Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
fr
http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/2.0/fr
CLARON
(CC BY-NC-ND 2.0)
UNIVERSITE CLAUDE BERNARD-LYON I
U.F.R. D'ODONTOLOGIE
THESE
POUR LE DIPLOME D'ETAT DE DOCTEUR EN CHIRURGIE DENTAIRE
par
CLARON Marjorie
_____________
______________
JURY
CLARON
(CC BY-NC-ND 2.0)
CLARON
(CC BY-NC-ND 2.0)
UNIVERSITE CLAUDE BERNARD-LYON I
U.F.R. D'ODONTOLOGIE
THESE
POUR LE DIPLOME D'ETAT DE DOCTEUR EN CHIRURGIE DENTAIRE
par
CLARON Marjorie
_____________
______________
JURY
CLARON
(CC BY-NC-ND 2.0)
UNIVERSITE CLAUDE BERNARD LYON I
SECTEUR SANTE
Comité de Coordination des Etudes Médicales Président : M. le Professeur F-N. GILLY
CLARON
(CC BY-NC-ND 2.0)
FACULTE D'ODONTOLOGIE DE LYON
Doyen : M. Denis BOURGEOIS, Professeur des Universités
CLARON
(CC BY-NC-ND 2.0)
SOUS-SECTION 58-02 : PROTHESE
CLARON
(CC BY-NC-ND 2.0)
A notre président de thèse,
Nous vous remercions de l’honneur que vous nous avez fait en acceptant la présidence de
notre jury.
CLARON
(CC BY-NC-ND 2.0)
A notre directeur de thèse,
Veuillez recevoir, à travers cette thèse, notre sincère gratitude et notre estime.
CLARON
(CC BY-NC-ND 2.0)
Aux membres du jury,
Nous vous remercions pour l’attention que vous avez porté à notre travail.
CLARON
(CC BY-NC-ND 2.0)
Aux membres du jury,
Nous vous remercions pour l’attention que vous avez porté à notre travail.
CLARON
(CC BY-NC-ND 2.0)
Table des matières
INTRODUCTION : ............................................................................................................. 1
I.3. Tabacodépendance..................................................................................................... 8
II.4. Effet du tabac sur le système immunitaire spécifique et non spécifique ............ 16
La salive ............................................................................................................... 19
CLARON
(CC BY-NC-ND 2.0)
II.5.3. Influence du tabac sur l’accumulation de plaque ............................................ 21
III.2. Effet du sevrage tabagique sur la maladie parodontale et sur les thérapeutiques 30
III.4.3. Les moyens d’éviter les symptômes du sevrage et les rechutes .................. 38
CONCLUSION : ................................................................................................................ 45
BIBLIOGRAPHIE : .......................................................................................................... 48
CLARON
(CC BY-NC-ND 2.0)
Introduction :
Depuis la découverte du tabac en Amérique centrale, son usage s’est répandu dans le
monde entier. Le tabac retrouvé dans nos cigarettes est un produit manufacturé à partir de
feuilles séchées de plantes de tabac commun (Nicotiana tabacum). Cette plante originaire
d’Amérique centrale fut introduite en France par Jean Nicot, ambassadeur de France à
Lisbonne, qui a introduit le tabac à la cour du roi de France afin de soigner les migraines
de Catherine de Médicis.
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), la planète compte un milliard de
fumeurs. 20 milliards de cigarettes sont fumées par jour à l’origine d’un chiffre d’affaire
annuel de 400 milliards de dollars (chiffres 2003). En France on retrouve plus de 14
millions de fumeurs. La consommation de tabac tue près de 6 millions de personnes
chaque année dont 600000 à cause du tabagisme passif. Le nombre de décès pourrait
atteindre 8 millions d’ici 2030 en l’absence de mesures. Le tabagisme est donc un enjeu
très important de santé publique. On parle de fléau du 21ème siècle puisqu’une personne
meurt toutes les 6 secondes environ, soit une mort sur dix due au tabac. On estime que la
moitié des consommateurs actuels mourront d’une maladie liée à la consommation de
tabac. Le tabac tue à petit feu et a provoqué 100 millions de décès au XXe siècle et il en
entraînera jusqu’à un milliard au XXIe siècle si la tendance actuelle se poursuit.
Le tabagisme est une des premières causes de mortalité évitable ; c’est pourquoi de
nombreux pays mettent en place des mesures afin de diminuer la consommation (publicité,
image choc sur les paquets de cigarettes, augmentation régulière du prix du paquet). Les
industriels réagissent en retour pour conserver leur chiffre d’affaire en s’attaquant au
marché des pays en voie de développement où ces mesures n’existent pas encore. Ils
s’attaquent de plus aux femmes et aux adolescents afin d’élargir leur marché, celui des
hommes étant quasi saturé.
En plus d’une mortalité importante chez les consommateurs de tabac, le tabagisme
provoque une morbidité accrue, de nombreuses incapacités, des souffrances et une perte de
qualité de vie. En effet, le tabac est tout d’abord à l'origine de nombreuses maladies
respiratoires chroniques et cardiovasculaires. De plus, la consommation de tabac chez la
femme engendre une diminution de sa fertilité et une augmentation du nombre de
grossesses extra-utérines. Le tabac, chez l’homme, peut aussi être à l’origine d’une
Page 1 sur 53
CLARON
(CC BY-NC-ND 2.0)
impuissance sexuelle. Par ailleurs, la consommation de tabac chez la femme enceinte
comporte des risques comme une diminution du poids de naissance du bébé ainsi qu’une
augmentation de mort subite du nourrisson.
Au niveau de la sphère buccale, le tabac engendre de nombreux effets néf astes. En effet,
le tabac entraîne des altérations des muqueuses buccales sous forme de kératose ou
mélanose tabagique avec un risque élevé de transformation maligne. La cigarette a aussi un
impact important au niveau parodontal puisqu’elle est considérée comme un facteur
aggravant des maladies parodontales. On observe, par exemple, chez les patients fumeurs
des pertes osseuses et des poches parodontales plus importantes. Cette aggravation peut
amener le patient à la perte de ses dents, entraînant une dénutrition et dans certains cas une
désocialisation. Le tabac a, de plus, des conséquences sur les thérapeutiques avec
davantage d’échecs, une cicatrisation retardée et des complications post-opératoires plus
nombreuses.
En plus de ces nombreux effets nocifs sur le corps humain, le tabac entraîne une
dépendance très forte du fumeur, à la fois physique et psychologique. Le tabac est même
parfois qualifié de « drogue dure » du fait de l’addiction très importante des fumeurs à
leurs cigarettes. La nicotine par diverses réactions chimiques entraine un circuit de « la
récompense » à l’origine de la dépendance physique. La dépendance psychologique
s’installe elle, au fil du temps lorsque la cigarette fait partie du quotidien et qu’elle
s’associe à des moments de la journée ou à des personnes. Le sevrage en devient alors
d’autant plus difficile.
Page 2 sur 53
CLARON
(CC BY-NC-ND 2.0)
I. Consommation de tabac et dépendance
La Nicotine
Elle est présente naturellement dans les feuilles de tabac et se retrouve non dégradée
après la combustion sous forme de particules en suspension dans la fumée. Elle possède
des effets psychoactifs à l’origine de la dépendance physique au tabac. Elle a également
des effets au niveau cellulaire (que nous détaillerons plus loin), ainsi que sur le système
respiratoire et le système cardio-vasculaire.
Page 3 sur 53
CLARON
(CC BY-NC-ND 2.0)
Figure 2 : Les principaux constituants d’une cigarette. (Ligue nationale contre le cancer)
Les Goudrons
Ils sont formés suite à la combustion de la matière végétale du tabac. Les goudrons se
composent d’un mélange complexe de substances et en particulier d’un grand nombre
d’hydrocarbures. Certaines sont notamment considérées comme cancérigènes.
Le Monoxyde de Carbone
C’est un gaz toxique formé par la combustion incomplète du carbone dans les
cigarettes. Sa principale propriété est qu’il peut se fixer sur l’hémoglobine du globule
rouge à la place de l’oxygène, le rendant quasiment irréversiblement inactif. Le taux
Page 4 sur 53
CLARON
(CC BY-NC-ND 2.0)
d’oxygène dans le sang et au niveau des organes y est alors grandement diminué. Ces
derniers ne peuvent alors fonctionner efficacement, c’est l’hypoxie. Pour faire face au
manque d’oxygène, la fréquence cardiaque et la pression artérielle augmentent, diminuant
la capacité à l’effort et augmentant les risques pour le cœur et les vaisseaux.
Les Additifs
Ce sont des substances ajoutées au tabac par les industriels. Les recettes sont souvent
gardées secrètes par les marques ce qui pose problème, puisque suite à la combustion, de
nouveaux composants sont formés, potentiellement dangereux. Leurs rôles sont nombreux
et ils sont le plus souvent ajoutés dans un but commercial.
L’ammoniac peut être utilisé pour faciliter l’inhalation de la fumée sans provoquer de
toux et favoriser l’absorption de la nicotine. Il contribue donc indirectement à l’apparition
de la dépendance. Des arômes comme la vanille sont utilisés pour adapter le goût aux plus
jeunes. Le cacao permet lui, de dilater les voies respiratoires afin de faciliter l’accès de la
fumée aux poumons. Le génol et le menthol ont des vertus adoucissantes sur les voies
respiratoires et masquent l’effet irritant de la fumée. Enfin, d’autres additifs comme
l’acétate de sodium, empêchent les fumeurs passifs de se protéger de la fumée en la
rendant moins repérable.
I.2. Consommation
On définit un fumeur quotidien (ou « régulier ») comme une personne qui déclare fumer
au moins une cigarette par jour. Le fumeur occasionnel est quant à lui une personne qui
fume moins d'une cigarette par jour.
Selon l’INPES et Tabac Info Service, on remarque une différence de consommation
selon le sexe (Figure 3). En effet, la proportion de fumeurs réguliers masculins a baissé
Page 5 sur 53
CLARON
(CC BY-NC-ND 2.0)
depuis les années 60, passant de 45% à 33%. En revanche, la proportion de fumeuses
régulières a augmenté, passant de 10 à 26%. Dans la population adolescente on peut même
dire qu’il y a autant de fumeurs que de fumeuses. Même si aujourd’hui la mortalité est plus
importante dans la population masculine (57000 décès contre 3000), la tendance tend à
s’égaliser avec une forte augmentation chez la femme des cancers imputables au tabac et
notamment celui du poumon. Alors qu’au contraire on observe parallèlement une
décroissance du nombre de ces cancers chez l’homme (2)(3).
Figure 3 : Evolution globale du tabagisme actuel entre 1975 et 2010. (Enquête CFES de
1974 à 2000, INPES 2003 2005 2010 (4))
Cette inversion peut s’expliquer par les nombreuses publicités destinées aux femmes au
cours des années 60 (Figure 4) ainsi que par le cinéma notamment américain des années
50, accompagnant le mouvement de libération de la femme.
CLARON
(CC BY-NC-ND 2.0)
On observe, de plus une différence de consommation liée à l’âge (Figure 5). La
découverte du tabac est aujourd’hui de plus en plus précoce notamment chez les femmes.
En effet, ces dernières, nées entre 1930 et 1940, fumaient leur première cigarette à 22 ans,
celles nées entre 1941 et 1950 à 20 ans, alors que celles nées entre 1981 et 1990 à 15 ans.
De plus, l’écart entre la première cigarette et le tabagisme régulier s’est réduit, passant de 6
à 2 ans. Pour les hommes, l’âge d’initiation est passé de 17 ans à 15 ans et le passage au
tabagisme régulier s’est réduit de 4 à 2 ans. On remarque donc qu’aujourd’hui les femmes
commencent à fumer aussi tôt que les hommes. La consommation de tabac diminue ensuite
avec l’âge pour les deux sexes à partir de 30 ans et de manière encore plus significative à
partir de 50 ans.
Pour toutes les catégories d’âges réunies on remarque quand même, une baisse de la
consommation quotidienne de tabac qui passe de 15,1 cigarettes en 2005 à 13,6 en 2010
(5).
60
47,7
50 42,8
39 40,9
35,7 33,9
40 32,9
26,5 29,3
30
20,7 20,5
%
15,5
20
9,8 6 5,5
10 3,5
0
15-19 20-25 26-34 35-44 45-54 55-64 65-74 75-85
homme femme
Enfin, on observe une inégalité sociale face au tabagisme puisque celui-ci est plus
important chez les chômeurs ou les classes sociales défavorisées tandis que les plus
diplômés sont moins souvent fumeurs.
Page 7 sur 53
CLARON
(CC BY-NC-ND 2.0)
I.3. Tabacodépendance
I.3.1. Définition
Page 8 sur 53
CLARON
(CC BY-NC-ND 2.0)
Figure 6 : Effet de la nicotine sur les récepteurs nicotiniques. (le-tabac-de-la-premiere-
cigarette-a-la-dependanc.e-monsite.com)
Page 9 sur 53
CLARON
(CC BY-NC-ND 2.0)
s’explique par le besoin irrépressible de consommer afin d’éprouver les effets du plaisir
liés à cette libération de dopamine. Cette envie est ancrée profondément dans le cerveau
reptilien puisque des années après le sevrage, la simple vue d’une cigarette peut faire en
sorte que l’envie de fumer reprenne. On parle de « mémoire du plaisir ».
La tabacodépendance est donc une maladie et son sevrage entraîne une avalanche de
désagréments comme une humeur dépressive, des insomnies, une irritabilité, de la
frustration, de la colère, de l’anxiété, des problèmes de concentration, une augmentation de
l’appétit, une prise de poids. Une exposition répétée à la nicotine entraîne un phénomène
de tolérance, c’est-à-dire que le corps a besoin de doses plus importantes pour obtenir les
mêmes effets. Lorsque l’exposition à la nicotine n’est pas suffisante on observe alors le
phénomène de sevrage.
La nicotine n’est pourtant pas la seule substance responsable de la dépendance
physique. C’est l’ensemble des composants de la cigarette qui sont à prendre en compte
pour parler de dépendance physique. En effet, si la nicotine était seule responsable de la
dépendance, lors du sevrage, on aurait 100% de réussite avec l’utilisation des substituts
nicotiniques. Cela n’est malheureusement pas le cas. (8).
Page 10 sur 53
CLARON
(CC BY-NC-ND 2.0)
Il existe un test pour évaluer cette dépendance physique au tabac : le test de Fagerström
(Tableau 1).
Ce test est une aide à la prise en charge du patient fumeur, puisqu’en fonction du
résultat, le médecin pourra adapter le traitement du patient recherchant le sevrage
temporaire ou définitif.
Tableau 1 : Test de Fagerström. (D’après Heatherton et coll. 1991 (9))
Combien de temps après votre réveil fumez-vous Dans les 5 premières minutes 3
votre première cigarette ? Entre 6 et 30 minutes 2
Entre 31 et 60 minutes 1
Après 60 minutes 0
Trouvez-vous difficile de vous abstenir de fumer dans Oui 1
les endroits où c’est interdit ? Non 0
A quelle cigarette de la journée renonceriez-vous le La première le matin 1
plus difficilement ? N’importe quelle autre 0
Combien de cigarettes fumez-vous par jour en 10 ou moins 0
moyenne ? 11 à 20 1
21 à 30 2
31 ou plus 3
Fumez-vous à un rythme plus soutenu le matin que Oui 1
l’après-midi ? Non 0
Fumez-vous lorsque vous êtes malade, au point de Oui 1
devoir rester au lit presque toute la journée ? Non 0
Total
Page 11 sur 53
CLARON
(CC BY-NC-ND 2.0)
I.3.3. Dépendance psychologique
Page 12 sur 53
CLARON
(CC BY-NC-ND 2.0)
II. L’influence du tabac sur le parodonte
Comme nous l’avons vu précédemment dans la partie I.1, le tabac est à l’origine d’une
agression physique chronique des différents tissus et notamment des muqueuses. A travers
certaines substances formées lors de la combustion du tabac, et en particulier les
hydrocarbures, le tabac apparait comme un facteur étiologique majeur des leucoplasies
orales (Figure 7). En effet, la prévalence de ces lésions est plus importante chez les patients
fumeurs plutôt que chez les non-fumeurs notamment en ce qui concerne les lésions des
joues et du palais. La présence de ces lésions est 6 fois plus fréquente chez les fumeurs que
les non-fumeurs (10)(11). Ces lésions ont un risque de dégénérescence maligne notamment
en carcinome épidermoïde qui est le cancer le plus fréquent au niveau de la sphère
orofaciale. On parle de lésion précancéreuse et le fait d’arrêter de fumer peut entraîner une
régression de la lésion (12).
Page 13 sur 53
CLARON
(CC BY-NC-ND 2.0)
lésions sont dues aux substances toxiques contenues dans le tabac et, à un degré moindre, à
l’irritation thermique de la fumée. On parle ici de lésions bénignes qui peuvent régresser à
l’arrêt du tabac et disparaître (10).
Le tabac a un effet sur le tissu osseux. L’étude de Rundgren et coll., par exemple,
compare la teneur minérale de l’os du talon en fonction du statut tabagique du patient. Elle
montre une perte de cette teneur minérale, imputable au tabac, de 10 à 20% chez les
hommes fumeurs par rapport aux non-fumeurs. Cette perte peut être expliquée par une
modification du métabolisme de la vitamine D par le tabac (15), même si les mécanismes
du tabac sur le tissu osseux sont encore peu connus. Le tabac a de la même manière un
effet au niveau parodontal, et plus particulièrement au niveau du tissu osseux alvéolaire.
En effet, la hauteur osseuse parodontale passe de 85,1% pour les non-fumeurs à 80,3%
chez les fumeurs réguliers. Après 10 années d’étude, la perte osseuse est significative chez
le fumeur. Le pourcentage diminue alors et passe de 84,1 % pour les non-fumeurs à 76,5%
pour les fumeurs (16).
On observe, enfin, au niveau des répercussions sur le tissu osseux, des lésions inter-
radiculaires plus nombreuses chez les patients fumeurs atteints de maladie parodontale. En
effet, une étude montre presque 2 fois plus de lésions furcatoires chez les fumeurs, puisque
74% des molaires présentent une lésion furcatoire contre 40% pour les non-fumeurs (17).
Page 14 sur 53
CLARON
(CC BY-NC-ND 2.0)
II.1.3. Effet au niveau du taux d’oxygénation des tissus
Enfin, le tabac a un effet négatif sur le taux d’oxygénation de l’ensemble des tissus du
corps humain et donc des tissus de la sphère buccale, dû à la présence de monoxyde de
carbone dans la fumée de cigarette. Ce gaz toxique entre dans le corps par l’air inspiré. Il
est ensuite absorbé par les poumons pour être diffusé en majeure partie dans le sang où il
va se fixer sur l’hémoglobine du fait de son affinité 200 fois supérieure à l’oxygène. Cette
fixation à l’hémoglobine est toxique pour les tissus de la sphère buccale car les vaisseaux
sanguins n’apportent plus l’oxygène nécessaire à leur bon fonctionnement. Ces tissus se
retrouvent alors en hypoxie avec pour conséquence un retard de cicatrisation lors de plaie
ou des thérapeutiques (18).
Le tabac a aussi un impact sur les vaisseaux sanguins, notamment à cause de l’action de
la nicotine. Cette action s’explique par le fait que la forme active de la nicotine est
similaire à l’acétylcholine. La nicotine va donc pouvoir se fixer sur les récepteurs de
l’acétylcholine, nommés récepteurs nicotiniques, en tant qu’agoniste. Ces récepteurs sont
présents notamment au niveau des neurones noradrénergiques post-synaptiques. Cette
fixation est à l’origine d’une excitation de ce neurone post-synaptique entraînant la
libération de noradrénaline. Cette dernière, par l’intermédiaire de mécanismes complexes,
engendre alors une vasoconstriction locale transitoire et donc un ralentissement du flux
sanguin (19).
Le tabac a une action sur les fibroblastes gingivaux et du ligament alvéolo-dentaire. Ces
cellules ont un rôle important, notamment dans la production de la matrice extracellulaire
et principalement la fibronectine, les protéines des fibres collagéniques du tissu conjonctif
et les glycoprotéines de la substance fondamentale du ligament alvéolo-dentaire (20). Le
collagène représente 60% de l’ensemble des protéines de la gencive et assure son maintien
et sa résistance à l’étirement. Le collagène prédominant est de type I. Les fibroblastes ont
aussi un rôle dans la dégradation de ce collagène de type I par la sécrétion de collagénase.
Page 15 sur 53
CLARON
(CC BY-NC-ND 2.0)
Les fibroblastes sont donc essentiels dans le maintien du tissu conjonctif parodontal et le
maintien de l’ancrage de la dent dans l’alvéole.
Lorsque le patient fume, la nicotine présente dans la cigarette va se lier de manière non
spécifique au fibroblaste. Ce dernier va absorber rapidement la nicotine puis il va la libérer
plus lentement dans le milieu extracellulaire. La présence de la nicotine dans le
compartiment intracellulaire va altérer la morphologie et la fonction du fibroblaste (21). La
nicotine inhibe la prolifération et l’adhésion des fibroblastes et est à l’origine d’une
vacuolisation de leur cytoplasme. La fonction de synthèse et de dégradation est altérée et
une diminution de la sécrétion du collagène de type 1 et de la fibronectine est observée. En
ce qui concerne la collagénase, sa synthèse est, quant à elle, augmentée (22). Enfin, la
nicotine inhibe l’adhésion des fibroblastes du ligament parodontal aux racines dentaires
chez le patient fumeur ayant une maladie parodontale, ce qui explique une moindre
régénération parodontale après les thérapeutiques (23)(24). Tout ceci favorise la
destruction du tissu conjonctif parodontal et l’aggravation de la maladie parodontale.
Le tabac a une action sur les cellules osseuses. En ce qui concerne les ostéoclastes
responsables de la résorption et du remodelage osseux, une étude montre que la présence
de nicotine stimule la différenciation des ostéoclastes, ainsi que la résorption du phosphate
de calcium. Ceci peut expliquer les pertes osseuses plus rapides et plus importantes chez
les fumeurs atteints de parodontite (25).
En ce qui concerne les ostéoblastes, l’effet dépend de la concentration en nicotine ; à
faible concentration, la nicotine est à l’origine d’une prolifération des ostéoblastes et
lorsque la concentration augmente on observe une diminution des ostéoblastes (26).
Enfin, le tabac a une action sur les cellules de défense de l’hôte. Cette partie va être
développée dans les effets sur le système immunitaire.
Page 16 sur 53
CLARON
(CC BY-NC-ND 2.0)
aux infections et aux virus comme celui de la grippe. L’importance de cette
immunosuppression dépend de la quantité et de la durée d’exposition au tabac (27).
Au niveau de l’immunité spécifique, il a été observé une diminution sérique des
anticorps IgG, IgM et IgA chez le patient fumeur atteint de parodontite par rapport au
patient sain. Alors que, en cas de parodontite, le taux notamment d’IgG a tendance à
augmenter afin de protéger les tissus parodontaux de la destruction face aux micro-
organismes. Cette diminution des défenses peut expliquer l’aggravation de la maladie
parodontale chez le fumeur (28). Au contraire, le taux d’IgE est quant à lui augmenté chez
le fumeur. Or les IgEs sont responsables de la libération d’histamine, notamment lors des
allergies, à l’origine d’une augmentation de la réaction inflammatoire.
La cigarette est à l’origine d’une leucocytose et notamment une augmentation du
nombre de lymphocyte B et T mais leur fonction est perturbée par le tabac. En effet, on
observe une fonction grandement réduite des cellules T, pour la plupart en état d’anergie.
On remarque aussi des problèmes dans la transduction des informations par les cellules T,
ainsi qu’une diminution de la réponse proliférative des cellules T suite à la présence d’un
antigène (29).
En ce qui concerne l’immunité non spécifique, on observe une augmentation du nombre
de macrophages et des enzymes lysosomales suite à l’exposition à la fumée de cigarette.
Les macrophages des fumeurs produisent d’avantage de radicaux d’oxygène mais ils ont
une capacité à phagocyter amoindrie. Leur fonction est donc diminuée ainsi que leur
capacité à produire des cytokines pro-inflammatoires. Le tabac entraîne de nombreux
changements morphologiques, biochimiques, physiologiques et enzymatiques qui peuvent
nuire aux mécanismes de défense (27).
On note, de plus, une diminution du chimiotactisme, de la viabilité et de la capacité
phagocytaire des polynucléaires neutrophiles. Cette perte d’activité pourrait s’expliquer par
leur moindre consommation en oxygène (30). L’activité des élastases produites par les
polynucléaires neutrophiles est augmentée dans le fluide gingival, ce qui cause la
destruction du tissu conjonctif. On retrouve chez le fumeur atteint de parodontite moins
d’inhibiteurs de protéase, d’où une présence plus importante de la métalloprotéase
matricielle 8 (MMP8) qui est une collagénase. Enfin, on observe des concentrations
salivaires plus basses, de cystatine C à l’origine d’une inhibition des cystéines protéases
détruisant le collagène (24).
Page 17 sur 53
CLARON
(CC BY-NC-ND 2.0)
L’activité des cellules tueuses NK est, de même, réduite suite à l’exposition au tabac, ce
qui peut expliquer le risque accru de cancer chez les fumeurs (27).
Tout ceci entraîne une réduction de la réponse immunitaire et une augmentation de la
réponse inflammatoire, ce qui aggrave la maladie parodontale et explique les moindres
résultats suite au traitement parodontal des fumeurs, comme cela sera détaillé plus loin.
La maladie parodontale est une maladie inflammatoire d’origine infectieuse touchant les
tissus de soutien de la dent (gencive, os alvéolaire, cément et ligament alvéolo-dentaire).
L’origine de cette maladie est multifactorielle mais le principal facteur mis en cause est
bactérien. Cette pathologie débute par une gingivite et peut évoluer en une parodontite
avec destruction des tissus de soutien. L’infection causée par les bactéries de la plaque
dentaire entraîne alors une réponse inflammatoire anormale de l’hôte causant la destruction
des tissus. En plus du facteur bactérien, il existe des facteurs aggravants de cette maladie :
comme l’occlusion, des restaurations iatrogènes, la prise de certains médicaments, le
stress, des maladies systémiques comme le diabète ou enfin certaines drogues comme le
tabac.
Même si tous les mécanismes d’action du tabac sur le parodonte ne sont pas encore
connus, il a été montré que le tabac est un facteur de risque important dans la prévalence,
l’étendue et la gravité des maladies parodontales. La pathogénie de la maladie parodontale
est complexe chez les patients fumeurs ou simplement exposés à la fumée de cigarette. En
effet, les fumeurs ont 2 à 7 fois plus de risque de développer une parodontite et 2,5 fois
plus de risque que celle-ci devienne sévère que les patients n’ayant jamais fumé
(31)(32)(33). Selon l’étude de Tomar et coll., la moitié des parodontites seraient
attribuables au tabac (34). De plus, la progression de la maladie parodontale est plus rapide
chez le fumeur (35). Enfin, le tabac est un facteur de risque majeur des gingivites ulcéro-
nécrotiques (GUN) puisque selon Falker et coll., 83% des sujets atteints de GUN étaient
fumeurs (36).
Page 18 sur 53
CLARON
(CC BY-NC-ND 2.0)
II.5.2. Effet du tabac sur les fluides buccaux
La salive
La salive est le premier fluide (corporel) à être en contact avec la fumée de cigarette.
L’exposition des glandes salivaires aux composants du tabac entraîne une modification du
débit salivaire et de sa composition.
A court terme, on observe, suite à la consommation d’une cigarette, une légère
augmentation du débit salivaire. En effet, il a été montré, que le fait de fumer est à l’origine
d’un stimulus des récepteurs du goût à l’origine d’une stimulation des glandes salivaires
(37). A long terme, chez le gros fumeur, en revanche, le débit salivaire est diminué avec un
taux de 1,93 ml / min (contre 2,78 ml / min pour les non-fumeurs) selon l’étude de Rad et
coll. de 2010. Cette hyposialie peut s’expliquer par les changements dégénératifs de plus
de 40% des glandes salivaires suite à l’exposition chronique au tabac (38).
La composition salivaire est, de même, modifiée par le tabac puisque le taux de
calcium, de phosphate et de potassium est supérieur chez le patient fumeur, ce qui favorise
la formation de tartre en minéralisant plus rapidement la plaque (37)(39). Le pH est, quant
à lui, plus alcalin chez le fumeur.
Il est cependant connu que la salive est essentielle à la protection des muqueuses
buccales, ainsi que dans le maintien du pouvoir tampon et la préservation de l’intégrité des
tissus dentaires. Elle participe, de plus, aux fonctions de gustation, de déglutition et de
digestion. Enfin elle possède des propriétés antibactériennes. La diminution du taux
salivaire peut alors expliquer la présence chez le fumeur de caries plus nombreuses, de
gingivite, de lésions orales comme les leucoplasies ou le muguet, des mobilités dentaires,
une halitose et des problèmes de goût, tous moins présents chez le non-fumeur (Tableau 2
et 3).
Page 19 sur 53
CLARON
(CC BY-NC-ND 2.0)
Tableau 2. Résultats de l’examen oral selon le statut tabagique des patients
Page 20 sur 53
CLARON
(CC BY-NC-ND 2.0)
Le fluide gingival
Comme pour la salive, on observe une perturbation du flux du fluide gingival chez
le patient fumeur (Figure 9). Or, on sait que le taux de fluide gingival est en relation direct
avec l’inflammation. En effet, en cas d’absence d’hygiène, ce taux augmente. Dans l’étude
de Bergström et coll., il est demandé aux patients d’arrêter toutes mesures d’hygiènes
pendant 4 semaines en se basant sur « l’index de Silness et Löe ». On observe alors une
augmentation du fluide gingival quel que soit le statut tabagique du patient. Cette
augmentation est significativement plus faible chez le fumeur (40). Le fluide gingival
ayant un certain rôle de défense de l’organisme, on peut alors considérer que le tabac
diminue cette capacité de défense.
.
Figure 9 : Taux de fluide gingival chez les fumeurs et les non-fumeurs en fonction du temps
(Bergström J et coll. 1986 (40))
De nombreuses études quant à l’influence du tabac sur l’accumulation de plaque ont été
réalisées au cours des dernières années et ne semblent pas donner les mêmes resultats. En
effet, certaines montrent une augmentation de la plaque dentaire (Figure 10 A) chez les
patients fumeurs (41)(42) alors que d’autres ne trouvent pas de différence significative
entre l’indice de plaque des patients fumeurs et des non-fumeurs(43)(44)(45). On peut
considérer que la différence de plaque dentaire n’est pas significative entre un non-fumeur
et un patient fumeur motivé à entretenir une bonne hygiène buccodentaire.
Cette différence de résultats pourrait être expliquée par une population étudiée
différente. Effectivement, dans les études qui ont montré une augmentation de la quantité
Page 21 sur 53
CLARON
(CC BY-NC-ND 2.0)
de plaque dentaire chez les patients fumeurs, la population choisie était plus large et plus
éclectique que pour les autres études. On a donc, en fonction du nombre de sujets, des
techniques d’hygiènes variées et plus ou moins efficaces. Au contraire, dans les
observations montrant un indice de plaque non significatif entre les fumeurs et les non-
fumeurs, la population choisie était plus restreinte, motivée et avec des techniques
d’hygiène équivalentes. Bergström considère, de plus, que les fumeurs appartiennent
souvent aux catégories socioéconomiques moins aisées. L’hygiène étant liée à la situation
socio-économique, l’hygiène orale des fumeurs est alors considérée comme moins bonne
que chez les non-fumeurs. Cette accumulation n’est donc vraisemblablement pas due au
tabac en lui-même mais à l’hygiène des patients fumeurs (46).
En revanche, il ressort de la littérature que, du fait de l’augmentation de la quantité de
calcium salivaire et d’un pH salivaire plus alcalin chez le fumeur, la minéralisation de la
plaque est facilitée. La diminution du débit du fluide gingival retarde, de plus, sa clairance
et prolonge le temps de contact entre le fluide et la surface des racines, permettant un
échange accru des constituants du fluide, comme les ions minéraux au sein du sillon
gingival ou de la poche parodontale. On observe donc, une prévalence plus importante de
tartre supra- et sous-gingival chez les patients fumeurs. En effet, le pourcentage de tartre
sous-gingival est de 71% pour les fumeurs contre 28% pour les non-fumeurs (Figure 10 B).
Tandis que pour le tartre supra-gingival le taux passe de 86% à 65% (47)(48)
80
71
70
Prévalence (%)
53
60
50
40
30
21
20
10
0
Actuel Ancien Non
Statuts des fumeurs
Figure 10 A : photo de patient fumeur présentant de la plaque et des colorations dentaires.
(Al-Attas SA et coll. 2014 (14)) et B : Prévalence du tartre sous-gingival selon le statut de
fumeur (D’après Bergström J. 2005 (47))
Page 22 sur 53
CLARON
(CC BY-NC-ND 2.0)
II.5.4. Influence du tabac sur l’inflammation gingivale
Page 23 sur 53
CLARON
(CC BY-NC-ND 2.0)
Figure 12 A : Nombre de sites présentant des saignements en fonction du temps et du
caractère fumeur ou non des patients. (Bergström J et coll. 1986 (40)) et B Nombre de
sites présentant une rougeur gingivale en fonction du temps et du caractère fumeur ou non
des patients. (Bergström J et coll. 1986 (40))
Page 24 sur 53
CLARON
(CC BY-NC-ND 2.0)
II.5.6. Influence du tabac sur la perte d’attache
L’influence du tabac sur la profondeur des poches a été évaluée par des sondages
parodontaux (Le sondage d’un parodonte sain est d’ordinaire de 0,5mm à 3mm). Ces
différents sondages ont montré une aggravation par le tabac de la maladie parodontale.
Car, au regard des études, on remarque une profondeur de poche plus importante chez les
fumeurs que chez les non-fumeurs. Cette perte d’attache se retrouve surtout au niveau
palatin maxillaire et sur les dents antérieures mandibulaires, ce qui suggère la possibilité
d’un effet local de la cigarette (52).
CLARON
(CC BY-NC-ND 2.0)
Enfin selon Torrungruang et coll., les fumeurs actuels ont 1,6 fois plus de chance de
développer une parodontite modérée et 4,4 une parodontite sévère avec des poches de plus
de 4 mm.(56)
La quantité de tabac fumé ainsi que la durée influence la gravité de la maladie
parodontale (tableau 4). En effet, selon Do et coll., un fumeur léger (paquet-années ≤4.45)
a 1,17 fois plus de chance de développer une maladie parodontale (perte d’attache >4 mm)
que les non-fumeurs contre 1,22 pour les anciens fumeurs, 1,63 pour les fumeurs modérés
(PA : 4.45-15) et 1,64 pour les gros fumeurs (PA ≥15) (57). La maladie parodontale est, de
plus, influencée par la consommation quotidienne de tabac. En effet, selon Grossi et coll.,
un gros fumeur (>20 cigarettes par jour) a 4,75 fois plus de chance de développer une
maladie parodontale (perte d’attache >4 mm) qu’un non-fumeur. Tandis que, celui qui
fume moins de 20 cigarettes par jour a 2,05 fois plus de chance de développer cette
pathologie que le non-fumeur (51).
Page 26 sur 53
CLARON
(CC BY-NC-ND 2.0)
La dose et la durée du tabagisme agit sur la perte osseuse (Tableau 4). Car, selon
Persson et coll., un fumeur a 1,3 fois plus de chance d’avoir une perte osseuse de plus de
20% qu’un non-fumeur. Le fait d’avoir un passé tabagique de 30 ans ou plus modifie ce
ratio qui passe à 1,8 (59). Enfin selon Grossi et coll., un gros fumeur de plus de 20
cigarettes par jour a 7,28 fois plus de chance d’avoir une perte osseuse de 0,4 à 8,8 mm
qu’un non-fumeur contre 3,25 pour un fumeur de moins de 20 cigarettes par jour (60).
Parodonte Fumeurs
Salive A court terme, légère augmentation du débit salivaire suite au stimulus sur
les glandes salivaires. A long terme débit salivaire diminué, augmentation du
taux de calcium phosphate et potassium. pH plus alcalin.
Fluide gingival Taux de fluide gingival moins important lors d’une abstention d’hygiène.
Plaque et tartre Pas de différence significative de la quantité de plaque dentaire.
Augmentation du tartre supra- et sous-gingival.
Inflammation Diminution du saignement gingival et des rougeurs.
Flore buccale Prolifération des bactéries gram - anaérobies : Tannerella forsythia, A.
actinomycetemcomitans, Treponema denticola et Porphyromonas gingivalis.
Perte d’attache Augmentation de la profondeur des poches parodontales et augmentation de
la perte d’attache. Le nombre de paquet-années et la consommation
quotidienne de cigarette influence négativement la perte d’attache.
Perte osseuse Augmentation de la perte osseuse. Le nombre de paquet-années et la
consommation quotidienne de cigarette influence négativement la perte
osseuse.
Perte dentaire Augmentation de la perte dentaire et surface masticatoire réduite.
Page 27 sur 53
CLARON
(CC BY-NC-ND 2.0)
III. Prise en charge du patient fumeur en parodontologie
Page 28 sur 53
CLARON
(CC BY-NC-ND 2.0)
important, un gain d’attache plus faible et une moindre réduction des poches parodontales
(Figure 14) (64). De même, le gain osseux est moins important chez le fumeur notamment
lors de RTG pour défauts infra osseux. Le gain est alors de 0,5 mm pour les fumeurs et 3,7
mm pour les non-fumeurs (65).
En résumé, les non-fumeurs répondent mieux aux traitements parodontaux que les
fumeurs, même si on observe également une amélioration clinique chez le fumeur après
traitement. Le tabac a aussi un effet négatif sur la cicatrisation parodontale, notamment en
la retardant via le processus de vasoconstriction. Mais elle ne l’empêche pas totalement.
Le tabac est aussi un facteur de risque pour les implants dentaires. Il augmente le taux
d’échec implantaire qui passe de 4,7% chez le non-fumeur à 11,2% chez le fumeur. On
observe, de plus, une perte osseuse péri-implantaire supérieure chez le fumeur et une
augmentation des risques de péri-implantites (24).
Page 29 sur 53
CLARON
(CC BY-NC-ND 2.0)
III.2. Effet du sevrage tabagique sur la maladie parodontale et sur les
thérapeutiques.
Vu les effets négatifs du tabac sur le parodonte et sur les thérapeutiques, il est alors
intéressant d’évaluer l’impact de l’arrêt de la consommation de tabac sur la maladie et sur
le taux de succès des thérapeutiques associées.
En effet, le sevrage tabagique a un effet positif sur la maladie parodontale notamment
dans sa prévalence et sa progression. Selon Tomar et coll., un ex-fumeur a 1,68 fois plus
chance de développer une maladie parodontale possédant au moins un site avec une perte
d’attache de 4 mm ou plus par rapport à un non-fumeur. Ce chiffre passe à 3,97 pour le
fumeur actuel. Après 11 ans de sevrage, le risque d’avoir une maladie parodontale est
presque équivalent à celui des non-fumeurs (34). Une étude réalisée sur 6 ans, a montré
que le fait d’arrêter de fumer diminuait le risque de perte d’attache. En effet, parmi les
patients ayant arrêté de fumer au début de l’étude, seulement 10,1% ont eu une aggravation
avec perte d’attache (>3 mm) contre 28,4% pour les personnes toujours fumeuses (66).
L’arrêt du tabac permet donc une diminution des poches parodontales et de la perte
d’attache.
L’arrêt du tabac est également bénéfique pour les thérapeutiques. En effet, suite à un
traitement mécanique, on observe une diminution plus importante des poches parodontales
et un gain d’attache supérieur chez l’ancien fumeur plutôt que chez le fumeur. La réduction
des poches est alors de 1,7 mm chez les anciens fumeurs contre 1,3 mm pour les fumeurs
actuels. Le gain d’attache est lui de 1,6 contre 1,3 mm. Le pourcentage de patients étant
positifs à la présence de P. gingivalis est plus faible chez l’ancien fumeur (8%) que pour le
fumeur actuel (67%) (67). De même, les anciens fumeurs répondent mieux aux
thérapeutiques chirurgicales que les fumeurs actuels avec un gain d’attache supérieur et
une réduction des poches parodontales plus importante (Figure 15) (68).
Page 30 sur 53
CLARON
(CC BY-NC-ND 2.0)
Figure 15 : Variation de la profondeur de sondage en fonction du statut du fumeur après
une chirurgie par lambeau de Widman et ostéotomie. (Kaldahl et coll. 1996 (68))
Page 31 sur 53
CLARON
(CC BY-NC-ND 2.0)
meilleure oxygénation des tissus. Un arrêt de moins de 3 semaines diminue le risque de
complication respiratoire. Un arrêt de 3 à 4 semaines permet lui, une amélioration de
l’ensemble des paramètres opératoires. Une abstinence de 6 à 8 semaines avant l’opération
supprime les risques de complications vues précédemment. Si le patient poursuit son
sevrage durant la cicatrisation, de 2 semaines à 4 mois, pour une totale consolidation
osseuse, on améliore les suites opératoires de façon notable et donc le succès
thérapeutique.
On considère, au cours de cette conférence d’experts, qu’un patient sevré depuis
longtemps a des risques opératoires quasi-équivalents au non-fumeur. Le sevrage définitif
peut donc être intéressant et le chirurgien dentiste peut jouer un rôle important dans la prise
en charge du patient (69).
Il n’existe, à ce jour, pas d’étude déterminant avec précision la durée nécessaire
d’abstinence permettant de garantir la réussite du traitement. En revanche, une relation a
été établie en fonction de la quantité de cigarettes fumées avant le sevrage et la durée
nécessaire afin d’obtenir une amélioration du parodonte. Il faut, par exemple, un an et demi
pour diminuer les méfaits du tabac de moitié et donc, de même, le risque de maladie
parodontale (7). Comme vu précédemment, l’ancien fumeur se situe entre le fumeur actuel
et le non-fumeur. Il a, en effet, un plus mauvais parodonte que le non-fumeur mais un
meilleur que l’actuel. Le sevrage tabagique favorise donc l’amélioration parodontale et
ainsi le succès thérapeutique. Dans une étude réalisée par Miller, il a été montré qu’une
abstinence de 2 semaines post-opératoire (représentant le temps de cicatrisation) a un effet
bénéfique sur les greffes gingivales avec un recouvrement semblable au non-fumeur (70).
Page 32 sur 53
CLARON
(CC BY-NC-ND 2.0)
arrêté de fumer pendant au moins une semaine mais les tentatives sont souvent nombreuses
avant d’arriver au sevrage définitif. On estime le taux de succès entre 10,2% et 11% sans
aide extérieure (7).
De nos jours, la méthode la plus utilisée pour aider les patients dans la désaccoutumance
au tabac est fondée sur le modèle des « 5 A » (71). Cette méthode est considérée comme
une « intervention brève », c'est-à-dire un « entretien motivationnel » de 5 à 20 minutes qui
va permettre d’inciter le patient à l’arrêt. Cette méthode est préconisée dans de nombreux
pays ; on la retrouve notamment dans les recommandations Américaines de 2008,
Australiennes de 2007 et même en 2004 dans la conférence de consensus « grossesse et
tabac » de l’HAS (Haute Autorité de Santé, ex ANAES). On cherche, dans cette méthode,
en 5 étapes, à modifier le comportement des patients vis-à-vis du tabac par un conseil
professionnel. On accompagne le patient dans son sevrage tabagique. Cette thérapeutique
est simple et facile d’accès. Elle peut donc être effectuée par tous les professionnels de
santé et notamment les médecins généralistes et les chirurgiens dentistes. Les « 5 A »
correspondent à Ask (poser des questions), Advise (conseiller), Assess (évaluer), Assist
(aider, soutenir) et Arrange (organiser). Selon la dépendance du patient, cette thérapeutique
peut être combinée à un traitement médicamenteux.
La première étape, « Ask », consiste à poser des questions au patient afin de connaitre
son statut tabagique, qu’il soit fumeur, ancien fumeur ou non-fumeur. Ce statut doit être
actualisé et documenté à chaque visite du patient.
Ensuite, lors de la 2ème étape, « Advise », le praticien cherche à conseiller chaque
patient dans l’arrêt du tabac. Le conseil doit être clair en mettant en avant la dangerosité du
tabac et l’importance d’un arrêt du tabac immédiat. Il doit être, de plus, ferme en mettant
en avant sa qualité de professionnel de santé. Enfin, il doit personnaliser son discours à
chaque fumeur en fonction de sa consommation, de son état de santé actuel, du coût
économique et social et enfin en fonction de l’impact sur son entourage. Il est important
que l’attitude du soignant reste professionnelle. Il ne doit pas « juger » son patient.
La 3ème étape, « Assess », consiste à évaluer la motivation du patient quant à son
sevrage tabagique. Il existe, depuis 2001, un test qui évalue en fonction du score réalisé par
le patient, la motivation à l’arrêt de ce dernier (Tableau 7) (72). Un score inférieur à 6
Page 33 sur 53
CLARON
(CC BY-NC-ND 2.0)
correspond à une motivation insuffisante du patient. Dans ce cas le professionnel propose
une « brève intervention » qui reprend le modèle des « 5A » permettant peut-être au patient
d’envisager un arrêt futur. Il est important de refaire le point à chaque rendez-vous. Un
score compris entre 7 et 13 correspond à une motivation moyenne et un score supérieur à
13 démontre une très bonne motivation du patient. Dans le cas où le patient est disposé à
tenter d’accéder au sevrage, le praticien propose son assistance. Un traitement peut dès à
présent être prescrit. Il est, de plus, important de donner des informations supplémentaires
notamment pour les femmes enceintes et les adolescents. Si l’aide n’est pas suffisante, il
faut alors orienter le patient vers un spécialiste. La 4ème étape peut alors débuter.
Tableau 7 : Test de motivation à l’arrêt du tabac ( D’après Legeron et coll. 2001 (72))
Il est important de comprendre que la motivation du patient varie tout au long de son
processus de changement de comportement. En effet, avant le sevrage définitif le fumeur
passe par plusieurs stades décrits par Prochaska et Diclemente en 1983 (Figure 16).
Page 34 sur 53
CLARON
(CC BY-NC-ND 2.0)
Tout d’abord la phase de pré-contemplation ou pré-intention, où le fumeur n’envisage
pas de changer son comportement. Le fumeur est alors, soit dans l’ignorance, soit dans le
déni. On parle de fumeur « heureux ». Ensuite, vient la phase de contemplation ou
intention, où le patient commence à se poser des questions et prendre conscience du danger
de la cigarette. On parle ici de fumeur « indécis ». Le patient veut ici continuer à fumer
pour le plaisir que lui procure la cigarette, tout en sachant les risques du tabac pour sa santé
et son entourage. Le patient doit alors se décider et trancher entre les points positifs et
négatifs du tabac. Lorsqu’il a pris sa décision, la phase de préparation débute. Le fumeur
envisage alors l’arrêt du tabac et commence à réfléchir au moyen d’y parvenir. Le patient
peut alors commencer son sevrage et il entre alors dans la phase d’action. Il change alors
de comportement. Enfin, la dernière phase par laquelle passe le patient est la phase de
maintien. Elle lui permet d’assimiler ce nouveau comportement et de l’inscrire dans sa vie
quotidienne. Cette phase correspond à la réussite du sevrage. Au cours de la phase d’action
le patient peut rencontrer des difficultés et retomber dans une ancienne phase, c’est la
rechute. Cette phase est fréquente et normale et le patient doit savoir faire face aux
difficultés afin de progresser dans le sevrage. Cette phase est très importante car, mal
gérée, elle peut amener à l’échec et au découragement du fumeur (72).
Page 35 sur 53
CLARON
(CC BY-NC-ND 2.0)
vis-à-vis de la dépendance à la nicotine. En effet, la nicotine est à l’origine d’une
augmentation de l’activité métabolique. Le sevrage peut alors entraîner une prise de poids
qui peut être contrée par un traitement de substitution (7).
Suite à ce processus dans lequel le patient a décidé d’arrêter de fumer dans un futur
proche, la 4ème étape, « Assist » débute pour le praticien. Elle consiste à aider le patient
dans sa tentative en réalisant un programme d’arrêt. Ce programme permet tout d’abord de
fixer une date d’arrêt, dans les deux semaines à venir si possible. Le fumeur doit ensuite
l’annoncer à son entourage afin d’obtenir du soutien et de la tolérance. Dans ce programme
il faut envisager et anticiper les risques liés à l’interruption du tabac et notamment les
symptômes dus au sevrage, surtout dans les premières semaines. Le dernier élément de
cette 4ème phase consiste à éliminer tout le tabac de l’environnement du patient. Pour cela il
doit éviter, avant le sevrage, de fumer dans les endroits où il passe le plus de temps. C’est
au cours de cette 4ème étape que l’on peut recommander un traitement pharmacologique en
fonction du patient et de ses contre-indications. De plus, on fournit une aide pratique à
l’arrêt afin de résoudre les problèmes qui pourraient empêcher le sevrage. Pour cela, on
demande une abstinence totale du patient, une réduction voire un sevrage de l’alcool qui
favorise les rechutes. On étudie, de plus, les échecs des anciennes tentatives afin de ne pas
les reproduire. On repère les situations à risque et on demande au patient de les éviter ou de
changer ses habitudes. Enfin, l’entourage du fumeur est de même encouragé à arrêter ou au
moins à ne pas fumer en présence du patient. Il est important pour la réussite que le patient
ait un soutien social et pour cela on se rend disponible. Finalement, on donne d’autres
outils pour aider au sevrage comme des associations ou une assistance téléphonique.
Page 36 sur 53
CLARON
(CC BY-NC-ND 2.0)
III.4.2. Les cinq étapes de la méthode des « 5R »
Dans le cas d’un patient non motivé, il existe une méthode appelée « 5R ». Dans cette
méthode, le praticien va réaliser une « intervention brève » afin de motiver le patient
fumeur. Les « 5R » correspondent à « Relevance » (raison), « Risks » (risques),
« Reward » (résultats), « Roadblocks » (résolution), « Repetition » (répétition). Cette
thérapeutique est décrite dans les recommandations Américaines de 2008.
Lors de la première étape, « Relevance », le médecin cherche à encourager le patient à
exprimer les raisons pour lesquelles il serait important d’arrêter de fumer. L’impact de
cette information est d’autant plus important qu’elle est personnalisée au patient. C'est-à-
dire qu’elle prend en compte sa santé, son entourage, son sexe et ces éventuels tentatives et
obstacles d’arrêt.
Lors de la 2ème étape, « Risks », le praticien cherche à savoir quelles sont les
conséquences négatives du tabac pour le patient. Le praticien souligne ensuite celles qui
sont plus spécifiques au patient. Il est important, lors de cette étape, d’expliquer que fumer
des cigarettes « light » à faible taux de goudrons ou de nicotine n’élimine pas les risques.
De même qu’utiliser une autre façon de fumer comme la pipe n’est pas une solution au
problème. Il est aussi important de rappeler tous les risques du tabac en tant que
professionnel. Ils peuvent être aigus (stérilité, problème respiratoire, risque pour la
grossesse etc.), à long terme (problème cardiaque, vasculaire, broncho-pulmonaire ; cancer
etc.) ou pour l’entourage (faible poids du nourrisson, cancer, maladie cardiaque du
conjoint, problème broncho-pulmonaire etc.).
Lors de la 3ème étape, « Reward », le praticien demande au fumeur de donner les
bénéfices qu’il aurait à arrêter de fumer. Le médecin souligne ceux qui sont les plus
pertinents pour le patient et il en suggère certains comme une amélioration du goût, de la
santé, des économies d’argent, des dents plus blanches et moins de rides.
La 4ème étape, « Roadblocks », permet au patient d’exprimer les obstacles qui pourraient
empêcher son sevrage tabagique. Ils peuvent être : la peur d’échouer, la prise de poids, les
symptômes du sevrage, le plaisir de fumer ou encore la présence de fumeurs dans
l’entourage etc. Le praticien doit alors proposer des solutions à ces obstacles et notamment
par exemple un traitement pharmacologique.
La 5ème étape, « Repetition », consiste à répéter à chaque visite du fumeur non motivé
au sevrage cette « intervention brève » et motivationnelle. Il est important d’expliquer aux
Page 37 sur 53
CLARON
(CC BY-NC-ND 2.0)
fumeurs ayant échoué que la plupart des ex-fumeurs ont effectué plusieurs tentatives avant
d’arriver au sevrage définitif et total (71).
Enfin, dans le cas d’un patient ayant récemment arrêté de fumer, pour éviter les
rechutes, le praticien doit féliciter le patient. Il doit, de plus, résoudre les problèmes
rencontrés lors du sevrage et rappeler les bénéfices de ce dernier. Les principales
difficultés rencontrées par les patients sont la mauvaise humeur souvent dépressive, un
manque de soutien, la prise de poids, les symptômes du sevrage et la rechute ponctuelle.
Pour pallier à ces problèmes, il faut proposer l’assistance téléphonique, les groupes de
soutien, des médicaments appropriés contre la dépression, des traitements de substitutions,
une activité physique régulière surtout au début, une alimentation saine et enfin orienter le
patient vers un spécialiste (71).
Page 38 sur 53
CLARON
(CC BY-NC-ND 2.0)
Lors d’un score de 5 à 6, le sujet est moyennement dépendant. Il est alors possible
d’augmenter les chances de succès en prescrivant des substituts nicotiniques. C’est alors le
professionnel qui va choisir la forme la mieux adaptée au fumeur.
Lors d’un score de 7 à 10, le sujet est fortement ou très fortement dépendant à la
nicotine. Il est alors recommandé d’avoir recours à un traitement pharmacologique, comme
un substitut nicotinique, du bupropion ou de la varénicline. Le praticien choisit le
traitement le mieux adapté avec la dose suffisante pour obtenir l’efficacité escomptée. En
cas de difficulté, il faut orienter le patient vers un spécialiste.
Page 39 sur 53
CLARON
(CC BY-NC-ND 2.0)
peut être utilisée en une seule utilisation de manière intensive et continue ou moins
intensément et de façon discontinue en 4 fois 20 minutes. Enfin les comprimés, soit à
sucer, soit à faire fondre sous la langue, contiennent 1, 1,5, 2, 2,5 ou 4 mg de nicotine par
comprimé. On en utilise entre 8 et 12 par jour et de même, de manière à diminuer la prise
avec le temps. Il est possible d’associer plusieurs formes de thérapeutiques afin
d’augmenter l’efficacité du traitement. Le dosage est alors déterminé par le praticien. En
général on considère qu’une cigarette équivaut à une dose de 1mg de nicotine. Le praticien
adapte ainsi le dosage en fonction de la dépendance du patient. Il est important de revoir le
patient régulièrement afin de déceler les sous-dosages (syndrome de sevrage) ou surdosage
(diarrhée, palpitation etc.) et d’adapter la prescription en conséquence (73,74).
Le bupropion
Le bupropion (Zyban®, laboratoire : GlaxoSmithKline avec une autorisation de mise
sur le marché en France en 2001) est un médicament utilisé dans le sevrage tabagique qui
ne contient pas de nicotine. Son principe est d’inhiber la « recapture des catécholamines »
(neurotransmetteurs tels que la dopamine, l’adrénaline ou la norépinephrine) afin
d’augmenter leurs quantités dans certaines régions du cerveau. Ceci empêche ou réduit
alors les symptômes dus au sevrage. On utilise ce médicament pendant une période de 7
semaines en commençant le traitement 2 semaines avant l’arrêt du tabac (un comprimé de
150 mg puis 2 comprimés au bout de 7 jours) afin d’avoir la meilleure efficacité
escomptée. Il peut, de plus, être associé aux substituts nicotiniques afin d’améliorer les
résultats. Douze mois après le sevrage, le taux d’abstinence est estimé à 23,1% avec le
bupropion. Ce traitement possède cependant de nombreuses contre-indications (antécédent
de convulsion, insuffisance hépatique…) et entraîne plusieurs effets indésirables comme
des insomnies (7).
La varénicline
Un dernier principe actif peut être proposé au patient lors de son sevrage : la varénicline
(Champix®, laboratoire : Pfizer avec une autorisation de mise sur le marché en France en
2006). Son mode d’action est double puisque celui-ci va agir au niveau du système
nerveux central. Il va alors se lier aux récepteurs nicotiniques de l’acétylcholine empêchant
à la fois la liaison avec la nicotine et dans le même temps le « circuit de la récompense ».
Mais cette liaison entraîne un effet suffisant pour atténuer les syndromes liés au sevrage et
Page 40 sur 53
CLARON
(CC BY-NC-ND 2.0)
à l’effet de manque. Le traitement commence deux semaines avant l’arrêt du tabac et dure
3 mois, renouvelable si nécessaire. Il est croissant durant la 1ère semaine et à 7 jours le
patient prend jusqu’à 1 mg par jour. Son taux de succès est semblable au bupropion mais il
n’est pas recommandé chez la femme enceinte et chez l’insuffisant rénal. Il possède, de
plus, de nombreux effet secondaires comme des troubles digestifs, des troubles du sommeil
voire des comportements suicidaires (7).
90% des chirurgiens dentistes sont conscients du bienfait du sevrage pour la santé du
patient et du parodonte. Pourtant seulement 13 à 29% des chirurgiens dentistes admettent
n’avoir jamais proposé l’arrêt du tabac à leurs patients selon Chestnutt et coll. en 1995.
Macgregor et coll. en 1996 montre qu’il est possible d’obtenir une diminution fixée par le
patient voire un sevrage définitif pour 58% des patients avec seulement 4 à 6 min
d’entretien (76).
Le chirurgien dentiste contrairement aux médecins voit régulièrement ses patients. Son
rôle peut donc être important et efficace dans le sevrage tabagique. Ces dernières années
une amélioration de l’hygiène bucco-dentaire a été observée grâce aux campagnes de
prévention réalisées au sein des cabinets dentaires. On pourrait alors envisager de faire de
même pour le tabac.
Au sein du cabinet, les tâches peuvent être reparties entre les assistantes et le chirurgien
dentiste. Les assistantes peuvent, par exemple, s’occuper de la tenue du dossier des patients
comprenant le statut tabagique et le sevrage en cours ou non des patients. Elles peuvent, de
Page 41 sur 53
CLARON
(CC BY-NC-ND 2.0)
plus, réaliser la commande du matériel didactique comme des affiches ou encore des
vidéos.
Il est, de plus, possible de placer une affiche dans le
cabinet pour montrer que les professionnels de ce cabinet
sont ouverts au dialogue en ce qui concerne le tabac (Figure
17). Enfin, il est possible de proposer des documentations
ciblées, destinées aux patients, comme les livrets « Pour faire
le point » et « Pour arrêter de fumer » provenant de l’INPES.
Le chirurgien dentiste peut tout d’abord commencer par remettre à chaque patient un
questionnaire sur le tabac. Celui-ci comprend de nombreuses questions comme, par
exemple, l’âge auquel le patient a commencé à fumer, la quantité fumée par jour, le type de
tabac fumé ou encore les tentatives d’arrêt. En fonction des réponses à ce questionnaire il
pourra réaliser une « intervention brève » et personnelle.
Cette « intervention brève » est facile d’accès et simple à mettre en œuvre pour chaque
cabinet dentaire. Elle est pourtant très peu réalisée. Les praticiens mettent en cause pour
expliquer cela, le manque de temps, le coût de ces interventions, un manque d’intérêt
parfois du patient , une peur de perdre des patients ou encore un manque de formation. Il
est donc important, dans les années à venir, de proposer une formation à l’ensemble du
personnel du cabinet dentaire pour faciliter la réalisation de cette intervention.
Le chirurgien dentiste a le rôle important d’informer le patient au sujet des effets du
tabac sur la sphère bucco-dentaire. En effet, même si aujourd’hui les patients sont au
courant des effets néfastes du tabac sur leur santé générale, leur connaissance au niveau
buccal est moindre. Le praticien et son équipe peuvent alors utiliser la méthode des « 5A »,
vue précédemment, et parfaitement adaptée au cabinet dentaire. En effet, le patient est vu
régulièrement et le praticien peut entretenir la motivation du patient lors de séances
espacées sur le long terme. Il peut ainsi organiser facilement le suivi du sevrage tabagique
Page 42 sur 53
CLARON
(CC BY-NC-ND 2.0)
du patient. Lors du premier entretien, le praticien cherche, par des questions ouvertes, à
définir la motivation du patient ainsi que sa confiance vis-à-vis de sa capacité à arrêter le
tabac (Figure 18). Le praticien pourra ensuite demander l’accord du patient pour discuter
au prochain rendez-vous d’un sevrage éventuel.
«D’après votre anamnèse, vous fumez. Est-ce que je peux vous poser quelques questions
supplémentaires à ce sujet?»
«Oui.»
«Peut-être.»
«Vous pourriez éventuellement y réfléchir. Quelle importance cela aurait pour vous
d’arrêter?»
«Ce n’est pas très important pour vous. Quels avantages verriez-vous à arrêter?»
«Je pense que ce serait bien pour ma santé. Cela supprimerait aussi la désagréable odeur
de mes habits.»
«Vous y voyez clairement des avantages. Comment évaluez-vous vos chances de parvenir
à arrêter de fumer?»
«Pas très grandes. Cela fait de nombreuses années que je fume et j’ai déjà essayé une fois
de stopper.»
«Je comprends que vous manquiez de confiance. Je pense que je peux vous aider à faire
une nouvelle tentative. Êtes-vous d’accord pour que nous en reparlions lors d’un prochain
entretien?»
«Entendu.»
Lors des entretiens futurs, le praticien donne des conseils et des méthodes au patient
pour faciliter son sevrage. Il peut, pour cela, lui donner une fiche d’autocontrôle indiquant
Page 43 sur 53
CLARON
(CC BY-NC-ND 2.0)
l’heure, le lieu, les personnes présentes, l’importance et l’alternative de chaque cigarette
fumée dans la journée. En évaluant cette fiche, le praticien va pouvoir en déduire les
changements de comportement nécessaires au sevrage du patient. Le praticien conseille les
patchs à la nicotine lorsque les patients fument régulièrement dans la journée ou les
gommes à mâcher ou les comprimés sublinguaux dans le cas contraire. Il conseille ensuite
une modification des situations dans lesquelles le patient va fumer (lieu, entourage). Le
chirurgien dentiste propose, de plus, la suppression des cigarettes qui semblent les moins
importantes au patient. Enfin, ce dernier doit chercher une alternative à chaque cigarette
notamment par des activités cérébrales (comme des jeux de concentration), manuelles et
buccales (boire ou manger) n’imitant pas l’utilisation de la cigarette.
Au rendez-vous suivant le praticien évalue la dépendance tabagique ainsi que les
alternatives qui pourront être proposées.
Le dernier rendez-vous correspond à celui de l’arrêt définitif ou le chirurgien dentiste
confirme les mesures à prendre et propose une documentation notamment sur l’utilisation
des substituts nicotiniques.
Il est important de penser à orienter le patient vers un spécialiste lors d’échec et de
rechute de ce dernier (7).
Page 44 sur 53
CLARON
(CC BY-NC-ND 2.0)
Conclusion :
Le tabac est considéré comme l’un des fléaux du XXIème siècle. Il a, en effet, causé 100
millions de morts dans le monde au cours du siècle dernier. Pourtant, il semble être la
première cause de mortalité évitable.
Aujourd’hui la consommation tend enfin à diminuer, surtout chez les hommes, grâce
aux nombreuses mesures anti-tabac mises en place à partir de 1976 et la loi Veil. Cette loi
interdit le tabac dans certains lieux publics et instaure l’obligation de faire figurer
l’inscription « abus dangereux » sur les paquets de cigarettes. A partir de 1991, la loi Evin
renforce la loi Veil en étendant l’interdiction de fumer à tous les lieux à usage collectif
ainsi que dans les transports. Elle instaure l’obligation de faire figurer sur les paquets de
cigarettes, la teneur en nicotine et en goudrons. Elle interdit toute publicité en faveur du
tabac. Enfin, elle est à l’origine de l’interdiction de fumer au moins de 18 ans. Enfin, c’est
en 2011 qu’apparaissent les photos « chocs » sur les paquets de cigarettes. Récemment, le
25 septembre 2014, Marisol Touraine a dévoilé son Programme National de Réduction du
Tabagisme. Les principales mesures de ce plan « anti-tabac » sont, l’interdiction de toute
publicité en faveur des cigarettes électroniques ainsi que de leur utilisation dans certains
lieux publics. Ce plan envisage aussi la mise en place de paquets de cigarettes neutres ainsi
qu’une amélioration du remboursement du sevrage tabagique. Ce programme est basé sur
l’aide au sevrage tabagique mais aussi, sur la protection des jeunes afin d’éviter qu’ils ne
tombent dans le tabagisme. Il a aussi une action sur l’économie du tabac. Pourtant, malgré
l’ensemble de ces mesures dissuasives mises en œuvre, la consommation de ce dernier ne
cesse d’augmenter chez les femmes et les jeunes.
Pour endiguer ce fléau, il faut aujourd’hui solliciter les professionnels de santé, les
mieux à même de parler de tabagisme à leurs patients. En plus des médecins et des
tabacologues, les chirurgiens-dentistes ont aujourd’hui un rôle à jouer, notamment dans
l’explication méconnue des méfaits du tabac au niveau de la sphère bucco-dentaire.
En effet, le tabac est à l’origine de conséquences non négligeables au niveau de la
sphère orofaciale et de nombreux cancers notamment de la langue ou des muqueuses sont
causés par celui-ci. Le tabac est aussi un facteur aggravant de la maladie parodontale avec
une aggravation de ces symptômes (perte d’attache, perte osseuse, inflammation gingivale,
mobilité dentaire etc.). Les patients fumeurs ont donc plus de risque de perdre leurs dents
Page 45 sur 53
CLARON
(CC BY-NC-ND 2.0)
et cela entraîne de nombreuses conséquences comme des difficultés pour parler, manger
ainsi qu’une perte de confiance en soi.
Le sevrage tabagique améliore le taux de succès des thérapeutiques parodontales. Une
meilleure cicatrisation et de meilleurs résultats cliniques sont observés après l’arrêt du
tabac. On note aussi moins de récidives de la pathologie et moins de complications
infectieuses ou inflammatoires.
On réalise alors l’importance de prendre en charge ces patients pour leur santé et leur
bien-être. Le patient ne doit pas être seul face au sevrage. En effet, le tabac est à l’ origine
d’une dépendance très forte à la fois physique et psychologique. Il faut souvent au patient
de nombreuses tentatives avant d’arriver au sevrage définitif. C’est pourquoi l’ensemble
des professionnels de santé doivent se mobiliser. Les médecins généralistes sont nombreux
et proches de leurs patients. Leur discours est donc écouté. Le pharmacien, quant à lui,
joue un rôle en ce qui concerne les traitements de substitution nicotinique. Les sages-
femmes, elles, aident les femmes enceintes à obtenir leur sevrage tabagique. Enfin, les
chirurgiens-dentistes comprennent l’intérêt du sevrage, notamment pour favoriser le succès
de leurs thérapeutiques. Du fait de la visite régulière des patients chez le dentiste, le rôle
des chirurgiens-dentistes n’est pas négligeable.
De nombreuses techniques sont apparues pour aider les patients dans leur sevrage. Tout
d’abord les traitements nicotiniques de substitution ont aujourd’hui montrés leur efficacité.
Quel que soit le mode d’administration, ils permettent de doubler le taux d’abstinence
après 6 mois d’utilisation. Le Bupropion et la Varénicline sont aussi utilisés comme
traitements pharmacologiques du sevrage. Les thérapies cognitivo-comportementales
utilisent, quant à elles, des théories de l’apprentissage ainsi que des modèles cognitifs. Or,
le tabagisme peut être vu comme un trouble de l’apprentissage dont les rechutes sont
causées par des facteurs cognitifs. Ces thérapies sont basées sur des entretiens
motivationnels ainsi que sur la prévention des rechutes, en évitant les situations à risque et
en les substituant. On parle alors de « gestion cognitive ». Le patient identifie la pensée et
le comportement négatif vis-à-vis de la cigarette. Il pourra alors lutter contre ce
comportement et tenter de le remplacer, notamment en se rappelant que fumer est mauvais
pour la santé. Aux Etats-Unis, dans les années 70-80 notamment, sont apparues des
thérapies cognitivo-comportementales aversives dont le but est une augmentation des
inspirations de cigarette afin d’obtenir un effet déplaisant du tabac. Ces thérapeutiques ont
Page 46 sur 53
CLARON
(CC BY-NC-ND 2.0)
cependant de nombreux risques. Il existe aujourd’hui des thérapeutiques non
recommandées comme la clonidine qui entraîne de nombreux effets indésirables, l’acétate
d’argent peu efficace ou encore la nortriptyline non commercialisée en France.
L’acupuncture, l’hypnose, la désensibilisation, la mésothérapie, l’auriculothérapie, le
laser n’ont pas encore montré, quant à eux, leur efficacité. Il ne faut pourtant pas les
négliger dans l’aide au sevrage des patients.
Page 47 sur 53
CLARON
(CC BY-NC-ND 2.0)
Bibliographie :
7. Ramseier CA, Bornstein MM, Saxer UP, Klingler K, Walter C. Prévention et sevrage
tabagique au cabinet dentaire. Rev Mens Suisse Odontostomatol. 2007;117(3):267-
78.
9. Heatherton TF, Kozlowski LT, Frecker RC, Fagerström KO. The Fagerström Test for
Nicotine Dependence: a revision of the Fagerström Tolerance Questionnaire. Br J
Addict. sept 1991;86(9):1119‑27.
10. Bornstein MM, Klingler K, Saxer UP, Walter C, Ramseier CA. Tobacco-associated
lesions of the oral mucosa. Rev Mens Suisse Odonto-Stomatol.
2006;116(12):1261‑74.
11. Baric JM, Alman JE, Feldman RS, Chauncey HH. Influence of cigarette, pipe, and
cigar smoking, removable partial dentures, and age on oral leukoplakia. Oral Surg
Oral Med Oral Pathol. oct 1982;54(4):424‑9.
14. Al-Attas SA, Ibrahim SS, Amer HA, Darwish ZE-S, Hassan MH. Prevalence of
Potentially Malignant Oral Mucosal Lesions among Tobacco Users in Jeddah, Saudi
Arabia. Asian Pac J Cancer Prev APJCP. 2014;15(2):757‑62.
15. Rundgren Å, Mellström D. The effect of tobacco smoking on the bone mineral
content of the ageing skeleton. Mech Ageing Dev. déc 1984;28(2–3):273‑7.
Page 48 sur 53
CLARON
(CC BY-NC-ND 2.0)
16. Bergström J, Eliasson S, Dock J. A 10-year prospective study of tobacco smoking and
periodontal health. J Periodontol. août 2000;71(8):1338‑47.
17. Mullally BH, Linden GJ. Molar furcation involvement associated with cigarette
smoking in periodontal referrals. J Clin Periodontol. juill 1996;23(7):658‑61.
21. Hanes PJ, Schuster GS, Lubas S. Binding, uptake, and release of nicotine by human
gingival fibroblasts. J Periodontol. févr 1991;62(2):147‑52.
22. Tipton DA, Dabbous MK. Effects of Nicotine on Proliferation and Extracellular
Matrix Production of Human Gingival Fibroblasts In Vitro. J Periodontol. déc
1995;66(12):1056‑64.
23. Gamal AY, Bayomy MM. Effect of cigarette smoking on human PDL fibroblasts
attachment to periodontally involved root surfaces in vitro. J Clin Periodontol. août
2002;29(8):763‑70.
24. Underner M, Maes I, Urban T, Meurice J-C. Effets du tabac sur la maladie
parodontale. In: EMC-Revue des maladies respiratoires. Déc 2009; 26(10) :1057-73
25. Henemyre CL, Scales DK, Hokett SD, Cuenin MF, Peacock ME, Parker MH, et al.
Nicotine stimulates osteoclast resorption in a porcine marrow cell model. J
Periodontol. oct 2003;74(10):1440‑6.
26. Kim B-S, Kim S-J, Kim H-J, Lee S-J, Park Y-J, Lee J, et al. Effects of nicotine on
proliferation and osteoblast differentiation in human alveolar bone marrow-derived
mesenchymal stem cells. Life Sci. 16 janv 2012;90(3-4):109‑15.
27. Sopori M. Effects of cigarette smoke on the immune system. Nat Rev Immunol. mai
2002;2(5):372‑7.
28. Al-Ghamdi HS, Anil S. Serum Antibody Levels in Smoker and Non-Smoker Saudi
Subjects With Chronic Periodontitis. J Periodontol. juin 2007;78(6):1043‑50.
Page 49 sur 53
CLARON
(CC BY-NC-ND 2.0)
30. Kenney EB, Saxe SR, Bowles RD. The Effect of Cigarette Smoking on Anaerobiosis
in the Oral Cavity. J Periodontol. févr 1975;46(2):82‑5.
31. César Neto JB, Rosa EF, Pannuti CM, Romito GA. Smoking and periodontal tissues:
a review. Braz Oral Res. 2012;26 Suppl 1:25‑31.
32. Zee K-Y. Smoking and periodontal disease. Aust Dent J. sept 2009;54 Suppl
1:S44‑50.
33. Albandar JM. Global risk factors and risk indicators for periodontal diseases.
Periodontol 2000. 2002;29(1):177‑206.
34. Tomar SL, Asma S. Smoking-attributable periodontitis in the United States: Findings
from NHANES III. J Periodontol. mai 2000;71(5):743‑51.
36. Falkler WA Jr, Martin SA, Vincent JW, Tall BD, Nauman RK, Suzuki JB. A clinical,
demographic and microbiologic study of ANUG patients in an urban dental school. J
Clin Periodontol. juill 1987;14(6):307‑14.
37. Macgregor IDM, Edgar WM, Greenwood AR. Effects of cigarette smoking on the
rate of plaque formation. J Clin Periodontol. 1985;12(1):35‑41.
41. Pindborg JJ. Tobacco and gingivitis; correlation between consumption of tobacco,
ulceromembranous gingiivitis and calculus. J Dent Res. oct 1949;28(5):460‑3.
43. Linden GJ, Mullally BH. Cigarette smoking and periodontal destruction in young
adults. J Periodontol. juill 1994;65(7):718‑23.
Page 50 sur 53
CLARON
(CC BY-NC-ND 2.0)
44. Salvi GE, Ramseier CA, Kandylaki M, Sigrist L, Awedowa E, Lang NP.
Experimental gingivitis in cigarette smokers: a clinical and microbiological study. J
Clin Periodontol. mai 2005;32(5):441‑7.
46. Bergström J. Oral hygiene compliance and gingivitis expression in cigarette smokers.
Scand J Dent Res. déc 1990;98(6):497‑503.
47. Bergström J. Tobacco smoking and subgingival dental calculus. J Clin Periodontol.
janv 2005;32(1):81‑8.
48. Bergström J. Tobacco smoking and supragingival dental calculus. J Clin Periodontol.
août 1999;26(8):541‑7.
50. Wolf HF, Hassell TM. Periodontology. Thieme; 2006. 356 p. Color atlas of dental
hygiene.
51. Grossi SG, Zambon JJ, Ho AW, Koch G, Dunford RG, Machtei EE, et al. Assessment
of risk for periodontal disease. I. Risk indicators for attachment loss. J Periodontol.
mars 1994;65(3):260‑7.
52. Haffajee AD, Socransky SS. Relationship of cigarette smoking to attachment level
profiles. J Clin Periodontol. avr 2001;28(4):283‑95.
53. Stoltenberg JL, Osborn JB, Pihlstrom BL, Herzberg MC, Aeppli DM, Wolff LF, et al.
Association between cigarette smoking, bacterial pathogens, and periodontal status. J
Periodontol. déc 1993;64(12):1225‑30.
54. Al-Wahadni A, Linden GJ. The effects of cigarette smoking on the periodontal
condition of young Jordanian adults. J Clin Periodontol. févr 2003;30(2):132‑7.
Page 51 sur 53
CLARON
(CC BY-NC-ND 2.0)
57. Do LG, Slade GD, Roberts-Thomson KF, Sanders AE. Smoking-attributable
periodontal disease in the Australian adult population. J Clin Periodontol. mai
2008;35(5):398‑404.
58. Bergström J, Eliasson S, Preber H. Cigarette Smoking and Periodontal Bone Loss. J
Periodontol. avr 1991;62(4):242‑6.
59. Persson RE, Kiyak AH, Wyatt CCI, Macentee M, Persson GR. Smoking, a weak
predictor of periodontitis in older adults. J Clin Periodontol. mai 2005;32(5):512‑7.
60. Grossi SG, Genco RJ, Machtet EE, Ho AW, Koch G, Dunford R, et al. Assessment of
Risk for Periodontal Disease. II. Risk Indicators for Alveolar Bone Loss*. J
Periodontol. 1 janv 1995;66(1):23‑9.
62. Grossi SG, Skrepcinski FB, DeCaro T, Zambon JJ, Cummins D, Genco RJ. Response
to periodontal therapy in diabetics and smokers. J Periodontol. oct 1996;67(10
Suppl):1094‑102.
64. Andia DC, Martins AG, Casati MZ, Sallum EA, Nociti FH. Root coverage outcome
may be affected by heavy smoking: a 2-year follow-up study. J Periodontol. avr
2008;79(4):647‑53.
65. Trombelli L, Kim CK, Zimmerman GJ, Wikesjö UM. Retrospective analysis of
factors related to clinical outcome of guided tissue regeneration procedures in
intrabony defects. J Clin Periodontol. juin 1997;24(6):366‑71.
66. Fiorini T, Musskopf ML, Oppermann RV, Susin C. Is there a positive effect of
smoking cessation on periodontal health? A systematic review. J Periodontol. janv
2014;85(1):83‑91.
67. Grossi SG, Zambon J, Machtei EE, Schifferle R, Andreana S, Genco RJ, et al. Effects
of smoking and smoking cessation on healing after mechanical periodontal therapy. J
Am Dent Assoc 1939. mai 1997;128(5):599‑607.
68. Kaldahl WB, Johnson GK, Patil KD, Kalkwarf KL. Levels of cigarette consumption
and response to periodontal therapy. J Periodontol. juill 1996;67(7):675‑81.
Page 52 sur 53
CLARON
(CC BY-NC-ND 2.0)
69. Les journées de la SFAR (2005, Paris,). AFC, SFAR, OFT. Conférence d’experts :
tabagisme péri-opératoire.
70. Miller PD Jr. Root coverage with the free gingival graft. Factors associated with
incomplete coverage. J Periodontol. oct 1987;58(10):674‑81.
76. Brochut PF, Cimasoni G. Smoking and the periodontium (II). Pathogenetic
mechanisms and therapeutic difficulties. A review of the literature. Rev Mens Suisse
Odonto-Stomatol SSO. 1997;107(9):771‑86.
Page 53 sur 53
CLARON
(CC BY-NC-ND 2.0)
N° 2014 LYO 1D 059
Le tabagisme avec six millions de mort par an, est aujourd’hui un enjeu majeur de santé
publique. Une cigarette contient de nombreuses substances dont certaines sont cancérigènes
et d’autres à l’origine d’une tabacodépendance forte.
Le tabac a de nombreuses répercutions sur le corps humain et notamment sur la sphère
buccale. Il est à l’origine de plusieurs cancers et d’un développement voir d’une aggravation
des maladies parodontales (inflammation, perte osseuse, poche parodontale, perte d’attache,
édentation…). Le tabac entraine une progression plus rapide de la maladie parodontale. La
moitié des parodontites seraient attribuables au tabac.
Il est donc important de prendre en charge les patients fumeurs et le chirurgien-dentiste
par sa fréquence des visites avec son patient peut jouer un rôle important. La prise en charge
peut s’effectuer simplement et efficacement grâce à une « intervention brève » basée sur la
méthode des « 5A » (Ask, Advise, Assess, Assist et Arrange). Afin d’aider le sevrage tabagique
une prescription peut être envisagée (substituts nicotiniques, bupropion, varénicline). Mais il
existe aussi des traitements non pharmacologiques.
Le sevrage étant difficile, une abstinence temporaire peut être envisagée pendant le
traitement. L’abstinence temporaire peut être définie comme un arrêt total de la consommation
de tabac d’une durée variable de quelques heures à plusieurs semaines. Cela permet une
amélioration de la maladie et des résultats des thérapeutiques (moins récidives, d’échecs et de
complications).
En conclusion, le tabagisme malgré ces effets nocifs connus de tous est encore très
présent. Il faut donc continuer par des mesures diverses à faire baisser ce nombre de fumeurs.
- Fumeur
Mots clés :
- Tabac
- Parodonte
- Sevrage tabagique
- Chirurgien dentiste
- Smoker
Mots clés en anglais :
- Tobacco
- Periodonte
- Smoking cessation
- Dentist
CLARON
(CC BY-NC-ND 2.0)
THÈ
TH ÈSES MAZENOD
℡ 06 01 99 75 70
contact@imprimerie-mazenod.com
www.thesesmazenod.fr
CLARON
(CC BY-NC-ND 2.0)