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Colonel Kisukula Abeli Meitho

LA DÉSINTÉGRATION
DE L'ARMÉE CONGOLAISE
DE MOBUTU À KABILA

Préface de B. Jewsiewicki

L'Harmattan L'Harmattan, Inc.


5-7, rue de l'École Polytechnique 5, rue Saint-Jacques
75005 Paris - FRANCE Montréal (Qc) CANADA H2Y lK9
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L'AUTEUR

Le Colonel KISUKULAABELI MEITHO, 44 ans, est né au Congo


(ex-Zaïre), dans la province du Kivu. Licencié en Droit (Université de
Kinshasa, en 1983) et Diplômé en Sciences et Techniques du
Développement (Facultés Catholiques de Kinshasa, en 1997), il se fait
enrôler dans l'armée et spécialement dans la magistrature militaire en
1983. Il est détaché à la Garde civile du Zaïre en 1987, où il exerce
respectivement les fonctions de secrétaire particulier et directeur de
Cabinet du commandant général. Il effectue plusieurs missions de
services à l'intérieur du pays, en Afrique, notamment en Angola, au
Burundi, au Congo-Brazzaville, en Égypte, au Soudan et en Ouganda
et aussi en Europe. Toutes ces missions lui ont permis de mieux
comprendre, d'une part, les problèmes de sécurité le long des frontières
communes entre le Zaïre et ses voisins et, d'autre part, les faiblesses
des dispositifs zaïrois de défense. Grâce à ses fonctions, il a pu côtoyer
et observer les chefs militaires de l'armée zaïroise.

Crédits-photos:
Couverture 1 : Adjudant KA TULA
Hors-texte: Sébastien SHABANI
(Kinshasa, le 27 août 1998)

@ L'HARMATTAN, 2001

ISBN 2-7384-8693-2
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PRÉFACE

Le colonel Kisukula a intitulé « la désintégration de l'armée


congolaise» ses mémoires de presque vingt années passées dans
différents services de cette même armée. Un autre titre vient à
l'esprit après la lecture de son texte;:la privatisation de l'armée,
qui, de toute évidence, accompagnait celle de l'État, du territoire,
voire de la société zaïroise. Un intitulé ne s'oppose pasàl'autre,
au contraire ils se renforcent; la désintégration étant le produit
du processus de privatisation. Cettedernière a commencé presque
au moment de l'accession de la colonie à l'indépendance
politique, mais jusqu'au coup d'État de Joseph Désiré Mobutu,
elle se présentait comme une compétition de nature plutôt
corporatiste. Divers groupes, jusqu'à un certain degré on peut
parler d'intérêts corporatistes autant que régionaux-ethniques,
se sont alors disputé l'accès au contrôle politique des ressources
publiques, l'armée ayant été parmi les premiers acteurs qui ont
exigé leur part. Depuis son coup d'État, et puis trente ans durant,
Mobutu - membre de ce dernier corps depuis la première heure -
s'est imposé comme acteur principal, mais aussi comme arbitre,
du processus de transfert du patrimoine national du domaine
public au privé. Le colonel Kisukula décrit de l'intérieur, souvent
analyse même, la compétition entre les hommes fortsde l'armée
pour privatiser d'abord le pouvoir coercitif, avec comme
conséquence le fractionnement de l'institution' faisant place à
plus de compétiteurs et ainsi accroissant la puissance de Mobutu
à titre d'arbitre, puis pour privatiser les équipements, les hommes.
A la fin, l'armée - à l'instar du pays - a échappé des mains de
Mobutu et sa dépouille a été disputée par deux hommes.Baramoto
et Mahele. Le colonel Kisukula nous dit quels intérêts a mobilisé
le second afin de ramasser le cadavre de l'armée, s'approprier la
promesse d'une nouvelle armée à bâtir sous l'AFDL et avec

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l'assistance technique des États-Unis. Il ne nous dit pas, le devoir


de réserve l'oblige, sur quels appuis comptait son patron
Baramoto afin de faire de la dépouille de l'armée de Mobutu
l'instrument de son ascension. La piste sud-africaine semble la
plus vraisemblable si on se base uniquement sur les mémoires
du colonel Kisukula, à moins que Baramoto ait songé à utiliser
sa fortune personnelle - il a su mieux que le maréchal, son patron,
investir sa part du gâteau zaïrois - pour moderniser un outil qui
en 1997 n'arrivait même plus à terroriser efficacement la
population. Le colonel Kisukula fournit d'ailleurs au passage l'un
des secrets de cette fortune construite sur le tard; le capital
constitué à l'époque coloniale par le travail des Congolais est
déjà pillé quand Baramoto a amorcé son ascension. La concession
du pouvoir de battre la monnaie accordée à quelques étrangers
qui ne pouvaient d'ailleurs pas réaliser seuls cette opération à
leur propre avantage, les liens évidents entre la manipulatio.n des
derniers vestiges de la souveraineté zaïroise et le blanchiment de
l'argent de la drogue via le commerce des diamants, enfin le
trafic d'armes, le seul bien décrit par l'auteur, montrent qu'en
1995 il n'y a eu que cette souveraineté à privatiser. Ce fut aussi,
de toute évidence, l'inévitable fin du système qui non seulement
a épuisé ses propres ressources mais s'est autodévoré. La mise
sous tutelle du Zaïre était inévitable, voire nécessaire et urgente
du point de vue du système international. Le pays a alors été
concédé - plus au moins explicitement - à deux élèves modèles
africains désireux(l'~ccuper l'ancienne position géopolitique du
Zaïre de Mobutu ". Ne s'agissait-il pas également,presque à titre
de sous-produit, d'opposer un bloc régional ougando-rwandais
à la montée vers le nord du continent de l'influence, peut-être
aussi des capitaux, sud-africains? Une vague conscience de cette
visée stratégique, la rumeur bien diffusée par les perdants -peut-
être initialement à l'instigation de Baramoto lui-même - en a fait
une manifestation du'Sous-impérialisme hima: Si ces conjectures
expriment des enjeux effectifs en 1997, la mort brutale de Mahele,
l'échec de Baramoto à lancer une rébellion à partir de la base de
Kitona et la réussite mitigée des rebellions/invasions de 1998,
parties de cette même base, s'enchaînent en une séquence logique.
Il est superflu d'attirer l'attention du lecteur sur l'intérêt
évident de ces mémoires quant à l'analyse de l'armée qui,

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d'instrument de mainmise sur la société, devient l'outil de la


terreur aveugle dont le seul but est de généraliser la peur, y
compris en son propre sein, afin de rendre impensable toute
résistance. Une description du massacre des étudiants du campus
de Lubumbashi, à propos duquel l' auteur fait comprendre, mais
refuse d'affirmer, la responsabilité de son patron, en offre la
démonstration. Comme dans diverses affaires de disparitions/
assassinats de personnes ordinaires par des hommes de services
secrets, dits selon les moments« gorilles» ou« hiboux », ce n'est
pas le nombre de morts qui comptait mais l'effet psychologique,
la psychose d'une vague de terreur aveugle. Les mémoires de
Mwelal parus dans cette même collection, permettent de mesurer
la montée parmi les étudiants d'une prise de conscience politique,
la naissance d'une souveraineté locale. Le système nourri par la
privatisation du pays et de la société, et fonctionnant grâce aux
mécanismes de rapport patron-client, s'en est trouvé menacé au
moment où l'intégration parmi les patrons d'une nouvelle
génération n'y était plus possible, à moins d'une redistribution
des ressources déjà privatisées, une opération que Mobutu n'était
pas capable d'imposer. La terreur, même au risque des sanctions
internationales, était la seule issue qui cette fois-ci cependant
s'est avérée un cul-de-sac. Le Zaïre n'était plus crédible, la faillite
du système de Mobutu était depuis longtemps évidente, mais la
nouveauté sur le plan international a été le constat de
l'impossibilité de le reformer. La descente d'une bande de
« gorilles» ou de « hiboux» sur le campus, presque une opération
de routine dans la tradition du régime et de son armée, a offert un
prétexte pour exclure le Zaïre du système international. Le colonel
Kisukula montre bien que même cette mise au ban de la
communauté internationale a été transformée en ressource privée
faisant de la souveraineté une marchandise. La désintégration
du pays, de son État et de l'armée ne pouvait plus être évitée;
telles des hyènes, quelques fortunes se sont encore alimentées
de ces dépouilles
Avant de laisser le lecteur se plonger dans le texte, je voudrais
attirer l'attention sur deux derniers points. Le contrat qui lie
l'auteur des mémoires à son public n'est pas celui de vérité -
1
Mwela Ngalamulume Nkongolo, Le campus martyr. Lubumbashi 11-12
mai 1990, Paris-Montréal: L'Harmattan 2000.

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comme c'est cas de l'historien -mais plutôt un constat de fidélité


à l'expérience, à l'atmosphère de l'époque, aux personnages. Pour
de multiples raisons, y compris tant l'incertitude factuelle de la
mémoire personnelle que l'inévitable anachronisme du travail
de mémoire, il ne faut pas chercher dans ce texte des faits
permettant de traduire quiconque devant le tribunal de l'Histoire.
Par contre, l'éclairage contextuel qu'il apporte permet non
seulement de donner vie aux faits bruts mais surtout de rendre
une rationalité, certes spécifique au système en question, à des
comportements déraisonnables du point de vue de la seule
histoire.
C'est exactement grâce à ses descriptions, qui se situent à
l'intérieur du système, que les mémoires du colonel Kisukula
apportent un nouvel éclairage à la variante zaïroise du système
qui a étendu les rapports patron-client sur l'ensemble du parti-
État. La nationalisation en 1967 de l'Union minière du Haut-
Katanga par Mobutu en a été l'événement fondateur. Les
mémoires de Jean-Jacques Saquet2, parus dans cette collection,
montrent que la mainmise totale sur cette entreprise a été la
conséquence inattendue du refus de négocier,de la part des intérêts
belges"plutôt que le projet initial de Mobutu. Néanmoins, il en a
résulté la disponibilité presque inespérée -l'évolution favorable
des cours mondiaux du cuivre et du cobalt y a aussi été pour
quelque chose - des ressources pour domestiquer à l'usage de
l' « homme seul» - une incarnation autoproclamée de Léopold
II - le système colonial de concession des parcelles de pouvoir
sous la haute surveillance de l'armée. À l'instar de l'armée belge,
celle coloniale - dite Force Publique - a été une armée d'un pays
en principe neutre. Depuis l'instauration du régime colonial belge,
sa fonction première était de terroriser à l'aide d'actions
exemplaires: occupation des villages et promenades militaires.
La peur généralisée, plutôt que le nombre de victimes, avait assuré
la paix coloniale.
Le bula matari (briseur de roche) blanc et belge était le patron
collectif - lui-même, d'ailleurs, organisé en une complexe et
apparente hiérarchie donnée à voir par un jeu d'uniformes et de
préséances - qui concédait des parcelles de son pouvoir aux chefs
2 Jean-Jacques Saquet, De l'Union Minière du Haut-Katanga à la
Gécam in es. Mémoires et documents, Paris-Montréal: L'Hannattan 2001.

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indigènes, aux clercs indigènes, puis aux prêtres, aux infirmiers,


etc. et, vers la fin de la colonisation, à une nouvelle catégorie, les
« évolués ». La connaissance du fonctionnement du système et
l'accès à l'écrit leur donnaient le pouvoir de faire éviter à d'autres
les rigueurs de ce système arbitraire, avantage qui était troqué
contre des biens et des services: un poulet, du travail sur la terre,
les services sexuels d'une fille.
La grande modification de ce système dans la postcolonie
sous Mobutu, c'est d'une part la place qu'y occupait désormais
la circulation monétaire et, d'autre part, la nature de plus en plus
personnelle du lien client-patron, auparavant essentiellement
structurel. Surtout en haut de la pyramide politique, les positions
se pérennisent, malgré les efforts de Mobutu lui-même pour
demeurer maître du système, capable à tout moment de
redistribuer les ressources concédées. Seule l'insécurité de la
position de chacun, donc une peur généralisée alimentée par la
terreur - surtout par la rumeur à ce propos - et le monopole d'accès
à l'argent, que les clients éliminaient du système par des dépenses
ostentatoires, garantissaient à Mobutu sa position de patron -
« homme seul». La zaïrianisation, qui devait pallier letarissement
-

des recettes disponibles à la Gécamines et à la MIBA, a introduit


dans le système des patrons régionaux disposant, pour certains,
de leurs propres ressources de plus en difficiles à leur confisquer.
La peur, et donc le contrôle de l'armée la générant par la terreur
sélective, a commencé à prendre le pas sur la distribution directe
par Mobutu. Il en a découlé le fractionnement de l'armée afin
que ses diverses composantes, se faisant peur mutuellement, la
paralysent comme instrument de prise du pouvoir. Chaque
composante de cette armée offrait à son patron, certes initialement
de grâce présidentielle, non seulement le pouvoir de la violence
mais aussi la possibilité d'en faire une ressource générant des
revenus. Le colonel Kisukula a bien connu cette spirale qui a
plongé la société entière dans le tourbillon de sa logique)culminant
dans les vagues de pillages des années 1990, une ultime
redistribution du capital accumulé au profit des patrons. Un
pouvoir de répression concédé devait générer des ressources dont
on ne pouvait tirer profit que par l'accroissement de l'effet de la
terreur, sinon par la répression elle-même, autant pour se défendre
contre d'autres patrons que pour assurer le flot d'argent qui devait

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être en partie partagé. La logique même de ces concessions faisait


que Mobutu disposait de moins en moins de ressources propres
et dépendait de plus en plus du flot assuré par ses clients dont la
fidélité ne pouvait plus être garantie que par l'insécurité et la
peur. Vers la fin, Mobutu ne disposait plus que de l'autorité de
distribuer des titres, de plus en plus pompeux au fur et à mesure
qu'ilsdevenaientvides de pouvoir effectif.
La privatisation du pays et de la société, accompagnée par la
privatisation de l'outil cimentant l'ensemble, l'armée, ne pouvait
aboutir qu'à leur désintégration.

Bogumil Jewsiewicki
CELAT et Département d'Histoire
Université Laval, Québec
Centre d'études africaines CNRS/EHESS

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REMERCIEMENTS

Que Dieu Tout-Puissant soit loué et glorifié pour son amour et


ses largesses incommensurables.
Je remercie sincèrement ma chère épouse Marie Kilondo
Kalonge pour son soutien pendant la rédaction de ce livre.
À mes chers enfants Abeli Lugolo, Feza Abeli, Meitho Abeli,
Kilondo Abeli et Bwato Abeli, je leur dis merci pour la participation
spéciale de chacun.
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A mes compagnons d'armes,


victimes de l'intolérance politique.
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Afin de respecter l'usage local mettant l'accent sur la fonction conférant à


la personne sa position dans le système, les majuscules ont été conservées dans
les termes de fonction précédant les noms, dans les noms d'institutions, etc.
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INTRODUCTION

LA CHUTE DE KINSHASA (MAI 1997)

Je me souviens de la journée du vendredi 16 mai 1997. La


rébellion kabiliste avait déjà fait sauter le dernier bouchon des
Forces armées zaïroises aidées par les Forces de l'UNITA, à
Kenge. La route vers Kinshasa était ouverte. Les négociations
politiques initiées par l'ancien Président de la République sud-
africaine, Mandela, sur le bateau Outeniqua au large des côtes
de l'océan Atlantique, avaient échoué. Un nouveau rendez-vous
était fixé au lundi 19 mai 1997. Le Président Mobutu et sa suite
étaient rentrés à Kinshasa. Un bruit avait couru selon lequel les
Américains auraient donné l'ordre aux troupes armées de Kabila
de ne plus avancer avant la fin des négociations. La tension était
donc très forte dans la ville. Les militaires qui, il faut l'avouer,
n'étaient plus commandés, présentaient des signes d'agressivité
excessive. Aucune consigne ne leur avait été donnée hormis de
faire respecter le couvre-feu symbolique mais non opérationnel
institué par l'État-major général. Nombre de militaires s'étaient
dotés de la carte du Zaïre non pour matérialiser l'évolution des
rebelles sur le terrain mais pour faciliter leur propre repli dans
un lieu sûr.
C'est dans ce climat que je reçus, le vendredi 16 mai, avant-
midi, le coup de téléphone d'un ami m'informant qu'il y avait eu
un remue-ménage à la présidence de la République toute la nuit
du 15 au 16 mai 1997. La maman Présidente avait fait ses valises,
arrachant même certains tableaux de valeur fixés aux murs. Le
Président Mobutu présentait des signes d'énervement, de
désolation et de découragement dû à la déception. Scène
pathétique d'une famille qui s'apprête à quitter définitivement
sa maison, après toutes les acrobaties nocturnes. Certains enfants
avaient déjà quitté la ville de Kinshasa quelques jours auparavant.
Le Président Mobutu s'est adressé à ses collaborateurs dans
l'expectative: « Je dois aller me reposer à Gbadolite et je rentre
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ici le lundi pour les négociations». Lesdits collaborateurs étaient


terrifiés mais aussi intrigués. Ils n'avaient pas crn aux paroles du
Président, surtout après avoir observé le comportement de sa
famille durant toute la nuit.
Mon ami me précisa que cette information était sûre car elle
lui avait été livrée par « son ami» membre du staff médical du
Président. Il me demanda toutefois de vérifier l'information.
J'appelai immédiatement un autre ami, journaliste attaché à la
présidence de la République, qui couvrait pratiquement tous les
déplacements du chef de l'État. Celui-là n'avait aucune
information. Après vérification, il me confirma cependant la
nouvelle, tout en ajoutant que le Président allait certainement
rentrer le lundi 19 mai à Kinshasa. Quelque temps après, la
nouvelle se répandit grâce à la presse internationale. Comme tout
le monde le savait, le Général Mahele et ses collaborateurs avaient
dit la veille au Président Mobutu qu'ils n'étaient plus capables
d'assurer sa sécurité et qu'il était plus sage pour lui de quitter la
capitale.. .
Vers 13 h, je reçus un autre coup de fil d'un autre ami qui
travaillait à la Primature. Il m'informa qu'une réunion, à laquelle
devaient participer tous les chefs militaires, se tenait au secrétariat
général des Anciens combattants à quelques mètres du cabinet
du nouveau Premier ministre, le Général Likulia. Tous les chefs
militaires étaient là exceptés le général Baramoto qui était revenu
d'Afrique du Sud le mercredi 14 mai et le général Nzimbi. Je lui
demandai quelques minutes pour vérifier l'information.
J'appelai immédiatement le général Baramoto et lui posai la
question. Il me répondit brièvement que cette réunion ne le
concernait pas. Il n'ajouta pas un seul mot et raccrocha. J'avais
compris que l'heure était grave. J'ai téléphoné à sa résidence
vers 15 h et le lieutenant Mate, son intendant, me dit que le général
Baramoto était déjà parti pour l'Afrique du Sud. Il avait décollé
de Ndjili à bord de son avion, accompagné de son ami le Grand
Amiral Mavua Mudima, ancien Ministre de la Défense nationale,
et de quelques gardes du corps. J'étais surpris de constater que le
chef était parti sans informer ou laisser aucune consigne à ses
proches collaborateurs.
Quant au général Nzimbi, commandant de la Division
spéciale présidentielle, il avait, quelques jours auparavant,

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présenté un « show» à la télévision nationale. Il avait organisé


une causerie « morale» avec ses militaires au cours de laquelle
il rappela leurs obligations de protéger et de défendre le maréchal
Mobutu, son régime et sa famille. Illes exhorta à se battre jusqu'au
dernier militaire. Il promit d'abattre tout militaire qui tenterait
de fuir devant l'ennemi. Et le même général Nzimbi peu après
abandonnait le Président de la République au Camp Tshatshi et
traversait pour Brazzaville...
Beaucoup d'autres militaires quittèrent la caserne pour se
réfugier à la Cité. Les irréductibles restèrent auprès du Président
de la République et continuèrent à tenir les lieux mêmes après
son départ pour Gbadolite. Le capitaine Nkongolo préféra rester
avec ce noyau dur.
Pendant ce temps, les autres militaires de la garnison de
Kinshasa ne savaient que faire. Aucune instruction n'était donnée.
Ils attendaient un communiqué officiel du ministère de la Défense
ou de l'État-major général qui devait donner les consignes.
Le Général Mahele, faut-il le rappeler, était à la fois Ministre
de la Défense nationale et chef d'État-major général. Ses contacts
avec la Rébellion suscitaient encore l'espoir d'une négociation
relative à une reddition honorable de l'armée zaïroise.
Cette journée fut longue. Mais la nuit fut encore plus longue.
Je n'avais pu fermer l'œil. J'entendais les coups de canon vers
l'aéroport de Ndjili. Ils provenaient certainement, me disais-je,
de la zone occupée par les rebelles. D'autres provenaient du Mont
Ngaliema, fief de la Division Spéciale Présidentielle. Ceux-là
étaient plus facilement localisables. Le lendemain était donc
incertain. Mais j'étais sûr qu'il n'y aurait aucune action militaire
dans la ville car aucune opération n'était préparée dans ce sens
et l'accointance des autorités militaires avec la Rébellion était
un secret de Polichinelle. Au camp Kokolo, non loin de ma
résidence, les militaires attendaient à bras ouverts le nouveau
régime. Ils pensaient enfin rompre avec leur activité de
cultivateurs de légumes « ndunda » et redevenir des militaires
réels1.
Après minuit, je reçus le coup de téléphone d'un sujet français
qui m'informa que le général Mahele venait d'être abattu au camp
1
Les militaires n'étant pas payés s'adonnaient tout comme la population
aux cultures de subsistance.

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Tshatshi par les militaires de la DSP. Cette nouvelle me bouleversa


et rendit encore ma nuit plus longue et plus chaotique. J'en
conclus que le régime du Maréchal Mobutu était en train de
sombrer, de s'envoler comme une feuille morte, malgré la
promesse du chef de vendre sa tête très cher, et que son armée
était humiliée à la face du monde comme il l'avait lui-même si
bien prédit dans le préambule de l'Ordonnance-loi n° 78-028 du
1erjuillet 1977 portant sur l'organisation générale de la Défense
et des Forces armées zaïroises.
Le général Mahele était donc mort, la Rébellion n'avait plus
d'interlocuteur attitré. Les contacts étant secrets et individuels,
aucun de ses collaborateurs ne pouvait prendre la relève. Le
Premier ministre, le général Likulia, ne donna aucune consigne
aux militaires. C'est dans ces conditions que les militaires de
l'AFDL feront leur entrée triomphale à Kinshasa le samedi 17 mai
1997, sans combat.
Tout le monde, y compris les militaires de l'Armée zaïroise,
ont suivi la progression des troupes de l'AFDL grâce à Radio-
France-Internationale (RFI) et aussi sur certaines chaînes
étrangères de télévision qui transmettaient l'événement en direct.
Au moment où ils étaient accueillis par la population à Ndjili, le
dernier bastion du Commandement militaire pliait bagage. Tous
les chefs d'État-major, en l'occurrence la Gendarmerie nationale,
la Force terrestre, la Force navale et la Garde civile ont dû quitter
leurs somptueuses villas pour se réfugier soit dans les quartiers
populaires soit dans des appartements au centre-ville. D'autres
généraux, tels Amela et Elese, se sont réfugiés dans une
ambassade. Le Général Likulia a rejoint Brazzaville. Le Général
Koti Bobo, Commandant de la Garde des palais nationaux, se
fera accompagner par ses gardes du corps jusqu'au fleuve Zaïre
pour passer à Brazzaville. Avant que sa pirogue ne prenne le
large, les gardes lui ont rappelé qu'il ne leur avait rien laissé
pour faire face à la nouvelle situation, puis mécontents de ses
seules promesses, ils se sont emparé des valises et de la mallette
contenant l'argent et ont rebroussé chemin. Le Général a été
obligé de traverser le fleuve les mains vides! Le Capitaine
Nkongolo, fils du Maréchal Mobutu, se fera, lui, escorter par des
blindés jusqu'aux environs de la Primature où il les abandonnera
avant de monter dans la pirogue pour Brazzaville.

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Les militaires, eux, n'ont pas eu le choix et ils ont dû attendre


les « libérateurs» avec des sentiments ambivalents: certains
contents, d'autres inquiets et méfiants. Ils ne savaient pas qu'une
défaite militaire, cela se subit!
Comment expliquer la débandade de l'Armée zaïroise qui
apparaissait encore solide et organisée? Cette armée qui a soutenu
la dictature pendant 32 ans. Quels facteurs ont favorisé sa rapide
désintégration? C'est la question à laquelle je tâcherai de
répondre dans cet ouvrage.

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CHAPITRE 1

INGÉRENCE EXTÉRIEURE ET RÉPRESSION INTÉRIEURE


À LA RACINE DE LA DÉBÂCLE MILITAIRE

Le 24 novembre 1965, le Colonel Mobutu prend le pouvoir


par un Coup d'État militaire. Il neutralise tous les hommes
politiques et décide d'instaurer un pouvoir fort. Il s'appuie sur
l'Armée qu'il commande depuis 1960.
En effet, à la suite de la mutinerie au sein de la Force publique
(FP), le 4 juillet 1960, soit quatre jours après la proclamation de
l'Indépendance, le Président Kasa- Vubu a créé, par décret du
8 juillet 1960, l'Armée nationale congolaise (ANC). L'ancien
Adjudant Lundula, infirmier dans la FP, est nommé général et
commandant en chef tandis que l'ancien sergent Mobutu est
nommé colonel et chef d'état-major. Le 12 septembre 1960, le
Général Lundula sera démis de ses fonctions à la suite de son
intervention en faveur du Premier ministre Lumumba, arrêté la
veille, soit le Il septembre 1960. De ce fait, le Colonel Mobutu
est devenu le maître de l'ANC.
Malgré les sécessions katangaise et kasaïenne, l'ANC va
survivre après la réunification. Dès janvier 1963, elle sera
réorganisée et modernisée avec l'assistance de la Belgique et
d'Israël. Par ailleurs, la formation des jeunes officiers congolais
en Belgique, entamée dès la fin de la période coloniale, touche à
sa fin. Enjuillet 1963,380 officiers sont déjà rentrés de Belgique,
300 autres suivent encore des cours. En août de la même année,
le Colonel Mobutu et 219 militaires congolais reçoivent une
formation de parachutistes en Israël. Des instructeurs militaires
arrivent au Congo ainsi que du matériel et des armes nouvelles
provenant des USA.
Cette réorganisation de l'ANC fait oublier les anciens
clivages issus des deux sécessions. L'héritage vivant de l'ancienne
FP, à savoir: la solidarité, l'esprit d'équipe, le brassage ethnique,
soudera cette unité. Le recours obligatoire à une même langue

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militaire (le lingala), au recrutement national, à la rotation


fréquente des officiers et soldats dans toutes les provinces et
surtout au brassage ethnique dans les camps militaires seront
des atouts importants pour consolider l'armée nationale.
La rébellion muleliste de 1963 et la suite vient bousculer les
structures militaires mises en place sans pour autant les
déstructurer. Grâce à l'assistance des USA, de l'OTAN, et
spécialement de la Belgique, l'ANC parviendra à mettre fin à
cette rébellion. Un vaste mouvement de pacification et de
développement va peut-être commencer. L'armée est encore
crédible. Elle bénéficie du soutien populaire. Les militaires
encadrés par les jeunes officiers formés dans des écoles militaires
étrangères et par d'anciens gradés de la FP formés à l'image du
colon croient à la nouvelle vocation d'« armée nationale ».
C'est avec cette armée que le Colonel Mobutu, devenu
président de la République du Congo, mettra sur pied un pouvoir
fort à l'intérieur du pays et tentera d'étendre son influence en
Afrique afin d'en devenir le leader incontesté. Son armée
interviendra ainsi dans plusieurs conflits faisant la fierté du
pouvoir à l'époque mais, à la longue, ses ingérences extérieures
seront l'une des causes du démantèlement du régime et de la
désintégration de l'Armée.
Cette même armée entreprendra certaines actions néfastes à
l'intérieur du pays provoquant ainsi une rupture avec la population
et l'isolement du régime au niveau international.

1. Les ingérences extérieures: Angola et Rwanda


a) En Angola

Lors de la Conférence des peuples d'Afrique, que Kwame


N'Krumah organisa en 1958 pour promouvoir la libération du
Continent, Lumumba qui y prit part se retrouva aux côtés de
l'Angolais Holden Roberto. À l'indépendance, Lumumba décida
de fournir une aide substantielle au mouvement de libération
angolais en lui servant de base-arrière. Les deux leaders de
l'Union des Populations de l'Angola (UPA2) s'installèrent donc

2
Holden Roberto était en 1956 avec Eduardo Pinnock, le dirigeant de
l'Union des Populations du Nord de l'Angola (UPNA) dont le but était le

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au Congo (Kinshasa) de même que le MPLA qui naquit plus tard


(en 1961). L'UPA devenait entre-temps le FNLA (Front national
de libération de l'Angola). Avec l'installation du gouvernement
« socialiste et populaire» de Massamba-Debat au Congo voisin,
les leaders du MPLA, à tendance « progressiste », durent traverser
le fleuve pour s'installer à Brazzaville. Holden Roberto, intégré
dans les méandres politiques du Congo-Léopoldville, et plus
spécialement dans le « groupe de Binza» (Nendaka, Mobutu,
etc.) resta à Léopoldville et mit sur pied un « gouvernement
angolais en exil» (GRAE). Avec l'avènement de Mobutu au poste
suprême, par le putsch de novembre 1965, cette situation perdura
car Mobutu, le représentant des intérêts impérialistes nord-
américains notamment, devait soutenir le FNLA à tendance
« capitaliste» (et plus tard) ce serait au tour de l'UNITA de Jonas
Savimbi) de se voir solidement appuyée par le Congo-Zaïre.
En 1974, à la veille de l'indépendance angolaise, une guerre
éclata entre les trois mouvements de libération. D'une part, le
MPLA de A. Neto soutenu par la métropole portugaise dotée
d'un gouvernement à tendance socialiste et, d'autre part, le FNLA
de H. Roberto soutenu par Mobutu et le Bloc occidental. Un
contingent de l'Armée zaïroise commandé par le Colonel Mamina
Lama fut envoyé aux côtés de Holden Roberto. Selon les
informations d'un officier zaïrois, les troupes zaïroises
progressèrent jusqu'à Kashito à 40 km de l'Angola. L'on proposa
à Roberto de bombarder la capitale afin de l'occuper. Roberto
refusa. Entre-temps, grâce aux négociations de Lisbonne, les
hommes politiques acceptèrent de se retrouver tous à Luanda
avec leurs troupes.
Les militaires zaïrois intégrés dans le FNLA arrivèrent à
Luanda. La ville fut répartie en secteurs de sécurité gardés par
les troupes de chaque mouvement. La mise en pratique des
accords dits d' Alvor en 1975 exigea des leaders politiques
concurrents de retirer leurs troupes de la capitale afin de laisser
le temps aux politiciens de réfléchir sur l'avenir du pays. Holden
Roberto accepta cette proposition qui était en fait un piège. Il

séparatisme: séparer la partie des Bakongo, au nord, du reste de l'Angola et


reconstituer plus tard l'Empire Bakongo. Les USA conseillent à leur« protégé»
Holden de créer plutôt un mouvement nationaliste élargi à tout l'Angola:
l'UPNA devient UPA (Union des Populations de l'Angola). Note de l'Éditeur

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retira ses troupes qui, finalement, furent chassées plus loin par
les groupes du MPLA et les Cubains, en fait l'épine dorsale de
l'affrontement. Il y eut plusieurs morts dans le camp de l'année
zaïroise et du matériel militaire fut abandonné. Mobutu piqua
une crise de colère et ses relations avec Holden Roberto se
refroidirent.
Pendant ce temps, le Président Mobutu apportait son soutien
au FLEC (Front de libération de l'Enclave de Cabinda) qui se
battait contre Luanda pour obtenir le droit à l' auto-détennination,
contrairement à l'opinion du MPLA qui la considérait comme
partie intégrante de l'Angola. Les troupes zaïroises commandées
par le Colonel Nvuadi furent mises à la disposition du leader du
FLEC, Rank Frank. Les mercenaires cubains avec des blindés
venus du Congo-Brazzaville les écrasèrent. Encore un échec pour
le Président Mobutu. Enfin, le MPLA prit le pouvoir à Luanda et
un gouvernement à tendance cubano-socialiste fut mis sur pied.
Il va sans dire que les relations entre le Zaïre et l'Angola ne
pouvaient plus être bonnes.
La logique aurait voulu que le Président Mobutu reconnaisse
sa défaite et renoue des relations politiques franches avec le
nouveau pouvoir de l'Angola. Mais son rôle de gendanne au
service du grand capitalisme en Afrique centrale et son orgueil
personnel ne pouvaient pas le lui permettre. Entre-temps,
l'insécurité était pennanente le long des frontières communes
longues de plus de 2 000 km, soit du Bas-Congo en passant par
le Bandundu jusqu'au Katanga. La mobilité d'une population
appartenant à une même ethnie de part et d'autre de la frontière
rendait difficile un contrôle rigoureux. Aussi, la présence des ex-
« gendannes katangais » aux côtés du MPLA présentait-elle une
menace pour Kinshasa. Les présidents Neto, ruiné par la guerre,
et Mobutu conscient de la position géo-stratégique de l'Angola,
se rencontrèrent à Brazzaville le 28 février 1976 sous la médiation
du Président congolais Marien Ngouabi pour une réconciliation.
Le Zaïre reconnut formellement la République populaire
d'Angola le 6 janvier 1977. Mais cette réconciliation n'était que
de façade. Le gouvernement de Kinshasa continua à soutenir la
rébellion du Nord avec le FNLA. Les bases militaires du Zaïre
servirent de points de transit et de ravitaillement pour Holden
Roberto.

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En revanche, le gouvernement angolais aida les ex-


gendarmes katangais à se réorganiser politiquement et
militairement. Le Front de libération nationale du Congo (FLNC)
fut créé à Luanda avec comme chef Nathanaël Mbumba. En
mars 1977, les troupes du FNLC, soutenues par les Cubains et
les troupes angolaises, envahirent le Shaba et occupèrent
facilement Kasaji le 13 mars et Mutshatsha le 25 mars 1977.
D'autres localités comme Kayembe, Kisenge, Kapanga, Dilolo,
Musumba, Sandoa, furent également occupées. L'intervention
des commandos belges, français et marocains aidèrent l'Armée
zaïroise à bouter les agresseurs hors du territoire national.
Un an plus tard, en 1978, les mêmes ex-gendarmes katangais
envahirent le Zaïre cette fois par la Zambie et occupèrent
facilement la ville minière de Kolwezi. Une fois encore, l'occident
vola au secours du régime Mobutu.
Ces deux agressions du FNLA, il faut le reconnaître, portèrent
un coup dur au régime Mobutu. Elles provoquèrent une crise
politique et une crise de conscience qui débouchèrent sur le doute
concernant « l'idéologie mobutienne », (l'authenticité.. .), les
institutions politiques et l'Armée. Les mouvements de
contestation d'ordre politique commencèrent à naître, y compris
avec l'appui de l'Occident échaudé.
Malheureusement le Président Mobutu et certains chefs
militaires n'ont pas tiré une leçon de ces deux agressions. Ils
continuèrent à soutenir la rébellion angolaise de l'UNITA. Le
Président Mobutu jouant son rôle de gendarme régional et les
chefs militaires étant attisés par l'esprit de lucre. Il n'est un secret
pour personne que certains chefs militaires, en l'occurrence le
Général Nzimbi et le Capitaine Nkongolo, le fils du Président
Mobutu, avaient mis sur pied un vaste réseau de vente d'armes
en Angola payés par le diamant. Les avions gérés par le Capitaine
Nkongolo sous forme de leasing assuraient le transport de ces
armes vers l'Angola dans le fief de Savimbi. Un colonel qui a
voulu garder l'anonymat m'a confirmé sa participation dans la
livraison des armes à la rébellion de Savimbi et cela plusieurs
fois et à plusieurs endroits.
Le Zaïre achetait également des armes, munitions et véhicules
pour le compte de l'UNITA qu'il couvrait avec comme

Il
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« attestations de destinations finales », les FAZ. Ceci explique


en partie le surarmement supposé de la DSP.
Les avions de l' UNI TA bénéficiaient d'une assistance au sol
de la FAZA. Plusieurs autorités civiles et militaires en
l'occurrence M. Ngbanda-Nzambo Ko-Atumba, le Général
Bolozi, le Capitaine Nkongolo et autres s'étaient lancées dans le
trafic du diamant dans le fief de Savimbi. Il était donc difficile
pour eux de favoriser une décision d'intérêt national sincère dans
les relations politiques entre les deux gouvernements de Luanda
et de Kinshasa.
Je me souviens de ma participation aux travaux de la
rencontre bipartite Angola-Zaïre qui eut lieu à Cabinda en 1995.
Le Grand Amiral Mavua Mudima, alors ministre de la Défense
nationale, était le chef de la délégation. Nous devrions examiner
le problème de la sécurité le long de la frontière commune. Après
l'ouverture solennelle des travaux par les deux ministres de la
Défense, les travaux avaient continué en commission entre les
experts des deux délégations. J'étais cependant frappé par la
méfiance qui existait entre celles-ci et la méthode brutale
d'aborder le problème.
Le vice-ministre angolais de la Défense, président de la
Commission pour la partie angolaise, par exemple, n'avait pas à
chercher des mots diplomatiques pour poser le problème. Il nous
dira directement que « le gouvernement angolais était fatigué du
comportement hypocrite et inacceptable du gouvernement zaïrois
et qu'il était temps que le Zaïre arrête son soutien à la rébellion
afin de leur permettre une réconciliation nationale ». Il exigeait
que la partie zaïroise accepte formellement dans le communiqué
final de reconnaître son soutien à la rébellion et son engagement
à y mettre fin. Il concluait que l'insécurité le long des frontières
communes était le fait de l'armée zaïroise et de son gouvernement.
Le gouvernement angolais lui n'était qu'une victime.
La partie zaïroise se réfugia dans des termes vagues refusant
de reconnaître formellement les faits. Les travaux furent bloqués
et les deux présidents de la Commission se référèrent aux deux
chefs de délégation qui trouvèrent une formule plus générale.
Cette méfiance explique le bombardement de la Base de
Kitona par les avions angolais au début de 1996. Aucune action
militaire de représailles ne fut entreprise contre l'Angola. Le

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gouvernement zaïrois aborda ce problème par la voie


diplomatique. De l'avis des spécialistes, l'Angola avait
commencé à tâter le terrain en vue d'une invasion ultérieure.
Plusieurs rapports en provenance du Bas-Zaïre faisaient état de
mouvements des troupes angolaises et de leur concentration aux
frontières. Une menace sérieuse.
Il est bon de préciser que les mauvaises relations entre
Kinshasa et Luanda avaient affecté celles de Brazzaville qui était
pro-MPLA. Des déclarations politiques incendiaires contre
Kinshasa « valet de l'impérialisme» se matérialisaient souvent
sur le terrain par les incidents entre les deux armées le long de
nos frontières communes. Plusieurs villages de pêcheurs étaient
souvent brûlés de part et d'autre du fleuve; nombre
d'embarcations étaient souvent arraisonnées, soit par la marine
congolaise (Brazza), soir par la Force navale du Zaïre.
Encore une fois, j'avais participé à une rencontre bipartite à
Brazzaville après la mort de plus de 100 Zaïrois jetés dans le
fleuve par la Police congolaise. L'atmosphère pendant les travaux
n'était pas sereine. Les Congolais avaient tout simplement regretté
ce fait mais avaient refusé d'accepter leur responsabilité. Pour
eux, l'Armée zaïroise était fautive car elle favorisait l'immigration
illégale à Brazzaville de tous les délinquants de Kinshasa, du
Bas-Zaïre et de l'Équateur. Devant le défi, quelques membres de
la délégation zaïroise quittèrent la salle et rentrèrent à Kinshasa.
Malgré la volonté du Chef de la délégation zaïroise d'arriver à
un résultat satisfaisant, les Congolais restèrent fermes sur leur
position. La délégation rentra bredouille et humiliée. Aucune
perspective de dédommagement des familles éprouvées ne fut
envisagée.
Le Soudan, quant à lui, accusait le Zaïre d'un certain laxisme
et dans une certaine mesure du soutien à la rébellion de John
Garang. Les troupes de John Garang se repliaient souvent au
Zaïre chaque fois qu'elles étaient acculées par l'Armée
gouvernementale de Karthoum. De là, elles se réorganisaient pour
reprendre le combat. Ce laxisme du Zaïre s'explique aisément
lorsque l'on sait que la rébellion bénéficiait du soutien des États-
Unis d'Amérique dans le but de limiter l'influence islamiste au
sud du Soudan.

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Toujours en activité professionnelle, je me rendis à Khartoum


au Soudan, en 1995, avec le Général Eluki alors Chef EMG,
comme chef de la délégation. Le point inscrit à l'ordre du jour
était la sécurité le long des frontières communes. Mais en réalité,
l'objet principal de notre visite consistait en une demande d'armes
de guerre. Ce point fut traité en dehors de tout programme
protocolaire. Le gouvernement soudanais fit droit à notre requête
et, en contrepartie, il demanda l'utilisation de notre territoire afin
de lancer une action d'envergure contre la rébellion du Sud-
Soudan. Le Général Eluki promit de se référer à la haute hiérarchie
avant de donner une suite à cette demande.
La Tanzanie aussi n'offrait aucune garantie. Elle avait facilité
l'implantation du PRP (Parti de la révolution populaire) de Kabila
dans la région du Sud-Kivu, plus précisément dans les collines
de Fizi. La branche armée qui bénéficiait du soutien tanzanien
se fit remarquer en 1984 et 1985 par la guerre de Moba I et de
Moba II sur les rives du lac Tanganyika.

b) L'armée zaïroise au Rwanda

En janvier 1986, le rebelle ougandais Yoweri Museveni, à la


tête de la «National Resistance Army» (NRA) avec l'aide des
réfugiés rwandais tutsis, parvint à chasser le Général Okello du
pouvoir. Il associa ses compagnons de lutte à la gestion politique
de son pays. Il nomma ainsi le Général-major Fred Rwigema,
leader des rebelles tutsis du Rwanda aux fonctions de Chef d'État-
major adjoint de la NRA et vice-ministre de la Défense nationale.
Paul Kagame fut nommé Directeur-adjoint des services de
renseignements militaires.
Cette victoire de Yoweri Museveni encouragea la volonté du
groupe rwandais tutsi réfugié en Ouganda de combattre le régime
Habyarimana au Rwanda jusqu'à la victoire finale. C'est ainsi
qu'en 1988, les chefs militaires tutsis créèrent le « Front
patriotique rwandais» (FPR) doté d'une branche armée
« L'Armée patriotique rwandaise ». Il faut signaler que nombre
de Rwandais vivant au Zaïre participaient financièrement aux
activités du FPR. Certains tutsis démunis pouvaient envoyer leurs
enfants rejoindre la branche armée du FPR. Plusieurs
organisations de jeunes tutsis furent créées à Goma, à Bukavu et

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à Kinshasa. Les autorités militaires ainsi que les autorités de la


sécurité civile du Zaïre le savaient.
L'APR commença ses assauts contre le régime de Kigali
en 1990. Dépassé par les événements, le Président Habyarimana
demanda l'aide de son frère et ami le Maréchal Mobutu. Ce qui
se fit en octobre 1990. D'autorité, malgré le discours d'ouverture
au processus de démocratisation le 24 avril 1990, le maréchal
dépêcha un contingent issu de la branche « Action» du SARM
(Service d'Action et de Renseignement Militaires) et quelques
éléments de la DSP (Division Spéciale Présidentielle) sous le
commandement du Général Mahele. Ce contingent réussit à
repousser l' APR en deça de la frontière rwandaise. C'est au cours
de ces affrontements que le Général-major Fred Rwigema, la
tête de proue de l'APR aurait trouvé la mort. À travers des
informations reçues de certains rescapés, on sait que l'Armée
zaïroise aurait pratiqué la politique de la terre brûlée. Ne
connaissant pas le terrain et surtout la population, elle préférait
raser tout sur son passage, confondant ainsi la population et les
rebelles. Même les militaires des FAR (Forces armées rwandaises)
n'avaient pas apprécié cette façon d'agir. Ainsi, plusieurs soldats
zaïrois trouvèrent la mort non seulement du fait des rebelles mais
aussi de la population et curieusement des FAR3.Je me souviens
du Major Kitoko du SARM avec qui j'avais eu une séance de
travail dans mon bureau de la Garde civile quelques semaines
avant son départ pour le Rwanda. Je ne le revis plus jamais. Sa
dépouille mortelle comme celles des autres victimes zaïroises ne
furent jamais rapatriées à Kinshasa. L'information ne fut pas
donnée d'une façon officielle aux familles éprouvées et aucune
indemnisation ne fut payée. Finalement, le Maréchal décida le
retour du contingent car, selon lui, cette guerre était une affaire
rwando-rwandaise. Quatre ans plus tard, l' APR s'emparait du
pouvoir à Kigali. Pouvait-elle épargner le maréchal et son année?
Toutes ces interventions de l'Armée zaïroise favorisèrent un
climat hostile à Kinshasa dans tous les pays voisins. Certains

3
Les informations parues dans la presse libre de Kinshasa à l'époque fait
état de pillages, viols, racketts et désertions, etc. indignes d'une armée et
pratiquées largement par les troupes zaïroises envoyées « aider le Rwanda
agressé ». C'est ce qui aurait décidé le régime Mobutu à les retirer, en plus des
pertes énormes. Note de l'éditeur.

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actes barbares posés à l'intérieur du pays par l'armée nationale


créèrent un environnement hostile aux militaires.

2. Le massacre de Lubumbashi (11-12 mai 1990)


Les incursions de l'Armée zaïroise dans les cités et campus
universitaires étaient régulières sous le régime Mobutu. Les plus
importantes « descentes» organisées ayant fait de nombreuses
victimes sont celles du 4 juin 1969 à l'Université Lovanium à
Kinshasa, en 1980 et 1982 à l'Université de Kinshasa, en 1988 à
I'IPN et, enfin, celle du Il mai 1990 à l'Université de
Lubumbashi. Plusieurs accrochages entre étudiants et militaires
avaient également eu lieu à l'Institut Supérieur de Commerce, à
l'IBTP et à l'ISTA 4.
Je me souviens des événements de 1982 à l'Université de
Kinshasa où j'étais encore étudiant. Une grève était déclenchée
en vue de dénoncer les mauvaises conditions socio-économiques
auxquelles les étudiants étaient confrontés. Plusieurs véhicules,
surtout ceux de l'État, furent saisis. Une voiture officielle
(Mercedes) d'un professeur, commissaire d'État (ministre) fut
brûlée. Un groupe d'étudiants descendit dans la ville jusqu'au
rond-point Victoire, scandant des chansons hostiles au régime
Mobutu. «Mobutu est responsable de la misère du peuple »,
disaient-ils. Ce groupe fut brutalement dispersé. À la cité
universitaire, il y eut interruption de fourniture d'eau et
d'électricité. Les véhicules saisis furent mis à contribution pour
apporter l'eau à la cité universitaire et à l'éclairer la nuit. À la
troisième nuit de grève, le campus fut encerclé par les militaires
bien armés. Après l'annonce officielle de la fermeture de
l'Université, les militaires séparèrent les étudiants suivant leur
région d'origine. Nous fûmes escortés à l'aéroport de Ndjili à
tour de rôle. Les avions étaient déjà prêts. Faisant partie des
ressortissants du Kivu, nous fûmes rapatriés à Goma où le
dispositif militaire était bien en place et plusieurs véhicules prêts
à nous embarquer dans nos milieux d'origine.
La même méthode qui fut appliquée au campus de
Lubumbashi dans la nuit du Il au 12 mai 1990. En effet, le 3 mai

4
ISTP : Institut des Bâtiments et Travaux Publics. ISTA : Institut Supérieur
des Techniques Appliquées.

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1990, le Président de la République avait prononcé un discours


au Parlement remettant en cause son discours « d'ouverture» du
24 avril 1990. Il voulait maintenant conduire seul le processus
de démocratisation. Déçus, les étudiants organisèrent des
manifestations successivement à Kinshasa et à Lubumbashi.
Celles de Kinshasa furent rapidement neutralisées par l'Armée.
Par contre, celle de Lubumbashi prit des allures inquiétantes.
Dans la nuit du 8 mai, Marie-Rose Baramoto, la petite sœur du
Général Baramoto, eut une altercation avec des étudiants qu'elle
injuria d'un: « fils de pauvres». Elle fut molestée, tandis que la
voiture de l'officier de la Garde civile qui l'accompagnait fut
endommagée. Les éléments de la Garde civile intervinrent en
tirant des coups de feu en l'air et arrêtèrent quelques étudiants.
Suspectés de trahir leurs collègues étudiants, quelques originaires
de l'Équateur furent arrêtés. Une fouille fut organisée dans leurs
chambres. Plusieurs effets militaires et téléphones portables furent
découverts. Ils furent molestés et certains d'entre eux reconnurent
leur qualité d'indicateurs des services de sécurité. Dans la nuit
du Il au 12 mai, le courant électrique fut coupé soudain sur tout
le campus de Lubumbashi, les installations électriques étant
gardées par la garde civile. La nuit, un commando s'introduisit
sur le campus avec comme mot de passe « Lititi-Mboka »5. Ce
commando s'attaqua pendant plusieurs heures aux étudiants. Il
y eut, selon le bilan officiel, un mort, l'étudiant Elombe, et
plusieurs blessés. Par contre, certaines sources croisées de témoins
soutiennent la version d'une véritable hécatombe dont les
cadavres auraient été emportés sur des camions et/ou par avion.
Devant le silence des autorités locales et nationales, la nouvelle
fut révélée par la presse internationale qui parla de « massacre
de Lubumbashi ». Enfin, les autorités se ressaisirent et donnèrent
leur version des faits: « il s'agissait d'une rixe entre étudiants ».
Entre-temps, le campus fut fermé et les étudiants furent
précipitamment rapatriés aux frais de l'État dans leur milieu
d'origine. Le service de génie militaire de Kinshasa se rendit à
Lubumbashi pour la réfection du campus. L'on dira ainsi que

5 Lititi Mboka: expression en langue n~bandi signifiant « l'herbe du


pays », à laquelle les étudiants originaires de l'Equateur devaient répondre (en
lingala) affirmativement. Note de l'éditeur.

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juste avant le passage de la Commission d'enquête parlementaire


venue de Kinshasa, l'Armée avait réparé ce qu'elle avait
délibérément détruit. La violence du commando de la DSP qui
détruisit tout sur son passage et le refus du Président de la
République d'une enquête internationale fortement demandée par
les USA et la Belgique notamment font penser à une action
conçue, ordonnée et exécutée par le pouvoir lui-même! Et qui
aura été la goutte d'eau faisant déborder le vase et signifiant le
début de la fin de l'alliance du Maréchal avec l'Occident.
D'aucuns auraient voulu que je donne plus d'informations
sur cette affaire, compte tenu de ma position aux côtés du Général
Baramoto au moment des faits. Lui, dont la petite sœur était au
centre « l'affaire », et qu'une certaine opinion accuse de
l'exécution de cette mission. Honnêtement, ce sont des faits que
j'ignore. J'ai appris la nouvelle par la presse internationale comme
tous les autres Zaïrois.
Qu'à cela ne tienne, les conséquences de ces événements, à
savoir la rupture quasi définitive de la Belgique, le Canada et les
États-Unis avec le régime Mobutu, le gel de la coopération
bilatérale, y compris la coopération militaire, ont ensuite très
lourdement pesé sur le régime déjà fort affaibli. Avec le départ
des coopérants militaires étrangers, quelques unités combattantes
qui étaient encore opérationnelles furent abandonnées à elles-
mêmes. Les frais de fonctionnement alloués aux fins militaires
servirent désormais aux besoins privés des commandants
nationaux. C'est le cas de la 31e Brigade Parachutiste du Camp
Ceta6à Kinshasa qui répondait encore aux normes d'une unité
combattante. Elle fut baptisée « l'Armée du peuple », à la suite
de la prise de position de plusieurs militaires en faveur de la
population pendant les manifestations politiques qui suivirent
l'ouverture démocratique de 1990. Quelque temps après, cette
unité connaîtra un mouvement de désertion sans précédent. Les
militaires qui étaient restés commencèrent à vivre comme les
autres militaires sur le dos de la population.

6
CETA : Centre d'Entraînement des Troupes Aéroportées, sous la houlette
de la coopération militaire française.

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3. Les pillages (1991-1993) et la marche des chrétiens


(16 février 1992)

L'insécurité provoquée par les militaires fit apparaître une


nouvelle forme de protection des personnes et des biens: « La
protection individuelle». Les chefs d'entreprises publiques ou
privées, les commerçants nationaux ou étrangers, les hommes
politiques adressaient des demandes de gardes du corps et de
biens privés, moyennant paiement, auprès des commandants
d'Unités. Il fallait en principe payer mensuellement 100 dollars
à chaque militaire et 100 dollars au commandant, par « tête de
militaire ». Ainsi, par exemple, celui qui demandait quatre
militaires devait payer mensuellement 800 $US, soit 400 $US
pour les quatre militaires et 400 $US pour le commandant. Ces
conditions étaient flexibles selon les relations entre le
commandant et le requérant.
Toutes les autorités civiles et militaires étaient gardées par
des militaires. Les militaires pauvres gardaient les hommes les
plus riches. Ils observaient et admiraient la vie luxueuse menée
par leurs chefs. Les uns assistaient chaque week-end aux fêtes
d'anniversaires des enfants ou des maîtresses, buvant du
champagne et mangeant du caviar commandés en Europe pour
la circonstance; d'autres transportaient des cartons de billets de
banque aux destinations indiquées. Les militaires à qui l'on
demandait de se contenter de leur solde, qui n'était d'ailleurs
plus payée, savaient que cet enrichissement reposait sur le
détournement des deniers publics. Apparemment obéissants, ils
étaient pourtant frustrés et attendaient leur tour. ..
En septembre 1991, les militaires réclament l'augmentation
de leur solde pour faire face au coût de la vie. Le gouvernement
ne fait pas droit à leur demande. Ils déclenchent les pillages du
23 au 24 septembre 1991 à Kinshasa, qui connurent la
participation massive de la population à la suite de l'armée.
Le 22 octobre 1991, une nouvelle vague de pillages se
déclenche à Lubumbashi et s'étend à d'autres villes du Shaba,
au Haut-Zaïre, dans les deux Kasaï et au Bas-Zaïre. Du 7 au
8 octobre, il y eut pillage à Mbuji-Mayi et du Il au 12 octobre
de la même année, pillage à Mbandaka, dans la région de
l'Équateur.

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En décembre 1991, l' Association Nationale des Entreprises


du Zaïre (ANEZA) donne le bilan des pillages pour la ville de
Kinshasa. Elle inventorie 1 885 entreprises sinistrées soit
l'équivalent de 973,2 millions $US de dégâts et 47 435 emplois
perdus avec comme conséquence le délabrement du tissu
économique national, qui se traduit par l'hyperinflation, la baisse
de la production, le chômage, la rareté des billets de banque sur
le marché et le déficit alimentaire7.
Le 19 janvier 1992, le Premier ministre Nguz Karl-i-Bond
suspend arbitrairement les travaux de la Conférence nationale
souveraine qui avaient suscité l'espoir de la population quant
aux solutions concrètes à apporter à sa misère et sa grande
pauvreté. Certains prêtres et les membres de la Société civile
kinoise organisèrent la Marche pacifique des Chrétiens le
16 février 1992, pour réclamer la réouverture des travaux de la
CNS. Cette manifestation connut une mobilisation sans précédent.
Des milliers de personnes répondirent au rendez-vous. Cette
marche, faut-il le souligner, était caractérisée par le sang-froid
des manifestants. Les balles tirées en l'air par les forces de l'ordre
ne les intimidaient point. Ils s'agenouillaient; après une courte
prière, ils continuaient leur marche. Dépassés par les événements,
les militaires de la DSP vinrent à la rescousse de la Garde civile
et de la Gendarmerie qui étaient sur le terrain. L'on dénombra
plusieurs tués. Le bilan officiel fut de 6 morts. Plusieurs
organisations de défense des droits humains ont parlé de dizaines
de tués. Bain de sang inutile et qui ne serait pas advenu si le
régime avait autorisé l'encadrement des manifestants et non
favorisé leur répression. Un choc au sein de la population zaïroise
à 80 % chrétienne.
En plus de l'insécurité généralisée, imposée par l'Armée dans
le pays, cet événement renforça le divorce entre la population et
I'Armée.
A la fin du mois de janvier 1993, les militaires sont payés en
billets de cinq millions de zaïres mis en circulation nouvellement
par la Banque centrale et dont le sort était devenu incertain après
leur démonétisation par le Premier Ministre remercié M. Étienne

7
Kabungulu Ngoy-Kangoy, Transition démocratique au Zaïre, avril 1990-
juillet 1994, Centre Interdisciplinaire d'Études et Documentation en Sciences
Sociales, CIEDOS, Université de Kinshasa, 1995, p. 58.

20
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Tshisekedi, un leader de l'opposition zaïroise. Les commerçants


refusèrent ces billets maudits baptisés « Dona Beija » que leur
tendaient les militaires8. Cette situation déclencha les pillages
du 28 au 30 janvier 1993 à Kinshasa.
Ces pillages sont essentiellement le fait des militaires et
surprennent par leur violence et leur amplitude. Les mutins s'en
prennent particulièrement à des installations commerciales et
industrielles, aux habitations des politiciens, aux écoles, aux
hôpitaux et aux églises. Le bilan est lourd. Les militaires ont
cette fois fini de détruire le peu d'infrastructures encore debout à
Kinshasa. Il y a eu également plusieurs morts dont une fraction
importante parmi les militaires du rang. La Voix des Sans Voix
(VSV) a parlé de 136 morts, l'AZADHO (autre organisation des
droits humains) retient 266 morts et la Ligue des Droits de
l'Homme (LIZADHO) en a inventorié 5009.L'armée pour sa part
n'a dressé aucun bilan.
Certes, plusieurs militaires, surtout les résidents du Camp
Kokolo et les parachutistes du Camp Ceta furent tués à la suite
des affrontements, d'une part avec les militaires loyalistes
commandés par le Général Mahele et, d'autre part, avec les
militaires de la DSP. Il faut noter que l'Aéroport de Ndjili était
déjà occupé et pillé par les parachutistes du Camp Ceta. S'ils
avaient eu alors un projet politique et un leader militaire pour
guider le cours des événements, ils auraient pu changer l'ordre
politique en place, c'est-à-dire renverser le régime Mobutu.
C'est sur ces entrefaites que l'Ambassadeur de France au
Zaïre a été tué d'une rafale de balles dans l'ambassade même.
Cet incident précipita l'arrivée du contingent militaire français
chargé d'évacuer les ressortissants français. Ces militaires
français prêtèrent main-forte aux autorités militaires zaïroises
dépassées par les événements pour pourchasser les mutins dans
la ville et les faire rentrer dans les casernes. La mort de
l'Ambassadeur aurait-elle été ordonnée par le pouvoir de
Kinshasa (comme le massacre des Blancs à Kolwezi en 1978)

8
N' Gbanda Nzambo-Ko-Atumba, Honoré, La Transition au Zaïre le long
tunnel, Ed. Noraf, Kinshasa, 1995, p. 289.
9
Gauthier de Vill ers en collaboration avec Jean Omasombo Tshonda, La
Transition manquée, 1990-1997, Zaïre, années 90, vol. 7, nOS27-28-29,
L'Harmattan, Paris, 1997, p. 138.

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afin de précipiter l'intervention militaire européenne ?10Je ne


saurais le dire mais je relève tout simplement la similitude des
situations.
Le Cardinal Etsou avait, au lendemain des pillages, adressé
un message personnel aux Zaïrois. Interpellant les militaires, il
s'indignait d'un« comportement sauvage et animal» que rien-
pas même le fait que la masse de l'armée « (croupisse) dans une
misère indescriptible» ne saurait justifier. «Nous ne pouvons
accepter que l'on méconnaisse dans ce pays le caractère sacré et
donc inviolable de la personne humaine; que l'on profane des
lieux de culte, les personnes consacrées à Dieu et que l'on
s'attaque avec des armes de guerre à un peuple inoffensif»
continuait- il.

« Frère militaire,
Tu as volé et violé pour une télévision
Tu as incendié pour un sac de riz;
Que dis-tu de toi-même?
Même toi qui te disais l'armée du peuple.
Quel démon t'a ensorcelé? »

« En tant qu'archevêque de Kinshasa et vicaire aux armées,


je vous lance un vibrant appel à faire pénitence et rendre les
biens volés. Oui, puisque "vous pressurez l'indigent dit la sainte
parole de Dieu, lui saisissant sa part de grain, ces maisons en
pierre de taille que vous bâtissez, vous n'y résiderez pas; ces
vignes de délices que vous avez plantées, vous n'en boirez pas le
vin" (Amor 5,11). C'est donc dire que les biens mal acquis ne
profitent jamais.
D'autre part, nous invitons les autorités militaires à se pencher
sérieusement sur la condition sociale du militaire et de sa famille,
car il est incompréhensible que quelques-uns aient tout et d'autres
rien, que les chefs habitent dans des palais loin des camps et que
les soldats subalternes vivent dans la promiscuité inhumaine.
C'est anormapl ».
10
Le lieutenant-pilote Yambuya, dans son livre « Zaïre, l'abattoir» (EPO,
Bruxelles), affirme que les 67 Européens morts le 14 mai 1978 à Kolwezi,
avaient été tués par l'Armée zaïroise dans le but de précipiter l'intervention
militaire de la France et celle de la Belgique.
11 Cardinal Etsu in Gauthier de VilLers, op. cit., p. 141-142.

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C'est dans ce même contexte que j'avais présidé la


Commission de récupération et de restitution des biens pillés.
J'avais ainsi constaté que nombre d'officiers avaient participé
au pillage; que certains généraux et officiers supérieurs avaient
conservé des biens pillés tels que voitures, camions, groupes
électrogènes, etc. Un officier supérieur, le Colonel Nzapali alias
« Roi des bêtes », alors commandant du bataillon d'intervention
de la Garde civile, basé à Mitendi sur la route du Bas-Zaïre dans
les anciens sites des FIS et FAS12,avait saisi plusieurs véhicules
venant du port international de Matadi et vidé toutes leurs
cargaisons avec l'aide de militaires. J'avais difficilement réussi
à récupérer ces véhicules et à les restituer à leurs propriétaires.
La société Orgaman en était la principale victime.
Aussi, plusieurs biens récupérés furent restitués à leurs
propriétaires. Tous ces délinquants sont malheureusement restés
ImpunIs.
C'est dans cet état de délabrement total des unités
combattantes, en plein embargo sur les armes de guerre imposé
à l'Armée zaïroise et dans un contexte de rupture totale entre la
population et les forces militaires)que la rébellion de l'Est d'août
1996 sera déclenchée.

12
FIS et FAS : Forces militaires d'intervention et d'action spéciales.

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CHAPITRE II

UNE ARMÉE DÉCAPITÉE PAR SA HIÉRARCHIE POLITIQUE

Le Colonel Mobutu avait donc pris le pouvoir en 1965 avec


le concours de l'armée qu'il dirigeait et, plus spécialement avec
les commandants de groupements qu'il appellera ensuite
« Compagnons de la Révolution». La main occidentale avait
favorisé ou télécommandé (?) cette action.
Presque tous les Compagnons de la Révolution étaient plus
âgés que le Colonel Mobutu. Ils l'avaient vu commencer le métier
des armes. Ils connaissaient ses faiblesses et n'étaient pas prêts à
lui obéir aveuglément. Le Général Bobozo qui avait facilité
l'enrôlement du jeune Mobutu dans la Force publique avait
l'habitude de l'appeler « Joseph Muke » (c'est-à-dire enfant ou
jeune Joseph) lorsqu'il voulait le rappeler à l'ordre malgré sa
qualité de Président de la République et Commandant suprême
de l'Armée. Ces vieux soldats de la Force publique coloniale
avaient acquis une routine dans le fonctionnement de l'Armée,
ce qui leur permettait de pouvoir commander grâce à une certaine
réminiscence. Tout comportement contraire aux principes appris
à la FP était vite rejeté. Il était donc difficile au Président Mobutu,
lui qui voulait mettre l'Armée à son service, de continuer avec
ces « vieillards». Il décida ainsi de mettre tous ses « gêneurs» à
la retraite en 1970 afm d'avoir les mains libres. L'Armée zaïroise,
alors Armée nationale congolaise (ANC), venait de perdre ainsi
les sages qui veillaient sur la solidarité, l'esprit d'équipe et surtout
sur le brassage ethnique nécessaire au sein de l'Armée.
Un autre groupe faisait ombrage au rêve de Mobutu d'avoir
une armée totalement acquise à sa cause. Il s'agissait du groupe
d'officiers envoyés à l'étranger vers la fin de la colonisation dans
les Académies militaires et qui rentrèrent quelques années après
l'indépendance. Ces officiers avaient appris que l'Armée était
un instrument au service de la Nation et qu'aucun individu ne
pouvait s'en approprier. Leur esprit d'ouverture et d'indépendance

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n'était pas compatible avec la vision du nouveau Maître de


Kinshasa. Aussi, une nouvelle conception selon laquelle le
pouvoir ne pouvait être protégé que par « les frères » (originaires
de la région et de la tribu du Président), commença-t-elle à
s'imposer. Il fallait encore une astuce pour écarter de l'armée
ces jeunes officiers trop prometteurs, originaires d'autres régions.

1. Le« Complot militaire téléguidé des USA» (1975)


En 1975, une vague d'arrestations fut opérée dans le groupe
des dits officiers qui occupaient déjà des fonctions importantes.
La majorité des suspects avait étudié aux États-Unis d'Amérique.
Ils furent poursuivis pour « atteinte à la sûreté de l'État ».
Concrètement, il leur fut reproché d'avoir monté un« coup d'État
militaire conçu par les Américains» afin de placer le Secrétaire
particulier, le Colonel Omba Pene Djunga, originaire du Kasaï,
au pouvoir. Les officiers « filous» furent traduits devant le
Conseil de guerre présidé par le Général Masiala. Le Général
Likulia, alors Auditeur général des FAZ, soutint l'accusation en
qualité du Ministère public. Dans ses réquisitoires fleuve, il requit
la peine de mort. Le Conseil de guerre rendit son verdict dans le
sens indiqué (exigé) malgré la réticence de certains membres du
jury. Les prévenus furent donc condamnés à la peine de mort et
détenus à la prison souterraine de la Cité de l'OUA à Kinshasa.
Ils seront plus tard transférés à la prison d' Angenga dans la région
de l'Équateur. Leur peine venait d'être commuée en une peine
d'emprisonnement. Enfin, renvoyés de l'Armée, ces officiers
seront relégués dans leurs villages respectifs.
J'avais cependant eu l'occasion de rencontrer le Général
Fallu, le Général Katsuva, le Colonel Omba et le Major Mpika
aux travaux de la Conférence nationale souveraine à Kinshasa.
Certains d'entre eux étaient avec moi dans la Commission de
défense et sécurité. J'avais remarqué que tous ces anciens officiers
connaissaient des difficultés matérielles énormes. Si le Général
Katsuva avait le minimum vital grâce à la solidarité de ses frères
commerçants Nande de Butembo, le luxe dans lequel vivait le
Colonel Omba en étonnait plus d'un. Un luxe difficile à justifier.
Il était propriétaire d'une compagnie aérienne dans sa région
natale du KasaÏ. Il était propriétaire de plusieurs villas luxueuses
dans les quartiers riches de Kinshasa. C'est d'ailleurs dans sa

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villa de Limete que la veillée mortuaire du Général Fallu fut


organisée. Le Colonel Omba était-il aussi intelligent et organisé
pour monter une société florissante sans un capital considérable
au départ? Non, il avait été bien récompensé pour « le coup
d'État» qu'il avait monté dans son imagination au profit de
Mobutu! Ses relations avec certains généraux de l'Armée zaïroise
qui faisaient le pont entre lui et le Maréchal réconfortent ma
conviction. Le Colonel Omba était resté un « indic» du régime.
D'autre part, les Américains ne pouvaient pas si vite chercher
à se débarrasser de Mobutu, leur dauphin et « gendarme de
l'Afrique centrale» pendant la guerre froide. En réalité, le
Président Mobutu voulait tout simplement se débarrasser des
officiers encombrants de par leur compétence et leur esprit
d'indépendance. Quelques semaines plus tard, le Général Masiala,
qui avait présidé le Conseil de guerre mourut dans un accident
d'avion dans le Bas-Zaïre. L'Armée fut incapable de donner une
version fiable sur sa mort. Tantôt il était« en visite privée », tantôt
il était« en mission d'inspection ». Un témoin gênant et réticent
venait d'être en tout cas éliminé.
Pendant la 1re guerre du Shaba, en 1977, le Général lkuku se
distingua par son courage et par son initiative en progressant sur
la voie de chemin de fer afin de surprendre les rebelles katangais.
Le succès de cette initiative lui valut le sobriquet de « serpent du
rail» et força l'admiration de tous les combattants. En 1978, il
trouva la mort dans un accident d'avion à Kisaji. Un accident
bizarre qui ne dit pas son nom: un assassinat? Juste après, il y
eut une autre épuration à laquelle le Colonel Bern Mampa, alors
Chef d'État-major de la Force terrestre, et le Colonel Mamina,
attaché militaire à Washington, n'échappèrent pas. Il faut rappeler
que le colonel Mamina Lama avait commandé les troupes
zaïroises envoyées en Angola aux côtés du FNLA. Il était donc
dépositaire de plusieurs secrets d'État. Un autre témoin gênant à
écarter.

2. Le« complot Kalume » et la Belgique (1978)


Le matraquage des militaires zaïrois ne s'arrêta pas là. En
février 1978, une nouvelle vague d'arrestations des officiers est
opérée à Kinshasa et dans les garnisons de l'intérieur. La majorité
des suspects vient de l'École royale militaire belge. Ils sont

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accusés, comme à l'accoutumée, « d'atteinte à la sûreté intérieure


de l'État en connivence avec la Belgique ». Parmi les prévenus
se trouve le Major Kalume, le Secrétaire particulier du Général
Likulia, Auditeur général. Ce dernier a soutenu avec
détermination l'accusation et a requis la peine de mort. Malgré
les plaidoiries des avocats qui lui opposaient les principes
développés dans son propre ouvrage « Le Droit Pénal spécial
zaïrois» au.sujet de la corréité13?, de la complicité, des éléments
constitutifs de l'infraction, d'atteinte à la sûreté intérieure de
l'État, le Général Likulia ne changea point d'avis. Il préféra trahir
ses connaissances juridiques, ses collègues professeurs, ses
étudiants et la Nation toute entière. Il se rangea derrière le pouvoir.
Le Major Kalume était donc le « cerveau du complot ». Sa
déposition et ses aveux faisaient penser à des paroles apprises
ailleurs et répétées devant la barre. Son attitude décontractée alors
qu'il était pourtant accusé de faits graves dont il connaissait la
sanction, était contraire à la nature humaine. Tous les officiers
que le Major Kalume aurait contactés et même ceux à qui il avait
pensé « s'associer» furent traduits devant le Conseil de guerre
et furent condamnés à mort. C'est le cas du Major Panubule qui
se trouvait à Kalemie et à qui « le cerveau moteur» avait tout
simplement « pensé s'associer».
Le Major Kalume avait bien joué son rôle, mais le Général
Likulia n'a pas tenu parole. Le Secrétaire particulier de l'Auditeur
général n'eut pas la même chance que le Secrétaire particulier
du Président de la République. Il fut exécuté avec tous ses
compagnons d'armes à l'exception d'une femme Adjudant-chef
Brigitte Kisonga, grâciée. Les familles des victimes furent
empêchées d'organiser le deuil. Tous leurs biens furent saisis.
Certains chefs militaires s'approprièrent cyniquement des
maisons et jetèrent sans compassion les familles des défunts
dehors. La veuve Kalume connut une forte dépression et frôla la
folie.
La vie des hommes ne valait rien pourvu que tous les
militaires sous le drapeau soient intimidés et vouent une
obéissance aveugle au Commandant suprême.

13
Terme juridique signifiant la participation de deux ou plusieurs
personnes (co-auteurs) à une même infraction.

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Comme cela ne suffisait pas, les généraux Babia Nzongbi


Malogbia, alors Coordonnateur des FAZ et Eluki MongaAundu,
alors Secrétaire d'État à la Défense nationale, procédèrent à une
nouvelle épuration au sein de l'Armée. Plusieurs officiers furent
renvoyés de l'Armée au cours de l'opération dénommée
« Enveloppe ». Cette opération consistait à remettre aux officiers
renvoyés une enveloppe dans laquelle se trouvait une lettre de
notification. Ces officiers n'avaient droit à aucune explication ni
à une indemnisation matérielle ou financière quelconque. Ils
furent immédiatement chassés des camps militaires ou des
maisons de l'État qu'ils occupaient. Beaucoup d'entre eux se
trouvèrent fatalement à la rue.
L'épuration de 1975, le carnage de 1978 et le « nettoyage»
des rescapés favorisèrent l'émergence des nouveaux cadres
militaires originaires de la région de l'Équateur, berceau du
Président de la République et du Haut-Zaïre, une région« alliée ».
Ils étaient les seuls habilités à défendre croyait-on le régime
mobutien.

3. Les« disparitions »
Le Major Tshibangu approché par le Président de la
République fit l'expérience de cette nouvelle dynamique. En effet,
le Major Tshibangu, ancien de l'École royale militaire belge, était
commandant au Centre commando de Kota-Koli. Il se distingua
par ses démonstrations périlleuses devant les chefs d'États
étrangers, hôtes du Maréchal. Il se distingua également par son
courage pendant la guerre du Shaba, plus précisément à Kasaji.
Le connaissant personnellement, le Président de la République
l'avait affecté à la Présidence de la République. Il était pressenti
comme Commandant de la Brigade spéciale présidentielle (BSP).
Une barrière cependant: il n'était pas originaire de « la terre
promise» mais du Kasaï! Un samedi, le Major se rendit au Mont
Ngaliema pour coordonner le ravitaillement des militaires de
faction. Un véhicule appelé communément « Dix roues» était
utilisé à cette fin. Quelque temps après le départ du véhicule, le
Major entra dans sa propre voiture pour vérifier l'effectivité de
l'exécution de ses ordres. Sur sa route, il vit le véhicule revenir.
Ne se doutant de rien, il s'arrêta afin de lui faciliter le passage.
Mais, le chauffeur du « 10 roues» dirigea son véhicule sur la

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voiture du major qu'il écrasa complètement. Le major fut


grièvement blessé mais il respirait encore. Au lieu de le transporter
à la Clinique présidentielle qui fonctionnait encore normalement,
l'on préféra appeler le Colonel médecin Kabangu qui se trouvait
chez lui. Le Colonel prit l'infortuné dans sa voiture et le conduisit
à l'hôpital « Marna Yemo » à plus ou moins 10 km du lieu de
l'accident. Le Major Tshibangu perdit beaucoup de sang et rendit
l'âme en cours de route. Le chauffeur, exécutant de «mission
spéciale », disparut. Un intrus à la Cour royale venait d'être
neutralisé! Le Colonel Eluki Monga Aundu avait bien réussi
son coup.
Le calvaire des militaires zaïrois était loin de se terminer. Le
Général Mukobo, un officier compétent, breveté d'État-major à
l'École royale militaire belge, fut nommé Chef d'État-major de
la Force terrestre. Grâce à son intelligence, à son savoir-faire et
surtout à son esprit d'initiative, il était apprécié par ses subalternes
et par les soldats. La Force terrestre disposait encore d'unités
combattantes plus ou moins fiables. Il n'était donc pas normal
qu'un officier zélé et, de surcroît originaire du Bandundu,
commande ces unités. La haute mafia tribalo-militaire lui attribua
une «tentative de Coup d'État» à la suite de la découverte
d'armes que le général aurait commandées. Il fut arrêté et relégué
à l'intérieur du pays.
La découverte de certains documents dans le coffre-fort du
SRMA (Service des renseignements et d'action), après
l'arrestation du Général Bosange, a finalement révélé la vérité:
l'affaire était montée de toutes pièces afm de neutraliser un officier
brillant et dynamique. Je me rappelle avoir rédigé une fiche
adressée au Président de la République. Dans cette fiche, le
Général Baramoto informait le Président de l'inexactitude du
«rapport Bosange » au sujet du Général Mukobo et soulignait
qu'il était temps de le réhabiliter. Comme preuve, plusieurs faux
documents du Général Bosange furent joints en annexe de la
fiche. Le Général Baramoto prit soin d'amener lui-même cette
fiche à Gbadolite. Quelques mois plus tard, le Général Mukobo
fut libéré et réhabilité. Cette action, j'en suis convaincu, justifie
paradoxalement la présence du Général Mukobo, ce mal aimé
du Régime Mobutu, aux côtés du Général Baramoto dans sa lutte
ultérieure contre le Régime Kabila.

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Une autre scabreuse affaire a foudroyé la crème de l'Armée


zaïroise. En effet, le Colonel magistrat Asimbo avait décidé
d'abandonner son code de justice militaire afin d'arracher le bâton
de commandement. Il fut admis à l'École supérieure militaire de
Kinshasa après avoir réussi brillamment à un concours. Il termina
le premier de sa promotion et obtint le titre de Technicien d'État-
major. Dans son souci de maîtriser l'art de la guerre, il fut admis
à l'École royale militaire belge où il décrocha son titre de Breveté
d'État-major. Au retour au pays, il fit la formation de Commando
au Centre de Kota-Koli où il arracha le brevet Vert et le brevet
« A » Commando. Avec ce profil rare, si pas unique, le Colonel
Asimbo suscitait un complexe d'infériorité chez ses collègues
officiers et même chez ses supérieurs. Il fut adulé par beaucoup
de jeunes officiers et des soldats qui voyaient en lui un nouveau
type d'officier dont l'Armée zaïroise avait bien besoin. Un futur
chef de cette armée. Un autre atout majeur: le Colonel Asimbo
était le cheval sans faute du Général Singa Boyenge Mosambay,
un sage, rare rescapé des « Compagnons de la Révolution ». Il
n'était cependant pas étonnant d'entendre les officiers supérieurs
et généraux de la« Terre promise» dire: « Où veut-il aller celui-
là avec tous ces diplômes? »
Le Colonel Asimbo fut affecté au SARM en qualité de Chef
d'État-major adjoint. Le Général Mahele en était le Chef d' État-
major. Le savoir-faire de cet officier offusquait ceux qui pensaient
détenir le monopole du commandement. Il fut sans autre forme
de procès empoisonné. Le Général Mahele a exécuté cette sale
besogne. Dégoûté, le Général Singa se retira volontairement de
l'Armée et du giron du pouvoir. Il préféra rester membre du Haut
conseil de la République, Parlement de transition. Moins
dangereux.
Pour maintenir les militaires sous une terreur permanente,
un « Corps des éducateurs politiques» fut créé au sein de
l'Armée. Ce Corps était dirigé par M. Matumbu Moonga Ya
Nzawi, cadre de la JMPR14qui fut nommé au grade de Colonel
et, plus tard, élevé au grade de Général de Brigade. Ce Corps
avait pour mission de cultiver et faire cultiver le culte de la
personnalité du Président de la République; de même que de

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JMPR : Jeunesse du Mouvement Populaire de la Révolution.

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préparer les militaires à une obéissance aveugle aux idées et aux


enseignements du « Guide ». Les militaires étaient d'ailleurs
obligés de scander quelques chansons révolutionnaires chaque
matin et de jurer dans leur serment qu'ils verseront leur sang
pour le « Guide ». Les militaires qui n'assimilaient pas ces
enseignements et ne les mettaient pas en pratique étaient traités
de « cadres douteux », tièdes, ayant un pied dedans, un pied
dehors. Un rapport du Général Matumbu dans ce sens suffisait
pour casser la carrière d'un officier, si brillant soit-il.
Toutes ces actions consistaient à briser la conscience des
militaires; à les détourner de leur mission, celle d'être au service
de la Nation et, enfin, à les soumettre à un seul homme: Mobutu.
Un traumatisme et un immobilisme frappèrent donc l'Armée de
plein fouet. Nombre de militaires choisirent de vivre désormais
dans le silence et la résignation.
Un groupe d'officiers, dont leur seul mérite était d'appartenir
à la région d'origine du Président Mobutu, connut une ascension
fulgurante. Ces officiers avaient pour tâche de protéger la dictature
mobutienne. Mais, hélas, leur œuvre auto-destructrice généralisée
allait commencer.

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CHAPITRE III

UNE BROCHETTE DE GÉNÉRAUX À L'ASSAUT


DE L'ARMÉE ET DU PAYS

1. Les Généraux Bumba Moaso et Molongya Mayikusa,


précurseurs d'une armée tribalisée
Le Général Molongya est nommé Secrétaire d'État (vice-
ministre) à la Défense nationale. Il est en fait le seul maître car le
Président de la République et Ministre de la Défense n'a pas le
temps de s'occuper de la gestion quotidienne de ce ministère.
Tout revient donc au Général Molongya. Il a voulu, lui aussi,
créer un groupe d'officiers voués totalement à sa cause. Il organisa
un recrutement à grande échelle dans la région de l'Équateur
lors de la mise sur pied de la Division Kamanyola. Il procéda à
plusieurs nominations fantaisistes dont le seul critère était
l'appartenance à la Région de l'Équateur. « Suspecté », il fut
écarté de l'Armée.
Le Général Bumba Moaso, Capitaine général des FAZ (Chef
EMG) saisit l'occasion pour recruter non plus les originaires de
l'Équateur mais ses seuls frères Mbuza. Plusieurs d'entre eux
furent affectés à la DITRAC (Division des troupes aéroportées
de choc) qui assurait la sécurité du Président de la République.
Le Général Bumba était donc devenu un homme sur qui le
Président devait compter et sur qui reposait la survie du régime!
L'émergence des militaires Mbuza apparut cependant aux yeux
du Président et de sa famille comme un danger. Le pouvoir ne
devait être protégé que par les cadres et militaires Ngbandi -
l'ethnie du Président Mobutu. Accusé de trahison pendant la
guerre du Shaba, le Général Bumba fut renvoyé de l'Armée.

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2. Le Général Nzimbi prend la relève: DSP

Le Président créa ainsi la Brigade spéciale présidentielle


(BSP) qui hérita des missions de la DITRAC. Il en confia le
commandement à son neveu, le Capitaine Nzimbi. Ce dernier
fut précipitamment promu pour le conforter dans ses nouvelles
fonctions. Élevée à l'échelon Division, en 1986, cette unité sera
toujours commandée par le neveu du Président qui sera élevé au
grade de Général de Brigade. Le Général Nzimbi gardera ses
fonctions jusqu'à la chute du régime Mobutu avec comme grade
«Général de Corps d'armée». A la DSP, les militaires originaires
d'autres régions que l'Équateur sont considérés comme de
véritables étrangers, sujets de suspicion et de méfiance. Plusieurs
officiers compétents seront soit arrêtés soit affectés dans d'autres
unités, dans le but final de constituer avec la DSP un groupe
homogène, un groupe tribal, un groupe Ngbandi. Le Centre de
formation de Kibomango fut créé pour recevoir uniquement les
militaires de la DSP. Une formation de dix-huit mois suffisait
pour devenir officier, contrairement aux officiers de l'EFO/
Kananga qui étaient formés pendant trois ans. Un conflit latent
opposa ces deux types d'officiers. Enfin, le Général Nzimbi
s'entoura d'officiers incompétents et incapables de commander
leurs unités, du moins selon les normes exigées dans l'Armée.
Par ailleurs, le Général Nzimbi fit de la DSP une unité
indépendante, échappant au contrôle de l'État-major général. Les
ordres et instructions ne pouvaient venir que du Président de la
République. Un conflit de compétence était donc inévitable entre
le ChefEMG censé coordonner toutes les actions de l'Armée et
le Commandant de la DSP, neveu du Commandant suprême. Il
faut signaler que sur les dix chefs EMG nommés sous le Régime
Mobutu, huit ont été originaires de l'Équateur. Cette « guerre»
entre ChefEMG et Commandant DSP se menait également entre
les originaires de l'Équateur eux-mêmes, après avoir écarté les
militaires issus d'autres régions. Je me rappelle que le Général
Mahele, alors Chef EMG, voulait se rendre au Centre
d'instruction de Kibomango pour inspecter les armes qui y étaient
stockées. Le Général Nzimbi lui en avait refusé l'accès. Le
Général Mahele, avec ses collaborateurs, alors qu'ils étaient déjà

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à quelques mètres du Centre, furent obligés de rebrousser chemin.


A la longue, ce conflit au niveau professionnel se transposa au
niveau personnel et tribal. Les militaires Ngbandi se rangèrent
derrière les Généraux Nzimbi et Bolozi, les Mbuza derrière Eluki
et Mahele et les Ngwaka derrière Somao.
Entre-temps, la DSP, qui avait la vocation d'une armée de
terre, supplanta la Force terrestre par son équipement et par les
moyens financiers mis à sa disposition. Quelques unités comme
la 31e Brigade parachutiste et la 41 e Brigade commando
fonctionnaient encore grâce respectivement à la coopération
militaire française et chinoise. Au terme de cette coopération,
les unités furent totalement abandonnées à elles-mêmes. La DSP
apparaissait ainsi comme la« seule armée» capable de jouer son
rôle: protéger le Président de la République et son régime.
Cependant, le Général Nzimbi et ses acolytes se détournèrent
de leur «mission» et utilisèrent cet instrument d'oppression à
leur propre compte. Le trafic d'armes de guerre vers l'Angola
devint l'activité principale. Les attestations de destination finale
furent signées sans vergogne pour faciliter ces opérations illicites.
Toutes les armes supposées rester dans l'arsenal de la DSP la
créditaient d'une puissance de feu imaginaire.
Au mois de mars 1997, alors que la rébellion avait déjà
occupé une grande partie du territoire national, le Général Nzimbi
continuait de privilégier son trafic d'armes! En effet, une
cargaison importante d'armes et munitions était arrivée à la gare
ferroviaire de Kinshasa en provenance de Matadi (port
international). Le chefEMG envoya des militaires pour récupérer
cette cargaison. Le Général Nzimbi, qui avait commandé les
armes, avait déjà envoyé ses gorilles pour protéger « sa
marchandise» . Je fus même alerté par un ami de la sécurité civile
présent sur les lieux qui craignait un affrontement entre militaires.
Le Ministre de la Défense trancha en faveur du Général Nzimbi.
Les officiers de la DSP qui n'avaient de comptes à rendre à
personne se spécialisèrent dans les atteintes à la propriété privée.
C'est ainsi, par exemple, qu'un lieutenant avait extorqué sous
menace armée la voiture du Colonel Magistrat Basolo, Conseiller
Juridique à l'État-major particulier du Chef de l'État. Le Colonel
reconnut le délinquant à bord de sa voiture et en informa le

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Général Nzimbi. Non seulement aucune sanction ne fut prise à


l'égard du délinquant mais aussi la voiture ne fut jamais récupérée.
Le Camp Tshatshi était devenu un vaste parking de voitures
volées avec l'assentiment tacite de son commandant.
Un colonel de la même unité avait arrêté un agent de l'Union
zaïroise des banques (UZB) au pied d'un avion en partance pour
Bruxelles. Cet agent avait dans sa mallette une somme de
400 000 $US, transfert de l'UZB à la Banque Bruxelles Lambert
(BBL). Le Colonel avait estimé que l'opération était« illicite ».
Malgré les circulaires du Gouverneur de la Banque centrale
autorisant ce genre de transfert, le colonel refusa de remettre son
butin. La haute direction de la Banque tenta de contacter le
Général Nzimbi mais en vain. Je fus alors contacté par le Directeur
général-adjoint de la Banque, M. Myande. Je le mis en contact
avec le Général Baramoto qui intercéda auprès du Général
Nzimbi : la somme de 200 000 $US seulement fut enfin remise
à la Banque. Une action en justice resta sans effet.
Comme on le voit, la DSP était devenue un instrument
d'enrichissement personnel reléguant ainsi l'art de la guerre au
second plan. Le Général Nzimbi ne se privait pas d'exhiber
certains « shows» (exercices) militaires à la télévision et d'aligner
des armes lourdes au cours des défilés militaires pour donner
l'impression que son unité était organisée et puissamment année.

3. Le Général Bolozi, le terroriste d'État: G2, SARM, GPN


Le Général Bolozi, le beau-frère du Président de la
République, avait dirigé successivement le G2, le SARM, la
circonscription militaire de la ville de Kinshasa (Circo) et la Garde
des palais nationaux. Il fut même nommé ChefEMG adjoint des
FAZ.
Au G2, Service de sécurité militaire situé à Kintambo dans
la ville de Kinshasa, le Général Bolozi imposa une terreur sans
précédent contre la population civile et contre les militaires eux-
mêmes. Les enlèvements, les tortures et les exécutions sommaires
furent les missions principales de ce service. Tout le monde savait
qu'il ne fallait pas passer après 18 heures aux environs de ce
bureau de la mort. Les tortures commençaient à ces heures-là et
malheur à celui qui était soupçonné avoir entendu les cris des

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victimes. Le témoignage le plus poignant est celui du Lieutenant-


pilote Pierre Yambuya Lotika Kibesi arrêté au G2 en 198415.
En effet, le Lieutenant-pilote Yambuya avait effectué
plusieurs missions spéciales pour le compte de la présidence de
la République et des Services de sécurité, consistant à larguer
dans le fleuve Zaïre les cadavres des hommes exécutés par le
pouvoir et enfermés dans des sacs alourdis avec des pierres et
des barres de fer. Rien ne devait revenir à la surface. « Les services
de sécurité opèrent sans trace ». Les pilotes militaires affectés à
ces missions n'avaient aucun droit de s'informer sur l'identité
des victimes ni sur les raisons de leur exécution. Excédé par ces
missions inhumaines, le Lieutenant Yanbuya se révolta et prit la
ferme résolution de refuser d'exécuter ces missions très spéciales.
Le 30 octobre 1984, le Général Bolozi le convoqua à son
bureau, lui remit une somme importante d'argent et lui signifia
qu'il aura à effectuer un vol nocturne dans le cadre des « missions
spéciales». Le lieutenant rentra chez lui bouleversé. Le soir,
certains agents passèrent chez lui le chercher. Il avança les raisons
de santé pour s'abstenir d'y participer. Les agents firent rapport
au général. Une quarantaine de minutes plus tard, quatre agents
firent irruption chez le lieutenant, l'arrêtèrent et le conduisirent
au G2 où le Général Bolozi lui-même l'attendait. L'infortuné fut
immédiatement jeté dans une petite cellule individuelle où il fut
torturé et soumis à d'autres traitements inhumains. Il était nu
dans sa cellule. Il dormait sur le ciment et mangeait une fois par
jour, une quantité insuffisante de pâte de manioc avec un petit
morceau de poisson trop pimenté. Le lendemain, il fut interrogé
par le Général Bolozi lui-même. Ce dernier lui présenta une
longue liste d'officiers qu'il ne connaissait pas. Le général lui
exigea sous torture de reconnaître « l'atteinte à la sûreté intérieure
de l'État en connivence avec les officiers» repris sur la liste. Le
lieutenant réfuta catégoriquement toutes ces allégations. Sous
les coups de poing et de crosse, il fut cependant obligé de signer
le procès-verbal d'audition dans lequel il était accusé « de haute
trahison et d'atteinte à la sûreté intérieure de l'État ». C'est de
cette même manière que les autres procès avaient été montés.

IS
Lieutenant-pilote Pierre Yambuya Lotika Kibesi : L'autopsie d'une
armée sans cœur ni âme, Rome, Auto-édition, 1996, p. 93-94.

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Après dixjours de calvaire, le Lieutenant Yambuya tomba malade


et fut curieusement conduit et interné à l'hôpital du Camp Kokolo,
sous bonne escorte. C'est de là qu'il eut la chance de s'évader
pour pouvoir ensuite témoigner, une fois hors d'atteinte.
Il est rare de trouver de tels témoignages car les exécutants
de ces «missions spéciales» ont été soit éliminés soit placés
sous une pression psychologique énonne qui les empêche de
parler jusqu' aujourd 'hui. Pour preuve, lorsque le premier ouvrage
du LieutenantYambuya : Zaïre, l'abattoir, (EPO, Bruxelles) parut
en janvier 1991, en pleine période de démocratisation, certains
journaux locaux en ont publié quelques extraits. Un officier que
je connaissais bien fut cité dans un article comme étant l'un des
« tueurs du Régime Mobutu». Lorsque son épouse vint un jour
nous rendre visite à la maison, j'en ai profité pour lui montrer cet
article. Elle s'exclama: « C'est pourquoi il ne voulait pas manger
de la viande chaque fois qu'il rentrait de ses missions
nocturnes! ». Elle avait en fait confirmé la véracité des propos
du lieutenant.
J'ai eu l'occasion de rencontrer encore cet officier après la
mort du Président Mobutu. Je lui ai posé la question au sujet de
ces « missions spéciales ». Il me dira que beaucoup d'agents du
Service de sécurité avaient signé un pacte de sang avec le
Président de la République. La trahison et la divulgation du secret
professionnel déclencheraient une série de malheurs auxquels il
ne pourra pas échapper. D'ailleurs, si le Général Mahele était
mort, ajouta-t-il, c'est parce qu'il n'avait pas respecté ce «pacte
de sang». Que pouvait-il dire au sujet des missions spéciales
auxquelles il avait participé selon le Lieutenant Yambuya ? lui
demandais-je. Il réfuta les faits et ajouta que d'autres membres
des services de sécurité le faisaient peut-être. Comme le silence
était la règle d'or, il ne savait donc rien. Il semblait embarrassé
et j'ai dû changer de conversation.
Au SARM et à la Gendarmerie nationale, le Général Bolozi
imposa la même terreur. Au début de ma carrière militaire, j'avais
assisté à une séance de torture pratiquée par les agents de la BSRS
(Brigade spéciale de recherche et de surveillance) sur certains
prétendus délinquants. Lorsque les agents s'étaient rendu compte
que j'étais étranger à l'unité, je fus brutalement chassé malgré
ma qualité de magistrat. Les enlèvement et arrestations des

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opposants politiques au Régime Mobutu et des militaires jugés


dangereux étaient devenus les missions principales du SARM.
Pendant la période de démocratisation, le Président de la
République voulut soigner l'image de marque des services de
sécurité. Il parla « d'humanisation de ces services ». Le Général
Bolozi, le terroriste, fut démis de ses fonctions. Pendant sa
traversée du désert, il confessa publiquement ses péchés et
demanda pardon au peuple dans une église appelée « La Borne»
à Binza, Kinshasa. Reconverti dans la foi, le Général Bolozi céda
une de ses villas à Dieu et y fit édifier la grande église de La
Borne. Elle se trouve en face de l'IPN16à Binza.
L'épouse du Général Bolozi joua un grand rôle auprès de
son frère Mobutu pour que son mari rentre aux affaires. Dérangé,
le Président demanda aux généraux Baramoto et Nzimbi de créer
une unité pour le Général Bolozi. Un projet d'ordonnance-loi
portant création de la Garde des Palais nationaux (GPN) fut
préparé et soumis à la signature du Président de la République.
Cette ridicule unité avait pour mission la garde du Palais de la
nation (Parlement), du Palais du peuple et du Domaine de la
N'Sele. L'ordonnance-loi précisait que le Commandant de ce
corps devait recourir aux militaires de la gendarmerie et de la
Garde civile par voie de réquisition pour exécuter ses missions.
Le Général Bolozi en fut nommé commandant. Il s'écarta vite
de cette ordonnance-loi et procéda au recrutement de ses propres
militaires. Il récupéra tous les déserteurs et favorisa la désertion
de certaines recrues dans les centres d'instruction. Devenue une
unité indépendante, la GPN assurait non seulement la garde des
palais nationaux, mais celle de toute personne et surtout celle
des hommes d'affaires libanais qui en faisaient la demande
moyennant paiement. Une source de revenu pour le beau-frère
du guide.

4. Le Capitaine Nkongulu, chef d'un gang armé

Le Capitaine Nkongulu (ou Kongolo), fils du Président de la


République, n'appartenait à aucune unité. Il était cependant
souvent gardé et escorté par un effectif important de militaires

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IPN : Institut Pédagogique National.

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des différentes unités recrutés selon sa volonté. L'on verra sans


rire des officiers supérieurs à son service. Le Capitaine créa sa
société Yoshad qui avait pour objet l'encadrement des Comptoirs
d'achat du diamant, le dédouanement des marchandises aux ports
de Matadi et de Kinshasa. Il suffisait de verser la moitié de la
somme que l'on devait payer à la douane pour que le capitaine
envoie ses commandos bien armés enlever les marchandises sans
aucune formalité. Malheur aux agents des douanes et aux
militaires qui osaient exiger les documents et le paiement légal
des droits. Ils étaient, sans autre forme de procès, arrêtés et
conduits à la prison souterraine de l'Ohua à Kinshasa.
Le Capitaine Nkongulu créa ensuite une autre société de
vigiles dénommée « Aigle service », chargée d'assurer la garde
des personnes privées et de leurs biens moyennant paiement.
Encore une fois, le Capitaine favorisa la désertion au sein de la
DSP et détourna plusieurs armes de l'Armée à ses fins
personnelles. Cette bande armée se distingua lors des pillages de
1991 et de 1993 à Kinshasa. C'est cette bande avec leurs jeeps
qui était la première à casser et à voler les biens de ceux qu'elle
était censée protéger! Le Capitaine Nkongulu dévalisa lui-même
toutes les bijouteries de la ville ainsi que plusieurs coffres-forts
des grandes sociétés! Ce gang armé, qui inquiétait même les
militaires, opéra en toute impunité jusqu'au samedi 17 mai 1997.
Ce jour-là, il accompagna son chef à bord de blindés légers
jusqu'aux environs du Cabinet du Premier ministre, où Nkongulu
prit sa pirogue pour Brazzaville.
L'on a toujours cru que la fameuse« liste noire» des autorités
civiles et militaires à assassiner avant la chute du régime
mobutiste devait être exécutée par la bande de Nkongulu. Aussi,
la menace de Maman Bobi La Dawa faite au Général Mahele au
pied de l'avion, le vendredi 16 mai 1997, selon laquelle « Général,
vous avez trahi votre papa, vous le paierez un jour », le courage
du Capitaine Nkongulu de rester seul à Kinshasa après le départ
de toute sa famille, la présence de la bande armée sur le terrain
dans la nuit du 16 au 17 mai 1997, font généralement accréditer
la thèse de la responsabilité du Capitaine Nkongulu dans
l'assassinat du Général Mahele au camp Tchatshi.

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5. Ngbanda tue avec FIS et FAS


Pour être plus efficace dans ses missions d'enlèvement, de
torture et d'assassinat, Monsieur Ngbanda, alors Administrateur
général de l'AND (Agence nationale de documentation), créa
une bande armée avec deux branches dénommées FIS (Forces
d'intervention spéciales) et FAS (Forces d'action spéciales). Il
installa sa bande à Joli-site, à plus ou moins 25 km du centre
ville de Kinshasa sur la route du Bas-Zaïre. Joli-site était un lieu
touristique avec restaurant, piscine, chambres à coucher, un bois
naturel bien entretenu sous lequel les familles et même les
amoureux pouvaient passer d'agréables week-ends. Monsieur
Ngbanda vida sans autre forme de procès le propriétaire des lieux.
Tous les voisins immédiats furent aussi expropriés. Tel est le cas
de Monsieur Kindoki, un cadre de la Société Fina connu dans les
milieux footballistiques de Kinshasa. « L'intérêt supérieur de la
Nation l'exigeait », disait Ngbanda !
Plusieurs cadres universitaires originaires de l'Équateur
furent recrutés. Certains d'entre eux se rendirent en Afrique du
Sud pour apprendre les méthodes de répression du régime
d'apartheid. D'autres instructeurs sud-africains (blancs) se
rendirent à Kinshasa pour assurer une formation complète aux
autres membres de la Bande. Certains officiers de la DSP, comme
le Major Lite, furent affectés à Joli-site, pour «un support
pratique ». Un important lot de matériel militaire vint de l'Afrique
du Sud.
Les FIS étaient chargés des actions à l'intérieur du pays. Non
connue du public, cette bande opéra tranquillement dans la
capitale et les conséquences de leurs actions furent attribuées à
l'Armée. Il ne serait pas impossible que le commando qui
massacra à Lubumbashi les Il et 12 mai 1990 soit venu de cette
bande. Les FAS qui avaient la vocation d'agir à l'étranger étaient
en fait un instrument assez efficace dirigé par Monsieur Ngbanda
pour lui mériter la confiance du Guide. En effet, il faisait miroiter
au Président de la République plusieurs coups de force
supposément fomentés à l'étranger et qui, généralement, étaient
« neutralisés par les FAS ». Cela lui permettait de justifier les
fonds mis à sa disposition et d'arracher l'autorisation d'en retirer
sans cesse d'autres à la Banque centrale. D'autres membres de

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cette bande furent affectés à sa compagnie d'aviation personnelle


qui avait presque le monopole du transport dans le trafic du
diamant, de livraison des denrées alimentaires et des produits
pharmaceutiques dans le fief de l'UNITA en Angola.
Après le discours du 24 avril 1990, (celui de la
« démocratisation»), la presse écrite mit au grand jour
l'organisation et les missions de cette bande armée. La population
fut terrifiée et surnomma Monsieur Ngbanda « Tenninator ». Le
Président de la République parla d'« humanisation des services
de sécurité ». Il démit« Tenninator » de ses fonctions et changea
la dénomination de ce triste service qui devint Service National
d'Intelligence et de Protection (SNIP). Le Général Likulia, le
champion de la protection des droits de l'homme, malgré le
carnage des officiers qu'il avait autorisé, fut nommé à la tête de
ce service. Du coup, Tenninator-Ngbanda livrera une bataille
sans merci au Général Likuliajusqu'à obtenir sa chute.
Le Président Mobutu décida de verser les éléments des FIS
et des FAS dans la Garde civile ainsi que leur matériel. Je fus
désigné pour procéder à la remise et reprise du matériel et du
personnel. C'est là que j'ai découvert l'existence d'une armée
parallèle. Un grand dépôt d'armes et de munitions se trouvait au
bureau de l'AND en face du Cabinet du Premier ministre, dans
la zone de la Gombe. Un endroit caché où certains membres de
ce service n'avaient même pas accès. Un Directeur, originaire
de l'Équateur, gérait ce dépôt. Nos véhicules firent plusieurs
rotations avant de vider ce dépôt!
Le dépôt de Joli-site était encore beaucoup plus important.
L'identification et le dénombrement de tout le matériel nous ont
pris deux semaines. Plusieurs jeeps adaptées aux actions anti-
émeutes et quelques véhicules furent récupérés. Quant au
personnel, certains éléments acceptèrent d'intégrer la Garde civile
et d'autres choisirent de rester au nouveau SNIP.
Voilà l'une des actions de « Terminator », qui s'emploie
actuellement à se présenter dans ses écrits comme un « Saint»
qui n'aurait travaillé que pour l'intérêt supérieur de la Nation!
Ce que le maréchal Mobutu n'aurait pas même suffisamment
récompensé!

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6. Le Général Baramoto et la garde civile


Je me souviens, au mois de juillet 1987, alors Capitaine et
Premier substitut de l'Auditeur militaire de garnison à Boma,
dans la région du Bas-Zaïre, je reçus un message phonique me
convoquant au Ministère de la Défense nationale à Kinshasa. Je
fis rapidement un examen de conscience etje conclus que, jusque-
là, je n'avais commis aucune faute dans l'exercice de mes
fonctions. Je me résolus, au nom de la discipline militaire, de
répondre rapidement à cette convocation. Je me présentai
quelques jours après au Ministère de la Défense nationale. Je fus
informé que la Garde civile avait demandé le détachement de
quelques magistrats militaires. J'étais choisi parmi ceux-là. Je
reçus ma feuille de route pour la Garde civile. Là, j'ai trouvé le
Capitaine Odra, la « dame de fer» de la justice militaire et le
Lieutenant Nsendula. Notre rôle était d'encadrer les jeunes
officiers de Police judiciaire dans leurs investigations en matières
douanières, judiciaires, etc.
Chaque matin, nous nous arrangions pour saluer le Président
général Baramoto qui arrivait souvent à 8 heures, sous bonne
escorte. Quand il descendait de sa grosse Mercedes noire, le temps
semblait s'arrêter. Tous les agents en uniforme étaient
immobilisés, rendant ainsi les honneurs au Chef. Après, il nous
appelait pour lui serrer la main avant de disparaître pour rejoindre
notre grande salle de réunions faisant office de bureau. Entre-
temps, le Président venait de faire nommer son secrétaire
particulier, le Lieutenant Dauli, devenu Major, attaché militaire
adjoint en République arabe d'Égypte. Ce poste était jusque-là
vacant. Un jour, le Général Baramoto m'appela et me demanda
d'aller lui chercher un document dans son bureau. Je m'exécutai
et je rejoignis aussitôt après ma salle de réunions. Le lendemain,
il me confia une autre tâche. Je ne pouvais m'imaginer que j'étais
sous observation. Quelques semaines plus tard, il m'appela dans
son secrétariat où il me montra la chaise de son ancien secrétaire
particulier. Il me dit: « assis-toi là capitaine. Tu deviens mon
secrétaire particulier». C'est dans ces circonstances que je me
suis retrouvé aux côtés du Général Baramoto. Mais, qui est
vraiment ce général qui a défrayé la chronique pendant la dernière
décennie du régime Mobutu ?

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Fils de Monsieur Baramoto Tosa et de Madame Kandolo, le


Général Baramoto est né en 1947 à Yakoma, dans la région de
l'Équateur. Son père fut « commis» dans l'Administration
coloniale. Après l'indépendance, il évolua dans l'Administration
publique et exerça les fonctions de commissaire sous-régional
spécialement et pendant longtemps dans la sous-région des
Cataractes dans la Région du Bas-Zaïre. Il fut retraité au grade
de Secrétaire général. Sa longue carrière et ses relations avec le
Président de la République firent de lui un homme très connu.
Pour prouver son attachement au Président Mobutu, le père de
Baramoto créa en 1990 un parti politique dénommé « Alliance
pour la défense des acquis du mobutisme ». Toutes ces relations
eurent une influence certaine sur l'avenir du fils Philémon Kpama
Baramoto.
Incorporé dans l'Armée vers les années 1965, après ses études
à l'École normale, Monsieur Philémon Kpama .Baramoto fit sa
formation militaire à la Base de Kitona, à l'issue de laquelle il
fut affecté à la Police militaire (PM). Il quittera l'Armée vers les
années 1968 avec le grade d'adjudant en chefpour être affecté à
la Présidence de la République spécialement dans les services
de sécurité. Il n'apparut pas dans les structures officielles de ces
services mais il évoluera dans les structures parallèles,
conformément aux méthodes du Président de la République. Il
sera quelques années plus tard affecté à l'Administration publique
où il sera nommé successivement Commissaire sous-régional
chargé de la Sécurité dans les régions du Shaba, du Haut-Zaïre
et du Bandundu. Il sera ensuite rappelé au Ministère de
l'Administration du Territoire (intérieur) où il travailla aux côtés
du Commissaire d'État (Ministre) Mafema Nganzeng en qualité
de Conseiller chargé de la Sécurité du Territoire. Quelques années
plus tard, il sera nommé vice-gouverneur chargé de la sécurité
dans la ville de Kinshasa.
N'oublions pas que le jeune Baramoto avait épousé la sœur
cadette de la Maman Présidente Antoinette Mobutu, Madame
Anvenida. Une dame bien éduquée avec les manières d'une
femme africaine comparables à celles de la défunte Maman
Mobutu. Le jeune vice-gouverneur était donc l'homme fort de
l'Hôtel de Ville de la capitale zaïroise par qui tous les dossiers
importants transitaient pour arriver au Président de la République.

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Vers les années 1980, le Président Mobutu chargea le vice-


gouverneur de concevoir la création d'un nouveau corps chargé
du maintien de l'ordre, de la sécurité publique et de la garde des
frontières. Baramoto travailla dans la discrétion la plus totale sur
le texte portant création et organisation de ce corps, avec le
concours de certains agents de l'Agence nationale de sécurité
(AND). Ils calquèrent ce corps sur le modèle de la Gendarmerie
nationale et sur la Police allemande. Le vice-gouverneur envoya
un petit groupe de futurs instructeurs en formation en Allemagne
parmi lesquels le Capitaine Lango Topkwi, Sergent Gwato
Kusambi, Sous-Lieutenant Lokombe, Sergent Zongada
Baramoto, tous issus de la DSP et de Monsieur Ekutsu, un agent
de l'AND. Le vice-gouverneur y suivra également une formation
spéciale. Ce groupe rentra au pays, le matériel et les uniformes
commandés expressément furent réceptionnés à Kinshasa, et le
Président de la République signa et promulgua le 28 août 1984
l'Ordonnance-loi n° 84-036 portant création de la Garde Civile.
Ce texte était en fait le projet présenté par le vice-gouverneur.
Curieusement, le général Baramoto suivit comme tous les
autres concernés la nomination de Monsieur Mandungu Bulanyati
au poste de Président général de la Garde civile. Ce fut la
consternation à l'état major du Vice-gouverneur Baramoto. Celui-
ci fut réellement mécontent. Son mécontentement, considéré
comme un acte d'indiscipline à l'égard du Président-fondateur,
fut rapporté au Président Mobutu. Le Vice-gouverneur fut relevé
de ses fonctions et fut affecté au même poste dans la région du
Kasaï occidental. Il refusa de répondre à la mutation et resta
pendant quelques mois à Kinshasa. Menacé de sanctions
beaucoup plus graves, il finit par s'exécuter et rejoignit son poste
à Kananga. Deux ans plus tard, soit en 1986, il fut nommé
Secrétaire général de la Garde civile, c'est-à-dire l'adjoint du
Président général. Au cours de la même année, Monsieur Sampasa
remplaça Monsieur Mandungu à ce poste.
L'année suivante, Monsieur Kilonde Vila Kikanda devint le
chef de ce corps avant de passer le flambeau deux semaines après
sa nomination à l'Élite générale de paix Kpama Baramoto Kata.
« L'Élite générale de paix» était le grade le plus élevé dans la
hiérarchie de la Garde civile.

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Le nouveau Président général Baramoto réorganisa le Corps


suivant la conjoncture politique du moment. À l'opposé des
Mandungu et Sampasa qui voulaient un corps élitiste composé
exclusivement de cadres universitaires et de diplômés de l'école
secondaire, l'Élite générale de paix opta pour un corps populaire
recrutant ainsi ceux qui n'avaient pas terminé leurs études
secondaires. Un effectif important était nécessaire pour faire face
aux nouvelles exigences de la sécurité publique. La période 1988-
1991 fut caractérisée par une contestation de l'ordre politique
établi, canalisée par l'UDPS, les étudiants, l'Église catholique et
d'autres organisations civiles. Les manifestations politiques
souvent organisées par les groupes sociaux dépassaient les
capacités opérationnelles, matérielles et humaines de la
Gendarmerie nationale. De plus, ce corps, composé généralement
de militaires très âgés, dépassés par leurs charges familiales, avait
adhéré aux nouveaux principes de gestion « démocratique» de
la chose publique véhiculés par ces groupes sociaux, ce qui le
rendait assez inefficace dans la répression des manifestations de
rue.
La Garde civile devait donc prendre la relève. Plusieurs
éléments furent rapidement formés à Maluku et d'autres centres
d'instructions furent ouverts à l'intérieur du pays. Divers matériels
de répression, dont véhicules, jeeps, camions-arroseurs, chevaux
de frises, casques, boucliers, grenades lacrymogènes, chiens
policiers, etc. furent commandés pour les besoins de la cause. La
Garde civile ainsi équipée était régulièrement aux prises avec
les manifestants. Chaque fois que les jeunes éléments de la Garde
civile étaient dépassés par les événements, ils faisaient usage de
leurs armes et l'on déplorait morts d'hommes. L'on se souviendra
de la « Marche des chrétiens », de plusieurs manifestations
organisées par les 2 partis politiques, l'UDPS et le PALU
(tshisekediste et lumumbiste), au cours desquelles il y eut souvent
des affrontements violents qui se soldèrent par la mort de
militants. Il faut regretter qu'aucun bilan officiel n'ait été dressé
par les autorités de l'époque et aucune enquête judiciaire autorisée
pour identifier, poursuivre et condamner les coupables. L'on
craignait, semble-t-il, de « fragiliser» les éléments de la Garde
civile. Ce corps qui, pourtant, bénéficiait d'un certain crédit au
début de son existence, à cause de ses interventions salutaires

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contre les gendarmes et les autres militaires en faveur de la


population civile, fut rebaptisé par la suite « Contre civils ».
L'opinion kinoise parlera même d'existence des « Hiboux», cet
« escadron de la mort» qui avait le rôle d'enlever de nuit et de
tuer les opposants et autres activistes politiques. Faits que je ne
saurais confirmer ni infirmer, n'ayant jamais été associé à ce
genre d'activités macabres.
L'implication de la parente du général Baramoto, en la
personne de Marie-Rose Baramoto, dans le « massacre de
Lubumbashi» en 1990, renforça la croyance de la population en
l'existence d'un escadron de la mort dont le Général Baramoto
serait le chef. La majorité de la population kinoise développera
une antipathie et un sentiment d'agressivité à l'égard de la Garde
civile et de son chef. J'exhorte le général Baramoto à éclairer
l'opinion nationale et internationale sur son rôle réel dans cette
affaire du Campus de Lubumbashi où il y eut mort, semble-t-il
d'hommes et de femmes.
Devant cette radicalisation de la contestation politique d'un
peuple qui aspirait à une nouvelle liberté, les services d'ordre
devinrent incapables de remplir leur mission qui était d'assurer
le bon fonctionnement des institutions politiques. Le Président
de la République, par exemple, abandonna Kinshasa et se réfugia
à Gbadolite. Plusieurs éléments de la Garde civile ne portaient
plus leur uniforme à partir de leur maison, de peur d'être lynchés
par la population. Ils le mettaient dans des sacs et le portaient sur
les lieux de service et ils prenaient soin de l'enlever avant de
rentrer à la maison.
Pour faire face à cette nouvelle situation, la Garde civile se
militarisa, abandonnant ainsi sa mission première, celle de la
police. Cette militarisation se concrétisa dans les nouvelles
structures créées par l'Ordonnance-loi n° 92-002 du 14 mars
1992, portant modification de l'Ordonnance-loi n° 84-036 du
28 août 1984, portant création et organisation de la Garde civile
du Zaïre. Le poste de Président général qui semblait avoir un
caractère civil et politique devint Commandant général. Un État-
major fut créé à l'instar des autres états-majors des Forces armées
zaïroises. Il y eût une harmonisation des grades avec ceux des
FAZ. Ainsi, les grades comme Élite générale de paix, Élite
majeure de paix, Élite spéciale de paix, etc. qui n'étaient pas

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maîtrisés par les militaires et la population civile cédèrent le pas


aux grades de Général d'armée, de Corps d'armée, de Division,
etc. Cette ordonnance-loi eut un impact sans précédent dans les
rapports entre les FAZ et la Garde civile, d'une part, et entre le
Général Baramoto et les autorités militaires, d'autre part.
Il faut avouer que le Général Baramoto s'était battu pour
que cette ordonnance-loi de 1992 soit signée et promulguée. Ce
projet d'ordonnance-loi qui fut préparé dans mon cabinet ne fut
pas signé et promulgué si facilement. Plusieurs fois, le Général
Baramoto ne voulant pas soumettre lui-même ce projet
d'ordonnance-loi à la signature du Président de la République,
l'avait remis à ses collègues et amis Mavua et Eluki, qui se
rendaient à Gbadolite. Mais le document était souvent « perdu»
entre l'aéroport de Ndjili et Gbadolite. Certainement les
« porteurs» n'étaient pas d'accord avec ce proj et d' ordonnance-
loi malgré leur « amitié» pour Baramoto. Je me rappelle qu'une
autre fois le Général Baramoto avait même suivi le Général Eluki
à l'aéroport de Ndjili pour lui remettre pour la seconde fois ce
projet d'ordonnance-loi bien gardé dans une chemise spéciale
réservée au Commandant suprême; il l'avait soigneusement
rangé dans sa mallette où il gardait les documents qu'il comptait
soumettre à la lecture du Commandant suprême. Mais, encore
une fois, le document fut « perdu ».
Le Général Baramoto se décida finalement à soumettre lui-
même ce projet à la signature du Président de la République. Il
se rendit à Gbadolite où il fut reçu par le Président Mobutu. Il lui
soumit ce projet d'ordonnance-loi qui fut signé en sa présence.
Ille récupéra et le rapporta à Kinshasa. De l'aéroport de Ndjili,
il m'appela au téléphone: « Ton document vient d'être signé! »
Il l'amena lui-même au Bureau du Président pour mettre le
numéro et apposer le sceau. Dans l'après-midi, il confia le
document à unjoumaliste des FAZ pour diffusion aux antennes
de la télévision nationale.
Immédiatement, le Général Baramoto abandonna le grade
d'Élite générale. Il porta d'abord le grade de Général de corps
d' armée. Je lui avais posé la question de savoir pourquoi il avait
porté le grade qui n'équivalait pas à celui d'Élite générale de
paix. Il me répondit que cela était la volonté du Maréchal. Et que
le Chef d'État-major général des FAZ étant général de Corps

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d'armée, il n'était pas sage de porter un grade plus élevé que lui.
Il m'informa toutefois que le Maréchal lui avait promis de
régulariser cette situation dans un bref délai. C'est ainsi que dans
le cadre de la promotion des officiers des FAZ, cinq généraux de
Corps d'armée furent nommés généraux d'armée, à savoir : Eluki,
Kikunda, Boteti, Mavua et Baramoto.
C'est de cette manière que la Garde civile s'était rapprochée
des FAZ sans y être intégrée. Les officiers de la Garde civile se
sentirent à l'aise dans leurs nouveaux grades, mieux maîtrisés
par les militaires et les civils. Mais les militaires des FAZ étaient
sceptiques et méfiants à l'égard de cette nouvelle situation. Les
officiers des FAZ, détachés à la Garde civile, prenaient soin de
porter leur insigne distinctif de formation ou d'appartenance à
une unité des FAZ. De cette manière, leurs collègues des FAZ
les identifiaient facilement et remodelaient les relations.
Le Général Baramoto acceptait de collaborer étroitement avec
les FAZ lorsque ses intérêts étaient protégés et s'en détachait
lorsqu'il se sentait menacé. J'avais plusieurs fois préparé des
notes dans lesquelles il fallait soutenir: tantôt que la Garde civile
avait des missions militaires et cela à chaque fois que les hommes
politiques voulaient la rattacher au Ministère de l'Intérieur en
tant que Police (le Général Baramoto voulait que la Garde civile
soit toujours rattachée au Ministère de la Défense nationale) ;
tantôt, il fallait prouver que la Garde civile n'était pas partie
intégrante des FAZ et cela c'était lorsque le Gouvernement voulait
intégrer la Garde civile dans le budget des FAZ, car le général
Baramoto voulait une autonomie financière.
Par ce jeu, le Général Baramoto réussit à contrôler seul la
Garde civile et à faire des incursions dans le Commandement
des FAZ.

7. Et le général Mahele

C'est dans ce cadre qu'il devint l'ami du Général Mahele,


alors Chef d'État-major du SARM. Je les voyais téléphoner au
Maréchal Mobutu pour lui faire le rapport sur 1'« État de la
Nation », lui présenter des condoléances lors du décès de son
fils aîné Niwa Mobutu. Ils fomentaient ensemble des coups pour
l'ascension ou la chute de telle ou telle autorité civile ou militaire.

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Chaque fois que leurs coups réussissaient, ils sirotaient un verre


de champagne. Le Général Baramoto me donnait quelques bribes
d'information mais je savais surtout lire les signes. Je m'informais
aussi auprès des gardes du corps et des chauffeurs qui suivaient
généralement leurs conversations téléphoniques, qui voyaient
leurs hôtes et aussi certaines actions. Il m'arrivait souvent de
préparer certaines fiches à l'intention du Maréchal. Tout cela me
permettait de reconstituer les faits.
Le Général Mazembe ma Ebanga fut la première victime de
ce duo qui dirigeait deux services importants; le Service d'action
et de renseignements militaires (SARM) et la Garde civile. Après
les premiers pillages du 23 septembre 1991 à Kinshasa, ce duo
se concerta et le Général Baramoto adressa une fiche au Maréchal
lui soulignant l'ampleur des événements et la nécessité de
remplacer un gendarme par un para-commando qu'« IL (le
maréchal) connaît très bien à l'État-major général. Ceci pour
éviter un tel événement dans l'avenir ». J'ose croire que d'autres
services ont fait le même rapport dans ce sens-là. Le Général
Mahele fut donc nommé Chef d'État-major général des FAZ.
Mais leurs relations commencèrent à se détériorer pendant les
travaux de la Conférence nationale souveraine. Le Général
Mahele réussit à se faire accepter par l'opposition radicale qui
était très forte et soutenue par la majorité de la population. Celle-
ci réclamait la dissolution de la Garde civile, considérée comme
une milice politique et par voie de conséquence directe le
démantèlement du poste du Général Baramoto. Le Général
Mahele, alors Président la Commission de défense, sécurité et
protection civile, semblait abandonner son ami Baramoto et
tendait vers la décision de la dissolution de la Garde civile ou de
son incorporation dans les FAZ. Je me rappelle que le Président
de la Commission avait refusé que je sois membre de la
Commission de défense. Il s'était exprimé en ces termes: « Ils
ne peuvent pas se retrouver à deux dans cette commission. Ou le
Général Baramoto reste et son Directeur de cabinet va ailleurs
ou son Directeur reste et le Général va ailleurs. Jamais les deux
dans cette Commission ».
J'avais compris qu'il y avait là une guerre des « grands ».
Comme par bonheur, je suis tombé malade. A mon retour, le
problème était déjà « arrangé ». Nous étions tous retenus à la

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Commission de défense et sécurité et j'étais même élu membre


du bureau! Pendant les travaux, j'ai réussi à étouffer un incident
dans la salle lorsque le Général Mahele demanda aux membres
de la Commission de relever tous les griefs contre la Garde civile
afin de prendre une décision en connaissance de cause. Le Général
Baramoto se sentant personnellement visé s'énerva et il y eut
quelques échanges de parole. Je réussis à calmer les deux
antagonistes par le jeu de petites notes. Enfin, après plusieurs
acrobaties, la décision de la restructuration des FAZ et de la Garde
civile fut adoptée par la commission.
Le crédit du Général Mahele augmenta dans l'opposition
après son discours de politique générale à la Conférence nationale
souveraine. Un discours musclé qui avait eu le mérite de faire
l'autocritique sévère de l'Armée. D'aucuns avaient soutenu et
soutiennent encore que le discours fut rédigé par le Professeur
Lihau. Et pourtant le plan de ce discours et plusieurs passages
furent préparés dans mon cabinet et spécialement au bureau
d'études. Lorsque Monseigneur Monsengwo, le Président du
Bureau de la CNS, a demandé aux représentants des partis
politiques, des organisations civiles et des institutions publiques
de préparer une déclaration de politique générale, le Chef d'État-
major Mahele convoqua une réunion. Rien n'était fait au niveau
de l'État-major général. Le Général Baramoto s'excusa et rentra
à son bureau pour prendre le plan du discours que je lui avais
déjà remis. Mon bureau d'études voulait anticiper les événements.
Il pensait que le Commandant général de la Garde civile, un corps
si controversé, serait appelé à prononcer un discours. Ce plan fut
accepté sans aucune modification. Une commission de rédaction
fut constituée, présidée par le Général Elese alors Chef d'État-
major général-adjoint. Feu le général Shabani, le Colonel
Magistrat Mpongo Bokako, le Colonel Magistrat Kalombo, moi
et d'autres encore en étions membres. En fin de compte, le Chef
EMG savoura les délices de ce discours seul, sans pour autant
féliciter ou même remercier les membres de la Commission.
Pour contenir le choc provoqué par ce discours, le Général
Eluki, en sa qualité d'invité à la CNS comme ancien chefEMG,
prononça un autre discours atténuant les positions du premier
discours. Mais le Général Eluki avait raté son objectif car son
intervention était contraire aux aspirations du peuple et avait une
valeur inférieure quant au fond et à la forme.
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Il Yeut alors rupture définitive entre le Général Mahele et le


Général Baramoto et apparut le duo Eluki-Baramoto qui mirent
ensemble sur pied un cadre de concertation pour l'ascension ou
le démantèlement des autorités civiles et militaires. La première
cible fut fatalement le Général Mahele pourtant cousin du Général
Eluki. Ce dernier était tous les jours à l'office du Général
Baramoto pour mettre au point les rapports sur 1'« État de la
Nation» à transmettre au Maréchal Mobutu. Ces rapports
faisaient entre autres allusion au cas du Chef EMG Mahele
« récupéré par l'opposition radicale et travaillant pour elle». Il
était donc devenu dangereux pour le régime. Le Maréchal fit
droit à leurs allégations, déchargea le Général Mahele de ses
fonctions et nomma le Général Eluki Chef EMG. Le duo
Baramoto-Eluki savoura sa victoire avec plusieurs bouteilles de
champagne.
Voulant boucler la boucle du système de défense, le Général
Baramoto pensa à propulser son ami l'Amiral Mavua Mudima
alors Chef de la maison militaire du Chef de l'État au Ministère
de la Défense nationale. J'étais présent quand le Général
Baramoto s'est exclamé: «Amiral Mavua, futur locataire du
Ministère de la Défense nationale ». Ce dernier sursauta et, par
humilité, il dira: «Mon général, cela n'est pas possible! ».
Quelques mois plus tard, l'Amiral Mavua fut nommé Ministre
de la Défense nationale. Le Général Baramoto était devenu le
parrain du Ministre de la défense et du Chef EMG. Quelle
puissance!

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CHAPITRE IV

LA MONTÉE EN PUISSANCE DU GÉNÉRAL BARAMOTO

Le Général Baramoto est donc devenu cet homme sur qui


repose la survie du régime mobutien. Un homme très écouté par
le Président de la République qu'il peut rencontrer ou contacter
au téléphone à tout moment pour lui faire le rapport sur 1'« État
de la Nation ». Conscient de sa puissance sur la scène politique,
il se résolut à se faire des alliés sûrs. Au sommet de l'Armée, il
réussit à placer: le Général Eluki à l'EMG et le Grand Amiral au
Ministère de la Défense nationale, comme je l'ai indiqué plus
haut. Il placera également ses hommes dans les autres structures
inférieures de l'Armée. Ainsi, le Général Koti Bobo sera nommé
Chef d'État-major des SARM.
Le Général Monzili, alors Colonel, sera rappelé des États-
Unis, où il était attaché militaire, pour occuper les fonctions du
Secrétaire général au Ministère de la Défense. Le Colonel Ndiwa,
alors Major, deviendra le Directeur du budget et des finances.
J'ai personnellement reçu ces deux officiers dans mon bureau
avant qu'ils ne soient reçus et informés de leur nomination future
par le Général Baramoto. Monsieur Ngalo Zege, proche du
Général et ancien Directeur du service des renseignements à la
Garde civile, deviendra Directeur de Cabinet au Ministère de la
Défense nationale. Il a été le premier civil à occuper ce poste au
Ministère de la Défense. Par ailleurs, le Chef du service de la
sécurité du Ministre provient de la Garde civile. Le Général
Tembele, alors Commandant de la Brigade blindée à Mbanza-
Ngungu, sera nommé Commandant de la région militaire du Kivu
où il se distinguera malheureusement par de nombreux abus. C'est
lui qui a eu la lourde charge de gérer l'entrée des FAR (Forces
armées rwandaises) et des réfugiés hutus au Zaïre en 1994. Il a
été impliqué dans le détournement des matériels civils et militaires
des réfugiés et de l'Armée rwandaise en déroute. Le Général
Baramoto est intervenu aussi pour la réhabilitation du Général

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Mulamba Pene Lowa, son ancien instructeur et commandant,


qui fut nommé ensuite commandant de la région militaire du
Shaba.
Le Commandant général entretenait de très bonnes relations
avec le Général Nzimbi, le Commandant de la Division spéciale
présidentielle. Il fallait lui donner à lui aussi l'occasion de placer
ses hommes. Ainsi, en remplacement du Général Tembele, le
Général Lisomba sera nommé Commandant de la Brigade blindée
à Mbanza-Ngungu. Il placera son ancien collègue garde du corps,
le Colonel Bosembo, qui deviendra général, à la tête de la
Circonscription militaire de la ville de Kinshasa « déboulonnant»
de ce poste le Général Bolozi Gbudu, beau-frère du Président de
la République. Le Colonel Gwato Kusambi, beau-frère du Général
Nzimbi, fut nommé Chef d'État-major adjoint au SARM.
D'autres postes non moins importants serait comblés par le
Général Eluki et le Grand Amiral Mavua Mudima. Enfin, le
Général Baramoto va exercer les fonctions de chef EMG des
FAZ en novembre-décembre 1996. Ainsi, soutenu par le Général
Nzimbi, le Général Baramoto est parvenu à contrôler le système
de défense globale du Zaïre.
Ambitieux, Baramoto décidera de s'infiltrer à la présidence
de la République par la nomination du Colonel Fagba de la Garde
civile, alors Lieutenant au poste d'officier d'ordonnance du
Président de la République. Le Lieutenant Barafundi, Chef de
transmission du Président, sera « apprivoisé» par le Général.
De ce fait, toutes les rencontres, les audiences accordées, les
communications du Maréchal Mobutu seront connues de
Baramoto.
Seules les structures politiques échappent encore à son
influence. Il lui faut les conquérir. Il va créer au sein de la Garde
civile le poste d'éducateur politique, à l'instar de celui existant
dans les FAZ, et occupé par le Général Matumbu Mongo Ya
Nzawi. Ce dernier était membre du Comité central. Le Chef
d'État-major général en était également membre. Le Président
général n'en était pas. Ce poste fut agréé par le Président de la
République et Monsieur Itambo, fils du Général Itambo,
« compagnon de la Révolution» sera nommé Éducateur politique
de la Garde civile. Le Général Baramoto va entreprendre des
démarches pour faire nommer Monsieur Itambo membre du

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Comité central. Leur aboutissement aurait fait de son


collaborateur un Membre du Comité central du MPR et
logiquement le Président général de la Garde civile aurait dû
être alors nommé Membre du Comité central sans en faire la
demande expresse.

1. À la Primatur~de Lunda Bululu à Birindwa


Malheureusement pour Baramoto, le discours du 24 avril
1990 mit fin à l'existence du MPR Parti-État. Mais cela n'était
que partie remise. Il se lancera aussitôt à la conquête des Premiers
ministres de la transition. Il m'annonça d'ailleurs la nomination
du Professeur Lunda Bululu au poste de Premier ministre de la
Transition, avant la publication de l'ordonnance du 4 mai 1990.
Les relations entre les deux hommes ne seront pas mauvaises
mais ils n'étaient pas très liés. Seules les raisons de service les
unissaient. La nomination du Professeur Mulumba Lukoji, le
15 mars 1991, au poste de Premier ministre, mit par contre le
général très à l'aise. Ille connaissait particulièrement, me confia-
t-il. Il mit une équipe de gardes du corps avec voitures, jeeps,
nouveaux uniformes, à la disposition du Premier ministre. Par
ce biais, il était informé de tous les contacts, déplacements,
audiences accordées et les personnalités reçues à la Primature.
Le Premier ministre facilita de son côté le paiement des frais de
voyage, d'études et les bourses de plusieurs éléments de la Garde
civile envoyés en formation en République arabe d'Égypte.
Cependant, il n'attendait rien des trois nominations de Monsieur
Tshisekedi au poste de Premier ministre en date respectivement
du 22 juillet, du 30 septembre 1991 et du 15 août 1992. La Garde
civile avait même chassé les ministres du gouvernement
Tshisekedi de leur cabinet, le 1er décembre 1992, lorsque le
Président de la République avait signé une ordonnance portant
dissolution de ce gouvernement d'opposition.
La main du Général Baramoto était aussi intervenue dans la
nomination de Mungul Diaka au poste de Premier ministre. Cette
action me fut révélée six ans après, soit en avril 1997, par
Monsieur Mungul Diaka lui-même, lorsque je lui avais apporté
à sa résidence de Ngaba une somme d'argent qu'il avait sollicitée
auprès du Général. Mungul me confia alors qu'ils entretenaient

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de très bonnes relations et que le Général lui avait rendu


d'énormes services surtout lorsqu'il était rentré d'exil dans les
années 1970. Il ajouta que le Général avait joué un rôle important
dans sa nomination au poste de Premier ministre. Je compris
alors pourquoi la co-épouse du Général, Madame Alino
Anzandele Pakwa, licenciée en Sciences de l'éducation, avait
été nommée Ministre de la protection de la famille, des affaires
sociales et de la solidarité nationale! Ce gouvernement ne dura
hélas qu'un mois.
La nomination de Nguz-a-Karl-i Bond n'a pas modifié les
entrées du général Baramoto à la Primature. Le Premier ministre
avait besoin d'une haute sécurité car il était fort contesté par
l'opposition radicale et par la majorité de la population kinoise.
Comme sa protection ne pouvait être assurée que par la Garde
civile, il devait approcher le patron de ce service. Mais, les deux
hommes se connaissaient bien avant cela. Je me rappelle que le
général Baramoto m'avait mis au courant de l'intention de
Monsieur Nguz de créer son parti politique après avoir quitté le
Ministère des Affaires étrangères. Je lui avais même apporté en
sa résidence de Mont-fleuri son premier téléphone cellulaire.
« Toutes les factures de communication seront payées par moi »,
dira le général Baramoto.
Pendant les travaux du Conclave politique du Palais de la
Nation, qui s'étaient déroulés du 9 au 18 mars 1993, Monsieur
Faustin Birindwa, co-fondateur de l'UDPS (le parti de l'opposant
inaltérable Tshisekedi)et membre influent de l'Opposition
radicale fut débauché et élu Premier ministre. Une ordonnance
présidentielle portant sa nomination fut signée et promulguée le
29 mars 1993. Bien que les Services de Sécurité civile et d'autres
personnalités politiques eussent joué un rôle important pour la
défection d'un homme qui avait été à plusieurs reprises arrêté,
torturé et soumis à la relégation dans son Kivu natal, l'apport du
Général Baramoto n'avait pas non plus été négligeable. Il était
déchiré entre la candidature de Monsieur Faustin Birindwa et
celle de Thomas Kanza. Ce dernier se rendait souvent à la
résidence du Général pour monter des stratégies politiques. Mais,
finalement, Baramoto soutint, appuyé par les autres chefs
militaires, la candidature de Monsieur Faustin Birindwa présenté
comme un homme capable de réduire les tensions existantes dans

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les différentes villes du pays. Après son élection, le Général mit


à sa disposition une escorte militarisée comme aucun Premier
ministre du Zaïre n'en avait jamais eue. Birindwa était
pratiquement pris en otage par les chefs militaires sous prétexte
d'assurer sa sécurité!
Lors de la formation de son gouvernement, le général
Baramoto pesa de tout son poids et réussit à faire nommer, au
Ministère des finances, Monsieur Célestin Tshibwabwa,
administrateur à la Sozabanque gérée par les hommes d'affaires
libanais. À l'annonce des réformes monétaires, Monsieur Abdoul
Karim, associé du Général, et son ami Kanafer, conçurent un
plan d'assistance financière et technique au gouvernement
dépourvu de devises. Ils soumirent leur plan au Général Baramoto
avec possibilité de financer l'impression des billets de banque,
quitte à être payés au Zaïre en monnaie locale. Le Général
Baramoto soumit ce plan au Premier ministre et prit soin d'en
informer le Président de la République. Après discussion, le
marché fut confié à Monsieur Abdoul Karim et à Monsieur
Kanafer. Ceux-ci prirent contact avec les hommes d'affaires
argentins qui acceptèrent d'imprimer les nouveaux billets de
banque zaïrois. Le Colonel Mulamba et le Capitaine Solo furent
branchés au circuit pour y représenter les intérêts du Général
Baramoto.
Les premières opérations furent sous contrôle de la Banque
Centrale mais, plus tard, plusieurs cargaisons de billets neufs
furent détournées et livrées ailleurs. Je suppose que les billets de
banque distribués sur le bateau présidentiel et à Gbadolite aux
chefs des partis politiques dits « alimentaires» provenaient de
cette deuxième banque flottante. D'ailleurs, Abdoul Karim était
déjà un habitué de Gbadolite. Mais le bruit courut à Kinshasa
que le Général Baramoto et Kanafer fabriquaient de faux billets
de banque. En réalité, il ne s'agissait pas de la fabrication de
« faux billets de banque» mais de la mise en circulation de « vrais
billets» fabriqués par une maison agréée par la Banque centrale!
C'est pourquoi on les appelait les « faux/vrais billets ». Dérangé
par la rumeur impliquant mon chef dans cette énième affaire,
j'eus le courage de lui poser la question. Une réponse évasive
me fut donnée. J'eus finalement des précisions sur cette affaire
lorsque le Premier ministre Kengo citera au cours d'une

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conférence de presse, à l'Hôtel Intercontinental, le nom du


Colonel Mulamba Kasisa parmi les personnes impliquées dans
la mise en circulation des « faux/vrais billets» de banque. Certes,
le Premier ministre aurait voulu pousser ses investigations plus
loin et ordonner des poursuites judiciaires, mais il avait reçu des
injonctions d'en haut de ne rien en faire.
Cet argent fut utilisé pour l'achat d'or et de diamant par le
biais des comptoirs agréés tenus par messieurs Abdoul et Kanafer.
Une source sûre de devises. Cette opération a été une aubaine
pour le Général Baramoto et lui a permis de constituer une partie
de sa fortune. Le Premier ministre Birindwa et les autres
complices ont ainsi payé la contrepartie du soutien politique et
militaire que leur avait assurée le Général.

2. À la Banque centrale et au patronat

La Banque centrale n'a pas échappé aux tentacules du dit


Général. Les gouverneurs Pay-Pay, Nyembo Shabani,
Ndjamboleka, Buhendwa, ne lui ont pas fermé leurs portes. Le
Gouverneur Nyembo Shabani a bénéficié de la protection du
Général contre les assauts du Premier ministre Tshisekedi. La
banque fut entourée alors des blindés de la Garde civile. Toutes
ces « relations» facilitèrent le paiement de nombreuses factures
d'équipement militaire, d'uniformes de la Garde civile qui allait
grossir la fortune du général. Bien sûr, la culture des
« commissions» n'était pas à exclure. Plusieurs autres dossiers
de la Défense nationale et même de la Présidence de la
République, sont passés par le Général Baramoto pour pouvoir
trouver une « issue heureuse» auprès de la Banque centrale.
Je me souviens que le Directeur-adjoint du Cabinet du
Président de la République, le Professeur Nguyandila, avait
transmis au Général Baramoto, sur ordre du Président de la
République, le dossier des médecins égyptiens affectés à
Gbadolite. Ces médecins connaissaient un retard de paiement de
huit mois. Le général me remit le dossier en me demandant de
préparer une lettre à l'intention du Gouverneur de la Banque. Il
me chargea du suivi de ce dossier. Chaque fois que je devais me
rendre à la Banque centrale, il prenait soin de prévenir le
Gouverneur et souvent un agent m'attendait au rez-de-chaussée.
J'étais habituellement approché dans un petit salon réservé aux

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visiteurs de marque. Tous les agents du protocole vouaient un


respect particulier à « l'envoyé du Général Baramoto ». En fin
de compte, les arriérés de traitements des médecins furent payés
et leur traitement mensuel fut viré régulièrement sur leurs comptes
à l'étranger.
Le patronat zaïrois était également sous la botte du Général.
Le traumatisme provoqué par les pillages du 23 septembre 1991
et du 28 janvier au 2 février 1993 à Kinshasa et ceux perpétrés
dans les autres villes du pays a obligé chaque homme d'affaires
à solliciter une garde militaire. La Garde civile et la Gendarmerie
étaient habilitées à exercer ces missions, mais l'équipement et la
vigueur des jeunes éléments de la Garde Civile lui donnaient
l'avantage sur la Gendarmerie. De plus, la « ration» distribuée
aux militaires pour baisser la tension représentait une somme
colossale qui obligeait les hommes d'affaires à courir derrière
les généraux pour les appitoyer. Monsieur Damseaux, le patron
d'Orgaman, a été très lié avec le Général Baramoto. Toutes les
commandes de produits alimentaires distribués aux militaires des
FAZ et de la Garde civile ont été faites chez lui. Des tonnes de
produits alimentaires, quelle aubaine pour un homme d'affaires!
Monsieur Damseaux offrit au Général, en signe de leur« amitié »,
une jeep Toyota 4 x 4 de luxe. L'autre affairiste, Monsieur Bemba
Saolona, pour sa part, mettra régulièrement son avion Kingair
de luxe à six places, à la disposition de trois généraux pour leur
déplacement à Gbadolite et à l'étranger. Je me souviens avoir
voyagé à bord de cet avion pour une mission de service conduite
par le Général Eluki. Les factures de location de cet avion étaient
envoyées à la Primature tandis que le carburant de l'Armée était
régulièrement fourni par le canal militaire.

3. Le sida aussi est une « bonne affaire»


Le Professeur Lurhuma, en collaboration avec le professeur
égyptien Shafik, ont prétendu avoir mis au point un produit
pharmaceutique dénommé MM l, capable de tuer le virus HIV.
Cette « découverte» a été récupérée évidemment par le pouvoir
politique. Le peuple zaïrois fut « chauffé» pendant trois jours
pour recevoir « la nouvelle la plus importante de l'année ».
D'aucuns pensèrent même alors à la démission du Président

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Mobutu! La fameuse nouvelle fut annoncée par le Ministre de


l'information, le citoyen Mandungu Bulanyati en ces termes:
Un digne fils du pays, le Professeur Lurhuma, en collaboration
avec le professeur égyptien Shafik, vient d'honorer l'Afrique
en mettant au point un produit capable de guérir la maladie du
sida. Cette découverte est non seulement la victoire de la
République arabe d'Égypte et du Zaïre mais de l'Afrique toute
entière.
Le Président Mobutu s'intéressa personnellement à ces
« recherches». Pour mettre le chercheur à l'aise, il lui acheta
une luxueuse villa à Mbinza, le quartier le plus riche de Kinshasa.
Il lui accorda d'autres avantages pour lui faciliter le travail. Il
donna l'ordre au Commandant de la Division spéciale
présidentielle d'assurer la sécurité du« savant zaïrois». Plusieurs
militaires furent affectés à sa résidence, à son cabinet médical
aux Cliniques universitaires de Kinshasa, et à l'Institut de
recherche en sciences de la santé (IRSS) dont il était le Directeur
général. Le Professeur Lurhuma était donc devenu une autre
« zone d'influence politique ». La mission d'assurer la sécurité
du transport du produit MM! du Caire à Kinshasa a déchiré les
chefs des services de sécurité. Toutefois, le Conseil national de
sécurité (CNS) l'emporta. Un agent de ce service fut affecté
auprès de l'Ambassade du Zaïre en République arabe d'Égypte
en qualité de conseiller. Il s'occupa du transport de ce produit du
Caire à Kinshasa. Il fut malheureusement impliqué dans un trafic
d'or. Arrêté, il fut déclaré persona non grata en RAE et expulsé.
Le délicat dossier fut confié alors au Général Baramoto pour
« investigation» qui trouva ainsi l'occasion de « récupérer cette
zone d'influence politique» qui lui avait échappé. Il s'arrogea le
droit de gérer personnellement ce dossier. En tant que son
secrétaire particulier, il me confia cette lourde mission d'assurer
le transport du « fameux médicament». Par ce fait, le Général
s'était rapproché davantage du Président de la République à qui
il devait faire rapport; ainsi que du Premier ministre qui était
chargé de financer les recherches, les voyages, le transport du
« produit» et les déplacements du Professeur Lurhuma, le
« savant zaïrois».
Je me souviens que toutes les dispositions étaient prises pour
assurer ma sécurité en Égypte. L'attaché militaire, le Colonel
Longo, fut instruit à ce sujet. Il m'accompagnait au laboratoire

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du Professeur Shafik, à bord de sa voiture officielle avec garde


du corps. De là, je me rendais immédiatement à l'aéroport.
À Kinshasa, une voiture spéciale avec gardes m'attendait à
l'aéroport de Ndjili et me conduisait directement à la résidence
du Professeur. Mais, hélas, ma surprise fut très grande de
m'apercevoir que les mesures de sécurité prises par nos services
n'étaient pas de la même qualité que celles prises par le professeur.
Imaginez: les bouteilles de MMl, appelé ironiquement par les
Zaïrois: « Mobutu-Moubarak=1 », se partageaient allègrement
les étagères du réfrigérateur du « savant zaïrois» avec la bière,
l'eau, le lait! Je compris que le Professeur n'avait aucune formule
à cacher comme le croyait si bien le Président de la République
et ses collaborateurs. Toutefois, le Général Baramoto en avait
tiré les dividendes politiques. Il avait réussi à arracher le
« dossier» si important au Conseil national de sécurité, un service
primordial de la présidence.
La Garde civile avait ainsi soutenu le régime agonisant et
servi les intérêts directs du Général Baramoto.

4. Les« Mutins de La Voix du Zaïre»


En février 1992, le procès des Mutins de La Voix du Zaïre
est transmis intégralement à la télévision nationale. Le Lieutenant-
colonel Tshinu Pukuta, Ministère public, soutient l'accusation
avec une verve oratoire remarquable. Voici « l'affaire» :
Une section des militaires de la 31 e Brigade de parachutistes
de Ndjili était de faction aux points dits« stratégiques» de Ndjili
et de Matete. Le Chef de section informa ses militaires qu'ils
devaient se rendre au Centre-ville pour une « mission spéciale ».
Ce sergent arrêta immédiatement un minibus qui passait par là
comme par hasard et y engouffra ses compagnons d'armes. Il
était environ 23 heures. Le minibus se dirigea tout droit à La
Voix du Zaïre, la radio-télévision nationale.
Le sergent et ses hommes descendirent vite et maîtrisèrent
sans beaucoup de peine la garde réduite de la Gendarmerie qui y
était affectée. Ils occupèrent immédiatement les différentes places
stratégiques de La Voix du Zaïre. Le sergent se dirigea vers les
studios de la radio où il trouva curieusement un journaliste
militaire. Il contraint semble-t-il celui-ci à faire passer un message
annonçant la fin du Régime Mobutu et appelant les autres

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militaires à se joindre à eux. Les autorités militaires informées,


la Garde civile intervint la première avec ses blindés. Les
capitaines Solo, Tovu, le Lieutenant Zote et les autres, maîtrisèrent
les mutins vers 2 heures du matin. Ils arrêtèrent quelques mutins,
mais le fameux sergent s'échappa. Vers 2 h 30 le Ministre de la
Défense nationale, Monsieur Ngbanda Nzambo Ko Atumba et
le Général Baramoto se rendirent sur les lieux. Le Général Nzimbi
arriva avec ses militaires quelque temps plus tard. Vers 4 heures,
l'on constata la mort d'un élément de la Garde civile. Cette action
fut attribuée aux mutins.
Je me souviens cependant que, cette nuit, j'étais à mon bureau
avec le Lieutenant-Colonel Makanda en train de préparer le
tableau d'avancement en grade des éléments de la Garde civile.
Ce tableau devait absolument être transmis au Ministère de la
Défense nationale le lendemain. Vers 21 heures, je vis un groupe
de militaires en tenue civile. J'en avais identifiés deux de la Garde
civile. Je descendis pour leur demander l'objet de leur visite à
cette heure-là. Ils me dirent qu'ils attendaient le Général. Je leur
dis que le Général n'allait plus passer au bureau à une heure si
tardive. Ils me dirent qu'ils étaient là sur l'ordre du Général.
J'avais alors appelé ce dernier au téléphone et lui avais expliqué
la situation. Il me dit que le Colonel Koti allait passer pour
arranger ce problème. Je regagnai mon bureau et continuai mon
travail. Après trente minutes, ces militaires disparurent. Aux
environs de 23 heures-minuit, les militaires qui habitaient à côté
du bureau m'apportèrent un poste de radio et me demandèrent
de suivre le message. La situation était morose. Nous avions
terminé notre travail à minuit trente et nous quittâmes les lieux.
Le lendemain, le Patron de la Garde civile reçut plusieurs
coups de fil et visites de courtoisie pour le féliciter et le remercier.
Le Président de la République qui était absent de la capitale l'avait
aussi appelé pour le féliciter. C'est grâce à lui que le régime avait
été sauvé!
Au procès, le Ministère public a poursuivi les «mutins»
pour« atteinte à la sûreté de l'État », meurtre, abandon de poste
et violation des consignes. Pour établir le meurtre, le Ministère
public exigea une descente sur les lieux. La reconstitution des
faits prouva à suffisance que les mutins, eu égard à leur
emplacement, n'avaient pas pu tuer eux-mêmes le militaire de la

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Garde civile. Celui-ci se trouvait de l'autre côté du bâtiment qui


donne vers le Camp Kokolo. Cette partie était occupée par la
DSP vers 3 heures. Le Ministère public disqualifia cette charge,
mais ne chercha pas à connaître l'auteur du meurtre en question.
L'analyse de tous ces faits suscita en moi plusieurs
interrogations. Pourquoi ces militaires étaient-ils venus au bureau
à une heure aussi tardive? Comment expliquer l'intervention si
rapide de la Garde civile et pourtant ceux qui avaient participé à
cette opération n'étaient-ils pas de faction et n'habitaient-ils pas
au même endroit? Comment expliquer le courage du Ministre
de la Défense et du Commandant général de la Garde civile qui
s'étaient rendus sur les lieux trente minutes après l'intervention
de la Garde civile?
Nous savons bien que les opérations militaires sont
généralement conçues par étape. La première équipe bénéficie
de la couverture de la deuxième équipe, la deuxième se fait couvrir
par une troisième, etc. Dans l'ordre normal, elles seraient prises
entre deux feux. Un sergent avec une section pouvait-il prendre
un tel risque? Comment expliquer la disparition dudit sergent?
Comment expliquer l'ascension du Colonel Koti qui devint
ensuite Général et Chef d'État-major du SARM, malgré son
incompétence! Comment expliquer le soutien du général
Baramoto au Lieutenant-colonel Tshinu qui devait répondre à
une mutation disciplinaire à Kananga car impliqué dans
l'extorsion d'une voiture de luxe pendant les pillages du
23 septembre 1991 ? J'avais lu la lettre dans laquelle le
Lieutenant-colonel Tshinu avait reconnu les faits et demandait
pardon à l'Auditeur général, le Général Fariala. Ce dernier avait
transmis une photocopie de cette lettre au Général Baramoto pour
lui expliquer les motivations de sa décision. Celle-ci ne fut jamais
exécutée. Le fameux Ministère public se serait rendu à Gbadolite
où il aurait été félicité par le Président de la République. Il aurait
reçu des cadeaux des mains du Président de la République et du
Général Baramoto, pour ses « loyaux services ».
Le coup fourré dit tentative de « Coup d'État militaire de La
Voix du Zaïre» aurait été monté par le Ministre de la Défense
nationale, Monsieur Ngbanda Nzambo Ko Atumba et exécuté
par le Général Baramoto dans le but de prouver la capacité des
autorités civiles et militaires Ngbandi de protéger le Régime et,

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de ce fait, renforcer leur crédibilité auprès du Maréchal Mobutu.


Il faut noter qu'à ce moment-là, le Ministre de la Défense
nationale, le Commandant général de la Garde civile, le
Commandant de la DSP, le Chef d'État-major du SARM et le
Commandant de Garde des Palais nationaux étaient tous des
Ngbandi.
L'on se souviendra cependant que Monsieur Ngbanda, alors
Administrateur général de l'AND, était un habitué des faux et
vrais coups fourrés contre le Régime de Mobutu, « coups» qu'il
prétendait neutraliser avec sa branche armée des FIS et des FAS.
L'outil de protection et d'oppression monté par le Maréchal
commençait sérieusement à se retourner contre lui.

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CHAPITRE V

LA « MANNE» RWANDAISE OU LE POISON FATAL

Le 4 avril 1994, je fais partie de la délégation conduite par le


Grand Amiral Mavua Mudima, à Goma. Une rencontre tripartite
Burundi-Rwanda-ZaÏre devait avoir lieu le lendemain 5 avril
1994. Tous les membres de la délégation furent logés dans un
hôtel tandis que le Grand Amiral fut logé dans la villa luxueuse
du Général Kikunda au bord du lac et non loin de la frontière
rwandaise. La nuit du 6 avril, nous apprîmes par la radio la mort
du Président rwandais Habyarimana et celle du Président du
Burundi, Cyprien Ntaryamira. Leur avion venait d'être abattu
par des missiles à l'aéroport de Kigali. Un choc! Le lendemain
matin, nous avions accompagné le Chef de la délégation qui tenait
à réconforter les militaires, les agents d'immigration et de douane
du Rwanda concernant le malheur qui venait de les frapper. Nous
étions obligés de rentrer à Kinshasa dans l'après-midi.

1. Le juteux commerce des armes rwandaises et zaïroises


La guerre éclata la même nuit du 6 avril, à Kigali, et se solda
par la victoire et la prise du pouvoir par le Front patriotique
rwandais (FPR). Plus de deux millions de réfugiés rwandais, avec
leurs biens, envahirent les régions du Sud-Kivu (Bukavu) et du
Nord-Kivu (Goma). Le gouvernement rwandais déchu avait
emporté avec lui la Banque centrale, les bus de transport en
commun, les véhicules officiels et privés; tandis que les Forces
armées rwandaises (FAR) avaient traversé avec tout le matériel
militaire (armes, munitions, véhicules, blindés, appareils de
communication, hélicoptères, etc.). Le contrôle d'une telle
situation était réellement délicat, mais avec le renfort venu de
Kinshasa et surtout la compréhension et le concours des chefs
militaires des FAR, la situation fut relativement bien maîtrisée.
Un désarmement fut accepté par les FAR, bien qu'ils gardèrent

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leurs annes individuelles. Le matériel récupéré à Bukavu fut placé


sous la gestion du Colonel Opango, Commandant de la
Circonscription militaire du Sud-Kivu. Et pour Goma, ce fut le
Général Tembele, Commandant de la région militaire qui s'en
chargea. D'autres armes furent récupérées par-ci, par-là par le
SARM et la Garde civile.
Le témoignage de Monsieur Ngbanda Nzambo Ko Atumba 17
à ce sujet est éloquent:
J'ai ainsi visité le Camp militaire de Goma où était entreposé
le matériel militaire rwandais. Il m'a fallu toute une journée
pour visiter cet arsenal riche et diversifié: toute la cour était
couverte d'engins lourds et modernes. Beaucoup d'entre eux
n'avaient jamais été utilisés. J'ai été même surpris de voir des
chars amphibie très modernes. Des hangars entiers étaient
pleins de centaines de milliers de fusils de toutes sortes, tandis
que trois bâtiments étaient pleins de munitions. Devant mon
émotion, car la quantité était réellement impressionnante, le
Général Tembele qui me guidait me dit: Monsieur le Conseiller
spécial, je vous vois très ému, vous n'avez rien vu ! Si vous
étiez venu plus tôt, vous seriez encore plus ébloui. Les
généraux Eluki et Baramoto ont évacué sur Kisangani près du
double de ce que vous voyez ici, y compris des hélicoptères et
des véhicules blindés.
Effectivement, les généraux zaïrois se lancèrent sans
vergogne dans le trafic du matériel militaire rwandais. Ainsi, le
Colonel Opango fut arrêté par lajustice militaire en janvier 1997.
Il a été poursuivi pour « détournement du matériel militaire ».
Pendant son interrogatoire, il soutint qu'il n' avait jamais détourné
le matériel militaire mais qu'il exécutait les ordres de son chef
hiérarchique, le Chef d'État-major général, le Général Eluki. Il
remit au Magistrat instructeur le tas de notes manuscrites du
Général Eluki lui donnant l'ordre de remettre les armes au Colonel
Ebamba, cousin du Général et Commandant des opérations au
Sud-Kivu. Ce dernier s'occupait de la livraison.
Un Major de la Garde civile qui s'occupait des services de
renseignements me confirma que le Général Tembele était aussi
impliqué dans le trafic d'armes. Il s'était certainement servi après
avoir servi les « grands». Comme les rumeurs persistantes
parlaient de l'implication du Général Baramoto dans ce trafic, je

17
Honoré Ngbanda Nzambo Ko Atumba : Ainsi sonne le glas! Les
derniers jours du Maréchal Mobutu, Édition Gideppe, Paris, 1998, p. 88.

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lui ai posé la question. Sans réfuter les faits, il m'a demandé de


préparer une fiche au Président de la République dans laquelle il
proposait au Président de les convoquer, lui et le Général Eluki,
afin de clarifier cette situation. Je n'ai plus connu la suite!
De même, le Général Voungbo, marié à une femme
burundaise, s'est lancé dans cette opération juteuse. Il a donné
plusieurs ordres au Commandant de la Garde civile du Sud-Kivu
de livrer les armes à Madame Gulamali, appelée communément
Madame Uzabuco (le nom de son entreprise) connue pour son
soutien à la rébellion burundaise. Les officiers du SARM n'ont
pas été en reste; ils ont livré des armes à Nyangoma, Chef de la
rébellion hutu burundaise. Toutes ces informations ont été
recueillies auprès d'un officier, témoin oculaire, qui a voulu garder
l'anonymat mais qui,j'en suis convaincu, écrira un j our et donnera
les preuves de ses allégations.
J'étais cependant troublé de la légèreté avec laquelle ce
brûlant dossier était géré au Ministère zaïrois de la Défense
nationale. J'avais encore une fois participé à une rencontre
bipartite Rwanda-Zaïre à Kinshasa et spécialement au Ministère
de la Défense nationale. Le Ministre des Affaires étrangères
Gasana, conduisait la délégation rwandaise tandis que le Grand
Amiral Mavua, Ministre de la défense était Chef de la délégation
zaïroise. Un seul point fut inscrit à l'ordre du jour: « la restitution
de tout le matériel militaire emporté par les FAR au Zaïre ». Le
Ministre Gasana maîtrisait réellement le dossier. Il avait la liste
du matériel militaire réclamé et cela, dans les plus petits détails.
Par contre, le Grand Amiral Mavua en a déçu plus d'un, donnant
l'impression de n'avoir jamais géré un tel dossier. Il réfutait tous
les arguments de la délégation rwandaise et n'accordait aucune
importance à la liste rwandaise car, disait-il, les nouvelles autorités
de Kigali ne pouvaient pas détenir une liste fiable du matériel
militaire dont elles n'avaient pas eu la gestion! Après discussion
et plusieurs incidents dans la salle, les travaux furent suspendus.
La partie zaïroise se retira pour confectionner une courte et
ridicule liste du matériel militaire qu'elle acceptait de remettre
au gouvernement rwandais.
Pendant la pause, le Ministre Gasana se retira avec son
téléphone pour communiquer certainement avec ses autorités.
Notre agent des renseignements enregistra de loin la

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communication du ministre qui nous fut traduite en français par


une personne qui connaissait le kinyarwanda. Le Ministre disait:
« Ils ne veulent rien reconnaître; ils veulent nous faire porter le
pagne et pourtant nous connaissons toute la situation ». Et comme
si le Ministre répondait à son correspondant (vraisemblablement
Paul Kagame), il ajouta: « Oui, ils le paieront très cher et cela
pour bientôt».
Les travaux reprirent; la liste fut remise à la partie rwandaise
et le jour de la remise du matériel à Goma fut fixé. L'atmosphère
pendant les travaux, il faut le reconnaître, n'était pas du tout
cordiale. La partie rwandaise était visiblement sous tension, trop
sûre d'elle-même, doublée d'un mépris à l'égard des Zaïrois.
Après les travaux, les propos enregistrés du Ministre rwandais
n'avaient suscité aucune réflexion ni analyse du Ministre de la
Défense nationale et des autres chefs militaires, à la grande
déception des officiers experts membres de la délégation.
Pendant que le Général Eluki vendait des armes, il s'adonnait
également à la vente des moteurs des avions militaires zaïrois
Hercule C130 ainsi que des pièces de rechange. J'avais eu le
privilège de conserver ce lourd dossier qui contenait des notes
manuscrites du Général Eluki adressées au Général Baruti, alors
Chef d'État-major de la Force aérienne. Ces notes donnaient
l'ordre au Général Baruti de prendre contact en Afrique du Sud
et de signer les contrats de vente du matériel militaire zaïrois.
Cette affaire fut révélée par le constructeur, car le contrat de vente
interdisait la cession de ce matériel à une tierce personne sans le
consentement du constructeur. Cette opération avait permis au
Général Baruti de s'acheter un avion de ligne (commercial).
Quelle fortune dû alors ramasser le « Grand Chef» ? La FAZA
n'avait plus aucun avion en état de vol à l'époque.
Le trafic d'armes étant l'affaire des « grands », les officiers
et soldats de toutes les unités se lancèrent dans l'extorsion des
biens des réfugiés. Les villes de Goma et de Bukavu devinrent
un grand marché de véhicules revendus à des prix dérisoires.
Les commandants qui avaient extorqué des bus se lancèrent dans
le transport en commun. Il fallait gagner à tout prix de l'argent
pour se construire ou s'acheter une petite maison à Kinshasa,
disaient-ils. Les activités militaires furent reléguées au second
plan et pourtant les menaces de l'Armée rwandaise (APR) étaient

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déjà prévisibles. Plusieurs rapports d'invasion étaient transmis à


la haute hiérarchie militaire. Un cadre civil zaïrois, monsieur
Beyeye Djema, avait fait un travail remarquable intitulé« Préavis
zéro messieurs les généraux» dans lequel il attirait l'attention
des généraux sur une situation explosive le long de nos frontières
avec le Rwanda. J'avais personnellement distribué ce document
à plusieurs chefs militaires. Mais cela n'avait suscité aucun intérêt.
Ils étaient tous distraits; autre chose de plus précieux les
préoccupait. Le Maréchal Mobutu, lui, était bien malade.

2. La guerre de 1996 ou Rébellion anti-Mobutu rwando-


ougandaise

C'est dans ces conditions que la coalition du Rwanda, de


l'Ouganda et du Burundi agressa le Zaïre en octobre 1996 en
occupant la ville d'Uvira le 19 octobre et celle de Bukavu le 30
du même mois. La chute facile de la ville de Goma, le 3 novembre
fut déterminante dans l'option d'une guerre totale afin de
démanteler le régime du Maréchal.
Il faut avouer que l'Armée rwandaise, avec son matériel
militaire, avait joué un rôle important dans la chute des villes de
Bukavu et de Goma. Je suivais ces événements directement au
téléphone cellulaire de notre commandant et à la radio phonique.
J'entendais même à l'écouteur les coups de feu.
À Bukavu, j'avais entendu le Lieutenant-colonel Karawa,
Commandant du Détachement de la Garde civile au Sud-Kivu,
dire: «Mon Général, je décroche et je vais me mettre en lieu
sûr ». L'opérateur radio, quant à lui, dira: «Je suis obligé de
détruire l'appareil », « la situation est grave, l'Armée rwandaise
fait son entrée dans la ville ». C'était le dernier message. Le
Capitaine Isiyo réussit à s'emparer d'un véhicule du HCR (Haut
Commissariat aux Réfugiés) dans lequel se trouvait une radio
phonique. Il avait aussi une radio mobile. Il utilisera la batterie
de cette radio pour nous envoyer les messages qui n'étaient plus
la situation du front mais le détail sur la débandade et la longue
débâcle des militaires vers Kisangani.
À Goma, l'Armée rwandaise avait attaqué sur deux fronts:
par le lac Kivu et par la frontière terrestre. Le Général Engwala,
qui pourtant n'avait pas bénéficié de la« manne» rwandaise, fut

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précipitamment affecté à Goma pour affronter cette situation


explosive. Le Général Tembele, par contre, le grand bénéficiaire
de la dite manne et co-auteur de la destruction de l'outil de travail
de l'Armée, fut épargné grâce à son affectation à Kisangani, loin
du terrain des hostilités. À son arrivée, le Général Engwala fit
l'état de la situation sur le terrain et conclut qu'une attaque venant
du Rwanda était imminente. Que le matériel et les hommes
n'étaient pas proportionnels à la force ennemie. Qu'il était temps
de prendre toutes les dispositions utiles. Le Général Engwala a
utilisé tous les moyens pour se faire entendre: nombreux
messages, coups de téléphone et rapports écrits au Chef d' État-
major général, le Général Eluki. Il fera la même chose avec le
Commandant général de la Garde civile, le Général Baramoto.
J'ai personnellement lu plusieurs messages et rapports de ce
général dans lesquels il décrivait même les itinéraires probables
de la progression ennemie. Mais, hélas, les chefs n'avaient plus
d'oreilles pour entendre ni de tête pour réfléchir et agir.
Au déclenchement des hostilités, le général Engwala réussit
à tenir ses positions malgré de faibles moyens et ce pendant trois
jours. Le renfort arriva enfin le 2 novembre dans l'après-midi
mais sous le feu croisé. L'Armée rwandaise aurait pu abattre cet
avion, grâce à la proximité entre la ville de Goma et celle de
Gisenyi, si elle en avait eu l'intention. Le Général n'avait plus
eu le temps de se réorganiser, le renfort, bien qu'insignifiant,
étant arrivé trop tard. L'Armée rwandaise entra dans le réseau de
communication de l'Armée zaïroise. L'APR suivait tous les ordres
donnés et l'un des militaires rwandais répétait souvent cet ordre:
« Ne tuez pas le Commandant, il faut le prendre vivant». La
guerre des nerfs avait commencé.
Il y eut combat toute la nuit et la ville tomba tôt le matin. Le
Général Engwala et quelques militaires essayèrent de tenir
l'aéroport de Goma, croyant encore à un miracle mais en vain.
Notre opérateur avait changé de fréquence et il avait capté l'un
de ses collègues qui avait certainement une radio mobile. Celui-
ci pleurait, incriminait les autorités de Kinshasa pour leur
mollesse, si pas complicité. Le Colonel Langa, de la Garde civile,
nous contactait au téléphone cellulaire. Il adressait le même
message au Général Baramoto. L'opérateur radio de la Garde
civile décrivait la même scène. Enfin, le Général Engwala

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ordonna le repli jusqu'à Sake, à plus ou moins 20 km de la ville


de Goma. Notre opérateur-radio continuait d'émettre jusqu'au
déchargement complet de sa batterie.
Le Général Engwala, originaire du Bas-Zaïre, était
malheureusement le seul général qui croyait encore que l'Armée
zaïroise pouvait se battre. Goma et Bukavu furent les seuls fronts
de l'Est qui opposèrent une certaine résistance, aussi éphémère
soit-elle. Ensuite, le repli tactique se transforma en une longue
retraite en débandade. Les militaires commencèrent le pillage et
arrachèrent des véhicule aux civils en marche eux aussi. Ceux
du Front Goma se dirigèrent vers Kisangani via Butembo pour
mettre leur butin en sécurité. Ceux du Front Bukavu se dirigèrent
également vers Kisangani via Walikale. Il n'était pas surprenant
de voir les commandants des unités arriver à Kisangani avant
leurs soldats.
Toute la population était désemparée et prit alors fait et cause
pour la Rébellion. L'Armée zaïroise venait encore de perdre cette
autre arme essentielle qu'est l'aide populaire. Toutes ces
informations me furent livrées par le Général Engwala lui-même
lorsqu'il retourna à Kinshasa, malade; ce brave officier ensuite
a été assassiné par les services du Président Kabila.
Après la chute de Goma et de Butembo en 1996, le Général
Eluki fut suspendu de ses fonctions et le Général Baramoto prit
la relève. À Beni, le Major Gaso, Commandant de la Garde civile,
envoyait des messages beaucoup plus rassurants au Général. Les
positions étaient tenues par la DSP et la GACI. Le Général
Baramoto y avait dépêché toute l'École des candidats officiers
et son Commandant, le Lieutenant-Colonel Mandjenga, un
officier compétent. Le jour suivant, le Général Baramoto recevait
personnellement les messages transmis en ngbandi et donnait
des ordres dans la même langue. Cette fois-ci à la radio installée
à sa résidence. J'entendis le Général dire: « Prenez les photos et
si vous avez une caméra, filmez cet événement ». Après la
réception, visiblement content, il me dit que les militaires s'étaient
bien comportés à Beni, car au cours d'un accrochage, ils avaient
tué plusieurs « rebelles» et ces derniers étaient maintenant en
débandade. Un renfort en hommes et en matériel était cependant
nécessaire.

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Le Général appela immédiatement le Premier ministre Kengo


Wadondo à qui il fit rapport. Le lendemain, un avion géré par le
Capitaine Nkongulu fut affrété et se rendit à Beni via Kisangani.
L'avion atterrit à Beni dans l'après-midi et déchargea tout le
matériel. Quelques minutes après le décollage de l'avion,
l'aéroport fut attaqué par un blindé et quelques Rebelles. Sans
trop de peine, l'aéroport fut investi. Le major lança encore un
message selon lequel il voyait plusieurs blindés venant de
l'Ouganda entrer dans la ville. Il annonça son repli et la radio se
tut. Les militaires, fidèles à leur tradition, pillèrent toute la ville,
saisirent des véhicules et dirigèrent leur fuite vers Kisangani.
Le Général Baramoto, visiblement déçu par ce renversement
de situation, convoqua tous les Chefs d'État-major des Forces
armées à qui il annonça la nouvelle. Je reçus l'ordre de rédiger
une note dénonçant l'agression dont le Zaïre était victime de la
part de l'Ouganda. La présence de plusieurs blindés ougandais à
Beni en était la preuve. Remise à un journaliste de La Voix du
Zaïre, cette information fut relayée par plusieurs radios
internationales. Quelques jours plus tard, un officier (capitaine)
de la Garde civile revint à Kinshasa pour raison de santé. Il me
raconta 1'histoire de la prise de Beni où il se trouvait.
Le Lieutenant-Colonel Mandjenga, inquiété par les messages
envoyés à Kinshasa, était entré dans le réseau de communication
du Major Gaso. Les services d'un soldat Ngbandi furent requis
pour la traduction. Le Lieutenant-colonel suivit tous les messages
du Major transmis au Général Baramoto. Le contenu de tous ces
messages n'était que le fruit de l'imagination du Major Gaso ! Il
n'y avait jamais eu d'accrochage et encore moins de morts dans
le camp de la Rébellion à Beni. Un seul blindé léger avait été
aperçu à l'aéroport et il n'était certainement pas venu de la
frontière ougandaise car il devait traverser toute la ville avant
d'atteindre l'aéroport. Cet officier ajouta que quelques jours
auparavant, un grand conteneur hermétiquement fermé en
provenance de la frontière ougandaise avait été déposé à
l'aéroport sous la supervision et la garde du Major Gaso. Selon
l'analyse du Lieutenant-colonel Mandjenga et des autres officiers,
ce conteneur aurait transporté ce blindé léger et le Major Gaso
aurait été corrompu pour faciliter l'opération. C'est ce blindé

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qui intervint juste après l'attaque des rebelles qui facilita la prise
de l'aéroport et de la ville.
Il faut noter que la corruption des officiers et des militaires
zaïrois était devenue monnaie courante. Les fraudes douanières
et la contrebande dans les régions frontalières étaient souvent
facilitées par les militaires corrompus. Les chefs hiérarchiques
en tiraient également profit.
Un j our,je vis arriver le Major Gaso à la résidence du Général
Baramoto, où il fut reçu avec beaucoup d'enthousiasme. Le
Général le traitait de « Brave ». Je n'avais cependant pas jugé
utile de livrer cette information au Général qui aurait été perçue
comme une campagne de dénigrement d'un officier Ngbandi ;
d'autant plus que l'information m'était livrée par un officier
originaire de ma région natale, le Kivu.
La chute de Beni obligea le Général Baramoto à prendre un
contingent d'ex-gendarmes katangais gérés par la Garde civile
au Shaba (Katanga) et à l'envoyer à Bunia dans l'espoir de contrer
la progression de la Rébellion. Avant que le contingent ne soit
opérationnel sur le terrain, le Général Mahele avait pris le
commandement de l'État-major général. Il ignorait totalement
la présence de ces ex-gendarmes katangais qui intégrèrent
facilement les rangs de la Rébellion avec tout le matériel mis à
leur disposition!

3. Pillage et fuite
Sur l'axe Bukavu-Kindu, la scène fut la même: le pillage
systématique. La cité de Kamituga, un centre d'exploitation d'or
et d'étain de la SOMINKI (Société minière du Kivu) fut pillée.
Le commandant chargé de la garde des installations aurifères en
profita pour vider toute la réserve d'or. Dans la zone (territoire)
de Shabunda, ma zone natale, les poules, les chèvres, les cochons
disparurent des villages. Les militaires pillards ont tout emporté
dans leur fuite. Des fouilles et explorations corporelles étaient
pratiquées sur les orpailleurs. Devant toutes ces exactions, les
rebelles étaient attendus comme des libérateurs évidemment.
Ainsi, un groupe dynamique de jeunes, encadré par le Professeur
Lambisho, s'organisa pour faire fuir les militaires. Ils se rendirent
à 10 km de la cité de Shabunda avec vélos et motocyclettes.

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D'autres jeunes étaient à pied. Ils firent courir une rumeur selon
laquelle ils avaient vu les rebelles puissamment armés et qui
rasaient tout sur leur passage. Ils rentrèrent dans la cité qui avec
bagages sur le vélo ou sur la moto, qui avec bagages sur la tête
ou sur le dos. Ils demandèrent à leurs frères de se réfugier dans
la forêt. Toute la cité fut agitée et la nouvelle provoqua la
débandade dans le camp des militaires! Ces derniers quittèrent
la cité et se réfugièrent à Kalima. Monsieur Lambisho rappela la
population à la cité qui resta plusieurs jours sans aucune pression
ni des militaires ni des rebelles.
Le Centre minier de Kalima et la ville de Kindu tombèrent
également sans résistance. Et pourtant la veille, le Général
Kalume Numbi avait fait des déclarations sur les antennes de
RFI (Radio France Internationale de Paris) selon lesquelles la
ville de Kindu, siège de l'État-major du Front Est, ne tomberait
pas. En effet, la ville de Kindu est protégée par deux obstacles
naturels: la rivière Elila et le fleuve Zaïre (Congo). Le pont de la
rivière Elila était semble-t-il bien tenu par l'armée mais la
population a facilité la traversée des rebelles avec ses pirogues
et a surpris les autres par le flanc. Les militaires eurent la
possibilité de se replier jusqu'à Kindu. Cette débandade provoqua
une panique en ville. Le Colonel Kinsempia, le Commandant-
adjoint des opérations, s'envola avec son hélicoptère du
Commandement jusqu' à Kananga. Les autres militaires pillèrent
la ville avant de se diriger vers le KasaÏ. La ville de Kindu tomba
comme les autres, dans la nuit du 2 au 3 mars 1997.
La ville de Kisangani, présentée comme une forteresse où
tout le matériel était opérationnel, retenait encore son souffle. Le
Général Amela Lokima Bahati qui, malgré les hautes fonctions
exercées, n'était pas favorable au pouvoir mobutien, en fut
nommé Commandant des opérations. La présence des
mercenaires et de quelques avions de chasse faisait de Kisangani
une ville à partir de laquelle une attaque « totale et foudroyante»
allait commencer selon Kinshasa. Hélas, le manque de
coordination entre les troupes du Général Amela et les
mercenaires facilita la prise de Kisangani. Les avions, hormis
une seule bombe larguée sur le marché de Bukavu, ne firent
aucune autre sortie. Pour justifier la défaite de Kisangani, les
militaires parlèrent de torches infrarouges que détiendraient les

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rebelles et qui les éblouissaient, les empêchant ainsi de combattre


la nuit. En réalité, après avoir pillé toute la ville, les militaires se
retirèrent avec leur butin et la ville fut prise sans combat.
Malgré sa maladie, le Président de la République, Mobutu,
prit son bâton de pèlerin afin de demander le secours d'urgence
de ses homologues africains. Plusieurs rencontres entre chefs
d'État furent organisées. Ses proches collaborateurs sillonnèrent
le monde rappelant aux « amis» du Maréchal leurs anciens
souvenirs et la nécessité de sauver son régime. Mais en vain.
L'époque de la guerre du Shaba 1977-1978 était dépassée. La
guerre froide aussi avait vécu. L'alibi était le «massacre du
campus de Lubumbashi» qui avait isolé le régime Mobutu et
verrouillé toute aide étrangère.

4. Un château de cartes
Lubumbashi, la capitale du Shaba et les villes avoisinantes,
poumon jadis de l'économie zaïroise, tombent le 23 mars 1997
malgré la résistance des troupes de la DSP. Le 5 avril, la ville de
Mbuji-Mayi, la capitale diamantifère et le fief de l'opposant
Étienne Tshisekedi, tombe sans combat sous le contrôle de la
Rébellion. La population accueille triomphalement les libérateurs.
Le Président Délégué Général de la MIBA (La Minière de
Bakwanga) Jonas Mukamba, complice de Mobutu dans
l'assassinat de Lumumba et dans plusieurs missions spéciales,
reste en ville. La ville de Kananga, qui ne présentait aucun enjeu
particulier, tombera d'elle-même le 15 mars 1997. La ville de
Bandundu sera abandonnée par l'Armée zaïroise et occupée sans
beaucoup de peine par la Rébellion.
L'UNITAangolaise accepte enfm d'intervenir dans le conflit!
Le Général Mahele, qui, comme tout le monde le sait, agissait
déjà en connivence avec la Rébellion, ne sera pas informé de
cette opération. L'action combinée de l'UNITA et de la DSP
bloquera les rebelles à Kenge pendant plus ou moins trois
semaines, donnant ainsi l'espoir au Régime de pourvoir prolonger
son agonie. L'Angola de Dos Santos qui avait longtemps et trop
souffert du comportement inamical du voisin zaïrois et « Guide
de la Révolution» intervient alors dans le conflit. Avec l'aide du
Général Mahele qui aurait livré certaines informations et celle

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de la population, les troupes angolaises vont enfoncer le


« bouchon» de Kenge et ouvrirent à l'AFDL la voie vers
Kinshasa.
Enfm, les troupes de l'AFDL18entrerait triomphalement sans
combat dans Kinshasa, sous les applaudissements vibrants de la
population, le samedi 17 mai 1997. Une journée inoubliable et
sans précédent. Huit mois ont donc suffi pour conquérir un sous-
continent, le Zaïre. Une conquête sans beaucoup de pertes en
vies humaines dans les deux camps belligérants. Mais qui aura
fait des centaines de milliers de victimes « collatérales» parmi
les réfugiés Hutu chassés du Kivu.
Entre-temps, Laurent-Désiré Kabila s'est autoproclamé
« Président de la République» dès Lubumbashi et Mobutu a quitté
le pays via Gbadolite sous le feu nourri de ses frères Ngbandi
que la DSP avait recrutés dans leurs villages afin d'assurer la
protection de « l'Aigle de Kawele » ! La fin pitoyable d'un règne
sans partage sur plus de trois décennies.

18
L'AFDL (Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération) est la
couverture politique « congolaise» (plus ou moins réelle et existante) des armées
de Kigali et Kampala en campagne au Zaïre.

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CHAPITRE VI

RECONVERSION FORCÉE, LA MORT OU LA FUITE

1. À Kitona. pour « la refonte idéologique»


Pendant que les militaires de l'AFDL occupaient les points
stratégiques de Kinshasa, Laurent-Désiré Kabila s'autoproclamait
Président de la République démocratique du Congo depuis
Lubumbashi. Le lendemain, la radio nationale balançait la
fameuse chanson« Babotoli Tonga, Luba Lisusu, Tokokani »19.
souvent entrecoupée par un communiqué sommant les militaires
ex-FAZ à venir remettre les armes dans les camps militaires les
plus proches ou au stade Kamanyola. « Les récalcitrants seront
sévèrement sanctionnés» clamait la Rébellion. Les militaires en
nombre s'exécutèrent; les récalcitrants étaient dénoncés
impitoyablement par la population qui réglait ses comptes avec
les militaires des FAZ qui les avaient spoliés, torturés et tués
pendant si longtemps. Le Capitaine Djoli, Conseiller juridique
et porte-parole à la Primature, s'était illustré pendant les dernières
semaines du Régime Mobutu par ses points de presse avec les
journalistes nationaux et étrangers. Il leur expliquait les victoires
imaginaires des FAZ sur le terrain. Lui aussi se rendit au Camp
Mobutu de Lemba remettre ses armes. Au moment où il se trouvait
devant les préposés, son téléphone cellulaire sonna. Les
Kadogo20qui venaient tout droit « de la forêt» furent surpris par
le bruit insolite. Le capitaine répondit, mais il fut évasif et éteignit
très vite son téléphone. Les Kadogo demandèrent le nom du
correspondant qui était semble-t-ille Général Likulia, mais le
capitaine refusa de s'exécuter. Il fut arrêté et battu comme plâtre.

19
On vous a arraché le pouvoir, sois encore arrogant mais tu es devenu le
commun des mortels.
20
Enfants-soldats enrégimentés par Kabila à partir de Goma et du célèbre
défilé militaire des enfants aux bottes de caoutchouc, tout début 1997.

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Il eut la vie sauve grâce à un ancien militaire des FAZ. Le capitaine


Djoli put s'évader; il traversa le fleuve pour Brazzaville avant
de se rendre au Gabon.
Quelques jours plus tard, un autre communiqué fut lancé à
la radio et à la télévision appelant tous les militaires ex-FAZ à se
rendre à Kitona « pour une formation idéologique ». Cette base
avait une capacité d'accueil de plus ou moins 10,000 hommes
au moment où toutes les infrastructures étaient bien entretenues.
Située sur un plateau non loin de l'embouchure du fleuve Zaïre,
la base de Kitona avait pour mission la défense de la région du
Bas-Zaïre et une partie de la région du Bandundu. Il y vivait
ainsi des militaires permanents et de nombreux élèves au sein
des différentes écoles (école Chefs de section, Chefs de peloton,
Commandants de compagnie, écoles d'artillerie, d'infirmiers, de
brancardiers, etc.). Un grand hôpital assurait les soins médicaux
des résidents et de la population avoisinante. Une centrale
thermique desservait la base en électricité, tandis qu'une moto-
pompe fournissait de l'eau. Avec la déstructuration de l'armée
déjà bien avancée, tous ces services ne fonctionnaient plus
normalement. La centrale thermique ne fonctionnait plus faute
de carburant et de pièces de rechange vendus par les différents
commandants. Ceci entraînant la paralysie des autres services
tels que 1'hôpital, la cuisine collective, quelques écoles, le
fonctionnement de la moto-pompe, avec comme conséquence le
manque d'eau. De nombreuses maisons étaient déjà détruites
sinon pillées par les militaires eux-mêmes. Cette situation avait
provoqué un mouvement de désertion sans précédent, laissant la
Base de Kitona quasiment vide.
C'est dans ce cadre délabré que le Président Kabila enverra
plus ou moins 45,000 militaires ex-FAZe Évidemment, ceux-ci
passaient la nuit à la belle étoile. Ceux qui dormaient sous le
hangar étaient « bien logés ». Les denrées alimentaires étaient
insuffisantes. Le manque d'eau et fatalement le manque
d'installations sanitaires ne pouvaient provoquer que des
épidémies. Ajoutés à cela les mauvais traitements auxquels les
ex-FAZ étaient soumis (chicotte, corvée, tortures, sodomie,
exécutions sommaires, etc.). Plusieurs militaires trouvèrent la
mort dans ce camp de concentration, dans l'indifférence totale
des nouvelles autorités civiles et militaires.

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Les familles restées à Kinshasa furent soumises à la


mendicité. Les épouses et les enfants, surtout les filles, furent
victimes de toutes les exactions (déguerpissements, viols, etc.).
Ces militaires ex-FAZ vivront dans ces conditions inhumaines
jusqu'au déclenchement de la nouvelle Rébellion début
août 1998. Cet épisode n'était en fait que le début de la grande
misère de l'Armée ex-zaïroise.

2. Le Colonel Singbo, la première victime


Le Colonel Singbo, breveté de l'administration militaire, avait
été détaché à la Garde civile en 1990. Son expérience dans la
gestion du personnel était d'un apport appréciable. Il avait comme
attribution la gestion du personnel, les mouvements (mutations)
et la paie des éléments de la Garde civile. A la chute du régime
Mobutu, il resta à Kinshasa comme d'autres officiers, espérant
bénéficier du principe de continuité des services publics de l'État.
Cependant, son passage à la Garde civile avait fait de lui une
cible des services de sécurité. Il était classé parmi ceux qui étaient
en contact avec le Général Baramoto. Les informateurs avaient
même précisé que le Colonel détenait une mallette satellitaire
pour lui faciliter toutes les communications.
Un jour, au mois de juillet 1997, se trouvant à bord de la
voiture d'un professeur d'université, il remarqua qu'ils étaient
pourchassés par une jeep des militaires. Il fit signe à son ami qui
accéléra en vue de s'arrêter à un endroit où il y avait davantage
de gens. Le professeur s'arrêta effectivement quelques mètres
plus loin. Lorsque le colonel voulut sortir de la voiture, la jeep
s'immobilisa derrière eux et les militaires débarquèrent. L'un
d'eux cria: « c'est lui ». Un autre tira un coup de feu et dit: « il
voulait s'enfuir ». Le colonel s'écroula. Les militaires fouillèrent
la voiture, recherchant la mallette satellitaire mais en vain. Ils
jetèrent leur victime dans la jeep et démarrèrent en trombe.
Vers 13 heures, le Lieutenant-colonel Lite, le Major Madiana
et le Capitaine Nkumu se rendaient à la cité de l'Oua, qui faisait
office de nouveau commandement militaire pour l'armée de
Kabila. Ils entendirent une personne crier à bord d'une jeep
abandonnée sous un soleil accablant. Ils se rapprochèrent et ils
identifièrent la victime. L'hémorragie était forte et le colonel
semblait épuisé. Le Lieutenant-colonel Lite, pourtant son frère

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Ngbandi, fit semblant de ne pas le reconnaître de peur de subir le


même sort. Le Major Madiana fit de même. Le Capitaine Nkumu
eut le courage d'interpeller l'un des militaires membres du
commando. Comme tous les militaires ne se connaissaient pas
encore, le capitaine se fit passer pour l'un des leurs et demanda
quelques informations. Il proposa toute de même que le
« suspect» soit conduit à 1'hôpital car s'il mourait, l'armée
risquait de perdre toutes les informations sur le général Baramoto.
Sur ordre d'un de leurs chefs, le Colonel Singbo fut conduit à
l'hôpital Ngaliema où il sera reçu en urgence par un groupe de
médecins. Il fut mis sous transfusion et les médecins cherchèrent
à extraire la balle. Il n'était heureusement atteint qu'à la jambe.
Après quelque temps, les médecins rassurèrent le professeur que
le colonel était hors de danger mais il devait être soumis à des
soins intensifs. Deux jours plus tard, un groupe de militaires se
rendit à 1'hôpital, enleva le colonel et le conduisit à la
DEMIAP210ù il fut soumis à un interrogatoire serré sur ses
relations avec le Commandant général de la Garde civile. On
exigea qu'il dévoile le plan « déjà monté» pour déstabiliser le
nouveau régime! Il devait également citer tous ses « complices»
qui se trouvaient à Kinshasa. Le professeur qui était à sa recherche
fut arrêté et détenu à la DEMIAP.
Au troisième jour de sa détention, sans soins malgré la
protestation des médecins, son état de santé se dégrada. Il fut
conduit, sous bonne escorte, à l'hôpital militaire de Camp Kokolo
dépourvu des produits pharmaceutiques et du matériel approprié.
Il y fut soigné tant bien que mal mais la plaie s'était déjà infectée.
Les médecins militaires décidèrent d'amputer la jambe. Le
lendemain, cela fut fait. Comme aucune évasion n'était
acceptable, les autorités de la DEMIAP affectèrent une garde
militaire auprès du« suspect ». Aucune visite ne lui était autorisée
sauf celle de son épouse et de son petit frère. Toutes ses
correspondances devaient préalablement être lues. Entre-temps,
d'autres militaires se rendirent à sa résidence pour procéder à
une perquisition. Faute de preuve, ils emportèrent tout, même
les effets personnels. Dans cet état de traumatisme, le colonel
restera pendant quatre mois à l'hôpital. Il sera reconduit chez lui
21
La DEMIAP a remplacé les services secrets (SNIP, SARM etc.). Elle
opère de la même façon brutale et systématique.

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et placé sous contrôle de la DEMIAP. Tous les deux jours, un


agent devait passer se rendre compte de sa présence et faire
rapport à la hiérarchie.
Lorsque les bruits coururent à Kinshasa selon lesquels le
Général Baramoto faisait partie de la nouvelle « Rébellion de
l'Est », les autorités de la DEMIAP décidèrent de remettre le
colonel Singbo en détention! Prévenu, celui-ci quitta
clandestinement le pays pour se réfugier en Suède. Son grand
frère, venu de l'Équateur pour cette circonstance, son petit frère
et le professeur furent arrêtés, torturés, et détenus à la DEMIAP.
Ils « devaient» fournir toutes les informations nécessaires en
vue de l'arrestation du colonel. Plusieurs visites insolites de
militaires bien armés se succédèrent à la résidence du fugitif. Sa
femme et ses enfants furent obligés d'abandonner la maison et
de se réfugier ailleurs. Le colonel, là où il se trouve, tellement
traumatisé qu'il est, n'ose même pas évoquer son histoire croyant
hélas que son silence préservera sa pauvre famille restée à
Kinshasa.

3. Arrestations et exécutions en cascade


Le cas du Colonel Singbo avait mis en branle les services de
sécurité civile, militaire et la police. Tous convaincus qu'un
complot se tramait contre le nouveau régime et que des mesures
préventives rapides étaient nécessaires.
Pour mieux faciliter l'opération, une liste des proches du
Général Baramoto susceptibles d'être informés du « complot»
fut dressée. Plusieurs équipes de filature furent organisées et
dotées des moyens nécessaires.
Le Colonel Mulamba, ancien secrétaire général mais aussi
associé aux affaires privées du général, fut arrêté dans les
installations de la Minoterie de Kinshasa (MINOKIN). Il semble
qu'il était en train de retirer de l'argent. Comme le général
Baramoto était le partenaire influent de cette société, les services
de sécurité conclurent que cet argent était destiné à payer les
agents et les militaires chargés de l'exécution du « complot». Il
fut arrêté, battu et jeté dans une cellule obscure de la
Circonscription militaire réservée aux délinquants dangereux. Il
n'avait droit à aucune visite ni aux soins médicaux. Il ne pouvait
pas sortir de sa cellule, ni voir la lumière ni prendre une douche.

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Il ne mangeait qu'une seule fois tous les deuxjours. Cette nouvelle


fut répandue par quelques éléments de la Garde civile récupérés
dans la police et qui étaient affectés à sa garde. Depuis lors, je
n'ai reçu aucune autre nouvelle de ce colonel. Tous les contacts
pris avec les officiers qui ont pu quitter le pays et les membres
de sa famille n'ont en rien renseigné. Il est presque certain qu'il
n'est pas à Kinshasa. Où alors? Serait-il encore en détention?
Le Capitaine Mukoko, ancien commandant de la Garde civile
à Isiro, fut également arrêté quelques jours plus tard. En effet, le
Capitaine Mukoko était affecté au Service des recherches et
enquêtes de la Garde civile. Ce service était spécialisé dans les
investigations en matière douanière et dans la répression des
manifestations politiques. Il avait eu des relations très étroites
avec plusieurs hommes d'affaires libanais, spécialistes en fraudes
douanières. Ces manœuvres frauduleuses offrirent d'ailleurs au
capitaine l'occasion de se constituer une petite fortune. Il fut
ensuite affecté à Isiro non seulement comme commandant de la
Garde civile mais aussi comme protecteur des Comptoirs d'or et
de diamant tenus par les sujets libanais associés du Général
Baramoto. Il avait tout à sa disposition: jeeps, camions, phonie,
groupes électrogènes, argent, pour lui faciliter le travail. Tous
les autres services de l'État qui faisaient figure de parents pauvres,
notamment la sous-région, la gendarmerie nationale, le service
de sécurité civile, devaient courir derrière le capitaine Mukoko
pour solliciter certaines faveurs.
À l'avènement du nouveau régime, le Lieutenant-colonel
Mbaruku, qui était Commandant de la Gendarmerie nationale à
Isiro, devint la deuxième personnalité de la Police nationale. Le
Capitaine Mukoko, fort de ses relations avec le Commandant
Munene, originaire de la région du Bandundu comme lui, se fit
recruter à la Police nationale et fut affecté à la Police
d'intervention rapide (PIR) qui avait pratiquement hérité des
missions du Service de recherches et d'enquêtes de la Garde
civile. Le Lieutenant-colonel Mbaruku eut l'occasion de régler
ses comptes et livra aux instances supérieures toutes les
infonnations sur le Capitaine Mukoko. Ce dernier fut arrêté, battu,
torturé etjeté au cachot de la Circonscription militaire. Il subit le
même sort que le Colonel Mulamba. Il semble qu'il ait été libéré
après plusieurs mois de détention sans jugement mais il est

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« récupéré» par les Services de sécurité à chaque fois que les


rumeurs d'un quelconque « complot» affleurent.
Le Capitaine Mpoka, ancien des FIS (Forces d'intervention
spéciales) de l'AND, était l'intendant du Général Voungbo mais
aussi son bras de fer dans l'exécution des sales besognes. Il fut
suspecté d'avoir plastifié le complexe industriel et commercial
de Monsieur Kazyumba sur ordre de son chef. Ce capitaine fut
arrêté par la fameuse DEMIAP. Sous torture, il fut obligé de citer
les noms des autres officiers de la Garde civile qui étaient de
connivence avec le général Baramoto. Il donna les noms de tous
les proches collaborateurs du Général.
Le Colonel Mazaba, ancien commandant de la Garde civile
dans le Haut-Zaïre, le Colonel Langa, ancien commandant de la
Garde civile au Nord-Kivu, le Colonel Kusa-Kusa, ancien
commandant de la Garde civile au Maniema, le Colonel Game,
ancien commandant de la Garde civile au Bas-Zaïre, le
Lieutenant-colonel Bomwenda (femme) ancien chef du Service
des recherches et enquêtes, le Lieutenant-colonel BaIe, ancien
commandant de Maluku, le Major Madiana, ancien chef du
Protocole et des relations publiques au Cabinet du commandant
général et d'autres officiers encore, furent tous arrêtés. Ils
n'échappèrent pas à la torture et à d'autres traitements inhumains.
Le colonel Game, qui était déjà malade, ne supporta pas ce
traitement et mourut quelques semaines plus tard. Le Lieutenant-
colonel BaIe fut attaché à un arbre et chaque militaire pouvait lui
administrer des coups à volonté. Il y passa toute une journée. En
fin de compte, il commença à uriner du sang.
Malgré ces dénonciations, le Capitaine Mpoka fut exécuté
sans jugement à Kinshasa. Le Colonel Mazaba fut tué dans le
même groupe que les généraux Bekazwa, Mulimbi et Engwala.
Sa résidence fut investie à plusieurs reprises par les militaires
qui, une fois, ont soumis ses jeunes filles à des traitements
indescriptibles. La veuve ne dut son salut qu'à la fuite. Cette
famille a été obligée d'abandonner sa maison du quartier
Jamaïque à Kintambo et vit présentement ailleurs. L'Adjudant
Katamba Mopero et le chauffeur Mikuni de la Garde civile furent
abattus au Stade Kamanyola en présence d'autres militaires en
détention.

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4. Déportations à Boluo (Katanga)


Je me souviens qu'un officier supérieur de la Gendarmerie
nationale m'avait informé que le Général Lango Tokpwi avait
comme mission spéciale d'éliminer physiquement les généraux
Amela et Elesse, réfugiés à!' Ambassade de Belgique. L'Intendant
du Général Amela avait vu le Général Lango en tenue bizarre
aux environs de l'Ambassade, accompagné de certains militaires
qui, selon lui, semblaient avoir une mission spéciale. Il informera
les deux généraux de cette situation. Ceux-ci qui avaient fait croire
qu'ils s'étaient réfugiés à l'Ambassade non pour se protéger
contre les nouvelles autorités avec qui ils étaient déjà en contact
pendant la première rébellion mais pour échapper à l'assassinat
programmé par certaines autorités des FAZ et de la Garde civile,
conclurent que le Général Lango voulait réellement exécuter cette
sale besogne. Ainsi, cet ancien de la DSP, originaire de l'Équateur
et protégé du Général Baramoto, fut-il présenté aux nouvelles
autorités comme le chef du commando. Il semble cependant que
le Général Lango s'était réfugié dans un appartement aux Galeries
présidentielles qui se trouvent à côté de l'Ambassade de Belgique.
Il fut arrêté, battu, torturé et transféré à la prison de Boluo au
Katanga. Le Colonel Gwato, ancien Commandant de la Garde
civile dans la ville de Kinshasa et ancien Chef d'État-major
adjoint du SARM, Chargé d'actions, considéré comme membre
du commando fut également arrêté, battu, torturé et transféré à
cette fameuse prison de Boluo. Les bruits ont couru depuis qu'il
serait mort. Mais, je ne l'affirme pas.
Le Major Nganda Baramoto, le jeune frère du Général
Baramoto, s'était réfugié à Brazzaville après la chute du Régime
Mobutu. Quelques jours plus tard, une guerre éclatera dans cette
ville, opposant le Président Lissouba au Général Sassou Ngesso.
Le Président Lissouba accusa le Général Sassou d'utiliser les
militaires des ex-FAZ. Ainsi, il voulait s'attirer la sympathie du
Régime Kabila. Voulant se rendre à Pointe-noire, le Major Nganda
fut arrêté à l'aéroport de Mayamaya. Il fut présenté aux autorités
militaires du Congo-Brazzaville qui le conduisirent au Président
Lissouba. Celui-ci décida sa mise à la disposition des nouvelles
autorités de Kinshasa. Ce qui fut fait. Un geste« d'amitié» de la
part du Président Lissouba envers le voisin nouvellement en place.
Le Major Nganda arrivera à Kinshasa menottés et sous bonne

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escorte. Il sera récupéré par le fameux service de la DEMIAP.


Comme à l'accoutumée, il sera battu et torturé. Enfin, il sera
transféré à la prison de Boluo d'où toute évasion est quasiment
impossible.

5. Voungbo Ndebo de l'ex-garde civile alias « Pasteur


Nzita »
Retournons en arrière à l'époque mobutienne. Le Sous-
lieutenant Voungbo Ndebo avait été affecté à la Garde civile
en 1987, où il fut nommé Directeur administratif et financier
(DAF). Il jouissait alors de la confiance totale du commandant
général et devint la personne la plus importante et même
incontournable de ce service. Pour le mettre à l'aise dans ses
fonctions, le Général Baramoto le fit monter en grade tous les
trois mois. Le Sous-lieutenant Voungbo devint ainsi Major
en 1988. Quatre ans plus tard, après avoir été nommé Lieutenant-
colonel en 1989, Colonel en 1990, il devint « Général des
brigades» en 1992. Venu à la Garde civile avec une paire de
sandales et un pantalon, « le sous-lieutenant devenu général»
divorça d'avec la pauvreté et devint, grâce à la mauvaise gestion
et au détournement du dernier public, l'officier le plus riche de
la Garde civile. Atteint de la folie des grandeurs, il se distingua
dans la consommation du champagne dans les différents clubs
luxueux de Kinshasa. Le rapt des femmes mariées et le
détournement des mineures furent parmi ses activités privilégiées.
Il fut même suspecté d'avoir ordonné de plastifier le complexe
industriel et commercial de Monsieur Kazyumba dont il avait
ravi la femme. Malgré la plainte déposée contre lui à la justice
militaire et certains indices de culpabilité, aucune action judiciaire
ne fut engagée contre ce protégé du Général Baramoto.
Propriétaire de plusieurs villas, « le Sous-lieutenant général»
ne manquait pas de s'acheter les voitures les plus remarquées de
Kinshasa. Les dépouilles mortelles des éléments de la Garde
civile, de leurs épouses ou de leurs enfants, pouvaient traîner
dans les morgues faute de paiement des frais médicaux et
funéraires, pourvu qu'il puise dans la caisse de l'État et boive
son «verre» de champagne! Quant aux «frais de
fonctionnement », il donnait à qui il voulait et quand il voulait.

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Tout le monde lui devait obéissance, grâce à son « argent ».


Il était en conflit permanent avec tous les officiers qui voulaient
être indépendants vis-à-vis de lui. Il n'avait aucune considération
envers les deux adjoints du Commandant général. Il n'exécutait
jamais leurs instructions même si ces derniers agissaient pour le
compte de leur chef. Quant à moi, il me livrait une guerre froide.
Apparemment en bons termes, ce Sous-lieutenant écrivait des
lettres prétendues anonymes contre moi et les remettait au
Commandant général. Il tentait de convaincre le Commandant
général qu'étant originaire du Kivu,j'étais un homme moins sûr,
de connivence avec l'opposition. Je ne pouvais donc pas exercer
les fonctions de Directeur de cabinet. Une fois le Général
Baramoto m'avait remise une de ses lettres en sa présence!
Plusieurs actions menées contre moi m'étaient souvent rapportées
par ses gardes du corps qui avaient de la sympathie envers moi.
En fait, cet ambitieux officier voulait imposer son valet au Cabinet
du Commandant général pour mieux contrôler toute la Garde
civile. Cela pour le passé.
Au début de la première Rébellion de l'Est, après avoir obtenu
une somme d'argent importante du Gouvernement, le Général
Baramoto dépêcha« ce sous-lieutenant général» en Europe pour
acheter les armes. Cet homme, aux connaissances fort limitées
dans l'art de la guerre et friand d'une bonne vie, ne pouvait que
se compromettre dans sa mission. Il acheta du matériel obsolète
qui ne servit pratiquement à rien.
Curieusement, cet enfant chéri joua un rôle très important
dans la chute de son parrain. Au mois de décembre 1996, le
Général Baramoto était nommé Chef d'État-major général des
FAZ aj. en remplacement du Général Eluki. Il était en même
temps Commandant général de la Garde civile. Le Général
Voungbo crut qu'il était temps pour lui de devenir Commandant
général de la Garde civile. Il fit alliance avec plusieurs groupes
d'influence qui avaient des comptes à faire payer au Général
Baramoto. Il se jeta aux basques du Premier ministre Kengo wa
Dondo auquel il livra plusieurs informations contre son chef. Il
faut rappeler que le Premier ministre avait juré de faire tomber
Eluki et Baramoto. Ce dernier avait cautionné la conférence de
presse tenue par le Général Eluki accusant le Premier ministre
Kengo (de mère rwandaise et de père polonais!) comme

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responsable de la défaite militaire sur le terrain car il refusait de


débloquer les fonds réclamés par la Haute hiérarchie militaire.
Le Premier ministre réussit à déboulonner le Général Eluki et à
élever Baramoto pour mieux le jeter à terre.
Voungbo se rendit également utile dans le sérail du Général
Mahele qui avait juré de prendre sa revanche. A la fin du mois
de décembre 1996, le Général Baramoto s'écroula. Il perdit non
seulement l'État-major général des FAZ mais aussi la Garde
civile. Le Général Voungbo Ndebo devint, sans rire, le
« Commandant général de la Garde civile ». Il devint aussi le
collaborateur privilégié du Général Mahele.
Avant la publication des ordonnances portant nomination des
nouvelles autorités militaires, le Général Baramoto m'appela à
sa résidence et m'informa qu'il avait perdu ses fonctions mais il
avait proposé le Général Voungbo pour le remplacer à la Garde
civile. Cependant, après la prise effective de ses fonctions, le
nouveau commandant général convoqua une réunion avec tous
les officiers de la Garde civile à laquelle j'assistai. Il annonça sa
volonté de restructurer la Garde civile. Il insista sur les conditions
de sa nomination et affirma sans ambages qu'aucune autorité de
la Garde civile ne l'avait proposé à ce poste. Sa nouvelle
nomination se justifiait par « son savoir-faire, ses compétences
et ses contacts personnels ». Il ne tarda pas à livrer d'ailleurs la
guerre à son bienfaiteur. Il diminua considérablement l'effectif
des gardes militaires affecté aux différentes résidences du Général
Baramoto. Il déplaça l'unité blindée qui était basée non loin de
la résidence principale de son ancien chef. Il ferma tous les
numéros des téléphones cellulaires des proches collaborateurs,
des amis et des parents du général. Il refusa de répondre aux
appels téléphoniques du Général et de se rendre à sa résidence.
Dans ses complaintes, le Général Baramoto m'informa que le
Général Voungbo avait proposé son arrestation ou son assassinat
pour la réussite de « leur mission». Comme tout le monde le
sait, ce groupe était déjà de connivence avec la Rébellion. C'est
pourquoi, malgré le départ du Président de la République et la
fuite du Général Baramoto en Afrique du Sud le 16 mai 1997, le
Général Voungbo décida de rester à Kinshasa attendant les
dividendes de sa trahison.

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La mort du Général Mahele, son trait d'union avec la


Rébellion, bouleversa toutes les cartes de Voungbo. Il quitta la
même nuit sa villa de Macampagne où il entendait fêter la victoire
pour se réfugier dans une petite maison à la cité. Le 17 mai 1997,
il ne bénéficia d'aucune protection comme cela était prévu. Toutes
ses résidences, notamment celles de Mbinza HPN, de
Macampagne et de Kingagbwa, furent irrémédiablement pillées.
Il pensait pouvoir redresser la situation lorsqu'il aurait été identifié
comme «membre du groupe de contact ».
J'avais essayé de le contacter au téléphone, mais il me fit
dire par le canal de son intendant, le Capitaine Mpoka, qu'il était
en train de prendre tous les contacts nécessaires et que tous les
officiers de la Garde civile devraient attendre. Il avait
malheureusement oublié que sa folie des grandeurs, son arrogance
et son orgueil devaient jouer contre lui. Une fiche noire était
déjà transmise à la DEMIAP. Aussi, son arrestation fut-elle
ordonnée.
L'inexpérience des militaires chargés de sa recherche lui
permit de se rendre compte qu'il n'avait plus rien à espérer du
nouveau régime et que sa vie était en danger. Il se fit fabriquer
des documents de voyage au nom de« Pasteur Nzita» qui lui
permirent de quitter le pays. Il se rendit à Bruxelles où il continua
un temps la belle vie. Ruiné, il fut obligé de s'agenouiller devant
son maître Baramoto en lui demandant pardon. Il a donc rejoint
le Général Baramoto à Kampala. ..

6. D'autres rescapés de la DEMIAP


Comme plusieurs officiers des FAZ, j'avais pris soin, pour
raison de sécurité, d'être absent de ma résidence le 17 mai 1997.
Toutefois, la garde militaire en tenue civile et mes deux cousins
y étaient restés. Le 25 mai 1997 à 19 heures, ma résidence fut
investie par les militaires. Tous ceux qui étaient présents furent
arrêtés, battus, ligotés et jetés dans la jeep. Une perquisition
minutieuse fut entreprise dans la maison. Les militaires exigèrent
de leurs détenus d'indiquer là où je me trouvais. Comme ceux-ci
ne pouvaient satisfaire à leur demande, ils furent torturés avant
d'être conduits à l'État-major général au Mont Ngaliema.
Un de mes cousins fut le plus meurtri. Il avait à tout moment
une arme braquée sur sa tête, l'obligeant à dénoncer ma cachette.

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Il dut son salut à deux militaires en faction qu'il entendit


s'exprimer dans sa langue. Il eut le courage de leur dire qu'il
était leur frère et que le colonel recherché était également leur
frère. Ces militaires lui annoncèrent qu'il devait être tué durant
la nuit car il était« récalcitrant ». Mais ils lui promirent de faciliter
son évasion. C'est ce qui fut fait. Quelques jours plus tard, ces
militaires iront rendre visite à un membre de leur ethnie qui était
d'ailleurs un cousin. Ils lui racontèrent leur aventure et
reconnurent qu'ils avaient la mission de me liquider
physiquement s'ils me trouvaient. Le cousin leur offrit à boire et
à manger. Dans l'allégresse et l'ivresse, l'un d'eux tira par
mégarde un coup de feu qui troua le plafond.
Entre-temps, ma résidence fut d'abord occupée par le
Commandant Saïdi, le Directeur financier de l'État-major général
de Kabila. Lorsque celui-ci eut trouvé mieux ailleurs, il installa
son collaborateur, le Commandant Ondekane, qui était chargé
de la logistique, spécialement du carburant et du lubrifiant.
Mon cousin me raconta son calvaire et me pria de quitter la
ville. Je pris tous les contacts nécessaires et je traversai jusqu'à
Brazzaville. Comme j'avais un téléphone portable, je répondais
à tous les appels des amis et des frères. Je leur disais que je m'étais
réfugié chez un ami pour raison de sécurité. Pendant ce temps, la
guerre venait d'éclater à Brazzaville. L'insécurité y était totale.
Je fus alors obligé de rentrer à mes risques et périls à Kinshasa.
J'ai tenté, par le canal de certains officiers des ex-FAZ
incorporés dans l'AFDL, de récupérer mes biens. Un adjudant
des ex-FAZ, affecté au Secrétariat de l'EMG, spécialement au
Service de l'informatique, m'informa que les autorités militaires
avaient décidé de mon arrestation et qu'il était prudent de prendre
mes dispositions. Je pris ainsi des contacts qui me permirent de
quitter le pays.
D'autres officiers, par contre, espéraient être intégrés dans
la nouvelle armée grâce à l'intervention de leurs connaissances.
C'est le cas du Major Lokombe qui comptait sur l'intervention
de Monsieur Raus, ancien agent du protocole à la Garde civile et
devenu la troisième personnalité de la Police nationale. Il avait
naïvement oublié qu'il était Commandant de la Garde civile au
Shaba lors des événements sur le campus de Lubumbashi en 1990.
Lorsque sa recherche et son arrestation furent ordonnées, son

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ami eut quand même le courage de le prévenir. Il quitta


précipitamment le pays. Le Capitaine Nkumu qui avait réussi à
se faire nommer Commandant de la Police dans le District de
Matadi, s'est également échappé après un procès inique. Les
capitaines Ndiatulu et Musanya (femmes) échappèrent aux
tortures et même au viol dont leurs collègues furent victimes.
Elles sont actuellement en France.

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CHAPITRE VII

KABILA DANS LES BOTTES DE MOBUT U

1. L'opposition Baramoto-Nzimbi-Mavua
Le Général Baramoto était lui confortablement installé à
Johannesburg en Afrique du Sud. Il faisait la ronde entre ses trois
luxueuses villas. Il décida de faire partie d'une opposition armée
afin de reconquérir le pouvoir. Il prit divers contacts avec de
nombreux militaires des ex-FAZ et de la Garde civile qui étaient
à l'intérieur ou à l'extérieur du pays. La Base de Kitona où il
avait plusieurs antennes était son terrain de prédilection. Il faut
rappeler que plus ou moins de 45 000 militaires étaient séquestrés
à la Base de Kitona sous prétexte de recevoir une « formation
idéologique». Les humiliations, les tortures, les corvées, la faim,
les maladies, la mort auxquelles ils étaient soumis ne pouvaient
que les mettre en disposition d'accepter l'offre de qui leur
proposerait la libération par une action militaire contre le
Gouvernement Kabila. C'est ainsi qu'au mois de décembre 1997,
le Général Baramoto accompagné des généraux Nzimbi et Mavua
quitta l'Afrique du Sud à bord de son avion pour l'Angola (zone
de l'UNITA). Il allait finaliser son plan d'attaque à partir de
Kitona et du territoire angolais sous contrôle de Savimbi.
Au début du mois d'octobre 1997, j'avais été chargé de
prendre contact avec le Président d'un pays africain pour soutenir
cette action. Dans l'antichambre du bureau du Président, j'avais
rencontré Monsieur Thomas Kanza, Ministre de la coopération
du Gouvernement Kabila, un Ministre du Gouvernement
Lissouba et l'Ambassadeur du Gouvernement angolais auprès
de ce pays. L'ancien Secrétaire général de l'ONU, Monsieur
Boutros Boutros Ghali, était là lui aussi. Ils étaient réunis entre
autres pour le dossier brûlant de l'heure: le Congo-Brazzaville.

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L'intervention du Président Dos Santos en faveur de Sassou


Nguesso, dans le conflit du Congo-Brazzaville, démotiva
totalement ce président. Soutenant Sassou Nguesso, il lui était
difficile de soutenir aussi Baramoto appuyé par Savimbi.
Monsieur Issa que le Général Baramoto avait fait nommer
chargé d'affaires en Afrique du Sud après la mort de
l'Ambassadeur Ngongo Kamanda, était associé à ces tractations.
Celui-ci fut approché par les services de sécurité du
Gouvernement Kabila qui réussirent à le recruter moyennant
rétribution. Monsieur Issa devint ainsi un agent double et livra
toutes les informations nécessaires et même le timing des
opérations à ces services.
L'attaque contre Kabila devait commencer à la deuxième
quinzaine du mois de décembre 1997.
Le Président Kabila, fort de ses bonnes relations avec le
gouvernement sud-africain, entreprit une action diplomatique
d'envergure contre les trois généraux zaïrois. Il envoya son
ministre des Affaires étrangères négocier à Prétoria la confiscation
de leurs biens, le gel de leur fortune et leur extradition. Il leur
reprochait officiellement le pillage du patrimoine de l'État
congolais que celui-ci devait absolument récupérer. Mais en
réalité, il voulait tout simplement prévenir toute action de
déstabilisation de son régime qui proviendrait d'Afrique du Sud.
Au regard des accords existants entre les deux pays, l'extradition
de ces généraux n'était pas possible. Cependant, leur arrestation
fut promise au Président Kabila par les Sud-Africains. Un ancien
adjudant de la Garde civile qui était en contact avec un proche
du Président Kabila avait appris cette nouvelle. Il chercha à
contacter le Général Baramoto pour le prévenir, mais en vain.
Ce dernier avait malheureusement continué avec sa sélection des
communications. Cet adjudant réussit tout de même à contacter
Madame Alino à qui il laissa le message. Il n'a jamais su si ce
message avait été transmis ou négligé.
Au retour de leur voyage, ces trois généraux furent arrêtés à
l'aéroport de Johannesburg. Malgré leurs documents officiels et
les différentes autorisations, ils furent conduits à un centre de
détention. On leur reprochait le fait d'entreprendre des activités
tendant à déstabiliser le régime de Kinshasa. Plusieurs
perquisitions furent faites dans leurs résidences. Le luxe de leurs

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villas inclina les policiers à exiger de l'or, du diamant, des bijoux


et de l'argent à leurs épouses. De nombreux effets personnels
furent emportés lors de la fouille. Quelques jours plus tard, les
trois mousquetaires furent libérés et ils se cachèrent dans la
maison d'une personnalité blanche d'Afrique du Sud. Ils
bénéficièrent même de gardes du corps blancs.
Il faut noter que le Général Baramoto avait jadis facilité aux
sujets sud-africains la création d'une société de vigile (sécurité)
chargée de la protection des produits de la Gécamines au Shaba.
J'avais moi-même préparé les statuts de cette société. Un contrat
de deux ans, renouvelable, avait été signé entre les deux
partenaires. Tout le matériel de cette société fut acheté par la
Gécamines, le personnel et quelques matériels provinrent de la
Garde civile. Plusieurs milliers de dollars américains étaient
versés mensuellement à cette société. La main mise sur plusieurs
comptoirs de diamants mettait aussi le Général en contact avec
divers hommes d'affaires sud-africains. Il ne se passait pas deux
semaines sans que le Général ne reçoive affairistes en provenance
de l'Afrique du Sud. Toutes ces relations furent mises à
contribution pour lui permettre de quitter assez vite l'Afrique du
Sud.
Les trois généraux se rendirent ensuite à Abidjan en Côte
d'Ivoire où ils s'installèrent. Le Président Kabila venait ainsi
d'étouffer dans l'œuf la première rébellion contre son régime.
Le trio recommença ses activités politico-militaires à Abidjan
où il fut rejoint par plusieurs officiers ex-FAZe La main invisible
de Kabila agit encore une fois. Ces généraux furent encore arrêtés
et menacés d'extradition. Ils trouvèrent finalement une terre
d'asile au Niger.
Le Président Barré Mainassara du Niger envoya un avion
spécial pour les chercher. Illes logea à la résidence officielle du
Préfet-maire de Niamey. Une voiture Mercedes et une Peugeot
furent mises à leur disposition. Ils bénéficièrent également de
divers avantages et facilités. Avant qu'il ne se remette du choc
de Johannesburg et d'Abidjan, le Général Baramoto perdit son
fils dans un accident de la circulation à Johannesburg. Face à
cette succession de malheurs, le Général décida de déplacer sa
nombreuse famille de Johannesburg à Niamey et Bruxelles. Les
facilités administratives dont il bénéficiait à Niamey lui permirent

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de se rendre plusieurs fois en Belgique, en France et en Ouganda.


Il installa plus tard son quartier général à Kampala avec la
bénédiction du Président Museveni.
Plusieurs généraux tels que Eluki, Mavua, Nzimbi, Mukobo,
Voungbo et d'autres officiers se sont joints par la suite au Général
Baramoto. Mais avec l'assassinat du Président nigérien Barre
Mainazara tué par sa garde, Baramoto vient encore de perdre un
autre de ses alliés et fatalement les avantages auxquels il avait
droit à Niamey.

2. Kabila, rebelle professionnel

Les velléités dictatoriales à tout prix de Kabila ne datent pas


d'hier. L'on se souviendra qu'en 1964, Kabila et Soumialot
avaient dirigé les opérations de la rébellion muléliste à partir
d'Uvira. Ils progressèrent jusqu'à Fizi, Kalemie, Kindu et
atteignirent Kisangani. Les « Simba» comme on les appelait
tuaient les cadres (enseignants, agents de l'administration
publique, commerçants, chefs d'entreprises, etc.) qualifiés par
eux de « valets de l'impérialisme». Le refus de remettre les
provisions alimentaires aux Simba ou le refus d'offrir la jeune
fille de la maison pour leur préparer à manger équivalait à la
peine de mort.
Vaincus par l'Armée nationale congolaise (ANC) assistée
par la Belgique, Kabila se réfugia dans le territoire de Fizi, au
milieu de la chaîne des Monts Mitumba, où il installera son foyer
« de résistance ». Il baptisa l'espace qu'il occupait« Rewa Bora»
(air pur). Pour financer sa guérilla, il misait sur la vente de l'or
exploité dans son territoire ou confisqué auprès des orpailleurs
qui s'aventuraient trop près de son « État». Tous ses sujets
devaient donner leur contribution (impôt) exprimée en quantité
d'or. Comme il avait la facilité de se rendre en Tanzanie, il
emportait une grande quantité d'or extorqué sur la population
locale sous prétexte qu'il lui achèterait certains produits de
première nécessité. Kabila n'a pas tenu ses promesses. Tous ceux
qui réclamaient leur dû au suzerain étaient tout simplement
molestés ou tués22.En fait, la population Bembe était expropriée
22 ln Wilungula B. Cosma: Fizi 1967-1986 - Le maquis Kabila,
I'Harmattan, Paris 1997, p. 111-112. Voici un témoignage sur ces « actions» :
« C'est ainsi qu'il (Kabila) en était arrivé à prendre la décision impopulaire de

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de son terroir ancestral. Les méfaits de Kabila contre la tribu


Bembe, de laquelle était issue ma mère, se racontaient autour du
feu dans les différents villages.
Au début de la guerre dite « de libération », après la prise de
Lemera et de Kiliba dans la zone d'Uvira, un « protocole
d'accord» fut signé à Lemera le 18 octobre 1996 par une coalition
politico-militaire. Celle-ci était composée du PRP de Laurent-
Désiré Kabila, du CNRD (Conseil national de résistance pour la
démocratie) d'André Kisase Ngandu, du MRLZ (Mouvement
révolutionnaire pour la libération du Zaïre) de Masasu Nindaga
et de l'APD (Alliance démocratique des peuples) de Déogratias
Bugera. Tous se mirent d'accord pour créer ensemble une Alliance
des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo (AFDL)
avec Laurent-Désiré Kabila comme porte-parole. Après la
deuxième session du Conseil constitutif de l'Alliance, tenue à
Goma du 31 décembre 1996 au 4 janvier 1997, le Général Ngandu
Kisase, seul élément véritablement représentatif de quelques
centaines de combattants rebelles, fut assassiné dans des
conditions obscures, le 6 janvier 1997>dansle Parc des Virunga.
Laurent-Désiré Kabila, soutenu par les Tutsis, venait d'éliminer
un chef militaire réel qui lui portait ombrage et qui était partisan
de réduire la participation des rwandophones tutsis dans le
mouvement.
Dans sa marche vers le pouvoir, Laurent-Désiré Kabila
n'hésita pas à favoriser et à cautionner le massacre des Hutus
rwandais réfugiés au Zaïre par leurs poursuivants de l'Armée
Populaire du Rwanda.

3. La répression anti-ex-FAZ
Le 17 mai 1997, Kabila s' autoproclama « Président de la
République », prouvant ainsi son manque de confiance en ses
maîtres et alliés étrangers. Il choisit également un lieu significatif:
la ville de Lubumbashi, capitale de sa région d'origine.

tuer tous les sorciers de la Zone Rouge. À cet effet, il fabriqua une potion à
base de plusieurs racines et herbes. La potion était très forte, en sorte que toute
personne physiquement faible avait des vertiges en l'avalant (. . .) or le vertige
est indice de sorcellerie. Donc toute personne manifestant des vertiges après ce
test était qualifiée de "sorcier" et devait être brûlée vive! À la fin de l'opération,
2 000 personnes furent ainsi tuées dont 90 % d'adultes en âge avancé».

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Au mois de décembre 1997, le Ministre Mwenze Kongolo


se rendit à Bangui en RCA négocier le retour du Colonel Ndoma
Moteke et de plusieurs autres militaires de la DSP. Après être
rassurés des garanties données semble-t-il par le Président Kabila,
le Colonel et sa troupe acceptèrent de rentrer au pays avec tout
leur matériel militaire. Ils furent désarmés, arrêtés et détenus à la
prison de Mbandaka. Quelques jours après, ils furent tous
massacrés. ..
Au mois de mai 1998, le Commandant Masasu Nindaga, le
dernier chef militaire co-fondateur de l'AFDL fut arrêté et traduit
devant la Cour d'ordre militaire. Il était accusé de trahison et de
constitution d'une milice privée. Il fut condamné à vingt ans de
travaux forcés et détenu à la fameuse prison de Boluo au Katanga
d'où il a été élargi longtemps après.
Le 27 janvier 1998, quinze civils et militaires condamnés à
mort furent publiquement passés par les armes au Camp Tshatshi
de Kinshasa.
Le mardi 3 mars de la même année, seize autres militaires
furent fusillés à Lubumbashi.
Au mois de novembre, treize militaires, tous des ex-FAZ
parmi lesquels les généraux Bekazwa, Engwala, Mulimbi et le
Colonel Mazaba, furent passés par les armes. Ils étaient accusés
de lâcheté (fuite devant l'ennemi).
Le 27 juillet 1998, le Président Kabila décida de renvoyer
tous les militaires rwandais qui l'avaient assisté pendant la guerre
dite « de libération ». Ces militaires refusèrent de partir et une
mutinerie éclata le 2 août, à partir de 20 heures, aux Camps
Tshatshi et Kokolo de Kinshasa. Mis en déroute, les soldats mutins
se dirigèrent vers le Bas-Congo. Les autorités civiles
rwandophones encore présentes en ville, parmi lesquelles
Déogratias Bugera, se sentant en insécurité, traversèrent à
Brazzaville. Le dernier co-fondateur venait d'être écarté de la
scène politique. Laurent-Désiré Kabila était resté donc seul maître
à bord.
Au sein de l'Armée, il imposa la terreur par des exécutions
sommaires. Il créa deux unités indépendantes de l'État-major
général dénommés respectivement DEMIAP (Détection militaire
des activités anti-patrie) et le GSSP (Groupe spécial de sécurité
présidentielle). Cette dernière unité, chargée de la sécurité
personnelle du Chef de l'État et de sa famille, est commandée

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alors par un officier originaire du Katanga. Tous les militaires de


cette unité étaient recrutés dans la région d'origine du Président
de la République, le Katanga, et formés à la Base de Kamina.
Plusieurs cadres de l'Armée et de la Police exerçant des
fonctions importantes sont originaires du Katanga. C'est le cas
du Colonel Kabulo qui a remplacé à la DEMIAP le Général
Sikatende, originaire du Kivu, arrêté, condamné et détenu à la
fameuse prison de Boluo. Le Président Kabila nommera donc
Monsieur Raus, l'ancien agent du protocole à la Garde civile,
Inspecteur général-adjoint de la Police, soit la troisième
personnalité de ce corps. Sans aucune formation policière, ses
origines katangaises seront le seul critère de sa nomination.
Entre-temps, Kabila doit faire face à la rébellion qu'il a lui-
même déclenchée.

4. La seconde Rébellion (2 août 1998)


Suite à la mutinerie de Kinshasa, le 10eBataillon des Forces
armées congolaises (FAC), basé à Goma, fit défection et contrôla
cette ville pour le compte de la nouvelle rébellion.
Le 4 août, un avion commercial de Congo Airlines à Goina,
fut détourné sur le tarmac par les rebelles vers la Base de Kitona
(ouest du pays) avec à bord plus ou moins 400 militaires et
équipements militaires. En apercevant l'avion, les militaires de
l'ex-Armée zaïroise qui attendaient leur solde et le ravitaillement
en denrées alimentaires se précipitèrent à l'Aéroport de Kitona.
À leur grande surprise, le « Commandant James» (James
Kabarebe ), plusieurs autres militaires rwandais ainsi que quelques
officiers des ex-FAZ descendirent de l'avion. Ceux-ci
expliquèrent aux prisonniers de Kitona qu'ils avaient intérêt à se
joindre à eux pour lutter contre le régime de Kabila qui les avait
séquestrés, torturés, humiliés et tués. La victoire était certaine et
fatalement suivrait leur réhabilitation. Ces militaires qui avaient
besoin de la liberté et surtout avaient la volonté de défier le
Régime Kabila acceptèrent de se joindre à la nouvelle Rébellion.
Les officiers de l'ex-Armée zaïroise, avec cette motivation
particulière, prirent donc le commandement des opérations.
Entre-temps, la ville de Bukavu (Est du pays) était occupée
avec l'aide de l'Armée rwandaise, le 5 août 1998. Le 6 août, la
ville d'Uvira fut prise. Partant de la Base de Kitona (front Ouest)

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les villes de Banana et de Moanda furent occupées le 7 août, le


Barrage d'Inga, qui alimente la ville de Kinshasa en électricité,
tomba le 13 août et le port international de Matadi tomba le
14 août. À l'Est, la ville commerciale de Beni fut prise le 9 août,
Lubutu, Tingi- Tingi le 17 août, et Am au nord de Bunia, le
18 août.
La progression facile du front Ouest permit aux rebelles
d'occuper le 20 août la ville de Mbanza-Ngungu qui abritait les
unités blindées des FAC (Forces Armées Congolaises). Les
troupes gouvernementales furent mises en déroute et perdirent
tout espoir de reprendre les choses en main. Le 21 août, la ville
de Kisantu à quelque 100 km de Kinshasa était occupée. La route
vers Kinshasa était ouverte. Mais les rebelles arrêtèrent leur
progression sans trop en connaître les raisons. Il semble que le
Rwanda désapprouvait le choix du nouveau Président de la
République, Monsieur Zahidi Ngoma, qui ne faisait pas
l'unanimité auprès des autorités de Kigali car il était opposé à
l'implication des Rwandais et Ougandais dans la gestion de l'État
congolais. Les Rwandais devaient plutôt choisir un homme sûr
pour éviter la répétition du cas de volte-face à la Kabila.
Malheureusement pour eux, l'Angola qui ne pouvait pas
accepter la réhabilitation si rapide de l'Armée zaïroise fit traverser
ses troupes par l'enclave de Cabinda accompagnées de chars et
blindés. Ces troupes attaquèrent la Base de Kitona qu'elles
occupèrent le 23 août. Bonne affaire pour le Président angolais
Dos Santos pour prendre en tenaille l'UNITA de Savimbi. Cette
occupation priva la Rébellion d'un pont de ravitaillement
important.
Le Régime de Kinshasa à bout de souffle fut sauvé de justesse
par les Angolais. Kabila avait d'ailleurs déjà quitté la capitale,
sachant que son armée très faible ne pouvait rien faire sans une
aide militaire étrangère. Puis ce fut le Zimbabwe qui entra dans
la danse.

5. Le massacre de Kinshasa (août 1998)


Le premier contingent de 600 soldats zimbabwéens débarqua
à Kinshasa au moment où la rébellion occupait la ville de
Kisangani, le troisième pôle économique du pays. Cette situation
provoqua un traumatisme dans le chef des autorités politiques et

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militaires de Kinshasa. Celles-ci s'organisèrent par le biais du


Directeur de cabinet du Président de la République, Yerodia
Abdoulaye, du Ministre de l'Information, Didier Mumengi, des
chefs militaires et des services de sécurité civile. Elles créèrent
plusieurs équipes mixtes (militaires et agents de la sécurité civile)
qui devaient encadrer la population civile organisée en cellules
de base dans les différents quartiers. Certains jeunes civils furent
armés. Après cette organisation, Messieurs Yerodia et Mumengi
passèrent plusieurs fois sur les antennes de la radio et de la
télévision, appelant la population à la chasse aux faciès tutsi. Le
Président Kabila, par l'entremise de son directeur de cabinet,
recourut à l' ethno-racisme pour mobiliser et entraîner la
population en ces termes:
il faut écraser la vermine, éradiquer les Tutsis rwandais et
ougandais; les Tutsis risquent de connaître la triste expérience
des Juifs; les Tutsis sont perfides, brutes, rancuniers et
sanguinaires; les Tutsis sont des déchets, des microbes que
l'on doit éradiquer avec méthode, avec résolution. (cf. Demain
le Congo, quotidien de Kinshasa, août 1998)23.
Il fut également demandé à la population de dénoncer ou
attraper tous ceux qui, même Congolais, étaient de connivence
avec la Rébellion. Mais les militaires et les agents de la sécurité
civile reçurent semble-t-il des consignes: tuer tous les militaires
rwandais et zaïrois arrêtés avant qu'ils n'arrivent devant les
autorités pour ne pas avoir à les faire bénéficier du statut de
« prisonniers de guerre».
Le 26 août, les rebelles avaient pénétré Kinshasa selon la
version congolaise officielle. En réalité, l'infiltration était réalisée
bien avant cette date, comme le montre le témoignage du
photographe Shabani en annexe. Les rebelles infiltrés à Kinshasa
s'étaient déguisés en « fous ». De par leur habillement et
comportement, ils ressemblaient à des fous, mais ils portaient
leur tenue militaire avec armes sous leur défroque de fous. Les
équipes de base avaient remarqué que les dits « fous» étaient
souvent en conversation; fait rare. Certains d'entre eux furent
arrêtés et déshabillés. Ils détenaient des billets de banque (dollars

23
L'ex-ministre des Affaires Étrangères Yerodia Abdulaye (passé au
ministère de l'Éducation !) est depuis poursuivi par la Cour européenne de
Justice, saisie par la Belgique, pour « incitation à la haine raciale ».

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américains), des appareils miniature de communication ainsi que


des grenades et revolvers. Cette découverte fut l'occasion rêvée
pour exécuter le plan monté par les autorités politiques et
militaires.
Une « chasse aux fous », à tous les hommes à « morphologie
rwandaise» (tutsi !) et aux militaires de l'Armée zaïroise, connus
dans les quartiers mais censés se trouver à Kitona, fut déclenchée.
Les hommes saisis furent battus, tués, mutilés et brûlés devant la
foule kinoise.
Un photographe a pris les photos terribles reproduites hors-
texte dans ce livre, dont voici le commentaire. L'homme dont on
a coupé le sexe et les bras était déguisé en fou. Il portait une
tenue militaire avec des grenades et un revolver. Il fut attrapé et
tué aux croisements des Avenues Usoke-Kasavubu. Comme on
le remarque sur les photos, la population était déjà « préparée»
et en liesse. Les militaires qui ne craignaient aucune sanction se
sont « amusés» à couper les bras de leurs victimes et ont permis
de les photographier sans crainte d'être identifiés. Celui qui a
coupé le sexe et l'a exposé à l'aide d'un stick, l'a fait avec un
sang-froid inhabituel; comportement plutôt difficile pour un
délinquant primaire. Les deux jeunes gens en tenue civile et
portant des lunettes noires, sur les photos, répondent aux
caractéristiques des agents de la sécurité de la RDC. Eux aussi
ont exécuté leur « besogne» avec enthousiasme. En observant
le sexe coupé, il semble que la victime est issue d'une ethnie
nationale où se pratique la circoncision24.Mais en y regardant de
près et selon le témoignage du photographe, le cadavre
ressemblait à un tutsi. Il peut donc s'agir d'un sujet rwandais né
et grandi au Zaïre. L'homme tué dont le cadavre fut brûlé et tiré
par terre, suivi d'une foule nombreuse était semble-t-il un rebelle
rwandais. Il fut attrapé et tué sur l'Avenue Kasa-Vubu avant
d'arriver sur l'Avenue Bongolo, en direction de Mariano. Ce
rebelle détenait un appareil de communication, des grenades et
l'identité d'un pasteur. Pour souligner la complicité des autorités
politiques, le cadavre brûlé fut conduit à la RTNC25.La presse
nationale et étrangère fut invitée à couvrir l'événement. Les trois

24
Il est plus fréquent de pratiquer la circoncision au Congo (RDC) qu'au
Rwanda.
25 RTNC : Radio Télévision Nationale Congolaise.

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autres rebelles furent brûlés sur la 13eRue, à Limete, devant le


Commissariat de Police. La Police n'intervint même pas pour
secourir les victimes. Un autre rebelle rwandais fut brûlé à Limete
Zamba YaAvocat. Un autre fut tué devant l'École de navigation
de l'Onatra sur l'Avenue Victoire, dans la zone de Kalamu. Le
photographe a également vu une quinzaine d'autres corps. Il a
pu identifier trois ou quatre « étrangers» de par leur morphologie.
Les autres victimes étaient des compatriotes congolais. Le témoin
a pris toutes ces photos le 27 août 1998, dans l'avant-midi. Il en
a conclu que partout dans la ville de Kinshasa, il y avait des
cadavres, surtout à Kingasani, à Mikonga, à Mikondo, à Matete,
à Lemba, à Kasa- Vubu et à BandaI.
La situation a été maîtrisée le 28 août. Mais un véritable
massacre à la violence inédite venait d'être perpétré pour sauver
le régime politique de Kabila26.Par ce fait, le front Ouest venait
d'être vaincu et détruit. La base de Kitona vidée des militaires
hostiles au Régime de Kabila ne pouvait plus servir les intentions
politico-militaires du Général Baramoto. Encore une fois, le
Général fut déstabilisé dans son projet d'action.

6. Le procès Nkumu
Après le massacre de Kinshasa, une vaste campagne de
représailles contre tous les militaires suspectés d'être en
intelligence avec les rebelles fut lancée. C'est ainsi qu'un ancien
officier de la Garde civile et Commandant de la Police de district
de Matadi fut arrêté et traduit devant la Cour d'ordre militaire.
Le Capitaine Nkumu Wangala, ancien officier de l'Armée
zaïroise, exerçait les fonctions d'attaché militaire-assistant chargé
de la Garde civile en République arabe d'Égypte. Après le 17 mai
1997, il prit contact avec les autorités de la Police nationale. Il
fut intégré dans ce corps et fut nommé Commandant dans le
District de Matadi, dans la province du Bas-Congo. Pendant qu'il
y exerçait ses fonctions, la seconde Rébellion éclata à Kinshasa
et prenait de l'ampleur dans le Bas-Congo à partir de Kitona.
26
Le recours aux méthodes les plus barbares,utilisées par Kabila et les
siens pour conserver le pouvoir, est autant condamnable comme crime contre
I'humanité, que les massacres successifs perpétrés depuis 1996 par les armées
rwandaise et ougandaise à l'Est du pays et dans la Province Orientale contre
les populations civiles congolaises et réfugiées.

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Elle progressa rapidement vers Matadi, comme je l'ai indiqué


ci-haut. Le mercredi 12 août 1998, le Commandant provincial
de la Police, Gilbert Kabulo, accompagné des membres de son
État-major et de certains militaires des FAC et de la Police,
quittèrent précipitamment la ville de Matadi et se rendirent à
Kinshasa. Le Commandant abandonna ainsi une troupe de plus
de 1 050 militaires. Afm d'assurer la continuité de fonctionnement
des services de l'État, le Commandant Nkumu prit le
commandement de la Police provinciale. Avec le téléphone
cellulaire du Gouverneur, il contactera: le Commandant Célestin
Kifua, Inspecteur général de la Police: le Commandant Daniel
Katsuva, Inspecteur général-adjoint de la Police; le Commandant
Didier Etumba, Directeur de cabinet de la DEMIAP, qui avait
été major dans les FAZ, affecté au SARM; Abdon Mayombo,
Coordonnateur au cabinet du Vice-ministre de l'Intérieur; et enfm
Gaëtan Kakudji, Ministre d'État chargé de l'Intérieur. Toutes ces
autorités furent indignées du comportement du Commandant
provincial de la police. Le Ministre demanda au Commandant
Nkumu de tenir bon jusqu'à l'arrivée du renfort.
Effectivement, le premier contingent arriva le lendemain
13 août par train à 6 heures et le second par avion pendant la
journée. Mais ces militaires ne résistèrent pas aux assauts des
rebelles et la ville fut occupée le 14 août 1998. Fatalement, ils
furent désarmés et placés sous les ordres des nouveaux maîtres
de Matadi. Le Commandant Nkumu fut obligé de mettre à la
disposition du Commandant Kabengele une compagnie composée
de 72 hommes en vue d'appuyer l'offensive pour conquérir de la
ville de Kinshasa. Sous menace, il s'exécuta. Malgré l'occupation,
il continua à communiquer régulièrement avec les autorités de
Kinshasa, livrant tous les renseignements nécessaires sur les
ennemIS.
Une semaine après la récupération de la ville de Matadi par
l'Armée angolaise, l'Inspecteur provincial Kabulo rentra sans
honte à Matadi. Il reprit normalement ses fonctions. Il établit un
rapport sur l'état des lieux et défavorable au Commandant Nkumu
ainsi qu'à 17 cadres de la Police restés au Bas-Congo. Il annexa
à ce rapport la note signée sous menace par le Commandant
Nkumu. Le 22 septembre 1988, le commandant Nkumu fut arrêté,
menotté et conduit à Kinshasa sous bonne escorte. Il fut mis à la

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disposition de la DEMIAP, commandée par Damas Kabulo, le


jeune frère de l'Inspecteur provincial Gilbert Kabulo. Le
Commandant Nkumu y fut détenu pendant 45 jours sans être
entendu ni par les OPJ27de la DEMIAP, ni par ceux de la Police,
encore moins par les magistrats.
Pendant ce temps, sa famille fut chassée de la maison dont il
payait lui-même le loyer. Par décision n° 0003/PN/IF.BC 98 du
9 octobre 1998, l'Inspecteur Kabulo, sans titre ni droit, révoqua
le Commandant de district en lieu et place du Ministre de
l'Intérieur. Sa solde fut bloquée. Le Tout-puissant Inspecteur
provincial, originaire du Katanga, la province d'origine du
Président Kabila, nomma et affecta un autre Commandant de
district pour la ville de Matadi.
Le Commandant Nkumu fut enfin transféré à la Cour d'ordre
militaire et détenu à la Prison de Makala. Le dossier fut confié
au Magistrat militaire et originaire du Katanga, le Commandant
Moke Alumba. Après investigation, le suspect Nkumu fut déféré
devant la juridiction du jugement et poursuivi« pour trahison».
Il fut accusé d'avoir été de connivence avec l'ennemi. Fait prévu
et puni par l'article 431 du Code de justice militaire. Après
plusieurs audiences, le Ministère public Moke Alumba, dans ses
réquisitoires, estima la prévention de trahison établie en fait et
en droit et requit la peine de mort contre le prévenu. La défense,
représentée par Maître Onya, Charlie Tshilumba, Mulumba et
Beya, balaya facilement les arguments du Ministère public pour
motif tiré de l'évidente contrainte sous laquelle le prévenu avait
agi et surtout de l'excuse absolutoire prévue par l'article 400 du
Code de justice militaire en cas d'exécution des ordres émanant
de l'autorité ennemie.
Devant ces évidences juridiques, la Cour (présidée par le
Commandant Mukaku) acquitta purement et simplement le
prévenu. Mais curieusement, aucune fiche de libération ne fut
établie en vue de régulariser la situation pénitentiaire et
administrative de l'intéressé. Pis encore et en violation des
dispositions légales, Nkumu fut repris par la justice militaire
(Parquet) et placé au cachot du Parquet près de la Cour d'ordre
militaire. Il semble qu'il devait aller déposer à Matadi, dans une

27
Officier de Police judiciaire.

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cause qui ne lui était même pas signifiée. En réalité, cette nouvelle
détention était arbitraire car sans assise légale. Après 50 jours de
détention illégale, le Commandant Nkumu s'évada dans la nuit
du 1erau 2 avril 1999.
Le Commandant Iyomi Mpeti, Inspecteur judiciaire, et
Gbawe Yangana, agent judiciaire, furent arrêtés et accusés d'avoir
par négligence, facilité l'évasion du Commandant Nkumu. La
violation de consigne fut retenue à leur charge. Les prévenus
comparurent le 5 avril 1999 devant la Cour d'ordre militaire,
siégeant en matière répressive au premier et dernier ressort. Il
faut noter que devant cette Cour, il n'existe ni appel ni opposition.
Après l'audition des deux prévenus, l'audience fut renvoyée au
lundi 12 avril 1999 pour audition du Chef de poste Gato Gérard.
Je n'ai, malheureusement, pas pu connaître le verdict rendu par
cette Cour dans cette affaire.
Encore une fois, un officier de l'Armée zaïroise venait
d'échapper à la mort grâce à son évasion. Ce fut aussi un message
aux autres militaires ex-FAZ en qui les nouvelles autorités ne
font pas confiance.
Entre-temps, la tribalisation, l'épuration, les tortures, les
exécutions sommaires et les assassinats continuent de plus belle
au sein des FAC qu'elles paralysent et fragilisent d'autant.

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CONCLUSION

POUR UNE ARMÉE CITOYENNE

Au début de ma carrière militaire en qualité de Substitut de


l'Auditeur militaire, dans la garnison de Borna et du Bas-fleuve
dans la Région du Bas-Zaïre, deux faits avaient retenu mon
attention.
Le premier était le procès du Capitaine Loleke, officier chargé
du ravitaillement à la Force navale (Marine). Cet officier s'était
distingué dans le détournement des effets militaires (carburant,
lubrifiant, etc.), immobilisant même les escorteurs qui
patrouillaient sur le fleuve Zaïre. Il était l'officier le plus nanti et
le plus arrogant de la ville. Il fut arrêté et traduit devant le Conseil
de guerre. En pleine audience, je reçus le coup de téléphone de
l'Auditeur militaire supérieur qui intimait l'ordre de suspendre
l'audience, de libérer le Capitaine et de lui transmettre le dossier
en l'état où il se trouvait. Je transmis le message à l'Auditeur qui
était le Ministère public. Celui-ci fit une petite note au juge
permanent qui suspendit l'audience. Après discussion, l'audience
fut levée et renvoyée à une date ultérieure. Le Capitaine Loleke
fut libéré et quitta les installations de lajustice militaire les mains
dans les poches. Le Général Boteti, le grand frère du délinquant,
avait ainsi mis fin à une action judiciaire. Quelle honte pour la
justice militaire et quel mauvais exemple pour les autres
militaires !
Le second fait. Les gendarmes avaient arrêté un commerçant
ambulant en partance pour la forêt de Mayombe. Ils lui
arrachèrent sa marchandise et le ligotèrent à un arbre plein
d'insectes venimeux. Ils le frappèrent, le torturèrent sous le regard
impuissant des villageois. Le soir, cet infortuné fut ramené à Borna
et jeté au cachot de la gendarmerie. Eu égard à la dégradation de
son état de santé, le Commandant de compagnie le libéra
immédiatement et l'envoya à 1'hôpital. Ce commerçant mourut
quelques heures plus tard. Les gendarmes incriminés furent

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arrêtés et traduits devant le Conseil de guerre. J'avais instruit le


dossier et soutenu l'accusation devant le Conseil de guerre. Je
poursuivais les prévenus pour homicide intentionnel (coups et
blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la
donner) et je requis la peine de 20 ans de servitude pénale
principale. À ma grande surprise, ces prévenus furent acquittés
purement et simplement. Mécontent dujugement, j'avais interjeté
appel au Conseil de guerre supérieur de Matadi. Curieusement,
le dossier ne quitta jamais le cabinet du juge. Le Major Kasongo,
le juge permanent, imitant l'exemple du Général Boteti, avait
tout simplement protégé ses frères gendarmes du Kasaï, aussi
délinquants soient-ils.
Je n'étais pas d'accord dans mon for intérieur que l'Armée
zaïroise fonctionne de cette manière-là.
Mon détachement à la Garde civile et l'exercice de mes
fonctions auprès des hautes autorités militaires me permirent de
vivre une nouvelle expérience au sommet de l'Armée.
Par des coups tordus et fourrés, par des procès montés de
toutes pièces, le Président de la République réussit à renvoyer de
l'Année ou à faire tuer les officiers non partisans d'une obéissance
aveugle à un homme qui voulait soumettre l'Armée à son seul
intérêt. Mobutu favorisa l'émergence d'un nouveau type de cadre
militaire dont le seul critère d'appréciation était l'appartenance
à sa région (l'Équateur) et à sa tribu (Ngbandi). Tous les postes
de commandement furent attribués aux ressortissants de
l'Équateur et plus tard aux Ngbandi afin de protéger le régime
politique de leur frère Mobutu.
L'Année devint ainsi une affaire tribale. Les autres militaires
se démobilisèrent et vécurent dans le silence et la résignation.
Les « frères» de Mobutu imposèrent la terreur dans la population,
ce qui créa un environnement hostile à l'Armée. Mais, ils se
détournèrent aussi de leur mission qui était de protéger le régime
du Maréchal. Ils utilisèrent l'Année pour satisfaire leurs intérêts
personnels. La cupidité les conduisit même à la destruction de
leur « outil de travail » (trafic d'armes, vente de pièces de
rechange des avions de guerre, de moteurs, détournement des
deniers publics, etc.). Ils ont ainsi réduit l'Année au néant. Chaque
militaire cherchait à résoudre ses propres problèmes de
subsistance, souvent au détriment de l'Année et de la Nation.

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Sans le savoir, chacun devenait ainsi l'artisan de son propre


malheur. L'Année, comme institution, passait pour être une réalité
abandonnée de tous, sauf lorsqu'elle servait d'« instrument»
nécessaire pour aboutir à des fins personnelles.
L'orgueil du Maréchal Mobutu, son rêve de devenir un leader
africain et son statut fantasmé de « gendarme de l'Afrique
centrale» au profit des occidentaux, l'obligèrent à intervenir dans
plusieurs conflits armés, spécialement en Angola depuis les
années 1970 et au Rwanda en octobre 1990. Par ce comportement,
le Président Mobutu, malgré sa prétendue politique de bon
voisinage, créa un autre environnement hostile à son régime dans
les pays limitrophes.
Tous ces facteurs ont semblé jouer en faveur du Régime
Mobutu pendant des années. Avec la prise en compte des
nouvelles donnes politiques au niveau national et international,
à savoir: la fin de la guerre froide, l'avènement de la
démocratisation et du respect des droits de l'homme, les garde-
fous du régime volèrent en éclats. L'agression venue du Rwanda
et de l'Ouganda évolua aisément dans un véritable sous-continent
sans armée, jusqu'à arracher le pouvoir à Kinshasa. Le Maréchal
Mobutu fut trahi et abandonné par ceux-là mêmes qui avaient la
mission de protéger son régime. Il quitta la ville de Gbadolite, le
berceau de l'injustice et du tribalisme, sous les feux nourris de
ses propres frères! Mobutu, confus, réalisa certainement son
erreur. Mais il était trop tard. L'Année n'aurait pas due être une
affaire tribale. Une page de l'histoire venait d'être tournée. Une
leçon peut-être pour les dirigeants futurs.
Laurent-Désiré Kabila, sans argent ni armée, fut imposé au
pouvoir par la coalition rwando-ougandaise. Il fut vite convaincu
qu'il avait réussi à démanteler le Régime mobutien par les armes.
Il devint plus arrogant et orgueilleux. Il imposa la terreur aux
militaires de l'ex-Armée zaïroise; ceux-là mêmes qui déjà
meurtris, vivaient dans le silence et la résignation. Certains furent
arrêtés, torturés, tués, d'autres furent séquestrés dans le Camp
militaire de Kitona que l'on pouvait identifier à un camp de
concentration.
Soudain, Laurent-Désilé Kabila rompit brutalement avec ses
maîtres et alliés déclenchant ainsi une nouvelle rébellion contre
son régime.

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Pour conserver le pouvoir, Laurent-Désiré Kabila appela alors


le peuple congolais à tuer tous les tutsi. Comme le montrent les
photos macabres ci-haut. Cette action, comme en mai 1990 le
massacre de Lubumbashi, devrait isoler le régime Kabila.
Plusieurs procès furent montés de toutes pièces pour tuer ou
écarter de l'Armée congolaise certains officiers de l'ex-Armée
zaïroise. Convaincu qu'il ne pourrait être protégé que par ses
frères, le Président Kabila a recommencé la tribalisation de
l'Armée. Il a créé une unité spéciale pour sa protection, composée
de militaires originaires de sa région d'origine, provoquant ainsi
un malaise au sein de l'Armée. Il bénéficie cependant du soutien
de l'Angola dont l'armée fut meurtrie par le Régime Mobutu et
de l'appui du Zimbabwe. Mais pour combien de temps?
Les erreurs ayant entraîné la chute fatale du Régime Mobutu
et la désintégration de son armée sont réunies à nouveau dans le
régime et l'Armée de Kabila. Les mêmes causes entraînant les
mêmes effets, la désintégratIon de l'Armée kabiliste est à l'ordre
du jour.
Et pourtant, les missions d'une armée sont connues. Celles
d'une part de protéger les personnes et leurs biens et, d'autre
part, de défendre l'intégrité du territoire national. Une bonne
exécution de ces missions, dans le strict respect des droits
fondamentaux de l'homme, assure aux citoyens et aux institutions
politiques un environnement de paix à l'intérieur et à l'extérieur,
favorable au travail et au développement du pays tout entier.
Les citoyens qui acceptent de consentir beaucoup de
sacrifices dans le métier des armes pour l'intérêt supérieur de la
Nation doivent être pris en charge par l'État (paiement de solde,
soins médicaux, logement, habillement, ration, etc.). De ce fait,
l'intéressement de tous les citoyens au bon fonctionnement de
l'Armée et au bon encadrement du militaire, à travers leurs
impôts, fait de l'Armée un instrument au service du citoyen.
Le recrutement des militaires au niveau national facilite
l'identification de tous les citoyens à cette armée, renforce son
crédit et la solidarité populaire.
L'émergence de cadres bien instruits et bien formés d'une
part, et l'émulation de l'esprit d'initiative, l'épanouissement et
la place du militaire au centre de toute action citoyenne, d'autre
part, sont des valeurs, avec le respect induit, capables de renforcer
l'intégration, l'efficacité et le patriotisme d'une armée.
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MOUVEMENT r"OPULAIRE OE LA REVOLUTION

REPUBLIQUE DU ZAIRE

DEPARTEMENT
~ f"~

DE LA RECHERCHE
j
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'.,.
SCIENTIFIQUE
KJnshua.le
~:./; ç / ri
...:.- -
iNSTITUT DE RECHFHt. !;.: F.:-.4~'(:IE?'IC'ëSDE LA SAN"f~
I. 1~. s. s.
DIRECTION CENERALE
KJNSHASA I GOMBE

Au Citoyen Membre du C~micé


Central et Premier Commissaire
d'Etat
à KINSHASA/GOMBE

N/Réf. : DES UR S / IRS S / DG / L Z / MA T / N


0
2 / 89
'/ C
~1)

V/Réf. :
Citoyen Premier Commissaire d'Etac
ObJet:

Etant déjà à la moitié de notre


stock de MM) et pour nous éviter une rapture, puis-je vous
demander d'autoriser le Capitaine KISUKULA d'effectuer un
voyage au Caire afin de nous apporter un nouveau lot de
médicament.

Je vous remercie à l'avance,


Citoyen Premier Commissaire d'Etat et vous prie d'agréer,
l'expression de mes sentiments révolutionnaires et patriotiques.

~.a. "._LE DI RE C T EU R
.
/..~~~~S\~.~ u(~
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~ i"'iBA/NGY~i ~

..
REPUBLIQUE DU ZAIRE
Ministère de la Défense Nationale
.
-
Justice Militaire

l'Auditeur général
des Forces Armées Zairoises

OROONNAl'lCE DE DELEG.&iTION N° AG/O.;f 3 191

L'an mil neuf cent quatre-vingt-onze, le trente et


unième jour du mois d'Octobre;

Nous, FARIA~ EUTCHA, Général de Brigade, Auditeur


Général àes Forces Armées Zaïroises

Vu l'Ordonnance-Loi n° 72-Of:IJdu 25 Septembre 1972


portant institution d'un Code de Justice ~lilitaire ;

Vu les nécessités d'une bonne administration de la


justice;
ORDUNNONS
Article "'1er:

Le i\'iajor KI~UKULA ABELl l'1ecano 9'-10500~, Substitut de l' Audi-


teur ~ilitaire de Garnison, est délégué pour exercer les fonctions
de J?remier Substitut de l'Auditeur hilitaire près le Conseil de Guerre
de Garnison.

Article 2

La présente ordonnance de délégation entre en vigueur à la


date ci-dessus.

Fait àrF._~~S~'J'!L.C_._~

~
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~- rltVd;;__----
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.

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!:'""-
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nLFS/Bsvn
REPUBLIQUE DU ZAIRE
KINSHABA, le
Ministèr~ Je la Dlfcnse Na.tion:llc
Justice Militaire
No AG/ o! 3 -1 /D.12

@)
Auditeur ~nér:lI
l'
des Forc~ Armées Z:1ïroises

/. Au IViaj KISUKUIA ABELl IvIecano 91050QT


Sub Aud Nil Gson
// ~
Info: Pres Gen GACI

o B JET: Tr Ordonnance de délégation.


~:ERENCE : No 03jO/CAB/PG/GACI/SP/KAi"VNASLE/91.

1. Je vous transmets en Ann, l'Ordonnance de délégation


No AG/013/91 du 21 Nov 91 vous déléguant à exercer les
fonctions de Premier Substitut de l'Auditeur I~litaire
près le Conseil de Guerre de Garnison.

2. Je présente mes sincères félicitations.

F ARLiLA EU'.rCHA

~e

~ ~
:FAZ
~
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REPUBLIQUE DU ZAIRE
Présidence de la République Kln.hl.a, 'e .................................

GARDE CIVILE

DECISIONN°Of!}()~t DUl,tJ_.,/4.. 1991


PORTANTNOMINATION DU DIRECTEUR
.
DU CABINET
DU PRESIDENT GENERAL.
a a___c_____________________

LE PRESIDENT GENERAL DE LA GARDE CIVILE;

Vu la Constitution;

Vu, telle que modifiée et complétée à ce jour,


l'Ordonnance- Loi n° 84-036 du 28 Août 1984 portant création et organisation
de la Garde Civile du Zaire, Spécialement son article 6;

Vu, telle que modifiée et completée à ce jour


l'Ordonnancen° 86-227 du 25 Juillet 1986 portant règlement d'Administration
relatif au personnel, au fonctionnement,à l'équipement de la Garde Civile du
Zaire, spécialement son article 27,

Vu l'Ordonnancen° 87-135 du 9 Mai 1987 portant


nomination du Président Général de la Garde Civile;

D E CID E

Article 1er Est nommé Directeur du Cabinet du Président Général d; la


Garde Civile Major Magistrat KISUKULA ABELl MEITRO
Numero Mécano 910 500 T

Article 2. Sont abrogées toutes les yosi tions anterieures.

Article 3. La présente décision en date de sa signatllr2


en::e Vi:tr ~..~j

Fait.:à Kinsh:': Ile.' 2 5 NOv.


,.'
199/

-----.---- ."-

KPAMA B
re
JJrL
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REPUBUOUE DU ZAIRE ARM - Art.œ tli'

h\ MODELE M

W> Imputation budPtalre


GARDE CIVILE
ETAT MAJOR

I. FEUILLE DE ROUTE (r) N° 0 Of!/~

Le citoyen ( grade) -E.0LO~!..!!-A!!!?IM GACI


( Nom) KISUKl/M..CiEDI
W de 18 Matricule ou Mécano 19350 .t:{ de ( imité J
88 rendra de : ](TN~lIA~A à LUBUMBASHI - KINSHASA

Nàture du. d6placement : -11I.S.sm1LJlTi: ~Ti!~Tfrr:E

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'9~.'

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__o.__________
(t) Le modèla M est à rerr.;Jlir pour le:; miSShJn.; ~> ser/ice. ;-:s mutation5. les déplacements pO}Jr raison de santa et les congé~
(2)
Barrl'!f la ou les mentions iliutiles.
- __. . -
.--:;": . :::-. DU .' .,: .;;.
- ~~Jo. LI:.;,
.
Ît/ ',~ ~~
: ;'. ,'. ..'~'~'
~
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Maître MOKA NGOLO

Avocat à la Cour

5496
, le..2.B..!tIJ. 1 997
BP. KlN/GOMBE Tél. 33.610 &£D.I.I1."I
CI. CABINET DU B AtCNNIERNATIONAL
~. KIN~A~A/G[)MQE.
NlRéf: BAT/MN/ML/o5D/97
VIRé' :

ObJét: Dol~.nce8 Colonel KISUKULA.

A S.E. Monsieur 1. Ministre


de la Justice
à ~INSHASA/GOMBE.

Monaieur le Ministr.,

En ma qualit, d'Avocat tan.eil du Colonel KISUKULA


ABELl. Magistrat Militaire autrefois dÜachd au Cabinet du COmmandant
G6n6ral de 1. Garde Civile, j'ai 1 thonneur d. wu. fair. part da .es'~\
dolêance8 selon leequellee aa r'.idence aise avenue du Haut ~ommande.ent
n847, Communede 1. Gambe, . I1td inve.tie par quelque. Militaires depuis
1. 25 Mai 1991 . 19 heur...
. . -r: Acatt. occasion.tau. ... .f'. t. ain8i que ea vai ture
Nissan 8ur8~'t' aai.ia par la. .Imas 61dMent..

Depui. lors, ie. ".lIbre. d. .. '.i118 .. retJ:Ouvent


8ane domicile fixe et lui-m8me 8erait recherch' comme un criminel.
Puis-je voue demander, Monsieur 18 Ministre, de bien
vouloir r~tablir le Colonel KISUKULA dan. 8e8 droits conformement au com-
muni qu' du Gouvernement qui demandai t eux 61 en ts des ex. rAZ de revagner
leurs résidences.

Connaissant votre esprit d"quit6. je me permet. d8


croire qu'une solution rapide et satisfaisante interviendra dans cette
affaire.
Veuillez agr6sr. Monsieur 18 Ministre, l'expression
de ma cansid4retion diatingu,e.

cc.: - Colonel Kl9.lKLl.A


J
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REPUBUQUE DEMOCRATiQUE DU CONGO


MJNb'"'ŒRE DE LA DEFENSE N/.TIONALE
~"'I1œ Mn.rrAIRE -
COUR D'ORDRE AlJUTA/RE
:';~1.P..~ G lf /k.IJ-/g
.;

{.( CITATION A PREVENU'


~~~ff:d~e..~ A la requête de l'officier du
~cWk.~~76~
~~nistère pUblic près la
Cour d' Ordre Militaire;

Je soussigné, ~~ ~~Te..~~~\it.ili
eL(~
<t.M.~~èAk
l 7~f./1 ~ ~Ah_.
~~I ) ~

Vu la DECISION DE RENVOI délivrée contre le (s)


prévenu (8)en date du ~C{ ..~. -1-«J9!

Ai donné citation à NK.vHv ~~IA- ~~ t.LcIJ. .ffRr~


~ If) e.1-J.Jz..LM-1'J!-
~"e. teo- YI /1.rtZJ.

~
-::J.,

~, vo~r
dans la salle
~~~
a c ~e
.

d'audience
'

d-;-
h~~frtn-
i::a.nt
k~~la Cour d ~
située .qlk.~
~/~~~
.
-~taire é.~'~~~
-
..
dJ~~U
~~~-
le 0 ~c:lUooJI-lAI
'-ZI :t-'t./ -
'4-f4.!~i"
~, "'

Pour: (voir verso)

Pour qu'il n'en ignore;

Etant au.~.~~. .::.Rtz...HA-k:A-hi:h-.....


........

Et Y parlant au (X) prévenu (8) lui (eux)-même.

Nous avons laissé copie du présent exploit.

4~;lff!!!f}!ft>." \

£~;p
g.~...",
,..V'
' "~/'
POUR NOTIFICATION ,,'I/:t' ...' !,_.-:\'\~~1T AC:Œ,
I!.' i~ i
l ,rï (
.. / . \;:;:., __iL .~::i'
.~.
'
...
,
)~ / ~'1

""-- - -" .,,;~~~~:fi-£~ ~ \/0vL :X-Vck


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REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO


MIN1STERE DE LA DEFENSE NAnONALE" R.M.P. N° 1564-/r~A/ge
JUmCE MJLITAIRE
COUR D'ORDRE MILITAIRE

DECISION DE.. RENVOI

~OUS. Commandant r.10KE .ALUMBA, Premier Substitut du Procm.eur près la COM


Vul'iDStructionjudiciaireouverte
à chargede: NXOMuWANGAIAJean, .fil:::: de Antoine
~!;~~Glu.A (+) et de ~1ATAt.tarie (ev), né à ICrNSHASA, le 22 Dec 1952, origi-
naire du village de IŒYALA, Oollectivité de NGEBA, Territoire de M1u)II.1BI~,
District de LUKAYA, Province du BAS-CONGO, fonctions antérieures (avf1n"t
le 17 I.1ai), Attaché Mil assistant en mIPrE, fonction après le 17 l1ai;
Commendant District de M:~ADI de la Police Nationale, étnt-civil: ~arié à
t-1mef'~arie CHRI3TIIŒ: UTAUGAIA+ 10 enfants, dlié sur !...v. REGIDESO n° :; c/r:(;
Poursuivispour: Voirverso LIEHA. ~

t Ville
S' @tre à ~1.ï.~T"',DI
de ce nom et Chef' ""lieu' de ln' Province du
B:\S-COtIGOen République Démocratique du COI:GO, €U cours du mois
coupable de mAHISON en con~ ~:~?t avec l'enne-
d 'Aoilt 1998 rendu
.
0]. no t Dmment en, _mettant
,.,. à la "di~po~~~.i"~n
'. "'1 "'J .ft ...:..:f.J.
..~ ,
' i::
.du CoDûna.~,ant
.. ,~t.t: J1. ..
'_'
dQpze.
rebelle
""hommes en vue
l::JŒI:GELE urM ;co!P!~!_~.!'~~é!~ ~:..:!.~;-:~.~~~..
d'appuyer li;£f;nsive ennemie dans la coH~~3te de la Ville de
i.!!:SH:.5A. Fait prévu et punip1..T 1.' article 431 du CJt1.

Aueudu qu'il ~uIte de l'instructiOl1 que les f.~ mis ~ charp des pr6qualifi&Ss soat suffISamment ~bIis pour
motiver leur renvoi devant la juridiction de Jugement;
V u les Articles 1,2.3, 4etSdu D6cret-Loi D. 019du 23 Ao8t 1997 portant cr6atioo d'une Cour d'Ordre Militaire:
Vu les articles 196 et 212 du Code de Justice Militaire;
Vu l'article 2 du D6cret D8 020 du 23 Aodt 1997 portaDt Domination des membres de la Cour;
Renvoyons ce jour les prévenus susnomm6s devant la C9ur d'Ordre Militaire pour y!tre jugés conformément

à la loi.
Fait à Kinshasa, le 14 l'~ov 1S.98

PUBUC

pour notification.
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Jean NKUMU W ANGALA Kinshasa, le Il décembre 1998


Centre Pénitentiaire et Rééducation
de Kinshasa
Pavillon 8/RMP N°l 564/MA/98 Transmis cODie Dour infonnation à :

. Son Excellence Monsieur le Ministre des


Affaires Intûieurs

I. Son Exceilence Monsieur le Ministre


C p SfNE T DU MINISTRE e Justice -

DE lA ..JU$flCE Ir GARDEDES SCEAL~


A. Monsieur l'Inspecteur Général de la
'~-eç.u le'"
. f:1'ENREGI$T:
8 DEC '99~
/lf4;"'.Y:j
/ / Polie Nationale
onsieur le Directeur Général de la
(.'"ASSEMENT: ,.. ~.~.- (S
)olico Nntiol\:1lc

;Mt TOUS à K inc:hn~n I Gombe

~ : Réclamation Solde
I ~
/~
... . d'Ordre
..:::""...
P::~~~"~::
A Monsieurle Pr~ur
Militaire:
Kinshasa/Gombe.- \.
,

'...
.................
près la Cour

/.,-, \ I~
.' ':.
. SIC Commandant Pavillons
. ) ,

Monsieur le Procureur, ., ..
'.
.
Mi'lit~i~~CPRK.

.;1' .~
....:..-
rr-/.-
t .r-
-:::.{
--
/..'\
.lU"""" '\
,.'
\ ...'l ~ ,"

f'
.
'~'" -.~~;~...V
J"
En référence à ma note du 18/1 1/98, vous transmise pour information, je viens
porter à la connaissance de votre autorité Jz. privation illégale de mn solde d~rllis I~ mois
d'avri198 jusqu'à ce jour dont je suis victime. Et ce. en dépit des nombreuses réclamations.

Etant en détention, ma famille: en détresse est abandonnée à eae-même sans


ressources depuis mon aITestation le 22/09/1998.

Cela étant, je me vois obligé è.e m'adresser à votre autorité pour me pem1ettre
de rentrer dans mes droits.

Recevez, Monsieur le Procurc:ur, l'cxpre~sion de mes scntimentc; de profond


respect.

M['.. DES AFF. INTERIEURES


t :~RtAT De C~INp J7-1J. ,Jean NKUMU \V ANGALA
Reçue !~ 4~... ~.I...!'f!J-b'
N- I .:elJr
~ ( PRE I~NU
Transr..:s ... ............ \.
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Ropo.oW
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ç
I..'.-,v K,-t?> ~;'1~"
.., ;.,') ,r ..."..j- ':';,. - :- //
I-" - Kinshasa, Ie 06 Février1999

COPIE POUR INFORMATION A:

-Son Excellence
klL Nationale.
Monsieur le Ministre de la défense

~qq
:/ - Son Excellence Monsieur
des Affaires Intérieures.

- Son Excellence Monsieur


le Ministre

le Ministre
d'Etat

de la Justice
chargé

~ ,.
et Garde des Sceaux.

- Son Excellence Monsieur le Ministre des Droits


<' humains.
c;\ ~~o~»!1.
'~'.

" - Chef
r 1; . ........
d'Etat
Congolaises.
major général des Forces Armées

f,
- Monsieur l'Inspecteur Général de la Police
Nationale.
. .,.--..- .
~; :"'-' . .~ - Monsieur l'Administrateur Général de l'Agence
: p... ~' Nationale des Renseignements.
:10:\\". ' :
.~ .\
.

.
_: n . .
.
24;\_:..,
\..\ ~
.

.,..
,..
;
,
- Monsieur le Directeur Général de la DEMIAP
f
~ _oj..
,s
~ ~~. ~ _
Monsieur le Directeur des Services Spéciaux de
~ -- ~" ~~..~ la Police Nationale.
+r;,
. .((41
0 A'
.'
.'. 'v,~_~Monsieur l'Inspecteur provincial de la Police
-
~J.I~,:,~ . ..' ,,' '"Nptionale I BAS-CONGO.
,
~~
.$ . ".
~ '\

.
'..
.'
.'
,,7

./4'M~n~ieur le Procureur près la Cour d'ordre t


J~
" c ~' . . . ',il MIlitaire. IiI
~. . . ,,\.. . ..
QV-I~
'V
. il
..
. f IJ
.JI'
f..~.,t:~ " . ,...
£0.' ~ ~ '
,'? - Mess,ieurs,les Avoc:1ts, Me ONYA LUSEKE,
...~, c;),I.
.r / :-"j'/
. . ~.'
~ '"
'. Andre Mane MUlLA KAYEMBE, FULA MATINGU,

V
.' .,' .,' .' Jean Paul MULUMBA,Char1y TSHILUMBA.
.'
Q-..; . .
.,. .. .
/"'/0~ .'1: './'. '-". c.';;.: IJ ii' E:,~! ln i\
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/.:~ ,(:'. J:;~"/: A Monsieur Ie Président de I 0 (jur
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KINSHASAI GOMBE
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Oblet : Plainte"V contre Inconnu ~ ~- . .. .. :
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..:..~..;

Monsieur le Président,

J'ai l'honneur de venir par la présente auprès de votre autorité porter


plainte contre inconnu au sujet de menaces sérieuses qui pèsent sur ma personne,

.1/ ~ ,#) '1 . '11 .../...

/1 'L[1
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-2-
lesquelles menaces se sont concrétisées dimanche 31.01.1999 vers 6 heures 30' par
la visite d'abord à mon ancien domicile, ensuite à mon nouveau domicile.
Ladite visite i été ~effectuée par 8 éléments de F .A. C armés en tenue tachetées et
bérets verts dont 5 sont entrés dans la parcelle, 2 autres sont restés dans la rue et le
conducteur dans le véhicule de marque Toyota Hiace Kombi de couleur militaire. en
retrait dans la nie.

Premier témoin: Madame Yvette KAMAYI qu'ils ont pris à bord de leur
véhicule de chez elle sur l'avenue de la Régideso n03 dans la commune de Ngaliema
(quartier Ozone), lui obligeant de les conduire chez moi où ils ne trouveront que mon
épouse et mes enfants (autres témoins). -

En effet, je suis le Commandant District de la Ville de Matadi I Police


Nationale et avais assumé les fonctions d'Inspecteur Provincial a.i. deux jours avant
l'occupation de la Ville de Matadi par les rebelles.

Après la récupération de cette ville, lorsque la vie redeviendra normale


une semaine après, de retour, l'Inspecteur provincial de la Police Bas-COngo Mr
Gilbert KABULO qui avait fui pour Kinshasa deux jours avant l'entrée des rebelles, fera
un rapport à la DEMIAP contre moi et quelques officiers de la PolicelBaS-COngo. Dans
ce rapport, sera annexé une copie de la note que les rebelles m'avaient fait signer
sous contrainte. Fait que l'Inspecteur KABULO avait lui-même confirmé en stipulant
que cette note n'a jamais été conçue ni minutée Par moi. (cfr mon dossier à la COM).
Malgré eela, je serai mis à la disposition du Comd Damas KABULO (son frère), DG de
la DEMIAP. Arrêté le 22.9.1999, menoté, humilié, conduit directemri'rt et gardé
pendant 45 jours à la DEMIAP sans être entendu au préalable par la hiérarchie de la
Police Nationale.
Dès lors avec l'étiquette « d'avoir collaboré avec les rebelles» j'étais déjà un .homme
mort, ainsi personne ne pouvant plus interférer dans ce dossier méchamment noirci à
dessein de nuire.

Pour preuve, pendant que j'étais encore détenu à la DEMIAP et avant


d'être entendu par la Cour d'ordre Militaire, quelques actions suivantes seront
entreprises arbitrairement à mon endroit. notamment:

1. par sa décision n° 0003/PNIIP/PC/98 du 9.10.98 l'Inspecteur KABULO me


révoquera de la Police nationale en lieu et place de l'Inspecteur Général et du
Ministre d'Etat chargé des Affaires Intérieures (décision de révocation en annexe) ;.

2. Il fera chasser ma famille de la maison que j'occupais à Matadi dont le loyer était
payé par moi-même à la cité de l'OESK Villa n01;

3. Il fera confisquer ma -solde du mois d'avril. 98 jusqu'à ce jour (:t 9 mois);

4. le 26. 10. 1998, il affectera un autre commandant district de la Ville de Matadi;

Après 45 jours de torture morale à la DEMIAP, je serai transféré à la


Cour d'Ordre Militaire pour le Centre Pénitentiaire et de Rééducation de Kinshasa. Le
Seigneur étant juste et Bon, après plusieurs audiences je serai purement et
simplement acquitté le 12.01. 1999. Dossier creux, aucune preuve de culpabilité de fait
et de droit.
.../...
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-3-
Quelques jours après mon acquittement, les rumeurs nous parviendront
et selon lesquelles il y aurait quelques mécontents qui chercheraient à créer un
incident pour me récupérer Rumeurs auxquelles je n'accorderai aucune importance.
Mais au fil du temps, certains faits commençaient à me pousser à avoir quelques
suspicions.

- Certaines démarches seraient menées pour que la hiérarchie de la Police Nationale


ne nous réhabilite pas assez rapidement dans nos droits c.à.d. moi-même ainsi que les
autres officiers arrêtés et acquittés depuis décembre 1998 et ne plus rentrer à Matadi;

- Nos réquisitions de fin d'emprisonnement qui ne sont toujours pas signés jusqu'à ce
jour;

.. Même l'extrait de mon jugement est toujours bloqué à la COM jusqu'à ce jour.

- Après presque 4 mois de détention, acquitté depuis 25 jours je ne détient aucun


document relatif à cette situation judiciaire.

Ainsi Monsieur le Président pour confirmer ces rumeurs, la visite de ces 8


éléments armés chez moi ce dimanche 31.01. 1999 (jour férié) à 6 heures 30 .. . Tout
est visible que cette situation a beaucoup des points sombres qui semblent à un
règlement de compte

Malgré tout ce que j'ai subi comme préjudice pour N'AVOIR RIEN FAIT
DE MAL, et qu'à peine j'essaie de surmonter mes angoisses, voilà que je suis de
nouveau traqué. Alors que mon apport a été très capital quant à la récupération d'une
grande partie du Bas-Congo et plus particulièrement la Ville de Matadi. Certaines
Autorités qui me lisent en copie en sont très conscientes.

Eu égard à ce qui précède et étant en situation de détresse, je recours et


fais confiance à votre institution pour assurer ma protection contre tout enlèvement ou
arrestation arbitraire sous prétexte d'enquête quelconque.

Tout en vous remerciant pour le bénéfice de l'urgence et de la suite


favorable que vous réserverez à la présente, je vous prie de croire, Monsieur le
Président en mes sentiments patriotiques.
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CABINET ONYA LUSEKE


N81522 Avenue du Commerce, Immeuble PAPA DIMITRJOU, 26m8niveau, App.22, Commune de la Gambe
(Près HOpital Général ex-MAMA VEMO) - Id. Nat 13039 B

~bastien ONY A LUSEKE


Kinshasa, le 20 février 1999.
Alphonse KOY AKOSI MBA W A
Benjamin LISAMBA YUMA
Gabriel OKOKO T AKEDI Transmis cODie Dour information à :
Bœtrice LOKA Y A BOTULU
NZITA DUMBI
A vocats à la Cour d'Appel - Son Excellence Monsieur le
Ministre de la Défense Nationale
de Kinshasa / Gombe.
à KINSHASAI GOMBE.
- Son Excellence Monsieur le
Ministre de la Justice et Garde
des Sceaux -
à KINSHASA I GOMBE
. Son Excellence Monsieur le
Ministre Chargé des Droits
Humains
à KINSHASA/GOMBE

- Monsieur le Président de la
Cour d'ordre Militaire
à KINSHASAI GOMBE.
(Tous) Avec le l'assurance de
ma haute considération.
..-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.

Objet: Doléances du Comd Monsieur le Procureur près la Cour


Jean NKUMU WANGALA d'Ordre Militaire
détenu au Cachot du à KINSHASA I GOMBE
Parquet près la Cour d'ordre
Militaire.- Requête en sa
libération.

Monsieur le Procureur,

Le Comd Jean NKUMU WANGALA


fut poursuivi devant la Cour d'ordre Militaire pour trahison, en l'occurrence,
pour avoir, pendant roccupation de rebelle de MATADI, à MATADI et sur ordre
du Comd rebelle KABENGELE, mis à la disposition de ce dernier une Cie de
72 hommes en vue d'appuyer l'offensive ennemie dans la conquête de la ville
de Kinshasa. Fait prévu et puni par l'article 431 du CJM.
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2
En date du 12 janvier 99, la
Cour d'ordre Militaire saisie des faits acquitta, à bon droit, le Comd Jean
NKUMU WANGALA pour motif tiré de l'évidente contrainte sous laquelle ce
dernier avait agi et, à la fois et surtout, de l'excuse absolutoire prévue par
l'article 400 du CJM en cas d'exécution des ordres émanant de l'autorité
ennemie.

En exécution de cet arrêt, le Comd


Jean NKUMU WANGALA fut remis immédiatement en liberté conformément
au prescrit de l'article 258, alinéa 3, du CJM.

Mais curieusement, aucun


réquisitoire à fin d'emprisonnement ne semble envoyé au Centre pénitentiaire
et de Rééducation de MAKALA où le Comd Jean NKUMU WANGALA était
détenu. Il s'ensuit; -pour lui, une grave absence d'une fiche de libération
dament établie en vue de pourvoir à la régularisation de la situation
pénitentiaire et administrative de l'intéressé. Pis que eela et en violation des
articles 260 et 290, alinéa 2 du CJM, le Comd Jean NKUMU WANGALA est
repris par la Justice Militaire et, depuis bientôt deux semaines, placé au
cachot du parquet près la Cour d'ordre Militaire, semble-t-il. pour lui permettre
d'aller déposer à MATADI, dans une cause qui est loin de lui être signifiée If
Alors que la mesure de la détention d'un témoin n'est justifiée. }que si celui-ci
est condamné judiciairement pour refus non légitimement motivé de
comparaitre ou de déposer (Article 19 et 78 du CPP.)

En toutes hypothèses, l'actuelle


détention du Comd Jean WANGALA semble difficilement ou point du tout
trouver une assise légale.

C'est pourquoi, se fondant sur le


prescrit des articles 184, 192 et 211 du CJM, le Comd Jean WANGALA en
réfère à la haute autorité de Monsieur le Procureur pour l'inviter à vouloir bien
ordonner sa libération dans le respect strict des droits qu'il possède en tant
que citoyen de ce grand et beau Pays et à la fois dans le souci supérieur de la
Justice et de l'équité.

Veuillez agréer, Monsieur le


Procureur, avec l'expression anticipée de toute notre gratitude, l'assurance
de notre profond respect et de haute considération.

~
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F:~'J~ ~~ ô.~/.:u~j~~.:. .,.
:.._ .:_~.~__~:.:.r..~~~~
~.-. .; \;
. : n~1
~. Son Excellence MonsIeur le Duecteur du Cabmet
:'r.- ..
. ~ _
du chef de l"Etat.
Son Excellence Monsieur le Ministre de la Défense
Nationale.
- Son Excellence Monsieur le Ministre de l"Etat
cha1Bé des Affaires Intérieures.
- Son Excellence Monsieur le Ministre de Droits Humains
~'~~\A- - Son Excellence Monsieur le Vice-Minstre de la
Défense Nationale.
~ Jls 'r~~~ - Monsieur Ie Conseiller Spécial du chef de l''Etat

(
~- a~ ~~
en matière de sécurité.
- Monsieur le Procureur Général de 13 République
V
)--J
R) Chef d"Etat NIajor Général des FA.C
I
--- 1
8~ V
"
. MOIlSieur L ~~Inspecteur General de la Police Nationale
'L:J, -
Monsieur L"Admini51rateur Général de r~AStence
Nationalc <'le Renseignements
-Monsieur le Directeur C~néral de la DE~ !lAP.
-~1011sicur le Directeur de Services Spéciaux.
- Monsieur le Itrprésident a.i. de la Cour d'~ordre
Milit.~ire .
- Monsieur le Procureur prés de la cour d"ordre
?vIilitaire.
- MOI13ieur le Gouverneur de la Province du Bas-Congo
- ~1essieurs les .Avocats: ?vIeONYA. LUSEKE,
tvIe ivfiJ1Lr\ KAYEN1BE, ~1e C~'lfly TSmLWNffiA,
Me lv1ETA,:MeRichard BO~TIO, Me FùLA
~
MATINGU, Me Henri Floribert MUPILA. ~ I

~t::

Objet: Arrestation arbitraire du


~ .~~
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Comd Jean NKUMU par w ~~


la Cour d"ordre Militaire. A Son Excellencc Monsieur Le Mlnistre ~~~~
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.
la Justice et garde des Sceaux
~..t~C( tJ
.,
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~Wde et à Kinshasa. CJ
Œ' . ','
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./,~:~;:. .-~~~.
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J"ai l"honneur de porter à la cODIù'1issance
de Votre Haute Autorité que
j"al été séquestré et détenu illégalement à la Cour d"Ordre rvlilitairc ( CO?vl) par le Comd
ALANfBA Charles, Président a.i. de la CON!.

Excellence Monsieur le Mnistre, je m"appuierai essentiellement d"une


manière succincte sur des faits matériellement vérifiables.

- En effet, je suis le Comd Jean NKUMU \lif'u~GALA, cOlIUl1andant District de la ville de


Matadi, Po1iœ Nationale / Bas-Congo et f'ni assumé les fonc.tjons d"Inspccteur Provincial a.i.
après le départ du titulaire le Comd Gilbert KABULO deux jours avant !"entrée des rebelles.
Licence accordée à MAOTELA MBELE KAMANGU maotela@gmail.com -
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""

. Le mercredi 12-08-1998 les FA.C et quelques élements de]a Police dont le Comd K..:\BL1_0 et
quelques membres de son Etat ~1ajor quittèrent précipitamment~ la Ville de ~b~'ldi abandonnant
une troupe de plus de 1050 éléments.

- Par consequent et afin d~'assurer la continuité du service je prendrai le commandement le même


mercredi 12-08-1998. Ainsi av'eC le cellulaire du Gouverneur je contacterai à lxu'tÎr de 21 h 30 les
autorités ci -après:
- Général Célestin KIFUA Inspecteur Général de la police
- Comd Daniel KATSUVA Inspecteur Général Adjoint de la Police
. Comd Didier E11Th1BA DmCABIDEMIAP
- Abdon MAYOMBO Coordo. Vice -Ministre de l"Interieur
. En fin, son Excellence Gaëtan KAKUDJI Ministre d"Etat aux
affaires Intérieures.

Toutes ces autorités informées sur la situation, étaient indignés


d"apprendre la fuite des NIDitaires et Policie.rs sans aucun contact avec l"ennemi. A cette occa-
sion le Ministre des affaires Intérieures me demandera de tenir bon jusqu"à l"arI'Îvée du renfort.
EffectiveInent, ce dernier a tenu parole ainsi 1~ 1e:: tranche du relltàrt viendra par t.rnin le jeudi 13-
08-1998 vers 6hOO e! le reste pendant la journee par avioD.

- Le vendredi I-t-OS-O 1998 ~~ndant que nous attcndioIl-) d"autres renfo~~ les rebelles c.nt entrer
et occuper ~Iaiadi vers ihOO. Dès lors nous étions dés:innés et Inenacés con5t:ull.1'nent par les
rebelles.
~i1.lgré cela, j"ét..,is déienniné à COn1J11unÏquer régulièrenlent aux autorités à Kinshasa, tous les
renseignements necessaires sur les rebelles.
ExceHence, sans me vanter je crois être le seul ofticier qui ai consenti ces sacrifices avec tous les
risques y afferents.
D"ailleur IDon apport a été signitiant quant à b récupération de la Province du Bas-Congo et de
la ville de ~fatadi en particulier.
Le Comd rvlUNENE et son cabinet de }"népoque, ainsi que la lùèrarchie de la Police sont mieux
p]acés pour vous confirmer cert~ins détails.

- Apres la récupemtion de la Ville de ?v1atadi par les alliés et les quelques élén1ents de la Police
restés, une semaine après, lorsque la situation redeviendra normale, l"!nspecteur Gilbert KABULO
qui avait fuijusqu»a Killshasa deux jours avant }»elltree de rebelles~ rentre à ?vL'ltadi et établira un
rapport sur l"étnt des lieux contre Ill0i et quelques 17 cadres de la Police restés au Bas-Congo.
Dan.~ C~ r~pport sera a~"1~xée un~ copie de la n()t~ que les rebelles m,)'av~ie~1t fait signe-r sous
cOlltra~:'t~. D"aill~ur d~~ son rapport l"illspecteur KJ\BULO contirmera lui mêIne que ladite
note n~'avait jamais été conçue ni minutée par n10i...( crr IDon dossier à la COM ). Mais pour
avoir a :>sunlé les fonctions œ~Inspecteur Provincial a.L, je serai arrêté
et mis a la disposition de son frère le Comd DaJnas KABULO à l"èpoque Directeur Général de la
DE1VllAP, le 22-09-1998. Nlenotté, humilie et conduit directement il l~ Dfu\tIIAP, détenu avec
toutes les conséquences y afférentes pendant 45 jours. Et ce, sans être entendu au préalable par le
hicrachic de la Police.
Excellence, avec cette ëtiquette « œ~avoir collaboré avec les rebelles...»
personne ne pouvait plus s"intcrfcrcr à ce dossier noirci avec une méchanceté manifeste à dessein
de nuire. C.d.d j"e1.ais déjà condaulné avant d"êtIe jugé.
Pour preu\'es:
- Avant d"être entcndu par la Cour d"Ordre fvfilik'lire.
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1. ~..b !~liUe 5e:":l :lu$5é~ de la maison dont le loyer éUlil payé par moi mème
2. ?1f Si1 decisic.n il:) 0003:P:\/IP:BC 98 du 09-1 U-19981"Inspecteur KABù"LO me
re\'cquera illcgalement de la Police Naùonale en lieu et place de l"Inspecteur Gênera!
et du ~1inistre dr-Etat chargé des affaires Intérieures. ( crr doc en annexe)
3. TI fera confisquer ma solde du mois d" Avril 98 jusqu"à ce jour
4. Le 28-10-1998, il affectera in'égulièrement un autre Commandant de District de la
ville de 1-1atadi.

- Apres 45 jours, la DEMIAP me transféra à la C.D.M. pour le centre Pénitentiaire et de Réédu-


cation de ~1AKALo\. Dossier creux, par manque de preuves de culpabilité. de faits et de droit
après plusieurs audiences je serai purement et simplement acquitté à bon droit le 12-01-1999 .
Cet acquittement n"arrnngera pas certaines personnes, les rumeurs vont circuler selon lesquel-
les, Wl groupe de mécontents pour couvrir le forfait de l"Inspecteur KABULO qui nna jamais été
inquiété pour abandon de poste et fuite devant l"ennemi, usant le subterfuge, chercherait à me
récupérer d"une manière ou d"une autre pour reprendre le jugement rendu, mais de préférence à
~1atadi. Rumeurs a\Lxquelles je n"accorderai aUCWle importance jusqu"au 3 1-01-1999 lorsque 8
éléments armés viendront chez moi pour m"meter. Témoins: rvIme Yvette KAJ.V1A.YI, mon épouse
ainsi que mcs enfanis.
Des 10fS je me seniirai effcc1iven1ent memcé et c"est ce qui me poussera à porter plainte Cl'ntre
ù\connu ;mprés du President de la COrvl pour assurer m'l protection. ( Plainte d\)Dt je vous ai
fr:m,~nu.') ('opie poni" in!,), ).

ExccJlcncc, ~Jonsicur le ~/Jinjstrc voici les faits troublant qui choquent


1es bonnc~ ccn~cjences. Exactemcnt con1n1e d'lns un fi1n1 Policier, J"auiorite aupres de laqueIJe je
IDe sni!; confié pour ma protection, c"est celle là D1ênle qui le 09-0:-1999 m"arrete, me t11Ït
séquestrer (hn5 le bureau nu protocole du Chef d"Eta[ ~Iajor Général de 11h35 a 17'ùOO, en
préscnce du COD1d Bertin NKUlvlU, et d"autres Comlnandants. Vers 1ïhoo, Le Con1d .'\Lk\tIDA
demau(h,,-ra au Comd Eric, COInd second du bataillon E.1V1.G. de me conduire el la CO~1 où je
serai directemcnt mis au cachot ferme avec de crinlÏnels où les mts, souris et cancrelats font bon
ménage. Et ce, pellck'Ult 52 jours de DETENTION ILLEGALE, sans prévention, sans dossier et
jmnais été entendu nlème par un Inspecteur Judiciaire, pour témoins ~1onsieur le Procureur près
la COl\-I ainsi que lous les Magistrats. Au point où tout le monde m"appelait "GOlJVEP~~r:UR"
de détenus. Du jamais \-13dans l"lùstoire de la justice ~-1ilitaire. Bien que je sois détenu illégale-
ment le Comd P~p \-1BA. était detenniné à me garder au cachot, sans tenir compte de l"enonmté
des prejudices me causé sadiquement et simplenlent parce qu"il détient une parcelle de pouvoir et
se sent intouchable.

Excellence Monsieur le MÏnstre, voilà de quelle façon je suis remercié


maIgre maIl rang ainsi que les services rendus à la nation, par le Président a.i. de la COM qui
npp<1remment a plus de pouvoir que le Chef de l"Etat. Car malgré l"intervention de certaines
autorités, des avocats et mên1e du Procureur près la CO~1 pour nle relaxer, il s"est mis à les
Darguer tous sous prétexte:
- Que je devais aller déposer dans une C<1use à 1v1.1L1di sans citation à témoins.
- Tantôtj'~6taisgardé à la COM sur injonction de la haute hieracrue.
- Tantôt parce qu"il paraîtrait que j"aurai approché le tribunal pour obtenir
mon acquittement ...

Aucune considération à la vie de ses semblables, ainsi j"avais décidé de quitter la carvI ce 02-
04-1999 dans les nlê111eSconditions que Pierre dans Actes 12: 1-25.
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Excellence, la réalité est celle-ci et nous en avons toutes les preu,'es qui
nous permettront de tirer les conséquences au moment opportun.
Pour protéger le "Trône" du Comd Gibert K.L\.B1JLO au Bas-Congo, je devais absolun1ent être
condamné à n"importe quel prix et ce, avec la bénédiction de certains membres de la COM
Malheureusement pour eux, les choses ne s"étant pas déroulées selon leur plan, surpris par mon
acquittement, ils étaient obligés de créer un vrai faux dossier de connivence a'\"eC la juridiction de
:Matadi, pour satisfaire aux mécontents qui les auraient bousculés à cause de mon acquittement.
Ainsi à Matadi où l~'on m"attendait avec impatience, loin de ma famille et de mes avocats je serai
rapidement jugé et condamné sur base de faits pour lesquels j"avais été acquitté. On se croirai
vraiment dans une histoire de MAFIA

Néamnoins, L"Inspecteur GilbertKABULO ayant compris que seul DIEU


dispose de nos vies, m"enverra le Comel KJLOLO Claver et un autre de la Police comme émissai-
res le vendredi 26-03-199 à la COM pour me demander pardon sur tous les préjudices qu"il
m"avait causé. S"agissant de son fameux rapport contre moi, il aurait été d"après lui induit en
erreur par son adjoint I"Inspecteur NDONGALA et certc1inS membres de son Etat 1..fujor qui lui
avait conseillé de m"enfoncer pour préserver son fauteuil. C"est toujours dans ce contexte, qu"il
aurait donné des injoctions au Procureur près 1a CO~I pour geler nos docUInents relatifs à notre
acquittement ( moi ainsi que le 1ï autres policiers) afin de nous empêcher de régulariser notre
situation adn1Ïnistrative à la Policc...lnalS qu~~il venait de voir 1~ Procur~ur lui ulène pour fu-rnll-
ger ce probJème.
Bref après avoir passé aux aveux, il nous conf1rmera qu"il n" y avnit plus aucune caU5e à N1.atadi
dans laquelle je devais déposer.

Excellence tvlonsieur le Mini$tre, eu égard à ce qui proci:de, je recours à


l"inten-ention personnelle de Votre Haute Autorité ainsi qu"à celle des autorités qui nle lisent en
copie pour me pennettre de recouvrer mes droits ci-après:
.
-Etre réhabilité dans ce mes fonctions à l"in.qtar d"autre cadres de la police acquit-
tés pour les mêmes L1its.
- Percevoir ma solde de plus ou moins Il mois, du mois d» Avril 98 jusqu"à ce jour,
gardée par la Direction du personnel de la Police NatioI1:"1le sur ordre de l"Inspecteur
Provincial.
- Récupérer l"an-êt de mon acquittement rendu depuis le 12-01-1999 et bloqué à la
COM, ma fiche de libération ainsi que le réquisitoire de fin d"emprisoIIDement qui
n"a jamais était envoyé au CPRK jusqu"à ce jour.
Par ailleurs je tiens à signaler à Votre Haute Autorité que je suis toujours traqué et encore l"objet
de menaces.

Tout en vous remerciant pour la suite favorable que vous voudriez bien
réserver à la présente, je vous prie de c.roire Excellence, Monsieur le Ministre à l"expression de
mes sentiments de profond respect.

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~
~
Acquitté par la COIIl, le cOD1Inandant
trean Nkumu toujours pas citoyen IibIe
--
Arrêté ~
son et collaboration avec l'en-
son arrestation.
Dimanche dernier, selon
instructions des autorités
pays pour régler leurs comptes
ld
nemi pendant l'occupation de la les membres de sa famille, un aux gens qui ne leur plaisent
province du Bas-Congo, Jean groupe de 8 militaires fortement pas.
Nkumu, commandant de la po- annés à sa recherche, ont fait Voilàpourquoi la famille
lice / district de Matadi, a été irruption dans une parcelle où du commandant Jean Nkumu
acquitté le 12janvierdemierpar il aurait été localisé à qui n'a pas encore obtenu StJn
la Cour d'ordre militaire (Com), Macampagne. Jean Nkumu ne réquisitoire de fin d'empriso!".
faute des preuves de culpabilité s'y trouvait. C'est ce qui a fait nement en appelle aux minis-
de fait et dE'droit. Mais, ce n'est qu'il t'chappe aux fjles des hom- tres de l'Intt'riE'ur f't dt' la Jus-
pas pour autant qu'il est devenu mes à ses trousses. tice ainsi qu'à l'inspfftcur g~né-
un citoyen libre. Jean Nkumu Pour quelle infraction rai de la police pour que leurs
est non seulement traqué, mais poursuit-on encore Jean parents soit à l'abri des coups
il est aussi un sans domacile fixe, Nkumu ? A bien observer, cette orchestrés contre lui,
Tellement un groupe dl" militai- action semble être le f,tit de cer-
res sur ordre dont ne sait veut tains zélés qui passent outre les \V. T.
- -. --
[,e, l'tI/t;,iiia, il'1 ~72 .:..;~!;:
2 ..

.~-.v~ri~n~di :1.9.ma~~1,~,9"

La V sv delTIaI1de au pI"ésident de la
ConI de !}otifier Ie C0ll1JnaIldafI1t Jearni
NkUllltJi pOlIl. son acquittell1ent
La Voix des s.~ns voix A moins qu'il s'agi~;~1.' de l'ul:":1bilit{. d(' fùit l't de droit.
pour les droits de !'hommt' d'une nouvelle infraction com- 'n.'puis h>r!', il n'a jamais
(Vsv) s'inquiètC' prolondl'01cnt mis(' P;)J l'infortunl', l'on l'J\~it b :1(')tifiration dt, son ;'\c.
l'l'CU
de l'arCl'statioll du l'ontrnnn. '..1\'(,ir lI\!l' ).\ dl'tlxii'r1\e ~Hrl'~- quith'I!1l'IIt. Cl' ~\ quoi 1.1 Vsv
dant J('an Nkutnll ;tl(\r~ qu'il t"tion l1 Il C(\mm.Hld.mt J('M\ dt'IIt,II';!l' Il' pn'''.;idt'nt dc' la
était déji\ acquitté p.u la Cour ~~:~uma n\'~t p.tS l't<tYl~" Arrl"oté Cl'III dl,: <.\ttcJl'J',
d'ordre militain', Pour et' faire, Il' 22 ~l'ptl'l1'bre 199H, dé1ns la i\'ur r,lpJwl.ll' (01111n.1n.
la Vsv vient d'l'(fir~' .HI Cllm- Sl'rll' tl'.Hltn's lIIilit;'!irl'~ .HI It'n- d.lIlt k.HI ~\...lImlll't.1Ït fl'spon-
mand.1nt J\lamb.1, prl'~,idl'J\: Je.' dl'm.\Ïn dl' 1.\ rt'pns(' lit- la \'ilk' s,lblt'.il- 1.1 p(llin' du district de
la Com lui dcmé\ndant dl' dt' Mat.\di par 1«.':0.Fat:" l't "lIiés, M,1ti1l~1 .lU Bas-Congo lorsqul'
"X"-
rantir la libalt' t'lIli StÙ"itl; dll Il' t:"oUlmand.mt }to.IU Nkul11u cd tl' \ jill' l'st tombl'l' l'nln' Il's
conmla71dllut jClln Nklllllll Ilflll l'tait SUl'((,'~si\'l'ml.llt dl,tenu il main:, dl'~ rd)l'Ik's. Fidèle à son
qu'il puisse bélléficia £It'Stjti'!::1'0- la D(,II\ié\p (Dl,tection milit"ire poste, il a multipli~ des messa-
sitifs dL'l'acte d'acquittt'l1It'lIt... des activitl'S .\lItl-pé\trie.'), au Cé1- ge!" tl':l'phonit.]Ul.S à la hiérar-
Dans cette lett rl' n °0151/ chot de la Com et <tu n'ntrt' pé- chil., i(''..!r pOlir jour, l't i\ ses ris-
q pt
Rdc/Vsv /CD/9Y du f~\'rier nitC'l\ti.\ire l]uc.'s c~ périb car 1.1 ville élùit
dt' rl-l'duc"tiol\ dl'
1999, Vsv s'~tomw du fait Kinsh.\sa, l'x-prison l't'ntrall' de OlTUJWt,', /\rJ'l'tl' puis rl'liu..hi', il
1"
que le cummandé\nt Jl'an ivtakala. Vll'nt d'l.tre dt, Iwu\'eau mis
Nkutnu f;\sse l'nC()rl' l'objl,t dl'
.HI"- Mrt'Is, sa famille qui l~st in-
poursuites judiciétires rom ml' Apr.'s un prol'ès qui a L'onsllbblt, nt.' sait ~\ quL'l saint
ce fut le cas ledim.mdU'J1Ian- dun' du 14 novl.mbrl' 19L)~ é\U Sl' \'tI\!('r ni i\ lJlIlIJ rinw l'.\rres-
vi('f 1999 lor~qlll' hUit mdit;'!J' ï jaJ\vll'l 1 'JYe). M k.\I1 Nkumu 1.ltltlJ) .i urw p('r~lInrw ,\npllt-
res ~\ bord d'un minl.bu' :'ol'l,l acquittl' Il'
]~ ,.\J\Vil'r IlJ9Y tt
\Toyota dl' miUl}lIl' t Il,\1',, \ I\'JI- 't'
p.\r
It' tnhlll\.tI dt, I.: <..OllJ d'or-
dront IL'clIl'illlr ~"II d,'nll, Ih. dit' IIIIIII,llIt', I.lllk dt' pn'\I\'l'" H.W.
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? I.c Potci,tic[ 1612


... Mercredi 19 n° mai 1999

. L'association Toges
Noires déplore la
~ disparition du Cdt
Jean Nkumu Wangala
Dans un communiqué, 4 - LA7E:""!p~ OES ;ROCl/O'-JES t.. ; 2 I 0
de presse daté du 14 mai 1999,
:'UNDI 2 ~ . ""'A: I gç.ç;

'i' associationinternationaled~
,
avocats et magistrats défen- I
seurs des droits de l'homme, :!
«Toges noires», déplore la dis- «Toges Noires»
parition du Cdt Jean Nkumu
Wangala et dénonce les mena-
ces qui pèsent sur sa famille,
~éplore la disparition
plus particulièrement sur les
dames Charlotte Rulinabo-
du commandant
Nyawenza et Christine
Ntangala.
.
Nkumu Wang al a
L'association {(Toges PAP BOf'~1 LOPAr\A
Noires» rappeIle que Jean
Nkumu Wangala avait assumé ,L'Association Internationale Noires» .
les fonctions de commandant '.;des A~ocats et Magistrats dé- Notre source révèle
.
de la police dans la ville de fenseurs des droits de l'homme qu'aujourd'hui, la famille du
Matadi. Il sera arrêté le 12 sep- « Toges Noires» a, dans un commandant Nkumu est tra-,
tembre 1998et déféré devant le communiqué remis à La Tem- qué~ par les services de sécu-
Cour d'ordre militaire (Com) '
pour trahison, lors de l'occupa- \'pëte des Tropique~ déploré la rité. Toutes les démarches et
tion de la ville de Matadi. Lors
:. 'disparition du commandant dénonciations faites par c( T a-
de son procès, il sera assisté par ~Jean' Nkumu Wangala, et les ges Noires» sont demeurées
les avocats de ((Toges Noires» menaces qui pèsent sur sa fa- tnfrustructueuses jusqu'à la
et ces derniers obtiendront son I :/.mille et ses proches, particu- disparition de l'Infortuné le
acquittement le 12janvier 1999. l,' Ifèrement sur les dames char- avril 1999, 1"
Curieusement, apr~s sa
libération, le Cdt Nkumu sera I: I
I.otta Rulinabo-Nyaweza et C'est ainsi qu'au regard de
repris par la Corn en date du 9 Christine Ntangala. cette situation, l'association in-
février 1999.A ce jour, il est il-
'; ! :. Selon ccToges Noires». cet ternationale ccToges NOires»

sans aucune prévention,.ou


!
légalement au cachot de la Corn , ancien commandant
lice nationale de Matadi,
de la po- tient à fixer ropinlon
arrêté nale quïnternatlonale
tant natio-
sur la
dossier judiciaire, indique-le
communiqué de «(TogesNoi-
res».
lle 12 septembre 1998 et déféré
. devant la cour d'ordre militaire
disparition
Nkumu
du commandant
Wangala et la danger
Selon cette association~
'pour trahison» lors de r occu- permanent
~c imminent qUI pe::-
depuis lors, la famille de l'in- pation du chef-lieu de la pro- sent sur les membres de sa fa-
criminé est traquée par les ser- . vince du Bas-Congo a. cUrIeu- mille et place le gouvernement
vices de sécurité. L'association sement. après sa libération. été Congolais devant ses respon-
«Toges Noires» formule de repris et détenu Illégalement au sabilités pour que salt retrouvé
crainte au sujet de Mmes Chris- de cette cour. Et cela,
tine Ntangala et Rulinabo-
cachot l'Infortuné commandant et pour
sans aucune prévention ni dos- la sécurité de ces compatrio-
Nyaweza, sut lesquelles, allir-
ment-elles, p~nt des menaces ~\tqf~ ~a~~bOngl1w(lT~ds tes ainsi traqués.
sérieuses. Aussi, a-t-elle tenu à
fixer l'opinion sur leur sort, pla-
çant de la sorte le gouverne-
ment devant ses responsabili-
tés.

s.T.N.
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Cour d'ordre militaire:


le commandant J eau
~urnu en fuite
La Cour d'ordre mili- sement, dira-t-il, Gbawe re- sorti en compagnie du Comd
taire siégeant en matière répres- viendra sans le détenu. Dans Nkumu. La Cour d'ordre mili-
sive, au premier et dernier res- un procès-verbal lu par le pré- taire a alors renvoyé le débat à
sorts, sous la présidence du sident du siège, le Comd-ma- ce lundi 12 avril 1999 ,pour
commandant-magistrat gistrat Kilimpimpi, le chef de - audition du Comd Gato Gé-
Ki:impimpi a ouvert, depuis poste, le Cornd Gato G(~rard a rard, chef de post€',
lundi 5 avril dernier, le procès déclaré que, dans la nuit du 1er Rappelons, à cet effet,
dans l'affaire qui oppose le pro- au 2 avril, aux environs dè que le Comd Jean Nkumu avait
cureur militaire Ndaka, officier 20h40', les Comds Nkumu et été poursuivi pour haute trahi-
du ministère public, aux préve- Gbawe se tenaient non loin de son et collaboration avec l'en-
nus Iyomi Mpeti, inspecteur la permanence, lorsque le nemi pendant l'occupation de
juoiciaire et (;bawe YanRana, Comd Nkumu remettait un la province du Bas-Congo.
au:usè; d'avoir, par négligence, franc c()n~olais au Comd Commandant de la police/dis-
facilité l'évasion du comman- Gbawe pour qu'on lui achète trict de Matadi, il a été acquitté
dant Jean Nkumu dans la nuit du pain. Ce dernier reviendra le 12janvierdemier par la Cour
du 1er au 2 avriI1999. Cela est sans pain et restituera l'argent d'ordre militaire, faute des
LJ\ difié de violat1o:1 de consi de Nkumu q,'i va se ret, ~r peu preuvt', de culpal' lité de fait et
gr. , car ils ne pO\ivaient pa après, les ( Imds Gb we. pt de dro;:.
lai ;ser sortir le détenu Nkuml! Nkumu vont se diriger' ers Ips Mais, ce n'ptait pas pour
dl l'enceinte de la Cour d'or- installations hygiéniqUl's. autant qu'il avait recouvré sa
dr:! mjJitaire au-delà de 18 heu Quelques temps après, liberté. N'étant pas notifié de
res Ie Comd Gbawe res tera seu I et son acquittement, il était tou-
Dans sa déposition, le posera au chef de poste la ques- jours détenu dans le cachot de
Cdt Iyomi a déclaré avoir vu tion de savoir là où se trouvait la Cour d'ordre militaire pen-
(

dte nuit-là aux pnvirons de le Comd Nkumu Le chef OP dant Vlus de 50 jours, avant de
20h30' son adjoint aller vers la poste Gato Gérard a semblé ne s'évader le jeudi 1er avrill999
.;ortie de Id Cour suivi du com- rien en savoir. (Jans sa déposi- entre 20h30' et 21h00'.
ll1;'\ndant Nkurnu, à lit recht-r- tion, le Comd (;oawf', l'officier
che d'un fil électrique. Curieu- de permanence adjoint, nie être NOUNOU BOOTO
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étrangères, il n'a cessé de s'expri- Mais Laurent-Désiré Kabila a


mer, mais rarement avec di~loma- perdu patience. Pour la seconde
RDC : le président' tie. Lorsque, en aofit 1998, I armé~
rwandaise se retourne contre celm
fois en trois mois, le président de
la République démocratique du
qu' elle a fait « roi ~ au Congo, ju- Congo a choisi de remanier son
gé «ingrat », AbdouJaye Yerodia
Kabila écarte gouvernement. Abdoulaye Vero-

.. ~k
un Immstre,";1o
désigne l'eMemi à la radio natio-
nale comme «des insectes qu'il
faut écraser ». Tout le monde
dia a été muté et nommé à la tête
du ministère de l'éducation natio-
nale, tout en conservant cepen-

..
poUrsuiVI par
)J
comprend qu'il parle des lUtsis,
l'ethnie minoritaire au Rwanda,
victime d'un génocide mais, de-
puis juillet 1994, au pouvoir à Ki-
.dant son rang de ministre d'Etat.
.;:..50n"successeur, Léonard She
Okitundu, un juriste respecté,
était auparavant en charge du
gali 'et ma;oritaire-.au. sein de l'ar- portefeuille ,des droits de
mée. Les Hutus exterminateurs l'homme. «Pour rHistoireet la vé-
la justice belge n'avaient-ils pas traités les 1\1tsis ritt»., il a ;publlé des «livres
de" « cancrelats »r?: A ,KInshasa et blancs» sur' les exactions
IL s'y est refusé pendant quatri.; dans les zones gouvernementales commises - dans les zones qu'ils
mois. Mais, finalement, le pré- à l'intérieur, la chasse aux 1\1tsis contrôlent -
par les rebelles soute-
sident du Congo-Kinshas a, commence.
Laurent-Désiré Kabila, a. compf-is
qu'il avait besoin d'un ministre
des affaires étrangères qu'il pou-
. INCITATIONAU ~RTRE .
A Bru~elles~ le Juge .Vander-
nus par le Rwanda. Il ne manque-
ra pas de rappeler à la commu-
nauté internationale, outre son
inaction actuelle, qu'elle n'a in-
vait envoyer en mission à l'étran- m~er~ch, inStrUit ~e pl~te pour culpé aucun responsable de l'ar-
ger. D'autant que son pays est en « InCltatlon à la haine ~aclQle au mée rwandaise impliqué dans les
~
guerre et l'épicentre d'un conflit meurtre» en vertu dune 101 de persécutions de réfugiés hutus à
régional, et que le chef de la diplo- 1993, qü! confère, à la justice belge , travers le Congo qui, d'octobre
matie devrait être. de préférence «comp~tence u~lVe,!elle» pour la f~ 1996 à mai 1997 , ont fait près de
itinérant, constamment entre répressIOn de VIolations gra~es du 200 000 morts...
deux avions. Or, depuis le 12juil- droit international. «La 101 belge
let, ce n'était plus le cas d'Abdou- participe à une tendance croissante s. Sm.
laye Yerodia Ndombasi. A cett-e générale demandant davantage de
date, le mandat d'arrêt internati~ responsabilités pour les crimes
nal lancé contre lui, en avril, par contre les droits humains», se féli-
un «petit juge» belge, Damien cite l'association américaine Hu-
Vandermeersch, a .,été communi- man Rights Watch. M. Yerodia se
qué à toutes les polices du monde. défend. Il se voit en «patriote»
Aussi, contraint et forcé, le pré- ayant appelé à la, résistance
sident congolais vient-il de révo- «contre des agresseurs et non pas
quer M. Yerodia, qui était pour- contre une race », après que le
tant un ami de longue date. Rwanda eut « créé de toute pièce»
A l'automne 1996,quand le. re- une rébellion contre le pouvoir en
belle ~ Kabila entame sa march~ place. Le Congo, représenté par
MeJacques Verges, saisit la Cour
sur Kinshasa, avec l'aide du Rwan-
da, M. Yerodia, psychanalyste internationale de justice à La
Haye, faisant valoir que «le man-
d'obédience lacanienne installé à
Paris, décide de le rejoindre dans dat d'a"êt litigieux interdit prati-
le maquis. Ensuite, aux côtés du quement au ministre de sortir de
«tombeur de Mobutu », d'abord son pays ». Mise en délibéré le
comme son directeur de cabinet, 21 novembre, la décision est en
puis comme ministre des affaires suspens.
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-INTRODUCTION

CHAPITRE I
TABLE DES MATIÈRES

La chute de Kinshasa (Mai 1997)

Ingérence extérieure et répression intérieure


à la racine de la débâcle militaire
1. Les ingérences extérieures: Angola et Rwanda
v

7
8
1

2. Le massacre de Lubumbashi (11-12 mai 1990) 16


3. Les pillages (1991-1993) et la Marche
des chrétiens (16 février 1992) 19

CHAPITRE II
Une armée décapitée par sa hiérarchie politique 25
1. Le« complot militaire» téléguidé des USA (1975) ... 26
2. Le« complot Kalume » et la Belgique (1978) 27
3. Les« disparitions» 29

CHAPITREIII
Une brochette de généraux à l'assaut
de l'Armée et du Pays ~ 33
1. Les Généraux Bumba Moaso et Molongya Mayik.usa,
précurseurs d'une armée tribalisée 33
2. Le Général Nzimbi prend la relève: DSP 34
3. Le Général Bolozi, le terroriste d'État:
G2, SARM, GPN 36
4. Le Capitaine Nk.ongulu,
chef d'un gang armé 39
5. Ngbanda tue avec FIS et FAS 41
6. Le Général Baramoto et la Garde civile 43
7. Et le Général Mahele 49
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CHAPITRE IV
La montée en puissance du Général Baramoto 53
1. À la Primature,de Lunda Bululu à Birindwa 55
2. À la Banque centrale et au Patronat 58
3. Le sida aussi est une « bonne affaire» 59
4. Les Mutins de La Voix du Zaïre 61

CHAPITREV
La « manne» rwandaise, ou le poison fatal 65
1. Le juteux commerce des armes
rwandaises et zaïroises 65
2. La guerre de 1996 ou Rébellion
anti-Mobutu rwando-ougandaise 69
3. Pillage et Fuite 73
4. Un château de cartes 75

CHAPITREVI
Reconversion forcée, la mort ou la fuite 77
1. A Kitona pour« la refonte idéologique» 77
2. Le Colonel Singbo, la première victime 79
3. Arrestations et exécutions en cascade 81
4. Déportations à Boluo (Katanga) 84
5. Voungbo Ndebo de l'ex-garde civile
alias « Pasteur Nzita» 85
6. D'autres rescapés de la DEMIAP 88

CHAPITREVII
Kabila dans les bottes de Mobutu 91
1. L'opposition Baramoto-Nzimbi-Mavua 91
2. Kabila, rebelle professionnel 94
3. La répression anti-ex-FAZ 95
4. La seconde Rébellion (2 août 1998) 97
5. Le massacre de Kinshasa (août 1998) 98
6. Le procès Nkumu 101

CONCLUSION
Pour une armée citoyenne 105
Ann ex es. .................................... ................................
~ 1 09

Hors-texte (Kinshasa, 27 août 1998) 65


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