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INTRODUCTION…………………………………………………….

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I. La spiritualité du tam-tam ……………………………………page2

1. définition…………………………………………………………page2

2. Le tam-tam comme l’âme de l’Afrique ………………………page3

3. Le tam-tam comme moyen de communication ……………...page4

II. La mythologie de la femme……………………………………page5

III. La fortune de la nature………………………………………..page6

IV. CONCLUSION…………………………………………………page8

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INTRODUCTUION
Le lyrisme, théorie issue des sonorités de rêve de la lyre de son
littéralisme "lyrisme", est la conséquence du poids des émotions intense du
poète sur l’axe paradigmatique, celui de l’univers des mots, celui sur le terreau
duquel tout locuteur sélectionne des mots pour les combiner en quelque syntaxe.
Le fait est que la personnalité interne du poète ne nous semble pas être ex-
nihilo, non plus en déconnexion avec ses schèmes culturels. Ses émotions
internes, fussent d’ordre intellectuel, seraient le travail des impressions reçues
par l’artiste dans le bain de son cadre socioculturel au cours de sa croissance,
mieux, de son devenir. Beaucoup d’observateurs, méprisant ou méconnaissant
l’esthétique négro-africaine, ont, hâtivement peut-être, assimilé SENGHOR,
CÉSAIRE et DAMAS, à des épigones de CLAUDEL, BAUDELAIRE ou
SAINT-JOHN PERSE. Certes, l’âme du continent Africain est tragiquement
marquée par des faits majeurs dont la gravité les inscrirait dans l’imaginaire
poétique. Par ce genre, donc, l’âme du continent, comme par psychanalyse,
exposerait lyriquement des expériences historiques qui interpellent la conscience
intime de la race humaine ; la poésie s’imposant à l’expression toutes les fois
que l’esprit de l’homme pleure, déplore ou s’apitoie sur son sort, non de façon
oiseuse, mais, plutôt, pour s’auto-appliquer une cure de délivrance spirituelle.

I. La spiritualité du tam-tam
1. Définition

Dénotativement, on va dire du tam-tam qu’il est un instrument de musique à


percussion, constitué d’un fût recouvert d’une ou de plusieurs peau(x) tendue(s),
frappée(s) à l’aide des doigts ou de baguettes prévues à cet effet. La vibration
ainsi obtenue est amplifiée par le fût qui fait office de caisse de résonance,
parfois modifiée par un timbre en acier ou en boyau naturel ou synthétique. En
Afrique, le tam-tam remonte à plus de 6000 ans avant JÉSUS-CHRIST et est

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souvent utilisé comme moyen de communication entre tribus plus ou moins
éloignées. Il est inaliénable pendant les moments de réjouissance ou pendant les
rites initiatiques. Le tam-tam, c’est l’âme de l’Afrique, du fait qu’il concentre,
de façon sonore, ses pulsions psychiques. Il y existe en autant de types qu’il y a
de tribus, autant de rythmes que de villages, que d’états d’âmes.

2. Le tam-tam comme l’âme de l’Afrique

Le tam-tam, donc, quadrille l’âme de l’Africain, il ponctue son psychisme,


conduit ses pensées, alimente son humeur et anime son cadre de vie. Il voit
naître l’Africain, il supporte sa vie pleine d’humanisme émotionnel, tout comme
il est le rituel de sa mort. Cette prépondérance du tam-tam, fleuron culturel de
l’Afrique, conditionne la poétique de la poésie négritudienne, remet au goût du
jour la fonction du poète négro-africain, en général, et celui négritudien, en
particulier. En réalité, dans sa parole poétique, le poète n’invente pas l’Afrique ;
il l’écoute, par le tam-tam, et il la dit, tout simplement. Chant initiatique, c’est le
tam-tam qui bat le rythme du texte (écrit ou oral) du poète et dit les choses
essentielles. Ici, le poète, plutôt que d’être créateur de parole, est témoin ou
médiateur. D’ailleurs, la parole elle-même voit son rôle réduit, parce qu’elle
n’est que médiation éphémère, bien moins apte à traduire le rythme et le pouls,
la vie et la mémoire de l’Afrique que les instruments de musique : « Oho !
Congo oho ! Pour rythmer ton nom grand sur les eaux sur les fleuves sur toute
mémoire Que j’émeuve la voix des Kôras Koyaté ! L’encre du scribe est sans
mémoire. » (Œuvre poétique, p. 105)
Le poète ne serait donc qu’un intercesseur comparable aux masques dont
il a l’air d’éternité. C’est pourquoi, SENGHOR est en droit, par la vertu sacrée
du tambour, de saluer les masques qui le préservent des tentations et souillures
de la vie : « Vous gardez ce lieu forclos à tout rire de femme, à tout sourire qui
se fane Vous distillez cet air d’éternité où je respire l’air de mes pères masques
aux visages sans masques » (Œuvre poétique, p. 25)

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3. Le tam-tam comme moyen de communication

En réalité, le tam-tam et ses paires sont pour l’homme africain, à la fois le


moyen de « se retrouver dans le cosmos » et de communiquer avec un dialogue
universel, par-delà l’espace et le temps : «  Tam-tam au loin, rythme sans voix
qui fait les nuits et les villages au loin par-delà les forêts et les collines par-delà
le sommeil des marigots (…) Que du tam-tam surgisse le soleil du monde
nouveau ».
La négritude, donc, mouvement culturel pour la valorisation de la culture
noire, fut rythmée par le tam-tam si elle ne s’en pas servi comme plume de son
écriture. Ces quelques titres et sous-titres des poèmes de Senghor peuvent en
attester : « Pour un tama, tambour au son allègre », « L’Homme et la bête, pour
trois tabalas ou tam-tams de guerre », « tam-tam d’amour, vif », « La mort de la
princesse, pour un tam-tam funèbre », « pour orgue et tam-tam au loin ». À juste
titre, SENGHOR s’est toujours plu à noter le caractère symphonique de la
poésie négritudienne. En effet, les poètes de cette organisation de connaissance
la vivent, à la manière de leur propre dualité, en associant une rhétorique très
élaborée et un contact immédiat avec les choses. C’est opportunément que
David DIOP définit la poésie comme « La fusion harmonieuse du sensible et de
l’intelligible, la faculté de réaliser par le son et par le sens, par l’image et par le
rythme, l’union intime du poète avec le monde qui l’entoure »3. Ainsi, par la
poétique du tam-tam, certainement, la poésie négritudienne parvient à avoir un
écho retentissant, de sorte à fusionner avec toutes les sphères nègres de la terre
(« Par-delà les forêts et les collines par-delà le sommeil des marigots »), à l’effet
de rendre culturellement méliorative la race noire à la face du monde : « Que du
tam-tam surgisse le soleil du monde nouveau ». Ce faisant, pour une poésie qui
s’est assigné la vocation de faire entendre la voix de l’Afrique, le mystère du
tam-tam, dans sa poétique, était incontournable. Car, chant profond, réel ou
métaphysique, le tam-tam scande les moments de la vie, l’initiation ou la fête

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des Morts, les exploits des héros, les messages communautaires ou l’amour :
« Et de la terre sourd le rythme du tam-tam, sève et sueur, (…) les tam-tams se
réveillent, Princesse, les tam-tams nous réveillent. Les tam-tams nous ouvrent
l’aorte. Les tam-tams roulent au gré du cœur. Mais les tam-tams galopent hô !
les tam-tams galopent » (Œuvre poétique, p. 148)

II. La mythologie de la femme

La femme contribue essentiellement à tapisser l’imaginaire de la poésie


négritudienne où elle n’est plus que matière à mythologie. La voix de
SENGHOR en est ouvertement la chancellerie communicative : « Mon empire
est celui d’amour. J’ai faiblesse pour toi femme. » Ce propos donne à se
demander ce que revêt véritablement la femme dans la poésie négro-africaine
identifiée. Ce faisant, les prédicats de la femme que nous élisons pour tenter
d’asseoir la mythologie annoncée sont : Connaissance du monde et initiation à la
littérature, objet esthétique et sensuel, idolâtrée vouée à une divinité.
Soit ce poème « Femme noire » qui nous servira d’appui à l’examen de la
qualité reconnue à la femme en tant que connaissance du monde et initiation à la
littéraire, et, peut-être, à celui de tout ce chapitre : 
Femme nue, femme noire
Vêtue de ta couleur qui est vie, de ta forme qui est beauté
J’ai grandi à ton ombre. La douceur de tes mains bandait mes yeux.
Et voilà qu’au cœur de l’Été et du Midi, je te découvre,
Terre promise du haut d’un haut col calciné
Et ta beauté me foudroie en plein cœur, comme l’éclair d’un aigle. 
Femme nue, femme obscure
Fruit mûr à la chair ferme, sombres extases du vin noir, bouche qui fais lyrique
ma bouche
Savane aux horizons purs, savane qui frémit aux caresses ferventes du Vent
d’Est

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Tam-tam sculpté tendu qui gronde sous les doigts du vainqueur
Ta voix grave de contralto est le chant spirituel de l’Aimée.
Femme nue, femme obscure
Huile que ne ride nul souffle, huile calme aux flancs de l’athlète, aux flancs des
princes du Mali gazelle aux attaches célestes, les perles sont étoiles sur la nuit de
ta peau délices des yeux de l’esprit, les reflets de l’or rouge sur ta peau qui se
moire
À l’ombre de ta chevelure, s’éclaire mon angoisse aux soleils prochains de tes
yeux. 
Femme nue, femme noire
Je chante ta beauté qui passe, forme que je fixe dans l’Éternel
Avant que le destin jaloux ne te réduise en cendres pour nourrir les racines de la
vie.
De toute la production négritudienne, ce texte est, sans doute, celui qui
idéalise la femme noire, au sens où il la fait passer du domaine de l’humain à
l’univers des mythes, avec le champ lexical qui lui est corollaire : imaginaire,
intrigue transcendant l’entendement humain, sacré, démiurgie, espace hors du
commun, passé immémorial. Probablement, l’étude de ce chapitre nous donnera
l’occasion d’illustrer ces constituants lexicaux du mythe qui est censé identifier
la femme africaine qui, de toute évidence, fait ombrage à l’inspiration des poètes
négritudiens, lyrique, du reste.
Pour l’Africain, la femme est connaissance du monde et initiation à la
littérature : « J’ai grandi à ton ombre ».

III. La fortune de la nature

Si la femme noire est belle, déesse et symbole d’attachement à la terre


natale, c’est que la nature qui l’abrite l’est richement : « Ma Négresse blonde
d’huile de palme. » L’élément de la nature emprunté pour imager la femme
noire n’est pas d’occident, mais, plutôt, locale : l’huile de palme, dotée de vertu
tant cosmétique que comestible. Dans certaines traditions négro-africaines,

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l’huile de palme mêlée à du beurre de karité, sert à exercer un massage aux seins
des nourrices ou de femmes sortant à peine de l’allaitement, aux fins de les
tonifier et les rendre agréables à l’aspect. En tant qu’entité comestible, l’huile de
palme, substance offerte par la nature d’Afrique, est un aliment prisé dans cette
aire culturelle. L’huile de palme, couleur-sang, le sang, substance vitale, est le
véhicule de l’âme. Cette nourriture naturelle, artisanale, non industrielle, élève
l’âme de l’Africain et lui fait initier une extraversion envers le pôle
civilisationnel contraire : "Négresse blonde", complémentarité nécessaire pour
une fraternité universelle.

À tout le moins, l’environnement naturel joue un rôle prépondérant dans


l’imaginaire des poètes négritudiens. Pour sa part, Gusine OSMAN donne une
idée de cette paradoxale contradiction entre l’apparente richesse et la pauvreté
symbolique de la flore et de la faune. Selon lui, au niveau de la flore, 59 espèces
ou dénominations génériques mettent en place un décor exubérant, tropical ou
européen, alors qu’en fait, chacun de ces termes ne fait que de rares ou uniques
apparitions ; les cinq termes les plus fréquents sont : fleurs (62 occurrences),
forêt (28), brousse (25), palmier (23). Au niveau de la faune, 101 espèces ou
dénominations génériques suggèrent un grouillement animal mais, ici, encore, la
diversité est fugitive et la place de choix réservée est à des termes dotés d’une
valeur symbolique : lion (35 occurrences), serpent (21), oiseau (20), troupeau
(13), cheval (12). Bref, avec une évocation bien sobre de l’environnement
naturel, le poète négritudien parvient à créer une espèce de congestion artistique
d’un monde riche en ingrédient naturels, au point d’inspirer le rêve. Le
commentaire qu’on peut en faire pourrait relever d’une assurance simplement
disciplinaire ; la poésie, en tant qu’art de création, parvient, par l’intuition d’une
économie de nomination, à inspirer une euphorie abondante et forcenée. Ici, la
virtuosité de l’orfèvre des mots est telle que, à l’aide d’un matériau lexical assez
frugal et réduit, il « met en place » un monde imaginaire, virtuel, qui séduit

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l’esprit et l’attire à une ascendance verticale. C’est plus ou moins le profil
religieux du poète qu’il tente de communiquer à son public.

CONCLUSION

On se serait attendu à ce qu’une réflexion sur les ingrédients du lyrisme


expose les canons structurels de la poésie – rythme, symbole,
image – cristallisateurs de tout l’outillage conceptuel de la stylistique, pour ce
qui est de la pénétration du dynamisme herméneutique d’un texte poétique. Que
non pas. On a plutôt ouvert une lucarne sur le contenu notionnel des activités de
poétisations, qui a tissé l’imaginaire de nos poètes tout au long de leur contact
avec l’Afrique, raison, sujet ou objet de leurs écritures. L’axiome, dans cette
analyse, étant que l’éveil intellectuel qu’inspirent le style ou les formes
linguistiques d’un poème est tributaire de son contexte culturel et des agrégats
psychiques de l’artiste. Tout a fonctionné comme si un terreau culturel riche en
imaginaires, en rêveries, en enseignements initiatiques et en émotivités, arrache
logiquement des mots, des structures ou combinaisons verbales, en tout cas, un
langage sublime, poétiquement élevé. En d’autres termes, lorsqu’une entité
géographique et culturelle est matière à poétisation, le niveau stylistique du texte
qu’elle produit est proportionnel à la teneur intellectuelle que le substrat culturel
a intimée à la perception du poète. Bien évidemment, le degré de sa sensibilité,
son rapport avec la lexicologie, le niveau de son ouverture sur l’Univers,
assurent le parachèvement de la poétisation orchestrée par l’artiste.

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