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Florvil Hyppolite ou le Despotisme éclairé ( 9 octobre 1889 - 24 Mars 1896 )

Le Gouvernement provisoire et l'élection de Florvil Hyppolite


Après la chute de Légitime, un gouvernement provisoire est constitué avec les généraux
Mompoint Jeune, Nord Alexis, Dupuy, Anténor Firmin et Titus Pélissier. Le 24 septembre
1889, une assemblée constituante se réunissait aux Gonaïves. Elle révisa la constitution de
1888 et proclama le 9 octobre 1889, le général Florvil Hyppolite président d'Haïti pour 7 ans.

L' administration de Florvil Hyppolite

-Sur le plan politique


À peine investi du pouvoir exécutif, Hyppolite proclama une amnistie générale en faveur de
tous les exilés politiques. C'est dire qu'il voulait, avant tout, prendre un nouveau départ, en
reléguant aux musées des fossiles les anciennes querelles de chapelle et les luttes
politiques sans grandeur, pour œuvrer, en tant que chef d' État de tous les Haïtiens, dans le
sens de l'unité nationale retrouvée qui, seule , peut assurer à notre pays une ère de
prospérité et de développement durables.

Cependant, le nouveau président s'était fait une réputation "d'homme de fer" d' abord ce fut
à cause de sa poigne. Militaire de carrière, il avait un besoin instinctif d'ordre et discipline et
se montrait toujours disposé à recourir aux mesures excessives pour maintenir l'ordre public.

-Sur les plans économique et financier


Hyppolite, malgré ses profondes lacunes sur le plan culturel, était sans conteste, une
personnalité remarquable et un chef d'État progressiste dont le sens du devoir et de la
dignité n'a jamais été pris à défaut. Il sut s'entourer, pour l'aider à remplir sa mission,
d'hommes compétents et intègres, comme Anténor Firmin, ministre des Finances et des
Relations Extérieures qui, selon l'historien Alain Turnier, imposa l'ordre et l'honnêteté dans
l'administration fiscale. Intransigeant, incapable d'atermoiements et de compromissions,
esprit entier doté d'une confiance en lui-même voisine de la suffisance, il géra les finances
publiques avec une rigueur que la Légation de France ne put s'empêcher de trouver
excessive et même politiquement dangereuse, tout en reconnaissant les mérites de
l'éminent homme d'état."

"Grâce aux sages économies réalisées par Firmin, grâce à l'esprit d'ordre et aux principes
d'honnêteté qu'il s'est efforcé d'apporter dans les diverses branches de son administration
financière, grâce à la régularité avec laquelle s'effectuent les recettes du trésor qui
augmentent sans cesse, le gouvernement haïtien se trouve, en ce moment, à la tête d'une
réserve pécuniaire (600000 piastres, soit 3 millions de francs) comme jamais aucun des
gouvernements précédents n'en avait eu en sa possession".

-Dans les domaines des travaux publics


Son gouvernement organisa le département des travaux publics, selon le vœu de la
constitution de 1889. Le palais des cinq ministères commencé sous Salomon, fut
entièrement achevé. Selon le Dr Dorsainvil, " aucun gouvernement n'a signé plus de
contrats, on peut en relever plus de cinquante, relatifs, les uns au service hydraulique, au
télégraphe terrestre, au téléphone, au câble sous-marin à prolonger le long d'Haïti, les
autres à des wharfs , abattoirs, marchés publics (Port-au-Prince/ Cap / Jacmel) à des ponts
etc… En conclusion, il reste juste de dire que c'est le gouvernement qui, de 1804 à 1922, a
réalisé le plus de travaux publics en Haïti."

-Sur le plan diplomatique

Haïti et les États-Unis


Son gouvernement se heurta aux prétentions américaines sur le Môle Saint-Nicolas. Pour
triompher du francophile Légitime, il proposa le Môle Saint-Nicolas aux États-Unis en
échange de leur soutien. En 1891, l' Amiral Bancroft Ghérardi se présenta dans les eaux
haïtiennes pour réclamer la cession du Môle. L'opinion publique s'en émut. Mais l'habileté
d'Anténor Firmin, également Ministre des Affaires Étrangères, à l'époque soutenu par
l'action intelligente de l'ambassadeur d'Haïti à Washington, Mr Preston put écarter le danger.
Anténor Firmin se retrancha très habilement derrière un vice de forme : l' Amiral n'avait pas
de lettres officielles de créance. Quand ces pièces, aussitôt réclamées à Washington, furent
arrivées, Firmin invoqua la Constitution de 1889 qui défend toute cession intégrale ou
partielle du territoire national.

Haïti et la République-Dominicaine
Le président Hyppolite et le président dominicain Ulysse Heureaux eurent une entrevue
officielle à Thomazeau le 3 février 1890. On y parla de frontières, d'amitié des deux
peuples, et surtout de garanties mutuelles contre les conspirations et les prises d'armes.
Deux ans plus tard, une nouvelle rencontre eut lieu dans la baie de Mancenille.

Haïti et la France
Par crainte, sans doute, des fureurs d'Hyppolite et, peut-être, pour esquiver certaines
prescriptions des lois haïtiennes, un nombre important d'individus, issus de parents français,
mais considérés depuis longtemps comme Haïtiens, s'étaient inscrits à la Légation de
France et y sollicitaient avec instance leur naturalisation. Le gouvernement haïtien s'émut,
protesta et, après de longues discussions, eut gain de cause: la Légation annula les
inscriptions faites contre tout droit.

La fin du gouvernement de Florvil Hyppolite


En Mars 1896, Mérisier Jeannis prit les armes dans la zone de Jacmel, dans la localité de
Lafond. Malgré les recommandations de ses médecins, Hyppolite décida d'aller en personne
réprimer le soulèvement. Le 24 mars 1896, au Portail de Léogâne, il succomba d'une crise
cardiaque.

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