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UNIVERSITE CLAUDE BERNARD-LYON I
U.F.R. D'ODONTOLOGIE

Année 2017 THESE N° 2017 LYO 1D 004

THESE
POUR LE DIPLOME D'ETAT DE DOCTEUR EN CHIRURGIE DENTAIRE

Présentée et soutenue publiquement le 5 juillet 2017


Par

Viviane LO

Née le 24 septembre 1992, à Aubervilliers (93)

_____________

Titre de la Thèse

INTERET DE LA GREFFE DE CONJONCTIF ENFOUI


par rapport aux techniques de lambeaux déplacés seuls,
dans le recouvrement des récessions gingivales

______________

JURY

Monsieur le Professeur Denis BOURGEOIS Président


Monsieur le Docteur Jean-Pierre DUPREZ Assesseur
Monsieur le Docteur Patrick EXBRAYAT Assesseur
Madame la Docteure Florence CARROUEL Assesseur
Madame la Docteure Elsa MENCHERO Directrice de thèse

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SECTION 87 : SCIENCES BIOLOGIQUES FONDAMENTALES ET CLINIQUES


Maître de Conférences Mme Florence CARROUEL LO
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A notre Président du Jury,

Monsieur le doyen BOURGEOIS Denis


Professeur des Universités à l'UFR d'Odontologie de Lyon
Praticien-Hospitalier
Docteur en Chirurgie Dentaire
Docteur de l'Université Lyon I
Docteur en Droit (3ème cycle)
Maître en Biologie Humaine
Odontologiste des Hôpitaux
Habilité à Diriger des Recherches
Doyen de l'UFR d'Odontologie

Nous sommes très sensibles à l’honneur que vous nous


faites en acceptant de présider notre jury de thèse.
Veuillez trouver ici le témoignage de notre
reconnaissance et de notre profond respect.

A notre Directrice de Thèse,

Madame la docteure MENCHERO Elsa


Assistant hospitalo-universitaire au CSERD de Lyon
Docteur en Chirurgie Dentaire

Nous vous remercions de l’honneur que vous nous avez


fait en acceptant de diriger notre travail avec autant de
gentillesse, de disponibilité et de rigueur.
Nous avons été très sensibles à l’attention que vous
nous avez portée.
Nous espérons que vous trouverez dans ce travail le
témoignage de notre sincère reconnaissance.
Pour la richesse de vos enseignement théoriques et cliniques.
Que cette thèse vous exprime toute notre estime et
notre profond respect.

LO
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A nos Juges,

Monsieur le Docteur EXBRAYAT Patrick


Maître de Conférences à l'UFR d'Odontologie de Lyon
Praticien-Hospitalier
Docteur en Chirurgie Dentaire

Nous sommes très honorés de votre présence dans


notre jury.
Nous avons pu apprécier
vos compétences professionnelles
et vos qualités humaines.
Soyez assuré de notre profond respect.

Monsieur le docteur DUPREZ Jean-Pierre


Maître de Conférences à l'UFR d'Odontologie de Lyon
Praticien-Hospitalier
Docteur en Chirurgie Dentaire
Docteur en Sciences Odontologiques
Habilité à Diriger des Recherches

Nous sommes ravis de vous compter parmi nos juges.


Vos qualités humaines et votre gentillesse nous ont
beaucoup touchés.
Soyez assuré de notre profond respect.

Madame la Docteure CARROUEL Florence


Maître de Conférences à l'UFR d'Odontologie de Lyon
Docteur en Biochimie et Biologie Moléculaire
Habilité à Diriger des Recherches

Pour m’avoir fait l’honneur d’accepter de faire partie de ce jury de thèse.


Pour m’avoir accordé votre attention et votre temps.
Veuillez trouver ici l’expression de ma gratitude et mes remerciements.

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SOMMAIRE
INTRODUCTION ....................................................................................... 9

I). Evaluation du défaut ............................................................................ 10


I.1. Etiologies .......................................................................................................................... 10

I.1.a. Les facteurs prédisposants : ...................................................................................... 11

I.1.b. Les facteurs déclenchants/étiologiques (1) : ............................................................. 12

I.2. Classifications des Récessions Tissulaires Marginales .................................................... 13

I.2.a. Classification de Sullivan et Atkins 1968 (12) : ....................................................... 13

I.2.b. Classification de Miller 1985 (14) : .......................................................................... 13

I.2.c. Classification de Pini-Prato et al. 2010 (2) : ............................................................. 15


I.2.d. Classification de Cairo et al. 2011 (15) : .................................................................. 15

I.3. Evaluation de la quantité (hauteur) et qualité (épaisseur) des tissus mous apicaux et/ou
latéraux à la récession ............................................................................................................. 16

I.3.a. Classifications ........................................................................................................... 17

I.3.b. Hauteur de gencive attachée ..................................................................................... 17

I.3.c. Epaisseur de gencive attachée ................................................................................... 18

I.4. Anatomie des sites donneur et receveur ........................................................................... 19

I.4.1. Site donneur .............................................................................................................. 19

I.4.2. Site receveur .............................................................................................................. 19

I. 5. Position de la dent ou des dents concernées .................................................................... 19

II). Données de la littérature .................................................................... 20


II.1. Description des techniques chirurgicales et leurs indications (5,9,13,24) ...................... 20

Lambeaux déplacés / positionnés latéralement LPL : ........................................................ 20

Lambeau déplacé / positionné coronairement LPC : ......................................................... 21

Greffe épithélio-conjonctive GEC = Greffe gingivale libre............................................... 21

Lambeau positionné coronairement associé à une greffe de tissu conjonctif : LPC+SCTG


............................................................................................................................................ 22

Technique de l’enveloppe .................................................................................................. 22

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Tunnelisation ...................................................................................................................... 23

II.2. Revues systématiques et analyse de la littérature ........................................................... 24

II. 2. a. Données d’études de cas comparatifs et non contrôlés. ......................................... 24

II. 2. b. Données recueillies à partir de revues systématiques de la littérature .................. 26

II.3. Résultats à long terme ..................................................................................................... 28

II.4. Comparaison selon le point de vue du patient ................................................................ 31


Sensibilités radiculaires ...................................................................................................... 31

Douleurs post-opératoires et complications ....................................................................... 31

III). Discussion ........................................................................................... 33


III). 1). Résultats des revues systématiques ............................................................................ 33

Concernant le lambeau positionné coronairement (LPC) seul :......................................... 33

Comparaison avec les autres techniques : .......................................................................... 33

Concernant le LPC+CTG : ................................................................................................. 34

Pour les cas présentant une perte d’attache interdentaire : ................................................ 34

III). 2). Limites des revues systématiques (29) ....................................................................... 35

III). 3). Comparaison des résultats en terme esthétique .......................................................... 36

III). 4). Aide au choix (9,24) ................................................................................................... 39

Lambeaux déplacés/positionnés latéralement LPL ............................................................ 39

Lambeau déplacé/positionné coronairement LPC .............................................................. 39

Greffe épithélio-conjonctive GEC = Greffe gingivale libre............................................... 40

Lambeau positionné coronairement associé à une greffe de tissu conjonctif : LPC+SCTG


............................................................................................................................................ 40

Technique de l’enveloppe .................................................................................................. 41

Tunnelisation ...................................................................................................................... 41

Conclusion .................................................................................................. 44

Bibliographie ............................................................................................. 49

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INTRODUCTION
Les récessions tissulaires marginales ou RTM ont été définies par l’American Academy of
Periodontology en 1996 comme étant : « le déplacement apical à la jonction amélo-cémentaire
des tissus marginaux de la dent, exposant la racine à la cavité buccale » (1).
Elles sont également appelées récessions gingivales, ou récessions parodontales.
Les récessions gingivales se caractérisent par :
- une migration apicale de la gencive marginale ;
- une absence totale ou partielle de gencive attachée ;
- une exposition du cément radiculaire ;
- une disparition concomitante de l’os alvéolaire.

Pour les patients concernés, les récessions parodontales peuvent ne provoquer aucune forme de
gêne ou de douleur, passant totalement inaperçues. Mais souvent, elles sont associées à des
hyperesthésies dentaires, un risque augmenté de lésion cervicale d’usure, et de caries
radiculaires (2). Les récessions peuvent également empêcher un contrôle de plaque adéquat (3).
En outre, elles peuvent provoquer une gêne esthétique qui peut interférer avec la qualité de vie
du patient ou être source d’anxiété : peur de perdre ses dents ou de vieillir (4).

Le but de la chirurgie est donc d’obtenir un recouvrement complet des surfaces dénudées
jusqu’à la jonction amélo-cémentaire avec un résultat esthétique optimal.

D’après les données regroupées par Bouchard et al. 2001 (5), on constate le plus souvent, une
moyenne de recouvrement des surfaces radiculaires variant de 70 à 80% selon la technique
chirurgicale employée et un recouvrement complet dans 50 % des cas traités. Cependant, peu
d’études ont tentées d’identifier les principaux facteurs de succès ou d’échec.

Ces dernières années, nous avons constaté un regain d’intérêt pour le lambeau déplacé
coronairement. En effet, certains conférenciers proposent dernièrement de ne rien ajouter sous
ce dernier, quand il était déjà assumé que la meilleure solution est de l’associer à un greffon de
conjonctif enfoui. Dans ce travail, nous souhaitons évaluer l’intérêt de la greffe de tissu
conjonctif enfoui par rapport à un lambeau déplacé seul. Nous limiterons volontairement le
sujet aux techniques n’impliquant pas l’ingénierie tissulaire.
En premier lieu, nous rappellerons quels sont les éléments à prendre en compte pour évaluer le
défaut au moyen d’un examen étiologique et clinique précis. Puis, nous étudierons les données
recueillies dans la littérature afin de discuter dans un troisième temps de l’intérêt de l’apport de
la greffe de tissu conjonctif enfoui par rapport au lambeau déplacé seul.

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I). Evaluation du défaut
Il existe deux formes de récessions (3):
- Une forme dystrophique, d’évolution lente. Les tissus parodontaux sont cliniquement
sains et ne présentent pas de poche. Le plus fréquemment ces lésions proviennent de
l’action de traumatismes répétés, souvent associés à des conditions anatomo-
physiologiques particulières (malpositions, versions vestibulaires, supraclusions
extrêmes).
- Une forme inflammatoire plus instable, souvent plus grave. Un érythème entoure la
lésion. La récession parodontale évolue avec la poche parodontale.
Leur discernement entrainera des décisions thérapeutiques différentes, ainsi dans la première
forme, après avoir éliminé le ou les facteurs étiologiques, on pourra procéder à la chirurgie.
Alors que dans la deuxième forme, il faudra traiter en plus la maladie parodontale et la
stabiliser si l’on veut réaliser une chirurgie de recouvrement dans un but esthétique.

Le choix de la technique chirurgicale repose sur de nombreux critères largement étudiés par De
Sanctis et Zucchelli en 1997 (6) détaillés dans l’annexe 1, par ordre d’importance, on trouvera :
- La quantité et la qualité des tissus proximaux et des tissus apicaux.
- La disponibilité du site donneur palatin.
- La hauteur et largeur de la récession.
- Le nombre de récessions à recouvrir : s’agit-il d’une récession localisée ou généralisées ?
Dans le cas de récessions multiples, la surface avasculaire est plus étendue. De plus certaines
caractéristiques anatomiques ont davantage d’importance dans le choix du type de chirurgie :
biotype fin, manque de gencive kératinisée, proximité radiculaire ou racines proéminentes…
- L’absence d’inflammation et de tartre environnant (gage d’un bon management des incisions
et d’une cicatrisation de qualité).
- La demande esthétique du patient, son profil psychologique, sa compliance.
- L’anatomie des sites donneur et receveur.
- La profondeur du vestibule définit l’accès chirurgical.
- Les possibilités techniques et la dextérité du praticien.

I.1. Etiologies
La première étape dans le traitement d’une récession consiste à la détermination et à la
suppression de son ou de ses étiologies afin d’éviter les récidives et dans le but d’obtenir des
résultats pérennes.

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I.1.a. Les facteurs prédisposants :
• Le facteur osseux : déhiscence, fenestration osseuse, table osseuse fine.
Elliot et Bowers (7) définissent les fenestrations comme des zones isolées au sein de l’os
alvéolaire où la racine est à nu et n’est recouverte que par le périoste et la gencive sus-jacente.
Le rebord osseux coronaire est intact.
Si la fenestration atteint le rebord coronaire, on parle alors de déhiscence. Elles sont toutes
deux plus fréquentes en vestibulaire qu’en lingual ou en palatin.
D’après Löst et al. (1984) (8), il existe une corrélation statistique entre la profondeur des
récessions et celle des déhiscences, ainsi la distance moyenne entre le point le plus bas d'une
récession et une déhiscence est de 2.8 mm.

Figure 1: Déhiscence osseuse Figure 2 : Fenestration osseuse


D’après Guide pratique de chirurgie parodontale, François Vigouroux, 2011 (9)

Les biotypes parodontaux fins et intermédiaires qui présentent un table osseuse fine, sont plus
susceptibles de présenter des récessions (10).

• Facteurs muco-gingivaux :
- Un tissu kératinisé absent ou de faible volume peut favoriser les récessions. En
l’absence de gencive attachée, la protection des tissus dentaires n’est plus assurée, que
ce soit contre les irritations chimio-bactériennes, ou contre les irritations mécaniques.
- La présence de freins ou de brides, lorsqu’ils sont insérés très haut au niveau de la
gencive marginale, exercent une traction des tissus marginaux en direction apicale et
peuvent être un obstacle à l’hygiène orale.
- Une faible profondeur de vestibule peut rendre difficile le passage de
la brosse à dents et gêner l’efficacité du contrôle de la plaque
dentaire.

Figure 3 : Faible profondeur de vestibule.


D’après Guide pratique de chirurgie parodontale,
François Vigouroux, 2011 (9)

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Facteurs dentaires :
- Malpositions dentaires.
- Histogenèse de la jonction amélo-cémentaire : dans 5 à 10% des cas, on observe une
absence de contact amélo-cémentaire (11).
- Dimension des dents : diamètre radiculaire inadapté aux tissus environnants (3).

• Habitudes nocives et parafonctions :


- Tabac et drogues : par comparaison au non-fumeur, on retrouve chez le fumeur : des
lyses osseuses plus rapides et plus élevées, des récessions parodontales plus
importantes, des poches parodontales et des dépôts de tartre plus nombreux, et enfin
des échecs thérapeutiques plus fréquents.
- Alcoolisme

Les facteurs prédisposants ne vont pas suffire à eux seuls à créer une récession parodontale,
mais vont favoriser les effets d’un facteur déclenchant.

I.1.b. Les facteurs déclenchants/étiologiques (1) :


• Les facteurs traumatiques
- Le brossage traumatique par l’utilisation de brosses à dents trop dures, de dentifrices
abrasifs et d’une technique de nettoyage inadaptée.
- Le traumatisme occlusal : prématurités, contacts non travaillants en latéralité, etc...
- Les lésions cervicales non carieuses sont étroitement liées à la présence de RTM.
- Les traumas d’origine diverses : chimique par exemple par contact d’aspirine, physique
par la présence de piercing ou onychophagie, ou d’origine thermique par brulure au
bistouri électrique.

• Les facteurs inflammatoires et infectieux


- Liés au biofilm dentaire : un épisode inflammatoire dû à la présence de plaque dentaire
sur un site présentant un ou plusieurs facteurs anatomiques prédisposants va provoquer
une récession, et ce en présence ou en l’absence de maladie parodontale.
- Non induits par la plaque dentaire. Par exemple : maladies d’origine bactérienne
(treponema pallidum), virale (herpès virus), fongique (C. albicans), maladies ayant
pour origine un désordre systémique.

• Les facteurs iatrogènes

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I.2. Classifications des Récessions Tissulaires Marginales
I.2.a. Classification de Sullivan et Atkins 1968 (12) :
Les récessions sont classées en fonction de leur hauteur (profondeur) et de leur largeur.
- Les récessions profondes et larges, de longueur et largeur supérieures à 3mm, ces dernières
étant très difficiles à recouvrir.
- Les récessions peu profondes et larges, de longueur inférieure à 3mm et de largeur supérieure
à 3mm.
- Les récessions profondes et étroites, de longueur supérieure à 3mm et de largeur inférieure à
3mm.
- Les récessions peu profondes et étroites, de longueur inférieure à 3mm et de largeur inférieure
à 3mm.

En moyenne, les études cliniques classifient le défaut (5) :


➢En léger si la hauteur de la récession est inférieure à 3mm, modéré entre 3 et 5mm et
profond au-delà de 5mm.
➢La littérature décrit une largeur moyenne du défaut de 4,5mm. Ainsi une largeur supérieure
à 5mm devrait être considérée comme une largeur importante.
La hauteur et la largeur de la récession conditionnent la nécessité d’un support vasculaire plus
ou moins important (13). On suppose que plus une récession est large, et moins on peut
s’attendre à un recouvrement radiculaire.

I.2.b. Classification de Miller 1985 (14) :


Classe I : Récession marginale qui ne s’étend pas jusqu’à la jonction mucogingivale. Il n’y a
aucune perte parodontale (os ou tissu mou) dans les zones interproximales, on peut prévoir dans
ce cas un recouvrement radiculaire à 100%.

Figure 4 : 2 formes de classe I de Miller. D’après Miller, 1985. (14)

Classe II : Récession marginale qui s’étend jusqu’à la jonction mucogingivale ou au-delà. Il n’y
a pas de perte parodontale (os ou tissu mou) dans les zones interproximales ; on peut également
s’attendre à un recouvrement radiculaire à 100%.

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Figure 5 : 2 formes de classe II de Miller. D’après Miller, 1985. (14)

Les classes I et II ont des caractéristiques morphologiques identiques : elles ne diffèrent que par
leur longueur.

Classe III : Récession marginale qui va jusqu’à la jonction muco-gingivale ou au-delà. On se


trouve en présence d’une perte de tissu mou dans la zone interdentaire ou bien d’une
malposition dentaire. Cette situation fait obstacle à la réussite d’un recouvrement radiculaire à
100% d’après Miller. On peut donc s’attendre à un recouvrement partiel.

Figure 6 : 2 formes de classe III de Miller. D’après Miller, 1985. (14)

Classe IV : Récession marginale qui va jusqu’à la jonction muco-gingivale ou au-delà. La


déperdition d’os et de tissu mou au niveau interproximal ou bien la malposition des dents est
telle que l’on ne peut s’attendre à ce que le recouvrement radiculaire soit réussi d’après Miller.

Figure 7 : 2 formes de classe IV de Miller. D’après Miller, 1985. (14)

La classification de Miller est la plus largement employée, et très utile pour estimer le pronostic
de réussite d’une chirurgie de recouvrement. Mais elle se contente d’évaluer les tissus mous,
aussi, elle ne tient pas compte des conditions dans lesquelles se trouve la surface radiculaire
exposée, ni de la perte d’attache interdentaire. C’est pourquoi Pini-Prato et Cairo proposent
deux nouvelles classifications.

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I.2.c. Classification de Pini-Prato et al. 2010 (2) :
Système de classification de 4 classes de défauts des surfaces radiculaires : (cf. Annexe 2)
Classe A- : Jonction amélo-cémentaire (JAC) visible, sans lésion cervicale d’usure (LCU)
associée.
Classe A+ : JAC visible, associé à une LCU > 0,5mm impliquant la racine dentaire, ou la
couronne et la racine de la dent concernée.
Classe B- : JAC non visible, sans LCU associée.
Classe B+ : JAC non visible, associée à une LCU > 0,5mm impliquant la racine dentaire, ou la
couronne et la racine de la dent concernée.

Pini-Prato et al. proposent une classification des récessions évaluant les tissus dentaires,
complétant ainsi celle de Miller qui évalue les tissus gingivaux. Celle-ci permet d’évaluer de
manière plus précise la profondeur de la récession, le résultat après traitement (c’est-à-dire un
recouvrement radiculaire partiel ou complet) et le pronostic de réussite. En effet, la condition
initiale de la surface radiculaire exposée est importante pour le pronostic de la chirurgie.
Par exemple dans le cas d’une classe I ou II de Miller associées avec une LCU profonde, la
probabilité d’obtenir un recouvrement radiculaire à 100% ne peut être certaine à cause de la
difficulté à stabiliser le lambeau sur la surface radiculaire exposée.

I.2.d. Classification de Cairo et al. 2011 (15) :


Cette classification se base sur l’évaluation de la perte d’attache interdentaire sur les sites
vestibulaires et inter-proximaux.
Récession de type 1 (RT1) : Récession gingivale sans perte d’attache interdentaire. La ligne de
jonction amélo-cémentaire (JAC) n’est cliniquement détectable ni en mésial ni en distal de la
dent concernée.

Figure 8 : Récession de type 1 (RT1). D’après Cairo et al. 2011 (15)

Récession de type 2 (RT2) : Récession gingivale avec perte d’attache interdentaire. Cette perte
d’attache inter-proximale (mesurée de la JAC inter-proximale jusqu’au fond de la poche) est

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inférieure ou égale à la perte d’attache vestibulaire (mesurée de la JAC vestibulaire jusqu’au
fond de la poche).

Figure 9 : Récession de type 2 (RT2). D’après Cairo et al. 2011 (15)

Récession de type 3 (RT3) : Récession gingivale avec perte d’attache interdentaire. Cette perte
d’attache inter-proximale (mesurée de la JAC inter-proximale jusqu’au fond de la poche) est
supérieure à la perte d’attache vestibulaire (mesurée de la JAC vestibulaire jusqu’au fond de la
poche).

Figure 10 : Récession de type 3 (RT3). D’après Cairo et al. 2011 (15)

Lorsque les sites mésiaux et distaux de la dent testée présentent tous deux une JAC visible avec
perte d’attache interdentaire, le site interproximal présentant la perte d’attache la plus élevée est
celui qui est pris en compte pour identifier le type de récession.

On peut ainsi utiliser ces classifications en complément de celle de Miller afin d’affiner notre
pronostic de réussite suite au traitement chirurgical.

I.3. Evaluation de la quantité (hauteur) et qualité (épaisseur) des tissus mous


apicaux et/ou latéraux à la récession
Ils déterminent l’environnement d’une éventuelle greffe et sa stabilité et/ou les possibilités de
déplacer latéralement ou coronairement un lambeau de recouvrement.

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I.3.a. Classifications
La classification de Maynard et Wilson 1980 (16) : (cf. Annexe 3)
- Type 1 : dimension idéale de tissu kératinisé et épaisseur idéale du procès alvéolaire
- Type 2 : dimension réduite de tissu kératinisé et épaisseur idéale du procès alvéolaire
- Type 3 : dimension idéale de tissu kératinisé et épaisseur réduite du procès alvéolaire
- Type 4 : dimension réduite de tissu kératinisé et épaisseur réduite du procès alvéolaire

« Un tissu kératinisé idéal est épais à la palpation et possède une hauteur minimale de 3 mm.
La palpation et la mesure au moyen de la sonde parodontale permettent l’évaluation de ces
différents types de parodontes. Dans les types 3 et 4, le procès alvéolaire étant réduit, les
racines dentaires sont aisément palpables. Les patients de type 4 sont à risque de développer
des problèmes muco-gingivaux (environ 30% de la population). » D’après Guide pratique de
chirurgie parodontale, François Vigouroux, 2011 (9)

La classification de Seibert et Lindhe 1989 (17) prend en compte les facteurs dentaires et
parodontaux :
Type 1 : parodonte plat et épais – biotype résistant, souvent associé à des racines dentaires
divergentes, voire à la présence de diastèmes.
Type 2 : parodonte fin et festonné – biotype à risque, on observe souvent des espaces inter-
radiculaires étroits dans ce cas.
Il existe cependant de nombreux biotypes intermédiaires situés entre ces deux extrêmes.

I.3.b. Hauteur de gencive attachée


Miyasato et al. (18) démontrent en 1977, qu’en l’absence de plaque, de perte d’attache,
d’inflammation et en présence d’une bonne hygiène orale, une bonne santé parodontale peut
exister même dans les zones dépourvues totalement de gencive attachée. Freedman et al. en
1999 (19), ont confirmé qu’en l’absence d’inflammation, les dents avec peu ou pas de gencive
étaient aussi stable parodontalement que les dents ayant une quantité suffisante de tissu
kératinisée.

Aujourd’hui, il est communément admis que les zones avec moins de 2mm de gencive attachée
ont tout de même un risque plus élevé de RTM : elles devront être évaluées régulièrement en
termes d’inflammation et de présence ou non d’une perte d’attache afin de déterminer la
nécessité d’une thérapeutique plus préventive que curative.

17

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(CC BY-NC-ND 2.0)
I.3.c. Epaisseur de gencive attachée
D’après Wennström et Maynard (16), on sait que l’épaisseur de gencive est un élément de
considération plus important que sa hauteur. La présence d’une gencive kératinisée épaisse et
couvrante sert de barrière aux traumatismes masticatoires et aux stimuli thermiques et
chimiques des composants alimentaires.

Epaisseur du lambeau
En 1999, Baldi et al. (20) réalisent une étude cherchant à savoir si l’épaisseur du lambeau est
un facteur pronostic pertinent pour obtenir un recouvrement radiculaire. Ils étudient 19
récessions unitaires de classes I ou II de Miller de hauteur ≥ 2 mm, sur lesquelles ils opèrent un
lambeau positionné coronairement. Les résultats de cette étude montrent qu’il y a une relation
directe entre l’épaisseur du lambeau et la réduction de la récession.
En effet, d’après Mörmann et Ciancio (21), un lambeau d’épaisseur partielle visant à couvrir
une zone avasculaire ne doit pas être trop fin, pour que plus de vaisseaux sanguins soient
inclus.
Plus le lambeau sera épais, meilleure sera la vascularisation de la gencive marginale, ce qui
garantit une meilleure survie du lambeau. Au contraire, un lambeau de faible épaisseur présente
de plus grands risques de nécrose ou d’ischémie. Un tissu gingival épais facilite sa
manipulation, maintient la vascularisation, et favorise la cicatrisation pendant et après la
chirurgie.
Dans cette étude (20), tous les sites avec une épaisseur de lambeau supérieure à 0,8 mm ont
résulté avec un recouvrement radiculaire complet. Les auteurs en concluent qu’une épaisseur de
lambeau > 0.8mm est associée avec un recouvrement radiculaire complet, une épaisseur de
lambeau < 0.8mm est associée avec un recouvrement radiculaire partiel. Donc 0.8mm peut être
considéré comme l’épaisseur critique de lambeau à partir de laquelle on peut espérer un
recouvrement complet d’après Baldi et al. (cf. Annexe 4).
Notons cependant que cette étude a été réalisée sur un total de 19 patients, c’est pourquoi on ne
peut tirer de conclusion définitive.

D’autres études ont proposé un seuil critique d’épaisseur à partir duquel on peut espérer un
recouvrement radiculaire complet (CRC Complete root coverage).
Berlucchi et al. (22) ont observé que pour des récessions gingivales ≥ 4mm, 100% de
recouvrement radiculaire a été obtenu dans les cas où l’épaisseur de tissu était ≥ 1mm.
D’après la revue systématique de Hwang et al. (23), ce seuil critique d’épaisseur pour un
recouvrement radiculaire réussi serait > 1,1mm. Leur étude permet de conclure qu’il existe bien
une association entre l’épaisseur pondérée de lambeau, le recouvrement complet et le
recouvrement radiculaire moyen. Toutefois, les études varient significativement dans les

18

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(CC BY-NC-ND 2.0)
traitements employés, dans les mesures recueillies, et dans la méthodologie statistique, ce qui
rend les preuves concrètes difficiles.

I.4. Anatomie des sites donneur et receveur


I.4.1. Site donneur
- La disponibilité du site donneur, le plus souvent palatin.
- L’épaisseur et la hauteur de gencive kératinisée au niveau du site donneur dans le cas d’un
lambeau tracté : tissu apicaux ou latéraux à la récession.

I.4.2. Site receveur


Selon l’étude de Berlucchi et al. (22), il n’existe pas de relation claire entre le recouvrement
radiculaire et d’autres caractéristiques anatomiques telles que la largeur et hauteur de la papille
interdentaire, et la quantité osseuse sur la face vestibulaire.
- Il faut considérer la taille du défaut dans les dimensions verticales et horizontales, comme vu
précédemment.
- L’analyse de la hauteur et largeur de la récession nous permet d’évaluer la surface du lit
avasculaire car il conditionne la survie du greffon. Cela va conditionner la nécessité d’un
support vasculaire plus ou moins important. (5)
- La perte du tissu osseux compromet toute tentative de remplir l’espace interproximal. (5)

I. 5. Position de la dent ou des dents concernées


Une malposition de la dent sur l’arcade aura pour conséquence que les tissus ostéo-muqueux ne
seront pas équitablement répartis autour de la dent, ce qui entraine une perte de hauteur de l’os
alvéolaire et de la gencive attachée du côté de la déviation. La gencive est fine sinon absente,
remplacée par de la muqueuse alvéolaire (3). Il existe un risque accru d’apparition des RTM là
où la quantité de tissu est faible. Les vestibulo-versions, vestibulo-positions des dents, les
égressions et les rotations sont à l’origine de tables osseuses fines voire de déhiscences ou de
fenestrations.
La demande esthétique du patient varie également selon la position de la dent sur l’arcade
maxillaire ou mandibulaire, et par rapport à la position de la ligne du sourire.

19

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(CC BY-NC-ND 2.0)
II). Données de la littérature
II.1. Description des techniques chirurgicales et leurs indications (5,9,13,24)
Rappelons les principales techniques chirurgicales à notre disposition permettant d’obtenir un
recouvrement radiculaire total ou partiel (selon la profondeur du défaut original).

Tableau 1 : Techniques de recouvrement radiculaire

Lambeaux déplacés :
- Lambeaux déplacés/positionnés latéralement LPL
- Lambeaux déplacés/positionnés coronairement LPC
Greffe de tissu mou :
- Greffe de tissu épithélio-conjonctif GEC : greffe gingivale libre (non enfouie)
- Greffe de tissu conjonctif enfoui (SCTG = subepithelial connective tissue graft) : associée à un
lambeau déplacé latéralement, ou coronairement ou par la technique de l’enveloppe ou du tunnel
Traitements additifs / techniques d’ingénierie tissulaire / techniques régénératives :
- Régénération tissulaire guidée RTG
- Les protéines dérivées de la matrice amélaire EMD
- Matrice dermique acellulaire
- Dérivés plaquettaires

Nous limitons le champ de cette étude aux techniques sans ingénierie tissulaire.

Lambeaux déplacés / positionnés latéralement LPL :


La gencive attachée située latéralement à la récession est déplacée pour recouvrir cette dernière
par translation du lambeau.

Indications :
- Recouvrement radiculaire de récessions simples de classe I ou II de Miller.
- Présence d’un volume suffisant de gencive kératinisée du site donneur adjacent, soit une
hauteur d’au moins 3 mm et une épaisseur d’au moins 1,2mm.
- Apport de volume face à une dent qui en présente peu ou pas pour restaurer le complexe
muco-gingival.

Figure 11: Schéma représentant la technique du lambeau déplacé 20


latéralement. D’après Bouchard et al., 2001 (5)
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(CC BY-NC-ND 2.0)
Lambeau déplacé / positionné coronairement LPC :
La gencive attachée située apicalement à la
récession est déplacée avec un mouvement vertical
dans une direction coronaire.

Une variante du LPC est le lambeau semi-lunaire qui

diffère par le design de son incision et le Figure 12: Schéma représentant la technique du lambeau
placement des sutures. déplacé coronairement. D’après Bouchard et al., 2001 (5)

Indications :
- Recouvrement des récessions de classe I de Miller,
sous forme isolée ou multiple.
- Epaisseur de tissu kératinisé d’au moins 0,8 mm
situé en position apicale à la récession. (20)
- On utilise aussi le LPC dans les techniques de
Figure 13: Schéma représentant la technique du lambeau
régénération tissulaire ou osseuse guidée, afin de semi-lunaire. D’après Bouchard et al., 2001 (5)
recouvrir une membrane, de l’os ou un
biomatériau.

Il peut être envisagé lorsque la bande de gencive kératinisée apicale à la récession est
supérieure ou égale à 3 mm. (25)

Greffe épithélio-conjonctive GEC = Greffe gingivale libre


Dans ce cas, on prélève un greffon épithélio-conjonctif que l’on replace au niveau de la
récession. L’indication principale de la GEC est l’augmentation d’épaisseur et de hauteur de
tissu kératinisé et non le recouvrement des récessions.

Figure 14: Schéma représentant la technique de greffe gingivale libre/greffe épithélio-conjonctive (non enfouie).
D’après Bouchard et al., 2001 (5)

21

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(CC BY-NC-ND 2.0)
Lambeau positionné coronairement associé à une greffe de tissu conjonctif : LPC+SCTG
SCTG = Subepithelial connective tissue graft.
Le greffon conjonctif est désépithélialisé et immergé
complètement sous le lambeau déplacé coronairement,
en position « sous-épithéliale » encore appelée
« enfouie ».
L’intérêt principal de ces techniques est la parfaite
intégration chromatique et l’obtention d’un résultat
esthétique optimal (25).

Indications :
- Recouvrement radiculaire de récessions de classes
I, II et III de Miller, selon la technique employée.
- Pour des récessions isolées ou multiples contigües, en
présence d’un parodonte fin, en présence ou non de tissu
kératinisé.
- Création de tissu kératinisé et augmentation de la
hauteur de gencive attachée.
Figure 15 : Schéma représentant la technique de
- Epaississement gingival préprothétique. greffe de tissu conjonctif. D’après Bouchard et al.,
- Chirurgie péri-implantaire. 2001 (5)

Une autre évolution du lambeau positionné coronairement associé à une greffe de tissu
conjonctif sans incisions de décharges pour le traitement de récessions multiples fut celle de
Zucchelli et De Sanctis en 2000 : c’est la rotation des papilles.

Technique de l’enveloppe

Figure 16: Schéma représentant la technique de l'enveloppe. D’après Bouchard et al., 2001 (5)
La technique de l’enveloppe consiste à récliner un lambeau au niveau du site receveur par des
incisions intra-sulculaires d’épaisseur partielle préservant les papilles. Celles-ci sont prolongées
au-delà de la ligne muco-gingivale. Le greffon conjonctif est ensuite inséré dans l’enveloppe et
vient recouvrir l’ensemble des récessions. Le greffon restera apparent dans la partie la plus

22

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(CC BY-NC-ND 2.0)
prononcée des récessions, nécessitant une cicatrisation de deuxième intention (26). La
maximisation de l’apport vasculaire ainsi obtenue est susceptible de compenser la non-
couverture du greffon sur la surface radiculaire. Ainsi, le greffon est placé dans une sorte de «
sac » favorisant une cicatrisation rapide et esthétique du site traité (sans cicatrices) et une
réduction de l’inconfort du patient.

Indications :
- Recouvrement des récessions gingivales isolées ou multiples.

Tunnelisation

Figure 17: Schéma représentant la technique du tunnel.


Le greffon est tracté à travers le tunnel par une suture. Désinsertion des plans profonds et libération des
papilles : le greffon peut être recouvert totalement ou rester partiellement exposé.
D’après Bouchard et al., 2001 (5)

La tunnelisation consiste en une dissection en épaisseur partielle sans incisions de décharge


réunissant plusieurs récessions et sans nuire à l’attache des papilles. Ces dernières sont
cependant libérées délicatement afin d’y créer un tunnel. Le greffon est suturé latéralement et
inséré dans le tunnel sur un lit périosté.

Indications :
- Récessions multiples adjacentes, de classes I, II voire III de Miller.
- Lorsqu’une cicatrisation rapide est nécessaire pour satisfaire les exigences esthétiques
immédiates.
- Ou la nécessité de réduire le nombre des interventions.

23

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(CC BY-NC-ND 2.0)
II.2. Revues systématiques et analyse de la littérature
Nous allons maintenant regrouper les données recueillies dans la littérature afin de comparer
l’efficacité entre un lambeau déplacé seul et les techniques de recouvrement associées à une
greffe de tissu mou autogène. Ces données seront ensuite analysées dans un troisième temps.

II. 2. a. Données d’études de cas comparatifs et non contrôlés.


En 1996, Ricci et al. (27) publient une étude non randomisée de plus de 6 mois dans laquelle ils
comparent la technique de lambeau positionné latéralement (LPL) et le recouvrement par
SCTG. Dans cette analyse regroupant 40 récessions de classe I ou II de Miller, ils ne trouvèrent
aucune différence statistique quant au recouvrement radiculaire moyen à un an post-opératoire
(SCTG 2.64 mm, et LPL 2.47 mm), bien que le SCTG présente une meilleure prédictibilité du
résultat que le LPL.

Dans leur article, « Decision-making in aesthetics : root coverage revisited » Bouchard et al.
2001 (5), proposent de comparer les différentes techniques pour recouvrir une récession.

Tableau 2 : Pourcentage moyen de recouvrement radiculaire dans des défauts de Classes I et II


(avec des valeurs initiales de récession allant de 2,5mm à 5,6mm) : résumé de données
d’études de cas comparatives et non-contrôlées.
Critères de sélection : un minimum de 6 mois de suivi post-opératoire, au moins 10 patients
par groupe, données disponibles concernant la profondeur initiale de la récession. D’après
Bouchard et al. 2001 (5)

Rotational flaps = lambeau positionné latéralement par rotation (LPL)


Advanced flaps = Lambeau positionné coronairement (LPC)
Submerged grafts = greffon de conjonctif enfoui STCG
+ coronally positioned flap = LPC

D’après ce tableau, on observe que les différentes techniques de greffe par conjonctif enfoui
présentent les meilleurs pourcentages de recouvrement radiculaire, en moyenne 82 à 83 % pour
des récessions de classes I et II. Par rapport aux lambeaux déplacés latéralement et
coronairement seuls qui présentent respectivement une moyenne de recouvrement radiculaire
moyen de 66 et 77%.

24

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(CC BY-NC-ND 2.0)
Roccuzzo et al. (28) proposent une revue systématique regroupant des essais cliniques
randomisés et contrôlés (RCTs/CCTs), mais aussi des séries de cas présentant au minimum un
suivi de 6 mois.

Tableau 3 : Pourcentage moyen de recouvrement radiculaire, pourcentage de cas avec


recouvrement radiculaire complet (CRC) et nombre de cas sur le total de cas traités pour
chaque étude clinique. D’après Roccuzzo et al. 2002 (28)

D’après ce tableau, on observe que les greffons de conjonctif (CTG) présentent un pourcentage
de recouvrement radiculaire moyen allant de 64,7% à 96% et un pourcentage de CRC allant de
20% à 83,3%.
Les LPC (CAF) présentent un pourcentage de recouvrement radiculaire moyen allant de 55% à
91,2% et un pourcentage de CRC allant de 9% à 50%.
Les greffes épithélio-conjonctive (FGG) présentent le taux le plus faible de recouvrement
moyen et total.

L’ensemble de ces tableaux doivent être interprétés avec prudence, en raison des différences
entre les protocoles. Toutefois, les pourcentages moyens expriment une tendance, qui peut être
prise en compte par le clinicien.

25

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(CC BY-NC-ND 2.0)
II. 2. b. Données recueillies à partir de revues systématiques de la littérature
Actuellement, les principes de la Médecine Basée sur les Preuves préconisent que le choix
d’une intervention thérapeutique se base sur une information fiable et impartiale produite par
une approche scientifique. C’est pourquoi les revues systématiques de la littérature sont d’un
grand intérêt car elles apparaissent comme un moyen efficace pour trouver et évaluer les
meilleures preuves disponibles.

Dans leur article, Chambrone et al. 2008 (29) comparent des études cliniques contrôlées et
randomisées avec un suivi d’au moins 6 mois post-opératoire, dans le traitement des recessions
de classes I et II de Miller.

Tableau 4 : Sites présentant un recouvrement radiculaire complet SCRC, pourcentage de


recouvrement radiculaire complet PCRC, et moyenne de recouvrement radiculaire MRC.
D’après Chambrone et al. 2008 (29)

SCAF ou CAF = lambeau positionné coronairement LPC


Double papilla flap = lambeau bipapillaire, variante du LPL
Modified tunnel procedure = technique du tunnel modifié

Cairo et al. (30) publient en 2014 une revue systématique évaluant 53 recherches cliniques
randomisées ayant au moins un suivi post-opératoire de 6 mois. Leur but étant d’évaluer
l’efficacité clinique des procédures de chirurgie plastique parodontale dans le traitement des
récessions radiculaires avec ou sans perte d’attache interdentaire.
CTG = Connective tissue graft = greffon de conjonctif
MRC = moyenne de recouvrement radiculaire (%)
CRC = pourcentage de recouvrement radiculaire complet
Dans les groupes tests et les groupes contrôles

26

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(CC BY-NC-ND 2.0)
Tableau 5 : Comparaison entre une technique seule et/ou des combinaisons de techniques.
D’après Cairo et al. 2014 (30).

27

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(CC BY-NC-ND 2.0)
Ils en concluent :
- Les LPC sont associés avec une probabilité plus élevée de recouvrement radiculaire
complet (CRC) et une quantité plus élevée de réduction de la récession que le lambeau
semi-lunaire.
- Les combinaisons LPC+CTG ou LPC+EMD (Enamel Matrix Derivative = protéines
dérivées de la matrice amélaire) sont plus efficaces que le LPC seul en termes de CRC
et de réduction de la récession.
- Les LPC+CTG ont obtenu des recouvrements radiculaires complets plus fréquemment
que les LPC+EMD, lambeau semi-lunaire, greffe épithélio-conjonctive et le lambeau
positionné latéralement.
- Les LPC+CTG ont également obtenu les meilleurs résultats cliniques pour les
récessions gingivales unitaires avec ou sans perte d’attache interdentaire. Ils sont plus
efficaces que le LPC seul en termes de CRC, de réduction de la récession et de gain de
tissu kératinisé pour les récessions sans perte d’attache. Ils sont plus efficaces que le
LPC seul en termes de réduction de la récession et de gain de tissu kératinisé pour les
récessions avec perte d’attache.

II.3. Résultats à long terme


Les revues systématiques comparées dans notre travail se sont basées sur des résultats avec un
suivi post-opératoire d’au moins 6 mois. Aussi, il existe très peu d’études présentant des
résultats à plus long terme. Examinons néanmoins les résultats de quelques études cliniques.

28

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(CC BY-NC-ND 2.0)
Tableau 6 : Conditions cliniques des sites pour le groupe test (LPC + SCTG) et le groupe
contrôle (LPC) au départ, à 6 mois, 1 an et 2 ans de suivi post-opératoire (en mm).
D’après Wennstrom et Zucchelli, 1996 (31)

a)
Différence statistiquement significative par rapport au groupe contrôle (p<0.01)

Tableau 7 : Pourcentage moyen de recouvrement radiculaire à 6, 12 et 24 mois après


traitement, et pourcentage des sites parmi des catégories de récessions variées pour les sites du
groupe test (LPC+SCTG) et ceux du groupe contrôle (LPC).
D’après Wennstrom et Zucchelli, 1996 (31)

29

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(CC BY-NC-ND 2.0)
Tableau 8 : Paramètres cliniques enregistrées : Profondeur de la récession (RD), profondeur
de sondage (PD), niveau d’attache clinique (CAL) et hauteur de tissu kératinisé (KTH). Valeurs
moyennes au départ, à 6 mois, 1 an, et 5 ans postopératoires. D'après Zucchelli et al. 2014 (32)

* Différence inter-groupe statistiquement significative comparé au départ


† Différence intra-groupe statistiquement significative lié au temps
CAF = lambeau positionné coronairement LPC ; CTG = greffon de tissu conjonctif

D’après ces tableaux, nous constatons des résultats assez similaires en employant la technique
de LPC seul ou celle de LPC+SCTG à court terme pour la diminution de la récession et pour la
hauteur de tissu kératinisé. Mais lorsque nous nous intéressons aux résultats à 2 ans et à 5 ans
post-opératoire, nous observons que les résultats sont plus stables et meilleurs pour le groupe
LPC+SCTG.

Dans l’étude de Cairo et al. 2014 décrite précédemment (30), sur les 53 essais cliniques
contrôlés (RCT) comparant les LPC avec d’autres procédures, dont certaines avec adjonction
de biomatériaux, seuls 8% des RCT ont montrés des résultats à long terme avec un suivi à au
moins 5 ans post-opératoire (Paolantonio et al. 1997, Leknes et al. 2005, Moslemi et al. 2011,
McGuire et al. 2012). Lorsqu’on compare les résultats à court et à long terme, on observe qu’un
brossage traumatique est fortement associé avec une récurrence de récession sur les sites traités
par LPC+SCTG après 5 ans (Moslemi et al. 2011). De même sur les sites traités par LPC après
6 ans (Leknes et al. 2005) et à 14 ans post-opératoire (Pini Prato et al. 2011). Ils décrivent une

30

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(CC BY-NC-ND 2.0)
récurrence de récession gingivale de 39% sur les sites traités. D’un autre côté, une autre étude a
rapporté une stabilité de la gencive marginale à 10 ans après LPC+EMD ou LPC+SCTG sur 9
des 17 patients traités dans un cabinet privé de parodontologie (McGuire & Nunn 2012).
Lors de l’interprétation des données, il faut considérer avec attention le cadre (universitaire ou
privé), les techniques appliquées (techniques avec ou sans greffe et leurs variantes) et le
nombre résiduel de patients lors du suivi à long terme, versus le nombre d’abandon des
patients, car on observe une grande hétérogénéité entre les études.

II.4. Comparaison selon le point de vue du patient


Nous ne disposons que de peu d’informations concernant l’évaluation des résultats selon le
point de vue du patient tels que les changements esthétiques, une préférence pour telle ou telle
procédure, et le taux d’inconfort ou de douleurs post-opératoires (29). Les complications ne
sont que rarement rapportées ou bien sont mentionnées de manière anecdotique.

Sensibilités radiculaires
Peu d’études ont évalué les sensibilités radiculaires suite à une procédure de recouvrement
radiculaire. Aucune méta-analyse n’a pu être réalisée concernant cette variable car les données
étaient trop peu nombreuses et hétérogènes. (30) Comparons tout de même les données
obtenues de diverses études.
- Cortellini et al., 2009 (33): A 6 mois post-opératoire, aucune différence significative n’a été
rapporté concernant les sensibilités dentaires, soit environ 12% pour les deux groupes LPC et
LPC+SCTG.
- Cairo et al., 2012 (34) ont rapporté 15% des sites présentant une hyperesthésie pour le groupe
traité par LPC seul, et aucune sensibilité résiduelle dans le groupe LPC+SCTG à 6 mois.

Douleurs post-opératoires et complications


- Ces mêmes études ont noté que la procédure de LPC+SCTG est souvent associée à un nombre
de jours plus élevé présentant une morbidité post-opératoire que le LPC seul. (30)
- De nombreux cas d’œdèmes ont été rapportés pour le groupe LPC+SCTG, et ces différences
sont statistiquement significatives : LPC+SCTG 28,4 à 32,2% et LPC 17,8 à 19,9% en utilisant
une échelle visuelle analogique EVA. (30)
- De plus, LPC+SCTG sont associés avec un temps opératoire plus long, de plus nombreux
jours avec une morbidité post-opératoire, et une plus grande consommation d’analgésiques
post-opératoire que le LPC seul dans l’étude de Cairo et al. 2012 (34).
- Des douleurs ont été rapportées au niveau du site donneur dans les cas avec prélèvement de
conjonctif (Romagna-Genon 2001), cependant ces effets secondaires n’ont pas été confirmé par

31

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(CC BY-NC-ND 2.0)
d’autres auteurs (Jepsen et al. 1998, Tatakis & Trombelli 2000). L’une des raisons peut être
liée aux différentes techniques de prélèvement et de sutures dans les différentes études.

Cependant d’autres études ont obtenu des résultats contradictoires :


- Aucune différence significative n’a été noté pour la douleur entre ces 2 groupes en utilisant
une EVA. (35)
- Da Silva et al., 2004 (36) n’ont rapporté aucune complication en comparant LPC+SCTG
versus LPC seul.

Aucune méta-analyse n’a pu être réalisée concernant les douleurs et les complications post-
opératoires car les données étaient trop peu nombreuses et hétérogènes. (4)(30)

32

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(CC BY-NC-ND 2.0)
III). Discussion
Nous avons vu dans un premier temps les différents facteurs qu’il faut évaluer au niveau de la
récession afin de choisir la technique chirurgicale adaptée. La récession initiale et l’épaisseur
du lambeau sont notamment des variables prédictives importantes pour la réduction de la
récession (20). Cependant, il arrive souvent que plusieurs possibilités s’offrent à nous, et le
choix n’est pas toujours aisé. C’est pourquoi on cherche des moyens reproductibles capables de
nous guider dans ce choix.

III). 1). Résultats des revues systématiques


Des revues systématiques datant de 2002-2003 (28,37) ont suggéré que l’apport de greffon
conjonctif (CTG) offre les résultats les plus prédictibles, et peut ainsi être considéré comme le
« gold standard ». Cependant, le LPC est essentiellement une procédure moins compliquée et
présentant de bons résultats. Dans l’étude de Chambrone et al. 2008 (29), aucune différence n’a
été décelée dans la réduction de la récession gingivale entre ces deux techniques, remettant en
question la conclusion que le CTG est en effet le gold standard. Mais les auteurs affirment eux-
mêmes qu’il faudrait réaliser plus d’investigations pour comparer le LPC et le CTG afin de
confirmer la position de gold standard de ce dernier.

Nous tirons les conclusions suivantes des revues systématiques de Cairo et al. (21, 24) et de
Tonetti et al. (4) :
Concernant le lambeau positionné coronairement (LPC) seul :
- La procédure de LPC est sûre et fiable pour le recouvrement radiculaire. Elle est
associée à une réduction de la récession de manière constante et fréquemment avec un
recouvrement complet.
- Les LPC sont associés avec une probabilité plus élevée de recouvrement radiculaire
complet et une quantité plus élevée de réduction de la récession que le lambeau semi-
lunaire pour des classes I et II de Miller ou RT1.

Comparaison avec les autres techniques :


- Le LPC est le lambeau le plus fréquemment utilisé parmi toutes les techniques de
lambeau. Ainsi, les lambeaux LPL et semi-lunaire n'ont été étudiés que dans un nombre
limité d’essais cliniques randomisés et contrôlés (RCT) et doivent être considéré avec
prudence dans les traitements modernes.
- On note cependant que le LPL est associé avec un gain de tissu kératinisé plus élevé
que le LPC après cicatrisation, cependant il faut prendre en compte qu'une quantité

33

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(CC BY-NC-ND 2.0)
suffisante de tissu kératinisé sur le site adjacent est un prérequis pour réaliser un LPL,
ce qui n'est pas le cas pour le LPC.

Concernant le LPC+CTG :
- LPC+CTG a résulté en de meilleurs résultats cliniques en termes de réduction de la
récession (10.49 mm en moyenne), en termes de recouvrement complet de la récession
(Odds Ratio = 52.49), et en gain de gencive kératinisée comparé au LPC seul.
- La technique de CTG résulte en une augmentation finale de tissu kératinisé d'environ 1
mm.
- Les résultats des méta-analyses ont montré que seules les LPC+CTG et LPC+EMD ont
obtenu de meilleurs résultats que le LPC seul en termes de CRC et de réduction de la
récession.
- Aucune autre thérapie n’a apporté de meilleurs résultats que LPC+CTG.
- Les LPC+CTG ont obtenu des recouvrements radiculaires complets plus fréquemment
que les LPC+EMD, lambeau semi-lunaire, greffe épithélio-conjonctive et le lambeau
positionné latéralement.
- La capacité du LPC+CTG d’augmenter le tissu kératinisé suggère de se diriger
préférentiellement vers cette approche lorsqu’une augmentation de tissu kératinisé est
l’un des buts du traitement.

Pour les cas présentant une perte d’attache interdentaire :


- Les LPC+CTG ont obtenu les meilleurs résultats cliniques pour les récessions
gingivales unitaires avec ou sans perte d’attache interdentaire.
- Dans les cas de récessions avec perte d'attache interdentaire, l'utilisation de CTG est
associé avec un CRC de 57% (34), réfutant ainsi le paradigme suggérant une limite
pour le recouvrement radiculaire se basant sur la perte osseuse interdentaire dans la
situation initiale telle que décrite par Miller en 1985 (14).
- Les données initiales suggèrent que le CRC est possible en cas de récession unitaire
avec perte d'attache interdentaire inférieure ou égale à la perte d'attache vestibulaire
(classe III de Miller ou RT2) et l'utilisation de LPC+CTG est plus efficace que le LPC
seul en termes de réduction de la récession et de gain de tissu kératinisé.

C'est pourquoi les résultats de cette revue systématique nous confortent dans l'idée que le
LPC+CTG peut être considéré comme le gold standard pour le traitement d'une récession
unitaire.

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Les raisons biologiques possibles pour expliquer ces résultats peuvent être liés à :
- L’apport vasculaire double provenant de la surface périostée et du lambeau ce qui
favorise la survie du greffon du CTG sur la surface radiculaire (Langer & Langer 1985)
(38).
- La capacité du CTG de réduire la récidive de récession/rechute de la gencive marginale
positionnée coronairement pendant la phase de cicatrisation de la procédure de LPC.

Tonetti et al., 2014 (4) ont évalué le niveau de preuves des études cliniques en utilisant une
modification de GRADE (grading of recommendations assessments development and
evaluation, Guyatt et al. 2008). Leur rapport de consensus du 10ème séminaire européen de
parodontologie nous permet d’ajouter les conclusions suivantes :
- Pour une récession unitaire sans perte d’attache interdentaire : Lorsque le but est un
recouvrement radiculaire complet ou un recouvrement maximum de la récession,
l’addition de CTG ou d’EMD (protéines dérivées de la matrice amélaire) augmente
l’efficacité du lambeau positionné coronairement.
- Pour des récessions multiples sans perte d’attache interdentaire : le recouvrement des
récessions multiples avec une seule approche chirurgicale semble possible. On ne peut
formuler de recommandation pour aider à la sélection d’une technique plutôt qu’une
autre. Les procédures spécifiquement conçues pour adresser des récessions multiples
adjacentes mériteraient de plus nombreuses évaluations.
- Pour des récessions unitaires ou multiples avec perte d’attache interdentaire : Les
preuves initiales suggèrent que le recouvrement radiculaire complet peut être possible
dans les récessions avec une perte d’attache interdentaire à minima (classe III de
Miller). L’application clinique de ce résultat mériterait plus d’évaluations. De même,
on ne peut formuler de recommandation pour aider à la sélection d’une technique plutôt
qu’une autre.

III). 2). Limites des revues systématiques (29)


- Il existe une hétérogénéité statistiquement significative entre les études dans certaines
comparaisons, qui s’explique par les différentes méthodologies utilisées dans chaque
essai clinique, telles que : les critères d’inclusions, les variabilités entre les procédures
chirurgicales et les périodes de suivi.
- Certaines modalités peuvent être source de biais. C’est pourquoi il faut évaluer avec
attention ces modalités pendant l’interprétation de chaque étude.
Les critères de qualité sont : une méthode adéquate de randomisation, une étude
réalisée en double aveugle, la dissimulation des répartitions, et la période de suivi
complète.

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- Le phénomène d’attache rampante peut avoir lieu : la quantité de recouvrement
radiculaire obtenue après la chirurgie peut être améliorée après la phase initiale de
cicatrisation par une migration post-opératoire de la limite de gencive marginale en
direction coronaire. Il est inconstant et imprévisible. Il peut intervenir entre 1 mois et 1
an après l’intervention. Selon les études, toutes techniques de chirurgie gingivale
confondues, la moyenne de recouvrement observée par attache rampante est de 0,65mm
(9). Dans la littérature, on ne trouve que peu d’informations concernant quand et si la
migration s’arrête un jour, comment elle progresse, et le point idéal pour l’évaluation.
Ainsi, lorsqu’il a lieu, ce phénomène peut fausser les résultats obtenus, car le
recouvrement n’est pas entièrement dépendant de la technique utilisée.
- Un traumatisme gingival pendant l’élévation du lambeau, une tension excessive du
lambeau, une profondeur insuffisante du vestibule, des sutures incorrectes peuvent
entrainer une rétraction gingivale précoce.
- Les différences entre les techniques employées, l’expérience du praticien, la
localisation de la récession, l’anatomie gingivale peuvent être liés à la grande
variabilité des résultats observés entre les études.
- Une étude multicentrique (33) a démontré un effet centro-dépendant significatif sur le
résultat clinique. Cela explique au moins partiellement, la variabilité de résultats
cliniques obtenus entre des groupes de recherches différents et indépendants alors
même qu’ils emploient les mêmes techniques chirurgicales. C’est pourquoi il faut être
prudent avant de généraliser les données d’une étude à un groupe plus important de
cliniciens.
- Les tableaux comparatifs et les revues systématiques étudiés précédemment présentent
des différences entre les protocoles, c’est pourquoi il faut interprétés les résultats avec
prudence. Toutefois, les pourcentages moyens expriment une tendance, qui peut être
prise en compte par le clinicien.

III). 3). Comparaison des résultats en terme esthétique


Quelques études ont évalué la satisfaction esthétique, par une série de question.
Cependant, l’évaluation du niveau de la gencive marginale après une chirurgie est restrictive et
n’est pas adéquate pour évaluer le résultat esthétique final.
L’aspect esthétique s’évalue par rapport à la correspondance de couleur, à l’alignement de la
jonction muco-gingivale, à la présence ou non d’une cicatrice, à la texture et à l’aspect
tissulaire.

Des tentatives ont été faites pour mesurer objectivement les améliorations esthétiques.

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Pour Rotundo et al. (39), le principal critère de réussite selon une étude menée sur un
échantillon d’une centaine de patients, omnipraticiens et périodontistes est un recouvrement
radiculaire complet.
Un recouvrement radiculaire partiel peut être perçu comme un résultat positif dans les cas de
récessions gingivales profondes si la racine à nue est non-dischromique.

Un score RES Root coverage esthetic score, a été introduit par Cairo et al. en 2009 (40). Il
s’agit d’un système standardisé d’évaluation esthétique après une chirurgie de recouvrement.
Ce score a été utilisé dans quelques RCT récents. (4)

En outre, l’étude de Kerner et al. (41) montrent que ni le pourcentage de recouvrement


radiculaire, ni le pourcentage d’augmentation gingivale ne sont corrélés aux scores subjectifs.
Pour eux, le niveau de recouvrement radiculaire n’est pas le critère le plus important dans le
jugement esthétique global des observateurs.

En conséquence, le pourcentage de recouvrement radiculaire ne peut être le principal objectif


des chirurgies de recouvrement car leur but est d’améliorer globalement l’apparence esthétique
des sourires des patients. Les mesures objectives tels que le pourcentage de recouvrement
radiculaire et le pourcentage d’augmentation gingivale présentent l’avantage d’être fiables et
quantitatives. Cependant, ces mesures n’évaluent pas les paramètres permettant de juger
l’esthétique globale tels que les cicatrices, la texture, le volume, la couleur, le contour gingival,
la localisation de la ligne de jonction muco-gingivale et la couleur de la racine dentaire. Le
résultat qualitatif est souvent mesuré par EVA Echelle Visuelle Analogique, ou par des scores
ou questionnaires. Mais ces données ne sont pas souvent rapportées dans la littérature. (5)
Ainsi, l’évaluation subjective d’un recouvrement radiculaire est intrinsèquement imparfaite, et
nécessite plus de critères explicites pour améliorer la fiabilité des grilles d’évaluation
esthétique.

Il est raisonnable de poser l’hypothèse que le CRC est associé avec une plus grande réduction
des sensibilités radiculaires qu’un recouvrement partiel, supportant ainsi l’idée que le CRC est
le but du traitement. En outre, le CRC est associé avec une plus grande satisfaction du patient,
notamment lorsque la surface radiculaire montre une couleur contrastant avec celle de la
surface amélaire, mais cela ne résume pas complètement la satisfaction esthétique globale.

Dans la RCT de Zuchelli et al. de 2003 (42), comparant 2 techniques de LPC+SCTG, un


greffon de tissu conjonctif d’une dimension supérieure à la déhiscence osseuse, et d’épaisseur >

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1mm est associée avec de moins bons résultats esthétiques que sur les sites où le greffon est
égal à la déhiscence osseuse. Les auteurs suggèrent que les raisons possibles peuvent être liées
aux difficultés des échanges vasculaires entre le lambeau recouvrant et le greffon aux
dimensions ou à l’épaisseur excessive, favorisant ainsi une différence significative de
déhiscence du lambeau avec exposition du greffon et de moins bons résultats esthétiques.

Ainsi, un CRC associé à une mauvaise correspondance de couleurs gingivales, une mauvaise
intégration avec les tissus adjacents ou un contour gingival plat peut affecter la perception
esthétique du traitement. En outre, la possible association entre le gain de tissu kératinisé et la
satisfaction esthétique doit être testée.
En effet, pour obtenir un résultat esthétique optimal, l’épaisseur et la couleur des tissus mous
apportés par la chirurgie ne doivent pas se distinguer de ceux des tissus mous adjacents de la
zone opérée.
Par conséquent, l’utilisation d’un greffon de tissu conjonctif enfoui lorsque le lambeau est
d’une épaisseur suffisante peut mettre en péril le résultat esthétique en amenant un surplus
d’épaisseur de tissus mous sur la zone opérée.

Figure 18 : Photos pré-opératoire (a) et post-opératoire (b) à un an d’une dent traitée par un
greffon de longueur apico-coronaire de 3mm supérieure à la profondeur de la déhiscence
osseuse. L’épaisseur du greffon était supérieure à 1 mm (en moyenne 1,47 ± 0,52mm dans le
groupe contrôle). Le recouvrement radiculaire complet est obtenu. D’après Zucchelli et al.
2003 (42).

A un an, on observe une cicatrice d’apparence inesthétique de couleur blanchâtre sur la zone
greffée. Les auteurs supposent que la taille et l’épaisseur du greffon et son placement
excessivement coronaire peuvent avoir réduit les échanges vasculaires entre le lambeau de
recouvrement et le lit de tissu conjonctif sous-jacent, ce qui a causé la rétraction complète du
lambeau. De plus, l’augmentation d’épaisseur de tissu gingival s’étend au-delà de la zone
d’exposition radiculaire.

A ce jour, aucun consensus n’a été établi afin de déterminer la méthode d’évaluation esthétique
la plus appropriée.

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III). 4). Aide au choix (9,24)
« Les classifications parodontales ont pour but de guider, d’un point de vue clinique, le
praticien dans le diagnostic et les objectifs thérapeutiques des traitements parodontaux. Le
pronostic de la chirurgie est intimement lié au type de parodonte évalué. » selon Vigouroux (9).
Détaillons les avantages et inconvénients de chaque technique.

Lambeaux déplacés/positionnés latéralement LPL


Avantages :
- Bon recouvrement par première intention de 60 à 70% selon les études.
- Augmentation du volume de tissu kératinisé.
- Une seule zone opératoire : le site donneur et le site receveur sont situés au contact l’un de
l’autre.
- On obtient donc une harmonisation du geste et peu de douleurs et d’inconforts post-
opératoires.
- Le lambeau pédiculé assure une bonne vascularisation, limitant le risque de nécrose.
- Bon rendu esthétique grâce à l’intégration tissulaire après cicatrisation.

Inconvénients :
- Technique délicate à mettre en œuvre.
- Peu adapté aux récessions multiples.
- La hauteur de gencive adjacente doit être supérieure à 3mm et doit présenter une certaine
largeur et épaisseur.
- Risque de récession au niveau du site donneur.
- Présence d’une zone de cicatrisation de seconde intention.
- La présence de freins ou d’un vestibule peu profond constitue un obstacle à sa mise en œuvre.
Le LPL reste une technique peu prédictible de recouvrement avec un risque d’exposition au site
donneur.

Lambeau déplacé/positionné coronairement LPC


Avantages du LPC classique :
- Le LPC permet un recouvrement radiculaire d’environ 60 à 99% selon les études.
- Excellent aspect esthétique.
- Bonne vascularisation du tissu déplacé grâce au pédicule, limitant la morbidité.
- Un seul site chirurgical, ce qui entraine peu de douleurs et d’inconfort post-opératoires.
- Résultats prévisibles pour les classes I de Miller.
- Technique simple à mettre en œuvre.
- Cicatrisation de première intention.

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Inconvénients du LPC classique :
- Le LPC reste limité aux récessions de classe I et ne permet ni d’épaissir ni d’augmenter la
hauteur de gencive kératinisée.
- Par cette technique on n’augmente pas le volume de gencive kératinisée, on ne fait que la
déplacer.
- Risque d’échec en présence d’un frein, d’un vestibule peu profond ou pour les parodontes
fins.
- Récidives si les facteurs étiologiques ne sont pas contrôlés.
- Possibles brides cicatricielles inesthétiques des incisions de décharge.

Greffe épithélio-conjonctive GEC = Greffe gingivale libre


Comparée aux autres techniques, la GEC présente beaucoup d’inconvénients et une fiabilité
thérapeutique moindre.
Le résultat est inesthétique : La greffe présente un aspect de « rustine » de même couleur que le
site de prélèvement généralement plus blanc et plus opaque (nacrée) que la gencive
vestibulaire. Cet aspect peut être accentué par une cicatrisation de type chéloïde ou la présence
d’une papille palatine. Cette technique est contre-indiquée dans les zones esthétiques.
En outre, cette technique présente des suites opératoires douloureuses quasi constamment. Un
autre problème de la GEC est la survie du greffon, l’apport nutritionnel est obtenu par les
fluides et la vascularisation environnante.

Lambeau positionné coronairement associé à une greffe de tissu conjonctif : LPC+SCTG


Avantages :
- Recouvrement radiculaire d’environ 80 à 90%.
- Augmentation du tissu kératinisé en hauteur et épaisseur (variable selon la technique).
- Très bon résultat esthétique et stabilité à long terme.
- Double vascularisation du greffon, d’où un risque de nécrose limité.
- Les complications postopératoires aux sites donneur et receveur sont de faible fréquence et
facilement accepté.
- les techniques de Langer et de Bruno permettent de traiter des récessions de classe I, II et III
de Miller.

Inconvénients :
- Difficultés techniques :
• Nécessité de deux sites d’intervention,
• Gestuelle délicate du prélèvement du greffon et pour la dissection en épaisseur
partielle.

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- Douleurs postopératoires au niveau du site donneur variables selon le mode de prélèvement.
- Complications d’ordre hémorragique, nécrotique.
- Limitations à certaines classes de Miller pour un enfouissement complet.
- La conservation d’un bandeau d’épithélium palatin au niveau des récessions entraine parfois
une dyschromie cicatricielle. (13)
- Recouvrement radiculaire pas totalement prévisible.

Technique de l’enveloppe
Avantages :
- Recouvrement radiculaire de 75 à 90%, d’où une bonne prévisibilité de succès.
- La technique de l’enveloppe permet de traiter l’ensemble des classes de Miller avec un
excellent fondu esthétique, obtenu plus rapidement qu’avec d’autres techniques.
- Chirurgie a minima, entrainant un traumatisme opératoire faible et peu de douleurs
postopératoires.
- Le risque de nécrose du greffon est pratiquement supprimé au moins pour la partie «
enveloppée » sous le lambeau receveur.
- Peu de sutures.
- La stabilité à moyen et long terme parait totale (43).

Inconvénients :
- Deux sites chirurgicaux sont requis.
- Technique difficile dans la préparation du lit receveur.
- Mise en place du greffon délicate.
- Courbe d’apprentissage longue.

Tunnelisation
Avantages :
- Un recouvrement prédictible et stable de l’ordre de 95%.
- Une excellente adaptation du greffon au site receveur d’où une cicatrisation initiale rapide.
- Des résultats hautement esthétiques : harmonie dans la texture et la couleur des tissus.
-Une excellente survie du greffon grâce à un apport vasculaire augmenté par la traction
coronaire du tunnel.
- Une augmentation quantitative et qualitative de tissu kératinisé en hauteur et en épaisseur.
- Un nombre réduit de sutures.
- La prise en charge de récessions de classe I, II, ou III de Miller.
- Des douleurs post-opératoires diminuées.

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Inconvénients :
- Deux sites chirurgicaux sont requis.
- Courbe d’apprentissage longue.
- Le prélèvement palatin et la mise en place du greffon sous le tunnel est délicate.
- Sutures a priori complexes pour glisser le greffon dans le tunnel et le stabiliser.
- La difficulté technique et le temps octroyé à la préparation du site receveur : les risques de
perforation du lambeau disséqué en épaisseur partielle « à l’aveugle », la réalisation d’un plan
de dissection uniforme sous un lambeau pédiculé étendu, la préservation de l’intégrité des
papilles.
- Les instruments de microchirurgie sont fortement recommandés.

Des auteurs ont proposé des tableaux comparatifs qui peuvent être une aide au choix de la
technique. En voici deux exemples.

Tableau 9 : Appréciation comparative des résultats en fonction des différentes techniques


d'après Borghetti et Monnet-Corti, 2000 (24)

Rec. : recouvrement ; HTK : hauteur de tissu kératinisé


GG : greffe gingivale ou greffe épithélio-conjonctive

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GC : greffe de conjonctif enfoui
RTG : Régénération Tissulaire guidée

En 2002, Struillou et coll. proposent une aide à la décision pour le recouvrement radiculaire des
classes I et II de Miller :

Tableau 10 : Aide à la décision pour le recouvrement radiculaire des classes I et II de Miller


en fonction des objectifs souhaités et des caractéristiques de la lésion. D’après Struillou et coll.
2002. (26)

Profondeur résiduelle du vestibule Profondeur résiduelle du vestibule


faible faible
Augmentation de Augmentation de Augmentation de Augmentation de
tissu kératinisé tissu kératinisé tissu kératinisé non tissu kératinisé
non souhaité souhaité souhaité souhaité
Taille de la étroite large > 5 étroite large > 5 étroite large > 5 étroite large > 5
récession <5 <5 <5 <5
(mm)
Hauteur Lambeau semi-lunaire ou LPC Enveloppe + SCTG
faible < 3
mm
Hauteur Technique de l'enveloppe + Greffe de tissu LPC LPC + LPC + SCTG
modérée 3 à conjonctif (SCTG) SCTG
5 mm
Hauteur LPC + SCTG Enveloppe + SCTG
importante
> 5 mm

L’association de la technique de l’enveloppe avec greffe de conjonctif permet de traiter les


classes I, II, III et IV de Miller. Quant à la technique du tunnel associé à un greffon de
conjonctif, elle permet la prise en charge de récessions de classe I, II, ou III de Miller.
Mais d’autres travaux sont encore nécessaires pour confirmer ces impressions cliniques
favorables sur ces techniques dont la mise en œuvre est délicate. (4,24)

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Conclusion

A l’issu de ce travail, nous avons vu les différents facteurs qu’il faut évaluer afin de choisir la
technique chirurgicale adaptée. Parmi ces facteurs, l’étendue de la récession initiale, l’épaisseur
et la quantité des tissus mous apicaux à la récession sont déterminants dans ce choix.
Les données recueillies dans les revues systématiques de la littérature nous ont permis de tirer
les conclusions suivantes. L’association de LPC+CTG a obtenu les meilleurs résultats cliniques
pour les récessions gingivales unitaires avec ou sans perte d’attache interdentaire. La capacité
du LPC+CTG d’augmenter le tissu kératinisé suggère de se diriger préférentiellement vers cette
approche lorsqu’une augmentation de tissu kératinisé est l’un des buts du traitement.
Cependant, nous avons vu qu’un lambeau d’une épaisseur environ > 0.8mm ou 1.1mm (selon
les études) permet d’obtenir un recouvrement radiculaire complet via la technique de LPC seul.
Ainsi, il semble qu’une épaisseur de lambeau de cet ordre de grandeur serait suffisant pour
obtenir des résultats optimaux sans avoir recours à une greffe de conjonctif enfoui, ni à une
technique régénérative. En effet, un coût additionnel dû à l’adjonction de matériau doit être pris
en compte pour ce dernier. Tandis que le prélèvement de conjonctif sur un site donneur
augmente la morbidité et les douleurs ressenties par le patient, et toutes deux augmentent le
temps chirurgical. En outre, un apport de conjonctif sur un site déjà épais peut entrainer un
résultat peu esthétique, avec un aspect et une texture tissulaire inadéquats en amenant un
surplus d’épaisseur de tissus mous sur la zone opérée. En effet, les études ont montré que la
procédure de LPC est sûre et fiable pour le recouvrement radiculaire. Elle est associée à une
réduction de la récession de manière constante et fréquemment avec un recouvrement complet.
Pour ces raisons, cette technique est à privilégier lorsque l’augmentation de tissu kératinisé
n’est pas un des buts du traitement, et lorsque la hauteur de la récession est inférieure à 5 mm.
D’autre part, l’analyse des revues systématiques nous a permis de constater que l’utilisation des
techniques régénératives tels que les matrices dermiques acellulaires, ou les techniques de
régénération tissulaire guidée en association avec un LPC sont moins efficaces que le
LPC+CTG. Les combinaisons LPC+CTG ou LPC+EMD sont plus efficaces que le LPC seul en
termes de recouvrement radiculaire complet et de réduction de la récession. Cependant afin de
comparer le LPC+CTG qui se présente comme le « gold-standard » avec la technique tunnelisée
et celle de l’enveloppe, de plus larges études sur le long-terme sont nécessaires pour
comprendre pleinement leur impact dans le traitement des récessions multiples.

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Annexe 1 (6,13)

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Annexe 2 : Illustration histologique (A) et clinique (B) de la classification de Pini-Prato, 2010 (2)

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Annexe 3 : Récapitulatif de la classification de Maynard et Wilson, 1980 (13)

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Annexe 4 : Pourcentage de recouvrement radiculaire et épaisseur du lambeau des 19
récessions traitées dans l’étude de Baldi et al., 1999 (20)

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LO
(CC BY-NC-ND 2.0)
N° 2017 LYO 1D004

LO Viviane - INTERET DE LA GREFFE DE CONJONCTIF ENFOUI par rapport aux techniques


de lambeaux déplacés seuls, dans le recouvrement des récessions gingivales

Résumé :

Le lambeau positionné coronairement associé à une greffe de conjonctif enfoui est considéré,
par la plupart des auteurs, comme le gold standard en matière de recouvrement des récessions
gingivales. Mais cela signifie-t-il que cette technique soit la meilleure quelle que soit la situation ?
Ces dernières années, nous avons constaté un regain d’intérêt pour le lambeau déplacé
coronairement. En effet, certains conférenciers proposent dernièrement de ne rien ajouter sous
ce dernier, quand il était déjà assumé que la meilleure solution est de l’associer à un greffon de
conjonctif enfoui. Pour répondre à cette question, nous comparerons au cours de ce travail les
résultats des revues systématiques. Nous évaluerons les résultats à longs termes, ainsi que les
données subjectives tels que le résultat esthétique et le ressenti du point de vue des patients.
Nous limiterons volontairement le sujet aux techniques n’impliquant pas l’ingénierie tissulaire.

Mots clés :
Parodontologie
Récessions gingivales
Chirurgie plastique parodontale

JURY :
Président Monsieur le Professeur Denis BOURGEOIS
Assesseurs Monsieur le Docteur Jean-Pierre DUPREZ
Monsieur le Docteur Patrick EXBRAYAT
Madame la Docteure Florence CARROUEL
Directrice de thèse : Madame la Docteure Elsa MENCHERO

Adresse de l’auteure :
Viviane LO
10 rue Jean broquin
69006 Lyon

LO
(CC BY-NC-ND 2.0)

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