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ABRAHAM :

LES ÉPREUVES
DE LA FOI
Eddie Cloer

Texte : Genèse 17.27-22.19 bouton. Il s’agirait de pure conjecture, car


personne n’aurait une indication quelconque de
Voici une bonne définition biblique de la ce que je tiens à la main. Nous sommes donc dans
foi : “Avoir la foi, c’est accepter ce que Dieu dit, le domaine de l’opinion.
en agissant en conséquence avec confiance et Supposons que je dise ensuite que je tiens
amour.” Cette définition est tirée de deux pas- dans ma main un caillou. Ceux qui entendent et
sages de l’Écriture : Hébreux 11.1 et Romains croient ce que je dis passent de l’opinion à la foi.
10.17. C’est mon témoignage qui fournit l’évidence
Hébreux 11.1 décrit la foi ainsi : “Or la foi, pour leur foi.
c’est l’assurance des choses qu’on espère, la Supposons maintenant que j’ouvre ma main
démonstration de celles qu’on ne voit pas.” et montre le caillou. Les observateurs sauront à
Selon ce verset, la foi est toute notre raison pour présent que j’avais dit la vérité. Le fait de voir
croire que Dieu nous sauvera, qu’il répondra à l’objet transforme leur foi en connaissance.
nos prières, et qu’il tiendra toutes ses autres Quand ils devinent ce que j’ai dans la main,
promesses envers nous. Nous croyons qu’il ils donnent leur opinion. Quand ils acceptent ce
existe et qu’il est intègre : c’est cela la foi. que je dis au sujet du caillou que je tiens, ils
Romains 10.17 nous instruit sur l’origine de passent à la foi. Et quand ils voient en effet le
la foi : “Ainsi la foi vient de ce qu’on entend, et caillou, ils parviennent à la connaissance. La foi
ce qu’on entend vient de la parole du Christ.” n’est ni une opinion (car elle s’appuie sur un
Selon ce verset, la foi est créée par l’Écriture. témoignage) ni la connaissance (car elle ne voit
Nous croyons quand nous entendons la Parole pas) ; elle s’appuie sur le témoignage au sujet de
de Dieu. Nous acceptons ce que Dieu a dit : c’est ce qui reste invisible.
cela la foi. La Bible ne se contente pas de définir la
Les prédicateurs d’antan utilisaient une foi, elle en donne des exemples. Abraham est
illustration qui nous permet de constater la l’homme choisi par Dieu pour être l’exemple
différence entre la foi, l’opinion et la con- classique de la foi. En raison de sa foi, la Bible
naissance. Supposons que je me tienne devant l’appelle “ami de Dieu” (Jc 2.23 , cf. Es 41.8).
un auditoire avec une main levée et fermée. Je On l’appelle également le “père des fidèles”.
demande : “Pouvez-vous deviner ce que je tiens Tous les croyants sont, dans un sens, enfants
dans ma main ?” Quelqu’un dira qu’il s’agit d’Abraham (Rm 4.16 ; Ga 3.7). Par Abraham,
d’une clé, quelqu’un d’autre d’une pièce de Dieu nous a montré ce que signifie vivre par
monnaie. Un autre encore dira que je tiens un la foi.

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Puisque nous devons vivre par la foi (2 Co ils rendaient un culte à d’autres dieux.
5.7), considérons la vie d’Abraham et voyons
sa vie de foi. Il fut confronté à trois épreuves La Bible ne nous dit pas à quel point Abram
qui illustrent parfaitement la foi en action. connut l’Éternel et crut en lui avec une foi si forte
et si profonde.
ÉPREUVE : PARTIR Ayant été appelé par Dieu, Abram quitta
Dieu demanda à Abraham (il s’appelait Our-des-Chaldéens avec Térah, pour voyager
“Abram” à l’époque) de quitter ses demeures à environ 950 kilomètres, jusqu’à Harân, où ils
Our-des-Chaldéens et à Harân1 (Gn 11.27-31), et s’établirent. Selon Genèse 11.31, ce fut Térah qui
d’aller dans un autre lieu que Dieu lui montrerait. amena Abram à Harân. Cela signifie sans doute
Le premier appel fait à Abram, à Our-des- que quand Abram fut appelé, il convainquit
Chaldéens, date d’environ 2165 avant J.-C., et le Térah de partir ; puis ce dernier, en patriarche de
deuxième, à Harân, d’environ quinze ans plus la famille, la conduisit à Harân. Il est possible
tard. qu’Abram acceptât de s’arrêter à Harân en
La ville d’Our, en Mésopotamie, était un lieu raison de l’âge et de la santé de son père. Il resta
de culture, de science et de commerce. Il est à Harân (Gn 11.32-12.3) jusqu’à la mort de ce
évident que la décision d’Abram de tout quitter dernier, âgé alors de 205 ans.
était difficile à prendre. Environ quinze années après son premier
Dans leurs fouilles d’Our, les archéologues appel, Abram reçut à Harân un deuxième appel
ont établi que cette ville significative et sophis- (Gn 12.1-3), lié à une promesse qui est considérée
tiquée faisait une quarantaine de kilomètres comme le cœur de l’Ancien Testament3.
carrés et que sa population était d’environ
L’Éternel dit à Abram : Va-t’en de ton pays,
300 000 habitants. L’histoire et l’archéologie de ta patrie et de la maison de ton père, vers le
confirment le haut niveau d’éducation des pays que je te montrerai. Je ferai de toi une
habitants, parmi lesquels des mathématiciens, grande nation et je te bénirai ; je rendrai ton
nom grand. Deviens donc (une source) de
des astronomes, des tisseurs, des graveurs. bénédiction. Je bénirai ceux qui te béniront, je
On y utilisait une forme d’écriture dont maudirai celui qui te maudira. Toutes les
plusieurs exemples ont été trouvés sur des familles de la terre seront bénies en toi (Gn
12.1-3).
tablettes d’argile. Ces tablettes aident les archéo-
logues à reconstituer la vie sociale et religieuse
Notons ici la progression : pays, patrie, famille.
de la ville et sa culture. Les habitants étaient
Chaque “départ” témoigne d’un sacrifice encore
polythéistes, c’est-à-dire adorateurs de plusieurs
plus grand.
dieux, surtout des dieux de la nature. Au milieu
Selon l’Écriture, Abram “réussit” cet exa-
de la ville se trouvait un grand centre de culte,
men : il “partit” (Gn 12.4), abandonnant tout ce
un temple appelé ziggourat où la population
adorait Nanna, dieu de la lune et déité principale
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de la ville. Dieu fit des promesses à Abraham à cinq occasions
différentes. Prises ensemble, elles constituent l’alliance
Selon Josué 24.2, Térah, père d’Abram, était entre Dieu et Abraham. La première fut avant l’arrivée
idolâtre : d’Abraham dans la Terre Promise (Gn 12.1-3) ; la deuxième
fut à la suite de la séparation de Loth (Gn 13.14-17) ; la
troisième fut après qu’Abraham eut délivré Loth des quatre
Josué dit à tout le peuple : Ainsi parle
rois (Gn 15.1-21) ; la quatrième fut lorsque le patriarche
l’Éternel, le Dieu d’Israël : Vos pères, Térah,
avait 99 ans, peu avant la destruction de Sodome (Gn 17.1-
père d’Abraham et père de Nahor, habitaient
22) ; la cinquième fut quelques années plus tard, après
depuis toujours de l’autre côté du fleuve2 et
l’ordre de sacrifier Isaac (Gn 22.15-18). Ces promesses se
divisent en trois catégories principales. Premièrement, la
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L’Ancien Testament spécifie qu’Abraham fut postérité d’Abraham deviendrait une grande nation, un
appelé à Harân (Gn 12.1) ; dans son discours, Etienne dit peuple pour Dieu (Gn 12 ; 13.16 ; 15.2-5 ; 17.4-6 ; 22.17).
qu’Abraham fut appelé à Our-des-Chaldéens (Ac 7.2-3). Deuxièmement, le pays où Dieu avait amené Abraham
De quelle ville s’agit-il donc ? Genèse 15.7 et Néhémie 9.7 serait la terre de cette grande nation (Gn 13.14-17 ; 15.18 ;
suggèrent que le premier appel du patriarche vint quand il 17.8). Troisièmement, les descendants d’Abraham seraient
était à Our-des-Chaldéens. Il est donc évident que l’Éternel une bénédiction pour toutes les nations (Gn 12.2-3 ; 18.18 ;
l’appela premièrement à Our-des-Chaldéens, puis ensuite 22.18). Cette dernière promesse trouva son accomplisse-
à Harân. ment dans la venue du Messie, sorti de la tribu de Juda (Ga
2
L’Euphrate, voir également les versets 3, 14-15. 3.16).

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qui avait été important. Il avait déjà 75 ans. milieu. Les Juifs et les non-Juifs sont sauvés par
Hébreux 11.8 nous dit : la foi, Dieu ne faisant entre eux aucune distinc-
tion (Ac 15.9). Pour tous, la foi qui sauve inclut la
C’est par la foi qu’Abraham, obéit à l’appel repentance, le fait de quitter une vie de péché et
(de Dieu) en partant vers un pays qu’il devait
recevoir en héritage ; et il partit sans savoir où
de suivre Dieu dans la justice (Ac 17.30-31). Dieu
il allait (Hé 11.8). recevra tous ceux qui ont une foi prête à faire
cela.
Voici un bon exemple pour nous : Abram fit
ses valises et se déracina, quittant son pays ÉPREUVE : CONFIANCE
pour aller là où le Seigneur voulait bien le À l’arrivée d’Abram en Canaan, il fut
conduire. Dieu lui ayant demandé de s’en aller, encore confronté à la nécessité d’avoir confiance
il s’en alla. Voilà la véritable foi. Ce choix aurait en Dieu. Quand Dieu lui promit une grande
été difficile pour n’importe qui. Pour Dieu, cette récompense, Abram fut bouleversé et posa cette
obéissance à son appel était une expression de question : “Seigneur Éternel, que me donneras-
la foi d’Abram. tu ? Je m’en vais sans enfants” (Gn 15.2). Dieu lui
Nous pouvons donc identifier un premier promit qu’il donnerait un fils à Abram et Saraï :
élément de la foi : le “départ”. Dieu ne nous a pas
demandé de quitter notre patrie, comme il le fit Il le mena dehors et dit : Contemple donc le ciel
et compte les étoiles, si tu peux les compter. Il
à Abram, mais il demande à tous ceux qui désirent ajouta : Telle sera ta descendance. Abram crut
être ses enfants de quitter le pays du péché et de en l’Éternel qui le lui compta comme justice.
le suivre jusque dans la Terre Promise de la
justice. Dieu dit également qu’il donnerait la Palestine à
Notons ce “départ” dans la lettre de Paul aux Abram (Gn 15.7). Cherchant de l’assurance sur
chrétiens de Colosses : ce point, Abram demanda : “Seigneur Éternel, à
quoi reconnaîtrai-je que je le posséderai ?” (Gn
Faites donc mourir votre nature terrestre : 15.8). Pour répondre, Dieu fit avec Abram une
l’inconduite, l’impureté, les passions, les
mauvais désirs et la cupidité qui est une
cérémonie d’alliance :
idolâtrie. C’est pour cela que vient la colère de
Dieu [sur les rebelles]. Vous marchiez ainsi Il lui dit : Prends une génisse de trois ans, une
autrefois, lorsque vous viviez dans ces péchés. chèvre de trois ans, un bélier de trois ans, une
Mais maintenant, vous aussi, rejetez tout cela : tourterelle et une jeune colombe pour me les
colère, animosité, méchanceté, calomnie, pa- offrir. Il prit tous ces (animaux), les coupa par
roles grossières qui sortiraient de votre bouche. le milieu et mit chaque moitié l’une vis-à-vis de
Ne mentez pas les uns aux autres, vous qui l’autre, mais il ne partagea pas les oiseaux. (…)
avez dépouillé la vieille nature avec ses pra- Quand le soleil fut couché, l’obscurité devint
tiques et revêtu la nature nouvelle qui se profonde ; alors une fournaise fumante et des
renouvelle en vue d’une pleine connaissance flammes passèrent entre les animaux partagés
selon l’image de celui qui l’a créée (Col 3.5-10). (Gn 15.9-10, 17).

L’évangéliste Curtis Booth, l’homme qui L’Ancien Testament est l’histoire des alli-
participa à la conversion de Jeffrey Dahmer4, ances traitées entre Dieu et l’homme. Dans cet
avait étudié quinze leçons de la Bible avec exemple, l’idée principale semble être que
Timothy McVeigh5, avant que McVeigh ne soit celui qui ne respecte pas les termes de l’alliance
transféré à Denver pour son procès6. En effet, sera coupé en deux, tout comme les animaux.
l’Évangile est pour tous : pour les pires comme Normalement, les deux parties devaient
pour les meilleurs, en passant par tous ceux du marcher entre les morceaux des carcasses, mais
puisque Dieu traitait cette alliance, lui seul y
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marcha.
Tueur en série responsable de la mort de 17 hommes
entre 1978 et 1991 ; condamné 15 fois à la perpétuité ; Or, Dieu est éternel et tous ses attributs sont
converti à Christ en prison ; tué par un co-détenu en 1994. perfection. Sa Parole est vérité, elle ne contient
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Responsable de l’explosion qui a détruit le “Federal jamais aucune erreur. Il n’a pas besoin de
Building” à Oklahoma City le 19 avril 1995, coûtant la vie
à 168 personnes, blessant plus de 500 autres. promettre quoi que ce soit. Toute parole venant
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Il fut condamné à mort et exécuté le 11 juillet 2001. de lui est aussi sûre que les fondements de la

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terre. Cela signifie que si Dieu daigna participer amère, demanda à Abram de chasser Agar et son
à ce rituel, il le fit pour Abram, c’est-à-dire pour fils de la maison. Cette jalousie de la part de Saraï
qu’Abram puisse avoir un témoignage divin de fut cause d’une grande détresse chez Abram, qui
nature à soutenir sa foi. voulait éviter de compliquer une situation déjà
Pendant les années à suivre, la tâche d’Abram bien complexe.
était de mettre toute sa confiance en Dieu. Le Dieu rassura alors Abram et Saraï, leur disant
texte nous indique qu’Abram et Sara pensaient qu’il accomplirait sa promesse de leur donner un
que Dieu allait leur donner un fils immédiate- fils. Pour les encourager, il changea le nom
ment, ce qui ne fut pas le cas. Après dix années d’Abram en Abraham (“père d’une foule de na-
d’attente (Gn 16.3), qui devaient leur sembler tions” - Gn 17.5), et Saraï en Sara “princesse” (Gn
comme une éternité, ils prirent les choses en 17.15). Abraham et Sara devinrent alors, devant
main. Il s’agissait en réalité d’un échec de la foi Dieu, les parents de tous les croyants.
d’Abram. Dieu confirma ensuite sa promesse d’une
Saraï suggéra qu’Abram prenne sa servante descendance pour ce couple, par l’établissement
Agar comme deuxième épouse, afin d’assurer sa de la circoncision comme “signe d’alliance” (Gn
descendance (Gn 16.1-4). Abram accepta cette 17.11) :
idée, pensant, sans doute, accomplir ainsi la
promesse de Dieu. Il avait tort, car en son temps Voici comment vous garderez l’alliance que je
Dieu allait faire venir la descendance par Saraï. traite avec vous et avec ta descendance après
toi : tout mâle parmi vous sera circoncis. Vous
Le couple était devenu trop impatient. vous circoncirez comme signe d’alliance entre
Essayons de comprendre (sans les excuser) vous et moi. À l’âge de huit jours, tout mâle
les actions d’Abram dans le contexte des cou- parmi vous sera circoncis, dans (toutes) vos
générations, qu’il soit né dans la maison ou
tumes de l’époque. Bien que cela puisse nous qu’il soit acquis à prix d’argent de la part d’un
sembler étrange aujourd’hui, ce que firent Abram étranger qui n’est pas de ta descendance (Gn
et Saraï était la manière de traiter l’infertilité 17.10-12).
dans cette culture. Le code d’Hammourabi7 et les
documents de Nuzi8 suggèrent qu’une femme Ainsi, avant même la naissance de l’héritier,
stérile pouvait offrir une esclave à son mari et Abraham reçut de Dieu certaines obligations le
avoir le droit de garder pour elle toute descen- concernant. La circoncision à huit jours, en
dance de cette union. La femme esclave restait vigueur à partir de ce jour, portait en elle une
cependant à sa place de servante, après la signification spirituelle : elle était le signe que
naissance de l’enfant. chaque garçon né dans le clan d’Abraham
Agar, servante de Saraï, donna le jour à un appartenait désormais à l’alliance avec Dieu.
fils, Ismaël. Mais Dieu fit clairement comprendre Ce signe servit également à préparer Abra-
à Abram que ce garçon n’était pas celui par qui ham pour la naissance d’Isaac. Ce fils serait
l’alliance serait accomplie (Gn 16.7-16 ; 17.20- l’accomplissement tangible des promesses de
21). Après la naissance d’Ismaël, Saraï, devenue l’alliance. Abraham devait donc être prêt à
mettre sur lui le signe de son appartenance à
Dieu.
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Ce roi de Babylone (1728-1686 av. J.-C.) écrivit un
code de lois pour son peuple, code ayant survécu jusqu’à
Abraham avait attendu longtemps la nais-
nos jours. Ces lois furent basées sur des textes sumériens sance d’Ismaël ; il lui restait encore quatorze
législatifs, tels que les codes d’Eshnunna et de Lipit-Ishtar. années à attendre le fils de la promesse. Enfin,
Plusieurs copies du code d’Hammourabi furent réalisées quand il était âgé de 99 ans (Gn 17.1), Dieu
sous forme de stèle et placées dans les lieux publics, afin
d’informer les populations. Ce code décrit les conventions annonça la naissance prochaine d’Isaac (Gn
sociales qui existaient au 2e millénaire avant Jésus-Christ, 17.15-19 ; 18.10-15). Mais, tant d’années s’étaient
et même plus tôt. écoulées qu’Abraham et Sara rirent chacun
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Les fouilles dans la ville de Nuzi, à l’est du Tigre, ont
révélé une quantité étonnante de documents en argile dans son cœur (Gn 17.17 ; Gn 18.12-15) à l’idée
fournissant une grande lumière sur les coutumes de de concevoir un fils. Leur foi s’était visiblement
l’époque biblique. La plupart de ces documents datent du affaiblie.
15e siècle avant Jésus-Christ. Ils décrivent des lois et
coutumes remarquablement similaires à celles de la société Quand Isaac naquit, Abraham avait 100 ans
patriarcale hébraïque. et Sara 90. Il s’était écoulé 25 ans depuis la

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première promesse faite à Abraham au sujet de demandé de le voir, mais de le croire (Mc 16.15-
ce fils. 16 ; Ac 2.38 ; 22.16). Il ne demanda pas à Abraham
On se demande pourquoi Dieu attendit de voir comment il allait lui donner un enfant,
tout ce temps. Deux réponses sont proposées. mais de croire qu’il pouvait le faire.
Premièrement, ce délai était destiné à tester La question du baptême fournit un terrain
sérieusement la foi d’Abraham. Était-il capable propice à la confiance dans les promesses de
de croire que Dieu puisse accomplir sa pro- Dieu. L’immersion du baptême ne lave pas le
messe après un si long délai ? Nous avons vu corps, pas plus qu’elle ne le guérit physiquement.
que, si la foi d’Abraham s’affaiblit en effet, en Il s’agit tout simplement de plonger le corps sous
même temps elle ne baissa pas de manière l’eau. Ce qui donne à cet acte de la valeur est tout
dramatique. Deuxièmement, ce délai obligea simplement la promesse de Dieu à son égard. Le
Abraham à se rendre compte que la nation baptême en Christ n’engendre aucune réponse
promise ne viendrait pas de lui, mais de Dieu. tangible : aucune voix venant du ciel, aucune
Ainsi, Dieu attendit que Sara ait dépassé lumière céleste rayonnant autour du baptisé sorti
l’âge pour avoir des enfants, afin de prouver à de l’eau, aucune extase surnaturelle, etc. Rien de
Abraham l’origine surnaturelle de la descen- miraculeux ne se produit. Le baptisé fait tout
dance. Isaac était l’enfant de Dieu, bien que né simplement confiance aux promesses de l’Éternel.
dans la maison d’Abraham et Sara. Il descend dans l’eau et en ressort avec la même
assurance. Le baptême est un acte de foi qui
L’Éternel intervint en faveur de Sara, comme mène au salut. Chaque fois qu’un nouveau
il l’avait dit, et l’Éternel agit pour Sara selon sa
parole. Sara devint enceinte et donna un fils à
chrétien sort de l’eau, nous croyons que Dieu
Abraham dans sa vieillesse, au temps fixé dont tient sa Parole et qu’il lave dans le sang de Jésus
Dieu lui avait parlé. Abraham appela : Isaac, le les péchés de cette personne.
fils qui lui était né, celui que Sara lui avait
donné. Abraham circoncit son fils Isaac, âgé de
Celui qui choisit de marcher avec Dieu doit
huit jours, comme Dieu le lui avait ordonné décider de se lier à l’Éternel, non par des signes
(Gn 21.1-4). spéciaux, des émotions particulières, ou une di-
rection surnaturelle, mais par sa Parole. Ce genre
L’épistolier aux Hébreux fait ce commentaire : de marche exige évidemment que l’on mette sa
confiance en Dieu — dans sa Parole — chaque
C’est par la foi aussi que Sara elle-même, jour.
malgré son âge avancé, fut rendue capable de
donner le jour à une descendance, parce qu’elle
tint pour fidèle celui qui a fait la promesse. ÉPREUVE : OFFRIR
C’est pourquoi d’un seul homme — et d’un Pour sa troisième — et ultime — épreuve,
homme déjà atteint par la mort — sont issus
(des descendants) aussi nombreux que les étoiles Abraham dut offrir son fils Isaac, en sacrifice à
du ciel et que le sable qui est au bord de la mer et l’Éternel.
qu’on ne peut compter (Hé 11.11-12). L’ordre de Dieu semble avoir été expressé-
ment dur, presque cruel, comme du sel sur une
Ainsi, le fils longtemps attendu arriva et fut blessure. Les paroles du commandement
nommé Isaac (“rire”), selon les instructions mirent l’accent sur la douleur d’Abraham et
même de l’Éternel. Dieu n’avait pas permis à sur la grandeur du sacrifice demandé :
Abraham de prendre les choses en main et,
après un temps d’affaiblissement, Abraham Dieu dit : Prends donc ton fils, ton unique, celui
avait fini par avoir confiance dans les promesses que tu aimes, Isaac ; va-t’en dans le pays de
Moriya et là, offre-le en holocauste sur l’une
de Dieu. des montagnes que je t’indiquerai (Gn 22.2).
Toute marche authentique dans la foi
comprendra obligatoirement une confiance en Notons que Dieu se réfère à Isaac trois fois,
la Parole de Dieu. Prenons pour illustration le dans des termes d’amour, chacun soulignant
commandement du baptême. Certaines per- son importance pour l’alliance.
sonnes objectent, par exemple, qu’elles ne voient L’Écriture ne révèle pas les pensées
pas le lien entre le fait d’être plongé dans l’eau et d’Abraham à ce moment-là. Puisque les nations
l’obtention du salut. En fait, Dieu ne nous a pas païennes de l’époque faisaient à l’occasion des

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sacrifices des enfants, il pouvait considérer que qu’il s’assit avec son fils, le bras autour de ses
Dieu voulait qu’il se montre aussi fidèle envers épaules, en lui disant : “Isaac, je vais devoir faire
lui que les païens envers leurs dieux. Ce que une chose que moi-même je ne comprends pas,
nous savons, c’est qu’Abraham se mit immédiate- mais que Dieu m’ordonne. Je sais que tout ira
ment à obéir au commandement de l’Éternel. bien, car l’Éternel est digne de confiance. Je t’ai
Pourquoi un tel ordre ? Nous savons que toujours appris cela. Eh bien, voici le moment de
Dieu ne désirait pas un sacrifice humain. En le mettre en pratique. Il prendra soin de nous
effet, Dieu demandait à Abraham de lui donner deux. Je vais te lier et te placer sur l’autel. N’aie
non pas Sara, mais Isaac, car toutes les promesses pas peur, Dieu prendra soin de toi.”
de l’alliance étaient centrées sur ce garçon. Avec Sur ce, Abraham lia son fils (qui le lui permit
Isaac, Dieu demandait à Abraham son cœur et apparemment sans protester) et le souleva
même son avenir, c’est-à-dire tout ce qu’il avait. doucement pour le mettre sur l’autel. Il voulait
Ce qu’il voulait, sans doute, c’était qu’Abraham sans doute en finir au plus vite, pour éviter toute
fasse preuve d’une confiance complète en lui douleur à Isaac. Il leva le couteau, qui étincela au
consacrant son bien le plus cher, le plus précieux. soleil. Mais avant de pouvoir frapper, il entendit
Ayant reçu l’ordre de sacrifier son fils, une voix venue du ciel, qui lui dit : “Abraham !
Abraham rassembla le bois, prit le feu, appela Abraham ! (…) N’étends pas ta main sur le jeune
Isaac et deux serviteurs, et partit pour un voyage homme et ne lui fais rien ; car j’ai reconnu
de trois jours vers le mont Moriya, où le sacrifice maintenant que tu crains Dieu et que tu ne m’as
devait être fait. Arrivé au pied de la montagne, pas refusé ton fils, ton unique” (Gn 22.11-12).
Abraham dit aux serviteurs de l’attendre : Avec fidélité et amour, il avait réussi le test qui
“Restez ici avec l’âne ; le jeune homme et moi consistait à donner son fils, à offrir ce qu’il avait
nous irons là-haut pour adorer, puis nous de plus cher à Dieu.
reviendrons auprès de vous” (Gn 22.5). La Bible Tout lecteur de ce texte reconnaît immédiate-
ne nous dit pas l’âge d’Isaac. Il pouvait avoir été ment la signification de ce geste. Premièrement,
âgé d’environ dix ans. Sa question : “où est par ce sacrifice Abraham offrait à Dieu tout son
l’agneau pour l’holocauste ?” montre qu’il était cœur, tout l’amour de son âme. Deuxièmement,
en âge de raisonner, mais aussi qu’il était assez il exprimait sa confiance que Dieu lui rendrait
jeune pour ne pas y avoir pensé avant d’arriver son fils, afin que les promesses faites le con-
devant la montagne. cernant puissent s’accomplir.
Notons qu’Abraham dit : “nous (…) re- Ce que Dieu fit avec Abraham est illustré
viendrons auprès de vous”. Sa confiance en Dieu par l’histoire d’un homme converti à Dieu. Peu
était tel qu’il était prêt à offrir son seul fils sur après sa conversion, Dieu lui dit : “Que possè-
l’autel, s’attendant à ce que Dieu le ressuscite des-tu ?” L’homme dit : “J’ai une maison.” Dieu
d’entre les morts, afin d’accomplir toutes ses lui dit : “Donne-la-moi. Que possèdes-tu
promesses. L’épistolier aux Hébreux nous d’autre ?” L’homme répond : “J’ai une voiture et
révèle la profondeur de la foi d’Abraham à ce un compte en banque.” Dieu dit : “Je veux la
moment précis : voiture et le compte. Que possèdes-tu en
plus ?” L’homme dit : “Tout ce qui me reste, ce
C’est par la foi qu’Abraham, mis à l’épreuve, a sont ma femme et mes deux enfants.” Dieu lui
offert Isaac. C’est son fils unique qu’il offrait,
lui qui avait reçu les promesses et à qui il avait dit : “Donne-moi ta femme et tes deux enfants.
été dit : C’est par Isaac que tu auras une descen- Que possèdes-tu maintenant ?” L’homme
dance qui porte ton nom. Il comptait que Dieu répond : “Maintenant, je n’ai que moi-même.”
est puissant, même pour faire ressusciter
d’entre les morts. C’est pourquoi son fils lui Dieu dit : “Je prends cela aussi.” L’homme dit :
fut rendu : il y a là un symbole (Hé 11.17-19). “Seigneur, tu as pris tout ce que j’ai, tous ceux
que j’aime. Que se passe-t-il maintenant ?”
Au sommet de la montagne, Abraham dut Dieu lui répond : “Je vais tout te rendre, tu les
construire silencieusement l’autel, entassant les utiliseras pour ma gloire, jusqu’à ce que j’en
pierres, s’assurant de sa stabilité, y disposant le décide autrement.” Cet homme aurait pu se
bois. Le texte ne dit pas comment Abraham nommer… Abraham.
expliqua l’offrande à Isaac. On peut imaginer Nous voyons dans Genèse 22 une autre

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vérité : quand Abraham offrit son fils, Dieu le CONCLUSION
lui rendit à jamais. Plus tard, dans le Nouveau Les trois épreuves d’Abraham nous aident à
Testament, Jésus dit que Dieu est “le Dieu comprendre la véritable foi et sa manière d’opérer
d’Abraham, le Dieu d’Isaac, et le Dieu de Jacob” dans un cœur humain. Avoir la foi, c’est accepter
(Mt 22.32). Jésus dit que ces trois hommes ce que Dieu dit, en agissant en conséquence avec
étaient “vivants”, indiquant qu’au moment confiance et amour. Une telle foi comporte trois
où il parlait, ces fidèles vivaient avec Dieu aspects : quitter ce que Dieu nous demande de
dans l’éternité. quitter, avoir confiance en ses ordonnances et
Souvenons-nous de ceci : nous ne pouvons ses promesses, lui offrir notre vie et nos biens.
garder que ce que nous donnons à Dieu. Notre Vous est-il arrivé de traverser à pied un petit
vie, ce ne sont pas nos maisons, nos terres, notre pont en bois, et d’hésiter à mi-chemin de peur
argent, et même pas nos conjoints ou nos enfants, que le pont ne cède sous votre poids ? Vous vous
bien qu’ils nous soient très précieux. La véritable êtes avancé lentement, testant à chaque pas la
vie se découvre dans notre marche dans la foi solidité de l’ensemble, puis vous êtes allé jusqu’à
avec Dieu, une marche qui glorifie notre l’autre bout. Une fois rassuré, vous pouviez
Créateur et qui met toutes les autres relations à traverser et retraverser avec une totale con-fi-
leur bonne place. ance. La foi est comme cela. On accepte les
Ce troisième aspect de la foi — l’offrande — preuves de la Parole de Dieu, et on avance, en
est essentiel, car notre Dieu est généreux et plein mettant tout son poids sur cette vérité. On s’y
d’amour, il cherche toujours à nous bénir par les tient pour vivre, puis pour mourir et passer
multiples dons qu’il nous fait chaque jour, surtout dans l’éternité. Notre pont vers Dieu, c’est la
celui de son amour. Marcher avec lui, c’est vérité de sa Parole. Cette marche de la foi ne se
apprendre à offrir à notre tour, et même à faire base donc ni sur des sentiments, ni sur des
de grands sacrifices. Personne ne peut avancer suppositions, ni sur des signes qu’on croit avoir
dans la foi sans donner avec générosité et avec vus, mais sur l’intégrité de toute parole qui
le désir de servir. sort de la bouche de l’Éternel.
Pendant la Grande Dépression créée par Dieu promet deux récompenses significa-
la crise boursière de 1929, un riche chrétien tives à toute personne qui achèvera fidèlement
américain aimait à citer Actes 2.389 et ce, pour cette marche. Elle recevra non seulement les
montrer aux autres l’importance du baptême en bénédictions de Dieu, mais elle recevra égale-
vue du salut. Mais, il ne mettait qu’une pièce ment Dieu lui-même. Il est en lui-même notre
de dix cents dans la collecte de l’Église le récompense et notre rédempteur. Le plus
dimanche matin. Lui qui avait les moyens grand don de Dieu est … Dieu. Dieu dit à
d’aider son assemblée qui luttait alors pour la Abraham : “Sois sans crainte, Abram ! Je suis
vie, n’en fit rien. C’est dire qu’il ne comprenait moi-même ton bouclier, et ta récompense sera
pas le passage qu’il citait si souvent, il très grande” (Gn 15.1). La même promesse
n’avait pas la foi dont parle l’Écriture. Car, nous est faite. Dieu nous dit de venir marcher
celui qui se repent et qui est baptisé marche avec lui, de participer à sa présence et à sa
par la foi, une foi qui appelle à vivre et à donner générosité. Avez-vous commencé votre marche
généreusement. dans la foi ? ◆

Leçon à retenir :
9
avoir la foi, c’est accepter
“Pierre leur dit : Repentez-vous, et que chacun de
vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ, pour le pardon la Parole de Dieu
de vos péchés ; et vous recevrez le don du Saint-Esprit.” et d’agir en conséquence.

© VERITE POUR AUJOURD’HUI, 2006


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