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http://www.cairn.info/revue-d-economie-politique-2013-2-page-179.htm
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• BILAN/ESSAI
hospitalière1
Michel Mougeot*
Florence Naegelen**
Cet article fait un bilan des travaux théoriques récents sur la régulation des hôpitaux.
Aux arbitrages usuels induits par l’asymétrie d’information s’ajoutent des arbitrages
spécifiques entre l’accroissement de la qualité des soins et la baisse des coûts ainsi que
ceux qui résultent de la possibilité de sélectionner les patients. Lorsque seul l’aléa
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moral est en cause, la tarification forfaitaire peut permettre d’atteindre la solution de
premier rang si la demande augmente avec la qualité alors qu’elle ne le peut que dans
le cas d’un hôpital parfaitement altruiste dans l’hypothèse inverse. L’article analyse
aussi les implications de l’asymétrie d’information sur l’état de santé et les politiques
optimales à mettre en œuvre dans ce cas. Le rôle de l’altruisme dans la définition de
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ces politique est mis en évidence, ainsi que les moyens permettant de dissuader de
sélectionner les patients.
régulation - hôpital - antisélection - aléa moral
This paper focuses on recent theoretical contributions to the hospital price regulation
literature. Besides the usual efficiency-rent extraction trade-off, some specific trade-off
between quality enhancement and cost reduction effort or between efficiency and selec-
tion deterrence must be taken into account. Under moral hazard, we show how a
prospective price can result in the first best allocation when health care demand
increases with quality. When demand does not depend on quality, the first best can be
achieved only in the case of a perfectly altruistic provider. Under adverse selection, we
exhibit the optimal contract between a regulator and a provider when severity is not
observable. Moreover, we analyze the consequences of the provider’s altruism and we
show how to deter patients’ selection.
regulation - hospital - adverse selection - moral hazard
1. Les recherches à l’origine de cet article ont bénéficié du soutien de la Chaire Santé,
placée sous l’égide de la Fondation Du Risque (FDR) en partenariat avec PSL, Université
Paris-Dauphine, l’ENSAE et la MGEN. Nous remercions trois rapporteurs anonymes
pour leurs commentaires sur la version préalable de cet article. Nous restons seuls respon-
sables des erreurs et omissions.
CRESE, Université de Franche-Comté, UFR SJEPG, 45D Avenue de l’Observatoire 25030
Besançon cedex
*
michel.mougeot@univ-fcomte.fr
**
auteur correspondant florence.naegelen@univ-fcomte.fr
1. Introduction
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formances du système de santé (mortalité prématurée, mortalité maternelle
ou périnatale) situent la France entre la quinzième et la vingtième place
parmi les pays développés. Ainsi, le bilan coût-avantage du système de
soins français apparait globalement peu satisfaisant. La France dépense plus
que ses partenaires européens pour des résultats moyens.
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dans ce contexte et l’on montre comment des ajustements sont nécessaires
pour prendre en compte des facteurs d’hétérogénéité observables (qui
impliquent des discriminations au troisième degré) et des plafonnements de
la dépense. La régulation d’hôpitaux hétérogènes est ensuite analysée en
supposant que l’antisélection peut concerner les paramètres de productivité
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consommateurs, des instruments disponibles, ainsi que de la nature des
asymétries d’information. De nombreux résultats ont été obtenus dans ce
domaine en particulier par Baron et Myerson [1982] dans le cas de l’antisé-
lection et par Laffont et Tirole [1993] dans le cas du faux aléa moral. Ils
montrent comment les instruments disponibles permettent de réaliser diffé-
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Ces deux hypothèses ont des conséquences différentes en termes de poli-
tique économique. Dans le cas i), l’État perd un instrument puisqu’une inci-
tation à fournir un niveau donné de qualité des soins est sans effet sur la
recette. Dans le cas ii), la qualité devient une variable décisionnelle, pour
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l’offreur comme pour le régulateur qui dispose ainsi d’un instrument ana-
logue au prix sur un marché pour orienter la dépense. Cela conduit à s’inter-
roger sur la nature de la variable « qualité des soins » du point de vue de
l’information des patients.
La majorité des travaux théoriques sur la régulation des hôpitaux retient
l’hypothèse d’une demande de soins dépendante de la qualité2. En revan-
che, le régulateur est, en général, supposé être dans l’incapacité de vérifier
le niveau de qualité observée par les patients. Il ne peut donc être décrit
ex-ante dans tous les états de la nature dans un contrat et vérifié ex-post par
un tribunal. C’est une seconde spécificité de la régulation hospitalière. Alors
que la production d’électricité ou de transport peut être aisément mesurée,
l’output qu’est l’état de santé ne peut pas l’être. Les classifications des
pathologies basées sur le diagnostic permettent de savoir si un patient a été
traité mais ne permettent pas d’évaluer l’état de santé qui dépend de la
qualité des soins non observable, et ceci d’autant plus que celle-ci est multi-
dimensionnelle. Le contrat est donc nécessairement incomplet. Si cette dou-
ble hypothèse – observabilité de la qualité par les agents et inobservabilité
par le régulateur – peut être admise pour un grand nombre de services,
l’hypothèse alternative – non observabilité par les patients et le régulateur –
doit être retenue pour d’autres, d’où la nécessité de considérer des poli-
tiques différentes de régulation.
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tilité puisse être répercutée dans la rémunération. Par suite, l’objectif le plus
général d’un producteur de soins peut être conçu comme une fonction de
l’intérêt du patient, du revenu et de la désutilité de l’effort. Dans ce cas, la
théorie économique suppose que l’utilité d’un offreur s’écrit
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2.3. Le régulateur
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moral et l’anti sélection sont donc également présents.
A notre connaissance, aucun modèle ne traite l’ensemble de ces pro-
blèmes. Une partie de la littérature considère seulement le problème de
l’aléa moral en supposant les hôpitaux homogènes en termes d’efficacité et
de caractéristiques des patients. C’est ce type d’analyse qui fonde les poli-
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5. Dans ce cas, les caractéristiques b et h des patients ne jouent aucun rôle dans l’analyse.
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Considérons d’abord le cas le plus simple d’une qualité monodimension-
nelle q, d’un offreur maximisant son profit et d’un financement basé sur des
prélèvements obligatoires.
L’objectif de l’hôpital s’écrit U = T − c ! q, e "x ! q " − d ! q, e ". On suppose que
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le coût unitaire croit avec la qualité q et diminue avec l’effort e, que d ! q, e "
croit avec q et e et que x ! q ", égal au nombre de patients traités, croit avec
q. Par ailleurs, on considère des efforts substituables au sens où un niveau
plus élevé d’un type d’effort augmente le coût marginal de l’autre type6.
Si la tutelle est utilitariste, son objectif est W = V ! q, x ! q " " − ! 1 + k "T +
T − c ! q, e "x ! q " − d ! q, e " où V ! q, x ! q " " ≡ V ! q " est le bénéfice social asso-
cié aux soins de qualité q (ou le bénéfice des patients). On va s’interroger
d’abord sur les valeurs optimales de e et q lorsqu’elles sont observables,
avant de voir comment les règles usuelles de financement peuvent être
définies pour atteindre un résultat analogue en termes d’efficacité produc-
tive et allocative.
6. Les efforts sont substituables si Cqe ! q, e " > 0, avec C ! q, e " = c ! q, e "x ! q " + d ! q, e ".
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* * *
ou c ! q , 0 "x ! q " + d ! q , 0 " = T
Lorsque l’hôpital reçoit pour chaque patient un paiement égal à son coût
unitaire c ! q, e " plus une marge fixe m, son surplus U = mx ! q " − d ! q, e "
décroît avec l’effort de réduction du coût, qui est alors fixé à son niveau
minimal : e* = 0. Cependant, la qualité choisie va dépendre d’un arbitrage
entre ce qu’elle coûte en terme d’effort et ce qu’elle rapporte, i.e. de la
marge m que le régulateur peut fixer pour atteindre le niveau de qualité
désiré. Comme e* = 0, la procédure de remboursement du coût réalisé ne
permet pas d’obtenir la qualité socialement optimale q**. Ma [1994] montre
cependant qu’on peut déterminer une marge telle que la qualité optimale q*
associée à e* = 0 puisse être réalisée. Cette marge, définie par
* * * *
dq ! q , 0 " Vq ! q " c q ! q , 0 "x ! q "
*
m= *
= *
− *
− c!q , 0"
xq ! q " xq ! q " ! 1 + k " xq ! q "
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fixe doit être choisi de telle sorte que, compte tenu de la demande de soins
croissante avec la qualité, la maximisation du profit conduise aux valeurs
socialement optimales e** et q**. Face à un prix fixe p, l’offreur choisit un
niveau de qualité q tel que
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Compte tenu de (4) et (2), le régulateur peut induire tout niveau de qualité
par le choix d’un tarif p** = Vq ! q** "/ $ ! 1 + k "xq ! q** " % . Face à ce prix,
l’offreur choisit e** et q**. Ce prix fixe optimal p** dépend, pour chaque
pathologie, du rapport entre la variation du bénéfice social et la demande
marginale affectée du coût social des fonds publics quand q varie, ce rapport
étant évalué au niveau de q**.
L’intuition derrière ce résultat est simple. Comme l’hôpital augmente son
revenu en traitant plus de patients et qu’il ne peut le faire qu’en augmentant
la qualité, il peut être incité à offrir tout niveau de qualité souhaité par un
prix suffisamment élevé. Le régulateur peut donc l’amener à internaliser
l’intérêt général en choisissant un prix qui incite à choisir q**. Ce prix fixe
n’est pas conditionné par la qualité fournie mais choisi pour que l’hôpital
sélectionne le même niveau de qualité que celui qu’aurait choisi le régula-
teur en information complète. Il doit prendre en compte l’effet du choix du
niveau de qualité sur le bénéfice social et sur les décisions des patients, ce
qui suppose connues les fonctions de demande de soins et de bénéfice
social. D’autre part, quand k > 0, par application du second théorème de
l’économie du bien-être, cette décentralisation s’accompagne d’une redistri-
bution – socialement coûteuse – des patients vers l’hôpital qui obtient une
rente positive (Mougeot et Naegelen [2005]).
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**
p . Pour le régulateur, le dilemme est donc important : privilégier l’objectif
allocatif (choisir p** et q**) et laisser des rentes socialement coûteuses ou
réduire la qualité pour réduire les rentes.
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3.1.5. Généralisations
Altruisme de l’offreur7
Si l’on suppose que l’hôpital est partiellement altruiste, les résultats pré-
cédents restent vérifiés pour les deux types de mécanismes. Ma [1997] a
ainsi considéré le cas où l’utilité de l’offreur prend en compte #V ! q " et fait
un arbitrage différent entre l’intérêt des patients et son surplus financier, ce
qui facilite la tâche du régulateur puisque l’offreur partage partiellement le
même objectif. Dans le cas du remboursement du coût, le niveau de la
marge qui permet d’atteindre la qualité optimale associée à l’effort nul de
réduction du coût est réduit d’un taux ! 1 − # " ou ! 1 − #̂ " selon que # est
inférieur ou supérieur à un seuil #̂. L’offreur obtient alors une rente si # < #̂ et
un profit nul si # ≥ #̂. Le même raisonnement s’applique dans le cas d’une
tarification forfaitaire. Le prix fixe qui permet de décentraliser l’allocation
optimale est plus faible qu’en l’absence d’altruisme et doit être modulé par
rapport à p** en fonction de # si celui-ci est inférieur à un seuil # et de #
au-dessus de ce seuil.
Qualité multidimensionnelle
Le raisonnement précédent n’est pas fondamentalement modifié mais
Chalkley et Malcomson [1998] ont montré qu’il doit être effectué désormais
7. Nous verrons dans la section 4 comment l’altruisme de l’offreur peut modifier les méca-
nismes optimaux lorsque l’état de santé des patients est pris en compte dans un contexte
d’antisélection.
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3.2. La demande de soins est indépendante
de la qualité des traitements
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qualité étant réduite par l’altruisme, l’offreur peut fournir un niveau de qua-
lité plus élevé même s’il n’est pas totalement remboursé de ses coûts.
Supposons un hôpital parfaitement altruiste ! # = 1 ". En information par-
faite, la qualité optimale vérifie Vq ! q** " = Cq ! q**, e** " + dq ! q**, e** " et l’effort
optimal vérifie (1). Si le paiement prend la forme d’un prix unitaire p, en
maximisant px − C ! q, x, e " − d ! e, q " + V ! q ", l’hôpital choisit les mêmes
niveaux de q et e. L’hôpital se comporte comme un agent parfait du régula-
teur lorsque le nombre de patients est connu. Si # < 1, en information par-
faite, l’effort e reste défini de la même manière. En revanche, la qualité
socialement optimale dépend de l’égalité entre le bénéfice social marginal et
la somme des coûts marginaux et de la désutilité marginale de la qualité
pondérée par un terme croissant avec k et décroissant avec #. Si le paiement
est T = px + ! 1 − a "C ! q, x, e ", l’utilité de l’hôpital est U = px − aC ! q, x, e " −
d ! e, q " + #V ! q ". La maximisation de cette utilité conduit alors à un effort de
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réduction du coût positif mais inférieur à l’effort socialement optimal et à un
niveau de qualité positif mais inférieur à la qualité de premier rang. Plus le
degré d’altruisme est élevé, plus on peut s’éloigner du remboursement inté-
gral du coût, ce qui permet de réduire les dépenses tout en accroissant la
qualité.
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n’est donc justifié que dans des cas particuliers8.
8. Propper, Burgess et Gossage [2008] ont montré que les hôpitaux anglais soumis à la
concurrence réduisent la qualité non observée pour accroitre la qualité mesurée et observée.
La concurrence étant équivalente à une incitation à fournir la qualité observée, l’effet d’évic-
tion exercé sur la qualité non observée est donc vérifié.
9. En particulier en termes de statut. Cf. Mason et al. [2009].
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élevé), d’un effet tenant à une rente différente (les producteurs à coût élevé
fournissant moins de soins, la rente qui résulte d’un accroissement du prix
est plus faible, ce qui justifie un prix plus élevé pour les hôpitaux à c élevé)
et d’un effet de réactivité qui apparait quand un accroissement de la quantité
de soins consécutif à une hausse du prix est plus faible pour les hôpitaux à
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coût élevé que pour les hôpitaux à coût faible. L’effet de réactivité pouvant
varier en sens opposé des deux autres effets en fonction de la forme de la
fonction de coût, Miraldo, Siciliani et Street considèrent des fonctions par-
ticulières pour mettre en évidence la nature de l’ajustement des prix en
fonction de la variation de c. Dans les trois cas qu’ils considèrent, le prix
forfaitaire des hôpitaux à coût élevé doit être plus élevé que celui des hôpi-
taux à coût faible.
Dans le même contexte, Mougeot et Naegelen [2012] montrent que les
différences de prix entre hôpitaux ne doivent pas nécessairement refléter les
différences de coût marginal quand c varie, l’ajustement optimal des tarifs
hospitaliers étant en général discriminatoire, le sens de la discrimination au
troisième degré dépendant uniquement des propriétés des fonctions de
coût. Le résultat principal est qu’un ajustement des tarifs proportionnel aux
variations observables des coûts n’est optimal que dans des conditions très
particulières, notamment en cas de constance des coûts marginaux. En fonc-
tion des propriétés des coûts marginaux, la politique optimale peut consister
en un ajustement supérieur ou inférieur au coût marginal en fonction de la
réactivité du producteur de soins. Ainsi, le régulateur en position de monop-
sone doit discriminer en faveur des hôpitaux localisés dans des zones à coût
bas, ou en faveur des hôpitaux localisés dans des zones à coût élevé pour
accroitre le bien-être social.
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l’enveloppe globale exogène repose sur des prévisions de croissance des
séjours hospitaliers, ce qui est source d’inefficacité10.
Mougeot et Naegelen [2005] ont cherché à définir une politique optimale
d’enveloppe dans un cadre analogue à celui de Ma [1994]. Deux situations
doivent être envisagées. Lorsque la politique s’applique à des offreurs de
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ou la qualité des soins offerts aux patients sévèrement atteints, ce qui peut
impliquer une sélection des patients (De Fraja [2000]). Les tarifs optimaux
sont alors différenciés selon la sévérité, ce qui peut être en contradiction
avec l’objectif d’un régulateur qui accorderait plus d’importance aux patients
caractérisés par une sévérité élevée. L’ensemble des questions posées par
l’antisélection est considéré dans une première sous-section. En second lieu,
lorsque le mécanisme discriminatoire optimal ne peut être mis en œuvre, ce
qui est le cas dans la pratique des tarifications prospectives, il peut être de
l’intérêt des offreurs de soins de sélectionner les patients les plus coûteux.
La seconde sous-section analyse le recours à des tarifs à deux composantes
pour résoudre cette difficulté complexe impliquant un arbitrage entre effica-
cité, extraction de la rente et dissuasion de la sélection. En troisième lieu,
l’hétérogénéité des patients peut impliquer des traitements différents pour
une même pathologie, ce qui pose le problème de la différenciation des
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GHM selon les traitements et selon la sévérité. Ces questions sont abordées
dans une troisième sous-section. Enfin les offreurs de soins peuvent avoir
un objectif plus complexe faisant intervenir l’intérêt des patients, qui dépend
lui-même de la sévérité non observable. De nouvelles questions se posent
concernant les mécanismes de paiement en fonction du degré d’altruisme
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11. Pour rendre cette section cohérente avec le reste de l’article, les notations ont été
changées par rapport à celles de De Fraja. La relation inverse entre µ et la sévérité h découle
de la définition donnée par De Fraja qui précise que µ peut représenter l’espérance de vie,
celle-ci étant plus élevée lorsque la sévérité de la maladie est plus faible.
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optimale des patients peut prendre plusieurs formes. Il peut avoir deux
composantes, l’une identique pour tous les hôpitaux et égale au coût total
de l’hôpital le moins efficace compte tenu de tous les patients traités, l’autre
variable avec la productivité et équivalente à un paiement additionnel pour
tout patient traité en plus du nombre de patients traités dans l’hôpital le
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de fourniture des soins est plus élevé mais le paiement total est en moyenne
réduit en raison de la baisse de la rente12.
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tif social et les contraintes d’incitation a une intensité qui dépend du degré
d’altruisme. Mougeot et Naegelen [2010] ont analysé les cas extrêmes d’un
offreur à but lucratif et d’un offreur parfaitement altruiste14. Dans les deux
cas, ils mettent en évidence des situations dans lesquelles le contrat optimal
doit être identique – c’est-à-dire prévoir un prix et un niveau de qualité
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12. A partir des données de Medicare, Chalkley et Malcomson [2002] montrent que les
économies résultant du passage d’une tarification forfaitaire à des menus de contrats discri-
minatoires de partage des coûts varieraient de 7 % à plus de 60 % selon les DRG (équivalents
américains des GHM).
13. Cf. en ce sens Choné et Ma [2011], Galizzi et Miraldo [2011]. En revanche, Chalkley et
Malcomson [2002] supposent que le coût croît avec h plus vite que le bénéfice social.
14. Cette analyse s’appuie sur le concept de « non responsiveness » (Guesnerie et Laffont
[1984]).
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offreurs. Cette concurrence pour le marché existe, sous de nombreuses for-
mes, dans plusieurs pays16. Elle consiste à instaurer des appels d’offres pour
attribuer le droit de servir la demande. Dans le cas du secteur de la santé, on
peut concevoir que l’achat de soins puisse prendre cette forme17.
Plusieurs conditions doivent être réunies pour que ces mécanismes de
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C’est l’incapacité du régulateur à mettre en œuvre le contrat optimal de
partage des coûts qui justifie l’existence de ces paiements spécifiques pour
les patients exceptionnellement coûteux. Les régulateurs ne disposent en
général que de deux instruments : un prix fixe p pour les patients à coût
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faible et une règle de partage du coût a pour les outliers quand C > Ĉ. Ils
doivent aussi définir le seuil Ĉ. Trois cas doivent être envisagés selon l’infor-
mation de l’hôpital.
18. Cf. Dormont et Milcent [2004] qui montrent que les caractéristiques des patients repré-
sentent 50 % de la variance des coûts observés.
19. Voir aussi la critique de Sharma [1997].
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rente n’intervienne pas : Ĉ et a ne dépendent pas de k et ne servent qu’à
résoudre un arbitrage entre efficacité productive et dissuasion de la sélec-
tion.
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Lorsque l’hôpital ne peut pas observer la sévérité des patients, les paie-
ments additionnels pour les cas graves peuvent être utilisés pour limiter le
risque financier du producteur. Cette question a été analysée par Ellis et
McGuire [1998] et Keeler, Carter et Trude [1988] sans que l’aléa moral soit
considéré. Mougeot et Naegelen [2008] ont montré que le contrat linéaire
avec partage des coûts pour les outliers n’est pas l’instrument approprié
quand l’hôpital ne peut observer la sévérité avant de choisir e. Si h appar-
tient à un domaine fini et si l’hôpital maximise une fonction d’utilité avec
aversion à l’égard du risque constante (CARA), la politique optimale consiste
à fixer ex ante un tarif égal au coût moyen du traitement calculé au niveau
de l’efficacité productive auquel on ajoute la compensation de la désutilité
de l’effort optimal. Ce tarif est associé à une pénalité infinie pour toute
réalisation du coût associé à l’effort de premier rang hors du domaine des
possibles. Cette pénalité suffit à inciter à l’effort optimal. Comme l’hôpital ne
connaît pas le degré de sévérité lorsqu’il choisit son effort, il y a toujours
une possibilité pour que le coût ex post soit hors de l’intervalle s’il ne fournit
pas l’effort optimal et qu’il traite un patient à sévérité élevée. Pour éviter la
pénalité, choisir l’effort de premier rang est la meilleure stratégie de l’hôpi-
tal20 quand il est risquophobe. Ce paiement équivaut à une assurance com-
plète de l’hôpital contre le risque d’accueillir un patient à coût élevé21. En
conséquence, aucun paiement spécifique pour les outliers ne se justifie.
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compte tenu de son état de santé. Pour éviter cette manipulation, Sapping-
ton et Lewis mettent en évidence les conditions dans lesquelles le filtrage de
la clientèle doit être découragé ou au contraire toléré quand les paiements
sont linéaires par rapport au coût réalisé. La politique optimale consiste en
une combinaison unique de partage a du coût réalisé et de paiement forfai-
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tement. Il est croissant avec la sévérité moyenne et donc avec la proportion
de traitements chirurgicaux.
Lorsque la sévérité moyenne n’est pas observée, une rente information-
nelle décroissante avec la sévérité moyenne doit être laissée, ce qui impli-
que une inefficacité. Le contrat optimal définit un prix fixe (plus élevé qu’en
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22. Cf. version 11 de la classification, qui comporte 2 291 groupes homogènes de séjour.
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tarifs différenciés, il y aura une incitation à la fourniture excessive du traite-
ment intensif. Le choix du régulateur entre ces deux stratégies qui induisent
une fourniture insuffisante ou excessive du traitement dépend de la distri-
bution de h et de la forme des fonctions de coût et de bénéfice des traite-
ments. Comme dans les situations analysées plus haut, le régulateur doit
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23. Outre les articles déjà cités, cf. Siciliani [2007], Makris et Siciliani [2012], Choné et Ma
[2011].
24. Sloan [2000] et Capps, Carlton et David [2010] montrent, à cet égard, que les offreurs
de soins du secteur à but lucratif (for profit) se comportent de manière équivalente à ceux du
secteur à but non lucratif (not for profit).
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d’altruisme #. L’incitation à surévaluer la sévérité domine quand # est faible
alors que l’incitation à sous-évaluer domine quand # est élevé. Pour des
valeurs intermédiaires du degré d’altruisme, l’incitation dominante va
dépendre du degré d’altruisme et de la pente de V ! h " et peut changer de
sens avec la sévérité. Le régulateur doit donc mettre en place des incitations
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25. L’analyse de ce type de mécanisme est due à Lewis et Sappington [1989] et Maggi et
Rodriguez-Clare [1995] dans le cas d’une contrainte de participation dépendant de l’informa-
tion privée. Mougeot et Naegelen [2011] appliquent cette méthodologie à la régulation
d’agents altruistes.
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les offreurs faiblement altruistes ! # < #1 " produiront qL < q̃, les offreurs for-
tement altruistes ! # > #2 " produiront qH > q̃ et q̃ sera produit dans le cas
intermédiaire ! #1 < # < #2 ". Cependant, une augmentation du prix fixe a
deux effets. D’une part, elle incite les offreurs faiblement ou fortement
altruistes à accroitre la qualité des soins, l’effet de l’augmentation du prix
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plus altruistes (qui sont les moins coûteux) et les payer plus pour qu’ils
révèlent leur altruisme. Ce mécanisme suppose cependant que les autres
sources d’asymétrie d’information ne sont pas prises en compte. Un modèle
plus général devrait considérer une approche multidimensionnelle prenant
en considération à la fois l’information imparfaite sur l’altruisme et sur le
coût des traitements27.
Bien que l’altruisme des fournisseurs de soins soit un élément essentiel
pour comprendre la manière dont ils répondent aux incitations et pour
concevoir les mécanismes de financement, il reste, en raison de son inob-
servabilité, exclu explicitement de la réflexion sur les politiques de régula-
tion, même si implicitement certaines de ces politiques le présupposent.
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5. Conclusion
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