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Délices des jeux de l'Esprit, les reflets de l'or ronge ta peau qui se moire
A l'ombre de ta chevelure, s'éclaire mon angoisse aux soleils prochains de tes yeux.
Commentaire littéraire
Vers 3 : Mère et enfant. Vers 6 : Jeune fille : éveil de l’amour. L’indicatif présent est opposé
au passé. La foudre (« foudroie ») est une métaphore réitérée par l’« éclair ». Le poète est
dans le chaos : « tonnerre » : allitération en [T]. La femme est la savane, elle frémit, gronde
(personnification de la savane) : « savane ; femme ; tamtam ». Allitérations en [F] et [V]
pour le souffle.
A la dernière strophe : femme face à son destin, âgée « beauté qui passe », en cendre
(morte). C’est le temps qui passe. Pour Senghor, la mémoire et l’écriture permettent de fixer
l’existence et la beauté dans l’éternité.
La couleur noire symbolise la vie « Vétue de ta couleur qui est vie ». Beauté de la femme nue
sans artifice : « ta forme qui est beauté ». La beauté habille la femme « Vétue ».
La beauté de la femme devient sculpturale :
- Tamtam (femme, tension, grandeur)
- Reprise de « femme nue, femme noire »
- Grâce (métaphore de la « gazelle » : légère, musclée, aérienne, renforcé par : « gazelle ;
céleste ; perle »)
- Evoque l’envol car il y a une gradation (matériel, terrestre, astral)
Presque tous les sens sont sollicités pour ressentir la beauté de la femme noire : vue, goût
« sombres extases du vin noir », toucher « caresses ferventes du Vent d'Est », ouïe « tamtam
tendu qui gronde sous les doigts du vainqueur / Ta voix grave de contralto est le chant
spirituel de l'Aimée ».
1. Nudité et mystère
Même nue, la femme est chargée de mystères. « femme obscure » : double sens : femme
noire et femme mystérieuse.
Assonances en [U] = profondeur, respect et admiration. Obscurité sensuelle car surprises
laisse libre cours aux fantasmes. La femme noire = chants d’ombre. Chez Senghor,
l’évocation de la femme revient au clair obscur.
La femme noire est à la fois obscurité et lumière. Jeux de lumière : « A l'ombre [...]
s'éclaire »..., champs lexicaux de l'ombre et de la lumière dans tout le poème soulignant la
complexité de la femme.
L’image biblique : « Terre promise » Moïse découvre la terre promise. Milieu aride pourtant
plein de promesses. La femme donne apaisement et sérénité. La femme est un sujet maternel
et de séduction. Elle protège l’enfant qui deviendra un homme ou une femme. Le cycle naturel
est présent.
L’élévation : extase du aux rapports amoureux. Le désir et divinisé. Le couple est une
métaphore de la savane allié aux « horizons purs ». Spiritualité dans les attaches « célestes
des gazelles ». Par choix des mots, l’amour relève de la grâce, la force, la retenue, la fusion.
Les métaphores astrales, mystiques ont un rendu émotionnel.
Pour Senghor, la construction de l’homme et de la femme et la représentation du monde ont
tout leur sens. De plus l’univers et l’homme africain ne font qu’un. Dès la naissance, puis
jours après jours, il n’y a pas de limites entre le monde d’ici et au-delà. Donc pas de limites
entre le rêve et la réalité. Les espaces ne sont pas cloisonnés.
Comme dans « A une passante » de Baudelaire, la femme est la féminité. Toutes les femmes
noires représentées n’ont pas d’articles définis, indéfinis et pas de possessifs. C’est donc une
généralisation. Une construction simple de l’éloge faite à la femme. Pas de « Ô » car prière
fervente, poésie incantatoire. La femme noire est l’Afrique : « nue ; belle ; obscure,
mystérieuse ». Registre de langue saint, car être au plus près possible de la nature renforce
l’éloge.
La couleur jaune du soleil renforce la chaleur. Les savanes ont une végétation pauvre. La
« gazelle » et l’« aigle » représentent la beauté terrestre et aérienne : la vie.
Cette poésie évoque des sonorités africaines :
- Tamtam « Tamtam sculpté, tamtam tendu » : allitération en [T] rappelant le son du tamtam
- Charme de la voix grave de contre-alto
- Rythme binaire
Les objets du quotidien et des cérémonies sont présents. Le tamtam est symbole de
ralliement, de cohésion sociale entre vivants et entre esprits et vivants.
Conclusion
Senghor a voulu immortaliser la femme noire dans l’éternel. La femme est l’avenir de
l’homme. Ce poème est une ode intemporelle. C’est un renouveau dans le lyrisme. L’amour
courtois dépasse les frontières. Ce poème est proche des Yeux d’Elsa de Aragon.