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LES INITIÉS
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DU MÊME AUTEUR

LE PETIT DAHOMÉEN. Grammaire, vocabulaire, lexique


en langue fon (dahoméen).
LES NOIX SACRÉES. Étude Fa-Ahidégoun. Génie de la
Sagesse et de la Divination au Dahomey.
LÉGENDES ET CONTES DU DAHOMEY. (Édition entiè-
rement refondue). En préparation.
AYABA. Roman dahoméen. En préparation.
HISTOIRE DUDAHOMEY. En préparation.
ACTEURS NOIRS. (Recueil de scènes tirées de la vie
dahoméenne).
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JULIEN ALAPINI

LES I N I T I É S

Édition entièrement refondue

MAISON AUBANEL PÈRE


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Au moment de reprendre un travail à la fois


délicat et ingrat, je me dois de remercier les
sympathiques lecteurs de la première édition
dont les critiques pertinentes et judicieuses
autant qu'aimables et indulgentes m'ont incité
à remanier l'ouvrage primitif.
En abordant un sujet aussi vaste, mon dessein
n'est nullement de dresser une sorte de liste
énumérative des divers fétiches et rites ani-
mistes du Dahomey ni même d'en établir le
tableau synoptique et d'assembler, dans le cadre
de ce livre, tous ceux qui valent d'être notés.
Le domaine en est si vaste, si varié, si fécond,
que, même simplifié, il déborderait les limites
d'un ouvrage de dimensions raisonnables.
Donc, dans cette œuvre modeste, je ne puis
que donner encore une vue d'ensemble de la
mystérieuse question qu'est le fétichisme ; aussi
lignes générales du fétichisme, sauf à insister
avec un peu plus de détails, sur les rites et
les nombreuses ramifications que l'ésotérisme a
groupés autour des dieux patronaux.
me suis-je cru autorisé à ne tracer ici que les
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Qu'il s'agisse des radiations maléfiques des


gris-gris, de la puissance putative des fétiches,
du langage secret et parfois archaïque qu'est la
langue dite desinitiés, dialecte qui nes'apparente
en rien aux dialectes en usage dans la localité,
ou de la force toute-puissante de l'aréopage
des clans par le truchement du poison; l'essentiel
est dit dans cet ouvrage, non pas en ces récits
qui dépassent les limites de l'entendement, où
la légende et la fable sont mêlées aux faits et
aux réalités, mais en traduction exacte des mys-
tères exotériques et ésotériques.
Certaines manifestations encore mystérieuses
de la nature passent pour des réactions féti-
chistes. Tout le monde sait que lorsque des
personnes ont le cervelet légèrement comprimé
par suite de la position de la tête sur l'oreiller
pendant le sommeil, elles ont tendance à rêver
qu'elles s'envolent et qu'elles ne sont plus sou-
mises aux lois de la pesanteur et l'oniromancien
qui prédit l'avenir par l'interprétation des rêves
est un puissant féticheur au même titre que le
ventriloque, le Bôkonon et le héraut sacré.
Et même, combien en effet sont nombreuses
les, prophéties à retardement qui jettent la
panique parmi les paisibles populations noires.
A Goro (6 km. de Parakou), un tubercule
d'igname aurait parlé à son cultivateur en juillet
1950, lui prédisant une famine générale et la
mort des personnages de qualité. La propagation
ou la transmission de ces fables a donné lieu à
bien d'autres mythes. Ainsi, dans un village
situé à une vingtaine de kilomètres de Parakou,
un cultivateur aurait été apostrophé par une
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tige de mil : « Eh! l'homme, en quoi ai-je pu


demériter de vous ? N'essayez pas de me couper
de peur d'une mort certaine. » Le paysan serait,
dit-on, mort. Ce sont des croque-mitaines, sottes
histoires à rendre malade d'insomnie.
C'est ainsi que des proclamations sonores
accompagnées d'un certain hoc opus, hic labor
est comme le dit Virgile dans l'Enéïde, propre
à frapper l'imagination naturellement supersti-
tieuse des Noirs, sont devenues des croyances
grossières qui empoisonnent par leur nocivité
et les féticheurs qui ne s'embarrassent pas de
scrupules spéculent sur la crédulité publique.
La déchirure du voile mystérieux s'élargit de
plus en plus, car les enquêtes sur le fétichisme
deviennent de plus en plus nettes et précises.
Le P. Juan Bantista écrivait en 1600 : « Les
Naualli » (Les Initiés) peuvent changer un bâton
en serpent... et se transformer en tigre, en
chien ou en coq. »
Les Initiés dépasse son cadre et tout en sou-
mettant le lecteur à un rite initiatoire, il l'invite
à la connaissance de certaines coutumes du
Dahomey et quoique ces dernières soient déjà
traitées dans nombre de volumes, mon dessein
en l'occurrence est de toucher les questions dont
on a assez rarement parlé : us des races du
Nord, flèches empoisonnées, poisons, interdits
alimentaires, scarifications, recrutement des clans
encore mystérieux d'Avlékété... et en ce qui
concerne l'âme dahoméenne : superstitions, énig-
mes, chants, etc.
Je souhaite que, dans un avenir très prochain;
le fétichisme ne soit plus enveloppé d'un épais
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mystère, mais simplement une question à la


portée de tous.
Cet ouvrage qui se présente comme une nou-
velle édition du livre paru pour la première fois
en 1941, est en réalité, dans beaucoup de ses
chapitres, un ouvrage entièrement nouveau.
Ainsi rajeuni, le livre Les Initiés constituera
un ouvrage didactique, tant pour les Africains
que pour les Européens qui s'initieront ainsi
à la passionnante vie des Colonies.
Kouti (Dahomey). 1952.
JA
..
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Lexique des Mots dahoméens


en usage dans ce volume
Adja. La région d'Adja, au Dahomey, com-
prend le cercle actuel d'Athiémé, moins la
subdivision de Grand-Popo.
Agadja. Dossou Agadja (1708-1729) était
le roi du Dahomey qui prit Allada, Porto-
Novo et qui s'empara des royaumes de Juda,
capitale Ouidah, et celui de Jackin, capitale
Offra (entre Godomey et Calavi).
Agouagon. Pittoresque village du cercle de
Savalou. Son chef est Agoua; gon, en fon,
signifie : auprès de; d'où Agouagon, auprès
d'Agoua.
Agonrin. Comprend toute la subdivision de
Zagnanado, cercles d'Abomey. Les principaux
villages sont : Agonrin-Houégbo, Cové, Za-
gnanado,
namé. Dovi, Naôgon, Sagon, Dôga, Ba-
Allada. Chef-lieu de subdivision d'Allada,
cercle de Ouidah; c'est l'ancien royaume
d'Ardres ou d'Allada qui a donné naissance
auxcélèbres royaumesd'Abomey et de Porto-
Noeyvoet
m . IlCot
communi
onou. quait à la côte par Godo-
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Aminatou. Nom propre de femme nago.


Assen. Instrument métallique en forme de
parasol, symbolisant les défunts d'une lignée.
Atô. Cri exclamatif employé pour oui.
Avocê. Nom générique de féticheur.
Azagbagba. Grand chapeau à larges bords.
Azimmafounsé. Nom privé du beau-grand-
père de l'auteur.
Bôkonon. Prêtre de Fa, charlatan, devin
dahoméen. Il est à la fois un devin et un
prophète de l'avenir, expert dans la lecture
des présages et l'avertissement des malheurs ;
il interprète les songes.
Da. Nom appellatif de père.
Djêgbadji. Petit village à la fois salinage
réputé, situé à 6 kilomètres au sud de la
ville de Ouidah.
Djissou. Deuxième divinité patronale d'Abo-
mey-Calavi, chef-lieu de subdivision, cercle
de Cotonou.
Dôgbanoulougnon. Nom propre fantaisiste.
Edjé. En nago, septième.
Ganlinou-Assétchi. Nom propre de fantaisie.
Ganlôzoun. Brousse ascrée située à Tindji,
cercle d'Abomey ; elle est dédiée à la variole.
Gbaguidi. Chef supérieur de Savalou. An-
ciennement roi de la cité des Mahis.
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Gbéto-Yalinou. Nom appellatif de la belle-


famille de l'auteur.
Assogba Agonsaton Azimmafounsé. Belle-
famille de l'auteur.
Hanhi. Instrument de musique dahoméen,
fait avec une gourde à col, recouverte d'un
filet auquel sont fixés des coquillages ou des
vertèbres et que l'on secoue pour marquer la
cadence et le rythme.
Haoussa. Les Haoussa habitent surtout
Kano et Sokoto en Nigéria anglaise. Ils sont
au nombre de 7 millions. Intelligents, actifs,
bons commerçants surtout, marchands ambu-
lants émigrant chaque année par centaines
vers le Dahomey.
Hééé. Cri des féticheurs en extase ; ce cri
exprime le découragement.
Houndjrômey. Nom du marché d'Abomey.
L'un des plus grands marchés du Dahomey.
Hounon. Prêtre du dieu de la mer.
Itadôgoun. Chez les Nago, cérémonies funé-
raires du quinzième jour.
Iya. Femme âgée ou mère.
la mort. Parques, autrement dit, déesses de
Djessou.
Kêlêbo. Oiseau de fétiche.
Kinnin. Fétiche patronal de la région d'Adja.
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Kinvi. Sorte de couvillon en jonc tressé.


Kpété. Fifre dahoméen.
Madja. Un des antiques villages d'Abomey.
Makou.
sens En nago, nom propre qui a pour
: immortel.
Mêdjitohouéhou. Nom du fils aîné du
grand-père maternel de l'auteur, héritier pré-
somptif du trône de la collectivité «Loupéda»
à Godomey.
Messan. Troisième fils ou fille de parents
qui ont donné jour successivement à trois
garçons ou trois filles.
Migan. Premier ministre du roi du Daho-
mey, ayant pour fonction de mettre en exécu-
tion la peine de mort. Il est en même temps
le victimaire du royaume.
Ojéladé. Nom donné le jour de naissance au
père de l'auteur.
Ouagbo. Signifie « affaire réglée »; c'est le
nom d'une bourgade de la subdivision d'Al-
lada.
Sakpata. Dieu de la variole.
Sô. Perle rouge très précieuse.
Souê. Mot mystérieux du langage des Initiés
d'Abomey-Calavi.
Tangninon. Tante, mais en règle générale,
nom donné aux grandes sœurs d'un chef de
famille.
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Tindji Village d'Abomey, célèbre par la


forêt Ganlôzoun dédiée à la variole.
Tolêgba. Grande statue en terre représen-
tant l'esprit malicieux, érigée à l'entrée des
villages ; tous les autres Lêgba dépendent de
lui.
Yaô. Nom caressant de femme nouvellement
mariée.
Za. Quartier d'Abomey où se trouve le
temple de la variole.
Zoungbôdji. Minuscule village situé entre
Ouidah-ville et Ouidah-plage.
Asseyin, Egba, Ibadan, Idjêcha, Mekko et
Oyo sont des provinces de la Nigéria an-
glaise.
Wassi-wassio. Cri enthousiaste qui signifie :
vivat.
Ahouangan. Marigot fétiche situé tout près
de Pahou, à 15 kilomètres de Ouidah. On
suppose que l'on ne peut pas naviguer en piro-
gue sur ce marigot sans faire naufrage si le
voyageur omet les règles traditionnelles de
courtoisie religieuse.
Mono. L'un des trois principaux fleuves du
Dahomey (350 km.). Il a donné son nom à
la région d'Athiémé en partie irriguée par ses
eaux.
Tori, Adjadji - Kossoé, Togoudô sont des
villages de la subdivision d'Allada.
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Sinendé, Pira, Ouémé, Kika, Gbétébou, Ina,


Agarassou, Tchaourou, Sinaou, Ouaria sont
des villages du Dahomey-Nord.
Nokoué ou Nohoué. Lac situé entre Porto-
Novo, Cotonou, Calavi, Lagos.
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PREMIÈRE PARTIE
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Les Fétiches

Pour l'animiste, le fétiche est un intermé-


diaire entre Dieu et les hommes. D'après
lui, le fétiche est un objet magique, à effets
bénéfiques ou maléfiques.
Les fétiches sont très nombreux, ils sont
souvent faits d'artifices rares et représentés
de mille manières, c'est parfois une statue
anthropomorphe en bois, grotesquement sculp-
tée, ou en terre grossièrement façonnée, c'est
aussi un végétal, un roco, ailleurs c'est une
termitière, une forêt, une rivière, des êtres
vivants tels que le boa, le python, la pan-
thère. D'une façon générale, les Noirs païens
sont idolâtres, fétichistes, iconolâtres, xylo-
lâtres et zoolâtres.
On y rencontre aussi des adorateurs de feux,
les Zônon de Ouidah, leur culte est semblable
à celui des Guêtres ou Parsis, sectateurs de
Zoroastre. Ce culte date, pour sûr, d'avant
la cueillette funeste du Fruit de la Science.
Il y a aussi des fétiches communs qu'on
voit partout, il y en a aussi qui sont particu-
liers à certaines régions. Le fétiche sert de
truchement entre Dieu et les hommes. Quand
Dieu créa le monde, il confia sa garde aux
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fétiches qui voient Dieu et intercèdent pour


les mortels auprès de sa divine majesté.
Le fétiche a plusieurs rôles : protéger les
humains, leur donner des enfants, les combler
de félicité, fertiliser et faire produire leurs
champs, lutter contre les sortilèges.
Les régions les plus fétichistes au Dahomey
sont : Abomey, Savalou, Cové, Godomey, Abo-
mey-Calavi, Ouidah, Athiémé.
On rencontre peu de sectateurs fétichistes
au Nord. Les principaux fétiches vénérés
uniquement à Abomey-Calavi donnent leur
nom au quartier où se trouve leur temple.
Voici les principaux.
Yêgbêdo : Fétiche national de Calavi, sou-
verain de cette terre, il a son temple au
quartier Djakôtômê. Son prêtre, Yêgbêdo-
Klounon, jouit d'une grande renommée.
Djissou (Maître du Ciel) : Fétiche des rois,
adjoint au précédent. C'est devant son temple
qu'ont lieu les cérémonies cultuelles périodi-
ques de tous les fétiches du village.
Achina, au quartier Achinakômê.
Agalôkô (Roco du haut), dieu des hau-
teurs, au quartier Agalôkôkomê.
Djihoué (Ciel), dieu des eaux, au quartier
Djihouèkomê.
Hounkpêya, au quartier Hounkpêyakomê.
Dômêlôkô (Roco souterrain), c'est le dieu
des abîmes, au quartier Dômêlôkôkomê.
Tô (Montagne), dieu des mers, au quartier
Tôkomê.
Bôssikpon, au quartier Kponkomê.
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Wahoulôkô, au quartier Dôgakomê ou Wa-


houlôkôkomê.
Missa, au quartier Missakomê.
Daha, au quartier Dahakomê.
Sô, au quartier Sôkomê.
Kinzoun (Dieu des végétaux), au quartier
Kinzounkomê.
Adjahalôkô au quartier Adjahalôkôkomê.
Djimakin, au quartier Djimakinkomê.
Dovo, au quartier Dovokomê.
Hihoun, au quartier Ahikomê ou Hihoun-
komê.
Molou, au quartier Moloukomê ou Vêkpa.
Ahlan, au quartier Ahlankomê ou Agbanou.
Alantonlôkô, au quartier Alantanlôkôkomê.
Agbé (Dieu des eaux), au quartier Agbé-
komê.
Ces fétiches passent avant ceux des tribus
et des familles dont voici les principaux :
Ahlô, Lôkôga, Adôgba, Gou, Houenga, Mas-
solôkô, Zô, Lo, Djakpôtô, Houen, Ahlikou,
Honzondji, Adanvê, Màkpondjihoué, Kpoyê-
nou, Klikôssou, Djakpata, Kagba, Akpla,
Hounkônou, Danhoui, Dovê, Noudali, Ko,
Sôgbô, Adin, Hassou, Vinoukon.
AAbomey-Calavi, il y a diverses façons de
présenter les fétiches afin de piquer au vif
la curiosité des spectateurs. Les Achina, par
exemple, sont représentés de la manière sui-
vante :
Figurez-vous une barre de fer couverte
d'étoffe et qu'on peut poser sur les épaules
par-dessous la nuque. Au bout de chaque
épaule est un renflement de la grosseur d'un
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ballon de football environ, garni de plumes


rouges de perroquet. Des épaules sur les talons
par derrière tombe en forme de chape une
quantité d'étoffes aux couleurs chatoyantes.
Des faisceaux de cordes formées par des
étoffes lacérées et terminées par des grappes
de grelots partent de chaque épaule et per-
mettent ainsi de maintenir l'Achina en équi-
libre et de le faire rouler sur le cou ou les
épaules en se mouvant, en dansant. Cette sorte
de grand manteau avec, à chaque épaule,
cette rondeur ornée de plumes de perroquet
constitue l'Achina. Tous les féticheurs de
Calavi, et quelques-uns de Ouidah et de Hévié
en possèdent. L'Achina le moins cher coûtera
5.000 francs.
Les principaux fétiches figurés en Achina
sont : Yêgbêdô, Achina, Agalôkô, Domêlôkô,
Wahoulôkô, Daha, Adjahalôkô, Ahlô, Lôcôga,
Dovê, Adôgba, Gou, Houenga, Massolôkô,
Hougbê, Gbadji, Houndjrôlôkô, Zô, Ahlikou,
Honzondji, Adanvê, Klikossou, Kagba, Houn-
kônou, Danhoui, Ko, Sôgbô, Adin, Vinoukon.
Les autres ont la forme d'une grande cale-
basse couverte de pagnes, au sommet de
laquelle sont disposées des rangées de plumes
de perroquet. Ces fétiches, que l'on ne sort
que dans des occasions solennelles, sont :
Djissou, Djihoué, Missa, Hihoun. D'autres ont
une forme oblongue d'environ 1 m. 50 de
long et d'un pied de diamètre, couverte de
pagnes blancs ou rouges, avec, au bout, une
tête conique noire ou blanche ou même en
étoffe garnie de plumes de perroquet. Les
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fétiches de ce genre sont : Makpondjihoué,


Kpoyênou, Kinzoun, Noudali, Djakpôtô, Djak-
pata, Hlan.
Il y en a encore qui sont représentés par
un canari recouvert de pagnes, et contenant
des objets rituels bizarres, hétéroclites, tachés
de sang de victimes, ce sont : Va, Houen,
Djimakin.
D'autres ont leur temple, mais ils n'y figu-
rent qu'à l'état fictif ou à celui d'un être
vivant : Bôssikpon, Alantanlôkô (un roco),
Molou, Dangbé (python), Agbé.
Il est cependant notoire de faire des réserves
sur les pouvoirs des fétiches, pouvoirs qu'on
leur attribue alors que ce sont les féticheurs
qui sont puissants.
Le féticheur règne parfois par la terreur
superstitieuse, sa véritable puissance est sou-
vent réduite à la connaissance de vertus thé-
rapeutiques.
On croit que les féticheurs sont tous doués
de dons supranormaux.
Il faut estimer cependant qu'au-dessus des
grossières pratiques fétichistes, les initiés da-
homéens placent un Dieu Unique, Puissant,
Créateur et Fort.
Kinlinsi. déesse de la sorcellerie, a pour
foyer Abomey-Calavi qui est une sorte de
pôle d'attraction pour tous les sorciers. Là,
comme à Hévié et plus encore, Kinlinsi est
l'idole de la foule. C'est là que, tous les soirs,
on entend des hiboux avec leurs oreilles de
plumes, leur tête de chat et leurs rondes pru-
nelles phosphorescentes, voler et hurler étran-
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gement sur les tiges des rocos encore veuves


de feuilles. Alors que le hibou est le messager
volant du sorcier, rien ne peut délivrer l'étran-
gers des terreurs qui l'obsèdent.
Le hibou étant l'oiseau messager du sorcier,
il doit partager sa personnalité par le phé-
nomène de bilocation. Cette faculté de bi-
présenoe dans un corps animal est un phé-
nomène de la magie. On s'accorde à croire
que si l'oiseau est blessé, l'individu aussi est
blessé, s'il est mort, l'individu suit immédia-
tement son sort.
Ces déclarations ne méritent guère de cré-
dit, toutefois il est à remarquer que toutes
les femmes taxées de sorcellerie sont vieilles,
laides, portant parfois quelques poils au men-
ton. Elles sont en conséquence malveillantes,
méchantes, impitoyables.
La valeur d'un Kinlinsi varie entre 1.500 fr.
à 5.000 fr. On peut cependant être proprié-
taire de Kinlinsi sans être forcément sorcier.
La plupart des Dahoméens en sont posses-
seurs.
On en distingue deux sortes : le malfaisant
et le bénéfique.
Le sorcier néophyte va, croit-on, chez un
possesseur de Kinlinsi maléfique où il dépense
force argent et sacrifie force bestiaux pour
faire son sabbat. Cette assemblée nocturne
a lieu dans d'affreux endroits très cachés.
Au moyen des détestables sortilèges qui lui
sont révélés, le novice doit s'accaparer de
l'esprit d'un des siens, sans quoi il lui sera
impossible de nuire aux autres.
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Le Kinlinsi dangereux est celui des sorciers


de naissance. Il venge, nuit, prend des revan-
ches, commet d'horribles représailles.
Le Kinlinsi protecteur ou bénéfique est la
propriété des chefs de famille, des chefs de
tribus, de tous ceux qui sont capables d'en
acheter un pour se préserver des vendetta
féroces du méchant sorcier. D'une façon géné-
rale, Kinlinsi est réputé chargé de forces
nuisibles.
L'idée de Kinlinsi sème le trouble dans les
milieux dahoméens comme ces reptiles hi-
deux sifflant dans la poussière. L'érection
d'un Kinlinsi est basé sur des principes ani-
mistes. C'est parfois un crâned'une personne
foudroyée ou celui d'une bête fauve comme
la panthère et le lion et auquel on joint des
feuilles ayant des propriétés spéciales, des
statues d'idoles reconnues de bonne sorcelle-
rie, des entités de Fa tracées par des Devins.
A cet étrange mélange s'ajoutent des noix de
cola, du poivre de Guinée, du sang des vic-
times, puis la pâte rouge de la farine de maïs
préparée ensemble avec la viande des animaux
dont le sang a servi à barbouiller Kinlinsi.
L'érection du fétiche sorcier se fait dans une
petite case retirée où il gît, baigné d'huile
rutilante de palme.
Un Kinlinsi est habituellement constitué
par un assemblage
lefétiche patronal d'de fétiches sorciers.
Abomey-Calavi. Son C' est
tem-
ple y est non loin de la lagune où tout le
monde a libre accès.
Il y a un prêtre qui n'est remplacé qu'après
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sa mort L'élection a lieu par l'oracle, c'est


Kinlinsi même qui désigne son prêtre. Ce
dernier est toujours coiffé, les jours ordi-
naires, d'une calotte en jonc ornée d'une
plume de perroquet au front, et pendant les
cérémonies, d'un chapeau allongé en mître.
Il ne doit pas ôter cette calotte ni cette mître
devant aucune autorité fétichiste.
Godomey, à 11 km. de Cotonou, est un des
plus anciens villages de la côte. Il est situé
sur l'ancien emplacement du royaume de
Jacquin, fondé par les Plas, capitale Offra.
Ce village était, avant la création de Cotonou,
le plus grand port du Dahomey avec Ouidah.
C'était en effet par Godomey que se fai-
saient, au temps des rois aboméens, les im-
portations et exportations. Ces souverains y
avaient créé un poste de douane dont l'un des
douaniers royaux était Loupéda, grand-père
maternel de l'auteur, établi au quartier Denou
(Douane).
Le village de Godomey n'a pas moins de
fétiches ; ces derniers peuvent être divisés
en deux groupes : d'abord les grands fétiches
fictif, c'est-à-dire ceux qui ne sont pas repré-
sentés d'une manière ostensible et tangible,
malgré leurs temples splendides ; puis les
autres figurés en Achina et qu'on sort pen-
dant leurs cérémonies périodiques ou cul-
tuelles. Les premiers sont : Avlékété (dieu de
la mer et patron de Godomey), Gbimbô, Sahô,
Ahouangan, Tôkpôdoun ou Ya (époux de
tonnerre), Agouen, Tchatchê, Wlolêgba. Ah-
lôgou, Dan (arc-en-ciel), Sakpata (variole),
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dieu de la terre), Tomê, Gou (dieu de la forge,


personnifié par les métaux, il est à la fois
Vulcain et dieu errant), Lissa, Houlou-Houlou,
Dalangan, Kpôhlô, Abikou.
Les fétiches représentés en Achina sont :
Daha, Lôkô, Dangbé (python), Hêbiôssô
(tonnerre, dieu de la foudre), Aligbônou, Lô-
kôkinhô, Ahouandjo. Dans cette localité, un
seul fétiche est représenté comme nous avons
vu pour certains de Calavi en forme sphéri-
que de grande calebasse, c'est Guédé.
Allada est situé sur l'emplacement de l'an-
cien royaume d'Ardres, berceau de la race et
des dynasties dahoméennes. C'est un pays
riche de traditions et de souvenirs de gloire.
Son premier roi, Gli-Gla, est mort le 1er juin
1909.
AAllada, le fétiche patronal est Adjahouto.
En des temps fort reculés, Allada était cou-
vert de forêts, ces dernières infestées de
montres maléfiques étaient en partie habitées
par un peuple ayant Aïzo pour ancêtres.
D'aucuns continuent à affirmer de nos jours
qu'une tribu d'au-delà du fleuve Mono, fuyant
les représailles des Adja, avait suivi un chef
nommé Adjahouto, chef auquel la tradition
attribue un exploit extraordinaire. On raconte
que, durant un combat, ce chef légendaire
de tribu, très fort parce qu'il tenait, disait-on,
son origine d'une panthère, terrassa un chef
Adja à qui il coupa la tête dont il fit une
sorte de hanap dans lequel il but. C'est pour-
quoi il s'en attribua la gloire et dit : «Adja-
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houto,
et c'est-à-dire
but dans je du
le crâne suisvaincu.
celui qui
» tua Adja
Adjahouto avait une origine fabuleuse, le
commun des Allada croyait dur comme fer
qu'il était le fils qu'avait d'Agassou, la pan-
thère, la fille du roi Adja Tadô. Adjahouto
entreprenant, rusé et intelligent, avait fait dé-
trôner le roi Tadô pour le supplanter, mais
la majorité des Adja ne voulait pas avoir pour
souverain un roi sorti d'une panthère.
Adjahouto s'était alors enfui avec ses sujets.
Il s'arrêta à Dôdômey, à Tori, et à Adjadji-
Kossoé. Mais n'étant cependant pas encore
rassuré, il continua sa course et parvint à
Allada où, après des stratagèmes, des trom-
peries, des artifices, il arriva à s'emparer du
pouvoir et fut sacré roi. On adore désormais
Agassou, la panthère mâle, puis lorsqu'Adja-
houto disparut dans une termitière, car pour
les Allada, Adjahouto ne serait jamais mort,
on l'adorait comme étant dans la termitière
sacrée. Il en est de même pour son succes-
seur Tadô. A l'endroit où Adjohouto s'était
caché, dans la termitière inviolable, fut élevé
un temple, un Djêho (temple de perles). Cette
case n'est autre chose que la tombe d'Adja-
houto. Elle est située à quatre kilomètres
d'Allada, à Togoudô. Son accès est pénible
en temps ordinaire. Des arbres effondrés en
travers du sentier, morts de vieillesse ou
étouffés par les quantités prodigieuses de lia-
nes les enserrant, forment des obstacles ma-
laisés à franchir et plus difficiles encore à
contourner à travers l'enchevêtrement de
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AVIGNON—MAISONAUBANELPÈRE
N° 140024 - Mars 1953 - 1. 2066
Dépôt légal 1 trimestre 1953 - E. 248
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