiliter nos valeurs

culturelles, mais malheureusement trop soumise à l’idéologie du Parti-Etat.

Si l’on doit à la vérité de reconnaitre que la politique culturelle de la République Populaire du

Bénin comportait des orientations progressistes et largement en rupture avec le mimétisme

culturel tacitement encouragé par les premiers gouvernements du Dahomey indépendant, force

est de constater qu’une nouvelle aliénation avait succédé à la première, induisant au silence les

voix dissidentes, enfermant les inspirations dans l’enclos de la propagande politique.

La proclamation de la décennie mondiale d’un développement culturel par les Nations Unies et

le Renouveau démocratique au Bénin commandent aujourd’hui qu’une nouvelle politique

culturelle soit mise en place, qui tienne compte de l’épanouissement des libertés fondamentales,

de la multiplicité des courants de pensée, de toutes les exigences d’une démocratie pluraliste et

qui replace la culture à la base du processus de développement de la République du Bénin. C’est

d’ailleurs le vœu de la « conférence nationale des forces vives » de la Nation, tenue à Cotonou

71
Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

du 19 au 28 février 1990, qui a recommandé expressément de redéfinir la politique culturelle

en la débarrassant de son carcan marxiste-léniniste et de son esprit de classe ». c’est en

exécution de ces directives précises que les Etats généraux de la culture, tenus à Cotonou du 02

au 04 mai 1990, ont élaboré et adopté le présent document destiné à mettre en œuvre une

nouvelle politique culturelle au Bénin .

Le manifeste culturel panafricain (1969) définit la culture comme « l’action de l’homme sur

lui-même et sur le monde pour le transformer et, par là, elle englobe le social, le politique,

l’économique et le technique ». Vue dans cette perceptive, elle englobe « la totalité de

l’outillage matériel et immatériel, œuvres et ouvrages d’art, savoir et savoir-faire, langues,

modes de pensée, comportements et expériences accumulées par le peuple dans son effort de

libération pour dominer la nature et édifier une société toujours meilleure ».

1.8.3. La notion de l’aliénation

L’aliénation est un processus subtil de domination qui consiste à rendre un individu, un groupe

d’individus ou tout un peuple étranger à lui-même dans le dessein de le rendre esclave à vie, en

vue de tirer le maximum de profit de lui. Pour y parvenir, le prédateur procède par le soft power

qui consiste à rentrer d’abord dans le paradigme d’un individu, d’un groupe d’individus ou d’un

peuple ; puis à repérer ses piliers fondamentaux, et ensuite à les déconstruire un à un, et enfin

à donner un autre construit à cet individu, à ce groupe d’individus ou à ce peuple, de manière à

ce que ce dernier n’ayant plus ses propres piliers pour repères, s’enracine sur les piliers

d’emprunt du prédateur jusqu’à développer le syndrome de Stockholm où la victime tombe

amoureux de son bourreau et se montre toujours prêt à le défendre partout, même au préjudice

de sa vie. Tel est le complot ourdi des prédateurs contre l’Afrique depuis l’esclavage jusqu’aux

indépendances en passant par la colonisation.

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

Tableau 1: synthèse des choix méthodologiques

1 Eléments de synthèse Choix méthodologique

2 Intitulé du Sujet Les représentations sociales de la sorcellerie (Azé)

au sud du Bénin

3 Domaine de la recherche Sociologie de la connaissance anthropologie de la

morale

4 Nature de la recherche Mixte

5 Technique de la collecte de données Observation, entretien, questionnaire, GPS

6 Les dimensions théoriques utilisées Anthropologie de la morale et de l’éthique

(Raymond Masset, Marie Meudec)

Constructivisme (B. Peter, T. Luckman)

Représentations sociales (J.C Abric)

1.8.4. La démarche méthodologie à adopter

« Il importe avant tout que le chercheur soit capable de concevoir et de mettre en œuvre un

dispositif d’élucidation du réel, c’est-à-dire dans son sens plus large, une méthode de travail »

(Quivy et Van-Camperhouldt, 1995 : 28). La démarche méthodologique apparait comme

l’élément capital dans un travail scientifique. J’ai opté pour une approche méthodologique

mixte. Cette dernière a été utile dans une logique « (…) d’explorer davantage les principes

relatifs à la temporalité, aux effets de structure, à l’interrelation dans les vies et aux capacités

actancielles des acteurs », (Carpentier et White, 2013 : 297). La méthodologie de la recherche

englobe à la fois la structure de l’esprit, la forme de la recherche et les techniques utilisées pour

mettre en pratique cet esprit et cette forme, (Gauthier, 1986 : 9). Ainsi, il s’agit de l’ensemble

des méthodes et techniques dont j’ai eu recours pour obtenir les résultats plausibles de cette

recherche assortis d’analyse.

73
Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

1.8.5. Justification du cadre de l’étude

Le Bénin est identifiable à une clé qui ouvre l’océan et dont la tête porte le continent Africain.

Le sud bénin abrite la capitale économique ‘’Cotonou’’ qui a elle seule a la majorité des

infrastructures socio-économiques administratives publiques et privées. Cette concentration

influence fortement l’environement urbain et se traduit par des activités économiques intenses

et diversifiées. De la même manière, cette partie méridionale dans son cosmopolitisme est un

miroir répresentatif de tout le territoire béninois. C’est en cela que l’étude de cet espace est un

échantillon représentatif.

FIGURE 1 : CARTE DU SUD BENIN

Source : PDC Cotonou, 2008 ; 19

74
Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

1.9. Nature de la recherche

La nature de ce travail part du principe que la sorcellerie comme idée reçue inhibe la vie des

Béninois du Sud. Pour ce faire, nous avons opté pour une approche qualitative qui produit et

analyse les données, telles que les paroles, les images et signes observables et aussi ceux non

visibles que les acteurs révèlent. Des données quantitatives sont venues en appui à ce travail

pour rendre compte de certains aspects quantifiables du phénomène de la sorcellerie.

Dans cette optique, Bourdieu (2005) conseille de suivre une certaine méthodologie de recherche

appropriée en vue de pouvoir bien aborder la discussion afin de parvenir à des résultats

convaincants. Biaou (2009) conclut qu’en matière de la rédaction d’une thèse, il faut suivre les

règles de l’art. Ainsi, il écrit : « Que ce soit en sciences naturelles ou en sciences sociales, la

rédaction d’une thèse doit respecter des normes relativement rigides. Ces normes servent de

garde-fous et permettent d’orienter l’auteur pour la production d’un texte clair ».

1.9.1. Sources écrites

La prise en compte des écrits antérieurs sur le sujet en étude constitue une démarche

méthodologique qui s’impose à toute recherche et dans ce sens, Ouellet (1980 : 147) écrit : « la

recension des écrits constitue la pierre angulaire de l’organisation systématique d’une

recherche. Aucun chercheur sérieux n’oserait entreprendre une recherche sans avoir au

préalable vérifié l’état de la question ». Dans la logique de cette exigence scientifique nous

avons pû obtenir des informations écrites par deux sources, à savoir la recherche documentaire

et la recherche via le web.

Nous avons fréquenté les bibliothèques et les centres de documentation à dessein de consulter

les ouvrages et écrits qui se rapportent à la sorcellerie. A cet effet, nous avons fréquenté les

centres de documentation de la Bibliothèque de l’Institut francais, des librairies esothériques

(UGEICO, PHENIX) la bibliothèque centrale de l’Université d’Abomey-Calavi (BU), celle de

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

la Faculté des Lettres, Arts et Sciences Humaines (FLASH), le Centre de documentation du

Centre Béninois de Recherche Scientifique et Technologique (CBRST), la Bibliothèque de

l’Ecole Nationale d’Administration et de Magistrature (ENAM), La Bibliothèque Nationale, la

Bibliothèque de la FADESP, et les autres espaces de lectures et de documentation des entités

de l’UAC. A cela s’ajoute la lecture de thèses et autres documents pris chez leurs auteurs.

1.9.2. Source orale

Passionné des émissions cultuelles et culturelles, j’ai suivi des émissions à la télévision et à la

radio nationale. Parmi ces émissions je peux citer ‘’Culture matin’’ (2012 2014), cette émission

télévisée (Télévision nationale), a reçu plus de 500 magiciens et praticiens endogènes. A chaque

édition j’ai eu à récuellir des propos précieux qui ont contribués à l’élaboration de cette thèse.

De 2015 à nos jours je suis le Grand Débat Culturel qui est diffusé sur la Radio Nationale (98.2)

tous les samedis à 15 heures et rédiffusé à 21 heures. Comme son nom l’indique, cette émission

est un grand rendez-vous de joutes oratoires, de débats contradictoires et de partage des

connaissances diverses. J’ai également dans le même ordre d’idées suivi d’autres émissions de

la même veine : « Doyi doslo » sur la Télévision Nationale ; «Au délà du réel » sur Golf

télévision ; « Tribune du savoir » sur Atlantique FM : « Corps et âme » sur la Radio nationale ;

« vivre mieux » sur la Radio Nationale ; etc...

1.10. Techniques d’échantillonage

Deux catégories de Béninois du Sud sont interrogées : les profanes et les initiés. Les profanes

sont toutes les personnes rencontrées qui n’ont connu aucune espèce d’initiation spirituelle et

qui ont accepté répondre à notre questionnaire. Les initiés par contre sont des personnes

ressources qui consacrent leur vie à la spiritualité et aux pratiques endogènes. Cette catégorie

d’informateurs a été utile aussi bien comme source orale que comme auteurs d’ouvrage

précieux. Du gardien au conducteur de véhicule administratif en passant par l’agent de liaison

76
Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

ou le planton; du fonctionnaire débutant au doyen prêt à faire valoir ses droits à la retraite ou

encore du cadre de conception jusqu’au premier responsable de la structure administrative ;

tous ces acteurs comptent pour cette recherche. La prise en compte de ceux-ci permet de saisir

les variantes relatives aux déterminants sociaux et au mécanisme qui entrent en ligne de compte

pour ce travail de recherche. Un regroupement pour stratifier la population cible a été fait à cet

effet.

1.11. Techniques de collecte des données

Trois outils de collecte de données ont été donc élaborés pour mener à bien cette recherche, à

savoir : le guide d’entretien pour bien mener les entretiens semi-directifs, une grille

d’observation pour l’observation directe et une fiche de lecture pour la recherche documentaire.

Le guide d’entretien élaboré pour réussir la collecte empirique d’informations est fait de sous-

thématiques se rapportant aux objectifs de l’étude. Les spécificités recherchées au niveau de

chacune de ces sous-thématiques sont présentées sous forme de points de discussions pour

documenter notre sujet de recherche. Un exercice similaire est réalisé pour élaborer la grille

d’observation.

Pour bien conduire les enquêtes nous avons estimé nécessaire de rencontrer les hauts initiés.

Les entretiens avec les personnes interrogées ont été individuels et directs. Nous avons assisté

à certaines conférences publiques données par plusieurs initiés, cela a tenu lieu de focus de

groupe.

Par ailleurs, en dehors des techniques classiques de collecte de données, nous avons également

recueilli des informations à travers d’autres réseaux.

L’ensemble des outils employés impose l’utilisation des techniques de collecte qu’il convient

de présenter avant de renseigner sur les techniques de traitement des informations. Car nous

77
Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

avons varié l’utilisation des instruments de collecte de données en fonction des techniques dont

le choix dépend des objectifs que nous avons fixés.

1.11.1. Entretiens

Grawitz (2001 :644) définit l’entretien en manière de recherche en sciences sociales comme

étant un « procédé d’investigation scientifique, utilisant un processus de communication

verbale, pour recueillir des informations, en relation avec le but fixé ». Cette technique de

collecte de données revêt une importance capitale en matière de recherche sociologique. Beaud

et Weber affirment à cet effet : « En réalisant un entretien approfondi, vous effectuerez un

véritable travail sociologique ».

1.11.2. Observation

Nous avons également procédé à l’observation, une technique de recherche qui a consisté pour

nous à vivre avec les informateurs, à nous impliquer dans leur vie, à participer à leurs activités,

quit à avoir des relevés empiriques sur leur vécu quotidien, leurs prospections, leurs attitudes

et leurs comportements.

1.12. Collecte des données

Toute investigation se réalise au moyen des méthodes, des techniques et des outils qui

permettent au savant d’atteindre la vérité. Dans ce sens, Grawitz (2001 : 352) affirme que :

« toute recherche ou application de caractère scientifique en sciences sociales comme dans les

sciences en général, doit comporter l’utilisation de procédés opératoires rigoureux, bien

définis, transmissibles, susceptibles d’être appliqués à nouveau dans les mêmes conditions,

adaptés au genre de problème et de phénomènes en cause. Ce sont des techniques. Le choix de

ces techniques dépend de l’objectif poursuivi, lequel est lié à la méthode de travail ».

78
Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

En raison des objectifs que nous poursuivons dans le cadre de la présente recherche, nous avons

procédé par triangulation. Nous avons utilisé trois techniques à savoir : les entrevues,

l’observation participante et la recherche documentaire.

1.12.1. Enquête exploratoire

Avant la constitution de l’échantillon, nous avons pris contact avec des personnes ressources

dans le cadre d’une pré-enquête. Nous avons rencontré de même des chefs religieux : curés de

paroisse, pasteurs de certaines églises évangéliques, des bokonons (pretes de fà) et des

tradithérapeutes. Nous avons également rencontré des islamologues, des spiritualistes, des

marges et des méthaphysiciens. Ces contacts nous ont permis d’ajuster les outils de collecte de

données et d’intégrer certaines variables.

1.12.2. Enquête sur le terrain

D’abord, sur la base d’un chronogramme bien élaboré, d’un guide d’observation bien outillé,

et ayant connaissance des catégories de personne, nous les avons parcourus selon leurs grades,

compétences et qualités.Ensuite, notre objectif a été surtout d’interroger nos vis-à-vis sur leur

appartenance réligieuse ce qu’ils savaient de la sorcellerie puis en dernière question de raconter

un fait de sorcellerie vécu par eux-mêmes ou par une tierce personne.Enfin, nous avons eu des

informations de 324 citoyens originaires du sud-bénin (de cotonou à Glazoué, puis de Lokossa

à Adjohoun).

1.13. Techniques de traitement des données

La présente recherche nous oriente vers la technique d’analyse de contenu afin de rendre compte

des entretiens et des observations.

Pour les autres aspects quantitatifs, nous avons eu recours aux techniques de dépouillement et

de traitement des données avec notamment les logiciels tels que le tableur MS-Excel.

79
Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

1.14. Contraintes du travail

Au cours de la réalisation de ce travail, nous avons fait face à des écueils. Nous n’avons pas

échappé à ce que Bachelardappelle «les obstacles épistémologiques ».

La mise en place des outils méthodologiques a permis de détecter certaines réalités du terrain

auxquelles nous n’avons pas pensé auparavant.

La recherche documentaire a été la première difficulté au regard des conditions d’accès aux

ouvrages et autres travaux qui existent. Malgré la garantie sur la confidentialité des informations

à nous fournies, vu le caractère délicat du sujet, la réticence n’a pas facilité nos travaux.

Au total, ce travail a connu quelques difficultés et contraintes, la non disponibilité de certaines

personnes ressources notament. A cela s’ajoute la peur affichée de certaines personnes de parler

du sujet qu’est la sorcellerie.

1.14.1. Mesures d’ordre éthique

Les enquêtes sur le terrain ont été facilitées par nos relations personnelles avec les informateurs

et les personnes ressources. Il nous est arrivé de prendre sur l’honneur l’engagement de garder

secretes certaines informations. Cela nous a amené à prendre des mesures exceptionnelles sur

la confidentialité de certaines informations.

1.14.2. Limites de la recherche

Il n’a pas été question pour nous de divulger les secrets de la sorcellerie ou de traiter le sujet de

façon exhaustive. Je n’en ai nullement la prétantion. Je ne me suis pas également donné comme

but d’assister les sorciers dans leurs prétendues « réunions nocturnes », puisque cette thèse n’est

pas un exposé de secrets de sorciers. Je ne me suis limité qu’à présenter les photographies socio-

anthropologiques rélatives au phénomène de la sorcellerie.

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

Tableau 2 : chronogramme des tâches

ANNEE 1 ANNEE 2 ANNEE 3


TACHES
T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4

Fiche de présentation du sujet

pour validation par le Directeur X

de Mémoire

Rédaction du protocole de

recherche et validation par le


X
collège des Professeur du

LARRED

Intégration des observations du

collège des Professeurs du


X
LARRED et finalisation du

protocole

Recherche documentaire sur les

aspects recommandés par le


X
LARRED et participation à des

colloques

Participation au comité de thèse


X
de l'An 1

Conception des outils et


X
validation

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

Recueil de données empiriques

sur le terrain et participation à X

des colloques

Participation au comité de thèse

de l'An 2 et présentation des X

grandes lignes des résultats

Rédaction et dépôt du premier


X
draft du mémoire

Partage du premier draft avec les X

collègues du LARRED et recueil


X
de leurs observations

Finalisation et intégration des

observations et participation à X

des colloques

Préparation de la soutenance X

Après les péripétiées sus évoquées, nous avons pu évoluer dans notre travail de recherche afin

d’aboutir à l’obtention des résultats que nous nous proposons d’exposer dans les lignes à suivre.

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

CHAPITRE 2 :

LA SORCELLERIE UN FAIT SOCIAL

83
Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

Les représentations sociale de sorcellerie empêche de crois quel peut être étudié comme fais

social, objet de la sociologie. Ce chapitre apporte des éléments pour attester que la

sorcellerie(AZE) est bien un fait sociale.

2.1. La sorcellerie : mythe ou réalité ?

Un mythe est une construction imaginaire (récit, représentation, idée) qui se veut explicative de

phénomènes cosmiques ou sociaux et surtout fondatrice d’une pratique sociale en fonction des

valeurs fondamentales d’une communauté à la recherche de sa cohésion. Il est porté à l’origine

par une tradition orale, qui propose une explication pour certains aspects fondamentaux du

monde et de la société qui a forgé ou qui véhicule ces mythes.

De nos jours, les principaux représentants des religions monothéistes, comme ceux des néo-

païens, n’éprouvent aucune difficulté à considérer que certains aspects de leurs textes sacrés

relèvent du mythe.

Comme on le voit à travers ce décryptage de la notion de mythe, la sorcellerie s’y est

parfaitement ancrée. Est-elle une réalité ? Comme l’a si bien dit Ramsès Boa « La sorcellerie

n’est pas une science mais il y a une science autour de la sorcellerie » A la question de savoir

si elle est une réalité, on pourait bien l’attribuer à une réalité construite selon Berger et

Luckmann. Marie Meudec 2013 parlera de rumeur.

2.2. La sorcellerie : une pratique ancienne

2.2.1. Sorcellerie en Afrique

En Afrique subsaharienne, l’héritage ancestral ou parental le plus couramment transmis à la

descendance, de génération en génération, est la sorcellerie. Caractérisée par les activités des

esprits maléfiques assimilables à de véritables matons, elle a pour objectif d’empêcher la

réussite, l’épanouissement d’un membre de la famille, d’un tiers ou d’ôter la vie.

84
Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

Cet art démoniaque est devenu au fil du temps le domaine d’excellence par exemple des

personnes bantoues du Cameroun, du Congo Brazzaville, de la RD Congo, de la Centrafrique,

du Gabon, du Bénin, du Togo...dont les sociétés sont parallèlement les plus attardées en ce qui

concerne le développement socio-économique. La propension à faire le mal à autrui est

tellement élevée qu’il ressort de certaines études que 2 subsahariens sur 3 rencontrés dans la

rue ont hérité, consciemment ou non, de cette méchanceté.

2.2.2. Sorcellerie au Bénin

La sorcellerie dans ‘’Le fa whendo ma bou’’ de Rémy Hounwanou, éditions UISAV, dans la

mythologie du Golfe de Guinée en général et plus particulièrement dans celle du Sud du Bénin

et de façon restrictive, en pays Fon, la sorcellerie occupe une place très importante, que dis-je,

une place qui peut être qualifiée de cruelle et de cynique par le non initié, tellement elle fait des

ravages en tous lieux et en tous temps et aucune personne ne peut lui échapper si elle est

désignée comme victime.

Certaines tendances la confondent aux Vodouns. Alors que par essence, le vodoun est adoré

pour préserver et sauver la vie des hommes qu’il nourrit, vêtit, loge, soigne et sécurise.

Mais qu’est ce que la sorcellerie ? Eh bien ! La sorcellerie n’est pas un phénomène facile à

cerner et aisé à définir, comme ses liens et ses rapports avec les Vodouns sont aussi

insaisissables. Et si l’on peut risquer de proposer une définition, on pourra considérer très

simplement et de manière bien simpliste, la sorcellerie comme une coalition des Forces

Naturelles Spécialisées dans la Coercition et les sanctions punitives. Tous les maléfices relèvent

de l’autorité redoutable et redoutée, terrorisante, terrifiante et terrible de cette Coalition de

Forces Naturelles Maléfiques et parfois provocatrices à dessein.

En milieu Fon, comme d’ailleurs dans le reste du Sud –Bénin, la sorcellerie est constituée de

sociétés secrètes composées uniquement d’initiés, d’adeptes et de protèges qui forment des

85
Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

sectes hermétiques, avec leurs lois et leurs règles propres, très voisines de celles de la jungle.

Les sorciers sont rigoureusement tenus par le principe très strict et inviolable de la discrétion

totale. Et toute violation de cette discrétion est cruellement châtiée.

Demandons-nous à présent comment opère le sorcier. Disons tout de suite que le sorcier a la

capacité de voir à l’intérieur de votre organisme. Et cette déclaration d’un écolier de Calavi qui

disait à son maître qu’il voyait ses boyaux et lui révélait ce qu’il avait consommé dans la journée

confirme notre assertion. Cette affirmation autorise à dire que le sorcier a la puissance de

provoquer le déséquilibre des grandes fonctions organiques et d’inoculer donc les maladies.

Nous pensons à ce moment-ci à cette découverte pour le moins insolite et bizarre qu’a fait ce

chirurgien dans le ventre de son patient qu’il a ouvert pour se trouver en présence de talismans

et de fils divers. Il nous a été donné de voir de nos propres yeux un enfant victime de sorcellerie,

ligoté mystérieusement car, aucune liane, aucune corde liant la victime n’était visible ; mais

la victime hurlait de douleurs et criait le nom d’une femme, vieille sorcière.

Interpellée, la vieille avoua son forfait et justifia son acte par le refus de sa mère de lui prêter

une tenue pour la cérémonie de sortie de nouveaux adeptes de son fétiche. Après de longues

heures de difficiles et laborieuses négociations appuyées de bruits de bottes des militaires armés

et terrorisants, la vieille accepta de délivrer sa victime et le fit d’une façon tout à fait simple et

étonnante. En effet, elle passait la main sur son ventre et la passait ensuite sur les membres de

sa victime et cela, jusqu’à ce que cette dernière fût totalement délivrée et retrouvât son calme.

Voici un autre exemple, tragique celui-ci. « Une femme, par jalousie, a rendu son mari aveugle.

Accusée et conduite sur la place publique, elle reconnut le fait et accepta volontiers de faire

recouvrer la vue à son époux à condition qu’elle retournât chez elle d’abord. Sûrement pour

prendre les produits nécessaires pour la délivrance, nous sommes-nous dit. On la fit escorter

pour raison de sécurité. Mais, dès qu’elle franchit le seuil de la concession, elle interdit l’accès

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

de la chambre aux membres de l’escorte s’ils tiennent à conserver leur vie. Elle séjourna seule

dans sa case quelques instants, puis sortit et reprit le chemin en direction de la place publique

avec son escorte. Mais, coup de théâtre, elle se détacha brusquement du groupe pour une motte

de terre dans une brousse et en ramena quelques feuilles. Alors que tout le monde s’attendait à

la voir délivrer son mari, elle lui fit dos, s’allongea de tout son long par terre et se mit à agiter

les bras à la manière d’un oiseau atteint mortellement et qui battait des ailes tout en bavant, puis

elle s’éteignit. Son mari demeura ainsi aveugle, victime de la jalousie de sa femme ».

« Une autre sorcière a avoué durant les derniers instants de sa vie, qu’elle s’est rendue à Paris

par deux fois avant de pouvoir tuer un de ses neveux étudiant et que pour la dernière fois elle a

failli être surprise par le jour ».

Ce dernier exemple nous amène à cette possibilité pour l’esprit du sorcier de quitter son corps

pour aller partout où il veut, pénétrer dans n’importe quel appartement, quel qu’il soit. Le

sorcier peut donc se présenter et opérer avec son corps et son esprit ou seulement avec esprit.

Il a été donné à une autorité, cependant la « période révolutionnaire » de la lutte contre les

forces obscurantistes de se retrouver, dans sa chambre, la nuit en présence d’une vieille sorcière

enfermée pourtant en un lieu sûr, précis et bien gardé. La miraculeuse « hôte » nocturne réveilla

l’autorité qui dormait paisiblement dans son lit. Elle l’apaisa et lui dit qu’elle était venue pour

prendre la subsistance qu’elle lui avait promise pour la journée et qu’elle n’avait pas eue.

Comme cela se constate aisément, l’homme utilise les puissances spirituelles mauvaises du

monde céleste pour nuire à son prochain, par simple jalousie, par haine, par vengeance.

Personne ne pouvant être épargné de la haine furibonde et de la hargne destructrice des maitres

du monde obscur, on cherche alors à être des leurs ou à se mettre sous leur protection en payant

régulièrement tribut. Ainsi, on espère éviter de souffrir de maladies mystérieuses, d’être victime

de mort brutale inexplicable ou d’empoisonnement par invisibilité ou de toute autre nuisance

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

que peuvent provoquer les Forces Maléfiques dans n’importe quel domaine de l’existence

humaine.

Aussi, rois, chefs de villages, Chefs de collectivités, chefs de familles, grands prêtres de

Vodouns, bref, toute personne détenant une parcelle de POUVOIR et voulant asseoir son

AUTORITE s’affilie-t-elle à la sorcellerie encore nommée Azé par les Fons ou « Azé vodoun

adogbago », « tchoukplin wonkplin », « énon gli mon nou djè gli homè » par les Minan.

Il est donc bien compréhensible que ces Forces maléfiques sont toutes puissantes et connaissent

une évolution sans fin à la faveur de la paupérisation sans cesse grandissante et de la grande

misère poignante qui s’est installée et qui s’étend chaque jour d’avantage au sein des

populations. Aussi, les adeptes de ces forces maléfiques se recrutent ils surtout et avant tout

parmi ceux qui estiment avoir raté leur vie, qui sont très aigris et espèrent la rattraper autrement

en faisant des autres leurs souffre-douleur. Ces derniers se voient donc contraints de leur faire

allégeance et de leur être d’une docilité servile et annihilante.

Quoi donc de plus normal que tout le monde s’évertue à se préserver de la sorcellerie par tous

les moyens, obtenir la sécurité et la paix pour soi et pour sa famille ! Dans cette recherche

obstinée d’un abri ou des abris contre la sorcellerie, le Fon, comme tous les peuples du Sud-

Bénin, est contraint de recourir aux Devins, aux Bokonons, aux voyants, aux médiums pour

connaitre les origines, les causes véritables de toutes les situations malheureuses qu’il vit.

Toutes les révélations faites par le Bokonon, au moyen du Fa surtout, sont suivies de conseils,

de recettes et de sacrifices qui, respectés et accomplis conformément aux prescriptions du Fa,

apportent la guérison, sortent les patients des situations difficiles, éloignent des malheurs et

apportent le bonheur tant voulu et tant recherché.

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

2.3. Structure et typologie de l’action sorcière

2.3.1. La sorcellerie dans différentes sphères

2.3.1.1. Sorcellerie et religions : fondements religieux et psychologiques : l’assimilation

religieuse

Lorsque les Blancs sont venus en Afrique, nous avions les terres et ils avaient la bible.Ils nous

ont appris à prier les yeux fermés : lorsque nous les avons ouverts, les Blancs avaient les terres

et nous la bible… » Jomo Kenyatta (ancien et premier Président du Kenya)

« Le corps expéditionnaire part défendre la religion occidentale et chrétienne. Après son

passage, la place est libre pour le commerçant. Là encore, le schéma est très simple : d’abord

le missionnaire (la croix), ensuite le soldat (le canon) et enfin le mercanti (le commerce).

CCC. »Napoléon Bonaparte (devant le conseil d’Etat).

On peut aisément conclure que l’Africain demeure encore aujourd’hui le plus grand colonisé

du monde, qu’il est ‘’le’’ colonisé par excellence, encore et toujours, et ceci à tous les niveaux ;

c’est absolument évident, car si une masse d’Africains restent encore aujourd’hui fidèles à la

religion de leurs colonisateurs – essentiellement le christianisme – et bien alors, il ne faut pas

s’étonner que l’Occident, de son côté, arrive encore et toujours à dominer, à exploiter l’Afrique,

au moyen de ce qu’on appelle maintenant ‘’le néo-colonialisme’’

Le but principal de votre mission au Congo n’est donc point d’apprendre aux nègres à connaitre

Dieu, car ils parlent et se soumettent à UN MUNDI, UN MUNGU, UN DIAKOMBA et que

sais-je encore ; ils savent que tuer, voler, coucher avec la femme d’autrui, calomnier et injurier

est mauvais. Ayons donc le courage de l’avouer. Vous n’irez donc pas leur apprendre ce qu’ils

savent déjà.Chantez leur chaque jour qu’il est impossible au riche d’entrer au ciel. Faites leur

payer une taxe chaque semaine à la messe du dimanche. Utilisez ensuite cet argent

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

prétendument destiné aux pauvres et transférez ainsi vos missions à des centres commerciaux

florissants. Instituez pour eux un système de confession qui fera de vous de bons détectives

pour démentir, auprès des autorités investies du pouvoir de décision, tout Noir qui a une prise

de conscience.Tiré de : Afric-Nature, N°005

« Dites aux Noirs que leurs statuettes sont l’œuvre de Satan. Confisquez-les et allez remplir vos

musées avec : de Tervuren (à Bruxelles), au Vatican. Faites oublier aux noirs leurs ancêtres ».

Le dénigrement systématique par les hauts responsables de l’église

« L’Afrique n’a pas d’histoire ; une sorte de légende vaste et obscure l’enveloppe, (…) Cette

Afrique farouche n’a que deux aspects ;

Peuplée, c’est la barbarie, déserte, c’est la sauvagerie… » Victor Hugo.

2.3.1.2. Sorcellerie dans la sainte bible

La magie et la sorcellerie sont des sujets phares dans la sainte Bible :

Actes 8 :9-11

Simon le magicien : Or il y avait déjà auparavant dans la ville un homme appelé Simon, qui

exerçait la magie et jetait le peuple de Samarie dans l’émerveillement. Il se disait quelqu’un de

grand, et tous, du plus petit au plus grand, s’attachaient à lui. « Cet homme, disait – on, est la

Puissance de Dieu, celle qu’on appelle la Grande ». Ils s’attachaient donc à lui, parce qu’il y

avait longtemps qu’il les tenait émerveillés par ses sortilèges.

Actes 17 :30

Discours de Paul devant l’Aréopage : « Or voici que, fermant les yeux sur les temps de

l’ignorance, Dieu fait maintenant savoir aux hommes d’avoir tous et partout à se repentir… »

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

Actes19 :19

Les exorcistes juifs : Bon nombre de ceux qui s’étaient adonnés à la magie apportaient leurs

livres et les brûlaient en présence de tous. On en estima la valeur : cela faisait cinquante mille

pièces d’argent.

Actes 26 :20

Discours de Paul devant le roi Agrippa : Bien au contraire, aux habitants de Damas d’abord, à

Jérusalem et dans tout le pays de Judée, puis aux païens, j’ai prêché qu’il fallait se repentir et

revenir à Dieu en faisant des œuvres qui conviennent au repentir.

Deutéronome 18 : 10-12

Les prophètes : On ne trouve pas chez toi personne qui fasse passer au feu son fils ou sa fille,

qui pratique divination, incantation, mantique ou magie, personne qui use de charmes, qui

interroge les spectres et divins, qui invoque les morts. Car, quiconque fait ces choses est en

abominations que Yahvé ton Dieu chasse ces nations devant toi.

Exode 22 :17

Lois morales et religieuses : « Tu ne laisseras pas en vie la magicienne… »

Exode22 :18

Lois morales et religieuses : « …Quiconque s’accouple avec une bête sera mis à mort… »

Marc1 :15

Jésus inaugure sa prédication : « Le temps est accompli et le royaume de Dieu est tout proche :

repentez – vous et croyez à l’Evangile. »

Mathieu 3 :2

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

Prédication de Jean – Baptiste : …et disant : « Repentez – vous, car le royaume des cieux est

tout proche. »

Mathieu 11 : 22

Malheur aux villes des bords du lac : Aussi bien, je vous le dis, pour Tyr et Sidon, au jour du

jugement, il y aura moins de rigueur que pour vous.

Luc 15 : 7

La brebis perdue : c’est ainsi, je vous le dis, qu’il y aura plus de joie dans le ciel pour un seul

pécheur qui se repent que pour quatre vingt dix neuf justes, qui n’ont pas besoin de repentir.

Rois 23 : 24

Conclusion sur la réforme religieuse : De plus, les nécromants et les devins, les dieux

domestiques et les idoles, et toutes horreurs qu’on pouvait voir dans le pays de Juda et à

Jérusalem, Josias les fit disparaître, en exécution des paroles de la loi inscrite au livre qu’avait

trouvé le prêtre Hilqiyyahu dans le Temple de Yahvé.

Tableau II : Recapitulatif des references bibliques sur la magie et la sorcellerie

N° ACTE DEUTERONOM EXOD MAR MATHIE LUC ROIS

VERSET S E E C U

1 8 :9-11 18 : 10-12 22 : 17 1 : 15 3:2 15 :7 23 :24

2 17 :30 22 : 18 11 : 22

3 19 :19

4 26 :20

Source : Ancien Testament,

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2.4. Sorcellerie dans le saint coran

La sorcellerie et la magie existent dans le coran – des sourates et histoires fondamentales sont

présentes dans le Saint Coran avec des recommandations rigoureuses.

2.4.1. Les preuves de l’existence de la magie dans le Coran

Allah dit : ‘’Et ils suivirent ce que ce les diables racontent contre le règne de Soulayman. Alors

que Soulayman n’a jamais été mécréant mais bien les diables ; ils enseignent aux gens la magie

(sihr) ainsi que ce qui est descendu aux deux anges Harout et Marout, à Babylone, mais ceux –

ci n’enseignaient rien à personne, qu’ils n’aient dit d’abord : ‘’Nous ne sommes qu’une

tentation : ne soit pas mécréant ; ils apprennent auprès d’eux ce qui sème la désunion entre

l’homme et son épouse. Or, ils ne sont capables de nuire à personne qu’avec la permission

d’Allah. (…)’’ (Sourate 2 Versert 102)

Et dans les versets 67 à 69 de la sourate 20 : ‘’Moïse ressentit quelque peur en lui-même, Nous

lui dîmes : N’aie pas peur c’est toi qui auras le dessus. Jette ce qu’il y a dans ta main droite ;

cela dévora ce qu’ils ont fabriqué. Ce qu’ils ont fabriqué n’est qu’une ruse de magicien et le

magicien ne réussit pas où qu’il soit’’.

Dans la Sunna Abu Hurayra rapporte que le Prophète a dit : « évitez les 7 péchés ! ». On lui

demanda : « Quels sont-ils ? » Il répliqua : « L’association, la sorcellerie, le fait d’attenter sans

raison légale à la vie que Dieu a rendue sacrée, de manger les intérêts, de manger les biens de

l’orphelin, de battre en retraite le jour de l’attaque massive des musulmans, de porter de fausses

accusations contre les femmes chastes, croyantes et loin de penser aux mauvaises choses dont

on veut les accuser ». (Rapporté par Bukhari et Muslim)

« Je tiens à rappeler, chers frères, chères sœurs en Islam, que le musulman qui nie l’existence

de la sorcellerie alors que les preuves lui ont été apportées, a de ce fait nié une partie du Coran

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

et de la Sunna et il rejoint de cet fait le rang des égarés ! Que Dieu nous préserve ! » (Rapporté

par Bukhari et Muslim)

2.4.2. Il existe deux façons de dénouer une sorcellerie

Il existe selon Ibn Al Qayyim deux façons de dénouer une sorcellerie :

- La première consiste à dénouer une sorcellerie par une autre sorcellerie et ceci est la

pratique des sorciers et est interdite.

- La seconde est tout simplement la roqyia shar’iya qui se pratique par la lecture du Coran

et les invocations et celle-ci est autorisée.

Les magiciens ont des djinns à leur service

Il y a souvent un commun accord entre le magicien et les diables parmi les djinns à condition

que le premier commette un acte de polythéisme en secret ou en public. Il doit commettre des

pratiques interdites comme uriner sur le Coran ou pénétrer avec aux toilettes en guise de

chaussures ou encore écrire les versets du Coran avec une encre impure telle que le sang des

menstrues, écrire les versets du Coran à l’envers ou encore égorger un animal présentant

certaines caractéristiques au nom d’un djinn. Lorsque cet acte entaché d’association est

accompli, le djinn pervers accepte d’aider ce sorcier dans sa magie. C’est pour cela que les

sorcelleries sont souvent accompagnées de djinns.

Vous pouvez utilement consulter les méthodes interdites pour faire sortir des djinns.

Une pratique courante des charlatans : égorger un animal au nom d’un djinn

Le Prophète a dit : « Dieu a maudit celui qui égorge au nom d’un autre que Lui » (Rapporté par

Muslin)

Égorger un animal au nom d’un djinn est un acte d’association car c’est un sacrifice au nom

d’un autre qu’Allah. Il est interdit au musulman de manger d’un tel sacrifice. Le sacrifice au

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

nom d’un djinn est une pratique courante des sorciers et des devins. En effet, les ignorants

touchés par une sorcellerie ou par un djinn se rendent chez eux afin qu’ils leur prodiguent un

traitement. Il arrive parfois que ces sorciers demandent au malade un animal présentant

certaines caractéristiques, qu’ils égorgent puis ils enduisent le corps du malade du sang de cet

animal.

Nous avions expliqué la raison d’une telle pratique : ces sorciers doivent commettre des actes

d’association pour avoir l’agrément de certains djinns. Dans ce cas, le djinn exige qu’un animal

soit sacrifié en son nom pour qu’il veuille venir en aide au sorcier. Lorsque cette condition est

remplie alors le djinn offre ses services au sorcier. Il est à noter que le sorcier n’a pas besoin de

prononcer le nom de djinn lors du sacrifice pour que ceci soit considéré comme de l’association

mais l’acte n’est jugé que par l’intention.

« Le malade va alors avoir l’impression qu’il est guéri mais une telle médication procure plus

de mal que de bien. Malheureusement, beaucoup de musulmans se rendent chez ces sorciers

par ignorance, car, ces derniers dissimulent leur polythéisme par la lecture de quelques versets

du Coran. Que Dieu nous en préserve ! » (Rapporté par Bukhari et Muslim)

2.4.3. Les indices qui dévoilent le sorcier

Si vous trouvez un de ces indices chez le traitant alors cela veut dire sans aucun doute qu’il

s’agit d’un sorcier et qu’il va vous « soigner »avec des méthodes interdites par l’Islam.

 S’il demande au malade son nom ou celui de sa mère

 S’il prend un objet appartenant au malade tel qu’une robe, une cravate, un chapeau, une

échappe…

 S’il demande un animal présentant des qualités particulières pour l’immoler au nom

d’un autre qu’Allah. Parfois, il enduit le corps du malade du sang du sacrifice puis jette

le reste dans la nature.

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

 La récitation de paroles incompréhensibles. Il le fait généralement à voix basse pour ne

pas se faire entendre.

 Donner au malade un talisman contenant des lettres détachées, des signes étranges, des

carrés ou des chiffres. C’est en fait une sorcellerie écrite.

 S’il donne des choses au malade afin qu’il les enterre.

 S’il murmure dans l’oreille du malade des mots incompréhensibles

 Parfois, le sorcier prononce le nom du malade et la raison pour laquelle il est venu

 S’il demande au malade de ne pas toucher une matière quelconque pendant un certain

temps qui peut être 40 jours. Dans ce cas, le djinn avec lequel le sorcier travaille est

chrétien.

Le fait de se rendre chez un sorcier ou un divin

Si vous découvrez les indices précédents chez une telle personne alors il s’agit d’un magicien.

N’allez surtout pas chez lui et suivez la parole du Prophète : « Celui qui se rend chez un sorcier

et croit en ce qu’il dit a de ce fait renié ce qui a été révélé à Muhammad »(rapporté par Al

Bukhari). De même, Le Prophète a dit : « Celui qui se rend chez un divin, le questionne au sujet

de quelque chose puis croit en ce qu’il lui a apporté comme réponse, sa prière ne sera pas

acceptée 40 jours durant » (rapporté par Muslim).

2.5. Sorcellerie dans le vodoun : cas du azevodoun kennensi

Le sorcier anthropophage est protégé par un vodoun appelé KENNENSI. Outre ce vodoun

tutélaire, les sorciers possèdent en général plusieurs autres vodoun à leur service (tels Dan,

Lêgba, Gbaadou ; etc,…).

De nos enquêtes, il ressort que le vodoun KENNENSI dans la perspective sorcelleresque, est

un (ou plusieurs) se rituellement capturé et sacralisés, au service de son possesseur (le sorcier)

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

ou de ceux qui savent demander son aide.Le AZEVODOUN KENNENSI du sorcier est un être

concret, manipulable. Mais le débat reste ouvert.

2.6. Sorcellerie, christianisme et religions révélées

Certaines doctrines religieuses considèrent toute forme de magie comme de la sorcellerie, la

proscrivent ou la placent au rang de la superstition. Elles opposent le caractère sacré de leurs

propres rituels aux pratiques de la sorcellerie.

Pour les religions monothéistes (principalement le judaïsme, le christianisme et l’islam), la

sorcellerie fut souvent condamnée et considérée comme une hérésie. La notion de sorcellerie

prit une grande importance pour les catholiques et les protestants à la fin du Moyen Age.

Le christianisme n’ayant pas pû faire disparaitre les vieilles religions antiques transmises

oralement, se heurte à des résistances. Les religions agrestes sont plus anciennes et tiennent leur

légitimité de leur passé. La force répressive de la religion nouvelle pousse à la clandestinité.

Ainsi, en face de la religion dominante célébrée en pleine lumière, va se maintenir à travers les

âges un culte nocturne aux divinités vaincues. Sont appelés sorciers les campagnards ou les

paysans restés fidèles aux religions ancestrales

L’islam va opposer une relative continuité culturelle. L’islam intègre le système sorcier africain

avec le marabout, perçu comme un anti-sorcier. Le sorcier est perçu comme un résistant à la

nouvelle religion, le christianisme.

2.7. Sorcellerie dans tous les compartiments de la vie sociale

2.7.1. La sorcellerie : une catégorie très différenciée

2.7.1.1. Enfants dans la sorcellerie

Il est noté trop de violences sur les enfants, ceci pour diverses raisons, notamment la sorcellerie.

Pour permettre aux organismes internationaux de comprendre le phénomène, une étude a été

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

faite. Publiée en avril 2010, ce rapport présente un travail anthropologique assez sérieux sur la

sorcellerie dans l’univers des enfants.

Les enfants accusés de sorcellerie, Etude anthropologique des pratiques contemporaines

relatives aux enfants en Afrique. Ce Travail est signé par Aleksandra Cimpric de l’UNICEF,

Bureau Afrique de l’Ouest et du Centre (BRAOC).

Les enfants sont victimes de violences, de maltraitance de toutes formes d’abus, d’abandons et

d’infanticides. Tout ceci viole d’un point de vue occidental les droits des enfants. Les enfants

sont victimes de ces méfaits bien que dans la plupart des pays ou ces différentes pratiques

existent. La convention relative aux droits des enfants a été signée et ratifiée. Les droits des

enfants sont constamment violés. Les enfants accusés de sorcellerie sont exposés aux violences

morales et physiques de la part de tout leur entourage. Accusés de sorcellerie, les enfants sont

chassés du domicile familial et deviennent enfants de la rue. Et une fois enfants de la rue,

commence leur univers infernal.

Ils sont en trois catégories les enfants vulnérables accusés d’un acte sorcier. La première

catégorie est composée des « enfants dits sorciers ». Ils sont généralement des orphelins de

père et de mère ou de l’un des deux parents ; les enfants ayant un handicap physique (toute

déformation corporelle : grande tête, ventre ballonné, yeux rouges etc.) ayant une maladie

physique (épilepsie, tuberculose etc.) psychique (l’autisme ou la trisomie, bégaiement etc.) ou

étant surdoués ; les enfants qui ont un comportement insolite c'est-à-dire têtu, agressif, pensif,

solitaire ou paresseux font également partie de cette catégorie. Enfants nés avec les dents, etc...

La deuxième catégorie regroupe les enfants issus des naissances trouvées anormales. Il s’agit

des enfants dit « mal nés » surtout au golf du Bénin. Ces enfants sont par exemple nés

prématurément (dans le 8ème mois) ou se présentent lors de l’accouchement par les pieds ou par

les bras, tombent à plat ventre ou naissent le visage vers le ciel, viennent ensuite les jumeaux.

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

Ils sont considérés comme liés au monde occulté ; leur naissance symbolise le mal ou la colère

des divinités. Le phénomène est très fort chez les Batombou du Nord Bénin.

La troisième et dernière catégorie d’enfants concerne les enfants albinos tués à cause des

pouvoirs mystiques supposés être contenus dans certains de leurs organes corporels : les

cheveux, la peau et les membres. Les causes sont surtout liées à la pauvreté, aux ‘’multi crises’’

et autres aléas sociaux économiques. Les enfants accusés de sorcellerie deviennent alors des

âmes égarées puis des proies faciles à la sorcellerie. Membres/tradi‐praticiens. Cette

reconnaissance officielle n’a pas enlevé le caractère fortement ambigu de ces tradi‐praticiens.

Il semble en effet que faire confiance au savoir‐faire des nganga peut s’avérer risqué dans le

sens où le nganga, comme l’ont montré Geschiere (1995) et de Rosny (1981), peut s’opposer à

la sorcellerie uniquement parce qu’il participe à ce même monde invisible et occulte ; lui même

est soupçonné d’être un sorcier. C’est ainsi que l’on reste finalement dans la même atmosphère

de méfiance qui alimente les accusations de sorcellerie. D’autre part, le secret et le savoir faire

que possède le nganga, peuvent se retourner contre lui. C’est pourquoi, les tradi‐praticiens ne

cessent de répéter que leur rôle est essentiellement de combattre le monde des sorciers et non

de nuire aux personnes. Cependant, les avis des nganga demeurent importants dans les

accusations de sorcellerie envers les enfants, alors même que leurs prestations leur apportent

un profit pécuniaire certain.

2.7.1.2. Le système judiciaire

Dans certains pays d’Afrique subsaharienne85, il existe un article dans le Code Pénal qui

condamne la pratique de la sorcellerie ; malgré cela, il n’est pas toujours appliqué. A notre

connaissance, il est en vigueur en RCA, au Tchad, au Gabon et au Cameroun. Cependant, en

Afrique centrale, orientale et australe ainsi qu’en Afrique du Sud, on observe à l’heure actuelle

une tendance générale visant davantage à la mise en place de dispositifs d’incrimination de la

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

sorcellerie. Mis à part dans le contexte centrafricain, nous ne pouvons fournir faute de

connaissances précises, d’informations sur les jugements prononcés lors des « affaires » de

sorcellerie. En RCA en revanche, les affaires de sorcellerie représentent un nombre important

d’affaires jugées au sein des tribunaux de Grande Instance. C’est ainsi que les enfants accusés

de sorcellerie comparaissent devant le juge ; avant d’arriver au tribunal, les enfants ont

généralement déjà un long parcours de « guérison » que ce soit auprès de tradi‐praticiens ou

auprès d’églises. Ils ont souvent subi des violences de la part de leur famille et de leur entourage.

Parfois, les enfants sont arrachés des mains de la population qui veut les forcer à passer aux

aveux. Une fois arrivés au Commissariat de Police ou à la Gendarmerie, les enfants sont forcés

de confesser leur activité sorcière et d’indiquer la personne qui leur aurait transmis la

sorcellerie, laquelle est également amenée devant la justice. Lors de l’enquête préliminaire qui

peut durer plusieurs mois ou plusieurs années, les enfants sont généralement détenus en prison

afin de les protéger de la violence populaire ; là, faute d’infrastructures ou de maisons de

détention pour les mineurs, ils partagent les cellules avec des détenus majeurs.

Sophie, âgée de 13 ans, orpheline de père et abandonnée par sa mère partie au Congo en la

laissant auprès de sa famille paternelle, est accusée de sorcellerie par un membre de la

communauté. Après avoir été battue, maltraitée par sa famille et par les membres de sa

communauté, elle a été amenée devant le tribunal de Grande Instance. Elle a avoué détenir de

sa mère le pouvoir de sorcellerie, dont elle dit ne pas savoir se servir, et est condamnée à

plusieurs années de prison. Suite à la décision du Procureur général, elle a été placée dans la

maison d’un des gardiens de la prison. Assez vite, elle a été soupçonnée de sorcellerie et à

nouveau transférée, cette fois ci à la Mission Catholique. Deux ans après son jugement au

tribunal, elle a de nouveau été accusée d’avoir « dévoré » le cœur d’une des novices de la

mission. Finalement, elle a été placée dans une maison de détention.

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

2.7.1.3. Femme et sorcellerie

Il apparaît que dans les mythologies des premières sociétés humaines (société matriarcale), la

femme avait un rôle important. La religion ancienne devenant le diable de la nouvelle, le

christianisme associa souvent les femmes à des rôles maléfiques telles les parques de la

mythologie gréco-romaine ou encore Eve dans le mythe d’Adam et Eve, qui s’allie au serpent

(agent du mal), pour plonger l’homme dans sa triste condition. Ceci explique partiellement le

rôle prépondérant de sorcières à celui des sorciers dans les mythes populaires européens.

Il est vrai qu’à l’heure actuelle les femmes apparaissent de plus en plus comme des acteurs

sociaux actifs et la proportion de foyers dirigés par des femmes est en augmentation tant en

milieu rural qu’urbain. Elles ont une certaine indépendance financière et ce sont souvent elles

qui nourrissent la famille grâce à leur petit commerce. Cependant, malgré les efforts fournis,

des mères de plus en plus jeunes, célibataires ou veuves, celles-ci se retrouvent dans la difficulté

d’élever leurs enfants.

2.8. Sorcellerie : impact

L’impact de la sorcellerie dans le vécu quotidien des humains est assez patent, de sorte que

beaucoup de gens sont craintifs et même frileuse rien qu’à en entendre parler. Les sorciers sont

toujours à l’œuvre et épient tous vos mouvements, toutes vos actions, prêts à vous causer des

préjudices physiques sans précédent. Ils sont contents uniquement lorsqu’autour d’eux règne la

panique, le malheur et la souffrance. Au lieu de rester les bras croisés à attendre qu’ils vous

attaquent avant d’agir, vous pouvez prendre des mesures d’anticipation qui se résument en la

prévention de tout contact avec eux, et la capacité à déjouer leurs ruses. En parlant de ruses, les

sorciers sont les maitres en la matière, puisque leur challenge c’est tromper la vigilance de leurs

victimes avec des stratagèmes que nous allons vous livrer dans le cadre de ce biais.

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

2.8.1. Sorcellerie dans l’administration

Un des grands maux de notre société actuelle est l’utilisation de la sorcellerie afin d’obtenir une

ascension sociale, la mise à l’écart d’un être concurrent ou sa mort.

Les agents de l’Administration Publique au Bénin ont recour aux mécanismes religieux pour

sauvegarder, sécuriser et préserver leur emploi ou leur poste (E. Gbedjanhoungbo, 2016).

Il en ressort que les Béninois dans le cadre de la recherche ou du maintien de leur emploi font

régulièrement et constamment recourt à la sorcellerie.

Un de nos enquêtés déclare : « Si je continue d’être dans l’administration publique aujourd’hui

c’est grâce à mon oncle du village ; chaque fois que quelque chose de grave m’arrive au boulot

j’ai recours à eux et c’est souvent avec son sourire malicieux qu’il règle le problème. Chaque

fois que mon patron me gronde il suffit d’un coup de fil pour que le lendemain j’aie tous les

dossiers à mon niveau. Je ne sais pas comment il fait mais c’est vraiment surprenant… »

Ce genre de témoignage est légion que chez nos enquêtés en aval comme en amont, la

sorcellerie existe bel et bien dans l’administration.

2.8.2. Sorcellerie au tribunal

Intérogé, un médecin camerounais de l’OMS déclare que l’’idée de tenir un colloque sur justice

et sorcellerie est ancienne. Elle remonte aux années 70 quand je commençais mes recherches

sur la médecine traditionnelle à Douala et le long du littoral du Cameroun. J’ai très vite mesuré

le danger et l’injustice d’opérer un amalgame entre les nganga – à traduire par « tradipraticien »,

comme le propose l’OMS, plutôt que par « guérisseurs » et les sorciers maléfiques. Un jour,

j’appris que mon principal informateur et maître, que j’appelle Din, avait été arrêté et jeté en

prison pour pratiques de sorcellerie, sur dénonciation d’un petit charlatan de quartier. Persuadé

qu’il s’agissait d’une injustice ou, pour le moins, d’une méprise, je me suis porté témoin au

procès et je réussis à convaincre le juge de l’innocence de mon maître. Comment ? En déposant


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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

sur la table du magistrat les notes que j’avaisau jour le jour où il apparaissait clairement que

DIN soignait et guérissait. Le magistrat reconnut qu’un sorcier ne pouvait pas logiquement faire

œuvre de guérison, ce qui innocentait DIN ! Un jugement basé sur la sagesse coutumière et non

explicitement sur la loi ! J’apprenais que, selon la tradition, un ngangan qui est coupable de la

maladie ou de la mort d’une personne (sauf s’il est en état de légitime défense) perd son pouvoir

de guérir. Je dus reconnaître par la suite que, dans la pratique, la frontière entre les deux

personnages n’était pas aussi étanche.

Alerté par ce premier procès, je me suis rendu compte que, loin d’être unique, il était un cas

parmi d’autres. Loin d’être un apanage de Douala, les procès pour pratiques de sorcellerie

avaient cours dans d’autres régions du Cameroun, non pas partout ni en grand nombre, mais

qu’ils étaient plutôt en augmentation. Je fus invité à Bangui par les évêques de la Centrafrique

pour les aider à réfléchir sur la multiplication de ces procès : « Le Manque de définition de la

sorcellerie dans le droit, et le manque de preuves objectives pour soutenir l’accusation, nous

posent à nous, évêques et pasteurs, de graves problèmes, car on ne peut condamner des gens

sur des impressions, où que ce soit en Afrique ou dans d’autres parties du monde où pourtant

le phénomène existe aussi bien. Le colloque réalisera – t – il le vœu du groupe de réflexion de

Douala, à savoir que la Loi puisse un jour se modifier pour servir efficacement la justice ? C’est

sans doute attendre trop d’un colloque. Ne faut – il pas passer d’abord par une jurisprudence,

une sorte de consensus du corps des magistrats, avant toute réforme du droit en la matière ? En

ce sens, le lecteur des Actes est invité à retenir l’expérience tentée dans la localité de Nuit par

le Président du Tribunal et le chef traditionnel du lieu, telle qu’elle est relatée dans la troisième

partie : une forme de collaboration prometteuse qui peut faire école.

Eric de Rosny, coordinateur : Etant appelé à voyager dans d’autres pays jusqu’au

Mozambique et en Afrique du Sud, j’ai réalisé que nos préoccupations étaient partagées presque

partout devant une croissance générale des phénomènes dits de « sorcellerie » : une inadaptation
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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

des législations pour y faire face, la prolifération de réactions populaires violentes pour pallier

les défaillances de la justice. J’ai échangé sur ce grave problème de société avec des médecins,

les tradipraticiens, des juristes, des sociologues de Douala et nous avons envoyé une lettre

dûment argumentée au Ministre de la Justice, avec une proposition de modification de l’article

du code pénal concerné (art, 351). Pas de réponse jusqu’à ce jour ! L’idée de tenir un colloque

sur ce sujet brûlant à l’Université Catholique d’Afrique centrale, sise à Yaoundé, a rencontré

un grand intérêt de la part des autorités, des professeurs et des magistrats. Le Père Jacques

Fédry, doyen de la faculté des Sciences Sociales et de gestion, en a assumé la responsabilité et

a pris part activement à sa conception. Chacun estimait qu’alerter la conscience sociale sur un

pareil problème de sociétés, qui demande recul et hauteur de vue, revenait à une université.

Les Actes du colloque, que voici, rapportent non seulement les dix – sept conférences qui y ont

été données mais un certain nombre de débats jugés caractéristiques ou de réponses aux

questions d’une assistance nombreuse. Leur transcription a été rendue possible grâce aux

enregistrements assurés par une équipe compétente d’étudiants. Nous présentâmes un film

intitulé ‘’Un Œil dans les ténèbres’’, dont le scénario et le script sont reproduits ici. Il s’agit

d’un cas de sorcellerie dénoncé dans un commissariat de police des environs de Yaoundé. Le

groupe de recherche de Douala et les auteurs du film apportent leur point sur le cas. Le

Professeur Jean Benoist, de l’Université Paul Cézanne d’Aix – Marseille, intervient par deux

fois pour donner un large éclairage sur l’avancée du colloque. Une synthèse finale est assurée

par le Réveran Père Ferdinand Guillén Preckler. Un débat d’après colloque, rassemblant en

particulier les intervenants étrangers, permet de prendre déjà une certaine hauteur par rapport

au déroulement des travaux. J’en recommande la lecture. En annexe, je tente une analyse de

pas moins de 662 questions posées par écrit aux conférenciers par les quelques centaines de

participants, et laissées pour la plupart sans réponse du fait de leur grand nombre. On y trouve

également un premier compte rendu du colloque de la preuve AMADES. Les Média locaux ont

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

couvert le colloque consciencieusement mais leurs reportages seront trop abondants pour être

reproduits ici. Bref, ces Acteurs essaient de rendre compte, autant que le genre littéraire le

permet, de l’intérêt et même, parfois, de la passion que le sujet à provoqués dans l’assistance.

Les trois journées de travail, correspondant aux trois parties des Actes, ont été prévues pour

obéir à une certaine dynamique. Il a paru logique, le premier jour, de donner la parole aux

anthropologues pour assurer une présentation du système de la sorcellerie, sans entrer encore

dans son traitement par la Justice. Le film du milieu de la journée devrait apporter comme une

illustration de ce qu’ils exposeraient. L’intervention des anthropologues venus de l’étranger

(France, Gabon, et le lendemain Pays – Bas et Côte d’Ivoire) élargirait aussi le débat. La

matinée de la seconde journée devrait permettre d’approcher les phénomènes de sorcellerie sous

trois angles – correspondant aux trois sphères de la Société : la politique, la familiale et

économique. L’après – midi, un sociologue de l’entreprise, psychothérapeute et un juriste

devaient apporter un point de vue professionnel. Ces deux journées avaient pour but de préparer

la troisième, destinée à aborder de front le sujet du colloque : Justice et sorcellerie. Les membres

de deux institutions étaient invités à s’exprimer parce que particulièrement concernés : les

magistrats, bien évidement, mais aussi les théologiens pour qui l’œuvre de justice a une

dimension morale et pastorale. La matinée du troisième jour serait consacrée à une présentation

de Droit camerounais face à la sorcellerie, avec ses deux composantes, la francophone et

l’anglophone. Puis seraient appelés et témoigner de leur pratique un juge, assisté d’un expert

traditionnel, et un avocat. Le dernier après midi, deux théologiens, l’un catholique, l’autre

protestant s’exprimeraient. Enfin, un prête allait apporter un témoignage sur sa démarche

pastorale. Au lecteur des Actes de juger si ce projet a été respecté.

On aura compris que l’objectif de ce colloque était avant tout de faire venir au jour un problème

grandissant de société qu’il n’est pas sain, chacun en conviendra, de garder tapi dans les

consciences ou dans une aire familiale feutrée. D’autant que la sorcellerie quitte aujourd’hui le
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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

cadre des relations familiales pour gagner de plus grands ensembles comme une région rurale

entière ou les rues d’une ville, sous des formes nouvelles et inquiétantes que les médias

orchestrent sans toujours faire preuve d’esprit critique. A ma connaissance, aucun autre

colloque ne s’est encore tenu sur ce thème, que ce soit en Afrique ou dans d’autres parties du

monde où pourtant le phénomène existe aussi bien. Le colloque réalisera – t – il le vœu du

groupe de réflexion de Douala, à savoir que la Loi puisse un jour être modifiée pour servir

efficacement la Justice ? C’est sans doute attendre trop d’un colloque. Ne faut – il pas passer

d’abord par une jurisprudence, une sorte de consensus du corps des magistrats, avant toute

réforme du Droit en la matière ? En ce sens, le lecteur des actes est invité à retenir tentée dans

la localité de Nuit par le Président du tribunal et le chef traditionnel du lieu, telle qu’elle est

relatée dans la troisième partie : une forme de collaboration prometteuse qui peut faire école.

Cette confidence rejoint la réflexion de Louis Beirnaert, un jésuite Français, psychanalyste : « Il

faut reconnaitre comme un fait indiscutable l’existence chez chacun de nous d’une impulsion

hostile envers autrui. D’où un désir de mort, une agressivité primordiale, au sein des rapports

de l’homme à l’homme’ ».

Deux témoignages venant de personnes éloignées par la distance et la culture ! Est – ce que

chacun ne fait pas à sa façon la lancinante expérience de jour comme de nuit, en lui comme

chez les autres – de la capacité de nuire ? Quel nom lui donner ? Celui de « perversité » ne

conviendrait – il par mieux que celui de « sorcellerie », si chargé d’histoire et lieu de tant de

malentendus aujourd’hui ? Mais il n’évoquerait pas le système socio – culturel qu’il représente.

La sorcellerie occulte et perverse ! Une khamsi, ce devin des montagnes de l’ouest, me désignait

une femme au loin qu’elle venait de chasser de son lieu d’accueil : « C’est une sorcière : elle a

des enfants et elle veut empêcher une autre femme qui n’en a pas d’en avoir ! » Disant cela, je

me mets délibérément du côté de ceux pour qui les sorciers pervers existent bel et bien ; je

m’expliquerai et contre ceux qui ramèneraient la sorcellerie à un mécanisme social de défense


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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

sans vrais coupables, si important que soit ce mécanisme, nous le verrons aussi, pour la

compréhension du phénomène.

Parades

Depuis toujours les hommes ont cherché des formes de parades à la perversité pour continuer

de vivre ensemble avec, en eux et au milieu d’eux, ce détonateur d’explosion sociale. A

parcourir l’histoire de l’humanité, on décompte un nombre relativement limité de parades qui

aient fait leurs preuves pour avoir été adoptées par des peuples entiers. Parmi elles se trouvent

celles proposées par la Bible et les trois religions monothéistes qui en sont issues ; les parades

aussi des religions d’Extrême - Orient avec le Karma de l’hindouisme et le nirvana du

bouddhisme ; la tentative d’un système idéologique comme le marxisme et sa dénonciation du

grand capital pervers, fauteur d’injustice ; l’établissement des lois d’Etat pour la défense des

droits de l’homme ; la psychiatrie et la psychanalyse pour libérer l’individu de ses

angoisses…Mais de toutes ces formes de parade, la plus ancienne tentative dans l’histoire de

l’humanité est sans doute celle qu’il est convenu d’appeler le « système de la sorcellerie ». Un

auteur comme Gin zburg en décèle des traces dans le néolithique. Des fresques murales

découvertes en Afrique du Sud, que j’ai vues reproduites grandeur nature dans le musée

d’ethnologie de Johannesburg, témoignent de son ancienneté.La sorcellerie comme système.

C’est à tort que l’on range sans distinction, dans le même sac de honte, aussi bien les méfaits

de la sorcellerie que les institutions qui la combattent ; dans le même panier aussi bien les

« sorciers maléfiques » que les antis – sorciers que sont, par exemple, le nganga du monde

bantou, appelés tradipraticien en Français ! Toute société dite traditionnelle dispose en effet.

L’existence de la sorcellerie crée des dommages palpables pour la société. Au Bénin, c’est

l’article 295 du code pénal qui lui est consacré. Cet article est intitulé ‘’Pratiques de

charlatanisme’’ et stipule que « de s’être à…, le…, livré (ou d’avoir participé) à des pratiques

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

de sorcellerie, de magie ou de charlatanisme consistant à… ( décrire les pratiques incriminées)

dans le but de troubler l’ordre public ou de porter atteinte à M.(Mme)…à ses biens, crimes

prévu et puni par l’article 264 bis al.2 du CP mod. loi n°870011 du 21/09/1987 abrogeant

l’article 264 (nouveau) du CP et portant répression de certaines pratiques rétrogrades peines :

15ans à 30ans de travaux forcés.Ce législateur laisse entrevoir trop d’ouverture dans son texte.

Parfois les juges condamnent des charlatans qu’ils qualifient de ‘’mauvais et sans cœur’’

(Georges obara 2015, P. 116) c’est le cas de ce juge qui condamne donc le charlatan à 5ans

d’emprisonnement pour utilisation de gris-gris en vue de paralyser un enseignement.

Cela a été qualifié ‘’d’entorse à la loi. Le condamné croyait n’avoir rien fait de mal quand il a

répondus. Parfois le juge tranche selon ses émotions de l’instant ou son appartenance religieuse.

Il s’agit en fait de désordre juridique (Boa, 2010 : 112).Et de poursuivre que dans le procès de

sorcellerie, c’est la coutume du terroir ou pratique interne qui est appliquée au détriment des

lois de la République. « La loi impersonnelle de la République recule devant les coutumes

locales (Boa, 2010 : 113).

Il est donc clair que lorsqu’il s’agit de sanctionner la sorcellerie le droit positif perd tout

pouvoir. La confusion s’installe donc entre lui et la coutume. Pour Boa les procès de sorcellerie

sont des désirs inavoués de débarrasser la société de ses ‘’faux monnayeurs’’ les indésirables

et les pas perdus.

La sorcellerie devient un prétexte pour nettoyer les indésirables.Le droit en principe fonctionne

sur la base de preuve. En sorcellerie, ici bas, il n’y a aucune preuve palpable et touchable sauf

des soupçons, des accusations ou des aveux obtenus pas intimidation.

2.9. Sorcellerie dans les médias

La sorcellerie se trouve dans tous les domaines de l’activité humaine.Elle est présente dans les

médias. Elle s’étale à la ‘’Une’’ des journaux et permet de vendre sérieusement. De façon
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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

hebdomadaire, des journaux animent leur page « Société » de faits divers relatifs à la sorcellerie.

Parfois, ces journaux traitent de faits ‘’ extraordinaires’’.

Exemple de titre d’article : « un cœur humain en attente d’être mangé : une étourdissante affaire

de sorcellerie » (le démocrate n°2532 du 25 04 2016).

Dans l’émission triangle de Africa n°1 animée par Patrick N’guéma N’DONG, les mystiques

africains sont commentées par les divers invités. Une partie de l’émission est consacrée tout

particulièrement à répondre aux questions des auditeurs qui évoquent régulièrement des

problèmes en lien direct avec la sorcellerie. En République Centrafricaine, les faits sont à la

limite très choquants « une petite fille accusée de sorcellerie est morte après avoir été brûlée

vive » In le citoyen (Centrafrique) n°2532 du 26 Octobre 2006.

Les médias relatent tous les jours des faits de sorcellerie. Cela se passe aussi bien à la

Télévision, à la Radio qu’en presse écrite.

La tribune du Savoir est le titre de l’émission qu’anime Florentin Anianbossou sur Atlantic FM.

Chaque année au mois de décembre, l’émission se produit en live avec la présence des sorciers

et magiciens de toutes les forces et obédiences. Ils se déclarent sorciers et magiciens investis de

la mission de vaincre les ‘’méchants’’ sorciers. Des enfants sorciers viennent également sur le

plateau pour faire des déclarations extraordinaires. A cette occasion, l’entrée donne droit à des

‘’Mantras’’ et /ou à des pentacles de chance. Ainsi par cette émission la sorcellerie s’invite,

s’expose et s’impose. Elle passe de la Radio à la Télévision pour la seule et simple raison qu’elle

intéresse le public puis par conséquent rapporte de l’argent à l’ORTB.

C’est aussi le cas de l’émission ‘’Doyi doslo’’, animés par Assiyamè et Florian Atekossi. Pour

participer à cette émission c’est simple, il suffit de payer 50000fcfa. Une fois le montant payé

‘’le sorcier’’ peut venir sur le plateau exposer son produit et les vendre au public. Dans les

discours, on sent une adresse particulièrement aux Béninois de l’extérieur. Ils sont véritable

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

acheteurs à ce marché du ‘’charme’’ de la ‘’magie’’ et donc de la prospérité et de la protection.

Dans le même style, le ‘’gris gris’’ et le pouvoir se rendent sur plusieurs autres Radio et

Télévision ‘’ Radio Tado’’ ‘’ Radio sogema’’ ‘’Radio Planète’’ ‘’Océan FM’’ etc.

‘’L’émission culture matin’’ sur l’ORTB les jeudis à 7h a pendant deux ans donné la parole aux

savants traditionnels. Le professeur David Koffi Aza, Sylvain Adoho alias Maitre Bobos, le

Métaphysicien Raïmi Amoussa ont exposé leurs connaissances des choses de l’ombre et de

l’invisible.

L’interdiction

La Haute Autorité de l’Audio visuel et de la Communication(HAAC) a sorti un document

interdisant toute publicité et promotion de médecine traditionnelle et actions connexes et

pourtant cela continue et se trouve embrassé par les réseaux sociaux.

2.10. Sorcellerie vécue et perçue à travers les reseaux sociaux.

« La psychose du sacrifice Humain » : surmonté d’un sur titre plus discret, « série de meurtres

bizarres », le titre s’étale en gros caractères à la une du supplément hebdomadaire du quotidien

du 18 janvier 2012.

Pour illustrer le sujet, la photographie d’un crâne en décomposition occupe toute la ‘’Une’’.

Cet exemple tiré de la presse sénégalaise témoigne que la sorcellerie est aujourd’hui passée à

l’ère des médias de masse.

Partout sur le continent africain les histoires de sorcellerie circulent abondamment à travers les

journaux, la radio, la télévision et les médias numériques.

Au cours de l’année 2016, trois cas de sorcellerie ont fait le tour des médias. Le premier, un

arbre qui a pris feu à Bohicon de l’intérieur. A l’extérieur on aperçoit une fumée, mais l’arbre

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

est resté debout, cet événement à été relaté dans les médias surtout sur radio Bénin (98.2) par

Arnaud Adadja de l’antenne ORTB de Bohicon.

Ensuite c’est des dames ‘’nues’’ dont les ’’avions’’ auraient ‘’crashé’’ la nuit. L’une dit avoir

été surprise par le jour.

L’autre, à côté d’une amie aurait disparu pour se retrouver toute nue dans la rue.

La troisième, une vieille, toujours s’est retrouvée sur le toit d’une maison…Les exemples sont

légion.

Geschiere (2013-182) avait pourtant souligné que les premières décennies après les

indépendances, les gens se montraient réticents à parler ouvertement de sorcellerie, celle-ci est

devenue désormais un sujet de débat public. Pour Geschiere, cela est du à la libération de

l’espace audiovisuel, dans les années 90 par la conférence nationale au Bénin.

A l’ère de la démocratie et du libéralisme médiatique, la sorcellerie a été mise à nu ; dévoyée ;

dévoilée.

Un média est un procédé permettant la distribution, la diffusion ou la communication d’œuvres,

de documents ou de messages sonores ou audiovisuels (Presse – Cinéma, affiche,

Radiodiffusions, Télédiffusions, vidéographie, télédistribution, télématique,

télécommunication).

Il s’agit de tout moyen de diffusion.

Média vient du latin médecin qui signifie ‘’moyen’’ ‘’au milieu’’… dans tous les sens…

2.10.1. Sport et sorcellerie

La plupart des spécialistes du sport interrogés dans le cadre de cette étude reconnaissent la

présence de l’occultisme, de la magie voire de la sorcellerie dans le sport. Fernando Hessou,

acteur sportif n’y croit pas. Mais il garde quand même des souvenirs très importants. Il estime
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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

que « les déterminants de la performance sont : les facteurs techniques ; physiques tactiques et

mentaux »…pour le dernier facteur ‘’mental’’ on voit la préparation spirituelle.

Des gens appellent préparation mentale un tour chez le devin, le marabout et/ou le bokonon.

Comme cas patent, il cite un match entre le Bénin et le Togo. Au cour de cette explication

sportive, le Togo a farouchement résisté au Bénin dans un court instant. Soudain, un supporter

béninois s’est détaché du public est rentré dans les filets du gardien Togolais et sortir un sac à

gants qu’il s’est mis à brandir. Geste insolite. Mais le stade l’applaudit à tout rompre, un autre

supporter togolais le poursuit et lui arrache le sac à gants. Conséquences des minutes suivantes

le Bénin marque quatre (4) buts contre le Togo. Les semaines qui ont suivi, tous les deux qui

ont touché le sac à gants sont passés de vie à trépas.

Difficile à expliquer pour les disciples du cartésianisme.

De même, il est souvent observé, que l’équipe des requins de l’Atlantique perdait toujours ses

rencontres lorsque la pluie tombait : le gris-gris qui leur permet de gagner le match fonctionne

seulement sous la loi de l’astre du soleil.

Fernando Hessou note l’importance que certains sportifs donnent à la spiritualité avant toute

rencontre « d’aucuns s’adonnent à des veillées de prière ».

Au Sénégal, les lutteurs, malgré leur force déclarent toujours ‘’gagner les combats grâce à leur

marabout’’ (Tapla Gneye, lutteur sénégalais). Pour eux (lutteurs) sans le marabout, rien n’est

possible. Au point où les matches de lutte traditionnelle sont plutôt des combats entre

marabouts et non entre lutteurs, le vrai combat se déroulant dans l’ombre ou l’invisible.

Le thème de la sorcellerie a été abordé dans un élément de France 24 dont le titre est : Football

au Rwanda : La Fédération interdit la sorcellerie. L’élément transcrit donne ceci :« Un petit

détour par le Rwanda, c’est désormais officiel, la fédération de football a décidé d’interdire la

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

sorcellerie, une affaire prise très au sérieux après un incident survenu lors d’un match de

championnat entre le Mondor à Victory et rayon sport. C’est ce geste de Moussa Camara qui

a provoqué la colère des joueurs de l’équipe rivale. On y voit là TAKON du Rayon Sport

déposer quelque chose dans le but du camp adverse. Pour les Moukoura à Victory, il s’agit

d’un acte de sorcellerie. Après avoir écopé d’un carton jaune, Moussa Camara inscrit un but de

la tête, alors pur hasard ou effet de la magie ? À vous de juger, quoi qu’il en soit, la fédération

Rwandaise va servir les comportements s’exposent désormais à des amendes voir un

déclassement de leur équipe. »

La question qu’on se pose est de savoir si ce sont les actes qui donnent les résultats ou si ils

sont des véritables qui fécondent (mentalement la performance). De toutes les façons, sur nos

terrains et nos aires de jeux, certains résultats sont affaiblis d’explications magico-sorcières.

Lorsqu’on porte les lunettes de la globalité, on peut affirmer avec tous les risques de se tromper

que « l’Afrique noire est mal partie » (Diemont, p. 62-72). Ce n’est pas tenir du relativisme

culturel et moral de Durkheim.

Dans l’histoire du monde chaque peuple démarre du « starting block » selon ses réalités

intrinsèques.

2.10.2. Sorcellerie et politique

Après toutes les perturbations engendrées par la deuxième guerre mondiale, Paul Eluard, s’est

fait plus péremptoire que jamais « civilisations, nous savons maintenant que vous êtes

mortelles. Cela pose le problème morale la recomposion des règles et des normes après la

« bêtise humaine qu’est la deuxième guerre mondiale. Dans sa thèse sur l’obeah, Meudec

(2013 : 23) a abordé les liens sacrés qu’il y a entre la sorcellerie et la politique.

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

Il convient déjà de noter que la flexibilité et l’élasticité du terme même de la sorcellerie lui

permet tout le temps, de s’intégrer dans tous les domaines de la vie mème les plus modernes

(Geschiere, 1995).

De ce fait, la sorcellerie contemporaine dépasse la simple tradition africaine. Elle devient ce

que hobsbawm appelle la « tradition inventée ». La sorcellerie, dans tous les sens où on la

définit est savoir connaissance pouvoir. La politique quant à elle est l’art de diriger la cité.

Donc, une affaire de pouvoir. La question est de savoir à quel moment et à quel niveau se

rencontrent le pouvoir politique et le pouvoir sorcelleraire.

Les deux semblent intimement liés. Car, pour diriger les hommes il semble qu’il faut avoir un

supplément d’âme.

Les pratiques magiques sont en lien avec la politique, en plein cœur de la modernité (Palmé

2002 ; Geschière, 1995,1997).

En réaffirmant la multivalence des figures de la sorcellerie, il s’agit alors de comprendre « la

floraison du recours à des personnages médiateurs et à la sorcellerie » dans les sociétés

contemporaines (Kuczynski, 2008 : 238).

La sorcellerie s’interprète comme révélations, fabulations, de la copitate dans des circonstances

globalisantes.

2.10.3. Magie et sorcellerie

Si l’on consulte un dictionnaire spécialisé, on s’aperçoit qu’il existe d’innombrables formes de

magie. La magie est apparue lorsque les hommes compriment comment maîtriser le Feu et

apprirent à le faire eux-mêmes. Cette découverte leur permit de faire un bond gigantesque dans

l’histoire évolutive de l’homme et creusa à jamais le fossé entre leur monde et celui des

animaux. Ils devinrent, en effet, les premiers à pouvoir créer quelque chose à partir de rien,

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

quelque chose de si puissant que cela assit leur domination sur le reste du monde vivant. En

effet, le feu permettait de tenir à distance les ours, les loups et les tigres à dents de sabre des

grottes et des campements. Il permettait de conduire le gibier dans les pièges et les guets – apens

tendus pour les capturer : le mammouth, couvert de longs poils inflammables, n’échappait pas

à la règle et tout redoutable qu’il était, il craignait les torches de nos ancêtres chasseurs ! Dans

Encyclopedia of Witches and Witchcraft, Guileyindique qu’au XVIIè siècle, lorsque les

enchanteurs des villages étaient au sommet de leur popularité, le terme enchanteur s’appliquait

aussi bien à des pratiquants de magie religieuse qu’à des adeptes de magie populaire

(couramment désignés comme étant les rusés ou les sages femmes du village ou comme des

charmeurs, des sorciers et des sorcières, des conjurateurs ou des protecteurs). A l’époque,

quasiment chaque village et chaque ville de Grande Bretagne et d’Europe possédait son

enchanteur. Il était d’ordinaire craint et respecté et avait souvent un domaine de compétence

spécifique. Il pouvait exceller dans l’art de la divination ou celui de la recherche des personnes

ou d’objets disparus, dans la recherche des trésors cachés, dans la guérison des maux (qu’ils

atteignent les hommes ou les animaux), dans l’interprétation des rêves, dans la détection des

vols, dans l’exorcisme des fantômes et des fées, dans la fabrication d’amulettes, dans la

concoction de philtres d’amour, dans les sortilèges. De plus, comme ils étaient capables de

deviner l’auteur d’un crime, leur parole était écoutée.

En fait, la magie ne se définit ni par son but (argent, amour, etc.) ni par les moyens qu’elle

utilise (voix, métaux, nombre). Elle se divise en deux grandes catégories : La magie opérative

ou pratique, et la magie cérémonielle.

 La magie opérative peut être pratiquée par n’importe qui, n’importe où, à condition

d’avoir la connaissance du secret magique. La réussite dépend uniquement du respect

115
Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

scrupuleux des règles et de force magnétique de l’opération (intimement liée à la

puissance de son désir).

 La magie cérémonielle est pratiquée exclusivement par un initié, et dans un lieu

spécialement consacré.

2.10.4. Exorcisme et sorcellerie

L’exorcisme est un rituel religieux destiné à expulser une entité spirituelle maléfique qui se

serait emparée d'un être animé (humain ou animal) et, plus rarement, inanimé (objet). On peut

appeler cela un démon.

Cette pratique est probablement universelle : elle est supposée en Mésopotamie dès

le IIe millénaire avant. J.-C. et attestée dès le 1er millénaire avant. J - C.

Probablement d'origine sémitique, on la retrouve rarement dans l'Ancien Testament : bouc

émissaire chargé des fautes des Israélites et envoyé dans le désert (Lv 16,20-22) ; en revanche,

Jésus le pratique à plusieurs reprises, ainsi que ses disciples qui « chassent les démons » en son

nom : « guérison du possédé », Mt 8,28-34 ; Mt 9,32-34 ; Mt 12,22-24 ; Mt 15,21-28 ; Mc 1,23-

28 ; Mc 5,1-20 ; Lc 4,33-36 ; Lc 8,26-39 ; Lc 11-14 ; Lc 13,10-17, etc.

On retrouve également la pratique de l'exorcisme dans les sociétés primitives pour lesquelles il

constitue une réponse à la possession par le(s) démon(s), voire plus simplement à la maladie.

On le retrouve sous cette forme dans le chamanisme caucasien, les rituels africains et le vaudou.

L'exorcisme est historiquement institutionnalisé dans le christianisme catholique,

particulièrement au Moyen age, ou luthérien, et il continue à être pratiqué à l'heure actuelle,

soit au niveau symbolique et sacramentel (baptême), soit au niveau pratique (prêtres exorcistes).

Dans l'islam, le Coran a en lui-même une valeur exorcistique par le biais de la pratique

ésotérique de la Ruqiya, afin de lutter contre des djinns.

116
Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

Le mot provient du grec ancien : ἐξορκισμός / exorkismós : « action de faire prêter serment »,

de ex-orkizein : « faire prêter serment, faire jurer à quelqu'un par le Seigneur » ; il passera

directement en latin : exorcismus, exorcizare.

2.11. Typologie des croyances et actions sorcières

2.11.1. Sorcellerie entre tradition et modernité

Il convient de souligner le rôle distinct des sorciers et des guérisseurs. Les sorciers ont une

fonction néfaste et les guérisseurs sont perçus comme ayant une fonction faste et bénéfique. Le

sorcier serait mauvais et le guérisseur bon.

Les prétendues formes de la sorcellerie

Ne pas faire la distinction entre les différentes formes de sorcellerie revient à nuire au travail

social des anti-sorciers.

Coovi houedako distingue cinq formes de sorcellerie

- la sorcellerie d’attaque

- la sorcellerie de défense ou préventive ou sorcellerie anti sorcellerie

- la sorcellerie de défense et d’attaque

- la sorcellerie récréative

- la sorcellerie thérapeutique ou curative. (Houdako 2007 p 206)

Comme leurs désignations l’indiquent clairement ces formes de sorcellerie se comprennent

aisément. Il est cependant important pour nous d’appuyer les deux dernières formes.

La sorcellerie récréative reproduit à des fins de divertissement populaire des phénomènes

paranormaux ou peu courants.

117
Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

La sorcellerie thérapeutique ou curative a pour objectif de détecter puis de traiter des maladies

liées à l’envoutement.

2.11.2. Les usages clichés de la sorcellerie

A côté de ces miroirs spectraux, les miroirs sont également au centre de nombreuses pratiques

rituelles en Afrique centrale. Ces usages rituels contrastent nettement avec les supposés usages

maléfiques des miroirs, puisqu'ils ont justement pour fonction de déjouer les sorciers. Au

Gabon, le miroir se trouve ainsi au principe d'un rite de protection domestique appelé « retour

à l'envoyeur ». Il s'agit de placer au seuil de l'habitation un fragment de miroir, bouclier

réflecteur qui protège des fusils nocturnes et autres attaques mystiques en retournant l'agression

contre l'agresseur. Le miroir réfléchissant permet ainsi de s'approprier la violence sorcière sans

pour autant se compromettre avec elle - la violence agressive étant toujours attribuée à autrui.

Mais c'est dans le champ de la divination que l'usage du miroir est le plus répandu. Les miroirs

divinatoires se retrouvent en effet dans toute l'Afrique centrale, et plus largement en Afrique

subsaharienne18. Là encore, il ne s'agit pas d'une spécificité africaine. En Mongolie, les

chamanes se servent d'un réflecteur en bronze comme miroir divinatoire ou comme bouclier

déflecteur contre les sorciers19. De même, en Amazonie, les chamanes waiãpi utilisent des

miroirs pour refléter le monde des esprits20. L'usage divinatoire du reflet est en outre attesté

depuis l'Antiquité en Occident où il se décline dans toute une gamme de mantiques21 :

catoptromancie (divination par le miroir), lécanomancie (coupe), gastromancie (fiole),

onychomancie (ongle) ou cristallomancie. Au Moyen-âge, les magiciens sont parfois appelés

les « spéculaires ». Mais il n'est finalement pas étonnant que le miroir ait été tant utilisé comme

support divinatoire en Afrique ou ailleurs étant donné ses propriétés optiques singulières. Dans

toute l'Afrique centrale, le champ sémantique de la vision sature le vocabulaire de la divination

: le devin est un clairvoyant. Le miroir constitue alors un instrument de choix pour mettre en

118
Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

scène cette clairvoyance. Dans l'aire kongo, des miroirs sont souvent incrustés sur le ventre des

fétiches nkisi. Ils dissimulent les substances magiques placées dans le ventre du fétiche, tout en

figurant le monde invisible et la clairvoyance du devin (dont ils sont probablement les supports).

Les statuettes fang du Gabon possèdent de même des yeux en laiton, verre ou miroir22. Les

fétiches du Bwete- corporation initiatique du Gabon dont nous allons reparler - incorporent eux

aussi des miroirs. Ces miroirs divinatoires sont souvent spécifiquement employés à la

découverte des voleurs et des sorciers. Chez les Gikuyu du Kenya, le contre-sorcier peut faire

apparaître dans un miroir le visage d'un voleur dont il « découpe » ensuite le reflet à l'aide d'un

rasoir afin de le tuer23. Dans toute une partie de l'Afrique, le miroir est ainsi devenu l'outil

privilégié de nombre des mouvements anti-sorcellerie du XXè siècle. Dans la Rhodésie du Nord

(actuelle Zambie) des années 1930, les witch-findersdu mouvement Bamucapi pratiquent une

nouvelle épreuve de détection des sorciers : « hommes et femmes sont alignés sur deux files et

doivent passer un par un dans le dos du witch-finderqui, par un mouvement du poignet, capture

leur reflet dans un petit miroir circulaire. Ce reflet est supposé permettre de détecter sur le

champ les sorciers »24. Le même rituel se retrouve dans la Tanzanie des années 1950 avec le

mouvement des Wacilole, littéralement « les gens du miroir », mais aussi en pays yoruba au

Nigeria. Le miroir constitue ainsi le nouvel instrument divinatoire d'un rituel résolument lié à

la modernité coloniale, comme en témoignent les élégants habits européens portés par les

devins.

2.11.3. Les fonctions de la sorcellerie

Depuis la nuit des temps, aucune société secrète n’a été aussi controversée que la société des

‘’MINON NAN’’, mais pourtant l’énergie reste et demeure, la psychose règne, la peur aussi,

mais qui sont-elles ? D’où viennent-elles pour engendrer une peur presque planétaire.

119
Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

L’histoire connue des ‘’MINON NAN’’ nous fait remonter jusqu’aux ‘’matrones’’ d’hier. Tout

a commencé par le souci de mieux assurer la vie, la survie par la reproduction des hommes qui

constituent en réalité l’une des premières recommandations divines, ce qui a conduit la planète

tout entière à s’organiser en groupes de femme afin de pouvoir assister leurs semblables lors de

la délivrance. Cette organisation avait embrasé toute la planète et chaque groupe s’organisait

compte tenu des réalités socioculturelles qui prévalaient dans son milieu.

Au niveau de Golf de Guinée et surtout chez les yoruba d’Oyo, cette organisation était très

active et influençait fortement celles de la côte et des plateaux.

Cette organisation était toujours dirigée par la grande et vieille femme du souverain de la zone,

généralement les reines ou les Reines Mères.

Le rôle qu’elle joue avant, pendant et après une grossesse bénéficiait de nombreux dons lors de

la cérémonie de sortie des enfants, puisqu’elles sont en amont et en aval. Toute grossesse doit

être suivie par elle sur le plan médical c’est-à-dire par les tisanes qui facilitent la gestation, la

croissance de l’enfant et la bonne santé de la mère. Tout ceci réuni, leur avait permis de détenir

une fortune non négligeable.

Le suivi et la survie du nouveau-né dépendaient encore de ces femmes accoucheuses ; et chaque

fois qu’elles rendent visite aux familles, elles sont présentées aux enfants comme leurs ‘’mères’’

et comme cela est de coutume même de nos jours, la mère désigne un membre de la famille tel

qu’elle veut. Ainsi la tante de l’enfant devient la tante de la mère et c’est parce que l’enfant

aussi le répète.) Donc les accoucheuses sont désignées par la femme ‘’Notre mère’’.

Leur réputation est sans limite au point où elles ont installé des représentations partout sans

savoir qu’elles jetaient les bases de quelque chose qui deviendrait l’une des organisations les

plus puissantes et les plus controversées du monde.

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

Généralement, si la femme enceinte n’est pas poursuivie par une malédiction, l’accouchement

se passe normalement mais dans certains cas où une complication intervenait, elle faisait usage

des connaissances supranaturelles pour faire sortir l’enfant. Parmi ces connaissances, nous

savons que les femmes accouchent sur une feuille (akikonman) soigneusement étalées parterre

pour recevoir l’enfant, les feuilles qui connaissaient un accouchement normal étaient

récupérées, séchées et conservées. En cas d’accouchement difficile, les accoucheuses mettent

une foléole de la feuille dans une calebasse ajoutent de l’eau et donnent à boire à la femme puis

le reste de l’eau est utilisé pour laver le vagin de la femme toujours couchée ou accroupie,

récupèrent la feuille et couvrent le vagin de la femme avec en prononçant l’incantation ‘’Sè non

ylo vi do akikon man dji ni non gon an’’ ‘’si le destin appelle l’enfant sur la feuille de akikon

il ne manque pas de venir’’ quelques minutes après, l’enfant, quel que soit sa position prend le

chemin de la feuille pour répondre au destin ‘’gnin in in’’ ‘’le cri du nouveau-né’’.

Dans certains cas compliqués ou des cas de mort-né, un rituel fort simple mais plus puissant est

pratiqué par les accoucheuses pour faire sortir l’enfant même mort dans le ventre de sa mère.

Une accoucheuse se met toute nue, purifie son vagin et le vagin de la femme à accoucher.

L’accoucheuse se met parterre dans le sens contraire à la femme de sorte que les deux vagins

se rencontrent face à face et collés de façon hermétique et l’accoucheuse prononce l’incantation

‘’(N)… Minon nan ylowé, nan non yloviton do agblomey ni non dô a, so nu mi sètché’’ ‘’(N)…

minonnan t’appelle, si nan appelle son bébé dans le Agblomey il ne manque pas de répondre,

répond moi prince’’, quelques instants après l’accoucheuse ressent le bébé se dirigeant dans

son vagin, quand une partie du corps semble pénétré l’accoucheuse, elle se retire et le bébé se

voit ainsi piégé ; les autres accoucheuses se chargent de le retirer.

C’est un rituel qui ressemble à une transplantation artificielle permettant de piéger le bébé pour

le faire sortir.

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

Voilà quelques-unes de leurs pratiques à l’époque, pratiques qui ont permis à nos arrières grands

parents de voirle jour afin que nous autres nous en soyons là aujourd’hui.

Le suivi et l’observation des nouveau-nés au fil des années leur avait permis de comprendre à

travers les indices des accouchements la destinée des enfants, et là, c’est une question

d’expérience et d’observation régulièresur des dizaines d’années et transmises de génération en

génération. Ces observations qui murissent de façon analogique leur permettaient même de

prédire l’avenir des enfants y compris les futurs rois, juste par observations des indices

similaires du passé des autres, ces théories reçoivent de plus en plus de crédibilité. De temps en

temps les femmes allaient voir ces accoucheuses pour recevoir des révélations sur l’avenir de

leurs enfants, leurs connaissances prirent alors une grande dimension spirituelle et mystique ;

ainsi elles décidèrent de conserver et de garder les secrets de leurs connaissances qu’elles vont

partager entre elles et entre celles des autres agglomérations. Du coup et avec leur puissant

réseau d’information et de communication la nouvelle se propage ; ce fut leur première réforme.

Pour être à l’abri des yeux indiscrets, elles délimitent des forêts et les consacrent à leurs activités

secrètes. Elles sont à la base de ce qu’on peut appeler aujourd’hui : ‘’ sacrée’’ ; même celle de

la divinité ‘’ORO’’ BASÉE SUR ‘’Fu médji’’ de FA était autre fois leur œuvre y compris cette

divinité qui leur est officiellement interdite même si officieusement elle reste et demeure au

cœur de ses manifestations. Elles avaient conçu cette divinité pour dissuader les animaux

féroces afin de se protéger contre leurs attaques. Les nouvelles recrues entrent dans cette forêt

par initiation ; l’organisation s’enrichit ainsi d’une dimension initiatique. La plupart des

membres sont de très vieilles femmes généralement ménopausées.

Pour accroître leur puissance, elles commencèrent à enterrer leur défunte dans la forêt d’une

manière que nous ne pouvons pas mettre à nue dans cet ouvrage pour ne pas violer le serment.

Mais le but final est d’immortaliser l’ainée ainsi décédée afin que de l’autre côté, elle puisse

leur donner des informations utiles pour la continuité de leur mission, l’Egrégore invisible se
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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

mit ainsi en place et renforce leur puissance qui devint de plus en plus forte au point où elles

commençaient à dominer le milieu traditionnel et influençaient sérieusement toutes les couches

de la société.

C’est la naissance de la société secrète des ‘’MINON NAN’’, elles sont désignées par le nom

‘’YAH’’ ou ‘’YAH MI SHORON’GA’’ ou encore ‘’MINON NAN’’ chacun de ces trois noms

désigne toujours ‘’Notre Mère’’ ou ‘’Mère’’ tout simplement.

Leur état de pureté et la pureté des forêts qui abritent leurs rencontres secrètes leur permirent

de communiquer facilement avec la nature : la faune, la flore et les minéraux.

Elles occupent une place désormais dans la hiérarchie sociale, sont consultées pour les grandes

décisions et leurs propositions sont prépondérantes.

Elles sont consultées et sollicitées par les grands dignitaires du culte Vodoun surtout dans le

cas des initiations des adeptes où elles assurent leur sécurité durant cette période de la petite

mort que traverse l’initiable.

Dans le domaine de la santé, elles sont aussi consultées à cause de leur vaste connaissance dans

le domaine des plantes qu’elles ont reçues par révélation.

De très vastes connaissances dans les mains des femmes, cela suscite une crainte et une jalousie

dans les rangs de certains hommes dignitaires qui voyaient leur autorité et pouvoir de plus

menacés par des groupes de femmes impénétrables et fortement influencées par le courant

d’Oyo qui désignait cette vaste connaissance par ‘’Adjè’’ dont la déformation et transformation

linguistique est ‘’Azé’’ ,Azé signifia et ‘’connaissance’’ ou ‘’lumière’’. Très rapidement, elles

ont été victimes de calomnie et de médisance après une épidémie de variole qui avait secoué la

dynastie à partir du 17ème siècle. Les dignitaires considèrent cette épidémie comme l’œuvre de

leurs pratiques diaboliques. Or c’est une contamination occidentale, en cela s’ajoute une

diabolisation de leurs pratiques par les premiers missionnaires qui ont favorisé ainsi une chasse

123
Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

implacable aux membres de l’organisation. La société secrète bascule ainsi dans la clandestinité

et ce, jusqu’à nos jours. Les membres les plus influents se sont retranchés dans les forêts sacrées

interdites aux profanes et aux non-membres.

Très tôt les difficultés de subsistance alimentaire se posent. Leur cachette devra être révélée

afin qu’elles soient approvisionnées en vivres. Dans ce cas il faut des personnes qui maîtrisent

la forêt, le choix fut porté sur les chasseurs.

Ainsi pour maintenir le mythe, ses ex-femmes accoucheuses se déguisent et se saisissent des

chasseurs de la nuit qui eux croient qu’ils ont à faire aux génies ou aux divinités mutantes. Un

pacte est scellé après initiation où le chasseur prend l’engagement de ne jamais révéler leur

existence à qui que ce soit quelles que soient les liens.

Ainsi les chasseurs offrent (toujours la nuit) des sacrifices de diverses natures ; des vivres, des

viandes crues ou parfois préparées avec la patte de farine de maïs ; aussi des viandes de chasse

et dans ce cas le chasseur traite la viande et la découpe en morceaux. Quelle que soit la nature

de l’offrande, elle est appelée ‘’Zangban’’ ‘’offrande de la nuit’’ ou ‘’cadeau nocturne’’. Pour

leur sécurité, le lieu du dépôt de ‘’Zangban’’ est toujours différent, de leur cachette. En retour,

les chasseurs bénéficiaient des connaissances pouvant leur permettre de s’afficher sur le plan

social en matière de spiritualité, de la santé par les plantes et autres, ainsi une vaste complicité

s’est installée entre les ‘’Yah’’ et les Degan (chasseurs).

Quand le Degan se sent incapable de solutionner le cas d’un malade, il demande alors à la

famille de la victime de fournir « mouton, poulet, huile, farine boisson » bref tout ce qu’il faut

pour contenter les ‘’Yah’’ : ‘’Zangban’’. La victime et ses parents ne savent plus comment le

reste se passe, ce qui est sûr, la nuit, le Degan va apporter le ‘’Zangban’’ à ‘’Avadji’’ ‘’lieu de

rencontre avec le monde extérieur’’ en échange et après avoir soumis le cas, Degan aura une

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

connaissance ou des informations lui permettant de sauver la victime et de se faire une bonne

place dans la société.

De nos jours cette forme d’échange existe encore et très pratiquée par les illuminés parfois par

certains curieux. Ainsi les Degan sont devenus les plus célèbres et les plus puissants dans la

société. Pour camoufler leur source de connaissance, ils disent généralement qu’ils rencontrent

des animaux qui se sont transformés en humains leur demandant de ne pas les tuer et en échange

ces êtres leur donnent des connaissances des plantes de la nature ; d’autres Degan parlent de

génies qui leur auraient parlé ou alors ils, parlent avec des génies de la brousse la nuit ; et les

légendes allégories sont nombreuses. Ce n’est pas pour autant que nous ignorons l’existence

des génies et autres espèces para humaines de la brousse.

Dès lors, le mythe s’installe et une grande peur se développe autour de cette société secrète. Les

Degan sont devenus leurs protecteurs et ont contribué à la réinsertion des survivantes dans la

société. Bien sûr qu’elles sont éloignées de leur milieu d’origine, leurs vastes connaissances

sont transmises, alors à d’autres femmes pas forcément ménopausées, mais recommandées et

cautionnées ; avec l’arrivée des colons, leur mission première est dévolue et exécutée par les

sages-femmes d’aujourd’hui qui n’ont certainement pas les mêmes appréhensions,

compréhensions et visions de leurs homologues du passé. Mais force est de constater que les

‘’Yah’’ sont toujours très actives au niveau des couvent du culte Vodoun et d’autres évoluent

de façon isolée.

2.11.4. Les récriminations contre la sorcellerie

Sur d’autres continents les mêmes phénomènes avaient aussi vu le jour et ces initiés étaient très

avancés dans leurs recherches sur les pratiques occultes susceptibles d’influencer les êtres et

les choses. Leurs efficacités sur les cas qui leur étaient soumis sont telles qu’elles sont en passe

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

de prendre le pas sur la religion occidentale, alors leurs pratiques étaient accusées d’hérésie et

ces initiés sont traqués aussi de part et d’autre.

Venus en Afrique et ayant constaté une similitude entre les pratiques, les nôtres aussi sont

frappés du même nom que leurs homologues des autres continents ‘’sorcières’’.

Ici et selon la conception profane, la sorcière est celle-là qui a pactisé avec les forces du mal et

‘’mange’’ les hommes la nuit ; peu après, les autres pratiques des autres disciplines sont aussi

rangées dans le même registre où tout ce qui concerne notre identité culturelle et cultuelle est

automatiquement traité de sorcellerie. A cela s’ajoutent certains discours relevant du sophisme

pour faire peur à la masse afin de pouvoir profiter de leur naïveté.

De nos jours, toutes les difficultés existentielles de l’Homme ont toujours un relent de

sorcellerie selon nos sophistes illusionnistes au point où l’on doit se poser la question de savoir

où est Dieu ? Que devient le destin ? Et les conséquences de nos turpitudes.

Le phénomène s’accentue et s’étend aujourd’hui sur la majorité des fils et des filles. Les femmes

âgées sont traitées de sorcières, les enfants hypocrites sont traités de sorciers, tout se mélange,

se mêle et s’entremêle.

En réalité, la plupart des femmes (non initiées bien sûr) ignorent ce qu’elles sont de même que

les hommes aussi ignorent ce que représente la femme.

Le premier écoulement de sang par le vagin (les menstruations) consacre la femme dans toute

sa plénitude et déclenche ainsi une activité matricielle énergétique virtuelle ; la fille

généralement est inconsciente ; c’est sur le chemin initiatique hérité chez les matrones que

l’initiale commence par prendre conscience de son être et de son état : c’est illumination.

Au fur et à mesure, les connaissances reçues çà et là et régulièrement appliquées élèvent ainsi

l’illuminée au seuil d’une pleine conscience où l’énergie procréatrice de vie atteint l’androgyne

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

donc capable d’ôter encore la vie qu’elle donne ; son centre de commandement se situe au

sommet de crâne et peut être activé positivement ou négativement par l’émotion, ou par la

volonté manifeste de l’initiée.

Le déclenchement par émotion peut être inconsciemment fait et c’est le cas de la sorcellerie la

plus révélée par certains, or ça se manifeste même chez les non-initiées. Toute femme est à

priori ‘’sorcière’’ même non initiée.

La première sorcellerie qui nous influence est celle de notre mère.

L’anatomie occulte de l’Homme est telle que nous sommes tous liés à notre mère par son utérus

car nous provenons de là. Même profane tout désaccord qui surgit en elle et vous crée une

vibration antagoniste qui prend sa source depuis son vagin jusqu’à vous et souille votre aura.

Cet état de choses peut créer des échecs dans votre vie, l’instabilité, la maladie et beaucoup

d’autres difficultés dans votre vie. En allant consulter on peut vous parler de la présence de

sorcellerie, ou même parfois on peut vous dire que votre mère est sorcière ‘’pauvre d’elle’’ elle

peut être tout à fait innocente. C’est pareil pour les femmes régulières que nous avons dans nos

foyers.

Ce qui précède ne saurait réfuter la présence de la sorcellerie dans nos familles ; la sorcellerie

existe belle et bien.

Dans un autre cas, c’est une fausse image qui est présentée ; la sorcière qui veut agir utilise

généralement une tisane à base de plante de ‘’Zinflouman’’ pour cacher son vrai visage et

prendre une apparence d’un innocent pour commettre son forfait ; au bout du rouleau, c’est

l’innocent qui sera détecté et traité à tort de ‘’sorcière’’ « awotcho » tandis que la vraie sorcière

est en toute quiétude et alimente parfois la polémique.

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

C’est un monde virtuel bourré d’illusions, rien de ce que vous voyez n’est sûr et vrai. Un initié

peut prendre l’apparence de tout le monde même de votre père, de votre mère, de vos enfants.

Seuls les illuminés de haut niveau parviennent tant bien que mal à discerner les choses.

De nos jours, des familles sont divisées par ces fausses révélations de la présence de la

sorcellerie.

Reconsidérons désormais notre position et vision par rapport à cette connaissance révélée.

2.11.5. La définition de la sorcellerie : un défi anthropologique

Lorsqu’on aborde la définition de la sorcellerie, une ambivalence s’impose. Il y a la définition

de ceux que David Koffi Aza appelle les ‘’azéphobes’’, un néologisme qui désigne ceux qui

tiennent la sorcellerie en horreur.

Pour les ‘’azéphobes’’, la sorcellerie est une pratique négative. Il n’y a rien de bien à y voir.

C’est un pacte avec le diable pour nuire, tuer, ‘’manger’’, d’autres parlent de sorcellerie

« anthropophage » (Houngan 81) cela fait que la croyance à la sorcellerie se traduit par des

accusations. Il y a une négation produite sur la sorcellerie. Cela se manifeste par des

stigmatisations, des violences, des procès judiciaires et parfois par de lourdes condamnations.

Tout ceci par définition, la sorcellerie englobe les pratiques magiques en vue d’exercer un

contrôle sur une personne, un animal, un lien, un objet.

Les moyens de cette action sont la suggestion, le sort, l’envoûtement, la possession. Le sorcier

serait un mage noir qui pratique la magie noire qui agresse, qui envoûte, qui terrorise, qui

mutile ; qui tue.

Selon eux pour agir, le sorcier utilise des parties du corps humain, celui de la victime cible.

L’effet de ces travaux occultes est l’envoûtement de la simple mise en demeure, cela peut aller

jusqu’à la mort

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

Pour ceux qui lui attribuent la négation la sorcellerie est à éradiquer et le sorcier est à abattre.

Pour certain, le sorcier est un illuminé. C’est un sachant ; un savant. Le sorcier est un acteur

social initié aux lois de la nature qu’il peut manipuler à sa guise, dans un sens bénéfique ou

maléfique. Par opposition à ‘’Azéphobe’’ David Koffi Aza parle ‘’d’azeïstes’’, un azéïste est

un acteur social qui comprend ce fait social et vit avec

Le concept même de sorcellerie est très mal connu. Très peu étudie et plein de contresens et de

contradiction. La sorcellerie en elle-même ne veut rien dire. C’est un non-sens. Un concept

construit à travers ‘’l’inconscient collectif’’ (Jung), l’imagination. La peur, les mythes et les

cultures cela révèle de l’éthique, et s’encre dans l’anthropologie de la morale (Raymond

Masser)

Aujourd’hui, la sorcellerie comme hier, est l’explication irrationnelle de faits et de phénomènes

rationnels. C’est la guerre des mots contre la réalité des faits.

La valeur positive de la magie et de la sorcellerie. Quand on y voit clair, la magie est une quête

spirituelle, une initiation aux grands mystères de la création, une recherche de l’explication du

monde. Elle étudie les forces inconnues, cosmétiques, surnaturelles. La magie est pratiquée par

les hommes savants qui prétendent disposer de certains pouvoirs. La magie n’implique rien de

diabolique, bien au contraire, elle serait d’essence divine a déclaré un spécialiste et d’ajouter

« la confusion commence avec l’usage des mots : les termes de mage, magicien, magiste, magie

et de sorcellerie, sorcier, sorcière sont souvent mal employés. Ces mots portent simplement

l’inaccessible, l’incompréhensible, donc inspirent la peur et font penser au diable. « En

sorcellerie, l’acte, c’est le verbe, la sorcellerie c’est de la parole qui pouvoir et non savoir ou

information » Jeanne Favret Saada).

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

Il est estimé que le véritable mage prend appui sur Dieu et que le sorcier est lié au Diable pour

cela Jean Bodin donnait la réponse la plus claire et la plus simple « sorcier est celui qui par

moyens diaboliques, sciemment s’efforce de parvenir à quelque chose »

Dans le soliloque du sorcier, il convient de retenir que les sorciers mêmes ont contribué à tout

ce qu’on dit sur eux, en bien comme en mal.

Pour le petit Robert un magicien est une personne capable de faire des choses extraordinaires.

Il s’agit dans son activité d’exercer une influence sur le monde réel afin d’atteindre un objectif

prédéfini sans que le paradigme scientifique actuel n’arrive à en expliquer le principe de

fonctionnement (Oberon). Certains estiment que la base est constituée par les phénomènes

psychiques.

La magie selon Oberon est donc « …la connaissance la plus élevée, la plus absolue et la plus

Divine de la philosophie naturelle éclairée dans ses réalisations par une juste compréhension

des qualités intrinsèques et ésotériques des choses faisant que la bonne solution appliquée au

bon patient permet d’atteindre des résultats inattendus et admirables ».

Lorsque l’on remonte aux origines, la magie est apparue lorsque les hommes comprirent

comment maitriser le feu et aspirent à le faire eux-mêmes (Oberon). La magie est donc née avec

le feu qui a permis à l’homme d’être puissant et civilisé.

Magie ou sorcellerie peut être définie selon Isaac Bonewits comme « une science et un art

regroupant un système de concepts et de méthodes permettant d’exercer une influence sur les

émotions éprouvées par les hommes et de modifier l’équilibre électrochimique du métabolisme.

Ce système est fondé sur des correspondances visant à concentrer et focaliser l’énergie

émotionnelle pour modifier la circulation de l’énergie dans le corps humain et par ricochet

influencer d’autres tendances énergétiques, appartenant ou non au monde vivant, voir parfois

modifier ses propres tendances énergétiques »

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

Aleister Crowlesy définit la magie et la sorcellerie comme « la science et l’art visent à

provoquer des changements pour qu’il en soit fait selon sa volonté. Pour Ellen Evert Hopman

il s’agit de « l’orientation consciente de l’imagination et de l’attention pour atteindre, grâce à

la visualisation ; un bat ». Oberon et Anodea Judith parlent de la « maitrise des coïncidences »

puis de « l’augmentation des probalités ».

Des mots reviennent : visualisation (loi de l’attraction) ; probalité « coïncidence »

‘’correspondances’’.

Ce qu’il convient de retenir est la maitrise des lois et principes de la nature ainsi que leurs

correspondances à des fins positives ou négatives selon l’acteur (magicien ou sorcier).

Le grand inventeur et magicien de la Grèce antique Archimède disait qu’avec « un levier assez

long, un point d’appui et un endroit où s’installer » il pourrait « déplacer la terre ».

La sorcellerie est donc de la création et de l’imagination. Il suffit de savoir (comme Archimède)

créer des leviers, trouver des points d’appui et le bon endroit d’où opérer.

Sorcellerie : « Levier + point d’appui + bon endroit »

Il s’agit de savoir jouer sur les phénomènes naturels avec tact et stratégie.

Un sorcier est juste un bon « Naturaliste »

Les magiciens et sorciers font les choses en grand et savent que la meilleure façon de prédire

l’avenir est encore de créer.

Le sorcier ou la sorcière est donc une personne possédant une force de pouvoir surnaturel leur

permettant d’exercer une influence magique sur leurs contemporains et le cours des choses. Il

faut noter (après ce périple positif) que ce terme a une connotation généralement négative car

il laisse supposer l’exercice d’une magie maléfique ou (noire). Circé est la sorcière la plus

célèbre de tous les temps. C’est elle qui, selon Homere a transformé les compagnons d’Ulysse

131
Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

en cochons. C’est des gens qui maitrisent des techniques visant à faire évoluer la conscience.

Pour avoir une qualité de sorcier, il faut étudier toute sa vie durant. Il faut aussi reconnaitre la

trace du Divin dans la nature et celle de la nature dans le Divin. D’être entendu même à travers

son silence.

L’anthropologie est une science. Elle est située à l’articulation entre les différentes sciences

humaines et naturelles, qui étudie l’être humain sous tous ses aspects, à la fois physiques et

culturels. (Wikipédia). Il ressort de cette contradiction afichée que ce sujet est un véritable défi

pour l’antropologie sus défini. Un définie que ne peut valablement relever certaines sciences :

le relativisme et le constructivisme.

2.11.6. Le fait social en sociologie

La sociologie c’est l’étude d’un fait social. Le fait social selon Emile Durklein est un

phénomène suffisamment fréquent pour être dit régulier et suffisamment étendu pour être

qualifié de collectif. C'est-à-dire qui est au dessus des consciences individuelles et qui les

contraint par sa présence.L’individu ne peut pas s’imposer au fait social. Il Existe en dehors de

l’individu et s’impose à lui.

2.12. Modeles d’analyses théoriques

2.12.1. La sorcellerie : une analyse au scanner aussi bien de la sociologie de la

connaissance que de l’anthropologie de la morale (R.Masset / M.Meudec)

L’anthropologie morale est basée sur la culture, les mythes, la religion qui fondent les règles

qui justifient le comportement social.Le point social est ‘’l’éthique ordinaire « Une éthique

relativement tacite plus ancrée dans les accords communs que dans la règle, dans la pratique

plutôt que dans la connaissance ou les croyances et survenant sans attirer l’attention sur elle »

(Lambek, 2010).

132
Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

2.12.2. La théorie de la répresentation sociale de Jean Claude ABRIC, 2016

Pour Abric, les processus et les contenus de la pensée sont déterminés, influencés par des

facteurs sociaux. Les individus peuvent passer d’un mode de pensée à un autre. Trois types

d’opérations cognitives sont à l’œuvre

 Le formalisme spontané : ensemble d’automatismes, de formules toutes faites, de

clichés que l’on utilise dans un échange

 Le dualisme causal : tendance à confondre deux formes de causalités

 Le primat de la conclusion : la conclusion est déjà connue ou posée avant les prémisses.

Et de conclure qu’il n’existe pas à priori de la réalité objective, mais toute réalité est représentée

c'est-à-dire appropriée par l’individu ou le groupe, reconstruite dans son système cognitif

intégrée dans son système de valeurs dépendant de son histoire et du contexte social et

idéologique qui l’environne.

C’est cette réalité appropriée et restructurée qui constitue pour l’individu ou le groupe la réalité

même avec la contribution consciente ou inconsciente des uns et des autres, les représentations

sociales sont créées et modifiées.

Une representation sociale s’élabore selon deux processus fondamentaux : l’objectivation est le

processus au travers duquel on rend concret ce qui est abstrait.

L’ancrage permet l’intégration de l’objet et des informations nouvelles dans le savoir. Ce

processus consiste en l’enracinement de la représentation et de son objet dans le système de

pensée préexistant. Pour Jodelet (1989) il s’agit d’une forme de connaissance socialement

élaborée et partagée ayant une visée pratique et concourante à la construction d’une réalité

commune à un ensemble sociale.

Au total, selon Abric (1987) la représentation sociale peut être défini comme le produit et

processus d’une activité mentale par laquelle un individu ou un groupe reconstitue le réel auquel

il est confronté et lui attribue une signification spécifique. Selon Rouquette (1997) c’est une

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

façon de voir localement et momementanémént partagée au sein d’une culture qui permet de

s’assurer de l’appropriation cognitive d’un aspect du monde et de guider l’action à son propos.

C’est une explication naïve du monde qui va servir à agir ou à se comporter.

Jean Claude Abric rejoint parfaitement Carl Gustav Jung dans sa psychologie analytique et

surtout les archétypes de ‘’L’inconscient collectif’’ puis ‘’la construction sociale de la réalité’’

de B. Peter et Thomas Luckman.

2.12.3. La théorie de la répresentation sociale de Serge Moscovici

A partir de son étude sur la psychanalyse, Moscovici distingue trois conditions susceptibles

d’orienter dans un sens ou dans un autre les organisations cognitives que constituent les

représentations sociales.

- La dispersion de l’information

- La focalisation et la

- Pression à l’inférence

Les représentations sociales sont des entités presque tangibles. Elles circulent, se croisent et se

cristallisent sans cesse.

Psychologie cognitive et sciences sociales se retrouvent par le biais de la psychologie sociale.

Selon Moscovici, une représentation sociale comporte trois dimensions : l’attitude,

l’information et le champ de représentation.

La matière des représentations sociales est simplement le sens commun. Ce n’est pas un agrégat

d’individus qui seraient submergés sous la notion de représentation.

Les représentations sociales intégrant des aspects collectifs et individuels. J Clenet considère

que « les représentations se construisent par l’interaction avec les autres par le contact avec la

réalité dans l’action ».

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

Selon Serge Moscovici une représentation sociale comporte trois dimensions :

- L’attitude

- L’information et

- Le champ de représentation

Aussi, Abric propose t-il en 1976 à la théorie du noyau central. J. Clenet considère que « Les

représentations se construisent par l’interaction avec les autres par le constat avec la réalité dans

l’action »

Il y a plusieurs décennies que Durkheim opposait déjà aux représentations individuelles « Les

représentations collectives » dans lesquelles baigneraient en quelque sorte les premières. Selon

lui religion, raison, science sont nées de la « société totale » sorte de creuset où se combinent

synthétiquement personnes et groupes ; les grandes catégories de notre pensée, les images et

les notions majeures ont une origine collective.

Ainsi pour lui la vie mentale prend source dans une conception englobante. S. Moscovici dès

1961, et plusieurs chercheurs ont repris ce concept sous le nom de « représentation sociale » en

précisant sa définition.

La théorie du noyau central. Parler de représentation sociale revient à répondre à la question

‘’Comment voit-on le monde ? » Pour S. Moscovici, les représentations sociales peuvent être

comparées à des « théories » du savoir commun, des sciences « populaires ».

« Les représentations sont des formes de savoir naïf, destinées à organiser les conduites et

orienter les communications. Ces savoirs naturels constituant les spécifités des groupes sociaux

qui les ont produit. En psychologie sociale, les représentations sociales occupent une place à

part « C’est une forme de connaissance socialement élaborée et partagée ayant une visée

pratique et concourant à la construction d’une réalité commune à un ensemble social ou

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

culturel » C’est une sorte de « Savoir commun » qui intervient aussi bien pour orienter nos

relations au monde physique et social que pour assimiler la diffusion et l’assimilation des

connaissances, l’identité et l’expression des divers groupes ou encore le sens des permanences

et des changements.

3.13. La sorcellerie comme un fait socialement construit

Petre L. Berger et Thomas Luckman sont nés respectivement dans les années 1920 et 1927 à

Vienne et en Slovénie (p 4) tous deux sociologues influencés par les travaux de Derkheim et de

weber. Pour Berger et luckman, la religion n’est pas un domaine particulier, mais se place au

cœur de la réalité sociale. Pour eux la sociologie de la religion est comme une partie d’une

sociologie de la connaissance. L’intérêt sociologique pour les questions de « réalité » et de

« connaissance » est donc initialement justifié par le fait de leur relativité sociale. Peter Berger

et Thomas Luckman dans la construction sociale de la réalité font une répartition en 3 classes

que sont :

2.13.1. La perception sociale du phénomène

On retient qu’à défaut de conclure à l’effectivité de la sorcellerie comme un système aux

pouvoirs occultes et magiques, on a suffisamment de paramètres anthropologiques et

sociologiques qui en font un phénomène social bien réel. Parlant des allégations de sorcellerie

dans une revue de l’UNHCR, Schnoebelen (2009) a rappelé l’épisode de la chasse aux sorcières

au Bénin (traques et exécutions de vieilles femmes accusées de sorcellerie) en 1970 sous le

régime marxiste léniniste de Mathieu Kérékou. Aujourd’hui encore, plus de quatre décennies

plus tard, le concept de la méchante magie reste une réalité, réalité plus évidente dans le sens

des réactions et comportements anti-sorcellerie. Il influence la vie sociale et la menace surtout.

Le présumé sorcier est frappé d’ostracisme. Pire, il est sous le coup d’une agression. Le constat

le plus inquiétant est la forte popularisation de l’apologie du crime contre ces derniers. Jusqu’à

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

73% des avis exprimés (153 sur 209 avis exprimés) approuvent l’assassinat des « sorciers ».

C’est ahurissant d’autant que les 105 répondants, qui n’ont pas daigné se prononcer sur cette

question cachent mal leur position. Nul n’est méchant volontairement, serait-on tenté d’arguer.

Un tueur (sorcier) tué mériterait-il un deuil ? Mais comment est-on si sûr de la culpabilité du

sorcier au Bénin? Thiémélé Ramsès Boa (2010) a bien raison d’interroger les consciences en

pleurant : « Sous la présomption de la sorcellerie, des actes inhumains, cruels, horribles et

abominables ont été perpétrés [à Sahuyé, un village de la Côte d’Ivoire]. Soupçonné d’être le

responsable de la mort d’Emmanuel, un jeune homme a été pris à partie par un groupe de jeunes

de son village. Solidement ligoté, A.G. Clément, en présence de ses parents impuissants, et en

dépit de ses supplications, a été conduit au cimetière.

Dans la fosse rectangulaire creusée à la dimension du cercueil du défunt, A.G. Clément, comble

de l’horreur, a été étendu sur le dos. Sous la clameur publique, le cercueil a été déposé sur lui

tandis qu’il fixait ses bourreaux des yeux. Sans le moindre remords et sans compassion aucune,

ses bourreaux ont, avec des pelles, recouvert la tombe avec de la terre… ». Dans cette histoire,

sans vouloir partager la cruauté des criminels, on peut s’autoriser à imaginer qu’au-delà du

préjudice dont ils se vengent il y a un niveau de conviction et de croyance extrême en la

sorcellerie. Ne devient-on pas alors sorcier à force de croire à la sorcellerie ? Le Bénin, en cela,

vit aujourd’hui un drame. La spéculation sur la sorcellerie flambe de partout avec une vindicte

populaire fumante. Cette recherche a permis de mettre en lumière la grande susceptibilité

ambiante. Car, elle a fait observer que toute dissemblance d’ordre biologique (anatomique) ou

social est indexée comme étant un signe ostensif de la sorcellerie. Une longévité, une infertilité,

une malformation, la perte répétée de fils ou de petits fils, bref le moindre évènement plus ou

moins singulier, qu’il soit donc heureux ou non attire le jugement. Lors de cette enquête, seul

les cas de repentance de prétendus sorciers au profit de confessions religieuses évangéliques et

des aveux consentis sous pression ont été évoqués comme preuves de l’effectivité des pouvoirs

137
Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

sorcellaires. Autrement, la désignation du sorcier repose sur la suspicion, la révélation faite par

un charlatan ou une vision spirituelle. La plus grande cruauté dans la chasse aux sorciers réside

sans doute dans le rituel infanticide pratiqué dans certains villages du nord-Bénin. C’est une

vieille pratique (Yengo, 2008) qui se poursuit malheureusement. Cela consiste à mettre à mort

(par fracassement ou étouffement) tout nouveau né ayant adopté une position jugée anormale

par la tradition lors de son accouchement. Tout bébé sorti autrement qu’avec la tête en premier

et le visage regardant le ciel serait un enfant sorcier. Dans un reportage de Radio France

Internationale intitulé « La situation des enfants sorciers du Bénin inquiète l'ONU », Najat

Maalla M’jid (2013) une rapporteuse des Nations Unies déclarait, à l’issue d’une visite de douze

jours dans le pays, qu’il « est inadmissible que sous le prétexte de la tradition ou de la coutume,

ou encore de la pauvreté, des enfants béninois soient violentés, abusés ou exploités », ou tués

comme dans le cas des « enfants sorciers ». Le Bénin doit faire de la protection des enfants une

priorité. Que peut donc l’Etat béninois d’efficace contre un phénomène pratiquement culturel

et exécutable sans tambours ni tromphètes à l’initiative même des protecteurs naturels des

enfants, leurs parents ? D’innombrables âmes à peine venues à la vie et sans nul doute

innocentes continuent cependant de subir la sentence suprême. La présomption de sorcellerie

ne donne pas de place à la présomption d’innocence. Et la barbarie se poursuit sous prétexte de

la sorcellerie. Dans tous les autres cas, tout conflit d’intérêt met en relief les sensibilités aux

pensées sorcellaires. Bainilago (2008) disait à juste titre que la signification et la réalité

fondamentalement sociale du phénomène sorcellaire est en rapport avec les tensions et les

conflits. Qui veut noyer son chien l’accuse de rage dit-on. Au sud-Bénin, qui veut tuer un

parent l’accuse parfois de sorcellerie devrait-on conclure.

Solitaires

A partir du moment où apparait la moindre rupture d’avec le groupe social par le discours et le

comportement étranges, l’individu est considéré comme un sorcier. Il est en rupture avec le

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

collectif (Boa, 2010 :82). L’individu est donc condamné à ce monde, à se confondre au groupe

social.

Egoïstes

Ils sont ceux qui sont riches et qui ne partagent pas. Qui ne distribuent pas leurs richesses. Ils

constituent une menace pour l’ordre établi. Se distinguer par la possession du monde maternel

c’est se laisser dominer par le désordre de l’excès. Ceci explique le fait que dans nos sociétés

traditionnelles la réussite est une infraction. Comme l’a dit l’autre, la propriété dinent le vol. En

guise d’illustration, dans certaines grandes capitales du Bénin, de grands bâtiments démarrés

ne connaissent jamais leurs finitions. Aussitôt démarrés leurs propriétaires sont envoyés patres.

Au nom de la loi de l’égalité et du nivellement par le bas.

Les démunis

Les vieux et les vieilles sont les accusés par excellence (Boa, 2010 p. 82) et d’ajouter, affaibli

par l’âge incapables de se défendre, ces personnes radotent, se plaignent et vivent dans le désir

de se soustraire du monde terrestre.

Ils se perçoivent comme des incapables et des marginaux indignes des ancêtres créateurs. Les

ancêtres étant des êtres accomplis, la plainte des ‘’supers pauvres’’ et diminue le perturbé. Et

cela crée le désordre. Ces personnes étant improductives, on les accuse de vouloir régénérer

leurs forces vitales en mangeant le double des plus jeunes (Boa, 2010 : 83)

Les extrémistes

Sont considérés comme sorciers, ceux qui sont aux extrêmes. Ils sont disséminés par l’excès.

Le trop est signe d’inquiétude. On est accusé quand on est trop pauvre. Trop riche, on attire le

regard. Dans une société égalitaire celui qui se situe aux extrêmes trouble l’harmonie morale et

esthétique. De ce fait, la puissance et l’impuissance menacent la quiétude sociale.

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

Cela explique que ‘’l’Afrique refuse le développement’’. Ce qui explique que le développement

personnel qui fait la force des américains n’existe pas sur le continent. Cela explique aussi et

surtout que Tidjani Serpos (1986) écrire « Rameur ; Tout doux ; Tout doux ; Celui qui s’élève ;

Trahit la loi des bipèdes et dégringole…Si tu tombes et te fêles le péroné laisse les vodouns

tranquilles. Allagbara n’est guère responsable ; ESHU n’est point coupable. Rameur ; Tout

doux ; Tout doux, (N-Tidjani Serpos. paroles ésotériques, 1986). »

Selon Elmancio Godson le vrai sorcier on ne le découvre jamais. Il se cache toujours derrière

un visage ou il utilise même des gens qui ne sont pas conscient qu’ils sont sorciers mais qui le

réalisent qu’après qu’on les a dénoncés. Donc ils deviennent un peu comme des marionnettes

que les sorciers ‘’montrent’’ ou manipulent. Ils les utilisent comme des mercenaires en

intoxicant leur vie.

2.14. Les déterminants de la perception du phénomène (pratique de la sorcellerie)

Ce qu’il convient tout de suite de signaler est qu’il est impossible d’identifier un sorcier à l’oeuïl

nu. Ce sur quoi on s’entend est que, au delà du physique, le sorcier est identifié au plan moral.

Il est quelqu’un qui a une ‘’force occulte’’ (Ellis, 2000 :60 ; Geshiere, 1993).

La sorcellerie peut être innée ou acquise. Chez les zandé, c’est une force qui se trouve dans

l’estomac. Chez les fons du sud Bénin ‘’aze o xome we e mno’’.

« La sorcellerie, c’est dans le ventre qu’elle reste » cela complique tout dans le processus

d’identification d’un sorcier. Face à ce vide du quel la nature a horreur, des critères sont vite

construits. Le sorcier devient une victime sacrificielle surchargée du mal social (Boa, 2010 :78).

Le stigmatiser et le tuer devient justice. L’arbitraire devient donc justice. En fait la communauté

invente, construit et détruit ses sorciers.

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

« La sorcellerie répond ainsi au rituel d’exorcisme du mal commun dans un geste collectif

d’expiration » (Boa, 2010 :79).

Identifier et tuer un sorcier devient donc une hypocrisie sociale. On croit vaincre le mal qui se

trouve ailleurs et en soi. En chacun des membres de la société. Puisque chacun est sorcier à sa

manière. Les plus faibles sont ‘’écrasés’’ en victimes expiratoires.

L’ignorance et l’incapacité à expliquer certains phénomènes sociaux créent des sorciers et la

sorcellerie.

La société est donc réduite au connaissable, à l’explicable, à la norme plate et inféconde. Tout

autre phénomène est estampillé sorcellerie.

Toute personne qui s’écarte de cette norme est suspectée condamnée et abattue. Or chaque être

humain à sa ‘’rareté’’ proclamée par Dieu le créateur. Aucun être humain ne ressemble à un

autre. Chaque être humain est un Dieu créé en une pièce unique. Trop de pauvreté conduit à la

stigmatisation et à l’accusation, trop de richesse aussi. Parce que « La société traditionnelle

exige l’égalité de ses membres » (Boa, 2010 : 80) ; et d’ajouter que « la stabilité qualitative

absolutise le juste milieu ».

De ce fait, dans nos sociétés où on parle de sorcellerie, personne ne doit dépasser l’autre. Tout

le monde doit être égal. Ce qui est absurde puisque c’est dans cette même société qu’il est perçu

et reconnu que tous les doigts de la main ne sont pas égaux. Du coup tout ce qui sort de

l’égalitarisme est puni. Le sorcier avéré ne doit pas vivre car il est l’incarnation du désordre

social. Il doit disparaitre pour servir de leçon aux ordres afin que l’équilibre et l’ordre social

puisse régner.

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

2.15. La réprésentation sociale du phénomène au Bénin

Verbatims

1- Hélène, 17 ans, étudiante en linguistique sur le campus d’Abomey Calavi déclare : « j’ai

fait la terminale avec une fille qui ne tombe malade que le jour des examens et autres

compositions. Elle nous confie que c’est sa tante maternelle, sorcière qui serait à la base

de cela »

2- Constantin 22 ans travaille dans un atelier de soudure à Pahou, arrondissement de

Ouidah ; il témoigne : « La fois dernière non loin de Kpassè, les enfants jetaient la pierre

à un oiseau un peu spécial qui s’est transformé en une vieille femme âgée d’environ 85

ans »

3- « Moi, déclare zita 26 ans, j’ai vécu dans une maison où une dame a porté sa grossesse

pendant douze mois au lieu de 9 neuf. La famille a dû organiser des cérémonies sur

cérémonies afin que cette femme puisse accoucher après toute une année de grossesse »

4- Ulrich, agent de sécurité de 44ans témoigne : « J’ai connu une très belle jeune fille qui

a l’habitude de sortir avec beaucoup de garçons. Elle aurait pris l’argent à un

quinquagénaire à qui elle aurait pris une forte somme d’argent pour s’acheter une moto.

En plein midi, elle s’est mise nue et simulait sa toilette intime avec du sable.

5- Ironique et moqueur, l’artiste Logozo chante « Ils ont volé ma moto, c’est la sorcellerie.

J’ai pris de l’alcool et une voiture m’a cogné, c’est ma tante du village… »

6- Janvier 2013. Mon épouse hospitalisée pour complications liées à l’accouchement.

Situation gravissime en l’espace de quelques minutes. Intervention chirurgicale en vue.

Un tradipraticien détenteur de la sorcellerie dite positive fit joint par moi-même. Je

voulais qu’il consulte l’Invisible et l’oriente en ma faveur. Tout en me rassurant, mon

« ami » que je reçois sur une de mes émissions radio me demande de le rappeler une

dizaine de minutes après. C’est lui-même qui me rappela moins de dix minutes après. Il
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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

me dit avoir fait un tour dans la salle d’accouchement. Or il vit à Agbangnizoun. Il

m’annonce que mon épouse se porte bien. « Ma fille venait de naître », dit-il.

L’hypertension (la tension artérielle) qui était entre 20 et 21 a chuté. Subitement. Le

temps de quitter le portail de l’hôpital et de venir à la Maternité… une sage femme tenait

entre ses mains le bébé et cherchait à me le montrer. Le corps médical, mon épouse

dans la crise a cessé, personne n’a compris comment la tension artérielle est revenue à

la normale et que la patiente ait pu accoucher si facilement et que les complications

aient pris fin. Témoignage d’un journaliste du Sud Bénin (enquête de terrain)

7- Manguier coupe /attaque sorcier

Il y avait un manguier sur notre portail et chaque nuit j’entendais des cris d’oiseaux de nuit

malgré que l’arbre était complètement mort et sec.

Un ami christianiste céleste me dit que les oiseaux de nuit qui se posaient sur l’arbre dans

la nuit sont en réalité des sorciers tenant leur réunion journalière. Je décidais de déraciner

l’arbre. Mon ami me donna du sel béni et de l’eau bénite avec lesquels j’aspergeai l’arbre.

Le lendemain je déracinai l’arbre. Le soir de ce jour je fuis saisi d’un ‘’hoquet’’ sévère. Je

courus dans tous les sens en quête de guérison. Des sorciers blancs (la magie blanche) me

dirent finalement que la cause est en réalité l’arbre que j’ai déraciné. Ils m’ont proposé des

recettes pour me guérir. Heureusement je fus guéri.

L’étude a reposé sur une enquête d’opinion, une synthèse de critiques journalistiques et une

série d’interviews données par des personnes ressources qu’il conviendrait mieux d’appeler des

« sachants ». (Honorat Aguessy)

L’enquête d’opinion a été conduite au mois de mai 2016. Un échantillon de 324 citoyens

béninois originaires du sud du Bénin a été constitué de façon aléatoire. La sélection a été faite

au hasard des rencontres dans les villes de Cotonou, d’Allada, de Ouidah, de Porto-Novo et de

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

Kétou. Quelques endroits comme les restaurants, les ateliers d’artisans, les services

administratifs, les hôpitaux ont tout de même été programmés à dessein. Pour l’enquête

proprement dite, les répondants sachant lire et écrire ont été invités à remplir un questionnaire.

Les autres ont été engagés dans une causerie interactive au bout de laquelle les opinions

formulées sont transcrites selon des codes sur le formulaire d’enquête. Les principales questions

abordées sont relatives à l’existence ou non de la sorcellerie, au statut social du sorcier et aux

pouvoirs à lui attribués, aux faits négatifs imputables à la sorcellerie, à la fibre de rationalité,

aux dimensions positives ou bienfaisantes de la sorcellerie sans oublier le récit des expériences

personnelles et le rôle des religions monothéistes dans le système sorcier.

Dans le but de répertorier les grands faits sociaux affectés au registre de la sorcellerie une revue

documentaire a été faite dans une approche de critique sociologique.

2.16. Perceptions sur la sorcellerie en terres vaudous

2.16.1. La sorcellerie, vive réalité et véritable code de conduite sociale

Tel que le traduisent les diagrammes de la figure 1, la majorité écrasante (97%) des personnes

enquêtées sont convaincues de l’existence de la sorcellerie. Ce chiffre reflète éloquemment le

caractère collectif de la sensibilité ou de la croyance aux forces magiques dans cette société

assez bien reconvertie aux courants judéo-chrétiens ou orientaux. Plus de la moitié (55%) des

répondants sélectionnés au hasard se sont déclarés d’obédience chrétienne (catholique ou

évangéliste) et tout laisse croire que la sorcellerie est le principal mobile d’une reconversion

massive à la foi chrétienne. Deux grandes interrogations surgissent face à ce comportement

social très perceptible. La sorcellerie ne représente-t-elle pas un fonds de commerce pour

l’église ? Il est admis et cette étude a bien établi, superstition ou pas, que la sorcellerie est une

réalité sociologique bien enracinée au Bénin. Pour la majorité croyante, la sorcellerie est

effective en termes de pathogénie, de pouvoirs surnaturels utilisés pour dérégler voire

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

supprimer la vie de la victime. Dans cette étude les moyens de nuisances à l’actif du sorcier

seraient la métamorphose, le voyage ou vol nocturne, la manducation, l’envoutement…

Reste néanmoins qu’il peut s’agir d’une fausse réalité, une imagination, un épouvantail spirituel

érigé par les religions envahissantes ? Cette compréhension s’accorde bien avec le son de cloche

dissonant apporté par les 3% des répondants qui ont sans ambages taxé la sorcellerie de

superstition et de complot spirituel pour déstabiliser et gruger les peuples ignorants. C’est aussi

l’idée de Boa (2010) d’après qui la sorcellerie serait une production de la mentalité humaine.

Cet auteur dit de la sorcellerie qu’elle n’a ni consistance ni existence en soi et qu’elle correspond

à une simple verbalisation de notre souffrance et de notre désir de plénitude. Dans cette

approche, on n’est pas bien loin de dénoncer une supercherie stratégique des missions

évangéliques qui doivent entretenir une frayeur pour vendre la fortification, pour vendre la

protection divine. Pour autant, il n’est pas logique de réduire au néant la pensée sorcelleresque

vivement défendue par des témoignages de gens de tout bord religieux et en proie à la

souffrance. Le quidam béninois est convaincu de ce que certains hommes et femmes sont dotés

de pouvoirs surnaturels très souvent maléfiques. Même s’ils ne sont que 60% à se présenter

comme ayant été témoin ou victime de faits de sorcellerie, tous (97%) paraissent experts dans

la définition des attributs du sorcier.

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

FIGURE 2 : diagrammes des representations sociales sur la sorcellerie

Même si la majorité des populations disent ne pas ou ne plus avoir peur des sorciers, ils

s’estiment être sous le rempart de l’esprit saint de Dieu, il n’en demeure pas moins que le clair

de leur temps de culte est fait de prières de délivrance et de combat contre la sorcellerie. En tout

état de cause la sorcellerie assimilée aux vaudous reste une fixation métaphysique au sud-Bénin.

Plus de la moitié des personnes interviewées ont montré une certaine obnubilation exprimée

par une tendance à tenir compte de la sorcellerie en toutes circonstances. La peur est une

constance dans la vie des populations qui croient en la sorcellerie. Mais qu’est-ce qui justifie

cette peur ? Est-ce la sorcellerie qui génère la peur ou bien c’est la peur d’autres choses qui

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

invente la sorcellerie ? Pour Koning (2016), la paranoïa autour de la sorcellerie, a resurgi en

Afrique subsaharienne parce que les conditions de développement agricole font défaut, ce qui

conduit à la lutte pour des chances et une érosion de la réciprocité entre les générations. Quelle

qu’en soit l’origine, les populations du sud-Bénin et plus largement l’ensemble du pays sont

dans cette psychose aux conséquences complexes et variées. Ainsi, nombreux sont ceux qui

affichent un niveau de vie peu ou pas radieux juste pour ainsi éviter la convoitise,

commencement de la sorcellerie. Des commerçantes refusent de vendre leurs articles ou

produits à une catégorie de personnes qu’elles suspectent se fondant soit sur leur vieil âge, leur

manière de parler ou de regarder. Selon les populations du sud-Bénin, tous les malheurs ont un

déterminant invisible ou intangible. Ainsi, nombreux sont les parents qui prennent des

dispositions anti-sorcellerie à la veille des examens pour protéger leurs enfants écoliers, élèves

et étudiants. A cette fin, des recettes ethnobotaniques sont promues de bouche à oreille comme

dans un élan de solidarité secrète entre les communautés. Voici les noms de quelques plantes

dites « magiques » et qualifiées de « Azé-glo » (douées de propriétés anti-sorcellerie) ou

intervenant dans le désenvoutement en communautés « Fon » du sud-Bénin :

- Cesalpinia bonduc sp.

- Pterocarpus santalinoides

- Afzelia africana

- Carica papaya (papayer)

- New bouldia laevis (Hysope africaine)

- Portulaca oleracea

- Euphorbia hirta

- Ocinum canum

- calotropis procera

- Musa paradisiaca

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

2.17. Processus de construction sociale d’un phénomène

Le socioconstructivisme envisage la réalité sociale et les phénomènes sociaux comme étant

« Construits ». Autrement dit, ces phénomènes seraient crées institutionnalisés, et

traditionnalisés.

Le Constructivisme social se concentre sur la description des institutions des actions en

s’interrogeant sur la manière dont ils construisent la réalité.

La perception du monde social est un produit culturel dont la raison ultime est à trouver dans

les processus conscients (Berger, Luckman 1996).

« La vie quotidienne se présente elle-même comme une réalité interprétée par les hommes et

possédant pour ces derniers un sens de manière subjective en tant que monde cohérent (Berger.

Luckman 1996, P66)

Le constructivisme est une approche de la connaissance reposant sur l’idée que notre image de

la réalité ou les notions structurant cette image sont le produit de l’esprit humain. Ceci en

interaction avec cette réalité, et non le reflet exact de cette réalité elle-même.

Pour Jean Michel Besnier, le Constructivisme désigne d’abord…La connaissance des

phénomènes qui résulte d’une construction effectuée par le sujet »

L’individu se représente le monde de façon subjective et en impose aux autres par la

socialisation.

Il existe plusieurs courants de pensées constructivistes selon les disciplines auxquelles cette

approche est appliquée et selon les perspectives envisagés.

Quelle que soit l’option, nous apprenons que les choses ne sont pas ce qu’elles semblent être.

C’est pour cela que tous les constructivistes s’abreuvent à la source de Kant.

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

Emmanuel Kant est perçu comme « le grand pionnier de la construction. Le constructivisme

affirme la soumission de l’individu à des règles structurelles. Le constructivisme définit la vérité

comme une « construction » sociale qui dépend donc de la société où elle apparait.

Ceci correspond parfaitement au sujet de la sorcellerie : elle diffère d’un individu à un autre,

d’une société à une autre au sein d’une même nation.

Pour le philosophe, nous ne pouvions percevoir que les phénomènes à partir desquels nous

construisons les models de pensées fictionnels auxquels nous accordons une valeur de réalité.

(Hans Vaihinger, 1993).

Nous nous comportons « comme si » le monde correspondait à nos models. Vaihinger souligne

que « Nous sommes habitués à considérer comme réel tout un nom, sans penser que nous

pouvons certes attribuer un nom au réel, mais aussi à l’irréel. Sans l’individu et son expérience

personnelle, le monde extérieur n’a aucune signification. « Ma main se sent touchée aussi bien

qu’elle touche » ; réel veut dire cela, et rien de plus. Les vérités sont choses à faire et non à

découvrir ; ce sont des constructions et non des trésors. Pour Gaston Bachelard, « quoi qu’on

dise dans la vie scientifique, les problèmes ne se posent pas d’eux-mêmes. C’est précisément

ce sens du problème qui donne la marque du véritable esprit scientifique toute connaissance est

une réponse à une question. S’il n’y a pas eu de question ; il ne peut y avoir de connaissance

scientifique. Rien ne va de soi. Rien n’est donné. Tout est construit. C’est l’objectivation qui

donne l’objectivité. L’objectivité n’est que le produit d’une objectivation correcte. On ne

connait un objet qu’en agissant sur lui et en le transformant. La nouvelle vision du monde

devient une construction, une fiction. « La connaissance implique un sujet connaissant et n’a

pas de sens de valeur en dehors de lui. C’est une question écosystémique »

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

2.18. Analyse des fondements des croyances traditionnelles et comtemporaines de la

sorcellerie comme fait social

2.18.1. Fondement, mythe et croyances traditionnelles

Pour les ancêtres des populations du sud-Bénin, certains éléments existenciels sont à

considérer.Dieu/mahou sègbolissa qui surplante tout le panthéon voudoun: minon nan / la

sorcellerie, Lègba, le culte des morts (tohio et la géomancie du fâ).

Dieu / Mahou sègbolissa

« Sεgbo-Lissa », comme on s’en rend compte selon mahougnon kakpo, est un mot composé. Il

est formé de « Sεgbo » (Âme Suprême, Grand Destin, Destin des Destins). Sur le plan

métaphysique, notamment dans la sphère ontologique, il s’agit de la Nature dotée d’une Âme

consciente, inaltérable, insaisissable et incommensurable, mais vivante et active qui sustente

aussi bien le non manifesté que le manifesté. Cette Âme Suprême emplit toute l’existence

visible et invisible et, par conséquent, ne peut être représentée. Ainsi conçu, « Sεgbo » ou

« Dada Sεgbo » (le Suprême Destin, l’Âme Suprême) est considéré comme l’Etre Suprême, le

Dieu Unique qui a tout crée et que rien n’a créé. Ce concept de la destinée des destinées, le plus

haut de tout ce qui existe, Transcendance Supérieure, est traduit par le terme « Mahu », une

abréviation de l’expression « Nu yèmàhúgan » : « ce que nul ne peut dépasser », c’est-à-dire la

Sagesse Suprême, l’Un, l’Ineffable, l’Inconnaissable, l’Incommensurable, le Non-Manifesté ou

encore le Grand Architecte de l’Univers et que certains appellent Dieu. Il est régenté par

l’Energie Solaire. Sεgbo-Lisa est le principe de la Force.

Le terme « LiSa », qui est la seconde composante de l’expression « Sεgbo-Lisa » quant à lui,

est l’aspect féminin associé à l’’Âme Suprême afin d’obtenir une harmonie et un équilibre sur

le plan des vibrations. « LiSa » signifie « Esprit saint, Esprit blanc » de même que la couleur

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

blanche est sa couleur d’attache. En s’associant à Sεgbo, « LiSa » permet de lui conférer le

qualificatif de Dame Nature. S’il est possible de représentersεgbo parce qu’il s’agit de la

Transcendance Supérieure que nul n’a jamais vue mais qui a tout créé, LiSa par contrest

représenté et son archétype est le caméléon.

Je dois toutefois préciser que lorsqu’il n’est pas associé àsεgbo, LiSa considéré comme une

entité est un Vodun, le Vodun Lisa. Ce Vodun, caractérisé par la propreté (d’où sa couleur

préférée qui est le blanc), confère l’élégance, le prestige, la promotion, l’ascension et

l’assurance à son fidèle. Il y a plusieurs émanations dont Mͻlu (qui incarne le Soleil et la Lune

à la fois), Agbaju (qui ne consomme ni du sang ni de la viande), Afͻ tεnwekanwe ko (qui possède

sept fois cent pieds).

Sègbo-lissa est le dieu de l’univers.

Dieu

Dieu est l’Etre Absolu, totalement affectueux, qui nous porte en Son sein comme tous les autres

êtres existants, les règnes et éléments de la nature, les plans d’existence et les corps célestes,

embrassant TOUT, c’est-à-dire toutes les choses existantes, vues comme un seul Être. Mais de

plus, il y a dans le corps de Dieu ce qui est considéré comme inexistant et appelé la non-

manifestation. Le Dieu qu’invoquent toutes les religions est le même, quel que soit le nom

qu’on Lui donne.

Il n’y a absolument rien qui ne soit pas Dieu. Dieu immanent, c’est Dieu en nous, et c’est ce

que nous appelons le Christ ou Microcosme. Chacun peut penser et méditer : « je suis la

Présence de Dieu partout où je me trouve. »Dieu Transcendant est le Macrocosme. Les deux

formes de Dieu sont une et invisible, car l’une est contenue dans l’autre, et inversement.

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

Dieu est l’Energie qui est en tout, aussi bien dans ce que l’on appelle habituellement divin ou

spirituel que dans le matériel. Prenons les hélices d’un avion : quand elles sont arrêtées, on voit

les pales, mais dès qu’elles commencent à tourner, elles apparaissent comme un disque, et il y

a un moment où elles tournent si vite qu’on ne voit plus rien, en raison de la très haute vibration.

Au fur et à mesure que s’élève la vibration, elle devient invisible. C’est pourquoi on dit que ce

qui a une haute vibration est spirituel et invisible. (Rubèn Cedegno, les piliers de la

méthaphisique)

Univers

C’est l’univers que constitue le monde physique et que nous appréhendons bien avec nos cinq

sens. Cet univers est composé de tout ce qui existe matériellement, physiquement, que ce soit

du règne minéral, végétal, animal ou humain ; du macrocosme (les astres planètes, étoiles, les

nébuleuses, les galaxies…) au microcosme (les molécules, les atomes, les électrons, les protons,

les neutrons, les cellules etc…). Toutes ces composantes qui comprennent le contenu, le

contenant et le milieu contenant, tous trois s’étendant à l’infini constituent un tout. Il existe une

relation d’interdépendance, d’interconnexion et d’interaction entre les composantes du contenu

par l’intermédiaire du milieu contenant.

La mythologie des peuples Fon est complète et se suffit à elle-même. Faut-il rappeler qu’elle

comprend : UN ÊTRE SUPREME, DIEU MAWU-LISSA, créateur de l’univers et de toutes

choses, MAÎTRE SUPRÊME du monde visible et invisible.

MAWU-LISSA a généré deux grands vodouns : Hêbiosso ou Hêviossoqui a en charge le

monde céleste : c’est un vodoun mâle qui féconde la planète terre. Sakpata, vodoun femelle,

mère nourricière, pourvoyeuse de richesse et de bonheur. Elle porte en son sein toutes les

créatures de Dieu ; Sakpata est le maître de la planète terre. Ensuite viennent les autres

puissances telles que : la sorcellerie, les ancêtres, le lègba, le Fa etc…

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

Les grands vodouns ont donné naissance à es panthéons de vodouns que l’on peut dire

secondaires. Les grands vodouns Hêbiosso et Sakpata qui gouvernent, le premier le ciel et le

second, la planète terre, forment avec le maître suprême MAWU-LISSA, l’unique Dieu du

monde entier, un Dieu TRINE.

A cela s’ajoute le culte des morts appelé ‘‘TƆHIƆ ’’ nous donne l’image de l’organisation des

clans, des collectivités et des familles. Ici, le contrôle et la puissance qu’exerce le chef de

collectivité ou de famille sur celle-ci, est comparable à l’organisation du culte des défunts, le

rôle des ancêtres tenant compte de leur rang et de leur primauté.

Le dernier-né de l’ETRE suprême MAWU-LISSA selon le fon est le Fa. Jouissant de

l’affection particulière du père en tant que Benjamin, il est permanent dans l’illumination

divine. Aussi, à ce titre, il est la lumière, l’esprit qui illumine, inspire et guide la destinée de

l’homme et de toutes choses. Unique possesseur de tous les plans et secrets divins dans la

mythologie fon, seul le Fa peut donner la solution à tous les maux après avoir révélé les causes.

Il parle toujours en paraboles en tant que système de divination. Et seul, celui qui, par un long,

patient et persévérant apprentissage a été initié à ses rites et à son langage, peut traduire et

expliquer les paraboles, dicter les recettes et faire les libations prescrites par le Fa. Celui là

prend le nom de BOKONON.

Minↄ na

Selon Mahougnon kakpo (2017), le Minͻ Na est l’Energie de la fécondité, l’Energie fécondante

et procréatrice. Cette Energie domine toutes les autres Energies cosmiques et assure la

protection et la prospérité du fidèle. C’est le Vodun de la Connaissance supérieure et, ainsi, il

est considéré comme le Vodun qui régente la sorcellerie. Energie bipolaire, le Vodun Minͻ Na

dispose de deux ramifications dont chacune a plusieurs émanations. Il s’agit, d’une part, des

Minͻ Na l‘Energie de la fécondité féminine et qui, par conséquent, ne consomme que des

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

animaux femelles. Ses différentes dérivations sont : Yah, Yah Lodeet Yah

ͻmͻ(ouNyͻxweAnanuqui est la mère de tous les Vodun). D’autre part, la seconde ramification

est constituée de kεnεsile côté mal de l’Energie de fécondité dont les dérivations essentielles

sont : Aze XͻsuKpεnNda(le chef de tous les Kεnεsi ; il est omnipotent et constitue une arme

redoutable dont dispose le fidèle.), Azekini (le Kεnεsiqui va à la chasse comme un lion (kinikini)

et qui assure la défense du fidèle), Aze zogbe(c’est la force d’action rapide et imparable du

fidèle) GbagbaGlawu(c’est la force d’attaque dont dispose le fidèle pour éliminer l’ennemi),

Gbadu( «gba »=calebasse en yoruba ; « du »=«terme vulgairementtraduit comme «signe du

Fa » ; mais il s’agit, en réalité, des archétypes de toutes réalités physiques ou mentales connues

ou inconnues de l’homme. «odu » est donc grande parole que Fa a enfermée dans une calebasse

représentant la terre et le ciel, c’est-à-dire tout ce qui existe même s’il est connu de l’homme ;

«Gbadu » est donc la cristallisation de toute la force du Fa dans une seule calebasse et destinée

à sauver l’homme. Constitué donc des quatre éléments de la nature et attiré par le cinquième

qui est le sang, ce Kεnεsic’est-à-dire Gbadu, est l’un des plus dangereux dont peut disposer le

fidèle) la représentation microcosmique deMinͻ Naest la matrice, le sexe féminin et sa forme

terrestre et le plateau de bois sculpté nommé « Akpakpo », le siège en bois.

2.18.2. Arcane et profondeur de minↄ na / sorcellerie

Pour David Koffi Aza, la sorcellerie est une affaire de femme il le dit en écrivant qu’il n’est pas

chose aisée d’écrire pour ou contre la société secrète des minnonan. Le monde des femmes…

est un monde complexe et délicat. Il spécifie en notant qu’ici il est question de femmes

illuminées et diversement puissantes dont les humeurs changent pour un ‘’oui’’ ou pour un

‘’non’’.

Il parle ensuite de la peur que fait ce monde tout en notant la présence ‘‘ à la fois réelle et

discrète’’ de ces dames présentes partout.

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

David Koffi Aza affirme que ‘’l’homme est au centre de tout et que toute science, pratique,

technique et technologie comporte toujours une double dimension : le bien et le mal puisque

l’un n’existe pas sans l’autre, comme le jour et la nuit, le positif et le négatif, l’électricité et le

magnétisme’’.

Sur d’autres continents les mêmes phénomènes avaient aussi vu le jour et ces initiés étaient très

avancés dans leurs recherches sur les pratiques occultes susceptibles d’influencer les êtres et

les choses. Leurs efficacités sur les cas qui leur étaient soumis sont telles qu’elles sont en passe

de prendre le pas sur la religion occidentale, alors leurs pratiques étaient accusées d’hérésie et

ces initiés sont traqués aussi de part et d’autre.

Venus en Afrique et ayant constaté une similitude entre les pratiques, les nôtres aussi sont

frappés du même nom que leurs homologues des autres continents ‘’sorcières’’.

Ici et selon la conception profane, la sorcière est celle-là qui a pactisé avec les forces du mal et

‘’mange’’ l’homme la nuit ; peu après, les autres pratiques des autres disciplines sont aussi

rangées dans le même registre où tout ce qui concerne notre identité culturelle et cultuelle est

automatiquement traité de sorcellerie. A cela s’ajoutent certains discours relevant du sophisme

pour faire peur à la masse afin de pouvoir profiter de leur naïveté.

De nos jours, toutes les difficultés existentielles de l’Homme ont toujours un relent de

sorcellerie selon nos sophistes illusionnistes au point où l’on doit se poser la question de savoir

où est Dieu ? Que devient le destin ? Et les conséquences de nos turpitudes.

Le phénomène s’accentue et s’étend aujourd’hui sur la majorité des fils et des filles. Les femmes

âgées sont traitées de sorcières, les enfants hypocrites sont traités de sorciers, tout se mélange,

se mêle et s’entremêle.

En réalité, la plupart des femmes (non initiées bien sûr) ignorent ce qu’elles sont de même que

les hommes aussi ignorent ce que représente la femme.


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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

Le premier écoulement de sang par le vagin (les menstruations) consacre la femme dans toute

sa plénitude et déclenche ainsi une activité matricielle énergétique virtuelle ; la fille

généralement est inconsciente ; c’est sur le chemin initiatique hérité chez les matrones que

l’initiale commence par prendre conscience de son être et de son état : c’est illumination.

Au fur et à mesure, les connaissances reçues çà et là et régulièrement appliquées élèvent ainsi

l’illuminée au seuil d’une pleine conscience où l’énergie procréatrice de vie atteint l’androgyne

donc capable d’ôter encore la vie qu’elle donne ; son centre de commandement se situe au

sommet de crâne et peut être activé positivement ou négativement par l’émotion, ou par la

volonté manifeste de l’initiée.

Le déclanchement par émotion peut être inconsciemment fait et c’est le cas de la sorcellerie le

plus révélé par certains, or ça se manifeste même chez les non-initiées. Toute femme est à priori

‘’sorcière’’ même non initiée.

La première sorcellerie qui nous influence est celle de notre mère.

L’anatomie occulte de l’Homme est telle que nous sommes tous liés à notre mère par son utérus

car nous provenons de là. Même profane tout désaccord qui surgit en elle vous crée une

vibration antagoniste qui prend sa source depuis son vagin jusqu’à vous et souille votre aura.

Cet état de choses peut créer des échecs dans votre vie, l’instabilité, la maladie et beaucoup

d’autres difficultés dans votre vie. En allant consulter on peut vous parler de la présence de

sorcellerie, ou même parfois on peut vous dire que votre mère est sorcière ‘’pauvre d’elle’’ elle

peut être tout à fait innocente. C’est pareil pour les femmes régulières que nous avons dans nos

foyers.

Ce qui précède ne saurait réfuter la présence de la sorcellerie dans nos familles ; la sorcellerie

existe belle et bien.

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

Dans un autre cas, c’est une fausse image qui est présentée ; la sorcière qui veut agir utilise

généralement une tisane à base de plante de ‘’Zinflouman’’ pour cacher son vrai visage et

prendre une apparence d’un innocent pour commettre con forfait ; au bout du rouleau, c’est

l’innocent qui sera détecté et traité à tort de ‘’sorcière’’ « awotcho » tandis que la vraie sorcière

en toute quiétude et alimente parfois la polémique.

C’est un monde virtuel bourré d’illusions, rien de ce que vous voyez n’est sûr et vrai. Un initié

peut prendre l’apparence de tout le monde même de votre père, de votre mère, de vos enfants.

Seuls les illuminés de haut niveau parviennent tant bien que mal à discerner les choses.

De nos jours, des familles sont divisées par ces fausses révélations de la présence de la

sorcellerie.

Reconsidérons désormais notre position et vision par rapport à cette connaissance révélée.

La sorcellerie ou encore appelée ‘’AZE’’ désigne la connaissance supérieure ou la supériorité

de la connaissance, connaissance cachée au public bien entendu.

Quant à sa couleur, nous continuons toujours de nous poser la question, qui a vu la sorcellerie,

qui a vu la sorcellerie ? Quelle couleur a-t-elle ? Combien en existe-t-il ?

A notre avis et jusqu’à aujourd’hui, la sorcellerie n’a aucune couleur ; qui l’a vue peut nous les

montrer. La connaissance est incolore et innombrable ; voilà encore une autre dérive

d’information, on vous parle de 41 sortes. C’est aberrant, aucune science n’a une possibilité

dénombrable, cela dépend de celui qui l’applique. La sorcellerie a une possibilité incalculable

d’actions.Elle peut tout faire en tout temps en et tout lieu sauf résistance proportionnelle à sa

force de frappe’’.

La composition de l’énergie mère se fait à base de ce que nous mangeons habituellement mais

retourné d’une manière inhabituelle. Rien ne tombe du ciel. Vous côtoyez la sorcellerie tous les

jours, vous êtes dans la sorcellerie qu’on en est conscient ou non.


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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

Le rôle fondamental à elles confié par la société était celle de l’éducation, de sensibilisation et

de consolidation des familles sans oublier celui des couvents de cultes.

La culture de l’aspect négatif de cette connaissance avait conduit certaines initiées à des dérives

qui frisent la cruauté, la méchanceté et la barbarie. Bien sûr que la vertu des éléments des trois

règnes avait permis à d’autres non initiées de poser des actes qui sont semblables à ceux de la

sorcellerie.

Mais n’empêche, elle fait beaucoup de dégâts et cela pose l’épineuse question de la

transmission ; allons-nous continuer à transmettre les connaissances à des ‘’sournois’’ ?

Candidat potentiel à la sorcellerie barbare ?

Source de délivrance par le passé, la sorcellerie crée de nos jours le pire cauchemar aux

populations qui sont persécutées dans plusieurs domaines de leur vie.

Dans les milieux forts polygames, le phénomène est très visible et les séquelles sont énormes.

Le tout fonctionne sur le Binaire (2)

Ces connaissances (40) sont à la base des nombreuses divinités liées à la sorcellerie que nous

disposons dans notre panthéon.

L’on se pose la question de savoir d’où tirent-t-elles leur puissance ?

Tous les êtres et les choses véhiculent à divers degré la puissance supérieure, ainsi, les ex-

accoucheuses ont pu recevoir des animaux, les plantes et des minéraux des techniques leur

permettant d’accroître la puissance du vagin.

Quarante (40) au total ont été retenus pour renforcer la quarante et unième : le vagin. Ces

quarante techniques sont issues par exemple des animaux : le lion dont la connaissance porte le

nom ‘’AZE KINI’’ : ‘’Azé-lion’’ ou ‘’sorcellerie du lion’’ la panthère, l’hyène, l’aigle, le

vautour, la vipère, le cobra, le requin etc.

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

Des éléments tels que le feu dont la connaissance porte le nom de ‘’gbagbaglawou’’ ‘’trop

chaude’’.

Ce nombre encore n’est pas limitatif, seulement celle qui parvient à aspirer la puissance de ces

40 animaux, plantes et minéraux est considérée comme matrone à part entière. Donc l’initiée

qui accomplit cela équivaut au grade de général d’armée mais les recherches et études

continuent car ce n’est pas une fin en soi que d’avoir pu aspirer la puissance des 40 animaux.

Il faut retenir que le nombre de puissances ne définit pas le champ d’action de l’initié qui

dispose d’une large marge de manœuvre.

Le tout fonctionne sur le Binaire (2)

Ces connaissances (40) sont à la base des nombreuses divinités liées à la sorcellerie que nous

disposons dans notre panthéon.

Les formes masculinisées sont appelées ‘’KINNINSI’’ tandis que les formes féminisées sont

appelées ‘’MINON NAN’’ et le tout ‘’Azévodoun’’ ‘’Divinité de la sorcellerie’’.

Ces divinités sont des représentations partielles des leaders de cette société secrète.

Il est de devoir de restaurer l’image de cette prestigieuse organisation tout en dénonçant les

dérives de leur pouvoir opérées par quelques illuminées parmi elles ; de renforcer les

sensibilisations surtout dans la connaissance du mécanisme de la loi divine car tout pouvoir

provient de l’Etre Suprême, le Grand Architecte, le Maître du monde.

Nous ne saurions tirer une conclusion formelle à l’issue de ce qui précède, nous n’avons pas la

prétention de prêcher pour une paroisse ni de dénigrer une autre. C’est une occasion pour nous

de relancer le débat sur cette épineuse question sur la sorcellerie. Tirer ce qui est bon et se

débarrasser des tares qui nous minent. Essayons de voir ce qui est bien dans les êtres et les

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

choses et le monde sera plus beau et plus juste. Nous préférons laisser chaque lecteur se faire

une idée selon sa compréhension des choses et en tirer sa conclusion.

Nous voudrions bien faire preuve de retenue et croire en votre sens de discernement et la hauteur

que vous prendrez en lisant cet ouvrage.

L’essentiel est que nous pourrions changer de stratégie cas celle jusque-là utilisée a échoué et

que notre civilisation s’engouffre de plus en plus. Mais demain peut présager d’un lendemain

meilleur.

Sur le plan traditionnel, et, dans la hiérarchie des divinités, la première trilogie des divinités

fondamentales est composée de SEGBO-LISSA - MINON NAN -BOKOLEGBA, le père du

monde, Dieu manifesté. SEGBO signifie ‘’GRAND’’ ‘’PERE’’, le Père Suprême et LISSA

exprime la Sainteté, la Pureté, l’Immaculé, l’Esprit. Le Père ne pouvant pas être représenté car

‘’Nou dé man hu’’ : ‘’MAHU’’, c’est le LISSA qui est représenté et qui incarne à la fois SEGBO

ET LISSA.

Ailleurs, il est considéré comme la monade, le germe actif de la création. Le’’1’’ ou encore

‘’Dieu solaire’’: RA

MINON NAN, représente notre ‘’Mère’’ la Mère Nourricière, la Mère protectrice et

procréatrice, Dieu (ou Déesse) Lunaire encore appelé ‘’Ischtar’’ ou ``Astarté’’. Elle représente

le germe passif de la création, le Binaire : le ‘’ 2’’

BOKOLEGBA, ‘’HOUNDJENUKON’’ ‘’le devancier’’ des énergies : des divinités, est le

Gardien du Seuil, l’Eclaireur des autres divinités, dieu de la ‘’Lumière Vie’’ encore appelé

‘’Belphégor’’’ est le Ternaire le ‘’3’’ le troisième point de la Triade ou encore la Trinité Sainte.

Arrêtons-nous pour ne pas basculer dans la numérologie énergétique cosmique et revenons à ce

qui nous intéresse dans le présent ouvrage. L’Energie Matricielle qui se trouve au deuxième

point de la Trilogie c’est-à-dire le Binaire : le ‘’2’’.


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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

De par sa nature réceptive, sa Puissance transformatrice et sa Force propulsive, l’Energie

Matricielle nous emballe dans une aventure cosmique incommensurable et inépuisable.

C’est le champ d’action de la Reine Mère dont se réclame l’Authentique et Universel Ordre de

la Reine Mère (AUnOR).

Cas pratique : la sorcière et sa calebasse

Mémoire de maîtrise en socio-anthropologie soutenu par Christophe Houngan sous la

direction de Cossi Jean-Marie Apovo, Non datée / Soupan 1981.

Ce mémoire de maîtrise est une photographie des pratiques purement endogènes de la

sorcellerie. Il soutient que « La sorcellerie anthropophagique ... est un facteur de rétrogression

sociale en milieu fon ». A cela s'ajoutent, selon lui les complications structurelles inutiles et

souvent nuisibles de certains rites et le caractère ésotérique de certaines connaissances.

Il affirme également que « La sorcellerie anthropophagique s'acquiert généralement par la

détention et l'utilisation d'une calebasse, " le azéka " » p9.

Christophe Houngan définit le " Azé " comme sorcellerie anthropophagique.Il déclare

également que le pouvoir du sorcier consiste à manger « une substance endosomatique

métamorphosée de sa victime »Ce genre de sorcier est le " Azétͻ “, c’est-à-dire sorcier

anthropophage.

Il a manipulé certains concepts "Moi intérieur", " âmes intérieures ".Il a également soutenu que

« le présumé sorcier, bouc émissaire de son milieu est bien souvent accusé à tort » et que

" l'efficacité du savoir-faire du sorcier dépend généralement de la mentalité de la victime". Et

qu’une "mystification populaire réussie est comme un pouvoir théocratico-charismatique"

Ce qui est aussi intéressant dans le travail de HOUNGAN est de nous avoir plongé dans le

contenu des "Azéka ". Les types de calebasse de sorciers.

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

Analyse

« L’efficacité du pouvoir du présumé sorcier ne serait pas sans rapport avec la conscience de la

victime d’où la fonction de la mystification "Awo “. Dans la sorcellerie. C’est pour mieux

expliquer ‘’le conditionnement théâtralisé ou la mise en scène du drame ou encore le jeu

d’acteur du sorcier-comédien " Awonon " ».

LE AZEKA

Définition de Azéka

C’est la calebasse de la sorcière, une calebasse spéciale voire sacrée. Durkheim dans les formes

élémentaires de la vie religieuse, avait fait une distinction entre le profane et le sacré. Voyons

comment elle a lieu au niveau du Azéka (en fon : Azé = sorcellerie ; Ka = calebasse).

2.18.3. La calebasse profane

La calebasse est une cucurbitacée, un fruit. Elle provient soit de l’arbre qu’on appelle

calebassier, soit d’une plante herbacée rampante qui peut pousser à l’état sauvage ou être

plantée. La calebasse a l’aspect d’un fruit vert tendre. Plus il mûrit, plus son écorce devient

dure. La calebasse est multiforme (formes rondes, ovales, allongées, étranglées)et

multidimensionnelle (ses dimensions varient de celles d’un œuf à celles d’une énorme sphère).

La calebasse profane est exotérique et le Fon s’en sert pour les activités non cérémoniales.

Récipient authentique, surtout en usage avant le phénomène d’acculturation. Le ka peut servir

de bol pour boire de l’eau, du vin de palme "Atan ", de la bouillie, etc. Quand le ka a la forme

et la dimension requises, on l’utilise comme bassine, comme jarre ou comme une simple

cuillère.

Pour transvaser la pâte "wô" de la marmite aux petits récipients apprêtés pour les repas, on

recourt, hier et aujourd’hui, à ce que le Fon nomme "Asikè", morceau de calebasse quasi-

triangulaire. Pour beaucoup de folklores, la calebasse demeure un instrument indispensable.


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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

Dans les relations sentimentales, s’échangent des messages sentencieux sur calebasse. Le ka,

au plan symbolique, représente l’élément le plus féminin de la nature, le signe de la vie. A ce

titre, il qualifie le sein de la femme ("Kanon") et devient ainsi critère esthétique. Au plan

décoratif, la peinture sur calebasse prend de plus en plus d’ampleur.

La calebasse profane est, par conséquent, celle-là qui n’est pas réservée pour des fins

cultuelles. Il importe de ne pas la confondre avec la calebasse en tant qu’objet sacré.

2.18.4. La calebasse sacrée

Elle est exclusivement réservée aux rites initiatiques, divinatoires, tradi-thérapeutiques,

culturels, etc. Dans son emploi ésotérique, le ka devient un objet singulier, distinct. Il inspire

une certaine vénération qui ouvre un vaste champ de la sorcellerie. Nous allons nous en tenir,

pour rester dans les limites de notre travail, à l’usage qu’en fait la sorcière.

Le "AZEKA", est utilisé dans les rites d’initiation à la sorcellerie anthropophagique. Les

procédés pour devenir sorcier anthropophage ("Azéto") sont, en vérité, variés.

Il y a des rites d’initiation où l’on ne fait pas du tout usage de la calebasse sacrée. Toutefois, la

détention et l’utilisation de azéka est le mode d’acquisition de Azé le plus courant. A ce titre

illustratif, nous rapportons ici trois procédés d’initiation.

Le AZEKA de l’organisation

C’est le AZEKA qui reste dans l’organisme de son possesseur. Pour en être détenteur, il faut

disposer d’une petite calebasse à couvercle. On y dépose certaines feuilles : seize "AKIKON-

NAN", seize feuilles de "HINGBAN", soixante-seize feuilles de "DESREGE", un "ATAKUN"

(poivre de Guinée), deux" VI" (noix de colas), la peau intacte du serpent qui a récemment mué.

Les chiffres "16", "76", "1", "2", seraient symboliques, mais les sorciers ne sont pas unanimes

sur leurs interprétations. La peau du serpent permettrait au néophyte de se débarrasser de son

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

enveloppe corporelle (dédoublement), la nuit, pour se rendre aux réunions nocturnes en

LINDON.

On ferme le ka contenant tous ces éléments précités, avec son couvercle. On l’emballe dans un

satin rouge (la couleur du sang, le symbole de danger) pour le griller. On le pulvérise. On

ramasse la poudre ("AFIN") obtenue dans un récipient quelconque. On y ajoute un verre de

madère (KOFU KPEVI) de sodabi (boisson alcoolisée locale) ou de "GIN". On absorbe ce

breuvage. Il se forme un petit bouton à un endroit du corps, sur le biceps branchial par exemple.

On dit alors que le AZEKA est dans l’organisme de l’initié, à cet endroit de son corps.

Le AZEKA de maison

Le AZEKA de maison ne reste pas dans l’organisme, mais à un endroit caché de la maison.

C’est une petite calebasse à couvercle dans laquelle on plie seize feuilles de "DESREGE". On

y ajoute également un bout de satin rouge, les ongles des doigts et des pieds, sept atakun, sept

vi, sept "Ahoé" (cola garcinia, en langage botanique).

On verse de l’huile de palme sur cet ensemble. Avant de coucher, on plonge ses doigts dans le

contenu de la calebasse en prenant soin de gouter l’huile. Ainsi, endormi dans sa chambre, on

se retrouve simultanémentailleurs, en LINDON, dans sa corporation secrète.

Rite pour voir les détenteurs de AZEKA en réunion nocturne

On grille le cœur d’une poule à plumage blanc, jusqu’à ce qu’il soit réduit en cendres. On

pulvérise les cendres avec la feuille "Drô" (droman). On prend un pagne blanc que l’on découpe

en seize petits morceaux. Dans chaque morceau de tissu blanc, on met une petite quantité de

cendre, de manière à former seize petits tas. On range ces tas dans une petite calebasse à

couvercle. On remplit la calebasse d’huile de palme. Avec de l’eau, on avale un des seize tas,

puis on boit un peu de sodabi ou de gin. On mélange un peu de sang de la poule immolée à la

feuille "Felidjimi" (terne nago ou yorouba). Avec les cinq doigts d’une main on broie (ku su)
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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

cette feuille. On met le liquide qui en sort sur les yeux. La nuit on parvient à voir, endormi ou

à l’état semi-hypnotique, les détenteurs de AZEKA en réunion nocturne. Autrement dit, l’on

quitte son enveloppe corporelle (dédoublement) tout comme les Azétô.

Seulement, il faut faire attention. Car pendant les sept jours consécutifs suivant, il faut s’abstenir

de manger de la viande. Sinon on devient automatiquement sorcier. Généralement, on s’arrange

pour observer ces Azéto en assemblée à leur insu. S’ils vous aperçoivent entrain de les regarder,

ils ont pleinement conscience, le jour, que vous les avez vus la nuit.

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

CHAPITRE 3 :

LA SORCELLERIE (AZE) : SAVOIR,

CONNAISSANCE, UNE BATTERIE DE SCIENCES

FORMALISEES

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

Sorcellerie (AZE) : savoir, connaissance, une batterie de science formalisé.

Une bonne observation du phénomène montre que la Sorcellerie (AZE) n’est pas une chimère.

Elle est plutôt la manipulation d’une multitude de sciences bien formalisées. Des disciplines

qui peuvent être enseigné pour le développement total et intégral des pays africains.

3.1 Le savoir (caractéristiques et organisation)

Les différentes définitions de la sorcellerie nous ont montrées qu’elle est un pouvoir.

Mahougnon Kakpo écrit que ‘’le savoir est un pouvoir’’ (kakpo, Yeku meji)

Il convient ici de lister et de définir certaines sciences, savoirs dont la maitrise du contenu élève

l’individu au grade de sorcier.

3.1.1. La connaissance (caractéristiques et organisation)

La connaissance désigne un rapport de la pensée à la réalité extérieure et engage la notion de

vérité comme adéquation de l’esprit et de la chose Par extension, contenu de la chose visée, et

s’oppose à erreur ou illusion. Ses caractères sont l’universalité et la nécessité, ce qui suppose

de réfléchir sur la méthode propre à nous faire parvenir à la connaissance. Au plus bas degré de

réalité correspond le plus bas degré de connaissance. Toute connaissance part de l’expérience

et s’achève en elle. Elle est une analyse qui s’appuie sur les idées innées.

Connaitre une chose, en effet, c’est se l’assimiler, se la rendre intérieure, la faire sienne, et

ainsi se la rendre présente au sens le plus fort, au tour d’une véritable « intussusception » tout

en lui laisant son statut de réalité extérieure, indifférente, en tant que telle, au processus par

lequel elle devient objet de connaissance.

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

On a affaire à la connaissance imaginaire qui peut être productrice, la connaissance abstraite

qui saisit non des objets concrets, mais des formalités isolables, considérées en tant qu’elles

sont attribuables à des objets concrets.

La connaissance n’est ici que la prise de conscience par le sujet de l’activité productrice de la

pensée qui s’exerce en lui.

Savoir et connaissance : quel rapports ?

Eu égard aux deux définitions mentionnées en haut, il convient de noter de façon succinte que

savoir et connaissance ont des liens très étroits. D’où l’équation connaissance = savoir +

initiation

Savoir et connaissance : Quel ancrage pour la sorcellerie ?

La sorcellerie suppose la maitrise des savoirs naturels ajoutés à une bonne dose d’initiation.

3.2.1. Homme : un mystère

L’homme, cet inconnu, a toujours suscité de vives controverses. C’est ainsi que jadis, le

sophiste Protagoras affirmait que, l’homme est la mesure de toutes choses et qu’il est libre, en

conséquence, de choisir ses sentiments et de se donner telle ou telle loi. Le mystère de notre

destinée nous enveloppe entièrement. L’homme qu’Aristote définissait comme « le vivant qui

habite une cité » est devenu œcuménique. Il est de plus en plus un citoyen du monde et

commence à sortir de sa planète natale pour pousser hors d’elle ses investigations. Cependant

le monde ne fournit aucune réponse satisfaisante à ses interrogations concernant son destin.

L’angoisse l’envahit quand il ne peut répondre à cette question : « que suis-je ? ». Et ces paroles

désabusées de saint augustin expriment la déception de tous ceux qui se sont acharnés en vain

à chercher le secret de leur être : « je ne puis concevoir intégralement ce que je suis… C’est sur

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

moi-même que je m’épuise. Je suis devenu pour moi-même une terre de difficultés et de sueurs

accablantes ».

L’homme est une accumulation d’énergie innée ou cultivée, c’est la raison pour laquelle il a le

devoir de se connaître. Comme le disent les Malinkés : « Souffre celui qui ne se connait pas »

et à Socrate de renchérir : « Homme connais-toi toi-même et tu connaitras l’univers et les

dieux. »

3.2.2. La philosophie gnostique

De façon très générale la gnose, (du grec gnosis : connaissance) est un concept philosophico-

réligieux selon lequel le salut de l’âme passe par une connaissance (expérience ou révélation)

directe de la divinité et donc par une connaissance de soi (Wikipédia)

3.2.3. Tout homme est un sorcier qui s’ignore

Lorsqu’on est ignorant de quelque chose, l’instinct devient le maître de nos actions. Un exemple

simple, c’est le cas de l’immigration clandestine. A travers la télévision, beaucoup de gens

quittent volontairement leur pays où ils ont tous les droits, pour se rendre dans un pays où ils

n’ont aucun droit. Avant de quitter leur pays, ils se basent en plus de ce qu’ils ont vu à la

télévision, mais aussi de ce que certains sorciers venus de l’Occident, leur font croire.

Il y a deux catégories de sorciers : le sorcier conscient et le sorcier inconscient. Le sorcier

conscient est celui-là qu’on appelle communément ‘’marabout’’ pour simplifier. Le sorcier

conscient est bien sûr conscient de ses actes.Il connait quand il est en train de faire le mal. Il

vend même le mal ; c’est-à-dire qu’il y a des gens qui vont le voir pour faire le mal. Ce genre

de sorciers est facilement identifiable. Le sorcier inconscient est très dangereux parce qu’il ne

sait pas lui-même qu’il est sorcier. C’est comme un enfant dans une maison qu’on utilise pour

aller toujours demander quelque chose à papa. Cet enfant, parce qu’il ne comprend rien, ira

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

toujours demander à papa ce que ses frères et sœurs vont lui dire. Le sorcier inconscient c’est

toute personne spirituellement morte ! C’est tout homme qui trompe sa femme ou qui ne

respecte pas sa femme. C’est toute femme qui ment ou qui vole. C’est toute femme qui expose

partiellement ou totalement les parties de son corps.

3.2.4. Le soliloque du sorcier

Wolly Wonka « C’est par nous que la magie existe. C’est par nous que les contes traversent les

âges » et de poursuivre ‘’les hommes sont des conteurs, et ils narrent les récits dont nous

sommes les héros. Chacun de nous est un être de mythe et de légende. Comme nous rapportons

les exploits des Argonotes, des chevaliers de la Table Ronde, et des habitants de la forêt de

Sherwood, les générations futures rapporteront nos épopées. Dès la naissance, notre mémoire

est déjà remplie des rêves de nos vies précédentes et à mesure que nous grandissons, notre

légende personnelle prend forme.

Un enchanteur (magicien – sorcier) diffère du commun des mortels parce qu’il mesure

l’importance des récits et des mythes. Il a conscience qu’un récit peut façonner le futur et qu’il

nous permet de comprendre qui nous sommes, d’accéder à nos origines et de nous représenter

ce vers quoi nous cheminons.

L’enchanteur qui accompagne le héros d’une enquête initiatique l’aide à percevoir le monde au

delà de ses apparences. Il lui révèle les mystères par lesquels toutes choses sont reliées entre

elles, tel Obi-Wan Kenobi qui explique à Luc Skywalker ce qu’est la Force. Il lui explique aussi

quel est le but de sa mission et quelles forces il lui faudra vaincre pour restaurer l’équilibre du

monde. (Oberon zell-ravenheart in Grimoire de l’apprenti sorcier)

Cela relève d’une pure absurdité de donner une définition objective de la sorcellerie ou azé. En

fon azé se décompose en a / ze : toi pris : tu prendre

170
Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

‘’Tu as pris’’ ce qui signifie selon les anciens que la sorcellerie est ce que tu as pris pour pouvoir

régler un problème. Toutes les formes de connaissances utilisées pour faire face aux défits

existentiels sont en quelque sorte sorcellerie : comme Merleau Ponty l’auteur dit de la

phénoménologie c’est en nous même que nous trouverons la définition de la sorcellerie. Tout

porte à croire que la sorcellerie et les sorciers ont eux-mêmes lutté pour que le terme soit

caractérisé par une non définition. Et c’est là que se trouve le mystère et l’intérêt de son étude.

En ce sens, la sorcellerie a été construite comme mythe et réalité. La sorcellerie comme un

mythe.

Nos mythes, nos cultures ont fondé nos existences pendant des siècles. Dans cette durée, ils ont

crée des réalités qui, si elles ne sont pas fausses, sont construites (Berger, Lukman)

Il s’agit dans ce sujet de revisiter le concept de la sorcellerie, de poser le ‘’Distouri’’ sur le

bubon et l’opérer pour voir au laboratoire de la réflexion si certaines pues ne sont pas

thérapeutiques ou si la mauvaise odeur dégagée ne dépend pas de l’odorat du sujet qui apprécie

l’odeur. L’étude procède à une relecture, une redéfinition afin que les perceptions soient

reformées. La sorcellerie a des atouts pour le développement. Dans cette démarche, un symbole

nous parait important : les ordures. Plusieurs études ont montrés que les ordures sont de ‘’l’or

dur’’. C'est-à-dire qu’il y a une richesse profonde qui se dégage de l’utilisation des déchets que

notre société rejette azé ou la sorcellerie produit du développement dans plusieurs de ses

aspects.

Il se voit clairement que la sorcellerie est une source de connaissances à travers l’exemple des

grands savants. Elle s’implique ainsi logiquement dans les facteurs essentiels du

développement.

171
Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

3.3. Pour une politique de formalisation d’un savoir sorcier pour le développement.

Il convient de retenir que le sorcier est un savant qui a connu une initiation. Les savoirs et

connaissances méritent donc une politique pour leur formalisation

3.3.1. Fondements de la connaissance dans la vie quotidienne

Ici ils montrent que l’analyse phénoménologique de la vie quotidienne, s’abstient de toutes

hypothèses causales ou génétiques, tout comme d’assertions relatives au statut ontologique des

phénomènes analysés. Pour les sociologues, la réalité est contraignante. On sait juste qu’elle

est réelle puisqu’on existe dans la routine de la vie quotidienne.

L’interaction sociale dans la vie quotidienne : les rencontres avec les autres dans la vie

quotidienne sont la plupart du temps typiques dans un double sens on appréhende l’autre comme

un type et on interagit avec lui dans une situation qui est elle-même typique. :

Savoir est un pouvoir

Les différentes définitions de la sorcellerie nous ont montré qu’elle est un pouvoir.

Mahougnon Kakpo écrit que ‘’le savoir est un pouvoir’’ (kakpo, Yeku meji)

Il convient ici de lister et de définir certaines sciences, savoirs dont la maitrise du contenu élève

l’individu au grade de sorcier.

3.3.2. La sorcellerie : une batterie de sciences formalisées

Il convient de noter que la pratique de la sorcellerie requiert la maitrise d’un certain nombre de

sciences, savoirs et connaissances déjà formalisés

3.3.2.1. Le symbolisme

Selon Benoist(1975), « étymologiquement le mot symbolisme vient du grec sumballein qui

signifie lié ensemble. Un symbalon était à l’origine un signe de reconnaissance, un objet coupé

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

deux moitiés dont le rapprochement permettait aux porteurs de se connaitre comme frère et

s’accueillir comme sans s’être jamais vus auparavant. » Un peu plus loin, il souligne qu’ « un

symbole est élément de liaison riche de médiation d’analogie.II unit les contradictoires et réduit

les oppositions …La logique en dépend puisqu’elle fait appel au concept d’équivalence … ».

Tout de suite, il n’hésite pas à connoter le recours au symbolisme, à la quête de la

transcendance, lorsqu’il dit : « c’est pourquoi un symbolisme vital et organique exprimera

toujours mieux qu’un autre les vérités d’ordre spirituel, comme en témoignent les paraboles

évangéliques ». Mais, Benoist est conscient de la difficulté majeurs de recourir aux œuvres sur

le symbolisme ; il en souligne les limites : « S’il existe beaucoup de livres qui traitent de ce

grand sujet, c’est nous semble-t-il, d’une façon particulière et dans un champ limité, même

lorsqu’il s’agit d’ouvrages de vulgarisation. » Selon Benoist (1975), « Aucune d’eux n’explique

les raisons logiques du symbolisme. Les dictionnaires ne font qu’un recensement des mots et le

spécialiste ne s’aventure pas dans le domaine de leurs genèses.Ce sont de simples constats et

non des exégètes que l’on serait en droit d’attendre ». Et Benoist (1975 : 7) d’avancer sa propre

approche du domaine de symbolisme : « c’est pourquoi il nous a semblé utile de suivre les

mutations des signes depuis leurs apparitions jusqu’à leur lointaine métamorphose, notamment

dans le domaine des rites et des mythes, afin de bien montrer leur liaison fonctionnelle » ; et la

particularité : « Nous tenons surtout à préciser que dans la suite de notre développement nous

resterons toujours au niveau le plus élémentaire, le plus primitif, le plus quotidien… ».

Cependant, Benoist nous éclaire sur le modus opérandeur adéquat en précisant : « Nous nous

sommes toujours maintenus au niveau de l’expérience, car nous ne croyons pas que l’homme

puisse jamais s’exprimer plus haut que sa main ». Comme on le voit ici, Benoist a pour souci

de relier l’étude du symbolisme à ce qu’il considère comme relevant des choses de l’ordre du

spirituel ; mais, il n’en demeure pas moins soucieux de l’expérience.

3.3.2.1.1. La Phénoménologie paranormale du rêve

173
Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

Le rêve est un sujet dont maint chercheurs ont adopté la conception de Freud (1988), qui le

définit comme « les reliquats des désirs de l’esprit de veille ». Freud (1988) considère que le

moi osu l’équivalent du conscient, perd le contrôle, et est subjugué par le contraire de ses

frustrations, à l’état de veille : satisfaction à l’état de rêve.

3.3.2.2. Le rêve

« Nous devenons ce que nous rêvons » Laurence Durell (1912-1990). Il est recommandé de

prendre les rêves pour la réalité. L’auteur affirme qu’il est important de prendre nos rêves au

sérieux. Le sommeil, porte des rêves à un Dieu.

En Grèce antique, le sommeil était personnifié par Hypnose, un dieu ailé volant au dessus des

terres et des mères. Tous ceux qui se trouvaient sur son passage s’endormaient irrésistiblement.

Il était le fils d’Erêbe la divinité des ténèbres infernales et de Nyx, la déesse de la nuit et avait

pour frère jumeau thanatos (la mort)

Dans ‘’les métamorphoses’’ de ovide an 5, le poète latin décrit avec détails le palais enchanté

d’hypnose où tout dort. Morphée, l’un des nombreux fils d’hypnose, le Dieu du sommeil avait

pour mission et fonction d’adopter de multiples apparences humaines et d’apparaitre dans le

rêve des femmes et des hommes endormis. En d’autres termes il était passé maitre dans l’art de

la transformation et de la métamorphose. Le rêve peut être l’expression de la voix intérieure.

La manifestation de l’être ‘’je rêve donc je suis’’

René Descartes en 1619,bien avant Freud au dix-neuvième siècle, et Talamonti et Levi-Strauss


²²
au vingtième siècle, ayant recouru au songe (un autre degré du rêve dans le sommeil), ou

découvert les qualités du Song lors de l’établissement de la nature de la méthode de

connaissance, de recherche de données cognitives, et même de cadre objectif de l’exercice de

la réflexion : «avant que le sommeil le quittât».Dans le sommeil, l’homme de science,

174
Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

disposerait d’un espace de capacités intellectuelles, à l’instar de veille, pour nourrir ou produire

son entendement.

Le texte le dit si bien : « M. Descartes, continuant d’interpréter son songe dans le sommeil…Là-

dessus, doutant s’il rêvait ou s’il méditait, il se réveilla sans émotion et continua, les yeux

ouverts, l’interprétation de son songe sur la même idée…Voyant que l’application de toutes ces

choses réussissait si bien à son gré, il faut assez hardi pour se persuader que c’était l’Esprit de

vérité qui avait voulu lui ouvrir les trésors de toutes les sciences par ce songe ».Ces extraits

traduisent, s’il en faut, la continuité du travail objectif de la réflexion du songe dans le sommeil,

à son passage à la réalité c’est –à-dire les yeux ouverts, encore appelé état de veille (Freud,

1988) ou conscient équivalent, ou des synonymes ; et mieux, le concept d’ « Esprit de

Vérité »(Descartes, 2000) se présente. Comment avons-nous alors, appliqué l’interprétation du

rêve (Esprit de Véritable) pour démêler les sens propres au symbolisme du confit armé

ivoirien ?

3.3.2.3. Le paranormal

Le mot paranormal est utilisé pour expliquer un phénomène dont la cause est inconnue de la

science. Le préfixe » para », signifie quelque chose, qui n’entre pas dans la norme ou qui n’est

pas normal. Ici, la norme est tirée du consensus scientifique (jugement et opinion de la

communauté scientifique dans un domaine précis).Un phénomène est dit « paranormal »,

lorsque celui ci ne peut être expliqué par les lois de la nature.

Les parapsychologues, se sont donné pour mission d’étudier le phénomène d’un point de vue

plus scientifique, qui de leurs points de vue y voient la capacité extrasensorielle ou même encore

la psychokinésie.

175
Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

Malgré le nombre de laboratoires de parapsychologie dans beaucoup de grands institutions, le

paranormal est très peu étudié, à cause de son sujet traité qui demeure pour beaucoup pas très

sérieux.

Quelques phénomènes dits paranormaux

Plusieurs phénomènes paranormaux ont été répertoriés, voici la liste de quelques uns d’entre

eux :

– Le concept de Psi (concept qui regroupe d’un coté les phénomènes extrasensorielles

(prémonitions, télépathie …) et de l’autre la psychokinésie).

– L’hypnose (qui lui a été prouvé et reconnu scientifiquement), ainsi que la divination*, le

magnétisme*, la géobiologie* (qui eux, au contraire de l’hypnose, ne sont toujours pas reconnus

par la science)

– Les E.M.I.* plus communément connus sous le nom d’expérience de mort imminente.

– Les moyens de communication, tels que l’auto-écriture, les P.V.E.*, ou plus simplement les

médiums et clairvoyants*.

– Les apparitions (poltergeist*, fantômes, ectoplasmes*)

– La cryptozoologie*

3.3.3. Le mentalisme/mental

En psychologie, le mental désigne les facultés et fonctions intellectuelles. En réalité, c’est à

partir d’un mot ayant une racine indo-européenne ‘’men’’ signifiant « penser » qu’est née la

racine latine ‘’mens’’, ‘’mentis’’ signifiant quant à elle « principe pensant, activité

intellectuelle, intelligence ». Il convient de noter que la mentalité, mot dérivé de mental a bien

le sens « d’attitude mentale ». C’est le mental qui est le plus souvent influé sur la volonté ; les

décisions et les actes. Tout est illusion, c’est là le sens du mental.

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

Le principe du mentalisme est une Loi occulte qui régit tout le Cosmos et qui s’énonce de la

manière suivante : « l’Esprit (le mental) nous fait croire des choses ; tout est mental ; ce que

nous pensons se manifeste. » il vaut bien la peine de mémoriser ce qui précède, parce que c’est

fondamental pour comprendre les choses qui sont de trop dans la vie. Presque tous les

évènements de notre vie : créations destructrices et misérables, de mauvaise volonté, ignorantes,

odieuses, laides, menteuses, agressives, maladives et néfastes sont le produit de notre manière

de penser ; ce sont des créations humaines destructives et elles nous empêchent de contacter et

de développer notre Christ.

L’esprit nous donne la faculté de penser, de nous rendre compte de ce que nous sommes et de

dire « Je Suis ». C’est cela qui nous fait ressembler à Dieu, parce que, comme Lui, l’esprit est

créateur. Si nous n’avions pas d’esprit, nous serions comme des animaux irrationnels ne

disposant pas de la capacité de discernement.

« les pensées sont des choses » cela veut dire que si nous pensons à la foi, à l’espérance ou à la

charité, nos pensées sont comme des entités dotées de l’intelligence d’agir, cela vaut aussi pour

les pensées négatives.

3.3.3.1. La loi de l’analogie

Par analogie on détermine les rapports qui existent entre les phénomènes… La nature est

construite d’après un type primitif qu’on trouvera répété, sinon dans sa forme du moins dans

son essence. Naissance du soleil : le printemps ; puissance du soleil. En considérant la marche

du soleil, nous pouvons donc découvrir la loi d’évolution générale applicable à tout. L’année,

la vie humaine, le jour, le mois sont donc analogues, suivent tous une même loi. L’analogie

n’est pas une similitude. Dieu a fait l’homme à son image, et pourtant Dieu n’est pas un animal

vertébré. Si une chose quelconque est analogue à une autre, toutes les parties dont cette chose

177
Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

est composée sont analogues aux parties correspondantes de l’autre. L’homme est analogue à

l’univers. ‘’

La doctrine de l’analogie présente dans tous les ésotérismes, soutient que le Tout est Un, que

ses divers niveaux sont ensemble équivalents dont les éléments se répondent terme à terme, de

sorte que un élément d’un ensemble représente symboliquement et influence sympathiquement

l’élément d’un autre ensemble, par exemple, le soleil dans le règne minéral et le lion dans le

règne animal’’.

Cette loi est hautement magique. Elle est en amont et en aval de toute création. Elle a inspiré la

nouvelle inédite le caméleon et le totem (H.Dovonon).

Ce jour-là, je m'étais réveillé très tôt. Je tanguai un instant sur ma petite natte : mes yeux étaient

brouillés comme si la nuit y avait laissé des vestiges et des vertiges d'un rêve multicolore et

multiple. J'entrevoyais en moi des êtres et des choses qui changeaient de couleurs, des espèces

de caméléon-arc-en-ciel qui se diffusaient en lueurs et saveurs autour de mes cils et par delà

mes sourcils, dans une effervescence de bien-être éternel. J'entendis ma grand-mère ronfler

lentement dans l'autre coin de la case.

3.3.3.2. Mes yeux crissèrent.

Je les fermai un instant, et lorsque je les rouvris, je vis soudain apparaître au milieu de la

concession, un vieil homme allongé dans un fauteuil de bois, le regard perdu dans l'aurore, et

les cheveux battant dans le vent et dans la blancheur limpide du jour levant. Le vieil homme

était allongé, dans son fauteuil au milieu de la concession, tranquille, de tout son être, de toute

son âme, et diffusait autour de lui une espèce de bonheur soluble qui se répandit de lui-même

comme un bien-être céleste, une auréole, une aurore, une aile...

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

 Le Karma

Le Karma vient d’un mot sanskrit (langue des Dieux) qui veut dire retour. Son principe fondal

est ce que tu fais te fais.

 La magie

Ce qui est en haut est semblable à ce qui est en bas et ce qui est en bas est semblable à ce qui

est en haut pour l’accomplissement d’une chose. Voilà le fondement de la magie (Hermès

Trimegis)

 L’initiation

Le mot « initiation » est attesté dès le XVe siècle. Il devient courant au XVIIIe siècle avec le

sens d’admission dans la réligion chrétienne ou aux religions anciennes. Voltaire* l’utilise dans

ce sens « il n’y avait alors aucun culte qui n’eût ses mystères, ses associations, ses

catéchumènes, ses initiés, ses profès. Chaque secte exigeait de nouvelles vertus, et

recommandait à ses pénitents une nouvelle vie, initiumnovae vitae ; et de là le mot ‘‘initiation’’.

L’initiation des chrétiens et des chrétiennes était d’être plongés dans l’eau » (Dictionnaire

philosophique, « Baptême », addition de 1770). Il désigne également l’action de recevoir les

premiers éléments d’une « science », d’un art ou d’un métier (1755). Le mot est-il utilisé dans

le vocabulaire maçonnique du siècle des Lumières?

Les divers mots liés à « initiation » se rencontrent de manière discrète dans le langage des loges.

 Les lois naturelles

Dans cette recherche de la compréhension Spirituelle des choses de la vie ou de la vie tout court,

l’homme depuis l’aube des temps s’est toujours intensément investi et a découvert certaines

grandes vérités auxquelles on ne peut accéder que par la Spiritualité. L’observation de son

environnement lui a fait découvrir l’existence de l’infiniment grand ou macrocosme et de

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

l’infiniment petit le microcosme que ses perceptions et ses sens physiques ne peuvent pas

totalement cerner et comprendre. Cet environnement dans lequel il est et évolue est appelé

univers, cosmos en langue grecque qui signifie ordre.

L’homme a remarqué que toutes les composantes de ce cosmos sont conçues et fonctionnent

suivant un mécanisme précis ordonné dans une parfaite harmonie. Dans ses expériences il s’est

rendu compte que cet ordre et cette harmonie obéissent à des lois et principes qu’il a qualifiés

de naturels puisqu’ils sont intimement liés à la nature de toute chose. Ces lois et principes

naturels sont à l’origine de l’ordre et de l’harmonie de l’univers.

 L’Indicamétrie

L’Indicamétrie est une science au même titre que les autres. L’Indicamétrie fait penser à

Edouard Glissant, écrivain martiniquais qui disait : « il y a deux peuples dans le monde : les

peuples du monde visible et les peuples du monde invisible. Le problème de l’Afrique est que

ce peuple pense se développer uniquement avec les instruments du peuple du monde visible. »

Dans « peau noire masque blanc » Frantz Fanonestimait que seule la créativité et non l’imitation

servile peut sauver l’Afrique, toute Idée qui se retrouve dans ces ouvrages de Cheikh AntaDiop,

Kwamé N’krurah et Joseph Kizerbo le sociologue des organisations Philippe Bernoux écrit :

« la science n’avance que lorsque chaque génération de savants s’interroge sur les limites et les

ombres des lois établies par la génération précédente » (Bernoux 1985, p. 63). En ce sens,

l’indicamétrie d’aujourd’hui, c'est-à-dire le grand scientifique, le grand technicien innovateur,

le grand féticheur, le grand anti sorcier le grand croyant et le grand bâtisseur du 3ème

millénaire ».

Selon son inventeur, le professeur Moustapha Diabaté, l’indicative, c’est la science les sciences

indicatives, c’est-à-dire la branche spéciale des sciences sociales quiétude tous les indicateurs

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

(mesurables et a priori non mesurables, tangibles, et non tangibles…) et leurs effet, sur l’Etre

humain, sa communauté et son environnement généré. (Kouassi Blé, 2005 : 37).

L’Indicamétrie est née en février 1963 à Paris.Le développement de cette science, jadis « cercle

de réflexion des capacités » est devenu « Indicamétrie avec indica » qui veut dire indicateur et

métrique qui veut dire science qui mesure les indicateurs. L’Indicamétrie est une science qui

utilise la double méthodologie : la méthodologie objective relevant des sciences dites exactes

et la méthodologie subjective relevant des sciences dites métaphysiques. L’analyse

épistémologique de l’Indicamétrie en fait une science d’origine et d’essence africaine. C’est

donc une science émergente. L’Indicamétrie est une science qui innove les limites des sciences

existantes. Elle élève l’irrationalité au rang de la rationalité intégrale, en vue d’une plus grande

conciliation entre les deux notions. Autant dire qu’elle reste la science de la modélisation

globale du développement capacitaire (MGDC) en d’autres termes, l’Indicamétrie intègre

toutes les sciences et formules existantes en innovant à partir de leur apport.

L’Indicamétrie a pour objet l’étude des systèmes capacitaires et des valeurs intrinsèques en vue

de bâtir un modèle global de développement capacitaire intrinsèque (DCI) outil de l’humanisme

intégral. ‘L’indicametrie est l’harmonie de l’invisible et du visible. Elle permet de prendre des

décisions pour réaliser des objectifs mais elle doit être en conformité avec la réalité sociale.

L’indicamétrie a été inventée après un constat de l’échec des sciences économiques. Le modele

de développement importé de l’occident et plaqué à l’Afrique a échoué. La raison : l’homme

n’a pas été pris en compte, mis au cœur de son propre développement. L’indicamétrie peut

détecter l’appartenance énergétique. Il y a trois grandes catégories énergétiques :

- L’énergie promotionnelle

- L’énergie centralisation

- L’énergie transformatrice

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

Ce qui correspond à Dieu le père, le fils, et le saint esprit.

En Indicamétrie il y a des entités célestes appelées ESIMC (Etre Spirituel Inter Monde), ces

entités ont la capacité de communiquer entre le visible et l’invisible.

L’indicamétrie : la potion magique qui développe l’Afrique

Grâce à l’indicamétrie, les morts ne seront plus morts, ils auront la possibilité de devenir des

« êtres énergétiques ou êtres multicapacitaires éternellement énergétiques ».

Il nous faut sortir des fruitiers battus, opérer une rupture audacieuse pour une refondation solide

de l’Afrique qui gouvernera ce monde unijambiste.

Avec l’indicamétrie, le monde pourra désormais marcher sur les deux jambes. Ce qui revient

à dire que toute les énergies…

L’indicamétrie a la capacité de mesurer les énergies intrinsèques innées de chaque être humain

afin de le valoriser aux yeux de la société et de l’humanité toute entière.

 Fâ et géomancie

Pour le professeur Mahougnon Kakpo « le système divinatoire Fâ se positionne aujourd’hui

dans toutes ses manties non seulement comme une philosophie de l’ontologie

phénoménologique mais encore comme le système de divination le plus efficace – sa méthode

étant la plus authentique, la plus crédible et le Golfe du Bénin » la plus grande richesse du Fa

serait la méthode dans son assertion niétzschienne : les vraies richesses sont les méthodes

mahougnon .Cités Rémy Hounwanou qui a écrit que « loin du fétichisme, de l’idolâtrie et

encore moins d’une science primitive (sic) fait partie des hautes sciences occultes ayant pour

base : les mathématiques, la logique, la philosophie, les hautes lois de la nature et leur

applications à l’essence même de l’homme, cette créature supérieure, et enfin à toutes choses

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

ici-bas ». Selon le professeur David Koffi Aza (le créateur est une femme PU). La sorcellerie a

pour Divinité minonnan. Elle est installée sur le signe Sa Médji.

Ou Fu Médji : Elle est gouvernée par minonnan et représentée par la femme et son symbole est

le sexe de la femme encore appelé Matrice. Et de poursuivre (AZA, ----), le Fa c’est la dernière

étape avant la manifestation de la vie sur MALKUTH. C’est le symbole de l’unité des éléments

en un seul Corps, l’intelligence pure. L’image symbolique de la construction de l’homme. le

germe de la pensée, l’intelligence des intelligents. C’est le stade de l’élaboration des formes

physiques. C’est le recyclage. La fin d’une forme de cycle précédant le débat d’un autre ou le

retour à l’unité : c’est la lumière de la raison qui commence à briller. A la fois du cycle

d’expérience, puisque dans le cycle des 10 éléments le 9 est le plus vieux et il précède le retour

à l’unité 10=1+0=1

Le Fa sert à appréhender l’humain dans un milieu donné. Il Bernard Maupoil, le disciple de

Marcel Mauss reconnait l’importance de Fa et lui consacre un bel ouvrage de plus de 688 pages.

Il a suivi la trajectoire du Fa et a la certitude affichée que le Fa a atteint le Golfe de Guinée avec

une mythologie complète. Il affirme que le Fa a rencontré chez les peuples qui devaient

rapidement l’adopter une autre mythologie complète. Il ajoute que « l’ensemble légendaire des

signes de Fa répond à une recherche idéologique et découvre les principales manifestations d’un

sychrétisme ». (Maupoil, 1988) si je reconnais comme les praticiens que le Fa est le roi de la

vie « Fa gbede xosu ». Pour lui, fa est d’une compréhension dont les voduns sont incapables.

« Fa n’est pas une force naturelle il est la sollicitude de Dieu pour sa création (Maupoil, 1988

P 13).

Selon (BOA Ramses 2010, p77), il utilise sa connaissance multidimensionnelle pour protéger

la société contre le mal. Protecteur de la vie, son rôle consiste à utiliser les pouvoirs des plantes,

de la suggestion mentale et l’efficacité de l’imaginaire symbolique pour soigner ceux qui

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

souffrent de divers maux. L’efficacité de la nature du traitement est basée sur une vision

holistique de la maladie.

Etre sorcier ou guérisseur traditionnel c’est une question de connaissance, d’initiation et

d’option.

 La Boologie

Il est difficile de définir le Bo. Sa définition doit être essentiellement pratique, utilitaire,

fonctionnelle car on ne se procure pas le ‘’Bo’’ pour le simple plaisir de le connaître, de l’avoir.

Des innombrables théories que nous avons avancées sur la genèse du Bo, aucune n’a donné au

Bo une origine purement intellectuelle, par curiosité scientifique. C’est toujours dans l’intention

de s’en servir un jour en cas opportun.

3.4. Commençons par son étymologie.

Etymologiquement le terme fon Bo est selon nos informations en pagne, une abréviation de

l’expression yoruba ‘’Ebo aari fun’’, qui peut se traduire de diverses manières : faites qu’il ne

connaisse pas la honte. Couvre – le dans le sens d’une couverture matérielle et morale afin de

cacher sa véritable nature aux autres. Il est recouvert en effet pour que l’utilisateur profane ne

puisse pas en connaître la vraie composition ou sa nature. D’origine yoruba ‘’Ebo’’ est devenu

par suite de sa diffusion chez les fon, les Gun et les Mina dont les langues sont de la même

famille, par déformation de la prononciation ‘’Bo’’.

Le Bo est un savoir, un pouvoir dont, l’acquisition varie d’une région à l’autre suivant

l’influence de la monnaie qui introduit des différences dans les modalités de transmission et de

désir de chercher à satisfaire leurs besoins matériels a amené certains détenteurs de ce savoir, à

le commercialiser, surtout dans les centres urbains où la plupart des détenteurs, sont affamés.

L’acquisition se régionalise suivant les milieux, les ethnies ou les différentes régions du Bénin.

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

De façon honorable, le professeur Jean Marie Apovo, a hissé le Bo au niveau scientifique,

rappelant par là que la science n’a pas un objet exclusif et particulier. Tout peut devenir objet

de science, à condition de respecter les trois réquisits qu’impose toute science.

1- Un champ d’objet

2- Un champ de théorie

3- Un champ de concept

Le champ du Bo est imaginable. Il est le noyau autour du quel s’organise la vie de chaque

individu sinon de la société toute entière.

Le domaine d’étude du Bo relève des sciences occultes, c'est-à-dire des sciences dont la pratique

et la connaissance relèvent du mystère. Des Dahoméens font appel à l’esprit du Bo en tant que

stimulant de la matière.

Aujourd’hui, la pratique du Bo reste à la base de toutes organisations sociales que nous pouvons

définir comme un système de rapport existant entre les membres du groupe et les groupes eux-

mêmes. Cette pratique sous ses différentes natures a sérieusement affecté les rapports

interpersonnels…

L’univers, le cosmos est un système de forces qu’on peut capter, diriger, exploiter et neutraliser

non par la technique, mais par le canal de la participation de la religion, la matière de ce cosmos

est une réalité disponible à qui sait l’attirer.

C’est pourquoi pour le Dahoméen (Béninois), le Bo n’est pas une question abstraite, c’est une

réalité quotidienne, abstraite, angoissante dont il porte les stigmates en esprit et dans le corps.

Les Dahoméens sont confrontés à cette réalité ténébreuse, irréductible, tenace sans pouvoir en

déterminer les fondements objectifs…

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

Si l’Occident est un tissu de codes et de lois, l’Afrique est un lieu du sacré.Le Bo intervient

dans tous les domaines de la société et de l’activité humaine.

3.4.1. L’horoscopie

C’est la science qui a l’art d’établir des horoscopes. Diseurs de bonne aventure qui confondent

en une seule science la chiromancie, la cartomancie.

3.4.2. La magie : noire et blanche

« Blanche » ou « Noire » ? C’est une des premières questions qui vient à l’esprit lorsqu’il s’agit

de magie. Bien sûr, l’énergie psychique, tout comme l’électricité, ne possède pas de couleur en

soi. Par contre, elle est résolument orientée selon les buts qu’elle souhaite atteindre. Elle peut

servir à faire le bien, le mal ou à atteindre tout autre but désiré par celui qui le pratique. Tout

dépend en fait de l’éthique personnelle du praticien. La plupart des magiciens placent leur

travail au-delà de la division primaire bien/mal, par trop réductrice. Au lieu de reprendre le

simple code couleur blanc/noir, ils préfèrent alors s’en référer aux couleurs de l’arc-en-ciel. La

gamme chromatique étant plus vaste, elle permet de rendre compte des nombreux buts qu’ils

peuvent poursuivre.

3.4.3. La numérologie

La numérologie n’est pas un art divinatoire à proprement parler. Elle n’a pas d’origine définie,

tout le monde y va de son hypothèse mais tous s’accordent sur l’harmonie des nombres avec

les cycles de vie. La Numérologie est donc une science des nombres, elle étudie leur sens et

leur symbolique. Vous pourrez ici, sans aucune connaissance, découvrir la relation qu’ont les

chiffres et votre vous intérieur ainsi que vos possibilités. Vous pourrez aussi voir, à la fin de ce

thème, ce que la journée, le mois et l’année vous réservent.

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

3.4.4. La pharmacopée

Une plante magique est une plante à laquelle la tradition populaire confère des propriétés

surnaturelles. Elle produit généralement des effets qu’on n’arrive pas à expliquer de façon

rationnelle.

Quelques catégories de plante magique

On peut classer les plantes magiques en plusieurs catégories parmi lesquelles nous pouvons

citer :

1- Les plantes qui favorisent l’éclosion de sentiments, la fidélité et les ardeurs, c’est-à-dire

aphrodisiaques

2- Les plantes qui refroidissent les ardeurs, c’est-à-dire anaphrodisiaques

3- Les plantes associées à la magie blanche (les plantes protectrices permettant de

formuler des vœux de la chance, protection, amour, richesse ; permettant de connaitre

la gloire et la grandeur)

4- Les plantes associées à la magie noire (les plantes maléfiques qui produisent des

méfaits)

5- Les plantes divinatoires qui permettent de prédire l’avenir et de communiquer avec les

dieux, les morts, les espritset les démons.

6- Les plantes consolatrices permettant de trouver l’espoir de l’immortalité et du

renouveau

7- Les plantes guérisseuses qui sont des plantes médicinales

Règles à respecter pour l’efficacité d’une plante magique

Connaitre réellement les plantes et utiliser les démarches qui amplifient leurs effets (utiliser la

plante qu’il faut à la place qu’il faut et comme il faut).Avoir une raison évidente qui nécessite

son utilisation.
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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

Il faut enchanter ou charmer les plantes (saluer la plante, demander-lui la permission,

communiquer avec elle en lui exposant vos problèmes,…). Ceci permet d’harmoniser les

vibrations entre vous et les plantes.Garder le secret absolu sur ce que vous voulez réaliser avec

la plante.

Ne pas focaliser son attention sur l’action réalisée (oubli de l’action réalisée).Il s’agit du

phénomène de rupture car lorsque vous faites un rituel, vous accumulez des énergies chargées

de votre volonté. Pour que votre rituel soit efficace il vous faut « lâcher prise » sur ces énergies

afin qu’elles puissent partir vers leur but (vous maintenez, votre concentration, votre

visualisation et votre volonté crescendo jusqu’à un maximum et vous lâchez prise brutalement,

en arrêtant de penser à votre but, en une fraction de seconde).

NB : Réussir le Phénomène de Rupture lorsqu’on débute est difficile, n’hésitez donc pas à vous

aider en poussant un cri, ou en utilisant une cloche, un gong, ou autre instrument qui vous paraît

approprié pour « casser » votre concentration. Par la suite lorsque vous maîtriser le calme

mental vous saurez faire la rupture sans accessoires.

Eviter l’usage d’une plante à des fins pernicieuses (dangereuses ou très nuisibles), autrement

dit, il ne faut jamais utiliser une plante pour jeter de mauvais sort à son prochain (cela entraîne

la fuite de tout pouvoir en vous alors que le contraire vous fortifie, donc la plante magique peut

être utilisée pour se défendre mais jamais pour attaquer).

Lors d’un rituel, soyez concentré (éviter toute autre communication) ; visualisez ce que vous

voulez (Dans ces conditions, il faut avoir la maîtrise du calme mental qui vous sera d’une grande

aide pour éviter que les associations d’idées ne vous entraînent ailleurs). Et restez positif.

Prendre un bain avant le rituel et bien s’habiller, se parfumer et adopter des comportements

positifs en demeurant concentrés sur votre but.

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

Pour les rituels, éviter les récipients en métal. On peut utiliser des plastiques, canari, calebasse ;

pot en verre, en céramique.

3.5. Rituel de consécration des plantes

Les plantes sont très utilisées en magie et dans beaucoup de rituels sous forme d’infusions, de

décoctions, ou de chaudronnées magiques, mais elles peuvent aussi être utilisées pour la

confection de gris-gris, de sachets ou d’enveloppes magiques. Lorsqu’on utilise des plantes en

magie, c’est surtout en fonction de leurs correspondances magiques et du but à atteindre qu’elles

sont choisies. Originellement cueillies selon la date, la saison, et l’heure, les plantes étaient

ainsi déjà partiellement chargées d’énergie avant tout rituel de consécration. De nos jours la

plupart des gens habitant en ville, il devient difficile d’avoir un coin de jardin ou de forêt où

l’on puisse cueillir ses herbes ! Il faut donc s’adapter au monde moderne et acheter ses herbes

dans une herboristerie ou plus simplement au supermarché pour les plantes aromatiques les plus

communes. Mais attention, si vous les achetez en supermarché, essayez de les acheter les plus

fraîches possibles ou en tout cas de bonne qualité (surtout pour les condiments séchés) ! Une

fois achetées, vos plantes devront être chargées énergétiquement lors d’un rituel de consécration

avant d’en faire le moindre usage, d’autant plus qu’elles n’auront pas été cueillies par vous-

même, ni au moment le plus approprié. Consacrer une plante, c’est aligner les vibrations de la

plante avec le but magique pour lequel elle va être utilisée. La consécration peut être faite sur

une plante seule ou sur un mélange de plantes, mais elle doit être faite juste avant que les plantes

soient utilisées. Quand plusieurs herbes sont nécessaires, elles peuvent être consacrées toutes

ensemble, ou une par une avant de les incorporer au mélange.

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

3.6. Pouvoir magique de quelques plantes

Quelques plantes qui assurent une protection spirituelle

(Individu ; chambre, maison, atelier, bureau…)Désléguè ou Désléman ou Kpatinman(Hysope

africaine ou Newbouldia laevis ; Bignoniaceae) ; Dékinkanman(Pourpier ou Portulaca

oleracea ; Portulacaceae) ; Xèxèman Houndi houndiman(Euphorbia hirta ; Euphorbiaceae)

Akéman ou kessou kessou ou xissi xissi(Basilic blanc ou Ocinum canum ; Labiaeae) ; Le clou

de girofle ; Eucalyptus ; Citron ; Kpintoé ou Amonman(Arbre à soie du sénégal ou Calotropis

procera ; Asclepiadaceae) ; Jéléléman (Croton zambesicus ; Euphorbiaceae) ; Kokoé aloga

(Banane plantain mûr ou Musa paradisiaca ; Musaceae) ; Feuilles de l’iroko ou feuilles de

chlorophora excelsa ; Moraceae ; Grains de Vivi ou dindinfoundin (Abrus precatorius ;

Papilionaceae ; Feuilles de houèchégnon (Pavot épineux ou argémone du Mexique ou

Argemone mexicana) ; L’ail ; Feuilles et tige de prunier noir ; Tubercule de taro

Quelques plantes qui attirent la chance (Individu ; chambre, maison, atelier, bureau…)Akéman

ou kessou kessou ou xissi xissi(Basilic blanc ou Ocinum canum ; Labiaeae) ; Dékinkanman

(Pourpier ou Portulaca oleracea ; Portulacaceae) ; Aglassoéman : notamment pour la vente

(Pourpier droit ouTalinum triangulare ; Portulacaceae) ; Viviman ou dindinfoundinman (Abrus

precatorius ; Papilionaceaea) ; Xèxèman ; Linlinkoun (Poivre noir ou Piper guineensis ;

Piperaceae) ; L’orange ; Le clou de girofle ; Citron ; L’ail Verveine (encore appelée plante

d’amour)

Quelques recettes sur des plantes magiques

Pour se protéger contre les esprits maléfiques

a- Feuilles de Houndi houndiman (Euphorbia hirta ; Euphorbiaceae) + 02colas rouges+ 02

colas blancs, séparer les lobes des colas et jeter par terre, prendre les lobes qui se sont

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

enfermés et associer à la plante et les mettre dans une bouteille. Ajoutez-y une boisson

et prendre de temps en temps.

b- Sécher et réduire en poudre les feuilles de Akéman ou xissi xissi (Basilic blanc ou

Ocinum canum ; Labiaeae), puis brûler de temps en temps la poudre pour éloigner les

mauvais esprits (Purification d’un lieu ou d’un produit).

c- L’encens du clou de girofle assure la protection et fait un exorcisme.

Pour attirer la chance, l’amour, la prospérité

a- Mettre du xèxèman dans du parfum et passer de temps en temps

b- L’encens de la peau de l’orange attire la chance, l’amour, l’argent,…

c- L’encens de la peau du citron assure la longévité et accroît l’amitié.

NB : Quand on le brûle, alors qu’on est entouré d’amis, cet encens renforce les liens d’amitié.

Spiritisme

Doctrine basée sur la croyance que l’homme peut communiquer avec les esprits des défunts et

les entités incorporelles (les guides), et son prolongement moderne , le nouvel –âge, religion

privée, syncrétique, qui se veut ‘’scientifique’’, basée sur une vie spirituelle libérée des dogmes

des églises, sorte d’écologie mentale libertaire, avec ses rites et ses croyances empruntés à la

tradition, au chamanisme, aux sagesses orientales ou primitives, tels le voyage astral, les sorties

hors du corps, la réincarnation, ont bouleversé le système de croyance de nos contemporains.

 La métaphysique / spiritualité

La métaphysique peut être définie comme une anthropologie méditative pour s’orienter selon

l’esprit. Au pinacle de son expression, la métaphysique devient spiritualité sinon elle ne sera

que déviance dans l’absurde prêtant à toute sorte d’errements et de semblants

d’herméneutique… l’homme est, de par son intuition du sens, sa projection de soi, un être
191
Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

métaphysique qui gère le physique, l’être au monde avec des repères immatériels

« intuitionnés », transcendant la matérialité immédiate de sa condition organique.

En métaphysique, il s’agit strictement du rapport à l’être, rapport intérieur et intimiste, l’être

étant plus que le simple fait d’exister tout n’étant ni chose ni objet ni même sujet, mais fait,

événement englobant tout mode de présence qui rend impossible l’hypothèse du néant

s’impose. C’est donc le mystère qui s’impose. Mystère incontournable à vivre. Mystère que les

esprits équilibrés vivent selon le sens tel qu’ils l’éprouvent et qu’il leur est révélé mais aussi

que les masses égarées galvaudent en absurdité par dyslexie spirituelle. L’être, s’il est

incontournablement évoqué comme quand englobant de la totalité, est inexprimable et

indiscursif, imprenable au discours immédiatement rationnel ; seul le mode de son vécu, est

exprimable. L’être humain en tant que substance unique et insolite parmi toutes les catégories

matérielles inertes et vivantes, est parmi les êtres connus, le seul à s’intéresser au fait d’être et

à l’être en général. Preuve patente du caractère transcendant et téléologique de la conscience

humaine. Conscience vécue et conscience connaissante. La conscience vécue est celle du

rapport à la vie de tout être vivant vu que tout porteur de vie, animé par ce phénomène

indéfinissable de l’énergie vitale, sait et éprouve d’instinct qu’il vit. La conscience connaissance

est humaine car procédant par transcendance du fait de vivre pour interroger et comprendre tout

ce qui interpelle son intelligence.

3.7. Onomatologie

C’est la science des noms, des classifications nominales.

3.7.1. La physique quantique

Construire un espace global où science et spiritualité se complètent mutuellement dans une

véritable synergie est possible. En fusionnant science extérieure et expérience intérieure ; nous

192
Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

élargissons et défragmentons progressivement notre vision, acquérons une acuité plus nette de

notre perception et augmentons ainsi notre capacité de discernement.

Découvrir cette nouvelle architecture de sagesse requiert le courage d’abandonner constamment

nos prisons protectrices et le désir ardent de s’abandonner à une force créatrice supérieure.

Alors peut émerger une attitude cohérente, qualitativement différente accompagnée d’une joie

profonde de redécouverte.

La physique quantique réunit le savant et le sage pour devenir les artistes cocréateurs de la vie.

Les codes, physique quantique et la signification des termes énergie, lumière, vibration,

résonnance, champ, synchronicité, cohérence sont expliqués et juxtaposés dans les mondes

maternel et subtil.

Ce type de réflexion, afin d’enrichir votre vision pour dégager de nouveaux axes de recherches

inexplorés.

En Russie, on dit : « Pour celui qui marche, il n’y a pas de chemin : le chemin se fait en

marchant.

Il s’agit ici de déduire des analogies novatrices entre le scientifique et le spirituel.

Notre univers a son reflet à l’intérieur de nous-mêmes.

Il faut innover pour trouver de nouvelles idées, de nouveaux modèles d’analyse. Il y a une

illusion de l’espace-temps.

3.7.2. La chiromancie

La chiromancie vient de Chiro, la main, et de mancie, divination, c’est un art divinatoire qui se

base sur la forme de la main, des doigts et des lignes de la main pour en dégager les tendances

caractérologiques. La chiromancie est une pratique divinatoire consistant à interpréter les lignes

et les autres signes de la paume de la main. Chaque élément étudié (la forme des mains, les

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

monts et les sillons, les ongles et la position des doigts) est rattaché à un aspect de la

personnalité. La chiromancie est une méthode assez codifiée. On doit la distinguer de la

discipline, sans prétention quant à la prédiction de l’avenir, appelée « chirologie ».La

chiromancie a pour objectif d’évaluer, de comprendre et de mieux cerner le caractère ou la

personnalité d’un individu. Cette science, issue de l’astrologie indienne, permet également de

prédire l’avenir. Chaque main est différente, unique, elle est le miroir de votre vie. Vos traits,

lignes, signes représentent la carte géographique de votre destin.

3.7.3. L’hypnose

L'hypnose est la science par laquelle un homme est plongé artificiellement dans le sommeil et

privé de sa volonté. Elle est un domaine semblable à celui de la télépathie et de la suggestion.

Du point de vue magique, l'hypnose est condamnable, et le mage devrait moins se spécialiser

en ce domaine. Cela ne signifie pas que le mage ne serait pas en état d'endormir n'importe quelle

personne. La pratique est simple au possible. Il suffit au mage de supprimer la fonction de

l'esprit, soit seulement au moyen de sa volonté, ou au moyen du fluide électromagnétique, et la

personne s'endort aussitôt. Il est secondaire que le mage se serve, ce faisant, de représentations

mentales, soit de la télépathie ou de la suggestion. Il peut les employer comme moyen auxiliaire,

mais il ne dépend pas d'elles. Presque tous les livres qui traitent de l'hypnose, recommandent

de se servir de la télépathie et de la suggestion. Celui qui domine les forces n'a besoin ni de

l'une, ni de l'autre, car à l'instant où il fait abstraction du corps et de l'âme de la personne

d'expérimentation, donc dès qu'il n'en tient plus compte et qu'il supprime ou paralyse sa volonté

à l'aide de l'imagination, la personne en question perd conscience ou s'endort

immédiatement.Alors le subconscient est libéré et devient réceptif aux suggestions de toutes

sortes. Cette provocation, c'est-à-dire cette intervention dans l'individualité d'un homme est à

déconseiller du point de vue magique, et le mage n'aura alors recours à n'importe quelle espèce

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

d'hypnose que s'il n'a en vue que ce qui est noble, par exemple, donner à la personne concernée

de bonnes suggestions d'un effet particulièrement fort. Même si la personne d'expérimentation

désire directement être hypnotisée, le mage doit si possible s'en abstenir. Le véritable mage

renoncera constamment à satisfaire une éventuelle curiosité ou le besoin de sensation d'autrui

par des expériences d'hypnotisme. Lors de grands dangers, un mage exercé peut provoquer une

sorte d'effroi hypnotique, par exemple, en paralysant l'esprit de l'adversaire durant quelques

instants par un éclair du fluide électromagnétique; il n'emploiera évidemment ce procédé qu'en

cas de nécessité. Cela ne sera que bien rarement nécessaire au cours de la vie du mage. Il est

démontré scientifiquement que les animaux peuvent être aussi hypnotisés, et un mage qui veut

hypnotiser un animal, au cas où cela est nécessaire, visera le côté instinctif de l'animal, ce qui

provoque un sommeil immédiat même chez le plus grand et le plus fort animal.

3.7.4. Voyage hors du corps

Le voyage astral est une expression de l’ésotérisme qui désigne l’impression que l’esprit se

dissocie du corps physique pour vivre une existence autonome et explorer librement l’espace

environnant. L’expression est liée à la croyance des occultistes en un corps astral et en un plan

astral. L’expérience se produirait en diverses occasions : à l’approche de la mort, au cours d’une

occupation sous anesthésie, sous le coup d’une douleur intense, au cours d’une méditation,

lorsque le corps est dans un état de relaxation avancé, lors du sommeil profond, sous l’emprise

de drogues hallucinogènes, en période de stress, lors de paralysie du sommeil ou même sans

aucune raison directe et à tout moment. Il n’existe pas de preuve acceptée par la communauté

scientifique quant à la possibilité d’un « voyage astral » mais ce concept est utilisé dans

certaines œuvres de science-fiction ou fantastiques ou dans des « fictions ésotériques ».

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

3.7.5. Les lois de la nature

Le nom loi, pris d’une manière absolue, signifie ce qui impose une manière d’agir fixe et

déterminée à un individu quelconque, ou à tous les individus de la même espèce, ou seulement

à quelques-uns. Cette loi dépend d’une nécessité naturelle, ou de la volonté des hommes : d’une

nécessité naturelle, si elle résulte nécessairement de la nature même ou de la définition des

choses ; de la volonté des hommes, si les hommes, l’établissent pour la sécurité et la commodité

de la vie, ou pour d’autres raisons semblables. Dans ce dernier cas, elle constitue proprement

le droit. Par exemple, que tout corps qui choque un corps plus petit perde de son propre

mouvement, ce qu’il en communique à l’autre, voilà une loi universelle des corps qui résultent

nécessairement de leur nature. De même encore, c’est une loi fondée sur la nécessité de la nature

humaine, que le souvenir d’un certain objet à l’âme un objet semblable ou qu’elle a perçu en

même temps que le premier. Mais quand les hommes cèdent ou sont forcés de céder une partie

du droit qu’ils tiennent de la nature, et s’astreignent à un genre de vie déterminé, je dis que cela

dépend de leur bon plaisir. Ce n’est pas que je n’accorde pleinement que toutes choses, sans

exception, sont déterminées par les lois universelles de la nature à exister et à agir d’une manière

donnée.

3.7.5.1. La loi de la réincarnation et du karma

Les notions de Karma et de réincarnation sont étroitement liées. Voici une brève définition afin

de clarifier les deux notions :

Le karma, d’un point de vue spirituel est le cycle des causes et des conséquences dans le

processus d’évolution de l’âme humaine, dans le but d’atteindre la perfection et l’illumination.

La doctrine de la réincarnation part de l’idée que chaque âme mène plusieurs vies. Après la

mort, l’âme ne cesse donc pas d’exister, mais renaîtra dans un nouveau corps après une période

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

de repos, afin de compléter les ‘leçons’ de vie requises pour atteindre l’illumination. Ceci est

le cycle de la vie, de la mort et de la renaissance.

Dans la tradition occidentale, le karma est perçu comme quelque chose de positif. Il est vu

comme une nouvelle chance d’apprendre ce qui n’est pas encore conscient ou nature. Aussi le

karma n’est pas une punition, mais un principe qui mène à la prise de conscience que ce que

nous faisons aux autres, nous le faisons également à nous-mêmes et vice versa. Dans le monde

occidental, la question de la réincarnation et du karma a notamment été introduite au siècle

passé par Héléna Blavatski, la fondatrice de la théosophie. Dans l’anthroposophie, fondée par

Rudolf Steiner, la réincarnation joue également un rôle important. Dans le monde occidental,

la réincarnation et le karma s’inscrivent dans la croissance, l’évolution de l’âme vers un niveau

supérieur, vers le divin et la capacité d’aimer. Les courants spirituels occidentaux modernes

sont presque exclusivement basés sur les principes de la réincarnation et du karma.

3.7.5.2. La loi du Darma

La septième loi spirituelle du succès est la loi du Darma. Le Dharma est un mot sanscrit qui

signifie « le but de la vie ».

Selon cette loi, vous possédez un talent particulier, ainsi qu’une manière unique de l’exprimer.

Il existe quelque chose que vous pouvez accomplir mieux que qui que ce soit dans le monde

entier. Chaque talent particulier, comme chaque expression unique de ce talent, répond aussi à

des besoins spécifiques. Et lorsque ces besoins rencontrent l’expression créative de votre talent,

il surgit de cette rencontre l’étincelle génératrice de l’affluence.

Il existe trois composantes à la loi du Dharma. La première précise que chacun est sur terre

pour trouver son vrai soi, et pour découvrir par lui-même qu’il est spirituel, que nous sommes

des êtres spirituels qui avons pris manifestation dans un corps physique. Nous ne sommes pas

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

des êtres humains qui font, à l’occasion, une expérience spirituelle. Au contraire, nous sommes

des êtres spirituels qui vivons une expérience humaine.

3.7.5.3. La loi de l’attraction

Récemment, il a été populaire parmi les célébrités de parler et de promouvoir une philosophie

connue sous le nom de ‘’la loi de l’attraction’’. C’est la conviction que nous pouvons contrôler

ce qui arrive dans notre vie avec nos pensées et nos sentiments sans le besoin de compter sur

l’Eternel Dieu en tant que la source de toute bonté.

Cette méthode promeut le concept que les pensées ont une énergie, qui est alors capable d’attirer

et finalement obtenir quoi que nous désirions. Ils disent que nous pouvons ‘’construire l’image

du monde dans lequel nous voulons vivre’’ juste par la pensée. Mais est-ce l’exemple qui nous

a été donné à suivre ?

Les partisans de ce programme disent que pour le faire fonctionner, le concept du bien (l’unique

source étant Dieu) et celui du mal (étant Satan) doivent être enlevés afin de conditionner l’esprit

en pensant qu’il n’y aucun bien ou mal. Plus on croit au bien ou au mal, plus longtemps l’on se

déconnecte de la ‘’source’’ qui apporte prétendument tous ces changements.

La loi de l’attraction, à sa base n’est rien de nouveau. C’est un réchauffé des tours habituels

bien usés de mélanger les clichés prévisibles avec la pensée magique et ensuite les réemballer

de sorte que cela apparaisse comme une sorte de connaissance cachée.

3.7.5.4.La loi de cause à effet

"Toute chose a son effet; tout effet a sa cause; ou arrive conformément à la loi; la chance n'est

qu'un nom donné à la loi méconnue; il y a de nombreux plans de causalité, mais rien n'échappe

à la loi". Dans l'univers, rien n'est laissé au hasard. Le hasard n'existe pas car tout phénomène

a sa cause, même si nous ne pouvons la voir. Nous n'insisterons pas davantage sur ce principe,

car, il fera plus tard l'objet d'une leçon à lui tout seul.
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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

3.7.5.5. La loi de la pure potentialité

La source de toute création est pure conscience. Une pure potentialité cherchant l’expression

du non-manifesté dans le manifesté. Nous réalisons alors que notre vrai Moi est pure

potentialité et nous alignons sur ce pouvoir qui manifeste tout dans l’univers. La première loi

spirituelle du succès se fonde sur la loi de la pure potentialité. Celle-ci, à son tour, s’appuie

sur le fait qu’à l’état originel, nous sommes pure conscience. La pure conscience est pure

potentialité ; elle est le champ de tous les possède une créativité infinie. Cette pure conscience

est notre essence spirituelle. Etre infini et illimité représente une joie parfaite. Les autres

attributs de la conscience sont pure connaissance, silence infini, équilibre parfait, invincibilité,

simplicité et félicité. Notre nature fondamentale est pure potentialité. La loi de la pure

potentialité pourrait aussi être appelée loi de l’unité, parce que sous la diversité infinie de la vie,

réside l’unité d’un esprit qui pénètre tout. Il n’existe en réalité aucune séparation entre vous et

ce champ d’énergie. Plus vous faites l’expérience de votre vraie nature, plus vous approchez du

champ de pure potentialité.

3.7.5.6. La loi de la métamorphose

C’est la science qui permet à l’homme de sortir de son corps physique, de se transformer en

autant de choses qu’on peut. Il peut se transformer en un animal de son choix, il peut se

transformer en une statue et vous jeter des sorts par des incantations, il peut aussi se rendre

invisible pour venir chez vous, il peut se transformer en un oiseau et voyager pour venir vers

vous, il peut se dédoubler c’est-à-dire, vous le voyez à deux endroits simultanés donc il a un

certain nombre de force qui lui sont données systématiquement parce qu’il maitrise la science

de la métamorphose, c’est-à-dire la capacité de maîtriser les énergies astrales ou du BA astral

et en prenant cette énergie, d’en faire ce qu’il veut. Le sorcier peut prendre la forme d’un parent

et tu vas croire que c’est le parent et c’est juste parce qu’il veut détruire le lien parental qu’il

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

existe et là tu vas commencer par soupçonner ce dernier de sorcellerie alors que le vrai sorcier

on ne le découvre jamais. Il se cache toujours derrière un visage ou il utilise même des gens qui

ne sont pas conscients qu’ils sont sorciers mais qui le réalisent après qu’on ne les dénonce, donc

ils deviennent un peu comme des marionnettes que les sorciers utilisent parce que les sorciers

voient à travers ces gens, ils intoxiquent leur vie. Le sorcier est très malin, il est très fort dans

ce jeu de dupe. La sorcellerie est un niveau très inférieur du corps astral lié à la métamorphose

ce qui permet de jeter des sorts.

3.8. Sorcellerie créative – productive et inventive

3.8.1. L’homme de science : un sorcier ?

Le scientifique résout les problèmes ou équations avec des techniques modernes liées à la

révolution technologique et non plus avec sa simple intelligence ou avec son esprit déductif. Il

faut noter une forme de marque identifiant immédiatement le scientifique : son physique, ses

vêtements, ou même ses tatouages peuvent évoquer des attributs physiques de sorcier.

La sorcellerie s’oppose à la religion mais se rapproche par défaut de la science qui a une

dimension à la fois magique et religieuse. Comme le magicien Merlin dont il est une figure, il

est capable de déjouer le cycle du cours du temps.

3.8.2. Sorcellerie et science

Dans cette reherche nous allons discuter de Harry Potter, du jet de sorts, de la croyance aux

sorcières, du “Secret” (également appelée la Loi de l'Attraction) et de la question : “Peut-on

être un (ou une) Sorcier(ère) Chrétien(ne) ?” Aussi la question d'amulettes et de charmes, les

formes différentes et les jours occultes (ex. Halloween), la responsabilité d'un leader, et un

certain nombre d'autres questions connexes sont abordées.

La sorcellerie et les sciences occultes ont vu un appel et une acceptation sans précédent dans

la société d'aujourd'hui. Ces choses ont une si forte influence qu'elles saturent toutes les
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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

facettes de la société. C’est ouvertement promu comme nous le voyons dans les livres, jouets,

jeux, films et émissions de télévision pour les enfants aussi bien que pour les adultes. Il est

pratiquement impossible aujourd'hui de l'éviter. Harry Potter semble avoir charmé le monde

entier. Les enfants sont endoctrinés sur une base délibérée, de façon continue et systématique

sans jamais connaître les conséquences et les dangers qui vont avec.

Malheureusement, il y a très peu de gens aujourd'hui qui savent, ou, plus précisément, prennent

soin de connaître ce qu’est la position biblique quant à la sorcellerie et les sciences occultes. La

parole de Dieu et les principes bibliques sont systématiquement érodés de la conscience de la

société.

Nous avons atteint un point où les groupes religieux avertissent que si la nouvelle législation

d’égalité de l'Union Européenne devrait passer, le fait d'évangéliser pourrait être juridiquement

considéré comme du harcèlement. Nous vivons effectivement dans des temps périlleux (2Tim.

3:1-7). Pourtant, une société saine et prospère est dépendante de la compréhension et de

l'obéissance à la Parole de Dieu et à Ses Commandements. Avec cela à l’esprit, il est vital que

nous sachions ce que sont les pensées et les instructions de Dieu sur le sujet de cette étude.

3.8.3. Sorcellerie et invention : une application des savoirs de la sorcellerie : le normal

ennuie, le paranormal enchante

L’homme dans sa complexité a la capacité de s’exiler en quittant son corps pour pouvoir créer

ou apprécier l’univers.

A cet effet, il quitte la norme pour l’écart et c’est dans ces conditions qu’il arrive à faire ces

découvertes et ces créations pour étonner les membres de sa société en les surgigants.

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

Sorcellerie et litterature : Une abondante littérature nourrie par la sorcellerie

Quand la littérature se nourrit des faits divers, de la sorcellerie, de l’étrange, de l’irruption dans

le réel, on parle du fantastique. Le cas de ce roman nous plonge dans le dédoublement qui fait

partir des thèmes du fantastique. Donc ce roman, il s’agit de Dr Jekyll qui est un médecin de

renom à qui on ne reproche rien. Cet homme est aussi un fortuné qui a sa fortune grâce à

l’héritage et la chance d’avoir bien travaillé pour avoir une multitude de titres. Dans la trame

de l’histoire, le Dr Jekyll a deux amis « Uttenson » et « Lamyon ». Uttenson est son notaire,

celui qui est chargé de valider son testament mais Lamyon est un docteur au même titre que lui.

Ces deux amis se connaissent réciproquement, mais à la grande surprise du notaire, une nuit en

fouillant ses documents, il constate que le Dr Jekyll dans son testament, il donne … son bien à

un présupposé ami et bienfaiteur Hyde. Un certain homme qui ne voit que dans la nuit, qui un

jour a fait une conversation féroce avec le notaire. Il est dit qu’en cas de décès ou de disparition,

il faut que le notaire donne tous ses biens à M. Hyde. Malheureusement un jour, M. Hyde a tué

un homme avec la cane qui était pour le Dr Jekyll. D’ailleurs, dans le processus d’enquête, on

interroge Poole qui est parmi les serviteurs du Dr Jekyll et il confie au notaire qui fait l’enquête

tout comme si nous sommes dans le cas d’un roman policier, sauf qu’ici, l’enquête n’est pas

menée par un policier ni le coupable n’est pas détecté par un enquêteur. Il confia que M. Hyde

a une clé de la maison du Dr Jekyll et qu’il n’a besoin de personne avant de s’y rendre. De file

en aiguille, le notaire commence par avoir des doutes sur la personne du Dr Jekyll qui est en

train de protéger son ami bienfaiteur M. Hyde qui subitement a une aptitude morose. Pire, il est

un assassin ou un criminel.

Un jour Pool, une nuit, vint voir le notaire pour lui avouer ce qui se fait ou ce qui se passe dans

la maison du notaire. Il y constate que son ami était malade et qu’il soufrait d’une maladie qui

n’est pas comprise.

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

Dans le même temps, il envoya des lettres à son ami Dr Lamyon. Dans la lettre, il le suppliait

de lui rendre un service dans le but de le sortir d’un pétrin. Le service doit être accompli à une

heure précise et bien déterminée. Ce que le docteur Lamyon a fait par amitié car son ami risque

de mourir. Dans le processus de l’enquête, le notaire a réuni les preuves mais il n’arrive pas à

comprendre ce qui arrivait au Dr Jekyll. D’ailleurs, M. Hyde son ami connu du commun des

mortels avant la fin de la lecture, il a la même taille que le Dr Jekyll mais n’oublions pas que

depuis le meurtre ; M. Hyde a disparu de la circulation.

En fin de compte, les amis du Dr Jekyll sont coincés dans leur tentative de comprendre le

mystère ou le mythe qu’il y a entre le docteur Jekyll et M. Hyde.

Dans la suite, on comprend que le statut qu’a le Dr Jekyll l’empêchait de faire les délires mais

il a compris qu’il faut utiliser une potion ou une drogue pour se métamorphoser. Ce qui paraît

singulier dans l’affaire quand le Dr prend la potion il change de forme et non son propre être,

cet état lui permet de faire tout ce qu’il veut. Mais une fois qu’il devient M. Hyde, il fait tout ce

qu’il veut, là où le mal se trouve quand il a pris la potion, il a fait une erreur dans la manipulation

ce qui fait qu’il ne peut plus changer.

3.8.4. La littérature fantastique

Le fantastique est un genre qui peut être décrit comme l’intrusion du surnaturel dans un récit

réaliste, c’est-à-dire l’apparition de faits inexpliqués, mais théoriquement expliqué dans un

contexte connu du lecteur, comme le merveilleux mais différent tout de même.

Selon le théoricien de la littérature Tzvetan Todorov, le fantastique serait présent dans

l’hésitation entre l’acceptation du surnaturel en tant que tel et de tenter d’expliquer

rationnellement. En cela, le fantastique est situé entre les belles (et son incarnation

contemporaine, fantasy), dans lesquelles le surnaturel est accepté et justifié car le cadre est

irréaliste et imaginaire, et l’étrange, dans laquelle il expliquait est acceptée comme normale.

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

Contrairement à ces deux genres, le héros, comme le lecteur, a presque toujours une réaction

de rejet, la peur du rejet ou de faire face aux événements surnaturels qui se produisent.

Cette définition plaçant le fantastique à la frontière de l’étrange et merveilleux est

généralement acceptée, mais a fait l’objet de beaucoup de controverses, comme celle menée

par Stanislas Lem.

Le fantasme est très souvent associé à une atmosphère particulière, une sorte de tension due à

répondre à l’impossible. La peur est souvent présente, soit dans le héros ou l’auteur va causer

de l’anxiété chez le lecteur, pourtant ce n’est pas une condition sine qua non du fantastique.

Par extension, le fantastique définit également un genre dont la signification est

essentiellement la même.

3.8.4.1.Le surréalisme

Le surréalisme est une constante historique et les manifestations privilégiées de ce surréalisme

antérieure…Aspiration intense à la liberté et à l’amour. Exaltation du merveilleux et du désir.

« Le surréalisme repose sur la croyance à la réalité supérieure de certaines formes d’associations

négligées jusqu’à lui, à la toute puissance du rêve, au jeu désintéressé de la pensée. Libre cours

est donné à l’inconscient et au désir. L’œuvre ainsi engendrée sera plus qu’une réalisation

esthétique c’est aussi un aperçu sur le moi authentique, une ré–création. L’abandon à ‘’l’écriture

automatique’’ (pensée parlée, écriture de pensée) permettra au poète cette descente vertigineuse

en soi. Pour arriver à cette complète libération de l’esprit. Il fallait en finir avec les conventions,

les préjugés éthiques et esthétiques ; d’une civilisation qui, au nom d’un humanisme chrétien

avait permis la guerre et ses hécatombes, le colonialisme et ses séquelles et l’exploitation du

plus grand nombre par une classe privilégiée. Le dadaïsme avait déjà proclamé la mort de cette

civilisation en faillite. La liberté totale. Plus rien. Nada ! « Je détruis les tiroirs du cerveau et

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

ceux de l’organisation sociale. » Les surréalistes sont des magiciens du verbe ; une qualité de

l’image

« Le vice appelé surréalisme est l’emploi déréglé et passionné de stupéfiantes images. Dans

leur recherche de la vraie vie, les surréalistes s’appuient sur sigmand Freud. Il s’agit de

construire un monde à la taille immense de l’homme.

Au delà d’une poétique, le surréalisme est une philosophie révolutionnaire de la vie. Le

surréalisme au point de vue philosophique repose « sur la croyance à la réalité supérieure de

certaines formes d’associations négligées jusqu’à lui, à la toute puissance du rêve, au jeu

désintéressé de la pensée » Nous allons nous appuyer sur la sur-réalité.

3.8.4.2. Le pouvoir a l’imagination

La volonté et le désir sont des forces puissantes qui nous permettent de changer nos vies, mais

sachez que, bien qu'ils jouent un rôle primordial, ils ne sont pas suffisants. L’imagination prime

sur la volonté. Le philosophe grec Aristote considérait l'usage de la volonté comme un pouvoir

précieux, cultivable chez l'homme.

L'imagination, c'est l'art de donner vie à ce qui n'existe pas, à ce que vous désirez voir se

produire. C'est la manifestation du visible à partir de l'invisible. L'imagination est le moteur de

l'inconscient et c'est en elle que sont façonnés tous les désirs, tous les rêves, tous les plans et

toutes les réalisations de l'homme.

Cependant, l’imagination a besoin de la volonté et du désir, et vice versa, car ils s'alimentent

mutuellement, stimulant et dirigeant le flux de l'énergie universelle (voir le chapitre sur la Loi

d'attraction). L'usage de la volonté sans imagination est une grande perte d’énergie.

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

3.9. Sorcellerie et industrie cinématographique

Sorcellerie au cinéma : Le cran de la sorcellerie à l’écran

La sorcellerie dans le cinéma, le cinéma dans la sorcellerie ; sorcellerie et cinéma, ont été des

titres qui nous ont fait réfléchir.

Tout le monde s’accorde pour reconnaitre que le cinéma joue un grand rôle dans l’éducation

des enfants, même des adultes. L’univers est basé sur deux mots : l’amour et la peur.

L’éducation des enfants est basée sur l’émotion, la peur surtout. D’où le rôle et la place du

fantastique dans les grands plus éducatifs européens. Ces films sont en effet fortement inspirés

par les légendes et les mythes.

Il convient de souligner que toute la pédagogie qui se cache derrière ces films est que le divin

est en nous. C’est le cas d’un film à succès comme Merlin.

1998 : Film historique / Média Val fantastique / 2h 54 min

Merlin est une mini série américaine de Steve Barron diffusée en 1998. Elle raconte la légende

du roi Arthur du point de vue de l’enchanteur MERLIN, de sa naissance à la chute de Camelot

(Wikipédia)

Merlin est un film réalisé par Steve Barron avec Sam Neil, Mirande Richardson.

Synopsis : Dans une Bretagne ou

Série Télévisée Britanique en 65 épisodes

Pays d’origine : Royaume Uni

Connu sous les noms « Myrddin » ou « Myrdhin » en gallois, « Merzhin » ou « Marzhin » en

breton et en cornique, Merlin est une sorte de Mage bénéfique issu et commandant aux êtres de

la Nature dans la mythologie celtique et plus particulièrement de la branche brittonique. Soit la

Bretagne continentale et la grande Bretagne sauf l’Ecosse. De nos jours, son nom est

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

fréquemment associé à sa fonction d’ « enchanteur » et de magicien. On l’appelle

« l’enchanteur » parce qu’il a des pouvoirs magiques : il peut se transformer en toutes sortes

d’êtres surnaturels.

A l’origine, il devait être l’antéchrist. Il est raconté, qu’il ne devrait pas exister si le Diable

n’avait décidé un jour de jouer un mauvais tour aux mortels. Il vint sur terre et prit forme

humaine pour se faire aimer d’une femme belle et naïve qui devait accoucher d’un représentant

terrestre des enfers. Elle fut condamnée à mort pour avoir été enceinte hors mariage comme

l’exigeaient les lois de ce temps. Pourtant les juges décidèrent de sauver l’enfant, qui somme

toute était innocent : ils enfermèrent la jeune fille jusqu’à l’accouchement, et elle pria durant

toute sa grossesse pour que Dieu la sauve, elle et son fils. Le bébé fut un garçon vigoureux

qu’on nomma Merlin. Il était velu à faire peur, si bien qu’aucune nourrice ne voulut l’allaiter.

On le laissa donc à sa mère. Le jour sinistre arriva, où les juges voulurent exécuter la sentence.

Ce fut alors que se produisit le premier prodige : Merlin prit la parole et devant les juges

stupéfaits, il défendît sa mère avec éloquence.Peu après, tous deux quittèrent la prison saine et

sauve.

Durant sept années, Merlin grandit auprès de sa mère, étonnant son entourage en révélant de

nouveaux talents prodigieux.Ainsi, dès sa naissance l’enfant savait parler et

résonner.Politiquement, le rôle de Merlin fut d’aider à l’accomplissement du destin du royaume

de Bretagne.Il s’occupa du destin de Arthur. Tout le mythe Arthurien tourne autour de la

désintégration de l’unité chevaleresque instaurée par la table Ronde et finalement détruite par

la haine implacable d’Arthur et de Modred.

Merlin qui fut l’ami et le conseiller du Roi Arthur continua à vivre dans la forêt de

Brocéliande.Le tombeau de Merlin est très vénéré encore aujourd’hui, on vient y faire un vœu

ou y déposer des offrandes dans l’espoir d’être exaucé par l’esprit de Merlin.D’un point de vue

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

de la Réincarnation.Merlin fut Thot ; et plus près de nous le Mage Franz Bardon. De très

nombreuses autres incarnations lui sont attribuées. Ainsi, certains pensent qu’il fut Joseph le

père de Jésus.Mais il n’en fit que la contrepartie non incarnée courant depuis la 5ème dimension.

Il est en effet émissaire de la grande confrérie blanche ouvrant pour le 7ème Rayon (violet) de

l’ordre cérémoniel et magique.Il y a dans le cinéma toute une part d’imprévu et de mystère

qu’on ne trouve pas dans les autres arts.Le cinéma est essentiellement révélateur de toute une

vie occulte avec laquelle il nous met directement en relation.Le cinéma est dans l’éducation de

l’enfance donc fonction éducative du cinéma.

Le substratum du cinéma lui-même, et qui en fait un langage au même titre que la musique, la

peinture ou la poésie. Le cinéma, vertu propre au mouvement secret et à la matière des images.

Il y a dans le cinéma toute une part d’imprévu et de mystère qu’on ne trouve pas dans les autres

arts. Le fait qu’il isole les objets, il leur donne une vie à part qui tend de plus en plus à devenir

indépendante et à se détacher du sens ordinaire de ces objets. Au moment où l’image s’en va

tel détail auquel on n’avait pas pensé prend feu avec une vigueur.

L’esprit s’émeut hors de toute représentation. Cette sorte de puissance virtuelle des images va

chercher dans le fond de l’esprit des possibilités à ce jour inutilisées. Le cinéma est

essentiellement révélateur de toute une vie occulte avec laquelle il nous met directement en

relation.

Le cinéma me semble surtout fait pour exprimer les choses de la pensée, l’intérieur de la

conscience, et pas tellement par le jeu des images que par quelque chose de plus impondérable

qui nous les restitue avec leur matière directe, sans interpositions, sans représentations. Et

l’époque aujourd’hui est belle pour les sorciers et pour les saints.

Le cinéma nous rapproche de cette substance – là. Si le cinéma n’est pas fait pour traduire les

rêves ou tout ce qui dans la vie éveillée s’apparente au domaine des rêves. Le cinéma n’existe

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

pas. Rien ne le différencie du théâtre. Le cinéma se rapproche de plus en plus du fantastique,

ce fantastique dont on s’aperçoit toujours plus qu’il est en réalité tout le réel, ou alors il ne vivra

pas.

Ce qui est certain, c’est que la plupart des formes de représentations ont fait leur temps. Car de

plus en plus la vie, ce que nous appelons la vie, deviendra inséparable de l’esprit. Le cinéma,

mieux qu’aucun autre art, est capable de traduire les représentations de ce domaine puisque

l’ordre stupide et la clarté coutumière sont ses ennemies. Le pouvoir à l’imagination. Le

cinéma : Une application des sciences voisines de la sorcellerie.

Pendant longtemps, la sorcellerie a connu une répression judiciaire notamment dans de grands

procès politiques au XIVe et au XVe siècle (Templiers 1308 – 1314, Jeanne d’Arc 1431, Gilles

de Rai 1440) où l’accusation de sorcellerie a été utilisée pour masquer d’autres intérêts.

Si les accusations de sorcellerie ont pratiquement disparu dans le monde occidental, elles restent

persistantes dans les pays du tiers monde et plus particulièrement dans un grand nombre de pays

africains. Le législateur a pris en compte le phénomène en introduisant dans le code pénal

français l’article 264, applicable aux seules colonies et punissant « quiconque aura participé à

une transaction commerciale ayant pour objet l’achat ou la vente d’ossements humains ou sera

livré à des pratiques de sorcellerie, magie ou charlatanisme susceptible de troubler l’ordre

public ou de porter atteinte aux personnes et aux biens ».

Après les indépendances, les nouveaux Etats africains, en se dotant d’un code pénal propre, ont

gardé, pour ainsi dire, ces dispositions dans leur arsenal répressif.

En République centrafricaine, les faits de sorcellerie et de charlatanisme sont qualifiés de délits

et punis par des peines assez lourdes, prévues aux articles 162 et 162 bis de la loi n°61.239 du

18 juillet 1961 portant code pénal centrafricain, ainsi libellés : « Article 162 : sera puni d’un

emprisonnement de cinq à dix ans et d’une amende de 100.002 à 1.000.000 francs, quiconque

se sera livré à des pratiques de charlatanisme ou de sorcellerie, susceptibles de troubles d’ordre

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

public ou de porter atteinte aux personnes ou à la propriété ou aura participer à l’achat et à la

vente, à l’échange ou au don des restes et ossements humains.

L’interdiction de séjour comme peine complémentaire, sera toujours prononcée. »

« Article 162 bis (loi n°88 010 du 19 mai 1988) : lorsque les pratiques définies ci-dessus auront

occasionné des blessures graves ou des infimités permanentes, la peine sera celle des travaux

forcés à temps.Lorsqu’il en sera résulté la mort, les auteurs seront punis de la peine de mort »

Il convient de constater que presque tous les acteurs d’Aziza sont morts. Sauf l’acteur principal

James Salanon (l’ami) qui n’a plus jamais retrouvé son équilibre de départ. Maladie

inexplicable, vieillesse subite, défiguration. Il faille trouver dans la présente thèse un concept

métamorphosé, philosophiquement soutenable, qui laisse la sorcellerie ‘’mangeante’’ à sa place

pour donner naissance à l’être mystère divin qui invente, qui crée, qui va au delà de la norme

mais exploite les ‘’écarts’’ dans leur extrême positivité.

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

Figure 3 : images d’un film inspiré de la sorcellerie (merlin)

Source : Internet

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

Figure 4 : image d’une serie sur la sorcellerie: harry pother

Source : Internet

Quelques films célèbres : La Horla, Golem ; Frankeinstein ; Chrii ; La chacala ; AZIZA ;

L’Etrange cas du Dr Jekyll et de Mr Hyde : une mise en œuvre patente de la loi de la

métamorphose ; Merlin : Du mythe à la réalité et de la réalité au mythe Harry Poter : l’école de

sorcellerie.

3.10. Sorcellerie dans l’economie créative

L’émergence du terme « économie créative » s’inscrit dans un contexte de convergence entre

les innovations technologiques (numérique), le travail créateur, et les logiques industrielles.

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

Le numérique permet d’inventer de nouvelles manières de faire du cinéma (avec la 3D), impose

de s’adapter à de nouvelles pratiques de diffusion auxquelles les modes de financement et

d’organisation de la production doivent s’adapter

De nouveaux acteurs ou de nouvelles configurations d’acteurs apparaissent : Les groupes de

luxe intervenant dans le monde de l’art contemporain. Les diffuseurs (opérateurs télécom)

devenant fabricants de contenu culturel.

Aussi, convient-il de souligner que la notion de propriété intellectuelle parait stratégique dans

l’économie créative.Cette notion précède d’ailleurs l’avènement d’une économie de la propriété

intellectuelle.

La notion d’économie créative est nouvelle, mais suscite un intérêt croissant des décideurs

politiques. Comme l’économie culturelle, l’économie créative a de beaux jours devant elle.

Cette notion est beaucoup plus utilisée dans le monde anglosaxon (créative économie)

L’économie créative est de son temps. Elle s’inscrit dans la droite ligne de la société, de

l’information et de la connaissance.

Les sociétés occidentales, en effet, depuis les années 70 font face à un changement de

paradigme économique dont les impacts sur l’organisation des sociétés sont nombreux.

Les notions d’Economie de la connaissance, du savoir, de l’information, renvoient à des

constructions théoriques différentes. Ces notions se rejoignent autour de l’idée d’un poids

croissant de la dimension symbolique et immatérielle dans le capitalisme et de création de

valeur (scoot, leriche 2005).

Dans un contexte où le secteur des services (secteur tertiaire) est devenu largement donnant

dans les économies nationales, et où l’accès à l’information et à la connaissance est un facteur

de production.

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

Les grains de productivité et la différenciation des biens et des services passent par l’innovation.

Ceci afin de satisfaire une demande croissante de biens ayant une dimension symbolique,

considérée comme un marqueur identitaire ou distinctif (Scoot, leriche 2005)

De plus, Barrère souligne que la demande croissante de biens à fort contenu sémiotique et

éthétique est le fait de consommateurs solvables et disposés à payer pour ce supplémént de sens

plus que d’usage (Barre, 2006).

Selon (Scott, Leriche, 2005) et Barrere (2006) même si le terme économie créative est d’origine

britannique, il est opportun pour l’Afrique. Il pousse comme une solution de taille, poussant sa

source dans l’imagination ; là où le concret échoue.

3.11. Sorcellerie comme fond de commerce : un marché de la peur qui prospère : la

frayeur génératrice de ressources immenses

Si la sorcellerie n’existait pas, il eut fallu l’inventer. Il n’existe peut être pas mais il se trouve

que ce qui n’existe pas emballe.

Véritable incarnation de la peur, la sorcellerie se vend partout par les vendeurs d’illusion. Le

sujet fait l’objet d’émissions à la radio comme à la télévision. Le marché de la sorcellerie

s’anime parce que comme construction sociale elle anime toutes les formes de croyance

possible.

Coaching et développement personnel

Le coaching est un anglicisme. Au bas mot, c’est l’entrainement d’un sportif ou d’une équipe.

C’est aussi de la motivation. Ça peut avoir comme mot de même famille, mentorat,

accompagnement, entrainement personnel. Conseil professionnel guidance. Le terme de

coaching a le vent en poupe.

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

‘’Coacher’’ c’est motiver, aider un individu à découvrir son talent à y croire et à le manifester

au maximum.

Un exemple de coaching, un jour, un roi et son griot étaient en promenade dans la forêt…

Soudain, un lion surgit. Le fauve avait faim et avait soif de sang humain. Sans se poser de

question, le griot monte à la cime d’un arbre et démarre : ‘’tu es le meilleur, tu es le roi des rois.

Tes ancêtres ont connu des exploits face à leurs exploits, ce lion est petit. Tu peux le tuer tu es

capable. Regarde, en toi se trouve la force, l’énergie la jeunesse et la vivacité. Tu as la

bénédiction de tes ancêtres, si tu ne tues pas ce lion, la malédiction tombera sur toi et ceci pour

plusieurs générations… ».Pendant que le griot parlait, la force du roi se décuplait. Et, il engage

une bataille contre le lion.

La prise de conscience »

Le coach ici, c’est le griot. Le coaching permet de révéler à un individu son talent, ses capacités

intrinsèques. Le coach aide l’homme à découvrir son potentiel, à clarifier ses objectifs. Tout ce

qui nous arrive de mal est une mauvaise image de nous même. Une personne qui souffre de

cancer est quelqu’un qui s’est programmé cette maladie. Ici peut intervenir la pensée du

philosophe « l’homme est né bon, c’est la société qui le corrompt ».

Ce que nous disons devient pensées. Ce que nous pensons devient actes. Ces actes vont devenir

des habitudes et ces habitudes vont devenir des caractères pour former notre destin. Destin bien

personnel que collectif. Et c’est cela la ‘’construction sociale de la réalité. (Peter Berger ;

Thomas Lucmann ; 2012). La Construction sociale de la réalité est devenue au fil des années

une source de compréhension des modalités de construction, mais aussi de reconstruction de la

réalité.

Spécifique aux sociologues son importance et son succès durable tiennent à la place unique

qu’il occupe dans l’histoire de la théorie sociale.

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

La réalité de la vie quotidienne se présente à moi comme un monde intersubjectif. Un monde

que je partage avec les autres. Je suis seul dans le monde de mes séries, mais je sais que le

monde, la vie quotidienne apparait aussi réel aux autres qu’à moi-même. Je sais que la réalité

est réelle même si je peux douter de sa réalité. Et cela appelle là l’absurde selon l’expression

de Canny, un dérèglement parfait entre ce que je sais et ce qui m’entoure. C’est pour cela que

les synonymes du mot absurde sont : insensé, aberrant, saugrenu, ubuesque.

La réalité de l’individu est dans un parfait désaccord avec la réalité sociale qui devient sa réalité

puisqu’il est le produit de la réalité sociale.

A cette étape du raisonnement, la pensée ‘’Jungienne’’ de l’inconscient collectif est utile. Jung

distingue en effet dans l’inconscient plusieurs couches : une couche personnelle et une couche

collective.

L’inconscient collectif n’est qu’une programmation ayant pour socle les mythes et la culture.

Rien de sûr, rien de solide ; basé sur les âges les plus reculés jusqu’aux futurs les plus lointains.

S’inspirant de Jung, Boa écrit (Boa, 2012, 25) que les contenus de l’inconscient personnel sont

les complexes à ‘’tonalité affective’’ ; ils constituent l’intimité personnelle de la vie psychique.

Par contre les contenus de l’inconscient collectif sont les ‘’archétypes’’.Jung aussi emprunte

l’expression archétype à Philon et Samit Augustin.

Le conflit est donc permanent entre l’individu et les archétypes. Le ‘’moi’’ responsable, a de

la peine à faire la synthèse entre ‘’le çà (ses désirs et le surmoi la société).

C’est dans ce flou artistique que la sorcellerie s’installe. Elle est le fruit de la contradiction entre

l’individu et la réalité sociale.

La réalité sociale est une programmation (archétype) qui met l’individu (né libre) dans les

‘’fers’’. Il faut en retour une déprogrammation. Une déconstruction des construits sociaux.

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

3.12. Programmation préventive et plurielle.

Selon Iréné Noël Babine (Pognon, 2014 : 8-9) : La programmation Préventive et plurielle est

un concept totalement nouveau qui combine la programmation positive au cerveau.

Le cerveau est cet organe central supervisant le système nerveux. Il est le siège des facultés

mentales et de la pensée. Tout l’homme est à ce niveau puisque chaque partie du corps a son

répondant dans le cerveau.

La programmation Préventive et Plurielle (PPP) est un outil dynamique et divin. En témoignent

les Saintes écritures et les versets ci-après

« …du fruit de ses paroles chacun tire sa nourriture, son langage lui rapporte de quoi se

rassasier.. » (Pognon ; traité de la Réussite intégrale p. 8)

3.12.1. Astuce

Le conscient n’influence notre vie que pour deux pour cent (2%). Et c’est en entendant de

façon répétée les dires de nos parents, amis, enseignants, médecins… que nous avons inculqué

à notre cerveau les incapacités, les limitations et autres entraves à la réussite intégrale de la vie.

C’est donc par la répétion consciente de phrases positives valorisantes sur nous même, sur ceux

qui nous entourent, que nous pourrons modifier.

3.12.2. Le conditionnement initial défavorable

Dans chaque domaine possible de perturbation, nous devons reprogrammer notre perception de

notre corps ; de notre identité, nos conditions, notre comportement, nos compétences et notre

environnement.

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

3.12.3. La neuro-conscience

Cette science nous enseigne et nous révèle que tout ce qui est répété avec émotion pendant plus

de 20 jours devient une pensée qui va se réaliser dans notre vie.

Prier sans cesse, c’est programmer sans cesse des pensées positives pour ne pas laisser de place

à des pensées négatives.

Dieu est si bon qu’il n’a pas créé la maladie, la misère, la pauvreté. Il est le chemin, la vérité et

la vie. Il est richesse et abondance. C’est l’homme qui a créé l’amour, Dieu et la foi.

Programmer, c’est donc réparer la perception que j’ai donné de moi à mon cerveau. Alors

pourquoi la maladie, pourquoi la pauvreté, pourquoi le chômage, pourquoi des difficultés à

avoir un enfant, pourquoi des difficultés à se marier, des difficultés dans les foyers ?

Notre cerveau nous laisse souffrir parce que par notre langage, notre environnement, nos

convictions, notre comportement et d’autres, nous lui avons donné l’ordre de nous faire

souffrir.Nous sommes ce que nous osons être. Nous devons ressentir ce que nous désirons. Dieu

nous aime. Il est amour. Il nous protège.

3.12.4. Je pense positif, ma vie change.

La première leçon : c’est de reconnaître que, à travers la connaissance, Dieu a nanti tous les

hommes, et ceci sans discrimination, d’un pouvoir de savoir illimité. Sur ce plan, au départ, le

grand frère noir et le petit frère blanc, sont dans un rapport d’égalité parfaite.

La deuxième leçon : c’est de reconnaitre que les différences interviennent entre ceux à qui on

a donné, au départ, les mêmes pouvoirs, donc les mêmes chances, dès lors qu’ils empruntent

des voies différentes, à l’image des serviteurs du maître dans la parabole des talents : garder

intacts leurs dons, les galvauder ou les fructifier.

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

Troisième leçon : c’est de reconnaitre que cette histoire du grand frère noir et du petit frère

blanc, rapportée aux causes du retard de l’Afrique, nous éclaire et nous renseigne sur le fait que

les Africains, par rapport à d’autres peuples, tardent à comprendre et à utiliser, à leur avantage,

la puissance de leur esprit. D’où cette recommandation impérative : le grand frère noir doit lire,

apprendre, assimiler et utiliser à son avantage les lois du succès. C’est le devoir de chacun de

lire les meilleurs livres sur les forces de l’esprit humain et d’apprendre les choses étonnantes

que l’esprit peut faire pour nous garder en forme et heureux.

La cinquième leçon : c’est de reconnaître que la plupart des cadres africains, dévoués aux tâches

de développement du continent, ont eu le livre de la connaissance, mais ils continuent de le lire

à l’envers. Car, la plupart des cadres africains s’en tiennent à leurs connaissances générales et

livresques. La plupart des cadres africains n’aiment ni sortir des schémas préétablis ou des

sentiers battus ni prendre des initiatives ou des risques. A des degrés divers, nous avons affaire

à des cadres d’exécution qui attendent des ordres et des instructions, plutôt qu’à des cadres de

conception créatifs qui ont de la vision et qui savent libérer leur pouvoir d’imagination. Voilà

la condition nécessaire pour créer du neuf et engager l’avenir, agir par anticipation, résoudre

les problèmes qui se posent à eux et que la vie leur pose.

La sixième leçon : c’est de reconnaitre que les connaissances générales sont inopérantes, parce

que superficielles et que les seuls diplômes universitaires ne suffisent pas. Tout cela pèse très

peu dans la balance de la lutte contre le sous-développement. Il faut ambitionner plus et exiger

davantage nécessité, pour ce continent, dans tous les domaines, de promouvoir un savoir

spécialisé, solidement établi sur une réflexion autonome et une imagination sans frontière.

Voilà le levier pour impulser un changement qualitatif et durable. Mais où trouver ce levier ?

Napoléon Hill répond : « la vérité que l’homme recherche éternellement est cachée dans son

être intérieur ; il est donc vain de la rechercher loin dans le désert de la vie ou dans le cœur

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

d’autres hommes qui l’ont trouée. Cela ne nous amène pas plus près de ce que nous recherchons

mais nous en éloigne »

Il n’y a meilleur plaisir ou bonheur que celui que tu gagnes par la lutte, le travail et la sueur de

ton front.

Le travail

« Comme des millions d’autres, j’ai adoré le travail. Du travail encore et toujours du travail. Le

travail a été pour moi à la fois un calmant et un stimulant, une évasion et un exercice, une

distraction et une passion. Des amis ont pu m’abandonner, le plaisir prend pour moi un goût de

cendre, mon esprit connait l’abattement. Ma machine à écrire et l’observation du monde m’ont

permis de triompher de tout…

Pendant un quart de siècle, j’ai travaillé tous les jours et j’ai aimé le faire. J’ai travaillé au lit

quand j’étais malade, pendant mes voyages en Europe et même dans les trains. J’ai écrit dans

des cabanes, des salles de bain, des cabines, des compartiments, des chambres à coucher, des

salons, des jardins, des théâtres, des cuisines. Rien ne m’a jamais paru aussi satisfaisant, durable

et réconfortant que le travail ».

Commençons par attirer notre attention sur ces quatre idées fortes que nous empruntons à

Napoléon Hill. Elles méritaient, de notre part, réflexion et méditation.

Tout ce que l’esprit humain peut concevoir et croire, l’esprit humain peut réaliser. Vous pouvez

y arriver, si vous y croyez. Le mot impossible a moins de sens que jamais dans l’histoire de la

race humaine. Il en est qui ont vraiment banni ce mot de leur vocabulaire, croyant que l’homme

peut faire tout ce qu’il peut imaginer et qu’il croit pouvoir faire. Un lâcheur ne gagne jamais,

un gagneur ne lâche jamais.

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

3.13. Etude perspective à long terme

La vision, expression qualitative d’un ensemble de buts à atteindre à l’horizon 2025, est une

image destination et doit constituer un idéal qui rassemble les différents acteurs du

développement du pays. En d’autres termes, la vision doit être comprise comme :

 Une image ambitieuse, crédible et attrayante du futur du pays ;

 Une image articulée de la destination vers laquelle les efforts du Bénin doivent tendre.

La vision Bénin – 2025 est formulée comme suit :

3.13.1. Les fondements de la vision

La vision du Bénin – 2025 repose sur cinq principaux sous objectifs. Il s’agit de

- La bonne gouvernance ;

- l’unité nationale et la paix ;

- Une économie prospère et compétitive ;

- Une culture convergente et rayonnante ;

- Le bien-être social

3.13.2. La bonne gouvernance

La bonne gouvernance est l’ensemble des valeurs, règles et dispositions réglementaires

permettant de bien gouverner. Ainsi, dans une démocratie pluraliste comme celle du Bénin, la

bonne gouvernance devra se manifester par :

- La séparation des pouvoirs (exécutif, législatif et judiciaire) ;

- Le bon fonctionnement et la bonne coexistence des institutions de pouvoir et de contre –

pouvoir ;

- La participation, la transparence, la responsabilité, l’efficacité et l’efficience dans la

gestion des affaires publiques et dans l’administration ;


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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

- l’effectivité de la décentralisation ;

- l’interaction et la complémentarité entre le secteur public, le secteur privé et la société

civile ;

- Une société civile forte ;

- Une bonne gestion des solidarités (sécurité des personnes et des biens, répartition

équitable des richesses nationales, aménagement du territoire, etc.) ;

- une mobilisation nationale pour lutter contre la corruption et l’impunité ;

- une armée républicaine de type moderne au service de la Nation.

De manière spécifique, la bonne gouvernance doit permettre l’enracinement et la consolidation

de la démocratie pluraliste de l’Etat de droit de la promotion d’une diplomatie offensive et

toujours courtoise. La démocratie pluraliste doit reposer davantage sur :

- des élections libres, transparentes et concurrentielles, susceptibles de conduire

pacifiquement à l’alternance ;

- un multipartisme raisonnable ;

- le respect des droits de l’Homme et de la liberté individuelle et collective ;

- la prééminence de la légalité constitutionnelle ;

- la soumission de tous les citoyens aux lois de la République.

Quant à la nouvelle diplomatie, elle doit permettre d’améliorer l’image du Bénin et des Béninois

à l’extérieur et se mettre véritablement au service du développement du pays.

3.13.3. L’unité nationale et la paix

L’unité nationale est souvent menacée par des conflits liés à des discriminations ethniques, des

clivages politiques, des antagonismes religieux et des problèmes fonciers auxquelles s’ajoute

le règne d’une économie prospère et compétitive ; le bien être social, et toutes actions pouvant

contribuer au developpement humain durable.


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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

Super homme / surhomme

Le philosophe allemand Friedrich Nietzches subjugué par son génie créateur s’est écrié « Dieu

est mort ! vive le surhomme. ». Ce cri Neietzchesein est en même temps le champ de ralliement

de tous les philosophes et scientifiques qui pensent que l’homme est à l’image de Dieu. Comme

l’a dit le chanteur : « Homme tu ressembles à Dieu.. ». Dans cet ordre d’idée, le philosophe

français, théoricien de l’absurde Albert Camus s’est posé la question de savoir « s’il ne peut

pas y avoir des saints sans Dieu » (A. Camus la perce). Traitant du thème de l’absurde Albert

Camus s’est demandé : « Si l’inévitable ne peut pas avoir une issue… ».Il en ressort qu’en

créant l’homme Dieu y a mis une part divine qui permet une correspondance entre Dieu (d’ici-

bas) et Dieu le créateur d’en (haut) et cette connexion que le philosophe inventeur de

l’hermétisme a déclaré : « Ce qui est en bas est semblable à ce qui est en haut et ce qui est en

haut est semblable à ce qui est en bas » (Hermès Trimégiste).

Savant, créateur et sorcier.

La logique cartésienne laisse parfois la place à l’alchimie, l’occultisme à une connexion à des

réalités supra qui interviennent de façon qualitative et magique à la production de notre

document.

Nous allons baser notre analyse sur le plan documentaire « les mystères des sciences occultes »

pour montrer que les scientifiques les plus célèbres de l’histoire sont des magiciens des

occultistes, bref des gens qui pratiquent ou qui mènent des actions très proches de celles que

mènent les sorciers : Ils sont des initiés qui prennent l’écart par rapport à la norme en s’appuyant

sur des éléments naturels…

« Ce qui est en haut est égal à ce qui est en bas et ce qui est en bas est égal à ce qui est en haut ».

C’est ce que pense Hermes Trimegiste un des plus grands magiciens de l’humanité qui à donné

son nom plus tard à la doctrine de l’hermétisme.

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

L’homme est un être très complexe. Il est le seul à être doté de raison. Il a un corps, une âme et

un esprit. L’existence de ses sept centres énergétiques est également un mystère à connaitre.

« La connaissance dans le Golfe de Guinée s’acquiert par l’initiation (Mahougnon Kakpo). Pour

Mahougnon Kakpo en effet, pour accéder à toutes formes de connaissances il faut être initié.

Parlant de savant et de sorcier, il soutient que les deux ont reçu la même forme d’initiation. Et

que les sorciers eux, ont décidé de choisir le chemin du mal. (Trukpin lètè).

Pour Elmancio Godson, un initié qui dit le mot ‘’Gobale’’ doit savoir que « La première chose

qu’il doit maitriser est la science de la transformation et le courant d’énergie négative. Ensuite

il doit libérer son esprit des courants négatifs pour atteindre la maitrise parfaite qui lui permet

de se transformer en toutes choses de tous règnes. »

Dans Deutéronome 30 Dieu a mis devant l’homme le bien et le mal, la vie et la mort avant

d’ajouter « Choisis la vie et tu vivras ». L’homme initié sait. IL est doté de raison. C'est-à-dire

‘’la capacité de distinguer le bien d’avec le mal » (Descartes). A cet effet, le même Descartes

estime que ‘’le bon sens est la chose du monde la mieux partagée ». C’est donc, selon lui, les

circonstances et les milieux qui construisent les bons et les mauvais. Cela amène aussi à

l’anthropologie de l’éthique et de la morale, aussi qu’au relativisme moral (Massé).

Pour (Godson, 2015) (métaphysisien) « L’Afrique est une terre sacrée ; c’est le continent des

choses spirituelles. L’Europe est le continent de la raison et chaque continent a une mission

divine ». Il ressort de la pensée de Godson que l’Afrique devrait avoir son cheminement

scientifique basé sur la spiritualité. Or, au nom de l’universalité les sciences africaines sont

élaborées au regard des modèles européens. Et à Elmancio Godson de poursuivre : « l’Afrique

a pour mission de révéler la spiritualité et les enfants du fils noir des mystères. C’est à nous

qu’appartient le soleil RA. La terre africaine ne peut jamais décoller sans la sorcellerie…Nous

nous avons notre type de développement différent de celui occidental. Pendant que l’Europe

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

développe les choses à partir du physique et du matériel. « …nous on doit développer les choses

au niveau spirituel. C’est ça qui va faire l’équilibre car nous n’avons pas besoin de découvrir la

bombe atomique... » (Godson, 2015). Isaac Newton a élaboré la théorie de l’inertie et établit

une relation entre force et mouvement. Pour Isaac Newton « Chaque action implique une

réaction égale et opposée ». La loi est claire ‘’Ce que tu fais te fait’’.

Il y a aussi que le scientifique doit maitriser un certain nombre de lois et principes relevant de

l’ordre de la métaphysique, mais au départ, appliquer le concept socratique clair et limpide

« Connais toi toi-même et tu connaitras l’univers et les Dieu ». Se connaitre revient à se définir

par rapport au macrocosme. Pour parodier Auguste conte, le scientifique africain du point de

vue de l’anthropos doit se demander : Qui suis ? D’où viens-je ? Et où vais-je ? Il est important

pour le chercheur qu’il sache qu’il est à l’image de Dieu et qu’à ce titre, il est fait de feu, de

l’air , de l’eau et de la terre en plus de la parole ‘’Gbé’’ – l’éther, le cinquième élément et en

même temps le premier des 256 signes du Fâ. Maitriser ces éléments fondamentaux est le

commencement de la pratique scientifique. Cela sauve de la péremption dont Jésus parle

lorsqu’il clame « mon peuple périt faute de connaissance ».

Tout cela fait que la plupart des scientifiques et savants sont des Alchimistes occultistes

magiciens voire sorciers.

Le mot ‘’magie’’ en effet fait partie du langage commun de la création de l’invention. C’est en

effet tous les phénomènes survenant sans explications logiques apparentes ou dont les

caractéristiques amènent à penser immédiatement au surnaturel. Le mot magie est aussi dans

votre langage courant. ‘’Je n’ai pas une baguette magique pour transformer la situation’’ ;

‘’c’est moment magique que nous vivons rarement’’ etc. Et, donc, une invention est une

manifestation magique. Car les spécialistes de la magie la définissent comme « une discipline

qui aide à entrer en contact avec les forces astrales ». Les inventeurs utilisent le même procédé.

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

Dans son séminaire public sur le thème « la sorcellerie et ses ramifications ».

Dans le séminaire, David Koffi Aza a expliqué dans un mélange de langue ’’fon’’ et Française

ce que c’est que la sorcellerie, et ceux qui la pratiquent. David Koffi Aza a déclaré que depuis

la nuit des temps, les femmes s’organisaient toujours pour assister leurs semblables lors des

accouchements.

Les européens appellent ces femmes matrones. Pour ces femmes la nature est la maîtresse qui

éduque. Pour découvrir les mystères de cette nature enseignante, il faut l’observer.

Avant de poursuivre la démonstration de David Koffi Aza, il convient de mentionner ou de

souligner l’importance de l’observation dans les découvertes scientifiques. Lorsqu’une femme

conçoit, la matrone la suit jusqu’à l’accouchement. Cela se répète des décennies durant. Et les

matrones consignent dans leurs mémoires le fonctionnement des êtres et des choses. Elles

suivent donc l’évolution de l’enfant jusqu’à l’âge adulte puis note les diverses particularités

dans la vie courante. Et ces informations étaient transmises de générations en générations.

Quand une femme tombe enceinte et que la grossesse présente des symptômes ou des signes

semblables à une grossesse antérieure qu’elles avaient déjà connue, elles sont en mesure de

prédire l’évolution de cette grossesse jusqu’à l’accouchement…ceci est de mise jusqu’à nos

jours. Nantie de cette puissance de l’observation et de l’expérience, les Tangninon sont capables

de prédire la trajectoire d’un nouveau né de la famille.

Par conséquent, elles sont capables d’agir sur le destin de l’enfant à l’âge adulte. Donc, la

machine de la modification du destin de l’enfant peut être mise en marche à l’occasion des

rituels pour l’enfant : « et c’est la base de ce qui va devenir le cauchemar du monde : La

sorcellerie » (Aza, 2015).

C’est tout cela qui les a amenées à observer la nature et à savoir les trois règnes d’éléments qui

gouvernent le fonctionnement du macrocosme à savoir :

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

- les plantes (Végétaux) ;

- les animaux (Y compris les hommes) ;

- les minéraux (Sous sol).

Ces observations leur ont permis de découvrir les mystères qui entourent l’énergie matricielle,

qui a été surnommée plus tard ‘’Minon nan’’.

En plus les défunts étaient inhumés de manière à renseigner les ‘’Minon’’ sur les divers règnes

de la nature. C’est cela l’ancêtre du ‘’zandji’’ (les réunions nocturnes).

Ces femmes là qui ont été les matrones d’hier, qui ont trépassé et qui ont été enterrées d’une

certaine manière afin de fournir aux vivants les informations liées à la pratique de l’énergie

matricielle ont donné beaucoup d’informations dans plusieurs domaines.

L’ensemble de ces pratiques constitue des connaissances qui sont chapeautées par l’énergie

matricielle donc incarnées par une femme qu’on peut appeler ‘’Minonnnan’’. Ce sont ces

pratiques que les nôtres appellent aujourd’hui sorcellerie.

Il est à remarquer que ce cheminement est le même que celui des inventeurs et savants.

En réalité, poursuit David Koffi Aza, la sorcellerie, telle que nous la concevons est une pratique,

une force, une connaissance acquise. Le fait est que cette connaissance a été entourée de cercle

de sécurité pour empêcher que les curieux et les profanes y accèdent.

En principe, la transmission de ce pouvoir est astreinte à un certain nombre de rites de

préparation. Aujourd’hui, plus aucune précaution n’est prise. « C’est comme un enfant qui vient

de commencer le CI qu’on dépose à l’Université pour suivre les cours. Il ne peut rien faire de

bon. La sorcellerie est en fait un certain nombre de pratiques acquises progressivement.

Ce qu’il convient de souligner selon David Koffi Aza « c’est une connaissance neutre qui n’est

ni bonne ni mauvaise »

Autour de la question, il y a plusieurs ramifications. Ces ramifications sont cataloguées en trois

grandes catégories.
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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

Minon nan 1

Minon nan AKPAKPO

Déification (Na)

Les quatre divinités au niveau

de SAKPATA

Gnonhoue ananou

(Mère 1 de minonna sakpata)

na hétê

3 * 4 = (secrets)

Il y a d’autres formes : Azéhounzo

AKPAKPO

(Puissance de substitution)

SEGBOLISSA Anwannan

(Rajeunissement) Zannougnon nature – vodoun - fâ et autres

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

C’est la femme qui gouverne le jour, la nuit, le fâ

Faire l’amour avec une femme est une initiation. C’est comme la sorcellerie. Ce n’est rien

d’extraordinaire. Mais tout est l0. Et c’est cette puissance qu’on cache car tout est là. Elle pactise

avec Sakpata (Terre) Hebiosso (Fâ) Tohossou (Eau) et Dan (Air).

Tableau 3 : éléments

Sakpata La chair de l’homme (tu es né poussière et tu retourneras poussière)

Feu Température en nous

Eau 70 % masse corporelle

Air Respiration

Tous ces quatre éléments proviennent du sang = qui est Minonnan = la femme. Souffre celui

qui ne connait pas

3.13.4. Mystère science occulte

Ce texte est inspiré du film documentaire ‘’les mystères des sciences occultes’’.

On ne peut pas faire de la sorcellerie sans l’occultisme. Les plus grandes œuvres des l’humanité

sont accomplies par les magiciens, les occultes et les sorciers. L’invention c’est l’écart par

rapport à la norme, c’est un supplément d’âme : inventer c’est quitter le connu c’est transgresser

et c’est aussi cela la sorcellerie.

‘’Le mystère des sciences occultes’’. Tel est le titre de ce magnifique film documentaire vidéo.

Cette réalisation est d’un contenu dont la pertinence bouleverse la science et les habitudes.

La grande question de départ est de savoir si l’esprit humain peut modifier l’univers, contrôler

l’environnement et même le temps.

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

A ce sujet, les scientifiques ont repris la quête abandonnée par les spécialistes des sciences

occultes. Ils s’efforcent de résoudre les mystères que les magiciens ont longtemps essayé de

comprendre.

Lorsqu’un individu fait l’expérience d’une vie intérieure, sa certitude est inébranlable. Les plus

grandes avancées de la science accomplie par Newton, Galilée, Carium, sont considérées

comme des découvertes mystiques.

Certains phénomènes considérés comme super ou supra naturels et ou inimaginables, peuvent

devenir des faits scientifiques cent pour cent avérés. Se basant sur la foi, les scientifiques ont

tout temps repoussé les frontières reconnues. A cet effet, les premiers occultistes pensaient que

l’univers était un lieu de conscience auquel ils pourraient accéder pour déchiffrer le travail des

dieux.

Les humains pensent qu’ils sont distincts les uns des autres. En réalité, les êtres humains font

simplement partie d’un seul et même univers. Cette conception est celle des occultes magiciens

et cela a fortement contribué à l’évolution de la science. Ils ont découvert que ce qui est ici-bas

est identique à ce qui est là-haut. HermesTrimegiste a mieux formulé cette réalité en affirmant

que ‘’ce qui est en haut est semblable à ce qui est en bas et que ce qui est en bas est semblable

à ce qui est en haut’’. Autrement dit, où qu’on regarde, les schémas sont les mêmes aussi bien

au niveau microscopique que cosmique ou macroscopique.

Les magiciens pensent que l’univers et l’esprit sont liés. Il s’agit là d’une connexion vraie que

les spécialistes de la physique quantique tentent toujours de démontrer. Selon Dan Burstein, il

y a un recoupement (voire une similitude) entre le mode de fonctionnement du cerveau et de

l’univers. Cela fait penser à la théorie de Mamadou Dango (Dango, 2015) il l’a montré dans la

7è pyramide de gysée en Egypte.

Il y a un lien étroit entre science et magie. C’est le magique, le mystique qui se transforme pour

prendre la forme scientifique.

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

Isaac Newton (Magicien occultiste et alchimiste) est né au 17è siècle à une époque où l’on

pensait encore que la terre est au centre du Cosmos. Newton est connu à la fois comme le père

de la science moderne et comme le dernier des grands magiciens. Il était un esprit hors du

commun. Newton travaillait beaucoup. Il utilisait une technique connue aujourd’hui sous le

nom d’état modifié de conscience. Pour arriver à modifier leur état de conscience les inventeurs

et artistes utilisent plusieurs méthodes : effort physique (course) alcool, stupéfiant, prière,

méditation, hypnose… et plusieurs d’autres méthodes comme la pharmacopée : il existe des

plantes qui peuvent pousser à un état hallucinatoire. Dr Michael Vinoy Adams déclare :

« Je pense que la créativité nécessitait vraiment quelque chose comme l’acceptation de

l’intuition, de l’inspiration comme point de départ des idées qui avaient un rôle profond,

profond, important et même scientifique. Si vous vous ouvrez au cosmos vous vous

imprègnerez de nouvelles connaissances ». Un scientifique doit être en connexion permanente

avec la spiritualité voire les dieux.

En fait, Galilée n’essayait pas seulement de contacter les dieux. Il essayait d’expliquer leur

réalisation. Durant la renaissance, les scientifiques suivaient les enseignements d’Aristote. Les

travaux de ce philosophe grec du 3è siècle avant Jésus Christ formaient les théories acceptées

par l’église catholique.

Les scientifiques tenaient (tiennent) compte de la réalité des quatre éléments feu- eau- air- terre,

et puis le 5è élément qui est l’éther et la parole (gbé). C’est pour cela qu’Aristote pensait que la

terre était au centre du système solaire.

Tout ceci a amené à l’invention ou la découverte de la loi de la gravité. La science s’aborde

avec esprit d’ouverture. Isaac Newton ira plus loin que Aristote et Galilée. Newton né un 25

décembre est magicien. Il est à la quête de la pierre philosophale, c’est-à-dire le niveau

supérieur de la science. La lumière, le cerveau humain est un logiciel insaisissable. Grâce à

l’occultisme beaucoup de sciences seront découvertes : la psychologie, la psychanalyse, la

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

neuroscience, l’hypnose. Par-là, ont pris John Loke, Carl Gustav Jung, Mesmer… Bref le

pouvoir au cerveau et à l’imagination la visualisation amène à la réalisation d’où l’application

abondante de la loi de l’attraction, la question de l’inconscient avec jung qui s’est inspirée de

Freud. Jung va surtout travailler sur l’inconscient collectif qui, selon Jay stone :… « Englobe

tous les éléments qui ne nous sont pas personnels qui transcendent le personnel. Il forme les

contenus transpersonnel et impersonnel de l’inconscient que Young appelait les archétypes. Ils

forment les composants typiquement humains qui n’ont pas de lien avec nous personnellement.

Ils n’ont rien à voir avec notre expérience personnelle, ni avec notre père et notre mère. Ils sont

liés à l’idée même de père et de mère.

3.13.5. Source de la mathématique

Selon Omontoundé les tablettes et toute la technologie moderne fonctionneraient selon les

calcularites des mathématiques africaines.

Depuis une vingtaine d’années les fouilles archéologiques ont révélé que l’Afrique est bel et

bien le berceau des sciences mathématiques. En Belgique, il y a un statut de 7 m de haut de la

première tablette de calcul de l’histoire de l’humanité qui a été trouvée au Congo RDC, et c’est

l’attestation de l’invention de quatre opérations : addition, soustraction, multiplication, division.

Il s’agit de la triangulation ; une invention utilisée pour créer le GPS. On apprend également

que le chiffre zéro (0) a été inventé en Afrique. Il existe une magie des mathématiques

africaines. L’Afrique possède autant de système opératoire qu’il y a de civilisation, et les

systèmes opératoires font preuve d’une immense créativité qui surprend beaucoup.

En Afrique, on utilise aussi bien le cerveau créatif que le cerveau cartésien. Ce sont les

mathématiques de l’Afrique qui font fonctionner les ordinateurs, les tablettes tactiles et les

téléphones portables aujourd’hui, l’intérêt c’est de tout simplement expliquer aux enfants. Les

inventeurs noirs sont effacés et poussés aux oubliettes.

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

« On privilégie le négatif, puis le positif on le met de côté. » Les savants africains (analphabètes)

ont permis de savoir qu’en Afrique, il y a des algorithmes. La culture noire est extrêmement

scientifique.

« Thalès, Pythagore et autres ont avoué que c’est en Afrique qu’ils ont découvert les sciences.. »

et d’ajouter « Nous avons un patrimoine extraordinaire…Dans les grandes universités

(Harvard)…Il y a des bourses qui sont offertes à des occidentaux pour passer des séjours en

Afrique pour découvrir des systèmes mathématiques qu’ils ne connaissent pas »

Cette étude porte sur la perception qu’ont les adultes des changements survenus dans leur vie

et dans la société. Selon une méthodologie mixte de recherche, 504 adultes de la ville de Quebec

ont participé à une étude doctorale. L’Etude s’est intéressée à la notion de la souffrance à

distance de Luc Boltanski. Ceci a rapport à la souffrance des autres qui s’intègre dans le soi

historique des individus. L’analyse quantitative des événements et changement sociohistoriques

marquants pour les participants montre l’importance des évènements terroristes du 11

septembre 2001. Toutes choses suivies des referendums sur l’indépendance du Quebéc.

L’analyse de Contenu, centrée sur le vécu et la gestion des souffrances à distance validé la

portée heuristique de la classification de Boltanski.

Boltanski s’est basé sur la notion du soi historique ; la souffrance des autres liée aux épreuves

à proximité de soi et à distance.

Ce qu’on raconte à soi est en même temps son histoire et celle des autres. Boltanski se base

aussi sur la théorie des sentiments morceaux d’Adam Smith.

3.14.Sorcellerie est un principe

La science est une succession d’erreurs rectifiées. Il convient de montrer dans cette thèse que

la sorcellerie est une construction de l’idéologie dominante. C’est cela qui explique la double

controverse perceptible autour de sa définition et de son existence.


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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

En fait, la sorcellerie c’est un principe. Celui du génie créateur de l’homme qui se connecte

pour agir sur la nature. C’est ‘’Aziza’’ le génie créateur

La sorcellerie est un principe.

Qu’est ce qu’un principe ?

On appelle principe le commencement ; l’origine ; la source ; la cause première. Le mot vient

du latin principum. C’est une notion fondamentale. Ses synonymes sont : axiome ; règle ; loi.

Il est écrit que la foi qui sert de fondement à toutes les religions n’est qu’un principe d’erreurs,

d’illusions et d’impostures.

On parle en art des premiers préceptes, des premières règles.

En philosophie, on parle de première ; et plus évidentes des vérités qui peuvent être connues

par la raison.

Ce principe de la philosophie cartésienne « je pense donc je suis » a été attaqué.

Le principe c’est une notion fondamentale qui est à la base d’une science et d’une technique.

En science, le principe est la loi que certaines observations ont d’abord rendue vraisemblable

et à laquelle on a donné ensuite la plus grande généralité.

En chimie, il est l’élément constitutif des corps. C’est une maxime, un motif, une règle de

conduite.

Le principe est la base de la morale et de la religion.

3.15. Manifeste de la sorciologie

La Sorciologie est toute une action mince sur la nature pour obtenir des résultats qui dépassent

la logique cartésienne. C’est toutes les sciences relevant de l’ordre métaphysique que l’homme

utilise pour agir sur ses semblables et sur la nature. C’est une série de sciences et de lois dont

la maitrise confère à l’être humain des pouvoirs surnaturels.

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

En vertu des pouvoirs que la sorcellerie confère à ses pratiquants de divers ordres, degrés et

grades ; il nous plait d’inventer une nouvelle science, la Sorciologie. Les personnes gentilles

que ce terme n’irrite pas, poussent quand même un soupir ou un rire moqueur. Ceux qui adorent

vivre le font, en ouvrant leur bouche, largement, un peu comme dans la fable du ‘’corbeau et le

renard’’ de Jean la Fontaine.

Ils se trouvent donc largement, afin de ne pas être celui qui écoute le flatteur que nous

sommes.Nous persistons et nous signons pour écrire que cette leçon vaut bien une science : La

Sorciologie.

Comme la Boologie ; dont l’objet est « de saisir globalement toute la situation et la transformer

en vertu d’un pouvoir que (…) confère cette science. »

Après la négritude et l’Indicamétrie, la Sorciologie est un concept africain et surtout béninois

afin que nous puissions apporter notre part du monde au monde.

Pour le renouvellement et l’enrichissement de l’imaginaire africain pour l’innovation

technologique en vue d’un développement paisible et durable.

Pour mieux l’appréhender, il va falloir procéder à sa redéfinition en la rendant adaptable aux

circonstances.

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

CONCLUSION GENERALE

Pays du vodoun, le Bénin donne une place prépondérante à la sorcellerie. Les habitants du Sud

Bénin, dans leur majorité, la perçoivent comme un pouvoir malfaisant. Une pratique diabolique

et satanique dont l’objectif est le mal. Pour la plupart de ces Béninois interrogés, la sorcellerie

est un mal qui entraine le malheur, la souffrance et la mort ; il faut la fuir ou l’éradiquer.

Une deuxième catégorie de personnes a été interrogée. A ce niveau, les déclarations sont

nuancées. Cette deuxième catégorie de personnes ressources (initiés) pense que la sorcellerie

est une connaissance, un savoir, et que c’est plutôt le sorcier ‘’l’initié’’ qui décide d’en faire du

bien ou du mal. Cela fait penser à la sagesse amérindienne : l’homme a deux loups en lui, le

bon et le mauvais, le loup qui survit est celui qu’il nourrit. La bible a dit dans deutéronome 30

que devant lui, l’homme a la vie et la mort, le bien et le mal. C’est à lui de choisir librement

lorsqu’il se met en situation ‘’sartrienne’’. Face au ‘’ça’’ (désir), au ‘’sur moi’’ (principes

sociaux), son ‘’moi’’ (personnalité). Là, un prisonnier peut se sentir plus libre qu’un homme en

liberté : « qu’il te soit fait selon ta foi » a dit la bible avant que le Grand maître Jésus ne

renchérisse : mon peuple périt faute de connaissance. Pour apporter sa part au débat, le

Professeur Mahougnon Kakpo est péremptoire quand il proclame que ‘’le savoir est un pouvoir

(Kakpo, Yɛkumɛji).

Cette thèse a visé une redefinition du concept sorcellerie. C’est une étude qui évoque la

sorcellerie pour l’analyser dans le sens de mettre à nu des insuffisances. Nos mythes, nos

cultures ont fondé nos existences pendant des siècles. Dans cette durée, ils ont créé des réalités

qui, si elles ne sont pas fausses, sont construites (Berger, Lukman, 1986).

Il s’agit dans ce sujet de revisiter le concept de la sorcellerie, de poser le ‘’Bistouri’’ sur le

bubon et l’opérer pour voir au laboratoire de la réflexion si certaines pues ne sont pas

thérapeutiques ou si la mauvaise odeur dégagée ne dépend pas de l’odorat du sujet qui apprécie

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

l’odeur. L’étude procède à une relecture, une redéfinition afin que les perceptions soient

reformées. La sorcellerie a des atouts pour le développement. Dans cette démarche, un symbole

nous parait important : les ordures. Plusieurs études ont montré que les ordures sont de ‘’l’or

dur’’. C’est-à-dire qu’il y a une richesse profonde qui se dégage de l’utilisation des déchets que

notre société rejette ‘’azé’’ ou la sorcellerie produit du développement dans plusieurs de ses

aspects. C’est une batterie de concepts dignes d’être enseignés : ‘’la Boologie’’,

‘’l’Indicametrie’’, ‘’la Géomancie’’ ; ‘’le Symbolisme’’ ; ‘’l’Onirisme’’ ; ‘’le

Paranomal’’ ; le Mentalisme’’ ; ‘’l’Analogie’’ ; ‘’la Phénoménologie’’.

Descartes a dit que « le bon sens est la chose du monde la mieux partagée’ » ; et ajoute de

manière plus significative que : ‘’l’homme est né bon, c’est la société qui le corrompt’’.

Notre travail scientifique a été de montrer, en nous inspirant de l’esthétique d’un titre de

Baudelaire, que si la sorcellerie est un mal, il n’a pas que des pleurs mais aussi des fleurs. D’où

le deuxième grand mouvement de notre sujet, la sorcellerie bienfaisante. Pour arriver à cette

étape, il a été utile de montrer que la sorcellerie n’est qu’une construction sociale. L’ouvrage

« La sorcellerie n’existe pas » (T. Boa, 2010) a été abondamment utilisé. La sorcellerie est un

fait culturel dans la mesure où chaque société travaille à fabriquer ses sorciers. Comme dans

‘’Antigone’’ de Jean Anouilh « chaque société a besoin de coupables. D’où l’ancrage

scientifique : l’anthropologie de la morale. ». Dans le sens de Raymond Massé et Friedrich

Nietzsche, le bien et le mal n’ont rien d’absolu. Chaque société élabore ses lois et trouve ses

mauvais enfants. Ceux qui ont des comportements qui ne s’inscrivent pas dans les normes sont

identifiés, écartés et sanctionnés afin que la société puisse vivre son équilibre. Lorsqu’on

s’inspire de la psychanalyse de Freud, on s’aperçoit que la peur, l’insécurité mentale sont

présents dans tous les domaines de l’activité humaine au Sud du Bénin.

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

Les déceptions en amour, la peur de la vie et de la mort, le carcan que constitue l’inconscient

collectif. La sorcellerie africaine est fortement marquée par l’histoire et le christianisme bardé

de son idéologie assimilationniste qui fait la table rase des cultures africaines.

Puisque ‘’science sans conscience n’est que ruine de l’âme » (Rabelais) ; il y a certaines

sciences dont l’apprentissage élève le niveau de conscience de l’homme. Ces sciences révèlent

à l’homme ses capacités au plan physique, mental et métaphysique.

Pour cela plusieurs ‘’savants’’ et ‘’inventeurs’’ sont des sorciers puisqu’ils utilisent exactement

les mêmes méthodes que les personnes dites sorcières.

Il en ressort que la sorcellerie en fait est le pouvoir de l’imagination. L’imagination inventive

et créative.

Elle a donné lieu à une industrie cinématographique légendaire. Des séries comme Merlin,

Harry Poter, Chree, la Chacalla, l’étrange cas du docteur Jekisll, ont contribué à éduquer des

générations passées, présentes, puis à venir.

Il en ressort une abondante économie créative : d’où la contribution de la sorcellerie au

développement humain durable en Afrique et partout dans le monde. Il s’agit de révéler

l’Afrique des profondeurs. Car, la sorcellerie, à un moment donné, a fonctionné comme une

résistance à l’oppression coloniale.

C’est le lieu de dire et de soutenir qu’en réalité le thème ‘’Sorcellerie’’ n’est en fait qu’une

création de l’idéologie dominante ; celle qui consiste à annuler voire diaboliser toutes les formes

d’expressions culturelles et civilisationelles est donc fille du choc entre les cultures importées

et celle autochtones. Elle est donc une construction de l’idéologie dominante. (Meudec).

Dans son discours au parlement Britanique du 02 février 1835, Lord Macaulay déclarait : « J’ai

voyagé à travers l’Afrique, je n’ai pas vu de mendiants ni de voleurs ; j’ai vu des personnes

avec des hautes valeurs morales et je pense que nous ne pouvons pas conquérir ce pays, à moins
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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

que nous ne brisons/ effacions la colonne vertébrale de cette nation qui est sa spiritualité et son

héritage culturel. Par conséquent je propose que l’on remplace son ancien système éducatif et

culturel, ainsi, quand les Africains penseront que ce qui vient de l’étranger et en particulier de

l’Angleterre est meilleur que ce en quoi ils croyaient, ils perdront l’estime de soi, leur culture

et ils deviendront ce que nous voulons qu’ils soient, à savoir une véritable nation dominée. »

En outre, au nom de la loi de la relativité rien n’est exclusivement mal. Le mal a forcement un

côté positif : c’est cela nous avons exploré.

Pour sursoir momentanément à cette étude, il convient ici de marquer une pausse. Nous voulons

tout simplement marquer une pausse pour ouvrir le sujet.

Faire un apport à l’humanité en mettant en œuvre la ‘’Sorciologie’’, une science qui explore

les versants positifs des ‘’sorcelleries’’.

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

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46. T. R. BOA, (14 septembre 2008), sorcellerie et traditions criminelles’’ in Fraternité

Matin,

47. T. R. BOA, (du mardi 31 mars 2009), ‘’ les sorciers n’existent pas’’ in Nord-Sud

Quotidien n°1161,

48. V.W. Turner, « Witchcraft and sorcerer », Taxonomy versus Dynamics in Africa, 34,

1964. Schism and Continuity in an African Society, Manchester University Press, 1957.

49. YORO (Marcel), « il y- a de plus en plus de sorciers en Côte d’Ivoire » in Nord-Sud

Quotidien n°1375 du mercredi 16 décembre 2009.

50. ZAHAN ; religion, spiritualité et pensée africaine, Paris, Payot, 1970.

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ANNEXES

FICHE D’ENQUETE

Numéro

d’identification…………………………………………………………………………

Date de l’interview………………………………………………………………………….

Nom et prénom du répondant (Facultatif)……………………………………………………

1- De quelle commune du Bénin êtes-vous

originaire ?........................................................

2- Quelle est votre profession (ou statut social) ?

Artisan Paysan Employé de bureau

Cadre supérieur Elèves Autres

3- Quelle est votre religion ?

Animiste Catholique Evangélique Musulman

Athée Autres

4- Croyez-vous en l’existence de la sorcellerie ?

Oui Non

5- Comment définissez-vous le sorcier ?

Membre d’une société secrète malfaisante

Un charlatan impitoyable

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Un tueur, mangeur d’âmes humaines

Une personne dotée de forces surnaturelles négatives

Une personne dotée de forces surnaturelles négatives comme positives

Une personne savante capable de manipuler

6- Quels sont les faits négatifs imputables à la sorcellerie dans votre milieu ?

Echec social Accident de la circulation Maladies incurables Folie

Infertilité Paralysie Alcoolisme Mort

7- Ne pensez-vous pas que la plupart des grands malheurs proviennent de causes

naturelles ?

Oui Non

8- Connaissez-vous des sorciers bienfaiteurs ?

Oui Non

9- Quelles sont les actions positives produites par un sorcier à votre connaissance ?

Guérison Délivrance Protection Chance

10- Il se dit que les inventeurs des autres continents sont des sorciers positifs. Pensez-

vous aussi qu’il existe une sorcellerie blanche bienfaisante ?

Oui Non

11- La sorcellerie de chez nous peut être valorisée elle aussi ?

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Vrai Faux

12- Avez-vous été témoin ou victime d’un fait de sorcellerie ?

Oui Non

13- Si oui décrivez ou racontez au verso…………………..merci pour votre participation

GUIDE D’ENTRETEN

I– Les caractéristiques sociodémographiques

- Age :.................................../_____/

- sexe :.................................../_____

- Ethnie :.................................../_____

- Nationalité :...................................

- Religion d’appartenance :...................................

- Situation matrimoniale :...................................

- Marié 1 Divorcé 3

Célibataire 2 veuf (ve) 4

Si vous êtes marié combien d’épouses avez-

vous ?................................................./_____/

- Quartier de résidence :...................................

- Niveau d’instruction :

- Profession :

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II- Vie, trajectoires et pratiques initiatiques

1 – A quel âge avez-vous eu votre initiation ?........................................ /_____/

2- Pouvez-vous nous dire, comment vous l’avez eu ?............ /_____/

3- a- Avez vous des enfants ?

b- Si oui combien ?

4- Quelle profession exercez-vous ?

5 – a- Selon vous la sorcellerie existe-il ?

b- Si oui, comment peut-on la définir ?

6- Quel est le sexe prédominant des initiés à la sorcellerie ? (Plus d’hommes que de femmes

ou le contraire ?)

7- a- Nait-on sorcier ou le devient-on ?

b- Si on peut le devenir, comment le devient-on ?

c- Est-ce quelque chose qu’on peut acheter ?

8- Combien de formes de sorcellerie y-a-t-il ?

9- a- La sorcellerie est elle une bonne chose ?

b- Une mauvaise chose ?

c- Ou les deux à la fois ?

10- Si c’est possible de devenir sorcier, c’est souvent pour quel mobile ?

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11- a- Peut-on reconnaitre un sorcier à l’œil nu ?

b- Si non, à la rigueur les sorciers se reconnaissent-ils entre eux ?

12- a- Les sorciers mangent-ils de la chair humaine ?

b- Si oui, comment procèdent-ils ?

c- Si non, que mangent-ils exactement à leurs réunions ?

d- Est-ce tous les sorciers qui se rendent aux réunions qui y mangent ?

e- Y-a-t-il des gens parmi eux qui ne mangent pas ?

f- Si oui pourquoi ? Justifiez ?

13 – a- Où se réunissent les sorciers ?

b- A quelle heure commencent t-il – souvent leurs réunions

c- A quelle heure les finissent-ils ?

14- Les initiés à la sorcellerie ont-ils des codes particuliers pour communiquer entre eux ?

15- a- Les sorciers continuent-ils de recruter ?

b- Si oui pourquoi et comment ?

16- Quel profil faut-il avoir pour être candidats à leurs recrutements ?

17 – La sorcellerie a-t-elle des liens avec :

a- Le fâ ?

b- Les divinités ?

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c- Ou est-elle indépendante de tout cela ?

18- a- Pensez-vous que les sorciers sont des gens justes ?

b- Ou sont-ils tout simplement de cruels personnages ?

19- Un guérisseur est-il un sorcier ?

20- Comment le sorcier est-il perçu par les autres ?

a- Par sa famille ?

b- Par la société ?

21- Que pensez-vous du regard des autres ?

22- Quelle est la catégorie de personnes qui parlent mal des sorciers ?

23- a- Comment devient-on un ‘’Bon sorcier’’ ?

b- Comment devient-on un ‘’Mauvais sorcier’’ ?

24- Qui est au courant de votre état d’initié à la sorcellerie ?

25- Pensez-vous qu’on puisse arracher la sorcellerie à quelqu’un ?

26- Peut-on dévoiler les secrets de la nuit aux profanes ?

27- a- Que savez-vous de la loi de la métamorphose ?

b- L’homme peut-il sortir de son corps sans être sorcier ?

28- Que disent les autorités sur la sorcellerie ?

29- Que pensent les religions importées de la sorcellerie ? :

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a- Les personnalités religieuses ?

b- Les pasteurs ?...

30- a- La sorcellerie est-elle acceptée et considérée par les lois juridiques en Afrique

particulièrement au Bénin ?

b- Si oui, peut-on régler les affaires de sorcellerie au tribunal ?

c- Si non, Pourquoi ?

31- Comment la sorcellerie est-elle traitée dans les médias ? :

a- En presse écrite ?

b- A la radio

c- A la télévision

32- a- Les sorciers sont-ils confrontés à des difficultés ?

b- Si oui, lesquelles ? (Les vindictes populaires ? : Violences verbales ? Physiques… ?

33- Quels peuvent être les plaisirs des sorciers ? (Plaisir dans le fait de guérir ? Dans le fait

de faire du mal ?

34- Y-a-t-il d’associations déclarées de sorciers ?

35- Si vous êtes initié, en êtes-vous fier (e) ?

Quel est votre mot de fin ?

Je vous remercie !

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Annexe 1

 NOTES DE LECTURE

Cas du Dr Jekyll et de M. Hyde de Robert Louis Stevenson. Cet ouvrage est publié aux

éditions Pocket en 1994. Ce roman comporte 191 pages.

Quand la littérature se nourrit des faits divers, de la sorcellerie, de l’étrange, de l’irruption

dans le réel, on parle du fantastique. Le cas de ce roman nous plonge dans le dédoublement

qui fait partir des thèmes du fantastique. Dans ce roman, il s’agit de Dr Jekyll qui est un

médecin de renom à qui on ne reproche rien. Cet homme est aussi un fortuné qui a sa fortune

grâce à l’héritage et la chance d’avoir bien travaillé pour avoir une multitude de titres. Dans

la trame de l’histoire, le Dr Jekyll a deux amis « Uttenson » et « Lamyon ». Uttenson est son

notaire, celui qui est chargé de valider son testament mais Lamyon est un docteur au même

titre que lui. Ces deux amis se connaissent réciproquement, mais à la grande surprise du

notaire, une nuit en fouillant ses documents, il constate que le Dr Jekyll dans son testament,

il donne … son bien à un présupposé ami et bienfaiteur Hyde. Un certain homme qui ne voit

que dans la nuit, qui un jour a fait une conversation féroce avec le notaire. Il est dit qu’en cas

de décès ou de disparition, il faut que le notaire donne tous ses biens à M. Hyde.

Malheureusement un jour, M. Hyde a tué un homme avec la cane qui était pour le Dr Jekyll.

D’ailleurs, dans le processus d’enquête, on interroge Poole qui est parmi les serviteurs du Dr

Jekyll et il confie au notaire qui fait l’enquête tout comme si nous sommes dans le cas d’un

roman policier, sauf qu’ici, l’enquête n’est pas mené par un policier ni le coupable n’est pas

détecté par un enquêteur. Il confia que M. Hyde a une clé de la maison du Dr Jekyll et qu’il

n’a besoin de personne avant de s’y rendre. De file en aiguille, le notaire commence par avoir

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

des doutes sur la personne du Dr Jekyll qui est en train de protéger son ami bienfaiteur M.

Hyde qui subitement a une aptitude morose. Pire, il est un assassin ou un criminel.

Un jour Pool, une nuit, vint voir le notaire pour lui avouer ce qui se fait ou ce qui se passe

dans la maison du notaire. Il y va et constate que son ami était malade et qu’il soufrait d’une

maladie qui n’est pas comprise.

Dans le même temps, il envoya des lettres à son ami Dr Lamyon. Dans la lettre, il le suppliait

de lui rendre un service dans le but de le sortir d’un pétrin. Le service doit être accompli à

une heure précise et bien déterminée. Ce que le docteur Lamyon a fait par amitié car son ami

risque de mourir. Dans le processus de l’enquête, le notaire a réuni les preuves mais il n’arrive

pas à comprendre ce qui arrivait au Dr Jekyll. D’ailleurs, M. Hyde son ami connu du commun

des mortels avant la fin de la lecture, il a la même taille que le Dr Jekyll mais n’oublions pas

que depuis le meurtre ; M. Hyde a disparu de la circulation.

En fin de compte, les amis du Dr Jekyll sont coincés dans leur tentatives de comprendre le tère ou le

mythe qu’il y a entre le docteur Jekyll et M. Hyde.

Dans la suite, on comprend que le statut qu’a le Dr Jekyll l’empêchait de faire les délires mais

il a compris qu’il faut utiliser une potion ou une drogue pour se métamorphoser. Ce qui paraît

singulier dans l’affaire quand le Dr prend la potion il change de forme et non son propre être,

cet état lui permet de faire tout ce qu’il veut. Mais une fois qu’il devient M. Hyde, il fait tout

ce qu’il veut, là où le mal se trouve quand il a pris la potion, il a fait une erreur dans la

manipulation ce qui fait qu’il ne peut plus changer.

Dans la littérature, il y a la sorcellerie qui permet de dérouler le récit et de faire tous les autres

types de littérature mais essentiellement le fantastique. Quand nous revenons à cette histoire

étrange que nous venons de lire, c’est exactement le monde de fou tournement de la

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

sorcellerie .Le sorcier grâce à ses forces magiques qui tiennent lieu de potion se transforme

en chat, en chien vautour, le hibou, les êtres fantastiques pour détruire leurs doubles comme

dans le cas de M. Hyde qui n’est qu’un sorcier, le double de ceux qui font la sorcellerie

traditionnelle.

Ce roman démontre comment l’homme a un double qu’il maîtrise et montre que nous sommes

tous des monstres qui nous déguisons. Nous sommes bel et bien dans le cas de la sorcellerie

moderne.

Compte rendu de lecture de la thérapie sorcière de Dominique Camus paru dans

la « revue de neuropsychiatrie de l’ouest », n° 102, juin septembre 1990.

Dans cet ouvrage, on peut constater que le sorcier qui était brulé, supplicié outre 16 ème et

début du 17ème siècle par l’évolution des choses devient un guérisseur qui répond aux

questions liée à la maladie. Qu’est ce que la maladie ? à cette interrogation, l’auteur

renvoyant à des interrogations universelles comme le rapport au corps, l’interaction entre

l’individuel et le collectif…, la démarche de l’anthropologie est de révéler ces constants dans

leur systèmes sociétal en mettant en avant leurs particularisme, tout en étant attentif à ne pas

les réduire afin d’en faire les aspects universelle P2. « Il ajoute à la même page que la maladie

est donc l’empressions d’en désordre » P7. [Pendant longtemps, ou pense tique la sorcellerie

est parement une pratique rurale] ? Elle n’est par particulièrement rurale ni spécifiquement

féminine au faite tout le monde peut il faire des recherches en sorcellerie ? Non il faut être

un initié avant de pouvoir faire ces études dans ce domaine. Et pourquoi il faut aller voir les

sorciers ? A cette interrogation, l’auteur nous dit « deux types de situation conduisant les

personnes à recourir au sorcier : désenvoutement et répétition des malheurs. Quand le client

va voir le sorcier, il faut pouvoir lui montrer qu’il est la seule personne qui puisse trouver

solution à sa maladie. Et avant d’opérer pour le client, il lui demande de s’abstenir de certains

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

lieux et de certaines pratiques. Après, il lui confection ne des sachets protecteurs, amulette

en lui obligeant à suivre la règle qui lui est donnée. Sinon, il en partira en mettent le client en

confiance. A cet effet, « le client considère le sorcier comme un spécialiste qui sait ce qu’il a

à faire ». Et comment la rémunération se fait ? La rémunération du sorcier se fait sur la base

de ce que veut le sorcier car celui-ci joue sur le sentiment de son client pour arriver à sa fin.

Et quel est le pole de l’action du sorcier ? a la page 22 nous pouvons trouver cette réponse

dans cette citation « du désenvoutement à l’envoutement – pole de la mise en œuvre du

pouvoir sorcier » la sorcellerie impose aux clients un changement radical de vie »P22. Quels

sont les astuces utilisés par le sorcier pour avoir son client il se propose de lui parler de son

passé. Soit faisant, le sorcier se sent à l’aise et croit que le sorcier est doué dans sa science.

La technique fonctionne comme dors un rouan policier. Le sorcier tel un enquêteur cherche

à qui profite le crime et quand il identifie il dompte son client.

Dans son travail de recherche, l’auteur cherche à montrer qu’il y a trois causes qui sont

attribuées à l’efficacité de la sorcellerie.

- Elle fonctionne sur le mode de la croyance

- L’interprétation n’est pas de l’ordre naturel.

- L’efficacité magique repose sur le pouvoir de suggestion qu’a le thérapeute vis-à-vis

de son client.

Etre envouté, c’est être confronté à une incroyable série de malheurs qui laissent impuissants

les spécialistes habituellement capables d’y remédier brusquement. Les machines de

détraquant, sont victimes de maladies mystérieuses, les personnes ont un comportement

anormal puis perdent la santé. Dès lors, le pire peut arriver si l’on ne requiert pas d’urgence

les services d’un désenvouteur, la seule personne estimée pouvoir remédier à la situation.

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Annexe 2

 INTERVIEW

Source de la mathématique

J : Les tablettes et toute la technologie moderne fonctionneraient selon les calculérités des

mathématiques africaines, Jean Philippe OMOTUNDE bonsoir

JP : bonsoir

J : vous êtes historien, également Chargé de mission à l’UNESCO, vous organisez un

symposium sur les mathématiques africaines à Gourbet demain au centre de vacance du

CGOSCH toute la journée. Alors on savait que l’Afrique était le berceau de l’humanité mais

également le berceau des mathématiques.

JP : effectivement depuis une vingtaine d’année maintenant les fouilles archéologiques ont

révélé que l’Afrique est bel et bien le berceau des sciences mathématiques. Vous savez qu’en

Belgique il y a un statut de 7m de haut de la première tablette de calcul de l’histoire de

l’humanité qui a été trouvé au Congo RDC et c’est l’attestation de l’invention de quatre

opérations : adition, soustraction, multiplication, division.

J : vous m’expliquiez tout à l’heure qu’il y a justement un vaisseau de preuve qui attestait

que les mathématiques viennent d’Afrique, sont nés en Afrique.

JP : totalement, par exemple si nous descendons l’argent de blandbourse en Afrique du Sud

moins 80.000 mille ans, naissance de la Géométrie, mais pas n’importe quelle Géométrie, la

triangulation, et vous savez que cette triangulation est utilisé pour le GPS. Donc voyez un

peu la modernité de la préhistoire rejoint notre modernité aujourd’hui

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

J : on apprend également que le chiffre zéro (0) a été inventé en Afrique.

JP : effectivement, ça c’est les fouilles d’un français Auguste MARIET qui a fait des fouilles

dans un tombeau sur une éphérentèpe c’était un mathématicien qui vivait aux alentours de

moins(-) 1700 dans l’ère ancienne africaine et qui a notifié sur un papyrus précis le papyrus

boulac 18 : le zéro en utilisant l’agraphie néférou. Donc on connait maintenant aujourd’hui

le nom du zéro en Afrique ancienne Néférou qui était l’utilisation du zéro dans différents

domaines notamment aussi l’architecture, ça il ne faut pas l’oublier.

J : on parle d’une magie des mathématiques africaines, des méthodes de calcul beaucoup

plus simples que celles que l’on retrouve en occident.

JP : ça fait maintenant près de 6ans que j’interviens dans les établissements scolaires que ce

soit des écoles primaires, des collèges initiés, même dans les universités. Ce qu’il y a de

particulier c’est un engouement chaque fois qu’on met en place un atelier pédagogique parce

que l’Afrique possède autant de système opératoire qu’il y a de civilisation, et les systèmes

opératoires font preuve d’une immense créativité qui surprend beaucoup les enfants quand il

s’agit de faire des calculs. Alors, l’autre aspect c’est tout simplement de dédramatiser

l’apprentissage des mathématiques et de garder l’aspect ludique parce qu’en Afrique on

utilise aussi bien le cerveau créatif que le cerveau cartésien ; et c’est ça qui plait beaucoup

aux enfants.

J : alors, ça plait mais quelle utilité ?

JP : beaucoup, vous savez aujourd’hui, il est de notoriété de savoir que les systèmes dits

numériques, l’informatique le 1 et le 0 utilisent le système Algorique mythe de calculs de

l’Afrique. Il faut le savoir d’ailleurs JOEK ALTALI l’a dit il n’y pas longtemps sur TF1, ce

sont les mathématiques de l’Afrique qui font fonctionner les ordinateurs, les tablettes tactiles

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

et les téléphones portables aujourd’hui, l’intérêt c’est de tout simplement expliquer aux

enfants quel est ce mécanisme qui permet en fait de faire fonctionner un ordinateur sur la

base de calculs africains, et ça c’est extra ordinaire .

J : quelque chose qui vous dérange, c’est le fait que tous les inventeurs noirs finalement ne

soient pas connus.

JP : oui, j’ai l’impression que l’on privilégie le négatif et puis le positif on le met de côté, or

vous savez que les enfants, pour s’édifier ont besoin de modèles positifs et nous en avons

beaucoup, nous avons Raoul George … brillant inventeur, je suis aujourd’hui surpris quand

je vais dans les établissements scolaires de ne pas voir sa photo sur les murs, un grand savants,

quelqu’un qui est internationalement reconnu et pourtant il n’existe pas dans les cerveaux de

nos enfants ; C’est dommage .

J : on retrouve également dans l’histoire le nom d’autres inventeurs, d’autres mathématiciens

qui ne se connaissaient pas, je pense à Thomas FULLERE qui a été déporté en Virginie alors

qu’il était analphabète.

JP : vous ouvrez l’encyclopédie LAROUSSE des plus grands hommes de l’histoire de

l’humanité, vous découvrez un mathématicien africain mais de l’époque de l’esclavage parce

que effectivement il y avait ce monsieur qui avait été déporté sur une plantation au 18 ème

siècle en VIRGINIE et qui s’est révélé être le plus grand mathématicien de son époque, donc

vous comprenez qu’il n’est pas resté longtemps sur une plantation puisqu’il a été baladé

partout à travers le monde mais il n’en demeure pas moins que c’est lui qui a permis

véritablement de comprendre qu’il y avait en Afrique des algorithmes de calcul qui étaient

extrêmement puissants.

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

J : quel est le programme demain pour ce symposium sur les mathématiques africains ?

JP : alors, vous savez en fait nous faisons le symposium parce que l’an dernier nous l’avons

fait à BOMAHO, et depuis nous avons énormément d’intervention en milieu scolaire ; et

c’est vrai que aussi bien des enfants que les parents d’élèves que nous enseignons nous disent

qu’il faut faire connaitre tout ça, ce patrimoine. Notre culture, on la voit souvent dans le

domaine du divertissement, alors que c’est une culture, la culture noire est extrêmement

scientifique, et je suis toujours surpris ; Vous savez quand on fait les congrès à l’UNESCO,

de voire des gens qui parlent de nos culture sous l’aspect scientifique et qui ne sont pas de

l’ascendance africaine. On se dit mais que c’est extraordinaire, on a l’impression que la

personne d’ascendance africaine serait finalement la plus mal placée pour parler de cette

culture. Pourquoi nous faisons ce symposium parce qu’aujourd’hui il faut dédramatiser

l’apprentissage des sciences vis-à-vis des enfants, leur expliquer la valeur de leur patrimoine

et leur montrer que les mathématiques sont un jeu avant tout, et c’est pour ça que nous avons

7 panels au cours durant lesquels nous allons demander aux enfants, de venir tout simplement

après avoir présenté leur méthodologie de calcul , de venir faire eux-mêmes les exercices,

nous allons remonter aux codes binaires et leur demander de notifier n’importe qu’elle chiffre

en utilisant les variables linéaires et ça c’est important.

J : est-ce qu’on pourrait imaginer qu’un jour ces calculs de mathématiques africaines seront

intégrés dans le cursus éducatifs français ?

JP : c’est le but, vous savez j’en aie parlé à pratiquement tout le monde, que ce soit les

ministres, j’ai eu l’occasion de discuter à maintes reprises avec l’éducation nationale, ce qui

me déçoit toujours, c’est le fait, après avoir fait la promotion des fiches techniques des

mathématiques ou des sciences, des trois points cardinaux on en déduit toujours un ,

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

l’africain. On fait l’EST, on fait l’OUEST, on fait le NORD mais il y en a un le SUD, le

premier il y a trois pyramides construits par l’Afrique, ça prouve bien que les mathématiciens

étaient d’abord africains. Faut pas oublier que Thales, Pythagore Talon ont avoué que c’est

en Afrique qu’ils ont découvert les sciences. Pythagore a étudié pendant 22 ans les

mathématiques en Afrique, donc il faut voir que nous avons un patrimoine extraordinaire.

Vous imaginez que dans les grandes universités que ce soit à AVARD, à YIEL, on a des

bourses qui sont offertes à des occidentaux pour passer des séjours en Afrique pour découvrir

des systèmes mathématiques qu’ils ne connaissent pas. Et ce regard là, moi j’aimerais bien

qu’on l’ait, parce que les traces africaines que nos enfants portent par exemple, ce sont des

mathématiques fractales, c’est un paradoxe.

Sorcellerie vue par les initiés

Emancio : Lorsque vous savez comment les choses fonctionnent c’est que vous êtes déjà

comme la chose. Et si vous rencontrez sur votre chemin un esprit qui veut vous empêcher

sous quelle forme que se soit, dites à cet esprit ou à ce dieu ceci : « je suis ton dieu et le dieu

de ton dieu, laisse moi passer ». La finalité de la connaissance c’est d’arriver à connaître qui

on est soi même. Avant que vous ne parveniez à cette connaissance, je vais vous dire qui vous

êtes. De manière simple vous êtes un dieu doté de tous les attributs divins mais qui vit encore

dans l’ignorance de ce qu’il est et donc il ne peut pas user de tous ses pouvoirs. Pour vous

confirmer que le chemin de la connaissance est le seul chemin qui donne pouvoir d’agir sur

les éléments. Retenez cette phrase magique sur laquelle beaucoup de choses vont s’articuler

cet après midi. C’est Hermès Trismégiste qui l’a dit : « ce qui est en haut est comme ce qui

est en bas et ce qui est en bas est semblable à ce qui est en haut ». Si vous connaissez cela

alors vous allez comprendre la sacralité de la femme. Nous n’inventons rien. Nous ne disons

que les choses qui sont oubliées et que nous sortons pour votre propre épanouissement

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

spirituel. Lorsque spirituellement vous êtes épanouis, tout le reste autour de vous est

complètement épanoui. Dieu est une réalité qui est constituée dans son fonctionnement de

deux aspects essentiels sans lesquels il ne peut fonctionner. Il s’agit du plus et du moins qui

sont des principes spirituels qui composent la nature de Dieu. Je vais vous dire pourquoi il a

créé l’homme et la femme. C’est parce que Dieu n’a pas le choix. Il ne peut créer que ce qui

le compose. C’est le masculin et le féminin, dont dieu le père et dieu la mère. La femme n’est

pas la femme que nous voyons. Ça c’est le côté extérieur de la femme. L’homme représente

le principe actif de Dieu. Pour que Dieu puisse donner et la femme recevoir l’acceptation de

Dieu. Mais les deux principes sont comme la pile sans laquelle la pile ne peut pas fonctionner.

La femme est l’aspect de Dieu qu’on appelle aspect réceptif, aspect retour, aspect intimité de

Dieu, aspect connaissance intérieur même de la nature secrète de Dieu. La femme

d’aujourd’hui a été trop vulgarisée et est devenue un être apparemment vulgaire. La femme

est le seul aspect de Dieu qui autorise la naissance de Dieu. Pour nous mettre au monde moi

Elmancio ou Mr Bobos, il a fallu forcément une femme. La femme est la mère des dieux. La

femme est donc la mère des dieux et dans les traditions anciennes elle est appelée la déesse

et toutes les femmes sont ainsi telles. Si vous dites que la vierge Marie est la seule mère sainte

et vous laissez votre mère à la maison, c’est sûr que la sorcellerie va vous manger. La femme

est toujours la vierge spirituelle de par sa sainteté et qui autorise l’incarnation des dieux et de

Dieu. Dieu même demande la permission à la femme. Ange Gabriel « Dieu t’a vu il veut

descendre par toi ». Celui qui autorise l’incarnation des dieux et de Dieu, c’est ce principe là

qu’on appelle la femme. Si la femme n’est pas mise à la place qui lui revient, tout ce qui vient

d’elle est alors corrompu. Et comme nous ne respectons pas la femme tout ce qui viendra

d’elle sera toujours corrompu. En mettant les choses à leur place, on obtient des résultats

constants. Pour finir, vous verrez que dans la nature il y a des choses incompatibles qui ne

restent pas ensemble. C’est tout simplement ce que nous appelons la magie. Car quand vous

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

savez que des choses se mettent ensemble côte à côte et des choses ne restent pas ensemble,

vous pouvez produire des résultats. Voici une petite histoire : « la panthère est intelligente.

Elle a faim et il lui reste comment manger. Elle simula la mort de sa mère et se mit aux

lamentations. Le bouc vint pour l’assister car compatissant. Là, la panthère s’est servi de lui

pour son repas ». Pour vous dire qu’il y a des choses qui ne peuvent jamais rester ensemble

dans cette vie.

Ce que Dieu nous a caché jusqu'à aujourd’hui est la femme. Je ne peux parler d’elle de façon

satisfaisante. Comme c’est elle qui met au monde les dieux alors elle est sacrée et à craindre.

Tout ce que les yeux peuvent voir n’existe sans la femme. La femme a quelque chose qui

quitte son corps et cette chose permet la vie des hommes, des animaux des arbres etc.

pourquoi Dieu n’est pas venu directement et est obligé de demander la permission à Marie ?

Il n’y a rien ici-bas qui surpasse la femme. S’il y a des guerres, les épidémies et autres c’est

parce que les femmes s’ignorent. Le premier pouvoir de la femme est la conception. Elle est

l’industrie de l’univers. Si vraiment Dieu a donné cette force à la femme, donc elle peut

changer ce monde. La femme à tous les pouvoirs. Car peu importe si vous êtes Jésus,

Mahomed ou Moïse, vous allez passer par la femme, sous son autorité. N’oubliez pas les

seins de la femme qui sont aussi sacrés. Le sein droit à un pouvoir et le sain gauche aussi a

un autre pouvoir. Dans le ventre le bébé se nourrit du sang (rouge) et sur la terre de lait

(blanc). Chez nous au couvent le rouge à sa signification et le blanc aussi. Je souhaite me

taire dessus. Mais si on reconnait la place de la femme ce monde aura la paix.

Bobos : Je sais que si une seule femme peut évoluer spirituellement comme l’un d’entre nous

alors ce pays a la paix. Un jeune est venu à la maison et dit à sa mère : « Mère j’ai mes

diplômes. J’ai appris ce que c’est que la femme ». Sa mère l’a regardé sans rien lui dire. Un

jour alors qu’elle sortait de la douche, elle dit à son fils de venir lui voir quelque chose qui la

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

perturbe depuis au dos. Une fois le fils rentré dans sa chambre, elle ferme gentiment la porte

et cria « au secours, au secours, mon fils veut me violer ! ». Toute la maisonnée s’était

rassemblée et le jeune homme fut sauvagement corrigé. Après ces sévis corporels sa mère lui

dit : « Tu connais femme, mais je crois qu’on ne t’a jamais enseigné ça là ! Donc ton diplôme

c’est du pipo». Au commencement Dieu créa l’homme et la femme car lui-même Dieu est

déjà homme et femme. On ne crée que ce qu’on connait mentalement. Après Dieu a créé le

ciel et la terre. Juste pour vous montrer l’approche genres. Le ciel et l’homme masculin, la

femme et la terre féminin. Il dit que le ciel est le soleil et la terre est la lune. Si au

commencement étaient les ténèbres, la nuit, alors c’est elle qui est à la base de toute création.

Donc la femme. Rentrons un peu dans nos traditions. Chez nous on dit Gnonnou pour

désigner la femme. La traduction littérale est : « la bouche de ce qui est bon. Ce n’est que

dans la bouche de ce qui est bon qu’on retire ce qui est bon ». C’est une source d’espoir pour

l’homme. Car Dieu dit que cela était bon. Quand il finit de travailler il vient contempler sa

créature, la femme et il dit que cela était bon. C’est pourquoi la légende du fâ dit « anan wê

ba tékpo bohimindji do assamin ». Quelle est cette chose que vous protégez tant ? Votre

nudité ? C’est un couvent. C’est la femme qui a la connaissance et elle l’a remise à l’homme.

Si jamais l’homme vous en donne vous serez agités et on n’aura plus le temps. Vous êtes

toutes des mères de dieu. Selon les enseignements de Boudah, le paradis est déjà ici et ceux

qui disent qu’il faut mourir d’abord donnent des enseignements erronés. Donc vous ne voulez

pas le paradis ici ! Or sans la connaissance le paradis est impossible. Donc au nom de Jésus

vous partez au paradis et c’est fini ! C’est très grave. Il faut apprendre à bien conduire sa vie

ici basse avant de bien la passer là-bas aussi. Avant même de naître Jésus parlait déjà à sa

mère… en ces thème : « le jour où tu me mettras au monde tu seras fatigué mais tu va chercher

la ahouâ que tu vas manger ». Le prêtre de fâ qui a amené le fâ en Afrique a fait pareil à sa

mère. Après je vous dirai la porté spirituelle de ahouâ associé avec la graine de palme. Aucun

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

de vos fils ne peut vous surpasser. Si vous allez faire le mal avec cela ne marchera pas. Quand

le couple est évolué spirituellement l’enfant qui en sort est toujours évolué.

Elmancio : Les femmes doivent savoir qui elles sont à partir d’aujourd’hui. N’oubliez pas qui

vous êtes femme. Avant, l’homme Dieu a fait plusieurs créations et il a échoué. La 1ère

création de l’homme et de la femme n’avait pas de sexe. Les deux étaient ensemble. Dieu

compris que cette créature ne se reproduisait pas. C’est pour quoi Dieu ôta la femme de

l’homme pour que la femme soit autonome. La femme est le pont qui ramène les choses de

l’invisible vers le visible et du visible vers l’invisible. C’est pourquoi dans la bible on appelle

la femme l’échelle de Jacob. La femme doit savoir qu’elle est le seul être qui transforme les

esprits en chair et la chair en esprit. L’esprit de Dieu planait sur les eaux. Les eaux

représentent aussi l’utérus de la femme comme la matière primordiale. Donc si la femme ne

tient pas compte de son importance sacrée, alors notre travail n’aura pas d’effet. L’être

humain est divisé en esprit, l’âme et le corps. Le sang c’est l’âme. Le principe de la fertilité

de la femme est le sang menstruel et c’est le signe de la fertilité. La fertilité vient avant la

fécondité. La femme est en relation avec la terre et la lune. La lune est un principe féminin.

Le lieu devient infertile quand la femme ne prend pas soin de sa fertilité. Car elle est en

rapport avec la terre et la lune. Le sang menstruel est appelé le principe du chao. C’est

pourquoi dans nos traditions des fois on éloigne la femme pendant cette période. Quand la

femme rentre dans ces périodes on l’appelle la sorcière car elle est ouverte à la fois pour le

monde spirituel et physique. Elle rentre en contact avec beaucoup d’esprits et des fois ils la

perturbent aussi. Si elle maîtrise le chemin initiatique elle va discipliner les esprits pendant

cette période et au lieu du chao il y aura de la fertilité. C’est ce pouvoir qui va sauver la terre.

On ne peut pas prendre des menstrues et les mettre dans le feu, dans la mer ou dans la rivière

ce n’est pas possible. Les menstrues étant liées à la femme qui est à l’image de la terre,

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

l’endroit idéal où les menstrues doivent aller est la terre. Donc il y a la terre, le sang et la 3ème

chose est le verbe (Gbé) qui donne le pouvoir. La femme doit donc creuser un troue et y

déposer le sang de ses menstrues suivies de toutes les intentions des choses dont elle a envi

de réaliser. N’oubliez pas que le sang menstruel est appelé le principe de la fertilité. Dans ce

principe se cache la fertilité professionnelle, financière, amoureuse, bref dans tous les

domaines. C’est dans les menstrues qu’il faut prophétiser sur le futur bébé. La menstrue est

le seul pouvoir que Dieu a donné à la femme pour sceller la nature elle-même. La nature elle-

même a son sang qui est en relation avec le sang de la femme. La femme peut changer les

choses. Les femmes n’utilisez plus de couches jetables. Utilisez les chiffons de nos grands-

mères. Prenez ce sang et mettez-le dans un bol. Dites vos vœux dessus. Vous les avez déclarés

dans un pouvoir de la fertilité. Ensuite enterrez le et dites ce qui suit : « ainsi j’ai semé ainsi

je récolterai ! ». Utilisez la tournure positive et non négative. Les plus grands mystères n’ont

besoin que de quelques paroles car la nature même est déjà un mystère. Voici une prière que

je vous donne. Elle est contre la sorcellerie et l’envoutement. Vous prenez le sang de la

menstrue et vous dites : « je ne suis pas la fille de mon père. Je ne suis pas la fille de ma mère.

C’est la lumière de Dieu qui m’a engendrée. Mon âme est forgée dans la foi. Mon esprit est

l’épée de combat de Dieu. Avec elle je Terrace tous mes adversaires. ». Je vous remercie.

Nos anciens connaissent bien cette force. Mais ils se disent que quand la femme se fâche que

le secret est au dehors. Même aujourd’hui la femme fait trop sortir de démagogie par ses

comportements. Au temps de nos ancêtres la tradition était respectée. Et l’homme avait le

pouvoir de guider sa femme pour l’harmonie dans son foyer à travers les divinités à respecter

et autres. Aujourd’hui tout est désacralisé. Les femmes pensent qu’elles peuvent jouer le rôle

de l’homme en tout. Ce comportement fait trop souffrir l’humanité de nos jours. Le

comportement que nous avons face aux menstrues déclenche des forces chaotiques comme

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

l’avait dit Elmancio. La femme est crée pour être propre et elle est l’expression de la beauté.

Elle peut être aveugle ou infirme. Au moins sa voix ou quelque chose en elle doit être belle.

Dieu l’a liée à la lune. C’est pourquoi son cycle dure 28 jours comme la lune. La lune à 4

phases à savoir : lune croissante, lune décroissante, pleine lune et lune noire. Ces 04 phases

sont aussi chez la femme. Quand on observe la femme elle est influencée par ces phases là.

Elle doit donc demander les bonnes choses quand la lune est croissante. Et quand elle décroit

la femme doit faire des prières de purifications pour elle, pour son mari, sa famille et pour

l’humanité. La pleine lune et la lune noire sont encore plus denses pour la purification. Si

nous vous disons ces choses aujourd’hui c’est parce que l’heure est sonnée. Toute la

sorcellerie est là, au niveau des 4 phases de la lune. Le sang issu des menstrues est sacré. Car

il regorge d’énergie dont le bien comme le mal ont besoin pour évoluer. C’est pourquoi la

femme doit faire attention aux paroles prononcées. Comme la force du sang est là, cette entité

va prendre cette force issue du menstrue pour concrétiser les pensées positives ou négatives

de la femme. Toutes les guerres ou toutes les jalousies sont là. Cela fait des années que ma

femme utilise ces techniques et je sais les résultats. Voici une prière que la femme peut faire

pendant ces jours de menstrues : « divin seigneur, je te confie ce précieux sang qui coule de

mes entrailles, de cet organe génitale, cette véritable industrie de la mère divine dont je suis

la représentante, ce précieux sang est le symbole de mon sacrifice pour ma propre purification

sur tous les plans, pour la purification de l’humanité toute entière, pour l’établissement du

royaume de Dieu et sa justice et pour l’âge d’or parmi les humains. Infiniment merci divin

seigneur ». C’est pendant que vous utilisez ce pouvoir que Dieu fait de vous une initiée. Au

même moment que la ménopause apparait, les seins ne donnent plus de lait. Le rouge est lié

donc au blanc et en se moment elle redevient comme un homme car ses portes sont fermées

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

comme chez l’homme et on peut lui donner tous les secrets. Mais quand elle n’a pas fait le

trajet initiatique qu’il faut, on ne lui donne pas ce secret là.

Bobos : Je vais vite vous rappeler certaines choses. Spirituellement le mot menstrue donne 7.

Et le mon INRI donne 5. C’est pourquoi les doigts sont au nombre de 5. N’importe quelle

plante ne peut être opérationnelle sans le sang. C’est pourquoi l’on tu le coq et si le sang du

coq est faible il faut celui du mouton, après le bœuf et ce qui est tragique le sang humain. Le

sang de l’homme donne 05 mais pour les femmes donne 07. Si la femme cherche Dieu en

dehors de sa menstrue alors elle passe à côté. Chez le boconon, la face de l’homme qui est

divine est symbolisée par boco-lègba et la femme s’appelle minonnan. C’est les deux

vodouns qu’on a sur cette terre. Tous les restes ne sont que des dérivés. Que fait minonnan ?

Elle est la terre. C’est elle qui nous donne à manger. Si vous voyez la lionne, en dehors de

mettre bas, c’est elle qui va encore à la chasse pour nourrir le lion. La terre qui nous donne à

manger peut nous manger aussi d’où le chao dont parlait tout à l’heure Elmancio. Si

minonnan et boco-lègba ne restent pas ensemble le divin n’y est pas. Vous ne serez pas le

christ tant que ces deux ne seront pas liés en vous. Vous devez comprendre qu’aucun sorcier

n’est plus fort qu’une sorcière. La femme est la plus forte. Tel que le cultivateur sème, c’est

ainsi que l’homme sème dans la maison de la femme. Elle a le pouvoir de la fertilité. La

femme est la vie en déplacement. Si on met votre tissu de menstrue et on l’enterre dans une

termitière, vous n’allez jamais tomber enceinte. Ce pendant, faite un effort et cherchez

Gblochionman, dakplaman et avokanman, mettez les dans votre menstrue et allez les enterrez

dans avec la couche de la menstrue dans une termitière et dites ce qui suit : « hê dounoun dé

non dounoun do gblochionman djia ! hê dounoun dé non dou avokanfouhan ! hê dounoun dé

kon non kplo do dakpla tindjia ! ». Cette femme va accoucher. Dès que la fillette trouve pour

la 1ère fois sa période, elle est devenue une potentielle sorcière. Et cette 1ère couche de

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

menstrue doit être soigneusement conservée par ses parents. Quand elle sera dans une

difficulté au foyer de son mari, surtout pour avoir d’enfant, il suffit de l’utiliser pour qu’elle

ait satisfaction. Quand vous finissez d’accoucher, le sang qui sort de votre couche après,

prenez un peu, ajoutez y le lait de votre sein gauche, mettez le tout dans votre main gauche

et ensuite il faut oindre la main gauche de l’enfant avec et dites lui toutes les prières que vous

voulez, mais positivement et vous verrez. Ça se réalise toujours. C’est du sacré. De même si

vous l’utilisez cela dans la main droite de l’enfant c’est pour lui faire une prière de paix.

Elmancio : il y a le rituel du 1er sang. Savez vous que les hommes aussi sont des femmes à

l’intérieur. La circoncision pour un enfant chez les juifs est suivie du rituel de 1er sang. Ici il

s’agira des filles. Lorsque votre fille a pour la 1ère fois ses menstrues, c’est la porte la plus

déterminant dans sa vie de femme. Vous ne devez jamais laisser votre fille faire ses 1ères

menstrues sans vous. Vous devez enseigner ça maintenant. Lorsque vous prenez le 1er sang

de la fille, c’est la maman qui accorde pour la 1ère fois ses bénédictions car vous devez utiliser

le pouvoir du verbe sur le sang pour trois choses dont guérir, bénir et prospérer. Ensuite vous

enterrez le tout. Vous devez maintenant la laver de tout envoutement avec de l’eau. Cela se

fait entre 00 h et 01 h du matin là où il y a de la terre ferme (sable). C’est là que l’enfant à

tout pouvoir pour réussir. Vous pouvez jeter l’eau ou le sang de votre menstrue aux entrées

de vos portes de maison avec la prière d’attirer tout ce qui est positif pour votre maison et

que tout ce qui est négatif n’y entre pas. Prenez une cordelette que vous allez plonger dans

votre sang menstruel pendant 07 jours. Et tous les matins vous faites une prière de fidélité de

la part de votre mari. Renforcez cela à chaque menstrue avec la cordelette.

« Les mystères des sciences occultes »

LEAD : L’esprit humain peut-il modifier l’univers, contrôler l’environnement et même le

temps ? Les scientifiques ont repris la quête abandonnée par les spécialistes des sciences

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

occultes. Ils s’efforcent de résoudre les mystères que les magiciens ont longtemps essayé de

comprendre. 17 mars 1863, John Melam mène sa compagnie sur le Champs de bataille de

KERISFORD en virginie. Melam est réputé pour son courage mais cette bataille devait être

sa dernière. Plus d’un siècle plus tard à Chicago, Margaret Mead ressent une vive douleur

dans la tête. Cette infirmière du meadwest pouvait être liée d’une manière ou d’une autre

avec un commandant de la guerre civile américaine. Margaret pense qu’elle aidait le

commandant dans une vie intérieure

Jay Sone, Docteur en hypnothérapie clinique

Lorsqu’un individu fait l’expérience d’une vie intérieure, sa certitude est inébranlable. Cette

vérité s’impose d’elle-même. Tout le monde pourrait mettre en doute l’existence de cette vie.

Mais les personnes qui ont vécu l’expérience n’en démordront pas.

Lead

Beaucoup ne partagent pas leur avis, des gens comme Isaac Newton, Galilée, Carium ont

accompli certaines des plus grandes avancées de la science considérées en leur temps comme

des découvertes mystiques

Dr Vilayanur S. Ramachandran, directeur du centre du cerveau et de la cognition

Comment pouvez-vous être sûr que certains des phénomènes que nous considérons

aujourd’hui comme supernaturels et inimaginables ne seront pas considérés comme des faits

scientifiques cent pour cent avérés ?

Lead

Depuis sa naissance, les scientifiques ont largement repoussé des frontières reconnues. Avant

la technologie, les scientifiques se basaient sur la foi. Les premiers occultistes pensaient que

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

l’univers était un leur de conscience auquel ils pouvaient accéder pour déchiffrer le travail

des dieux.

Dr Roger Nelson, Directeur du projet mondial sur la conscience

Nous pensons que nous sommes distincts les uns des autres. En réalité, nous faisons

simplement partie d’un seul et même univers. C’était l’une des principales conceptions des

magiciens occultistes. Ils l’ont merveilleusement exprimé en exprimant ici-bas comme là-

haut. Cela signifie, où que vous regardiez, que les schémas seront les mêmes qu’au niveau

microscopique, à notre niveau et au niveau cosmique

Lead

Ces magiciens pensent que l’univers et l’esprit étaient liés, une connexion que les spécialistes

de la physique quantique tentent toujours de démontrer

Dan Burstein, coéditeur de secret of the code

Les gens trouvent cela passionnant. Le recoupement entre le mode de fonctionnement du

cerveau et celui de l’univers.

Lead

Mais d’autres pratiques nioges telles que le chalening et l’exploitation d’une vision intérieure

ne sont pas acceptées.

Dan Burstein

Toutes ces expériences donnent parfois dans le cerveau des suites de pathologie célébrales.

Elles vous poussent à vous interroger sur tous ces phénomènes et leurs origines. Ceci vous

amène à poser la question de savoir en quoi constitue l’expérience religieuse ?

269
Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

Lead

Le lien entre science et magie a toujours été fort. Et quand le mystique a été prouvé, il peut

devenir une vérité scientifique. C’est une quête qui a façonné le monde et la perception que

le monde a depuis l’époque de newton. Isaac Newton est né au 17è siècle à une époque où

l’on pensait encore que la terre est au centre du cosmos. Il est connu à la fois comme le père

de la science moderne et comme le dernier des grands magiciens.

Newton était un esprit hors du commun. Il pouvait se concentrer sur une question pendant

des heures sans terminer voire pendant des jours en gardant à l’esprit tous les problèmes.

Newton sait représenter ses théories de façon très concrète et les éteigne ensuite par des

expériences. Une pratique connue aujourd’hui sous le nom d’état modifié de conscience.

Dr. Michael Vnnoy Adams, Maitre de conférences clinique, NYU

Certains y parviennent en courant ou en faisant des exercices, d’autres en jeunant. D’autres

encore en buvant ou en se droguant ou en pratiquant la prière ou la méditation ou encore

l’hypnotisme. Depuis des millénaires, l’homme applique une multitude de pratiques pour

modifier son état de conscience. Je pense que la créativité nécessitait vraiment quelque chose

comme l’acceptation de l’intuition, de l’inspiration comme point de départ d’idée qui avait

un rôle profond, important et même scientifique. Si vous vous ouvrez au cosmos, vous vous

imprégnerez de nouvelles connaissances.

Lead

Newton essayait de se baser sur les théories d’un homme mort en 1642, l’année même de sa

naissance. Galilée. Galilée cartographiait les étoiles et la planète. A l’époque, l’astrologie

était une science vieillie de plusieurs siècles.

270
Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

David A. Shugart, Auteur de secrets of the window’s son

Les anciens cultes mystérieux, les égyptiens et les pythagoriciens avaient pour but de rentrer

en contact avec les dieux, de les adorer, de les implorer, faire quelque chose afin qu’ils le

réalisent grâce à leur pouvoir.

Lead

Galilée n’essayait pas de contacter les dieux, il essayait d’expliquer leurs réalisations. Durant

la renaissance, les scientifiques suivaient les enseignements d’Aristote. Les travaux de ce

philosophe grec du 3è siècle avant Jésus-Christ formaient des théories acceptées par l’église

catholique.

Dr. York Dobyns, physicien à l’université de princeton

L’idée du mouvement était extrêmement différente de notre conception. Elle reposait sur

l’idée que chaque objet ou substance avait sa place naturelle. La terre à la base puis l’eau,

l’air et le feu. Au-dessus de tout cela la quintessence composant les cieux. Les objets tentant

à rester à leur place naturelle, il fallait exercer sur eux une pression continue pour les déplacer.

Lead

Aristote pensait également que la terre était au centre du système solaire et qu’un objet lourd

tombe plus rapidement qu’un objet plus léger. Cette théorie était accepté par tous jusqu’à

Galilée. Galilée a confirmé que la terre tourne autour du soleil. Aristote estimait que la

matière tombait car elle a sa place dans le cosmos. Les mains de son créateur les poussaient

à retourner à son emplacement d’origine. La conception de la gravité déterminé par Galilée

était bien plus avancée et il recouvrit la science pour étayer cette certitude que c’était un grand

penseur. Mais par celui de Galilée, il a réalisé l’expérience et a découvert que tout d’eux

271
Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

tombaient à la même vitesse. C’est pourquoi nous considérons Galilée comme un grand génie

car il a expliqué que nous pouvions nous interroger à la nature sans avoir d’idée préconçue,

que nous pouvions aborder les choses en faisant preuve d’esprit d’ouverture. Par cette petite

expérience, il a découvert une chose contraire à l’intuition que tout le monde pouvait tester

et vérifier.

Lead

Galilée a complètement discrédité la vision sacrée du monde développé par Aristote et

défendu par l’église. Il a payé chère cette mise en question. Les cardinaux rejetèrent ses

théories. Il continue à les publier, ce qui le fit condamner. Galilée fut placé en résidence

surveillée en 1603 et vécu le reste de sa vie sous la vigilance de l’acquisition. Il fallut 350

ans à l’église pour reconnaitre qu’elle s’était trompée. Entre temps, Newton avait confirmé

les conclusions de Galilée.

David A. Shugarts, auteur du secret of the window’s son

Isaac Newton était un personnage fascinant. Il est né le jour de Noël. Orphelin de père, il a

été élevé dans un environnement austère. Il fréquenta l’université, ne la quitta point et passa

le reste de sa vie à étudier. Depuis sa jeunesse, il étudiait tout ce que l’univers laissait à

étudier.

Lead

La renaissance était animée par la redécouverte de texte grec. Les scientifiques de Newton

étaient décidés à découvrir de nouvelles idées, le domaine de la religion, de la science et de

la magie. Newton n’était pas qu’un scientifique ; Il était aussi un alchimiste déclaré. La

plupart des personnages les plus brillants de l’histoire ont pratiqué l’alchimie et mené

différents cultes. Du temps de Newton, il n’existait pas de frontière claire entre magie,

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

spiritualité et science. Les scientifiques recouraient à toutes les méthodes disponibles pour

approfondir leur connaissance. Newton passa des années à chercher le noyau de l’alchimie,

la pierre philosophale. Celui-ci n’était pas une pierre proprement parlé, mais un niveau

supérieur de conscience qui permettait des avancées scientifiques et spirituelles. Seul dans

son laboratoire va mener des recherches d’alchimie, Newton pouvait passer des jours sans

dormir et manger. Les spécialistes de la créativité la décomposent en plusieurs étapes. Il faut

d’abord apprendre énormément puis laisser ce savoir incubé bouillonner en vous avant qu’il

ne se transforme en une sorte d’inspiration. C’est également ce que les alchimistes

cherchaient à faire et ce que Newton est parvenu à faire avec tant de succès.

Lead : Newton a repris le défi de Galilée consistant à réfuter la théorie d’Aristote. En se

penchant sur la théorie d’Aristote concernant la chute des objets et sur l’orbite des planètes,

il a fait la plus grande découverte de la physique : la gravité. Cette découverte était

révolutionnaire.

En réfléchissant à la gravité, Newton devait concevoir l’idée que deux corps peuvent s’attirer

à distance. Aujourd’hui encore, nous avons du mal à expliquer le phénomène. Comment le

soleil peut-il bien savoir que Jupiter est dans les parages ? Qui peut le savoir ?

La génération émergente de scientifiques empiriques avait beaucoup de mal à concevoir

qu’un objet puisse en affecter un autre sans le toucher, sans lui être lié en aucune manière.

Newton déboule alors avec cette théorie mathématique qui recoupe parfaitement les

observations astronomiques, mais qui implique l’existence d’une force entre ces deux

éléments. Alors que rien ne les lie. Il ne pouvait donc qu’envisager une action à distance,

aussi difficile cette théorie pouvait-elle être à ses yeux ou à ceux de quiconque.

273
Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

Lead : Newton fut également le premier à découvrir les propriétés de la lumière et à estimer

qu’elle était composée de particules.

La vision du monde selon Aristote n’acceptait pas la notion d’atome, de composants

invisibles des objets. Mais il apparait clairement par exemple, au vu de ses écrits sur la

lumière, que Newton avait des idées très précises sur la matière, qu’il voyait la lumière

comme un flux de minuscules particules se déplaçant rapidement. Des corpuscules comme il

les appelle.

Lead : En 1687, Newton publia son œuvre maîtresse, ‘’principia’’ qui fit sensation dans le

monde entier. Il y définissait les trois lois du mouvement : la loi de l’inertie, la relation entre

force et mouvement et enfin le fait que pour chaque action il existe une réaction égale et

opposée. Newton venait d’expliquer l’univers. Mais des difficultés émotionnelles allaient

affecter son travail. La fin du 17ème siècle apportait son lot d’avancées scientifiques

importantes. Isaac Newton avait éminemment contribué à cette révolution. Mais en 1675, il

fit une dépression nerveuse.

David A. Shugart, auteur de Secret of the Widow’s son : plusieurs événements se sont

abattus sur lui en même temps. Il fit une dépression et s’enferma dans son appartement sans

qu’on ne puisse l’en faire sortir. Ses amis durent littéralement l’en faire sortir. La légende

veut qu’il ait pratiqué l’alchimie en plus de la chimie et que les fumées aient pu le rendre un

peu fou ou psychotique. Il y a différentes manières d’analyser cet épisode. Il pourrait

simplement avoir fait une dépression nerveuse.

Lead : Newton ne réalisa aucune autre percée scientifique mais son travail allait subsister.

Dans les années 1660, un fantôme du passé vint hanter la ville de Londres : la peste noire qui

tua 70000 personnes. Puis vint le grand incendie. Puis au milieu de cette agitation survint une

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

première scientifique. En 1660, un groupe de scientifiques britanniques de premier plan,

fonda la royale society, la première organisation de l’histoire consacrée au progrès de la

science.

David A. Shugart, auteur de Secret of the Widow’s son : La royale society commença

comme un club d’intellectuels se réunissant pour débattre de tous les sujets possibles et

imaginables. C’était sans doute un peu risqué car épisodiquement, l’Angleterre faisait face à

des vagues de répression religieuse.

Lead : La menace de l’église ne les arrêta pas. Newton lui-même dirigea la royale pendant

24ans. On dit qu’il ne prononça qu’une seule phrase durant toutes ses réunions : il demanda

qu’on lui ouvre la fenêtre. Mais sa recherche quasi–mystique allait inciter une autre

génération à examiner l’univers de l’intérieur. Le cerveau humain a sa surface une mécanique

bien rodée de nerfs et de neurones parfaitement synchronisée pour permettre le mouvement,

l’apprentissage, et même la défense. Mais le cerveau ne se limite pas aux impulsions

électriques, cet organe remarquable contient les pensées des gens, mais aussi leur passé.

D’aucun dirait qu’il abrite l’âme. La découverte de la gravité par Newton modifiait la manière

dont la science appréhendait l’univers. Mais un autre membre de la royale society, Thomas

Willys, allait renverser les préceptes d’Aristote, dans un autre domaine, la médecine. Willys

entama la première exploration du cerveau et de son logiciel insaisissable, l’esprit.

David A. Shugart, auteur de Secret of the Widow’s son : Thomas Willys était un

scientifique anglais. Il imagina un moyen d’étudier le cerveau, ce qui relevait de l’exploit.

Car le cerveau se décompose dans les heures qui suivent la mort. Les progrès de la médecine

avaient longtemps été entravés par un tabou tenace contre la dissection du corps humain. Il

fallut attendre un certain assouplissement des règles pour voir arriver les premières

275
Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

dissections. Souvent ceux qui la pratiquaient étaient en fait des criminels. Ils étaient

considérés comme tel, même s’ils étaient des scientifiques. La dissection d’un corps humain

était contraire à la loi et à tout autre principe.

Lead : Jusqu’à la renaissance, les médecins croyaient la théorie d’Aristote selon laquelle le

cœur était le siège de l’esprit. Bien peu en médecine pouvait concevoir que cette masse

blanche amorphe à l’intérieur du crane puisse être le siège de la raison et de l’expression

artistique. Willys suspectait que le cerveau cachait bien plus que ce que ses collègues

imaginaient.

David A. Shugart, auteur de Secret of the Widow’s son : Il imagina donc un moyen de le

préserver et il put alors distinguer toutes les parties du cerveau que personne n’avait encore

vraiment analysé par le passé.

Lead : Comme Newton, Willys était un alchimiste désireux d’expérimenter pour se

rapprocher de la vérité. Willys fut le premier à disséquer les nerfs conduisant au cerveau. Il

expliqua comment ils interagissaient. Ses cours captivaient l’assemblée. En 1664 il publia

‘’cerebryanatomy’’, l’étude du cerveau la plus poussée de l’époque. Un jeune étudiant du

nom de John Locke se servit de ses travaux et se pencha lui-même sur la nature de la pensée.

Locke était avant tout philosophe. En 1660, il publia son essai sur l’entendement humain, où

il prenait ses distances par rapport à la théorie d’Aristote.

Dan Burstein, coéditeur de secret of the code : Locke remet vraiment en cause la

conception aristotélicienne selon laquelle les idées étaient encrées de manière innée dans

l’esprit humain. Il met plutôt l’accent sur le développement des idées, un processus évolutif

et la manière dont le cerveau perçoit le monde. Il s’agissait de l’une des toutes premières

tentatives de décrire la neuroscience et le rôle concret du cerveau.

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

Lead : La neuroscience devint une nouvelle discipline. Elle conserve aujourd’hui encore son

lot de mystère.

Dr Vilayanur S. Ramachandran, drecteur du centre du cerveau et de la cognition,

USCD : Le cerveau est là je pense. C’est un fait. Les neurones émettent des signaux, l’esprit

s’y trouve certes. Mais concernant l’esprit proprement dit nous avons à peine effleuré la

manière dont elle fonctionne. Qu’entend-t-on par créativité, qu’entend-t-on par conscience et

par conscience de soi?

Lead : Les scientifiques comprennent à présent le fonctionnement d’une bonne partie du

cerveau dans la boite crânienne. Mais ils essaient toujours de découvrir comment l’esprit peut

modifier le monde au-delà de son enveloppe. A Paris, l’astrologue médicale Franck Aston

Mesmin découvrit l’hypnose presque par accident. Il menait à l’époque des expériences sur

les aimants en vue de guérir certaines maladies.

Jay Stone, docteur en hypno thérapie clinique : Franck Mesmer faisait asseoir ses patients

dans une baignoire. Il utilisait des aimants en association avec sa baignoire, ce qu’il appelait

généralement le magnétisme animal. Et c’est intéressant car les aimants sont à nouveau

utilisés aujourd’hui et les médecins utilisent l’électromagnétisme pour moyen de guérison.

Lead : Mesmer pensa tout d’abord que les aimants libéraient la force invisible du

magnétisme animal. Plus tard il estima que cette force émanait de lui-même et abandonna les

aimants. En fait, Mesmer venait de redécouvrir une autre technique occulte oubliée. La

première hypnose provoquée relatée sur un papyrus du British Muséum, se tente à la cours

de Kofu en Egypte il y a 5000 ans. Plus près de nous en Grèce, les oracles de Delphe

pratiquaient l’autohypnose pour prédire l’avenir.

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

Jay Stone, docteur en hypno thérapie : L’hypnose moderne tel que pratiquée aux Etats

unis, voit le jour avec Franck Mesmer. Mais si on remonte loin, chaque culture connait un

moyen d’entrer en transe. Que ce soit par la musique, la danse ou la méditation assise.

Lead : Le traitement de Mesmer devint populaire dans les années 1770 et sa renommée crue

rapidement. Tandis que des légions de patients se déclaraient guéris grâce au mesmérisme.

David A. Shugart, auteur de Secret of the Widow’s son : Mesmer parvenait à faire entrer

les gens en transe et à leur suggérer des pensées positives comme guérir ou se sentir mieux.

Cela le rendit célèbre au point où un comité scientifique dont un des membres n’était autre

que Benjamin Franklin dû se forcer de définir si les effets de cette méthode étaient réels ou

pas. Ils conclurent que le mesmérisme fonctionnait mais que selon eux, c’était là le fruit de

l’imagination plutôt que d’un quelconque principe opératoire.

Lead : Mesmer était considéré par beaucoup comme un charlatan. Mais en 1843, le

chirurgien londonien John Eliotson commença à recourir à ce qu’il appelait le coma

mesmérisant, pour réaliser de lourdes opérations chirurgicales sans douleur. L’anesthésie

n’existait pas encore et la technique d’Eliotson lui permit de réaliser avec succès plus de trois

cents (300) opérations. L’influence de Mesmer ne dura qu’un temps. Avec la découverte de

l’éther, l’hypnose fut à nouveau délaissée par la médecine traditionnelle.

Jay Sone, Docteur en hypno thérapie clinique

Ainsi, au lieu de développer la théorie que nos croyances pouvaient nous aider à guérir et à

récupérer, les médecins se contentaient de jeter aux oubliettes les travaux de Mesmer. Mais

Mesmer avait jeté les bases de l’hypnose moderne. Une pratique reconnue comme une forme

de traitement par le monde médical. L’hypnose se fonde sur la suggestion, l’imagination.

Notre corps ne fait pas la différence entre une expérience réelle et une expérience imaginée.

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

Une étude consacrée à la colère et aux maladies cardiaques a été réalisée récemment. Pour

fâcher les gens, il suffisait de les laisser imaginer des situations susceptibles de les énerver.

Alors qu’ils s’imaginaient énerver, leur organisme répondait comme s’ils avaient réellement

une raison ou un motif d’être en colère. S’en suivait un changement qu’il pouvait identifier.

Mais la vérité plus forte de cette expérience est d’avoir mis en évidence la puissance de

l’imagination. Notre imagination peut nous mettre en colère ou nous rendre heureux et

pacifique. C’est à nous de choisir entre la joie et la colère.

Lead : Un pan entier de la médecine alternative utilisant la technique de l’imagination pour

favoriser la guérison a ainsi vu le jour.

Jay Sone, Docteur en hypno thérapie clinique

Plus de 22 études ont été réalisées sur la visualisation et le traitement du cancer. Dix-huit

d’entre elles indiquent de manière concluante que la visualisation aide à lutter contre le

cancer. Rien de surprenant en cela en fin de compte. Le cerveau régule nos fonctions

corporelles. Donc si vous pouvez influencer le cerveau que ce soit par la méditation ou le

développement de certaines fréquences dont les cérébrales par la représentation d’images et

d’idées, vous pouvez naturellement agir concrètement sur la maladie ou sur l’efficacité du

médicament.

Lead : Les scientifiques ont largement étudié le phénomène mais restent indécis quant à son

origine et à son fonctionnement.

Jay Sone, Docteur en hypno thérapie clinique Deux critères sont pris en compte lorsqu’on

rencontre un nouveau phénomène. Le premier correspond-il à ce que nous savons

globalement de la science et de l’esprit ? Et le second est, est –il réitérable ? L’hypnose est

rejeté sur la base du premier critère mais n’est pas un motif valable d’exclusion à savoir

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

s’intègre- t-elle à nos connaissances du cerveau et de l’esprit. Comment peut-on entrer dans

l’esprit de quelqu’un et lui demander d’agiter les mains ou de faire des choses. Ça n’a aucun

sens. Rejetons ce concept. Quant au second critère la répétabilité, l’hypnose est tout à fait

répétable. Vous pouvez l’exercer sur des centaines de personnes. Nous pouvons observer le

phénomène depuis un siècle. Il s’agit d’un phénomène tout à fait valable et légitime. Nous

ne savons simplement pas l’expliquer.

Lead : Avant Mesmer les médecins s’étaient efforcés pendant des siècles de comprendre les

problèmes qu’ils observaient chez leurs patients et qu’ils ne pouvaient expliquer avec leur

connaissance scientifique de la médecine. Les troubles telles que la folie et l’hystérie étaient

traitées à l’aide d’une vaste gamme de remèdes inadaptés. Des censures à l’exorcisme.

Dr Roger Nelson : Directeur du projet mondial sur la conscience

Les pathologies que nous identifions aujourd’hui comme la squisosphrénie ou la dépression

étaient autrefois perçues comme une sorte d’infection par des esprits malins.

Lead : Personne n’imaginait qu’elle pouvait trouver leur origine au niveau du cerveau.

L’essaie de Locke sur l’entendement humain donna naissance à une autre science : la

psychologie. En 1985 un médecin Viennois de 29 ans du nom de Sigmund Freud s’efforçait

de guérir l’hystérie dont souffraient nombre de ses patientes. Freud avait débuté sa carrière

de médecin en effectuant des recherches sur le système nerveux. Mais rien dans la science

reconnue ne pouvait aider ses patients. En 1885, l’humanité était en mouvement. Karl Bernes

venait d’inventer le premier véhicule à essence. Mais le docteur Freud se heurtait à un mur

en essayant de résoudre les problèmes émotionnels de ses patients. Il expérimenta donc

l’hypnose. Il allongea ses patients et découvrit qu’ils se rappelaient des traumatismes passés.

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

Les physiciens venaient d’élaborer une nouvelle théorie de l’énergie selon laquelle celle-ci

ne pouvait pas être détruites, mais uniquement transformées. Freud s’inspira de leurs travaux.

Dr Roger Nelson : Directeur du projet mondial sur la conscience

Il était brillant. Il avait des opinions bien arrêtées et apprenait facilement. Il examina la

théorie et découvrit la connaissance systématisée qui s’imposait dans ce que l’on appelait la

science naturelle et qui devint plus tard la physique. Il transposa simplement ces métaphores

au niveau de la psyché. Freud découvrit l’inconscient.

Lead : Freud voyait la personnalité humaine comme un système d’énergie psychique.

L’énergie qui ne s’exprime pas consciemment et réorientée vers l’inconscient du patient où

elle provoque des névroses. Freud identifia l’énergie sexuelle réprimée, comme la principale

cause de toutes les maladies mentales.

Dr Roger Nelson : Directeur du projet mondial sur la conscience

Ses idées comme nous la reconnaissons tous, sont toujours largement suivies. Nous pensons

toujours à des concepts tels que le refoulement de nos motivations les plus profondes et leur

remplacement par des motivations de substitutions. Il s’agit d’une extrapolation freudienne

du modèle physique vers le domaine psychique.

Lead : Freud inventa la psychanalyse comme moyen de libérer les traumatismes sexuels

enterrés dans l’inconscient. C’était la nouvelle frontière de l’étude de la conscience. Et Si une

bonne partie du travail de Freud tomba finalement en disgrâce, ce travail servit néanmoins de

base à la psychologie moderne. Freud qui était conservateur ne s’aurait jamais se définir

comme un occultiste, mais l’un de ses disciples s’avérait être à la fois un pionnier en la

matière et un spécialiste de l’occulte.

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

Dr Michael Vanoy Adams : Maître de conférences clinique

Il voulait tout savoir sur tout. Il lisait tout. Il a voyagé en Afrique, en Inde, et en Amérique.

Il avait un appétit vorace pour l’expérience et pour la compréhension de la psyché en tout

temps, en tout lieu et aux quatre coins de la planète.

Lead : Karl Young est né dix ans avant que Freud n’invente la psychanalyse. Fils d’un

pasteur protestant, Young réalisa des expériences de spiritisme. Il devint psychologue en vue

d’explorer les dimensions de l’esprit sans jamais perdre pour autant sa fascination pour

l’occulte. Son héro Freud devint à la fois son mentor et son pire ennemi.

Dr Michael Vanoy Adams : Maître de conférences clinique

Il ne rencontra pas Freud avant 1907. Et lorsqu’ils se rencontrèrent, ils parlèrent pendant 13

heures d’affilé. L’occulte fut l’une des questions abordées. Avant leur rencontre Young avait

défendu la théorie Freudienne sur l’origine sexuelle de l’hystérie. Il l’avait défendu

publiquement mais il ne pensait pas qu’elle expliquait tout. Au cours de leur discussion de

treize heures, Freud prit un moment un air extrêmement grave, fixa Young du regard et lui

dit : « Mon fils, promettez moi une chose. Promettez-moi de ne jamais abandonner la théorie

sexuelle et d’en faire un dogme, un rempart inébranlable contre le torrent debout. Il hésita un

instant et poursuivi, « contre le torrent debout de l’occultisme ».

Lead : Young refusait de croire que la répression sexuelle pouvait tout expliquer et il n’était

pas prêt à renoncer à l’occulte. Mais Freud s’assura qu’il le regretterait.

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

Dr Roger Nelson : Directeur du projet mondial sur la conscience

Au moment de sa rupture avec Freud, Young était président de l’association de psychanalyse

internationale et Freud ne voulait pas laisser Young en charge de la boutique. En coulisse

dans ce que l’on pourrait appeler une manœuvre occulte, Freud forma donc un petit comité.

Il donna à chacun de ses membres, une petite chevalière et leur fit tous jurer de garder le

silence. Ils commencèrent ensuite à comploter sur la manière de se débarrasser de Carl

Young.

Lead : Après sa rupture avec Freud, Young entre dans une dépression qui durera six ans. Il

se retire dans sa maison de campagne en Bolligen. Comme Newton décède avant lui, il part

alors à la recherche de sa propre pierre philosophale.

DrRoger Nelson : Directeur du projet mondial sur la conscience

Young construisit une tour à Bolligen. A certains égards il la construisit de ces propres mains

et y grava des figures mystiques sur divers types de pierre. Il cuisinait sur une petite

cuisinière au bois d’un lieu cognitif. Il coupait du bois à l’extérieure, il se rendait au lac

voisin.Il dormait sur un lit de camp. C’était le type de retraite propice de l’introspection qui

lui permettait de vivre ces propres expériences psychologiques.

Lead : Il lutta contre sa propre dépression et mit au point un nouveau type de psychologie

profondément empreinte de pensée mystique.

Jay stone : Karl Young utilisait des cartes de carreaux ainsi que l’astrologie humaine. Mais

surtout dans un cas comme dans l’autre, il croyait en l’intuition. Il déclara un jour, que le

travail de thérapeute est d’aider le patient à découvrir l’intuition. Et que lorsqu’il y parvient,

le travail est pour ainsi dire terminé.

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

Lead : Durant sa retraite Young conclut que l’astrologie, l’alchimie, la mythologie et le Ying

Yiang étaient les voies par lesquelles les premiers magiciens comprenaient la conscience

humaine. Mais sa plus grande avancée est qu’il peut sur la psyché comme un champ

énergétique dépasser largement le cadre d’une seule personnalité. Il appelait ça, l’inconscient

collectif.

Jay stone : L’inconscient collectif englobe tous les éléments qui ne nous sont pas personnels,

qui transcendent le personnel. Il forme les contenus transpersonnel et impersonnel de

l’inconscient que Young appelait les archétypes. Ils forment les composants typiquement

humains qui n’ont pas de lien avec nous personnellement. Ils n’ont rien à avoir avec notre

expérience personnelle, ni avec notre père et notre mère. Ils sont liés à l’idée même de père

et de mère.

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

Annexe 3

 TRANSCRIPTION

Bonne arrivée. Nous continuons notre recherche pour notre réalisation spirituelle. La

conception de la sorcellerie. Il ne faut plus avoir peur de la sorcellerie. Avoir peur de la

sorcellerie est une maladie spirituelle. Il faut qu’on ait pitié d’eux comme les fous qui vivent

dans la rue d’Abidjan. Les sorciers sont des malades. En Europe on a une autre

compréhension du sorcier. Il y a la dualité. Donc la sorcellerie noire ou magie noire et la

magie blanche. En thème chrétien la science du démon et la science des anges. En thème

technique la science du bien et la science du mal. Le bien et le mal ont un sanctuaire commun,

une déesse commune, un centre de pouvoir commun. C’est pourquoi les deux sont des

opposés. La lune est un corps extrêmement magnétique. Il y a l’étoile positive qui est celle

de l’évolution où la tête du mage est debout, signe de l’évolution. C’est l’étoile de la magie

blanche. Il y a la seconde ou la tête est renversée, signe de la chute. C’est l’étoile de la magie

noire. Dessiner la première étoile sur sa porte empêche naturellement les membres de la

seconde étoile de pénétrer dans sa chambre. Plus quelqu’un est chargé négativement, plus

l’effet de l’étoile flamboyante est dangereux contre lui. Vous pouvez la dessiner gentiment

au fronton de votre lit et le laisser faire son travail. Venons-en à la lune qui est leur sœur. Les

énergies positives et négatives de l’univers se déplacent sur la terre et se condensent sur la

lune. Les émotions positives ou négatives sont conservées dans la lune. La lune reflète sa

lumière sur quatre principes de la nature que sont le feu, l’air, l’eau et la terre. Et ces principes

sont alimentés et deviennent plus forts. Celui qui est initié sorcier est branché sur un géni de

l’eau, de l’air, de la terre ou du feu. Il y en a qui sont sorciers de l’eau mais aussi du feu ou

de l’eau feu et l’air à la fois. La difficulté est de les nourrir. Comment les nourrir ? Avec le

sang. Car le sang humain est le plus grand réceptacle. L’étoile inversée représente par ses

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

deux branches debout la corne du bouc. Le bouc est le symbole de la sorcellerie. De cette

1ère partie je veux que vous retenez que la lune, notre mère est une créature qui pense et qui

veut réaliser la prière de chaque personne. Le problème des sorciers africains c’est des

analphabètes. Ils pratiquent sans connaître le fondement ou l’explication de ce qu’ils

pratiquent ce qui fait que les sorciers européens sont meilleurs qu’eux. A part les mystères

de la lune, le monde de la sorcellerie est d’inventer des armes et parfois des guerres. Le vodun

n’est pas seulement béninois ou nigérien, c’est aussi ivoirien. Il y a une arme nocturne appelée

chakatou. Il y a deux manières de la fabriquer. C’est comme les fusils qu’on a chez nous. On

met tout ce qu’il y a de saletés dans un creux avec du beure de quarité, on prend la racine

d’une plante cherché à la pleine lune dans un cimetière et on marche cette racine toute la

journée et c’est elle qui est à la bouche quand on fait la prière contre la victime. On utilise

aussi l’huile de vipère qui possède des qualités extrêmement magnétiques comme la lune.

Après on la laisse dans la brousse pour que la lune aussi la charge. Le lendemain elle est

exposée au soleil qui va fondre l’huile et l’envoyer dans le corps de la victime. Le corps

éthérique est comme la couleur de la fumée de la cigarette. Et c’est dans ce corps que les

saletés de cette arme sont déposées. Pas dans la chaire. C’est pourquoi ça trompe le scanner

du médecin. Le corps physique est constitué des trois états de corps à savoir le gaz, liquide

et solide. La loi des transfèrts veut qu’on puisse transférer une énergie éthérique dans un

animal. Il faut alors incorporer donc le nom de la victime à l’animal qui ne s’appelle plus coq

par exemple mais plutôt le nom de la victime. C’est la loi de la ressemblance. Ce qui est petit

est comme ce qui est grand. Ainsi quand il donne à manger au coq, c’est à sa victime qu’il

donne à manger déjà. Si tu n’as pas un parent sorcier on ne peut jamais t’avoir. Car c’est lui

qui donne des informations sur ce que tu aimes et ce que tu n’aimes pas. L’aura de l’animal

s’accroit comme celle de l’individu. Il faut savoir que la lune est notre tante qui nous donne

le pouvoir de la magie. Quand la victime est attaquée par le royaume de l’eau, elle sombre

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

souvent dans l’alcool jusqu’à mourir. Il y a aussi la noyade. Si c’est le feu, il a la gâchette

facile pour les armes militaires mais aussi peut mourir dans les incendies. Quand c’est la terre

il faut des accidents pour le sang de la victime. Et quand c’est l’air c’est les suicides. Il existe

dans la nature des plantes qui possèdent les 04 énergies en elles. Lorsqu’on se lave avec une

plante on communique le corps éthérique de cette plante au notre. L’exercice que je vous

donne est le mantra om namah schiva qui permet de charger toute chose et de se charger

aussi. Cela vous met en conformité avec l’étoile flamboyante. Il en est ainsi avec les bains

que vous pouvez prendre avec la feuille de lardon de piment (Djododji de taki) et chargé avec

le mantra le tout chauffé. Il faut se laver avec pendant 07 jours pour détruire tout ce que la

sorcellerie a mis en vous. Il peut s’agit de la maladie, de la misère ou autre. Voici une

technique pour reconnaître un sorcier. Il s’agit de se laver chaque jour matin et soir le visage

avec lardon de taureau. Préparez-la sous forme de tisane.

Quelques jours après vous allez les voir dans vos rêves et plus tard physiquement vous savez

déjà la qualité de telle ou telle personne. On ne nait pas sorcier. On devient sorcier. On peut

naître avec des prédispositions. Quelqu’un qui est intelligent ça ne fait pas de lui l’enseignant

de la classe. Il y a des sorciers qui maîtrisent la sortie hors du corps. Il y a d’autres qui

n’opèrent pas la tricherie. L’hypnose. C’est les femmes qui sont fortes dedans. Ils prennent

leur caleçon et le passe devant ceux qui dorment et en suite ils l’attachent et ils sortent

physiquement nus pour aller opérer. Tant qu’ils ne reviennent pas pour les détacher, les

hypnotisés ne peuvent se réveiller. Les sorciers qui sortent de leur corps utilisent des fétiches.

Il faut des animaux qui sont sensibles pour créer un tel fétiche comme le caméléon, le chat

etc. sans ça là le sorcier n’est rien. Il est un homme ordinaire comme vous. Pour lui faire du

mal il suffit de mettre de la poudre de piment au niveau de son plexus solaire et s’il rentre il

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

aura de brulure partout. Le sorcier ne mange pas la chaire mais le corps éthérique. Ainsi il a

plus de force. Il y en a qui pompe directement l’énergie à travers le sang.

NB : Ici il s’agit plus d’une causerie et des questions réponses.

Prière : Infini, éternel, incréé, fallux érigé, sperme fécondant, matrice frutestante ! Je croix

en toi. Force originelle et permanente de toute chose dont la droite crée pour détruire et dont

la gauche détruite pour créer. Je crois en toi. Ame et stabilisateur des mondes dont la

providence fait le jeu constant de la nature et en entretient la vie. Je crois … I.A.O. AMEN.

Seigneur, père et mère de la miséricorde…AMEN.

L’étoile renversée est l’étoile de la sorcellerie. C’est l’homme qui l’a renversée. C’est le

véritable symbole soufi des musulmans si on va tuer un cabri par lapidation. En quoi consiste

le sacrifice du bouc ? On dégage tout les négatifs qui se trouvent en nous qu’on envoie dans

le bouc et on lui tranche le cout d’un seul coup d’épée. Ainsi on tue tous les démons qui se

trouvent dans l’homme. Car en dehors des anges il y a aussi les démons. Si le chien est bien

contrôlé il devient l’ami fidèle de l’homme mais dans le cas contraire il devient dangereux.

C’est ainsi pour les démons. Dieu a fait les démons moins intelligents que l’homme et l’ange.

Donc si on sait les contrôler ils sont utilisés positivement. Personne ne peut connaître le nom

de votre ange gardien. C’est ainsi. L’ange gardien est ta personne intérieure. Si tu vois la lune

et tu lui dis de bonne paroles, ça te revient quelques jours après par son côté positif. C’est

pareil pour le négatif aussi. Donc la même lune peut maudire et la même lune peut bénir.

Imagine un proche à Paris, quand tu vas lui envoyer des énergies il faut en parler à la lune. Il

y a lune ici et la même lune à Paris. La lune se chargera de transmettre ton message ou énergie.

Ce que le sperme est dans notre organisme c’est ce que la lune est pour l’univers. Lorsque

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

les énergies de la lune sont mal dirigées par un cerveau humain on dit qu’il est lunatique. Il

s’agit des fous et autres malades mentaux.

Conversation avec Dieu de NEALE DONALD WALSCH

Vous êtes sur le point de vivre une expérience extraordinaire. Croyez-le ou non, vous allez

parler avec Dieu. « C’est impossible me diriez vous ! On peut parler à Dieu ? Bien sûr ! Mais

pas avec Dieu ! ». C’est ce que je croyais moi aussi. Le message que je vous livre aujourd’hui

n’a pas été écrit par moi. Il s’est imposé à moi. Et lorsque vous l’entendrez, il se manifestera

à vous. Car nous sommes tous amenés à la réalité, car nous sommes prêts à la recevoir. Ce

message parle de la peur, du pouvoir, de la sexualité ; de l’argent, du travail, de la santé, de

l’au-delà. Il englobe la guerre et la paix, la connaissance et l’ignorance, la joie et la peine, le

geste de donner et de recevoir. Il examine le concret et l’abstrait, le visible et l’invisible, la

vérité et l’absence de la vérité.

Au printemps de 1972 un phénomène prodigieux est survenu dans ma vie. Dieu s’est mis à

vous parler à travers moi. Permettez-moi de vous expliquer. A l’époque j’étais très

malheureux et ma vie semblait être un échec à tous les niveaux. J’ai donc ouvert mon vieux

cahier jaune ; et je lui ai confié tout les sentiments contradictoires qui m’habitaient. Mais

cette fois ci, plutôt que d’écrire une lettre à une personne que je croyais être la victime ; je

suis allé droit à la source ; et je me suis adressé au plus grand de tous les persécuteurs. J’ai

décidé d’écrire une lettre à Dieu. C’était une lettre pleine de dépits, confusion, de

condamnation remplie d’une foule de questions afin de percer ma colère. Pourquoi ma vie

allait-t-elle si mal ? Que devais-je faire pour me sentir enfin bien dans ma peau ? Pourquoi

donc suis-je incapable de trouver un bonheur dans mes relations personnelles ? Le manque

d’argent allait-t-il me poursuivre pendant toute ma vie ? Finalement qu’avais-je donc fait au

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

ciel pour mériter cette vie de luttes continuelles ? A ma grande surprise, au moment même

où je griffonnais ma dernière question, alors que je m’apprêtais à poser ma plume, ma main

est restée suspendue au dessus du papier comme retenue par une force invisible. Soudain, la

plume s’est mise à bouger d’elle-même. Je n’avais aucune idée sur ce que j’étais sur le point

d’écrire. Mais une pensée émergea soudain de mon esprit et j’ai décidé de laisser ma plume

la transcrire sur le papier. C’est alors que commença ma conversation avec Dieu.

Veux-tu vraiment une réponse à toutes ces questions ? Ou es-tu seulement entrain de donner

de libres coups à tes frustrassions ? J’ai sursauté et mon esprit à formuler une réponse. Je l’ai

écrite immédiatement. Je suis entrain de me défouler c’est certain. « Mais s’il existe des

réponses à ces questions, j’aimerais diablement les entendre ».

Dieu : Humm ! Il y a des tas de choses que tu aimerais diablement, mais ne serait-il pas très

agréable d’aimer divinement ?

J’ai alors écrit, qu’est-ce que cela peut-bien vouloir dire ? Sans m’en rendre compte, je venais

d’amorcer une conversation avec Dieu. Et c’est lui qui me dictait ce que j’écrivais.

Aujourd’hui, cet étonnant dialogue m’a laissé incrédule. Puis, il m’a semblé n’avoir qu’une

valeur personnelle. Mais je comprends aujourd’hui qu’il n’était pas destiné à moi seul. Il était

destiné à vous aussi et à tous ceux qui écoutent ce disque. Car mes questions sont également

les votres. Permettez-moi maintenant de vous livrer cet échange ! Rentrons donc dans le cœur

du sujet avec une question que je me posais depuis longtemps. « Comment Dieu s’exprime-

t-il ? Et à qui parle-t-il ?

Dieu : Je parle à chacun tout le temps. La question n’est pas à qui je parle mais qui écoute ?

Intrigué, je demande à Dieu de m’en dire d’avantage sur ce sujet. Et voici ce qu’il m’a dicté.

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

Dieu : Tout d’abord, remplaçons le mot parler par communiquer. C’ent un bien meilleur

thème, plus riche, plus précis. Lorsque nous essayons de nous parler toi et moi, nous sommes

immédiatement soumis aux étoiles qui imitent le sens des mots. Voila pourquoi je ne

communique pas seulement en parole. En réalité, je communique le plus souvent par les

sentiments qui sont le langage de l’âme. Les sentiments sont parfois difficiles à percevoir et

à reconnaitre. Mais tu peux trouver ta vérité suprême dans tes sentiments les plus profonds.

A vrai dire, il s’agit pour toi de rester au cœur de ses sentiments. Je te montrerai comment y

parvenir si tu le souhaites sincèrement.

J’ai alors dit à Dieu que je le souhaitais vraiment mais que pour l’instant j’espérais avoir

encore une réponse complète à ma pensée. Voici ce qu’il m’a dit.

Dieu : Je communique aussi par la pensée. Il y a toute une différence entre les sentiments et

la pensée même s’ils peuvent survenir en même temps. En communiquant par la pensée,

j’utilise souvent des images. C’est pourquoi les pensées sont plus pertinentes que les paroles.

Comme outille de communication, en plus des sentiments et des pensées, j’emplois aussi

l’expérience pour communiquer intensément. Si les sentiments, les pensées et les expériences

échouent, j’utilise des paroles. En vérité les paroles sont l’outille de communication le moins

efficace. Elles sont sujettes à l’interprétation de chacun et sont le plus souvent males

comprises. Pourquoi donc ? A cause de la nature même des paroles. Les paroles sont des sons

à travers lesquels circulent perle mêle les sentiments, les pensées et l’expérience. Ce sont des

symboles, des signes. Les paroles ne sont pas la vérité. Elles peuvent t’aider à comprendre

certaines choses. L’expérience te permet de savoir. Beaucoup de gens ont prononcé des tars

de paroles en mon nom. Bien des pensées et des sentiments ont appuyés des choses dont je

n’étais aucunement le promoteur. Le défit consiste à avoir suffisamment de discernement. Il

est difficile de faire la différence entre les messages de Dieu et les données provenant d’autres

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

sources. Cette distinction devient simple lorsqu’on applique une règle de base. Ta pensée la

plus élevée, ta parole la plus claire, ton sentiment le plus magnifique viennent toujours de

moi. Tout le reste provient d’une autre source. Personne ne doit avoir de difficulté à

reconnaitre ce qu’il y a de plus élevé, de plus clair et de plus magnifique. Je te donne toute

fois les indications suivantes. La pensée la plus élevée est toujours celle qui renferme la joie.

Les paroles les plus claires sont celle qui renferment la vérité. Le sentiment le plus magnifique

est celui que tu appelles amour. Joie, vérité, amour, les trois sont interchangeables et l’un

amène toujours les deux autres. Peu importe dans quel ordre on les place. Une fois qu’on a

distingué mes messages de ceux qui proviennent d’une autre source, il ne reste plus qu’à

savoir si mes messages sont entendus. La plus part ne le sont pas. Certains parce qu’ils sont

trop beaux pour être vrai. D’autres parce qu’ils sont trop difficiles à suivre. D’autres par

contre sont tous simplement mal interprétés. La majeur partie de mes messages ne

parviendront pas jusqu’au gens. Mon messager le plus puissant est l’expérience et bien

souvent tu l’ignores. Ton monde ne serait pas dans l’état actuel si tu avais été à l’écoute de

ton expérience. Puisque tu ne l’as pas écouté, tu es condamné à revivre toutes les expériences

de ta vie. Car mon but ne sera pas contrecarré, ma vérité ne sera pas ignorée. Mes messages

se rendront jusqu’à toi tôt ou tard. Toute fois je ne t’oblige pas à t’y conformer. Je ne te

forcerai jamais car je t’ai donné ton libre arbitre. Le pouvoir de faire ce que tu veux et ne te

l’enlèverai jamais. Ainsi je continuerais à te transmettre les mêmes messages encore et

toujours à travers les millénaires. Où que tu sois dans l’univers, je t’enverrai sans cesse mes

messages jusqu’à ce que tu les reçoives et les acceptes dans ton cœur en les considérant

comme les tiens. Je t’invite à une nouvelle forme de communication avec moi. Je pourrais te

dire ma vérité quand tu cesseras de me dire la tienne ! Ecoute tes pensées et tes sentiments

les plus élevés. Ecoute mon expérience.

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

Ce pendant, bien des gens disent que leur prière reste sans réponse.

Dieu : Aucune prière ne reste sans réponse. Chaque prière, chaque pensée, chaque

affirmation, chaque sentiment est créatif. Il faut toute fois que tu saches que c’est là le secret.

Que c’est toujours la pensée derrière la pensée, ce que l’on pourrait appeler la pensée racine

qui contrôle. Si tu quémandes et supplies tu auras sans doute une chance beaucoup plus mince

de faire l’expérience de ce que tu aurais choisi. Car la pensée racine qui se trouve derrière

chaque supplication c’est que tu n’a pas maintenant ce que tu souhaites et la pensée racine

devient ta réalité. La seule pensée racine qui pourrait enrailler cette pensée, c’est la pensée

entretenue dans la foi que Dieu t’accordera tout ce que tu demandes inévitablement. Certaines

personnes ont une telle fois ! Mais très peu. La prière devient une action de grâce. Ce n’est

pas du tout une requête, mais une parole de reconnaissance pour ce qu’il est. Dieu t’a créé à

son image et à sa ressemblance. Toi tu as créé le reste grâce au pouvoir que Dieu t’a donné.

Dieu a créé le processus de la vie tel que tu la connais. Ce pendant Dieu t’a donné le libre

choix de faire ce que tu veux de ta vie. Tu t’illusionnes royalement si tu crois que Dieu se

soucie d’une façon ou d’une autre de ce que tu fais. Je ne me soucie pas de ce que tu fais et

cela te semble difficile à accepter. Te soucies-tu de ce que font tes enfants lorsque tu les

envoies jouer ? Est-il important pour toi de savoir s’il joue à cache-cache ou à un autre jeu ?

Non.toi tu sais qu’ils sont en parfaite sécurité. Tu les as placé dans un environnement que tu

considères amicale et convenable. Bien entendu, tu espères toujours qu’ils ne se blesseront

pas. Si par malheur cela arrivait, tu t’empressais d’aller les aider, les soigner. Leur permettre

de se sentir à nouveau en sécurité. D’être encore heureux et de retourner jouer le lendemain.

Bien sûr, tu leur diras que tels jeux sont dangereux, mais tu ne peux pas empêcher les enfants

de faire des choses dangereuses. Certainement pas à chaque instant de leur vie. Un parent

rempli de sagesse sait très bien cela. Pourtant un parent ne cesse jamais de s’inquiéter de ce

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

qui pourrait survenir. Et une des grandes illusions de l’homme est que le résultat ultime est

incertain. Et c’est ce doute, relativement résultat ultime qui est ta plus grande ennemie. La

peur. Car si tu doutes du résultat il te faut douter du créateur. Tu te dois de douter de Dieu.

Et si tu doutes de Dieu il te faut passer toute ta vie dans la peur et la culpabilité. Si tu doutes

des intentions de Dieu et de sa capacité de parvenir à un résultat ultime comment te pourrais-

tu jamais te détendre ? Comment te pourrais-tu véritablement trouver la paix.

Donc est-ce dans la nature des gens d’aimer puis de détruire, d’aimer à nouveau ce qu’ils

chérissent le plus ?

Dieu : Toutes les actions humaines sont motivées vers leur niveau le plus profond par l’une

de ces deux émotions, la peur ou l’amour. Pense-y bien et tu verras que c’est la vérité. C’est

ce que j’appelle la pensée racine. C’est une pensée soit d’amour soit de peur. C’est la force

première. C’est l’énergie brute qui propulse le moteur de l’expérience humaine. Voilà

comment le comportement humain reproduit à la chaine les mêmes expériences. Voilà

pourquoi les humains aiment, détruisent et aiment à nouveau. Il y a toujours une alternance

d’une émotion à une autre. Ainsi au moment où tu promets ton plus grand amour tu accueille

ta plus grande peur. Car aussi tôt après avoir dit je t’aime tu as peur que cet amour ne soit pas

partagé. Quand il est partagé tu te mets à t’inquiéter de perdre cet amour que tu viens de

trouver. Ainsi toute action devient réaction pour te défendre contre n’importe quelle perte.

Ce pendant si tu savais qui tu es, l’être le plus magnifique, le plus remarquable, le plus

splendide que Dieu ai jamais créé, tu n’aurais jamais peur. Car qui pourrait rejeter une telle

magnificence ? Même Dieu ne pourrait pas redire quoi que ce soit d’un tel être. Mais tu ne

sais pas qui tu es et tu te croix bien inférieur. D’où t’est venue l’idée que tu étais moins beau

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

ou moins belle qu’un être. Cette pensée t’est venue des seules personnes que tu as crues sur

parole à propos de tout. Ta mère et ton père.

C’est tellement vrai, je m’en rends compte en ce moment. Lorsque je t’écoute tout semble si

facile mais au moment de prendre une décision, c’est la peur qui l’emporte souvent.

Dieu : Pourquoi donc ? On t’a enseigné à vivre dans la peur. On t’a enseigné la suivie du plus

fort, de la victoire du plus puissant et du succès du plus habile. On parle rarement de la gloire

du plus aimant. Si tu t’efforce d’être plus fort, le plus puissant, le plus habile ! Et si tu ne te

sens pas à la hauteur de ce défit, quelque soit la situation tu as peur de perdre car on t’a dit

que le perdant est un être inférieur. Ainsi bien-sûr tu choisis l’action fondée sur la peur. Car

c’est ce qu’on t’a enseigné mais moi je t’enseigne ceci : Lorsque tu choisiras l’action inspirée

par l’amour, tu ferras bien plus que survivre. Bien plus que gagner ou que de réussir tu ferras

alors l’expérience glorieuse de qui tu es vraiment et de qui tu peux être.

Mais comment vais-je y arriver ?

Dieu : pour ce fait tu dois renoncer aux enseignements des précepteurs mal informés même

s’ils sont bien intentionnés. Ecouter les enseignements de ceux dont la sagesse vient d’une

autre source. Toute fois le meilleur appel aux réalités ne vient pas de quelqu’un extérieur à

toi ! Mais de la voix qui est en toi. C’est le premier outil que j’utilise. C’est le plus accessible.

La voix intérieure est ma voix la plus forte car c’est la plus proche de toi. C’est la voix qui te

dit si tous le reste est faux ou vrai, bien ou mal, bon ou mauvais selon tes critères. C’est le

radar qui règle la trajectoire, tient le gouvernaille, guide le parcourt à la condition toute fois

que tu te laisses faire. C’est la voix qui te dit immédiatement si les paroles que tu entends en

ce moment sont des paroles d’amour ou de peur. C’est ce critère qui te permettra de

déterminer s’il faut les écouter ou les ignorer.

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

Tu as dit que si je choisis toujours l’action que l’amour inspire, je vivrais alors la gloire

entière de qui je suis et de qui je peux être. Voudrais-tu me fournir plus de précision s’il te

plait ?

Dieu : La vie n’est qu’un but. C’est que tu fasses ainsi que tous les êtres vivants l’expérience

de la gloire en Dieu. Tout le reste de ce que tu dis, penses ou fais est lié à cet objectif. C’est

le but ultime de ton âme. Elle ne veut rien faire d’autre. Ce merveilleux projet est sans fin car

le destin de Dieu est sans limite. Dès l’instant où tu ferras l’expérience de toute ta gloire tu

imagineras une gloire encore plus grande à accomplir. Plus tu es plus tu peux devenir et plus

tu peux devenir et plus tu peux être d’avantage. Le plus grand des secrets est que la vie n’est

pas un processus de découverte mais de création. Tu ne te découvres pas. tu te crées à

nouveau. Par conséquent ne cherche pas à découvrir qui tu es mais cherche à définir qui tu

veux être. Dieu savait que pour que l’amour existe, son contraire devait aussi exister. Alors

Dieu créa volontairement le contraire absolu de l’amour. Tout ce que l’amour n’est pas et on

appelle à présent la peur. Dès que la peur se met à exister, l’amour a pu exister comme une

chose dont on pouvait faire l’expérience. Tout comme vous avez choisi de personnifier

l’amour pur en créant le personnage que vous appelez Dieu. Vous avez choisi de personnifier

la pire des peurs en créant le personnage que vous appelez le diable. Lorsque tes religions

disent que tu as été créé à l’image de la ressemblance de Dieu cela veut dire que notre essence

est la même. Nous sommes composés de la même étoffe. Avec toutes les mêmes capacités,

habiletés y compris notre volonté de créer la vérité physique comme par magie. C’est dans

l’acte de choisir, de faire partir de Dieu que tu fais l’expérience de ta capacité de choisir.

C’est-à-dire par définition de ta nature divine. Tu as toujours été et tu seras toujours une part

divine du divin dans sa totalité. Tout travail sur la terre n’est donc pas d’apprendre mais de

te rappeler qui tu es et de te rappeler qui est chacun. C’est pourquoi une grande partie de ta

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

tâche consiste à le rappeler aux autres afin qu’ils puissent se rappeler aussi. Tous les

merveilleux maîtres spirituels n’ont fait que cela. Voilà ton seul objectif. Le but de ton âme.

J’ai tant de choses à te demander. Je suppose que je doive commencer par les questions les

plus pressentes. Pourquoi notre monde est dans un tel état ?

Dieu : de toutes les questions que l’homme pose à Dieu, c’est celle qui revient le plus souvent.

La formulation classique de la question ressemble habituellement à ceci : si tu es perfection

et amour, pourquoi Dieu a-t-il créé la perce et la famine, la guerre et les maladies, la tornade

et toute sorte de désordre ? Pourquoi donc a-t-il permis les profondes déceptions personnelles

et les calamités mondiales. La réponse à ce genre de question réside dans le plus profond

mystère de l’univers et dans la signification la plus élevée de la vie. Le monde est dans l’état

où il se trouve parce qu’il ne peut en être autrement dans le domaine rudimentaire de la

matérialité. Les tremblements de terre et les ouragans, les inondations et les tornades aussi

que les autres phénomènes que vous appelez désastres naturels ne sont que le mouvement des

éléments d’une polarité à l’autre. Tout le cycle naissance mort fait parti de ce rudiment. Ce

sont les rythmes de la vie. Et toute la réalité rudimentaire leur est soumise car la vie même

est un rythme. C’est une vague, une pulsation pure même de tout ce qui est. La maladie et le

mal être sont à l’opposé de la santé du bien être. Et c’est sur votre ordre qu’ils se manifestent

dans la réalité. Vous ne pouvez tomber malade sans à un certain niveau vous rendre malade

et vous pouvez recouvrer la santé en un instant. Il vous suffit de le décider. Les profondes

déceptions personnelles sont des réactions que vous avez choisies et les calamités mondiales

sont les résultats d’une conscience mondiale. Ta question laisse entendre que je choisis ses

évènements et que c’est ma volonté et mon désire de le provoquer. Ce pendant je ne fais pas

en sorte que ces choses m’arrivent. Je me contente de vous observer entrain de les faire et je

ne fais rien pour les arrêter car se serrait contrecarrer votre volonté. Par conséquent, ne

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

condamne pas tout ce que tu qualifierais de mauvais en ce monde. Interroges toi plutôt sur ce

que tu as trouvé de mauvais et ce que tu veux faire pour le changer s’il y a lieu.

Que puis-je faire encore ?

Dieu : Interroges l’intérieur plutôt que l’extérieur de toi en te demandant devant telle calamité

de quelle partie de mon soi est-ce que je veux faire l’expérience. Quel aspect de l’être est-ce

que je choisis d’invoquer ? La vie dans son entier n’est qu’un outil de ta propre création. Et

tous les évènements de l’existence ne sont que des occasions pour décider d’être qui tu es.

C’est vrai pour tous les hommes. Tu voix donc qu’il n’y a aucune victime dans l’univers. Il

n’y a que des créateurs. Tous les maîtres qui ont foulé le sol savaient celà. C’est pourquoi

aucun d’eux ne s’est pris pour une victime bien que plusieurs furent crucifiés. Toute âme est

un maître bien que certains ne se rappellent pas leur origine ou leur héritage. Cependant

chaque âme crée à chaque instant la situation et les circonstances de son propre objectif le

plus élevé qui lui permettra de s’en rappeler le plus rapidement possible. Ne juge donc pas la

voie parcourue par un autre. N’envie pas le succès, ne plaint pas l’échec car tu ne sais pas ce

qui est succès ou l’échec de l’âme. Ne dit pas qu’une chose est une calamité ou joyeuse avant

d’en être témoins ou de déterminer de quelle façon elle est utilisée. Car une mort est-elle une

calamité si elle sauve la vie de millier de gens ? Une vie est-elle un élément joyeux si elle n’a

causé que de la peine ? Cela ne veut pas dire d’ignorer un appel à l’aide ni le besoin pressant

de ta propre âme de travailler au changement de certaines circonstances ou conditions. Cela

veut dire d’éviter les préjugés et les jugements quoique tu sois entrain de faire car chaque

circonstance est un cadeau et dans toute expérience est caché un trésor. Sois une lampe dans

l’obscurité et n’oublies pas qui tu es au moment où tu serras encerclé par ce que tu n’es pas.

Mais loues la création même quand tu cherches à la changer. Et sache que ce que tu fais au

moment de ta plus grande épreuve peut s’avérer ta plus grande triomphe. Car l’expérience

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

que tu crées est une affirmation de qui tu es et de qui tu veux être. Je te le redis : Tu es venu

en cette vie sans rien à apprendre. Tu n’a qu’a démontrer ce que tu sais déjà en le démontrant

tu vas jouer vraiment ton rôle et te créer à nouveau à travers ta propre expérience. C’est ainsi

que justifieras ta vie et lui donner un but par conséquent tu la sanctifieras.

Et tu es entrain de dire que nous choisissons toutes les mauvaises choses qui nous arrivent ?

Veux-tu dire que nous créons les calamités et même les désastres de notre monde de certains

niveaux afin de pouvoir faire l’expérience concrète de ce que nous sommes? Et si c’est le

cas, n’y a-t-il pas un autre moyen moins pénible de nous créer des occasions, de faire

l’expérience de nous même ?

Dieu : Tu as posé plusieurs questions et elles sont très bonnes. Prends-les une à une. Non, les

choses que tu appelles mauvaises et qui t’arrivent tu ne les choisis pas toutes. Pas

consciemment toute fois elles sont toutes de ta propre création. Tu es toujours en processus

de création à chaque moment, à chaque minute de chaque jour. Tu es une immense machine

à création et tu crées littéralement à la vitesse de ta pensée. La conscience peut créer des

évènements, des incidents de même que les conditions et les situations qui les favorisent. La

conscience individuelle est suffisamment puissante pour y parvenir. Tu peux imaginer quel

genre d’énergie créatrice se déchaine chaque fois que deux ou trois personnes se rassemblent

en mon nom. Et la conscience collective, elle est suffisamment puissante pour créer des

évènements d’importance mondiale aux conséquences planétaires. Il est beaucoup plus facile

de changer ce que tu fais que de changer ce que fait un autre.

C’est bien vrai. Bien qu’il soit toujours difficile de se changer soi même.

Dieu : La première étape pour changer une chose consiste à savoir et à accepter qu’elle soit

ce qu’elle est. Si tu ne peux pas accepter cela sur le plan personnel admet le parce que tous

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

nous ne formons qu’un et tu le comprennes bien. Cherches alors à créer un changement non

pas parce qu’une chose est mauvaise mais parce qu’elle n’est plus une affirmation fidèle de

qui tu es. Les calamités et les désastres créés dans ce monde ne sont pas créés par toi en

particulier. Ce qui est créé par toi c’est le degré avec lequel ces éléments affectent ta vie. Il

se produit dans l’univers des évènements que tu ne peux prétendre initier ou créer même avec

un grand état d’imagination. Ces évènements sont créés avec la conscience collective de

l’homme. Le monde entier produit ses expériences en les créant collectivement. Chacun de

vous individuellement vit ses expériences et détermine ce qu’elles signifient pour vous. Vous

êtes en relation avec elles. Ainsi vous créez collectivement et individuellement la vie, le

temps et le lieu dont vous faites l’expérience dans le but de faire évoluer votre âme.

Je commence à comprendre. C’est prodigieux et tellement troublant !

Dieu : Tu as demandé s’il y avait une façon moins pénible de vivre le processus. La réponse

est oui. Mais rien dans ton expérience extérieur n’aurait changé la façon de réduire la

souffrance que tu associes aux expériences et aux évènements terrestres et de changer ta façon

de les percevoir. Etant donné que tu ne peux pas changer les évènements extérieurs car ils

ont été créés par vous tous et que votre conscience n’est pas suffisamment mure pour modifier

individuellement ce qui a été créé collectivement. Il te faut alors changer ton expérience

intérieure. C’est la voie de la vie. Ne juge pas et ne condamne pas car tu ne sais pas pourquoi

telle chose se produit ni à quelle fin. Et rappelle toi ceci : Ce que tu condamnes te condamnera.

Tu deviendras un jour ce que tu juges aujourd’hui. Cherches plutôt à corriger les choses qui

ne reflètent plus réellement ton sentiment le plus élevé de qui tu es. Cependant, tu dois tout

bénir car toute chose est la créature de Dieu. A travers l’expression de la vie se trouve la

création suprême.

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

Il me vient à l’esprit un autre domaine dont je voulais vous parler. Toutes ces questions au

sujet du ciel et de l’enfer. D’après ce que j’entends dire au tour de moi l’enfer n’existe pas.

Dieu : Il y a l’enfer mais ce n’est pas ce que tu crois. Et lorsque tu en fais l’expérience ce

n’est pas pour les raisons que l’on t’a données.

Qu’est ce que l’enfer ?

Dieu : C’est faire l’expérience du pire résultat possible relativement à tes choix, à tes

décisions et à ce que tu crées. C’est la conséquence naturelle de toute pensée qui m’anime et

qui dit non à qui tu es en relation avec moi. L’enfer est le contraire de la joie. L’absence de

plénitude. C’est savoir qui est ce que tu es et de ne pas parvenir à en faire l’expérience. C’est

moins que toi-même. Voilà ce qu’est l’enfer. Il en existe pas de plus grand pour ton âme.

D’autre part l’enfer n’est pas cet endroit où selon tes fantasmes tu brules en quelques feux

éternels. Tu peines dans un état de tourment perpétuel. Dans quel but devrais-je créer cela ?

Et même si j’en créais la pensée aucunement divine sans laquelle tu n’aurais pas mériter le

ciel. Pourquoi aurais-je besoin de revanche ou une sorte de châtiment parce que tu t’es

trompé ? Je te dis qu’il n’y a vraiment aucune expérience après la mort qui ressemble à celle

que vous avez élaboré dans vos théologies fondées sur la peur. Mais il existe cette expérience

d’une âme si malheureuse, si incomplète, si inférieure à elle-même tellement séparée de la

plus grande joie avec Dieu que cela représenterait véritablement à l’enfer de ton âme à toi.

Mais même cette expérience n’est jamais éternelle. Elle ne peut pas l’être. Car mon plan n’est

pas que tu sois séparé de moi. Jamais, à vrai dire une telle chose-est impossible. Car pour que

cela ne se produise, non seulement faudrait-il que tu nies qui tu es et que je la face moi aussi.

Je ne le ferrais jamais.

301
Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

Mais si l’enfer selon mes fantasmes n’existe pas, cela signifie-t-elle que je peux faire ce que

je veux ? Agir à ma guise, commettre n’importe quel acte sans avoir peur d’être châtié ?

Dieu : As-tu besoin de la peur pour être, faire ce qui est intrinsèquement bon ? Faut-il que tu

sois menacé pour bien agir. Qui donne le dernier mot ? Qui donne les directives ? Qui établit

les règles. Je te dis ceci. C’est toi qui établis les directives. C’est aussi toi qui détermine ton

degré de réussite passé, présent ou future car c’est toi qui a décidé de qui est ce que tu es

vraiment et qui tu seras. Tu es le seul à pouvoir porter un jugement sur ton degré de réussite.

Personne d’autre ne te jugera jamais car pourquoi et comment Dieu pourrait-il juger sa propre

création et la qualifier de mauvaise. Si j’avais voulu que tu sois parfait et que tu fasses tout à

la perfection je t’aurais laissé dans l’état de perfection total d’où tu venais. Le but de ce

processus est que tu te découvres toi-même, que tu crées ton soi, tel que tu es vraiment et tel

que tu veux vraiment être. Mais tu ne pourrais être cela, à moins d’avoir le choix d’être autre

chose. Par conséquent devrais-je te châtier d’avoir faire un choix que moi-même j’ai placé

devant toi ? Si je n’avais pas voulu que tu choisisses une seconde voie pourquoi donc en

aurais-je créé d’autres en plus de la première ? C’est une question que tu dois poser avant de

m’assigner le rôle d’un Dieu qui condamne. La réponse directe à ta question est oui. Tu peux

faire ce que tu veux sans peur d’être châtié. Ce pendant il te sera utile d’avoir conscience des

conséquences. Les conséquences sont des résultats, et les agissements ne sont rien d’autre

que l’application naturelle des lois naturelles. Ils sont se qui se produit de façon tout à faire

prévisible en raison de ce qui s’est produit avant. Toute vie physique fonctionne

conformément à des lois naturelles. Dès que tu te rappelles ces lois et que tu les appliques tu

maîtrises la vie au niveau physique. Ce qui te semble être une punition ou ce que tu appellerais

le mal ou malchance n’est que l’affirmation d’une loi naturelle !

302
Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

Donc si j’arrivais à connaitre et à obéir à ces lois je ne serais plus en difficulté c’est bien ce

que tu me dis?

Dieu : Tu ne ferrais jamais l’expérience de ton soi en difficulté. Aucune situation de vie ou

de mort ne t’apparaitrait comme un problème. Tu n’aborderais aucune situation de ta vie avec

agitation. Tu mettrais fin à toute inquiétude, à tout doute et à toute peur. Tu serais un être

pleinement accompli. Voilà le but de ton âme. T’accomplir pleinement alors qu’elle est dans

ton corps. Devenir l’incarnation de tout ce qu’elle est vraiment. Tel est mon plan à ton égard.

Tel est mon idéal, m’accomplir à travers toi. Les lois de l’univers sont des lois que j’établis

et qui sont des lois parfaites qui engendrent un fonctionnement parfait sur le plan physique.

Tu t‘émerveilles du miracle de la nature. Si tu voyais sa symétrie, la perception de son destin,

son impressionnant déploiement du plus grand corps céleste, jusqu’à la plus petite particule

tu serais incapable d’en saisir toute la vérité dans ta réalité. Même lorsque tu entrevois des

parcelles tu ne peux imaginer ni entrevoir les explications. Mais tu soupçonnes qu’il y a des

implications beaucoup plus complexes qu’extraordinaires que ta compréhension actuelle ne

peut saisir.

Alors comment puis-je connaitre ces lois ? Comment puis-je les apprendre ?

Dieu : Il ne s’agit pas d’apprendre mais de se souvenir.

Comment puis-je m’en souvenir ?

Dieu : Commence pas faire le calme en toi. Apaise le monde extérieur afin que le monde

intérieur puisse t’ouvrir les cieux. C’est cette vision intérieure que tu recherches. Mais tu ne

pourras pas l’atteindre si tu te préoccupes aussi profondément de ta réalité extérieure. Par

conséquent cherche autant que possible à entrer en toi-même. Rappelles toi ce principe, si tu

vas à l’intérieur de toi tu iras à l’extérieur et tu devras te passer de ceux dont tu a besoin. Tu

303
Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

as passé ta vie tournée vers l’extérieure mais tu n’avais pas à le faire. Il n’y a rien que tu ne

puisses être. Il n’y a rien que tu ne puisses faire. Il n’y a rien que tu ne puisses avoir.

Cela ressemble à de belles promesses.

Dieu : Quelles autres promesses attends tu à recevoir de Dieu ? Me croirais-tu si je te

promettais moins que cela ? Depuis les milliers d’années les gens n’ont pas cru à la promesse

de Dieu pour une raison très étrange. Elles étaient trop belles pour être vraies. Vous avez

donc choisir des promesses et un amour moindre. Car la plus grande promesse de Dieu

provient du plus grand amour. Mais étant donné que tu ne peux concevoir un amour parfait,

tu ne peux concevoir une promesse parfaite ni de personnes parfaites. Par conséquent, tu ne

peux même pas croire en ton soi. Si on ne comprend pas cela on n’arrive pas à croire en Dieu.

Car croire en Dieu nous amène au plus grand cadeau de Dieu. L’amour inconditionnel. Et à

la plus belle promesse de Dieu, un potentiel illimité.

Toute ma vie j’ai cherché la voie qui mène à Dieu mais dans mon enfance on m’a appris que

le bien et le mal existent vraiment et qu’ils sont diamétralement opposés que certaines choses

ne sont ni correctes, ni bonnes ni acceptables aux yeux de Dieu.

Dieu : Tout est acceptable aux yeux de Dieu. Car comment Dieu pouvait-il ne pas accepter

ce qui est. Rejeter une chose c’est de nier son existence. Dire qu’elle n’est pas correcte revient

à dire qu’elle ne fait pas partir de moi et cela est impossible. Conserves tes croyances et restes

fidèle à tes valeurs. Car se sont celles de tes amis, de ta famille, de ta société qui forment la

structure de ta vie. Le fruit de ton expérience. Toute-fois, examine, les une à une et remplace

celles qui semblent brisées qui ne soutiennent plus la structure. Parmi les jugements de

valeurs que tu as faites tiens, très peu découlent de tes expériences. A vrai dire tu t’es créé

toi-même à partie de l’expérience des autres. Tu n’attends pas vraiment de faire ta propre

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

expérience. Tu acceptes l’expérience des autres comme parole d’évangile. Dans la plus part

des cas vous ne voulez pas donner tors à vos parents, à vos écoles, à vos religions, à vos

traditions, à vos textes sacrés. Alors vous niez votre propre expérience au bénéfice de ce

qu’on vous a dit de penser.

Quel est donc le désir de Dieu ?

Dieu : Je désire que tu reconnaisses que tu sentes qui tu es vraiment grâce au pouvoir que je

t’ai donné de te créer et de faire l’expérience de toi-même. Quelque soit la façon dont tu

choisiras, je désire que ta vie soit une expérience de joies continues, de création sans fin et

d’accomplissement total. Dès l’instant où tu te connecteras tu seras toujours comme je me

sens. Tu seras joyeux, aimant.

Ma vie n’est pas parfaite. Loi de là. En faite je suis rempli d’imperfections. Et je souhaite de

tout mon cœur les perfectionner. J’aimerais savoir ce qui provoque mes comportements, ce

qui déclenche mon égarement et ce qui fait obstacle à ma tranquillité d’esprit ? Voilà

pourquoi je suis venu vers toi car je n’ai pas pu trouver les réponses tout seul.

Dieu : Je suis content que tu sois venu vers moi. J’ai toujours été là pour t’aider. Je suis près

de toi. Tu n’as pas à trouver les réponses tout seul. Tu n’es jamais obligé de le faire. Tu ne te

considères pas suffisamment digne pour que Dieu te parle ? Voilà la source de tous les

problèmes que tu rencontres dans ta vie. Je te dis ceci, en ce moment même je parle non

seulement à toi mais à chacun des êtres qui écoutent cette parole. Je sais aussi lesquels qui

seront touchés par ces mots. Comme pour tous les autres messages certains seront capables

d’entendre vraiment alors que d’autres tendront l’oreille mais ne comprendront rien.

Aujourd’hui je suis venu à toi avec une alliance divine, une promesse éternelle. Un

engagement sûr et garanti. Et la parole de Dieu n’est pas un commandement mais une

alliance. Tu sauras que tu as pris la voie qui mène à Dieu lorsque des signes, des changements

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

se produiront en toi. Dieu ne donne pas d’ordre à ceux qu’il a créés. Au fait je suis venu

t’aider à clarifier les choses.

Annexe 4

 CONFERENCES

Conférence sur la Sorcellerie Bobos et Elmancio

Bobos : En vérité, depuis toujours, tout ce que vous écoutez sur la sorcellerie j’ignore si c’est

la vérité. Notre présence aujourd’hui est de comprendre la sorcellerie. Le non initié et l’initié

ne peuvent avoir la même compréhension sur la sorcellerie. Il y a des principes au niveau de

la sorcellerie et c’est cela que nous allons vous expliquer. Et je sais que si tu me connais et je

te connais il n’y a plus de problème. Chacun sait comment éviter les brisés. C’est le motif de

notre rencontre. Pour beaucoup, Elmancio et Bobos vont vous donner la sorcellerie. Si vous

nous suivez et nous sommes sorciers et on ne vous donne pas la sorcellerie comment pouvez-

vous vivre ?

Elmancio : Bonsoir tout le monde. Que les bénédictions soient ! Dans les histoires de Paul

on raconte qu’il y a quelques exorcismes. Ils exorcisaient les gens en disant spécialement

ceci aux possédés: « au nom de Jésus que Paul prêche, sors de ce corps ! ». La suite a été très

intéressante. Les esprits ont d’abord fui. Et après avoir fui, les esprits ont dit : « Jésus ont le

connait. Saint Paul on le connait. Mais vous, qui êtes-vous ? ». Les possédés se sont rués sur

les exorcistes et les ont battus à mort. La connaissance à un pouvoir inerrant à elle-même.

Elle développe le pouvoir intérieur qui se manifeste par une lumière vue par les esprits. Il

s’agit de la connaissance transformationnelle. Les esprits ne voient que votre énergie. Et c’est

ainsi qu’ils vous respectent selon la qualité de votre énergie. Ils distinguent ceux qui ont la

connaissance des autres ainsi. Notre entretien d’aujourd’hui va ouvrir vos yeux intérieurs et

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

par ricocher vous apporter la protection. Comprenez que des esprits participent aussi à notre

conférence. Car les deux mondes s’interpénètrent. C’est ainsi que chacun connait l’autre et

se respecte. Ce que tu veux connaitre te connait aussi. Le sorcier n’a pas à vous respecter car

c’est contraire au code de la sorcellerie. Vous devez mériter d’être respecté. Il a des

connaissances que vous n’avez pas et vous voulez qu’il vous respecte. En ceux en quoi il

vous transforme c’est ceux en quoi il vous voit. Le sorcier est très arrogant et en même temps

très effacé. La sorcellerie est un jeu d’enfant. Amusez vous avec pour être aussi de très grand

expert sorcier. Il y a des sorciers dans la salle et je suis heureux de parler avec eux. Tant

mieux. Il y a un principe à la magie, la science spirituelle et à la sorcellerie. On ne peut guérir

un mal que par son semblable. J’avais 14 ans quand je suis sorti de mon corps pour la 1ère

fois. C’est formidable. La liberté de sortir de son corps comparée à des millions, les millions

ne valent rien. J’ai appris à l’un de mes étudiants à sortir de son corps. Un jour sa tante est

venue le voir et dit : « je te relate les causes de la mort de ton père. Mais toi-même tu sais

déjà car tu vas et tu viens. Je te vois donc tu comprends déjà tout ». Il nous faut un langage

de vérité. Posez-vous la question que dois-je faire pour que le sorcier nous respecte ?

Bobos : La sorcellerie c’est la connaissance que vous avez de cette vie. C’est tout. La

sorcellerie est différente du sorcier. Le créateur a utilisé la sorcellerie pour créer le monde

physique dans lequel nous sommes. Vous venez de mettre vos mains dans certaines tisanes.

En plus vous avez reçu de la gentiane. Le vrai connaisseur des plantes est un sorcier. Vous

verrez qu’il y a aiguilles et de la boue dans une jarre dans laquelle vous devez tremper la

gentiane. L’aiguille au milieu de la jarre s’appelle Kpodédji. Oui la sorcellerie s’appelle

encore Kpodédji. La panthère protège ses poiles situées à sa gueule avant de boire juste pour

ne pas contaminer les autres animaux qui risquent de mourir. C’est cela la sorcellerie. Cette

force c’est le créateur qui l’a créé ainsi. Pourquoi dit-on que le lion est le roi de la forêt ?

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

C’est à cause de son urine. Sa sorcellerie se trouve dans sa voix. Quand il rugit tous les autres

animaux ont peur. Et pour se sauver, ceux qui traversent l’endroit où il a uriné s’affaiblissent

en endurance. S’ils faisaient 100 à l’heure sa performance peut baisser jusqu’à 50 à l’heure.

C’est cette sorcellerie du lion que nos aînés appellent Azé kini. Le caméléon n’est pas bon

dans l’endurance. En compensation il est le seul qui voit à 360°. C’est aussi de la sorcellerie.

Il voit vite le danger pour se cacher. C’est la nature qui a créé toutes les formes de sorcelleries.

Il change de couleur pour se camoufler. Sa langue peut faire jusqu’à 10 mètres de long et lui

permet de se saisir de sa proie à distance. C’est de la sorcellerie. Sans cela il ne peut survivre

ici bas. Qui parmi vous a vu l’œuf du perroquet une fois ? Ils peuvent rester avec vous

pendant des décennies vous ne verrez jamais un seul œuf car le jour où il serra ainsi vous

serrez aveugle. La femelle pond toujours dans les creux de l’iroko. C’est toujours ainsi.

Quand elle laisse ses œuf à cause de la faim, elle fait appelle au serpent Djakpata pour la

surveillance de l’œuf. Les aînés qui ont cette connaissance savent les incantations qu’il faut

prononcer pour que Djakpata parte. Sans ça ils ne peuvent toucher aux œufs. C’est l’univers

qui est sur la sorcellerie. Les lions sont dans ce monde. Ne soyez pas des biches. Celui qui a

plus de connaissance que toi est ton lion. Le pasteur peut prier n’importe comment le sorcier

va le prendre. Le sorcier aussi sait prier. La nature est la sorcellerie. C’est pourquoi on

l’appelle substance métricienne. Ce qui est mal, la majorité en fait du mal avec. Elie qui a

cette force à ôtêté le mage Baal, Jésus à maudit l’arbre, Elisé a donné ordre aux bêtes qui ont

dévoré les enfants. La sorcellerie veut dire ton sort est scellé.

Elmancio : Ma génitrice est une sorcière et moi-même j’accepte que je sois un sorcier. Tout

le monde a la sorcellerie. C’est comme une puce. Il suffit de l’activer. C’est par ignorance

que vous dites que vous n’êtes pas un sorcier. Le mot sorcellerie a tendance à limiter la

grandeur du sorcier. Le sorcier peut créer des sorts positifs, modifier le destin de quelqu’un.

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

Il peut jeter des sorts à votre âme. Je remonte à l’origine de la sorcellerie. L’emblème de la

sorcellerie c’est le serpent. Moïse a utilisé le serpent. Les Pharaons aussi. C’est la science de

la métamorphose chez les Pharaons. Même les écritures des pharaons étaient codées. Les

égyptiens avaient trois sciences d’initiation à savoir la science du corbeau, de la

métamorphose et celle de la colombe. Les 1ers sorciers étaient appelés les charmants du

serpent. Il y en avait qui portaient la peau du serpent. Parvenu à aller dans le monde astral,

fait de vous immédiatement un sorcier. Grâce au serpent le sorcier peut prendre la forme qu’il

veut. C’est pourquoi il est appelé le maître de la métamorphose. Dans nos traditions il est dit

que Dieu a créé le ciel et la terre et après dan (le serpent). Seul le serpent dessine le nombre

8 qui veut dire ce qui est en haut est comme ce qui est en bas. Et le milieu est le fâ. Le

médiateur. C’est le serpent qui se mord la queue car il a cinq identités. Il peut être la terre,

eau, feu, air et esprit. Quand vous dormez la nuit vous rêvez donc vous êtes dans le monde

de la sorcellerie. Jésus est allé en Egypte pour sa 1ère initiation aussi. On n’a mangé telle

personne etc. C’est des illusions qui sont propres à ce plan. C’est le monde astral qui a créé

le monde physique. Là-bas on peut traverser les objets, changer sa tête avoir plusieurs têtes

ou yeux. Le sorcier sait agencer les choses. Il y a le serpent blanc. La sorcellerie n’est pas le

problème. Le problème c’est le sorcier. C’est une force très instable qu’il faut apprendre à

maîtriser. Je crois que les choses s’annoncent très bien. Je ne vous demande pas d’avoir la

fois obligatoire. Vous êtes saints et sauf. Mettez votre main gauche sur le cœur et l’autre sur

la tenue que vous avez apportée. Celui qui n’a pas la tenue peut mettre sa main sur la tête.

Fermez les yeux. « azé ! azé ! azé ! je suis un grand sorcier. Je sors de mon corps. Je vais au

paradis. Je mets ma tête dans la main. Je passe dans l’eau, dans le feu, dans l’air et dans la

terre. Je m’assoir sur la tête. Je transforme le sang en eau. Je suis un sorcier. Par héritage je

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

suis un sorcier et je prends conscience de ça ». Si on dit que vous êtes les enfants de Danhomin

(Dahomey = dans le ventre du serpent).

Bobos : La sorcellerie est née avec la création du monde. Nul ne peut rentrer dans le monde

physique sans quitter le monde de la sorcellerie qui est l’astral. Il faut devenir sorcier et

grandir là-bas aussi. La tête est la connaissance et le cœur est l’amour. Il faut associer les

deux pour être un bon sorcier. Si non vous passez à côté. An niveau du fâ, le fâ fu-mèdji est

la sorcellerie. Sur la terre il y a sa-mèdji. Samèdji dit qu’il tue tout. Il dit qu’il tue les

montagnes et tout. Ce que tu aimes le plus c’est dans cela que le sorcier va t’atteindre. Il

t’incite à boire plus ou à fumer plus jusqu’à te détruire. Si tu aimes filer en voiture il

transforme un passant en mouton et tu cognes. La première fois que je suis sorti de mon corps

je me suis retrouvé dans l’église Catholique de Tori. Je connais un maître et son rôle c’est le

mal de ventre il te donne. Un vrai bokonon n’insulte pas le sorcier. Voici une histoire. Le

monsieur a sa fille qui est malade. Son supérieur lui donnes consigne de lui chercher sa part

de viande dans le monde astral. Il ne peut refuser. Une fois là-bas, le responsable des

opérations refuse de vite lui donner la viande. Voilà que sa fille est malade et à tout moment

sa femme peut le réveiller or lui il est ailleurs déjà. C’est devenu une lutte. Seul son supérieur

est venu rentrer dans son corps pour guérir sa fille à sa place. Voici une autre histoire. Plus

de 15 ans de mariage et la dame n’a pas fait d’enfant. Son idée à la fin est de tomber enceinte

au dehors. Mais quand elle est venue me voir je lui ai trouvé le signe gouda-fligbé. Comme

prescription elle doit accepter que le mari enceinte une autre femme et c’est à elle de

s’occuper des soins de toilette jusqu’à mettre le futur bébé de sa coépouse au califourchon.

La dame n’était pas d’accord car elle est une reine de la jalousie mais malgré elle, elle accepta.

Un an plus tard elle m’appelle de venir à l’hôpital car son accouchement est difficile. A

l’hôpital j’ai vu une femme qui a chapelet et qui priait. J’ai tout compris. Elle est la mère de

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

la femme qui allait accoucher. Je lui ai dit : « maman votre fille vous a fait quoi et vous ne

voulez pas qu’elle accouche ?». Je n’ai pas crié car c’est des choses de couvent. Elle

répond : « oui elle ne mettra pas cet enfant au monde je dis. Je lui ai refusé de s’unir à ce

jeune homme. Et je vais être ici et elle va accoucher ? Ce jeune homme son père m’avait

violé dans la brousse quand j’étais jeune. Je n’ai pu rien lui faire jusqu’à sa mort et son fils

va aujourd’hui s’unir avec ma fille ! Je ne peux supporter cela. Que ma fille et le bébé meurent

c’est mieux. Tout sauf leur union je dis ». Je lui répondis : « maman je veux que tu autorises

qu’elle accouche. Et moi je prends en charge la séparation de ce couple ». Et elle répondit :

« si j’ai ta parole alors va voir là où j’étais assise. J’ai caché quelque chose sous le divan. Il

faut l’enlever ». Ainsi je lui ai amené le Kpoblè et tant qu’elle sera assise dessus il faut opérer

sa fille et elle va mourir à la fin. C’est ce kpoblè qu’elle a détaché et en même temps la dame

accoucha. Moi-même j’ai honoré ma promesse et le couple c’est séparé effectivement. La

première protection contre la sorcellerie est l’amour.

Elmancio : rappelez-vous de cela toujours. Vous êtes tous des sorciers. C’est cette

connaissance qui vous donne la protection initiale. Réfléchissez à comment développer azé.

Si non les sorciers feront de vous ce qu’ils veulent. Quand vous savez faire les choses les

choses aussi vous font. Le Bénin est assis sur la sorcellerie. C’est ça sa mission dans la sous

région. Dans le monde astral c’est l’imagination, c’est l’intuition, c’est l’émotion. Dans ce

monde vous pouvez prendre la forme que vous voulez. Le sorcier a une connaissance du

passé, du présent et du futur. On ne fuit pas le sorcier. Souvent le rôle du sorcier c’est de

diviser la famille. Un vrai sorcier ne vient jamais à la télé ou à la radio pour dire je suis sorcier

et j’ai mangé si et j’ai mangé tel. C’est des émotions de peur que les sorciers envoient pour

mieux atteindre plus de victimes. La colère, la vengeance, c’est le pouvoir de l’émotion que

le sorcier utilise. Elle utilise la peur. Voici un exercice léger. Couchez-vous au lit et imaginez

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

que votre esprit est sorti de votre corps et imaginez que vous marchez dans la pièce. Traversez

le mure les portes tentez de le faire toujours. C’est avec l’élément terre. Après imaginez vous

dans la mer. Après imaginez vous dans le feu. Rentrez dedans et sortez après. Après volez,

volez volez et volez. N’ayez pas peur. Le sorcier peut transformer son esprit dans un animal

pour vous voir. Si vous tuez l’animal vous n’avez pas tuez le sorcier. Ordonnez plus tôt à

l’animal.

Bobos : Le sorcier n’a aucun pouvoir de manger l’âme, ni l’esprit et ni le corps. Lui il ne

touche qu’au cordon d’argent. Pas plus. C’est quand il touche à cela qu’il t’attaque. Vous êtes

tous des sorciers. Ne l’oubliez pas.

Séminaire public sur la sorcellerie et sur ses ramifications

David : qu’est que réellement la chose ? Qui sont ceux qui la pratiquent ? C’est ça nous allons

vous expliquer. Vous savez que depuis la nuit des temps les femmes s’organisaient toujours

pour assister leur semblable lors des accouchements. Les blancs aussi en avaient chez eux et

ils les appelaient les matrones. Pour ces femmes la nature est la maîtresse qui éduque. Cette

nature qui éduque pour découvrir ces mystères il faut observer. Ce qui fait que quand une

femme tombe enceinte, elles observent la femme, l’assistent jusqu’à l’accouchement. La

manière dont l’enfant est né on consigne ça dans la mémoire. On suit l’évolution de l’enfant

jusqu’à l’âge adulte et ses diverses ramifications dans sa vie courante. Et ces informations

étaient transmises de génération en génération. Quand une femme tombe enceinte et que la

grossesse présente des symptômes ou des signes semblables à une grossesse antérieure

qu’elles avaient déjà connus ; elles sont en mesure de prédire l’évolution de cette grossesse

jusqu’à l’accouchement. Comment l’accouchement se ferra et l’évolution de cet enfant

jusqu’à l’âge adulte et dans divers ramifications de sa vie. Cette connaissance, jusqu’à l’heure

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

où nous parlons est encore de rigueur et de mise. Ce qui fait que aujourd’hui quand vous

accouchez et que vous amenez votre enfant dans la famille que la tanhïnon va faire des rituels,

il suffit qu’elle voit l’enfant et elle peut prévoir déjà la destiné de celui là à l’âge adulte. Ce

qui fait qu’elles sont capables d’agir sur le destin de l’enfant pendant cette période là de rituel

familial. C’est la base de ce qui va devenir le cauchemar du monde entier. C’est ce qui les a

amenés à observer la nature et à savoir les trois règnes d’éléments du macrocosme qui

fonctionnent à savoir les plantes, les animaux y compris les hommes et les ressources du

sous-sol terrestre. Ces observations leur a permis de découvrir les mystères qui entourent ce

que nous appelons aujourd’hui l’énergie métricienne qui a été surnommée plus tard

Minonnan. Vous savez que l’homme ne meurt pas. Les leurs à l’époque qui trépassaient

étaient enterrés d’une certaine manière. Quand elles les enterrent de cette façon là ; à tout

moment elles peuvent leur faire appelle et avoir des informations sur chaque élément de

chaque règne. C’est à partir de cet instant qu’a commencé ce qu’on peut appeler aujourd’hui

Zandji. Ces femmes là qui ont été les matrones d’hier qui ont trépassé et qui ont été enterrées

d’une certaine manière afin de fournir aux vivantes les informations liées à la pratique de

l’énergie métricienne ont donné beaucoup d’informations dans plusieurs domaines.

L’ensemble de ces pratiques constituent des connaissances qui sont chapeautées par l’énergie

métricienne donc incarnée par une femme qu’on peut appeler Minonnan. Ce sont ces

pratiques que les notre appellent aujourd’hui sorcellerie. En réalité, la sorcellerie, telle que

nous nous la concevons ; est une pratique ; est une force ; est une connaissance acquise.

Seulement que cette connaissance a été entourée de cercle de sécurité pour empêcher que les

curieux et les profanes n’y accèdent. Cette pratique consiste d’abord pour une évolution

normale à préparer l’individu à travers certains rites, pratiques et conseils avant que l’individu

n’accède à la connaissance. Aujourd’hui c’est le contraire qui se passe. C’est comme un

enfant qui vient de commencer CI qu’on va déposer à l’université pour suivre les cours. Il ne

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

peut rien faire de bon. Aujourd’hui nous pouvons comprendre que la sorcellerie est

l’ensemble de toutes ces pratiques là mais acquises de façon progressive. Seulement, il faut

faire la nuance ; c’est une connaissance neutre qui n’est ni bonne ni mauvaise. Autour de la

question il y a plusieurs ramifications. Ces ramifications sont cataloguées en trois grandes

catégories. En haut il y a Minonnan ; quand on descend à gauche nous voyons encore

Minonnan. Mais à ce niveau ce n’est pas la même conception que ce que nous avons un peu

plus haut. A ce niveau nous avons une première ramification qui consiste à diviniser la

première mère d’une famille. C’est-à-dire quand nous avons un clan familial qui est né ; la

femme qui a servi à la procréation ; aux générations de cette famille, après sa mort est déifiée

et c’est elle qu’on appelle Nan. Elle a les mêmes fonctions ; les mêmes attributs que celle qui

est en haut. C’est-à-dire celle de veiller sur la sécurité de la famille et la sécurité de tous ceux

qui viennent par alliance dans cette famille. Après cela nous avons maintenant les gens qu’on

fait au niveau du fâ. Après eux, nous avons les Akpakpo. Suite à ça nous avons la forme

d’expression des Minonnan au niveau des divinités. A ce niveau il y en a quatre. Au niveau

des Sakpata nous avons ce que la reine que nous appelons Gnonhoué-anannoun. C’est

Gnonhoué-anannoun qui est la première Minonnan ; la mère de tout ce qui est Sakpata.

Deuxièmement il y a les Hêviosso. A ce niveau nous avons affaire à la reine qu’on appelle

Nan-hétê. Beaucoup de gens n’entendent pas parler de cette forme de Hêviosso mais pourtant

c’est la mère de tous les Hêviosso. Troisième et quatrième je ne pourrai pas vous dire leur

nom parce que c’est un nom secret. C’est-à-dire Tohossou et Dan ont la particularité que les

reines n’ont pas accepté qu’on leur attribue des noms profanes. Leurs mères n’ont pas de

noms profanes. Et je profite pour vous dire en même temps que toutes les divinités que vous

connaissez, les noms que vous leur connaissez sont des noms profanes. En réalité le vrai nom

de Dan n’est pas Dan. Quand on dit Tohossou son vrai nom n’est pas Tohossou. Même les

Minonnan leur vrai nom n’est pas Minonnan. Après les divinités nous allons venir à

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

l’incarnation vivante ; c’est-à-dire la forme d’expression vivante des Minonnans. Vous n’êtes

pas sans savoir qu’il y a des initiés illuminés qu’on appelle Minonnan-si. Généralement c’est

toujours des femmes. Car elles sont les seules à détenir l’énergie primordiale qui est la source

principale de l’énergie des Minonnan. Elles sont uniquement consacrées à l’énergie

matricienne. Elles constituent la forme féminisée des Minonnans. La deuxième forme est la

forme masculinisée des Minonnans. A ce niveau nous avons les Kinninsi. Au niveau des

Kinninsi il y a une triade. Cette triade est constituée de ce que nous appelons azé-kini. C’est

une manière d’exprimer l’énergie matricienne qui se trouve au niveau du lion. C’est pourquoi

il consomme du sang. Deuxième ramification nous avons Azé-zogbé. C’est-à-dire

l’omnipotence et l’omniscience de l’énergie matricienne. Cela signifie partout elle est là.

Quand vous êtes sur votre lit elle est là. Quand vous prenez votre salaire elle est là. Même

quand vous regardez la télévision elle est là. La troisième personnalité de la triade est appelée

Gbakla-blawou. A ce niveau c’est la force d’expression. La puissance même du feu. La

puissance destructrice du feu. C’est en bas de cette triade que nous avons les autres

ramifications de Kinninsi qui sont légions. C’est la somme des deux qui donne ce que nous

appelons Akounnan. C’est ce qui vous fait peur. C’est en bas ici. C’est parce qu’on a jumelé

les deux formes (masculine et féminine) pour donner un corps hybride. Akounnan a deux

formes d’expressions. La première c’est la réalisation externe. A ce niveau la forme la plus

utilisée est ce qu’on appelle Djogbé. Quand quelqu’un dans une maison l’utilise et que vous

ne faites pas attention, il est difficile que quelqu’un émerge dans cette maison là. Tous ceux

qui habitent dans cette maison ressentent une difficulté à faire la route de leur intention.

Deuxième chose ça tue dans la maison. Comment ça tue ? Celui qui a l’habitude d’utiliser ce

truc régulièrement, il faut tout faire, puisque la calebasse est sous son lit vous ne savez pas ;

mais quand il se fâche il suffit qu’il utilise une seule parole : « Djogbé va ouvrir la porte de

la mort à la personne ». Je rappelle que ceux qui utilisent ceci c’est dans le but de rester très

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

longtemps dans la maison mais voilà les conséquences que ça draine même s’ils ont la

longévité. Malgré qu’il soit négatif il vit encore plus longtemps que tout le monde. La

deuxième forme est sur Gouda-fligbé. Tout ce que vous entreprenez il suffit il va voire ou il

va simplement entendre et tout va aller de travers. C’est des gens à qui il suffit de dire par

exemple : « papa je suis entrain de construire à Cotonou » et vous ne pouvez plus achevez

cette construction même si vous avez des millions. Après cela il y a une autre forme qui est

réalisée sur ce que nous appelons Azé-hounzo. C’est purement utilisé pour créer des

préoccupations dans les foyers. Il y a une autre forme plus dangereuse qui est réalisée sur

Akpahô. Quand quelqu’un l’utilise même si vous pensez mal de lui, quand le mal viendra

dans la maison ; il n’ira pas le voir, il va frapper quelqu’un d’autre dans la maison. Quelque

soit la difficulté elle ira toujours sur une autre personne. S’il pose de acts qui méritent la

mort ; la mort frappera quelqu’un d’autre. C’est souvent la cause mystérieuse des enfants qui

décèdent souvent dans des foyers. Nous insistons dessus car cette forme décime la maison.

Car celui qui l’utilise seule Dieu ou la nature vient lui régler ses comptes. Il faut rappeler que

celui qui exploite cette forme de la chose fait tout et à tout point de vu est toujours au centre

de cette maison. Mais sachez que c’est le diable de la maison. Nous allons vous parler sur

une autre forme de cette pratique réalisée sur Ségbo-lissa. Là c’est directement dirigé vers

quelqu’un. C’est utilisé pour envoyer obligatoirement vers quelqu’un d’autre. Provoquer des

maladies dont on arrive jamais à diagnostiquer. Celui qui l’utilise se rajeunit au jour le jour.

Malgré son âge et sa vieillesse il ou elle tient toujours debout. Nous allons parler d’une autre

forme très dangereuse utilisée sur le plan financier sur le Bernard-l’ermite (awannan). Quand

c’est dirigé contre vous vous allez travailler jour et nuit sans aucune réalisation. C’est aussi

utilisé pour empêcher la victime d’atteindre ses objectifs. Mais en dehors de tout ça, il y a

d’autres connaissances encore plus dangereuses que tout ce que nous venons de dire. Mais

quand ces formes d’expressions commencent par vous embêter on vous parle de la

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

sorcellerie. Je vous dis que celui qui exploite la forme hybride des deux ramifications peut

ne pas savoir comment on voyage la nuit. Elle ignore encore ce qu’on appelle la sorcellerie.

Pourtant elle détruit bien plus que la sorcellerie. Mais tout ça est de la sorcellerie. Dans

chaque palier de connaissance, chaque grande ramification a des connaissances. Elle se

retrouve partout. Il y a des choses sacrées dans la nature, le vodoun, le fâ et autres. C’est ce

que nous appelons « Zanoun-gnonwin » (connaissance de la nuit). Beaucoup de personnes

détiennent cette connaissance sans être initiés à la sorcellerie. Cette connaissance permet

aussi de guérir des malades à plusieurs km de chez soi sans aller chez eux. Donc ces

connaissances sont forcements rattachées à une déesse mère. Pour les illuminés, les hommes

n’ont rien créé. Pour les illuminés c’est la femme qui gouverne le jour. C’est la femme qui

gouverne la nuit. C’est la femme qui gouverne le vodoun. Même au niveau du fâ c’est la

femme qui gouverne. Rappelez-vous que le signe qui a gouverné tous les autres signes est

Fû-medji. La mère de tous les signes. Je rappelle au passage que Djagla est le père et non

Djogbé. Yêkou-médji est le fils aîné. Yêkou-médji c’est l’ouest, c’est l’obscurité. C’est

l’obscurité qui précédait tout. Qui était même là avant le souffle de Dieu. Selon la légende,

Djogbé a trahit son frère aîné en lui donnant du vin de palme. Etant soulé, Yêkou-médji a

laissé tomber la clé du monde. Djogbé l’ayant pris la présenta à leur mère. A cet instant la

mère confia la clef du monde à Djogbé. C’est pour cela qu’il est déconseillé à ceux qui sont

nés sous le signe de Yêkou-médji de ne point prendre de l’alcool pour ne pas tourner en rond.

Ce n’est que la légende. En réalité Djogbé qui est le soleil, qui est l’est encore, constitue le

point de départ pour compter une journée. C’est pour cela qu’on le met en avant. En avale on

met Yêkou-médji. Je rappelle que Fû-médji a créé tous ces signes par émanation et non par

enfantement. Et cette forme de création est la base de ce que les mystiques appellent la

virginité permanente. Et c’est ça qu’on attribue aux vierges de l’époque. Les initiés à l’énergie

matricienne étaient appelés les vierges. En réalité ce n’est pas parce qu’elles n’ont jamais

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

connu d’homme. C’est toujours le principe de la virginité permanente. C’est pour ça que la

maman de mon frère on l’appelle la vierge marie. Cette forme d’émanation était toujours

chez nous aussi et on les appelait les Nans. Nan est différente de N’nan. Les Nans sont des

princesses. Mais les N’nan sont des vierges. C’est pour ça que la maman de mon frère est

toujours appelée N’nan Maria. A l’époque leur pouvoir avait été renversé parce que c’est elle

qui dirigeait. Même jusqu’à l’avènement du christianisme c’était le régime matriarcal. C’est

les premiers chrétiens qui ont renversé le régime matriarcal. Mais ils ont respecté la femme

en maintenant un principe que je vais vous expliquer. Au niveau des églises qu’ils

construisent ils ont décidé de nommer une église au-dessus de toutes les autres qu’on appelle

cathédrale. Et par respect pour les vierges ils ont décidé que les grands édifices soient dédiés

à la vierge. Ils ne dédient ni à Dieu ni à Jésus mais plus tôt à notre dame. De quelle dame

s’agit-il ? La sorcellerie qui est en elle la rend vulnérable face à des choses insignifiantes. Car

elle exploite négativement l’énergie matricienne. Au lieu de favoriser son élévation

spirituelle, ça la replonge dans les ténèbres. L’acquisition de cette connaissance donne une

possibilité de ce que nous pouvons appeler la transplantation. Elle donne aussi la

téléportassion. A ce niveau ça permet à l’individu d’être à un endroit X s’il le veut avec des

supports. Et c’est la téléportassion qui leur permet de se déplacer dans des animaux,

généralement des oiseaux alors que le corps est à la maison. Ses oiseaux sont déjà préparés

capables d’absorber l’énergie de l’initié qui va l’utiliser. Car l’esprit et l’âme de l’homme ne

pèsent même pas un gramme. Pour aller vers la victime, c’est pour aller prendre quelque

chose. C’est là la sorcellerie. Quand c’est amené, c’est introduit dans un animal imaginaire.

L’esprit de la victime imprègne tout. Et chacun se précipite sur une partie à cet instant. Au

niveau de l’homme il y a des centres d’énergie. C’est les cachettes de l’esprit. Au niveau du

vodoun, une fois le mouton sacrifié, ce n’est pas la chaire en grande partie qui préoccupe le

vodounnon, mais parce qu’il prélève certains centres d’énergie sur l’animal (la tête, le cœur,

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Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

le foi, les pâtes). C’est pareil au niveau de la sorcellerie. L’esprit de la victime introduit dans

un animal, chaque partie de l’animal représente une partie du corps de l’individu. Et ce sont

ces parties qu’ils divisent et chacun prend la part qui lui revient selon son grade. Mais ce

n’est pas mis dans la bouche. C’est introduit dans le vagin qui absorbe, qui digère et qui

devient encore plus fort. Donc plus ils détruisent et plus ils sont forts. Ce pendant tout ce que

nous avons n’est pas forcement dû à la sorcellerie. Leur champ d’action se limite à la

procréation généralement. Ils donnent la vie et la mort. C’est tout. Les autres difficultés :

sentimentale, économique, travail, santé etc sont dues aux ramifications. Les Minonnans

assurent la protection. Mais celui qui a ça a la force capable de nuire. C’est l’homme qui l’a

voulu. Chaque ramification à des conséquences possibles. La première conséquence concerne

ceux qui ont le Kinninsi. Si c’est vitalisé avec du sang et il arrive qu’il en manque un jour il

va s’attaquer à votre progéniture même à vous-même. C’est pourquoi nous déplorons la

manifestation de cette force par des jeunes. C’est pourquoi ils meurent à tout bout de champ.

Parce que ceux qui leur transmettent cette force ne leur explique pas la conséquence.

Aujourd’hui nous savons que nos parents prennent souvent ces choses pour sécuriser la

maison. Mais après leur départ que deviennent ces divinités ? C’est des problèmes pour les

enfants. Et on vous dira que c’est la sorcellerie sans faire la part des choses. Vous n’aurez

jamais satisfaction malgré les sacrifices effectués. Ils ne vont pas refuser vos sacrifices. Qui

trouve à manger et refuse ? Mais elles ne pourront pas vous faire le travail car la cause n’est

pas à leur niveau. La femme avec qui vous faites l’amour, la seule particularité c’est que

depuis le jour ou vous l’avez connu, si vous restez le seul à lui faire l’amour, si vous l’offensez

et qu’elle réagisse négativement, ça va vous arriver. Car elle et vous ça fait un. Vous êtes

unis. Fait l’amour avec une femme c’est une initiation. L’initié qui est rentré au couvent

qu’a-t-il vu et il ne savait pas ? La sorcellerie n’est rien d’extraordinaire. Mais il y a la

puissance qui est là. Et c’est cette puissance qu’on cache car très redoutable. Ils pactisent

319
Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

avec Sakpata, Hêviosso, Tohossou et Dan. Sakpata c’est la chaire de l’homme. C’est

pourquoi il est dit : « tu es poussière et tu retourneras à la poussière ». Le feu représente la

température qui est en nous. L’eau représente 70% de la masse corporelle. Et c’est l’air que

nous respirons à chaque instant. Comme l’initié maîtrise ces quatre éléments en lui, il va

influencer ces éléments en vous. Ces quatre éléments proviennent d’un seul élément qui est

le sang. Qui est Minonnan. L’évolution de la vie et de la mort résident dans la main d’une

seule personne. C’est vous. La femme. En résumé je vais vous dire ma conviction profonde.

Souffre celui qui ne connait pas. La première mission de l’homme c’est d’abord connaitre et

se connaitre.

Le caméléon et le Totem de hilaire DOVONON ; un récit inédit.

Ce texte exploite la loi de l’analogie, principe fondamental en sorcellerie…Une grand –mère

ayant pour totem le caméléeon et se servant des capacités du caméléon à se transformer pour

se métamorphoser. C’est aussi une loi en usage en science et technologie. Par exemple,

lorsqu’on parle des lois de la resonnance en énergie.

Discours du pape François (pas besoin d’être catholique pour apprécier)

Tu peux avoir des défauts, être anxieux et parfois irrité, mais n’oublie pas que ta vie est la

plus grande société dans le monde et toi seul peux empêcher le déclin. Beaucoup de gens

t’admirent et t’aiment. J’aimerais que tu te rappelles qu’être heureux ce n’est pas avoir un

ciel sans tempête, une route sans accident de la circulation, un travail sans fatigue, relations

sans désillusions. Etre heureux c’est trouver la force dans le pardon, l’espoir dans les

batailles, la sécurité sur la scène de la peur, l’amour dans les désaccords. Etre heureux ce

n’est pas seulement apprécier le sourire, mais aussi réfléchir sur la tristesse. Ce n’est pas

seulement célébrer la réussite, mais apprendre les leçons des échecs. Ce n’est pas seulement

320
Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

se sentir heureux avec des applaudissements mais être heureux dans l’anonymat. Etre heureux

c’est reconnaitre que la vie vaut d’être vécue, malgré tous les défis, les malentendus et les

périodes de crise. Etre heureux n’est pas une fatalité du destin mais une victoire pour ceux

qui sont capables de voyager dans leur être. Etre heureux c’est de cesser de se sentir victime

des problèmes et de devenir un acteur de sa propre histoire. C’est traverser les déserts en

dehors de soi, mais être capable de trouver une oasis dans les recoins de notre âme. C’est

remercier Dieu chaque matin pour le miracle de la vie. Etre heureux c’est ne pas avoir peur

de ses sentiments. C’est savoir parler de soi. C’est avoir le courage d’entendre un ‘’non’’.

C’est se sentir confiants de recevoir une critique, bien qu’injuste. C’est embrasser les enfants,

choyer les parents, vivre des moments poétiques avec des amis, même s’ils nous blessent.

Etre heureux, c’est laisser vivre la créature qui vit en chacun de nous, libre, joyeuse, et simple.

C’est avoir la maturité nécessaire pour dire : ‘’pardonne-moi’’. C’est avoir la sensibilité pour

dire :’’j’ai besoin de toi’’. C’est avoir la capacité de dire : ‘’je t’aime’’, que ta vie devienne

un jardin d’occasions d’être heureux… que dans tes printemps tu sois amant de la joie. Que

dans tes hivers tu sois ami de la sagesse. Et que quand tu te trompes de route, tu recommences

à zéro. Comme ça tu seras plus passionné pour la vie. Et tu découvriras qu’être heureux ce

n’est pas avoir une vie parfaite. Mais user les armes pour irriguer la tolérance. Utiliser les

pertes pour aiguiser la patience. Utiliser les erreurs pour sculpter la sérénité. Utiliser la

douleur pour lapider le plaisir. Utiliser les obstacles pour ouvrir les fenêtres de l’intelligence.

Ne jamais se rendre… ne jamais renoncer de donner à ceux que tu aimes. Ne jamais renoncer

au bonheur, car la vie est un spectacle incroyable ! » Soyons heureux et vivons. Paix et joie

en nous !

DECISION DCC 98 – 035du 08 avril 1998 : ALAO Chérifatou ; ALAO Falilatou;

ALAO Taofick ; RANDOLPH Saturnin

321
Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

1. Contrôle de constitutionnalité

2. Loi n°87 – 011 du 21 Septembre 1987 portant répression de certaines pratiques

rétrogrades et l’article 264 nouveau alinéa 2 du Code pénal

3. Défaut d’objet

4. Violation de la constitution

Un recours, en ce qu’il tend au contrôle de constitutionnalité de l’article 264 (nouveau)

abrogé est sans objet.Par ailleurs, la loi attaquée, en disposant dans le texte précité que

« toutes pratiques du genre »sont également punissables, sans déterminer celles qu’elle vise,

n’à pas défini les infractions qu’elle entend réprimer et droit donc être déclarée non conforme

à la constitution.

 La cour constitutionnelle

Saisie d’une requête du 24 février 1997 enregistrée à son secrétariat le 15 octobre 1997 sous

le numéro 1711, par laquelle Mesdames Chérifatou et Falilatou ALAO et Messieurs Taofick

ALAO et Saturnin RANDOLPH, assistés de Maitre Alfred POGNON, avocat, sollicitent que

soient déclarés contraires à la Constitution les alinéas 2.2 et 2.3 de la Loi n°87-011 du 21

septembre 1987 portant répression de certaines pratiques rétrogrades et l’article 264 nouveau

alinéa 2 du code pénal ;

Vu la constitution du 11 décembre 1990 ;

Vu la loi organique n°91-009 du 04 mars 1991 sur la cour constitutionnelle ;

Vu le règlement intérieur de la cour constitutionnelle ;

Ensemble les pièces du dossier ;

322
Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

Oui Monsieur Pierre EHOUMI en son rapport ;

Après en avoir délibéré.

Considérant que les requérants, inculpés de pratiques de charlatanisme et de coups mortels,

soutiennent que les textes susvisés violent le principe de la légalité des crimes, délits et peines

posé par les articles 3 et 18 de la Déclaration universelle des droits de l’homme, à laquelle la

constitution se réfère en son préambule les articles 6 et 7 de la Charte africaine des droits de

l’homme et des peuples et l’article 16 de la constitution ; qu’il développe que la loi en cause

n’a pas spécifié correctement les éléments constitutifs de l’infraction et qu’il existe des

incertitudes tant sur l’élément matériel que l’élément intentionnel ;qu’ils allèguent en outre

que l’expression « toutes pratiques du genre » insérée dans la loi est encore plus vague et

ouvre la porte à l’arbitraire, aux « atteintes graves au droit à la liberté d’aller et venir, de faire

et au droit de pratiquer le culte de son choix » et que l’application et l’interprétation de ladite

loi sont laissées à l’arbitraire de juge répressif, permettant ainsi à celui-ci de limiter la liberté

individuelle et de s’immiscer dans le domaine du législateur, au mépris des principes de

séparation des autorités et des fonctions consacrées par la constitution ;

Considérant que la loi n°87-011 du 21 septembre 1987 en son article 1er dispose : « les

dispositions de l’article 264 (nouveau) du Code pénal sont abrogées et remplacées par celles

qui suivent :

Article 264 bis… sera puni de travaux forcés :… de quinze (15) à trente (30) ans, quiconque

sera livré ou aura participé à des pratiques de sorcellerie, de magie ou de charlatanisme, et

toutes pratiques du genre, susceptibles de troubler l’ordre public ou de porter atteinte aux

personnes et aux biens.

323
Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

Lorsque les pratiques visées à l’alinéa précédent auront entrainé une incapacité permanente

totale ou la mort de la victime, le coupable sera puni de la peine capitale. »

Considérant que le recours, en ce qu’il tend au contrôle de constitutionnalité de l’art. 264

(nouveau) abrogé doit être déclaré sans objet ;

Considérant que la constitution en sont article 98 dispose : « sont du domaine de la loi, les

règles concernant : … la déterminant des crimes et délits ainsi que les peines qui leur sont

applicables » ; qu’il résulte de ces dispositions que le législateur a l’obligation de fixer les

règles concernant la détermination des infractions ; que, par voie de conséquence, il doit en

définir des éléments constitutifs en des termes clairs et précis ;

Considérant qu’il résulte des dispositions de la loi ci-dessus citée que, contrairement aux

prétentions des requérants, les éléments matériels constitutifs de l’infraction sont

suffisamment définis et que l’intention délictueuse existe dès lors que l’agent sait que ses

pratiques sont susceptibles de troubler l’ordre public ou de porter atteinte aux personnes et

aux biens, qu’en conséquence la loi incriminée n’a pas méconnu le principe de la légalité des

crimes, délits et peines,

Considérant en revanche que la loi attaquée, en disposant dans le texte précité que « toutes

pratiques du genre » sont également punissables, sans déterminer celles qu’elle vise, n’a pas

défini les infractions qu’elle entend réprimer ; que cette expression doit donc être déclarée

non conforme à la constitution ;

324
Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

DECIDE :

Article 1er : le recours de Mesdames Chérifatou ALAO et Falilatou ALAO et de messieurs

Taofick ALAO et Saturnin RANDOLPH, en ce qu’il porte sur l’article 264 (nouveau) du

code pénal (décret du 19 novembre 1947) est sans objet.

Article 2 – l’incrimination de « et toutes pratiques du genre » contenue dans la Loi n° 87-

011 du 21 septembre 1987 relative à la répression de certaines pratiques rétrogrades n’est pas

conforme à la constitution.

Article 3- la présente décision sera notifié à Mesdames Chérifatou ALAO et Falilatou ALAO

et à Messieurs Taofick ALAO et Saturnin RANDOLPH, au président de la République, au

président de l’assemblée nationale et publiée au journal officiel.

Ont siégé à Cotonou, le huit avril mil neuf cent quatre vingt dix huit,

Madame Elisabeth K. POGNON Président

Messieurs Alexis HOUNTONDJI Vice Président

Bruno O. AHOULONSOU Membre

Pierre E. EHOUMI Membre

Alfred ELEGBE Membre

Maurice GLELE AHANHANZO Membre

Hubert MAGA Membre

Le Rapporteur, le Président

Pierre E. EHOUMI Elisabeth K.POGNO

325
Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

TABLE DES MATIERES

IN MEMORIUM ........................................................................................................................ 2

DEDICACE ................................................................................................................................ 3

REMERCIEMENTS .................................................................................................................. 4

TABLE DES SIGLES ET ABREVIATIONS ........................................................................... 7

LISTE DES TABLEAUX .......................................................................................................... 8

LISTE DES FIGURES ............................................................................................................... 8

RESUME.................................................................................................................................... 9

ABSTRACT ............................................................................................................................. 10

INTRODUCTION GENERALE.............................................................................................. 11

CHAPITRE 1 : CADRE THEORIQUE ET APPROCHE METHODOLOGIQUE ................ 22

1.1. Problématique.................................................................................................................... 23

1.2. Les hypotheses et objectifs d’ordre général ...................................................................... 30

1.2.1. Les hypothèses ............................................................................................................... 30

1.2.2. Les objectifs généraux .................................................................................................... 30

1.2.3. Objectifs spécifiques ...................................................................................................... 30

1.3. Revue de la littérature ....................................................................................................... 30

1.4. Clarification des concepts ................................................................................................. 34

1.4.1. La sorcellerie c’est la parole (le verbe actif) .................................................................. 34

1.4.2. Sociolinguistique de la sorcellerie.................................................................................. 35

1.4.3. Nuisance ......................................................................................................................... 45

1.4.4. Sorcellerie et magie ........................................................................................................ 46

1.4.5. L’Homme (Le sorcier) ................................................................................................... 49

1.5. Notion du corps de l’âme et de l’esprit (l’homme) ........................................................... 49

1.5.1. Le bien ............................................................................................................................ 59

1.5.2. Le mal ............................................................................................................................. 59

326
Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

1.5.3. Le maléfique ................................................................................................................... 60

1.5.4. L’Initiation ..................................................................................................................... 61

1.5.5. La Stigmatisation............................................................................................................ 63

1.6. La notion de mythe ............................................................................................................ 65

1.7. La notion de civilisation .................................................................................................... 66

1.8. Les composants spirituels.................................................................................................. 67

1.8.1. L’évolution spatiale et temporelle des civilisations ....................................................... 67

1.8.2. La notion de culture........................................................................................................ 68

1.8.3. La notion de l’aliénation ................................................................................................ 72

1.8.4. La démarche méthodologie à adopter ............................................................................ 73

1.8.5. Justification du cadre de l’étude ..................................................................................... 74

1.9. Nature de la recherche ....................................................................................................... 75

1.9.1. Sources écrites ................................................................................................................ 75

1.9.2. Source orale .................................................................................................................... 76

1.10. Techniques d’échantillonage ........................................................................................... 76

1.11. Techniques de collecte des données ................................................................................ 77

1.11.1. Entretiens ...................................................................................................................... 78

1.11.2. Observation .................................................................................................................. 78

1.12. Collecte des données ....................................................................................................... 78

1.12.1. Enquête exploratoire .................................................................................................... 79

1.12.2. Enquête sur le terrain.................................................................................................... 79

1.13. Techniques de traitement des données ............................................................................ 79

1.14. Contraintes du travail ...................................................................................................... 80

1.14.1. Mesures d’ordre éthique ............................................................................................... 80

1.14.2. Limites de la recherche ................................................................................................ 80

CHAPITRE 2 : LA SORCELLERIE UN FAIT SOCIAL ....................................................... 83

327
Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

2.1. La sorcellerie : mythe ou réalité ? ..................................................................................... 84

2.2. La sorcellerie : une pratique ancienne ............................................................................... 84

2.2.1. Sorcellerie en Afrique .................................................................................................... 84

2.2.2. Sorcellerie au Bénin ....................................................................................................... 85

2.3. Structure et typologie de l’action sorcière......................................................................... 89

2.3.1. La sorcellerie dans différentes sphères ........................................................................... 89

2.3.1.1. Sorcellerie et religions : fondements religieux et psychologiques : l’assimilation


religieuse .................................................................................................................................. 89

2.3.1.2. Sorcellerie dans la sainte bible .................................................................................... 90

2.4. Sorcellerie dans le saint coran ........................................................................................... 93

2.4.1. Les preuves de l’existence de la magie dans le Coran ................................................... 93

2.4.2. Il existe deux façons de dénouer une sorcellerie ............................................................ 94

2.4.3. Les indices qui dévoilent le sorcier ................................................................................ 95

2.5. Sorcellerie dans le vodoun : cas du azevodoun kennensi.................................................. 96

2.6. Sorcellerie, christianisme et religions révélées ................................................................. 97

2.7. Sorcellerie dans tous les compartiments de la vie sociale ................................................. 97

2.7.1. La sorcellerie : une catégorie très différenciée............................................................... 97

2.7.1.1. Enfants dans la sorcellerie ........................................................................................... 97

2.7.1.2. Le système judiciaire ................................................................................................... 99

2.7.1.3. Femme et sorcellerie ................................................................................................. 101

2.8. Sorcellerie : impact......................................................................................................... 101

2.8.1. Sorcellerie dans l’administration .................................................................................. 102

2.8.2. Sorcellerie au tribunal .................................................................................................. 102

2.9. Sorcellerie dans les médias ............................................................................................. 108

2.10. Sorcellerie vécue et perçue à travers les reseaux sociaux. ........................................... 110

2.10.1. Sport et sorcellerie ...................................................................................................... 111

2.10.2. Sorcellerie et politique ............................................................................................... 113

328
Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

2.10.3. Magie et sorcellerie .................................................................................................... 114

2.10.4. Exorcisme et sorcellerie ............................................................................................. 116

2.11. Typologie des croyances et actions sorcières ................................................................ 117

2.11.1. Sorcellerie entre tradition et modernité ...................................................................... 117

2.11.2. Les usages clichés de la sorcellerie ............................................................................ 118

2.11.3. Les fonctions de la sorcellerie .................................................................................... 119

2.11.4. Les récriminations contre la sorcellerie ..................................................................... 125

2.11.5. La définition de la sorcellerie : un défi anthropologique ........................................... 128

2.11.6. Le fait social en sociologie ......................................................................................... 132

2.12.1. La sorcellerie : une analyse au scanner aussi bien de la sociologie de la connaissance


que de l’anthropologie de la morale (R.Masset / M.Meudec) ................................................ 132

2.12.3. La théorie de la répresentation sociale de Serge Moscovici ...................................... 134

3.13. La sorcellerie comme un fait socialement construit ...................................................... 136

2.13.1. La perception sociale du phénomène ......................................................................... 136

2.14. Les déterminants de la perception du phénomène (pratique de la sorcellerie) ............. 140

2.15. La réprésentation sociale du phénomène au Bénin ....................................................... 142

2.16. Perceptions sur la sorcellerie en terres vaudous ............................................................ 144

2.16.1. La sorcellerie, vive réalité et véritable code de conduite sociale ............................... 144

2.17. Processus de construction sociale d’un phénomène ...................................................... 148

2.18. Analyse des fondements des croyances traditionnelles et comtemporaines de la


sorcellerie comme fait social .................................................................................................. 150

2.18.1. Fondement, mythe et croyances traditionnelles ......................................................... 150

2.18.2. Arcane et profondeur de minↄ na / sorcellerie ........................................................... 154

2.18.3. La calebasse profane .................................................................................................. 162

2.18.4. La calebasse sacrée..................................................................................................... 163

CHAPITRE 3 : LA SORCELLERIE (AZE) : SAVOIR, CONNAISSANCE, UNE


BATTERIE DE SCIENCES FORMALISEES ..................................................................... 166

329
Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

3.1 Le savoir (caractéristiques et organisation) ...................................................................... 167

3.1.1. La connaissance (caractéristiques et organisation) ...................................................... 167

3.2.1. Homme : un mystère .................................................................................................... 168

3.2.2. La philosophie gnostique ............................................................................................. 169

3.2.3. Tout homme est un sorcier qui s’ignore ....................................................................... 169

3.2.4. Le soliloque du sorcier ................................................................................................ 170

3.3. Pour une politique de formalisation d’un savoir sorcier pour le développement. ........... 172

3.3.1. Fondements de la connaissance dans la vie quotidienne.............................................. 172

3.3.2. La sorcellerie : une batterie de sciences formalisées .................................................... 172

3.3.2.1. Le symbolisme ..................................................................................................... 172

3.3.2.1.1. La Phénoménologie paranormale du rêve............................................................ 173

3.3.2.2. Le rêve ................................................................................................................. 174

3.3.2.3. Le paranormal ...................................................................................................... 175

3.3.3. Le mentalisme/mental.............................................................................................. 176

3.3.3.1. La loi de l’analogie .............................................................................................. 177

3.3.3.2. Mes yeux crissèrent.............................................................................................. 178

3.4. Commençons par son étymologie. .............................................................................. 184

3.4.1. L’horoscopie ............................................................................................................ 186

3.4.2. La magie : noire et blanche...................................................................................... 186

3.4.3. La numérologie ........................................................................................................ 186

3.4.4. La pharmacopée ....................................................................................................... 187

3.5. Rituel de consécration des plantes ........................................................................... 189

3.6. Pouvoir magique de quelques plantes ..................................................................... 190

3.7. Onomatologie .............................................................................................................. 192

3.7.1. La physique quantique ............................................................................................. 192

3.7.2. La chiromancie ........................................................................................................ 193

3.7.3. L’hypnose ................................................................................................................ 194

330
Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

3.7.4. Voyage hors du corps .............................................................................................. 195

3.7.5. Les lois de la nature ................................................................................................. 196

3.7.5.1. La loi de la réincarnation et du karma ................................................................. 196

3.7.5.2. La loi du Darma ................................................................................................... 197

3.7.5.3. La loi de l’attraction .................................................................................................. 198

3.7.5.4. La loi de cause à effet .......................................................................................... 198

3.7.5.5. La loi de la pure potentialité ................................................................................ 199

3.7.5.6. La loi de la métamorphose ................................................................................... 199

3.8. Sorcellerie créative – productive et inventive ................................................................. 200

3.8.1. L’homme de science : un sorcier ? ............................................................................... 200

3.8.2. Sorcellerie et science .................................................................................................... 200

3.8.3. Sorcellerie et invention : une application des savoirs de la sorcellerie : le normal ennuie,
le paranormal enchante........................................................................................................... 201

3.8.4. La littérature fantastique .......................................................................................... 203

3.8.4.1. Le surréalisme ...................................................................................................... 204

3.8.4.2. Le pouvoir a l’imagination................................................................................... 205

3.9. Sorcellerie et industrie cinématographique ............................................................. 206

3.10. Sorcellerie dans l’economie créative ................................................................... 212

3.11. Sorcellerie comme fond de commerce : un marché de la peur qui prospère : la frayeur
génératrice de ressources immenses ....................................................................................... 214

3.12. Programmation préventive et plurielle. ............................................................ 217

3.12.1. Astuce ...................................................................................................................... 217

3.12.2. Le conditionnement initial défavorable ................................................................... 217

3.12.3. La neuro-conscience ................................................................................................ 218

3.12.4. Je pense positif, ma vie change. .............................................................................. 218

3.13. Etude perspective à long terme ........................................................................ 221

3.13.1. Les fondements de la vision .................................................................................... 221

331
Florent Eustache HESSOU : LES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA SORCELLERIE (AZE) AU SUD DU BENIN

3.13.2. La bonne gouvernance ............................................................................................. 221

3.13.3. L’unité nationale et la paix ...................................................................................... 222

3.13.4. Mystère science occulte ........................................................................................... 229

3.13.5. Source de la mathématique ...................................................................................... 232

3.14. Sorcellerie est un principe .................................................................................... 233

3.15. Manifeste de la sorciologie .................................................................................. 234

CONCLUSION GENERALE ................................................................................................ 236

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ............................................................................... 240

ANNEXES ............................................................................................................................. 244

TABLE DES MATIERES ..................................................................................................... 326

332

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