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Introduction
La Société des Nations, malgré les espoirs fondés en elle n'avait pas su éviter la
Seconde Guerre Mondiale. Pourtant, les vainqueurs de 1945 ont estimé qu'elle reposait
sur des principes bons et qu'il fallait simplement tirer les leçons des échecs et des
manques de la SDN : au premier plan, son manque de moyens coercitifs (la SDN ne
disposait pas d'armée), mais aussi son manque d'universalité (les Etats-Unis, l'URSS, le
Japon et l'Allemagne n'appartenaient pas à la SDN). C'est de ces constats que sont
partis les vainqueurs de 1945 pour fonder l'organisme qui, dans l'esprit de Roosevelt,
devait être la clé de voûte d'un nouvel ordre idéal.
1 L'organisation de l'ONU
L'idée de la fondation des Nations Unies résulte d'une série de mesures et de rencontres
dans lesquelles le Président des Etats-Unis Franklin D. Roosevelt a joué un rôle
prépondérant. La première de ces mesures est la Déclaration interalliée signée à
Londres le 12 juin 1941, dans laquelle les signataires s'engagent à "œuvrer en commun
avec les autres peuples libres, en temps de guerre comme en temps de paix".
L'expression Nations Unies qui est due au Président des Etats-Unis, Franklin D.
Roosevelt, apparaît pour la première fois dans la Déclaration des Nations Unies du 1er
janvier 1942, par laquelle les représentants de 26 pays s'engagent à poursuivre
ensemble la guerre contre les puissances de l'Axe.
Le projet est mûri entre août et octobre 1944 à Dumbarton Oaks près de Washington par
les représentants de la Chine, des Etats-Unis et de l'URSS. En février 1945, c'est un des
points débattus à Yalta en Crimée, entre Staline, Roosevelt et Churchill. Les plans bâtis
à Dumbarton Oaks servent de base à la Charte des Nations Unies élaborée par les
représentants de 51 pays à la Conférence des Nations Unies sur l'Organisation
internationale, éunie à San Francisco du 25 avril au 26 juin 1945. L'Organisation des
Nations Unies naît officiellement le 24 octobre 1945, lorsqu'elle est ratifiée, entre autres,
par la Chine, les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni et l'URSS.
L'État qui devient membre de l'Organisation des Nations Unies accepte les obligations
imposées par la Charte des Nations Unies, traité international qui énonce les principes
de base des relations entre pays. En vertu de la Charte, les buts de l'ONU sont au
nombre de quatre :
L'Assemblée Générale
Elle est constituée par tous les délégués des États membres à raison d'un délégué par
État sans distinction de taille ou d'importance économique. Une session ordinaire a lieu
par chaque année de septembre à décembre durant laquelle sont émises des
recommandations. En outre, l'Assemblée Générale peut se réunir en session
extraordinaire.
Le Conseil de Sécurité
Il est composé au départ de onze puis de quinze membres dont cinq permanents. Ce
sont : les États-Unis, l'URSS, la France, le Royaume-Uni et la Chine (de 1949 à 1971, le
siège de la Chine est occupé par la Chine nationaliste, les États-Unis opposant leur droit
de veto à son remplacement par la Chine communiste. Depuis le démantèlement de
l'URSS, c'est la Russie qui occupe le siège de l'ex-URSS). Les membres permanents
disposent d'un droit de veto. Les dix autres membres du Conseil sont élus tous les deux
ans en Assemblée Générale. Le Conseil de Sécurité constitue en quelque sorte l'organe
exécutif de l'ONU. Il peut prendre des résolutions pour réclamer une modification dans
l'attitude d'un Etat membre et peut également décider de sanctions contre un Etat
coupable.
Le Secrétariat Général
Il assure les fonctions administratives de l'ONU. Il est dirigé par le Secrétaire Général
nommé par l'Assemblée Générale tous les cinq ans sur recommandation du Conseil de
Sécurité.
Elle est l'organe judiciaire principal de l'ONU. Elle siège au Palais de la Paix, à La Haye
(Pays-Bas). La Cour a une double mission : régler conformément au droit international
les différends d'ordre juridique qui lui sont soumis par les États et donner des avis
consultatifs sur les questions juridiques que peuvent lui poser les organes ou institutions
autorisés à le faire. La Cour se compose de quinze juges élus pour neuf ans par
l'Assemblée générale et le Conseil de sécurité de l'ONU siégeant indépendamment l'un
de l'autre. Elle ne peut comprendre plus d'un ressortissant d'un même État. La Cour est
renouvelable par tiers tous les trois ans ; les juges sont rééligibles. Ils ne représentent
pas leur gouvernement : ce sont des magistrats indépendants.
A ces organes sont rattachés une multitude d'organes spécialisés qui dépendent de
l'ONU comme l'UNESCO, le FAO, le CNUCED, le BIT…
Plus de cinquante ans après sa création, l'ONU semble à beaucoup dans l'incapacité
d'assurer les missions qu'elle s'était fixée. Ses décisions ont souvent été bafouées par
certains États membres et elle paraît menacée d'enlisement.
En fait, la Guerre Froide a empêché les institutions de jouer pleinement leur rôle. Le jeu
des vetos entre les deux supergrands a fortement paralysé l'ONU. Lors de sa fondation,
l'ONU était dominée par l'influence américaine et a notamment couvert l'intervention des
Etats-Unis en Corée. Mais peu à peu, avec la décolonisation, sa composition s'est
radicalement modifiée avec l'admission massive de pays nouvellement indépendants
pratiquant une politique de non-alignement sur les deux Grands. Ces pays du Tiers
Monde forment maintenant l'immense majorité des membres (173 membres en 1987).
Cette évolution ne satisfait naturellement pas les grandes puissances qui craignent de
voir l'Assemblée Générale s'arroger le droit de les juger et d'arbitrer leurs conflits.
L'ONU est aussi handicapée par le manque de moyens d'action. Elle souffre d'abord d'un
manque de crédits : certains pays refusent de payer leur part. L'aide aux pays du Tiers
Monde est donc insuffisante et certains pays bénéficiaires réprouvent d'ailleurs le
contrôle de l'ONU sur l'utilisation de ces fonds. L'ONU souffre également de l'absence
d'une armée permanente. Elle doit faire appel à des troupes des pays membres qui sont
dites mandatées par l'ONU. Depuis la guerre de Corée, ces troupes sont choisies parmi
celles des pays neutres. Ces troupes sont donc hétérogènes et souvent insuffisantes.
Leur rôle est très difficile et leur légitimité questionnée par les pays où ils interviennent. Il
est à noter que pendant la guerre du Golfe, pour pallier ce déficit d'homogénéité des
Casques bleus, ce ne sont pas des troupes de l'ONU qui sont intervenues, mais des
armées nationales qui avaient reçu de l'ONU le droit d'intervenir conte l'Irak qui s'était
rendu coupable d'une agression caractérisée contre un Etat souverain, le Koweït.
Enfin, l'ONU est également paralysée par un grand principe qu'elle s'est elle-même
donné à l'origine, celui de non-ingérence dans les affaires intérieures des Etats, principe
qui garantit la souveraineté nationale, mais qui limite l'intervention de l'ONU. On peut
citer l'exemple de la guerre d'Algérie, où la France avait avancé ce principe contre
l'intervention de l'ONU dans ses affaires nationales.
3 L'efficacité de l'ONU
Si les insuffisances de l'ONU sont nombreuses, elle n'est cependant pas inutile. On peut
identifier plusieurs réussites par rapport à la SDN :
Contrairement à la SDN, l'ONU n'a pas opéré de discrimination entre les vaincus et les
vainqueurs : l'Italie y est admise en 1955, le Japon en 1956 et les deux Allemagne en ont
fait partie à partir de 1973.
Un des gros problèmes de l'ONU a été son impuissance par rapport aux problèmes de
décolonisation parce que la Charte de San Francisco condamnait l'acte de coloniser sauf
consentement du pays concerné mais tolérait que les pays gardent leur empire colonial,
cela étant naturellement lié au fait qu'au sein des pays ayant le droit de veto au Conseil
de Sécurité, les deux plus grands empires coloniaux s’étaient représentés à travers la
France et le Royaume-Uni.
Malgré ce handicap congénital, l'ONU a su apporter un soutien moral aux peuples qui
souhaitaient être émancipés de la tutelle coloniale. De plus, elle a su promouvoir la
démocratie dans ces pays. L'Organisation a fourni une assistance et des conseils en
matière électorale et a suivi le déroulement des scrutins.
L'ONU est également un organe intéressant à cet égard : la plupart des pays du monde
en font partie et dès leur accession à l'indépendance ou leur création, les nouveaux
Etats demandent à en faire partie. Ainsi par exemple, les Républiques tchèque et
slovaque sont devenues, le 19 janvier 1993, des États Membres de l'Organisation des
Nations Unies.
Elle constitue en fait la réussite majeure de l'ONU. Les buts de l'ONU sont en fait plus
ambitieux que ceux de la SDN : outre préserver la paix, elle espère "créer les conditions
nécessaires au maintien de la justice", "favoriser le progrès social". D'où la présence
d'organismes techniques souvent efficaces.
L'ensemble de ces institutions spécialisées forme un réseau efficace qui constitue sans
doute la plus grande réussite de l'ONU.