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INTRODUCTION

Pendant la période coloniale, les africains subissaient des abus de la part des européens. Leurs
cultures et leurs mœurs étaient dépravés par ceux-ci. Devant cette triste réalité, les
intellectuels africains entendent combattre pour la sauvegarde de la souveraineté et de la
dignité de l’Afrique. Ainsi, certains créent des syndicats tandis que d’autres valorisent l’image
de l’Afrique par les écrits. C’est dans ce dernier contexte que s’inscrit Léopold Sédar
SENHOR, écrivain sénégalais. Il fait naitre en 1945, Chants d’Ombre, un recueil de poèmes
exaltant les valeurs nègres. Dans cette œuvre qui fait l’objet de notre étude, nous analyserons
les thèmes. Dans Chants d’Ombre, SENGHOR développe plusieurs thèmes par lesquels on
pourrait revenir sur le royaume d’enfance, la femme, la civilisation de l’universel, la fonction
du poète, la mort et syncrétisme réligieuse.
I. LE ROYAUME D’ENFANCE
Le poète fait souvent référence au Royaume d’enfance qui représente pour lui l’Afrique, le
passé idéalisé. Ce thème permet de retourner à la pureté première qui est aussi source
d’inspiration pour SENGHOR qui déclare : « Et puisqu’il faut m’expliquer sur mes poèmes,
je confesserai encore que presque tous les êtres et choses qu’ils évoquent sont de mon canton :
quelques villages sérères perdus parmi les tanns (les terres plates que je recouvre la mer ou le
bras de mer à l’époque des grandes marées), les bois, les bélongs (les bras de mer ou chenaux,
bordés de palétuviers) et les champs. Il me suffit de les nommer pour revivre le Royaume
d’enfance… ». Le royaume d’enfance synthétise en lui les réminiscences de l’enfance
personnelle, la geste des ancêtres, le mythe de l’Afrique mère et les rêves d’amour du poète.
Un royaume perdu, que le poète recrée à travers l’amour, l’écriture et l’exaltation de la
Négritude.
Senghor reste attacher à son univers d’enfance et le rappelle souvent dans ses poèmes. Ainsi
dira-t-il « dans mes poèmes, je parle souvent du royaume d’enfance. C’est un royaume
d’innocence et bonheur : il n’y avait pas de frontières entre les Morts et les Vivants, entre la
réalité et la fiction, entre le présent, le passé et l’avenir ».
II. LA FEMME
Dans les poèmes de SENGHOR, même si la femme semble représenter l’Afrique, elle
symbolise aussi bien la femme noire que la femme blanche. Avec ce thème SENGHOR
réussit d’innombrables variations, ne lassant jamais d’évoquer le visage, la poitrine, la voix
des ignares ou les yeux, les cheveux, les mains de la Normande. Ce souci de symbiose
culturel sera développé par le thème de la civilisation de l’universel et le syncrétisme
religieux (cohabitation bénéfique entre les religions).
Dans « femme mire », Senghor rend un vibrant hommage aux femmes qui sont les premières
à souffrir des guerres, de l’incurie des dirigeants, des femmes qui sont les grandes victimes de
la violence des hommes mais qui sont à la fois mères nourricières, piliers des familles et
gardiennes du temple. Pour Senghor, elles sont muses inspiratrices et amantes attentionnées.
Elles sont sources de bonheur et de vie et d’émotion. La sensualité du poème nous emporte
dès les premiers vers « femme nue, femme noire, vêtue de ta couleur qui est vie, de ta forme
qui est beauté ». Une douceur qui sera du début à la fin du poème. Senghor célèbre la couleur
noire, les formes et les sens, sont ainsi convoqués, la vue, le toucher, le gout et l’ouïe. Ce
poème est aussi une ode à une Afrique martyrisée, berceau de l’humanité, une Afrique dont
les cultures ont été pillées, encore sous-estimées, méconnues et pourtant elles sont d’une
richesse unique.
La beauté de la femme et les plaisirs de l’amour sont évoqués avec finesse. Senghor nous
décrit la peau noire enivrante, il en parle avec amour et délicatesse et le dit avec élégance
« sombres extases du vin noir ».
III. LA FONCTION DU POETE
Le thème de la fonction du poète donne tout son sens à ce recueil. En effet, il permet à
SENGHOR de définir le rôle que l’écrivain noir doit jouer au sein de sa société en étant
comme le propose Césaire « la bouche des malheurs qui n’ont point de bouche ». Il doit être
griot, le « djali ». C’est-à-dire celui qui transmet une parole qui vient du passé et qui demeure
puissance de vie pour les auditeurs présents. Il ne s’agit pas seulement pour le poète de
maitriser le pouvoir de la parole mais aussi et surtout de porter aux oreilles du monde la
parole retrouver de son peuple. (Donne-moi de mourir pour laquelle de mon peuple, et s’il le
faut dans l’odeur de la poudre et du canon. L’amour premier de ce même peuple/. Fais de-moi
ton maitre de langue ; mais non, nomme-moi son ambassadeur.
Ce thème définit bien la poésie senghorienne qui est défense et illustration de la négritude,
reconstitution d’une image positive de l’Afrique.
IV. LA CIVILISATION DE L’UNIVERSEL
Définissant la civilisation de l’universel lors de l’inauguration de l’Université Cheikh Anta
Diop de Dakar en 1959 Senghor affirme qu’il « s’agit un rendez-vous du vingtième siècle, de
nous faire des dons réciproques pour édifier la seule civilisation humaine : la civilisation de
l’universel. »
Dès lors plus qu’une vision politique cette notion est la reconnaissance de toutes les
spécificités dans une fraternité obligée. Elle est le fruit qui a jailli des messages d’amour de
Léopold Sédar Senghor. En prophète averti, celui-ci a su deviner que tous les problèmes
sociaux sont d’ordre culturel et cela est d’autant plus vrai qu’en ce troisième millénaire, on
assiste à la confirmation de cette prophétie. Il s’agit donc, à travers ce concept de « refaire
l’unité de l’Homme et du monde » à travers l’amour. Et pour que cela puisse se concrétiser
chaque continent à sa pierre à apporter, toutes les races qu’elles soient noirs, blancs, jaunes ou
rouges, ont leur partition à jouer pour qu’un jour l’on puisse accéder à l’amour fraternel des
différents peuples.
C’est la raison pour laquelle la participation de l’Afrique-mère, du Noir longtemps trainé dans
la boue et qui nonobstant cela, compte apporter sa contribution qui est d’une nécessité vitale à
la construction de ce village qui abritera une civilisation fraternelle, unique dans sa diversité,
celle de l’universel. En plus, Senghor appelle à l’enracinement et à l’ouverture, deux notions

qui paraissent contradictoires mais qui pourtant, se parachèvent.

V. LA MORT
Le thème de la mort est constant, chants d’ombre sous une forme lyrique angoissante
Elle est parfois apaisante car en Afrique la mort marque un passage, une simple porte, mais
une porte importante entre la vie et la mort.
La mort c’est le commencement d’une autre vie avec les ancêtres.
En outre la poésie permettant au poète d’apprivoiser la mort
VI. SYNCRETISME RELIGIEUX
Les allusions à la religion, qu’elle soit animiste ou catholique sont fréquents dans le chant
d’ombre
Dieu y est présent et le poète croit en lui profondément. Ainsi, nous pouvons dire que la
poésie senghorienne est une aventure de la foi.
Pour comprendre cela, il est utile voire indispensable de suivre la dynamique relieuse de sa
religion traditionnelle sérère de son royaume d’enfance.
C’est sans nul doute ce qui motive ce chapitre qui entent donner une lecture religieuse, divine
ou divinisée de l’amour.
Des lors, lors c’est un itinéraire spirituel que nous proposons et qui va partir de l’animisme au
syncrétisme religieux en passant par le catholicisme. Vont alors se suivre sans jamais se
confondre le culte des ancêtres et de l’éducation chrétienne

CONCLUSION
Dans Chants d’Ombre, les thèmes sont nombreux et variés. Ces thèmes sont toujours en
rapport avec l’Afrique et portent principalement sur la culture. Ce qui témoigne l’attachement
de Senghor à continent lequel attachement apparait tout long du recueil.

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