Vous êtes sur la page 1sur 2

L'anarchie en Haïti ( 1911-1915)

L'imposition des Cacos sur la scène politique haïtienne

Depuis 1911, Haïti était en proie à des luttes fratricides. La vie politique était dominée par les
Cacos. Ces paysans du Nord-Est aidaient des généraux à s'emparer du pouvoir à tour de
rôle.

Quand les Cacos entraient dans une ville, la population, en proie à la terreur, se terrait dans
les maisons, portes et volets clos. Ils tuaient rarement mais volaient, violaient et brûlaient
tout sur leur passage. Les Cacos semaient l'effroi et nul ne savait comment les contenir.
L'anarchie régnait. De 1911 à 1915, six présidents se sont succédé, ne passant, chacun,
que quelques mois au pouvoir.
En 1911, le général Cincinnatus Leconte utilisa les Cacos pour accéder à la présidence.
Un an après son arrivée au pouvoir, dans la nuit du 8 août 1912, le palais présidentiel sautait
de manière suspecte. Les Cacos ne semblaient pas impliqués dans cet acte. Toutefois, ils
commencèrent à s'agiter sous le gouvernement de son successeur Tancrède Auguste. Ce
dernier les combattit mais mourut de cause naturelle neuf mois après sa montée au pouvoir.
Élu en mai 1913, le nouveau président Michel Oreste, dut prendre le chemin de l'exil neuf
mois plus tard. Il avait eut le tort de s'attaquer aux frères Zamor, deux puissants délégués du
Nord et de l'Artibonite proches des Cacos.
Michel Oreste fut remplacé par Oreste Zamor, qui passa les huit mois de sa présidence à
combattre les Cacos de Davilmar Théodore. Toujours à l'affût de l'occasion d'établir leur
influence en Haïti," les Américains réclamèrent du gouvernement le contrôle de nos douanes
et de nos finances, en échange de leur aide dans cette lutte incessante". Le président
Zamor refusa leur offre, mais impuissant à ramener l'ordre, il dut partir en exil.
Davilmar Théodore avait gagné. Accompagné de son armée, il entra à Port-au-Prince en
triomphateur. Il fut rapidement nommé président , mais incapable de payer ses hommes de
main, il se révéla inapte à les contrôler. La nuit, les Cacos parcouraient la ville, rançonnant
les passants et terrorisant la population.
Cette situation devint bientôt intolérable. Trois mois plus tard, le délégué du Nord, Vilbrun
Guillaume Sam, souleva les Cacos de Ouanaminthe. Il avait le support des frères Péralte,
Charlemagne et Saül, des personnages très influents dans le Plateau central. Après une
lutte acharnée, le président Théodore, vaincu, partit en exil.
Le vainqueur, Vilbrun Guillaume Sam, s'empara du pouvoir. Le jour même de son
installation, il fit arrêter nombre de personnes soupçonnées d'être des opposants. Bien vite,
les prisons et les consulats se remplirent.
Ces détenus furent en majorité massacrés dans la prison de Port-au-Prince quand, le 27
juillet 1915, le général Oscar Etienne, commandant militaire de la capitale, ayant entendu
des coups de feu tirés dans la direction du Champ-de-Mars, exécuta l'ordre barbare qui,
prétendit-il, lui avait été donné par le président de tuer jusqu'au dernier des prisonniers
politiques. Quelques-uns de ceux-ci échappèrent par miracle à cette effroyable tuerie.
Attaqué dans son palais vers les quatre heures du matin par une troupe d'insurgés, Vilbrun
Guillaume Sam s'était lui-même réfugié, avec une blessure à la jambe, à la Légation de
France, dont le bâtiment était séparé de la résidence présidentielle par un simple mur de
maçonnerie. Les funérailles des victimes furent célébrées le lendemain au milieu d'un grand
concours de peuple, où toutes les classes de la population s'étaient confondues dans un
même sentiment de tristesse et d'angoisse. La foule, après l'inhumation, s'écoulait lentement
du cimetière extérieur lorsqu'une voix cria : « Voici le Washington ! ».
En voyant se profiler sur la baie les hauts mâts métalliques du croiseur américain et pensant
que sa présence signifiait impunité pour les criminels auteurs du massacre, les gens furent
pris d'une véritable rage. Ils se précipitèrent à la Légation de France. Tout en montrant les
plus grands égards à la famille du ministre, M. Paul Girard, et à MmeVilbrun Guillaume Sam,
ils se saisirent de l'homme qu'ils considéraient comme le principal responsable de la tuerie,
le transportèrent au dehors et mirent son corps en lambeaux. Le général Oscar Etienne, qui
avait pris refuge à la Légation Dominicaine, en fut brutalement tiré et tomba sous les balles
d'un individu, dont deux fils avaient été tués à la prison. Dans l'après-midi du 28 juillet 1915,
des escouades de fusiliers marins débarquèrent à Port-au-Prince du croiseur Washington
battant pavillon du contre-amiral William B. Caperton. Ainsi s'ouvrait pour Haïti un nouveau
chapitre d'histoire qui a pris le triste nom "d'Occupation Américaine".

Vous aimerez peut-être aussi