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EXPOSE : FRANCAIS
CHANT D'OMBRE
DE LEOPOLD SEDAR SENGHOR
EXPOSANTE
FATOU KINE FAYE
I. PRESENTATION DE L'AUTEUR
1. BIOGRAPHIE
2. BIBLIOGRAPHIE
II. PRESENTATION DE L'ŒUVRE
A. GENESE DE L'ŒUVRE
B. RESUME
C. ANALYSE ET COMPOSITION
A. THEMES PRINCIPAUX
B. THEMES SECONDAIRE
Le royaume d'enfance
La culture
La colonisation
La race
La femme
B. TEMPS
.
CONCLUSION
INTRODUCTION
Chants d'Ombre est un recueil qui a fait date dans l'histoire de la poésie. Senghor, auteur de
cet ouvrage, est largement influencé dans ses textes où le tam-tam bat toujours la mesure.
Publié en 1945, une quinzaine d'années avant l'acquisition de l'indépendance dans la plupart
des colonies africaines, ce recueil intitulé Chants d'ombre est l'une des œuvres majeures
écrites par un Sénégalais. Il glorifie le monde noir qui en est la première référence et y évoque
pêle-mêle l'histoire du Sine, de celle des autres empires africains ou encore de l'Égypte
pharaonique ; il y célèbre l'art, la sagesse africaine et y rend hommage à la femme noire.
Chants d'ombre est donc le recueil de la nostalgie, d'une tentative de conjurer l'exil parisien et
de ressusciter l'Afrique précoloniale, « cette Afrique-là » qui semble avoir disparu à jamais.
Chants d'ombre est aussi une réponse idéologique et militante aux thèses pour légitimer la
colonisation dont le maître-mot est la négation de l'existence de culture et de civilisation en
Afrique.
Chants d'ombre est enfin la voix de l'Afrique et de la race noire qui développe des thèmes
variés : le royaume d'enfance, la fidélité à la culture, l'exil, la femme, la race, la colonisation...
que j'aborde dans l'ensemble dans cette publication.
I. PRESENTATION DE L'AUTEUR
1. BIOGRAPHIE
Chantre de la Négritude, du métissage et de la civilisation de l'universel, grammairien et
professeur, poète engagé et homme d'Etat, Léopold Sédar Senghor est né le 9 octobre 1906 à
Joal, petite ville côtière du Sénégal. On raconte qu'à l'heure de sa naissance un grand baobab,
situé à la sortie de la ville, s'écroula dans un terrible craquement : l'esprit qui l'habitait l'avait
quitté pour se glisser dans une autre enveloppe. Léopold Sédar Senghor est un homme
politique sénégalais, premier Président de la République du Sénégal de 1960 à
1980. Léopold Sédar Senghor a une éducation catholique et apprend le français, une langue
qui l'aide beaucoup à avoir son baccalauréat. Ses talents en langue lui permettent d'obtenir une
bourse d'étude pour rejoindre Paris, en 1928. Là-bas, il rencontre Georges Pompidou et Aimé
Césaire, qui deviennent ses amis. Diplômé de sa licence de lettres en 1931, il obtient son
agrégation en 1935 et devient professeur. Naturalisé français en 1932, il est tout de même
contraint de rejoindre l'infanterie coloniale en 1939, lorsque la Seconde Guerre mondiale
débute. Dès 1945, il débute une carrière politique en étant élu député du Sénégal à
l'Assemblée nationale française. C'est 15 ans plus tard, en 1960, qu'il est élu Président de la
République du Sénégal, après l'indépendance du pays proclamée le 22 septembre de la même
année. Réélu cinq fois, il met cependant fin à son cinquième mandat avant son terme, en
1980. Premier Africain élu à l'Académie française en 1983, il devient l'un des pères de la
francophonie. Léopold Sédar Senghor est décédé le 20 décembre 2001, en Normandie.
2. BIBLIOGRAPHIE
Publie en 1945, chants d'ombre est le premier de poésie de Senghor. Il s'explique à partir des
facteurs culturels, littéraires et historiques. En effet, il fut remonté dans les années 30 pour
comprendre l'intention du poète en publiant cette œuvre. Il s'agit d'abord de son engagement
dans la défense de l'identité culturelle noire et son adhésion sans faille a la négritude qui,
comme il dit <>. Sur le plan littéraire chant d'ombre se présente comme un recueil de chants,
car pour Senghor, la poésie est avant tout un chant. C'est pourquoi il indique souvent les
instruments qui doivent accompagner ses poèmes. Et en fin, sur le plan historique, chant
d'ombre apparait comme une réponse au vide culturel dont on a taxe l'Afrique mais également
une réaction contre la fameuse mission civilisatrice de l'occident.
B. RESUME
Léopold Sédar Senghor s'est insurgé contre les occidentaux colonialistes qui cherchent à faire
ancrer dans l'esprit du noir qu'il n'a pas de civilisation, pas de patrimoine et qu'il n'a rien
écrit. Dans Chants d'ombre, Hosties noires, il s'ingénie à montrer que l'Afrique est
« civilisée jusqu'aux os ». Il réfute l'idée du Nègre sauvage ou bon enfant. Tout ceci pour lui
relève de la fabulation et du mythe. Les croyances, les traditions et les maximes montrent que
l'Afrique est un continent de sagesse mais aussi de malice et d'humour. Quoiqu'en disent les
historiens malintentionnés, la civilisation africaine est aussi vieille que le monde. Les
recherches anthropologiques et archéologiques ont démontré que la civilisation égyptienne est
une civilisation noire. Malgré l'influence de la poésie française, l'on sent bien
que SENGHOR ne se contente pas de juxtaposer ce qui pourrait s'appeler octosyllabes,
décasyllabes alexandrins, etc. Il crée des vers réclamant une ampleur de respiration plus
exigeante que les vers français traditionnels, et qu'on aura tendance à appeler des versets. (Le
verset c'est initialement, chacun des petits paragraphes traditionnellement constitués pour
diviser un texte sacré, comme la Bible ou le Coran. Mais ce nom est employé également,
depuis 1933, pour désigner une phrase ou une suite de phrases rythmées d'une seule
respiration, et découpées dans un texte poétique à la façon des versets des psaumes.) Le style
dans Chants d'ombre est aussi marqué par des images surréalistes et des associations de mots
étranges, des écarts syntaxiques qui réveillent l'imaginaire du lecteur et lui suggère plus de
pistes d'interprétations ; des écarts lexicaux qui produisent plus de sens parce qu'ils échappent
à la banalité : « Les patènes des joues », « je t'adore o beautés, de mon œil monocorde »p.
16 On peut aussi noter la rareté de la ponctuation qui est parfois absente, ce
que SENGHOR revendique comme « ponctuation expressive » qui assure une fluidité et une
ampleur de la pensée.
C. ANALYSE ET COMPOSITION
Le titre semble revêtir une double signification : pour Senghor le chant exprime une
spécificité culturelle en Afrique où la création littéraire reste essentiellement orale et se
transmet souvent par le chant. Le chant, pour SENGHOR, est synonyme de poésie, de moyen
de communication avec l'autre. L'ombre, quant à elle, peut aussi bien suggérer l'inquiétude, le
mystère, que la sagesse, le sacré, la couleur noire, en un mot l'Afrique. Senghor affirme en
effet s'être largement inspire des poétesses de son village natal. Les chants gymniques (chants
qui accompagnent les manifestants sportives) organisés à la fin des saisons des pluies
donnaient l'occasion aux femmes de se surpasser. Retenons que le don de la poésie est inné
chez la femme Africaine. Par ailleurs, en Afrique, et particulièrement dans le royaume de
Sine, toute activité est accompagnée de poésie, c'est-à-dire de créations artistique. Fidel a son
territoire, Senghor estime qu'un poème est avant toute chose un chant destiné a quelqu'un. Ce
chant a pour vertu d'invoquer, d'appeler quelqu'un de magnifier. Comprend-on que les
manifestations sportives, en particuliers les scènes de luttes soient accompagnées de poésie.
Celle-ci permet au champion d'exhiber ses qualités athlétiques, sa ruse, mais aussi sa grandeur
de cœur. Et en définitive, la poésie entraine l'élévation et c'est pourquoi au royaume de Sine
même la guerre est accompagnée de poésie. Les chants d'ombre sont donc des chants de
communions avec ceux qui ne sortent plus, ceux qui sont dans l'ombre. C'est le lien pour le
poète Senghor, de dénoncer un certain nombre d'anomalies qui peut-être contribuent à la
disparition physique, morale et même psychologique : la colonisation et ses conséquences. Le
recueil chants d'ombre est compose de 17 poèmes courts et de 03 longs poèmes : « Que
m'accompagnent kora et balafons », « par-delà Eros »et « le retour de l'enfant prodigue. »
3. LE MYSTÈRE
Dans ce livre, l’Afrique est représentée comme un univers où l’on vit dans la familiarité des
ancêtres qui ne sont plus :
« Femme allume la lampe au beurre clair que cause autour les ancêtres comme les parents, les
enfants au lit.
Écoutons la voix des Anciens d’Élissa. Comme nous exilés
Ils n’ont pas voulu mourir, que se perdit dans les sables
Le torrent séminal. (…)
Que je respire l’odeur de nos morts, que je recueille et redise leurs voix vivantes…»
( »Nuit de Sine »)
Convaincu que les « morts ne sont pas morts », le poète croit fondamentalement au principe
de réincarnation :
« Je suis moi-même le grand-père de mon grand-père
J’étais son âme et son ascendance »
Dans cette Afrique là, les anciens initient les jeunes aux mystères de la nature :
« Tokô ‘ Waly (oncle de Senghor) tu écoutes l’inaudible
Et tu m’expliques les signes que disent les ancêtres dans la sérénité marine des constellations
»
( »Que m’accompagnent kôras et balafongs »)
4. L’EXIL
Senghor quitte très tôt le nid douillet de la famille, le giron du royaume d’enfance en quelque
sorte, pour séjourner seize ans en Europe où il se sent seul, très seul… Exilé dans la froide
ambiance de la vie ooccidentale, le poète fait l’amère expérience de l’ennui :
« Quelle marche lasse le long des jours d’Europe où parfois
Apparaît un jazz orphelin qui sanglote sanglote sanglote »
Parfois, ce sentiment d’exil est traduit en terme d’enfermement, de souffrance et d’angoisse :
« Mes ailes battent et se blessent aux barreaux du ciel bas
Nul rayon ne traverse cette voûte sourde de mon ennui »
( »Ndessé ou blues »)
5. LA RACE
Senghor garde vivace dans sa mémoire le souvenir de l’oppression dont sa race a été victime,
notamment l’épisode douloureux de l’esclavage :
« Les mains blanches qui flagellèrent les esclaves »
( »Neige sur Paris »)
À l’opposé des thèses racistes qui confinent le Noir dans le préjugé, le mépris et la vilénie, il
présente sa race comme un peuple rédempteur de l’humanité. Il veut :
« Que nous (les Noirs) répondions présent à la renaissance du Monde
Ainsi le levain qui est nécessaire à la farine blanche »
(Prière aux masques »)
6. LA COLONISATION
Le poète sénégalais instruit le procès de la colonisation ; il dénonce énergiquement le pillage
de l’Afrique, les brimades, la violence et les servitudes de la colonisation :
« Les mains blanches qui tirèrent des coups de fusils qui croulèrent les empires. (…)
Les mains blanches qui abattirent la forêt de rônier »
( »Neige sur Paris »)
7. L’HISTOIRE
Dans Chants d’ombre, Senghor entreprend un travail de réhabilitation des figures historiques
africaines (que les Occidentaux ont qualifiés de roitelets sanguinaires) à travers leur prestige,
leur humanisme, leur élan de patriotisme. Loin d’être un tyran, le souverain est le défenseur,
le protecteur de son peuple :
« Tu n’es pas plante parasite sur l’abondance rameuse de ton peuple
Ils mentent ; tu n’es pas tyran, tu ne te nourris pas de graisse.
Tu es l’organe riche de réserve, les greniers qui craquent pour les jours d’épreuve (…)
Je ne dis pas le silo mais le chef qui organise la force forge
Le bras, mais la tête qui reçoit coups et boulets.
Et ton peuple s’honore en toi… »
( »Que m’accompagnent kôras et balafongs »)
8. LA FEMME
Dans Chants d’ombre, la femme a une dimension complexe. Son évocation est parfois liée au
thème de l’amour ( »Masque nègre », »Femme noire »…) La peinture de la femme peut
revêtir des accents pétrarquistes, compte tenu de sa dimension platonique. Dans »Masque
nègre », la femme affiche un visage « que ne souillent ni fards ni rougeurs ni rides, ni traces
de larmes ni de baisers ». Cependant, ce lyrisme poétique atteint parfois des proportions
érotiques ; dans »Femme noire » par exemple, on peut lire :
« Gazelle aux attaches célestes, les perles sont étoiles dans la nuit de ta peau ».
Mais mieux vaut l’ajouter, cette femme fait aussi office de mère dans d’autres poèmes et,
mieux encore, elle symbolise l’Afrique dans ce qu’elle a de paradisiaque mais une terre
vierge, hélas, saccagée, violée, piétinée par les Blancs envahisseurs et si soifs de chair fraîche.
CONCLUSION
Pour comprendre chant d'ombre, il est nécessaire d'associer à l'analyse du texte beaucoup
d'interprétation mais également se référer à l'histoire, à la biographie du poète et au
monde sérère en tant que communauté afin de pouvoir ressortir les particulier et la
personnalité de la civilisation noire. Mais se rappelé à tout moment que chants d'ombre est
avant tout une œuvre littéraire qui a sa part d'irrationalité, de fonctionnalité que l'on retrouve
dans l'idéalisation de la race et des valeurs sociopolitique à travers lesquelles le réel est
souvent transfiguré.