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Pr Athanase FOKO
Professeur, Université de Ngaoundéré ;
Numéro spécial,
Hors série, Juin 2023
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Pr Emilia ONYEMA
Professor, SOAS University of London;
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Pr Aron LOGMO MBELECK
Professeur, Université de Douala ;
Pr Maurice KOM KAMSU
Maître de Conférences, Université de Maroua
Pr VOUDWE BAKREO
Agrégé des Facultés de droit, Université de Ngaoundéré ;
M. Maxime KALDJONBE
Magistrat, Juge et Juge d’instruction près le Tribunal de Grande Instance de la VINA ;
M. SABABA MAGAZAN
Magistrat, Juge et Juge d’instruction près le Tribunal de Grande Instance de la VINA et Juge
d’instruction près le Tribunal Militaire de l’Adamaoua ;
M. David YINYANG
Magistrat, Substitut du Procureur près les Tribunaux d’Instance du FARO à POLI ;
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COMITE DE REDACTION
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Dr. Josué DIGUERA Dr. Elie SAPITODEN
Dr. Alice TOUAIBA TIRMOU Dr. Franklin Kennedy ASSONJI FONGUE
Dr. Job Didier BAHANA Dr. WILLARBANG ZUINSSA
Dr. Eloi BAKARY Dr. YAOUBA HAMADOU A.
Dr. Gérard Müller MEVA’A Dr. Alexis BAAYANBE BLAMA
Dr. Sadjo ALIOU Dr. Ibrahima HALILOU
Dr. Joceline Gaëlle ZOA ATANGANA Dr. Raissa PAYDI
Dr. Deguia CHECK IBRAHIM Dr. Adama SALME
Dr. Issa Pave ABDEL NASSER Dr. Dieu-Ne-Dort BADAWE KALNIGA
Dr Prosper Hugues FENDJONGUE Dr. Bienvenu DOMBA
Dr ABOUKAR BANGUI AGLA Mme Mbissa Valérie HAMBOA ZONGA
Dr Ange MESSI MBALLA Dr. ARI HAMADOU GUY
Dr. Linda DJARSOUMNA Mme MOUANGA MOUSSENVOULA G.
Dr Djidjioua GARBA ISSA M. Jacob Israël FIRINA
Dr Norbert DOURGA M. Benjamin DIGUIR DABOLE
Dr. ALI BOUKOUN ABDOULAYE
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POLITIQUE DE REDACTION
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intitulé de l’article entre guillemets, nom de la revue ou de l’ouvrage collectif dans lequel
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Exemple :
Organisation Mondiale de la Santé, Global status report on violence prévention, 2014, disponible
en ligne sur http://www.who.int/violence_injury_prevention/violence/status_report/2014/en/
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Exemple : MINKOA SHE (A.), Essai sur l’évolution de la politique criminelle au Cameroun
depuis l’indépendance, Thèse de Doctorat, Université des Sciences Juridiques, Politiques, Sociales
et de Technologie de Strasbourg, 1987, p.6
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auteurs s’engagent, toutefois, à céder leurs droits à la Revue Internationale de Droit et Science
Politique.
Le Rédacteur en Chef
Dr. Timothée MANGA BINELI
Université de Yaoundé II.
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ISSN : 2790-4830
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SOMMAIRE
Droit Public
La puissance de l’Etat dans la mutation domaniale en droit administratif français des biens…...22
Participation des communautés locales dans la gestion des forêts : cas du bassin du Congo…..44
HAPSATOU BOUKAR
faiblesses………………………………………………………………………………………....89
Note sous CE, 18 mai 2022, n° RORA 037, Mr Mayobo c/ RD Congo et Crt, et CE, 27 nov.
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Les inadéquations des mécanismes de gestion des crises humanitaires de l’Union africaine…153
Droit Privé
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De la réforme du Droit congolais des obligations pour une sécurité juridique accrue…………177
Malicky Saidu
Rayyan EL ISSA
centrafricain.................................................................................................................................263
Moussa Sékou TRAORE & Mamoudou SAMASSEKOU & Abdoul Kader SIBY
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Science Politique
Le comportement électoral en milieu rural lors des élections locales : cas des municipales dans le
Tchad……………………………………………………………………………………………378
Au-delà du discours : Pour une approche globale de la gestion de la lutte contre l’émigration
clandestine au Cameroun……………………………………………………………………….398
Le FMI dans la gouvernance au Cameroun de 1990 à juin 2018 : enjeux et contraintes de l’action
Les Activités Humaines et l’exploitation des réserves forestières dans le département du Mayo-
ABDOUL-AZIZ
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English Law
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Résumé :
La RCA a pris des engagements de longue date concernant la prise en compte de
l’environnement dans les programmes et projets du développement, dans le cadre d’un
engagement plus large envers le développement durable. Un pays en développement, il est lié par
des conventions, traités et accords, multilatéraux sur l’environnement, et a donc l’obligation de
s’y conformer; car la perte de la biodiversité s’est accrue de manière exponentielle ces dernières
décennies, et une action décisive devient urgente afin de la stopper. C’est dans cette optique que
la Loi n° 07.018 du 28 décembre 2008 portant Code de l’environnement a vu le jour. La mise en
valeur des ressources naturelles et la transformation des produits de base sont la principale source
des problèmes environnementaux. Ainsi, les mesures prises par le législateur national n’ont pas
produit d’effets escomptés. L’on constate toujours l’impact des activités économiques sur
l’environnement et la vie humaine.
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Abstract:
The CAR has made long-standing commitments the consideration of environment in
development programs and projects, within the framework of a broader commitment to sustainable
development. A developing country, it is bound by conventions, treaties and agreements, Page | 264
multilateral on the environment, and has therefore the obligation to comply with it, because the
loss of biodiversity has increased in a way exponentially in recent decades, and desicive action is
becoming urgent in order to stop. It is with this in mind that Law n° 07.018 of December 28, 2008
on the code of the environment emerged. Natural resource development and processing
commodities are the main source of environment problems. Thus, the measures taken by national
legislator have not produced the expected effets. We notice always the impact of economic
activities on the environment and human life.
In general, there is a lack of appropriate legal mechanisms for the protection of the
environment, in particular n obligation to set up a fund for the rehabilitation of polluted economic
activity sites and/or an insurance subscription. A disparate legislative corpus, offenses related to
the environment are numerous and disseminated in several texts; hence the need for normative
harmonization and consistency through the establishment of a (specialized) environmental
jurisdiction and the strengthening of the skills of all justice actors, because the rules of common
law are not hardly suited to environmental crime.
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Introduction
Ainsi, le dommage environnemental est considéré comme toutes les formes d’atteinte à
l’environnement2. La reconquête de la nature a amené le législateur à consacrer l’inscription du
préjudice écologique dans le Code civil français applicable en RCA3. Désormais, le Livre III de
ce Code civil, dans ses dispositions relatives à la responsabilité extracontractuelle, compte un
nouveau chapitre III consacré à « la réparation du préjudice écologique » qui suit les chapitres Ier
et II, respectivement consacrés à « la responsabilité extracontractuelle en général » et à la
« responsabilité du fait des produit défectueux en particulier4 ». Les modalités de réparation du
dommage écologique sont contenues dans les articles 1246 à 1252 du Code civil mentionné ci-
haut, et la responsabilité environnementale5. Un tel bond de géant pour le droit de la responsabilité
civile et pour la protection de l’environnement est le résultat d’une pluralité de forces, tantôt
1
OST (F.), « La responsabilité, fil d’Ariane du droit de l’environnement », In Droit et société, L’environnement et le
droit, n°30-3, 1995, pp. 281-322.
2
GUINCHARD (D.) et DEBARD (T.), Lexique des termes juridiques, Dalloz 25è édition, 2017-2018, p. 781.
3
NEYRET (L.), « La consécration du préjudice écologique dans le code civil », In Recueil Dalloz, 4 mai 2017, n° 17,
pp. 924. Voir HUTEREAU –BOUTONNET (M.), « La reconquête de la biodiversité par la conquête du code civil, in
JCP 2016, pp. 948. Lire aussi TREBULLE (F.G.), « La consécration de l’accueil du préjudice écologique dans le code
civil », In Energie-Envi. Infrastr. 2016, n° 11, pp. 121 s.
4
MARTIN (G.J.), « Le préjudice écologique dans le code civil. Réflexion autour du nouveau régime de réparation
écologique introduit par la loi ‘’Biodiversité’’ », In Revue juridique de l’environnement, 2016/4, Vol. 41, pp. 617-
628.
5
V. le Livre blanc sur la responsabilité environnementale, 2000, p. 7. En effet, la responsabilité environnementale est
définie comme l’instrument par lequel celui qui occasionne une atteinte à l’environnement, notamment le pollueur
est amené à payer pour remédier aux dommages qu’il a causés.
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convergentes, tant divergentes, qui ont contribué, chacune à leur mesure, à forger le régime actuel
de la réparation du dommage environnemental6.
6
Crim. 25 Septembre 2012, N° 10-82.938, Dalloz 2011.2281, In Revue de sciences criminelles 2011, pp. 847 ss,
Observation Robert (J.H).
7
Cf. l’article 4 du Code de l’environnement centrafricain.
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Le dommage environnemental est caractérisé par une atteinte à un intérêt non plus individuel
mais collectif. Aujourd’hui, le dommage environnemental encore appelé dommage écologique
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relève à la fois de la responsabilité civile et environnementale, voire pénale. La prise en compte
du dommage environnemental en droit positif centrafricain est le fruit d’une lente évolution.
Incontestablement, on ne peut évaluer l’effectivité d’une norme existante ; cela dit, l’existence
matérielle d’une convention internationale est une condition sine qua non pour la détermination
du degré d’effectivité. Ainsi, cette existence de la norme est précédée par sa réception. Une
application aisée, des dommages environnementaux passe par la réception des normes
internationales (1), puis par la prise en compte des normes communautaires (2).
La notion du droit à un environnement sain a été abordée sur le plan international par
l’adoption de plusieurs textes. En droit international, il existe de nombreuses normes relatives à
l’environnement. Vers les années 1970, des déclarations et résolutions ont commencé à établir un
lien explicite entre les questions environnementales et les droits de l’Homme8. Selon KISS, ‘’les
textes de droit positif qui énoncent seulement l’obligation de l’État de protéger l’environnement,
créant en effet un droit à l’environnement, il faut ensuite assurer le respect de ce droit 9’’. Ainsi,
la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (DUDH) du 10 décembre 1948 est le premier
texte à caractère international qui édicte les droits de chaque citoyen; mais qui malheureusement
n’a pas directement fait référence à l’environnement.
Cependant, on distingue dans ce texte les droits et libertés classiques qui nécessitent
l’abstention de l’État et des droits économiques et sociaux qui nécessitent une attitude positive de
sa part. Il convient de chercher dans les différentes formulations si elles correspondent à une
protection de l’environnement ou des conditions environnementales. Á titre d’exemples, on peut
citer le principe de préservation des ressources naturelles énoncé dans la déclaration de Stockholm
de 1972. Les prescriptions de cette déclaration prévoyaient déjà que ‘’l’Homme a un droit
fondamental à la liberté, à l’égalité et à des conditions de vie satisfaisantes, dans un
8
BUTOKI KIRINDERA (D.), Le droit à un environnement sain à d’exploitation du gaz, éd. Universitaires
Européennes, 2019, p. 22.
9
KISS (A.C.), Définition et nature juridique du droit de l’homme à l’environnement, Pedone Paris, 1989, p.22.
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environnement dont la qualité lui permette de vivre dans la dignité et le bien-être. Il a le devoir
solennel de protéger et améliorer l’environnement pour les générations présentes et futures10’’.
Á cela s’ajoutent les Conventions des Nations Unies sur le droit de la mer, conclue à
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Montego Bay le 10 décembre 1982 ; Convention de Canberra sur la gestion des écosystèmes11, le
protocole de Montréal du 16 septembre 1987 relatif aux substances qui appauvrissent la couche
d’ozone et la Convention de Bâle sur le contrôle des mouvements transfrontières de déchets
dangereux et leur élimination, adoptée par la conférence des plénipotentiaires le 22 mars 1989,
sans oublier le Sommet de Terre de Rio de 1992 dont le Principe 10 prévoit la façon de traiter les
questions environnementales est d’assurer la participation de tous les citoyens concernés, au
niveau qui convient12. Ces conventions ont le mérite d’avoir fait progresser le concept des droits
et responsabilités des pays dans le domaine de l’environnement13.
L’intégration régionale renvoie de prime bord à la fusion des compétences étatiques en une
institution communautaire. Les États d’une région géographique donnée se regroupent pour former
une entité plus vaste à laquelle ils confèrent un certain nombre de compétences. L’entité formée
10
Cf. Principe 1 de la déclaration de la conférence des Nations Unies sur l’environnement signée le 16 juin 1972 à
Stockholm.
11
Cf. la Convention sur la conservation de la faune et la flore marines de l’Antarctique, signée à Canberra le 20 mai
1980, ‘’qui prévoit maintenir les rapports écologiques entres les populations exploitées…’’.
12
Cf. la Convention sur la diversité biologique signée à Rio de Janeiro (Brésil) le 05 Juin 1992.
13
BUTOKI KIRINDERA (D.), précité, p. 37.
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peut être supra étatique ou supranationale14. L’Afrique, en pleine crise économique, politique et
culturelle, consciente de l’importance de l’environnement pour son avenir, a joué un rôle pionnier
en ce domaine. L’Afrique est un continent très diversifié, autant par sa flore et sa faune sauvages
que par ses sites naturels15. Ce patrimoine, d’une richesse et d’une variété extraordinaires, est Page | 269
malheureusement en train de disparaître à un rythme sans précédent, à cause essentiellement des
activités de l’Homme.
Face à cette situation, la demande croissante d’une plus grande transparence administrative
implique, en Afrique comme ailleurs, une nouvelle relation entre les pouvoirs publics et tous les
citoyens. Cette relation suppose que la démocratie représentative, caractérise la vie politique
actuelle, s’ouvre ou s’accompagne d’une forme de gouvernance qui conduira à l’émergence d’une
nouvelle forme de citoyenneté face aux problèmes liés à la protection de l’environnement : la
démocratie environnementale16, reconnue sous l’appellation de la démocratie verte. En Afrique, la
prise de conscience des préoccupations environnementales est perceptible dès l’accession de la
plupart des États du continent à l’indépendance. Elle se manifeste soit par l’adhésion à des
conventions antérieures en matière de protection de l’environnement, soit par l’adoption de
nouvelles conventions en la matière dont la plus importante alors est incontestablement la
Convention d’Alger du 15 juin 1968 sur la conservation de la nature et des ressources naturelles17.
Cette Convention témoigne également l’importance que l’Organisation de l’Unité Africaine
(actuelle Union Africaine) portait à la protection de la nature, puisqu’elle a été élaborée à son
initiative et conclue sous son égide.
Notons que le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) a contribué
de façon déterminante, d’une part à travers la mise en place des programmes des mers régionales
à partir 1976 et la réflexion sur les questions écologiques majeures pour le continent telle que la
désertification, d’autre part grâce à l’appui technique et financier apporté aux États africains dans
14
SOMA (A.), «Les caractères généraux du droit communautaire», in Revue CAMES/SJP, n° 001/2017, pp. 1-10. V.
également BERTRAND (M.), « Les rapports normatifs entre le droit communautaire et le droit national», In Revue
française de droit constitutionnel, 2007/4 n° 72, pp. 675-693.
15
AMOUSSA (O.H.), « La protection de la faune en Afrique francophone : les limites d’une approche juridique », In
environnement en Afrique, n° 161 (spécial), 1er trimestre, janvier-mars 1992, pp.247-254.
16
KONATE (A.), « Pour une démocratie environnementale en Afrique : de nouveaux droits de citoyenneté
indispensables à l’effectivité du droit de l’environnement », In Revue africaine de droit de l’environnement, n° 01,
2014, pp. 37-51.
17
KAMTO (M.), Droit de l’environnement en Afrique, EDICEF/AUPELF, 1996, p. 15
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Á cet effet, on peut citer entre autres la Convention de Bamako (Mali) du 30 janvier 1991
sur l’interdiction des déchets dangereux et le contrôle de leurs mouvements transfrontières en
Afrique, la Convention africaine sur la conservation de la nature et des ressources naturelles
adoptée par le sommet des Chefs d’États, le 11 juillet 2003 à Maputo, et connue sous le nom de
« Convention de Maputo », et la Déclaration de Johannesburg sur le développement durable de
2002 qui est la première à reconnaître le rôle des entreprises. Elle affirme en effet leur « devoir de
contribuer à l’émergence de communautés et de sociétés équitables et durables ».
18
Voir par exemple le Préambule de la Constitution du Cameroun de 1996 [rév.] que prévoit que : « Le Peuple
camerounais… [p]roclame que… [t]oute personne a droit à un environnement sain. La protection de l’environnement
est un devoir pour tous. L’Etat veille à la défense et la promotion de l’environnement.»; la Constitution du Congo-
Brazzaville de 1997 dont l’art. 21 dispose que : « Chaque citoyen a droit à un environnement sain que l’Etat a
l’obligation de protéger »; et la Constitution du Tchad de 1996, notamment l’article 52 qui dispose que : « Tout citoyen
a le devoir de respecter et de protéger l’environnement. ».
19
L’article 2 de la présente Règlementation prévoit l’expertise et l’expérience des États membres de la CEMAC afin
d’assurer l’utilisation rationnelle et judicieuse des substances appauvrissant la couche d’ozone et de garantir la
protection de la santé humaine et de l’environnement.
20
V. art. 1 de la Règlementation commune sur l‘homologation des pesticides en zone CEMAC.
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l’Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires (OHADA)21 que dans
l’Union Douanière des États d’Afrique de l’Ouest (UEMOA). Entrant dans le domaine du droit
international et la règlementation nationale, la sphère de responsabilité est désormais élargie. En
effet, l’État n’est plus le seul responsable. Par ailleurs, la législation centrafricaine organise aussi Page | 271
bien la recevabilité des normes internationales relatives à l’environnement, il s’agit des rapports
entre le droit international d’une part et le droit national d’autre part.
La République Centrafricaine (RCA) est très vulnérable aux aléas climatiques extrêmes,
principalement la sécheresse et les inondations. De ce fait, elle prend en compte les normes
internationales, régionales et sous-régionales. La présente analyse portera sur la typologie des
instruments juridiques nationaux (1), dont tout projet est préalablement soumis à une étude
d’impact environnemental et social (2).
21
NGUEFACK DONZEU (G.), La responsabilité sociale des entreprises dans l’espace OHADA, Thèse de Doctorat,
Université de Dschang, 2020, p. 5- 17.
22
Confère article 72 de la Constitution centrafricaine du 30 mars 2016.
23
HANS KELSEN, Théorie pure du droit, Paris Dalloz, 2è édition, 1962, p. 7. Voir aussi TCHEUWA (J.C.), précité,
pp. 91. Voir en ce sens MOULLE KOMBI (N.), « Les dispositions relatives aux conventions internationales dans les
nouvelles constitutions des États d’Afrique francophone », In Annuaire africain de droit international, juin 2001, pp.
255 ss. Lire également JEAMMAUD (A.), « La règle de droit comme modèle », in Recueil Dalloz, Sirey, 1990, 28è
cahier Chronique, pp. 199-210.
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régional. Ainsi, les normes internationales sont d’application directe sous réserve que leur contenu
soit suffisamment clair et précis24.
Les réformes législatives de la RCA accordent une place importante à l’EIES. L’EIES est
définie comme une étude préalable à la réalisation des projets d’aménagements, d’ouvrages,
d’équipements, d’installations ou d’implantation des unités industrielles, agricoles ou autres,
permettant d’apprécier les conséquences directes ou indirectes28. La bonne gouvernance de
diverses activités est essentiellement proactive et non active. Il est alors fondamental au regard des
principes de prévention, de précaution et de transparence, que la mise en œuvre d’un projet ou
d’une activité soit précédée d’une étude préalable. En tant qu’instrument national, l’EIES doit être
entreprise dans les cas des activités envisagées qui risquent d’avoir des effets nocifs importants
sur l’environnement et dépendent de la décision d’une autorité compétente. Les réformes récentes
24
BOES (M.) (dir.), La transcription du droit international conventionnel de l’environnement dans le droit national
des Etats quasi fédéraux : le cas de la Belgique, PULIM, 1994, p. 49.
25
Voir le principe 16 de la Déclaration de Rio de 1992 et l’article 4-7 du Code de l’environnement de la RCA.
26
Article 4-1 du Code de l’environnement précité et le Principe 15 de la Déclaration de Rio.
27
Confère le principe 22 de la Déclaration précité et art. 4-6 du Code de l’environnement précité.
28
Cf. art. 3 du C. envir. de la RCA précité.
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29
TECHE NDENO (S. J.)(dir.), « Le secteur minier en Afrique Subsaharienne à l’épreuve du développement
durable », in Droit minier africain : Regards croisés, Ed. de l’Institut Québécois de Affaires Internationales, 2020,
pp. 226.
30
Cf. l’art. 3 de l’arrêté susmentionné.
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L’activité économique met en relation plusieurs intervenants, les missions des ces derniers
sont parfois encadrées de manière contractuelle. Il est donc judicieux de voir les responsabilités
engagées en raison de la qualité des exploitants (A), puis les limites structurelles de la
responsabilité environnementale (B).
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La faute d’abord quant à elle, est considérée comme la violation de la règlementation dans
les cas d’atteintes à l’environnement. Si l’inobservation d’une règlementation est bien constitutive
d’une faute, le respect, même strict de cette même règlementation, quelle que soit sa précision ne
permettra pas à l’auteur d’un dommage de s’exonérer de sa responsabilité en application d’une
réserve des droits des tiers33. Cette solution présente la meilleure garantie des droits des individus
en faisant primer les droits des victimes des dommages environnementaux, tierces par rapport à
l’activité polluante, sur les préoccupations économiques qui se manifestent au travers de la
protection des personnes effectuant des rejets en toute légalité34, c’est-à-dire conformément à la
règlementation. Par ailleurs, l’atteinte à la propriété présente peu d’efficacité sur le plan
environnemental dans la mesure où ses conditions de mise en œuvre sont particulièrement
rigoureuses. De même, la négligence peut être assimilée à un comportement fautif35.
Ensuite, l’exigence d’un lien de causalité ou de cause à effet entre une activité et un
dommage pour pouvoir utilement poursuivre en responsabilité la personne menant cette activité
est absolument incontournable. Renoncer à cette exigence serait tombé dans l’arbitraire
absolument total et ferait perdre tout sens à la notion même de responsabilité, car les conditions
de mise en jeu de la responsabilité sont aussi garanties substantiellement en direction des personnes
poursuivies. Le second pilier du droit de la responsabilité civile, l’établissement du lien de
causalité en matière de dommages écologiques s’avère être une tâche d’autant plus difficile que le
dommage ait diffus ou résulte d’une multiplicité de causes possibles. La démarche du demandeur
31
MAZEAUD (H.) et MAZEAU (L.), Théorie générale des obligations, Leçons de droit civil, Édition Montchrestien,
Tome II/ Premier volume, 1998, p. 410 s.
32
VINEY (G.), « La responsabilité conditions », In Revue internationale de droit comparé, n° 4, octobre-décembre
1982, pp. 1329 ss.
33
OST (F.), La responsabilité, fil d’Ariane du droit de l’environnement, précité, p. 302 ss. Voir en ce sens ALT (E.),
« La responsabilité civile environnementale », In Les Petites Affiches, 21 avril 1995, n° 48, pp. 7-11.
34
BLAUG (M.), La pensée économique, 4è édition, Economica, Paris, 1986, p. 81 ss. V. aussi CENTI (J.P), « Quel
critère d’efficience pour l’analyse économique du droit ? », in Revue de la recherche juridique, n° 2, 1987, pp. 443-
453.
35
Cf. LUCAS (O.), « La Convention Européenne des droits de l’Homme et les fondements de la responsabilité
civile », in JCP La Semaine juridique, n° 6, 6 février 2002, pp. 289 ss.
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peut se décomposer de la façon suivante. Il doit dans un premier temps, démontrer que l’activité
ou le déchet est capable de causer le dommage, puis établir dans un second temps, le rapport entre
l’exposition à l’activité ou au déchet et le dommage, et, enfin, identifier le ou les défendeurs36.
Page | 276
Enfin le dommage environnemental suscite beaucoup d’interrogations, notamment sur son
existence dont une activité est nuisible à l’environnement ; susceptible de porter atteinte à
différents types de biens et droits relevant des personnes privées, il en est de même pour les biens
naturels, c’est-à-dire sans maîtres ‘’res mullius37’’ : cas de l’air, la nature et la biodiversité, etc.
Ainsi donc, les préjudices affectant des personnes dans leurs propres droits, précisément les
dommages environnementaux sont considérés comme n’importe quel dommage38. Il s’agit pour la
responsabilité civile de rétablir cette personne dans la situation identique à celle dans laquelle elle
se trouvait avant la survenance du dommage. La réparation peut se faire en nature, notamment par
la remise en état aux frais de l’auteur du dommage ou par une compensation financière
conformément aux dispositions de l’art. 116 al. 2 du Code de l’environnement centrafricain39, mais
en raison de sa qualité, l’exploitant peut voir engager sa responsabilité.
36
BOIRON (H.), Vers un système de responsabilité des entreprises en matière de dommage à l’environnement,
Mémoire de Master, Université de Montréal, 1996, p. 65 s.
37
SERIAUX (A.), La notion de chose commune, nouvelles considérations sur le verbe avoir, droit de l’environnement,
PUAM, p.23. V. également FOURES-DIOP (A-S.), « Les choses communes », 2è partie, in Revue juridique de
l’Ouest, 2011/2, pp. 195-235.
38
REMOND-GOUILLOUD, « Ressources naturelles et les choses sans maîtres », in Dalloz Paris, 1985, chronique,
pp. 28 ss.
39
Lire article 116 alinéa 2 du Code de l’environnement de la République Centrafricaine précité.
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et 1383) du Code civil français applicable en RCA. La faute peut résulter de la violation par une
personne (physique ou morale) des obligations impératives, légales ou réglementaires, qui
s’imposent à elle dans l’exercice de son activité.
Page | 277
Les obligations imposées à l’exploitant sont nombreuses et les risques de faute de mise en
œuvre de sa responsabilité sont multiples. L’exploitant peut alors voir sa responsabilité engagée
pour faute, dès lors qu’il ne respecte pas les prescriptions environnementales imposées pour
l’exploitation de son installation qui lui incombe en tant que titulaire d’un permis d’exploitation.
Diverses normes sectorielles (Code minier, Code forestier, Code pétrolier, etc.) ont réglementé
l’environnement, mais l’administration principale (Ministère de l’environnement, de l’écologie et
du développement durable) se trouve au cœur de toute activité. Toutefois, en dépit du strict respect
des prescriptions environnementales qui lui sont imposées, la responsabilité de l’exploitant peut
aussi être engagée pour imprudence ou négligence, dès lors qu’il cause un préjudice à un tiers,
alors qu’il aurait observé les normes environnementales.
C’est ainsi que le détenteur d’un permis d’exploitation peut être responsable de tout
dommage et d’accident de l’installation, de l’existence, de l’entretien, de l’usage qui est fait des
ouvrages qui occupent le domaine public, soit aux personnes, soit aux biens publics ou privés.
C’est ainsi que l’exploitant, du fait de sa responsabilité de l’exploitation des installations couvertes
par son permis d’exploitation, peut mettre en œuvre sa responsabilité en cas de dommages à un
tiers, s’il commet une faute ne respectant pas les normes environnementales qui lui sont imposées,
40
Lire les art. 3 al. 2 du C. forestier et 31 al. 1 du C. minier centrafricain.
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soit ceci relève d’une imprudence ou de négligence, et cela en dépit du fait qu’il observe les règles
environnementales, soit enfin si l’un des ses préposés commet une faute dont il est censé répondre.
En cas de menace imminente à l’environnement, l’exploitant est tenu de prendre immédiatement
des mesures de prévention afin d’empêcher la réalisation ou de limiter les effets41. Page | 278
En RCA, il existe de nombreux sites pollués qui présentent des risques graves pour la santé,
et les pertes de la biodiversité se sont accélérées de manière spectaculaire au cours de ces dernières
années. L’absence d’actions concrètes pourrait aboutir à une pollution accrue des sites et des pertes
encore plus graves de la biodiversité à l’avenir. La prévention et la réparation, dans toute la mesure
du possible, des dommages environnementaux contribuent à la réalisation des objectifs et la
l’application des principes de la politique gouvernementale dans le domaine de l’environnement.
Par ailleurs, l’application de la responsabilité environnementale présente des limites qui peuvent
41
Lire art. 1er du Décret n° 004/19/MMG/DIRCAB/DGM du 25 mars 2019 portant suspension des activités
d’exploitation minière des sociétés TIAN XIANG, TIAN RUN, MENG et TAO.
42
Voir en ce sens l’article 76 du C. de l’environnement de la République Centrafricaine précité. V. également l’article
54 de la Loi n° 96/12 du 05 aout 1996 portant Loi-cadre relative à la gestion de l’environnement au Cameroun.
43
HOUAG (T.B.M.), « L’entreprise dans la gouvernance de la gestion des déchets urbains en Afrique : entre
providence et défaillance », in Revue pluridisciplinaire africaine de l’environnement, n° 3, août 2021, pp. 8-16. Voir
aussi IVALA PLAINE (C.), « la gouvernance des déchets urbains dans les villes africaines », in RPAE, n° 3, août
2021, pp. 6 ss, disponible sur https://www.association.jae.com, [Consulté le 2 octobre 2021].
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être liées à l’inadaptation des règles de droit commun (2), mais également à la protection peu
appropriée du droit pénal de l’environnement (1).
En effet, l’une des fonctions essentielles du droit pénal, et particulièrement du droit pénal
de l’environnement, est de protéger les valeurs essentiellement reconnues pour l’environnement
en créant et en appliquant les sanctions. Le corpus juridique interne se caractérise par la croissance
des textes à caractère général et disparate (forêt, pêche, mines, hydrocarbure, etc.), mais aussi par
leur insuffisance. Ainsi le législateur, soucieux de faire respecter les réglementations protectrices
de l’environnement a, de plus en plus, fait appel au droit répressif, créant de ce fait un droit pénal
de l’environnement.
44
Lire les art. 106 et 108 du C. envir. précité.
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procès long et laborieux, ce qui a tendance à décourager la victime. Nonobstant ces contraintes
rendant complexes la saisine du tribunal, le juge demeure l’autorité habilitée à prononcer une
sanction pénale à l’encontre d’un contrevenant en cas d’infraction, à même d’assurer une meilleure
préservation de l’environnement, gage d’un développement durable. Page | 280
Á cela s’ajoute la sévérité des peines. De manière générale, les peines prévues par le
législateur centrafricain en matière d’atteintes à l’environnement sont très élevées. Dans ce cas
d’espèce, les sanctions peuvent être : la peine de travaux forcés à temps et d’une amende de
10.000.002 à 500.000.000 FCFA. Celles-ci sont applicables à [toute] personne physique ou morale
qui aura importé, tenté d’importer ou tenté de faciliter l’importation des substances et produits
dangereux et d’autres déchets de même nature47. De même, le législateur national a prévu une
peine d’emprisonnement allant de 5 ans à 10 ans et d’une amende de 5. 000.002 à 100.000.000
FCFA, [toute] personne physique ou morale qui aura enfreint aux dispositions relatives aux
substances et produits chimiques dangereux48. Aux termes des articles susmentionnés, l’on peut
noter que les peines d’amende et d’emprisonnement sont cumulatives et non alternatives comme
dans la plupart des cas. En cas de récidive, les peines sont portées au double49 ; mais l’application
de ces peines constitue un autre questionnement pour les personnes morales.
45
Voir les art. 117 et 118 du même code.
46
Art. 135 du C. de l’envir.
47
Cf. art. 128 du C. envir. centrafricain op. cit.
48
Lire. art. 129 du même C. envir.
49
Cf. art. 138 du C. envir. susmentionné.
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Ces infractions ne visent en effet toute personne, il s’agit alors de condamner l’auteur
matériel des faits qui ont provoqué le dommage écologique (pollution par exemple), sans tenir
compte de ses pouvoirs de direction ou de ses liens avec le fonctionnement d’une installation
industrielle ayant des impacts environnementaux. L’action publique qui saisit le juge pénal a pour Page | 281
rôle de sanctionner le trouble social provoqué par l’infraction, en l’occurrence les atteintes graves
portées aux biens collectifs appartenant au patrimoine commun de la nation que constitue
l’environnement. La finalité d’une telle action est donc le prononcé d’une peine à l’encontre du
délinquant écologique. C’est en effet l’objectif tant recherché, mais sa mise en œuvre est
impraticable. L’aspect d’exemplarité de la sanction pénale doit ici être relevé. Au-delà des
caractères vindicatif et strictement répressif, c’est également l’objectif de dissuasion et de
prévention qui est recherché. Il en va donc de l’avenir de notre planète et des générations futures.
Le juge pénal, gardien de la loi, a un rôle très prépondérant à jouer sur ce point. La manière dont
il utilise son pouvoir de sanction, déterminera l’étendue et l’efficacité du contrôle de l’application
de la loi et; de là, la défense de l’environnement. Il existe certes une pléthore de textes en la matière,
mais ce corpus juridique s’avère très impitoyable compte tenu de sévérité des peines qui est
malheureusement peu appliqué; car il y a une prédominance de sanctions pécuniaires sur la
poursuite pénale. Par ailleurs, il convient de souligner que certaines règles de droit commun ne se
marient pas aux dommages environnementaux
50
STETTLER (G.), Incertitudes scientifiques et causalité en responsabilité civile environnementale, Mémoire de
Master, Université de Paris II, Panthéon-Assas, 2017-2018, p. 2-10.
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Comme l’a souligné HUGLO C., « à qui attribuer, et pour quelle part, la dégradation
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progressive d’un cours d’eau, le nouveau sonore croissant des grandes villes, le brouillard
persistant sur un quartier résidentiel ? On se trouve ainsi dans une situation où désigner un ou
plusieurs responsables n’est pas évident. On rejoint alors le terrain de la problématique de la
preuve, et en l’occurrence de l’absence de preuve51 ». Or il est fréquent en matière
environnementale que la réalisation du dommage soit imputable à plusieurs personnes ou
entreprises52. Par ailleurs, si la victime souhaite voir son dommage réparé, elle devra prouver
l’existence du lien de causalité entre le dommage qu’elle éprouve et le fait dommageable, ce qui
se fera généralement par le biais d’expertises techniques. Á défaut, elle devra supporter seule le
poids du dommage. En effet, si le droit civil prend en compte le fait de la victime dans l’évaluation
de l’étendue de la responsabilité de l’auteur principal, il n’est pas toujours de nature à l’exonérer
de sa responsabilité. Le rôle de la victime est particulièrement important, car il peut constituer une
cause limitative, soit une cause d’aggravation de responsabilité.
51
HUGLO (C.), « Le contentieux de l’environnement, nouvelles stratégies, nouvelles dimensions », in Revue
juridique de l’environnement, numéro spécial, 1995, pp. 77-88.
52
C’est particulièrement le cas en matière de pollutions des eaux souterraines. A ce sujet, il convient de noter les
activités d’exploitation des sociétés minières TIAN XAN, TIAN RUN, MENG et MAO basées dans la ville de
Bozoum, au Nord de la RCA.
53
BAVOILLOT (F.) et WERTENSCHLAG (B.), Droit de l’environnement industriel la réponse des praticiens, Fidal
Editions, 1996, p. 61 s.
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Il convient également de souligner que le juge pénal est souvent confronté à de nombreuses
difficultés dans le contentieux de l’environnement. On se limitera ici à évoquer celles liées, aux
délais de prescription de l’action publique jugés courts et, de ce fait, inadaptés aux délits
environnementaux, et une mauvaise maîtrise des questions environnementales par certain juge
pénal. La législation centrafricaine sur l’environnement ne prévoyant pas de délais de prescription
spécifiques de l’action publique, il y a donc lieu de se référer aux règles du droit commun qui
fixent les délais suivants : dix (10) ans pour les crimes, trois (3) ans pour les délits, un (1) an pour
les contraventions et trente (30) ans en matière civile54. Ces délais de droit commun, qui
s’appliquent donc aux infractions en matière d’environnement; sont jugés très courts eu égard à la
spécificité de la matière55, car le silence du législateur peut pousser le juge à recourir à l’un des
délais.
54
Cf. les articles 7 à 10 de la Loi n° 10.002 du 6 janvier 2010 portant Code de procédure pénale centrafricain.
55
DANET (J.), «La prescription de l’action publique, un enjeu politique criminelle», In Archives de politique
criminelle, 2006/1, n° 28, pp. 73-93.
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Par ailleurs, la question de l’effectivité des sanctions pénales telles que prévues par le
législateur centrafricain est toujours cruciale, car les juges appliquent souvent les sanctions
administratives (fermeture des sites pollués, entreprises, etc.) ou pécuniaires (amendes). Notons
également que la législation nationale n’a pas prévu le versement d’une caution (une somme
d’argent par exemple) avant toute activité économique, ni une assurance des risques
environnementaux pouvant permettre la réparation (notamment la remise en l’état) des éventuels
préjudices écologiques.
Conclusion
La mise en valeur des ressources naturelles et la transformation des produits de base sont
la principale source de problèmes environnementaux, de dégradation des sols et terres arables et
de pollution des eaux de surface et souterraines. Les diverses activités des entreprises (publiques
ou privées) peuvent causer des dommages à l’environnement. Chaque exploitant est donc
responsable des déchets qu’il produit. L’entreprise est tenue, en raison de la nature des déchets, de
procéder voire faciliter son élimination et éviter surtout un effet dommageable sur l’environnement
et la santé des populations. L’élimination des déchets doit se faire dans le strict respect des normes
en vigueur.
Mais, il faut savoir que les mesures prises par le législateur national n’ont pas produit
d’effets escomptés. L’on constate toujours l’impact des activités économiques sur l’environnement
et la vie humaine. Cela se justifie par le fait que le législateur n’a pas été en profondeur pour
prévenir certains crimes environnementaux. De manière générale, il faut dire qu’il y a une
insuffisance de mécanismes juridiques appropriés de protection de l’environnement, notamment
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d’une obligation de constituer un fonds de réhabilitation des sites d’activités économiques pollués.
Á cet effet, la contamination de l’eau et du sol peut avoir de graves conséquences à court et long
terme sur la santé, y compris des infections cutanées, des maladies gastro-intestinales et
respiratoires et l’accroissement des risques de cancer, ainsi des problèmes neurologiques et de
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reproduction. Par ailleurs, l’application du dommage environnemental en RCA présente de
sérieuses limites, car les règles de droit commun ne produisent pas de résultats attendus.
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