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#LesCahiersDeLaFondation
Exposition
Vodou
Publié par Fondation Zinsou janvier 10, 2018
En milieu Fon, on donne le nom « vodoun » à une divinité qui désigne un être spirituel, c’est-à-dire à une
qualité divine.
Le vocable « vodoun » = « vo » espace aqueux et « doun » puiser, traduit selon nous l’acte créateur qui
consista à assécher les eaux marécageuses, appelées eaux originelles ou océan primordial, pour faire
émerger les premières terres de la création. Vodoun évoque, en conséquence, un récit cosmologique. Une
divinité vodoun désigne, un principe universel se manifestant au travers d’un phénomène de la Nature. Le
culte rendu à un dieu vodoun consiste ainsi à s’approprier le déterminisme sous-jacent au phénomène, en
une technique de saisie et de maîtrise des lois qui gouvernent les faits dans leurs manifestations. Il s’agit
donc d’un savoir relatif aux lois universelles et à leurs applications en l’homme et dans la nature. Il
constitue, selon nous, un monothéisme qui s’exprime en apparence par un polythéisme symbolique. Il ne
s’agit pas, d’une religion, comme l’a su bien mettre en évidence, Honorat Aguessy, « d’imploration et de
résignation » mais de « commandement ». En d’autres termes, il s’agit, d’une religion où il faut « croire
pour comprendre et comprendre pour croire » comme l’affirmait Saint-Augustin. Le « vodounon », maître
de l’acte créateur, et le « bokonon », maître de la parole vivante, apparaissent en savant et sage de leur
société.
On appelle aussi « houn » une entité vodoun ; ce qui signifie littéralement le cœur ou ce qui échappe à la
tête, c’est-à-dire à la raison. De là dérive le mot « hou-non » signifiant littéralement maître du mystère. En
vertu du caractère mystérieux du vodoun, on nomme ainsi, également par comparaison, tout ce qui paraît
inconnaissable, inconcevable. Par conséquent, au fil du temps, de nombreux vodoun qui n’ont sûrement
aucune réalité divine se sont ajoutés à ce qui constituait réellement le Panthéon des divinités vodoun et
ont rendu dès lors leur étude de plus en plus difficile. Tous les écrits portant sur le Panthéon voudoun, ont
reconnu par ailleurs la diversité de leurs origines et les migrations d’une région à l’autre. Cette difficulté,
cependant, n’est qu’apparente, dans la mesure où elle peut être levée en tenant compte des lois de
similitudes que l’on retrouve dans toutes les théologies. En suivant cette méthode, on peut discerner un
vodoun au sens de divinité d’un autre qui ne l’est point.
Les données exploitées dans cette contribution sont essentiellement celles rapportées par B. Maupoil dans
son livre, La Géomancie à l’ancienne Côte des Esclaves, dont le principal interlocuteur fut l’Initié
Dahoméen Guèdégbé.
Par ailleurs, le panthéon vodoun ne peut être pénétré en profondeur, que si on l’étudie en rapport avec la
théologie (ou mythologie) de l’ancienne Grèce et de l’ancienne Egypte. Du reste, ces théologies
s’éclairent mutuellement. C’est dans cette perspective que nous mettons à la disposition de tous ceux qui
s’intéressent au savoir ancestral des peuples du golfe de Guinée, cette introduction au panthéon vodoun
ou mythologie adja-ewe.
Le vodoun au commencement était lié aux mystères de l’univers. Il se rapporte au Principe primordial,
Dieu, dans ses manifestations. Les vodoun représentent des principes universels et sont, par conséquent,
des divinités.
Il existe une autre catégorie de vodoun intéressante à nos yeux : ce sont les Ancêtres divinisés en raison
de la vie exceptionnelle remplie de sagesse et de vertu, qu’ils ont menée sur terre. A cet égard, la
Tradition estime qu’ils vivent encore dans la région des divinités. On les assimile à juste titre à des
divinités et les vénère comme telles. Ce fait s’observe également avec les saints dans d’ autres religions.
Nous pouvons ainsi dégager trois classes d’entités vodoun : le vodoun talisman, le vodoun déité et le
vodoun ancêtre vénéré.
L’étude qui va suivre concerne la deuxième catégorie : le vodoun déité. Notre texte est organisé en six
parties : le chaos initial, les éléments universels, le dieu de 1 ère génération et enfin les dieux de 2ème, 3ème et
4ème génération.
Marc Monsia
A. Le chaos initial
1. DAN
Le Dieu Dan personnifie les forces brutes, les énergies chaotiques de la Mer originelle. Bien que la mer
soit déifiée sous le nom Hou, elle n’est adorée que par le Dieu Dan, le serpent qui y vit. Il s’agit en fait du
serpent des eaux originelles, de l’océan primordial qu’évoque la mer Hou. L’acte créateur le rejeta à la
périphérie de l’espace créé, d’où l’on dit qu’il se love autour de la création à la manière du serpent qui
mord sa propre queue. Et on rejoint là « l’ ouroboros » des Grecs, qui symbolise l’éternité, le
renouvellement continu du temps, une création cyclique sans fin, dans laquelle le temps « repasse là où il
a commencé ». On peut donc penser que la fin de la création implique le commencement d’une nouvelle
création dont l’achèvement entraînera à nouveau un commencement de façon indéfinie.
L’étymologie de Dan (secouer, fureur), traduit les mouvements périodiques qui l’agitent et la colère de
l’Océan primordial réprimée chaque matin par le retour du Soleil, Lisa. Le retour quotidien du soleil est le
garant de la création ; Dan symbolisant les ténèbres initiales, alors que Lisa et son père Ayidohwêdo, la
lumière primordiale qui en jaillit.
1. MION (Feu)
Il est représenté dans la tradition fon par l’oiseau rapace, « honsou-honsou » , une sorte de faucon. Cet
animal traduit le dynamisme, l’expansion des forces d’énergie dans l’homme et dans l’univers. Il est
vénéré dans le culte du Dieu Zo. Le principe du Feu exprime l’omnipotence du créateur, c'est-à-dire la
manifestation de la création, symbolisée par le son « ou » que l’on retrouve dans le nom Maou qui
signifie le verbe créateur.
2. DJO (Air)
L’Air réalise la médiation entre le Feu et l’Eau et possède pour propriétés dans l’univers et en l’homme,
le froid et le chaud. Il représente également la joie, la beauté et l’ordre universel. Son symbole est l’arc-
en-ciel et il est vénéré dans le culte d’Ayidohwêdo. Cet élément est l’émanation de la vie, de la création,
issue du gouffre primordial, des eaux primordiales, qu’assécha Ayidohwêdo pour faire émerger les
premières terres de la création, le jour et la nuit, le rythme. Le principe de l’Air est l’expression de
l’omniscience du créateur. Son signe est le son « a » du nom Maou.
3. SIN (Eau)
L’Eau est le contraire du Feu et a pour principe dans l’univers et en l’homme, la contraction, le
magnétisme et la gravitation. Cet élément est représente par le Dieu Hou. Il est également vénéré dans le
culte de Soun, Dieu Lune. Son principe consiste en l’Amour, source de la connaissance intuitive et de
l’inspiration divine. Ce principe exprime la résorption de la création, il clôt son évolution cyclique. Son
signe est le son « m » de Maou.
La tradition fon nomme également le créateur Maou. Cette Déesse se confond ainsi avec la parole
créatrice, avec le verbe réalisateur.
4. AYI (Terre)
Les trois éléments cités constituent les éléments principaux. Le quatrième, Terre n’est pas considéré, en
général, comme fondamental, puisqu’il traduit la réunion des trois autres, il leur donne une forme dans
leur interactivité, et assure de la sorte, leur cohésion. Son principe est la conscience : somme des trois
autres principes. Il se nomme en fon « Ayi » dont dérive le terme « Ayinon » (maître de la terre) porté par
les rois d’Abomey et de Porto-Novo et est représenté par Kpo, la panthère. Il est vénéré dans le culte du
Dieu Sakpata et Kpo.
1. SÊ (Feu)
C’est le dieu primordial et créateur qui s’est engendré lui-même. Il personnifie le feu créateur, la lumière
originelle. Son nom signifie: incandescent, intelligent, destinée, providence. L’étymologie du nom de ce
dieu, évoque la cosmologie scientifique du big-bang. Le mythe fon de la création enseigne que Dan
Ayidohwêdo, le double de Sê, créa la terre par assèchement des eaux primordiales.
En langue fon, le mot esprit se désigne également par « sê ». On conçoit alors que chaque homme
consiste en une image ou projection du sê primordial, d’où la désignence gbé = père, auteur et to =monde.
Sê représente en ce sens le Tout, puisque chaque parcelle de la création recèle un sê, qui consiste en son
incarnation, mais aussi le Néant, car l’esprit est impréhendable, insaisissable, infini. Sê se manifeste dans
toute sa puissance en Lêgba.
Le Dieu sê généra en son sein les Dieux Lisa et Maou et par ce couple, il créa tout. Il ne possède aucune
représentation matérielle. L’esprit n’a aucune couleur ni aucune forme. Sê désigne la forme fon du
démiurge solaire egyptien Rê.
2. AYIDOHWÊDO (Feu/Air)
Comme à Lêgba on lui attribue la fonction de médiateur entre le ciel et la terre, donc entre les dieux et les
hommes. Il conduit les âmes du ciel sur la terre. Son nom signifie étymologiquement : « do » (qui
possède) « ayi » (terre) « hwê » (raie, trait, couleurs), il est donc représenté par l’arc-en-ciel et est source
de richesse, de fécondité. On dit également qu’il est le dieu distributeur de l’or, des mines et que ses
excréments, « danmi » (sortes de perles bleues) possèdent une valeur d’or.
Selon le mythe fon de la création, à l’origine les eaux recouvraient tout l’espace, nulle terre n’existait.
Maou, le créateur, demanda à Ayidohwêdo, d’assécher les eaux, de leur donner un territoire, « hou » la
mer, pour faire émerger la terre. Ayant accompli l’acte créateur, désigné en fon par le concept « vodoun »,
Ayidohwêdo monta au ciel. Là il devint Hwédohwan ou Lêgba (Soleil à midi) et reçu comme
récompense, la première fille de Maou, Soun (Lune).
Ce mythe définit un parallèle avec le mythe égyptien de la création. Comme Atoum, Ayidohwêdo est un
serpent, Dan. Sa représentation par un double serpent entrelacé, mâle et femelle, figure les deux forces de
la création, le plus et le moins, le masculin et le féminin, le ciel et la terre, d’où son rôle de médiateur
annoncé plus haut. Il représente aussi l’air originel, c'est-à-dire, la vie. Il a pour couleur le bleu, couleur
du ciel, et a pour nombre le 7.
3. LÊGBA (Feu/Air)
Lêgba désigne la forme manifeste ou accessible du concept purement abstrait qu’est Sê. Lêgba représente
en fon comme en ancien égyptien, le cœur, le battement, l’esprit. Il personnifie le soleil-à-midi. En tant
que principe de vie, il gouverne l’ordre dans la création, la légalité, la loi inaltérable. Le Dieu Lêgba
apparaît en dieu civilisateur qui transmit la loi, le savoir et l’ingéniosité à l’humanité. Il est le souverain
des dieux, le plus grand : « houn-daho » en fon. Ce qui signifie « houn » mystère, « daho » grand. Lêgba
incarne la puissance créatrice de Rê, qui se dit en fon Sê. Toutes prières, toute demandes lui sont
adressées et l’ultime décision lui appartient. Il est le juge cosmique, universel, dans la tradition vodoun, et
récompense chacun selon ses actes et mérites. Il représente la stricte neutralité de la loi, l’équilibre parfait
et idéal dans l’univers. La crainte qu’il suscite résulte du fait qu’il incarne la rigueur de la loi.
Le culte individuel que chaque personne peut lui rendre permet de s’approprier la puissance créatrice, la
vie qu’il représente, ce qu’on traduit par l’expression « Lêgba symbolise la colère de chaque homme. Et
chacun essaie de l’apaiser ». La colère, la fureur désignent les forces primitives de la création,
génératrices de tout être, l’impulsion fondamentale qui nourrit et maintient la création.
La colère de Legba appelle chaque homme à la conversion des forces, à la noblesse de l’âme, des défauts
en qualités. Lêgba propose à chacun de devenir un soleil "individuel", tel est le sens de son culte. Selon la
tradition, le Dieu Lêgba est apparu plusieurs fois sur la terre, en qualité d’homme céleste, qui n’a ni
commencement ni fin de vie. Tout comme Fâ, il est le dieu des oracles.
La couleur de Lêgba est le rouge et il a pour nombres : 7, 21 et 41.
4. FÂ (Feu/Eau)
Le Dieu Fâ-Dé ou Fâ représente le cycle naissance-mort-résurrection Il est symbolisé par la noix de
palme ou le palmier Fâ-Dé. Ce palmier à seize branches se dresse tout droit le matin, s’incline à midi et
touche le sol de ses palmes le soir. Le lendemain, il se relève, et ce mouvement se poursuit sans fin. La
légende raconte que Fâ était un homme aimé de tous, car tous pouvaient l’approcher et le questionner. Ses
prédictions étaient toujours réalisées. Hêvioso, son frère, le puissant dieu Tonnerre, en prit ombrage, puis
décide de tuer Fâ. A l’aide d’un couteau, il coupa Fâ en deux. Mais Fâ étant immortel, il s’incarna dans le
palmier Fâ-Dé et ses serviteurs furent métamorphosés en l’arbre « avinyi » dont on tire les graines des
chapelets divinatoires ou « agounmaga ».
Par son identification à Fâ, en particulier à ses mystères, à son idéal de civilisation, l’initié retrouve
l’immortalité, la vie éternelle figurée par le palmier dé ou arbre de vie. Fâ constitue, au regard de ce qui
précède, et d’après la tradition, le dieu du salut.
Le culte de Fâ a donné naissance au système de divination appelé Fâ, comprenant 16 Formules
fondamentales ou Dou, dont la combinaison bipolaire donne 256 Formules permettant de rendre compte
de la matière, de l’univers, de la vie, de la conscience, de l’évolution, etc.
Les seize Dou ou Dieux, constituent les seize visages ou aspects essentiels du créateur, de la création. Ils
sont seize noms ou sons sacrés exprimant chacun une idée de la création, une idée divine et en 16 x 16 =
256 noms de manifestation.
Le premier Dou, « Gbé », correspond au principe créateur, le dernier, « Fou », correspond au principe
concepteur, désignés ordinairement par le Père et la Mère des Fils-Dieux qui sont alors au nombre de 14.
1. LISA (Feu)
Il désigne le 1er fils du Dieu Sê. Son nom signifie étymologiquement : « sa » (expansion) et « li » (lumière
blanche). Il est le soleil au lever, le devenir de la création, le principe de la transformation. Lisa réside au
couchant, à l’ouest, il gouverne l’air. Il désigne le principe masculin par excellence. Il est représenté par
un disque solaire ou un caméléon. La tradition enseigne qu’il apporta le Dieu Gou sur terre sous la forme
d’un sabre nommé Goubasa. Avec cet ustensile, Lisa apporta l’agriculture, la loi, la justice, donc la
civilisation aux humains. Il a pour couleur le blanc, qui symbolise la pureté des idées et de la vie et pour
nombres :1 et 3.
Lisa correspond au Dieu egyptien Chou, dieu de l’air lumineux et dessine d’après nous une ressemblance
verbale avec le Dieu grec Hélios. Lisa et Maou forment le couple créateur.
2. MAOU (Eau)
Elle est le soleil au couchant ou la lune et représente le principe féminin. En fon « ma » (feuille) et « ou »
(croître, germer). Maou désigne donc le principe de gestation, le principe nourricier qui fait croître les
corps et distribue les destinées, ce qui rejoint le symbolisme du croissant de lune. Elle désigne la Mère
universelle (des Dieux et des hommes), ce que montre sa figuration anthropomorphique avec des
mamelles pendantes et portant un croissant lunaire. Maou désigne aussi le principe divin qu’on évoque
pour prêter serment en milieu fon car elle représente la vérité, l’ordre cosmique.
Lisa a pour couleur le vert et pour nombre le 2. Ainsi que nous l’avons évoqué ci-dessus, Maou signifie
aussi le verbe créateur. De son union avec Lisa naît le Dieu Agé, la Terre.
Maou est la forme fon du vocable égyptien Maât Déesse de la Justice et de l’Ordre Cosmique.
1. Gou (Feu)
Le Dieu Gou personnifie la justice, l’harmonie cosmique, la loi absolue. Il contrôle de ce fait l’évolution
et la destinée de toute la création. Gou représente la dualité ; le positif et le négatif, le bien et le mal, la vie
et la mort. Il assure la transformation d’un extrême à l’autre. Gou est ainsi le maître de l’alchimie
permettant la préparation de la pierre philosophale, le Dieu des arts et en particulier celui des forgerons.
Son nom « gou » (phallus, fer) symbolise la combativité, la virilité, la puissance et la souveraineté.
Selon la tradition, Lisa apporta Gou sur terre sous la forme d’un sabre « basa » ou « goubasa ». Gou, est
le fils de Lisa, c'est-à-dire, sa manifestation sur terre.
Le sabre, outil de puissance souveraine donc de justice, de créativité, assurant la transformation de la
nature, la conversion des forces, peut devenir objet de violence, de passions et de colère, d’où la polarité
de ce dieu Gou apparaît alors en dieu de l’agriculture et de la guerre.
Le Dieu Gou correspond au Dieu grec Cronos de la famille des Titans, qui est ainsi qu’Apollon dieu des
arts et archer. Comme Apollon, le Dieu Gou a pour attribut animal, le coq.
2. SO (Feu)
Hêvioso désigne l’aspect le plus connu du Dieu So qui désigne la somme de tout pouvoir dans l’univers,
l’omnipotence, le feu primordial au sein de toute la création. Il est la volonté, la force, la puissance active
de l’esprit.
So s’identifie au sabre Basa de Gou, qui symbolise la toute puissance. Zo manifeste la vertu du feu et So,
sa puissance, sa force.
Quant à son aspect Hêvioso, il représente la manifestation de la foudre, des orages, de la majesté divine.
Le vocable Hêvioso se décompose en « hê » (oiseau) « vi » (vomir) « so » (foudre), un oiseau de feu.
Hêvioso est aussi représenté par un bélier portant dans sa bouche une hache.
So semble être une forme fon de Zeus, So a pour arbre sacré l’iroko, le roi des arbres en milieu tropical
alors que le chêne représente Zeus.Par aillerus, ce dieu a pour attribut l’aigle, qui rejoint l’oiseau de feu
fon, hêvioso.
Le panthéon de So est très riche en dieux secondaires ou dieux-fils. Parmi les mâles on trouve Sogbo,
Djakata; Gbadê, Accrombé. Parmi les femelles, on compte : Agbé, Avlékété ; Saho ; Naété ; Adin ; Kêli .
3. DJI (Air)
Elle personnifie le principe de gestation « dji » et représente la Déesse-Mère, la Mère des Dieux. Son nom
signifie Ciel, Pluie et elle a pour frère, le Dieu Agé De leur union naît la multitude des dieux du panthéon
vodoun.
La légende raconte qu’au début de la création, le Ciel Dji, et la Terre Agé, se touchaient presque et étaient
deux « nonvi » (frère et sœur). Ils avaient l’habitude de chasser ensemble et se partageaient le gibier. Un
jour, Terre l’aîné, tua un rongeur « gbédja » qu’ ils divisèrent en deux parts. Restait la tête, « ta », sur
laquelle ils n’arrivaient pas à s’entendre, car chacun la voulait. Sur ces disputes, Ciel se fâcha et s’éloigna
de la Terre. Cette dernière par manque devint aride. Les semailles cessèrent de pousser et les femmes ne
purent plus accoucher (« dji »). Pour se réconcilier avec Ciel, Terre tua de nouveau un autre « gbédja »
qu’il décida d’envoyer tout entier à Ciel. Seul « aklasou » (le vautour) parmi les oiseaux, put réaliser cette
tâche. Aklasou effectua ce transport en échange de la promesse qui lui avait été faite : la construction
d’une maison sur la Terre. C’est ainsi que la pluie se remit à tomber. Cependant, la promesse faite à
Aklasou ne fut pas tenue. Fort de ses ailes, il put se protéger de la pluie, raison pour laquelle il ne se cache
pas lorsqu’il pleut.
Ce mythe établit un parallèle avec le mythe égyptien de la création qui consacra la séparation de « Geb »
la Terre, de « Nout » le Ciel, qui avale chaque soir le soleil « Rê » Sê et l’enfante « dji en fon » chaque
matin.
4. KPAN (Air)
Kpan désigne le dieu de la flûte, dans la mythologie fon.
Le mythe relie le Dieu Kpan au Dieu Awêsou, maître de la terre, dont il chante les gloires, les splendeurs,
à l’image du Dieu grec Pan, qui égaye les Dieux de l’Olympe. Le dieu « Kpan » (grenouille) incarne la loi
au même titre que Pan le dieu de la flûte grec. Ce mythe sera à l’origine de la fonction de Kpan-lin-gan,
instituée par le Dieu-roi Hwegbadja, fondateur du royaume d’Abomey, laquelle consiste à réciter les
litanies en l’honneur des Dieux-rois défunts et les gloires du Dieu-roi vivant, en vue du maintien de
l’équilibre, de l’harmonie des forces cosmiques pour le bien-être de l’humanité et la prospérité du
royaume d’Abomey, centre de la création.
Le mot Kpanlingan se décompose en « kpan » (grenouille) « lin » (penser, vibrer) « gan » (rythme,
métal). Kpan est donc le dieu du souffle, de la mélodie, de la flûte.
5. SUN (Eau)
Le Dieu-Lune Sun, personnifie la périodicité des phénomènes, c'est-à-dire, leur évolution en cycle, en
boucle. Il mesure ainsi le temps, représente le nombre 30, évoquant la durée de 30 jours que compte le
mois fon. Il gouverne la qualité du sang en l’homme, la vitalité. Sun contrôle le mouvement de tous les
êtres, hommes et animaux, à la surface de la terre
Ce dieu dont le nom signifie relier, annonce la fin des temps, la fin de la création, dont il reliera les deux
extrémités supprimant ainsi l’espace créé, et générera à nouveau le chaos initial d’où l’univers émergea.
C’est le retour au point d’origine de la création, à la naissance de l’être, dont est responsable le Dieu
Soun, qui constitue un danger pour l’homme. Car il implique le retour de la conscience humaine à un état
infantil, d’immaturité.
En raison de ce qui précède, la tradition institua le rite appelé « Soun – Ki-Ko » c'est-à-dire "supprimer la
durée cyclique" de l’être.
Ce rite s’administre à l’individu depuis son enfance, en général, à trois mois de sa naissance. Il consiste,
entre autres rituels, à siffler la lune. Le sifflement arrête une action en cours. L’objectif est d’arrêter
l’action de « sun » (lune) sur l’être, depuis la période de gestation.
6. TO (EAU)
Il gouverne les fonds marins et les cours d’eau. Maître du domaine des eaux, il apparaît en dieu
primordial comme So. A l’instar de So dont la colère provoque la foudre et l’inondation, la colère de To
manifeste les crues, les raz-de-marée, les tempêtes. Dans son association avec le Dieu Dan, soit To – Dan,
il provoque les séismes. Ces attributs définissent une relation entre les deux dieux, So et To
Le Dieu To possède la même division dans son expression que So. Aussi distingue-t-on les principes
Tosou = To – mâle, ou sa manifestation virile et positive, et Tobosi = To – femelle, ou sa manifestation
douce et négative. Tosou désigne ainsi le nom générique des fils de To et, Tobosi, celui de ses filles. Tosa
désigne un autre aspect de To. Le culte de To se confond, à Abomey, au culte royal des Tohosou ou
enfants handicapés de la famille royale : Tohosou = To-souverain. Ils sont considérés comme des
incarnations du Dieu To. Leur adoration fait partie du culte généralement connu sous le nom de
« Ninsouhwé » ou « Linsouhwé » .
To correspond à Toth, dieu lunaire égyptien. To semble être aussi une forme fon de Poséidon, dieu de
l’océan dans la mythologie grecque qui a engendré des monstres tels que Polyphème, Antée, Procuste et
Triton, d’un côté, et de l’autre, le cheval sauvage et Pégase. Le cheval sauvage de Poséidon rejoint celui
rapporté au Dieu To et appelé Toso = To-cheval, désigné généralement par cheval des marais ou antilope
cheval.
7. AGE (Terre)
Son nom signifie terre émergée, terre ferme, hors de l’eau ou rive. Aussi représente-t-il la terre
primordiale, la matière initiale, sur laquelle Ayidohwêdo va se tenir pour créer la lumière, le jour et la
nuit, les rythmes diurne et nocturne. Le sens de Agé, terre émergée, montre que l’acte créateur dû au
couple Lisa / Maou, a consisté en la séparation des eaux primordiales avec le monde créé ; autrement dit
ces eaux sont rejetées à la périphérie de l’univers organisé. Elles forment alors le monde du chaos à partir
duquel la création a pris naissance. Cet océan primordial n’étant pas créé, il échappe à la fin de la création
et demeure éternel avec le créateur, c’est pourquoi son nom Dan est indissociable de celui d’Ayidohwêdo.
Comme en Egypte, la terre a une valeur masculine dans la tradition fon. Remarquons enfin, que Agé
correspond à la déesse grecque Gea (Gaïa) au dieu égyptien Aker, un aspect de Geb. Ce dernier nom
(Geb) est semblable à celui du dieu fon « Ge »(Terre) dont est dérivé le substantif Ge-vi attribué aux
Aboméens.
1.ZO (Feu)
Il est le feu dans son double aspect négatif et positif. Mais la tradition met surtout l’accent sur sa
manifestation négative. Zo gouverne les passions, les désirs, les violences, les destructions, la guerre, la
traîtrise, tout ce qui engendre la souffrance et les douleurs.
Un mythe de l’art oraculaire Fâ, rapporte que le Dieu Hêvioso et le Dieu Zo, se sont affrontés au sujet de
la femme de Hêvioso que tous deux convoitaient. Ce mythe rejoint le mythe grec de Mars et
d’Héphaïstos. Le dieu Zo correspond à Mars
Le Dieu Zo désigne le seul dieu, comme dans la tradition grecque, à qui l’on consacre un mois :
« zosoun » (septembre). Ce dieu régit également la petite saison des pluies du bas-Bénin, qui va de fin
août/début septembre, jusqu’à novembre. Ainsi, Zo est-il le dieu de l’agriculture ainsi que Mars.
La période de fin août – début septembre, constitue le début de l’année dans la tradition fon. Moment de
l’année pendant lequel ont lieu la « menducation » des prémisses de l’igname et les nouvelles cérémonies.
La fin de l’année correspond également à la cérémonie royale « hwétanou » à Abomey.
2. HON (Feu)
C’est l’oiseau solaire de la tradition fon. « Hon » (Faucon, Aigle) et « Kêsê » (Perroquet) désignent la
même réalité. Le vocable « hon » (éclairer, luire) évoque le soleil, la lumière dans son expansion, tandis
que « Kêsê » (univers, esprit) figure l’âme divine. La légende raconte que Soleil qui représente le Dieu
Sê, le Feu qui figure Fâ et Kêsê avaient une querelle avec Pluie soit Hêvioso. Tous trois se fixèrent un
jour pour y mettre un terme. Au jour fixé, Pluie se mit à tomber. Soleil ne put plus briller. Feu s’éteignit.
Seul le feu allumé à la queue de Kêsê, brilla. C’est pourquoi l’on utilise la plume du Perroquet pour
couronner un victorieux.
Ce mythe constitue un récit cosmologique évoquant la fin de la création. Le perroquet, l’âme divine,
demeurera à la fin des temps, puisqu’il est éternel, mais sa manifestation, le soleil s’évanouira dans les
eaux de la création, ce qui déterminera le sommeil à nouveau du Créateur, le feu, c'est-à-dire, l’expansion,
va devenir contraction et on assistera à la régression de la création. Puis le démiurge s’éveillera dans les
eaux primordiales et une nouvelle création prendra corps. Ce processus sera sans fin.
On rencontre encore le culte de Hon à Abomey sous la forme synthétique de « Hon-Dé » (Faucon-
Palmier). Il évoque le culte du nombril « hon », centre de l’homme, noyau de la vie. Ce culte consiste à
mettre en terre une parcelle du cordon ombilical desséchée. L’on plante sur cette dernière un palmier qui
symbolise la longue vie et la prospérité promises à l’enfant. Le palmier Dé est l’arbre de vie il représente
le centre de la création. Ce culte a donc pour but de relier le microcosme au macrocosme, l’homme à
Dieu, et d’assure son salut, sa résurrection.
3. SAKPATA (Terre)
Sakpata est le dieu le plus redouté du panthéon Vodoun. On n’ose pas l’appeler par son nom. On utilise
d’autres appellations inspirant moins la crainte : « dokounon » (le riche), « dohosou » (le souverain du
sous-sol). Il représente les richesses minières, l’or en tant que condensation de la lumière solaire
représentée par Ayidohwêdo. En tant que tel, Sakpata personnifie le feu précipité sur terre, le feu créateur
incarné dans la matière. Il forme la terre et devient le feu au sein de la matière et en assure la cohésion ou
la désagrégation. Il permet l’alchimie parfaite qui réalise les richesses du sous-sol mais dans sa colère il
peut bouleverser et rompre l’équilibre de l’écosystème, d’où le déchaînement dans la nature de fléaux et
de catastrophes naturelles.
La tradition ne met l’accent que sur sa puissance destructrice, d’où son appellation de dieu de la variole
capable de décimer en quelques jours toute une population. D’où également les craintes et respect qu’il
suscite, et la considération dont jouissent ses prêtres, qui sont de grands guérisseurs. Ils sont les seuls à
savoir par quels moyens rituels, on peut apaiser le Dieu Sakpata, et enrayer le cortège de maladies
redoutables qui résultent de ses "sautes d’humeur".
Sakpata est le dieu du volcan Le séisme relève principalement du Dieu Dangbé, le python, qui constitue
un aspect de Sakpata.
Sakpata possède un panthéon qui comprend près d’une vingtaine de dieux-fils, les uns plus néfastes que
les autres.
Le Dieu Sakpata a pour nombre 10. Le vocable Sakpata désigne la synthèse Sakhmet-Ptah de la théologie
égyptienne. Sakpata correspond au dieu grec Héphaïstos.
4. KOU (Terre)
Le Dieu Kou personnifie la mort et a pour représentation un squelette. Il vit dans le monde souterrain
« Do », nom par lequel on le désigne aussi. Ce lieu sépare le monde des vivants de celui des dieux et des
ancêtres. Il est parcouru par les eaux en furie : « Kouto ». Après avoir quitté le monde des vivants, avant
de parvenir au royaume des dieux et des ancêtres, il faut payer un droit de douane à Agasou-Sava, le
bateleur. Cette légende évoque une similitude avec la mythologie grecque, qui enseigne que les âmes des
défunts doivent passer à l’autre rive de Styx, avant de retrouver la paix, le repos, la félicité. Le Dieu Kou
possède trois enfants ; l’aîné s’appelle Azon = maladie, le second a pour nom Tadou = Migraine, et le
dernier Avouvo = Fièvre. Les trois enfants de Kou correspondent aux Parques, déesses grecques de la
Mort, satellites de la Mort.
5. AGASOU (Terre)
Agasou désigne l’ancêtre mythique des familles royales de Porto-Novo, d’Alada et d’Abomey.
Il est représenté par une panthère qui rappelle son origine. La tradition l’identifie en effet à l’enfant né de
l’union d’une panthère et de la princesse Aligbonon. A sa mort, son fils Adjahouto, tua Adja qui lui ravit
son trône. Il dut s’enfuir pour s’installer à Alada. Ses descendants seront à l’origine des trois royaumes
évoqués. Le roi d’Abomey, descendant de la Panthère possède alors une ascendance divine. Il est Dieu
Incarné.
Le culte d’Agasou, ou culte de « Kpo « (panthère), à Abomey, est le culte suprême du royaume. Il forme
avec le culte de « Lênsouhwé » et celui d’ « Adjahouto », le culte royal ou le "culte d’Etat". Tous les
prêtres vodoun sont placés sous l’autorité du prêtre d’Agasou, l’Agasounon.
Le souverain porte aussi les titres de « Dada » et de « Djêhosou ». Dada-Sê ou Sê sont les noms du
Créateur. L’étymologie de Dada, « da » (tirer, trancher), rend compte des combats que le Créateur a dû
mener pour réaliser la création et pour la maintenir. Dada-Sê évoque la lutte quotidienne que mène le
soleil Sê, contre le Dieu Dan, représentation des forces menaçant la création, afin d’apparaître chaque
matin pour éclairer la création et transmettre la vie. Le titre Dada que porte le roi d’Abomey, l’invite ainsi
à incarner le dieu-guerrier qu’est son père, et à lutter pour agrandir et maintenir le royaume universel
d’Abomey, centre de la création.
La décomposition de Djêhosou donne : « djê » (perle, esprit) et hosou (souverain) soit le souverain du
ciel. Ces deux titres consacrent toujours le roi d’Abomey comme le dieu soleil, la lumière de la création.
Hèviosso
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Le vodoun Hèviosso est l'une des divinités du Bénin1 . Il se trouve dans la commune
d’Adjohoun, situé dans l’arrondissement de Togbota et plus précisément dans le sud du
Bénin. Hèviosso est le dieu du ciel, du tonnerre, de la pluie, du feu, de la foudre ainsi
que le dieu de la justice.
23-04-2017
(Tout le monde en parle)
7
Ph d'illustration
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Mais en vérité, Hêbiosso est avant tout un vodoun bienfaiteur. « Hêbiosso est un
vodoun qui protège, qui fait trop de bien. C’est un vodoun qui donne de la
richesse. Si tu es adepte Hêbiosso, tu n’auras pas de surprise. Tu ne seras pas
atteint par les envoutements. Un adepte du vodoun Hêbiosso n’a peur de rien. Il
ne mourra pas jeune. Un adepte de cette divinité qui respecte bien les lois ne
meurt jamais jeune. Un adepte du vodoun Hêbiosso ou du Toxwiyo Agballè,
Alligbonon, Lantanloko etc vivra à l’abri du besoin », a laissé entendre Dah
Azéhounguédé. Il estime que de nos jours, Hêbiosso intervient régulièrement
parce que les règles et lois de la nature sont de plus en plus foulées au pied. «
C’est grâce à Hêbiosso que la température de l’homme est à 37°. Il envoie cette
énergie par le soleil qui maintient l’homme en équilibre », nous informe le
vénérable Gazozo.
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Il est souvent conseillé aux adeptes de Hêbiosso de ne pas violer les totems
sacrés et de respecter le Houégbadja Kassouto, parce qu’on n’est pas adepte
pour rien.
Héphaïstos
Définition
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Héphaïstos
Les deux fils les plus connus de Héphaïstos dans la mythologie grecque étaient
Érechthée, le premier roi d'Athènes, et Périphétès, qui vécut près d'Épidaure,
notoirement connu car il tuait les étrangers de passage à l'aide d'un gourdin de fer.
Dans la mythologie attique, Héphaïstos essaya une fois de violenter Athéna, mais la
déesse le repoussa. Le sperme qui éclaboussa sa jambe fut essuyé et atterrit sur terre et
pour donner naissance aux Athéniens. Héphaïstos également prêta son nom à l'une des
tribus traditionnelles d'Attique. Enfin, pour assister le dieu dans son atelier, Héphaïstos
avait une équipe de cyclopes géants.
Homère et Hésiode décrivent tous deux Héphaïstos comme le « dieu au pied infirme »
et le « dieu boiteux ». Soutenant les Achéens dans la guerre de Troie, il combat et
triomphe de façon mémorable, grâce au feu, du dieu fleuve Xanthe et produit une
armure magnifique et un bouclier de bronze, d'or, d'argent et d'étain pour Achille, ce
dernier étant décoré d'une multitude de scènes et décrit de façon très détaillée par
Homère.
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Contenus
En langue fon, le mot esprit se désigne également par « sê ». On conçoit alors que
chaque homme consiste en une image ou projection du sê primordial, d’où la
désignence gbé = père, auteur et to =monde. Sê représente en ce sens le Tout,
puisque chaque parcelle de la création recèle un sê, qui consiste en son incarnation,
mais aussi le Néant, car l’esprit est impréhendable, insaisissable, infini.
Sê se manifeste dans toute sa puissance en Lêgba.Le Dieu sê généra en son sein les
Dieux Lisa et Maou et par ce couple, il créa tout. Il ne possède aucune représentation
matérielle. L’esprit n’a aucune couleur ni aucune forme. Sê désigne la forme fon du
démiurge solaire egyptien Rê.
AYIDOHWÊDO (Feu/Air)
Comme à Lêgba on lui attribue la fonction de médiateur entre le ciel et la terre, donc
entre les dieux et les hommes. Il conduit les âmes du ciel sur la terre. Son nom signifie
étymologiquement : « do » (qui possède) « ayi » (terre) « hwê » (raie, trait, couleurs), il
est donc représenté par l’arc-en-ciel et est source de richesse, de fécondité.
On dit également qu’il est le dieu distributeur de l’or, des mines et que ses excréments,
« danmi » (sortes de perles bleues) possèdent une valeur d’or. Selon le mythe fon de la
création, à l’origine les eaux recouvraient tout l’espace, nulle terre n’existait. Maou, le
créateur, demanda à Ayidohwêdo, d’assécher les eaux, de leur donner un territoire,
« hou » la mer, pour faire émerger la terre.
Ayant accompli l’acte créateur, désigné en fon par le concept « vodoun », Ayidohwêdo
monta au ciel. Là il devint Hwédohwan ou Lêgba (Soleil à midi) et reçu comme
récompense, la première fille de Maou, Soun (Lune).
LÊGBA (Feu/Air)
Lêgba désigne la forme manifeste ou accessible du concept purement abstrait qu’est
Sê. Lêgba représente en fon comme en ancien égyptien, le cœur, le battement, l’esprit.
Il personnifie le soleil-à-midi. En tant que principe de vie, il gouverne l’ordre dans la
création, la légalité, la loi inaltérable. Le Dieu Lêgba apparaît en dieu civilisateur qui
transmit la loi, le savoir et l’ingéniosité à l’humanité.
Il est le souverain des dieux, le plus grand : « houn-daho » en fon. Ce qui signifie
« houn » mystère, « daho » grand. Lêgba incarne la puissance créatrice de Rê, qui se
dit en fon Sê. Toutes prières, toute demandes lui sont adressées et l’ultime décision lui
appartient. Il est le juge cosmique, universel, dans la tradition vodoun, et récompense
chacun selon ses actes et mérites. Il représente la stricte neutralité de la loi, l’équilibre
parfait et idéal dans l’univers.
La crainte qu’il suscite résulte du fait qu’il incarne la rigueur de la loi.Le culte individuel
que chaque personne peut lui rendre permet de s’approprier la puissance créatrice, la
vie qu’il représente, ce qu’on traduit par l’expression « Lêgba symbolise la colère de
chaque homme.
Selon la tradition, le Dieu Lêgba est apparu plusieurs fois sur la terre, en qualité
d’homme céleste, qui n’a ni commencement ni fin de vie. Tout comme Fâ, il est le dieu
des oracles.La couleur de Lêgba est le rouge et il a pour nombres : 7, 21 et 41.
FÂ (Feu/Eau)
Le Dieu Fâ-Dé ou Fâ représente le cycle naissance-mort-résurrection Il est symbolisé
par la noix de palme ou le palmier Fâ-Dé. Ce palmier à seize branches se dresse tout
droit le matin, s’incline à midi et touche le sol de ses palmes le soir. Le lendemain, il se
relève, et ce mouvement se poursuit sans fin. La légende raconte que Fâ était un
homme aimé de tous, car tous pouvaient l’approcher et le questionner. Ses prédictions
étaient toujours réalisées. Hêvioso, son frère, le puissant dieu Tonnerre, en prit
ombrage, puis décide de tuer Fâ.
A l’aide d’un couteau, il coupa Fâ en deux. Mais Fâ étant immortel, il s’incarna dans le
palmier Fâ-Dé et ses serviteurs furent métamorphosés en l’arbre « avinyi » dont on tire
les graines des chapelets divinatoires ou « agounmaga ».Par son identification à Fâ, en
particulier à ses mystères, à son idéal de civilisation, l’initié retrouve l’immortalité, la vie
éternelle figurée par le palmier dé ou arbre de vie.
Les seize Dou ou Dieux, constituent les seize visages ou aspects essentiels du
créateur, de la création. Ils sont seize noms ou sons sacrés exprimant chacun une idée
de la création, une idée divine et en 16 x 16 = 256 noms de manifestation.Le premier
Dou, « Gbé », correspond au principe créateur, le dernier, « Fou », correspond au
principe concepteur, désignés ordinairement par le Père et la Mère des Fils-Dieux qui
sont alors au nombre de 14.
Ayida Wedo
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Tribu de Dan
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Samarie, un des deux royaumes israélites (avec le royaume de Juda), avec 9 autres
tribus. Le royaume de Samarie est détruit par l'empire Assyrien en plusieurs étapes, la
dernière en -722.
Les archéologues ont exhumé une bonne partie des archives de l'empire assyrien. Les
chroniques assyriennes de Sargon II, le roi qui a vaincu le royaume de Samarie,
indiquent :
« Les habitants de Samarie, qui tombèrent d'accord et qui complotèrent avec un roi
ennemi parce qu'ils ne voulaient plus supporter le joug de la servitude et verser le tribut
à Assur et qui me livrèrent bataille, je les ai combattus avec le pouvoir des grands
dieux, mes seigneurs. Comme butin, j'ai dénombré 27 280 personnes, ensemble avec
leurs chars et leurs dieux, dans lesquels ils avaient placé leur confiance. Avec 200 de
leurs chars, j'ai formé un bataillon pour mon armée royale. J'ai déporté les autres au
milieu de l'Assyrie. J'ai repeuplé Samarie davantage qu'auparavant. J'y ai installé des
populations de pays conquis par mes soins. »
Le texte ne précise pas si Sargon II parle de la ville de Samarie ou du royaume de
Samarie.
De son côté, le Deuxième Livre des Rois, écrit sans doute deux à trois siècles après les
déportations, indique dans son chapitre 15 que quasiment tous les Israélites du Nord
ont été déportés.
Il y a des points communs avec les Livres des Rois : la déportation des Israélites a bien
eu lieu, ainsi que l'implantation de colons étrangers. Mais il y a aussi une différence
importante : le nombre des déportés. Pour le Second Livre des Rois, c'est toute la
population ou presque qui a été déportée. Pour Sargon II, c'est une minorité. Les
archéologues estiment en effet la population du royaume de Samarie à 200 000
personnes, d'après les villes et villages retrouvés. Il y avait bien eu une première
déportation 10 ans plus tôt, quand le roi assyrien Teglath-Phalasar III avait conquis
la Galilée. Mais elle aussi a été chiffrée par les textes assyriens. Le total des deux
déportations atteint environ 40 000 personnes, soit 20 % seulement du total des
habitants, sans doute essentiellement l’élite.
On a retrouvé, à Guézér et dans les environs, des textes cunéiformes du VII siècle av.
e
est bien identifiée dans les anciennes zones du royaume de Samarie, et affirme
descendre des dix tribus. Les Israélites de Juda, qu'on appelle maintenant « Juifs »,
refusent de les reconnaitre comme israélites, et les considèrent comme les
descendants quasi-exclusifs des colons assyriens. La tribu de Dan et les autres tribus
du Nord sont officiellement déclarées comme « disparues », créant le thème des dix
tribus perdues.
Zimra (en), 1462–1572), identifie dans les Beta Israel d'Éthiopie les descendants de la
tribu de Dan. Le grand rabbin sépharade d'Israël, Ovadia Yossef, reprendra sa thèse en
1973, ouvrant la voie à la reconnaissance des Beta Israel comme juifs par le
gouvernement de Yitzhak Rabin à la tête de l'État d'Israël en 1975.
En 2010 une délégation de rabbins, mandatée par le grand rabbinat d’Israël, est allée
dans la région des Dix-Huit Montagnes en Côte d’Ivoire pour enquêter sur le peuple
Dan et voir s'il y avait bien des liens avec le peuple d’Israël. Les rabbins ont conclu qu'il
était « possible » que les Dan viennent des hébreux, vue les nombreux liens entre leurs
traditions et leur langue et celles des hébreux. Mais qu'ils devaient se convertir pour
être considéré comme juifs à part entière.
Le film Les Danites de Cote d’Ivoire13,14 de David Szerman relate cette enquête. La 1ere
partie suit les rabbins dans leurs rencontres avec les chefs et sorciers Dan [archive]. La
2e partie s’intéresse plus a l'histoire du peuple Dan et a ses similitudes d'avec
les hébreux [archive].
Aujourd'hui, une poignée de danites ont créé la première communauté juive – danite
d'Abidjan15,16.
Il existe des associations, comme l'association israélienne Shavei Israel (en), qui se
consacrent à la recherche des dix tribus perdues.
Contenus
Dan
Dan
Bien que la mer soit déifiée sous le nom Hou, elle n’est adorée que par le chaos initial,
le serpent qui y vit. Il s’agit en fait du serpent des eaux originelles, de l’océan primordial
qu’évoque la mer Hou. L’acte créateur le rejeta à la périphérie de l’espace créé, d’où
l’on dit qu’il se love autour de la création à la manière du serpent qui mord sa propre
queue. Et on rejoint là « l’ ouroboros » des Grecs, qui symbolise l’éternité, le
renouvellement continu du temps, une création cyclique sans fin, dans laquelle le temps
« repasse là où il a commencé ».
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Cette première civilisation définissant le peuple de l’aire culturelle et cultuelle Adja-Tado, Ké, Hun et Oyo,
croit en un Dieu Créateur appelé Mahu ou Sêgbolissa (Dieu Caméléon) qui anime de son souffle quantité
d’esprits et qui manifeste sa puissance à travers les forces de la Nature : la pluie, la germination des plantes, la
naissance de l’homme et des animaux, la foudre, etc. Ces peuples pensent qu’au-delà de la mort, les esprits des
ancêtres veillent sur leurs descendants. Des rites permettent, aux vivants de communiquer avec les “invisibles”,
et à ces mêmes “invisibles”, de se manifester parmi les hommes à travers le culte des revenants communément
appelé Egun-Egun, qui est une culture ancestrale spécifiquement Yoruba.
Des initiations indispensables à la jeunesse pour accéder au rang des adultes, on distingue :
– Afin kpikplö, qui est le rite d’inscription de l’enfant au cercle de sa famille d’accueil
– Le Djötö, qui consiste à reconnaître ou identifier chez le nouveau-né, les caractères sociaux d’un parent
défunt ou encore plus loin ceux d’un ancêtre lointain
– Le Fâ, qui permet de deviner les obstacles de vie et totems auxquels l’enfant devra obéir pour assurer sa
protection, sa longévité et son bien-être dans la société
– Hounzinzon ou l’initiation au couvent vodoun, qui consiste à partager avec le nouveau-né les différents
modes de communications avec son ange gardien, les règles de la nature et autres
Théâtre de multiples migrations, le contrat social entre les royaumes-frères de la zone Adja-Tado, Ké, Hun et
Ifangni (Oyo) sera rompu après la découverte des habitants par des troupes guerrières venues du royaumes des
Ashantis (Ghana), premier fournisseur de captifs aux négriers hollandais, britanniques et français depuis le
golfe de Guinée. Avant la conquête, la tradition raconte que le personnage d’Azima Arida, l’un des chefs de
troupe ashanti employa la ruse en demandant une portion de terre au roi d’Adja-Tado sis dans l’actuel Togo,
qui lui donna par gentillesse. Le lendemain alors que le Kêslon (?) roi de Tado était en réunion avec son
conseil, il fut capturé et assassiné publiquement par son hôte. C’est alors qu’Azima Arida, prit le nom fort de
“Adjahoutö“ littéralement : tueur d’Adja et le royaume qu’il fonda au lendemain des hostilités “Arida“ francisé
Allada.
Aussitôt installés les princes du royaume d’Allada donnent protectorat aux négriers britanniques pour des
raisons d’ordre économique, ce qui soustrait dans un premier temps le peuple d’Adja-Tado (Togo) à
l’arrachement et à la déportation (razzias). Outillés et à la fois bien couverts pour propulser l’économie des
négriers britanniques, les guerriers d’Arida peuvent immortaliser vulgairement leur triomphe par des chants de
guerre, des slogans hostiles à la cohésion sociale et même des maximes solennelles tels que : “ Unhwu adja nu
loobo sin da adja ka min“ qui se traduit par “J’ai tué l’homme d’Adja et défends toute prise d’eau dans la
calebasse d’Adja“.
Avec l’appui des Britanniques, le peuple Ashanti qui forme sur l’ensemble de l’aire culturelle et cultuelle
Adja-Tado, Ké, Hun et Ifangni (d’Oyo), l’actuel peuple Fon du Bénin organisent en un temps record
l’accaparement stratégique du territoire. Pour le succès des expéditions contre des premiers occupants, il était
prévu la répartition de l’équipe et la sécurisation des voies d’évasion. En effet, les envahisseurs scindent leurs
troupes en trois groupes avec chacun à sa tête un conquérant assisté d’un émissaire européen armé. De ces
offensives, les princes Hwé et Léwé se détachèrent d’Allada au devant des troupes qui s’installèrent
respectivement à DAN (Danxomè) et Aklon (Adjatchê encore appelé Porto-Novo).
LA CONQUÊTE DE LA CHEFFERIE ETHNIQUE DE
DAN et LE SENS DU NOM DANXOME
Parti du royaume d’Allada, la troupe pilotée par Hwé découvrit après quelques kilomètres de marche la célèbre
chefferie traditionnelle du patriarche de Dan. Reçu selon coutume d’usage, Dan offrit à Hwé un territoire non
loin de sa cité. Hwé en fit sa contrée et y installa ses gens. Les limites du terrain offert n’étant pas si vastes au
départ, Hwé, en répliquant aux salutations d’usages qui consistent à demander comment se portent les
maisoniers, dit à Dan : “Yéto Agbomin“ signifiant que ses maisoniers sont dans l’enclos pour ne pas qu’ils se
retrouvent dans le licou. Le premier village fondé par Hwé fut baptisé Agbomin, plus tard renommé
Houégbèadja. Hwé organisa discrètement des pillages dans les populations de Dan qu’il souhaitait
éliminer. Mais Dan était d’une grande vigilance. Il était au-dessus d’une chefferie traditionnelle et était
considéré comme un personnage mystique, très respecté et très prudent compte tenu des échos d’arrachement
qui lui étaient parvenus avant l’arrivée et l’installation de cette troupe d’hommes qu’il connaissait très peu.
Des années passèrent, et déjà les enfants de l’hôte, en l’occurrence ses jumeaux Akaba et Tasihangbé étaient
arrivés à l’âge de conduire chacun leur propre troupe en vue de se faire des gains et une renommée. Un matin
de bonheur, Hwé (Houégbèadja) envoya Akaba, son fils demander des terrains supplémentaires à Dan, le chef
des Guédévie, les premiers occupants de cette terre. Mais ce dernier lui répondit de façon sarcastique « vient
ouvrir mon ventre pour y bâtir ta maison ?» Insulté, Akaba tua Dan et s’accapara des lieux où il bâtît des
années plus tard son propre palais après la mort de son père. Le nom de son royaume sera Danxomin qui est
provient selon la tradition de cet incident : Dan, « Serpent », Xo, « ventre », et min, « à l’intérieur ».
Pendant ce temps, la deuxième troupe conduite par Tê-léwé plus tard Agbanlin échoue sur les côtes de la
lagune de Hogbonou (Porto-Novo) où elle fut accueillie et installée par Gbêkon Do-Yélou. Sous-informé de la
ruse des princes d’Ashanti, le roi Do-Yêlou, également chef de terre, fut surpris de la perte clandestine de ses
progénitures jusqu’au jour où son hôte lui déclara la guerre et réussit à le capturer et à le livrer aux Européens.
Ainsi fut organisé l’accaparement de la région Adja-Tado, Ké, Hun et Oyo. Mais jusqu’à nouvel ordre aucun
des souverains des trois royaumes à Allada, Adjatchë et Abomey n’aurait pu exister sans l’assistance
sécuritaire, stratégique et même spirituelle des Européens. Les missionnaires assurent la protection spirituelle
et les négriers eux-mêmes, la sécurité du roi et ses descendants. Ainsi, les 16ème et 17ème siècles auront été
les témoins de la fin inéluctable d’un grand nombre des royaumes locaux d’où émergèrent les trois “A“ à
savoir Allada, Agbomin et Adjatchë.
En effet, les émissaires guerriers d’Abomey, préparaient lentement, discrètement et assurément le pillage des
villages découverts qu’ils soumettaient au fil des années aux pillages des négriers européens moyennant
l’imposition de leur domination sur les autochtones. En dehors de la mémoire traditionnelle archivée dans les
panégyriques claniques et de la plupart des litanies cultuelles qui sont enseignées aux prosélytes au cours de
leurs initiations devenues obligatoires au XVIIIe siècle, aucun carnet de voyages écrit sur le Dahomey, n’a pu
toucher cette stratégie d’envahissement.
Par contre, ce fut l’une des causes fondamentales qui ont accentué des révoltes contre des agences de
déportation britanniques, avec également une grande haine des autochtones redoutables contre les portugais.
La basse vallée de Wémè (Ouémé) au-dessus de laquelle régnait la lignée royale des Togbo-Honsou, prend un
coup par l’imposition sournoise de la principauté politique érigée à Dangbo, tout comme le plateau-Ouest du
roi Nago d’Itakété, qui reçut les émissaires d’Igba-Houédé, venus également d’Abomey. Avant l’intervention
d’Oyo, la vallée de l’Ouémé et le plateau de Kétou, resteront le site d’approvisionnement de captifs tout
comme la vallée de Mono, pillée tout au long de la traite avec une faible chance de rétablissement suite au
déclin du royaume d’Allada en fin de compte. En tout cas les successeurs au trône d’Allada qui, au départ,
étaient prêts à commettre n’importe quel acte criminel grâce l’appui des Britanniques, quelle qu’en soit la
royauté ou la chefferie traditionnelle autochtones, atteignirent leur apogée à la suite des affrontements inter
“états commerciaux” qui les opposèrent aux autorités d’Abomey.
LA FORCE CULTUELLE, UNE ARME
PERFORMANTE AU SERVICE DES NOIRS
Face aux attaques étrangères et à la supériorité des armes à feu, le conseil des chefs traditionnels de l’aire
cultuelle et culturelle d’Adja-Tado, Ké, Hun et d’Ifangni d’Oyo, réduisent l’adoration des divinités de
fécondité et du bien être social au profit des divinités de guerre. Au sud du Dahomey, des Dâh de la divinité
Odoudoua élaborent des stratégies endogènes de communication et d’exploitation de la force de foudre, qu’ils
baptisent “Shango“ ou “Xêfiosso“. Grâce à cette divinité, ils exploitent l’énergie de la foudre contre des
envahisseurs européens.
A Tado, où des meurtrissures très profondes de l’esclavage ont fait avancer des recherches de solutions, le
peuple Kabiais ou Kablès invente à partir de la divinité Odoudoua, la méthode d’exploitation de l’énergie
ésotérique de la terre qu’il surnomme “Isa-Akpata“ et celle de la latérite (pierre rouge) appelé “Ganbaya“ ou
“Ganbada“.
On assisterait dans l’ensemble de l’actuel territoire du Golfe de Guinée à l’initiation croissante et obligatoire
des enfants compte tenu de l’exploitation spirituelle et surtout ésotérique de ces énergies divines devenues par
la force des choses, des outils fondamentaux au service de la guerre. Le déclin du Dahomey devint fragrant
avec pour preuve l’assassinat du roi Gandjê Xêssou au trône.
Pour rendre hommage aux nouvelles forces divines, certains chefs de cultes leur immolaient en sacrifice des
Portugais capturés, tandis que d’autres les enterraient vivants après leur avoir retiré les équipements modernes
d’attaque qui furent jetés dans des mausolées, lesquels étaient des temples dressés aux âmes pour la mémoire
des leurs déportés.
Par conséquence, le pays d’Abomey doit subir des attaques de revanche. L’appui permanent des européens qui
y avaient installé leurs comptoirs serait de suite insignifiant, compte tenu de l’insécurité qui n’est pas
qu’humaine mais divine. Plusieurs mois seront consacrés à l’étude approfondie des stratégies de réplique aux
mystères qui rendent des guerriers insensibles au tir des armes à feu.
Hêssou, fils d’une autorité territoriale fut choisi et nommé comme nouveau roi d’Abomey sous l’appellation de
“Ganyê“, c’est-à-dire “le pouvoir a diminué“ ou encore “l’autorité s’est rabaissée“. En attendant le
rétablissement des ordres et du pouvoir politique à Abomey, chez des autochtones de la géographie Adja-Tado,
Ké, Hun et Oyo, on assisterait à une forte révolution patronymique en termes de gratitude aux forces divines
qui se sont révélées très performantes. Dans les royaumes autochtones et traditionnels d’Adja-Tado et Ké, la
nomination des nouveaux-nés ne dépend plus des rituels d’inscription au cercle de la famille mais désormais
d’un contrat de vie ou d’engagement social. Des patronymes cultuels datant cette époque figurent des noms
tels que :
– Gankpin (balle de fer),
– Ganbala (l’acier),
– Gayê (piège a diminue),
– Ginakpê (pierre de foudre ou qui fait la pluie)
– Sokpétin (la croisée des armes à feu),
– Sossou (fusil mâle) ;
– Sogbandji (sur les étalages d’armes à feu)
– Sokonnou (originaire du pays du dieu des fusils ou maître des dieux des fusils)
– Gambô (bras de fer ou l’autorité s’est affaiblie),
– Gala (vante-toi)
– Gandio (le fer s’est renversé, c’est-à-dire le retour de l’ascenseur contre les chefs exploiteurs des fusils ou
des armes à feu)
Cette révolution atteint très vite le plateau de Sakété géré par le royaume d’Ifangni d’Oyo avec l’invention des
stratégies de communication entre les hommes et des divinités de fer qu’ils baptisent “OGOU“. Ce qui favorise
effectivement à l’affrontement avec succès des envahisseurs noirs qui pillent clandestinement la région en
compagnie des preneurs de captifs qui embarquaient des victimes automatiquement pour le port d’Oyo
moyennant des attelages. Comme patronyme, grand nombre des fils du plateau porteront des noms glorieux en
hommage à la divinité “Ogou“. Cette révolution nominale conduisit dans la région du plateau à l’adoption du
mot OGOU comme suffixe des noms. Avant la reprise du pouvoir modérateur territorial, on constate la
multiplication des noms tels que :
– OGOUDEMI (le Gou ou dieu de fer m’a choisi)
– OGOUYI (le Gou ou dieu de fer a délivré)
– OGBEMY (le gou ou dieu de fer m’a appelé)
– OGOUDJÖBI (le dieu de fer ou gou m’a donné naissance)
– OGOUTchê (travail de Ogou, ou grâce à OGOU).
Même si les royaumes unis d’Adja, Ké, Hun et Oyo rendaient grâce aux divinités avant cette époque de déclin
du pouvoir d’Abomey, le taux des patronymes cultuels était moins considérable et était également une question
de choix et de lignée familiale, c’est-à-dire, qu’il y avait une grande différence entre les collectivités princières
et les chefferies traditionnelles qui étaient dirigées par des conseils locaux de sages ou de grandes personnes
bien organisées qui assuraient la transmission du savoir par des cours d’initiations primaires et graduels, soit à
travers des contes du soir ou à l’occasion des procès inter-fraternels.
INVENTION DE NOUVELLES NOTES MUSICALES ET RE-NOVATION
Le Kpaka ou Bamboula chez des afrodescendants du monde.
To non man go, be minvô non go ya ?? devient la chanson populaire de conquête ou de chasse des dahoméens
nominés qui assuraient le contrôle des lieux et organisaient discrètement le pillage des autochtones.
L’INVENTION DES DIEUX DE RESISTANCE CONTRE DES ESCLAVAGISTES.
LE RETOUR DE L’ORDRE ET L’installation du catédrasse de Ouidah.
La tradition orale parle aussi de ces chapitres importants de l’Histoire de l’esclavage et de la colonisation :
• La chute du transport des captifs par la voie terrestre vers le Ghana,
• L’extraction de l’or du Ghana et son échange contre des captifs par des maîtres
• Les mouvements de résistances locales
• L’implication des cultes endogènes à l’esclavage
• La création des postes d’échanges d’esclavages.
– Adjarra,
– Adjatchê
• Les conditions d’installation de Ouidah, un point d’embarquement de captifs
• Invention des nouveaux moyens de résistance locale
• Implication de la ruse locale dans l’esclavage transatlantique
• L’arrachement des vestiges de l’esclavage après l’abolition
• Des moments de destruction des mémoires de l’esclavage pour le bien être social entre les noirs
• L’évangélisation au Dahomey
• Les premières guerres religieuses entres l’église catholique et les vodouisants
• La balkanisation de l’Afrique et la division des territoires de l’air culturel Adja-Tado, Ké, Hun et Oyo
• Les raisons de la capture de Béhanzin selon les réalités du Couvent vodoun
• La colonisation du Dahomey,
• Les barrières contre le développement du dahomey par la colonisation et l’administration territoriale poste
coloniale
• Les critères de désignation des autorités du Dahomey par la France
Sakpata
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Détail d'une tenture appliquée d'Abomey avec la marque de Sakpata sur le personnage central1.
Sakpata est une divinité d'origine yoruba connue dans les pays du golfe du Bénin,
également au Brésil et en Haïti, comme le dieu de la variole, et plus généralement des
maladies éruptives2. Au Bénin et au Togo, la mythologie vaudou en fait aussi la divinité
de la terre3. Cependant les deux dimensions sont liées. Quoique très redoutée, c'est
l'une des figures les plus populaires du panthéon vodoun4.
Les adeptes – hommes ou femmes – portent le nom de sakpatasi. Ils chantent, parfois
avec une pointe d'insolence à l'égard du pouvoir ou des spectateurs, dansent, sautent
et se roulent dans la poussière5.
Divinité Sakpata.
Dans une étude publiée en 2013, le professeur Mahougnon Kakpo6 fait le point sur les
recherches concernant les origines historiques de Sakpata. Selon lui, sa présence au
Bénin est attestée au moins depuis la fin du XVII siècle, c'est-à-dire antérieure à celle
e
une épidémie de variole se déclare, qui emporte aussi le roi en 1708. Sur son corps on
découvre les pustules et le bruit court que cette variole aurait été provoquée par un
vodoun du pays Idaasha (Dassa-Zoumè). Le culte de Sakpata se propage alors depuis
Dassa-Zoumè vers le centre du pays pour atteindre le sud et toute la région côtière.
Redoutable, le vodoun n'est pas facilement accepté à Abomey. On craint de le nommer
et des litotes sont volontiers utilisées, telles que « Maître de la Terre » ou « Roi des
Perles ».
La royauté se sent menacée dans sa légitimité par les prérogatives de ces adeptes
qu'elle ne parvient pas à contrôler. Les souverains décident d'expulser le vodoun et son
clergé hors de la capitale. Même à Abeokuta, son foyer d'origine, Sakpata est interdit en
1884, après une épidémie meurtrière.
Cependant le roi Ghézo autorise le retour du culte à Abomey. Son expansion est alors
rapide7.
Statuette Sopona réalisée en 1969 par un guérisseur traditionnel dans le cadre d'un congrès de l'OMS pour
l'éradication de la variole.
Les objets liés au culte de Sakpata sont souvent eux-mêmes porteurs de signes
évoquant la maladie éruptive, tels que :
une statuette féminine en bois (avant 18809), représente une adepte agenouillée qui
tient sur sa tête une coupe destinée aux offrandes ; sa peau est peinte de points
blancs évoquant la variole 10.
une autre statuette féminine en terre cuite polychrome (avant 193111) représente une
féticheuse de la variole. Buste nu et vêtue d'un long pagne blanc, elle est parée de
bandes de cauris12.
un pot à couvercle dédié à Sakpata, en terre cuite polychrome (avant 193313) est
moucheté de points blancs qui rappellent le caractère éruptif des maladies
envoyées par Sakpata14.
une tenture appliquée d'Abomey (avant 193615) met en scène un personnage
central, mi-homme mi-singe, dont le corps noir est couvert de taches blanches,
marques de la mainmise de Sakpata10.
La terre de Sakpata
Sakpata’s earth
Christine Henry
p. 253-265
https://doi.org/10.4000/africanistes.2572
RÉSUMÉS
FRANÇAISENGLISH
Sakpata, divinité d’origine yoruba, est connu, partout où il a été implanté (dans les pays du Golfe du
Bénin mais aussi dans les Amériques noires) comme dieu de la variole et plus largement des maladies
éruptives et/ou contagieuses, mais au Bénin et au Togo s’est développée une tradition qui en fait
également le vodun (divinité) de la Terre. Cet article revient sur cette problématique et retrace
l’origine de cette assertion dans la littérature anthropologique. A partir d’enquêtes menées à Savalou
(Moyen Bénin) et d’une littérature de portée plus générale, l’auteur conteste la thèse qui ferait de
Sakpata un dieu de la fertilité et met en évidence la nature complexe du rapport de cette divinité à la
terre.
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ENTRÉES D’INDEX
Mots-clés :
Sakpata, vodun, variole, dieu de la terre, Bénin, J.M. Herskovits
Keywords:
Sakpata, vodu, smallpox, earth god, Benin, J.M. Herskovits
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PLAN
Historique
Sakpata, le perturbateur
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1Sakpata, divinité d’origine yoruba, est connu, partout où il a été implanté 1comme dieu de la variole
et plus largement des maladies éruptives et/ou contagieuses. Mais au Bénin et au Togo s’est
développée une tradition qui en fait également le vodun (divinité) de la Terre. Nos propres enquêtes
menées à Savalou (Moyen Bénin) n’ont pas mis en évidence un lien fort entre Sakpata et la terre,
hormis le fait que, comme partout ailleurs, on s’adresse à cette divinité en l’appelant « maître de la
terre ». Cet article revient sur cette problématique, retrace l’origine de cette assertion dans la
littérature anthropologique et tente de comprendre quelle est la nature du rapport de cette divinité à
la terre. Avant d’entrer dans le vif du sujet, il est nécessaire d’énoncer quelques précautions d’ordre
méthodologique. La littérature récente sur les vodun a mis l’accent sur deux de leurs traits : leur
matérialité et leur nature relationnelle2. En effet, un vodun n’existe que dans la matérialité de son
« corps » situé en un lieu précis qui le singularise parmi les autres membres de la même classe. Sa
corporéité n’est qu’un des éléments de son individuation. Son nom, les légendes autour de sa création
ou de son arrivée en ce lieu, le récit de ses hauts faits, les devises qu’on lui adresse, sont autant de
caractères qui le personnalisent. Mais dans une région donnée un vodun ou une classe de vodun
n’existe pas isolément, il a une place au sein d’un ensemble. C’est à comprendre les hiérarchies de ces
ensembles et les logiques qui les sous-tendent que se sont efforcés nombre d’ethnologues en
s’éloignant parfois beaucoup des classifications locales. Les Fon distinguent les « vodun de
pays » to vodún des « vodun de lignage » hɛnnu vodún ou « vodun de clan » akɔ́ vodún , ainsi un
vodun de la classe Sakpata pourra être un « vodun de pays » , tandis qu’un autre sera un « vodun de
lignage ». Selon un autre principe, les vodun se répartissent entre « vodun rouge » hunvɛ vodún et
« vodun de l’eau » tɔ vodún. Les « vodun rouge » se divisent en « vodun du haut »jǐ vodún et « vodun
du bas » do vodún mais aussi en « vodun de tête » ta vodún et aciná. Cette seconde distinction
concerne la représentation des vodun lors des processions. Les premiers, les « vodun de tête » seront
représentés par un paquet qui sera porté sur la tête d’un adepte, tandis que les seconds le seront par
un bois allongé recouvert d’étoffe, l’aciná, qui sera porté sur les épaules.
2Enfin, un autre type de classification d’ordre politique distingue moins entre des voduns qu’entre
leurs « grands prêtres » vodúnnɔ dont certains avaient été élevés au-dessus des autres par le pouvoir
royal ou local et détenaient une autorité sur leurs collègues moins élevés dans la hiérarchie.
3Les classifications d’ordre politique sont évidemment très variables selon les lieux et les époques
considérés, tandis que les principes qui régissent les seconds critères cités sont relativement stables,
ainsi un vodun de la classe Sakpata ne sera à aucun moment et nulle part considéré comme un vodun
« du haut » ou « de l’eau ». Tous les vodun d’une même classe partagent donc des traits généraux,
dont il sera question ici à propos de Sakpata. Précisons enfin qu’aujourd’hui, au Bénin, malgré le recul
général des cultes traditionnels, les temples coutumiers de Sakpata comptent encore quantité
d’adeptes. Cette divinité figure également dans de nombreux sanctuaires privés familiaux et dans
beaucoup de ceux des guérisseurs où Sakpata est souvent associé à des vodun modernes (Goro, Mami
Wata)
Historique
3 Skertchly était un entomologiste, venu étudier la faune de la côte africaine, qui contre sa volonté (...)
4 En français dans le texte, sauf indication contraire les traductions sont de nous.
4Dans les premiers écrits sur le royaume du Danxome, les auteurs qui citent Sakpata le lient
uniquement à la variole et ne le rangent pas parmi les dieux très importants. Ainsi Skertchly 3le classe
comme une divinité secondaire qui se trouve sous le commandement direct de
Atinmèvodun atínmɛvodún « vodun des arbres » et décrit ainsi ses autels : « Ce fléau national [la
variole] est évité grâce à une chose oblongue en terre, divisé en deux parties égales, dont l’une
est semée4de tessons de poteries brisées plantées à son sommet et l’autre de cauris. Un autre autel
pour ce dieu est une poterie oblongue, peinte en rouge sur son côté droit et en blanc sur le gauche »
(Skertchly, 1874 : 471). Il signale que ces autels sont nombreux et dispersés dans les différents
palais, ce qu’il met en rapport avec le fait que trois rois aboméens succombèrent à la variole.
5C’est dans l’ouvrage de Le Hérissé que se trouve signalé pour la première fois un lien de Sakpata
avec la terre :
5 Ces poteries percées de trous (ajalalazén) qui caractérisent les autels de Sakpata sont destinées d (...)
Il est fétiche du sol (Aïkoungban Vodún). On lui élève des autels aux carrefours d’entrée des villages ou
devant les maisons, si le destin (Fa) du propriétaire l’a demandé. Ce sont des tertres minuscules, sur
lesquels repose une marmite de terre cuite, percée de trous réguliers 5et un bloc de latérite rappelant le
masque d’un varioleux. En arrière est plantée une épineuse appelée Selo. (Le Hérissé, 1911 : 128).
6Le Hérissé présente les vodun en adoptant une « classification officielle » en neuf collèges connue de
tous les spécialistes religieux qu’il a rencontrés. Les Sakpata n’y forment pas un groupe particulier,
mais sont présents dans tous les collèges.
7Dans l’ouvrage qu’il consacre au Danxome, Herskovits, accomplissant une petite révolution
copernicienne à propos de Sakpata, s’efforce de démontrer que ce vodun est honoré en tant que dieu
de la Terre et non comme dieu de la variole. De même que Xevioso, le dieu du Tonnerre, donne la
pluie bienfaisante et punit en envoyant sa foudre, Sakpata, dieu de la Terre, donne les céréales et
punit par la variole, selon une logique symbolique qu’énoncent ainsi ses informateurs :
Sagbata qui, maître de la terre, nourrit les hommes en leur donnant le maïs, le mil et autres grains du sol,
les punit ’en faisant sortir par leur peau les grains qu’ils ont mangé’
(Herskovits, 1938, t.II : 131)6.
7 Ces titres ne sont pas spécifiques à Sakpata, « roi du monde » et « roi des perles » sont également (...)
8Le raisonnement d’Herskovits s’appuie, outre ce lien avec les céréales, sur un certain nombre de faits
tirés des devises et des mythes. Il était dangereux de prononcer le nom de Sakpata et on préférait
l’évoquer par ses titres : « maître de la terre » ayïno ; « roi de la terre » ayìxɔ́sú, ; « roi des
perles7 »jɛ̀xɔ́sú, titres qui figurent également dans ses devises. Les mythes évoquant le partage du
monde entre les dieux, après que le couple Mawu-Lisa leur eurent donné naissance, disent qu’à l’aîné,
Sakpata, échut le gouvernement de la terre (un honneur qui lui coûta quelques querelles avec son
cadet Xevioso, resté au ciel près de ses parents). Cette assimilation de Sakpata avec la terre dans un
double aspect de sol nourricier et de gouvernement de ses habitants est encore accentuée par la
manière dont Herskovits présente les vodun du Danxome. Il traite à part les divinités liées à la
royauté puis distingue les « grands dieux » des « dieux personnels » et répartit les premiers en trois
panthéons : du ciel, de la terre et du tonnerre, selon une logique qui reflète mal les pratiques et les
catégorisations locales.
9Comme Le Hérissé avant lui, Herskovits signale le fait que Sakpata n’a pas toujours été en odeur de
sainteté auprès des rois d’Abomey, et qu’à plusieurs reprises, ses prêtres furent expulsés de la
capitale. Herskovits pense que tant d’un point de vue historique que mythologique, les rois d’Abomey
avaient matière à craindre Sakpata. Trois d’entre eux périrent de la maladie, plusieurs de leurs
campagnes militaires furent interrompues parce que leurs armées étaient décimées par la variole.
Rien de plus naturel, à son sens, que les rois d’Abomey se retournent contre un dieu que, de surcroît,
ses adeptes proclamaient roi de la terre, faisant ainsi ombrage à leur propre pouvoir : « deux rois ne
peuvent régner dans la même ville » dit le proverbe fon qu’il cite à l’appui de son raisonnement.
8 On trouve dans le livre de Pierre Saulnier (2002) une brève revue de la littérature ethnologique su (...)
10La thèse d’Herskovits assimilant Sakpata à la Terre et allant même jusqu’à se demander si Sakpata
peut être considéré comme une « mère féconde » n’a pas été critiquée et fut reprise avec plus ou
moins de modération ou d’enthousiasme par les auteurs qui lui succédèrent 8. Du côté des
enthousiastes, Alfred M. Mondjannagni, du haut de sa double autorité de géographe et de natif du
Bénin, est celui qui a le plus contribué à l’asseoir et à l’étendre de l’aire du royaume d’Abomey à
l’ensemble du Sud et Moyen Bénin où les vodun (ou les orisha en zone yoruba) fondent le système de
pensée traditionnel. Mondjannagni fait d’abord remarquer que pour ces populations de paysans la
terre est d’une importance cruciale, ce qui expliquerait que les « couvents » de Sakpata sont aussi
nombreux et répandus en pays aja à l’ouest qu’en pays yoruba à l’est, en pays xweda au sud qu’en
pays mahi au nord. Oubliant que l’origine mahi attribuée à cette divinité n’est évoquée que pour les
Sakpata fon installés à Abomey par les anciens rois, il décrète « qu’elle n’est pas plus du pays Mahi
que d’ailleurs » (Mondjannagni 1977 : 162), mais que les Mahi lui ont donné une importance
particulière car ils peuplent des collines pierreuses et cultivent dans des conditions particulièrement
difficiles. Pour lui, comme pour Herskovits, la variole n’est qu’une attribution seconde de cette divinité.
« Peu à peu pour marquer la force et la terreur du Sakpata, on l’a également identifié à la
variole. » (ibid.). Ayant ainsi lié la terre et Sakpata, sans autre argument que la force performative de
l’affirmation, il en vient à parler du rôle des chefs de terre, une notion qui, selon lui, prend dans cette
région « une signification et une ampleur toutes particulières » (ibid). Il décrit de manière très
convenue le rôle d’un chef de terre et écrit : « C’est ce chef de terre qui a noué le premier pacte avec
la divinité terre et qui a installé sur cette terre les divinités de son groupe. » (ibid : 163). De manière
très significative, dans sa description des fonctions d’un chef de terre, il n’emploie plus jamais le nom
de Sakpata, mais parle de « la divinité terre ». Et, en effet, il serait bien difficile de trouver dans cette
aire un récit de fondation où la terre ou le « déjà là » soit incarné par Sakpata. Dans toute cette zone
dont l’histoire a été marquée par la traite atlantique et la formation de royaumes esclavagistes, la
migration est la constante de la plupart des récits de fondation. Conquête ou débâcle des vaincus,
fuite de la guerre, recherche de zones faciles à protéger des vendeurs d’esclaves en constituent la
trame historique. Et lorsque le fondateur s’installe sur une terre inoccupée (histoire ou légende ?) la
divinité qu’il y rencontre n’est pas un Sakpata, mais plus souvent un vodun relevant de la classe
des azizà, des génies de la forêt. Par exemple, le mythe de fondation du village qui devait devenir
Porto-Novo raconte que trois chasseurs qui se reposaient loin de chez eux à l’ombre d’une futaie virent
apparaître un monstre à neuf têtes qui sortait d’une termitière. Une consultation divinatoire leur
indiqua que ce monstre était une divinité qui leur deviendrait favorable s’ils lui érigeaient un temple et
lui offraient souvent une part des produits de leurs chasses. Les trois chasseurs que cette alliance
avait rendu riches finirent par s’établir définitivement en ce lieu et y fondèrent le village d’Aklon qui
n’est plus aujourd’hui qu’un quartier de la capitale béninoise.
11Du côté des auteurs qui considèrent la thèse d’Herskovits avec beaucoup de modération, Pierre
Verger, dans un chapitre sur Sakpata et Shopona de ses fameuses Notes..., se contente de citer
l’argument mentionné ci-dessus de l’informateur d’Herskovits à propos des céréales. Bien que, dans
l’introduction de son ouvrage, Verger ait pris soin de préciser :
L’importance de l’élément terre ne semble pas actuellement être exprimée clairement par un culte
déterminé, bien que l’observation des rituels fasse ressortir le rôle primordial qu’elle joue dans ces religions.
H.U. Beier pense lui aussi que « l’ancien culte de la terre a pratiquement disparu du pays Yoruba et a été
remplacé par le présent système anthropomorphe des Orisa ».
(Verger 1957 :11)
9 II s’agit de Kpengla (1775-1789), Agonglo (1789-1797) et de Gezo (1858-1889). Selon E. Bay, Kpengla (...)
12Seule l’historienne Edna Bay émet une critique à l’encontre de l’argumentation d’Herskovits en
contestant le fait que les trois rois dont le décès est attribué à la variole périrent effectivement de
cette façon9. Mais elle prolonge l’idée d’une rivalité de pouvoir entre les rois du Danxome et les
prêtres de Sakpata et se demande dans quelle mesure l’attribution d’un statut royal à Sakpata
suggère que ses sanctuaires auraient pu être les foyers d’une contestation de la légitimité de la
dynastie. Ses réflexions s’inscrivent dans le prolongement des questions posées par Finn Fuglestad qui
voit dans Sakpata, en tant que roi de la terre,
un point de ralliement de tous ceux (nombreux surtout parmi les autochtones ?) qui étaient mécontents de
l’ordre établi par les rois dahoméens.
(Fuglestad 1977 : 513-14).
13E. Bay remarque que si, à Oyo, en pays yoruba, la divinité associée à la royauté est Shango
(Xevioso chez les Fons), au Danxome c’est Sakpata qui l’est, mais sur un mode négatif :
Sakpata ne renforce pas le pouvoir royal il s’y oppose, singeant la royauté et exprimant son opposition au
lignage royal
(Bay 1998 : 156).
comme la maladie à laquelle il est associé Sakpata était un danger et une cause d’irritation, une menace
pour le bien-être du royaume, mais jamais Sakpata, ni son ultime sanction la variole, n’ont eu le pouvoir de
détruire la dynastie
(ibid : 158).
14Pourtant, il serait assez étrange que Sakpata qui, comme l’ont bien souligné Pierre Verger (1957) et
Paul Mercier (1962), semble partout considéré comme une divinité d’origine étrangère en soit venu à
incarner tout à la fois la terre nourricière, la maîtrise de la terre et l’opposition au conquérant ! Ces
incohérences suffisent à prouver que cette divinité mérite une reconsidération.
Sakpata, le perturbateur
15Tout en notant simplement, dans la ligne d’Herskovits, que Sakpata « est dieu de la terre
profonde », Paul Mercier remarque également, outre l’origine étrangère de cette divinité, que nombre
de récits et légendes la présentent « sous les traits d’un indésirable » (Mercier, 1962 :241). Un conte
du Fa recueilli à Savalou souligne cette conception d’un Sakpata faiseur de désordre et en fait découler
son caractère d’ « étranger ».
10 P. Verger rapporte que le fondateur de la royauté de Savalou, avait, au cours de sa migration, renc (...)
Abla meji est Sakpata. Avant on ne disait pas Sakpata, on disait Azon (azɔ̀n « maladie »). Et Azon se trouve
dans la brousse. Il y avait un homme, un acheteur d’esclaves, qui avait quitté Aja. Sur son chemin, il
rencontre le père et la mère d’Azon qui lui vendent leur enfant. L’acheteur d’esclaves amène Azon chez lui et
lui donne une houe et une parcelle de terrain à travailler. Mais Azon ne travaille pas, il ne laboure pas, il ne
sarcle pas et quand on lui donne n’importe quelle sorte de nourriture il ne mange pas, il n’avale que du maïs
grillé. Le temps passait et Azon ne faisait toujours rien, son patron se disait : celui-ci on l’envoie aux
champs et il ne fait rien, en quoi est-il utile maintenant ? Et pris de colère, il frappe Azon. Et Azon dit : Aïe !
C’est pourquoi maintenant quand les adeptes de Sakpata vont être possédés ils disent Aïe ! Après le Aïe
qu’avait poussé Azon, tous les enfants de deux ou trois ans ont commencé à avoir la rougeole, et les aînés
ont eu la variole. Alors tout le village a commencé à s’agiter, tout le monde s’inquiétait et disait : qu’est-ce
qui ne va pas ? Il faut aller chez Fa pour consulter ! Et Fa leur dit : vous avez offensé une personne qui est
un vodun. Ils demandèrent mais quelle personne ? Serait-ce l’esclave qui est là dans la maison ? Est-ce lui ?
Et Fa a dit oui. Que faut-il faire maintenant ? questionnent les villageois. Fa a répondu : on a trouvé Abla
meji, il faut le laisser partir. Les villageois sont allés trouver Azon qui était en train de chanter une chanson :
Le feu est parti à Aja
C’est sur Aja qu’on a mis le feu
Est-ce que Aja peut faire ça à Azon ?
Quand il eut fini sa chanson, le chef de village lui a dit qu’il pouvait partir et rentrer chez lui. Alors Azon est
rentré chez ses parents et a dit à son père : comme vous m’avez vendu, j’ai semé la pagaille chez eux pour
revenir à la maison. C’est depuis ce temps qu’on l’appelle Sakpata. Après on a commencé à préparer des
feuilles et la guérison est venue. La manière dont Azon s’était comporté et avait fait tout ce désordre a
montré à son père qu’Azon n’était pas de ses enfants et qu’il faudrait le séparer de ses frères. Donc les Aja
se sont fâchés et ont donné l’enfant aux Kajanu. les Aja n’aime plus Sakpata, Sakpata est pour les Kajanu
(Nagos originaires de Badagry) »10.
11 Agaja (1708-1728) est le roi du Danxome qui conquit les royaumes d’Allada et de Ouidah.
12 Merlo recense plus qu’il analyse, néanmoins à aucun moment il ne signale un lien de Sakpata ou de H (...)
16A Ouidah, la plus puissante divinité de la variole, nommée Houessi, est une très ancienne divinité
xweda, dont Christian Merlo rapporte que le temple principal se trouvait à Peda-Tori. Quand
Agadja11conquit cette ville, le roi voulut emmener Houessi et son grand-prêtre (le houessinon) à
Abomey, mais « arrivé à Cana, le fétiche fit un tel ’tapage’ qu’Agadja ’reconnaissant que Houessi était
plus fort que lui’, lui accorda de s’en retourner ». Il ajoute que Houessi, « qui est un Sakpata (variole)
n’en est pas moins, lui-même, un Dangbé, Dangbé-Houessi, python moucheté ». (Merlo, 1940 : 19)12
13 « Cette confusion est particulièrement évidente dans la littérature sur le Nigeria où les chercheur (...)
14 Ce que symbolisent également les poteries percées qui se trouvent sur les autels de Sakpata.
15 Buckley a mené ses recherches principalement à Ibadan, mais il utilise aussi une littérature d’une (...)
17Si, compte tenu de la désorganisation sociale que devaient entraîner les épidémies, il est facile de
comprendre que les divinités de la variole puissent être associées à des idées de désordre et de
’tapage’, leur lien à la terre est beaucoup moins évident. Contrairement à ce qu’affirme Herskovits qui
n’hésite pas à dénoncer l’erreur qu’est l’assimilation de Sakpata à la seule variole jusque dans les
écrits des chercheurs qui ont travaillé, en pays yoruba au Nigeria 13, une piste sur la nature de la
« terre » à laquelle est associé Sakpata nous est fournie par les études sur Shoponno, (nommé
Shopona ou Shakpana selon les lieux) le dieu de la variole yoruba, dont il est généralement admis que
les Sakpata fon sont des avatars. Comme le Sakpata fon, Shoponno reçoit les titres de maître de la
terre, roi de la terre, roi du monde, mais il est également appelé « terre chaude ». Divers auteurs ont
noté le lien de Sakpata/Shoponno avec la chaleur 14et le fait que les épidémies de variole étaient
particulièrement redoutées à la fin de la saison sèche. A.D. Buckley (1985) s’est efforcé de montrer
que divers énoncés15à propos de Shoponno : le fait que la colère de ce dieu se déclenche quand on
verse de l’eau sur la terre, qu’il est non seulement responsable de la variole mais également d’une
sorte de folie, et enfin celui qu’il est interdit de battre du tambour et de danser quand se répand une
épidémie de variole, relèvent d’un même paradigme de la pensée yoruba concernant l’équilibre difficile
à établir entre le secret et sa révélation. Suivons son raisonnement en ce qui concerne la « terre
chaude ». Les études de Buckley montrent que selon les conceptions yoruba le monde est ordonné par
une structure des couleurs. La terre est rouge, le ciel et la pluie qui en provient sont blancs. Couvrant
la rougeur de la terre, il y a une couche de terreau noir qui la cache à la vue, quand, à l’abri de cette
couverture, la pluie blanche se mêle à la terre rouge, le sol est fertile. Lorsque, comme il est fréquent
durant la saison sèche, les champs sont exposés au soleil et au vent chaud, la terre rouge n’est plus
cachée par le sol noir qui se fendille, quelle que soit alors la quantité de pluie qui tombera, le sol
demeurera stérile. La même structure des couleurs se retrouve dans la conception du corps humain,
tout comme la noirceur du sol procure la nécessaire discrétion à l’abri de laquelle la terre rouge et la
pluie blanche pourront se mélanger de manière fertile, la peau noire de la mère procure l’abri derrière
lequel le sang menstruel de la mère et la semence blanche de l’homme pourront se mélanger pour
donner un enfant. D’une façon plus générale, le corps est conçu comme un mélange de substances
rouges et blanches sous une peau noire qui les dissimule. La variole est la présence de souillures
rouges et blanches à la surface de la peau, en terme du paradigme des couleurs, le rouge et le blanc
cachés par la peau noire ont été révélés. Pendant la saison sèche, quand Shoponno menace, la terre
rouge émerge déjà de la terre noire, mais le vrai danger vient de mélanger cette terre rouge avec
l’eau en dehors de la couverture noire du sol. Tout comme le rouge et le blanc vont se mélanger à la
surface du sol, les taches rouges et blanches de la variole vont apparaître sur la peau de celui qui aura
irrité le dieu en répandant l’eau, à moins qu’il ne l’apaise en prononçant la formule « pardonne-moi,
maître de l’extérieur. » Le rouge et le blanc sont les couleurs de Shoponno, mais ce sont aussi les
couleurs d’Ifa, l’orisha de la divination. En poursuivant son analyse des autres traits cités et le
parallèle entre Ifa et Shoponno, Buckley montre que si Ifa, est capable de révéler ce qui est secret
d’une manière certes dangereuse mais contrôlée et ritualisée qui permet de restaurer la paix et la
santé, Shoponno est un dieu sans vergogne qui dépouille le monde, la terre et les humains des
façades qui dissimulent leurs secrets, les livrant à la stérilité, la folie et la mort.
18Nos propres observations sur le culte de Sakpata menées à Savalou, comme d’autres couramment
rapportées dans la littérature, confirment que ce dieu est bien à comprendre dans cette ligne de
pensée plutôt que dans celle d’une terre nourricière imaginée par Herskovits.
16 Voir Verger (1957), Savary (1976), Serpos Tidjani (1993 [1950]).
19La pratique du culte des vodun se caractérise par la possession au cours de laquelle l’adepte
s’identifie à son vodun et l’incarne, et par une longue initiation qui permet au novice d’apprendre la
langue, les chants, les danses qui caractérisent le dieu qui l’a élu, et le dote d’une « seconde
personnalité » selon les termes de P. Verger. Quelles que soient les circonstances qui ont conduit à
choisir telle ou telle personne pour devenir adepte d’un vodun, son initiation débute par sa « mort »
marquant la rupture du novice avec son ancienne vie. Généralement, au cours d’une cérémonie
publique précédant le temps de l’initiation, ceux ou celles qui ont été désignés préalablement pour
devenir adeptes vont tomber inanimés et seront portés dans le « couvent » hunkpámɛ où commencera
leur initiation. Le culte de Sakpata présente la particularité de mettre en scène publiquement cette
« mort » et une première résurrection préalable à l’initiation. La littérature offre de nombreuses
descriptions de ce rituel qui ne diffère d’un lieu à l’autre que par des détails 16. Quelques jours après
l’évanouissement de l’impétrante17, l’assistance se réunit sur une place proche du couvent. Une natte
tachetée de noir, blanc et rouge a été disposée dans un espace consacré par plusieurs sacrifices. Des
« aides » hundéva font passer le « cadavre » de la novice, enroulé dans un linceul, par dessus le mur
du couvent, le portent sur la place et le déposent sur la natte. Des « initiées » sakpatasì agenouillées
massent le corps avec une eau où ont macéré des feuilles liturgiques puis retirent le linceul. Divers
dispositifs (vers, viande putréfiée) viennent souvent ajouter au réalisme de la scène. Le « grand prêtre
de Sakpata » sakpatanɔ qui préside la cérémonie harangue la novice, lui enjoint de revenir à la vie
puis l’appelle sept fois. Le corps de la novice bouge, la joie de l’assistance éclate. La novice se relève
titubante, elle est soutenue par ses compagnes. Un cortège se forme qui la raccompagne à l’intérieur
du couvent. Le rite sera répété autant de fois qu’il y a de nouvelles adeptes. Commentant une série de
photos qui donne à voir une scène de ce type, G. Rouget (2001) s’interroge longuement sur les idées
de sincérité et d’imposture, mais la question importante ne serait-elle pas, alors que tous les vodun
« tuent » et « ressuscitent » leurs futurs adeptes dans le secret du couvent, pourquoi Sakpata est-il le
seul vodun qui révèle publiquement ce geste ? Aucune considération sur la terre et sa fertilité ne
permet d’y apporter une réponse tandis qu’elle s’éclaire si l’on admet que la symbolique de Sakpata
concerne un jeu entre le secret et sa révélation.
20Que Sakpata montre ce qui doit rester caché explicite également l’insolence
des sakpatasï. Nombreux sont les auteurs qui ont noté que les chants des sakpatasì étaient souvent
satiriques et contenaient des parties improvisées au gré des circonstances où les adeptes se gaussent
des personnes qui assistent à leurs danses. Pierre Verger en fit l’expérience qui note un chant où
les sakpatasì se moquent de lui en disant :
quand on vient dans un pays il faut savoir en parler la langue ; cela il ne sait faire mais pourtant il est
curieux de regarder.
(Verger, 1957 : 244)
21Les sakpatasì sont aussi connus pour insérer dans leurs danses des séquences où certains d’entre
eux, habillés de haillons et marchant à croupetons, exécutent des cabrioles et se roulent par terre en
s’aspergeant de poussière. Ce fait, que j’ai observé à Savalou au cours des cérémonies annuelles, est
également décrit, à Abomey, par Claude Savary qui commente ainsi cette scène :
Ils [les danseurs] démontrent ainsi que le vodu Sakpata est la divinité de la terre, image de la fécondité
parce que c’est de la terre que les hommes tirent leur nourriture, mais aussi image de la mort puisque c’est
là que retournent les hommes après leur mort.
(Savary, 1976 : 182).
22La scène que j’ai observée avait un caractère grotesque, les gesticulations des danseurs faisaient
rire l’assistance, et plutôt que l’évocation d’une terre déifiée, je serais tentée de voir dans ces danses
un rappel caricatural de la prosternation dans la poussière que devait exécuter toute personne mise en
présence du roi, car, au-delà de l’insolence, Sakpata et ses adeptes n’hésitent pas à dénoncer l’inanité
du pouvoir. Le chant déjà cité, relevé par Pierre Verger à l’époque coloniale, raconte que des officiels
sont venus accompagnés d’Européens et continue ainsi :
Nous avons cru que le gouvernement allait nous dire des paroles importantes. C’était en vain, les blancs ont
eu plaisir à nous regarder et nous photographier. (Verger, 1957 :244)
23A Savalou, les personnes qui assistent aux fêtes vodun annuelles ont le droit de photographier ou
de filmer les danses si elles ont acheté un « permis » (coûteux) vendu par le roi, qui est toujours
considéré comme le chef suprême de tous les vodun de la ville. Néanmoins les sakpatasï, méprisant la
permission royale, s’opposent à ce qu’on les photographie et se moquent de l’assistance en braquant
sur elle une petite boite en carton pour singer un photographe. Un conte du Fa recueilli à Savalou
rapporte :
Gu était avec son enfant dans une maison au bord de la route. Il y avait aussi Sakpata qui s’était levé pour
faire un voyage avec tous ses enfants. En cours de route, comme la pluie menaçait, Sakpata et ses enfants,
arrivés au niveau de la maison de Gu, lui demandent l’autorisation d’entrer et de s’abriter jusqu’à la fin de
l’ondée. Ensuite Sakpata s’adresse à Gu en lui disant : Merci beaucoup, si ce n’était toi, la pluie m’aurait
mouillé, moi et mes enfants. Gu lui répond : C’est ce que j’ai fait là qui fera que demain je ne vais plus
vivre. Sakpata lui demande : Qu’est-ce que tu as fait ? Gu répond que Mɛtɔlofi [le roi dans les contes du Fa]
a interdit de construire des maisons pour s’abriter, qu’il est convoqué pour être jugé et que s’il ne trouve
pas une cachette, demain, huit heures ne passeront pas sans qu’on vienne le chercher pour le tuer. Sakpata
lui répond qu’il va rester avec lui et que demain il l’accompagnera à son procès. A huit heures ils se sont
présentés, il y avait une grande foule. Certains membres de la famille royale disaient qu’il faut creuser un
grand trou et y enterrer Gu car il n’a pas respecté la loi. D’autres disaient : On doit allumer un feu et le
mettre dedans. Mɛtɔlofi se lève et dit : Celui qui a dit que l’on doit allumer un feu et mettre Gu dedans a
bien parlé, c’est ce qu’on doit faire, car, moi, j’ai fait la loi et Gu ne l’a pas respectée. Qu’on aille chercher du
bois ! Quand Mɛtɔlofi a dit ça, tout le monde a applaudi. Alors Sakpata s’est levé et a dit : Qu’est-ce que Gu
a fait pour qu’on doive le brûler ? Quelqu’un répond : Le roi a interdit de construire pour s’abriter et Gu l’a
fait ! Sakpata demande si le roi reste dans une maison, la même personne répond : Oui, c’est Mawu qui lui a
donné ce droit. Alors Sakpata dit : Est-ce que le roi a deux têtes pour rester dans une chambre quand les
autres sont obligés de rester au soleil ? Quelles formalités faut-il donc remplir pour avoir le droit de
s’abriter ? Que personne ne touche à Gu ! Le roi est responsable de son royaume, mais moi je suis
responsable de tous les vodun ! Alors Sakpata demande à Gu de se lever et de se placer devant lui, c’est à
partir de là que tout le monde a commencé à construire des maisons pour rester dedans. C’est le bien que
Sakpata a fait.
24Sakpata montre que le roi est nu, et révèle le pouvoir dans son arbitraire comme il peut rendre la
terre stérile en exposant à la vue le mécanisme secret de sa fertilité. En ce sens Sakpata a bien un
lien avec la terre, mais pas celui que nombre d’anthropologues du Dahomey crurent y voir.
18 Il est avéré que les anciens Dahoméens connaissaient la variolisation, technique qu’ils avaient peu (...)
25Les plus fervents défenseurs de la thèse d’un Sakpata dieu de la terre prétendent généralement que
la variole n’est qu’une attribution seconde de cette divinité alors qu’elle est pourtant la seule à être
rapportée dans les sources anciennes et la seule qui subsiste dans les Amériques où les esclaves ont
apporté ce dieu. Et elle n’a rien perdu de sa pertinence. Quand en 1980. l’O.M.S déclarait la variole
éradiquée et suspendait la vaccination antivariolique à l’échelle mondiale, nombreux furent dans le
milieu médical béninois ceux qui s’inquiétèrent du pouvoir que les adeptes de Sakpata retrouvaient en
devenant les seuls détenteurs de la souche du virus 18. Malgré l’appellation de « maître de la terre »
qu’on lui décerne pour ne pas l’irriter. Sakpata ne peut être effectivement considéré comme tel que
dans les villages où le lignage réputé fondateur le compte parmi ses divinités claniques et a réussi à
imposer le culte de ses propres divinités au reste de la population. Les nombreuses contradictions ou
interrogations que suscite l’observation des rituels qui lui sont consacrés ne se résolvent ni en faisant
de Sakpata le dieu de la terre, ni d’ailleurs en le faisant uniquement celui de la variole. Par contre si,
en suivant la démonstration de Buckley, on admet que Sakpata, comme le Shopono yoruba, est le
dieu qui lorsqu’on l’irrite révèle les secrets et la face cachée des choses, la variole et la stérilité de la
terre deviennent deux aspects d’une même structure fondée sur une théorie des couleurs.
Shango
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du vaudouCarte
*
Shango est l'orishá (divinités originaires d'Afrique de l'Ouest) de la justice, de la foudre, du
tonnerre et du feu. Il était le roi de la ville d'Oió (ville d'Afrique de l'ouest) car il peut être
peut être décrit sous deux aspects : historique et divin.
Shango
Shango est vénéré à Santería sous le nom de "Changó". Comme dans la religion yoruba,
Changó est le dieu le plus redouté de la Santería.
En Haïti, il est de rite "Nago", et il est connu sous le nom d'Ogou Chango.
Candomblé
Shango est connu sous le nom de Xangô dans le panthéon candomblé. On dit qu'il est le fils
d'Oranyan, et qu'il a trois épouses : Oya, Oshun et Oba, comme dans la tradition Yoruba.
Xangô a pris une grande importance parmi les esclaves au Brésil pour ses qualités de force, de
résistance et d'agressivité. Il est considéré comme le dieu de la foudre et du tonnerre. Il est
devenu le patron orisha des plantations et de nombreux terreiros (lieux de culte) candomblés.
Xangô apprécie les couleurs rouges et blanches ; il aime le gombo, la viande de mouton et les
tortues; il est représenté avec une hache à double tranchant coiffé d'une couronne en laiton.
Dans la santeria cubaine, il est assimilé dans la religion catholique à Sainte Barbe mais au
Brésil, il est associé à Saint Jean-Baptiste ou Saint Jérôme.
❖ Memento
Rite Nago
Genre Masculin
Epouses Oya, Oshun, ,Oba,
Sainte catholique Ste Barbe
Fête Vendredi
Offrandes
Couleurs rouge et blanc
Oya
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*
Dans la mythologie Yoruba, Oya, après avoir été l'épouse d'Ogun, devint celle de Shango.
On la dit originaire du pays Tapa ou Nupé, et lorsque Shango entra sous terre à Ikoso, elle en
fit de même à Ira, devenant la divinité des tempêtes et du fleuve Niger.
Oya
Des cornes de buffle sont posées sur son autel. Une légende connue et en Afrique et au
Nouveau Monde en explique la présence : « Un chasseur étant à l'affût vit un buffle
s'approcher. Il s'apprêtait à le tuer lorsqu'il vit l'animal se dépouiller de sa peau et de ses
cornes et se transformer en une très belle femme. C'était Oya. Elle dissimula sa peau dans un
fourré et se rendit au marché de la ville voisine.
Le chasseur s'empara de la peau et la cacha dans son grenier, puis, allant au marché et
rencontrant la belle, il lui demanda de l'épouser. Celle-ci refusa, mais plus tard, ne retrouvant
plus sa peau, fut bien forcée d'accepter sa proposition. Elle avait cependant posé comme
condition au chasseur que la discrétion la plus absolue devait être observée par lui au sujet de
son origine animale.
Plus tard, les autres femmes de cet homme devinrent jalouses d'Oya. Elles réussirent à faire
boire leur mari et à lui faire révéler le secret. Se livrant aux soins du ménage, elles chantèrent
"fais la belle, mange et bois, mais nous savons que ta peau est dans le grenier". Ainsi
prévenue, Oya put se transformer de nouveau en buffle et tua à coups de cornes ses anciennes
rivales. Elle se dirigea ensuite vers les champs avec l'intention de tuer son ancien mari, mais
celui-ci réussit à la calmer par des offrandes d'akara, beignets de haricots, son plat favori. Oya
détacha alors ses cornes et les remit au chasseur. Lorsqu'il aurait besoin de secours, elle
viendrait aussitôt qu'il les cognerait l'une contre l'autre en l'appelant.
❖ Bibliographie
Shango
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*
Dans le panthéon Yoruba, Shango est l’orisha de la foudre et du tonnerre.
Shango
Il est étroitement associé avec les éléments naturels ; il est généralement représenté avec une
double hache, symbole de la foudre, sur la tête, six yeux, et parfois trois têtes. Son animal
familier était le bélier, dont le cri ressemble au bruit du tonnerre. Ses serviteurs étaient Afefe,
le vent et Oshumare, l'arc en ciel dont le travail est de transporter l'eau de la Terre vers le
palais de Shango au ciel. Ses épouses étaient les Orisha des fleuves Niger (Oya), Oshun
(Oshun) et Obba (ou Oba).
Selon le mythe, Shango créa le tonnerre et la foudre en lançant des pierres-tonnerre vers la
Terre. Partout où la foudre frappait, les prêtres de Shango essayaient de les retrouver car ces
pierre-tonnerre passaient pour avoir des pouvoirs spéciaux et étaient installées dans les
temples du dieu.
Dans les temps anciens Shango a régné sur la ville d'Oyo en tant que quatrième roi. On
raconte que le Shango historique était un roi puissant, tyrannique, et redouté par son peuple.
Quand il parlait du le feu et de la fumée jaillissaient de sa bouche. Shango a découvert un
charme qui permettait d’attirer la foudre et c’est comme cela qu’il a involontairement détruit
son propre palais. Lors de l’incendie qui suivit, la plupart de ses femmes et de ses enfants
furent tués. Shango fut tellement accablé par leur perte qu’il est allé dans la forêt se pendre à
l’arbre « ayan », dont le bois est utilisé pour fabriquer les manches des haches et qui est si dur
qu’on ne peut le couper à coup de hache. Il a été divinisé à son décès.
Oya
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Couleurs: marron, pourpre, rouge très foncé, orange, brun, Bourgogne et cuivre.
Pierres: pierres rouges, particulièrement le grenat, et le jaspe sanguin, la tourmaline et le quartz fumé.
Nourriture: aubergine, grappe de raisins, gin, rhum, noix de coco, fruits, poissons et tout ce qui est épicé.
Herbes: camphre, stellaire, pivoine, grande aunée, flamboyant, caïnitier, yucca, cyprès.
Symboles: masques, épées, fouets, monnaie, balais, instruments à vent, tout ce qui est associé au vent,
tissus aux couleurs vives, cornes de buffle, tout objet en cuivre.