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REPUBLIQUE DU BENIN

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MINISTERE DE LENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE LA


RECHERCHE SCIENTIFIQUE

*****

Université d’Abomey – Calavi (UAC)

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Ecole Nationale D’Administration (ENA)

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OPTION : Diplomatie et Relations Internationales (DRI3)

THEME

UNIES
L’AVENIR DU SYSTEME DES NATIONS UNIES

Présenté par : Sous la supervision


de :

Rubben HOUEDAN M. Télesphore DIKPO

Elfrida SETODJI

Conceptus TOBOCHIANDOU

Merveille WOTTO
Année académique : 2022-2023

PLAN

I- L’ONU de 1945 à nos jours

A- Bilan mitigé

B- Forces et Faiblesses

II- Perspective d’avenir : l’ONU de demain

A- L’ONU : le cœur des rivalités des grandes puissances

B-Une ONU sans voix


INTRODUCTION

Créée pour assurer la paix et la sécurité internationales, l’Organisation des Nations Unies
est la seule organisation internationale universelle à remplir autant de fonctions diverses
liées aux relations internationales. Elle a compris que ces objectifs ne pourraient être
réalisés sans prêter attention aux droits – politiques, économiques, sociaux,
environnementaux et individuels. Cependant, l’atteinte de ses objectifs le long de son
existence n’a pas été parsemée que de fleurs. Tout au contraire, sa philosophie initiale de
gardien de la paix et de la sécurité collective universelle s’est vue foulée au sol nombre de
fois où elle devrait triompher. Comportement écœurant qui suscite dans de milliers de gens
d’innombrables interrogations quant à l’avenir de cette organisation. Cet avenir a fait
l’objet de plusieurs de nos réflexions et nous nous sommes décidés à nous prononcer là-
dessus. Ainsi donc, afin de pouvoir mieux nous projeter dans l’avenir qu’on pourrait
attribuer à l’ONU, notre démarche a préféré s’accentuer d’abord sur un bilan sommaire de
l’ONU et de ses activités depuis sa création (I) avant de pouvoir nous prononcer réellement
sur l’avenir qu’on lui voit (II).

.
I-L’ONU de 1945 à nos jours

A-Bilan mitigé

L'ONU est le reflet des réalités de la politique internationale, et les divisions politiques et
économiques du monde s'y traduisent par les stratégies de vote au Conseil de sécurité, les
blocs et les clivages de l'Assemblée générale, les différents points de vue du Secrétariat, les
divisions qui se produisent lors des conférences internationales, enfin les processus
financiers et budgétaires. Malgré la nature très politique de ces dissensions, l'ONU s'est
transformée et a modifié certains aspects de la politique internationale. La décolonisation
s'est accomplie avec succès et les nombreux nouveaux pays indépendants ont rejoint la
communauté internationale et ont contribué à la définition de nouvelles priorités dans
l'ordre international. L'ONU a su exploiter les clauses de sa Charte pour concevoir des
procédures inédites permettant de s'attaquer aux problèmes de la paix et de la sécurité.
L'Organisation a également essayé de mettre en œuvre de nouvelles approches en matière
de développement économique, en encourageant la création d'organisations spécialisées.
C'est elle enfin qui a organisé de grandes conférences sur des questions internationales
urgentes, mettant ainsi sur le devant de la scène de nouvelles questions et permettant une
plus grande participation des ONG. Si l'on devait d’ailleurs résumer les objectifs de l'ONU,
la liste à énumérer serait la suivante :

- Contrôle de la sécurité internationale.

- Sauvegarde de la paix.

- Mise en place d'une coopération économique, sociale et culturelle entre les états
membres.

- Respect des droits de l'Homme. Connaissant les principaux rôles et objectifs de l'ONU,
nous pouvons désormais établir un bilan de ses actions.
 Des hauts et des bas

Très vite, la guerre froide a paralysé le Conseil de sécurité. Dès 1947, la mise en place du
dispositif de recours collectif à la force prévu par la Charte est renvoyée aux calendes.
L’URSS, minoritaire, jugeant le Conseil défavorable à ses intérêts, bloque son action – une
seule résolution adoptée en 1959 –, sauf dans des cas très particuliers (Congo, Chypre). À
défaut de pouvoir régler ensemble les crises, les grandes puissances utilisent alors le
Conseil comme une tribune accusatrice ou même une scène de théâtre – ainsi les États-
Unis lors de la crise des missiles déployés à Cuba en 1962.

Ces 40 années de blocage cessent avec l’effondrement de l’URSS à la fin des années 1980.
Commence alors une nouvelle période au cours de laquelle Moscou, pour essayer de
contrôler la superpuissance américaine, accepte de donner vie au Conseil de sécurité.
Washington, comme les États membres permanents européens, s’engouffrent dans la
brèche.

 Le P5

C’est ainsi que le P5 (le groupe des cinq États membres permanents) est né, favorisé par le
secrétaire général Javier Perez de Cuellar, à la recherche d’un accord sur le cessez-le-feu
dans la guerre Iran-Irak (résolution 598). Il atteindra son zénith en 1990-1991, lors de
l’invasion du Koweït par Saddam Hussein. Pendant des mois, les permanents, sous la
conduite des États-Unis, décident de tout (70 réunions) préalablement aux séances du
Conseil qui se contente d’entériner. Leur audace est remarquable : le Conseil de sécurité ne
pouvant recourir au dispositif militaire prévu par la Charte, la décision est prise d’autoriser
certains États à "utiliser tous les moyens nécessaires", c’est-à-dire la force, pour libérer le
Koweït (résolution 678). Le précédent créé, cette formule, équivalent à une délégation de
pouvoirs, sera utilisée ensuite à plusieurs reprises, y compris pour aider militairement des
casques bleus – ainsi du soutien de l’OTAN à la mission de l’ONU en Bosnie en 1995.

Dans l’euphorie créée par cette réaction collective, le Conseil, sous influence occidentale,
accepte dans la foulée l’idée que des violations massives des droits de l’homme puissent
constituer une menace à la paix et la sécurité internationales, et se lance dans l’aide
humanitaire. Il règle alors, avec le secrétaire général, des crises ou contribue à leur
règlement, comme au Mozambique, en Namibie, au Salvador ou au Cambodge. Dix ans
après la chute du bloc soviétique, il réagit encore avec une célérité remarquable à l’attaque
terroriste du 11 septembre 2001, en légitimant la réaction à venir conduite par les
Américains et en s’engageant dans la lutte contre le terrorisme. Les résultats ne sont
cependant pas toujours aussi probants. Dans les années 1990, il échoue en Somalie, au
Rwanda et se fourvoie en Bosnie où son approche humanitaire, faute d’accord sur le fond,
piège les casques bleus. À la fin de la décennie et au début des années 2000, les dissensions
au sein du P5 sont de plus en plus difficiles à surmonter.

 La crise irakienne de 2003

L’harmonie entre grandes puissances, sur laquelle reposait après la guerre froide la
nouvelle gouvernance mondiale, était en effet fragile. Déjà mise à mal dans les affaires de
l’ex-Yougoslavie, elle s’effrite progressivement à propos de l’Irak. Les cinq États membres
permanents, dont le désaccord sur la durée et le périmètre des sanctions contre ce pays
avait déjà créé des tensions, se déchirent lorsque George W. Bush décide d’un changement
de régime par la force à Bagdad – et ce quel que soit le résultat de l’action des inspecteurs
des Nations Unies revenus en Irak pour s’assurer de la destruction des armes de destruction
massive (ADM). La crise de 2003, au cours de laquelle la France, soutenue par la Russie,
la Chine et la majorité des États membres non permanents du Conseil de sécurité, réussit à
empêcher que ce dernier ne légitime la guerre décidée par Washington et Londres, est l’une
des plus graves de son histoire. Bien des cassandres prédirent alors la marginalisation du
Conseil de sécurité. C’est pourtant l’inverse qui se produit ensuite car, assez vite, en 2004,
les États-Unis et le Royaume-Uni ont besoin de l’ONU et donc de la coopération des autres
permanents pour sortir politiquement du bourbier irakien où ils se sont engagés. La crise
irakienne passée, les réunions du P5 reprennent sur plusieurs sujets et une nouvelle période
florissante s’ouvre donc pour le Conseil. Elle dure jusqu’à la fin de la décennie 2000,
marquée par des décisions pour combattre le terrorisme – sanctions, obligations faites aux
États de légiférer –, contrer la prolifération des armes de destruction massive – pressions
sur la Corée du Nord, soutien et aval donné à l’accord avec l’Iran –, aider l’Afrique par de
nouvelles opérations de maintien de la paix.

 Les vicissitudes du droit humanitaire

Le Conseil devient aussi plus audacieux dans la prise en compte du respect des droits de
l’homme comme facteur de paix, acceptant de nouvelles avancées pour la protection des
civils. On oublie un peu aujourd’hui que les progrès dans ce domaine ne furent pas faciles
à obtenir. Ils furent arrachés de haute lutte par les permanents européens à la Russie, à la
Chine mais aussi aux États-Unis et parfois à des puissances émergentes. Il n’est donc pas
étonnant que certaines réserves soient réapparues à l’occasion de l’affaire libyenne.
L’interprétation par les pays de l’OTAN de la résolution 1973 autorisant l’usage de la
force, utilisée au-delà de la prévention des massacres pour favoriser un changement de
régime en Libye, réveille en 2011 les partisans de la souveraineté sous la conduite de la
Russie, qui profite de la polémique pour geler ensuite l’action du Conseil en Syrie. Cette
dernière crise marque un nouveau tournant. Sa gravité et sa durée créent des tensions entre
États membres permanents mais aussi au sein du Conseil, que l’élection de Donald Trump
et la confrontation entre Washington et Pékin vont encore aggraver. La décennie qui
s’achève est finalement celle d’un grave recul de l’action du Conseil de sécurité.

 Le perfectionnement des outils


Souvent sollicité, parfois capable d’agir, le Conseil de sécurité a su progressivement
améliorer ses méthodes de travail (réunions informelles), sa communication (déclarations à
la presse) et s’ouvrir au dialogue avec le monde extérieur. Les États membres non
permanents y ont parfois contribué (contacts avec la société civile).

 Missions multidimensionnelles de paix

Enfin, il faut rappeler les opérations de paix conduites par le Secrétariat. Non prévues par
la Charte, inventées par le secrétaire général avec la contribution de l’Assemblée générale
lors de la crise de Suez en 1956, elles sont désormais décidées par le Conseil de sécurité.
Celui-ci en fixe notamment le mandat, qu’il s’agisse de forces d’interposition,
d’observation ou des missions multidimensionnelles de paix. Ces dernières sont les plus
complexes, les plus dangereuses, car l’ONU avec ses casques bleus, parfois en coopération
avec les organisations régionales, doit accompagner la mise en œuvre d’accords politiques
trop souvent fragiles (Mali) ou même en favoriser la négociation, stabiliser des situations,
alors que la violence n’a pas disparu et que des acteurs locaux trouvent intérêt au maintien
du désordre (République centrafricaine). Les casques bleus sont au service d’un objectif ou
d’un règlement de paix. Leur mandat les autorise parfois à utiliser la force, mais à des fins
tactiques ou pour répondre à une situation humanitaire. Il est de bon ton de critiquer ces
opérations. Elles le méritent parfois même si leur tâche est cependant difficile.

 Une contribution à la paix et à la sécurité en recul

L’affaiblissement du Conseil de sécurité depuis bien longtemps, alors qu’il dispose d’outils
plus performants, ne fait donc que souligner l’origine politique de la dégradation. Elle tient
d’abord à la division des États membres permanents à propos de certaines crises. Mais plus
préoccupant encore, deux des États permanents – les États-Unis dans l’affirmation
prioritaire de leurs intérêts entendus au sens large ; la Russie dans une défense absolue du
concept de souveraineté sans égard pour les peuples – sont plus que jamais indifférents à la
capacité d’agir du Conseil, à la cohérence de sa politique ou à sa crédibilité. Dans ce
contexte, bien des éléments sont inquiétants : la pratique du veto s’est à nouveau banalisée ;
le Conseil n’est plus au centre du règlement des crises les plus importantes (Syrie) ; le
soutien des membres permanents à leurs alliés régionaux, dont la rivalité attise les conflits,
a pris le pas sur la recherche d’un règlement (Yémen); des textes de référence agréés sont
bafoués – remise en cause par l’administration Trump des résolutions sur les territoires
palestiniens occupés. Les grandes puissances donnant le mauvais exemple, les dispositions
de la Charte relatives à l’usage de la force mais aussi certaines mesures coercitives sont
moins respectées ; des membres permanents à la base de violations du droit international
(cas de la Russie en guerre indirecte contre l’OTAN en Ukraine). Dans ce contexte, les
ambassadeurs débattent davantage qu’ils ne négocient. Le bilan de la décennie demeure
malgré cela plutôt faible, très en deçà des périodes fastes. Sans compter que la dégradation
s’est, année après année, accentuée.
B-Forces et Faiblesses

De par la visibilité et la médiatisation de son action et sa carence à agir dans des situations,
telles que celles de la Palestine et de la Syrie, le Conseil de sécurité des Nations-unies focalise
les critiques les plus virulentes. Mais, ce n’est pas là une nouveauté. En effet, depuis la mise
en place, en 1945, de l’architecture des Nations-unies, les pouvoirs exorbitants que les
puissances victorieuses se sont arrogés, à travers le droit de veto et l’usage abusif qui en a été
fait, ont valu au Conseil de sécurité des critiques d’inefficacité, d’impuissance et
d’instrumentalisation au service des intérêts des Grandes puissances.

En même temps, l’augmentation exponentielle des membres de l’ONU, à la faveur du


processus de décolonisation en Afrique et en Asie, a posé le problème de la représentativité
du Conseil, surtout après l’émergence de nouvelles puissances (Japon, Allemagne, Brésil et
Inde en particulier), déterminées à jouer, sur le plan international, un rôle en phase avec leurs
poids économiques respectifs et leur engagement dans la mise en œuvre des objectifs de
l’Organisation. Un premier élargissement a été effectué en 1965, faisant porter le nombre des
membres du Conseil de 11 à 15, pour une Organisation qui comptait alors 118 pays. Cette
augmentation a pu être adoptée sans difficulté, en raison de sa portée limitée à la seule
catégorie des membres non permanents. Aujourd’hui, l’ONU, qui compte 193 Etats membres,
se trouve engagée dans un nouveau processus de négociations intergouvernementales qui
concernent les deux catégories de membres.

 Les forces de l'ONU

L'ONU a des forces non négligeables qui contribuent à la paix mondiale. L'ONU remplit
bien son rôle de soutien moral aux différents états. C'est surtout avec les pays qui ont
entamé un processus d'indépendance ou de décolonisation qu'elle a pu jouer un rôle très
important. L'Organisation des Nations Unies a surtout su aider ces pays dans leurs
processus de démocratisation. L'ONU est également un lieu très important d'opinion
planétaire. Autrement dit, c'est au sein de l'ONU que les États trouvent une place où
exprimer leur opinion, ce qui dans certains cas peut donner lieu à des discussions qui
ouvrent le chemin à la paix. Enfin, elle est capable d'offrir le même traitement à toutes les
nations, qu'elles soient gagnantes ou perdantes dans les nombreuses tensions mondiales.
C'est pour cela que l'on dit que l'ONU ne fait jamais de discrimination.
 Les faiblesses de l'ONU
 Au plan politique

L'ONU n'est pas démocratique avec le droit de veto qui donne des pouvoirs absolus aux
cinq membres permanents, ce qui est contradictoire au principe d'égalité des États
membres. Le pouvoir limité du Sécrétaire Général de l'Onu est une des limites de cette
organisation. L'usage abusif du droit de veto paralyse le bon fonctionnement de
l'organisation. De nombreuses missions diplomatiques onusienne se sont jusqu'ici soldées
par des échecs (crise Israélo-palestinienne, crise Ukrainienne, en République Démocratique
du Congo (RDC) etc). La représentativité du Conseil de Sécurité est de plus en plus
critiquée par le Japon, l'Allemagne et les pays du Tiers Monde.

 Dans le domaine de la sécurité internationale

L'ONU a montré des limites dans sa politique de maintien de la paix dans le monde. Un de
ses échecs les plus manifestes fut son incapacité à empêcher le génocide Rwandais de
1994. La multiplication des foyers de conflits dans le monde (Yémen, Syrie, Irak, crise
Israélo-palestinienne, RDC, Libye, Ukraine...) est une illustration de l'échec des Nations-
Unies à garantir la paix internationale. L'image des « casques bleus » est de plus en plus
ternie par leur implication dans les abus sexuels sur mineures et les meurtres (RDC,
RCA...). La montée de l'islam radical et des mouvements terroristes (Etat islamique – Boko
haram – Aqmi – Shebab Al qaïda...) est un défi auquel se heurte l'Onu dans le maintien de
la sécurité internationale. La violation des embargos onusiens sur les armes, le diamant en
zone de conflit, la menace nucléaire (Corée du nord, Iran) sont autant d'échecs des Nations-
Unies.

 Au plan économique et social

Les catastrophes naturelles et les conflits de grande ampleur ont montré l'incapacité des
Nations Unies à mener une action humanitaire conforme aux besoins (Haïti, Syrie, Sud-
Soudan, Ukraine, Yémen...). Le rapport 2019 de la FAO fait état d'une situation
d'insécurité alimentaire aiguë dans le monde : 690 millions de personnes ont souffert de la
faim en 2019, soit une augmentation de 10 millions par rapport à 2018. La persistance dans
le monde des discriminations raciales, de la persécution des minorités ethniques et
religieuses comme le cas des Rohingya en Birmanie témoigne des insuffisances des
Nations-Unies dans le domaine social.
Les Nations-Unies sont longtemps restées inertes face à la problématique de l'esclavage et
de la torture des migrants africains en Libye et leur péril dans la traversée de la
Méditerranée. L'ONU n'a pas réussi à vaincre l'égoïsme des pays riches concernant la
contribution de 1% de leurs revenus pour financer l'aide dans les Pays en Voie de
Développement. Elle n'a pas aussi réussi à éviter le lourd endettement des pays du Tiers
Monde qui s'éternisent dans la pauvreté et la misère. L'ONU est confrontée à des difficultés
financières. Ses charges de fonctionnement sont lourdes alors que de nombreux pays ne
sont pas à jour de leurs cotisations. Les États-Unis sont les plus importants bailleurs de
fonds de l'ONU avec 25% du budget de l'organisation. Ce poids économique permet aux
États-Unis d'imposer leurs positions. L’ONU comptait 51 Etats membres lors de sa
fondation, en 1945 ; avec l’adhésion du Timor-Oriental et de la Suisse en 2002, elle en
compte désormais 191, soit la quasi-totalité des Etats du monde. Longtemps paralysée du
temps de la guerre froide, par l’usage du droit de veto dont disposent les cinq membres
permanents du Conseil de sécurité (Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Union
soviétique/Russie), elle est désormais handicapée par les pratiques unilatéralistes des Etats-
Unis.
II-Perspectives sur l'avenir de l'ONU

A-L’ONU : le cœur des rivalités des grandes puissances

Les avis sur l'avenir de l'ONU sont partagés. Lakhdar Brahini (ancien ministre des affaires
étrangères algériens et ayant beaucoup servis aux Nations Unies à des postes stratégiques)
qui s'est interrogé si l'ONU survivra en 2034, a reconnu que les Nations Unies de 2034
dépendent au premier chef des grandes puissances. Dans un future proche, les Etats-Unis
d'Amérique resteront la seule super- (ou hyper-) puissance, un pays qui a joué un rôle
déterminant dans la création de l'ONU et qui ne cache pas sa détermination à imposer sa
propre vision sur le future de l'Organisation. Il est fort difficile de déconnecter le destin des
Nations Unies du principal phénomène politique de notre époque : l'émergence des Etats-
Unis comme unique, superpuissance et leurs tentatives de redéfinir le droit international à
leurs propres conditions. Dans cette logique, Lakhdar Brahini pense qu'en se référant à
l'évolution de l'ONU depuis 1945, trois scénarios sont possibles :

Dans un premier scénario, la prédominance des Etats-Unis reste incontestée et ils


continuent à agir comme si on leur avait donné le droit de manier leur puissance à leur
guise. Le risque est ici que la totalité, ou la plupart, des progrès du XXe siècle vers la
construction d'un système international fondé sur le respect du droit soient remis en cause ;
le droit international deviendrait alors un instrument d'opportunité politique, au service des
intérêts nationaux, plutôt qu'un instrument de justice. Des institutions internationales
comme la Cour Pénal International (CPI), dont les Etats-Unis ont choisi de se désengager,
pourraient disparaitre. L'usage de la force ne prévaudrait pas forcement, mais les normes
juridiques ne pourraient plus le contenir. Les Nations Unies seraient détruites, ou réduites à
une grande faiblesse réminiscence de la SDN...

Dans un second scénario, l'hégémonie américaine ne s'impose pas durablement, la


puissance américaine étant contesté par une ou plusieurs puissances émergentes, d'où la fin
de l'ère de la superpuissance unique, obligeant les Etats-Unis à former des nouvelles
alliances sur un pied plus égal, et à renforcer les Nations Unies. D'importantes mutations
sont déjà à l'oeuvre, qui pourraient opposer des contrepoids à Washington et imposer une
redéfinition des équilibres de puissance. Une hypothèse serait que les Etats-Unis et
l'Occident joignent leurs forces contre la Russie et la Chine. Une autre, que l'Europe, la
Russie et les Etats-Unis se retrouvent eux-mêmes face à la Chine. La Chine longtemps
présentée comme la prochaine superpuissance, connait aujourd'hui une transformation
économique et militaire susceptible de menacer sérieusement la suprématie des Etats-Unis.
Des potentialités similaires existent pour l'Inde et le Japon. Beaucoup de choses dépendent
de l'évolution des relations entre les trois puissances asiatiques : Chine, Inde et le Japon.
Pour l'heure, chacune prend soin de demeurer proche des Etats-Unis, de peur que l'autre, ou
les autres, ne mobilise(nt) Washington contre elle. Mais cet état de fait ne durera pas
indéfiniment, chacun de ces pays construisant sa propre puissance. On ne sait si la Russie
pourra retrouver la force dont elle jouissait pendant l'apogée de l'Union Soviétique. Elle
conserve néanmoins un arsenal nucléaire massif, dispose d'un siège permanent au Conseil
de Sécurité, s'enrichit grâce à la hausse des prix de l'énergie et s'est affirmée comme un
acteur international qu'il ne faut pas sous-estimer dans le débat avec l'Iran.

L'Union Européenne élargie, a aussi affirmé une puissance économique remarquable. Elle a
échoué à développer la puissance politique remarquable. Elle a échoué à développer la
puissance politique correspondante, ainsi que des capacités militaires qui la porteraient au
niveau des Etats-Unis. Mais ce n'est peut-être qu'une question de temps et l'Union
Européenne aura peut-être demain les moyens de répliquer aux aspirations globales des
Etats-Unis. Ni le Groupe des 77 ni le mouvement des non-alignés ne devraient être écartés
des ces scénarios d'avenir. Les deux se sont effacés dans une relative insignifiance depuis
la fin de la guerre froide, mais les facteurs (les prix du pétrole et des ressources naturelles)
qui ont permis aux pays en développement de jouer un rôle clé dans la politique
internationale des années 1970 sont à nouveau présents aujourd'hui, et pourraient conduire
à leur renaissance politique. La Chine ou l'Inde pourraient s'appuyer sur le soutien d'un
G77 renforcé pour constituer une formidable nouvelle base de puissance.

Nombre de compétiteurs émergent donc, qui pourraient sérieusement défier les Etats-Unis
à l'avenir. Les conséquences pour les Nations Unies d'un tel scénario seraient sans doute
positives, dans la mesure où un monde bipolaire ou multipolaire serait plus susceptible de
chercher, et de faire respecter, un consensus. D'autres changements importants dans la
nature de l'Organisation sont, dans cette logique, probables. L'ONU restera sans nul doute
pour l'essentiel une Organisation intergouvernementale, mais sans doute pas
exclusivement, tant les Organisations Non Gouvernementales et le secteur privé accroissent
leur poids dans la prise de décision internationale.

Cela conduit à un troisième scénario, dans lequel les Etats-Unis réalisent qu'il est
finalement dans leur propre intérêt de respecter le droit international et d'avoir des Nations
Unies fortes et actives. Ils se demandent alors pourquoi la bonne volonté et le consensus
international autour de la guerre en Afghanistan se sont affaiblis, pourquoi ils n'ont pu
exister au moment de l'invasion de l'Irak. Ils comprennent pourquoi le reste du monde n'a
pas adhéré systématiquement à la vision américaine de la sécurité après le 11 Septembre.
Ils prennent conscience de ce que la puissance sans avancée politique, ne peut fonder une
puissance qui dure, évidence concrètement illustrée par Israël qui, en dépit de nombreuses
victoires, demeure politiquement vulnérable en l'absence de solution politique au conflit
avec les Palestiniens. Il sera sans doute de plus en plus clair que, dans un monde sans cesse
plus interdépendant, aucune puissance solidaire ne peut s'imposer indéfiniment. Cela vaut
pour le monde politique ; c'est aussi vrai dans le domaine des relations économiques
internationales. Bref, les Etats-Unis doivent réaliser que leur économie ne peut fonctionner
et prospérer que tournée vers l'extérieur, et dans un ordre global pacifique. Alors que, par
exemple, Washington et ses alliés contrôlent actuellement la plus grande part des réserves
mondiales de pétrole (Avec l'Arabie Saoudite et l'Irak) la demande croissante de la Chine et
de l'Inde et la hausse des revenus du pétrole ont incontestablement accru l'importance de
producteurs plus petits comme la Bolivie ou Venezuela. Les jours de l'empire omnipotent
sont déjà passés et ils ne reviendront pas. Les Etats-Unis devront reconnaitre que, pour
maintenir leur puissance économique, il faut jouer selon les règles internationales et
renforcer le pouvoir de l'ONU. Ils devraient finir par comprendre qu'une application
sélective du droit international a pour effet de l'éroder jusqu'au point où la superpuissance
elle-même ne peut plus l'instrumentaliser au service de ses propres intérêts.

On ne peut savoir lequel de ces scénarios décrit au plus près la situation des Nations Unies
dans un proche avenir. Le danger des deux derniers est que, avant qu'ils ne se réalisent,
l'ONU aura peut-être été si affaiblie, et le droit international tant battu en brèche, que
l'Organisation n'apparaitra plus utile, ni crédible, à la communauté internationale. C'est
pourtant peu probable. Il semble aujourd'hui moins hasardeux de prédire que, dans presque
trente ans, l'ONU sera toujours forte et demeurera le forum central où s'identifient les
valeurs et les objectifs communs, pour le développement de normes et de standards
internationaux. En bref, tous les Etats membres, Etats-Unis inclus, ont, à un moment ou à
un autre, besoin de l'ONU et il n'existe aucun forum concurrent. A ces trois scénarios qui
peuvent se réaliser dans le parcours des Nations unies un quatrième s’est profilé à notre
imagination.

B-Une ONU sans voix

En effet, les Relations Internationales sont et continuent à être fortement influencées par les
grandes puissances et l'ONU évoluera donc d'abord dans les voies sur lesquelles
s'accorderont les grandes puissances. Qui appartiendra au club des grandes puissances dans
l'avenir ? Ce statut dépend en grande partie mais exclusivement de la qualité de membre
permanent du Conseil de Sécurité. On admettait, à la fin de la guerre froide, que l'Inde, le
Japon et quelques autres Etats deviendraient membres permanents sous deux ou trois ans.
Aujourd'hui, vingt ans après, nous ne savons plus quand, ou si les négociations prolongées
sur la réforme du Conseil de Sécurité aboutiront, s'ils le seront réellement un jour. Les
candidats membres permanents ne doivent donc ne pas trop espérer une probable réforme
du Conseil de Sécurité dans un futur proche.

Devant cette réalité pertinente, un quatrième scénario est envisageable. Dans l'hypothèse où
les cinq membres permanents vont user de leur droit de veto pour bloquer toute réforme du
Conseil de Sécurité, continuer ainsi à paralyser l'Organisation toute entière, cette dernière
n'apparaitra plus utile, ni crédible aux Etats Membres. Ainsi donc, ces Etats vont préférer
plus de coopération et négocier en dehors de l'ONU, notamment au sein des Organisations
régionales et forums internationaux (G3, G4, G7, G8, G20, ...) et cela au détriment de
l'Organisation universelle. Dans d'autres instances, la situation a considérablement évolué.
Vu la vacuité des débats onusiens, les ministres ont migré vers d'autres fora. Les réunions
du G7, du Fonds Monétaire International (FMI) et de la Banque Mondial (BM) donnent
désormais le ton. C'est là que les dirigeants du Nord et du Sud souhaitent jouer de leur
influence. D'autres forums ont vu le jour, utiles et impliquant d'importants décideurs du
Nord comme du Sud. Le plus promoteur est peut-être le G20, constitué des Ministres des
Finances des principales de puissance économiques du Nord et du Sud. Ses débats sont
relativement informels, non-conflictuels, riches et centrés sur les préoccupations et intérêts
communs plutôt que sur des récriminations mutuelles. Les Organisations régionales
gagnent également du terrain. La compétence exclusive du Conseil de Sécurité quant au
recours à la force, minée par sa propre inaction, a été remise en question par la
communauté Economique des Etats d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) au Liberia et en
Sierra Leone, et par l'Organisation du Traité d'Atlantique Nord (OTAN) au Kosovo. A
l'avenir, les Organisations et les arrangements régionaux joueront sans doute un rôle plus
important en matière de sécurité internationale. Tout cela aura comme conséquence la
réduction, voir même la disparition pure et simple de l'ONU.

Conclusion
Bien qu’elle soit considérée comme “nécessaire”, “urgente”, “incontournable”, ”inévitable” et
“obsédante”, la réforme de l’ONU n’est pas pour demain. Les raisons tiennent à l’écart entre
les intérêts individuels des Etats membres, particulièrement les intérêts géostratégiques des
Grandes puissances, aux enjeux et à la complexité de la réforme et, enfin, à une conjoncture
internationale qui favorise l’immobilisme, plutôt que la dynamique du changement. L’Accord
ou l’acquiescement des permanents est, à cet égard, une condition sine qua non pour toute
avancée dans le processus de négociation. Les rédacteurs de l’article 108 de la Charte ont tenu
à verrouiller la procédure d’amendement, de manière à éliminer toute possibilité
d’amendement qui ne recueillerait pas l’assentiment concordant des cinq permanents, et ce
nonobstant la majorité réunie en sa faveur. Cependant l’espoir de voir advenir un jour, l’heure
d’une nouvelle ONU, aussi bien structurellement qu’objectivement, dépouillée de tous ses
maux ne s’éteint pas mais demeure.
Bibliographie

 Bilan et perspectives de l’ONU, le Monde (article web)


 La réforme du Conseil de sécurité de l’ONU : Bilan et perspectives, Mohamed
loulichki,Policy Center for the new South, Policy Brief, Septembre 2019
 UN75 : L’avenir que nous voulons, l’ONU dont nous avons besoin : Bilan des
activités du Bureau du Conseiller spécial pour les préparatifs de la commémoration
officielle du 75 ème anniversaire de l’ONU (septembre 2020)
Questions

1- Qu’entendez-vous par Droit de véto ?

2- Citez quelques exemples de missions de la paix que l’ONU a pu réussir ?

3- Pourquoi dit-on que l’ONU ne fait jamais de discrimination ?

4- Dans le but d’assurer la sécurité internationale, est-il possible d’envisager la naissance


d’une nouvelle organisation qui à son tour entraînerait la disparition des Nations Unies ?

5- Quelle est le nom de la mission que l’ONU a engagé au Mali et quel en est votre point de
vue ?

Réponses aux différentes questions

1- Le droit de veto du CS des Nations-Unies est un droit accordé uniquement aux cinq
membres permanents de ce conseil (Nations et Etats-Unis) qui leur permet de bloquer
toute résolution ou décision, quelle que soit l’opinion majoritaire au conseil.

2- Les missions de paix : les Opérations de Maintien de Paix de l’ONU aident les pays
touchés par les conflits à créer les conditions de retour à la paix. L’ONU effectue des
OMP dans les pays grâce à ses casques bleues. Ainsi, elle a opérée dans les différents
pays tels que :
Mali : MINUSMA
Congo : ONUC
Nouvelle Guinée Occidentale : UNSF
Amérique centrale : ONUCA et beaucoup d’autres opérations.
Cependant, parmi ces missions l’ONU a connu des échecs et des succès. Elle aide à
mettre un terme aux conflits et à promouvoir la réconciliation en menant à bien des
opérations de maintien de la paix dans des dizaines de pays, comme le Cambodge, au
Salvador, au Guatemala, au Mozambique, en Namibie et au Tadjikistan.

3- On dit que l’ONU ne fait pas de discrimination parce qu’elle traite tous les Etats sur le
même pied d’égalité selon leurs mérites. Elle est capable d'offrir le même traitement à
toutes les nations, qu'elles soient gagnantes ou perdantes dans les nombreuses tensions
mondiales : résolutions à l’encontre du pays ayant violé le droit international, aides de
tous genres aux pays victimes…… C'est pour cela que l'on dit que l'ONU ne fait
jamais de discrimination.

4- Avec les exploits de l’ONU et le nombre d’Etats qui y sont membres ainsi que
l’envergue des grandes décisions qui y sont prises, cette organisation malgré le poids
que les grandes ont sur elle ne peut disparaitre du jour au lendemain et laisser place à
une autre organisation à cause de non seulement son internationalisation et les enjeux
auxquels elle répond.

5- L’ONU a déployé sa mission de paix au Mali (MINUSMA) par les casques bleus.
Dans cette mission l’ONU par le biais des casques bleues ont joué un rôle très louable
et non négligeable même si quelques foyers de tensions persistent toujours.

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