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LE NEMRO
REVUE TRIMESTRIELLE DE DROIT ECONOMIQUE Fondateur : Pr. Robert NEMEDEU

Avril-Juin 2020

Dossier spécial : La COVID-19 et le droit

Partie 2
LE NEMRO
Revue Trimestrielle de Droit Economique
Dossier spécial « Covid‐19 et le droit » ‐ Partie 2
Juillet‐septembre 2020

Fondateur : Pr Robert NEMEDEU Pr GBAGUIDI A. Noël, Agrégé des Facultés


Agrégé des Facultés de Droit de Droit, Professeur Titulaire, Université
Diplômé de l’Ecole du Barreau de Paris d’Abomey‐Calavi, Bénin
(EFB),1er Vice ‐ Président honoraire du CTS
Pr JOGBENOU Joseph, Agrégé des Facultés
Sciences juridiques et Politiques du CAMES
de Droit, Université d’Abomey ‐ Calavi,
Université de Yaoundé II – Cameroun
Ancien ministre de la Justice, Président du
Conseil Constitutionnel du Bénin
Rédacteur en chef : Pr Eloie SOUPGUI
Agrégé des Facultés de Droit Pr MINKOA SHE Adolphe, Agrégé des
Université de Yaoundé II – Cameroun Facultés de Droit, Professeur Titulaire,
Recteur de l’Université de Yaoundé II
Rédacteurs en chef‐adjoint :
Pr MODI KOKO Désiré, Agrégé des
Pr Serge Patrick LEVOA AWONA
Facultés de Droit, Doyen de la Faculté des
Agrégé des Facultés de Droit,
Sciences Juridiques et Politiques, Université
Université de Ngaoundéré – Cameroun
de Dschang, Cameroun

Pr GUEDEGBE Samson Igor Bidossessi, Pr NDIOUF Ndiaw, Agrégé des Facultés de

Agrégé des Facultés de Droit, Université Droit, Professeur Titulaire, Doyen

d'Abomey Calavi, Bénin honoraire de la Faculté de Droit, Université


Check Anta DIOP de Dakar, Membre du

Conception : IGCI SARL, Yaoundé Conseil constitutionnel du Sénégal

Pr ONDOUA Alain, Agrégé des Facultés de


Droit, Professeur Titulaire, Ancien
COMITE D’HONNEUR
Directeur du Bureau Afrique Centrale et
Pr BOKALLI Victor‐Emmanuel, Agrégé des Grands Lacs, AUF, Doyen de la Faculté des
Facultés de Droit, Professeur Titulaire, Sciences Juridiques et Politiques, université
Doyen honoraire de la Faculté des Sciences de Yaoundé II
Juridiques et Politiques, Université de
Yaoundé II
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Pr RONTCHESKY Nicolas, Agrégé des COMITE SCIENTIFIQUE :


Facultés de Droit, Professeur Titulaire,
Pr ABA’A OYONO Jean ‐ Calvin, Maitre de
Université de Strasbourg, France
conférences, Université de Yaoundé II,
Pr SAWADOGO Michel Filiga, Agrégé des Cameroun
Facultés de Droit, Professeur Titulaire,
Pr AGBENOTO Koffi Mawunyo, Agrégé
Université OUAGA II, ancien Ministre de
des Facultés de Droit, Université de Kara,
l’Enseignement supérieur, de la recherche
Togo
scientifique et de l’innovation, Burkina
Faso, Commissaire à l’UEMOA Pr CAMARA Bakary, Agrégé des Facultés
de Droit, Doyen de la Faculté de Droit,
Pr SOSSA Dorothé Cossi, Agrégé des
Université de Bamako, Mali
Facultés de Droit, Professeur Titulaire,
Université d’Abomey‐Calavi, Bénin, ancien Pr. DASCHACO John TAMBUTOH,
Secrétaire Permanent de l’OHADA Professor, University of Yaoundé II,
Cameroun
Pr STORCK Jean‐Patrice, Agrégé des
Facultés de Droit, Professeur Titulaire, Pr DECKON KUASSI François, Agrégé des
Université de Strasbourg, France Facultés de Droit, Doyen honoraire de la
Faculté de Droit, Université de Lomé, Togo
Pr STORCK Michel, Professeur Titulaire,
Université de Strasbourg, France Pr FOMETEU Joseph, Professeur Titulaire,
Université de Ngaoundéré, Cameroun
Pr TSAFACK NANFOSSO Roger, Agrégé des
Facultés des Sciences Economiques et de Pr FUNWIE TAMASANG Christopher,
gestion, Professeur Titulaire, Recteur de Associate professor, University of Yaoundé

l’Université de Dschang, Cameroun II

Pr GATSI Jean, Agrégé des Facultés de


Droit, Professeur Titulaire, Université de
Douala, Cameroun
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Pr GUIMDO Bernard‐Raymond, Agrégé Pr LOKO‐BALOSSA Elie Joseph, Maître de


des Facultés de Droit, Professeur Titulaire, conférences, Université Marien Ngouabi,
Université de Yaoundé II, Cameroun Brazzaville, Congo

Pr JAMES Jean‐Claude, Agrégé des Pr MBAYE MAYATTA Ndiaye, Agrégé des


Facultés de Droit, Doyen de la Faculté de Facultés de Droit, Directeur Général de
Droit, Université Omar Bongo, Libreville, l’ERSUMA
Gabon
Dr MEBENGA Mathieu, Chargé de cours,
Pr JIOGUE Grégoire, Agrégé des Facultés Université de Yaoundé II, Cameroun
de Droit, Professeur Titulaire, Université de
Pr MEVOUNGOU TSANA Roger,
Yaoundé II, Cameroun
Professeur Titulaire, Université de Yaoundé
Pr KALIEU ELONGO Yvette Rachel, II, Cameroun
Agrégée des Facultés de Droit, Professeur
Pr MIENDJIEM Léopold, Agrégé des
Titulaire, Université de Dschang,
Facultés de Droit, Université de Dschang,
Cameroun
Cameroun
Pr KOM KAMSU Maurice, Maitre de
Pr MONEYANG NANDJIP Sara, Maître de
Conférences, Université de Maroua
conférences, Université de Douala,
Pr KPODAR ADAMA Ferdinand, Agrégé Cameroun
des Facultés de Droit, Professeur Titulaire,
Pr MOUTHIEU NJANDEU Monique‐Aimée,
Vice‐Président de l’Université de Kara,
Agrégée des Facultés de Droit, Université
Togo
de Yaoundé II, Cameroun
Pr KUATE Sylvain, Maître de conférences,
Pr NGNINTEDEM Jean‐Claude, Maître de
Université de Yaoundé II, Cameroun
conférences, Université de Ngaoundéré,
Pr KOM Jacqueline, Maitre de Cameroun
conférences, université de Yaoundé II,
Cameroun
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Pr NSIE Etienne, Agrégé des Facultés de Dr ETOULA ESSOH Clotilde, Chargée de


Droit, Université Omar Bongo, Libreville, cours, Université de Buea
Gabon Dr GATCHOUP TCHINDA Désiré, Chargée
de cours, Université de Yaoundé II
Pr NTONO TSIMI Germain, Agrégé des
Dr KAGOU KENNA Patrice Hubert, Chargé
Facultés de Droit, Université de Yaoundé II,
de cours, Université de Dschang
Cameroun
Dr WANDJI Alain Douglas, Chargé de
Pr PEKASSA NDAM Gérard, Agrégé des cours, Université de Yaoundé II
Facultés de Droit, Professeur Titulaire, Dr MOUHOUAIN Salifou, Chargé de cours,
Université de Yaoundé II, Cameroun Université de Yaoundé II
Dr NDENGA BADIAN Etienne Armitice,
Pr SUNKAM KAMDEM Achille, Agrégé des
Assistant Université Catholique d’Afrique
Facultés de Droit, Université de Buea,
Centrale
Cameroun
Dr TATSADONG TAFEMPA Jean Marius,
Pr TCHAKOUA Jean‐Marie, Agrégé des Assistant, FSJP‐Université de Yaoundé II
Facultés de Droit, Professeur Titulaire,
RESPONSABLES RUBRIQUES :
Université de Yaoundé II, Cameroun
Dr Chantal AMOUGUI
Pr TIMTCHUEMG Moïse, Agrégé des
Dr Désiré NGATCHOUP TCHINDA
Facultés de Droit, Université de Dschang,
Pr Jean‐Calvin ABA’A OYONO
Cameroun
Pr BOKALLI Victor Emmanuel
Pr ZAMBO ZAMBO Dominique Junior, Pr Eloie SOUPGUI
Agrégé des Facultés de Droit, Pr Gérard PEKASSA NDAM
Université de Yaoundé II, Cameroun Pr Grégoire JIOGUE
Pr Isidor MIENDJIEM
COMITE DE REDACTION :
Pr Jean‐Claude NGNINTEDEM
Dr AMOUGUI Pulchérie Chantal, Chargée Pr Joseph FOMETEU
de cours, Université Catholique d’Afrique Pr Moïse TIMTCHUENG
Centrale, Yaoundé Pr Monique Aimée MONTHIEU
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Pr Robert NEMEDEU
Pr Sara NANDJIP MONEYANG
Pr Serge Patrick LEVOA AWONA
Pr Sylvain KUATE
Pr Yvette KALIEU ELONGO
Me Hyppolite Bertin TIAKOUANG
MELI
Dr KAGOU KENNA Patrice Hubert
Dr MOUHOUAIN Salifou
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CADRE DE PUBLICATION

Tout article soumis pour publication doit être rédigé en format Microsoft Word (2007
minimum) et respecter la police de caractères suivante :

Nom de la police : calibri

Taille des caractères : 12

Interligne : 1,5

Tout article doit être accompagné d’un résumé en français et en anglais, d’une photo 4/4
numérisée de l’auteur, le tout à envoyer à l’adresse suivante : lenemro@lenemro.org

La revue s’engage à publier les résumés des meilleures thèses soutenues dans le domaine du
droit économique. Elle entend contribuer ainsi à la vulgarisation des résultats des activités
scientifiques nombreuses que nous organisons dans nos universités.

L’auteur s’engage en retour à ne pas publier son article dans une autre revue, au moins,
durant la période nécessaire à l’expertise, et définitivement, lorsque son texte est retenu.

Le rédacteur en chef

Pr Eloie SOUPGUI

Agrégé des Facultés de Droit, Université de Yaoundé II


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A LA UNE
I- COVID-19 ET LE DROIT DES MARCHES FINANCIERS
COMMENT COMPRENDRE LA REACTION DES MARCHES FINANCIERS DE LA CEMAC (BVMAC) ET
DE L’UEMOA (BRVM) FACE A LA COVID-19 ?
PR ROBERT NEMEDEU, DR WILLY STEPHANE ZOGO (P2)

II-
COVID-19 ET DROIT DES OBLIGATIONS
L’INJUSTICIABILITE DE L’INEXECUTION DU LIEN CONTRACTUEL DUE A LA
COVID-19
DR. TCHATCHOUANG TCHEJIP (19)
« DE L’OBLIGATION DE RÉPARER LE PRÉJUDICE ÉCONOMIQUE DE LA COVID-19 AU
CAMEROUN »
DR WILLIAMS NYANDA MKAMWA (P31)
LA FORCE OBLIGATOIRE DU CONTRAT À L’ÉPREUVE DU COVID-19
DR SILIENOU HERLINE IDELE (P46)
COVID -19 ET EXECUTION DES CONTRATS EN DROIT OHADA
DR JOSIANE AZANGUE (P60)
CONTRATS EXTRACTIFS ET COVID 19 DANS L’ESPACE OHADA
DR MAGINNOT ABANDA AMANYA, DR ANNE MBOKE ANNE (P75)
LA QUALIFICATION JURIDIQUE DU COVID-19 : FORCE MAJEURE ?
M. HYACINTHE MBENTI ESSIANE (P90)

III-COVID-19 ET DROIT PROCESSUEL


LES PRINCIPES DIRECTEURS DU PROCES CIVIL A L’EPREUVE DES MESURES DE LUTTE CONTRE LA
COVID-19
PR JOSEPH FOMETEU, DR DIANE CARLYNE WAGOUE TONGOUE (P103)

IV- COVID-19 ET L’ECONOMIE


LES METIERS OFFERTS ET DEMANDES AU CAMEROUN EN CONTEXTE DE COVID-19
PR GERARD TCHOUASSI, DR SERGE FRIDOLIN TEMFACK, DR CHRYSLEINE CHANTALE KAMGA KAMGA (P120)

V- COVID-19 ET DROIT COMMERCIAL


LA COVID-19 ET L’OBLIGATION SANITAIRE DU COMMERÇANT
DR CLOTILDE ETOULA ESSOH (134)

VI- COVID-19 ET DROIT DU TRAVAIL


COVID-19 ET RECOURS AU TELETRAVAIL
DR ALAIN-DOUGLAS WANDJI KAMGA (P150)
LE DROIT DU TRAVAIL CAMEROUNAIS A L’EPREUVE DU COVID-19
DR CYRILLE MONKAM, DR JEAN-MARIE TAMNOU DJIPEU (P168)
LE POUVOIR DE DIRECTION DE L’EMPLOYEUR EN TEMPS DE COVID-19
DR COLLINS NKOUCHIPO PACHA, M. JOSEPH THIERRY TCHOUPE KOUMENI (P186)

VII- COVID-19 ET SECURITE SOCIALE


SECURITE SOCIALE ET COVID-19 AU CAMEROUN
MME SANDRINE OUATEDEM SONFACK (P200)

VIII- COVID-19 ET DROIT COMMUNAUTAIRE


COVID 19 ET DISPOSITIONS ÉCONOMIQUES DES TRAITÉS DE LA COMMUNAUTÉ
ÉCONOMIQUE ET MONÉTAIRE DE L’AFRIQUE CENTRALE
PR LEOPOLD NYABEYEU TCHOUKEU (P215)
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IX- COVID-19 ET DROIT DES ASSURANCES


LA COVID-19 ET LE RISQUE NON ASSURABLE
ME ROSTAND GERVAIS TSOMEVOU (P237)

X- COVID-19 ET DROIT PENAL


LA REPRESSION DES INFRACTIONS AUX MESURES DE RIPOSTE CONTRE LA COVID-19 EN
DROIT CAMEROUNAIS.
DR VALDES FODONG SONFACK VALDES, M. DHUAMEL TIETSIA TATIEKAM (P252)
LE RISQUE PENAL DU CHEF D’ENTREPRISE AU TEMPS DU COVID-19
DR MARTIN BERTRAND NKOA KONO (P266)
LE PROCES PENAL A L’EPREUVE DU COVID-19 : REFLEXION SUR LA STRATEGIE DE RIPOSTE
CAMEROUNAISE
M. DARIUS KÉVIN FOTSO DJOMKAM (P277)

XI- COVID-19 ET DROIT DE LA PROPRIETE INTELLECTUELLE


COVID- 19 AND TRADITIONAL PHARMACOPOEIA: AN ANALYSIS OF THE PATENTABILITY OF
TRADITIONAL MEDICAL INNOVATIONS UNDER THE CONVENTIONAL PATENT SYSTEM.
DR AKAMA SAMUEL PENDA (P291)

XII- COVID-19 ET DROIT ADMINISTRATIF


LA LEGALITE DE LA LUTTE CONTRE LA CORONA VIRUS 19 (COVID-19) AU CAMEROUN
DR JEAN-FRANÇOIS BISSI (P309)

LA DECISION ADMINISTRATIVE A L’EPREUVE DE LA COVID-19 : L’EXPERIENCE


CAMEROUNAISE
M. EBENEZER DAVID NGAHNA MANGMADI (P326)

XIII- COVID-19 ET LA SCIENCE POLITIQUE


L’AFRIQUE ET LA LUTTE MONDIALE CONTRE LA COVID-19 : PREMIERES LEÇONS DE
POLITIQUE INTERNATIONALE
PR MOLUH YACOUBA (P339)
THE COVID-19 PANDEMIC AND PUBLIC POLICY IN CAMEROON: CHALLENGES TO THE STATE
AND POLICIES FOR CURBING FUTURE PANDEMICS
DR DINSI STANLEY CHUNG (P359)

XIV- COVID-19 ET LES LIBERTES PUBLIQUES


LA COVID 19 ET LES DROITS FONDAMENTAUX DANS LE MONDE, EN AFRIQUE ET AU
CAMEROUN EN PARTICULIER : ENTRE MIMETISME ET ATERMOIEMENTS
DR ACHILLE MAGLOIRE NGAH (P383)
LE CORONAVIRUS ET LES NOUVEAUX PARADIGMES
M. DALI ABDOUL TRAORE (P398)
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II- COVID-19 ET DROIT DES


OBLIGATIONS
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during the execution of the contract and that le contrat dans le contexte des autres accords
would make it impossible or excessively expensive pertinents de l’entreprise afin de déterminer les
to execute the contract: force majeure and droits et obligations de chacun. Les contrats
unforseeable events peuvent notamment imposer les délais de
notification que les parties devront respecter. Les
Tous les pays du monde sont lourdement
accords commerciaux peuvent aussi prévoir une 61
impactés par l’épidémie du COVID‐19. L’ampleur
série de conséquences y compris l’allègement des
de la crise est historique dans le monde, ce qui
obligations devant être exécutées et/ou des couts
pourrait plonger le pays en récession1. Face à la
pour la partie affectée, l’aménagement de la
pandémie de COVID‐19, les pays africains prennent
responsabilité civile contractuelle et la résiliation4.
non seulement des mesures de confinement, mais
déploient aussi un arsenal de mesures budgétaires Le monde vit actuellement dans une
et monétaires d’urgence, avec bon nombre de profonde incertitude scientifique, sanitaire et
banques centrales prenant des décisions économique. Face à cette « guerre » menée contre
importantes, en abaissant notamment le taux la Covid‐19, une même arme est à la disposition de
d’intérêt ou en injectant à un niveau inédit des tous les pays frappés par cette pandémie : le droit.
liquidités dans l’économie2. L’impact du virus sur D’après les scientifiques, la Covid‐19 est un virus
une entreprise et dans le cadre d’une relation appartenant à la famille des coronavirus, le
contractuelle donnée dépendra du cas d’espèce3. Il réservoir du virus étant probablement animal, c’est
est conseillé aux cocontractants qui notifient un virus détecté chez une chauve‐souris, mais
l’existence d’un cas de force majeure, d’interpréter l’animal à l’origine de la transmission chez
l’homme n’a pas encore été identifié avec
certitude, bien que les travaux scientifiques
1
L’urgence de santé publique de portée
internationale est définie comme un « événement suggèrent que le pangolin pourrait être impliqué
extraordinaire » qui « constitue un risque pour la comme hôte intermédiaire entre la chauve‐souris
santé publique dans d’autres États en raison du
et l’homme. Toujours est‐il que l’étude de ce virus
risque international de propagation des maladies
et [qui] peut requérir une action internationale
coordonnée » (OMS, Règlement sanitaire
international, 2005, art. 1 er) 4
MODI KOKO BEBEY(H.D), « Les enjeux de
2
AUDIT(E),GHOZI (A) et GRIMALDI(C), « Esquisse l’harmonisation du droit des contrats »,in Actes du
d’un droit commun des contrats à partir des Actes colloque annuel africain du Diplôme universitaire
uniformes »,in Actes de colloque annuel africain du juriste OHADA, le droit OHADA, Bilan et
diplôme interuniversitaire, septembre 2015,p.49/ Perspectives, LPA, septembre 2015, p.40.
MONEBOULOU MINKADA(H.M), « La question de la
3
MEKKI(M.), « De l’urgence à l’imprévu du Covid‐ définition du contrat en droit privé : Essai d’une
19 : Quelles boites à outils contractuels ? AJ théorie institutionnelle », Revue de l’ERSUMA,
Contrat, avril 2020, p. 164. jan.2016, p.89.

COVID ‐19 et exécution des contrats en droit OHADA, Dr Josiane AZANGUE


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révèle la mutation de ses gènes, ce qui poserait Il n’est pas à négliger que cette pandémie
problème aux virologues dans le monde entier5. mondiale a affecté énormément l’économie. La
question fondamentale que l’on peut se poser est
Les parties à des accords commerciaux
celle de savoir quelle est l’impact de cette
touchées par l’épidémie du coronavirus sont
pandémie sur l’exécution des contrats ? S’il affecte
invitées à analyser rapidement les droits et
le contrat dans son exécution quelle solution 62
obligations respectifs, cela implique d’identifier les
palliative peut être mise en œuvre pour y
dispositions clés des contrats concernées
remédier ? Une relation contractuelle peut être
susceptibles d’être affectés par des évènements
impactée par une pandémie au point de remettre
récents, d’identifier les obligations d’information
en cause l’équilibre contractuelle et la bonne
qui peuvent être déclenchées. D’examiner s’il
exécution du contrat. Vu que le Covid‐19 impacte
existe d’autres moyens d’exécuter les obligations
fondamentalement la relation contractuelle(I), il
contractuelles ou si des mesures peuvent d’ores et
existe pour les cocontractants des solutions
déjà être prises pour anticiper les potentielles
palliatives. En présence de la pandémie les parties
conséquences futures de l’épidémie. Pour mieux
peuvent décider de suspendre le contrat dans son
étayer nos développements nous verront
exécution dans certaines conditions ou le
comment le droit OHADA dans ses multiples
renégocier quand son exécution demeure encore
contrats pourrait gérer la pandémie de Covid‐19,
possible(II).
même comme sa nature prise sur le fondement de
force majeure qui exonère de toute responsabilité I ‐ L’IMPACT DU COVID‐19 DANS LES RELATIONS
n’est pas absolue et reste discutable .
6 CONTRACTUELLES
La Covid‐19 a sérieusement impacté tous
les domaines et plus précisément les contrats. Le
souci du législateur étant de maintenir les relations
5
NEMEDEU(R.), « Le Covid‐19 et le droit », contractuelles pourra suspendre l’exécution des
chronique, LE NEMRO (Revue Trimestrielle de Droit
obligations dans la limite du raisonnable(A). Mais
Economique), janv‐mars 2020, p.3.
lorsque l’économie ou l’utilité du contrat sera
6
Ainsi, si l’impossibilité d’exécuter l’obligation
inexistante ou inopportune il pourra tout
contractuelle n’est que temporaire, l’exécution de
l’obligation en question sera uniquement simplement le résilier(B).
suspendue, sans que cela engage la responsabilité
du débiteur. En d’autres termes, les obligations qui A ‐ LA SUSPENSION DES OBLIGATIONS
ne peuvent être exécutées seront reportées et DANS LA LIMITE DU RAISONNABLE
devront être réalisées dès que la situation le
La suspension des obligations
permettra (par exemple lorsque le pic de l’épidémie
sera passé et que l’interdiction de circuler ou contractuelles est possible en cas d’empêchement
d’ouvrir certains établissements non essentiels sera partiel ou temporaire. Elle doit se faire dans la
levée). L’effet suspensif sera néanmoins écarté
limite du raisonnable en exigeant que si le contrat
lorsque le retard justifiera la résolution du contrat.

COVID ‐19 et exécution des contrats en droit OHADA, Dr Josiane AZANGUE


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a été conclu avant l’apparition ou l’expansion de la des obligations entraine report des délais dans
pandémie, la durée de la prolongation des délais l’urgence en cas de survenance de pandémie9.
sera égale au nombre de jours compris entre le
Si la Covid‐19 est appréhendé sous le
début de la pandémie et la date à laquelle
prisme de la force majeure cela permet de
l’obligation devait être exécutée7. Si par contre le
suspendre l’exécution des obligations
contrat a été conclu postérieurement à la 63
contractuelles lorsque l’empêchement est
pandémie, la durée de prorogation sera égale au
temporaire10. L’article 1218 al 2 du Code civil
nombre de jours compris entre la date de
français précise que« si l’empêchement est
conclusion du contrat et la date à laquelle
temporaire, l’exécution de l’obligation est
l’obligation devait être exécutée.
suspendue à moins que le retard qui en résulterait
En France, l’Ordonnance n°2020‐306 du ne justifie la résolution du contrat... » . Ainsi, si
25 mars 2020, l’une des Ordonnances relatives à l’impossibilité d’exécuter l’obligation contractuelle
l’état d’urgence sanitaire décrété à raison de n’est que temporaire, l’exécution de l’obligation en
l’épidémie du COVID‐19 suspend les effets de question sera uniquement suspendue, sans que
certaines clauses contractuelles et prolonge ceux cela engage la responsabilité du débiteur. En
de certaines clauses de résiliation. Il s’agit des d’autres termes, les obligations qui ne peuvent
clauses stipulant une astreinte, les clauses pénales, être exécutées seront reportées et devront être
les clauses résolutoires et les clauses prévoyant
une déchéance lorsqu’elles ont pour objet de 9
THIBIERGE (L.), le contrat face à l’imprévu, Thèse,
sanctionner l’inexécution d’une obligation dans un Université de panthéon Sorbonne,2009,p.156.

délai déterminé8. L’idée de cette règle est 10


La force majeure n’est pas définie par le code civil
exceptionnelle, il s’agit de suspendre, pendant une camerounais, raison pour laquelle il fallait
se référer à la doctrine et à la jurisprudence pour la
période les effets de clauses visant à sanctionner
définir. P. VAN OMMESLAGHE la définit comme il
d’une manière ou d’une autre d’une obligation, qui suit: « (..un événement à caractère insurmontable,
n’a pu l’exécuter dans le délai stipulé au contrat. et selon certains imprévisible, indépendant de
toute faute du débiteur, qui empêche ce dernier
On constate donc que la suspension de l’exécution
d’exécuter ses obligations ou de se conformer aux
normes exclusives de faute, tout en restant dans
les limites de la diligence que l’on peut attendre de
7
MBA OWONO (Ch.), La suspension des obligations lui ». Mais le Code civil français définit désormais la
contractuelles, Thèse, Nancy, 1993, p. 77 et s. force majeure en son article 1218 : « il] y a force
majeure en matière contractuelle lorsqu’un
8
MEKKI(M.), « De l’urgence à l’imprévu du Covid‐ événement échappant au contrôle du débiteur, qui
19 : Quelles boites à outils contractuels ? AJ ne pouvait être raisonnablement prévu lors de la
Contrat, avril 2020,p.164. V. Mekki (M.), « conclusion du contrat et dont les effets ne peuvent
Libéralisme et solidarisme : quelle philosophie du être évités par des mesures appropriées, empêche
contrat pour sortir de la crise ? », RDC 2010. 383. l’exécution de son obligation par le débiteur »

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réalisées dès que la situation le permettra. La crise et la fermeture d’établissement, ainsi que les
sanitaire du COVID‐19 et les conséquences qui en frontières. Si l’obligation contractuelle se heurte à
résultent sont susceptibles de constituer un cas de une décision étatique qui en rend l’exécution
force majeure. Cette dernière, selon ses impossible, l’existence d’un cas de force majeure
caractères, doit d’abord être un évènement qui semble pouvoir être caractérisé, à condition
échappe au contrôle du débiteur. L’émergence et toutefois que les autres soient réunies12. 64
la propagation du Covid‐19, qui a été considéré par
Or, depuis le 29 février 2020, l’épidémie
l’OMS comme une urgence de santé publique de
n’est plus imprévisible en France et de ce fait le
portée internationale, puis une pandémie où des
COVID‐19 ne peut plus être considéré comme un
mesures étatiques qui ont suivi pourraient être
cas de force majeure libérant les parties de leurs
considérés comme remplissant cette condition.
obligations contractuelles, à moins que l’épidémie
Ensuite, la Covid‐19 peut être considérée comme
ait été expressément prévue par le contrat et donc
un évènement qui ne pouvait pas être
acceptée par les deux parties.
raisonnablement prévu lors de la conclusion du
contrat. Cette pandémie étant une forme nouvelle En droit OHADA, plus particulièrement
de virus, pour laquelle n’existe à ce jour aucun en droit de la vente commerciale, la suspension de
vaccin, cette condition sera selon toute l’exécution des obligations contractuelles a pour
vraisemblance satisfaite pour tous les contrats but de proroger les délais, on parle de délai
conclus, renouvelés, reconduits avant l’expansion supplémentaire. Cette faculté de sauvegarde du
de la pandémie . 11
contrat vise à gérer davantage les risques
d’inexécution. Pour mettre en échec cette force
La Covid‐19 peut, enfin, être un
majeure en cas de pandémie, il serait judicieux de
évènement empêchant l’exécution d’une
reporter les délais dans la limite du raisonnable. Le
obligation et dont les effets ne peuvent être évités
délai supplémentaire est un délai raisonnable que
par des mesures appropriées. En fonction des
l’acheteur peut par un adoucissement de la rigueur
circonstances, l’apparition du Covid‐19 et les
du terme, accorder au vendeur pour s’exécuter
mesures étatiques qui ont suivi peuvent empêcher
compte tenu de la situation économique et de la
l’exécution d’une obligation contractuelle. Cette
pandémie s’est en effet révélé avoir des
conséquences potentiellement létales et a entrainé
une série de mesures restrictives sans précédent, 12
Article 294 de l’AUDCG ; Fénéon (A.) et Gomez (J.
limitant le déplacement, imposant le confinement R.), « Le droit de la vente commerciale », Cahiers
Juridiques et Fiscaux, n°2, 1998, p. 271 ; Issa
11
Ziadé (R) et Cavicchioli (C),L’impact du Covid‐19 Sayegh (J.), « La vente commerciale en droit
sur les contrats commerciaux »,A.J.Contrats,avril OHADA : apports et emprunts », European Journal
2020,p.175. of Law Reform 2011 (13) 3‐4, p. 344.

COVID ‐19 et exécution des contrats en droit OHADA, Dr Josiane AZANGUE


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position personnelle du vendeur13. Ce délai contractuelle17, car il est des situations où le


supplémentaire14 permet de différer l’exigibilité retard ne peut être imputable au débiteur. Quand
des obligations à une échéance certaine. Il s’agit bien même le retard lui serait imputable, il peut
en conséquence, d’un terme suspensif dont le afficher une volonté de payer sa dette. C’est
débiteur peut être selon les cas le vendeur ou 15
pourquoi, la présomption de bonne foi de ce
l’acheteur16. dernier est capitale dans l’octroi du délai de 65
grâce . Le délai de grâce est ainsi destiné à
18

Toutefois, cette circonstance


accorder une seconde chance au débiteur présumé
n’empêche pas de considérer que le délai peut
être de bonne foi19. C’est ce qu’entrevoit aussi une
être octroyé dans l’intérêt bien compris des deux
espèce de la cour d’appel du Littoral20 où le juge
parties qui ont nécessairement un égal intérêt à
demande au débiteur d’offrir un délai de grâce au
l’exécution du contrat. Le délai supplémentaire
créancier afin que se dernier puisse s’exécuter. Il
constitue pour les parties un droit et non une
permet d’éviter la rupture de la relation
faculté. La jurisprudence décide que le délai de
grâce est un moyen d’humaniser la relation 17
TPI de Bafoussam, Jugement n°10/civ /2012 du 4
mars 2011, Affaire SITCHUENG Innocent
13
CORNU (G.) (dir.), Vocabulaire Juridique, C/BOUBDA, inédit.
Association H.Capitant, PUF, coll. Quadrige, 10éd.,
p.311. Article 283al.2 de l’AUDCG.
18
Article 39 de l’AUPSRVE tout comme l’article
1222 al.2 du Code civ. applicable en France (article
JIOGUE (G.), « la Vente commerciale en Droit
14
83 de la loi française du 9 juillet 1991), n’exige pas
OHADA », in POUGOUE(P.G) (dir.), Encyclopédie du expressément la bonne foi du débiteur, mais il va
droit OHADA, Lamy 2011, p. 2105. de soi que l’examen de sa situation implique une
recherche de son comportement et des raisons
15
Il s’agit de l’article283 alinéa 2 de l’AUDCG« …En pour lesquelles il n’arrive pas à s’exécuter. De là
outre, l’acheteur peut convenir avec le vendeur donc, résulterait sa bonne foi ou sa mauvaise foi.
d’un délai supplémentaire pour le remplacement,
aux frais exclusifs du vendeur, des marchandises 19
CCJA, Arrêt n°001/2004/CC JA du 9mars 2006,
défectueuses par des marchandises conformes. Affaire Société Abidjan Catering S.A C/ MOUSSA ;
L’acheteur ne peut avant le terme de ce nouveau Avis n°002/99/EP séance du 13 octobre 1999. Voir
délai, invoquer l’inexécution des obligations du également C.A de douala, 17 décembre 1993,
vendeur et si le vendeur exécute ses obligations Affaire pharmacie du rail et société SADE C/
dans ce délai, l’acheteur ne peut prétendre à des Société laboratoires LAPROVET, in lexlata n°13, p5
dommages‐intérêts. » et s, commentaires NGUIHE KANTE(P.). Le délai de
grâce est un délai supplémentaire raisonnable que
16
Il s’agit de l’article 286 de l’AUDCG « Si le le juge peut par adoucissement de la rigueur du
vendeur accorde un délai supplémentaire pour le terme, accorder au débiteur pour s’exécuter,
paiement du prix, il ne peut avant le terme de ce compte tenu de la situation économique et de la
nouveau délai, invoquer l’inexécution des position personnelle du débiteur.
obligations de l’acheteur. Si l’acheteur exécute ses
obligations dans ce délai, le vendeur ne peut 20
C.A du Littoral, arrêt n°036/CC du 16 mars 2012,
prétendre à des dommages‐intérêts ». Affaire JABEA Narcisse C/BILLE SAME, inédit.

COVID ‐19 et exécution des contrats en droit OHADA, Dr Josiane AZANGUE


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Dossier spécial « Covid‐19 et le droit » ‐ Partie 2
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contractuelle pour inexécution21. Le délai de grâce Mais si malgré ce report de délai


peut être accordé à tout débiteur impécunieux qui l’exécution du contrat s’avère toujours être
présente les garanties de paiement dans un délai impossible, il serait préférable de rompre
raisonnable22. Ce qui n’est pas le cas lorsque le l’engagement contractuelle.
débiteur prétend faire face à d’énormes difficultés
B ‐ LA RESOLUTION DU CONTRAT EN CAS
financières. C’est en tout cas ce que décide la cour 66
D’EMPECHEMENT DEFINITIF
d’appel de Libreville, alors que le débiteur
Lorsque les parties au contrat n’ont pas pu
soutenait être incapable à faire face
surmonter la force majeure du à la pandémie de
immédiatement à son passif, ladite juridiction a
Covid‐19, elles se trouvent dans l’obligation de
rappelé que « le délai de grâce n’est accordé qu’au
rompre le contrat25. Il serait inadmissible de faire
débiteur de bonne foi et qui fait des offres
un report de délais indéfiniment si, à terme, les
conséquentes de paiement »23. C’est dire que le
parties ne peuvent s’exécuter car la Covid‐19 étant
délai de grâce ne saurait être accordé au mépris
une pandémie qui exige un confinement pouvant
des intérêts du créancier. L’article 39 al.2 de
empêcher aux parties de remplir l’obligation à elles
l’AUPSRVE demande au juge de prendre en
assignées lors de la conclusion du contrat. Mais
considération la situation du débiteur et la réponse
cette rupture doit respecter certaines modalités.
peut être subordonnée à l’accomplissement par le
Le préavis est un délai d’attente légal ou d’usage,
débiteur, d’actes propres à faciliter ou à garantir le
dit délai de prévenance, qui doit être observé
paiement de la dette24.
entre le moment où une personne est informée
d’une mesure qui la concerne et la date à laquelle
21
MBA OWONO (Ch.), La suspension des cette mesure s’appliquera effectivement. Afin de
obligations contractuelles, Thèse, Nancy, 1993, p. permettre au cocontractant d’envisager le plus
77 et s.
sereinement possible l’après contrat, la rupture est
22
EKANI(S.C),, « Les conditions d’octroi des delais subordonnée au respect du délai d’un préavis26.
de grace en droit OHADA »,Recueil LGA,juillet
2018.
25
C’est ce qu’énonce l’article 281 alinéa 2 de
23
CA de Libreville, Arrêt du 11 février 2005, n° l’AUDCG en ces termes « …la gravité du
100/04/05, Aff. LeMango’s c/ Prix Import.
24
Article 39 alinéa 3 de l’AUPSRVE, les juges du comportement d’une partie au contrat de vente
commerciale peut justifier que l’autre partie y
fond disposent en la matière d’un pouvoir
mette fin de façon unilatérale à ses risques et périls.
souverain pour apprécier l’opportunité des délais
La gravité du motif de rupture est appréciée par le
de grâce (Cass. civ. 2e, 10 juin 1970, J.C.P., 1970, IV,
juge compétent à la demande de la partie la plus
204, Bull. civ., II, n° 201, p.153).C.A de Bobo‐ diligente ».
Dioulasso, Arrêt n°52du 19Dec. 2005,Affaire
Ouedraogo Salam Gaoua C/la Caisse Générale de 26
DELEBECQUE (Ph.), « Le droit de rupture
Péréquation, Ohadata j‐10‐109 ;C.A d’ABIDJAN, unilatérale du contrat : genèse et nature », Droit et
arrêt du 16Fev..2007, Affaire Société SOGEPIE C/ Patrimoine, 2004, n° 126. V. aussi, AYNES(L), « Le
Kouakou Konan Germain ohadata‐J‐09‐187. droit de rompre unilatéralement : fondement et

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Etant donné que la fin d’une pandémie du Covid‐ mutuellement accepté que le délai du congé soit
19 est incertaine, il est préférable pour les parties d’un mois ; que depuis 1999, date de
de mettre fin à leur lien contractuel. La résiliation l’établissement du contrat, la disposition n’a pas
amiable est avant tout l’expression de la liberté été dénoncée ;qu’aux termes de l’article 1134 du
des parties. Celle‐ci suppose que personne ne Code civil, les conventions légalement faites
puisse être maintenu dans une relation qui ne lui tiennent lieu de loi à ceux qui les ont faites ; que 67
convienne plus. Aussi, les parties peuvent‐elles, à pour toutes ces raisons, il y a lieu de valider le
tout moment, demander la résiliation du bail en se congé et de confirmer la décision attaquée sur ce
conformant cependant aux exigences strictes de la point »29. Ce raisonnement est étonnant, car les
loi, notamment l’obligation de donner à l’autre, un juges se sont comportés à l’occasion comme si le
congé dans les formes prescrites. C’est pourquoi, bail commercial ne bénéficiait pas d’une
dans le cadre du bail à durée indéterminée, celui règlementation particulière30.
qui entend mettre fin au contrat doit donner congé
En France, l’article 5 de l’Ordonnance du
à l’autre par signification d’huissier ou notification
25 mars 2020 dispose que lorsqu’une convention
par tout moyen permettant d’établir la réception
ne peut être résiliée que durant une période
effective par le destinataire au moins six mois à
déterminée ou qu’elle est renouvelée en l’absence
l’avance27.
de dénonciation dans un délai déterminé , cette
En effet, même si certaines juridictions de période ou ce délai sont prolongées s’ils expirent
fond ont eu à décider que les parties au contrat de durant la période définie au delà de deux mois
bail peuvent ne pas observer les formes et les après la fin de cette période. Ce qui veut dire que
délais du congé prescrits par l’AUDCG , ces 28

décisions sont contraires à la loi. C’est notamment 29


CA de Niamey, arrêt n° 54 du 4 juin 2003, Aff.
le cas dans un arrêt rendu par la Cour d’appel de Seybou BOUKARY c/ El
HadjiHarounaMALLAM,Ohadata J‐03‐264.Voir dans
Niamey, où les juges décidaient curieusement en
le meme sens CA de Niamey, arrêt n° 57, référé du
ces termes : « attendu qu’il est évident qu’en 04 juin 2003, SBC c/ EHM, le Juris OHADA n°
l’espèce, les deux parties ont volontairement et 4/2004, oct.‐déc. 2004, p. 64, note BROU
KOUAKOU (M.), Ohadata J‐05‐185 ; TPI de
Cotonou, jugement n° 011/1 ere C. Com. du 19 mai
perspectives », Droit et Patrimoine, Lamy, 2004, 2003, Établissement CEDIS c/ Héritiers AHO
p.56. Philippe, Ohadata J‐04‐287. 274 Sous l’application
de l’ancien AUDCG, la jurisprudence était ferme en
V. CCJA 1ere chbre,31 mai 2018,n°117/2018 ; C.A
27
ce sens..
de commerce d’Abidjan,1ere Chbre, arrêt
n°135/2019 in Actualités du droit bancaire et NJEUFACK TEMGWA (R.), ‐ « Les contrats
30

garanties du credit, Recueil LGA ,n°21,juillet 2019. partiellement réglementés en droit OHADA », in le
droit OHADA, Bilan et perspectives, Petites
28
Article 93 de l’AUDCG. Affiches, n°192,25 septembre 2015, p.44.

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le non respect du délai de préavis même en formation du contrat, rend son exécution
période de pandémie est sanctionné31. excessivement onéreuse pour l’une des parties.
L’imprévision ne concerne que les contrats conclus
Etant donné que la rupture du contrat est
ou renouvelés avant la survenance de la
lourde de conséquences, il serait plus judicieux
pandémie32. En outre, le mécanisme légal de
pour les parties de renégocier les termes du
l’imprévision ne joue que si les parties ne l’ont pas 68
contrat dans le but de réaliser leur objectif
exclu par une stipulation contractuelle expresse . 33

premier.
Le changement de circonstances de l’imprévision
s’apprécie de la même manière que
l’imprévisibilité de la force majeure. La différence
II ‐ LA RENEGOCIATION DE BONNE FOI DES est que la force majeure rend l’exécution de
TERMES DU CONTRAT
l’obligation impossible, tandis que, dans
La renégociation des termes du contrat
l’imprévision, le changement de circonstances
permet de pallier à une éventuelle rupture du
imprévisible rend l’exécution de l’obligation
contrat causé par la pandémie du Covid‐19. Ainsi,
excessivement onéreuse, mais son exécution
lorsque l’exécution est possible mais qu’elle
demeure possible.
devient excessivement onéreuse pour l’une des
parties et/ou si l’obligation a pour objet le Le législateur OHADA n’est pas resté
paiement d’une somme d’argent, l’imprévision indifférent à l’évolution et au mouvement
sous certaines conditions peut être invoquée(A). généralisé en faveur de l’admission de la théorie
En outre, même si le confinement ne permet pas à de l’imprévision34. De ce traitement, il ressort que,
une parties de s’exécuter il serait plus avantageux d’une part, de lege lata, la théorie de l’imprévision
pour elle d’opter pour une minimisation du est immergée, implicite et dissimulée dans certains
dommage(B). standards juridiques, mécanismes et pouvoirs des
acteurs du contrat reconnus en droit OHADA.
A ‐ LA THEORIE DE L’IMPREVISION :
L’ANTICIPATION DES CIRCONSTANCES
NOUVELLES ADAMOU(M.), « La révision judiciaire du contrat
32

La renégociation du contrat se fait à consécutive à une clause d’imprévision », Revue


béninoise des sciences juridiques et
travers la théorie de l’imprévision, qui permet de
administratives, 2015,p.5.
négocier le contrat lorsqu’un changement de
33
FONTAINE(M.), « Le rayonnement international
circonstances, imprévisible au moment de la
du droit français des contrats : Le cas particulier de
l’OHADA », D.2016,p.208.
31
MEKKI(M.), De l’urgence à l’imprévu du Covid‐
19 : Quelle boite à outils contractuels ? in Covid‐19 34
FOKO(A), « Libres propos sur les « standards
et contrat, Actualité Juridique Contrat,avril 2020, juridiques », Cahiers Juridiques et Politiques
p.170. 2015,p.142.

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L’intérêt porté sur ce sujet se trouve, davantage, profondément déséquilibré37.L’imprévision selon la


renouvelé à l’observation doctrine, c’est la survenance de circonstances
de la dernière réforme du droit commun français nouvelles indépendantes de la volonté des parties
des contrats35. au jour de la conclusion du contrat et qui rendent
son exécution beaucoup plus difficile ou onéreuse,
L’une des innovations phares
sans pour autant qu’elle soit impossible. Ces 69
de l’ordonnance n°2016‐131 du 10 février 2016
circonstances troublent significativement
portant réforme du droit des contrats, du
l’économie du contrat au point de créer un
régime général et de la preuve des obligations est
déséquilibre structurel défavorable à l’une des
l’admission de l’imprévision en droit privé
parties38. L’usage explicite des notions ‐ cadres
français36.
comme la « bonne foi » et le « bon père de famille
L’épidémie du Covid‐19 affectant » ne saurait laisser tout interprète et analyste du
profondément l’économie impose aux parties de droit OHADA indifférent. Ces notions pourraient
renégocier le contrat, car étant donné l’obligation servir de fondement à la réception de la théorie de
devenue très onéreuse pour l’une des parties vue l’imprévision en droit OHADA39.

la récession économique actuelle, consacre


En outre, la notion de « cause »
l’obligation de renégocier un contrat
implicitement évoquée dans le droit OHADA de la
vente commerciale40 pourrait aussi servir de

35
Pour une étude globale de cette réforme, v. 37
NGOUMTSA ANOU(T), « L’obligation de bonne
notamment, Mazeaud (D.), « Réforme, vous avez foi en droit OHADA :analyse à partir de la vente
dit réforme ? »,JCP G, n°9‐10, 29 février 2016, 243 ; commerciale »,in l’Obligation, Mélanges P.G
« Présentation de la réforme du droit des contrats Pougoue,L’Harmattan Cameroun,2015,p.615.
», Gaz. Pal., 23 février2016, n°8, p. 15 ; Barbier (H.),
« Les grands mouvements du droit commun des 38
AKONO ADAM(R.), « Réflexions sur la théorie de
contrats après l’ordonnance du10 février 2016 », l’imprévision en droit OHADA des contrats »,Les
RTD civ. 2016. 247 ; Dondero (B.), « La réforme du Horizons, octobre 2019,p.3.
droit des contrats – Ordonnance n°2016‐131 du 10
février 2016 », JCP E n°19, 12 mai 2016, 1283 ;
39
L’exigence de bonne foi est posée de manière
Bénabent (A.) et Aynès (L.), « Réforme du droit générale à l’article 237 de l’AUDCG révisé en ces
descontrats et des obligations : aperçu général », termes« (…) Les parties sont tenues de se
D. 2016. 434 ; Mekki (M.), « L’ordonnance n°2016‐ conformer aux exigences de la bonne foi. Elles ne
131 du 10février 2016 portant réforme du droit peuvent exclure cette obligation, ni en limiter la
des contrats, du régime général et de la preuve des portée ».
obligations. Le voletdroit des contrats : l’art de 40
Foko (A.), « Libres propos sur les « standards »
refaire sans défaire », D. 2016. 494 ;
juridiques », Cahiers Juridiques et Politiques
36
Article 1195 du code civil français. (Revue de laFaculté des Sciences Juridiques et
Politiques de l’Université de Ngaoundéré‐

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ressort à partir duquel le juge pourrait se que les attraits attachés à la bonne foi
substituer à la volonté des parties. La CCJA dans n’ont pas décidément laissé le juge suprême de
une espèce où il était plus question de l’octroi d’un l’espace OHADA insensible.
délai de grâce au débiteur en situation financière
En outre l’expansion de la pandémie de
difficile pour honorer à ses engagements41, la
Covid‐19 fragilise la force obligatoire du contrat. Ce
haute juridiction communautaire a mobilisé la 70
qui accroit davantage le rôle du juge pour gérer les
bonne foi du débiteur comme condition de l’octroi
cas d’imprévision43. Une analyse du régime des
d’un délai de grâce, ajoutant ainsi une condition
contrats en cours dans l’AUPC44permet de
supplémentaire non expressément énoncée à
constater une fragilisation de la portée de la force
l’alinéa 2 de l’article 39 de
obligatoire du contrat. Les articles 108 et 109 de
l’AUPSRVE. Selon cet article, la juridiction
l’AUPC révisé donnent au syndic la faculté d’exiger
compétente peut, sauf pour les dettes d’aliments
l’exécution des contrats en cours. Le syndic peut
et les dettes cambiaires42, reporter ou échelonner
prendre la décision de ne pas poursuivre le contrat,
le paiement des sommes dues dans la
ou lorsque, après avoir exigé l’exécution d’un
limite d’une année, compte tenu de la situation du
contrat en cours, il lui apparait que ce contrat n’est
débiteur et en considération des besoins
pas ou plus utile à la poursuite de l’activité ou à la
du créancier. A s’en tenir à une lecture strictement
sauvegarde de l’entreprise débitrice. Dans cette
littérale de cette disposition, seule la mise
hypothèse, le juge‐commissaire, à la demande du
en balance de la situation du débiteur et les
syndic peut prononcer la résiliation dudit contrat.
intérêts du créancier est la condition d’octroi
De ce qui précède, il apparait dès lors que le syndic
d’un délai de grâce par le juge. Or, la CCJA ajoute
peut décider de mettre fin de manière anticipée à
aussi la bonne foi du débiteur comme
un contrat dont un déséquilibre est survenu
condition de l’octroi d’un délai de grâce. C’est dire
pendant son exécution.

Cameroun), 2015, Numéro spécial :l’ordre public,


p. 142. 43
ADAMOU(M.), « La revision judiciaire du contrat
consécutive à une clause
CCJA, 1 ère ch., 31 mai 2018, n°117/2018, obs.
41
d’imprévision »,Revuebeninoise des sciences
LEDAF, octobre 2018, n°111q5, p. 4 ;Ekani (S. C), « juridiques et administratives,2015,p.5.
Les conditions d’octroi des délais de grâce en droit
OHADA », RecueilLGA, n°07, juillet 2018. 44
v. BekonoNkoa (W.), Les contrats en cours dans
les procédures collectives d’apurement du passif
42
Selon la Cour d’Appel de Commerce d’Abidjan, OHADA, Mémoire, Master‐Recherches, Université
les dettes cambiaires sont exclues du champ des de Ngaoundéré 2011, 83p. ; YoubiBouhari (M.), «
délais de grâce : CA de Commerce d’Abidjan, 1 ère Le régime des contrats en cours (A l’exclusion du
Ch., Arrêt n°135/2019, 21 mars 2019, in Actualités bail commercial et des contrats de travail) dans les
de droit bancaire et des garanties du crédit, procédures curatives d’insolvabilité », Penant
Recueil LGA, n°21, Juillet 2019. n°906, Janvier‐ Mars 2019, p. 77 ;

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De même, l’AUCTMR, bien que Face à la pandémie du Covid‐19, si les


n’indiquant pas de manière explicite dans l’une de parties n’ont pas pu réaliser l’exécution des
ses dispositions, une situation pouvant être contrats elles doivent tout mettre en œuvre pour
qualifiée d’imprévision envisage tout de même un limiter le dommage qui pourrait survenir du fait de
changement de circonstances depuis la conclusion la prorogation des délais.
du contrat45. A la réflexion, le deuxième alinéa 2 de 71
B ‐ L’OBLIGATION DE MINIMISER LE
l’article 12 viserait une situation d’imprévision. En
DOMMAGE
effet, certaines circonstances qui ne rendent pas
Il semble que, dans le même esprit,
l’exécution du contrat impossible, mais difficile ou
l’obligation de minimiser le dommage à la charge
dans des conditions différentes de celles prévues à
de la victime pour éviter que son dommage ne
la lettre de voiture obligeraient le transporteur à
s’aggrave, fondée sur le principe de bonne foi et le
l’adapter dans l’intérêt de l’ayant droit à la
devoir de collaboration entre les parties. On
marchandise. La proximité avec la théorie de
entend par minimisation des pertes, une obligation
l’imprévision est d’autant plus admise que le texte
pour le créancier de prendre toute mesure propre
susvisé ne détermine pas les circonstances,
à limiter le dommage résultant de l’inexécution du
évènements ou faits susceptibles de rendre
contrat, dont l’inobservation l’expose à une
l’exécution du contrat impossible ou difficile. Le
réduction des dommages‐intérêts si la perte avait
législateur n’indique point la nature de la cause de
pu être évitée47. Le créancier, en cas d’inexécution
l’empêchement , ce qui conduit à considérer que
46
du contrat, doit prendre les mesures raisonnables
toute cause quelconque fût – elle constitutive
pour limiter le dommage qui en résulte pour lui. Il
d’imprévision est à retenir. Ici la pandémie de
s’agit donc pour le créancier insatisfait de ne
Covid‐19 peut être prise en considération vu
pas « se contenter » de subir le dommage ou de
qu’elle empiète terriblement sur le respect de
rester passif devant la défaillance du débiteur48.
l’exécution contractuelle dans les délais impartis
au contrat. Au sujet du dommage subi par la
victime, plusieurs hypothèses peuvent se

45
Article 12 al.1 et 2. « 1. Le transporteur doit sans
délai aviser et demander des instructions : a) à
47
CORNU (G.), (dir.), Vocabulaire juridique, op.cit,
l’ayant droit à la marchandise si, avant l’arrivée de p.654.
la marchandise au lieu prévu pour la livraison, 48
AKAM AKAM (A.), « Le comportement de la
l’exécution du contrat dans les conditions prévues victime et la responsabilité civile », Cahiers
à la lettre de voiture est ou devient impossible… » Juridiques et Politiques, Université de Ngaoundéré,
n°1,2008, n°8, p.5 ; ‐« L’obligation de minimiser le
46
Akam Akam (A.), « L’information dans le contrat dommage », in l’obligation, Études offertes au Pr
de transport de marchandises par route : Le Droit POUGOUE (P.G),ss la dir. de ANOUKAHA (F.) et
commun des contrats à l’épreuve du droit OHADA OLINGA (A.D.),op.cit., p.65 à 85.
», RRJ, 2006‐3, p. 1661, spéc. n°29)

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présenter. Le dommage qu’elle a évité et celui créancier50. Mais récemment, on a observé que
qu’elle aurait pu évité au moyen de mesures cette jurisprudence tend de plus en plus vers une
raisonnables ne sont, en principe pas indemnisés. sanction de l’obligation de minimisation du
En revanche, celui que de telles mesures n’auraient dommage51. C’est pourquoi l’Ordonnance n°2016‐
pas permis d’éviter est réparé. En principe, le 131 du 10 février 2016 précité portant sur le droit
dommage que la victime a évité n’est pas français de la responsabilité. entendent renverser 72
indemnisé. La limitation ou la réduction du la jurisprudence de 2003 en prévoyant dans des
52

dommage réalisé grâce aux efforts raisonnables de termes assez proches une sanction de l’obligation
la victime profite donc a priori au responsable. Le de modérer le dommage53 entendent renverser la
responsable n’a pas à récompenser la victime de jurisprudence de 200354en prévoyant dans des
l’exécution par elle de son obligation de minimiser
le dommage et cette dernière ne peut donc faire
50
Cass. civ. 2e, 19 juin 2003, D. 2003, jur., p. 2326,
valoir aucun droit à indemnisation pour la partie note crit., J.-P. Chazal. arrêt dans lequel la Cour de
du préjudice évité. Cette obligation fondée dans le cassation déclare au visa de l’article 1382 du code
civil, que « l’auteur d’un accident est tenu d’en
contrat sur le devoir de bonne foi et le principe de réparer toutes les conséquences dommageables » et
que « la victime n’est pas tenue de limiter son
collaboration est d’autant plus bienvenue à une
préjudice dans l’intérêt du responsable » .
époque de profonde crise économique où tout le
Civ.2eme,
51
24novembre 2011,n°10‐25.635,
monde doit faire preuve de mesure et agir de
RTDciv.2012.324,obs.PH. STOFFEL‐MUNK.
manière solidaire. Les conséquences du Covid‐19
vont causer des préjudices, sans que la force
52
Civ.2eme, 19 juin 2003, RTDciv.2003.716, dans cet
arrêt la victime n’était pas tenue de limiter son
majeure ne puisse être invoquée, pas
préjudice dans l’intérêt du responsable.
plus que l’imprévision. Si le créancier mérite
53
Article 1263 de l’Ordonnance n°2016‐131 du 10
réparation, il est aussi de son devoir de minimiser
février 2016 précité dispose qu’ : « en matière
les conséquences et de prendre les mesures contractuelle, le juge peut réduire les dommages et
raisonnables qui éviteront une aggravation de son intérêts lorsque la victime n’a pas pris les mesures
sures et raisonnables, notamment au regard de ses
préjudice.
facultés contributives, propres à éviter
l’aggravation de son préjudice ». Le cantonnement
La jurisprudence de la Cour de
de ce devoir à la responsabilité contractuelle
cassation française restait hostile à son admission signifie qu’il ne s’applique pas aux suites d’un
et se réservait à faire appel à l’article 1112 du code dommage corporel. adde V. STOFFEL‐
civil49 pour sanctionner une abstention du MUNCK(P.), « La singularité de la responsabilité
contractuelle », in La Semaine Juridique
précité,p.33.

54
Civ.2eme, 19 juin 2003, RTDciv.2003.716, dans cet
49
Article 1134 alinéa 3 du Code civil : « Les arrêt la victime n’était pas tenue de limiter son
conventions doivent être exécutés de bonne foi » préjudice dans l’intérêt du responsable.

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Revue Trimestrielle de Droit Economique
Dossier spécial « Covid‐19 et le droit » ‐ Partie 2
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termes assez proches une sanction de l’obligation Cette minimisation des pertes est une
de modérer le dommage55. Le commerce obligation qui est très importante pour les contrats
électronique quant à lui, l’a si bien compris et en cours d’exécution, ce qui s’avère utile pour
consacre cette obligation de minimisation des parer à la pandémie Covid‐19 qui paralyse tous les
pertes mais utilise le terme secteurs d’activité.
« minorisationdesrisques ». En effet, le règlement 73
En conclusion, nous pouvons dire que
CEMAC 56
met à la charge du commerçant des
la plupart des Etats africains ont pris des mesures
obligations tendant à minorer les risques des
exceptionnelles pour lutter contre la Covid‐19. Ces
transactions électroniques. Cette obligation ressort
mesures, cumulées à la pandémie, engendrent
bel et bien de l’article 293 de l’AUDCG qui dispose
pour les populations et de nombreuses
que « La partie qui invoque une inexécution des
entreprises, des difficultés économiques majeures.
obligations du contrat doit prendre toutes les
La rédaction des contrats est trop souvent
mesures raisonnables, eu égard aux circonstances,
mécanique et standardisée pour ne pas dire
pour limiter sa perte ou préserver son gain. Si elle
paresseuse, et ce, pour au moins deux raisons : les
néglige de le faire, la partie en défaut peut
parties au contrat font recours à des contrats types
demander une réduction des dommages‐intérêts
toujours inadaptées à des situations d’exceptions,
égale au montant de la perte qui aurait pu être
en outre la standardisation est vendue comme un
évitée et du gain qui aurait pu être réalisé ». Le
instrument de sécurisation juridique des contrats.
droit OHADA a intégré ce principe de droit
international dans le droit de la vente Le droit des pays africain devrait légiférer
commerciale. des lois sur les contrats avec des clauses qui
permettraient d’anticiper sur les effets de la
55
Article 1263 de l’Ordonnance n°2016‐131 du 10
pandémie sur le cours de l’exécution du contrat. Il
février 2016 précité dispose qu’ : « en matière
contractuelle, le juge peut réduire les dommages et est donc recommandé de lire attentivement le
intérêts lorsque la victime n’a pas pris les mesures contrat pour anticiper et déterminer les conditions
sures et raisonnables, notamment au regard de ses
d’application et les effets de ces mécanismes dans
facultés contributives, propres à éviter
l’aggravation de son préjudice ». Le cantonnement la relation contractuelle en cause. Le droit plus que
de ce devoir à la responsabilité contractuelle jamais doit jouer son rôle : permettre de lutter
signifie qu’il ne s’applique pas aux suites d’un
contre l’angoisse contemporaine en offrant
dommage corporel. adde V.STOFFEL‐
MUNCK(P.), « La singularité de la responsabilité prévisibilité, sécurité et justice. Le droit des
contractuelle », in La Semaine Juridique, 2016, contrats peut contribuer à lutter contre la crise. Il
p.33. n’est cependant pas certain que la voie judiciaire
Article
56
176 du Règlement soit la plus adaptée, du moins pour le moment. Le
n°02/03/CEMAC/UMAC/CM relatif aux systèmes, procès a besoin d’un temps long et les standards
moyens et incidents de paiement.
juridiques du droit des contrats rendent la décision

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du juge parfois peu prévisible. La solution est donc expressément la théorie de l’imprévision en évitant
ailleurs. Aujourd’hui plus que jamais, l’avenir est les risques de requalification du contrat tout en
dans l’utilisation sans modération des modes respectant l’ordre public contractuel.
alternatifs des règlements des conflits. Le
législateur OHADA gagnerait à consacrer
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