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Curriculum mixte Bachibac

Manuel d’histoire de France et d’Espagne

Jean-Bastien Urfels
TABLE DES MATIÈRES

Les chapitres au programme de l’épreuve externe sont marqués d’un astérisque.

Chapitre 1. Les racines historiques de l’Espagne.


I. Le peuplement de la péninsule ibérique.
II. La romanisation.
III. Le royaume wisigoth.
IV. Al-Andalus.
V. La formation des premiers royaumes chrétiens.
VI. Expansion et crise des royaumes chrétiens.

Chapitre 2. La formation de l’État moderne.


I. Les rois catholiques.
II. L’Espagne des premiers Habsbourg.
III. Conquête et exploitation de l’Amérique.
IV. La crise de l’empire espagnol au XVIIº siècle.

Chapitre 3. Affirmation et crise de l’absolutisme monarchique.


I. La mise en place de la monarchie absolue sous les Bourbons.
II. Le réformisme sous Charles III.
III. La crise de la monarchie d’Ancien Régime.
IV. La guerre d’indépendance et la première expérience libérale.
V. Ferdinand VII et l’impossible restauration monarchique.

CONTEXTUALISATION : l’Europe au XIXº siècle.

Chapitre 4. La France à la recherche d’un régime stable*.


I. La Seconde République.
II. Le Second Empire.
III. Les débuts de la Troisième République.

Chapitre 5. La difficile marche de l’Espagne vers le libéralisme*.


I. La construction de l’État libéral.
II. Le Sexennat démocratique.
III. Les débuts de la Restauration monarchique.
CONTEXTUALISATION : l’Europe dans la première moitié du XXº siècle.

Chapitre 6. La France sous la Troisième République*.


I. L’enracinement de la Troisième République.
II. La Troisième République face à la crise des années 1930.

Chapitre 7. Les tensions politiques en Espagne*.


I. La crise du système de la Restauration.
II. La dictature de Primo de Rivera.
III. La Seconde République.

Chapitre 8. La France pendant la Seconde guerre mondiale*.


I. Le régime de Vichy.
II. La France libre et la Résistance.
III. La France et les Français pendant la guerre.

Chapitre 9. La guerre civile espagnole*.


I. Les étapes de la guerre civile.
II. L’Espagne pendant la guerre.
III. Les Espagnols pendant la guerre.

CONTEXTUALISATION : le monde à partir de 1945.

Chapitre 10. La vie politique en France depuis 1945*.


I. La Quatrième République.
II. La Cinquième République.

Chapitre 11. La vie politique en Espagne depuis 1939*.


I. Le Franquisme.
II. La Transition démocratique.
III. L’Espagne en démocratie.

Chapitre 12. Économie, société et culture en France et en Espagne depuis 1’après-


guerre*.
I. Les transformations économiques, sociales et culturelles en France.
II. Les transformations économiques, sociales et culturelles en Espagne.

Chapitre 13. La France et l’Espagne, en Europe et dans le monde*.


I. La France en Europe et dans le monde.
II. L’Espagne en Europe et dans le monde.
Programmes officiels

(B.O.E 191du 7/08/2010)

Bloc 1 : Histoire de l’Espagne jusqu’à la fin du XVIIIº s.

Bloc 2 : Histoire du monde contemporain du XIXº s. à nos jours.

Bloc 3 : Histoire d’Espagne et de France du milieu du XIXº s. à nos


jours.

Bloc 4 : Géographie d’Europe, de France et d’Espagne (optionnel).


Présentation des épreuves externes d’histoire

1. Le commentaire de documents (/5 points) :

 Définition : le commentaire de documents vise à démontrer la compréhension


d’un document textuel et/ou graphique par une série de réponses et la
rédaction d’une brève argumentation.

 Durée de l’épreuve : 2 heures.

 Structure de l’épreuve : deux options au choix avec trois questions :

1. Présentation du document et de son idée principale (1 point).


2. Explication du contexte historique du document (1,5 points).
3. Rédaction d’une réponse argumentée (2,5 points).

2. La rédaction (/5 points) :

 Définition : la rédaction est une réponse argumentée et organisée à un sujet, en


fonction d’une problématique.

 Durée de l’épreuve : 2 heures.

 Structure de l’épreuve : deux options au choix avec une chronologie


indicative pour chaque sujet.

Pour accéder aux conseils méthodologiques et consulter des exemples de sujets :

http://odissea.xtec.cat/course/view.php?id=11301
CHAPITRE 1 :
Les racines historiques de l’Espagne

Problématique :
quelles sont les origines historiques de l’Espagne ?

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I. Le peuplement de la Péninsule ibérique.

Comment la Péninsule ibérique a-t-elle été peuplée par les Hommes ?

 Préhistoire : entre l’apparition de l’Homme (entre 3 et 2 millions d’années av.


J.-C.) et les premiers documents écrits. Date de fin donc variable.
 Protohistoire : période correspondant à l’âge des métaux où des changements
sociaux transforment les sociétés humaines, sans encore d’accès à l’écriture.
 Paléolithique : âge de la pierre taillée.
 Néolithique : âge de la pierre polie.
 Âge des métaux : cuivre, puis bronze et fer.

1. Le Paléolithique dans la Péninsule.

 L’arrivée des premiers hommes dans la Péninsule :

 environ 800 000 ans, en provenance d’Afrique ;


 les plus anciens restes d’hominidés retrouvés à Atapuerca (Burgos).

 Mode de vie :

 nomadisme : chasse, pêche et cueillette ;


 petits groupes sans hiérarchie sociale marquée.

 Principales étapes :

 outillage abondant du Paléolithique Moyen (90000-35000 av. J.-C.) ;


 nouveaux matériaux (os), arts mobilier et rupestre au Paléolithique
Inférieur (35000-5000 av. J.-C.).

2. Le Néolithique dans la Péninsule.

 Les premières communautés néolithiques vers 5000 av. J.-C. ;

 caractéristiques : sédentarisme, agriculture, premières communautés ;


 deux phases :
• localisation sur la côte méditerranéenne (Valence), dans des
grottes, céramique cardiale ;
• entre 4000 et 3000 av. J.-C., installation dans les plaines fertiles,
constitution de villages et de nécropoles.

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3. Les sociétés à l’âge de la métallurgie (à partir de 3000-2000 av. J.-C.).

 Âge du cuivre :

 mégalithisme, villages fortifiés ;


 outils et armes en cuivre, vases campaniformes.

 Âge du bronze, vers 1700 av. J.-C. :

 murailles cyclopéennes et mégalithes ;


 extension de l’urbanisation.

 Âge du fer, vers 1100 av. J.-C. :

 arrivée de peuples colonisateurs ;


 développement de l’usage du fer et de l’écriture.

4. Les peuples colonisateurs.

 A partir de 1200-1100 av. J.-C., quatre vagues de colonisation :

 vagues d’indoeuropéens d’Europe centrale qui s’installent au Nord :


culture du fer, agriculture et élevage ;
 vers la même date : Phéniciens sur la côte méditerranéenne où ils
fondent des colonies, comme Gadir (Cadix) ;
 vers le VIIIº s. av. J.-C. : arrivée des Grecs qui fondent leurs colonies,
comme Emporion (Girona) et Mainake (Málaga) ;
 vers le VIº-Vº s. : arrivée des Carthaginois qui prennent le relais des
Phéniciens et fondent Ebusus (Ibiza) et Carthago Nova (Carthagène).

 Caractéristiques de cette colonisation :

 causes : attrait pour les ressources en métaux de la Péninsule ;


 effets : vagues de colons qui stimulent le commerce, l’artisanat et
favorisent l’émergence d’une culture originale : TARTESSOS
(jusqu’au VIº s. av. J.-C.).

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II. La romanisation.

Quelles sont les causes, étapes et conséquences de l’intégration de la Péninsule


à l’Empire romain ?

1. Les peuples de la Péninsule avant la conquête.

 les Ibères (littoral méditerranéen et sud) : agriculture (céréales, vigne, olivier),


métallurgie, artisanat, commerce, et société organisée en tribus.

 les Celtes (intérieur) : agriculture (céréales), élevage, artisanat et métallurgie,


organisation tribale.

2. La conquête romaine (218-19 av. J.-C.).

 218-197 av. J.-C. : les Romains conquièrent le littoral méditerranéen et le sud,


à l’occasion de la Seconde guerre punique.

 197-133 av. J.-C. : conquête de l’intérieur et soumission des Celtibères ;

 29 -19 av. J.-C. : conquête de la zone cantabrique.

3. La romanisation.

 Organisation du territoire :

 division en provinces reliées à l’Empire par les voies romaines ;


 essor de villes : centres économiques, politiques et religieux, construites
selon un même plan.

 Changements sociaux, culturels et économiques :

 structure sociale :
• hiérarchisée : hommes libres (aristocratie/bourgeoisie/plèbe) et
esclaves ;
• élite intégrée à l’Empire : lettrés (Sénèque) et empereurs,
(Trajan, Adrien ou Théodose) ;
 économie diversifiée : agriculture (villae), élevage, artisanat et
commerce exportant vers Rome ;
 culture et organisation juridique commune : latin, droit romain,
polythéisme puis christianisme, citoyenneté (édit de Caracalla, 212).

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III. Le royaume wisigoth (507-711).

Comment les Wisigoths parviennent-ils à contrôler et à gouverner la Péninsule ibérique


à partir de la chute de Rome ?

1. La crise de l’Espagne romaine.

 Comme de nombreuses parties de l’Empire, la Péninsule ibérique subit à partir


du IIIº siècle une crise :

• économique : moins de rentrées fiscales pour l’Etat (diffusion de la


citoyenneté romaine), renchérissement de la main-d’œuvre esclave, crise
du commerce (donc des villes) et ruralisation ;
• politique : forte instabilité et affaiblissement du pouvoir impérial, prise
progressive du pouvoir par les autorités locales, premières incursions
barbares (Francs et Alamans).

 Affaiblie, la Péninsule subit la pression barbare à partir du Vº siècle.

2. Les Wisigoths.

 Les origines :

• peuple germanique dont l’origine exacte est inconnue mais qui


s’installent à l’embouchure du Danube au IVº siècle ;
• ils se déplacent ensuite vers l’ouest, nouant des relations avec Rome
qu’ils pillent en 410, conduits par Alaric.

 Après le sac de Rome, ils continuent à travers la Gaule en direction de la


Péninsule ibérique.

3. La formation du royaume wisigoth.

 Les Wisigoths sont envoyés par Rome dans la Péninsule ibérique pour contrer
les autres barbares (Suèves, Alains, Vandales) :

 418 : traité avec Rome reconnaissant leurs possessions en Aquitaine ;


 476 (chute de Rome) : ils contrôlent un royaume de la Loire au Tage ;
 507 (après la défaite de Vouillé) : ils se replient sur la Péninsule avec
Tolède comme capitale.

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 L’unification de la Péninsule :

 territoriale et politique :
• Léovigild (572-586) et Récarède (586-601) chassent les
Byzantins ;
• monarchie héréditaire et institutions stables (Aula Regia et
Conciles de Tolède)
 sociale et culturelle :
• fusion entre élites wisigothes et hispano-romaines ;
• conversion au catholicisme pour garantir l’unité religieuse ;
• unification du droit avec le Liber Iudiciorum (VIIº siècle).

4. L’organisation sociale du royaume wisigoth.

 Décadence du cadre romain :

 déclin des villes ;


 abandon de certaines voies romaines ;
 ruralisation de l’économie.

 La naissance d’une société pré-féodale :

 concentration de la propriété entre les mains des envahisseurs et des


aristocrates au service du roi ;
 naissance d’une paysannerie dépendante : le servage.

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IV. Al-Andalus (711-1492).

Quelles sont les causes, les étapes et les conséquences de la présence musulmane
dans la Péninsule ibérique ?

1. La conquête musulmane (711-732).

 La situation du royaume wisigoth facilite la conquête :

 divisions internes et luttes pour le pouvoir ;


 répression religieuse qui prive les Wisigoths de certains soutiens,
comme les Juifs.

 La pression musulmane :

 après la mort de Mahomet les califes lancent une série de conquêtes ;


 les Omeyyades au pouvoir depuis 661 fondent un califat à Damas ;
 les troupes arabes conquièrent le nord de l’Afrique peuplé de Berbères
qu’ils islamisent ;
 aidés par le gouverneur byzantin de Ceuta, les guerriers de Tarik ibn
Zihâd entreprennent la conquête du royaume wisigoth.

 Les étapes de la conquête :

 711 : défaite du roi wisigoth Roderic ;


 716-719 : la conquête est poussée aux Pyrénées (prise de Barcelone) ;
 732 : l’avance musulmane est stoppée à Poitiers ;
 759 : les musulmans sont chassés de Narbonne par les Francs.

2. Les étapes de l’histoire politique d’Al-Andalus.

 De l’émirat à la chute du califat de Cordoue :

 714-756 : Al-Andalus est un émirat dépendant du califat omeyyade de


Damas ;
 756-929 : Abd el Rahman (héritier Omeyyade) forme un émirat
indépendant ;
 929-1031 : le califat de Cordoue est formé par Adb el Rahman III ;
 1031-1086 : effondrement du califat divisé en Taifas.

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 Les empires berbères :

 1086-1147 : les Almoravides réunifient Al Andalus ;


 1147-1212 : les Almohades conquièrent le territoire almoravide.

 De la chute des Almohades à la fin de la présence musulmane :

 1212-1238 : de nouvelles Taifas sont formées après la chute des


Almohades vaincus à Las Navas de Tolosa ;
 1238-1492 : fondé par Mohamed ben Nasr, le royaume de Grenade
maintient une présence musulmane dans le sud de la Péninsule.

3. Une civilisation brillante.

 Le décollage économique :

 agriculture prospère : irrigation, horticulture, cultures industrielles (lin,


coton) ;
 riche civilisation urbaine : essor du commerce et de l’artisanat,
économie monétarisée, villes dynamique (500 000 habitants à Cordoue).

 La richesse culturelle :

 développement intellectuel et scientifique : médecine, astronomie,


mathématiques, histoire et géographie, philosophie (Averroès) ;
 apogée architectural (Alhambra, Cordoue);
 une société pluriculturelle :
• descendants d’Arabes ;
• Berbères ;
• esclaves et soldats d’Afrique noire ;
• minorités ayant le statut de dhimmi : Mozarabes, Juifs.

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V. La formation des premiers royaumes chrétiens (VIIIº-XIIº s.).

Comment les premiers royaumes chrétiens de la Péninsule


sont-ils nés et se sont-ils développés ?

1. Création et consolidation des royaumes chrétiens.

 Le royaume asturo-léonais :

 origine : résistance aux musulmans dans la région


cantabrique (victoire de Covadonga par Pélage en 722).
 étapes marquantes :
• 739-842 : Alfonse 1er et Alphonse II créent le royaume des
Asturies et refusent la soumission à l’Emirat de Cordoue ;
• milieu IXº s.-début Xº s. : le royaume progresse vers le
Duero, change sa capitale et devient le royaume de León ;
• 2º moitié du Xº s. : le comté de Castille devient indépendant.

 Les comtés pyrénéens :

 origine : territoires créés par Charlemagne pour protéger son empire


(Marche) divisés en comtés dépendants ;
 étapes marquantes :
• début IXº s. : les comtés aragonais et navarrais (Royaume
de Pampelune) deviennent indépendants ;
• fin Xº s. : Borrell II rend indépendant le comté de Barcelone
et les comtés catalans.

 La formation des principaux royaumes :

 l’héritage de Sanche III, roi de Pampelone (1000-1035) :


• formation des royaumes d’Aragon, Castille et Navarre ;
• 1128 : le Portugal est détaché de la Castille ;
• 1230 : formation de la couronne de Castille-León ;
 1137 : par une union dynastique, Ramón Bérenguer IV fonde la
couronne d’Aragon :
• royaume d’Aragon ;
• comtés catalans ;
• territoires occitans et provençaux jusqu’à la défaite de
Muret (1213).

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2. L’expansion territoriale vers le sud.

 A partir de la décomposition du Califat de Cordoue en Taifas (1031) : pression


croissante sur les territoires musulmans :

 système de Parias imposé aux territoires musulmans ;


 conquête progressive :
• Castille : Tolède (1085) ;
• Aragon : Saragosse (1118) ;
• Portugal : Lisbonne (1147) ;
• Comté de Barcelone : Tortose (1148) et Lleida (1149).

 Reconquête accompagnée par un repeuplement :

 création de communautés paysannes auxquelles sont octroyées des


chartes de franchise ;
 maintien de communautés musulmanes mais avec un statut particulier :
les mudéjars.

3. L’économie et la société.

 Economie essentiellement rurale :

 fondée sur l’agriculture et l’élevage (Mesta en Castille-León) ;


 échange locaux et limités, sauf sur le Chemin de Saint-Jacques.

 Un régime féodal hétérogène :

 en Aragon : féodalisme plus fort, avec un contrôle plus étroit sur les
communautés paysannes ;
 en Castille : paysannerie plus libre et dépendant plus directement de la
couronne.

 Le décollage urbain :

 touche surtout l’Aragon, notamment la Catalogne ;


 économie monétarisée, échanges ville-campagne et essor du commerce
et de l’artisanat.

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VI. Expansion et crise des royaumes chrétiens (XIIIº-XVº s.).

Pourquoi les royaumes chrétiens sont-ils entrés en crise


après une longue phase d’essor ?

1. L’expansion territoriale.

 Le XIIIº s. marque une accélération décisive de la Reconquista :

 Portugal : poussée vers le sud et conquête de l’Algarve ;


 Castille : conquête de l’Andalousie (Cordoue en 1236, Jaén en 1246 et
Séville en 1248) et vassalisation du royaume de Grenade ;
 Aragon : conquête de Majorque (1231), Valence et expansion
méditerranéenne jusqu’en Grèce.

 La poursuite du repeuplement :

 en Castille : la Manche, Murcie, l’Estrémadure et l’Andalousie sont


repeuplées sous l’emprise de la noblesse et des ordres militaires ;
 vallée de l’Ebre et Valence : maintien d’une forte population musulmane,
les Mudéjars ;
 certains musulmans se convertissent pour rester : les Morisques.

2. Différents systèmes politiques.

 Trois institutions forment la base du gouvernement de tous les royaumes


chrétiens :

 la monarchie ;
 les Cortes : assemblées périodiques formées par les trois ordres ou bras.
 les Communes, dotées d’une certaine autonomie et gouvernées par des
conseils.

 Chaque couronne a un modèle politique différent :

 la Castille est la plus centralisée :


• Cortes consultatives et limitées au vote des impôts ;
• pouvoirs étendus du roi ;
• corregidores dans les communes ;
 en Aragon, décentralisation et hétérogénéité :
• pactisme entre le roi et les Cortès de chaque royaume ;
• féodalisme plus fort ;
• villes plus autonomes : Conseil des Cent à Barcelone.

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3. Les crises du XIVº siècle.

 La crise démographique et économique :

 mauvaises récoltes, malnutrition, et épidémies (Peste Noire) dans la


première moitié du XIVº s. ;
 forte diminution de la population : - 40% dans la Couronne d’Aragon
(XIVº-XVº s.), - 25% en Castille ;
 effets économiques :
• déclin agricole (abandon de terres) : hausse des prix, baisse des
rentes féodales et forte pression seigneuriale ;
• déclin du commerce et de l’artisanat.

 La crise sociale :

 révoltes antiseigneuriales (remensas de Catalogne, irmandiños de


Castille) ;
 persécution des minorités religieuses urbaines : émeutes antijuives
d’Andalousie en 1431.

 La crise politique :

 Castille : guerre civile entre partisans du pouvoir royal et haute


noblesse aboutissant à l’arrivée au pouvoir des Trastamare en 1369 ;
 Navarre : guerre civile (1447-1512) au sein de la famille royale ;
 Aragon : crise de succession et arrivée au pouvoir d’un Trastamare en
1412 après le compromis de Caspe ;
 Catalogne : guerre civile opposant la monarchie aux élites locales.

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CHAPITRE 2 :
La formation de l’État moderne

Problématique :
comment l’État moderne espagnol a-t-il peu à peu été créé ?

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I. Les rois catholiques.

Comment l’Etat espagnol est-il né sous l’impulsion des rois catholiques ?

1. L’unité territoriale.

 En 1469 le mariage de Ferdinand (Aragon) et Isabelle (Castille) donne


naissance à une union dynastique :

 chaque territoire conserve son organisation politico-juridique ;


 l’union des différents peuples est dénommée Espagne.

 Cette union dynastique est complétée par une série de conquêtes :

 1492 : royaume de Grenade (Castille) et exploration de l’Amérique ;


 1493 : Roussillon et Cerdagne (Aragon) ;
 1496 : occupation définitive des Canaries (Castille) ;
 1497-1509 : Afrique du Nord (Castille) ;
 1504 : reprise du contrôle de Naples (Aragon) ;
 1515 : Navarre.

 Série de mariages politiques des filles des Rois catholiques en Europe :

 Jeanne avec le fils de l’Empereur du SERG ;


 Catherine avec le futur Henri VIII d’Angleterre ;
 Isabelle et Marie avec le roi du Portugal.

2. L’unité politique et religieuse.

 La soumission politique de la noblesse et du clergé :

 victoire militaire en Castille : Toro (1476) ;


 reconnaissance et stabilisation de leurs privilèges :
• confirmation de la Mesta ;
• institution du Majorat.

 Création d’institutions au service de la monarchie :

 armée permanente ;
 diplomates, fonctionnaires (letrados) et Conseils de gouvernement ;
 représentants du roi dans la Couronne d’Aragon ;
 centralisation poussée en Castille : corregidores, Cortes affaiblies.

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 Défense de l’unité religieuse, au service de l’autorité royale :

 réactivation et renforcement du Tribunal de l’Inquisition ;


 politique de persécution des religions minoritaires :
• 31 mars 1492 : expulsion des Juifs (180 000 départs, 50 000
conversions) ;
• à partir de 1499 : mesures contre les Mudéjars, puis contre les
Morisques.

3. Une société hiérarchisée et rurale.

 Noblesse et clergé :

 privilèges (Mesta, majorats) ;


 seigneuries foncières et propriété de la majeure partie des terres
cultivées (trois quarts).

 Masse rurale et paysanne :

 majorité de paysans non-propriétaires ;


 soumis à un dur régime seigneurial sauf en Catalogne, depuis la
Sentence arbitrale de Guadalupe (1486).

 Faible population urbaine :

 seules quelques villes de plus de 30 000 habitants (Séville, Barcelone,


Valence) ;
 organisation du travail commercial et artisanal contrôlée par les
corporations (gremios).

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II. L’Espagne des premiers Habsbourg (1516-1598).

Dans quelle mesure l’Espagne connaît-elle son apogée au XVIº s. ?

1. Le rêve impérial de Charles Quint (1516-1556).

1.1. Charles, roi et empereur.

 Le difficile accès au trône d’Espagne :

 1516 : après la mort de son père Philippe et la maladie de sa mère


Jeanne, Charles, élevé en Flandres, devient Charles 1er roi d’Espagne ;
 il hérite de ses grands parents : les couronnes d’Aragon et Castille ;
 mais son arrivée en Espagne avec sa cour bourguignonne et flamande
provoque une vague de mécontentement et conduit à deux révoltes :
• les Comunidades en Castille (1520-1522) ;
• les Germanías en Aragon, (1519-1521).

 Charles 1er devient Charles Quint, empereur germanique :

 1519 : son grand-père Maximilien de Habsbourg meurt ;


 1520 : Charles est élu par les princes électeurs Empereur du SERG.

1.2. Le projet impérial

 Son objectif est maintenir la puissance et l’unité de l’Empire :

 face à la menace politique : autres nations concurrentes, comme la


France (guerres pour le contrôle du Milanais contre François 1er) ;
 face à une double menace religieuse :
• interne : le protestantisme (Diète de Worms en 1521, série de
batailles et finalement Paix d’Augsbourg en 1555) ;
• extérieure : l’Islam (expéditions contre Tunis en 1535 et Alger
en 1541).

 Un bilan mitigé:

 fracture en Europe et dans le Saint-Empire catholiques/ protestants ;


 abdication de Charles en 1555 et division de son Empire en deux :
• possessions hispaniques et bourguignonnes : son fils Philippe ;
• possessions Habsbourg : son frère Ferdinand.

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2. Philippe II et la consolidation de la monarchie (1556-1598).

 Le renforcement de l’autoritarisme monarchique :

 unité du territoire et de l’Etat :


• capitale fixe (Madrid),
• poursuite de la réforme de l’administration initiée par les Rois
catholiques ;
 affirmation de la primauté du pouvoir royal, y compris sur les territoires
les moins centralisés (affaire Antonio Pérez en 1591 en Aragon) ;
 lutte contre les séparatismes (révolte des Pays-Bas initiée en 1566).

 défense du catholicisme :

 interne : répression de la révolte des Morisques de Grenade en 1568 ;


 externe : arrêt de l’expansion ottomane en Méditerranée (Lépante en
1571).

 défense de la suprématie espagnole face aux puissances concurrentes :

 contre la France : victoire de Saint Quentin en 1557 ;


 contre l’Angleterre : désastre de l’Invincible Armada en 1588.

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III. La conquête et l’exploitation de l’Amérique.

Comment l’Amérique a-t-elle été découverte, conquise et exploitée par les Espagnols ?

1. La « découverte » de l’Amérique.

 Contexte :

 lutte Espagne/Portugal pour ouvrir de nouvelles routes commerciales


maritimes vers l’Asie ;
 avance du Portugal notamment sur la route via le sud de l’Afrique ;
 projet de Colomb pour ouvrir une route vers l’Ouest.

 La découverte des Antilles :

 12 octobre 1492 : arrivée de l’expédition de Colomb dans les Caraïbes ;


 trois autres expéditions pour explorer les Antilles et rejoindre le
continent ;
 1511 : contrôle définitif des Antilles, peu lucratives pour la Couronne,
mais ouvrant des perspectives d’exploration.

2. Les étapes de la conquête après le Traité de Tordesillas (1494).

 Expédition d’Hernán Cortés (1518) :

 partie de Cuba, permet la conquête de l’Empire Aztèque ;


 ses collaborateurs poursuivent et conquièrent l’Amérique centrale.

 Expédition de Francisco Pizarro (1531) :

 partie de Panama à la conquête de l’Empire Inca ;


 la zone andine tombe sous la domination espagnole (Cuzco en 1533).

 Une série d’expéditions complémentaires :

 Cabeza de Vaca : Californie, Texas, Floride ;


 Orellana : Amazonie ;
 Almagro et Valdivia : Chili ;
 Pedro de Mendoza : Argentine.

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3. L’exploitation : le système colonial et son impact économique.

 La division territoriale, sur le modèle castillan :

 Vice-royautés : Nouvelle-Espagne et Pérou ;


 Division de chaque vice-royauté en gouvernements.

 L’exploitation coloniale :

 monopole commercial et quinto real sur l’or et l’argent ;


 exploitation des terres par le biais d’encomiendas ;
 exploitation des mines par le biais de la mita.

 Les tentatives de contrôle par le pouvoir royal :

 série de lois pour éviter les excès des colons et maintenir le contrôle
royal : Leyes de Burgos (1512), Leyes Nuevas de Indias (1542) ;
 mais difficile maintien de l’autorité et forte autonomie des colonies.

 Conséquences économiques :

 Incontestable essor des échanges internationaux à partir des colonies :


• échanges produits manufacturés et agricoles de
Castille/métaux précieux et produits exotiques d’Amérique ;
• affirmation du monopole de Séville (Casa de Contratación) ;
 Fort impact de l’afflux de métaux précieux :
• hausse très forte des quantités d’or et d’argent en circulation ;
• révolution des prix ;
• fuite des métaux vers l’étranger pour financer la dette publique ;
• dépenses somptuaires plutôt qu’investissements productifs.

27
IV. La crise de l’Empire espagnol au XVIIº s.

Pourquoi l’empire espagnole va-t-il décliner au XVIIº s. ?

1. La crise de la monarchie.

 Le déclin du pouvoir royal : le temps des validos.

 les rois abandonnent le pouvoir à des favoris (validos ou privados) ;


 succession de favoris de 1598 à 1700 :
• le duc de Lerma (Philippe III) : paix, mais expulsion définitive
des Morisques ;
• Olivares (Philippe IV) : échec d’un projet de centralisation sur
le modèle castillan ;
• plus grande instabilité sous Charles II.

 Le déclin de la puissance espagnole : le temps des conflits.

 les conflits extérieurs : la guerre de Trente Ans (1618-1648) ;


• double origine : reprise de la guerre religieuse dans le SERG et
lutte contre la domination Habsbourg en Europe ;
• guerre européenne qui après des victoires initiales (Breda),
tourne mal pour l’Espagne (Rocroi, 1643) ;
• fin avec le traité de Westphalie (1648) et la Paix des Pyrénées
avec la France (1659) ;
 les conflits intérieurs (1640-1652) :
• révolte du Portugal : indépendance du Portugal en 1652 ;
• révolte de Catalogne : refus de la politique d’Olivares (Union
des Armes) et révolte écrasée en 1652 ;
• la guerre d’indépendance des Pays-Bas : abandon des provinces
protestantes du nord devenues Provinces Unies de Hollande.

2. La crise socio-économique.

 Causes :

 succession de guerres ;
 mauvaises récoltes dues au climat, aux guerres et à des décisions
politiques (expulsion des Morisques) ;
 épidémies.

28
 Conséquences :

 déclin démographique : de 8 à 7 millions d’habitants de 1600 à 1700 ;


 déclin économique : terres abandonnées, déclin de la Mesta, de
l’industrie et du commerce, baisse du flux de métaux précieux ;
 crise des finances publiques : banqueroutes malgré les hausses
d’impôts, les dévaluations et l’endettement croissant.

4. La crise dynastique.

 Les causes de la crise :

 1700 : mort de Charles II sans héritier direct ;


 deux prétendants :
• Philippe d’Anjou, petit-fils de Louis XIV ;
• Archiduc Charles, fils de l’Empereur d’Autriche.

 De la crise à la guerre :

 testament contesté de Charles II désignant Philippe d’Anjou ;


 déséquilibre entre les puissances qui déclenche une guerre européenne.

29
CHAPITRE 3 :
Affirmation et crise de l’absolutisme monarchique

Problématique :
comment expliquer la mise en place, le développement et
l’effondrement rapide de la monarchie absolue en Espagne ?

30
31
I. La mise en place de la monarchie absolue sous les Bourbons.

En quoi l’arrivée des Bourbons accélère-t-elle l’évolution absolutiste de la monarchie ?

1. L’absolutisme des Bourbons.

 La guerre de succession d’Espagne (1700-1714) :

 une guerre européenne :


• la France soutient la candidature de Philippe d’Anjou ;
• opposés : Autriche, Grande-Bretagne, Hollande et Portugal ;
 une guerre civile espagnole ;
• la Castille soutient (globalement) le duc d’Anjou ;
• l’Aragon soutient (globalement) Charles de Habsbourg ;
 les Traités d’Utrecht (1713) et de Rastadt (1714) terminent la guerre :
• Philippe V est reconnu roi en renonçant au trône de France ;
• l’Espagne perd des territoires (Milanais, Flandres, Sardaigne,
Naples, Gibraltar et Minorque) et son monopole commercial
avec l’Amérique.

 La mise en place de l’État absolutiste :

 extension du centralisme castillan : les décrets de Nueva Planta


suppriment les fueros et imposent des Cortes uniques ;
 réorganisation de l’administration au profit du pouvoir royal :
secrétaires d’État (ministres) et intendants ;
 réorganisation territoriale : les provinces
 réorganisation fiscale : impôts dans les territoires non-castillans visant
tous les ordres (privilégiés ou non).

2. La politique extérieure des Bourbons d’Espagne.

 Une époque de paix relative :

 permet de redresser l’Espagne : reconstitution de la flotte militaire et


commerciale ;
 efforts pour maintenir les relations avec les colonies d’Amérique.

 Les Pactes de Famille et leurs conséquences :

 série de traités signés avec la France ;


 l’Espagne est entraînée dans la Guerre de Sept Ans (1756-1763) et la
Guerre d’Indépendance américaine (1776-1783).

32
3. La société et l’économie d’Ancien Régime sous la monarchie absolue.

 Le maintien de la société d’ordres :

 maintien des ordres privilégiés qui exercent une domination forte :


• noblesse : 5% de la population, mais immenses propriétés et
maintien du cadre seigneurial ;
• clergé : 2% de la population, mais contrôle 40% des terres ;
 lentes mutations au sein du Tiers-État :
• masse de paysans soumis au régime seigneurial ;
• lent développement de la bourgeoisie limité aux villes tournées
vers le commerce.

 L’organisation de l’économie :

 une économie majoritairement rurale :


• paysans : 80% de la population ;
• majorité des terres : mainmorte et seigneuries hors du marché ;
• mauvaise répartition des terres : minifundios (Galice, Asturies)
ou latifundios (sud de la Castille, Estrémadure, Andalousie) ;
• concurrence entre cultures et élevage extensif (Mesta) ;
 faiblesse de l’artisanat et du commerce :
• production manufacturée freinée par les corporations (gremios)
et la faible demande ;
• commerce limité par les mauvaises communications et les
douanes intérieures, sauf le commerce colonial.

33
II. Le réformisme monarchique sous Charles III (1759-1788).

En quoi le règne de Charles III illustre-t-il la volonté de réformer la monarchie sur le


modèle du despotisme éclairé ?

1. Une orientation réformiste.

 Causes :

 influence et lente diffusion des Lumières et du libéralisme anglais :


salons, tertulias, sociétés économiques des amis du pays ;
 génération nouvelle de penseurs et d’hommes politiques (golillas) :
• souvent issus de la petite noblesse ou de la bourgeoisie ;
• projet de moderniser la monarchie et sortir le pays de son
retard par l’éducation et le libéralisme économique ;
 volonté de la Couronne de renforcer l’absolutisme contre ses
concurrents représentés aux Cortes : haute noblesse, aristocratie des
villes, clergé (expulsion des Jésuites en 1766).

 Mesures prises :

 économiques :
• vente de biens de mainmorte du Clergé (désamortissement,
1766) ;
• création d’entreprises d’Etat pour les monopoles (mines, tabac)
et manufactures (porcelaines du Buen Retiro) ;
• mesures de libéralisation : libre circulation de marchandises
(grains en 1765) et libéralisation du commerce colonial ;
• développement de l’agriculture : colonisation de terres (Sierra
Morena) ;
 administratives renforçant la centralisation : secrétariats d’Etat
(Guerre, Finance, Marine, etc.) devenant de véritables ministères
dirigés par des hommes d’État (Campomanes, Floridablanca, Aranda).
 éducatives : écoles des Arts et Métiers, efforts d’éducation primaire
obligatoire.

34
2. Les limites de cette politique.

 Le réformisme est limité dans ses effets :

 promotion du libéralisme limitée à l’économie pour conserver la


monarchie et la société d’ordres ;
 influence des élites éclairées limitée et contestée : développement d’un
courant anti-Lumières uni autour de la devise « Dieu, patrie et roi ! »
(affaire Olavide).

 Le réformisme entretient des déséquilibres qui vont fragiliser la monarchie :

 promotion d’une petite bourgeoisie associant peu à peu libéralisme


économique et politique ;
 certains piliers de l’Ancien régime sont fragilisés : noblesse, clergé et
oligarchies urbaines ;
 échec de la politique financière : coût des guerres (d’Indépendance
américaine contre l’Angleterre) qui aggrave le déficit public.

35
III. La crise de la monarchie d’Ancien Régime (1788-1808).

Pourquoi et comment la monarchie absolue espagnole est-elle entrée en crise ?

1. Déclin du réformisme et affaiblissement de la monarchie sous Charles IV.

 Causes de l’arrêt des réformes :

 contexte économique et social défavorable : après une relative prospérité,


la crise frappe l’Espagne à partir des années 1780 (disettes, émeutes de
la faim à Séville en 1798, épidémie de choléra en 1804) ;
 contexte politique difficile :
• effets déstabilisateurs de la Révolution française ;
• guerre contre la France révolutionnaire entre 1793-1795.

 Effets :

 Charles IV confie le pouvoir à Godoy qui perd le soutien des


réformateurs, de la Cour et des contre-révolutionnaires ;
 rapprochement avec la France à partir de 1795 qui s’avère coûteux :
• commerce maritime perturbé ;
• désastres militaires contre l’Angleterre, comme à Trafalgar ;
 situation qui impose d’augmenter les rentrées fiscales :
• endettement ;
• hausse des impôts ;
• désamortissement des biens du clergé en 1798.

2. La monarchie s’effondre face aux oppositions multiples.

 La montée des oppositions :

 aristocrates rangés derrière le prince des Asturies, Ferdinand ;


 hauts fonctionnaires réformateurs ;
 classes populaires contre Godoy et sa politique vis-à-vis de la France
(entrée des troupes de Napoléon en Espagne fin 1807).

 La crise éclate après le soulèvement d’Aranjuez, le 18 mars 1808 :

 crise dynastique ouverte entre Charles IV et son fils Ferdinand ;


 intervention de Napoléon à Bayonne :
• les deux prétendants renoncent au trône le 4 mai 1808 ;
• l’empereur confie la couronne à son frère Joseph.
• 2 mai : révolte à Madrid lançant la guerre d’indépendance.

36
IV. La guerre d’indépendance et la première expérience libérale
(1808-1814).

En quoi la lutte contre l’occupation française permet-elle la promotion


des idées libérales en Espagne ?

1. Les causes et les conséquences politiques de la lutte contre la France.

 Les motifs de la lutte : d’abord un réflexe patriotique et conservateur :

 réaction d’élites traditionnelles à l’occupation/usurpation :


• formation de Juntes locales (Oviedo, Saragosse, Séville,
Valence) ;
• organisation de bandes armées (partidas) menant la guérilla ;
 lutte menée au nom du roi, de la patrie et du catholicisme, face à un
envahisseur porteur des idées de la Révolution.

 Le glissement progressif vers le libéralisme :

 processus politique qui favorise l’apprentissage de la démocratie :


• désignation d’une Junte centrale en septembre 1808 :
gouverne au nom de Ferdinand VII ;
• convocation de Cortès extraordinaires (septembre 1810)
selon un mode nouveau : élection de députés par rapport à la
population ;
• souveraineté nationale : dès la première séance des Cortès ;
 composition des Cortès favorable aux libéraux des classes moyennes
urbaines.

 L’influence de la politique de Joseph Bonaparte :

 volonté de Napoléon et de Joseph :


• réformer l’Etat et la société espagnoles ;
• conserver certaines traditions et s’appuyer sur une élite
éclairée (afrancesados) ;
 principales mesures : Charte de Bayonne (juillet 1808), égalité
devant l’impôt, suppression de l’Inquisition et des juridictions
seigneuriales ;
 effets limités par l’hostilité populaire, la guerre et les pouvoirs
limités du nouveau souverain face aux troupes françaises.

37
2. Les Cortès de Cadix et le premier libéralisme (1810-1814).

 Œuvre majeure des Cortès : la constitution du 19 mars 1812 :

 compromis imposé par la composition des Cortès :


• députés libéraux (doceañistas) : les plus actifs et influents,
défenseurs de la souveraineté nationale, la liberté et
l’égalité (Quintana, Muñoz Torero, Argüelles) ;
• modérés : partisans d’un partage de la souveraineté entre le
roi et la nation (Alonso Cañedo) ;
• absolutistes : tentent de bloquer la Constitution, puis de la
détruire (auteurs du Manifeste des Perses en 1814 ;
 principales dispositions :
• éléments novateurs : souveraineté nationale, séparation des
pouvoirs, chambre unique, suffrage universel masculin
indirect, pouvoir royal limité, droits individuels (liberté,
égalité civile, propriété), Milice nationale ;
• éléments de tradition : veto royal, inviolabilité et caractère
sacré de la personne royale, catholicisme d’Etat.

 Les lois votées aux Cortès confirment la mise en place d’une monarchie limitée,
constitutionnelle et parlementaire, d’inspiration majoritairement libérale :

 abolition des structures d’Ancien régime : Inquisition (1813),


juridictions seigneuriales (1811), mais pas de la propriété
seigneuriale, désamortissement ;
 mesures libérales sur le plan économique et politique : liberté de la
presse (1810), suppression des corporations (1813), libertés de
cultiver, vendre, transporter.

Mais la guerre et le retour sur le trône de Ferdinand VII empêchent la réalisation


du programme des Cortès et facilitent le retour de l’absolutisme en 1814.

38
V. Ferdinand VII et l’impossible restauration absolutiste (1814-1833).

Pourquoi Ferdinand VII a-t-il échoué à restaurer pleinement la monarchie absolue ?

1. La première restauration (1814-1820).

 L’absolutisme est restauré par le coup d’Etat de 1814 de Ferdinand VII :

 trahison de Ferdinand :
• jure la Constitution de Cadix ;
• s’appuie ensuite sur les absolutistes et sa popularité (El
Deseado) pour reprendre le pouvoir absolu ;
 mesures :
• 5/05/1814 : constitution et lois libérales annulées ;
• répression féroce contre les afrancesados et les libéraux ;
 contexte favorable à la restauration :
• en Espagne : désir d’un retour à l’ordre et à la paix ;
• en Europe : défaite napoléonienne, Congrès de Vienne et
formation de la Sainte Alliance.

 L’échec de la première restauration :

 accumulation de difficultés :
• destructions matérielles liées à la guerre ;
• pertes humaines ;
• luttes pour l’indépendance dans les colonies d’Amérique ;
 conséquences :
• banqueroute d’Etat ;
• instabilité ministérielle ;
• forte agitation des libéraux, du monde rural, du commerce et
de l’industrie contre un retour à l’Ancien régime ;
• opposition du secteur libéral de l’armée : pronunciamientos,
dont celui de Riego (1er janvier 1820) qui marque un tournant.

2. L’échec du Triennat libéral (1820-1823).

 Des débuts prometteurs :

 le pronunciamiento de Riego force le régime à se libéraliser :


• les principales villes se soulèvent et forment des juntes,
réclamant le rétablissement de la constitution de 1812 ;
• le roi cède ;

39
 une importante législation libérale se met en place :
• retour aux réformes de Cadix : liberté de production,
abolition des seigneuries, des corporations, des majorats,
suppression de l’Inquisition ;
• réformes nouvelles : diminution des dîmes, impôt sur la
consommation, industrie et commerce libéralisés, Code pénal,
territoire divisé en 52 provinces et conseils municipaux élus.

 Les facteurs d’échec du Triennat libéral :

 divisions du camp libéral entre :


• modérés : compromis avec la monarchie pour assurer la
liberté individuelle et l’ordre (Martínez de la Rosa, partisan
d’un renforcement du pouvoir exécutif et du bicaméralisme) ;
• exaltés : favorables à une application intégrale des réformes
de Cadix (Evaristo San Miguel) ;
 mécontentement populaire manipulé par les absolutistes :
• paysans mécontents des dîmes monétisées, des hausses
d’impôts, de l’inefficace réforme du régime seigneurial ;
• révoltes (Catalogne, Navarre, Galice) et climat de guerre
civile entretenu par les contre-révolutionnaires ;
 opposition du pouvoir royal appuyée de l’extérieur :
• Ferdinand VII utilise tous les moyens légaux (veto) pour
bloquer les réformes et fait appel à la Sainte Alliance ;
• Congrès de Vérone (1822) : la Sainte Alliance confie à Louis
XVII l’expédition des Cent Mille Fils de Saint Louis qui
met fin par la force au triennat libéral.

3. La Décennie abominable, ou l’impasse de l’absolutisme (1823-1833).

 La tentative de restauration de l’absolutisme :

 projet des puissances de la Sainte Alliance :


• restaurer l’autorité du roi ;
• mais faire évoluer le régime vers une monarchie modérée ;
 opposition de Ferdinand VII qui relance le processus absolutiste :
• annulation de réformes libérales : Inquisition remplacée par
les Juntes de la foi (1824) ;
• répression féroce contre les libéraux : exécutions (Mariana
Pineda en 1831).

40
 Des difficultés insurmontables :

 difficultés économiques et financières :


• effondrement des ressources de l’Etat, aggravé par la perte
des colonies américaines (- 50% des rentrées fiscales) ;
• solutions envisagées :
 création d’un ministère de l’Equipement ;
 mesures pour les milieux financiers et industriels
(tarif douanier pour les manufactures catalanes) ;
 action de López Ballesteros au ministère des finances
(emprunts d’Etat, réduction des dépenses, hausse de la
pression fiscale) ;
 multiplication des oppositions :
• opposition libérale stimulée par le contexte européen (vague
révolutionnaire de 1830) : tentative de pronunciamientos,
comme ceux d’Espoz y Mina (1830) ou de Torrijos (1831) ;
• opposition des contre-révolutionnaires :
 veulent un retour intégral à l’Ancien régime,
 défense des privilèges locaux et de l’Eglise ;
 leader : le frère du roi Carlos María Isidro ;
 état insurrectionnel dans plusieurs
régions (Malcontents de Catalogne, 1827).

 La crise dynastique :

 1833 : mort de Ferdinand VII ouvrant une crise de succession ;


• partisans du prince Carlos s’appuyant sur la Loi salique ;
• partisans de la fille du roi Isabel, et de la régente María
Cristina s’appuyant sur la Pragmatique Sanction de 1830 ;
 recoupe un clivage idéologique entre :
• modernistes groupés autour de la régente : ministres
réformistes favorables à une amnistie pour les libéraux ;
• réactionnaires menés par les carlistes : lancent un
soulèvement dans le nord et en Catalogne en 1833.

41
CONTEXTUALISATION : l’Europe au XIXº siècle

I. Les révolutions libérales.

 En 1815 le Congrès de Vienne redessine la carte de l’Europe et impose le


retour à la monarchie d’Ancien Régime dans de nombreux États.
 Ce nouvel équilibre est garanti par la Sainte-Alliance qui vise à empêcher le
retour des idées révolutionnaires.
 Mais la Révolution française et les guerres napoléoniennes ont exporté
durablement les idées libérales : liberté, égalité civile, souveraineté nationale.
 Ces idées vont ressurgir sous la forme de vagues révolutionnaires :
• en 1820-23 : en Espagne ;
• en 1830 : après la révolution des Trois Glorieuses en France ;
• en 1848 : après la révolution de Février en France qui lance le
« Printemps des peuples » dans toute l’Europe.

II. Nations et nationalismes.

 L’autre héritage de l’époque révolutionnaire est l’affirmation des sentiments


nationaux (Espagne, 1808-1812).
 Dès 1830, des États deviennent indépendants, comme la Grèce et la Belgique.
 Deux projets nationaux vont surgir et se développer jusqu’en 1870-71 :
• l’unité allemande autour de la Prusse : projet impulsé par Bismarck
contre l’Autriche puis la France qui aboutit à la proclamation de l’Empire
allemand en février 1871 ;
• l’unité italienne autour du Piémont-Sardaigne : projet impulsé par
Cavour et Victor-Emmanuel II qui aboutit en 1870.

III. L’industrialisation et ses conséquences.

 Dès le milieu du XVIIIº siècle, l’industrialisation lancée en Angleterre se


répand progressivement en Europe autour du textile et de la sidérurgie :
• cette industrialisation permet de mécaniser la production, d’augmenter
la productivité et une nouvelle organisation du travail : en usine, puis
à la chaîne (début XXº siècle) ;
• les progrès techniques permettent une révolution des transports ;
• le charbon, puis le pétrole et l’électricité en sont les sources d’énergies.
 L’industrialisation entraîne des bouleversements :
• économiques : essor des échanges internationaux et du capitalisme ;
• sociaux : affirmation de la bourgeoisie et de la classe ouvrière ;
• idéologiques : le mouvement ouvrier s’organise (syndicalisme) et le
socialisme théorise les besoins d’égalité et de progrès social des classes
laborieuses.

42
43
CHAPITRE 4 :
La France à la recherche d’un régime stable
(1848-1879)

Problématique :
comment les Français ont-ils cherché à établir un consensus
politique durable ?

44
45
I. La Seconde République : 1848-1852.

Comment expliquer l’échec de la Seconde République ?

La monarchie de Juillet, mise en place après les Trois Glorieuses (1830), et dirigée
par le roi Louis-Philippe s’effondre victime d’une crise :

- économique et sociale : mauvaises récoltes (disette), misère ouvrière et


chômage depuis 1846-1847 ;
- politique : le suffrage censitaire, la répression, et la limitation du droit d’association
et de la liberté de la presse provoquent une forte opposition.

Les 22, 23, et 24 février 1848, une révolution éclate à Paris qui renverse le pouvoir.

1. La République démocratique et sociale.

 Un gouvernement provisoire est mis en place :

 dirigé par le poète Lamartine et composé de républicains modérés,


de démoc’-soc’ et de socialistes (Louis Blanc) ;
 il prend une série de mesures décisives :
• démocratiques : rétablissement des libertés publiques,
suffrage universel masculin, abolition de l’esclavage ;
• sociales : droit au travail, journée de travail limitée.

 La Commission du Luxembourg est formée :

 présidée par Louis Blanc ;


 cherche à résoudre la question sociale : les chômeurs sont employés
pour des grands travaux publics dans des Ateliers nationaux.

2. La dérive conservatrice.

 Un tournant, les élections du printemps 1848 :

 majorité : républicains conservateurs et monarchistes portés au


pouvoir par le monde rural ;
 ils changent d’orientation : suppression des ateliers nationaux ;
 les ouvriers parisiens se révoltent (juin 1848) et sont réprimés.

46
 Le régime se coupe progressivement des classes populaires révolutionnaires :

 décembre 1848 : élection présidentielle au suffrage universel ;


• Louis-Napoléon Bonaparte est élu avec le soutien des
monarchistes et des conservateurs (Parti de l’Ordre) ;
• ses proches forment le parti de l’Élysée (Morny) ;
 suffrage universel restreint par la loi du 31/05/1850 :
• portée par la majorité conservatrice à l’Assemblée (Thiers) ;
• condamnée a posteriori par Louis-Napoléon Bonaparte ;
• 1/3 de l’électorat de 1848 désormais exclu pour priver
l’extrême-gauche républicaine de ses soutiens.

3. La fin de la République.

 Le conflit entre le Président et l’Assemblée :

 Louis-Napoléon Bonaparte veut modifier la constitution pour être


élu une seconde fois ;
 refus systématique de l’Assemblée ;
 2/12/1851 : Louis-Napoléon Bonaparte lance un coup d’État ;
• répression des opposants à Paris et en province ;
• dissolution de l’Assemblée ;
• suffrage universel rétabli et annonce d’un plébiscite.

 De la République à l’Empire :

 20/12/1851 : plébiscite confiant tous les pouvoirs à Louis-Napoléon


Bonaparte pour modifier la constitution de 1848 ;
 il devient président pour dix ans, nommé « Prince-président » et
gouverne sans parlement ;
 après une campagne active et le plébiscite victorieux du 2/12/1852 :
• le Second Empire est proclamé ;
• Louis-Napoléon Bonaparte devient Napoléon III.

47
Vers l’épreuve externe.

Exercice 1. Commentaire de documents.

Option A. Gravure de Boisredon, Le vote ou le fusil, 1848, BNF, Paris.

Questions :
a) Présenter le document et indiquer l’idée principale.
b) Expliquer le contexte historique du document.
c) À partir du document proposé et de vos connaissances personnelles, rédiger en vingt
lignes environ une réponse argumentée expliquant en quoi les débuts de la Seconde
République ont permis l’extension de la démocratie et des droits sociaux.

Option B. Discours d’Adolphe Thiers en faveur de la loi adoptée le 31 mai 1850.

M. Thiers. […] Maintenant, ces hommes que nous avons exclus, sont-ce les pauvres ?
Non. Ce n’est pas le pauvre, c’est le vagabond, qui souvent, par des moyens licites ou
illicites, gagne des salaires considérables, mais qui ne vit pas dans un domicile à lui
appartenant […] ce sont ces hommes qui méritent ce titre, l’un des plus flétris de
l’histoire, entendez-vous, le titre de multitude.
[…] les vrais républicains, redoutent la multitude, la vile multitude, qui a perdu toutes
les républiques. […]
(Applaudissements et bravos répétés sur tous les bancs de la majorité.) […]
M. Thiers. […] Ce n’est pas le nom du peuple que j’ai prononcé […] ; j’ai dit c’est la
vile multitude ; ce n’est pas là le peuple, ce n’est pas le vrai peuple. […] Tant pis pour
ceux qui veulent défendre la multitude, je leur laisse cet honneur, quelque nom qu’ils
portent. […] ; ce n’est pas le peuple, le vrai peuple qui incendie les palais, les statues,
égorge à Paris, qui verse le sang… A droite. C’est vrai ! c’est vrai ! […]
M. Thiers. Le peuple, le vrai peuple, celui que nous voulons appeler dans les comices,
ce vrai peuple, il souffre des crimes de ce que j’appelle la multitude. […]
(A droite. Très-bien !) […].
Discours publié dans le Moniteur universel, 25 mai 1850.

48
Questions :
a) Présenter le document et indiquer l’idée principale.
b) Expliquer le contexte historique du document.
c) À partir du document proposé et de vos connaissances personnelles, rédiger en vingt
lignes environ une réponse argumentée répondant au sujet suivant : la dérive
conservatrice et la chute de la Seconde République.

Exercice 2. Rédaction.

Option A. L’échec de la Seconde République (1848-1852).


Chronologie indicative :
Février 1848 : révolution à Paris et proclamation de la Seconde République
Juin 1848 : révolte ouvrière réprimée à Paris
Décembre 1848 : élection de Louis-Napoléon Bonaparte à la présidence
31/05/1850 : loi restreignant le suffrage universel
2/12/1852 : proclamation du Second Empire

Option B. Le coup d’État du 2 décembre 1851.


Chronologie indicative :
Décembre 1848 : élection de Louis-Napoléon Bonaparte à la présidence.
31/05/1850 : loi restreignant le suffrage universel
2/12/1851 : coup d’État de Louis-Napoléon Bonaparte
20/12/1851 : premier plébiscite
2/12/1852 : proclamation du Second Empire

49
II. Le Second Empire : 1852-1870.

Comment expliquer la longévité du Second Empire ?

1. L’Empire autoritaire (1852-1860).

 Le césarisme démocratique :

 un régime autoritaire :
• Napoléon III détient l’essentiel des pouvoirs ;
• opposition réprimée : exil (V. Hugo), déportations (Algérie et
Guyane) ;
• atteintes aux libertés :
 presse soumise à l’autorisation préalable ;
 liberté de réunion limitée ;
 instrumentalisation du suffrage universel :
• institutions parlementaires encadrées : leur pouvoir est limité ;
• candidats officiels soutenus par les autorités ;
• plébiscites pour donner une légitimité populaire au régime.

 Un contexte favorable :

 prospérité économique et accélération de l’industrialisation ;


 le régime en profite pour encourager l’activité et moderniser
(Haussmann à Paris) ;
 popularité assurée auprès de certaines couches sociales :
• masses rurales rassurées par le retour à l’ordre ;
• industriels et capitalistes favorisés par le régime ;
• conservateurs catholiques.

2. L’Empire libéral et la chute du régime (1860-1870).

 L’usure du pouvoir :

 l’Empereur se coupe de certains soutiens :


• industriels hostiles au libre-échange (1860 avec l’Angleterre) ;
• catholiques hostiles à la politique en Italie ;
 l’opposition (républicains et monarchistes) progresse à chaque
élection ;
 maladie de Napoléon III qui le pousse à envisager l’abdication.

50
 Une libéralisation progressive :

 le régime se libéralise peu à peu :


• plus de pouvoirs aux députés : droits d’adresse, puis
d’interpellation ;
• plus de libertés : droit de grève (1864), amnistie, loi sur la
presse, liberté de réunion.
 accélération après les législatives de 1869 :
• poussée des opposants mais aussi des bonapartistes libéraux ;
• nouvelle vague de démocratisation vers le parlementarisme :
initiative des lois pour le Corps législatif et responsabilité des
ministres.

 L’effondrement brutal du régime :

 l’Empire conserve sa popularité malgré les difficultés :


• victoire éclatante du plébiscite de 1870 ;
• confirmation que les réformes libérales sont populaires ;
 mais en juillet 1870 éclate la guerre contre la Prusse :
• 2/09/1870 : Napoléon III est battu et fait prisonnier à Sedan ;
• 3/09/1870 : la III° République est proclamée à Paris.

51
Vers l’épreuve externe.

Exercice 1. Commentaire de documents.

Option A.

52
Questions :
a) Présenter chaque document et indiquer son idée principale.
b) Expliquer le contexte historique des deux documents.
c) À partir du document proposé et de vos connaissances personnelles, rédiger en vingt
lignes environ une réponse argumentée expliquant que la manipulation du suffrage
universel et de la souveraineté nationale sous le Second Empire.

Option B. Les résultats du plébiscite de 1870.

Abstentions
18%
NON
14%
OUI
68%

.
Questions :
a) Présenter le document et indiquer l’idée principale.
b) Expliquer le contexte historique du document.
c) À partir du document proposé et de vos connaissances personnelles, rédiger en vingt
lignes environ une réponse argumentée répondant au sujet suivant : la libéralisation du
régime impérial et ses conséquences.

Exercice 2. Rédaction.

Option A. L’évolution politique sous le Second Empire (1852-1870).


Chronologie indicative :
2/12/1852 : proclamation du Second Empire
1853 : Haussmann nommé préfet de la Seine (Paris)
1860 : signature du traité de libre-échange avec l’Angleterre
1864 : droit de grève
1869 : élections législatives marquant les progrès de l’opposition

Option B. La chute du Second Empire.


Chronologie indicative :
1869 : élections législatives marquant les progrès de l’opposition
1870 : victoire de Napoléon III lors du plébiscite sur la libéralisation du régime
2/09/1870 : défaite de Sedan
3/09/1870 : Napoléon III, prisonnier, est transféré en Prusse
4/09/1870 : proclamation de la Troisième République

53
III. Les débuts de la Troisième République : 1870-1879.

Pourquoi la mise en place de la Troisième République a-t-elle été difficile ?

1. La difficile mise en place du régime (1870-1875).

 L’instabilité politique :

 un gouvernement de Défense nationale est constitué :


• les Prussiens assiègent Paris et écrasent les armées françaises ;
• des généraux hostiles à la République se rendent (Bazaine) ;
• échec de la tentative de libérer Paris et de reprendre la lutte ;
• l’armistice est signé le 28 janvier 1871 malgré l’opposition du
ministre de l’Intérieur Gambetta ;
 une nouvelle assemblée est élue en février 1871 :
• majorité de monarchistes siégeant à Bordeaux puis Versailles ;
• Thiers est nommé « chef du pouvoir exécutif» et négocie avec
Bismarck la paix signée en mai 1871 ;
 la Commune de Paris :
• les Parisiens refusent la défaite et une dérive monarchique du
régime : c’est la révolution de la Commune (mars – mai 1871) ;
• sur ordre de Thiers, les troupes fidèles à l’Assemblée écrasent
dans le sang la Commune à partir du 21 mai 1871.

 Les tentatives de restauration monarchique :

 nommé Président de la République, Thiers essaie de convaincre


l’Assemblée de l’impossibilité d’une restauration ;
 il est remplacé par Mac-Mahon élu en 1873 pour sept ans ;
• politique d’ « ordre moral » pour préparer la restauration ;
• impossible vu les désaccords entre légitimistes et orléanistes.

2. La conquête de la République par les républicains (1875-1879).

 Les lois constitutionnelles de 1875 :

 votées grâce aux voix orléanistes (Thiers) et républicaines ;


 confirmation de la forme républicaine du régime ;
 République démocratique et parlementaire :
• Parlement bicaméral élu au suffrage universel ;
• Gouvernement investit et renversé par le Parlement ;
• Président de la République sans véritable pouvoir (sauf
dissolution de la Chambre) et élu par le Parlement.

54
 Face aux monarchistes divisés, les républicains conquièrent les institutions :

 les chefs républicains (Gambetta et Jules Ferry) veulent une République


gouvernée par les Républicains :
• attitude plus prudente, d’où leur surnom d’ « opportunistes » ;
• conquête des campagnes pour contrôler légalement le régime ;
 les grandes institutions sont conquises par les républicains :
• 1876 et 1877 : Chambre des députés contre Mac-Mahon ;
• 1879 : conquête du Sénat et de la Présidence de la République
après la démission de Mac-Mahon, remplacé par Jules Grévy.

55
Vers l’épreuve externe.

Exercice 1. Commentaire de documents.

Option A. Les élections de février 1871.

Source : wikipédia
(http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89lections_l%C3%A9gislatives_fran%C3%A7aises_de_1871)

Questions :
a) Présenter le document et indiquer son idée principale.
b) Expliquer le contexte historique du document.
c) À partir du document proposé et de vos connaissances personnelles, rédiger en vingt
lignes environ une réponse argumentée expliquant pourquoi les débuts de la
Troisième République ont été difficiles.

Option B. Message de Mac-Mahon aux chambres du 18 mai 1877.


[Le président de la République expose son point de vue sur le fonctionnement des
institutions et annonce l'ajournement des chambres.]
J’ai du me séparer du ministère que présidait M. Jules Simon et en former un nouveau.
Je dois vous faire l’exposé sincère des motifs qui m’ont amené à prendre cette décision.
[…] Avec les élections de l’année dernière, j’ai voulu choisir pour ministres des
hommes que je supposais être en accord de sentiments avec la majorité de la Chambre
des Députes. J’ai formé, dans cette pensée, successivement deux ministères. […]
[…] ni l’un ni l’autre de ces ministères n’a pu réunir dans la Chambre des députés, une
majorité solide acquise à ses propres idées. […]
Ni ma conscience, ni mon patriotisme ne me permettent de m’associer, même de loin et
pour l’avenir, au triomphe de ces idées. Je ne les crois opportunes ni pour aujourd’hui ni
pour demain. […] Tant que je serai dépositaire du pouvoir j’en ferai usage dans toute
l’étendue de ses limites légales, pour m’opposer à ce que je regarde comme la perte de
mon pays.
Mais je suis convaincu que ce pays pense comme moi. Ce n’est pas le triomphe de ces
théories qu’il a voulu aux élections dernières. […] S’il était interrogé de nouveau et de
manière à prévenir tout malentendu, il repousserait, j’en suis sûr, cette confusion.

56
Questions :
a) Présenter le document et indiquer l’idée principale.
b) Expliquer le contexte historique du document.
c) À partir du document proposé et de vos connaissances personnelles, rédiger en vingt
lignes environ une réponse argumentée répondant au sujet suivant : la conquête de la
République par les républicains (1875-1879).

Exercice 2. Rédaction.

Option A. La Commune de Paris (mars-mai 1871).

Chronologie indicative :
Septembre 1870 : début du siège de Paris
28/01/1871 : armistice entre la France et la Prusse
Février 1871 : majorité monarchiste à l’Assemblée
Mars 1871 : proclamation de la Commune de Paris
21/05/1871 : début de la répression ordonnée par Thiers

Option B. Les débuts de la Troisième République (1870-1879).

Chronologie indicative :
4/09/1870 : proclamation de la Troisième République
Février 1871 : majorité monarchiste à l’Assemblée
Mars-mai 1871 : Commune de Paris
1875 : vote des lois constitutionnelles
1879 : Jules Grévy Président de la République

57
CHAPITRE 5 :
La difficile marche de l’Espagne vers le libéralisme.
(1833-1874)

Problématique :
quelles difficultés l’Espagne a-t-elle rencontrées pour
construire un État libéral ?

58
59
I. La construction de l'Etat libéral (1833-1868).

Comment l’Ancien régime s’est-il définitivement effondré en Espagne et par quelle


organisation politico-sociale a-t-il été remplacé ?

1. La difficile mise en place d’une monarchie libérale (1833-1856).

1.1. La révolution libérale (1833-1843).

 Le rôle de la première guerre carliste (1833-1840) :

 deux mouvances opposées :


• carlistes, « Dios, Patria, Fueros y Rey » :
 Carlos María Isidro seul roi légitime ;
 défense de l’absolutisme et de l’Ancien régime :
Eglise catholique, société d’ordres, fueros ;
 hétérogénéité : clercs, nobles, paysans et artisans
pauvres redoutant les effets de la réforme agraire
promue par les libéraux ou écrasés d’impôts ;
• partisans d’Isabelle :
 régente María Cristina et son entourage ;
 fonctionnaires réformistes ;
 bourgeoisie et travailleurs urbains espérant une
évolution libérale ;
 étapes du conflit :
• 1833-1835, la guerre se fixe au nord :
 zones carlistes : Pays basque et Navarre, une partie
des pré-Pyrénées catalanes ;
 Carlos gouverne en Navarre en tant que Charles V ;
 plusieurs succès carlistes (Tolosa, Durango, Vergara),
mais échec devant Bilbao ;
• 1835-1837, de nouveaux fronts s’ouvrent et le camp
d’Isabelle se renforce :
 Cabrera réunit les foyers carlistes (bas-Aragon,
Maestrazgo et nord du pays valencien) ;
 expéditions carlistes de Gómez (fin juin 1836) et de
Charles V (1837) qui échoue à conquérir Madrid ;
 succès des partisans d’Isabelle, aidés par les
puissances étrangères (Angleterre, France, Portugal),
comme Espartero à Luchana (1836) ;

60
• 1838 à 1840, effondrement du mouvement carliste :
 tensions (ultras/partisans d’un compromis), manque
d’unité du commandement et isolement (embargo) ;
 Paix de Vergara (31/08/1840) entre Maroto et
Espartero : respect des fueros basques et navarrais et
reclassement des carlistes dans l’armée ;
 Charles V s’exile et Cabrera est vaincu en 1840.

 Étapes de la révolution libérale (1833-1843) :

 gouvernements de transition (1833-1836) :


• Conseil de gouvernement formé pour appuyer la régente :
 présidé par Cea Bermúdez : absolutiste réformiste ;
 troisième voie entre carlisme et libéralisme ;
 quelques réformes : division en 49 provinces ;
• sous la menace carliste et la pression populaire, la régente
accepte l’alliance avec les libéraux :
 Martínez de la Rosa (modéré) au gouvernement ;
 Statut Royal (1834) : compromis absolutisme/
libéralisme, souveraineté partagée roi/Cortès,
bicaméralisme, suffrage censitaire (16000 votants) ;
 divisions : modérés/progressistes (Mendizábal) ;
• climat révolutionnaire dans plusieurs villes :
 menace carliste provocant une radicalisation (1834,
émeutes anticléricales à Madrid).
 diffusion des idées progressistes grâce au retour de
certaines libertés (presse et réunion) ;
 revendications : constitution de Cadix, réunion de
Cortes, milice nationale.
 progressistes au pouvoir (1835-1837) :
• révoltes urbaines (été 1835) : la régente choisit Mendizábal ;
• opposition de la cour et des modérés à Mendizábal
aboutissant à son renvoi et à une seconde crise en 1836 :
 nouveau soulèvement urbain : constitution de Juntes ;
 révolte de La Granja contraignant la régente à céder :
constitution de Cadix rétablie, Cortès constituantes
convoquées et Calatrava à la tête du gouvernement ;
• démantèlement de l’Ancien Régime pour créer une
monarchie libérale, constitutionnelle et parlementaire :
 réforme agraire : régime seigneurial et majorats
supprimés, désamortissement ;
 libéralisation économique : Mesta abolie, liberté
des prix, de l’industrie et du commerce, douanes
intérieures et dîmes supprimées ;

61
 lois libérales (censure supprimée, cens élargi) et
constitution de 1837 (souveraineté nationale,
droits, séparation des pouvoirs et neutralité de
l’Etat, mais bicaméralisme et exécutif fort) ;
 modérés au pouvoir (1837-1840) :
• retour des modérés aux élections après la constitution ;
• annulation de certaines réformes progressistes :
 régime électoral plus restrictif, liberté de la presse
limitée et rétablissement des dîmes ;
 loi sur l’administration municipale (1840) :
maires des chefs-lieux de province nommés ;
 vague de protestation (Barcelone) : la régente
nomme Espartero au gouvernement ;
• exil de María Cristina après son refus de retirer la loi
municipale.
 régence d’Espartero (1840-1843) :
• un militaire progressiste au pouvoir :
 nommé régent en 1841 ;
 après de nouvelles élections, les progressistes sont
majoritaires aux Cortès ;
 rétablissement des décisions de 1835-1837 ;
• dérive autoritaire et chute d’Espartero :
 Espartero se coupe des progressistes : mauvaises
relations avec les Cortes, entourage de militaires
(ayacuchos), répression (Barcelone, 1842) ;
 progressistes et modérés agissent : soulèvements
urbains à partir de mai 1843 et pronunciamientos
(nouvelle génération d’officiers : Narváez,
O’Donnel, Prim et Serrano) ;
• Espartero s’exile et Isabelle II est proclamée reine.

 La décennie modérée (1844-1854) :

 élections de 1844 donnant la majorité aux modérés :


• nouveau gouvernement formé présidé par Narváez ;
• programme : fonder un Etat libéral, mais contre les
tentations révolutionnaires, sociales ou démocratiques :
 principes défendus : ordre, propriété et autorité ;
 libertés individuelles limitées ;
 défense de l’Etat confessionnel ;
 souveraineté partagée : Cortès/couronne ;

62
• régime modéré mis en place par une série de réformes :
 constitution (1845) : exécutif renforcé (roi
nomme ministres, sénateurs, dissout les Cortès,
veto) ;
 catholicisme religion d’Etat et concordat de 1851
(congèle la vente des biens de l’Eglise) ;
 droits de 1837 reconnus mais lois les limitant
(contrôle de la presse, 1845) ;
 limitation des mécanismes électoraux : loi de
1846 (électorat divisé par 6), élections locales
contrôlées (pressions du gouverneur civil,
corruption et clientélisme) ;
 réseaux d’influence à la cour (camarilla) et
interventions de la couronne dans le jeu politique ;
• renforcement du centralisme :
 pouvoir accru de l’administration centrale :
maires nommés (loi d’administration locale,
1845) ;
 projet de système national d’instruction publique
(Loi Moyano de 1857) ;
 unification des lois : Code pénal (1848), projet de
Code civil ;
 instruments de répression : suppression de la
Milice et création de la Garde civile (1844) ;
 réforme fiscale Mon-Santillán : impôt centralisé ;
• répression des révolutions (Madrid, 1848) ;
 crise du système modéré :
• facteurs d’impopularité croissante :
 instabilité : 10 gouvernements de 1844 à 1851 ;
 corruption des milieux dirigeants (María
Cristina rentrée en 1848) ;
• échec de Bravo Murillo :
 1er ministre après Narváez en 1851 ;
 projet de créer une dictature technocratique ;
 opposition parlementaire qui provoque sa chute ;
• modérés divisés en trois tendances :
 conservateurs favorables à un rapprochement
avec les carlistes (Balmes) ;
 centristes à l’origine de la plupart des réformes
modérées (Mon et Narváez) ;
 puritains favorables à une alliance avec les
progressistes et opposés à l’autoritarisme
(généraux Serrano et O’Donnel) ;

63
• opposition au régime :
 carlistes : minoritaires ;
 modérés puritains ;
 progressistes ;
 démocrates : extrême-gauche progressiste
radicalisée dès 1835-1837 dans les grandes villes
(Barcelone) défendant la souveraineté populaire,
les libertés, la démocratie locale, les droits
sociaux et la liberté de culte ;
 républicains : démocrates les plus radicaux
(minoritaires) ;
 révolte de 1854 :
• juin-juillet 1854 : O’Donnel, progressistes et démocrates
déclenchent le pronunciamiento de Vicálvaro ;
• Cánovas del Castillo rédige le Manifeste de Manzanares :
 retour à la lettre de la constitution de 1845 ;
 parlementarisme véritable, sans camarilla ;
 mesures libérales : abolition de la loi électorale,
libertés locales, rétablissement de la milice
nationale.

 Le biennat progressiste (1854-1856) :

 progressistes au pouvoir :
• conséquences de la révolte de 1854 :
 Espartero devient 1er ministre ;
 O’Donnel ministre de la guerre et forme l’Union
libérale (puritains + aile droite progressiste) ;
 élections : victoire progressiste au Congrès des
députés et quelques démocrates élus ;
• réformes :
 politiques : Milice nationale et Loi municipale
(élection des maires) rétablies, préparation d’une
constitution jamais appliquée mais plus libérale ;
 économiques : désamortissement (Madoz, 1855),
investissements (rail, reforestation, infrastructures),
recherche d’investissements (sociétés par actions,
avantages aux étrangers).
 crise et chute du biennat progressiste :
• contexte difficile et troublé par la question sociale :
 malaise ouvrier du aux crises et à un capitalisme sans
encadrement légal : grèves et révoltes (Catalogne,
1855), revendications nouvelles (droit d’association,
limitation de l’horaire légal de travail) ;

64
 contestation dans les campagnes fragilisées par les
crises et les désamortissements (révolte de 1857 en
Andalousie) ;
 tentative de freiner la contestation ouvrière : Loi sur
le travail (création d’associations ouvrières) ;
• désunion des progressistes face à la crise :
 aile gauche : se rapproche des démocrates ;
 aile modérée : rapprochement avec l’Union libérale ;

Chute des progressistes : démission d’Espartero remplacé par O’Donnell qui


réprime les contestations et suspend l’élaboration de la nouvelle constitution.

2. La monarchie en crise (1856-1868).

2.1. Les gouvernements unionistes (1856-1863).

 Stabilisation intérieure :

 O’Donnel assure une relative stabilité pendant sept ans ;


 politique visant à trouver un nouvel équilibre couronne/parlement :
• dissolution des Cortès évitée ;
• retour du débat parlementaire ;
• acceptation de l’opposition parlementaire, même limitée par
le contrôle gouvernemental sur les élections.

 Politique de prestige à l’extérieur :

 expéditions : Cochinchine (1858-1863), Mexique (1862), Saint-


Domingue, Pérou (guerre en 1866) ;
 affirmation territoriale et commerciale au Maroc (1859-1860) :
 victoires (Tetuán), extension de Ceuta et contrôle d’Ifni ;
 véritable engouement populaire renforçant le nationalisme et
le prestige des militaires (général Prim).

Décomposition du bloc unioniste : se fractionne en clans et en ambitions rivales, et


la cour cesse de soutenir O’Donnel qui présente sa démission en 1863.

65
2.2. L’effondrement du régime sous les gouvernements modérés (1863-1868).

 Retour de l’autoritarisme :

 les modérés reviennent avec Narváez ;


 retour aux principes du modérantisme et politique plus autoritaire :
• exercice du pouvoir en marge de la vie parlementaire ;
• répression de toutes les oppositions : révolte étudiante
(1865 à Madrid : 9 morts, 100 blessés) ou soulèvement des
sergents de San Gil (66 exécutions).

 La montée des oppositions dans un contexte de crise :

 oppositions multiples :
• démocrates et républicains : clandestinité et insurrection ;
• progressistes (Prim) : même attitude après 1865-1866
(boycott des élections) ;
• unionistes : opposition ouverte (O’Donnell) ;
 1867 : pacte d’Ostende Démocrates-Progressistes prévoyant la
destitution d’Isabelle II, des Cortes constituantes au suffrage
universel, une unité d’action ;
 vers 1866, triple crise économique :
• financière : chute à la bourse des investissements
ferroviaires, crise des banques et gel du crédit ;
• industrielle : pénurie de coton (Guerre de Sécession), hausse
du prix des importations, affectant surtout le textile catalan ;
• agricole : mauvaises récoltes et hausse des prix (x2 1865-
1868) ;
 conséquences : hausse du chômage urbain, chute du niveau de vie et
climat de tension sociale.

66
Vers l’épreuve externe.

Exercice 1. Commentaire de documents.

Option A. La 1ère guerre carliste (http://angelluisgonzalez.blogspot.com.es).

Questions :
a) Présenter le document et indiquer l’idée principale.
b) Expliquer le contexte historique du document.
c) À partir du document proposé et de vos connaissances personnelles, rédiger en vingt
lignes environ une réponse argumentée au sujet suivant : la première guerre carliste,
causes, déroulement et conséquences (2,5 points).

Option B. Constitution espagnole de 1837.


Art. 2. Tous les Espagnols peuvent imprimer et publier librement leurs idées sans
censure préalable, dans le respect des lois. […]
Art. 5. Tous les Espagnols sont admissibles aux emplois et charges publics selon leurs
mérites et leurs capacités. […]
Art. 11. La nation s’engage à entretenir le culte et les ministres de la religion catholique.
[…]
Art. 12. Le pouvoir de faire les lois réside dans les Cortés et dans le roi.
Art. 13. Les Cortés sont composées de deux co-législateurs : le Sénat et le Congrès des
députés. […]
Art. 45. Le pouvoir de faire exécuter les lois réside dans le roi.

Questions :

67
a) Présenter le document et indiquer l’idée principale.
b) Expliquer le contexte historique du document.
c) À partir des documents proposés et de vos connaissances personnelles, vous
expliquerez en quoi ce document illustre la révolution libérale qui se déroule en
Espagne entre 1833 et 1843 (2,5 points).

Exercice 2. Rédaction.

Option A. La décennie modérée (1844-1854).

Chronologie indicative :
1844 : exil d’Espartero et proclamation de la majorité d’Isabelle
1845 : constitution modérée
1846 : loi électorale restreignant le suffrage censitaire
1851 : concordat avec le Vatican
1854 : pronunciamiento de Vicálvaro

Option B. La crise et la chute de la monarchie isabelline (1856-1868).

Chronologie indicative :
1856 : O´Donnel remplace Espartero comme chef du gouvernement
1859-1860 : campagne du Maroc
1863 : O´Donnel remplacé par Narváez
1866 : répression du soulèvement de la caserne de San Gil
1867 : Pacte d’Ostende

68
II. Le Sexennat démocratique (1868-1874).

Pourquoi la tentative d’établir une démocratie stable s’est-elle soldée par un échec?

1. La révolution de 1868 et ses conséquences.

1.1. La naissance du premier régime démocratique espagnol.

 Le pronunciamiento militaire :

 19/09/1868 : l’escadre de Topete à Cadix se soulève ;


 Prim et Serrano se joignent à l’insurrection :
• ils gagnent Cadix, Málaga, Almería et Carthagène ;
• et lancent le manifeste « España con honra » : régime
transitoire, libertés, Cortes au suffrage universel masculin ;
• victoire de Puente de Alcolea.

 Le soulèvement urbain et ses conséquences :

 nombreuses villes où se forment des Juntes locales qui réclament :


• des libertés, la souveraineté populaire, des Cortes
constituantes, ou la République ;
• la séparation de l’Eglise et de l’Etat ;
• la suppression du système des quintas.
 Isabelle s’exile et se forme un Gouvernement provisoire
(progressiste-unioniste) présidé par Prim avec Serrano comme
régent ;
• pour satisfaire les revendications avancées : libertés
publiques et convocation de Cortès constituantes ;
• janvier 1869 : victoire de la coalition gouvernementale
(unionistes, progressistes, quelques démocrates) pour une
monarchie parlementaire et démocratique (minoritaires :
républicains et carlistes) ;
• constitution démocratique de 1869 : droits et libertés,
(liberté religieuse mais entretien du culte), souveraineté
nationale (suffrage universel) ; régime
parlementaire (Cortes bicamérales) roi affaibli (arbitre) ;
 priorité de la régence : trouver un roi, mais plusieurs difficultés
(multiples candidats, oppositions carliste et républicaine, crise
économique grave).

69
 Un plan de réformes économiques libérales :

 urgence : la dette publique aggravée par la crise ferroviaire ;


 solutions :
• tentative de stabilisation financière : nouvelle monnaie, la
peseta (Figuerola), impôt personnel et direct substitué à
l’impôt sur la consommation ;
• ouverture du marché espagnol : lois sur les Mines (1871)
permettant les investissements étrangers et sur le Libre-
échange (1869) ouvrant aux textiles et céréales étrangers.

1.2. Un nouveau panorama politique.

 La droite d’opposition :

 le carlisme :
• participation à la vie parlementaire et aux élections ;
• influence : limitée au pays basque – Navarre et à d’autres
foyers anciennement carlistes (Catalogne et Levant) ;
 les modérés ou Isabellins :
• programme : retour d’Isabelle II sur le trône ;
• influence : soutien de la bourgeoisie rurale latifundiaire ;
• leader : Cánovas del Castillo.

 Le centre monarchiste-démocrate :

 unionistes (Ríos Rosas), progressistes (Prim, Sagasta, Ruiz Zorilla),


démocrates monarchistes ;
 programme : monarchie, souveraineté nationale, libertés ;
 influence : bourgeoisie financière et industrielle, classes moyennes
urbaines et professions libérales, part importante de l’armée.

 La gauche républicaine :

 Parti Républicain Fédéral (1869, scission du Parti Démocrate) :


• programme :
 république fédérale (pactes entre régions) ;
 séparation de l’Eglise et de l’Etat (laïcité) ;
 pas d’intervention de l’armée dans la vie publique ;
 transformation sociale (interventionnisme étatique) ;
• diverses tendances :
 benévolos majoritaires : fédéralisme de « haut en
bas » (Pi y Margall) ;

70
 intransigeants : fédéralisme de « bas en haut »
(Orense) ;
 républicains unitaires (Castelar) : plus conservateurs et partisans
d’un Etat unitaire.

 La question sociale :

 malaise social :
• crise et inégalités causant des revendications populaires :
 paysannerie : répartition des terres (Andalousie et
Estrémadure) ;
 prolétaires urbains et ouvrier : contrôle des prix, fin
des quintas, salaires et conditions de travail ;
• une partie des couches populaires frustrée par la révolution
après la constitution (monarchie et conservatisme) ;
 très grande conflictualité :
• soulèvements fédéralistes dès décembre 1868 (Cadix,
Málaga, Séville, etc.) et formation (mai 1869) d’un Conseil
Fédéral provisoire à Madrid ;
• échec du fédéralisme (recours à l’armée) entraînant une
radicalisation vers l’internationalisme : première section de
l’A.I.T. (Barcelone, mai 1869), influence de l’anarchisme.

2. L’impossible monarchie démocratique : le règne d’Amédée de Savoie (1871-


1873).

2.1. Un roi pour un régime démocratique.

 Le choix du monarque :

 Prim défend la candidature d’Amédée de Savoie :


• accepté par les autres puissances européennes ;
• affiche des convictions démocratiques ;
• membre d’une dynastie populaire après l’unité italienne ;
 l’accession au pouvoir :
• Amédée est élu roi par les Cortes en novembre 1870 et arrive
en Espagne le 30 décembre ;
• malgré l’assassinat de Prim, il prête serment sur la
Constitution devant les Cortès qui se dissolvent.

71
 Un socle de soutien étroit :

 soutenu par des démocrates, progressistes et unionistes regroupés


en deux tendances : radicaux et constitutionnels ;
 opposition multiforme : la cour, les modérés, les républicains, les
carlistes, une partie de l’armée et une large fraction du peuple.

2.2. L’effondrement du règne d’Amédée de Savoie.

 L’accumulation des difficultés :

 économiques : recours à la dette publique ;


 politiques :
• modérés (Cánovas del Castillo) : préparent la
restauration (prétendant, Alphonse) et fédèrent les
mécontents (dissidents unionistes/progressistes, clergé,
bourgeoisie financière hostile à certaines réformes) ;
• soulèvement carliste (1872) au Pays Basque, en Navarre et
dans une partie de la Catalogne ;
• 1872 : nouveaux soulèvements fédéralistes, vite réprimés ;
• Cuba : insurrection (1868) de Céspedes marquant le début de
la Guerre de Dix Ans.

 La chute de la coalition gouvernementale :

 grande instabilité : 6 gouvernements en deux ans, trois élections


législatives ;
 blocage des institutions : élections boycottées par l’opposition à
partir de 1872.

Le 11 février 1873 : Amédée renonce au trône et quitte l’Espagne.

3. L’échec de la Première République (1873-1874).

3.1. La République démocratique et fédérale.

 La proclamation de la République :

 11/02/1873 : les Cortes (monarchistes) proclament la République ;


 Figueras (républicain fédéraliste) nommé chef du pouvoir exécutif et
forme un gouvernement ;
 convocation d’élections pour des Cortès constituantes.

72
 Un consensus trompeur :

 projet monarchiste : organiser le retour des Bourbons ;


 République isolée sur le plan international (sauf EUA et Suisse) ;
 les dirigeants républicains coupés de leur base :
• mouvement d’adhésion après la proclamation de la
République et agitation des couches populaires : Juntes,
insurrections (Andalousie), revendications ouvrières et
fédéralistes (Catalogne) ;
• Juntes dissoutes et répression des révoltes.

 Le projet d’une République fédérale :

 élections aux Cortes : majorité fédéraliste, mais abstention énorme


(plus de 60%) ;
 7 juin : proclamation de la République Démocratique Fédérale :
• Pi y Margall prend la tête du gouvernement ;
• projets : constitution fédérale, séparation Eglise-Etat,
indépendance des colonies, lois sociales, armée disciplinée ;
 certaines mesures sont prises : abolition de l’esclavage dans les
colonies, suppression des quintas remplacées par le volontariat ;
 projet de Constitution (jamais adopté) :
• droits et libertés de 1869 ;
• Président de la République (exécutif) et bicaméralisme ;
• liberté de culte et séparation Eglise-Etat ;
• structure fédérale : 17 Etat-régionaux autonomes.

3.2. Le tournant conservateur et la chute du régime républicain.

 Les facteurs d’échec de la République démocratique et fédérale :

 insurrection carliste dès 07/1873 : Catalogne, Pays Basque,


Maestrazgo ;
• véritable conflit avec des armées constituées ;
• zones carlistes : embryon d’Etat (jusqu’en 1876) ;
 guerre de Cuba qui se poursuit (jusqu’en 1878) ;
 partis monarchistes opposés aux réformes ;
 fédéralisme qui explose à propos du soulèvement cantonal :
• régions autoproclamées cantons indépendants (Carthagène,
Séville, Cadix, Grenade, Salamanque, Alicante, Vaence) ;
• Pi y Margall refuse de réprimer le mouvement et Salmerón,
qui lui succède, emploie la force armée.

73
 De la dérive conservatrice à l’effondrement du régime républicain :

 septembre 1873 : Castelar (unitaire) succède à Salmerón et mène une


politique autoritaire :
• répression contre le soulèvement cantonal de Carthagène ;
• gouverne avec les pleins pouvoirs sans parlement jusqu’en
janvier 1874 en s’appuyant sur l’armée ;
• suspend toutes les réformes entreprises ;
 la crise s’accélère à partir de janvier 1874 :
• 3/01/1874 : réouverture des Cortes où Castelar est renversé ;
• entraîne le coup d’Etat du général Pavía : dissolution des
Cortes le 4/01/1874 ;
• coalition de centre-droit tentant de gouverner avec Serrano
à sa tête, mais sans appui politique, ni populaire ;

Le 29/12/1874 : Martínez Campos lance un pronunciamiento à Sagonte qui


proclame Alphonse XII roi d’Espagne.

74
Vers l’épreuve externe.

Exercice 1. Commentaire de documents.

Option A. Caricature du journal La Flaca, 1870.

Questions :
a) Présenter le document et indiquer l’idée principale.
b) Expliquer le contexte historique du document.
c) À partir du document proposé et de vos connaissances personnelles, rédiger en vingt
lignes environ une réponse argumentée expliquant l’échec de la monarchie
démocratique d’Amédée de Savoie (1871-1873).

Option B. Manifeste de Sandhurst d’Alphonse de Bourbon.

[…] Si un groupe de députés et de sénateurs a décrété la république sans aucun respect


des formes légales, bien vite les seules Cortés légalement convoquées dans cet objectif
furent dissoutes par l’intervention des baïonnettes de la garnison de Madrid […].
Heureusement, la monarchie héréditaire et constitutionnelle détient dans ses principes la
nécessaire flexibilité et les conditions requises pour que soient résolues tous les
problèmes liés à sa restauration en conformité avec les vœux et l’unité de la nation.
Il ne faut pas attendre de moi de décisions tranchées et arbitraires ; dans les temps
reculés de la monarchie, les princes espagnols ne résolurent aucune affaire difficile sans
les Cortés, et dans ma situation je ne dois oublier cette parfaite règle de conduite alors
que tous les Espagnols sont habitués désormais aux règles parlementaires. […]
Quel que soit mon destin, je ne cesserai jamais d’être un bon Espagnol ni, comme tous
mes ancêtres, un bon catholique, ni, comme homme de mon temps, un authentique
libéral.
Alphonse de Bourbon, Nork-Town (Sandhurst), 1er décembre 1874.
.

75
Questions :
a) Présenter le document et indiquer l’idée principale.
b) Expliquer le contexte historique du document.
c) À partir du document proposé et de vos connaissances personnelles, rédiger en vingt
lignes environ une réponse argumentée répondant au sujet suivant : l’échec de la
première République espagnole (1873-1874).

Exercice 2. Rédaction.

Option A. L’échec de la première expérience démocratique espagnole (1868-1874).

Chronologie indicative :
Septembre 1868 : exil d’Isabelle II
1869 : adoption de la première constitution démocratique
11 février 1873 : abdication d’Amédée de Savoie
Juillet 1873 : début de la Troisième guerre carliste
29/12/1874 : pronunciamiento de Martínez Campos à Sagonte

Option B. La fédéralisme sous le Sexennat démocratique (1868-1874).

Chronologie indicative :
1868 : fondation du Parti républicain fédéral
Juin 1869 : constitution du Conseil Fédéral Provisoire à Madrid
Mai 1873 : victoire fédéraliste aux élections des Cortés constituantes
7/06/1873 : proclamation de la République démocratique fédérale
Juillet 1873 : soulèvement cantonal

76
IV. Les débuts de la Restauration monarchique (1874-1898).

Sous quelle forme s’effectue le retour de la dynastie des Bourbons à partir de 1874 ?

1. Le système de la Restauration.

1.1. Les bases du nouveau système politique.

 Les conditions de la Restauration :

 projet de Cánovas del Castillo (régent jusqu’en 1875) :


• contre les dérives d’Isabelle (exclusivisme modéré, interventions
des militaires) ;
• nouveau modèle de monarchie libérale et constitutionnelle
assurant la stabilité (Manifeste de Sandhurst) ;
• deux priorités : nouvelle constitution et pacification (guerres
carliste et de Cuba) ;
 socle du nouveau système, la constitution de 1876 :
• élaborée par des Cortès constituantes élues au SU ;
• application des idées canovistes :
 monarchie inamovible et pouvoir royal fort : veto,
dissolution des Cortes, désignation des ministres ;
 Cortes bicamérales : Congrès des Députés élu (suffrage
censitaire, 1878) et Sénat à moitié désigné par la
Couronne et inamovible ;
 Catholicisme d’Etat, même si tolérance des autres cultes ;
 droits définis par de lois ultérieures.

 Bipartisme dynastique et alternance au pouvoir :

 bipartisme dynastique fondé sur l’alternance au pouvoir entre les deux


familles libérales : conservateurs/progressistes ;
 but : éviter la violence politique et l’intervention de l’armée désormais
subordonnée de l’armée (missions délimitées par l’Ordonnance royale
de 1875) ;

 La pacification :

 fin de l’insurrection carliste :


• division des carlistes face au nouveau souverain ;
• action Martínez Campos : reddition en 1876 et exil de Charles
VII ;
• fueros basques abolis mais degré d’autonomie fiscale accordé ;

77
 insurrection cubaine stoppée :
• fin de la Guerre de Dix ans (1878) avec la Paix de Zanjón ;
• mesures d’apaisement : amnistie, abolition de l’esclavage
(effective en 1888), promesse de réformes (jamais tenue).

1.2. La vie politique.

 Les partis dynastiques au pouvoir :

 deux partis se partagent le pouvoir :


• Parti Conservateur :
 leader : Cánovas del Castillo ;
 libéraux les plus conservateurs ;
 ordre, suffrage censitaire, catholicisme ;
• Parti Libéral :
 leader : Sagasta mais avec l’impulsion de Cánovas ;
 progressistes, unionistes, quelques républicains ralliés ;
 constitution de 1869, SU, réformisme, sécularisation ;
 nombreux points d’accord :
• idéologiques : libéralisme, monarchisme, centralisme ;
• sociologiques : base de soutien (bourgeoisie, notables ruraux) ;
• politiques : accord tacite pour alterner au pouvoir et assurer la
continuité des mesures prises ;
 clé du succès, le détournement du vote :
• inversion du parlementarisme : nomination d’un gouvernement
puis convocation d’élections ;
• utilisation de tous les instruments de la fraude électorale ;
• système clientéliste, avec l’appui des autorités : le caciquisme ;
 principales étapes de l’alternance au pouvoir :
• 1875-1885, alternance : SU pour les municipales en 1882
(Sagasta), Pacte du Pardo pour stabiliser le trône sous la régence
de Marie-Christine de Habsbourg ;
• 1885-1890, réformisme de Sagasta : loi d’association (1887),
abolition de l’esclavage (1888), Code civil (1889), SU (1890) ;
• 1890-1898, retour de l’alternance : assassinat de Cánovas
(1897) et premières divisions du Parti Libéral.

 Les forces d’opposition exclues du système :

 crise du républicanisme discrédité et divisé en plusieurs tendances :


• Parti Possibiliste (Castelar) : compromis monarchique ;
• Parti Progressiste (Ruiz Zorilla) : insurrection ;
• Parti Centraliste (Salmerón) : refus de l’insurrection ;
• Parti Fédéral de Pi y Margall ;

78
 naissance du mouvement ouvrier : PSOE (1879) par Pablo Iglesias ;
 crise du carlisme affaibli par l’exil de Charles VII et la reconnaissance
d’Alphonse XII par certains (Ramón Cabrera) ;
• tentative de rénovation de Vázquez de Mella avec « el Acta de
Loredan » (1886) : acceptation du libéralisme économique ;
• scission d’ultras (Nocedal, Parti National Catholique) ;
• intégration dans la vie politique, même si maintien de
l’organisation paramilitaire avec les Requetés ;
 mouvements minoritaires nés de scissions des partis officiels , comme
la Gauche Dynastique (1882, Serrano) après scission du Parti Libéral.

2. Les crises de la fin de siècle.

2.1. La crise coloniale.

 La détérioration de la situation cubaine :

 espoirs de 1878 déçus :


• promesses de Zanjón (représentation aux Cortes, fin du
monopole, participation au gouvernement) pas tenues sous la
pression des colons ;
• timides avancées :
 vie politique cubaine organisée sur le modèle
péninsulaire : Parti Autonomiste (autonomie de l’île) /
Union constitutionnelle (colons péninsulaires pro-
espagnols) ;
 le Parti Libéral peine à faire évoluer le statut de l’île et
se limite à l’abolition de l’esclavage ;
 montée des oppositions à la politique espagnole :
• 1893 : Parti Révolutionnaire Cubain de José Martí et intégré
par des chefs révolutionnaires (Gómez, Maceo, García) ;
• à l’extérieur : appui des EUA (McKinley) aux indépendantistes,
motivé par des intérêts économiques et stratégiques.

 L’insurrection et la perte des dernières colonies :

 insurrection cubaine :
• 24/02/1895, les indépendantistes lancent l’insurrection générale :
 féroce répression de Martínez Campos puis Weyler ;
 enlisement de l’intervention militaire espagnole ;
• proposition d’autonomie du Parti Libéral rejetée ;

79
 insurrection aux Philippines :
• lancée dès 1892 par la Ligue Philippine (José Rizal) ;
• politique de répression, puis de conciliation des militaires qui
apaise momentanément la situation ;
 intervention décisive des EUA :
• tensions économiques avec l’Espagne et visées géopolitiques
dans les Caraïbes et le Pacifique ;
• prétexte : explosion du Maine à La Havane (avril 1898) ;
• guerre hispano-américaine : défaites espagnoles (Santiago et
Cavite) ;
• Paix de Paris (10/12/1898) : abandon des colonies espagnoles et
rapatriement du corps expéditionnaire.

2.2. La montée des régionalismes et des nationalismes.

 Le nationalisme catalan :

 conditions d’émergence du catalanisme :


• économiques : industrialisation forte, bourgeoisie industrielle
et commerciale voulant participer au pouvoir et protéger ses
intérêts ;
• culturelles : redécouverte des racines culturelles et linguistiques
avec la Renaixença : relance des Jocs Florals (1859),
dynamisme littéraire (Verdaguer, Guimerà) et de la culture
populaire (Clavé) ;
• politiques : anti-centralisme dynamisé lors du Sexennat (Clavé
et Almirall, signataires du Pacte de Tortose le 18/05/1869 entre
fédéralistes de l’ancienne Couronne d’Aragon) ;
 émergence des différents courants du catalanisme politique :
• traditionaliste catholique : évêque Torras y Bages ;
• progressiste autour d’Almirall : premier journal en catalan, Diari
Català (1879), Congrès Catalaniste (1880, langue, autonomie,
droit civil, protectionnisme), Centre Català (1882), Memorial de
Greuges résumant les revendications catalanistes (1885) ;
 du régionalisme au nationalisme :
• 1887 : fondation par les conservateurs (Guimerà, Prat de la
Riba) de la Lliga de Catalunya : Missatge a la reina regent
(1888, autonomie), campagne contre le Code civil (1889);
• 1891 : Union Catalaniste fédérant les conservateurs :
 base : propriétaires ruraux, bourgeoisie, intellectuels ;
 projet : très fort degré d’autogouvernement ;
 Bases de Manresa (1892) : souveraineté catalane,
catalan seule langue officielle, degré poussé
d’autogouvernement et pacte avec la Couronne.

80
 Le nationalisme basque :

 conditions d’émergence :
• réaction face à la perte des fueros après la défaite carliste ;
• affirmation de la culture et de la langue basques, l’euskera ;
• réaction à l’immigration intérieure ;
 naissance du mouvement national basque mené par Sabino Arana ;
• conservation de la culture et de la « race », catholicisme et
traditions, indépendantisme / autonomisme ;
• instruments : Partido Nacionalista Vasco (1895), nom
“Euzkadi”, drapeau et devise “Dios y ley antigua”.

 Le nationalisme galicien :

 conditions d’émergence :
• pauvreté contraignant beaucoup de Galiciens à l’émigration ;
• culture galicienne conservée surtout en milieu rural ;
 formes d’affirmation : nationalisme culturel, renaissance littéraire
autour Rexurdimiento et de lettrés (Rosalia de Castro).
 peu de prétentions politiques jusqu’à la fin du siècle.

 Les régionalismes valencien, aragonais et andalous :

 réaffirmation de cultures régionales touchant surtout les provinces


valenciennes, aragonaises et andalouses ;
 surtout des mouvements littéraires et/ou artistiques :
 Renaixença (Llorente et Llombart) à Valence ;
 Costa en Aragon ;
 Blas Infante en Andalousie.

81
Vers l’épreuve externe.

Exercice 1. Commentaire de documents.

Option A.

Document 1..Caricature de la revue El Loro (1882) montrant Sagasta et Cánovas


del Castillo (http://historiadeespana2.blogspot.com.es).

Document 2 : le pacte du Pardo.


Quatre jours après la conclusion du Pacte du Pardo, la régente María Cristina vient de
prêter serment sur la constitution et prend les décisions suivantes.
Décrets royaux.
Je viens d’accepter la démission de son poste de Président du Conseil des Ministres de
M. Antonio Cánovas del Castillo, restant entièrement satisfaite des services par lui
rendus et de l’efficacité, du zèle et de la loyauté qu’il a démontrés dans l’exercice de ses
fonctions […].
[…] Au vu des capacités particulières réunies par M. Práxedes Mateo Sagasta, Député
aux Cortès, je prends la décision de le nommer Président de mon Conseil des Ministres.
María Cristina.
Le Ministre de la Grâce et de la Justice, Francisco Silvela.
Gaceta de Madrid [ancien Boletín Oficial del Estado], 28 novembre 1885.

Questions :
a) Présenter chaque document et indiquer son idée principale.
b) Expliquer le contexte historique des deux documents.
c) À partir des documents proposés et de vos connaissances personnelles, rédiger en
vingt lignes environ une réponse argumentée expliquant le fonctionnement du système
de la Restauration.

82
Option B. L’engagement espagnol à Cuba et aux Philippines (source :
FERNÁNDEZ ALMAGRO, M., Historia política de la España Contemporánea, III,
Madrid, 1968, pp. 151-152).

Questions :
a) Présenter le document et indiquer l’idée principale.
b) Expliquer le contexte historique du document.
c) À partir du document proposé et de vos connaissances personnelles, rédiger en vingt
lignes environ une réponse argumentée répondant au sujet suivant : L’effondrement de
l’empire colonial espagnol (1874-1898).

Exercice 2. Rédaction.

Option A. L’opposition au système de la Restauration (1874-1898).

Chronologie indicative :
1876 : fin de la guerre carliste
1879 : fondation du PSOE par Pablo Iglesias
1886 : Acta de Loredan
1892 : Bases de Manresa
1893 fondation du Parti révolutionnaire cubain

Option B. Les crises de la fin de siècle pendant la Restauration (1880-1898).

Chronologie indicative :
1880 : premier Congrès catalaniste
Février 1892 : fondation de la Ligue Philippine par José Rizal
1895 : fondation du Parti Nationaliste Basque
1895 : insurrection générale à Cuba
10 décembre 1898 : Paix de Paris

83
CONTEXTUALISATION : l’Europe dans la 1ère moitié du XXº siècle.

I. Avant 1914 : entre Belle Époque et montée des tensions.

 La Belle Époque : à partir de 1870, l’Europe vit une période de paix et, à partir
de 1896, de croissance économique. Cette époque de stabilité et de prospérité
est caractérisée par la foi dans le progrès scientifique, un grand optimisme et
une certaine insouciance.
 Les principales puissances européennes, à l’exception de l’Allemagne,
dominent le monde grâce à leurs empires coloniaux, comme la France et le
Royaume-Uni.
 Les rivalités croissantes entre puissances européennes aboutissent à une montée
des tensions et à la formation d’alliances : la Triple Entente et la Triple
Alliance.

II. La Première guerre mondiale.

 De 1914 à 1918, les systèmes d’alliance s’affrontent dans une guerre


européenne qui devient mondiale, par l’implication des territoires colonisés et
celle des États-Unis (en 1917).
 L’Europe sort exsangue de ce conflit qui fait près de 20 millions de morts et
redessine la carte du continent en créant les conditions d’un nouvel
affrontement.
 En parallèle au conflit, la révolution bolchévique lancée en Russie en 1917
triomphe et provoque un climat révolutionnaire dans toute l’Europe.

III. La crise des années 1930.

 Après un retour à la prospérité dans les années 1920 (les Années Folles) malgré
les destructions et les pertes de la guerre, le krach de Wall Street de 1929
plonge le monde et l’Europe dans une profonde crise économique.
 Les dramatiques conséquences sociales de cette crise favorisent un climat
profond d’instabilité politique, certains États basculant dans le totalitarisme
(Allemagne, Italie), d’autres dans la guerre civile (Espagne).

IV. La Seconde guerre mondiale.

 La politique agressive de revanche et d’expansionnisme de l’Allemagne nazie


entraîne le déclenchement d’une nouvelle guerre mondiale qui dure de 1939 à
1945.
 Le conflit fait 50 millions de morts, dont 6 millions de victimes du génocide
perpétré par les Nazis.
 À l’issue de la guerre, l’Europe sort durablement affaiblie par les pertes et les
destructions, alors que les principaux vainqueurs, les États-Unis et l’U.R.S.S.
dominent désormais le monde.

84
85
CHAPITRE 6 :
La France sous la Troisième République.
(1879-1940)

Problématique :
en quoi la Troisième République constitue-t-elle une étape
politique majeure de l’histoire de France ?

86
87
I. L’enracinement de la Troisième République (1879-1914).

Comment les républicains sont-ils parvenus à créer une République stable ?

Une fois au pouvoir, les républicains vont mener une série de réformes visant à
consolider et enraciner le régime républicain en France.

Deux tendances vont dominer le « parti républicain » : les modérés (Gambetta, Ferry)
ou « opportunistes », et les radicaux (Clemenceau). Certains socialistes (Jaurès) vont
se joindre à leurs efforts pour faire progresser l’idéal républicain.

1. La politique intérieure.

1.1 Faire la République.

 Grandes mesures symboliques :

 amnistie des Communards condamnés après la répression de la


Commune de Paris ;
 retour du Parlement à Paris ;
 symboles d’unité : 14 juillet devenu fête nationale, la Marseillaise
hymne national et figure de Marianne diffusée sur tout le territoire.

 L’extension de la démocratie :

 Libertés individuelles et collectives : presse (1881), réunion (1881),


syndicale (1884), d’association (1901), droit au divorce (1884) ;
 démocratie locale : maires élus par les conseils municipaux (1882).

 La politique scolaire impulsée par Ferry et Buisson :

 1880 : création de lycées de filles ;


 1881-1882 : gratuité, obligation et laïcité de l’enseignement
primaire (6-13 ans) ;
 1886 : laïcisation du personnel des écoles publiques.

1.2 Un régime stable face aux menaces.

 La menace antiparlementaire :

 régime critiqué par l’extrême-gauche (anarchistes, socialistes,


certains radicaux) et la droite (monarchistes, nationalistes) qui
dénoncent :

88
• la corruption illustrée par des scandales politico-financiers :
affaire des décorations (1887), scandale de Panama (1893) ;
• la politique coloniale menée au détriment de la revanche
contre l’Allemagne ;
 les mécontent s’appuient sur la popularité du Général Boulanger ;
• tentative de conquête du pouvoir par les élections en
réclamant « Dissolution, Révision, Constituante » ;
• échec aux élections de 1889 et Boulanger se suicide en 1891.

 La menace nationaliste et monarchiste : l’Affaire Dreyfus :

 1898 : éclatement du scandale provoqué par la condamnation de


Dreyfus (1894) pour trahison, avec le « J’accuse » de Zola ;
 la France est coupée en deux :
• dreyfusards (Zola, Jaurès, Clemenceau) : défense des droits
de l’homme, de la justice et de la République ;
• antidreyfusards (Maurras, Déroulède) : monarchisme,
nationalisme, antisémitisme ;
 malgré la réhabilitation de Dreyfus (1906), l’Affaire laisse des traces
durables dans la vie politique française.

 La question religieuse :

 1892 : Ralliement à la République demandé par le pape aux


catholiques mais beaucoup restent hostiles ;
 mauvaises relations avec le Vatican conduisant les républicains à ala
loi de Séparation des Eglises et de l’Etat (9 décembre 1905) :
• liberté absolue de conscience assurée ;
• aucun culte reconnu, salarié, ni subventionné ;
• patrimoine religieux construit avant 1905 : public ;
• tension très forte entre certains catholiques et le régime après
l’adoption de la loi : crise des Inventaires (1906).

 La question sociale :

 mouvement socialiste qui progresse dans l’opinion :


• ralentissement économique mondial (Longue Dépression,
1873-1896) et mauvaises conditions de vie et de travail ;
• mouvement ouvrier qui s’organise : fondation de la CGT
(1895), célébration du 1er mai (depuis 1890) et fondation de
la SFIO (1905) ;
• lutte sociale par la propagande, la grève générale ou la
révolution socialiste par le suffrage universel (Jaurès) ;

89
 certains anarchistes deviennent extrémistes : assassinat de Carnot
en 1894 ;
 mobilisations ou grèves tournant à l’affrontement : grève des
mineurs (1906), des vignerons (1907) ou des sablières (1908) ;
 l’autorité de l’État est maintenue et des lois sociales sont votées :
repos hebdomadaire, création du ministère du Travail.

2. La politique extérieure.

2.1 La politique coloniale.

 L’héritage colonial à la proclamation de la IIIº République :

 embryon d’empire : restes du premier empire colonial et des


débuts du second empire colonial ;
 la monarchie de Juillet et le Second Empire ont conquis :
• en Afrique (Algérie, Sénégal, Golfe de Guinée) ;
• en Asie (Cochinchine et Cambodge) ;
• dans le Pacifique (Nouvelle Calédonie, Polynésie française).

 Une politique d’expansion et de concurrence européenne :

 conquêtes lancées à partir de territoires déjà colonisés :


• Afrique : Madagascar, Afrique occidentale, Tunisie, Maroc ;
• Asie : Tonkin, Annam et Laos ;
 constitution de grands ensembles coloniaux :
• Afrique Occidentale Française (A.O.F.) ;
• Afrique Equatoriale Française (A.E.F.) ;
• Union Indochinoise.

2.2 La montée des périls.

 Une série de crises annonciatrices :

 politique coloniale de la France qui se heurte à l’expansionnisme


d’autres nations européennes, créant de fortes tensions avec :
• l’Angleterre : incident de Fachoda (1898) ;
• l’Allemagne : crises de Tanger (1905) et d’Agadir (1911) ;
 1912-1913 : deux guerres balkaniques font monter la tension ;
• instabilité de la région : la « poudrière des Balkans » ;
• implication des grandes puissances dans ces conflits et le
mécanisme dangereux des alliances.

90
 La formation des alliances :

 1892-1893 : la France devient alliée de la Russie, puis du Royaume


Uni en 1904 (l’Entente cordiale) ;
 1907 : Triple Entente face à la Triple Alliance (1896) des empires
centraux (Reich allemand et Autriche-Hongrie alliés à l’Italie).

 La marche à la guerre :

 sous l’impulsion du président Poincaré, la France fait passer son


service militaire de deux à trois ans ;
 les esprits et l’économie préparés à la revanche sur l’Allemagne ;
 tentative des socialistes pacifistes d’enrayer l’entrée en guerre après
l’attentat de Sarajevo (28 juin 1914) :
• mais l’assassinat de Jaurès (31/07/1914) marque leur échec ;
• s’impose alors la politique d’ « Union sacrée ».

91
Vers l’épreuve externe.

Exercice 1. Commentaire de documents.

Option A. Discours de Jules Ferry à la Chambre.


M. Jules Ferry : Je ne crois faire, en aucune façon, preuve d'héroïsme en venant
défendre ici l'œuvre scolaire de la République […]. Cette œuvre, messieurs, elle est
aujourd'hui, elle sera assurément aux yeux de l'histoire, avec le rétablissement de nos
forces militaires et de notre outillage de guerre, le titre principal de la IIIe République à
la reconnaissance de l'histoire et du pays. (« Très bien ! Très bien ! » au centre.)
[...]
Messieurs, cette œuvre scolaire de la IIIe République n'est pas une œuvre personnelle ;
elle n'appartient en propre à qui que ce soit dans le Parti républicain, car elle appartient
au pays républicain tout entier. (« Très bien ! Très bien ! » à gauche et au centre.)
[...]
Ce système d'éducation nationale qui relie, dans un cadre, à la fois puissant et souple,
l'école élémentaire aux plus hautes parties du savoir humain ; ce système d'éducation
nationale au frontispice duquel on n'a pas craint d'écrire que, de la part de la société,
« l'enseignement est un devoir de justice envers les citoyens, » que la société doit à tous
le nécessaire du savoir pratique, et l'avènement aux degrés successifs de la culture
intellectuelle de tous ceux qui sont aptes à les franchir... (« Très bien ! » à gauche), cette
mise en valeur du capital intellectuel de la nation, de toutes les capacités latentes de tous
les génies qui peuvent être méconnus ou étouffés, dans une grande et féconde
démocratie, messieurs, c'était le rêve de nos pères ; et nous avons le droit de déclarer
qu'autant qu'il est possible de dire qu'une chose est accomplie, grâce à vous, grâce au
pays, votre principal collaborateur dans cette grande œuvre, grâce au pays qui en a été
l'âme, ce rêve est devenu une réalité ! (Applaudissements au centre et sur divers bancs à
gauche.)
Jules Ferry, Discours à la Chambre des députés, 6 juin 1889.

Questions :
a) Présenter le document et indiquer l’idée principale.
b) Expliquer le contexte historique du document.
c) À partir du document proposé et de vos connaissances personnelles, rédiger en vingt
lignes environ une réponse argumentée expliquant les mesures prises par les
républicains français pour enraciner la Troisième République.

92
Option B. L’empire colonial français (source : E. Lavisse, Histoire de France, 1942,
p. 320).

Questions :
a) Présenter le document et indiquer l’idée principale.
b) Expliquer le contexte historique du document.
c) À partir du document proposé et de vos connaissances personnelles, rédiger en vingt
lignes environ une réponse argumentée répondant au sujet suivant : la colonisation sous
la Troisième République.

Exercice 2. Rédaction.

Option A. L’Affaire Dreyfus (1894-1906).

Chronologie indicative :
1894 : condamnation du capitaine Dreyfus par un Conseil de guerre
1898 : publication de l’article « J’accuse » de Zola dans l’Aurore
1899 : la peine de Dreyfus est réduite, puis il est gracié
1902 : Zola trouve la mort dans l’incendie de son logement
1906 : annulation de la condamnation de Dreyfus qui est réhabilité

Option B. Les obstacles à l’enracinement de la République (1880-1914)

Chronologie indicative :
1887 : affaire des décorations
1889 : défaite électorale du général Boulanger
1898 : l’Affaire Dreyfus éclate au grand jour
1905 : loi de Séparation des Églises et de l’État
1906 : grève des mineurs

93
II. La Troisième République face à la crise des années 1930.

Quel est l’impact de la crise des années 1930 sur la Troisième République ?

1. La France avant la crise : les Années folles.

 Les années 1920, le retour de la croissance économique :

 croissance industrielle (+ 9.5% en 1921-1929) et retour de la


prospérité : hausse du PNB (7% en 1920-1924, 3% en 1924-1929) ;
 causes :
• conjoncture mondiale et effets de la reconstruction ;
• consommation de certains secteurs (automobile, électricité) ;
• modernisation de l’industrie (taylorisme et fordisme) et du
commerce (grande distribution) ;
 nuance : stagnation agricole (48.8% de la population en 1931).

 Une société encore largement traditionnelle, mais qui se transforme :

 mutations sociales :
• affirmation de la classe ouvrière et domination culturelle et
politique de la bourgeoisie ;
• mentalités tournées vers la paix et les divertissements :
« années folles » ;
• débuts du processus d’émancipation féminine ;
 démographie vieillissante :
• accroissement naturel réduit voire négatif, comme en 1929 ;
• lente augmentation de la population, due à l’immigration
(de 1.4 à 2.7 millions d’étrangers entre 1919 et 1931) ;
• vieillissement de la population.

 Une radicalisation politique aux extrêmes :

 à gauche : le communisme (PCF) se sépare du socialisme (SFIO)


après le congrès de Tours en 1920 ;
 à l’extrême-droite : les ligues nationalistes et antiparlementaires
gagnent en dynamisme après 1924.

94
2. Une crise économique, sociale et politique.

2.1. La crise économique et sociale.

 La crise économique :

 tous les secteurs sont touchés :


• chute de la production industrielle (- 30% de 1929 à 1935) ;
• chute des prix agricoles de gros (- 44% de 1929 à 1935) ;
• chute des exportations (- 50% de 1929 à 1932) ;
 paralysie de l’État : explosion du déficit public (de 5 milliards en
1930-31 à 11 milliards en 1933).

 La crise sociale :

 hausse du chômage (de 54 000 à 425 000 secourus entre 1931-35) ;


 baisse des revenus (6% en moyenne) et du pouvoir d’achat (-30%
pour les cultivateurs) ;
 multiplication des faillites et fermetures d’exploitations agricoles.

2.2. La crise politique.

 Les conditions :

 grande instabilité politique, face à la crise et à l’absence de majorité


au Parlement : 5 gouvernements entre 1932 et 1934 ;
 ligues et mouvements d’extrême droite : certains se rapprochent du
fascisme par leur discours anticapitaliste, xénophobe, antisémite.

 L’éclatement de la crise :

 rôle de l’Affaire Stavisky, scandale compromettant le parti radical au


pouvoir (jusqu’au Président du Conseil) ;
 manifestation des ligues du 6 février 1934 : 15 morts, 1400 blessés.

3. Le Front Populaire : un redressement éphémère.

 Réaction de la gauche à la menace d’extrême-droite et à la crise :

 14/071935 : manifestation des radicaux, socialistes, communistes et


syndicats contre le « fascisme » ;
 élaboration de la stratégie de Front Populaire pour les législatives ;
 victoire d’avril-mai 1936 : le Front Populaire est majoritaire.

95
 Tentatives et échec du Front Populaire :

 les grèves de mai-juin 1936 :


• provoquent une crise sociale énorme (12 142 grèves en juin) ;
• poussent à la formation du gouvernement Blum ;
 avancées considérables pour résoudre la crise et faire progresser les droits
des classes populaires :
• accords Matignon : conventions collectives, liberté
syndicale, hausse des salaires entre 7 et 15% ;
• grandes lois sociales : congés payés ; semaine de 40 heures,
nationalisations ;
• réformes culturelles et éducatives : obligation scolaire à 14
ans, développement du sport, des loisirs, de la culture
populaires ;
 l’échec et ses causes :
• difficultés économiques (sauf le chômage) qui persistent et
poussent à une « pause des réformes » (abandon du projet
d’assurance chômage et retraite) ;
• opposition de droite et d’extrême-droite qui ne cesse de
combattre le Front Populaire ;
• divisions à l’intérieur du Front Populaire :
 sur la politique de non-intervention en Espagne :
opposition des communistes ;
 sur la question économique et sociale : opposition des
radicaux ;
• après deux démissions de Blum (1937 et 1938), le Front Populaire
perd les radicaux et se dissout en avril 1938.

La France est désormais gouvernée au centre : arrivée de Daladier (radical) à


la Présidence du conseil (1938) qui mène une politique d’assainissement de l’économie
avec une orientation plus libérale (assouplissement des 40 heures).
La guerre menace : depuis 1935, politique timide de la France et son allié
britannique face à la Hitler et ses violations du Traité de Versailles. En septembre
1938, les Accords de Munich sont signés, mais Daladier poursuit le réarmement et
prépare la France à rentrer en guerre.

96
Vers l’épreuve externe.

Exercice 1. Commentaire de documents.

Option A.
Document 1. Brochure du Front Populaire de 1936.

Document 2. 1936 à travers les souvenirs d’un ouvrier.


C’était un de mes meilleurs souvenirs ; ça a été mes douze premiers jours de
congés payés. Parce que, jusque-là, on n’avait rien. En plus, il y avait les quarante
heures, mais payées quarante-huit heures […].
Puis sont arrivées les conventions collectives, où un patron n’avait plus le droit
de payer un ouvrier selon qu’il le jugeait d’après sa mine, s’il avait de grandes oreilles
ou pas.
On peut dire qu’on a connu une certaine prospérité après 1936. On venait de
traverser la crise de 1930 avec les petits salaires, les cigarettes que l’on achetait au
détail. À partir de 1937, les salaires ont sérieusement augmenté ; on a commencé à voir
fleurir tous les postes de radio dans la cité, les bicyclettes. En un an, il y a eu un
changement terrible.
S. Bonnet, L’Homme de fer, Presses universitaires de Nancy, 1987.
Questions :
a) Présenter chaque document et indiquer son idée principale.
b) Expliquer le contexte historique des deux documents.
c) À partir des documents proposés et de vos connaissances personnelles, rédiger en
vingt lignes environ une réponse argumentée répondant au sujet suivant : le Front
populaire (1936-1938).

97
Option B. Texte d’une affiche de la Solidarité française (ligue d’extrême-droite) du
5 février 1934.
Daladier vous mène comme un troupeau de foire aux Blum, aux Kaiserstern, aux
Schweinkopf et autres Zyromski, dont le nom bien français est tout un programme.
Voilà nos maîtres, les patriotes !
Voilà la dictature qui t’attend, peuple de France !
Ton parlement est pourri.
Tes politiciens compromis.
Ton pays livré à la boue des scandales.
Ta sécurité menacée.
La guerre civile grogne.
La guerre tout court rôde.
Paysan, la ruine te menace […].
Ouvriers, intellectuels, votre situation est assaillie par des étrangers.
Ni les uns, ni les autres, vous n’êtes plus chez vous.
La France aux Français !

Questions :
a) Présenter le document et indiquer l’idée principale.
b) Expliquer le contexte historique du document.
c) À partir du document proposé et de vos connaissances personnelles, rédiger en vingt
lignes environ une réponse argumentée expliquant en quoi la crise des années trente
est à la fois économique, sociale et politique.

Exercice 2. Rédaction.

Option A. La crise des années trente en France.

Chronologie indicative :
1932 : 15% de chômage dans l’industrie française
6 février 1934 : manifestation des ligues à Paris
Mai-juin 1936 : grèves ouvrières
Juin 1936 : accords Matignon
1938 : démission de Blum remplacé par Daladier

Option B. La formation et la victoire du Front populaire

Chronologie indicative :
1929 : krach de Wall Street
1934 : affaire Stavisky
14/07/1935 : manifestation de la gauche à Paris
Mai-juin 1936 : grèves ouvrières
Juin 1936 : formation du gouvernement Blum

98
CHAPITRE 7 :
Les tensions politiques en Espagne.
(1898-1939)

Problématique :
pourquoi l’Espagne a-t-elle connu une crise politique majeure
dans la première moitié du XXº siècle ?

99
100
I. La crise du système de la Restauration (1898-1923).

Comment le système mis en place en 1874 est-il rentré en crise ?

1. L’échec du réformisme dynastique.

 Réformes et blocages :

 le « Désastre » de 1898 et ses conséquences :


• la défaite provoque une crise morale et un courant s’interrogeant
sur le sens de la nation espagnole : Génération de 1898 ;
• le régénérationnisme : intellectuels influencés par le krausisme
voulant régénérer l’Espagne ;
 moyens d’influence : institutions (Ateneo de Madrid,
Institución Libre de Enseñanza, écoles modernes de Ferrer
i Guàrdia) et intellectuels (Giner de Los Ríos, Menéndez
Pidal, Costa) ;
 idéologie, «Escuela, despensa y siete llaves para el sepulcro
del Cid» (J. Costa) : critique de l’Etat, des mentalités et
réformes fondées sur la raison, la science, l’éducation ;
• premiers effets politiques du régénérationnisme :
 1899 : réformisme de Silavela (décentralisation
administrative, réformes fiscales) ;
 accélération dès 1902 : Alphonse XIII roi, Sagasta meurt
(1903) remplacé par Canalejas et Maura à la tête du Parti
Conservateur ;
 le réformisme de Maura et ses limites :
• « révolution par le haut » :
 idée : réformer les vices du système (caciquisme) pour
éviter toute vague révolutionnaire ;
 initiatives légales : contre la fraude électorale et sur la
Colonisation intérieure (1907), sur le Repos dominical
(1904) ;
• échec avec la Semaine Tragique (26/07-2/08/1909) :
 agitation à Barcelone avec Solidarité Ouvrière
(républicains, socialistes et anarchistes) ;
 départ de conscrits (18/07) et annonce du désastre du
Barranco del Lobo (27/07) : grèves, manifestations,
barricades, incendies d’église et de couvents ;
 répression (175 exilés, 59 condamnés à perpétuité et 5
exécutions) provoquant la chute de Maura ;

101
 les réformes de Canalejas (Parti Libéral) :
• programme : modernisation, ouverture vers les socialistes,
républicains et nationalistes, réformisme social et sécularisation ;
• mesures prises :
 sécularisation : réforme du financement de l’Eglise, Loi
du Cadenas (1910) ;
 politique sociale : impôt progressif sur le revenu,
suppression de l’exemption militaire contre paiement ;
 politique régionale : loi sur les Mancomunidades,
adoptée après l’assassinat de Canalejas (1912), en 1914.

 Les oppositions :

 le républicanisme :
• tentative d’unification : Union Républicaine (1903) :
 leaders : Salmerón et Lerroux ;
 rupture due au rapprochement de Salmerón avec les
nationalistes (Solidaridad Catalana après la Ley de
Jurisdicciones) ;
• les plus radicaux (Lerroux) le Parti Radical (1908) :
 discours extrémiste, anticlérical et anticatalaniste ;
 après 1909 : Lerroux part à Madrid et se modère ;
• tentative de collaboration du courant majoritaire avec le PSOE :
Coalition Républicaine-Socialiste (1909) ;
 nationalismes :
• progrès du nationalisme catalan :
 conservateurs : Lliga Regionalista (Prat de la Riba et
Cambó, 1901) gouvernant la Mancomunitat (1914-1923) ;
 républicains : mouvements fédéralistes (Unió Federal
Nacionalista Republicana de Companys) ou
indépendantistes (Estat Català de Macià) s’unissant avec
Esquerra Republicana de Catalunya (1931) ;
 tentatives d’unification : Solidaridad Catalana (1906) ;
• progrès du nationalisme basque :
 débat au PNV sur autonomie / indépendance ;
 progrès électoraux et sociaux : syndicat Solidaridad de
Obreros Vascos ;
 carlisme et droites extrêmes :
• nouveau prétendant : don Jaime de Bourbon (1906) ;
• d’abord diversité : scission des germanophiles (Parti
Traditionaliste de Vázquez de Mella), Parti National
Catholique en marge du système ;
• après 1917, renforcement et unification : appui à Primo de
Rivera et fusion au sein de Comunión Tradicionalista (1931) ;

102
 mouvement ouvrier :
• socialistes (surtout à Madrid, Pays Basque, Asturies, Andalousie,
Levant) :
 PSOE : marginal mais se consolide territorialement
(Comités locaux, provinciaux, Commission Exécutive),
numériquement (3000 en 1899 à 30000 en 1920),
idéologiquement (méfiance des révolutions, distanciation
des partis bourgeois, parlementarisme) et électoralement
(1920 : 578 conseillers municipaux) ;
 Union Générale des Travailleurs (1888, Iglesias) en
croissance : plus de syndiqués (120000 à 240000 1914-
1920), organisation fédérative et professionnelle, action
politique et participation aux organismes officiels (Largo
Caballero) ;
 relations étroites PSOE-UGT qui évoluent vers des
positions réformistes et modérées ;
 après 1917 fondation du Parti Communiste d’Espagne ;
• anarchistes (Catalogne, Andalousie, Aragon, Asturies, Levant) :
 radicaux défendant la « propagande par le fait » :
attentats contre l’armée (Martínez Campos, 1893), la
bourgeoisie (Liceu, 1893), les politiques (Canalejas,
1912), l’Eglise (Corpus à Barcelone, 1896) ;
 1907 : Solidaridad Obrera (Barcelone), fédération
syndicale dominée par les anarchistes et impliquée dans
la Semaine Tragique ;
 1910 : Confédération Nationale du Travail clairement
anarcho-syndicaliste : apolitisme, unité syndicale (par
branches, comme les Sindicatos Únicos de Industría),
lutte révolutionnaire (boycott, grève générale
révolutionnaire) et négociation directe avec le patronat ;
 difficultés jusqu’en 1917, puis croissance (15000 à
700000 membres en 1915-19), leaders (Seguí, Pestaña,
Peiró) et réunions importantes (la Comedia en 1919).

 La crise de 1917 :

 impact de la Première guerre mondiale :


• neutralité du gouvernement Dato impliquant une opportunité
économique : forte demande agricole et industrielle ;
• enrichissement de certains accompagné d’une crise sociale :
 hausse des prix des produits de base car demande en
hausse et spéculation ;
 salaires stables et conditions de vie des plus pauvres qui
se dégradent, alimentant le mécontentement ;

103
 triple crise de 1917 :
• crise militaire marquée par la création de Juntes de Défense :
 armée déséquilibrée par la surreprésentation des officiers
et les conditions d’avancement ;
 inflation fragilisant le pouvoir d’achat ;
 revendications : amélioration des salaires, réforme de
l’avancement, réforme politique (manifeste de 06/1917) ;
• crise parlementaire :
 autoritarisme des gouvernements (Dato, Romanones,
puis Dato) : fermeture des Cortès (juillet 1916), Etat
d’exception et censure (1917) ;
 opposition réclamant des réformes, surtout pendant
l’Assemblée des parlementaires catalans (07/1917) :
Cortès constituantes, décentralisation ;
 échec des députés le 19/07/1917 : réunion dissoute, pas de
soutien des militaires, divisions, débordement par le
mouvement ouvrier (août 1917) ;
• crise sociale :
 1916 : premier mouvement de grève ;
 mars 1917 : accord CNT-UGT réclamant le contrôle des
prix au gouvernement ;
 août 1917 : UGT appelle à la grève générale avec des
revendications révolutionnaires (régime républicain,
gouvernement provisoire et Cortès constituantes).

Bilan : impact très inégal (peu de soutien des campagnes, surtout à Madrid,
Barcelone, Pays Basque et Asturies), répression (plus de 70 morts), mais
affaiblissement du régime face à une opposition radicalisée.

2. La chute du système de la Restauration (1917-1923).

 La crise du parlementarisme dynastique :

 les partis dynastiques peinent à réunir des majorités stables et forment


des gouvernements de concentration comme le Gobierno Nacional de
Maura en 1918 (libéraux, conservateurs et régionalistes catalans) ;
 incapacité à conduire des réformes ;
 après 1918 : retour au bipartisme et à l’alternance, grande instabilité
(10 gouvernements jusqu’en 1923), mesures d’exception (fermeture des
Cortès, atteintes aux libertés publiques).

104
 Un climat de forte conflictualité sociale :

 contexte troublé :
• révolutions russes et vague révolutionnaire en Europe ;
• effets de la fin du conflit sur l’économie : chute de la
production, hausse des prix et du chômage ;
• malaise social croissant ;
 mouvements sociaux :
• conflits dans les régions industrielles comme la grève de La
Canadiense (1 mois et ½, industrie locale paralysée, répression
patronale contre les syndicats) ;
• Triennat bolchévique (1918-1921) dans les campagnes
(Andalousie) :
 révoltes paysannes encouragées par les anarchistes :
récoltes incendiées, terres et municipalités
occupées (Cordoue : 23 grèves, 30000 paysans impliqués ;
 répression forte : Etat de siège, interdictions des
organisations syndicales et internement des meneurs ;
• radicalisation pendant le pistolerismo (1916-1923) :
 patrons (Fédération Patronale soutenue par les
autorités : tueurs pour assassiner les leaders syndicaux
ou leurs défenseurs (Seguí, 1923 et Layret, 1920),
mesures radicales (lock-out) appuyées par la répression
du gouvernement (Ley de fugas en 1921) ;
 travailleurs : violence d’anarchistes proches de la CNT
(Los Solidarios) comme l’assassinat de Dato (1921).

 L’impact de la crise marocaine :

 reprise de l’insurrection rifaine contre le protectorat espagnol ;


 relance de la pacification (1921) sous les ordres de Silvestre ;
 désastre d’Annual (22/07/1921) : 13000 morts face à Abd-el-Krim ;

La perspective d’un débat parlementaire sur les causes du désastre et la crise


politique permanente sont le prétexte du coup d’Etat militaire de Primo de Rivera
du 13/09/1923.

105
Vers l’épreuve externe.

Exercice 1. Commentaire de documents.

Option A. La virulente opposition de Lerroux.


Rebellez-vous contre tous ; personne ou presque n’est juste […].
Soyez arrogants comme si personne au monde n’était plus fort que vous, ce qui
est vrai. […] Soyez imprudents, comme si vous étiez au-dessus du Destin et de la
Fatalité. Soyez audacieux et courageux, comme si la Victoire et la Mort étaient
attachées à vos pieds. Soyez la Ve qui se renouvelle, la nature qui triomphe, la pensée
qui illumine, la volonté qui crée, l’amour éternel […].
Jeunes barbares d’aujourd’hui, entrez en la saccageant dans la civilisation
décadente et misérable de ce pays sans avenir, détruisez ses temples, finissez-en avec
ses dieux, […] emparez-vous des registre de propriété et transformez leur papier en
bûchers pour que le peuple purifie notre infâme organisation sociale, pénétrez dans les
foyers les plus humbles et levez des légions de prolétaires, pour que le peuple tremble
devant ces juges éveillés.
Il faut tout reconstruire, avec les vieux sièges poussiéreux, avec les poutres
humides des vieux bâtiments en ruines, mais avant nous avons besoin de la catapulte qui
pourra abattre les murs […].

LERROUX, A., Rebeldes, rebeldes. Barcelona, 1906

Questions :
a) Présenter le document et indiquer l’idée principale.
b) Expliquer le contexte historique du document.
c) À partir du document proposé et de vos connaissances personnelles, rédiger en vingt
lignes environ une réponse argumentée expliquant l’évolution de l’opposition pendant
la crise de la Restauration (1898-1923).

Option B. Photographie prise durant la Semaine tragique à Barcelone, 1909.

106
Questions :
a) Présenter le document et indiquer l’idée principale.
b) Expliquer le contexte historique du document.
c) À partir du document proposé et de vos connaissances personnelles, rédiger en vingt
lignes environ une réponse argumentée répondant au sujet suivant : la Semaine
tragique de Barcelone.

Exercice 2. Rédaction.

Option A. La crise et la chute de la monarchie (1898-1923).

Chronologie indicative :
1898 : « désastre » de Cuba
1906 : Ley de Jurisdicciones
1909 : Semaine tragique de Barcelone
1917 : crise politique et sociale
21921 : désastre d’Annual

Option B. La crise de 1917.

Chronologie indicative :
Juin 1917 : manifeste des Juntes de défense
5/07/1917 : assemblée des parlementaires catalans
19/07/1917 : dissolution par la garde civile de la réunion des députés d’opposition
Août 1917 : grève générale
Novembre 1917 : démission du 1er ministre Dato

107
II. La dictature de Primo de Rivera (1923-1931).

Comment la dictature qui prétendait sauver la monarchie en a-t-elle accéléré la chute?

1. Les fondements de la dictature.

1.1. La justification du coup d’Etat.

 Trouver une solution aux blocages dont souffre l’Espagne :

 politiques : système dynastique impopulaire, caciquisme, fraude,


nationalismes régionaux ;
 sociaux : conflictualité, pistolérisme ;
 tensions dans l’armée : divisions africanistes/juntistes, humiliation
d’Annual.

 Sauver la monarchie en la refondant sur de nouvelles bases :

 prétentions régénérationnistes (Manifeste du coup d’Etat) :


• redresser l’Espagne par le haut en changeant le système ;
• troisième voie entre capitalisme et socialisme pour dynamiser
l’économie et éviter les tensions sociales ;
• assurer l’unité du pays et redonner sa fierté à l’armée ;
 selon certains historiens, volonté de bloquer les réformes démocratiques
et sociales : envisagées par le dernier gouvernement de concentration de
García Prieto (démocratisation de la constitution, sécularisation).

1.2. Les appuis de la dictature.

 Le soutien déclaré :

 Alphonse XIII : accepte le coup d’Etat ;


 secteur majoritaire de l’armée, forces politiques conservatrices lassées
par l’alternance et Eglise catholique ;
 haute bourgeoisie d’affaires, industrielle et propriétaires terriens :
soutien initial du Syndicat libre et de la Lliga Regionalista ;

 La neutralité bienveillante :

 une partie du mouvement socialiste : apolitisme et collaboration pour


faire progresser les droits sociaux ;
 fraction importante du PSOE et d’UGT menée par Largo Caballero.

108
2. L’œuvre réformatrice de la dictature.

2.1. La mise en place et l’évolution du nouveau régime.

 La prétendue dictature provisoire (1923-fin1925) :

 pouvoir exercé par les militaires (état de guerre) soit directement


(Directoire Militaire jusqu’en 1925), soit indirectement (Directoire
Civil avec Calvo Sotelo et Aunós au gouvernement) ;
 régime dictatorial :
• suspension de la constitution et des libertés (presse, réunion) et
des mécanismes électoraux (conseils municipaux dissouts et
nommés par le gouvernement) ;
• interdiction des partis politiques et des syndicats ;
• justice et ordre public dominés par l’armée ;
 reprise en main de la situation au Maroc :
• reprise des opérations militaires en coordination avec la France
(débarquement d’Alhucemas en 1925) ;
• lutte victorieuse pour la pacification du protectorat espagnol
(reddition d’Abd-el-Krim en 1926).

 La tentative d’institutionnalisation du régime (1926-1930) :

 tentative de réforme institutionnelle : Assemblée nationale


consultative (1927) formée selon une logique corporative ;
 tentative d’enraciner le régime :
• grâce à des organisations de masse : Union Patriotique (parti
gouvernemental), revivification de l’institution du Somatén ;
• instrumentalisation du patriotisme et de la religion : Día de la
Raza, mesures pour l’Eglise (cours obligatoires de religion) ;
• développement de l’instruction : 8000 nouvelles écoles,
diminution de 9% de l’analphabétisme entre 1920 et 1930.

2.2. Les réformes économiques et sociales.

 L’interventionnisme étatique :

 conjoncture économique favorable dans les années 1920 ;


 objectifs : modernisation économique par l’industrie et les
infrastructures ;
 intervention étatique (nationalisations, travaux, protectionnisme) :
décret de Protection de l’Industrie Nationale (aides d’Etat),
monopoles (Compañía Telefónica Nacional de España, Campsa).

109
 Une politique sociale dominée par le corporatisme :

 pacification des conflits sociaux par une main tendue aux forces
modérées et la répression contre les plus radicaux : CNT ;
 syndicalisme vertical : Organisation Corporative Nationale (patrons et
ouvriers dans comités paritaires).

3. La chute de la dictature.

3.1. La montée des oppositions.

 Les anciens partis dynastiques :

 rapidement contre la dictature, au nom de la constitution ;


 alliés au secteur d’opposition de l’armée pour tenter des soulèvements :
Sanjuanada (1926), soulèvement de Sánchez Guerra (1929).

 Les intellectuels et universitaires :

 victimes de la censure ;
 agitation et grèves étudiantes qui aboutissent à la création de la
Fédération Universitaire Espagnole (républicaine) ;
 opposition des principaux intellectuels : Unamuno (exilé aux Canaries),
Ortega y Gasset, Blasco Ibañez (exilé en France) et Menéndez Pidal.

 Les républicains et nationalistes :

 opposition des républicains unis au sein de l’Alliance républicaine ;


 opposition croissante du nationalisme catalan :
• catalanistes républicains, notamment indépendantistes d’Estat
Català (Macià) : tentative d’invasion depuis la France en 1926 ;
• opposition dès 1925 de la Lliga Regionalista face à l’anti-
catalanisme de Primo de Rivera : Mancomunitat dissoute,
interdiction du catalan, de la Sardana, des symboles catalanistes.

 L’extrême gauche socialiste et anarchiste :

 évolution progressive du PSOE vers l’hostilité défendue par Prieto ;


 opposition de la CNT : répression provoquant une scission modérés
(Pestaña) / radicaux fondant la Fédération Anarchiste Ibérique (FAI)
en juillet 1927.

110
3.2. De la crise politique à la difficile transition post-dictature.

 La chute de Primo de Rivera :

 face au mécontentement, le roi retire son soutien au dictateur ;


 30/01/1930 : Primo de Rivera démissionne et s’exile à Paris.

 De la dictablanda à la chute de la monarchie :

Bérenguer reçoit du roi la mission d’un retour à la normalité


constitutionnelle, prévoyant la tenue d’élections ;
 l’opposition s’organise et signe le Pacte de San Sebastián (août 1930) :
• signataires : républicains, catalanistes de gauche et PSOE ;
• programme : coalition électorale, comité révolutionnaire pour
opérer le passage à la république ;
 après l’échec de Bérenguer, Aznar est chargé d’organiser les élections :
• premières : élections municipales, le 12/04/1931 ;
• vécues comme un plébiscite sur la monarchie.

Ces élections vont provoquer l’avènement de la République.

111
Vers l’épreuve externe.

Exercice 1. Commentaire de documents.

Option A. Caricature publiée dans El Imparcial, 26/09/1923.

Questions :
a) Présenter le document et indiquer l’idée principale.
b) Expliquer le contexte historique du document.
c) À partir du document proposé et de vos connaissances personnelles, rédiger en vingt
lignes environ une réponse argumentée expliquant en quoi le coup d’État de 1923
détruit le système de la Restauration tout en prétendant sauver la monarchie.

Option B.

112
Questions :
a) Présenter le document et indiquer l’idée principale.
b) Expliquer le contexte historique du document.
c) À partir du document proposé et de vos connaissances personnelles, rédiger en vingt
lignes environ une réponse argumentée répondant au sujet suivant : la crise et la chute
de la dictature de Primo de Rivera.

Exercice 2. Rédaction.

Option A. L’opposition à la dictature militaire (1923-1931).

Chronologie indicative :
Juin 1926 : Sanjuanada
Novembre 1926 : échec de la tentative d’invasion de Prats de Mollo
1927 : fondation de la F.A.I.
Août 1930 : Pacte de San Sebastián
12/04/1931 : élections municipales

Option B. La dictature de Primo de Rivera.

Chronologie indicative :
Septembre 1923 : coup d’État militaire
1925 : le Directoire civil remplace le Directoire militaire
1926 : reddition d’Abd-el-Krim
30/01/1930 : exil de Primo de Rivera à Paris
14/04/1931 : proclamation de la République

113
III. La Seconde République (1931-1936).

Comment expliquer l’échec de la Seconde République espagnole ?

1. La mise en place de la République.

1.1. De la monarchie à la République.

 L’impact des élections municipales du 12/04/1931 :

 les élections municipales dessinent une nouvelle carte politique :


• monarchistes : nombre légèrement supérieur d’élus ;
• républicains-socialistes : énorme succès dans les grandes villes
(41 des 50 capitales provinciales) et les centres industriels (x3
du nombre de votes à Madrid, x4 à Barcelone) ;
 Éibar, Valence, Séville, Oviedo, Saragosse et Barcelone proclament le
14 avril la République accueillie par des manifestations pacifiques ;
• Alphonse XIII déclare renoncer au trône et s’exile ;
• les signataires du Pacte de San Sebastián forment un
gouvernement provisoire proclamant la Seconde République.

 Le Gouvernement provisoire et la formation des Cortès constituantes :

 gouvernement provisoire formé :


• dirigé par Alacalá Zamora (républicain conservateur) ;
• diverses tendances : républicains (conservateurs, radicaux et
gauche), socialistes, nationalistes catalans et galiciens ;
 en attendant les élections des Cortès constituantes ;
• mesures d’urgence :
 amnistie politiques ;
 libertés publiques et syndicales ;
 rénovation des hauts-fonctionnaires ;
• mesures annoncées ou en marche :
 réforme de l’armée ;
 négociations des autonomies catalanes ou basques ;
 protection des paysans expulsés en cas d’impayés ;
 les élections aux Cortès (28/06) légitiment le changement de régime :
• coalition républicaine-socialiste : majoritaire (250/464 sièges)
avec une forte participation (plus de 70%) ;
• Alcalá Zamora est confirmé comme chef du gouvernement ;
• les membres du gouvernement provisoire sont reconduits.

114
1.2. Les bases institutionnelles et politiques du régime républicain.

 La constitution de 1931 :

 adoptée par les Cortès en décembre 1931 après débats et tensions :


• tensions droite/gauche qui se divisent sur plusieurs points :
question des nationalismes et de la religion ;
• les ministres conservateurs démissionnent et Alcalá Zamora,
remplacé par Azaña, devient Président de la République ;
 constitution républicaine, démocratique et progressiste :
• Etat unitaire mais possibilité d’autonomie de certaines régions ;
• pouvoirs organisés selon la logique parlementaire :
 pouvoir législatif : Cortés monocamérales qui contrôlent
le gouvernement ;
 pouvoir exécutif : Conseil des Ministres présidé par le
chef du Gouvernement et Président de la République,
chef de l’Etat ;
• droits et libertés garantis et série de droits sociaux :
 égalité devant la loi, l’éducation et le travail ;
 non-discrimination (origine, sexe ou richesse) ;
 droit au travail défini comme obligation sociale ;
 faculté du gouvernement de nationaliser ;
• avancées démocratiques : SUM à partir de 23 ans ;
• séparation des Eglises et de l’Etat : laïcité de l’Etat et
légalisation du mariage civil et du divorce.

 La réorganisation de la vie politique, autour d’une logique parlementaire :

 les gauches :
• partis républicains réformistes : nationaux (Parti Radical-
socialiste de Domingo, Action Républicaine d’Azaña) ou
régionaux : Organisation républicaine galicienne, ERC) ;
• domination du PSOE autour de deux tendances : social-
démocrate (Besteiro et Prieto) et révolutionnaire (Largo
Caballero et l’UGT) ;
• renforcement du PCE (Díaz et Ibarruri) malgré la scission du
POUM (Nin et Maurín, 1935) ;
• CNT : force syndicale de premier plan (1 million d’adhérents en
1936) avec deux courants : treintistas (Pestaña, Peiró) modérés
et syndicalistes, prêts à appuyer la République et radicaux de la
FAI (Durruti, Ascaso, García Oliver) défendant l’insurrection ;
 les droites :
• républicains conservateurs se droitisant : Parti Radical
(Lerroux) et Droite Libérale Républicaine (Alcalá Zamora) ;

115
• conservateurs et catholiques : domination de la Confédération
Espagnole des Droites Autonomes (CEDA, 1933) : contre le
gouvernement au nom de la propriété, de l’Eglise et de l’Armée ;
• nationalistes conservateurs (Lliga Regionalista ou Parti
Nationaliste Basque ;
• monarchistes comme Rénovation Espagnole (Calvo Sotelo) et
carlistes réunis dans Communion Traditionaliste ;
• petits groupes d’extrême-droite à tendance fasciste : groupés
dans les Juntes d’Offensive Nationale Syndicaliste (JONS),
puis unis dans la Phalange Espagnole (1933, Primo de Rivera).

2. Le Biennat de gauche (1931-1933).

2.1. Les réformes du Biennat de gauche.

 Une série de réformes politiques :

 politique de sécularisation :
• le gouvernement s’attaque aux congrégations : interdiction
d’enseigner et Loi sur les Congrégations (mai 1933) : biens
limités, dissolution possible comme la Compagnie de Jésus ;
• anticléricalisme parfois radical : couvents incendiés (11-
12/05/1931) dans plusieurs villes (Madrid, Séville, Cadix,
Murcie), expulsion du cardinal Segura, archevêque de Tolède ;
 réforme militaire d’Azaña :
• objectif : armée professionnelle et démocratique organisée
rationnellement (1 officier pour trois soldats en 1917) ;
• réorganisation et de soumission de l’armée : Ley de Retiro de la
Oficialidad (1931 : serment de fidélité des officiers obligatoire),
moins d’unités et d’officiers, Académie militaire de Saragosse
fermée, presse réservée aux militaires interdite ;
• corps de police subordonné au gouvernement : Garde d’Assaut ;
 politique éducative et culturelle :
• réforme promouvant une éducation libérale, laïque et de
masse : 10000 écoles primaires, 7000 postes d’instituteurs,
hausse de 50% du budget, et lutte contre le contrôle religieux ;
• désir de hausser le niveau culturel avec l’aide d’artistes et
d’intellectuels : Missions Pédagogiques et troupes comme La
Barraca (F. García Lorca).

116
 réforme de l’Etat répondant aux régionalistes et nationalistes :
• 14/04/1931 : pression exercée par les nationalistes catalans :
proclamation par Macià de la République Catalane ;
• décision annulée et compromis : gouvernement autonome
provisoire (Generalitat) et statut d’autonomie (Estatut de
Nuria) adopté par référendum (99%) puis présenté aux Cortès ;
 Constitution reconnaissant un statut d’autonomie pour
la Catalogne, mais dispositions limitant le texte de Nuria ;
 statut d’autonomie de septembre 1932 : exécutif et
parlement propres, compétences (économiques, sociales,
éducatives et culturelles) et victoire d’ERC au Parlament
(Macià président de la Generalitat) ;
• lents progrès de l’autonomie basque : projet de statut (Estella)
mais opposition de la gauche puis en octobre 1936 texte
consensuel et le PNV au pouvoir (Aguirre premier Lendakari) ;
• Galice : processus plus lent d’élaboration d’un statut jamais
approuvé par les Cortès, à cause de la guerre civile.

 Les réformes économiques et sociales :

 réformes du Code du travail de Largo Caballero (ministre du Travail) :


• Loi sur les Contrats de Travail : négociation collective ;
• Loi sur les Jurys Mixtes (Prud’hommes) : conflits au travail ;
• autres décisions : 40 heures, hausse des salaires, journée dans
les campagnes réduite, assurances sociales encouragée ;
 réforme agraire :
• objectif : réduire le latifundisme et améliorer la condition des
ouvriers agricoles, moderniser un secteur fondamental : ½
actifs, ½ ouvrier agricole, 750000 journaliers, plus de 50% des
terres à une poignée de propriétaires en Castille et dans le Sud ;
• premières mesures : rupture unilatérale des contrats de location
interdite, journée de 8 heures, salaires minimaux, obligation
cultiver les terres incultes ;
• Loi de réforme agraire (septembre 1932) pour moderniser
l’agriculture : possibilité de confisquer les terres incultes de la
haute noblesse, d’exproprier les terres mal cultivées, mal
irriguées ou louées en permanence, organisme pour mettre en
œuvre la réforme (Instituto de la Reforma Agraria) ;
• résultats : moins d’expropriations/installations que prévu (12000
de 1932 à 1934) à cause des lenteurs bureaucratiques, du
manque de moyens, de la résistance des propriétaires, et
tension entre grands propriétaires (ennemis de la République) et
paysans (radicalisation : terres occupées, récoltes incendiées).

117
2.2. Les difficultés et la crise du Biennat de gauche.

 Un contexte économique défavorable :

 l’économie espagnole est touchée plus tard par la crise de 1929 et moins
fortement mais certaines faiblesses structurelles sont aggravées :
• balance commerciale en déficit car demande mondiale en chute ;
• chômage agricole qui progresse ;
• concentration des terres pérennisée ;
 effets négatifs de la politique économique et sociale :
• baisse des bénéfices entrepreneuriaux : hausse des salaires non
compensée par une augmentation de la productivité ;
• chute de l’investissement privé et public (politique de réduction
des dépenses publiques) affaiblissant certains secteurs
(sidérurgie, mécanique, construction navale).

 La montée des tensions sociales :

 fraction des classes moyennes, grands propriétaires et industriels,


couches plus traditionalistes (église et armée) : opposition de plus en
plus ouverte au gouvernement et/ou au régime ;
 désenchantement des travailleurs, particulièrement ruraux, face aux
réformes qui renforce une dynamique révolutionnaire :
• conflictualité entretenue par certains syndicats et partis : CNT,
PCE (plus de 11000 membres en 1932), l’UGT (Fédération des
Travailleurs de la Terre à 450000 membres) ;
• multiplication des luttes sociales : grèves (402 en 1930, 1127 en
1932, soulèvements anarchistes ou socialistes (mineurs du
Haut-Llobregat en 1932, paysans andalous en1933) ;
 tensions accélérant l’usure du gouvernement qui se coupe des classes
populaires en employant parfois la force : 12 morts à Casas Viejas.

 La réorganisation et la montée en puissance des droites :

 droite renforcée à partir de 1932-1933 :


• Parti Radical : classes moyennes opposées à la gauche mais
encore fidèles à la République ;
• droite monarchiste et catholique dopée par l’opposition aux
réformes : CEDA devenue un parti de masse ;
 extrême-droite (Rénovation Espagnole, JONS, Phalange et Communion
Traditionaliste) redoublant d’activité et entretenant les tensions ;
 secteurs de l’armée franchissant le pas de l’illégalité : coup d’Etat de
Sanjurjo (août 1932), création de l’Union Militaire Espagnole (1933).

118
3. Le Biennat conservateur (1933-1935).

3.1. La victoire des droites et ses conséquences.

 Les élections de 1933 et la victoire des droites :


 automne 1933 : Azaña démissionne, nouvelles élections convoquées ;
• particularités : vote des femmes, forte abstention souvent
populaire (CNT), gauche désunie à l’inverse de la droite ;
• centre et la droite majoritaires, menés par deux forces : le Parti
Radical et la CEDA ;
 Alcalá Zamora appelle Lerroux à présider le gouvernement formé
uniquement de radicaux, mais avec l’appui de la CEDA.

 L’arrêt des réformes :

 blocage de la réforme agraire : restitutions à la noblesse, annulation de


cessions de terres, liberté totale des contrats agricoles, et affrontement
avec la Generalitat (ERC) sur la Ley de Contratos de Cultivo (1934)
jugée inconstitutionnelle après mobilisation de la Lliga Catalana et de la
majorité conservatrice aux Cortés ;
 blocage aux Cortés du projet d’autonomie basque proposé par le PNV ;
 blocage de la politique de sécularisation :
• approbation d’un budget des cultes ;
• négociations avec le Vatican en vue de conclure un concordat ;
 apaisement avec les opposants dans l’armée : amnistie des participants
au coup d’Etat de Sanjurjo et des partisans de Primo de Rivera.

 La radicalisation des antagonismes :

 une partie des socialistes derrière Largo Caballero rejoint les


anarchistes contre le gouvernement : grèves et conflits sociaux ;
 pressions de la CEDA exigeant des mesures d’ordre et sa participation
au gouvernement : nomination de trois ministres CEDA (5/10/1934).

3.2. La crise de 1934 et ses conséquences.

 La révolution d’octobre 1934 :

 réaction d’UGT à l’entrée de la CEDA au gouvernement et lancement


d’un mouvement de protestation et de grèves national :
• plusieurs villes touchées, mais pas d’extension par manque de
préparation et du fait de la réaction (Etat de guerre) du
gouvernement, même si les Asturies et la Catalogne
s’embrasent ;

119
 révolte des Asturies :
• accord entre anarchistes, socialistes et communistes et
révolution sociale : mairies et casernes de la Garde civile prises,
Comités révolutionnaires locaux, siège d’Oviedo ;
• répression par la Légion (Franco) : 1000 mineurs tués, 2000
blessés, 5000 détenus, et mouvement international d’indignation ;
 crise politique en Catalogne :
• Companys (successeur de Macià) proclame (6/10) la
République catalane dans la République fédérale espagnole ;
• partis et syndicats de gauche (PSOE, UGT, paysans et
communistes) tentent une grève générale insurrectionnelle :
échec faute de soutien populaire et d’engagement de la CNT ;
• Etat de guerre déclaré : Batet occupe la Generalitat et
emprisonne 3500 personnes (membres du govern, de la
municipalité de Barcelone, Azaña et Largo Caballero).

 La crise du Biennat conservateur :

 montée en puissance de la CEDA et des plus conservateurs :


• pressions sur le gouvernement : suspension du statut catalan,
annulation de la Ley de Contratos de Cultivo, restitution des
propriétés des jésuites, Gil Robles ministre de la Guerre et
Franco Chef d’Etat-Major ;
• projet de réforme de la constitution : réduction des compétences
autonomiques, suppression du droit au divorce, interdiction des
expropriations de terres ;
 mais une forte crise frappe le gouvernement à l’automne 1935 :
• le Parti Radical est discrédité par des scandales : estraperlo ;
• Gil Robles fait pression sur le Président de la République pour
diriger le gouvernement.

Alcalá Zamora se refuse à céder tout le pouvoir à la CEDA et décide fin décembre
1935 de convoquer des élections pour février 1936.

120
4. Le Front Populaire (février-juillet 1936).

4.1. La victoire du Front Populaire.

 L’union des forces de gauche :

 les forces de gauche (républicains, socialistes, communistes) décident de


former le Front Populaire, une coalition électorale :
• candidatures communes aux élections ;
• programme commun : amnistie pour les victimes de la
répression de 1934, réintégration à leur travail des condamnés
politiques, reprise de la législation réformiste ;
 CNT : ne participe pas mais n’appelle pas ses forces à l’abstention ;
 même si des coalitions locales CEDA-monarchistes-traditionalistes (Bloc
National), avec parfois par des radicaux ou la Lliga Catalana, pas de
candidature nationale, ni de programme commun pour la droite.

 La victoire de février 1936 :

 victoire de la gauche (48%) devant la droite (46,5%) et le centre (5,4%) ;


 carte politique : littoral, grandes villes et régions industrielles à
gauche / Castille, León, Navarre et large part de l’Aragon à droite.

 La formation du gouvernement de Front Populaire :

 gouvernement formé par les républicains de gauche (Gauche


Républicaine et Union Républicaine) :
• Casares Quiroga devient Président du Gouvernement ;
• Azaña Président de la République ;
 les socialistes et autres composantes du Front Populaire s’engagent à
soutenir le gouvernement au Parlement.

4.2. La politique du Front Populaire et ses conséquences.

 La mise en œuvre du programme du Front Populaire :

 amnistie générale : 30000 prisonniers politiques libérés, les


entreprises doivent rembaucher les ouvriers licenciés ;
 réouverture du processus de dialogue pour l’autonomie de certaines
régions :
• Generalitat et statut catalans rétablis ;
• négociations pour statuts de Pays Basque et de Galice ;
 processus réformiste relancé, surtout au niveau de la politique agraire.

121
 Les réactions à cette politique :

 à gauche, partis et syndicats lancent une mobilisation populaire, surtout


anarchistes et socialistes les plus radicaux (Largo Caballero) :
• grèves pour obtenir améliorations des conditions de travail ;
• occupation de terres spontanée (Andalousie et Estrémadure)
par des journaliers ;
 à droite, rejet absolu :
• opposition aux mesures agraires par les propriétaires terriens,
fermeture d’usines et fuite de capitaux vers l’étranger ;
• Eglise : campagne contre la République ;
• groupes radicaux (Phalange) s’affrontant violemment à la
gauche entre février et juillet 1936.

 Vers la guerre civile :

 un groupe de militaires s’oriente vers un coup d’Etat :


• Mola à la tête du groupe de généraux conjurés ;
• plan : soulèvement militaire simultané depuis les garnisons +
intervention de l’armée d’Afrique (Franco) ;
 généraux impliqués éloignés, mais pas destitués ;
 complot soutenu par :
• les forces politiques de droite : monarchistes, carlistes, cléricaux,
cedistes, phalangistes ;
• contacts avec des puissances étrangères d’extrême-droite :
l’Allemagne nazie et l’Italie fasciste.

L’assassinat de Calvo Sotelo, le 14 juillet, en représailles de celui du lieutenant


Castillo, donne le signal du mouvement militaire contre la République lancé depuis
le Maroc le 17 juillet 1936.

122
Vers l’épreuve externe.

Exercice 1. Commentaire de documents.

Option A. Le résultat des élections municipales d’avril 1931 (en % de votes).

socialistes communistes
: 5,97% : 0,08%

autres :
27,06% républicains :
43,05%

monarchistes
: 23,84%

Source : INE, Annuaires Satistiques, 1932-1940.

Questions :
a) Présenter le document et indiquer l’idée principale.
b) Expliquer le contexte historique du document.
c) À partir du document proposé et de vos connaissances personnelles, rédiger en vingt
lignes environ une réponse argumentée expliquant comment la Seconde République
espagnole s’est mise en place (avril-décembre 1931).

Option B. La Generalitat arrêtée le 6 octobre 1934. (Source Gencat).

123
Questions :
a) Présenter le document et indiquer l’idée principale.
b) Expliquer le contexte historique du document.
c) À partir du document proposé et de vos connaissances personnelles, rédiger en vingt
lignes environ une réponse argumentée répondant au sujet suivant : la crise d’octobre
1934.

Exercice 2. Rédaction.

Option A. Le Front Populaire (février-juillet 1936).

Chronologie indicative :
Février 1936 : victoire électorale de la gauche
Mars 1936 : rétablissement de la Generalitat
Mai 1936 : Azaña devient Président de la République
14 juillet 1936 : assassinat de Calvo Sotelo
17-18 juillet 1936 : coup d’État militaire

Option B. L’échec de la Seconde République espagnole (1931-1936).

Chronologie indicative :
Avril 1931 : proclamation de la Seconde République
Décembre 1931 : adoption de la constitution
Septembre 1932 : loi de réforme agraire
Octobre 1934 : révolte des Asturies et de Catalogne
Juillet 1936 : coup d’État militaire

124
CHAPITRE 8
La France pendant la Seconde guerre mondiale
(1940-1944)

Problématique :
quelles sont les conséquences de la défaite de 1940 ?

125
126
I. Le régime de Vichy (1940-1944).

Quelles sont les caractéristiques du régime mis en place par Pétain en 1940 ?

1. La défaite et l’effondrement de la République (septembre 1939-juillet 1940).

 La « drôle de guerre » :

 l’attentisme militaire :
• la France déclare la guerre à l’Allemagne (3/09/1939), après
l’invasion de la Pologne le 1er septembre 1939 ;
• stratégie défensive (ligne Maginot) ;
• offensives périphériques, comme en Norvège (avril-mai 1940) ;
 la vie politique :
• après le pacte Staline-Hitler, le parti communiste est dissout,
ses parlementaires déchus, ses journaux fermés ;
• aucune « union sacrée » : des hommes politiques, de droite et de
gauche défendent un compromis avec Hitler (Laval) ;
 l’état de l’opinion :
• malgré le pacifisme, après l’échec de Munich, grande majorité
résignée à la guerre : 76% de partisans (sondage de juillet 1939) ;
• après la déclaration de guerre : rationnement et vie quotidienne
affectée, les Français perdant progressivement leur
détermination.

 La défaite et ses conséquences politiques :

 l’offensive allemande (10 mai 1940) est rapidement victorieuse :


• stratégie offensive, tactique et armes modernes (chars, avions
d’attaque) employées aboutissant à l’encerclement des troupes
franco-britanniques (au nord et en Belgique) ;
• la défaite et l’avance allemande jettent des millions de réfugiés
sur les routes : c’est l’exode ;
 la Troisième République s’effondre :
• le gouvernement Reynaud est divisé en deux tendances sur la
poursuite de la guerre et incapable de gérer la crise ;
• 16 juin 1940 : démission de Reynaud remplacé par Pétain
(partisan de la négociation) nommé Président du Conseil par le
Président de la République Lebrun ;
• 17 juin : Pétain annonce la demande d’armistice (signé le 22) ;
• Juillet 1940 : à Vichy, Pétain prépare avec Laval la fin du
régime et reçoit les pleins pouvoirs le 10 juillet pour donner une
constitution à l’ « Etat français ».

127
2. L’État français (mai 1940- août 1944).

 La Révolution nationale :

 Pétain met en place les bases d’un régime personnel et autoritaire :


• Chambre des députés/Sénat ajournés « jusqu’à nouvel ordre » ;
• chef de l’Etat qui concentre les pouvoirs et dirige le
gouvernement et fait l’objet d’un culte de la personnalité ;
• censure et propagande ;
• pouvoirs locaux contrôlés : maires nommés par les préfets ;
 la répression frappe les principales personnalités républicaines, comme
Léon Blum ;
 la société est profondément bouleversée selon la devise « Travail,
Famille, Patrie » :
• réformes éducatives : suppression de la gratuité du lycée,
financement des écoles privées religieuses ;
• jeunesse encadrée dans des mouvements de masse, comme les
« Chantiers de Jeunesse » ;
• réformes familiales : divorce plus difficile, avortement
sévèrement réprimé ;
• monde du travail réorganisé selon une logique corporative :
suppression des syndicats ;
 l’antisémitisme et la xénophobie :
• mesures d’exclusion d’étrangers : déchéance de nationalité ;
• statut des Juifs (octobre 1940) et internement des juifs étrangers.

 La collaboration :

 Pétain pratique d’abord une collaboration d’Etat (1940-1942) :


• buts affichés : assouplissement des conditions de l’armistice et
défense des intérêts de la France dans l’Europe allemande ;
• actes politiques : entrevue de Montoire (24/10/1940),
coopération économique et projets de coopération militaire ;
 1942 : Laval « chef du gouvernement » qui accélère la collaboration :
• solidarité avec l’Allemagne dans sa « croisade contre le
bolchévisme » : envoi de volontaires (L.V.F.) et de main-
d’œuvre : Service du Travail Obligatoire (S.T.O.) ;
• participation à la politique d’extermination des Juifs : rafle du
Vel’ d’Hiv’ (juillet 1942), 42000 juifs déportés en 1942 ;
• lutte de la Milice contre les mouvements de résistance ;

Fascisation du régime et perte de souveraineté à partir de l’invasion de la zone


libre (novembre 1942).

128
II. La France libre et la Résistance (1940-1944).

Quelle a été l’attitude de ceux qui ont refusé la défaite et la collaboration ?

1. La France libre (18 juin 1940-août 1944).

1.1. Les débuts de la France libre (18 juin 1940- sept. 1943).

 Une naissance difficile (juin 1940- nov. 1942) :

 l’appel du 18 juin 1940 :


• lancé par De Gaulle depuis la BBC : encourage les Français à
continuer la lutte depuis l’Angleterre et l’Empire ;
• peu d’écho : seulement 7000 hommes en juillet 1940 ;
 le difficile ralliement de terres d’Empire :
• certains territoires se rallient rapidement : Tchad, Cameroun,
Gabon, Oubangui ;
• d’autres fidèles à Vichy : échec de l’expédition de Dakar ;
 la participation aux combats aux côtés des Alliés :
• les Forces Françaises Libres se constituent et se
renforcent (35000 hommes fin 1940) ;
• premiers combats livrés face aux Italiens et aux Allemands en
Afrique du Nord (Koufra en 1941, Bir-Hakeim en 1942) ;
• d’autres opposent les F.F.L. aux forces de Vichy (Syrie)
 l’organisation politique de la France libre :
• De Gaulle s’engage à rétablir la République, tout en défendant
l’idée d’une rénovation politique et sociale à la libération ;
• il constitue un pouvoir centralisé et personnalisé, le Comité
national français (septembre 1941) : opposition à l’Axe et à
Vichy, coordination et subordination des réseaux de résistance
(notamment grâce à Jean Moulin), défense de la souveraineté
face aux Alliés (en Syrie et à Madagascar).

 Le tournant (nov. 1942- sept. 1943) :

 11/1942 : les anglo-américains débarquent en Afrique du Nord :


• Darlan (« dauphin » de Pétain) reçoit des Alliés le
gouvernement en Afrique du Nord avant d’être assassiné ;
• malgré l’invasion par Hitler de la zone libre, Pétain refuse de
lutter et ordonne le sabordage de la flotte de Toulon ;
• les Alliés privilégient Giraud puis acceptent De Gaulle : création
du Comité Français de Libération Nationale.

129
1.2. De la renaissance de l’Etat à la Libération (sept. 1943- automne 1944).

 Un Etat s’organise hors-métropole :

 C.F.L.N. présidé par De Gaulle et composé de commissaires ;


 Assemblée consultative : parlementaires ayant refusé les pleins
pouvoirs, communistes, élus d’Algérie et Résistants ;
 fusion des F.F.L., de l’armée d’Afrique et d’éléments de l’armée
d’armistice et participation à la lutte aux côtés des Alliés (Italie).

 La politique de la France libre et du C.F.L.N. :

 gouvernement des territoires de l’Empire et libérés (Corse) ;


 projet de réorganisation politique, économique et sociale de la France
pour la libération : droit de vote des femmes (avril 1944) ;
 coordination et subordination de la résistance intérieure, regroupée
par Jean Moulin au sein du Conseil National de la Résistance (1943).

 La Libération :

 1944 : débarquements en Normandie et Provence (6 juin et 15 août) et


participation des troupes de la France libre et de la
Résistance (libération de Toulon, de Marseille, de Paris) ;
 la transition politique :
• Vichy s’effondre : emmenés en Allemagne, Laval et Pétain se
réfugient à l’étranger ;
• De Gaulle évite une administration sous contrôle américain, le
CFLN devenant le Gouvernement provisoire de la République
française (G.P.R.F.) ;
• légalité républicaine rétablie : vote du 10/07/1940 annulé et
épuration spontanée (9000 exécutions) puis légale (46000
condamnations dont 767 exécutions) contre la collaboration
politique (Pétain, Laval), économique (Renault) et
intellectuelle (Brasillach).

2. La Résistance.

 Les débuts de la Résistance (1940-1942) :

 dès 1940, actes spontanés : manifestation de 3 à 5000 étudiants et


lycéens à Paris le 11 novembre 1940 sur les Champs Elysées ;
 constitution de réseaux dans les deux zones :
• tout le spectre politique : de l’extrême-droite nationaliste à
l’extrême-gauche (Combat, Franc-Tireur, Libération) ;

130
• action clandestine : propagande (journaux), renseignement
(radio), actions militaires (sabotages, attentats) ;
• peu de coordination et difficile communication entre réseaux ;
 le P.C.F. rentre officiellement dans la lutte après l’invasion de
l’U.R.S.S. par les troupes d’Hitler (juin 1941).

 L’organisation et la montée en puissance (1942-1944) :

 l’invasion de la zone libre et le S.T.O. (1942) vont pousser des milliers


de jeunes vers la Résistance :
• croissance des Maquis accueillant les réfractaires (Vercors) ;
• une partie de l’armée d’armistice rejoint la Résistance ;
 à partir de la même année, les mouvements de résistance s’unifient en
se ralliant à De Gaulle :
• action décisive de Jean Moulin : création du Conseil National
de la Résistance (mai 1943) ;
• préparation avec les partis républicains d’avant 1940 de la
Libération : programme du C.N.R. ;
 action décisive au moment de la Libération :
• aide aux Alliés pour les débarquements : renseignements,
sabotages, harcèlement des troupes allemandes et diversions ;
• participation à la libération de villes comme Marseille et Paris.

131
III. La France et les Français pendant la guerre (1940-1944).

Quelles ont été les conséquences de la guerre pour la France et pour les Français ?

1. L’Occupation et ses conséquences.

 Les conséquences de l’armistice :

 France soumise au pillage économique imposé par l’Allemagne :


• frais d’occupation : 20 millions de marks/jour ;
• achats et commandes forcés auprès d’entreprises et de
producteurs français ;
 territoire divisé en plusieurs zones (nord/sud/zone interdite/zone
annexée) et coupé en deux par la ligne de démarcation ;
 zone occupée (toute la France métropolitaine à partir de novembre
1942) : censure et contrôle étroit imposés par l’Occupant.

 La vie quotidienne est difficile :

 changements de multiples détails de la vie quotidienne en zone


occupée : toponymie germanisée, couvre-feu, contrôles ;
 contrôle des prix et de la production agricole entraînant :
• le rationnement alimentaire ;
• les circuits parallèles : « marché noir » ;
 augmentation des inégalités sociales : paysans/citadins, salariés/rentiers.

 L’état de l’opinion :

 sentiment d’abattement et préoccupation pour la survie quotidienne ;


 l’opinion est divisée et évolue :
• majoritairement : d’abord maréchalisme, attachement à la
personne de Pétain et confiance en son action (jusqu’en 1941),
puis attentisme ;
• minoritairement : vichysme (partisans de la Révolution
nationale), collaborationnisme (adhésion aux projets hitlériens et
à l’ « Europe allemande » des fascistes du P.P.F. de Doriot ou du
R.N.P. de Déat, des antibolchéviques de la L.V.F. ou de la
Division Charlemagne), Résistance (250000 « combattants
volontaires » reconnus après-guerre).

132
2. Le bilan de la guerre.

 Les pertes humaines :

 pertes lourdes (540000), même si inférieures à la Première guerre


mondiale (42%) ;
 différence : forte proportion de civils tués (60%) ;
 mais dynamisme démographique : reprise de la natalité à partir de
1942-1943 (débuts du baby-boom).

 Les pertes économiques :

 production industrielle en chute : 50% en 1944 du niveau de 1938 ;


 baisse du pouvoir d’achat : prix qui ont quadruplé, alors que les
salaires ont été multipliés par 2,7 ;
 déclin agricole : récolte 1945 valant 60% de 1938 (rationnement
jusqu’en 1948) ;
 retard technique dû au sous-investissement durant l’Occupation ;
 infrastructures et parc immobilier détruits : 2/3 du réseau ferré.

 Les conséquences politiques :

 la Troisième République a succombé par son incapacité à préparer et


gérer la guerre ;
 Vichy : tentative autoritaire avortée ;
 la France libre et la Résistance ont permis le sursaut national incarné
par De Gaulle et la réaffirmation du lien Nation-République.

133
Vers l’épreuve externe.

Exercice 1. Commentaire de documents.

Option A. Photographie prise lors des combats pour libérer Paris, le 22 août 1944.

Questions :
a) Présenter le document et indiquer l’idée principale.
b) Expliquer le contexte historique du document.
c) À partir du document proposé et de vos connaissances personnelles, rédiger en vingt
lignes environ une réponse argumentée expliquant la nature et le rôle de la Résistance
française entre 1940 et 1944.

Option B. Circulaire émise par la préfecture du département de la Creuse en zone


libre, février 1942.

Circulaire nº237 : recensement des Israélites entrés en France depuis le 1er janvier 1936.
Le Gouvernement a prescrit le regroupement des israélites tant étrangers que
naturalisés français qui sont entrés en France depuis le 1er janvier 1936.
En vue de permettre ce regroupement les intéressés sont invités à remplir […]
les formulaires qu’ils trouveront dans les mairies ou les commissariats de Police. […]
De rigoureuses sanctions seront prises contre les israélites qui, entrés en France
postérieurement au 1er janvier 1936, ne seront pas soumis au recensement. […]
Guéret, le 1er février 1942.

Questions :
a) Présenter le document et indiquer l’idée principale.
b) Expliquer le contexte historique du document.
c) À partir du document proposé et de vos connaissances personnelles, rédiger en vingt
lignes environ une réponse argumentée répondant au sujet suivant : le régime de Vichy
(1940-1944).

134
Exercice 2. Rédaction.

Option A. La France pendant la Seconde guerre mondiale.

Chronologie indicative :
Mai 1940 : début de l’invasion allemande
18 juin 1940 : appel du général De Gaulle
Octobre 1940 : entrevue de Montoire
Juillet 1942 : rafle du Vel’d’Hiv’
25 août 1944 : libération de Paris

Option B. Vivre en France sous l’Occupation.

Chronologie indicative :
22/06/1940 : armistice avec l’Allemagne
Octobre 1940 : entrevue de Montoire
Mai 1942 : Service du Travail Obligatoire
1943 : reprise de la natalité
Juin 1944 : débarquement allié en Normandie

135
CHAPITRE 9 :
LA GUERRE CIVILE ESPAGNOLE
(1936-1939)

Problématique :
en quoi la guerre civile est-elle un tournant majeur dans
l’histoire de l’Espagne ?

136
137
I. Les étapes de la guerre civile (1936-1939).

Quels sont les principaux événements de la guerre civile espagnole?

1. De l’échec du coup d’Etat au déclenchement de la guerre civile.

 Signal du coup d’État le 17 juillet 1936 donné à Melilla par Yagüe :

 entraîne le protectorat marocain dans le soulèvement ;


 dans la péninsule, des garnisons se soulèvent (18 et 19/07) appuyées par
les phalangistes et les requetés (carlistes) ;
 Franco organise le débarquement de l’armée d’Afrique du nord (début
août), avec le soutien logistique de l’Italie fasciste et du Reich ;
 Goded échoue à s’emparer de la Catalogne et doit se rendre le 19 juillet.

 Finalement, le coup d’Etat échoue à renverser le gouvernement :

 le gouvernement hésite avant de prendre des mesures énergiques :


• Casares Quiroga démissionne, remplacé par Martínez Barrio,
puis par Giral ;
• l’armée est dissoute, des milices sont formées par la livraison
d’armes aux syndicats (UGT, CNT) et partis de gauche.
 Le pays est coupé en deux :
• certaines zones basculent dans l’insurrection : Galice, Espagne
intérieure et agricole, Aragon, Guadalquivir et territoires
ultramarins (Canaries, Maroc, Baléares) ;
• d’autres restent républicaines : Espagne littorale industrialisée,
Andalousie, Estrémadure et une partie de la Castille et la plupart
des grandes villes ;
 une grande partie de l’armée et des forces de sécurité reste légaliste.

2. De la lutte pour Madrid à la stabilisation des fronts (juillet 1936-mars 1937).

2.1. L’internationalisation du conflit.

 La guerre a un grand impact international :

 les nations démocratiques et socialistes :


• sympathie globale pour la République ;
• certains plus réservées face à l’influence socialiste, communiste et
anarchiste chez les républicains (Royaume-Uni et les EUA) ;

138
 les nations conservatrices ou d’extrême-droite se rangent par
anticommunisme aux côtés des nationalistes : Portugal de Salazar,
Allemagne d’Hitler et Italie de Mussolini.

 Différentes attitudes :

 non-intervention prônée par le Royaume-Uni et la France à la SDN et


scellée par un pacte (Comité fondé par 27 signataires) :
• non-intervention stricte : RU
• attitude plus ambigüe : France ;
 engagement en faveur d’un camp ou de l’autre :
• côté républicain : l’URSS (livraison d’armes et de matériel en
échange des réserves d’or espagnoles, conseillers soviétiques et
commissaires politiques renforçant l’influence du PC) et les
Brigades Internationales (60000 volontaires du monde entier
jusqu’en septembre-octobre 1938) ;
• côté nationaliste : Allemagne nazie (matériel, puis envoi d’un
corps expéditionnaire aérien, la Légion Condor), Italie
fasciste (matériel puis envoi d’un corps expéditionnaire, le Corpo
Truppe Volontarie) et volontaires internationaux.

2.2. La lutte pour Madrid et les autres fronts.

 La prise de Madrid, objectif principal des insurgés :

 progression de Yagüe vers le nord à travers l’Andalousie occidentale et


l’Estrémadure permettant la jonction avec l’armée de Mola ;
 Franco à la tête de l’armée du sud après la mort de Sanjurjo décide
d’attaquer Tolède, assiégée par les républicains ;
 le 29/10, mobilisation générale à Madrid menacée d’invasion :
• gouvernement déplacé à Valence et Madrid sous l’autorité d’une
junte présidée par Miaja qui confie la défense à Rojo ;
• résistance des défenseurs renforcés par les premiers volontaires
des Brigades Internationales et les catalans (colonne Durruti).

 Les fronts de Catalogne, Madrid et d’Andalousie :

 stabilisation du Front de Catalogne :


• échec de l’offensive républicaine vers Huesca et Saragosse ;
• échec de la tentative de Bayo de reconquête des Baléares.
 février-mars 1937, deux offensives manquées des nationalistes pour
isoler Madrid et couper ses liaisons avec Valence :
• sud : bataille du Jarama ;
• nord : bataille de Guadalajara ;

139
 conquête de l’Andalousie :
• juillet-août 1936, les nationalistes progressent vers l’est andalou ;
• février 1937 : Queipo de Llano bombarde et prend Malaga,
provoquant un gigantesque exode de la population républicaine.

3. La marche des nationalistes vers la victoire (avril 1937-avril 1939).

3.1. Conquête du nord et course à la Méditerranée (avril 1937-juin 1938).

 L’offensive nationaliste change de direction :

 les nationalistes orientent leur offensive vers le nord (Asturies,


Cantabrique et Biscaye) resté républicain ;
 offensive d’avril à octobre 1937 de Mola :
• bombardement de Guernica par l’aviation allemande le 26 avril ;
• occupation de Bilbao le 19 juin ;
 les républicains tentent d’éviter la perte du nord :
• tentatives de percée près de Madrid (Brunete, juin 1937) et
Saragosse (Belchite, novembre 1937) ;
• la perte du nord est une catastrophe pour la République : potentiel
économique perdu (mines et industries) et exode de réfugiés.

 La course des insurgés vers la Méditerranée (novembre 1937-juin 1938) :

 tentative de sursaut des forces républicaines fin 1937 :


• réorganisation de l’armée, devenue Armée Populaire : intégration
des milices et des Brigades Internationales ;
• encadrement professionnel et commandement à Rojo ;
• série d’offensives, comme à Teruel (hiver 1937-1938) ;
 mais les nationalistes reprennent l’initiative :
• février 1938 : Franco reprend Teruel et lance une contre-offensive
en Aragon (prise de Lérida, Gandesa, et des centrales
hydroélectriques des Pyrénées) ;
• offensive ensuite vers le sud (Valence) qui atteint la
Méditerranée et coupe le territoire républicain en deux.

3.3. La chute de la Catalogne et de la République (juillet 1938-février 1939).

 La bataille de l’Ebre, dernier espoir de la République (juillet-novembre 1938) :

 objectif : franchir l’Ebre et réunifier les deux zones républicaines ;


• 25 juillet : prise de solides positions sur l’autre rive ;
• mais Franco stoppe l’offensive avec des renforts ;
 novembre : contre-attaque nationaliste, les républicains se replient.

140
 L’invasion de la Catalogne :

 23 décembre : ordre de Franco d’attaquer la Catalogne ;


 avance franquiste rapide : Tarragone, Barcelone (26/01), Gérone (4/02) ;
 470000 réfugiés vers la France dont d’importantes figures politiques :
• 1/02/1939 : dernière session des Cortés à Figueras ;
• exil d’Azaña, des gouvernements Negrín, basque et catalan
(Generalitat), des parlementaires, des chefs partis et de syndicats.

 La fin de la guerre (février-avril 1939) :

 situation désespérée de l’Espagne républicaine :


• territoire républicain : « zone centre » (Madrid, la Manche, côte
méditerranéenne de Valence à Almería) ;
• Negrín, revenu de France, tente de reprendre la situation en main ;
 le coup d’Etat de Casado :
• début mars, Casado prend le pouvoir à Madrid : accuse Negrín de
confier tous les pouvoirs au Parti Communiste et, soutenu par des
membres du PSOE et de l’UGT, il crée une Junte de Défense pour
négocier avec Franco qui refuse ;
• 28/03/1939 : les franquistes pénètrent sans résistance dans Madrid ;
 la victoire franquiste :
• les nationalistes conquièrent toute la frange méditerranéenne
terminant avec la prise d’Alicante ;
• 1/04/1939 : Franco proclame la défaite de la République et la fin
de la guerre.

141
II. L’Espagne pendant la guerre civile (1936-1939).

Comment la vie politique, sociale et économique s’est-elle organisée


durant la guerre civile ?

1. La constitution d’un Etat totalitaire dans la zone insurgée.

Le camp insurgé dit national :

Principales composantes : militaires, classes aisées et conservatrices, opposants au


régime et/ou aux réformes.
Soutiens extérieurs : Italie fasciste et Allemagne nazie.
Différents projets :
- militaires : prétention de rétablir l’ordre et de prévenir une révolution sociale ;
- monarchistes (CEDA et RE) : retour à la monarchie alphonsine ;
- carlistes : instauration d’une monarchie traditionaliste ;
- phalangistes : régime sur le modèle fasciste.

1.1. Franco : du général insurgé au Caudillo de España.

 La difficile unité de commandement civile et militaire :

 mort de Sanjurjo (20/07/1936) posant le problème du commandement :


Junte de Défense Nationale crée à Burgos (24/07/1936) ;
• membres : généraux insurgés (Mola, Franco, Queipo de
Llano) sous la présidence de Cabanellas ;
• attributions civiles : gouvernement des territoires
nationalistes et premières mesures (interdiction des partis,
constitution et réforme agraire suspendues) ;
 Franco va progressivement renforcer son autorité :
• populaire dans l’armée, surtout après la prise de Tolède ;
• reconnu comme interlocuteur par Hitler et Mussolini ;
• 1/10/1936 : nommé Chef de l’Etat et
Généralissime remplaçant la Junte de Défense Nationale par
une Junte Technique siégeant à Valladolid et Burgos ;

142
 L’ascension de Franco :

 octobre 1936, unification des insurgés sous l’autorité de Franco :


• unité administrative et militaire, renforcée par la mort de
Mola (juin 1937) ;
• problème : faible unité politique et idéologique (carlistes,
alphonsins, conservateurs, phalangistes) ;
• solution : allongement de la guerre pour forcer à l’unification
politique ;
 décret d’unification de Franco en avril 1937 :
• fusion phalangistes-carlistes : Phalange Espagnole
Traditionaliste et des JONS (FET-JONS) ;
• les autres forces doivent rejoindre le nouveau parti unique :
uniforme (chemise bleue phalangistes et béret rouge
carliste), salut inspiré des fascistes, Jefe Nacional (Franco) ;
• dissidents exilés ou emprisonnés (phalangiste Hedilla ou
carliste Fal Conde) ;
 fin du processus d’institutionnalisation en janvier 1938 :
• Junta Técnica remplacée par le premier gouvernement ;
• Franco cumule les fonctions de Chef d’Etat et de Chef du
Gouvernement avec le titre de Caudillo de España.

1.2. Les fondements de la nouvelle dictature.

 Les bases idéologiques du nouvel Etat :

 inspiration fasciste : chef et parti unique, système dictatorial


(suspension des libertés publiques), corporatisme ;
 conservatisme social et économique : défense de la propriété,
anticommunisme, centralisme et catholicisme.

 Les premières mesures de la dictature franquiste :

 centralisation : suppression de l’autonomie basque et catalane ;


 soutien de l’Église à l’insurrection (lettre des évêques en juillet
1937 et insurrection qualifiée de croisade) :
• confessionnalité de l’Etat et financement du clergé ;
• abrogation des lois sur le mariage civil et le divorce ;
• culte catholique rétabli dans l’enseignement et l’armée ;
 législation républicaine en matière sociale et économique abolie ;
• prohibition des grèves et des revendications ouvrières ;
• Fuero del Trabajo (première loi fondamentale) : syndicat
unique vertical inspiré par le fascisme italien ;

143
 répression féroce, organisée et systématique :
• massacres de vaincus dans les zones récemment
conquises (12000 fusillés de Badajoz) ;
• exécution de personnalités républicaines (García Lorca en
juillet 1936 et Batet en 1937).
• assassinats de militants et républicains ou de gauche, pour
inspirer un climat de terreur (fosses communes).

2. La zone républicaine : entre effort de guerre et révolution sociale.

Le camp républicain :

Composantes : classes populaires (urbaines et rurales), petite bourgeoisie et employés


modestes, intellectuels et artistes.
Influence grandissante des organisations syndicales et/ou partisanes d’obédience
socialiste, communiste et anarchosyndicaliste dont le but est de sauver la République
tout en poursuivant sur la voie de la révolution sociale.

2.1. La révolution sociale de l’été 1936.

 Un climat révolutionnaire provoqué par le coup d’Etat :

 dynamique de pouvoir populaire :


• distribution d’armes (gouvernement Giral) pour former des
bataillons de volontaires regroupés en milices ;
• l’armée et les forces de maintien de l’ordre sont dissoutes ;
• partis et syndicats de gauche : unique rempart pour défendre
la légalité républicaine ;
 les mouvements de gauche utilisent le rôle des milices pour
revendiquer la poursuite des transformations sociales ;
 été-automne 1936, comités, conseils ou juntes révolutionnaires se
substituant à l’Etat : fusion en conseils régionaux (Conseil de
Défense de l’Aragon, Junte de Défense de Madrid, Comité de Milices
Antifascistes catalan) assurant l’encadrement des volontaires,
l’ordre public, l’économie et la vie sociale ;

 La répression :

 répression spontanée contre les insurgés ou leurs soutiens (Clergé,


bourgeoisie, propriétaires terriens ou militants de droite) :
incendies d’églises ou de convents, réquisitions de biens,
prisonniers politiques exécutés (Primo de Rivera) ;
 ceux qui échappent á la répression s’exilent à l’étranger ou rejoignent
la zone nationaliste.
144
 Les collectivisations au service d’une économie de guerre :

 dès juillet 1936, des comités de travailleurs opèrent une


collectivisation spontanée de la propriété industrielle ou agricole :
• les propriétaires ou industriels sont absents ;
• les travailleurs exploitent l’outil de travail en autogestion ;
 décrets gouvernementaux ou de la Generalitat pour légaliser a
posteriori les confiscations industrielles ou agricoles ;
 en Catalogne création du Conseil Economique :
• plan de réorganisation socialiste de l’économie ;
• octobre 1936 : Décret de collectivisation légalisant les
collectivisations précédemment réalisées ;
• bilan dans l’industrie : 4500 entreprises avec des comités
ouvriers, 2000 collectivisées, entre 5 et 6000 coopératives ;
• bilan dans l’agriculture : peu de collectivisation de terres à
la différence de l’Aragon, La Manche ou Valence ;
 série de mesures interventionnistes :
• contrôle des banques, caisses de crédit publiques ;
• contrôle des salaires ;
• municipalisation du foncier urbain.

2.2. Le gouvernement Largo Caballero (septembre 1936-mai 1937).

 La tentative d’unification des forces anti-nationalistes :

 fin de l’été 1936, changement d’orientation à la demande de la


plupart des forces politiques :
• Etat fort et pacte antifasciste avec toutes les forces opposées
aux nationalistes ;
• concentration sur l’effort de guerre, le contrôle des milices et
des collectivisations, fin de la terreur révolutionnaire ;
 Largo Caballero forme (09/1936) un gouvernement avec des
républicains, socialistes, communistes puis anarchosyndicalistes
(Peiró, Garcia Oliver, Montseny) :
• buts : front antifasciste (forces républicaines, bourgeoises et
ouvrières), réorganisation de l’Etat et Armée Populaire en
militarisant les milices ;
• même dynamique en Catalogne : Comité de Milices
Antifascistes remplacé par le Gouvernement d’unité de
Tarradellas (POUM, PSUC, ERC et la CNT), comités
remplacés par des municipalités, Junte de Sécurité
Intérieure, milices du Front d’Aragon dans l’Armée
Populaire de Catalogne, interventionnisme de la
Generalitat pour contrôler la collectivisation.

145
 La crise de mai 1937 :

 au printemps 1937, division des forces fidèles à la République :


• républicains, socialistes et communistes : Etat fort et
centralisé, appuyé sur les classes moyennes pour rétablir
l’ordre, contrôler les collectivisations et gagner la guerre ;
• anarchistes et POUM : maintien des milices et poursuite du
processus révolutionnaire ;
 le 3/05/1937, les tensions éclatent à Barcelone :
• prétexte : tentative de la Generalitat d’expulser les
anarchistes occupant l’immeuble Telefónica ;
• affrontements entre POUM et une partie de la CNT contre
PSUC, ERC, UGT et 5000 Gardes d’Assaut ;
• 200 morts, défaite des anarchistes radicaux et du POUM,
crise de gouvernement et de confiance avec la Generalitat ;

Sous la pression communiste pour rendre le POUM illégal et face à la situation


militaire, Largo Caballero démissionne.

2.3. Le gouvernement Negrín (mai 1937-mars 1939).

 La centralisation politique et militaire :

 Negrín forme un gouvernement rendant le POUM illégal (Nin


assassiné par la police politique soviétique) ;
 objectif prioritaire : gagner la guerre ;
• centralisation politique : renforcement de l’Etat, contrôle de
la production, dissolution du Conseil de Défense d’Aragon ;
• centralisation militaire : intégration forcée des milices dans la
nouvelle Armée Populaire ;
• tensions avec la Generalitat : nouveau Conseil exécutif
(Companys) sans participation de la CNT, déplacement du
gouvernement à Barcelone qui y exerce des compétences
qui affaiblissent la Generalitat.

 De l’isolement international croissant à l’effondrement de la République :

 la dégradation de la situation pousse Negrín à chercher des soutiens


extérieurs :
• 30/04/1938 : Programme des Treize Points présenté comme
une liste de conditions d’un arrêt négocié des combats ;
• refus de Franco qui renforce Negrín dans la lutte à
outrance, dans l’espoir que l’Europe entre en guerre ;

146
 espoirs déçus en septembre 1938 avec les accords de Munich : avec
l’appui communiste, Negrín adopte une stratégie de résistance
militaire : « résister c’est vaincre ».

Mais la chute de la Catalogne, l’exil des dirigeants républicains, la reconnaissance


de Franco par le RU et la France, la démission d’Azaña et le coup d’Etat de
Casado à Madrid, mettent fin à la résistance.

147
III. Les Espagnols dans la guerre.

Quelles ont été les conséquences de la guerre civile pour la population espagnole ?

1. La pénurie, la mort et les destructions :

 La surmortalité :
 estimations : presque 700000 morts (guerre et après-guerre immédiat) ;
 causés par les combats, répression, bombardements (Granollers mai
1938), mais aussi la malnutrition : dès septembre-octobre 1936, le
blé, la viande et le charbon manquent, à partir de 1937 aggravation
surtout en zone républicaine (rationnement instauré en mars).

 La chute de la production industrielle :

 difficile approvisionnement en matières premières et machines ;


 pénurie de main d’œuvre difficilement compensée par les femmes :
600000 mobilisés de 17 à 35 ans en zone républicaine en 1938 ;
 industrie massivement orientée vers la production militaire.

 L’ampleur des destructions :

 villes : cibles des bombardements, surtout en zone républicaine


(Barcelone : 385 fois de février 1937 à sa chute, plus de 1000 abris) ;
 infrastructures de transport, énergétiques, portuaires détruites.

2. Les populations déplacées :

 Des flux massifs de réfugiés :

 ils fuient les combats et la répression ;


 les flux plus importants concernent la zone républicaine :
• vers des territoires républicains : fin 1938, plus d’1 million de
réfugiés en Catalogne ;
• vers l’étranger : 13000 enfants vers l’Europe, l’Amérique et
l’URSS.

 Les exilés républicains :

 à la fin de la guerre flux tout aussi massif : 500000 personnes passent


la frontière française entre le 27 janvier et le 3 février 1939 ;
 destination finale : France et les pays d’Amérique latine (Mexique,
Cuba).

148
Vers l’épreuve externe.

Exercice 1. Commentaire de documents.

Option A. Femmes dans une usine textile collectivisée par la CNT-FAI, Barcelone,
1936 (http://www.guerracivil1936.galeon.com).

Questions :
a) Présenter le document et indiquer l’idée principale.
b) Expliquer le contexte historique du document.
c) À partir du document proposé et de vos connaissances personnelles, rédiger en vingt
lignes environ une réponse argumentée expliquant la révolution sociale de l’été 1936.

Option B. Le bilan des victimes de la Guerre civile (d’après Història 2º Batxillerat,


Vicens Vives, 1º éd., 2009).

Républicains Insurgés
Combat 85 000 75 000
Répression pendant la guerre 78 000 51 000
Morts par condamnation 149 000 20 000
Total (guerre + après-guerre) 436 900 221 000
Exil 430 000

Questions :
a) Présenter le document et indiquer l’idée principale.
b) Expliquer le contexte historique du document.
c) À partir du document proposé et de vos connaissances personnelles, rédiger en vingt
lignes environ une réponse argumentée répondant au sujet suivant : les Espagnols
pendant la Guerre civile.

149
Exercice 2. Rédaction.

Option A. Les étapes de la Guerre civile espagnole (1936-1939).

Chronologie indicative :
Juillet 1936 : coup d’État militaire
Octobre 1936 : début de la bataille de Madrid
Juillet 1938 : bataille de l’Ebre
Octobre 1938 : départ des Brigades Internationales
1/04/1939 : Franco met fin aux combats

Option B. L’Espagne nationaliste, un État totalitaire (1936-1939).

Chronologie indicative :
Août 1936 : massacre de Badajoz
Octobre 1936 : Franco Chef d’État et Généralissime
Avril 1937 : décret d’unification de Franco
Janvier 1938 : Franco nommé Caudillo
Mars 1938 : Fuero del Trabajo

150
CONTEXTUALISATION : le monde depuis 1945.

I. La guerre froide (1947-1991).

 Dès 1945, la tension entre les E.U.A. et l’U.R.S.S. amène à leur rupture en
1947 (doctrines Truman et Jdanov) ;
 Le monde est divisé en deux blocs (Occidental/communiste) qui s’affrontent :
 succession de crises aggravées par la menace nucléaire: Berlin (1948 et
1961), Corée (1950-1953), Cuba (1962) ;
 l’Europe, l’Allemagne (R.F.A./R.D.A.) et Berlin sont coupés en deux.
 Après une phase de Détente, la reprise des tensions accélère la fin de la Guerre
froide : la chute du mur de Berlin (1989) et des dictatures communistes
entraîne l’éclatement de l’URSS épuisée par une grave crise interne (1991).

II. La décolonisation et ses conséquences.

 Après 1945, les peuples colonisés profitent de l’affaiblissement des puissances


coloniales pour s’émanciper. Le processus débute en Asie et gagne l’Afrique ;
 Les indépendances sont négociées (Inde) ou arrachés (Algérie) ;
 Les pays du Tiers-Monde récemment indépendants cherchent une troisième
voie (Bandung en 1955) qui débouche sur le mouvement des non-alignés (1961).

III. La construction européenne.

 Après 1945, les pays d’Europe occidentale se rapprochent par l’économie :


création de la C.E.C.A. (1951) devenue C.E.E. après le traité de Rome (1957).
 La Communauté européenne renforce sa dynamique politique :
 traité de Maastricht créant l’Union Européenne en 1992 (12
membres) ;
 élargissement (28 États en 2013) et adoption de l’Euro (2002).

IV. L’organisation du monde actuel.

 La fin du bloc communiste renforce l’hyperpuissance américaine :


 militaire (Irak en 1990 et 2003, Afghanistan) ;
 économico-culturelle (Wall Street, F.M.N., cinéma et agrobusiness).
 De nouveaux États sont formés et surgissent de nouvelles menaces :
 conflits inter et surtout intra étatiques (Rwanda en 1994) ;
 terrorisme islamiste contre les intérêts occidentaux (New-York, 2001).
 Le développement de la mondialisation fait apparaître un monde multipolaire :
 essor des flux de marchandises, capitaux, informations et de personnes ;
 interdépendance internationale (OMC) ou régionale (UE, ASEAN,
APEC, MERCOSUR, ALENA) croissante ;
 émergence de puissances régionales et mondiales : Triade, Dragons
asiatiques, BRICS.

151
152
CHAPITRE 10 :
LA VIE POLITIQUE EN FRANCE DEPUIS 1945

Problématique :
comment la vie politique française s’est-elle réorganisée
et a-t-elle évolué depuis 1945?

153
154
I. L’échec de la IV° République (1946-1958)

Pourquoi la IVº République n’a-t-elle pas réussi à durer ?

1. La France à rebâtir.

 L’état de la France :

 économique : en 1945, une France exsangue (635 000 morts, 2/3 du


réseau ferré détruits, rationnement jusqu’en 1948) ;
 politique : unité derrière la Résistance et De Gaulle, mais risques d’une
dérive anarchique, de luttes fratricides et influence des communistes.

 Une série de mesures pour reconstruire le pays :

 mesures politiques pour refonder l’État :


• formation (juin 1944) par De Gaulle du gouvernement provisoire
de la République française avec les partis et la Résistance (2
PCF, 4 SFIO, 3 démocrates-chrétiens, 3 radicaux, 1 modéré, 9
membres de la Résistance) ;
• envoi de commissaires de la République dans tout le territoire
pour assurer l’autorité du GPRF ;
• résultats : désarmement des mouvements de résistance, le parti
communiste reste légaliste, l’autorité de l’Etat est reconnue ;
 mesures économiques et sociales :
• nationalisations : banques, énergie (EDF-GDF), transports aériens
(création d’Air France) ou collaborateurs (Renault) ;
• Commissariat au Plan : planification incitative de l’économie ;
• réforme du statut du salarié : création des comités d’entreprises,
restauration de la liberté syndicale ;
• Sécurité sociale : remboursement des frais de santé + versement
des retraites.

 La vie politique et la question des institutions :

 les forces politiques se reconstituent et se renouvellent : SFIO, Parti


radical (affaibli), modérés (discrédités par Vichy), PCF (image de Parti
résistant), Mouvement républicain populaire (démocrate-chrétien) ;
 la difficile question des institutions et la rupture avec De Gaulle :
• 1ère assemblée constituante (octobre 1945) : SFIO, PCF et MRP la
dominent, De Gaulle est chef du gouvernement, mais il
démissionne, face à l’opposition croissante des partis coalisés ;
• premier projet de constitution rejeté par référendum en mai 1946 ;

155
 la naissance de la Quatrième République :
• nouveau projet élaboré après élection d’une nouvelle constituante :
régime parlementaire déséquilibré (Assemblée nationale : rôle
prédominant) ;
• De Gaulle manifeste son opposition et propose une alternative
dans son discours de Bayeux (16 juin 1946) ;
• le peuple approuve à 53% les nouvelles institutions par
référendum (13 octobre 1946).

2. Les débuts difficiles de la IV° République (1946-1954).

2.1. Des atouts…

 Une constitution qui offre des avancées :

 en matière de droits économiques et sociaux : droit au travail, comités


d’entreprises, égalité homme/femme ;
 en matière de gestion des territoires coloniaux : Union française.

 Un contexte économique favorable :

 débuts des Trente Glorieuses avec une croissance soutenue :


• 6% de croissance industrielle par an (chimie, automobile,
aéronautique) ;
• modernisation de l’agriculture et des services ;
 facteurs explicatifs :
• forte consommation intérieure, fondée sur un optimisme général et
sur le dynamisme démographique : «baby-boom » ;
• action de l’Etat : politique nataliste (allocations familiales) ;
• plan Marshall ;
• productivité élevée grâce aux travailleurs et à la mécanisation.

 Une relative stabilité politique :

 après De Gaulle, PCF-SFIO-MRP signent une charte de collaboration ;


 ce tripartisme permet de stabiliser les effets du parlementarisme.

156
2.2. …vite masqués par l’accumulation des difficultés.

 La montée des oppositions :

 le tripartisme explose avec l’entrée du PCF dans l’opposition :


• à cause de la politique internationale de la France, dans le
contexte de guerre froide : acceptation du plan Marshall, adhésion
à l’OTAN, guerre d’Indochine ;
• à cause de l’agitation sociale et des grèves insurrectionnelles de
1947-1948 : 3 millions de grévistes, assaut de bâtiments publics,
émeutes, sabotage d’outils de travail ou de voies de chemin de fer ;
 la menace d’une force d’opposition gaulliste :
• en avril 1947, De Gaulle crée le RPF ;
• d’abord un triomphe (municipales de 1947), puis essoufflement
(législatives de 1951) et dissolution (1953).

 L’instabilité gouvernementale chronique :

 formation d’une nouvelle coalition, laTroisième force, regroupant :


• SFIO (Mollet) ;
• Union démocratique et socialiste de la Résistance (Mitterrand) ;
• radicaux :
• MRP (Bidault) ;
• modérés de droite (Pinay) ;
 après sa victoire de 1951, la Troisième force glisse vers la droite :
• la SFIO ne participe plus au gouvernement ;
• Pinay est nommé pendant sept mois Président du Conseil ;
 la multiplication des partis et la volatilité de leurs alliances provoque :
• les changements de majorité et l’instabilité des gouvernements : 21
en 12 ans ;
• une crise de confiance, profitant à l’extrême-droite : Union des
commerçants et artisans de Pierre Poujade.

 Le poids du contexte international fragilise le régime :

 les débuts chaotiques de la construction européenne ;


• création de la C.E.C.A. (1951) qui aboutira à la signature du traité
de Rome instituant la C.E.E. (1957) ;
• mais grave crise provoquée par le projet de Communauté
européenne de Défense (C.E.D.) entre 1952 et 1954 ;
 la gestion catastrophique de la décolonisation et la guerre d’Indochine ;
• enlisement du corps expéditionnaire français envoyé dès 1945 ;
• défaite de Diên Biên Phu (7/05/1954) qui provoque l’arrivée de
Pierre Mendès France au pouvoir.

157
3. La crise et la chute de la Quatrième République (1954-1958).

3.1. L’expérience Mendès-France : un redressement éphémère.

 Le mendésisme, un espoir dans la vie politique française :

 en juin 1954, Mendès-France forme un gouvernement d’union :


• formé de radicaux, de gaullistes, d’UDSR et de MRP ;
• Mendés agit comme véritable chef de gouvernement : émissions
hebdomadaires à la radio destinées aux Français ;

 un programme ambitieux :
• redressement et modernisation économique ;
• règlement de la question coloniale : accords de Genève (fin de la
guerre d’Indochine le 20/07/1954), négociations avec le Maroc et
la Tunisie, mais position ferme sur l’Algérie (réponse de
Mitterrand aux indépendantistes : « l’Algérie, c’est la France ! ») ;
• projet de réforme : pouvoirs législatifs au Conseil de la République,
renforcement de l’exécutif.

 La chute, après sept mois de gouvernement :

 Mendès est critiqué pour son style, ses projets et sa politique coloniale ;
 la coalition qui le soutenait éclate et l’assemblée le renverse en 1955.

3.2. La crise algérienne : un coup fatal au régime.

 L’éclatement d’une guerre qui nuit à l’image de la France :

 le 1/11/1954 le F.L.N. lance l’insurrection et pousse la France à s’enliser


dans une guerre féroce ;
 la brutalité du conflit (attentats, exactions, torture) place la France dans
une situation difficile à l’ONU.

 Une guerre qui détériore les rapports entre l’Etat, la nation et l’armée :

 Guy Mollet accentue l’escalade du conflit : pouvoirs spéciaux à


l’armée et envoi du contingent (jusqu’à 400000 hommes).
 la guerre provoque une crise politique et morale :
• l’armée (en partie), les Pieds-Noirs défendent l’Algérie française ;
• la torture et l’envoi d’appelés rendent la guerre très impopulaire ;
• malgré des succès (3ème semaine de congés payés, autonomie aux
territoires d’Afrique noire, signature du Traité de Rome), Mollet est
renversé en 1957 à cause de l’échec de sa politique algérienne.

158
 La crise finale du 13 mai 1958 :

 la nomination de Pfimlin comme président du Conseil provoque une


insurrection en Algérie :
• les partisans de l’Algérie française et les militaires professionnels
proclament le 13/05/1958 à Alger un Comité de Salut Public ;
• les insurgés d’Algérie réclament le retour de De Gaulle ;
 la menace de guerre civile permet à De Gaulle de revenir :
• il est investi Président du Conseil le 1er juin 1958 ;
• il obtient les pleins pouvoirs pour rédiger une Constitution.

La Quatrième République s’effondre légalement, malgré les pressions des milieux


Algérie française et des gaullistes pour le retour du Général au pouvoir.

159
Vers l’épreuve externe.

Exercice 1. Commentaire de documents.

Option A. Discours du général De Gaulle à Bayeux, 16 juin 1946.

[…] Du Parlement, composé de deux Chambres et exerçant le pouvoir législatif, […] le


pouvoir exécutif ne saurait procéder, sous peine d'aboutir à cette confusion des pouvoirs
dans laquelle le Gouvernement ne serait bientôt plus rien qu'un assemblage de
délégations. […]
C'est donc du chef de l'État, placé au-dessus des partis, élu par un collège qui englobe le
Parlement mais beaucoup plus large et composé de manière à faire de lui le président de
l'Union française en même temps que celui de la République, que doit procéder le
pouvoir exécutif. Au chef de l'État la charge d'accorder l'intérêt général quant au choix
des hommes avec l'orientation qui se dégage du Parlement.
À lui la mission de nommer les ministres et, d'abord, bien entendu, le Premier, qui devra
diriger la politique et le travail du Gouvernement. Au chef de l'État la fonction de
promulguer les lois et de prendre les décrets, car c'est envers l'État tout entier que ceux-
ci et celles-là engagent les citoyens. À lui la tâche de présider les Conseils du
Gouvernement et d'y exercer cette influence de la continuité dont une nation ne se passe
pas. À lui l'attribution de servir d'arbitre […] soit normalement par le conseil, soit, dans
les moments de grave confusion, en invitant le pays à faire connaître par des élections sa
décision souveraine. À lui, s'il devait arriver que la patrie fût en péril, le devoir d'être le
garant de l'indépendance nationale et des traités conclus par la France.
Questions :
a) Présenter le document et indiquer l’idée principale.
b) Expliquer le contexte historique du document.
c) À partir du document proposé et de vos connaissances personnelles, rédiger en vingt
lignes environ une réponse argumentée expliquant la naissance de la Quatrième
République (1944-1946).

Option B. Affiche du PCF contre le référendum de 1958 en France.

160
Questions :
a) Présenter le document et indiquer l’idée principale.
b) Expliquer le contexte historique du document.
c) À partir du document proposé et de vos connaissances personnelles, rédiger en vingt
lignes environ une réponse argumentée répondant au sujet suivant : la crise et la chute
de la Quatrième République (mai-octobre 1958).

Exercice 2. Rédaction.

Option A. L’échec de la Quatrième République (1946-1958).

Chronologie indicative :
Octobre 1946 : adoption de la constitution de la Quatrième République
1948 : grèves insurrectionnelles
1954 : défaite de Diên Biên Phu et début de la Guerre d’Algérie
1955 : chute de Pierre Mendès-France
13/05/1958 : coup de force militaire à Alger

Option B. La Quatrième République face à la décolonisation.

Chronologie indicative :
1945 : déclaration d’indépendance du Vietnam par le Vietminh
7/05/1954 : défaite de Diên Biên Phu
1/11/1954 : insurrection du FLN en Algérie
1956 : indépendance de la Tunisie et du Maroc
Juin 1958 : visite du Général De Gaulle en Algérie

161
II. La V° République (1958- ?).

Comment la Vº République a-t-elle évolué jusqu’à nos jours ?

1. La République gaullienne (1958-1969).

1.1. La mise en place et la consolidation du nouveau régime (1958-1965).

 Un régime mixte :

 la nouvelle constitution adoptée par référendum (à 83%) et promulguée le


4/10/1958 instaure un régime semi-présidentiel selon les vues de De
Gaulle élu en décembre 1958 avec 78,5% des voix des grands électeurs :
• exécutif renforcé et bicéphale : 1er ministre dépendant du
Président et conduisant la politique du gouvernement,
Président élu pour 7 ans au SUI et Chef de l’Etat et des armées,
signant les traités et promulguant les lois, présidant le Conseil des
ministres, pouvant convoquer un référendum, dissoudre l’AN et
obtenir les pleins pouvoirs ;
• les pouvoirs du parlement sont encadrés : bicaméralisme
(Assemblée élue au SUD et Sénat au SUI), vote des lois et du
budget, pouvoir de renverser le gouvernement (AN), mais des
limites (ordre du jour fixé par le gouvernement, pas monopole de
l’initiative des lois, scrutin majoritaire).

 La résolution de la crise algérienne :

 De Gaulle gagne du temps et négocie avec les indépendantistes :


• 06/1958 : visite en Algérie et discours du Forum ;
• 10/1958 : propose la Paix des Braves au FLN qui refuse et fonde le
GPRA ;
• annonce de réformes politiques, économiques et sociales ;
 le choix progressif de l’indépendance :
• septembre 1959 : annonce de la politique d’autodétermination ;
• radicalisation des partisans de l’Algérie française : Putsch des
généraux à Alger (22/04/1961), fondation de l’OAS et climat de
guerre civile : attentat du Petit Clamart contre De Gaulle (1962),
répression de la manifestation pro-FLN à Paris (17 octobre 1961).
 l’accession à l’indépendance :
• les Accords d’Evian le 18 mars 1962 permet de lancer
l’autodétermination de l’Algérie ;
• après un référendum en France et un autre en Algérie, celle-ci
devient indépendante le 5/07/1962.

162
 Le renforcement de l’autorité présidentielle :

 profitant de la crise algérienne, De Gaulle réforme les institutions en


renforçant la légitimité du Président de la République : référendum de
1962 permettant l’élection au SUD du Chef de l’Etat ;
 lancement de réformes économiques et sociales visant à la modernisation
du pays : projets Concorde et TGV ;
 pratique du pouvoir renforçant l’image du président : voyages, allocutions
télévisées, référendums ;
 majorité stable grâce au scrutin majoritaire et au parti gaulliste (UNR
puis UDR).

 Une politique d’indépendance :

 gestion de la décolonisation : remplacement de l’Union française par la


Communauté pour négocier l’indépendance des colonies africaines
(1958-1960 et une politique de coopération ;
 politique de défense nationale avec le Commissariat à l’Energie
Atomique (1945) mettant la France sur la voie de la dissuasion nucléaire :
bombe A (1960), bombe H (1968) et premier sous-marin nucléaire (1968) ;
 construction d’une Europe « européenne » à partir du moteur franco-
allemand : Traité de l’Elysée (1963) entre De Gaulle et Adenauer ;
 politique de non-alignement :
• distanciation vis-à-vis des américains : sortie du commandement
intégré de l’OTAN (1966), critique de la politique US au Vietnam
(1967), tournées en Amérique du Sud ou au Québec ;
• rapprochement prudent avec l’URSS et le bloc communiste :
visite en URSS (1966) et reconnaissance de la RPC (1964) ;
• ouverture au Tiers-Monde : politique arabe qui conduit à critiquer
la politique israélienne au Proche-Orient.

1.2. L’usure du pouvoir (1965-1969).

 L’avertissement de 1965 :

 lors des présidentielles de 1965, la gauche est unie derrière Mitterrand ;


 De Gaulle est mis en ballotage, même s’il l’emporte au second.

 La crise de 1968 :

 mai : mouvement de protestation étudiant touchant le monde du travail ;


 malgré la signature des accords de Grenelle (27 mai 1968) et la victoire de
la droite aux législatives de juin, la crise révèle un profond malaise social
et affaiblit durablement De Gaulle.

163
 Le départ de De Gaulle :

 en avril 1969, De Gaulle décide d’organiser un référendum sur la réforme


des institutions et la décentralisation ;
 le non l’emporte (53%) et De Gaulle démissionne le 28 avril (il meurt le 9
novembre 1970).

2. La gestion de l’héritage gaullien (1969-1981).

2.1. Pompidou : l’héritier.

 Pompidou succède à De Gaulle dont il a été premier ministre pendant six ans :

 choix de Chaban-Delmas comme premier ministre qui tente de construire


une « nouvelle société » : création du SMIC ;
 après l’arrêt de cette politique, Pompidou s’inscrit dans la continuité de
De Gaulle.

 L’opposition de gauche s’organise :

 Mitterrand crée le Parti socialiste en 1971 lors du Congrès d’Epinay ;


 signature du programme commun entre socialistes, communistes et les
radicaux de gauche en 1972.

 La France dans la crise :

 montée du chômage sous l’effet de la crise économique après le 1er choc


pétrolier de 1973
 les mutations du monde du travail bouleversent le paysage social :
progression du tertiaire au détriment de l’industrie et de l’agriculture +
robotisation de l’industrie
 les mouvements sociaux se multiplient : grèves.

Pompidou meurt brutalement le 2 avril 1974 avant le terme de son mandat.

164
2.2. Giscard, la volonté de modernisation à droite (1974-1981).

 Giscard est élu président en 1974, battant de justesse Mitterrand (51%) :

 soutenu par une coalition droite modérée-gaullistes de l’UDR : le gaulliste


Chirac est nommé Premier ministre ;
 mais la volonté du Président de gérer directement les affaires renforce la
présidentialisation du régime et provoque un conflit avec Chirac qui
démissionne en 1976.

 Volonté de moderniser l’économie et la société française :

 style présidentiel novateur, « à l’américaine » : repas chez les Français,


portrait officiel modernisé ;
 série de réformes libérales et modernisatrices : IVG, majorité à 18 ans,
collège unique.

 Mais la crise se poursuit (450000 chômeurs en 1974 – 1 650000 en 1981) sous


les effets des chocs pétroliers et favorise l’opposition de gauche :

 malgré la fin de l’union de la gauche, Mitterrand prend la tête de


l’opposition au président ;
 la droite est déchirée par le conflit Chirac (fonde le RPR)/Giscard ;

Ébranlé par les scandales, Giscard est battu en 1981 par Mitterrand (51.76%).

3. L’alternance au pouvoir depuis 1981.

3.1. Les années Mitterrand (1981-1995).

 La gauche au pouvoir :

 Mitterrand mène une politique de changement selon le programme


socialiste « changer la vie » :
• politique intérieure à gauche : abolition de la peine de mort, 39
heures de travail hebdomadaire, nationalisations, retraite à 60 ans ;
• politique extérieure pro-européenne : poursuite du rapprochement
franco-allemand (poignée de mains Mitterrand – Kohl en 1984) ;
 mais changement d’orientation politique en 1982-1983 :
• virage vers une politique de rigueur (contrôle des dépenses) ;
• ce tournant n’empêche pas les difficultés économiques : chômage de
masse, crise de l’industrie et des secteurs traditionnels (mines).

165
 La première cohabitation (1986-1988) :

 la gauche est affaiblie par :


• ses changements de politiques perçus comme une trahison par une
partie de l’électorat ;
• les effets politiques de la crise comme le mécontentement croissant
et la montée du Front National de Jean-Marie Le Pen ;
 elle perd les élections législatives de 1986 :
• Chirac (RPR-droite gaulliste) devient 1er ministre et mène une
politique libérale (65 entreprises privatisées) ;
• cohabitation entre le Président de la République (Mitterrand –
socialiste) et son 1er ministre (Chirac – droite gaulliste).

Face à l’impopularité de ces réformes et à la persistance de la crise, Mitterrand est


réélu président de la République en 1988 (battant Chirac).

 Le second septennat de Mitterrand (1988-1995) :

 les difficultés intérieures s’accumulent :


• poursuite de la hausse du chômage (3 millions en 1993) ;
• scandales politico-financiers : suicide du 1er ministre Pierre
Bérégovoy accusé d’être impliqué dans une affaire ;
• maladie de F. Mitterrand : atteint d’un cancer depuis 1981 ;
 Mitterrand s’investit en politique étrangère et européenne : traité de
Maastricht (Union Européenne, 1992) adopté de justesse après
référendum ;
 après une lourde défaite aux législatives de 1993, nouvelle cohabitation :
Balladur (RPR) 1er ministre reprend la politique libérale de 1986-1988.

Mitterrand quitte le pouvoir en 1995 (il meurt en 1996) et Chirac lui succède à la
présidence de la République.

3.2. Les années Chirac (1995-2007).

 Un premier mandat difficile (1995-2002) :

 dès son élection, Chirac mène une politique internationale active :


• en Bosnie-Herzégovine et dans le processus de paix en ex-
Yougoslavie (accords de Dayton) ;
• sur le plan militaire : réintégration progressive des institutions de
l’O.T.A.N., professionnalisation achèvement des essais nucléaires ;
• implication dans le processus de paix au Proche-Orient très
populaire dans le monde arabe ;

166
 sa politique intérieure échoue :
• réformes économiques et sociales (privatisations, réformes des
retraites et de la sécurité sociale) impopulaires : grèves massives
(1995-1996) ;
• la décision de dissoudre l’Assemblée nationale provoque la victoire
de la gauche plurielle aux législatives de 1997 ;
 la troisième cohabitation :
• la gauche contrôle l’Assemblée nationale et le gouvernement sous la
direction de Lionel Jospin (P.S.) ;
• la conjoncture économique favorable (reprise mondiale) et
l’optimisme de l’opinion (victoire à la coupe du monde de football
en 1998) s’accompagnent de nouvelles réformes : 35 heures et
réduction du mandat présidentiel à 5 ans (2000) ;

Même si Chirac est affaibli par les scandales, il remporte le second tour de
l’élection présidentielle de 2002 devant Jean-Marie Le Pen et Jospin (éliminé
au 1er tour) et son nouveau parti, l’U.M.P., remporte les législatives.

 Les dernières années au pouvoir (2002-2007) :

 sur le plan international, la politique de Chirac rencontre des résultats


variables :
• opposition à l’intervention américaine en Irak (2003), même si
soutien global à la lutte contre le terrorisme après le 11/09/2001 ;
• échec de la politique européenne : victoire du « non » au
référendum sur le Traité constitutionnel européen de 2005 ;
 reprise d’une politique libérale (assouplissement des 35 heures, réforme
des retraites, privatisation des autoroutes) et de réforme de l’État (seconde
vague de décentralisation) ;
 Chirac est affaibli par des problèmes de santé et le malaise social :
mouvement contre le C.P.E. (2006), émeutes des banlieues (2005).

L’élection présidentielle de 2007 est remportée par Nicolas Sarkozy (U.M.P.)


devant Ségolène Royal (P.S.)

167
Vers l’épreuve externe.

Exercice 1. Commentaire de documents.

Option A.

Document 1. De Gaulle à Phnom Penh.

Document 2. Extrait du discours prononcé par De Gaulle le 1er septembre 1966.

[….] La France considère que les combats qui ravagent l'Indochine n'apportent, par eux-
mêmes et eux non plus, aucune issue. Suivant elle, s'il est invraisemblable que l'appareil
guerrier américain vienne à être anéanti sur place, il n'y a, d'autre part, aucune chance
pour que les peuples de l'Asie se soumettent à la loi de l'étranger venu de l'autre
Pacifique, quelles que puissent être ses intentions et si puissantes que soient ses armes.
Bref, pour longue et dure que doive être l'épreuve, la France tient pour certain qu'elle
n'aura pas de solution militaire. A moins que l'univers ne roule vers la catastrophe, seul
un accord politique pourrait donc rétablir la paix. […]

Questions :
a) Présenter chaque document et indiquer son idée principale.
b) Expliquer le contexte historique des deux documents.
c) À partir des documents proposés et de vos connaissances personnelles, rédiger en
vingt lignes environ une réponse argumentée expliquant en quoi la politique étrangère
de De Gaulle est une politique d’indépendance (1958-1969).

168
Option B. Discours de Robert Badinter, Ministre de la Justice, en faveur de
l’abolition de la peine de mort le 17 septembre 1981.

Demain, grâce à vous la justice française ne sera plus une justice qui tue. Demain, grâce
à vous, il n'y aura plus, pour notre honte commune, d'exécutions furtives, à l'aube, sous
le dais noir, dans les prisons françaises. Demain, les pages sanglantes de notre justice
seront tournées.
A cet instant plus qu'à aucun autre, j'ai le sentiment d'assumer mon ministère, au sens
ancien, au sens noble, le plus noble qui soit, c'est-à-dire au sens de "service". Demain,
vous voterez l'abolition de la peine de mort. Législateurs français, de tout mon cœur, je
vous en remercie.

Questions :
a) Présenter le document et indiquer l’idée principale.
b) Expliquer le contexte historique du document.
c) À partir du document proposé et de vos connaissances personnelles, rédiger en vingt
lignes environ une réponse argumentée répondant au sujet suivant : les années
Mitterrand (1981-1995).

Exercice 2. Rédaction.

Option A. La vie politique sous la Cinquième République (1958-2007).


Chronologie indicative :
1958 : adoption de la constitution de la Cinquième République
Mai 1968 : révolte étudiante et ouvrière
1981 : élection de François Mitterrand
1986 : première cohabitation
2007 : Nicolas Sarkozy succède à Jacques Chirac

Option B. La crise de 1968 et ses conséquences.


Chronologie indicative :
Mai 1968 : mouvement étudiant et ouvrier
Juin 1968 : victoire gaulliste aux élections législatives
1969 : victoire du non au référendum et départ de De Gaulle
Septembre 1969 : discours de Chaban-Delmas sur la « nouvelle société »
1975 : loi autorisant l’IVG

169
CHAPITRE 11 :
LA VIE POLITIQUE EN ESPAGNE DEPUIS 1939

Problématique :
comment l’Espagne est-elle passée de la dictature à la
démocratie?

170
171
I. Le Franquisme (1939-1975).

Quelles sont les caractéristiques de la dictature et comment a-t-elle évolué ?

1. L’établissement de la dictature (1939-1959).

1.1. Les fondements de la dictature.

 Un Etat totalitaire et centralisé sur le modèle fasciste :

 garanties démocratiques suspendues : constitution de 1931, Cortés,


partis et syndicats (parti et syndicats uniques) ;
 esprits contrôlés : censure, propagande et culte de la personnalité ;
 le caudillisme :
• légitimité de Franco : sa victoire lors de la Guerre civile ;
• titre de Caudillo permettant de cumuler honneurs, pouvoirs et
responsabilités : Chef de l’Etat et (longtemps) du
gouvernement, Généralissime de toutes les armées, Chef
national du parti unique (FET-JONS) ;
 la répression :
• planifiée pour écraser toute opposition et assurer l’unité en
instaurant un climat de terreur et de dépolitisation ;
• cibles : républicains, socialistes, communistes, anarchistes,
francs-maçons, nationalistes locaux ;
• instruments : mesures légales (Loi de Responsabilités
Politiques de 1938 ou Loi de répression du communisme et
de la maçonnerie de 1940), exécutées par l’Armée via les
Conseils de guerre, prisons, camps et travaux forcés où
les conditions provoquent une surmortalité (prison Modelo
de Barcelone de 1000 détenus à 13000 en 1939 ;
• bilan : 150000 exécutions (50000 après-guerre) et 280000
détenus en 1940 : Companys exécuté le 15/10/1940 ;
 la centralisation :
• statuts d’autonomie supprimés : le 5/04/1938, décret
abolissant le Statut catalan ;
• hispanisation de tous les territoires à forte identité :
interdiction de l’usage public et officiel du catalan.

172
 Les soutiens du régime :

 les trois piliers institutionnels :


• l’armée : participation au pouvoir et à l’administration ;
• le parti unique FET-JONS et le Mouvement National
(1958) : soutien idéologique, contrôle des médias et de
l’accès aux carrières publiques, organisations de
masse (Front des Jeunesses, Section Féminine, Syndicat
Espagnol Universitaire et Centrale Nationale Syndicaliste ;
• l’Eglise catholique : légitimation d’une dictature se
présentant comme un Etat confessionnel (caractère de
croisade accordé au combat nationaliste) en contrepartie d’un
financement généreux, du contrôle de l’enseignement, de la
promotion des valeurs catholiques dans la société ;
 les appuis sociaux :
• soutien de la majorité des élites économiques et des petits et
moyens propriétaires terriens du nord et du centre ;
• refuge des classes moyennes dans l’apolitisme : peu
d’affinités idéologiques avec le franquisme et expérience
traumatisante de révolution sociale pendant la Guerre civile ;
• même attitude des classes populaires se considérant souvent
comme vaincues de la Guerre civile ;
 les différentes familles du franquisme :
• représentées au sein des gouvernements mais à des degrés
variables et avec une constante présence militaire ;
• d’abord : monarchistes alphonsins, carlistes, phalangistes ;
• avec la défaite de l’Axe (1945), évolution : influence de
groupes d’inspiration national-catholique : Association
Catholique Nationale de Propagandistes prétendant fonder
une « démocratie organique » puis au milieu des années 1950
et début des années 1960 : emprise croissante de l’Opus Dei.

 L’opposition, entre exil et résistance :

 l’exil :
• la plupart des 450000 républicains se réfugient en France
(Catalogne : 50000 personnes), Amérique latine, URSS ;
• en France beaucoup sont internés dans des camps : certains
tentent de retourner en Espagne, 200000 restent en exil, les
plus politisés étant persécutés durant la 2ème guerre mondiale
(Mauthausen) et rejoignant la résistance ;
• l’exil des institutions politiques républicaines : les Cortés
siègent au Mexique de 1945 à 1977 et la Generalitat se
reforme (d’abord autour d’Irla puis de Tarradellas en 1954) ;

173
 l’opposition et son évolution :
• de 1939 à 1944, difficile reconstitution : tentatives de
reformer clandestinement les principaux partis (PSOE,
PSUC, POUM, ERC) et syndicats (CNT et UGT), création à
Paris du Front National de Catalogne et du Mouvement
Socialiste de Catalogne, foyers de guérilla anarchiste et
communiste dans les Pyrénées, jusqu’en 1952 (invasion du
Vall d’Aran le 18 octobre 1944) ;
• de 1945 à 1947, tentatives d’unification face à l’espoir d’une
intervention alliée : plateformes unitaires (Alliance
Nationale de Forces Démocratiques, 1944), mais
divergences sur la nature du régime et la manière de
s’opposer au franquisme ;
• de 1948 à 1951, démoralisation : non-intervention
occidentale, insurrection impossible (répression et absence
de mobilisation populaire), affaiblissement, division et
parfois disparition en Espagne des forces
antifranquistes (plus de cellules du POUM, de l’UGT, de la
CNT, scissions au PSOE), option de la lutte armée
abandonnée (PCE-PSUC choisissant les luttes sociales) ;
 la montée des tensions sociales :
• première vague à la fin des années 1940 des ouvriers face
aux conditions de vie et de travail : dès 1945, conflits dans le
textile et la métallurgie catalans, grèves générales à
Manresa et au Pays Basque en 1946-7, conflit des tramways
de Barcelone aboutissant à une grève générale en 1951 ;
• mobilisations étudiantes (1956-57) à Madrid et Barcelone.

1.2. Les étapes de la vie politique.

 La seconde guerre mondiale et ses conséquences (1945-1947) :

 le franquisme pendant la guerre (1939-1945).


• domination de la FET-JONS : essai devant l’hégémonie des
fascismes de créer un Etat national-syndicaliste,
prépondérance au gouvernement grâce à Serrano Suñer,
(chef de la Phalange, beau-frère de Franco et ministre des
Affaires étrangères) ;
• de la neutralité à la non-belligérance : Franco se déclare
neutre, puis se rapproche de l’Allemagne et de l’Italie qui
cherchent à le faire entrer en guerre (à Hendaye en 1940 et
Bordighera en 1941) et finalement choix de la non
belligérance marqué par un soutien économique (tungstène)
ou symbolique (División Azul), mais pas militaire ;

174
• le retour à la neutralité à partir de 1943 : retrait de la
División Azul (1943), discours insistant sur le catholicisme et
l’anticommunisme et atténuation des analogies avec le
fascisme (fin du bras tendu), phalangistes marginalisés
(Serrano Suñer) ;
 les années d’isolement international (1945-1947) :
• l’Espagne est mise en accusation par la communauté
internationale : l’ONU recommande le retrait des
ambassadeurs (1946), rétorsions de la France (fermeture de
la frontière) ;
• Franco ne cède pas et mène une politique d’autarcie visant
l’autosuffisance économique : restriction du commerce
extérieur (autorisations administratives) et importations
réduites, politique de l’Institut National d’Industrie
(INI) qui crée des entreprises publiques dans la défense, les
infrastructures, les biens d’équipements (Iberia, Endesa,
Enher, Ensidesa, Seat, RENFE, CTNE) et politique agricole
de contrôle de la production, de la commercialisation, des
prix et de la consommation ;
• les conséquences de l’isolement : économiquement et
politiquement l’Espagne est à l’écart de l’aide internationale
(plan Marshall) et des alliances géostratégiques (l’OTAN) ;
 évolution idéologique et sortie progressive de l’isolement (1947-53) :
• reconnaissance internationale avec la guerre froide :
pression des EUA pour assouplir les sanctions (retrait des
ambassadeurs annulé), concordat avec le Vatican et accords
avec les EUA (1953) prévoyant une aide financière et
matérielle (prêts et investissements de 465 millions de
dollars en 4 ans) et une coopération militaire (matériel
américain/bases de Torrejón, Morón, Saragosse, et Rota) ;
• en 1951, nouvelle orientation : Franco change de
gouvernement pour faciliter le rapprochement avec le monde
occidental, donnant la majorité des ministères aux
catholiques conservateurs (national-catholicisme) et
promouvant les personnalités favorables à une certaine
ouverture, comme Carrero Blanco ;
 les premiers signes d’ouverture (1953-1959) :
• la légitimation de l’Espagne continue : entrée à l’ONU en
1955, à l’OIT en 1956, à l’OECE et au FMI en 1958 ;
• à l’intérieur, dégradation : situation économique difficile
(manque d’aliments, production en lente progression, niveau
de vie bas), mouvements sociaux (1956-1958), des partisans
du régime défendent un changement d’orientation (fin de
l’autarcie, libéralisation) ;

175
• poursuite de la modification des rapports de force avec le
nouveau gouvernement de 1957 : nouvelle génération de
ministres membres de l’Opus Dei appelés technocrates
partisans d’une modernisation économique (Navarro Rubio,
aux finances et Ullastres au commerce).

1.3. Les institutions de l’État franquiste.

 Les institutions sont définies par les lois fondamentales :

 1938, Fuero del Trabajo :


• national-syndicalisme, inspiré par la Carta del Lavoro ;
• interventionnisme étatique économique et social ;
 1942, Loi constitutive des Cortés :
• votée alors la victoire des Alliés est de plus en plus probable ;
• chambre corporatiste, sans réels pouvoirs parlementaires ;
 1945, Fuero de los Españoles :
• promulgué dans le cadre de la conférence de Potsdam ;
• prétend octroyer des droits sans aucune garantie et limités par
« l’unité spirituelle, nationale et sociale de l’Espagne » ;
 1945, Loi sur le référendum national : le chef de l’Etat peut soumettre
l’approbation de décisions importantes à référendum ;
 1947, Loi de succession à la tête de l’Etat :
• l’Espagne est un royaume mais Franco peut désigner son
successeur à la tête de l’Etat ;
• contexte : affrontement Franco/Juan de Borbón ;
 1958, Loi sur les Principes du Mouvement national :
• rappelle les principes cardinaux de l’Etat ;
• oblige les fonctionnaires à prêter serment.

 L’organisation des pouvoirs :

 Franco concentre les titres et les pouvoirs en tant que Caudillo ;


• nomination des hauts fonctionnaires, des procurateurs aux
Cortés, du secrétaire général du Mouvement ;
• droit de promulguer seul les lois dans les cas d’urgence ;
 les Cortés ou l’organisation corporatiste de la volonté nationale :
• procurateurs nommés selon le corporatisme de la démocratie
organique : désignés par le chef de l’Etat (ministres, membres
du Conseil national du Mouvement et de l’organisation
syndicale), désignés pour leurs fonctions (maires des grandes
villes, recteurs d’université, hiérarques catholique), élus par les
syndicats, administrations locales (mairies et députations
provinciales) ; les chefs de familles (1966) ;

176
• organe de collaboration, sans véritable pouvoir législatif : pas
d’initiative des lois, droit de veto de Franco ;
 l’administration territoriale :
• militaire : capitaines généraux et gouverneurs militaires dans
chaque province ;
• civile : gouverneurs civils (nommés par le pouvoir et chefs
provinciaux du Mouvement), maires (nommés par les
gouverneurs et chefs locaux du Mouvement) ;
 le pouvoir syndical :
• syndicats regroupés dans l’Organisation Syndicale Espagnole
présidée par un secrétaire général (ministre) ;
• organisation par branches et regroupement vertical, selon les
principes établis par la Loi d’unité syndicale (1940) ;
• tutelle de l’Etat en matière de droits sociaux : pas de
négociations collectives ni de droit de grève, salaires
maintenus bas et profits patronaux élevés.

2. De la modernisation à la crise (1959-1975).

2.1. La réorientation de la politique économique.

 Le desarrolismo :

 dès 1957 et au long des années 1960, primauté des technocrates :


• nouvelle génération liée à l’Opus Dei et aux élites
économiques ;
• stratégie de modernisation et de rationalisation économique
pour assurer la stabilité du régime ;
 changement d’orientation dû au contexte de la fin des années 1950 :
• mauvaise situation économique : réserves de la Banque
d’Espagne épuisées, inflation, déficit des comptes publics ;
• pression des organismes internationaux et croissance rapide
(Trente Glorieuses) du reste de l’Europe occidentale ;
• montée des tensions sociales internes : grèves, manifestations.

 Le plan de stabilisation (1959) :

 volonté de corriger la politique économique : fin de l’interventionnisme


étatique et libéralisation des secteurs du commerce et de la finance ;
 trois axes prioritaires :
• stabilisation de l’économie : réduction de l’inflation (hausse des
taux d’intérêts, limitation du crédit, gel des salaires) et du
déficit (réforme fiscale pour augmenter les recettes et restreindre
les dépenses) ;

177
• libéralisation interne : suppression des organismes publics
chargés d’intervenir et libéralisation des prix ;
• libéralisation externe : levée des obstacles aux importations et
attraction des investissements étrangers (convertibilité peseta,
dévaluée de 50% avec le dollar) permettant de recevoir des
crédits extérieurs et d’accéder aux marchés internationaux.

 Les plans de développement :

 trois plans quadriennaux (de 1964 à 1975) supervisés par un


Commissaire au plan de développement (López Rodo) ;
 planification indicative programmant l’activité du secteur public et
fournissant des informations et des mesures incitatives au privé ;
 deux axes forts :
• actions structurelles pour résoudre les problèmes de l’industrie
(taille réduite des entreprises, productivité faible) ;
• pôles de développement : implantation de nouvelles industries
dans des régions peu ou pas industrialisées ;
 bilan :
• en général : objectifs fixés non atteints, principalement faute de
ressources publiques ;
• aspects positifs : infrastructures (réseaux électriques,
raffineries) et approvisionnement en produits de base (acier)
profitant au privé et posant les bases de la croissance industrielle.

2.2. L’évolution du régime : entre réformisme et immobilisme.

 Les technocrates au pouvoir :

 ascension de Carrero Blanco (vice-président 1967-1973) favorisant les


technocrates (Ullastre, López Rodó) qui progressent à partir de 1962 ;
 aussi certains jeunes phalangistes réformistes : Fraga Ibarne ;
 les familles traditionnelles du franquisme voient leur influence décliner.

 Objectifs :

 modernisation et développement économiques, avec une rénovation


politique (modernisation de l’administration, des lois et institutions) ;
 but poursuivi : consolider le régime par la prospérité et un certain
niveau de protection sociale, moderniser pour éviter de démocratiser.

178
 Les réformes législatives :

 réforme des outils répressifs du régime pour adoucir son image :


• TOP pour les délits politiques ;
• pas de fin de la répression mais quête de respectabilité
internationale après le scandale Julián Grimau (1963) ;
 ouverture en matière de liberté d’opinion et d’expression :
• loi sur la presse (1966) : censure préalable supprimée et
autorisation de publications interdites, même si maintien de
sanctions (amendes, suspension) ;
• loi sur la liberté religieuse (1967) : liberté de culte ;
• loi sur la représentation familiale (1967) : 108 procurateurs élus
aux Cortés par les chefs de famille ;
 progrès en matière de relations de travail :
• loi sur les conventions collectives (1958) : négociation des
salaires et conditions de travail entre patrons et ouvriers,
tribunaux professionnels et délégués syndicaux ;
• élections syndicales (1966) : entrisme de syndicalistes opposants
au régime (CCOO et USO) ;
• loi sur la sécurité sociale (1967) : couverture sociale étatique,
premier pas vers un Etat-providence même si encore limité ;
 réformes institutionnelles :
• Loi organique de l’Etat (1967) : nouvelle loi fondamentale
approuvée par référendum supprimant la rhétorique fasciste et
confortant le régime (monarchie, pouvoirs du Caudillo, futur
« atado y bien atado » selon Franco) tout en créant la fonction de
chef du Gouvernement (Franco puis Carrero Blanco en 1973) ;
• Loi de succession (1969) : désignation de Juan Carlos qui
provoque un regain de tension entre rénovateurs et phalangistes.

 La poursuite de l’ouverture internationale :

 1962 : rejet de l’intégration à la CEE, mais accord préférentiel (1970) ;


 l’Espagne accompagne le processus de décolonisation :
• abandon du Maroc (1956), d’Ifni (1969) et indépendance de la
Guinée Équatoriale en 1968 ;
• seul vestige colonial : le Sahara occidental (jusqu’en 1975).

 Le triomphe de l’immobilisme :

 tournant : révélation du scandale MATESA (1969) impliquant les


membres du gouvernement liés à l’Opus Dei ;
 discrédit des technocrates critiqués par les immobilistes qui obtiennent
leur expulsion du gouvernement et un changement d’orientation ;

179
 vice-président, Carrero Blanco défend le durcissement du régime :
• modification de la Loi sur la presse ;
• forte répression : certains délits politiques jugés par l’armée,
Etat d’exception (1969 et 1970) et Conseil de guerre de Burgos
(1970) qui condamne à mort 6 militants de l’ETA ;
• arrêt du réformisme : projet de Loi sur les associations
politiques bloqué et nouvelle Loi syndicale (1971) qui renforce
la structure du syndicalisme vertical.

2.3. La montée des oppositions et la chute du régime.

 L’opposition issue de la société civile :

 le monde du travail est le principal foyer d’opposition des années 1960 :


• zones touchées : de tradition ouvrière (Asturies, Barcelone, Pays
Basque) et nouvellement industrialisées (Madrid, Ferrol,
Valence, etc.) ;
• origine : relations de travail, même si politisation fréquente
(grèves illégales) : grève de mineurs des Asturies (1962) qui
s’étend à 500000 ouvriers ;
• essor d’un syndicalisme non officiel : Commissions Ouvrières
(1964), Union Syndicale Ouvrière (USO) proche des Jeunesses
Ouvrières Chrétiennes (chrétiens de gauche) en 1967 ;
 le mouvement étudiant est le deuxième foyer : création du Syndicat
Démocratique d’Etudiants (SDEUB) à la UB en 1966.
 les associations de riverains sont le troisième foyer : militent pour une
vie de quartier plus digne dans les grandes villes espagnoles ;
 autres formes d’opposition :
• Eglise : critiques de l’abbé de Montserrat (1964), participation
d’associations catholiques syndicalisme (JOC), manifestation de
prêtres à Barcelone (1960) ;
• armée : création de l’Union Militaire Démocratique (UMD).

 Les forces politiques antifranquistes :

 en Catalogne :
• gauche : entrisme du PSUC et constitution d’organisations
socialistes fédérées dans la Commission Coordinatrice des
Forces Politiques de Catalogne ;
• centre-droit : Convergence Démocratique de Catalogne ;
 Pays Basque :
• maintien de l’influence du PNV ;
• 1959 : création ETA menant la lutte armée à partir de 1968 ;

180
 sur le plan national :
• gauche : PCE et PSOE qui choisit à Suresnes (1974) une
nouvelle orientation et une direction menée par González ;
• au centre : démocratie chrétienne ;
• 1962 : réunion à Munich (« contubierno ») des principales forces
d’opposition (sauf PCE) et déclaration commune.

 La crise politique et l’apogée de l’antifranquisme :

 crise provoquée par l’attentat d’ETA contre Carrero Blanco, devenu


président du gouvernement, le 20/12/1973 :
• affrontement entre partisans de l’ouverture (favorables à la
création d’associations politiques au sein du Movimiento) et
partisans de l’immobilisme, dont les plus ultras (militaires et
phalangistes) forment le bunker : Blas Piñar ;
• gouvernement Arias Navarro (01/1974) : tentative d’unir
immobilistes et réformistes avec l’« esprit du 12 février » (loi
municipale, augmentation du nombre et des pouvoirs des
procurateurs, loi sur les associations politiques et syndicales) ;
• pression des ultras pour abandonner les réformes engagées
provoquant la démission des ministres réformistes ;
 dégradation du contexte international au sujet du Sahara (1973) :
• tensions entre l’Espagne, les indépendantistes (Front Polisario),
le Maroc, l’Algérie et la Mauritanie ;
• après la Marche Verte, l’Espagne accepte de quitter le Sahara
occidental en signant l’accord de Madrid le 14/11/1975 ;
 apogée de l’antifranquisme :
• montée de l’agitation sociale venue des étudiants et des ouvriers ;
• organismes unitaires : Assemblée de Catalogne en 1971
(partis, syndicats, groupes culturels et professionnels), le PCE
favorise la Junte Démocratique d’Espagne (1974) et le PSOE
la Plateforme de Convergence Démocratique (1975) ;
• Coordination Démocratique (Platajunta) groupant en 1976
communistes, socialistes, républicains, démocrates-chrétiens,
monarchistes, nationalistes locaux derrière un programme :
amnistie, libertés civiles, politiques et syndicale ;
• violence politique intensifiée : attentats d’ETA et de terroristes
d’extrême-gauche (FRAP, GRAPO) et forte répression
(exécutions de Puig Antich en 1974, état d’exception permanent
en 1975, 5 exécutions de militant d’ETA et du FRAP).

Malade, Franco voit son état s’aggraver en 1973-74 : le 20/11/1975, il


décède.

181
Vers l’épreuve externe.

Exercice 1. Commentaire de documents.

Option A.

Document 1. Photographie prise dans les années 1940.

L’affiche porte le slogan : « Franco, Guide de Dieu et de la Patrie. Le premier


vainqueur au monde du bolchévisme sur le champ de bataille ».
(Source : EFE, http://elpais.com)

Document 2. Sentence du Conseil de guerre, Barcelone, 1940.


Attendu : qu’au moment du déclenchement du Glorieux Mouvement National, l’accusé,
Lluís Companys, a continué a exercer sa fonction de président de la Generalitat,
s’opposant fermement au triomphe du Soulèvement, et que dans ce but il a organisé des
réunions dans les services de la Generalitat au cours desquelles fut prise la décision de
distribuer des armes utilisées par les milices du Front Populaire pour affronter l’armée
nationale […].
Que l’accusé n’a pas cherché à réprimer les désordres et crimes, assassinats, vols,
saccages et autres agressions de tous types auxquels se sont livrés les groupes de gauche
[…].
Que présidant le gouvernement de la Generalitat il a largement légiféré sur tous types de
matières […].
Nous prononçons la condamnation de l’ex-président du gouvernement dissout de la
Generalitat, Lluís Companys i Jover, en tant que coupable du délit de rébellion militaire,
à la peine de mort.

Questions :
a) Présenter chaque document et indiquer son idée principale.
b) Expliquer le contexte historique du document.
c) À partir des documents proposés et de vos connaissances personnelles, rédiger en
vingt lignes environ une réponse argumentée montrant en quoi que le régime
franquiste est totalitaire entre 1939 et 1959.

182
Option B. Visite d’Eisenhower en Espagne, 1959 (http://www.historiasiglo20.org).

Questions :
a) Présenter le document et indiquer l’idée principale.
b) Expliquer le contexte historique du document.
c) À partir du document proposé et de vos connaissances personnelles, rédiger en vingt
lignes environ une réponse argumentée répondant au sujet suivant : la politique
extérieure du régime franquiste (1939-1975).

Exercice 2. Rédaction.

Option A. L’opposition au régime franquiste (1939-1975).


Chronologie indicative :
1944 : création de l’Alliance Nationale des Forces Démocratiques
1956-57 : mouvements étudiants à Barcelone et Madrid
1962 : Contubierno de Munich
1973 : attentat d’ETA contre Carrero Blanco
1974 : congrès de Suresnes du PSOE

Option B. Le gouvernement des technocrates (1959-1973).


Chronologie indicative :
1959 : plan de stabilisation
1963 : création du TOP
1966 : loi sur la presse
1970 : accord préférentiel avec la CEE
1969 : scandale MATESA

183
II. La transition démocratique (1975-1982).

Comment le passage de la dictature à la démocratie s’est-il effectué en Espagne ?

1. La marche vers la démocratie (1975-1978).

1.1. Les gouvernements de l’après-franquisme : de l’immobilisme au réformisme.

 Le gouvernement d’Arias Navarro :


 l’après-Franco :
• le 22/12/1975, Juan Carlos est proclamé roi d’Espagne ;
• il décide de prolonger Arias Navarro au gouvernement qui
intègre certains réformistes : Manuel Fraga.
• Arias Navarro maintient son programme et « l’esprit du 12
février » ;
 une forte pression populaire :
• forces coalisées de l’opposition : sur le plan national, la
Coordination Démocratique réclame une rupture démocratique
avec un gouvernement provisoire et des élections générales, et
en Catalogne, après l’Assemblée de Catalogne, se forme le
Conseil des Forces Politiques de Catalogne (1975) ;
• série de mouvements populaires réclamant des libertés,
l’amnistie et des statuts d’autonomie, souvent à partir de
grèves : grèves générales (Catalogne et Pays Basque hiver 1975-
1976), manifestations du 1er et 8 février à Barcelone.

 Le réformisme du premier gouvernement Suárez :

 la pression des réformistes :


• partisans d’un pacte avec l’opposition pour impulser une
réforme progressive de l’Etat à partir des institutions ;
• pression sur le roi et son entourage pour obtenir le départ d’Arias
Navarro qui est contraint à démissionner le 30/06/1976 ;
 le gouvernement d’Adolfo Suárez :
• Arias est remplacé par un réformiste du Mouvement : Suárez ;
• une série de décisions sont prise pour favoriser l’ouverture :
contacts avec l’opposition facilités par une loi graciant certains
prisonniers politiques et Loi de réforme politique approuvée par
les Cortés et soumise à référendum le 15/12/1976 : 80% de oui.

184
1.2. La construction de l’Etat démocratique.

 La poursuite du processus de démocratisation :

 la préparation des élections législatives :


• multiplication des contacts avec l’opposition démocratique au
milieu des mobilisations populaires ;
• série de décrets de démocratisation : liberté syndicale
et légalisation des partis (sauf PCE, PSUC et Esquerra jusqu’en
avril-mai 1977), amnistie pour les prisonniers politiques,
dissolution du TOP et des principales institutions franquistes ;
• monarchie légitimée : renonciation de Juan de Bourbon ;
 les élections législatives du 15 juin 1977 :
• forces politiques : partis de l’opposition antifranquiste, UCD de
Suárez (centre) et Alianza Popular de Manuel Fraga (droite) ;
• résultats : victoire de l’UCD (34%) devant le PSOE (29%),
victoire de la gauche en Catalogne dominée par les socialistes
(28%), le PSUC (18%), puis UCD et PDC de Pujol (16,8%) ;
• sans majorité absolue, Suárez forme le premier gouvernement
démocratique espagnol ;
 la constitution de 1978 :
• élaborée grâce au consensus entre forces politiques et à l’esprit
de réconciliation : loi d’amnistie politique d’octobre 1977.
• texte adopté par référendum le 6 décembre 1978 (88,5%) :
démocratie (monarchie parlementaire, armée soumise au
pouvoir civil, droits et libertés, abolition de la peine de mort,
Etat non confessionnel), principes économiques et
sociaux (reconnaissance de l’économie de marché, mais
possibilité d’intervention publique), droit à l’autonomie de
nationalités et régions, avec possibilité d’un statut et
d’officialiser leur langue propre.

 La naissance de l’Etat des autonomies :

 demande d’autonomie en Catalogne :


• aux législatives, 77% des Catalans votent pour des partis
demandant la récupération du statut d’autonomie ;
• l’Assemblée des Parlementaires Catalans (juin 1977) reprend
ces revendications : restauration de la Generalitat et retour de
Tarradellas, dérogation de la loi abolissant le statut de 1932,
gouvernement provisoire ;
• pression populaire : manifestations du 11/09/1976 à Sant Boi et
en 1977 à Barcelone (1 million de personnes) ;

185
 réponse favorable du gouvernement :
• après négociation avec Tarradellas, Suarez rétablit la
Generalitat et permet son retour d’exil ;
• en décembre 1977, la Generalitat provisoire est formée par
toutes les forces parlementaires catalanes (sauf AP) : peu de
compétences mais quelques décisions importantes (enseignement
obligatoire du catalan) et création de la Commission Mixte de
Transferts Etat-Generalitat pour donner un contenu politique ;
 avancées vers l’autonomie dans d’autres régions :
• 6/01/1978 : Conseil Général Basque dominé par le PNV et le
PSOE et présidé par le socialiste Ramón Rubial (lehendakari) ;
• mars 1978, Junte Provisoire de Galice à l’initiative de l’UCD ;
 adoption des statuts d’autonomie et formation des CCAA :
• la Constitution rend possibles les Communautés
Autonomes (voie rapide avec l’art. 151 pour les nationalités
historiques, la Navarre et l’Andalousie ou plus lente avec
l’art.143) et 17 Communautés naissent de 1979 (Pays Basque) à
1995 (Ceuta et Melilla) ;
• en Catalogne, commission pour rédiger le Statut de Sau
approuvé par l’Assemblée de Parlementaires et présenté aux
Congrès des Députés en mars 1979 puis approuvé par les Cortés
en décembre 1979 après référendum en Catalogne le 15
octobre 1979 (88,1%) : nationalité catalane et droit à
l’autogouvernement, 2 langues officielles (castillan /catalan),
Generalitat et Tribunal Supérieur de Justice, compétences
exclusives (droit civil) et partagées (justice).

1.3. Les défis de la démocratie.

 La crise économique :

 un contexte de crise économique internationale :


• la récession s’installe vers 1974 avec le 1er choc pétrolier :
baisse des exportations et des investissements étrangers, moins
de devises issues du tourisme et retour d’émigrants plus crise
industrielle (chômage, croissance ralentie et inflation) ;
• conséquences graves en Catalogne : effets plus prononcés que
dans le reste de l’Espagne : chômage (8,1% en 1973 à 19,9% en
1982), baisse de l’immigration intérieure, stagnation
démographique ;
 les Pactes de la Moncloa :
• les principaux partis et organisations syndicales décident en
octobre 1977 de réduire l’inflation et répartir équitablement
l’effort face à la crise ;

186
• mesures adoptées : contrôle des prix (peseta dévaluée, contrôle
des dépenses, de la consommation d’énergie et des salaires) et
réformes de structure (assouplissement du droit du travail,
IRPF, réforme de la sécurité sociale par l’extension de
l’assurance chômage et de santé, ainsi que des retraites.

 Les obstacles à la démocratie :

 l’extrême-droite :
• organisations préparant un coup d’Etat, comme les Guerrilleros
de Cristo Rey ou Triple A : 5 avocats assassinés rue Atocha de
Madrid (1977) ;
• conspirations militaires : Opération Galaxie (1978) ;
 l’extrême-gauche : GRAPO/FRAP poursuivent leurs actions violentes ;
 le terrorisme basque d’ETA :
• refus de la constitution de 1978 ;
• campagne d’attentats : 77 morts en 1979 et 95 en 1980.

2. La consolidation de la démocratie (1978-1982).

2.1. Le second gouvernement UCD.

 La victoire d’UCD et le troisième gouvernement Suárez :

 après la constitution, Suárez dissout les Cortés et provoque de nouvelles


élections législatives avec un résultat très proche de 1977 :
• au niveau national : UCD (sans majorité absolue), PSOE, puis
PCE, défaite de la Coalition Démocratique ;
• en Catalogne : PSC et PSUC majoritaires, CiU et UCD ;
 troisième gouvernement Suárez (UCD) qui poursuit dans la voie du
précédent : continuité des Pactes de la Moncloa, comme le Statut des
Travailleurs (1980).

 Un gouvernement affaibli et contesté :

 dissensions internes à l’UCD et critique du leadership de Suárez ;


 tendance renforcée par les défaites électorales :
• municipales de 1979 : en Catalogne, majorité des conseils
municipaux pour le Pacte de Progrès (PSC, PSUC, CiU, ERC) ;
• élections autonomiques au Pays Basque et en Catalogne où
l’UCD perd la moitié des votes recueillis en 1979 ;
 l’opposition au gouvernement Suárez est de plus en plus offensive :
motion de censure du PSOE repoussée de justesse en mai 1980 ;

187
 Suárez démissionne le 29/01/1981 :
• par lassitude personnelle ;
• sous la pression de l’opposition, de son parti, de secteurs de
l’armée et du monde de l’entreprise.

2.2. Le coup d’Etat du 23-F.

 Le déroulement du coup d’Etat :

 séance parlementaire du 23 février 1981, lors du vote sur l’investiture


du nouveau Président du gouvernement (UCD), Calvo Sotelo ;
 personnes impliquées : le lieutenant-colonel de la Garde Civile Tejero
et des chefs militaires (capitaine général Milans del Bosch) ;
 objectif : paralyser la démocratisation par hostilité à la démocratie au
processus autonomique, et à la réforme annoncée de l’armée.

 La démocratie renforcée :

 intervention décisive du roi dans la nuit du coup provoquant l’échec de


la conjuration militaire ;
 27 février : manifestations nombreuses marquant l’attachement de la
majorité des Espagnols à la démocratie.

2.3. Le déclin progressif de l’UCD.

 Le gouvernement de Calvo Sotelo :

 après le coup d’Etat, Calvo Sotelo est investi chef du gouvernement à la


tête d’une UCD de plus en plus divisée ;
 politique en continuité avec celle des gouvernements précédents :
• à l’intérieur, poursuite des réformes du monde du travail
(Accord National sur le Travail), de modernisation de la société
(divorce) et du processus autonomique (Loi Organique
d’Harmonisation du Processus Autonomique, 30/07/1982) ;
• à l’extérieur, politique d’intégration internationale : demande
d’entrée dans l’OTAN (30/05/1982).

 La crise de l’UCD et la défaite électorale de 1982 :

 division croissante de l’UCD qui finit par exploser : Suárez crée le


Centre Démocratique et Social (CDS) en mai 1982 ;
 28 août 1982 : Calvo Sotelo décide de dissoudre les Cortés.

Octobre 1982 : les législatives donnent la majorité absolue au PSOE dont le leader,
Felipe González, forme le nouveau gouvernement.

188
Vers l’épreuve externe.

Exercice 1. Commentaire de documents.

Option A. Préambule de la constitution espagnole de 1978.


La Nation espagnole, souhaitant établir la justice, la liberté et la sécurité et promouvoir
le bien de tous ceux qui la composent, proclame, souverainement, sa volonté de :
Garantir la coexistence démocratique dans le cadre de la Constitution et des lois,
conformément à un ordre économique et social juste ;
Consolider un État de droit qui assure le règne de la loi comme expression de la volonté
populaire ;
Protéger tous les Espagnols et tous les peuples d'Espagne dans l'exercice des droits de
l'homme, de leurs cultures et de leurs traditions, de leurs langues et de leurs institutions ;
Promouvoir le progrès de la culture et de l'économie pour assurer à tous une qualité de
vie digne ;
Établir une société démocratique avancée ;
Et contribuer au renforcement des relations pacifiques et d'une coopération efficace
entre tous les peuples de la Terre.

Questions :
a) Présenter le document et indiquer l’idée principale.
b) Expliquer le contexte historique du document.
c) À partir du document proposé et de vos connaissances personnelles, rédiger en vingt
lignes environ une réponse argumentée expliquant en quoi l’adoption de la
constitution de 1978 marque une étape décisive dans l’établissement de la
démocratie espagnole.

Option B. Manifestation réprimée à Barcelone, 1976 (http://www.elperiodico.com).

189
Questions :
a) Présenter le document et indiquer l’idée principale.
b) Expliquer le contexte historique du document.
c) À partir du document proposé et de vos connaissances personnelles, rédiger en vingt
lignes environ une réponse argumentée répondant au sujet suivant : l’Espagne, de la
dictature à la démocratie (1975-1978).

Exercice 2. Rédaction.

Option A. La transition démocratique (1975-1982).

Chronologie indicative :
Décembre 1975 : Juan Carlos proclamé roi d’Espagne
Décembre 1976 : Loi de Réforme Politique adoptée grâce au gouvernement Suárez
Décembre 1978 : adoption de la Constitution
23/02/1981 : tentative avortée de coup d’Etat
Octobre 1982 : victoire du PSOE aux législatives

Option B. Les obstacles vers la démocratie en Espagne (1975-1982).

Chronologie indicative :
Juin 1976 : démission d’Arias Navarro
Janvier 1977 : tuerie d’Atocha
Octobre 1977 : Pactes de la Moncloa et loi d’amnistie politique
1979-1980 : vague d’attentats d’ETA
23/02/1981 : tentative avortée de coup d’Etat

190
III. L’Espagne en démocratie (1982-2008).

Quelles sont les principales étapes de la vie politique sous la démocratie ?

1. Les gouvernements socialistes (1982-1996).

 La victoire de 1982 et ses conséquences :

 le PSOE sort vainqueur des législatives devant Alianza Popular, CiU,


UCD et le PCE (plus tard Izquierda Unida) ;
 le gouvernement est confié au leader socialiste : González ;
 les socialistes conservent le pouvoir durant 4 législatures :
• les trois premières avec la majorité absolue ;
• à partir de 1993 avec une majorité relative et le soutien des
nationalistes basques et catalans.

 Le temps des réformes :

 série de réformes économiques pour lutter contre la crise et adapter


l’Espagne aux exigences du marché et de la CEE :
• réforme du système bancaire et lutte contre l’inflation ;
• reconversion des secteurs traditionnels entraînant des conflits :
Hauts-Fourneaux de la Méditerranée, chantiers navals de Galice,
Pays-Basque et Andalousie ;
 réformes sociales pour faire progresser l’État-providence :
• libéralisation de l’avortement ;
• réformes éducatives : Loi de Réforme Universitaire (1983 :
autonomie des universités), LODE (1985) puis LOGSE (1990)
allongeant l’obligation scolaire à 14 puis à 16 ans ;
 réformes politiques et institutionnelles prolongeant la constitution :
• processus autonomique : Loi sur le Processus Autonomique
(1983) adoptée après blocage de la LOAPA ;
• réforme de l’armée soumise au pouvoir politique ;
• contre ETA : Pacte d’Anjuria Enea (1988) entre toutes les
forces démocratiques basques contre la violence terroriste ;
• processus d’adhésion à la CEE (1985) officielle en 1986.

 L’usure du pouvoir :

 le difficile dialogue social :


• opposition syndicale aux reconversions : grève générale (1988) ;
• tentative de réponse : assistance sanitaire universelle et gratuite,
Pacte de Tolède pour garantir la viabilité des retraites ;

191
 les difficultés politiques :
• dissensions au PSOE et au gouvernement entre González et
Guerra ;
• scandales de corruption impliquant des personnalités liées au
pouvoir : Juan Guerra ;
• scandale de la « guerre sale » menée contre ETA par les GAL ;
 la crise économique :
• 1992 : début d’une nouvelle récession mondiale ;
• en Espagne : nouvelle hausse du chômage et de l’inflation.

2. La droite au pouvoir (1996-2004).

 Le centrisme du premier mandat :

 les élections de 1996 obligent le Parti Populaire (1989 à partir


d’Alianza Popular) à mener une politique centriste :
• pas de majorité absolue ;
• le nouveau président du gouvernement Aznar doit chercher le
soutien des nationalistes (CiU, Coalición Canaria et le PNV) ;
 objectif principal, résoudre la crise économique et les 23% de chômage ;
• préparation à l’entrée dans la zone euro ;
• vague de privatisations pour équilibrer les comptes publics ;
 tensions avec le PNV sur la question basque aboutissant à une rupture de
l’équilibre antérieur : Pacte de Lizarra entre nationalistes (1998).

 La droitisation du second mandat :

 victoire aux législatives de 2000 donnant la majorité au PP qui mène une


politique à droite :
• mesures modifiant l’héritage socialiste : Loi sur les Étrangers,
Loi Organique Universitaire, Loi Organique de Qualité
Éducative (LOCE), et Loi sur les Partis ;
• mesures de modernisation : suppression du service militaire ;
• polémiques érodant la popularité du gouvernement : Plan
Hydrologique National, gestion de la crise du Prestige (2002) ;
 une politique extérieure contestée : appui à l’invasion de l’Irak (2003).

192
3. Le retour des socialistes au pouvoir (2004-2008).

 Les élections de 2004 et leurs conséquences :

 attentats du 11 mars : forte mobilisation contre la gestion du


gouvernement et son action en Irak en plein campagne électorale ;
 victoire du PSOE permettant à Zapatero de devenir chef du
gouvernement.

 Un changement de cap idéologique :

 réorientation de la politique internationale : retrait des troupes d’Irak ;


 mesures sociétales : Loi d’égalité hommes-femmes, sur la Dépendance,
assouplissement du divorce, mariage homosexuel, régularisation de
sans-papiers ;
 poursuite de la politique des autonomies : rénovation de certains statuts
(Andalousie, Valence, Catalogne).

Lors des élections de 2008, le PSOE et Zapatero sont maintenus au pouvoir, mais
l’Espagne est sévèrement touchée par la crise financière partie des États-Unis.

193
Vers l’épreuve externe.

Exercice 1. Commentaire de documents.

Option A. Discours d’investiture de Felipe González, 1982.


Le gouvernement respectera et fera respecter la loi. […] La crise générale qui
s’additionne aux déficiences de notre économie, héritées du passé, nous place face à
quatre déséquilibres fondamentaux : le chômage […], l’inflation […], le déficit de la
balance des paiements […], et le déficit des administrations publiques. Nous
travaillerons avec acharnement pour aplanir les obstacles qui empêchent encore notre
pleine intégration dans la Communauté européenne. […] Nous examinerons avec
attention les conditions de notre relation de défense et de coopération avec les États-
Unis et nous réétudierons avec toute la rigueur nécessaire pour défendre nos intérêts et
notre dignité la décision du gouvernement précédent au sujet du Traité de l’Atlantique
Nord.

Questions :
a) Présenter le document et indiquer l’idée principale.
b) Expliquer le contexte historique du document.
c) À partir du document proposé et de vos connaissances personnelles, rédiger en vingt
lignes environ une réponse argumentée expliquant en quoi ce discours expose les
principales questions politiques traitées par Felipe Gonzalez à partir de son arrivée
au pouvoir en 1982.

Option B. Photographie du sommet des Açores en mars 2003 : sont présents Bush
(EUA), Blair (RU), Barroso (Portugal) et Aznar (Espagne).

194
Questions :
a) Présenter le document et indiquer l’idée principale.
b) Expliquer le contexte historique du document.
c) À partir du document proposé et de vos connaissances personnelles, rédiger en vingt
lignes environ une réponse argumentée répondant au sujet suivant : la politique
extérieure du gouvernement Aznar et ses conséquences.

Exercice 2. Rédaction.

Option A. Les étapes de la vie politique espagnole depuis 1982.

Chronologie indicative :
1982 : victoire du PSOE aux élections législatives
1986 : entrée de l’Espagne dans la CEE
1996 : gouvernement Aznar
2004 : défaite du PP et formation du gouvernement Zapatero
2008 : réélection de Zapatero

Option B. La droite au pouvoir entre 1996 et 2004.

Chronologie indicative :
1996 : victoire du PP aux élections législatives
1998 : rupture du Pacte d’Anjuria Enea et conclusion du Pacte de Lizarra
2000 : le PP obtient la majorité absolue aux Cortés
11/03/2004 : attentats islamistes à Madrid
14/03/2004 : défaite électorale du PP

195
CHAPITRE 12 :

ÉCONOMIE, SOCIÉTÉ ET CULTURE


EN FRANCE ET EN ESPAGNE
DEPUIS L’APRÈS-GUERRE

Problématique :

quelles mutations économiques, sociales et culturelles se sont-elles


produites en France et en Espagne depuis le milieu du XXº siècle ?

196
197
I. Les transformations économiques, sociales et culturelles
en France depuis 1945.

Quelles sont les transformations économiques, sociales et culturelles qui se sont


opérées en France depuis la fin de la Seconde guerre mondiale ?

1. Les transformations économiques.

1.1. Les grandes phases de l’évolution économique.

 La France de l’après-guerre à reconstruire :

 un pays dévasté et appauvri :


• bilan humain : pertes humaines directes (tués) et indirectes
(départs et déficit de naissance) de 1 450000 personnes ;
• bilan matériel : infrastructures majoritairement détruites : (2/3
du réseau de chemin de fer endommagé), pénurie de logements
dans certaines régions (sans-abris, bidonvilles), productions
agricole et industrielle en baisse, appauvrissement (PIB de
1945 : 40% du PIB de 1939) ;
 moyens de la reconstruction :
• application du programme du Conseil National de la
Résistance : nationalisations dans l’énergie (gaz et électricité,
charbon) ou l’économie (banque de France, Renault), création de
la Sécurité sociale en 1945 ;
• planification de l’économie menée par Jean Monnet objectifs
fixés pour 5 ans (période 1948-1952) et coordination avec l’aide
américaine (plan Marshall) selon des priorités : charbon, acier,
ciment, électricité, tracteurs ;
 résultats :
• la production industrielle retrouve en 1950 le niveau d’avant-
guerre et le dépasse rapidement ;
• hausse de la production agricole ;
• poursuite de la croissance de la population : Baby-boom.

 Les Trente Glorieuses (1945-1973) :

 caractéristiques du boom économique :


• presque trente ans de croissance économique soutenue, surtout à
partir de 1950 : plus de 5% de croissance moyenne du PIB ;
• secteurs en pointe : bâtiment et travaux publics, industrie ;

198
 facteurs explicatifs :
• croissance de l’ensemble des pays développés à économie
libérale reliés à l’économie nord-américaine : plan Marshall ;
• accès facile aux énergies fossiles (pétrole) et diffusion massive
de leurs dérivés (plastiques) ainsi que de nombreuses
innovations : machinisme, transistors, électroménager ;
• dynamisme démographique et fort capital humain (éducation) ;
 conséquences :
• plein-emploi et hausse des salaires et du pouvoir d’achat ;
• développement des exportations ;
• diffusion massive de biens d’équipement : voiture, télévision,
machine à laver, réfrigérateur.

 Du ralentissement à la crise (1973-2008) :

 depuis les chocs pétroliers de 1973 et de 1979, la croissance a


globalement diminué :
• moyenne de 2,5% (1973-1990), puis de 2% (1990-2008) ;
• phases de dépression plus accentuées : 1976 et 1994 ;
• hausse forte du taux de chômage : 3 millions en 1993 ;
 la mondialisation de l’économie :
• a ouvert l’économie française à la concurrence de pays
produisant moins cher ;
• a imposé une reconversion aux secteurs traditionnels : mines,
métallurgie, textile ;
 à partir de 2008, la crise venue des États-Unis frappe l’économie : PIB
2009 négatif (-2,5%) ;
 la France reste une puissance économique : 5ème rang mondial en 2010.

1.2. L’évolution des secteurs économiques.

 Une industrie en mutation :

 une puissance industrielle qui a dû s’adapter :


• la France tient le 6ème rang mondial pour la production
industrielle et le 5ème des pays exportateurs de biens industriels ;
• situation énergétique contrastée : relative autonomie grâce au
nucléaire (75% de l’électricité produite) mais forte dépendance
en hydrocarbures ;
• firmes multinationales montrant l’évolution des secteurs :
diminution des secteurs traditionnels (textile, sidérurgie,
électroménager) qui ont licencié massivement ou délocaliser,
déclin progressif de l’automobile, dynamisme des hautes
technologies (T.I.C., aéronautique et aérospatiale, pharmacie) ;

199
 profonde transformation de la structure productive :
• baisse de la part de l’industrie dans la valeur ajoutée de la
France : de 24% (en 1980) à 14% (en 2008) du PIB ;
• baisse du nombre d’emplois industriels : 24,3% de la population
active ;
• modification de la population active industrielle : moins
d’emplois peu qualifiés, plus de postes très qualifiés.

 Les bouleversements du monde agricole :

 une puissance agricole :


• la France est le 6ème producteur agricole au monde, le 1er en
Europe, le 2nd pays exportateur derrière les E.U.A. ;
• agriculture intégrée à une industrie puissante, portée par de
grandes multinationales : l’industrie agroalimentaire (I.A.A.) ;
 de profondes transformations :
• modernisation après 1945 et passage à une agriculture
productiviste impulsée par l’Etat et les institutions européennes :
mécanisation, sélection des semences et des espèces, utilisation
d’engrais, de pesticides et irrigation ;
• des conséquences contrastées : hausse et modernisation de la
production agricole, disparition de nombreuses petites
exploitations et chute du nombre d’actifs agricoles (3,8% de la
population active), impact environnemental négatif.

 L’essor des services :

 un secteur en croissance :
• le premier secteur en France, en progression constante depuis
1945 : ¾ des actifs aujourd’hui ;
• encore créateur d’emplois et contribue le plus à la croissance :
77,5% du PIB en 2008 ;
 un secteur très diversifié :
• les services publics (Etat et collectivités territoriales) ont une
place importante : beaucoup sont non-marchands (1/3 des
emplois de services) ;
• les services privés sont eux aussi nombreux et variés : services
aux personnes (commerce) ou aux entreprises (publicité) ;
• poids important du tourisme et des activités annexes : 6,7% du
PIB, 1ère destination touristique mondiale.

200
2. Les mutations sociales et culturelles.

 Le nouveau visage de la population française :

 du Baby-boom au Papy-boom :
• entre 1942 et 1974, le taux de fécondité est élevé : la population
française augmente et rajeunit ;
• cette tendance est ralentie après 1974 : la population française
vieillit et le taux de fécondité reste élevé, même s’il ne permet
pas totalement un renouvellement de population, mais sa
croissance continue (54 millions en 1981 à 64,5 en 2012) ;
 l’impact de l’immigration :
• après une première vague suite à la première guerre mondiale,
l’immigration reprend sous les Trente Glorieuses : d’abord
immigration de travail suscitée par la pénurie de main-d’œuvre,
puis regroupement familial aboutissant à un poids important
dans la population française (11,1% en 2010) ;
• impact culturel important : forte proportion de Français issus
de l’immigration (26% pour les 25-54 ans), posant la question
des religions et des traditions des populations d’origine
immigrée face à la laïcité (loi de 2004 sur les signes religieux à
l’école, polémiques autour de la burka) ;
 une population mieux éduquée et tertiarisée :
• hausse générale du niveau éducatif : de 20% à 76,7% de
bacheliers par génération ;
• modification de la répartition socioprofessionnelle : chute du
nombre d’actifs agricoles et baisse du nombre d’ouvriers,
hausse considérable du nombre de travailleurs du tertiaire ;
• part dominante d’urbains et périurbains : 77,5% ;
 une révolution de la condition féminine et de la famille :
• libération des femmes : plus de femmes au travail (de 50% en
1975 à 64% en 2005), égalité juridique (droit de vote en 1945,
disparition de la « puissance paternelle » dans le Code civil
en 1970), maîtrise de leur corps et de leur
sexualité (contraception, I.V.G. en 1975) ;
• modification profonde des structures familiales : libéralisation
et progression du divorce, nouvelles formes
d’union (concubinage, PACS, mariage homosexuel) et de
famille (monoparentales, recomposées, homoparentales).

201
 Une société de consommation et de loisirs :

 la société de consommation :
• facteurs explicatifs : hausse de la productivité du travail (le
pouvoir d’achat des familles a augmenté) et orientation de la
consommation vers des biens d’équipement durables ou non ;
• caractéristiques : explosion de l’équipement domestique et des
biens de consommation, encouragé par la publicité et l’accès au
crédit, certaines parties de la population devenant des cibles
commerciales (jeunes, séniors) ;
 l’essor des loisirs :
• progression du temps libre : réduction progressive du temps
légal de travail (39 heures en 1981 puis 35 heures en 2000),
augmentation des congés payés (15 jours en 1936 à 5 semaines) ;
• démocratisation de la culture et des loisirs : boom du tourisme
de masse (années 1960), culture de masse (cinéma, télévision).

202
II. Les transformations économiques, sociales et culturelles en Espagne
depuis 1939.

Quelles sont les transformations économiques, sociales et culturelles qui se sont


opérées en Espagne depuis la fin de la Guerre civile ?

1. Économie, société et culture sous Franco : de la pauvreté à la modernisation.

1.1. L’Espagne pauvre (1939-1959).

 Les effets de la guerre et de l’autarcie :

 la pénurie :
• baisse de la production et de la productivité agricoles : au niveau
de productivité du début du XXº siècle ;
• effondrement du commerce extérieur ;
• maintien du rationnement (jusqu’en 1952) et d’une économie de
pénurie, alimentant le marché noir (prix trois à quatre fois
supérieurs au cours officiels) ;
• effondrement de la production de biens de consommation, non
soutenue par l’Etat (moins d’accès aux matières premières,
restrictions énergétiques) ;
 appauvrissement généralisé de la population :
• perte de pouvoir d’achat par le maintien de bas salaires et de la
hausse continue des prix (coût de la vie à Barcelone multiplié par
5,4 entre 1937 et 1950, salaires multipliés par 2,7) ;
• population touchée par la faim et la précarité : bidonvilles aux
alentours de Madrid, Barcelone, Valence ou Bilbao ;
• impact démographique de la pauvreté : taux de mortalité élevé
(en 1941 : 18,7/1000, mortalité infantile : 14/1000), limitation de
l’espérance de vie (1945 : 47 ans pour les hommes et 53 ans
pour les femmes), croissance démographique presque nulle.

 Culture et société dans l’Espagne franquiste :

 l’instrumentation de la morale catholique :


• prééminence de l’Eglise dans les étapes marquantes de
l’existence : cérémonies religieuses à valeur légale (baptême,
mariage, enterrement), interdiction du mariage civil, du divorce
et de l’avortement ;
• contrôle sur l’éducation primaire et secondaire : cours de
religion obligatoires ;

203
 le contrôle des esprits par l’État et le Mouvement national :
• endoctrinement à l’école : matière de Formation de l’Esprit
National ;
• puritanisme dans toutes les activités (mode, mœurs, etc.) et
censure de toutes les productions culturelles ;
• modèle patriarcal au sein de la famille : retour au Code civil de
1889 prévoyant l’infériorité juridique de la femme.

1.2. La croissance et ses conséquences (1959-1975).

Entre 1959 et 1973, l’économie espagnole croît à un rythme très élevé (2ème
derrière le Japon parmi les pays de l’OCDE).
Le développement naît d’une productivité élevée : bas salaires, importations de
technologie, capitaux étrangers investis.
La hausse de la productivité permet une baisse des prix qui favorise les
exportations et le fort taux d’emploi permet une hausse de la consommation de
biens de consommation durables.

 Une industrialisation accélérée :

 toutes les branches progressent mais c’est la métallurgie qui est le


moteur de la croissance (liée à l’automobile, à l’électroménager et à la
mécanique) : en Catalogne, vers 1964, la métallurgie dépasse le textile ;
 croissance également significative des secteurs traditionnels très
compétitifs du fait des bas salaires : textile, chaussures, meubles ;
 répartition géographique :
• croissance la plus intense dans les zones anciennement
industrialisées : Biscaye, Catalogne (23% du total), Asturies ;
• industrialisation de régions nouvelles en croissance : Madrid
(14% du total) et les nouvelles enclaves industrielles du Levant
(Alicante et Valence), d’Andalousie (Séville et Cadix), de Galice
(El Ferrol) ou de Castille (Burgos et Valladolid).

 Reconversion de l’agriculture traditionnelle :

 traditionnellement : main-d’œuvre abondante, salaires bas, demande


faible, locale et peu diversifiée, productivité faible du fait de la taille des
exploitations (minifundios et latifundios) ;
 les effets de l’industrialisation :
• exode rural qui diminue la population active agricole (moins
deux millions) et fait augmenter les salaires ;
• mécanisation des exploitations et emploi d’engrais chimiques
(qui renforcent l’exode rural) ;
204
• diversification de la demande : moins de céréales et de légumes,
plus de produits d’élevage (lait-viande) et de fruits ;
• le gouvernement favorise le remembrement dans les régions
céréalières et les travaux d’irrigation.

 L’essor du tertiaire :

 années 1960 : le poids des services augmente avec l’urbanisation et le


boom touristique qui joue un rôle moteur :
• essor du flux de touristes étrangers avec la croissance
économique européenne, la généralisation des congés payés et
l’attractivité de l’Espagne (soleil, plages, prix bas) ;
• origine : Allemands, Français, Hollandais, Belges et Suisses ;
• destination : 30% vers la Catalogne (34 millions en 1973) ;
 forte croissance du secteur bancaire : profite de la croissance pour
investir dans les entreprises industrielles ;
 hausse des échanges internationaux :
• augmentation des échanges en volume ;
• composition des échanges modifiée : exportations de produits
manufacturés, importations de biens d’équipement, matières
premières dont énergie et dérivés ;
• conséquence : balance commerciale déficitaire.

 Le financement extérieur, moteur de la croissance :

 flux de financement extérieurs : clef de la croissance des années 1960 ;


 ressources :
• capitaux venus surtout d’Europe occidentale tournés vers
l’industrie attirés par les conditions favorables (salaires bas, peu
de pression fiscale, peu de conflits sociaux) ;
• devises apportées par les touristes ;
• envois de fonds des émigrants espagnols vers leurs familles.

 Les limites de la croissance :

 croissance déséquilibrée de l’industrie et des services poussant à


l’émigration et à l’exode rural ;
 faiblesse des dépenses en recherche et du secteur financier d’où
dépendance vis-à-vis de la technologie et des investissements étrangers ;
 malgré la hausse de 40% du PIB/hab. niveau de vie inférieur aux pays
industrialisés d’Europe :
• richesses mal réparties, faute de fiscalité moderne et
progressive ;
• développement des infrastructures limité (industrie-tourisme).

205
 Les bouleversements démographiques et sociaux :

 la croissance démographique :
• années 1960, croissance démographique la plus forte du siècle :
de 30,4 à 33,8 millions d’habitants ;
• causes : chute de la mortalité, surtout infantile (de 6,3 à
1,9/1000 des années 1950 aux années 1970), natalité élevée,
renforcée par une politique nataliste (2,8 enfants/femme en
1975) et progrès de l’espérance de vie (de 67 à 70 ans pour les
hommes, de 72 à 76 ans pour les femmes de 1960 à 1975) ;
 les flux migratoires :
• sous l’effet de la croissance industrielle, de l’urbanisation et de la
modernisation de l’agriculture se produit un exode rural massif :
• régions émettrices : Andalousie, Estrémadure, Castille, Murcie,
Galice ;
• régions et pays d’accueil : 1,3 millions (1/10 actifs) vers d’autres
pays européens (France, Allemagne, Suisse, Belgique) et 4
millions entre 1962 et 1973 de migrants intérieurs (vers Madrid,
la Catalogne, le Pays Basque et Valence) ;
• processus particulièrement intensif en Catalogne : 1,8 millions
d’immigrants entre 1940 et 1975 en provenance d’Andalousie,
Estrémadure, Castille, Aragon et de Catalogne intérieure) ;
• difficile planification et gestion du flux de migrants : bidonvilles,
taudis urbains, urbanisation sauvage ;
 les changements de la structure socioprofessionnelle :
• la croissance modifie la répartition socioprofessionnelle de la
population espagnole : baisse du nombre d’actifs agricoles (de 51
à 21% de 1950 à 1975) et hausse du nombre d’actifs dans
l’industrie (de 24 à 38%) et dans les services (de 25 à 41%) ;
• une couche sociale se consolide : la bourgeoisie urbaine ;
 vers une nouvelle société :
• avec la hausse du pouvoir d’achat, se développe la société de
consommation : changement radical et rapide en moins d’une
génération se traduisant par l’équipement des foyers en
électroménager et automobiles (succès de la SEAT 600) ;
• la progression du niveau éducatif : Loi générale d’éducation de
1970 qui restructure le système permettant l’augmentation de la
population scolarisée et la progression de l’alphabétisation ;
• la condition féminine évolue : entrée dans le monde du travail et
accès massif aux études secondaires et universitaires,
changement des mentalités (développement du féminisme) mais
le taux d’emploi des femmes reste inférieur au reste des pays
d’Europe occidentale ;

206
• l’église catholique se modernise sous l’influence du concile
Vatican II : distanciation progressive du régime et même parfois
soutien aux secteurs favorables à la démocratisation, dans un
contexte global de diminution de l’influence de l’église.

2. L’Espagne démocratique : un pays pleinement développé.

2.1. La poursuite irrégulière du développement économique (1975-2008).

 Les cycles de l’économie sous la démocratie :

 la crise économique (1973-1984) :


• après le 1er choc pétrolier, l’économie espagnole se rétracte, la
balance commerciale devient déficitaire et l’inflation s’envole :
20% par an à partir de 1975 ;
• la crise affecte surtout l’industrie et ses secteurs traditionnels,
obligeant à une reconversion de l’appareil productif ;
 le retour de la croissance (1984-1991) :
• reprise facilitée par les mesures du PSOE (reconversion et
assainissement du secteur bancaire) et l’entrée dans la C.E.E. ;
• signes de la croissance : retour des investissements, progression
du PIB et diminution du taux de chômage ;
 une nouvelle récession (1992-1997) :
• causes du changement de conjoncture : effondrement de l’URSS
et réunification allemande, crise économique aux E.U.A. qui
s’étend en Europe ;
• effets : ralentissement de la croissance du PIB, retour de
l’inflation et du chômage (24% en 1994) ;
 la reprise (1998-200) :
• rôle essentiel du retour de la croissance mondiale ;
• reprise des investissements et de la consommation sous l’effet
de la baisse des taux d’intérêts : 2 millions d’emplois créés ;
• des problèmes structurels importants : chômage restant élevé et
supérieur à la moyenne européenne, déficit extérieur dû aux
importations de matières premières et de produits manufacturés,
retard technologique persistant et croissance fondée en grande
partie sur la spéculation immobilière.

 La crise de 2008 :

 la crise financière mondiale :


• début aux États-Unis : effondrement de la bulle immobilière ;
• extension à la planète financière par l’effondrement des bourses
mondiales ;

207
 la crise économique espagnole :
• la crise financière provoque une contraction du crédit qui
entraîne un effondrement du marché immobilier, une succession
de faillites d’entreprises et une chute de la consommation ;
• la crise s’étend à toute l’économie : explosion du chômage (26%
en 2013) et recul généralisé de l’économie espagnole : de la 8º
(en 2008) à la 12º puissance mondiale (en 2012).

2.2. Les mutations sociales et culturelles.

 Les bouleversements démographiques et sociaux :

 la croissance démographique :
• solde naturel négatif : fécondité faible, vieillissement ;
• mais apport massif de l’immigration : de 700000 (en 1998) à 4,5
millions de migrants (en 2007), soit 10% de la population
(provenance : Maroc, Amérique latine, Europe de l’Est et
Afrique subsaharienne) ;
• en 2007 : 45,2 millions d’habitants ;
 un nouvel équilibre socioprofessionnel :
• augmentation générale du nombre de travailleurs, mais progrès de
la précarité : un tiers des salariés en travail temporaire ;
• transformations du marché du travail : perte de vitesse du
primaire (4,5%) et du secondaire (30%) au profit du tertiaire
(65%), poursuite du processus de féminisation, même si le taux
espagnol reste inférieur à la moyenne européenne.

 L’évolution des mentalités :

 la transformation des structures familiales :


• progression des modèles alternatifs : familles monoparentales
ou recomposées, concubinage, couples homosexuels ;
• démocratisation des relations familiales : égalité du couple ;
• recul de l’âge d’émancipation des jeunes ;
 évolution de la place des femmes :
• insertion croissante dans le marché du travail ;
• prise de conscience de la société des progrès restant à accomplir :
lutte contre la violence conjugale ;
 progrès éducatifs :
• fort taux de scolarisation et disparition de l’analphabétisme ;
• accès plus important à l’enseignement supérieur ;
• mais certain tassement du niveau éducatif du fait de la
multiplication des réformes et des changements de valeurs
véhiculées par la société.

208
 La culture en démocratie :

 retour de la liberté créatrice :


• la fin du franquisme entraîne la disparition de la censure ;
• artistes et hommes de lettres retrouvent une pleine liberté de
création qui permet l’épanouissement de diverses formes d’art :
littérature espagnole et régionale (Vázquez Montalbán,
Goytisolo, Porcel, Aresti), architecture (Bofill), peinture :
(Tàpies), cinéma (Almodóvar, Saura, Amenábar) ;
 explosion de la culture de masse véhiculée par les médias : presse,
radio, télévision nationales et autonomiques, internet et réseaux sociaux.

209
Vers l’épreuve externe.

Exercice 1. Commentaire de documents.

Option A.

Document 1. Trente ans de croissance économique.

Document 2. L’évolution de l’équipement des ménages français (en %).

Questions :
a) Présenter chaque document et indiquer son idée principale.
b) Expliquer le contexte historique des deux documents.
c) À partir des documents proposés et de vos connaissances personnelles, rédiger en
vingt lignes environ une réponse argumentée expliquant quelles sont les
transformations économiques, sociales et culturelles qui se sont opérées durant les
Trente Glorieuses en France.

210
Option B. Les migrations intérieures en Espagne entre 1960 et 1970
(http://www.granenciclopedia.es).

Questions :
a) Présenter le document et indiquer l’idée principale.
b) Expliquer le contexte historique du document.
c) À partir du document proposé et de vos connaissances personnelles, rédiger en vingt
lignes environ une réponse argumentée répondant au sujet suivant : l’évolution de la
population espagnole depuis 1939.

Exercice 2. Rédaction.

Option A. Les transformations de la société française depuis 1945.


Chronologie indicative :
1945 : droit de vote des femmes
1970 : suppression de la puissance paternelle dans le Code civil
1981 : loi sur les 39 heures de travail hebdomadaire
2004 : loi sur les signes religieux à l’école
2012 : 64, 5 millions d’habitants en France

Option B. La croissance économique espagnole et ses conséquences (1959-1973).


Chronologie indicative :
1959 : plan de stabilisation
1962 : création d’un sous-secrétariat au tourisme
1965 : le PIB/hab est le double de celui de 1939
1970 : loi générale d’éducation
1973 : fin de la production de la Fiat 600 (commencée en 1957)

211
CHAPITRE 13 :
LA FRANCE ET L’ESPAGNE EN EUROPE ET
DANS LE MONDE.

Problématique :
en quoi la France et l’Espagne sont-elles des puissances à
l’échelle européenne et mondiale ?

212
213
I. La France et l’Espagne en Europe.

Quelle place occupent la France et l’Espagne au sein de l’Union Européenne ?

1. L’Union Européenne.

 Les étapes de la construction européenne :

 les débuts :
• 1951 : Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier
(France, Allemagne, Italie, Belgique, Pays-Bas, Luxembourg) ;
• 1957 : Traité de Rome instituant la Communauté Économique
Européenne (C.E.E.) ;
 de la C.E.E. à l’U.E. :
• trois premiers élargissements : 9 États-membres (Royaume-Uni,
Irlande, Danemark) en 1973, 10 en 1981 (Grèce), 12 en 1986
(Espagne et Portugal) ;
• 1992 : traité de Maastricht instituant l’Union Européenne
(U.E.) avec une citoyenneté commune ;
• 2002 : mise en circulation de l’euro (17 États aujourd’hui) ;
• 2013 : 28 États membres après des élargissements successifs en
1995 (15 avec Autriche, Finlande, Suède), 2004 (25 avec Malte,
Slovénie, Hongrie, Lituanie, Slovaquie, Pologne, République
Tchèque, Lettonie, Estonie) 2007 (27 avec Roumanie et Bulgarie)
et 2013 (28 avec la Croatie).

 Une association d’États, dotée d’institutions communes :

 critères d’admission :
• politiques : régime démocratique ;
• économiques : économie de marché, libre échange et libre
circulation ;
 des institutions communes :
• exécutif : Conseil européen et Commission européenne ;
• législatif : Conseil de l’Union Européenne et Parlement
européen ;
• judiciaire : Cour de Justice de l’Union Européenne ;
• économie : Cour des comptes et Banque centrale européenne ;
 politiques communes de l’Union Européenne :
• solidarité entre Etats-membres : redistribution des richesses via
les fonds structurels, les régions en retard bénéficient du Fonds
Européen de Développement Régional (FEDER) ;
• politiques spécifiques : agriculture (PAC), pêche, transports et
action sociale.

214
2. La France en Europe.

 Un pays fondateur et un moteur de la construction européenne :

 la France est parmi les 6 fondateurs de la C.E.C.A. et de la C.E.E. :


• Jean Monnet est à l’origine du projet C.E.C.A. ;
• idée reprise par Schumann dans sa déclaration du 9 mai 1950 ;
 rôle majeur à chaque étape décisive de la construction européenne :
• pour approfondir les institutions européennes : traité de
Maastricht (1992), traité de Lisbonne (2008) ;
• pour bloquer ou freiner certaines évolutions : rejets de la C.E.D.
(1954) et du T.C.E. (2005).

 Une puissance au sein de l’UE. :

 poids diplomatique :
• seul État avec le Royaume-Uni à posséder un siège permanent
au Conseil de Sécurité de l’O.N.U. et l’arme nucléaire ;
• 1ères forces armées sur le continent en effectif et en budget ;
 poids démographique : 2ème position derrière l’Allemagne ;
 poids économique :
• 2ème économie de l’U.E. derrière l’Allemagne ;
• 2ème contributeur au budget communautaire après l’Allemagne :
17,6% en 2011.

3. L’Espagne en Europe.

 Un processus d’adhésion lent, mais couronné de succès :

 demande d’adhésion lancée en 1977 par Suárez ;


 difficultés sur le chemin de l’adhésion :
• préparation de l’économie à son intégration dans l’espace
économique européen : réformes structurelles de González ;
• États se protégeant de la concurrence espagnole : giscardazo
(1980) ;
er
 le 1 janvier 1986 : l’Espagne adhère officiellement à la C.E.E.

 Les bénéfices de l’adhésion :

 l’Espagne est un contributeur net au budget européen :


• elle a reçu depuis son entrée environ le double de ce qu’elle a
apporté au budget communautaire ;
• volume total des aides perçues depuis 1986 : supérieur à celui du
Plan Marshall ;

215
 aides indispensables à la modernisation et à la croissance :
• 80% de l’aide : pour l’agriculture, dans le cadre de la P.A.C. ;
• infrastructures importantes financées par le budget européen :
AVE Madrid-Barcelone, agrandissement des aéroports de
Madrid et Barcelone ;
 l’U.E. est un partenaire essentiel pour l’Espagne :
• 90% des investissements étrangers perçus par l’Espagne ;
• 70% des exportations espagnoles et 60% des importations.

 La place de l’Espagne au sein de l’U.E. :

 une économie qui compte :


• 12ème économie mondiale et 5ème économie européenne ;
• 9% du budget de l’UE en 2011 ;
 un poids démographique non-négligeable : 5ème rang ;
 une action diplomatique dynamique :
• Solana 10 ans à la tête de la diplomatie communautaire ;
• action tournée vers les partenaires extérieurs de l’U.E. : rive
sud de la Méditerranée (processus de Barcelone en 1995 et
Union pour la Méditerranée en 2007) et Amérique latine :
Sommet UE-Amérique latine et Caraïbes (depuis 1999).

216
II. La France et l’Espagne dans le monde.

Quelle place la France et l’Espagne occupent-elles dans le monde ?

1. La France, une puissance mondiale.

 La cinquième puissance économique mondiale :

 la vitalité de l’agriculture, de l’industrie et du commerce :


• deuxième exportateur agricole derrière les EUA ;
• quatrième industrie au monde ;
• aussi une puissance commerciale : 4ème exportateur de
marchandises et 5ème importateur pour environ 6% des échanges
mondiaux (en volume) en 2012 ;
 une économie intégrée aux échanges mondiaux :
• entreprises françaises présentes dans le monde entier, leaders
dans certains secteurs : agroalimentaire (Danone),
pneumatiques (Michelin), cosmétiques (Loréal) ;
• un pays très attractif : 1ère destination touristique mondiale,
pays d’immigration (¼ de la population dont au moins un
parent ou grand-parent est né à l’étranger), pays qui attire les
investissements de l’étranger (26 milliards d’euros en 2011).

 Une puissance culturelle :

 rôle joué par la langue française :


• la cinquième langue la plus parlée au monde ;
• dans les institutions internationales : une des 6 langues officielles
et une des deux langues de travail de l’ONU ;
• la francophonie, vestige culturel de l’empire colonial :
Organisation internationale de la francophonie ;
 image favorable de la France et de ses valeurs dans le monde :
• réputation de terre de libertés, de patrie des droits de l’homme :
influence des Lumières et de la Révolution française ;
• ONG françaises influentes (Médecins Sans Frontières, Médecins
du Monde, Action Contre la Faim, Handicap International) ;
 la culture française reste une référence dans certains domaines :
• gastronomie, notamment le vin ;
• littérature et cinéma ;
• mode et luxe : prêt-à-porter, parfums.

217
 Une puissance stratégique:

 puissance militaire :
• la France possède l’arme atomique : 3ème arsenal parmi les pays
reconnus détenteurs de l’arme nucléaire ;
• présence militaire importante : 30000 soldats hors-métropole ;
 grâce aux DOM-TOM, possession d’une Zone économique exclusive
immense (10 millions de km2), la 2ème au monde ;
 une puissante influente dans les organisations internationales :
• membre du Conseil de sécurité de l’ONU : participation à de
nombreuses missions de paix de l’ONU (7 des 16 missions en
2012), droit de veto au Conseil de sécurité ;
• UE : membre fondateur ;
• OTAN : réintégration du commandement intégré en 2009.

2. L’Espagne, une nation redevenue influente.

 L’Espagne, un pays du Nord :

 la douzième puissance économique mondiale :


• agriculture puissante et exportatrice : leader mondial de la
production d’huile d’olive, secteur des agrumes et du
maraîchage ;
• 5ème rang industriel mondial dans certains secteurs : machines-
outils, automobile, construction navale ;
• entreprises présentes à l’international et en position de leader :
dessalement, textile (Inditex), finances (Santander),
télécommunications (Telefónica) ;
 une attractivité certaine :
• 4ème destination touristique mondiale ;
• pays d’émigration devenu pays d’immigration : le plus grand
taux d’immigration du monde entre 2000 et 2005 ;
• investissements étrangers importants : parmi les 15 pays
receveurs d’IDE au monde.

 Un poids culturel important :

 l’Espagnol, langue d’influence :


• 3ème langue la plus parlée au monde, 2ème langue en termes de
locuteurs natifs et 2ème langue parlée aux États-Unis ;
• politique de diffusion encouragée par les autorités : Institut
Cervantes (1991) ;

218
 la diffusion de la culture espagnole :
• culture hispanique traditionnellement féconde et diffusée
mondialement dans certains domaines : littérature : Cervantes,
nombreux prix Nobel de littérature (García Marquez, Vargas
Llosa), peinture (Velázquez, Goya, Dali, Picasso, Miró) et
architecture (Gaudi) ;
• dynamisme et diffusion de l’art de vivre espagnol dans de
nouvelles régions du monde, notamment en Asie : gastronomie
(vins), cinéma.

 Une activité diplomatique intense :

 des relations privilégiées avec certaines régions du monde :


• pays méditerranéens : rôle moteur dans les projets
multilatéraux : (Euromed en 1995 et UPM en 2008) et relations
bilatérales fortes avec certains riverains (Maroc) ;
• Amérique latine : Organisation des États Ibéro-américains
(1985) et sommets Ibéro-américains ;
 les vecteurs de la diplomatie espagnole :
• participation aux institutions internationales : O.N.U. (9ème
contributeur aux opérations de maintien de la paix),
O.T.A.N. (Solana secrétaire général de 1995 à 1999), U.E. ;
• l’aide au développement : 4 milliards d’euro d’aide publique au
développement en 2011, même si forte diminution depuis la crise
(de 0,4% à 0,2% du PNB de 2010 à 2011).

219
Vers l’épreuve externe.

Exercice 1. Commentaire de documents.

Option A. La présence des ONG françaises dans le monde (source :


www.diplomatie.gouv.fr)

Questions :
a) Présenter le document et indiquer l’idée principale.
b) Expliquer le contexte historique du document.
c) À partir du document proposé et de vos connaissances personnelles, rédiger en vingt
lignes environ une réponse argumentée expliquant en quoi la France est une puissance
mondiale.

Option B. Signature de l’acte d’adhésion de l’Espagne à la Communauté


Économique Européenne (C.E.E.) le 12 juin 1985 à Madrid (source :
http://www.europarl.europa.eu).

220
Questions :
a) Présenter le document et indiquer l’idée principale.
b) Expliquer le contexte historique du document.
c) À partir du document proposé et de vos connaissances personnelles, rédiger en vingt
lignes environ une réponse argumentée répondant au sujet suivant : la place de
l’Espagne dans l’Union Européenne.

Exercice 2. Rédaction.

Option A. La France, une puissance européenne.

Chronologie indicative :
9/05/1950 : déclaration de Jean Monnet
1954 : rejet de la CED
1957 : la France est un des six signataires du Traité de Rome
2005 : victoire du non au référendum sur le TCE
2011 : la France est le deuxième contributeur net du budget européen

Option B. La place de l’Espagne dans le monde.

Chronologie indicative :
1985 : création de l’Organisation des États ibéro-américains
1991 : création de l’Institut Cervantès
1995 : signature des accords Euromed à Barcelone
1999 : Solana quitte ses fonctions de secrétaire général de l’OTAN
2009 : l’Espagne demande à intégrer le G20

221

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