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PROMOTION (2010-2012)
Juillet 2012
Dr. Imane JROUNDI : qui a eu la gentillesse d’accepter d’être mon encadrante, pour
Dr. Aisha JUMAAN : Adviser Régionale du CDC Atlanta, pour ses encouragements
contre les maladies qui nous a accueilli dans sa Direction et nous a fourni informations
attention Tous les Enseignants de l’INAS, permanents et vacataires, qui n’ont ménagé
Mme Amina DRISSI, Responsable de l’unité pédagogique ainsi que tout le staff
administratif de l’INAS.
Tétouan
ii
Dédicaces
A la mémoire de ma grand-mère
A mes très chers parents qui ont toujours été là pour moi, et qui m'ont donné un
Je dédie ce mémoire.
iii
Résumé :
Introduction : Le rhumatisme articulaire aigu (RAA) demeure au Maroc, comme dans
la plupart des pays en voie de développement, un problème de santé publique comme en
témoigne son incidence et la prévalence de la cardiopathie rhumatismale chronique
(CRC). Ce travail permet de décrire les données du système de surveillance du RAA
collectées entre 2000 et 2010.
Méthodes : Il s’agit d’une étude descriptive des données agrégées de surveillance du
RAA collectées à l’échelle centrale depuis 2000 jusqu'à 2010. La description des
données quantitatives a été présentée sous forme de moyenne et des données
qualitatives sous forme de pourcentage. Les incidences ont été également calculées.
Résultats : Sur la période étudiée, 63622 nouveaux cas étaient déclarés par le système
de surveillance du RAA. La tranche d’âge la plus touchée était celle entre 5 et 14 ans
(36 %). La région de Tadla-Azilal et la région Fès-Boulmane étaient les régions où
l’incidence était la plus élevée (89.9 et 58,9 pour 100 000 habitants). 12960 cas de CRC
ont été enregistrés depuis 2000, la région de Marrakech-Tensift-el Haouz a connu la
plus haute prévalence (0,75 pour 1000). La tendance du RAA a connu une légère
diminution : l’incidence est passée de 20,5 en l’an 2000 à 18,3 pour 100.000 habitants
en 2010. Cette diminution était plus marquée pour la CRC : 6,3 en 2000 et 3,1 pour
100.000 habitants en 2010.
Conclusion : Le RAA reste un problème de santé publique au Maroc, l’amélioration de
la qualité et des performances du système de surveillance épidémiologique pourra
contribuer à identifier les facteurs de risque et les populations les plus vulnérables,
lesquels pourront guider les stratégies de prévention et de contrôle.
iv
Abstract:
v
ﻣﻠﺨﺺ
اﻟﺤﺎﻟﺔ اﻟﻮﺑﺎﺋﯿﺔ ﻟﻠﺤﻤﻰ اﻟﺮوﻣﺎﺗﯿﺰﻣﯿﺔ ﻓﻲ اﻟﻤﻐﺮب :وﺻﻒ ﺑﯿﺎﻧﺎت اﻟﻤﺮاﻗﺒﺔ اﻟﺘﻲ ﺗﻢ
ﺟﻤﻌﮭﺎ ﻣﺎﺑﯿﻦ 2000و 2010
ﻣﻘﺪﻣﺔ :اﻟﺤﻤﻰ اﻟﺮوﻣﺎﺗﯿﺰﻣﯿﺔ ﻻ ﺗﺰال ﻓﻲ اﻟﻤﻐﺮب ،ﻛﻤﺎ ھﻮ اﻟﺤﺎل ﻓﻲ ﻣﻌﻈﻢ اﻟﺒﻠﺪان اﻟﻨﺎﻣﯿﺔ ،ﻣﺸﻜﻠﺔ
ﺻﺤﯿﺔ ﻋﺎﻣﺔ ﻛﻤﺎ ﯾﺘﻀﺢ ﻣﻦ ﺣﺪوﺛﮫ واﻧﺘﺸﺎر أﻣﺮاض اﻟﻘﻠﺐ اﻟﺮوﻣﺎﺗﯿﺰﻣﯿﺔ .ﯾﺴﻤﺢ ھﺬا اﻟﻌﻤﻞ ﺑﻮﺻﻒ
ﺑﯿﺎﻧﺎت ﻧﻈﺎم اﻟﻤﺮاﻗﺒﺔ اﻟﻤﺠﻤﻌﺔ ﺑﯿﻦ ﻋﺎﻣﻲ 2000و . 2010
اﻟﻄﺮق :ﯾﺘﻌﻠﻖ اﻷﻣﺮ ﺑﺪراﺳﺔ وﺻﻔﯿﺔ ﻟﻠﺒﯿﺎﻧﺎت اﻟﻮﺑﺎﺋﯿﺔ ﺑﯿﻦ ﻋﺎﻣﻲ 2000و ، 2010ﻣﻦ ﺧﻼل ﻗﯿﺎس
اﻟﻤﺘﻐﯿﺮات اﻟﻜﻤﯿﺔ واﻟﻨﻮﻋﯿﺔ ،وﻣﻌﺪﻻت اﻹﺻﺎﺑﺔ .
اﻟﻨﺘﺎﺋﺞ :ﺧﻼل ﻓﺘﺮة اﻟﺪراﺳﺔ ،ﺗﻢ اﻹﻋﻼن ﻋﻦ 22636ﺣﺎﻟﺔ ﺟﺪﯾﺪة ﻣﻦ ﻗﺒﻞ ﻧﻈﺎم ﻣﺮاﻗﺒﺔ اﻟﺤﻤﻰ
اﻟﺮوﻣﺎﺗﯿﺰﻣﯿﺔ .
وﻛﺎﻧﺖ اﻟﻔﺌﺔ اﻟﻌﻤﺮﯾﺔ اﻷﻛﺜﺮ ﺗﻀﺮرا ﺑﯿﻦ 5و 14ﻋﺎﻣﺎ)(٪ 36
ﺗﺎدﻟﺔ أزﯾﻼل و ﻓﺎس ﺑﻮﻟﻤﺎن )89.9و 58.9ﻟﻜﻞ 100 000ﻣﻦ ﺳﺠﻞ أﻋﻠﻰ ﻣﻌﺪل ﺑﻤﻨﻄﻘﺘﻲ
اﻟﺴﻜﺎن(
ﻛﻤﺎ ﺳﺠﻠﺖ 12960ﺣﺎﻟﺔ ﻣﻦ أﻣﺮاض اﻟﻘﻠﺐ اﻟﺮوﻣﺎﺗﺰﻣﯿﺔ ﻣﻨﺬ ﻋﺎم ،2000وﻋﺮﻓﺖ ﻣﻨﻄﻘﺔ ﻣﺮاﻛﺶ
ﺗﺎﻧﺴﯿﻔﺖ اﻟﺤﻮز أﻋﻠﻰ ﻧﺴﺒﺔ اﻧﺘﺸﺎر ) 0.75ﻓﻲ اﻷﻟﻒ(
ھﺬا و ﺷﮭﺪت اﻟﺤﻤﻰ اﻟﺮوﻣﺎﺗﯿﺰﻣﯿﺔ اﻧﺨﻔﺎﺿﺎ ﻃﻔﯿﻔﺎ :ﻣﻦ 20.5ﻓﻲ ﻋﺎم 2000إﻟﻰ 18.3ﻓﻲ
100،000ﻧﺴﻤﺔ ﻓﻲ ﻋﺎم . 2010وﻛﺎن ھﺬا اﻻﻧﺨﻔﺎض أﻛﺜﺮ وﺿﻮﺣﺎ ﺑﺎﻟﻨﺴﺒﺔ ﻷﻣﺮاض اﻟﻘﻠﺐ
اﻟﺮوﻣﺎﺗﺰﻣﯿﺔ 6.3 :ﻓﻲ ﻋﺎم 2000و 3.1ﻟﻜﻞ 100،000ﻓﻲ ﻋﺎم .2010
ﺧﺎﺗﻤﺔ :اﻟﺤﻤﻰ اﻟﺮوﻣﺎﺗﯿﺰﻣﯿﺔ ھﻲ ﻣﺸﻜﻠﺔ ﺻﺤﯿﺔ ﻋﺎﻣﺔ ﻓﻲ اﻟﻤﻐﺮب ،ﺗﺤﺴﯿﻦ ﻧﻮﻋﯿﺔ وأھﻤﯿﺔ ﻧﻈﺎم
اﻟﺘﺮﺻﺪ اﻟﻮﺑﺎﺋﻲ ﯾﻤﻜﻦ أن ﺗﺴﺎﻋﺪ ﻓﻲ ﺗﺤﺪﯾﺪ ﻋﻮاﻣﻞ اﻟﺨﻄﺮ واﻟﺴﻜﺎن اﻷﻛﺜﺮ ﺿﻌﻔﺎ ،واﻟﺘﻲ ﯾﻤﻜﻦ أن
ﺗﻮﺟﮫ اﺳﺘﺮاﺗﯿﺠﯿﺎت اﻟﻮﻗﺎﯾﺔ واﻟﻤﻜﺎﻓﺤﺔ .
ﻛﻠﻤﺎت ﺟﻮھﺮﯾﺔ :اﻟﺘﮭﺎب اﻟﻠﻮزﺗﯿﻦ ،اﻟﺤﻤﻰ اﻟﺮوﻣﺎﺗﯿﺰﻣﯿﺔ ،أﻣﺮاض اﻟﻘﻠﺐ اﻟﺮوﻣﺎﺗﺰﻣﯿﺔ ،اﻟﻤﻐﺮب
vi
Table des matières
I. Introduction : .............................................................................. 1
II. Matériels et méthodes : ............................................................. 3
III. Résultats : ................................................................................... 5
1) Les angines traitées : ............................................................................. 5
2) Les cas de RAA : .................................................................................... 6
3) Les rechutes : ......................................................................................... 8
4) La cardiopathie rhumatismale chronique : .......................................... 9
IV. Discussion : .............................................................................. 11
1) Les angines traitées : ........................................................................... 11
2) Les cas de RAA : .................................................................................. 12
3) Les rechutes : ....................................................................................... 14
4) La cardiopathie rhumatismale chronique : ........................................ 15
V. Conclusion / Recommandations : .......................................... 17
VI. Références : .............................................................................. 19
Annexes .......................................................................................... 21
vii
Liste des figures
Tableau IV : Répartition des cas de rechutes dans la région Souss Massa Draa selon la
province
viii
Liste des annexes :
ix
I. Introduction :
Le Rhumatisme Articulaire Aigu (RAA) est une complication tardive non
suppurée d’une infection des voies aériennes supérieures par le streptocoque bêta
hémolytique du groupe A (SGA). Il s’agit d’une maladie inflammatoire multi
viscérale touchant essentiellement les articulations, le cœur et le système nerveux
central. Ses facteurs de risques sont multiples surtout socio économiques et
environnementaux ; comme la promiscuité, le manque d’hygiène, la précarité, et
l’inaccessibilité aux soins de santé.1
Dans le monde, le nombre de cas de RAA est estimé à plus de 15 millions, dont
282 000 nouveaux cas de RAA et 233 000 décès annuels à cause de la
cardiopathie rhumatismale chronique (CRC).2
Le RAA reste encore, dans les pays en voie de développement, une pathologie
fréquente et dont les conséquences sont particulièrement lourdes tant au plan
médical et humain que social et économique.3 L’atteinte cardiaque fait toute la
gravité du RAA ; c’est la principale cause de cardiopathies acquises chez les
enfants et les jeunes adultes. Elle est liée essentiellement aux atteintes valvulaires
qui peuvent évoluer de manière chronique vers l’aggravation, entrainant une CRC
et une insuffisance cardiaque chronique dont la fréquence et la sévérité
augmentent avec les rechutes. 4 ; 5
La population est peu informée de l’importance du traitement des infections des
voies aériennes supérieures. De plus, en dehors d’une plainte spécifique de
l’enfant, le recours à la consultation médicale n’est pas systématique pour ce type
de pathologie, ce n’est souvent que lors d’une première poussée de RAA ou même
lorsque les séquelles cardiaques seront importantes que le médecin sera consulté.3
Au Maroc, le RAA est une maladie à déclaration obligatoire, de part sa
complication cardiaque, son retentissement économique à l’échelon individuel et
communautaire est lourd aussi bien par l’impotence physique que par la mortalité
qu’il engendre 6. Hors, il s’agit d’un problème évitable où la prévention primaire
basée sur le traitement correct des angines streptococciques et la prévention
secondaire sur le traitement à long terme par une pénicilline jouent un rôle
primordial. Donc des actions dans ce sens, dans le cadre d’un programme de lutte
peuvent le réduire considérablement. 7 En effet en Tunisie le programme de lutte a
permis de passer d’une incidence de 8,7 pour 100 000 habitants à 1,55 en 2001,
1
aussi l’exemple de l’Algérie où l’incidence est passée de 49 pour 100 000
habitants à 1,09 pour 100 000 en 2009.8 ; 9
Au Maroc, un programme de lutte contre le RAA a été mis en place en 1995 par le
Ministère de la santé, avec comme objectif général de réduire l'incidence du RAA
et la prévalence de la CRC. La stratégie du programme reposait sur quatre
composantes :
La prévention primaire par le traitement systématique de toutes les
angines.
La prévention secondaire par l'injection d'extencilline toutes les trois
semaines après toute crise de RAA, pendant 5 ans en l’absence de cardite
ou à vie en cas de cardite.
L’éducation sanitaire qui cible la population scolaire en particulier et la
population générale pour inciter au traitement correct des angines.
La surveillance épidémiologique.
2
II. Matériel et méthodes :
Il s’agit d’une étude descriptive visant à analyser les données relatives au RAA
qui ont été collectées à l’échelle centrale au niveau du service des maladies
cardiovasculaires à travers le système de surveillance du RAA depuis 2000
jusqu’en 2010 selon le circuit représenté par la figure 1.
-Déclaration :
Médecin
Fiche trimestrielle ESSB
généraliste
(Annexe A)
-Réception
Délégation Animateur du
-Compilation au programme
niveau provincial
-Compilation
-Saisie des données DELM SMCV
-Analyses
La population cible est constituée par tous les cas de RAA diagnostiqués et
déclarés au niveau des établissements de soins de santé de base (ESSB) par le
système de surveillance du RAA entre 2000 et 2010 selon la définition de cas
basée sur les critères décrits dans le tableau I :
Preuve d'infection
Critères majeurs : Critères mineurs :
streptococcique récente
Arthrite Arthralgies Prélèvement de gorge
Cardite Antécédent de RAA avec test d’identification
Chorée de Syndrome antigénique rapide positif
Sydenham inflammatoire: VS ou culture positive
Erythème marginé élevée.
Nodules sous- Troubles de la Elévation des taux
cutanées de conduction cardiaque d’anticorps sériques
Meynet à l’ECG (ASLO ou anti DNaseB)
Fièvre
3
Un cas de RAA est défini par la présence de 2 critères majeurs ou d'un critère
majeur et de 2 critères mineurs ; Et confirmation de l'infection par le streptocoque
ß-hémolytique du groupe A (élévation significative des ASLO, ou prélèvement de
gorge positif) 11.
Les données ont été analysées avec le logiciel Epi info 3.5.3. La description des
données quantitatives a été présentée sous forme de moyennes et les données
qualitatives sous forme de pourcentages. Afin d’estimer l’incidence nous avons
rapporté le nombre de cas à la population selon les données du recensement de
2004.
4
III. Résultats :
Entre 2000 et 2010 un total de 13 853 873 angines ont été traitées au niveau des
ESSB avec une moyenne de 1 259 443 angines par an, tout âge confondu. La
tranche d’âge la plus concernée était celle de 5 à 14 ans (32,6%). 63,5% des cas
d’angines traitées ont eu lieu en milieu urbain, la figure 2 montre le nombre
d’angines traitées annuellement selon le milieu sur la période étudiée. Le
troisième trimestre (Juillet – Aout - Septembre) était le trimestre où il y a eu le
moins d’angines traitées.
1000000
900000
800000
700000
600000
500000 RURAL
400000 URBAIN
300000
200000
100000
0
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010
Les trois régions qui ont traité plus d’angines étaient : la région Sous Massa Draa,
la région Marrakech Tensift El Haouz et la région de Guelmim Essmara. La figure
3 montre la répartition des angines traitées selon la région.
5
DOUKKALA_ABDA
OUEDEDDAHAB_LAGOUIRA
Tanger_Tetouan
GHARB_CHRARDA_BNIHSSEN
CHAOUIYA_OUARDIGHA
LAAYOUN_BOUJDOUR
GRAND_CASABLANCA
TADLA_AZILAL
TAZA_HOUCEIMA_TAOUNATE
RABAT_SALEZZ
MEKNES_TAFILALET
ORIENTAL
FES_BOULEMANE
MARRAKECH_TENSIFT_ELHAOUZ
SOUSS_MASSA_DRAA
GUELMIM_ESSMARA
Figure 3 : Répartition régionale du ratio des angines traitées par 100 000 habitant,
Maroc 2000-2010
Durant les années de notre étude (2000 – 2010) un total de 63 622 cas de RAA ont
été déclarés par le système de surveillance. La tranche d’âge la plus touchée était
celle des enfants âgés de 5 à 14 ans (36,3 %). L’incidence moyenne chez cette
tranche d’âge était de 33,1 pour 100 000. La figure 4 montre l’évolution de
l’incidence du RAA par tranches d’âge entre 2000 et 2010. La figure 5 montre
l’incidence annuelle du RAA durant la période 2000 – 2010 ainsi que l’incidence
selon le trimestre durant la même période.
6
40,0
35,0
30,0
20,0
15,0
10,0
5,0
0,0
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010
8,0 25,0
7,0
20,0
6,0
pour 100 000
5,0 15,0
4,0
3,0 10,0
2,0
5,0
1,0
0,0 0,0
00
1 01
2 023 034 045 05
05
6 067 07
8 08
9 09
10 10
11
Les Régions où les cas de RAA sont déclarés le plus étaient la région de Tadla
Azilal et la région de Fès Boulemane (respectivement 89,8 et 58,9 pour 100 000
habitants). La figure 6 montre la répartition régionale de l’incidence du RAA au
Maroc. Sur les dix années de notre étude, l’incidence moyenne du RAA au niveau
du milieu urbain était de 23,9 pour 100 000 habitants contre 13,8 en milieu rural.
7
Incidence pour 100 000 habitants
3) Les rechutes :
Entre 2000 et 2010, un total de 3617 cas de rechutes ont été déclarés dont 30,2%
appartenant à la tranche d’âge de 5 à 14 ans. La figure 7 montre l’évolution du
nombre de rechutes durant la période étudiée et la figure 8 montre la répartition
régionale.
8
700
600
500
400
300
200
100
0
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010
OUEDEDDAHAB_LAGOUIRA
TADLA_AZILAL
DOUKKALA_ABDA
CHAOUIYA_OUARDIGHA
LAAYOUN_BOUJDOUR
GHARB_CHRARDA_BNIHSSEN
GUELMIM_ESSMARA
TAZA_HOUCEIMA_TAOUNATE
GRAND_CASABLANCA
ORIENTAL
FES_BOULEMANE
MEKNES_TAFILALET
Tanger_Tetouan
MARRAKECH_TENSIFT_ELHAOUZ
RABAT_SALEZZ
SOUSS_MASSA_DRAA
Figure 8 : Répartition régionale des cas cumulés de rechutes entre 2000 et 2010
0,8
0,7
0,6
0,5
Pour 1000
0,4
0,3
0,2
0,1
0,0
O-4 5-14 15 Et +
7,0
6,0
5,0
pour 100 000
4,0
3,0
2,0
1,0
0,0
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010
10
Prévalence pour 1000
IV. Discussion :
La prévention primaire contre le RAA est basée sur le traitement des angines.
L’objectif du programme national de prévention et de lutte contre le RAA, en
matière de prévention primaire, est d’arriver à traiter 3 000 000 angines par an
chez la population cible. Cependant, la moyenne annuelle d’angines traitées sur la
période 2000–2010 au niveau des ESSB n’était que de 1 259 443 ; tout âge
confondu, dont 32,2% seulement concernant la population cible (5 à 14 ans), bien
qu’elle représente la plus grande part en comparaison avec les autres tranches
d’âge. Cependant, elle reste très loin de l’objectif prévu. Cette insuffisance est
d’autant plus marquée en milieu rural puisque seulement 36,5 % de ces angines
étaient traitées en milieu rural contre 63,5 % en milieu urbain. Cette différence
pourrait être expliquée par la disparité qui existe entre ces deux milieux quand à
11
l’accessibilité aux soins. Les régions de Souss Massa Deraa, Marrakech Tensift El
Houz et Guelmim Essmara étaient les régions qui ont traité le plus d’angines
durant cette période. Cependant, la tendance nationale des angines traitées entre
2000 et 2010 chez la population cible comme le montre la figure 2, accuse une
baisse, celle-ci encore plus accentuée en milieu urbain, on pourrait supposer les
deux cas de figure suivants :
- Soit qu’il y a effectivement moins d’angines traitées dans les ESSB donc un
relâchement dans les activités de prévention primaire ce qui aura comme
conséquence l’apparition de nouveaux cas de RAA se traduisant par une
augmentation de l’incidence.
- Soit que les angines restent bien traitées et que c’est juste les déclarations qui ont
diminué.
12
Tableau III : Comparaison de l’incidence du RAA avec d’autres pays
13
3) Les rechutes :
La prévention secondaire est basée sur le traitement au long cours du RAA par la
pénicilline afin de prévenir les rechutes. En l’absence de traitement
prophylactique, un sujet ayant déjà fait une première poussée de RAA est exposé
au risque de rechutes lors d’une nouvelle infection oropharyngée à streptocoque
A. Ces rechutes constituent une cause importante d’aggravation des lésions
valvulaires cardiaques. 15 ; 16 ; 17
Sur les 3 617 rechutes enregistrées pendant la période 2000–2010, 1 489 rechutes
ont été enregistrées au niveau de la région de Souss Massa Draa ; il s’agit d’un
nombre anormalement élevé en comparaison avec les autres régions. Ce chiffre
n’est pas en accord avec l’incidence relativement faible du RAA dans cette région
(11,9 pour 100 000 hab.) ; ce qui laisse penser à un problème de notification
plutôt qu’un échec de la prévention secondaire.
Le Tableau IV montre la répartition des rechutes enregistrées au niveau de la
région Souss Massa Draa selon les provinces. Visiblement le problème se situe au
niveau de la province d’Agadir. En effet, nous remarquons qu’à partir de 2004, il
y a eu un nombre anormalement élevé de rechutes (453 cas), puis ce nombre a
chuté à partir de 2009 (16 cas) ; ceci suggère plutôt un problème de notification
probablement causé par des erreurs dans le remplissage des rapports ou bien un
changement du personnel au niveau de cette province.
Quant à la tendance (Voir figure 7) et si nous excluons les deux artefacts en 2004
et 2006, nous pourrions dire qu’il y a une tendance à la baisse ce qui traduirait une
prévention secondaire efficace et par conséquent, l’incidence de la CRC devrait
diminuer aussi. Cependant, en l’absence d’une définition standardisée des
rechutes et d’un remplissage correct des rapports, ces résultats restent
difficilement interprétables.
14
Tableau IV : Répartition des cas de rechutes dans la région Souss Massa Draa
selon la province
ANNEE Agadir Aitbaha Inezgane Ouarzazate Taroudant Tiznit Zagora
2000 29 2 3 1 3 1 0
2001 7 0 9 7 5 0 11
2002 20 0 4 3 10 4 0
2003 45 0 4 3 22 1 0
2004 453 0 1 2 27 1 1
2005 148 0 0 5 9 0 0
2006 228 0 0 16 9 0 0
2007 164 0 0 7 1 2 0
2008 160 3 0 0 5 3 1
2009 16 0 0 0 2 2 1
2010 12 1 0 7 3 1 4
Total 1282 6 21 51 96 15 18
Si la définition de cas de RAA a été bien établie, les autres variables collectées par
contre, telles que les rechutes et la CRC n’ont pas été clairement définies par le
système ; par conséquent, les informations qui s’y rapportent ne seraient pas
homogènes partout, et expliqueraient la grande disparité des résultats entre
certaines régions.
16
Par ailleurs, la nature agrégée des données collectées rend la base de données
pauvre en informations, limite les analyses et ne permet pas d’identifier les
facteurs de risque ni de prédire les complications. Par exemple, nous ne pourrions
pas savoir si ceux qui ont fait les rechutes sont les mêmes qui ont développé la
CRC.
V. Conclusion / Recommandations :
Les résultats obtenus montrent que le RAA reste un problème de sante publique
au Maroc, affectant plus particulièrement les enfants de 5 à 14 ans, laissant
suggérer que la stratégie jusque là adoptée n’a pas eu l’impact escompté.
Néanmoins, les informations relatives à l’évolution de la situation
épidémiologique et les progrès du programme seraient très biaisées, comme en
témoigne la grande sous estimation de la CRC, la distribution des cas de rechutes
ainsi que la disparité entre certaines régions.
Aussi, en vu de relancer le programme, optimiser la stratégie de prévention et
améliorer le système de surveillance, nous recommanderions ce qui suit :
17
4. Mener des études complémentaires sur le système de surveillance du RAA
dans les régions de Tadla Azilal, Fes Boulemane et Souss Massa Draa
(province d’Agadir) et entreprendre des analyses plus fines et régulières au
niveau régional.
18
VI. Références :
1. Steer AC, Carapetis JR. Acute rheumatic fever and rheumatic heart disease
in indigenous populations. Pediatr Clin N Am. 2009;56:1401-19
2. Carapetis JR, Steer AC, Mulholland EK, Weber M. The global burden of
group A streptococcal diseases. Lancet Infect Dis. 2005;5:685-94
7. Currie BJ. Critical issues in prevention and control of rheumatic fever and
rheumatic heart disease. International congress series. Elsevier.
2006;1289:281-84.
19
13. Viali S. Rheumatic fever and rheumatic heart disease in Samoa. Pacifique
public health. 2006 Mars;13:2
18. Carapetis JR, McDonald M, Wilson NJ. Acute rheumatic fever. Lancet.
2005;366:155-68
19. Carapetis JR. The Australian guideline for prevention, diagnosis and
management of acute rheumatic fever and rheumatic heart disease 2nd
edition. Menzies School of Health Research. 2012;135
20. Nkomo VT. Epidemiology and prevention of valvular heart diseases and
infective endocarditis in Africa. Heart. 2007;93:1510-19
21. D’Ortenzio E. Facteurs de risque environnementaux de cardiopathie
rhumatismale chez les enfants en Nouvelle-Calédonie. 2011. Disponible
sur : www.ass.nc. Consulté le 30/04/2012
20
Annexes
21
ROYAUME DU MAROC Annexe A :
MINISTERE DE LA SANTE
DELM / DMNT / SMCV FICHE DE DECLARATION DES CAS DE
RHUMATISME ARTICULAIRE AIGUE (RAA)
22
Annexe B : Fiche proposée de déclaration obligatoire
d’un cas de RAA
Détails du médecin déclarant : Manifestations majeures :
23
GHANEM NASSIM
15, rue Al moukaouama
Tétouan
Tel : 06-60-54-55-43
E-mail : nassim18080@hotmail.com
Situation administrative :
Participant à la 11ème promotion 2010-2012
Médecin au niveau de la CSU : Nakata, Délégation de Tétouan
24