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LA PLANÈTE DES SINGES DE PIERRE BOULLE

INTÉRÊT
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111
Ce roman de Pierre Boulle publié en 1961 a connu une renommée inattendue grâce
au film éponyme de Franklin J. Schaffner (1968) [1]. Pourtant, le roman, authentique
conte voltairien, propose une réflexion ironique, tour à tour mordante et subtile, sur la
prétention de l’être humain, tout en offrant au lecteur un récit d’anticipation original.

Table des matières [cacher]


1. LES SOURCES
2. LA STRUCTURE NARRATIVE
3. ANALYSE
4. NOTES
5. RÉSUMÉ DÉTAILLÉ (par chapitre)

1. LES SOURCES

La Planète des singes (1963) de Pierre Boulle a, sans doute, une double source :
« Micromégas » (1752) de Voltaire (1) et Les Animaux dénaturés (1952) de
Vercors (2).
La plus ancienne conduit au Voltaire des Contes philosophiques tant par un style
volontiers ironique que par une intention satirique manifeste. On peut songer
au Micromégas (1752) de Voltaire – l’enfant qui naît, dans La Planète des Singes, de
l’union de Nova et d’Ulysse ne se nomme-t-il pas Sirius dont Micromégas habite un
satellite ? - qui allie précisément récit d’anticipation et souci de prôner un relativisme
scientifique de bon aloi. On notera, autre parenté, le thème du voyage comme point
de départ du récit et des aventures pittoresques qui s’ensuivent. On observera, en
outre, que les événements proposés par les deux récits sont étroitement liés au
questionnement des idées et à une exploration critique des sociétés humaines. On
retrouvera, enfin, chez Pierre Boulle, le même souci voltairien de dénoncer
l’intolérance, le dogmatisme et de célébrer – a contrario - la relativité universelle des
valeurs morales et des connaissances scientifiques.
Vercors, dans Les Animaux dénaturés s’interroge sur la nature humaine à la fois
avec émotion et ironie et pose une question essentielle sur la définition de l’être
humain : « Pour interroger, il faut être deux : celui qui interroge, celui qu’on
interroge. Confondu avec la nature, l’animal ne peut interroger. (...) L’animal fait un
avec la nature. L’homme fait deux. Pour passer de l’inconscience passive à la
conscience interrogative, il a fallu ce schisme, ce divorce. N’est-ce pas la frontière,
précisément ? Animal avant l’arrachement, homme après lui ? Des animaux
dénaturés, voilà ce que nous sommes. » Pierre Boulle, à son tour, distingue, si l’on
peut dire, l’humain animalisé du singe humanisé et les oppose en un face-à-face aux
conséquences vertigineuses

2. LA STRUCTURE NARRATIVE

La structure narrative se fonde sur un double procédé : un retour en arrière


temporel (le récit d’Ulysse est antérieur à celui de la lecture qu’en font Phyllis et Jinn)
qui s’accompagne d’une mise en abyme du récit (la lecture du manuscrit d’Ulysse
s’inscrit dans l’histoire de Phyllis et Jinn).

3. ANALYSE

Un récit d’anticipation original et captivant


Pierre Boulle propose un roman d’anticipation qui se caractérise par un style ironique
et volontiers frondeur. Déjà ce double voyage futuriste dans l’espace de Jinn et
Phyllis et d’Ulysse et ses compagnons donne à l’auteur l’occasion de se démarquer
des récits traditionnels du genre aux décors et aux techniques marqués par la
sophistication et l’étrange. Ici, rien de tel. L’auteur préfère une évocation poétique de
l’espace et emprunte à la marine la description des engins sidéraux : une sphère
enveloppée d’une voile doublée intérieurement de stores noirs qui se rétrécit ou
s’élargit selon la vitesse souhaitée pour l’engin spatial de Jinn et Phyllis ; un vaisseau
doté de chaloupes d’atterrissage pour Ulysse. Quant à l’univers même du récit
principal – Soror – il est une copie conforme de la Terre : un volume équivalent pour
les deux planètes ; une distance de Soror à Bételgeuse semblable à celle de la Terre
au soleil ; une même atmosphère composée d’oxygène et d’azote ; une géographie
identique de mers et de continents.
Bref, le dépaysement inhérent au genre de l’anticipation ne se peut lire que dans
l’inversion des rôles entre les singes et les hommes, ce qui atteste de l’intention
satirique préalable de l’ouvrage. Il n’empêche que le roman multiplie aussi les
moments intenses de tout récit d’anticipation : étonnement – dans son sens
étymologique – d’Ulysse face à ces humains/animaux ; émotion de la battue
organisée par les singes ; accélération dramatique des événements ; découverte du
monde simien asservissant les humains ; surprise des révélations sur le passé de la
planète ; suspens de la fuite hors de Soror et, surtout, double choc successif du
dénouement sont autant d’événements qui font de La Planète des singes l’exemple
même du récit d’anticipation captivant.
Une réflexion sur les sociétés humaines
D’une façon générale, le projet de Pierre Boulle est de nous présenter une réflexion
– certes succincte mais non dénuée de profondeur – sur notre civilisation et nos
croyances de terriens. Pour ce faire, à la façon des Philosophes du XVIIIème siècle,
il imagine un récit insolite qui obligera le lecteur à porter sur le monde familier qui
l’entoure un regard nouveau et susciter sa réflexion de la sorte. C’est ainsi que cette
planète sur laquelle se retrouvent les trois astronautes ressemble en tous points à la
nôtre et est, naturellement baptisée Soror (« sœur » en latin) par les trois Terriens.
Mais la situation qui y prévaut est inversée par rapport à la Terre puisque les singes
sont les « dominants » et les humains les « dominés ». Ainsi ce point de départ
stimulant va-t-il entraîner une série de conséquences inattendues tant sur le présent
que sur le passé des deux civilisations.
Le premier choc est celui de la battue menée par les singes pour se procurer des
cobayes utilisés pour leurs expériences scientifiques. Ulysse est brusquement
confronté à l’impensable : des hommes traités comme les animaux le sont sur Terre
et tirés comme des lapins lors des chasses humaines. Un seconde surprise confirme
cette vision cauchemardesque : ce sont les singes qui maîtrisent le langage et les
humains qui ne parviennent à articuler que simples cris. Un troisième ébranlement
remet définitivement en question la primauté de l’homme sur le singe : la
connaissance intime de la civilisation simienne par Ulysse lui démontre, dans un
premier temps, que le singe a su sortir de sa prime condition et accéder à un niveau
de développement scientifique et technique semblable à celui des humains. Par la
suite, il découvre qu’en fait les singes ont pris la place des hommes à la suite d’une
révolte générale contre leurs maîtres. Mais cette révélation – qui intervient
tardivement dans le récit à travers le témoignage des derniers humains libres – ne
remet pas en question la supériorité, à un moment de l’Histoire, du singe sur
l’homme. La dialectique du maître et de l’esclave développée par Hegel trouve ainsi
une application inopinée et désopilante.
Pierre Boulle remet donc en question toutes les certitudes d’Ulysse, notamment à
travers les personnages de Zira et de Cornélius dont il doit admettre qu’ils sont bien
ses égaux. Un Ulysse qui, comme les contemporains éclairés de Galilée, est
contraint d’admettre que la Terre et l’homme ne sont pas le Centre de l’Univers et,
comme les contemporains de Darwin, que l’homme n’est qu’un moment de
l’évolution.
Une critique de la science
Pierre Boulle, de formation scientifique, il faut le noter, raille ainsi l'aveuglement du
dogmatisme, voire le refus de l'esprit critique et de la vérité qui l'emportent sans
cesse sur la raison. Il prend même un malin plaisir à démontrer que toute conclusion
scientifique erronée peut être présentée comme vraie avec la plus grande
cohérence. C'est ainsi que deux de nos arguments évolutionnistes actuels en faveur
de la supériorité de l'homme sur le singe sont repris par Zaïus pour justifier l'inverse,
à savoir l'inéluctable triomphe du singe sur l'homme : d’une part, c’est parce que le
singe a continué de vivre dans les arbres que sa souplesse physique a pu s’incarner
en intelligence, alors que l’homme, maladroit au sol, n’a pu évoluer ; c’est, d’autre
part, grâce à ses quatre mains que le singe a pu imaginer et produire des outils
avant l’homme condamné par l’insuffisance de ses deux mains à l’animalité ! C'est
irrésistible !
Il ouvre ainsi une savoureuse critique des théories scientifiques de l’évolution
puisque Zaïus utilise les arguments employés pour justifier l’émergence de
l’intelligence chez l’homme en les retournant pour démontrer la supériorité du singe
sur l’homme !
Une satire de l’orgueil humain
C’est avec la même ironie que Pierre Boulle administre à l’être humain un dernier
coup de grâce pour railler son insupportable prétention et rabattre un orgueil sans
cesse renaissant. Après son voyage archéologique en compagnie de Cornélius,
Ulysse revoit les humains en cage et ses réflexions sont révélatrices de l’importance
qu’il s’accorde, celle d’être l’envoyé de Dieu, un nouveau « Messie », pour rétablir
sur Soror l’ordre naturel… humain : « Il n’y a pas de hasard dans le cosmos. Mon
voyage vers le monde de Bételgeuse a été décidé par une conscience supérieure. A
moi de me montrer digne de ce choix et d’être le nouveau Sauveur de cette
humanité déchue. » Dès lors conscient de l’importance qu’il vient de s’accorder, il
rend visite à Nova et aux humains en cage et note : « L’envoyé du destin a-t-il le
droit d’avoir des favorites ? Je m’adresse à chacun de mes sujets… Ce n’est pas
encore aujourd’hui qu’ils parleront ; j’ai toute la vie pour accomplir ma mission. » De
même, lorsque son fils est né, Ulysse fait cette comparaison : « Il était étendu sur la
paille, comme un nouveau Christ (…) » Enfin, « Moi qui m’étais cru investi d’une
mission quasi divine », souligne-t-il en apprenant que les orangs-outans veulent le
faire disparaître.
Rappelons, par ailleurs, le commentaire de Phyllis refermant le manuscrit rédigé par
Ulysse : « Des hommes raisonnables ? Des hommes détenteurs de la sagesse ?
Des hommes inspirées par l’esprit ?... Non ce n’est pas possible ; là, le conteur a
passé la mesure. » Ce sont quasiment les derniers mots du roman…
Pierre Boulle examine le type de société bâti par les humains et par leurs
successeurs, les singes. La hiérarchie simienne reconnaît trois races : le gorille (goût
du pouvoir du commandement de l’autorité militaire) ; l’orang-outan (le besogneux,
sans esprit critique mais avec une bonne mémoire, incarne la science officielle) et le
chimpanzé (créateur à l’esprit fécond et critique). Il nous est précisé que le conflit
entre les races a été apaisé. Mais société humaine et société simienne se retrouvent
dans la même pratique, celle d’utiliser les prétendus êtres inférieurs et, par voie de
conséquence, prônent toutes deux la division entre maîtres et esclaves.
D’autre part, on peut sans doute voir dans le roman une allusion à un fait historique.
Ecrit dans les années soixante, à une époque qui voyait le Japon émerger dans le
concert des nations développées et se poser en rival des sociétés occidentales, le
roman semble se faire l’écho des débats d’alors. A travers les longues – et
récurrentes – discussions entre Ulysse et ses interlocuteurs singes pour savoir si
l’évolution des singes s’est faite par simple imitation ou par leur génie créateur se
retrouve l’affrontement entre les thèses de ceux qui prétendaient alors que le Japon
ne faisait qu’imiter l’Occident sans réelle aptitude à innover et ceux qui pariaient sur
son génie créatif,comme la suite l'a démontré.
Une symbolique des noms teintée d’humour
On notera l’humour de Pierre Boulle à travers la symbolique des noms attribués à
ses personnages.
Ulysse : il rappelle évidemment le héros de Homère lancé dans un périple
aventureux et dangereux autour de la Méditerranée semblable à celui d'Ulysse
Mérou à travers l’espace. Mais à la différence de l’Ulysse d’Homère, celui de Pierre
Boulle ne trouvera pas le bonheur et le repos dans la mère patrie : les prétendants
qu’il découvre à son retour sur Terre sont indélogeables et il est condamné à errer
dans l’espace.
Levain, l’assistant du professeur Antelle porte le nom adéquat du disciple prêt à faire
« lever » le bon pain de la science de son maître. Hélas, les promesses ne seront
pas tenues et Levain disparaît dès le début du roman, au cours de la battue menée
par les singes.
Cornélius : il est lui aussi bien nommé puisque, ainsi que le constate Ulysse, il est
partagé entre son amour de la science et son devoir de singe. Il nous fait songer au
fameux « choix cornélien » qu’ont à effectuer les héros des tragédies de Corneille et,
par exemple, à Rodrigue hésitant entre son devoir envers son père et son amour
pour Chimène (Le Cid)…
Haristas : par son nom et ce qu’il représente, il désigne Aristote. Il a vécu il y a bien
longtemps et il est invoqué, chez les singes – et surtout par les gorilles - comme
l’autorité suprême qui professait que seuls les singes peuvent avoir une âme. Au
Moyen Age, Aristote était, de même, invoqué par les scolastiques qui enseignaient la
prédominance de la foi, et de la théologie, sur la raison. Un Voltaire ne s’est, par
exemple, pas privé de railler pareil attachement aux écrits d’Aristote, dans
son Dictionnaire philosophique, entre autres écrits…
Nova : son nom signifie « nouvelle ». S'agirait-il de la « nouvelle » femme ?! Une
« nouvelle » femme qui est en fait... une femelle animale ! Faut-il y voir une pique de
l’auteur adressée aux féministes de l'époque ?
Sirius : le fils d’Ulysse et de Nova a pour nom celui de l’étoile qui, vue de la Terre, est
la plus brillante. Il fait référence à Micromégas de Voltaire et, de ce fait, l’expression
« le point de vue de Sirius » désigne une réflexion sereine et objective dans la
mesure où elle naît d’un regard éloigné et détaché de la réalité observée.

4. NOTES

(1) Voltaire (1694-1778) propose un conte qui décrit la visite de la Terre par
Micromégas, habitant d’une planète de l’étoile Sirius, contraint à l’exil. Il est
accompagné d’un habitant de Saturne. Micromégas mesure trente-deux kilomètres
et parle mille langues. Ils rencontrent un navire, dans l’océan arctique, et
communiquent avec les savants humains dans l’espoir d’accroître leurs
connaissances. Mais ces « microbes» les effraient par leur suffisance et leur
capacité à faire le mal. Ils reprennent donc leur route…
(2) Vercors (1902-1991) imagine, dans son roman, qu’une équipe de chercheurs
accompagnée d’un journaliste ambitionne de trouver, en Nouvelle-Guinée le chaînon
manquant dans l’évolution depuis le singe jusqu’à l’homme. Ils découvrent, en fait,
un groupe d’animaux semblables à de grands singes mais dotés d’incontestables
caractères humains (les tropis). Pour éviter leur exploitation ou leur extermination, il
s’agit de prouver qu’ils sont « humains ». Mais comment définit-on un « humain » ?...

5. RÉSUMÉ DÉTAILLÉ (PAR CHAPITRE)

PREMIÈRE PARTIE
Chapitre I Jinn et Phyllis, un couple de riches astronautes amoureux oisifs, passent
des vacances merveilleuses à bord d’un vaisseau spécial en explorant les confins de
l’univers inhabité, loin des destinations touristiques habituelles de Sirius, d’Arcturus
ou d’Aldébaran. Un jour, l’attention de Phyllis est attirée par un objet brillant dans
l’espace, qui s’avère être une bouteille. Tous deux s’affairent pour la récupérer et
découvrent une bouteille de grande taille dans laquelle se trouve un roulet de papier.
Une fois la bouteille débouchée, Jinn met le vaisseau au ralenti et se met à lire le
manuscrit.
Chapitre II L’auteur en est un certain Ulysse Mérou qui rapporte le récit de son
aventure en précisant qu’il est reparti avec sa famille dans son vaisseau cosmique à
la recherche d’une planète hospitalière. Il lance par ailleurs un avertissement, au
grand étonnement de Phyllis : la race humaine est en grand danger. Phyllis poursuit
sa lecture…
En l’an 2500, le professeur Antelle, scientifique de grande renommée, assisté d’un
disciple, Arthur Levain et du journaliste Ulysse Mérou, forma le projet d’atteindre la
région de l’espace de l’étoile de Bételgeuse. Il finança l’expédition grâce à sa fortune
personnelle et conçut lui-même le vaisseau cosmique. Le voyage, comme prévu,
dura deux années – mais, sur Terre, il s’était écoulé trois siècles et demi – au cours
desquelles leur subsistance était assurée par la culture de leur jardin. Le professeur
Antelle, peu attiré par ses semblables, avait emporté quelques oiseaux, des paillons
et un chimpanzé nommé Hector.
Chapitre III A leur arrivée à proximité de Bételgeuse, leur excitation était à son
comble. Le professeur découvrit quatre planètes et choisit pour l’atterrissage celle
qui ressemblait le plus à la Terre pour son volume, pour la distance à Bételgeuse
semblable à celle de la Terre au soleil et pour son atmosphère contenant oxygène et
azote. L’atterrissage étant difficile pour leur vaisseau, le Professeur le plaça en orbite
et ils utilisèrent une chaloupe qui leur fit survoler continent et océan, puis une ville,
avant de se poser au centre d’un plateau à l’herbe verte.
Chapitre IV Après avoir passé un long moment à s’imprégner de leur situation
extraordinaire, les trois passagers de l’espace entreprennent de faire connaissance
avec leur environnement. Rassurés par les conditions de vie – en tous points
semblables à celle de la Terre – ils quittent la chaloupe et leurs scaphandres et
décident de baptiser la planète « Soror » pour sa gémellité avec la terre. Empruntant
un sentier tracé dans la forêt, ils débouchent sur une cascade, se déshabillent
aussitôt pour prendre un bain et découvrent sur le sable humide l’empreinte d’un
pied humain.
Chapitre V Ils l’observent et en déduisent qu’il s’agit du pied d’une femme dérangée
dans sa baignade par leur intrusion. Ils se baignent dans cette eau saine quand
Ulysse aperçoit une femme nue et apeurée, semblable à eux, à l’exception du regard
vide qui le fixe. Le son des voix humaines semble l’effrayer plus encore. Les trois
hommes cessent alors de parler et, pour l’apprivoiser, jouent dans l’eau. Rassurée,
elle finit par les rejoindre et participe à leurs ébats. Ulysse, étonné de n’entendre que
de petits cris venant d’elle, lui sourit ; ce qui la fait fuir. C’est alors que leur
chimpanzé Hector, qui les avait abandonnés, se manifeste de nouveau et se dirige
vers eux. Mais, furieuse, Nova – nom que lui a donné Ulysse – se saisit de lui et le
met à mort avant de s’enfuir, laissant les trois hommes médusés.
Chapitre VI Ils retournent à la chaloupe et se demandent si Nova n’est pas une
sauvageonne. Ils y passent la nuit avec l’impression d’être observés. Le lendemain,
le professeur Antelle choisit de rester sur place plutôt que d’aller explorer d’autres
lieux de Soror. Ils retournent à la cascade dans l’espoir de revoir Nova. Arthur se
demande si ce ne sont pas leurs habits qui l’effraient. Ils se déshabillent donc et ont
le plaisir de revoir Nova sur un rocher, mais elle est accompagnée d’un homme qui
paraît être son père. Puis d’autres êtres sortent de la forêt, émettant de petits cris,
qui finissent par les rejoindre dans l’eau et jouent avec eux. Ulysse constate que tous
ont ce regard vide et en conclut à l’absence d’âme dans cette population. Les
Terriens se mettent à improviser une ronde et éclatent de rire, ce qui provoque la
fuite éperdue des « Sororiens » qui deviennent même menaçants lorsqu’ils voient les
trois hommes s’habiller. Ulysse saisit sa carabine et les « Sororiens » disparaissent.
Chapitre VII De retour à la chaloupe, les Terriens sont assaillis par les Noviens qui
s’en prennent à leurs vêtements et se mettent à saccager leur engin spatial. Puis ils
sont emmenés à travers la forêt jusqu’à un campement fait de sortes de nids
construits sommairement aux fourches des branches basses des arbres. Nova leur
cueille des fruits. La nuit, Nova vient se lover contre Ulysse.
Chapitre VIII Au réveil, Ulysse essaie d’apprivoiser Nova qui s’efforce de lui rendre
son sourire. Mais un vacarme assourdissant interrompt leur jeu et remplit d’effroi les
« Sororiens », qui prennent la fuite. Des coups de feu retentissent dans ce qui
semble être une battue organisée contre leurs hôtes.
Chapitre IX Placé entre rabatteurs et chasseurs, Ulysse, stupéfait, croit vivre un
cauchemar en découvrant que les assaillants sont des gorilles habillés comme des
hommes. Plus étonnant encore, ces gorilles arborent des attitudes et des mimiques
humaines. De plus, des chimpanzés les assistent dans leur chasse. Pourchassés,
Arthur est abattu tandis qu’Ulysse, se croyant sauvé, se jette dans des filets apprêtés
par les gorilles.
Chapitre X Ulysse a le temps de noter que les gorilles se comportent en seigneurs
tandis que les chimpanzés jouent le rôle de valets, avant d’être jeté dans une cage
posée sur un grand chariot et emporté, en compagnie d’autres captifs, jusqu’à une
sorte de rendez-vous de chasse. Là, les cadavres sont empilés et un photographe
prend les chasseurs et leur gibier abattu en photo. Parmi les victimes, Ulysse
reconnaît Arthur Levain. C’en et trop pour lui et il éclate d’un rire nerveux. Ses
compagnons de cage le menacent alors et les singes doivent le protéger. Puis on
leur donne à manger et Ulysse s’aperçoit que les singes sont sensibles à la pitié.
Puis les prisonniers sont triés selon des critères d’apparence physique et Ulysse a le
plaisir de retrouver Nova qui reste toutefois indifférente.
Chapitre XI Pendant le voyage du convoi qui se déroule de nuit, Ulysse essaie de
comprendre ce à quoi il a assisté : ces singes ont-ils été apprivoisés par des
humains, puis sont-ils parvenus à parler ? N’existe-t-il pas des humains dotés
d’intelligence sur cette planète ? Ses questions cessent lorsque Nova vient se
pelotonner contre lui, le regard toujours aussi vide.
Chapitre XII Au matin, le convoi entre dans une ville uniquement peuplée de singes.
Ulysse et les captifs de la chasse sont conduits dans un bâtiment et enfermés dans
des cages. Nova se retrouve dans une cage qui fait face à celle de son compagnon.
Ulysse décide de s’adresser, par la parole et le sourire, aux deux singes, Zoram et
Zanam, qui lui apportent à manger et à boire et déclenche surprise et hilarité chez
ses geôliers. Fou de rage, Ulysse se laisse aller à une colère toute animale.
Chapitre XIII Dès le premier jour de captivité, une guenon, chef du service dans
lequel il se trouve, Zira, vient rendre visite à Ulysse qui essaie de démontrer son
intelligence par des manières « humaines » et se voit récompensé par un contact de
la main et un sucre.
Chapitre XIV Le second jour, Ulysse ne note rien de particulier. Mais, lors du 3ème
jour de captivité, tous les captifs passent une série de tests d’intelligence qui lui font
penser aux travaux de Pavlov sur les réflexes conditionnés de l’animal, et
notamment le test de la banane associée à un coup de sifflet. Le lendemain, un
nouveau test utilise une décharge électrique comme stimulus. Mais la séance est
interrompue par l’arrivée de nouveaux visiteurs.
Chapitre XV Zira, la guenon chimpanzé est accompagnée d’un orang-outan d’âge
vénérable, nommé Zaïus, qui semble être un personnage important, et de sa
secrétaire, une guenon. Zaïus se refuse apparemment à considérer Ulysse comme
un être intelligent. Ce dernier l’imite alors provoquant le fou-rire dans l’assistance et
la colère du personnage. Il lui fait passer d’autres tests, et rien ne semble devoir
entamer ses certitudes bien qu’Ulysse se mette à l’appeler « Mi Zaïus » en langage
simien. Restée seule avec le captif, Zira lui tend la main et semble émue de
s’entendre appeler « Zira » par le captif.
Chapitre XVI Au cinquième jour de captivité, Ulysse est soumis, par Zoram et
Zanam, à de nouveaux tests qu’il effectue brillamment, montrant même à Nova
comment les réaliser. Puis il s’exerce à prononcer des mots simiens devant Zira
stupéfaite. Zaïus apparaît de nouveau en compagnie d’un confrère important et,
malgré la réussite d’Ulysse à des tests supplémentaires, reste sceptique. Zaïus fait
ranger les captifs par couple et Ulysse se retrouve dans une même cage avec Nova.
Chapitre XVII Ulysse refuse de se donner en spectacle et d’honorer physiquement
Nova, provoquant la colère des singes. Mais Zaïus remplace Nova par une autre
humaine et met Nova dans une cage avec un humain. Jaloux, Ulysse exprime une
rage toute animale, à la grande satisfaction de Zaïus qui fait remettre Nova dans la
cage d’Ulysse : toute honte bue, Ulysse entame la parade d’amour autour de sa
compagne.
DEUXIÈME PARTIE
Chapitre I Ulysse se contente, pendant plus d’un mois, de cette vie animale où il
mange, boit et se distrait avec Nova. Mais, un jour, cette vie finit par le lasser et il
cherche à entrer en communication spirituelle approfondie avec Zira. Il se sert de la
géométrie et, intellectuellement, Zira et lui deviennent de plus en plus proches
jusqu’au moment où, sur une feuille, il figure l’univers de Bételgeuse, puis celui de la
Terre. Zira comprend alors qu’il vient de l’espace. Mais Zaïus surgissant, elle
dissimule les dessins d’Ulysse et lui fait comprendre de garder le silence.
Chapitre II Zira et Ulysse communiquent de plus en plus et apprennent chacun l’un
de l’autre. En moins de deux mois, ils arrivent à tenir une conversation approfondie
quel que soit le sujet. Les échanges portent très vite sur l’évolution des espèces sur
Soror et les classes sociales. Selon Zira, les singes et les hommes sont des rameaux
différents : les singes se sont haussés jusqu’à la conscience, tandis que les hommes
stagnaient dans l’animalité. Ulysse apprend de sa bouche que les chimpanzés sont
des intellectuels, les gorilles des organisateurs et les orangs-outans des savants
portés à apprendre par cœur. Ils confrontent leurs théories de l’évolution : celle de
Zira met en relief les qualités du singe à apprendre et les limites de l’homme.
Chapitre III Après trois mois d’internement, Ulysse obtient enfin de Zira la permission
de sortir de l’Institut des hautes études biologiques et de visiter la ville. Mais il est
tenu en laisse et nu. Zira lui fait traverser la ville dans sa voiture avant de le conduire
à un parc pour une conversation importante, lui dit-elle.
Chapitre IV Confiance, intimité et amitié caractérisent désormais leurs rapports.
Aussi Zira lui confie-t-elle que la chaloupe a bien été découverte mais que les
autorités, en l’occurrence Zaïus – le représentant de la science officielle -, se refuse
à croire à une intelligence chez les hommes et affirme qu’Ulysse n’est qu’ un
« homme savant » qui a appris des tours. Elle ajoute que sa vie est en danger dans
la mesure où il peut faire l’objet d’études sur son cerveau, comme le font les singes
sur les hommes. Elle lui propose donc d’être patient et d’accepter encore un mois sa
condition actuelle jusqu’à la tenue du Congrès annuel des savants biologistes où il
pourra montrer son intelligence à l’ensemble des scientifiques singes et mettre
l’opinion de son côté. En attendant, elle lui présente son fiancé, le docteur Cornélius
de l’Académie. Très étonné, ce dernier découvre que les dires de Zira concernant
son protégé sont fondés et entreprend une discussion passionnée sur les origines de
l’évolution contrastée entre singe et homme. Il est décidé à entreprendre de faire
évoluer les esprits chez ses collègues concernant les théories de l’évolution telles
qu’elles sont admises sur Soror. Ulysse remercie Zira de tout ce qu’elle a fait pour lui.
Chapitre V Grâce à une lampe électrique et des livres apportés par Zira, Ulysse a
assimilé parfaitement la langue des singes et possède une bonne connaissance de
leur civilisation. Tous ont des droits égaux, mais la division en trois races demeure.
Les « gorilles » ont gardé de leurs origines le goût de l’autorité et du pouvoir. Ils ont
la force et aiment la chasse. Les « orangs-outans » représentent la science officielle
et se caractérisent par leur propension à maintenir la tradition et sont dépourvus
d’esprit critique. Dotés d’une excellente mémoire, ils apprennent par cœur. Quant
aux « chimpanzés », ils représentent l’élément intellectuel de la planète puisqu’ils
sont animés par un puissant esprit de recherche. Le passé des singes montre une
stagnation assez longue et un progrès récent, mais considérable. Il n’empêche que
par rapport à la Terre, ils ont en retard, mais un retard qui sera un jour comblé. Les
singes sont encore moins nombreux que les hommes, mais le rapport est en train de
s’inverser. Leur émergence à la civilisation n’est pas encore éclaircie et explique
peut-être la frénésie qui les pousse à faire des recherches en biologie.
Chapitre VI Cornélius aide Ulysse à préparer son intervention devant le Congrès des
scientifiques. En attendant, Zira l’emmène visiter le Jardin Zoologique. Curieux,
Ulysse se dirige, malgré Zira, vers le quartier des hommes. Il voit des humains en
cage et, parmi eux, il reconnaît le professeur Antelle, mais il découvre que son
regard est aussi vide que celui des humains sur Soror : victime d’expérience sur le
cerveau, il a sans doute été décérébré.
Chapitre VII La semaine précédant le congrès, Cornélius intensifie la préparation
d’Ulysse. Mais c’est au troisième jour du Congrès qu’Ulysse est invité. Deux clans
s’affrontent : les savants qui refusent toute âme à un humain et ceux qui voient une
différence de degré entre humains et singes. Ulysse pénètre enfin dans la salle de
réunion. Il se retrouve au centre d’un amphithéâtre aux nombreux étages et est
conduit sur l’estrade placée au milieu de la pièce. Zaïus est chargé de présenter
Ulysse. Lorsqu’il demande à ce dernier d’exécuter un tour, Ulysse prend la parole et
se présente provoquant un énorme tumulte dans l’assemblée. Le président décide
alors d’écouter la déclaration d’Ulysse.
Chapitre VIII Ulysse tient un véritable discours dans lequel il expose les points
communs et la différence essentielle entre la Terre et Soror : la situation inversée
des singes et des hommes. L’effet est considérable sur l’assistance et
l’enthousiasme délirant. Epuisé, Ulysse s’évanouit.
Chapitre IX A son réveil, Cornélius lui apprend qu’il est désormais libre et qu’il a
obtenu le droit de le prendre comme collaborateur. Un tailleur se présente même
pour l’habiller en vue d’une réunion avec des amis du couple dans un cabaret à la
mode. Puis Ulysse reçoit les journalistes et se plie de bonne grâce à leur curiosité. Il
doit toutefois se rendre dans la salle des cages pour calmer une Nova très agitée.
Enfin, il se rend à la soirée en son honneur et s’aperçoit qu’il ne voit pas des singes,
mais, à travers eux, des types humains. Brusquement, à demi ivre, Ulysse songe au
professeur Antelle en cage dans le zoo. Cornélius se propose de l’accompagner. Ils
y arrivent au petit matin et Ulysse a la confirmation que le professeur est devenu un
animal.
TROISIÈME PARTIE
Chapitre I La situation est devenue idyllique pour Ulysse qui mène une vie libre.
Cornélius a été nommé à la place de Zaïus limogé. Sa nouvelle vie pousse toutefois
Ulysse à se rendre auprès des hommes en cage pour essayer de leur apprendre le
langage. Mais ses efforts sont vains. Il obtient toutefois quelques satisfactions avec
Nova. Quant au professeur Antelle, il n’est plus qu’un animal. Cornélius, très excité,
apporte une nouvelle d’importance : une découverte archéologique d’importance a
été faite et il souhaite en avoir une connaissance approfondie. Il propose à Ulysse un
voyage en sa compagnie aux confins de Soror.
Chapitre II Un avion spécial amène Ulysse, Zira – pour un bref laps de temps - et
Cornélius sur le lieu des fouilles. Pendant le voyage, Ulysse admire Bételgeuse et
échange ses impressions de terrien avec le couple. Mais Cornélius paraît préoccupé
par ce que lui a dit Ulysse des singes terriens et de leur pouvoir d’imitation. Il le
trouve semblable au leur, notamment dans leur enseignement entièrement fondé sur
l’imitation et déplore que, depuis dix mille ans, aucun progrès notable n’a été
effectué. Il ajoute que la civilisation simienne semble être apparue miraculeusement
à cette époque. Il espère que la cité qui vient d’être découverte et qui est bien
antérieure à ces dix mille années apportera une réponse à ses questions.
Chapitre III Après un mois de fouilles, il apparaît que la cité préhistorique ensevelie
sous les sables avait atteint un stade de développement comparable à celui des
singes actuels. C’est alors qu’une découverte capitale est faite par un Cornélius
surexcité : il vient d’exhumer une poupée d’enfant en porcelaine, d’apparence
humaine, habillée et qui parle ! Comme effrayé par ce qu’il vient de découvrir,
Cornélius se mure peu à peu dans le silence le reste de la journée. Le lendemain, il
annonce à Ulysse qu’il le renvoie à l’Institut dans le premier avion.
Chapitre IV Dans l’avion qui le ramène vers la capitale, Ulysse manie le paradoxe et
essaie de se persuader qu’une civilisation peut en remplacer une autre par la seule
force de l’imitation ou qu’une civilisation, pour l’essentiel, repose sur la répétition et
l’imitation. Zira qui l’attend à l’aéroport le distrait de ces pensées iconoclastes.
Chapitre V Pendant le mois qui suit son retour, Ulysse reste alité suite à une fièvre
contractée sur le chantier des fouilles et est désormais persuadé qu’une civilisation
humaine a précédé, sur Soror, celle des singes. Bientôt guéri, il retourne à ses
travaux de recherche auprès des hommes en cage. Mais il est habité par une idée
nouvelle, celle d’être le sauveur et régénérateur de cette humanité déchue. Nova
n’est pas dans sa cage ; Zira, gênée, lui confie qu’elle a été déplacée car elle est
enceinte et accouchera dans trois ou quatre mois.
Chapitre VI Ulysse, inquiet, pressent qu’une machination se trame autour de Nova et
de son futur enfant. Il demande à être reçu par un Cornélius partagé entre son amour
de la science et son devoir de singe. Ce dernier lui apprend qu’il a découvert, dans la
cité fouillée, des squelettes… humains. Mais il argumente aussitôt pour minimiser la
vérité en affirmant que les singes devaient succéder un jour aux humains selon les
lois normales de l’évolution. Ulysse manifestant sa certitude que son enfant sera
doté de la capacité de parler, Cornélius finit par lui avouer que son existence à lui,
Ulysse, représente déjà un danger pour la race simienne. Il autorise toutefois Ulysse
à voir Nova. Bouleversé de revoir Nova –qui essaie de répéter les syllabes qu’il lui a
apprises -, Ulysse s’effondre en pleurs dans les bras de Zira.
Chapitre VII Cornélius fait visiter à Ulysse la section encéphalique et le laisse en
compagnie du directeur du service, Hélius, qui lui montre toutes les expériences
réalisées sur des humains afin de mieux connaître le fonctionnement du cerveau.
Ulysse est révolté de voir ces expérimentations mutilantes pratiquées sur des
humains. Puis Cornélius lui fait l’honneur d’une réalisation qu’il tient secrète et lui
recommande donc la discrétion.
Chapitre VIII Il lui montre, d’abord, un homme branché à des électrodes qui parle en
répétant ce qu’on lui a enseigné. Puis, il le conduit devant une femme chez qui,
affirme-t-il, on a réveillé la mémoire de l’espèce et qui se met à raconter comment les
singes ont, un jour très lointain, supplanté les hommes sur Soror : devenus des
familiers des hommes et las d’être dominés, ils se sont peu à peu révoltés et mis en
esclavage les hommes qui ont progressivement accepté leur servitude.
Chapitre IX Les recherches d’Hélius se sont ébruitées ainsi que les résultats des
fouilles de Cornélius, ce qui met en émoi la société simienne. Cependant Nova a
donné le jour à un garçon. Zira, qui veille toujours sur Ulysse, lui ménage un rendez-
vous avec les siens. Ulysse est transporté de joie et ne doute pas des capacités de
son fils. Nova semble comme humanisée. Zira, très émue comme Ulysse, lui confie
qu’elle considère aussi cet enfant comme le sien.
Chapitre X Ulysse rend visite au professeur Antelle et constate qu’il semble plutôt
heureux de sa vie animale réduite à la nourriture et à sa femelle qui lui lèche le
visage. Quant à son fils de trois mois exceptionnellement précoce, son avenir est
menacé : Cornélius et Zira lui annonce brutalement que Zaïus a si bien intrigué qu’il
a été décidé d’isoler l’enfant dans une forteresse sous la seule surveillance des
orangs-outans. Ils ajoutent qu’Ulysse lui-même est en danger car il est la preuve
vivante de leurs erreurs scientifiques et il n’est pas interdit de penser qu’il va être
lobotomisé et Nova éliminée elle aussi. Aussi Zira lui conseille-t-elle, violemment
émue, de quitter Soror. Cornélius a d’ailleurs tout prévu : à l’occasion du lancement
d’un satellite artificiel, il substituera aux passagers humains prévus Ulysse, Nova et
leur enfant - les singes ne faisant pas la différence entre les hommes – qui
atteindront ainsi le vaisseau terrien. Puis Zira et Ulysse s’enlacent en une sorte
d’intense adieu spirituel, mais Zira se détache de lui car, lui avoue-t-elle, « il est
vraiment trop affreux ».
Chapitre XI Le stratagème a réussi : Ulysse, Nova et Sirius, l’enfant, à bord du
vaisseau cosmique, se dirigent vers la Terre depuis plus d’une année. Ulysse essaie
bien d’imaginer l’avenir de Zira et de Cornélius, mais il sait que le temps sur Soror
s’est déjà écoulé de plusieurs siècles. Nova s’instruit au contact de son fils qui parle
couramment et s’exprime désormais elle aussi, de même qu’elle rit et pleure. Deux
années se sont écoulées depuis le départ de Soror et Ulysse, les larmes aux yeux,
redécouvre la Terre après sept ans d’absence et survole la France. Tous trois
embarquent dans la deuxième chaloupe du vaisseau qui descend vers Paris et la
Tour Eiffel pour atterrir à Orly. Un véhicule d’un modèle ancien s’approche du
vaisseau à l’arrêt : un homme en descend dont la vue fait hurler Nova ; elle prend
Sirius dans ses bras et se réfugie dans la chaloupe : c’est un gorille !
Chapitre XII Phyllis et Jinn ont à présent fini la lecture du manuscrit et échangent
leurs impressions : pour tous deux, il s’agit d’une mystification. Puis ils décident de
rentrer à leur port d’attache : Jinn entreprend la manœuvre cependant que Phyllis
s’affaire à poudrer « son adorable mufle de chimpanzé femelle ».

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