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Pour parler de classes sociales en Haïti, il est important de les clairement distinguer,

comme nous avons déjà montré pour qu’il ait de classes sociales, nécessairement il
faut au moins identifier un mode de production. Si dans les formations capitalistes on
distingue au moins: deux classes sociales fondamentales: prolétaires, bourgeois. En
Haïti, il n’y a ou presque pas d’un mode de production capitaliste à proprement parler,
l’absence de capital national, l’absence des technologies adaptées au système
capitaliste en sont une explication qui ajoute à la liste du type des rapports sociaux de
production semi-féodaux, semi-coloniaux. Si tel est le cas, il revient à la question de
l’existence de classes sociales en Haiti. Depuis l’indépendance jusqu’à aujourd’hui,
nous avons identifié deux categories sociales opposées; d’une part, les masses
populaires composées, de paysans, des artisans, des gens de petits métiers, elles
caractérisent une couche dominée dans son ensemble, d’autre part, l’oligarchie
économique majoritairement propriétaire. Cette dernière peut etre considerée comme
« la bourgeoisie ». Ces groupes sociaux par rapport à la place qu’ils occupent dans la
formation sociale haitienne pourraient etre qualifiés de classes sociales. C’est tout un
débat qui est  engagé sur la question de l’existence de classe sociale en Haiti. Pour
certains auteurs il y existe bel et bien de classe sociale, pour d’autres il n’y existe que
des categories sociales. Dans ce flou, comment pouvons nous situer la pensee
marxiste des classes sociales en Haiti?  Pour ceux qui disent qu’il y a de classes
sociales, il distingue la paysannerie comme une classe sociale face à la bourgeoisie,
c’est le cas de Lesly Pean pour qui les masses paysannes constituent le
lumpenproletariat. Tandis que pour d’autres, l’idée selon laquelle la paysannerie
forme une classe sociale est fausse, dans le sens de Marx elle n’est qu’une « classe en
soi », elle n’arrive pas à s’organiser collectivement, elle n’a pas une conscience
collective orientant son action pour le controle de l’ordre economique. En ce qui a
trait à la bourgeoisie considerée comme classe, elle ne peut pas s’imposer comme une
classe organisée, son caractère traditionnel, sous developpé, rachitique a fait d’elle
une « bourgeoisie compradore[18]
« , elle n’arrive pas s’organiser en une bourgeosie nationale. Malgré tout ce problème
de classe, la domination et l’exploitation d’une manière ou d’une autre sont bel et bien
présentes en Haiti. Les masses populaires dans son ensemble subissent tout le poids
de la domination de la classe dite bourgeoise. Les differentes luttes sociales
enregistrées à travers l’histoire n’ont pas vraiment eu une dimension de la lutte des
classes telles que le préconise Marx. Les mouvements paysans de la Grand’Anse, du
Sud, du Plateau central(cacos, piquets) n’ont été jamais l’expression de lutte de classe,
mais politiques. Mais, derrières les luttes politiques se dissimulent des revendications
ayant un aspect de luttes de classes. Si nous nous retrouvons dans de grandes
difficultés d’accepter qu’il y ait l’existence des classes sociales distinctes en raison de
l’absence d’un mode de production proprement dit, la théorie marxiste des classes
sociales devraient prendre en compte les particularites de classes existant dans la
formation sociale haitienne

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