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RADSP

Vol.V
N°09
I S S N : 2306 - 191X

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Janv. - juin
2017
1 er Sem.
EDLK
Les Editions Le Kilimandjaro
REVUE AFRICAINE DE DROIT ET DE SCIENCE POLITIQUE
Directeur : Pr. Magloire ONDOA
Comité scientifique
• Joseph OWONA • Ferdinand MELIN SOUCRAMANIEN
Agrégé de droit public Agrégé de droit public et de science politique,
Professeur à l’Université de Yaoundé II (Cameroun) Professeur à l’Université Montesquieu - Bordeaux IV (France)
• Paul-Gérard POUGOUE • Léopold DONFACK SOCKENG
Agrégé de droit privé et des sciences criminelles Agrégé de droit public et de science politique,
Professeur à l’Université de Yaoundé II (Cameroun) Professeur à l’Université de Douala (Cameroun)
• Adolphe MINKOA SHE • Marcellin NGUELE ABADA
Agrégé de droit privé et des sciences criminelles Agrégé de droit public et de science politique
Professeur à l’Université de Yaoundé II (Cameroun) Professeur à l’Université de Yaoundé II (Cameroun)
• Luc SINDJOUN • Jean-Claude TCHEUWA
Agrégé de science politique Agrégé de droit public et de science politique,
Professeur à l’Université de Yaoundé II (Cameroun) Maître de Conférences à l’Université de Yaoundé II (Cameroun)
• Magloire ONDOA • ATANGANA MALONGUE
Agrégé de droit public et de science politique, Agrégé de droit privé
Professeur à l’Université de Yaoundé II (Cameroun) Professeur à l’Université de Yaoundé II (Cameroun)
• Nadine MACHIKOU
• Janvier ONANA
Agrégé de Science politique
Agrégé de science politique
Professeur à l’Université de Yaoundé II (Cameroun)
Professeur à l’Université de Douala (Cameroun)
•Gérard PEKASSA NDAM
• Jean Marie TCHAKOUA Agrégé de droit public
Agrégé de droit privé Professeur à l’Université de Yaoundé II (Cameroun)
Professeur à l’Université de Yaoundé II (Cameroun) • Patrick ABANE ENGOLO
• Jean NJOYA Agrégé de droit public
Professeur à l’Université de Yaoundé II (Cameroun) Maître de Conférences à l’Université de Yaoundé II (Cameroun)
•Jean GATSI • Germain NTONO TSIMI
Agrégé de droit privé Agrégé de droit privé et de sciences criminelles
Professeur à l’Université de Douala (Cameroun) Maître de Conférences à l’Université de Yaoundé II (Cameroun)
• Victor Emmanuel BOKALLI • Robert MBALLA OWONA
Agrégé de droit privé Agrégé de droit public
Professeur à l’Université de Yaoundé II (Cameroun) Maître de Conférences à l’Université de Douala (Cameroun)
• André AKAM AKAM • Fabien NKOT
Agrégé de droit privé Maître de Conférences à l’Université de Yaoundé II (Cameroun)
Professeur à l’Université de Yaoundé II (Cameroun) • Vincent NTUDA EBODE
• Martin BLEOU Maître de Conférences à l’Université de Yaoundé II (Cameroun)
Agrégé de droit public et de science politique • Michel KOUNOU
Professeur à l’Université d’Abidjan Cocody (Côte d’Ivoire) Maître de Conférences à l’Université de Yaoundé II (Cameroun)
• Théodore HOLO • SPENER YAWAGA
Agrégé de droit public et de science politique Maître de Conférences à l’Université de Ngaoundéré (Cameroun)
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• Jean Du Bois de GAUDUSSON Maître de Conférences à l’Université de Yaoundé II (Cameroun)
Agrégé de droit public et de science politique • Jacques KWIMO
Professeur à l’Université de Bordeaux IV- Montesquieu (France) Maître de Conférences à l’Université de Yaoundé II (Cameroun)
• Fabrice MELLERAY • Eric Mathias OWONA NGUINI
Agrégé de droit public et de science politique Docteur en Science politique
Professeur à l’Université Montesquieu - Bordeaux IV (France) Chargé de cours à l’Université de Yaoundé II (Cameroun)
• Alain ONDOUA
Agrégé de droit public et de science politique
Professeur à l’Université de Yaoundé II (Cameroun)

Comité de rédaction
• Jean Luc ENGOUTOU • Yves Patrick MBANGUE NKOMBA
Docteur Ph/D en droit public Doctorant en science politique
Chargé de cours à l’Université de Yaoundé II (Cameroun) Assistant à l’Université de Yaoundé II (Cameroun)
•Alex TJOUEN • Aimé Christel MBALLA ELOUNDOU
Docteur Ph/D en droit privé Doctorant en droit public
Chargé de cours à l’Université de Yaoundé II (Cameroun) Assistant à l’Université de Yaoundé II (Cameroun)
• Patrick Henri ASSIENE NGON • Brice Christian ALOGO NDI
Docteur Ph/D en droit public Doctorant en droit public
Chargé de cours à l’Université de Yaoundé II (Cameroun) Assistant à l’Université de Yaoundé II (Cameroun)
• Martial ATEBA
Docteur Ph/D en science politique
Assistant à l’Université de Yaoundé II (Cameroun)
Vol V, n° IX- jan.- juin 2017

REVUE AFRICAINE DE DROIT


ET DE SCIENCE POLITIQUE

RADSP

© Les Éditions le Kilimandjaro


Politique rédactionnelle

La Revue Africaine de Droit et de Science politique (RADSP) vise la pro-


motion des sciences juridiques et politiques. C’est pourquoi, elle reçoit des
contributions de doctrine livrant des réflexions sur les questions ou problé-
matiques actuelles de droit privé, de droit public, de sciences criminelles et
de science politique. L’objectif est de fournir la preuve, au travers de cette
pluralité des grilles d’analyse, que la prétendue division des sciences juri-
diques et politiques est beaucoup plus formelle que substantielle ; l’analyse
profonde des rapports entre les Hommes dans la société ne saurait se satis-
faire d’une telle scission.
Sommaire

I. Droit
Patrick Edgard ABANE ENGOLO : Inconsistance du pouvoir constituant et
péril de l‘ordre constitutionnel. Le cas des Etats d’Afrique Noire franco-
phone ............................................................................................................................................................................................................ 7

Yannick Serge NKOULOU : Les notes en délibéré dans le procès civil


Etude à partir de quelques exemples africains....................................................................................... 29

Aimé DOUNIAN : Le bicamérisme dans les Etats d’Afrique Noire


francophone ................................................................................................................................................................................... 61

Lionel Pierre GUÉSSÉLÉ ISSÉmÉ : Les normes dérivées de la Constitution


dans les Etats d’Afrique noire francophone ............................................................................................ 89

Henri martin martial NTAH A mATSAH : L’émergence du consentement


en droit des Marchés publics dans l’UEMOA ..............................................................................123

Urbain Noël EBANG mVE : L’ordre de recette en droit public financier


camerounais .................................................................................................................................................................................... 155

II. Science politique


Jean Pierre NGONZO : L’Etat et la mise en écriture des existences indivi-
duelles : les documents authentiques et d’identification comme instruments
d’étatisation de la société .......................................................................................................................................... 187
La coordination scientifique de ce numéro de la Revue Africaine
de Droit et de Science Politique a été assurée par Magloire
Ondoa, Agrégé de Droit public et de Science politique, Profes-
seur à l’Université de Yaoundé II - Soa.

Tous droits de reproduction, d’adaptation


et de traduction pour tous procédés réservés
pour tous pays sauf autorisation du direc-
teur de la revue.

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ISSN- 2306 - 191X
Dépôt légal : Juin 2017
I. Droit
Les notes en délibéré dans le procès civil.
Etude à partir de quelques exemples africains
Yannick Serge NKOULOU

Résumé
Il n’est pas rare que les parties, au cours du délibéré, déposent une note contenant des ex-
plications de fait et de droit et tendant à influencer le jugement de l’affaire. Certains Etats
africains encadrent cette pratique par un texte tandis que d’autres, notamment le Came-
roun, en confient la fixation du régime au juge. La question du sort réservé à ces écritures
tardives en procédure civile revêt un intérêt renouvelé par les incidences que cette pratique
a sur les droits des justiciables et sur le fonctionnement de la justice civile. La question a
par ailleurs acquis une dimension africaine à l’occasion d’un arrêt remarqué de la Cour
Commune de Justice et d’Arbitrage de l’OHADA. La présente étude entend révéler
l’ambivalence des notes en délibéré qui, contrairement aux conclusions, ne jouissent que
d’une recevabilité exceptionnelle, mais qui, une fois admises et à l’instar des conclusions,
ont une efficacité certaine tant sur la durée et le contenu des débats que sur l’élaboration
et la structure de la décision. Pour pouvoir concilier les finalités qui semblent se concur-
rencer autour des notes en délibéré, à savoir le droit d’être entendu des parties et la célérité
du procès civil, l’on peut observer de la part des systèmes juridiques analysés une relati-
visation du principe de l’irrecevabilité des notes en délibéré et une subordination de l’effi-
cacité de ces écritures à des conditions une fois que leur admission est décidée.

Mots clés
Note en délibéré – Conclusions – Contradictoire – Réouverture des débats – ministère
public – Droit d’être entendu – Célérité du procès
30 Revue africaine de droit et de science politique

L’huissier de justice n’occupait quasiment aucune place


Voici notre volé qui se présente, fait une en- dans la réflexion dogmatique des ju-
trée solennelle et, devant l’auditoire médusé, ristes. Il en était peut-être ainsi parce
prend la parole avant que j’aie pu songer à la que, d’une part, le délibéré – contrai-
lui couper. rement à l’audience qui est en principe
Le président publique et au prononcé du jugement
Quoi qu’il ait allégué, ses propos sont hors qui l’est nécessairement – est une
des débats. phase par définition intime et secrète.
La délibération est en effet, par es-
L’huissier de justice
sence, un de ces phénomènes psycho-
même si nous ne devions pas l’écouter, nous
sociologiques dont l’analyse est
l’avons entendu1.
délicate. D’autre part, l’encadrement
de la phase du délibéré, lorsqu’il en
existe un, a un domaine limité et a
Jusqu’à une époque relativement ré- pour but de permettre un examen at-
cente, le délibéré, les actes et les faits tentif de l’affaire par la juridiction ap-
qui l’entourent intéressaient peu la pelée à trancher le litige. Cet
doctrine2. En dehors de sa célèbre encadrement porte sur les personnes
mise en lumière par le doyen Carbon- pouvant prendre part aux délibéra-
nier dans son Flexible droit3 décrivant tions4 et sur l’obligation de garder le
ce moment ultime du procès, celui-ci secret desdites délibérations5. Le déli-

1
J. Carbonnier, Flexible droit, Pour une sociologie du droit sans rigueur, 10e éd. LGDJ, coll. « Antho-
logie du droit », 2013 p. 479.
2
A. Bolze, « Le délibéré ou les mystères de la fabrication du droit », Gaz. Pal. 2003, doctr.
p. 212, n° 1 : « Alors même que tout le droit du procès est tendu vers la décision qui tranche
l’indétermination juridique née du litige, cette phase cruciale est décisive où les droits subjectifs
sont réalisés demeure a priori inaccessible à l’analyse si ce n’est dans ses repères temporels :
après les débats, avant la décision. Que se passe-t-il entre les deux ? ».
3
J. Carbonnier, op. cit., p. 460 et s.
4
En matière pénale, v. l’article 470 CPP, alinéa 1, qui prévoit que « seuls les magistrats et as-
sesseurs qui ont siégé en la cause participent aux délibérations ; le Ministère Public n’y participe
pas ». V ; aussi J. Carbonnier, op. cit., spéc. p. 463. Sur la controverse sur la présence du Mi-
nistère public au délibéré devant la Cour de cassation française et la condamnation de cette
pratique par la Cour européenne des droits de l’homme., v. S. Guinchard, F. Ferrand, C. Chai-
nais, Procédure civile, Droit interne et européen du procès civil, 33e éd. Dalloz 2016, n° 802 et s.
5
L’article 709 (3) du code de procédure pénale camerounais prévoit expressément cette obli-
gation pour les assesseurs faisant partie de la Commission du tribunal de première instance
statuant en matière de délinquance juvénile, mais cette obligation, qui découle d’un principe
général du droit est imposée à toute personne, quelle que soit sa qualité ou sa fonction qui
participe au délibéré. Cette obligation existe en matière sociale (article 136 du code du travail
camerounais) et devant la Cour Commune de Justice et d’Arbitrage de l’organisation pour
l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires (article 22 du règlement de procédure de
la CCJA). On peut dès lors considérer, comme le Conseil d’Etat français, qu’il s’agit d’un prin-
cipe général permettant d’assurer l’indépendance des juges et l’autorité morale de leurs déci-
sions (CE, 17 nov. 1922, Rec. CE 1922, p. 849).
Les notes en délibéré dans le procès civil. Etude à partir de quelques exemples africains 31

béré a donc été longtemps perçu sous signent des « observations écrites à
l’angle exclusif du secret qui doit né- l’appui de leurs explications orales que
cessairement l’entourer pour permet- les plaideurs (…) remettent à la for-
tre une réflexion sereine du juge mation de jugement après les plaidoi-
appelé à dire le droit6. ries et qu’il leur est, en principe,
Ce relatif mutisme de la doctrine au interdit de déposer après la clôture des
sujet du délibéré et la « légèreté de son débats, en dehors des cas spécifiés par
encadrement législatif et réglemen- la loi »10. Cette définition des notes en
taire »7, contrastaient avec l’activité re- délibéré peut paraître étroite dans la
lativement importante que déploient mesure où elle en circonscrit le do-
parfois les parties, et précisément leurs maine de recevabilité aux seules pro-
avocats, au cours du « laps de temps cédures orales et aux seules
que les magistrats s’accordent entre la hypothèses prévues par le législateur.
fin des débats et le prononcé de la dé- En pratique, les notes en délibéré
cision »8. Phase de réflexion au cours ont un domaine relativement plus
de laquelle l’intime conviction du juge large et sont d’un usage beaucoup
se construit, le délibéré peut être plus plus libre ; elles ne sont pas l’apanage
ou moins long. S’il peut être fugace, du procès civil11 et il arrive qu’il y soit
lorsque le juge prononce la décision fait recours moins exceptionnellement
immédiatement après la clôture des que ne le prévoient les textes qui en-
débats, il arrive que celui-ci s’accorde cadrent la pratique. Relativement à
un temps plus important et qu’il ren- leur contenu, les parties ne se conten-
voie l’exposition de sa décision à plus tent pas toujours de soutenir la teneur
tard pour ample délibéré9. Dans ce de leurs explications orales, mais il ar-
dernier cas, la période du délibéré peut rive que dans une note en délibéré,
être ponctuée par le dépôt de notes ou elles veuillent avancer de nouveaux ar-
observations écrites des parties ten- guments ou de nouvelles prétentions.
dant à influencer l’appréciation des Du point de vue de la forme, certes
faits de l’affaire ou l’interprétation de l’expression désigne toujours des écri-
la règle de droit à appliquer par le juge. tures, mais leur longueur est indiffé-
En théorie, les notes en délibéré dé- rente car les notes en délibéré

6
Ce peu d’intérêt pour le délibéré en matière civile pourrait également s’expliquer par le fait
que le code de procédure civile et commerciale camerounais ne le mentionne qu’à travers la
faculté offerte au juge de « rabattre le défaut et de rouvrir les débats » en cas de présentation
à la barre, avant la fin de l’audience au cours de laquelle les débats sont clos, de la partie n’ayant
jamais comparu (article 62 alinéa 2).
7
J.-P. Dumas, V° Délibéré in L. Cadiet, Dictionnaire de la justice, PUF 2004, p. 316.
8
G. Cornu (Dir.), Vocabulaire juridique, 11e éd., PUF, 2016 v° délibéré.
9
Ce temps de réflexion que les magistrats s’accordent n’est pas limité par la loi (civ. 2e, 23
janv. 1991, D. 1991, p. 47, Civ. 2e., 17 mars 1986 : Gaz. Pal. 1986, 2, p. 425, note E. du Rusquec;
RTD civ. 1987, p. 403, obs. R. Perrot
10
G. Cornu (Dir.), Vocabulaire juridique, , 11e éd., PUF, 2016, v° notes en délibéré.
11
En procédure pénale, v. Crim., 16 déc. 2009, D. 2010, p. 1923, note J. Lapousterie ; en contentieux
administratif, v. CE, 5 déc. 2014, Lassus, AJDA 2015, note J. Lessi et L. Dutheillet.
32 Revue africaine de droit et de science politique

renvoient non seulement à de brèves ture analogue à celle qui est usitée
notes, mais encore à toute écriture, pour la rédaction des jugements13.
qu’elle qu’en soit le support, la teneur Elles comportent ainsi un exposé des
ou la longueur du contenu. Les notes motifs, une justification de l’adéqua-
en délibéré n’obéissent ainsi à aucun tion des faits allégués à la règle de
formalisme rigoureux. Le trait carac- droit dont l’application est sollicitée
téristique de ces écritures est le fait et, en dernier lieu, un dispositif qui
que leur dépôt est postérieur à la clô- énonce les différents chefs de de-
ture des débats. mandes sur lesquels le juge doit se
Ce critère temporel permet de dis- prononcer. Ainsi conçues, les conclu-
tinguer les notes en délibéré d’autres sions doivent être déposées avant la
écritures judiciaires12, et principale- clôture des débats, sous peine d’annu-
ment des conclusions. De par leur na- lation de la décision qui en tient
ture, les conclusions sont des actes de compte. Déposées après la clôture des
procédure car, accomplis dans le cadre débats, elles sont qualifiées de «
de l’instance, elles tendent à faire conclusions tardives » et ne peuvent,
avancer celle-ci. De par leur objet, tout au plus, être considérées que
elles fixent les prétentions des parties, comme de notes en délibéré si les cir-
déterminent l’objet du litige et délimi- constances de leur dépôt ou de leur
tent l’office du juge qui est tenu de se production l’autorisent.
prononcer sur tout ce qui est de- Le dépôt des notes en délibéré dé-
mandé et seulement sur ce qui est de- coule originellement d’une pratique
mandé. S’agissant de leur forme, judiciaire14 qui a progressivement été
même si elles ne sont pas soumises à codifiée. Au Cameroun, cette pratique
un formalisme sacramentel, en pra- ne s’appuie sur aucun texte pertinent,
tique les conclusions ont une struc- l’article 87 du décret du 30 mars 1808,

12
Les notes en délibéré ne sont pas à confondre avec les « notes de plaidoiries » ou « cotes de
plaidoiries ». Cette pratique consiste pour les avocats, grâce aux facilités offertes par le traite-
ment de texte, à « écrire la plaidoirie sur des chemises doubles à l’intérieur desquelles on place
les pièces invoquées à l’appui de l’argumentation » (J. Beauchard, « La tendance au refoulement
du fait dans le procès civil », in Justices et droit du procès, mélanges en l’honneur de Serge Guinchard,
Dalloz 2010, p. 587 et s., spéc. p. 591.
13
J. Heron, T. Le BARS, Droit judiciaire privé, 5e éd. 2012, n° 584, p. 473.
14
La notion de pratique se caractérise par son équivocité et désigne dans le langage juridique
diverses réalités. Le Vocabulaire juridique dirigé par Gérard Cornu (11e éd. PUF, 2016., v° « pra-
tique ») en recense plus d’une dizaine de sens ; v. encore P. Deumier, Le droit spontané, Préface
J.-M. Jacquet, Economica, coll. « Recherches Juridiques », 2002, spéc. n° 76, p. 74 et s. Elle est
entendue ici comme le résultat de « l’activité de ceux qui ont pour fonction de mettre en
œuvre la règle de droit, et donc de l’interpréter, pour le compte des sujets de droit » (J.-L. AU-
BERT, Introduction au droit et thèmes fondamentaux du droit civil, 16e éd. A. Colin, 2016, n° 175, p.
191). C’est selon cette acception que l’on parler de « pratique judiciaire », en se référant aux
notes en délibéré.
Les notes en délibéré dans le procès civil. Etude à partir de quelques exemples africains 33

souvent visé comme fondement par public (elles) sont devenues rapide-
les juges15, n’ayant pas été rendu ap- ment un moyen d’informer les
plicable au Cameroun. Cette disposi- juges »18. Elles ont permis de « préci-
tion, qui est le fondement historique ser ou d’éclaircir les prétentions des
de l’admission des notes en délibéré parties »19. Elles pouvaient dès lors
en droit français, prévoyait que « le être remises non seulement sur-le-
Ministère public une fois entendu, au- champ, mais encore pendant tout le
cune partie ne peut obtenir la parole délibéré. Pour juguler les risques de
après lui, mais seulement remettre sur dépôt abusif des notes en délibéré, le
le champ de simples notes, comme il code de procédure civile français a
est dit à l’article 111 du Code de pro- posé le principe de leur irrecevabilité
cédure civile »16. Par ailleurs, l’ancien en en limitant la portée par les excep-
article 79 du Code de procédure civile tions de l’article 445. C’est cette solu-
français exigeait que le dossier de l’af- tion qui est reprise dans l’ensemble
faire contienne « la copie des notes vi- des législations africaines ayant mo-
sées par l’article 87 du décret du 30 dernisé leurs règles de procédure ci-
mars 1808 ». vile20. Le fait que les notes en délibéré
Par l’effet du recours fréquent aux trouvent leur place dans ces textes dé-
notes en cours de délibéré et en raison montre l’intérêt qui est désormais
d’une interprétation extensive de la porté au délibéré et aux actes qui y
notion par la jurisprudence, de « sim- sont produits.
ples notes » n’ayant qu’un domaine et Cet intérêt est d’ailleurs renouvelé
une portée limités, l’on est passé aux par les enjeux que suscitent les notes
notes en délibéré17. Ainsi, « au lieu de en délibéré au regard des droits des
constituer des réponses au Ministère justiciables et du fonctionnement de

15
v. par exemple, Arrêt n° 30/CC du 6 février 1986, aff. Fongang Moïse contre Dame Mbega
Régine, Répertoire chronologique de la jurisprudence de la Cour suprême du Cameroun (ci-après RCJCSC),
2e partie, t. IV, pp. 351-352 : « Attendu que si l’article 87 du décret du 30 mars 1980 (sic) per-
met aux parties de produire après clôture des débats, de simples notes à l’appui de leurs
conclusions, aucune disposition de la loi ne prescrit que ces notes doivent obligatoirement
recevoir réponse de la part des juges, qu’elles sont au contraire laissées à la souveraine appré-
ciation des juges qui peuvent suivant les circonstances, soit ne pas s’y arrêter, soit au besoin
ordonner un nouveau débat au cas où ces notes révèleraient des faits nouveaux de nature à
exercer une influence sur la décision ».
16
En droit français, (l’article 111 avait été abrogé par le décret-loi du 30 octobre 1935, mais
l’article 87 du décret de 1808 avait continué de s’y référer
17
Sur cette évolution, v. N. Fricero, « Notes en délibéré », JCl. Procédure civile Fasc. 502, n° 3.
18
Ibid.
19
Ibid.
20
On s’appuiera sur les codes de procédure civile béninois, burundais, comorien, malien,
rwandais, sénégalais, et tchadien. Ces textes sont retenus pour 2 principales raisons : premiè-
rement en raison du fait qu’ils représentent les deux principaux systèmes de procédure civile
qui coexistent dans le monde et au Cameroun et le fait que la plupart de ces Etats (excepté le
Rwanda et le Burundi) appartiennent à l’espace juridique couvert par l’Organisation pour
l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires.
34 Revue africaine de droit et de science politique

la justice. Relativement aux droits des positions de l’article 6,1°, de la


justiciables, les notes en délibéré sont Convention européenne des droits de
en lien avec le droit fondamental l’Homme et des libertés fondamen-
d’être entendu de celui qui les soumet. tales22. Les notes en délibéré, dont le
Celles-ci affectent également l’égalité dépôt peut ponctuer cette phase ul-
des armes entre les parties au procès time du procès et jouer un rôle sur la
civil, voire permettent ou compromet- conviction du juge, attirent donc da-
tent la loyauté du procès21. Concer- vantage l’attention de la doctrine23 et
nant le fonctionnement de la justice, animent régulièrement la chronique
les notes en délibéré peuvent avoir jurisprudentielle.
une incidence sur la quête et l’atteinte En Afrique, l’étude des notes en dé-
de la vérité judiciaire, sur la durée de libéré peut se justifier dans la mesure
la procédure et, plus généralement, où la pratique est encadrée dans plu-
sur l’équité du procès. Dès lors, loin sieurs Etats. Si certains d’entre eux lui
de n’être qu’une question mineure et ont consacré expressément des dispo-
n’intéressant que les « gens de cours », sitions dans leur texte de procédure ci-
le contentieux portant sur les notes en vile, dans le cas du Cameroun, c’est
délibéré interpelle en raison de ses in- par l’œuvre prétorienne de la Cour su-
terférences multiples avec les prin- prême qu’un régime des notes en dé-
cipes qui gouvernent la matière libéré est élaboré depuis de longue
processuelle et le ricochet qu’elle pro- date24. Une étude isolée du traitement
voque sur les droits fondamentaux. de cette pratique serait donc en soi
Un arrêt de la Cour de cassation fran- riche d’enseignements.
çaise, sollicitée pour apprécier la Une réflexion transversale25 s’avère
conformité du rejet d’une note en dé- davantage stimulante en raison du re-
libéré a ainsi décidé que la règle de lief supranational que la Cour com-
l’article 445 n’est pas contraire aux dis-

21
Cass. 1re civ., 7 juin 2005, JCP G 2005, I, 183, n° 12, obs. Th. Clay ; D. 2005, p. 2570, note
Boursier ; Procédures 2005, alerte 8, Croze ; RTD civ. 2006, p. 151, obs. R. Perrot ; Dr. et
procéd. 2006, p. 35, obs. N. Fricero. Sur cette ambivalence de la loyauté : v. A.
Leborgne, « L’impact de la loyauté sur la manifestation de la vérité ou le double visage d’un
grand principe », RTD civ. 1996. 535 ; M.-E. Boursier, Le principe de loyauté en droit processuel,
Dalloz, coll. Nouvelle Bibliothèque de Thèses, préf. S. Guinchard, vol. 23, 2003.
22
Com., 15 oct. 1996, Procédures 1997, comm. 3, obs. R. Perrot.
23
O. Sabard, « Autonomie de la délibération », Procédures n° 3, Mars 2011, dossier 5 ; D.
Chauvaux, « De la contradiction entre les juges, Réflexions sur le délibéré » in mélanges Daniel
Labetoulle, Dalloz 2007, p. 175.
24
C.S. arrêt n° 30 du 7 mars 1972 in Répertoire chronologique de la jurisprudence de la Cour suprême,
tome IV, 1re éd. 1999, pp. 50-51 ; arrêt n° 33 du 8 mars 1973, ibid., p. 53.
25
Transversale et non comparative. Il s’agit, non pas de comparer le régime de la pratique des
notes en délibéré tel qui serait organisé différemment dans le droit des Etats retenus pour
l’analyse, mais plutôt de de faire ressortir la convergence des solutions retenues en dépit de
la diversité des ordres juridiques. La transversalité étant entendue comme le caractère de ce
qui recoupe plusieurs disciplines, voire plusieurs droits, la pratique des notes en délibéré a in-
contestablement ce caractère et se prête à une telle approche.
Les notes en délibéré dans le procès civil. Etude à partir de quelques exemples africains 35

mune de justice et d’arbitrage (CCJA) du 10 juillet 2002 au motif que celle-ci


a pu incidemment donner à la pra- avait, pour rendre sa décision de confir-
tique des notes en délibéré. Certes, ni mation de la décision de première ins-
le règlement de procédure de la CCJA, tance, pris en considération une lettre
ni les actes uniformes, encore moins du Conseil de la défenderesse au
le traité n’évoquent les notes en déli- pourvoi, reçue en cours de délibéré,
béré, car celles-ci échappent au do- alors que l’article 453 du code malien
maine que régit le droit OHADA, de procédure civile, commerciale et
mais il arrive que la haute juridiction sociale rendait une telle note en déli-
de l’Organisation pour l’Harmonisa- béré irrecevable28.
tion en Afrique du Droit des Affaires On pourrait se demander évidem-
traite des questions de procédure des ment si la solution eût été identique si
Etats membres à l’occasion des pour- le pourvoi impliquait l’application du
vois qui lui sont soumis. Si son rôle droit d’un autre Etat membre. Cette
est a priori limité au contrôle de l’ap- question conduit à s’interroger, dans
plication du droit uniforme, l’office de la perspective de l’harmonisation du
la CCJA est donc en réalité plus dense droit, plus largement sur le traitement
et plus important en raison, non seu- réservé aux notes en délibéré dans le
lement, du pouvoir d’évocation qui lui procès civil des Etats africains. L’ab-
a été reconnu par l’article 14 alinéa 5 sence de dispositions textuelles rela-
du traité26, mais surtout du fait du tives à cette pratique au Cameroun
pouvoir qu’elle a conquis d’interpréter éloigne-t-elle ce droit de celui des
les dispositions du droit national des Etats l’ayant encadrée et la disparité
parties en litige27. des formulations textuelles du régime
Cette juridiction a dès lors déve- des notes en délibéré dans ce dernier
loppé une tendance à traiter elle-même cas de figure est-elle le signe inélucta-
des questions préalables au règlement ble d’une divergence des solutions
des litiges qui lui sont soumis, même ainsi consacrées ? Cet ensemble de
lorsque celles-ci impliquent l’applica- questions permet de s’intéresser à
tion, voire l’interprétation des règles de deux ordres de problèmes qui ressor-
procédure propres aux Etats membres. tent de l’étude des notes en délibéré et
C’est ainsi qu’elle a cassé l’arrêt de la qui constituent les aspects essentiels
Cour d’appel de Bamako (Mali) n° 47 de leur régime, à savoir leur recevabi-
26
A propos duquel, v. B. Bayo Bibi, « Le pouvoir d’évocation des cours de cassation africaines :
un changement de la nature de leur contrôle ? Le cas de la Cour suprême du Cameroun et de
la Cour commune de justice et d’arbitrage », Penant, 2016, n° 897, p. 562 ; I. Ndam, « L’évo-
cation en matière judiciaire : obligation ou simple faculté pour la Cour commune de Justice
et d’arbitrage ? », Penant, n° 886, Janvier-Mars. 2014, p. 89 et s.
27
J. Issa-Sayegh, « Le bilan jurisprudentiel du droit uniforme OHADA. (Incertitudes législatives
et turbulences jurisprudentielles) », in Congrès 2008 de Lomé : Le rôle du droit dans le développement
économique, http://www. institut-idef.org/Le-bilan-jurisprudentiel-du-droit.html
28
CCJA, 1re Chambre, arrêt n° 13 du 29 juin 2006, aff. Agence d’Exécution de Travaux
d’Intérêt Public pour l’Emploi dite Agetipe-Mali c/ Société Smeets et Zonen, Rec., n° 7, jan-
vier-juin 2007, p. 70 et s.
36 Revue africaine de droit et de science politique

lité et l’effet qu’elles produisent une d’un écrit au cours du délibéré, sans
fois que leur dépôt est autorisé. préjuger de la prise en considération
Ce régime des notes en délibéré doit de son contenu dans l’élaboration de
être confronté aux tendances ma- la décision. Cette faculté de recevoir
jeures de la procédure civile et notam- des écrits après la clôture des débats
ment aux enjeux qu’elle révèle : fait partout figure de mesure excep-
permettre aux parties d’être entendues tionnelle. Le principe est dès lors celui
de la manière la plus complète en fai- de l’irrecevabilité des notes déposées
sant valoir leurs arguments et leurs en cours de délibéré (A), le juge étant
preuves, permettant ainsi une instruc- ainsi en droit de les mettre à l’écart,
tion adéquate du juge, d’une part, et quel qu’en soit par ailleurs le contenu.
permettre au juge de statuer dans un Mais, en dépit de la quasi-universa-
délai raisonnable sans que les débats lité de ce principe et de la portée large
ne s’enlisent ni ne s’éternisent, d’autre dont son application est révélatrice,
part. Dès lors, comment concilier le les notes en délibéré, compte tenu de
droit d’être entendu des parties qui re- leur intérêt pratique et en contempla-
lève du principe dispositif et le besoin tion des mérites qu’elles comportent
de célérité du procès29 à travers le ré- quant à l’équité du procès31, sont ex-
gime des notes en délibéré ? Il semble ceptionnellement admises (B).
que cela soit possible30 par une relati-
visation du principe de l’irrecevabilité A. L’affirmation du principe de
des notes en délibéré (I) et une subor- l’irrecevabilité des notes en déli-
dination de l’efficacité de ces écritures béré
à des conditions une fois que leur ad- Le sentiment général qui se dégage
mission est décidée (II). de la lecture des textes africains de
procédure civile et de la jurisprudence
I. La relativité du principe de camerounaise relative aux notes en dé-
libéré est celui d’une relative hostilité
l’irrecevabilité des notes en dé-
vis-à-vis de cette pratique. Partout, le
libèré principe est celui de l’irrecevabilité des
La recevabilité d’une note en déli- notes en délibéré. Ces dernières sont
béré peut s’entendre de l’admission prohibées, tantôt de manière expresse

29
Au sujet duquel, S. Amrani-Mekki, Le temps et le procès civil, Dalloz, Nouvelle Bibliothèque
des Thèses, 2002, n° 219 et s., p. 202 et s. ; F. Ferrand, La procédure civile modélisée, Actes du col-
loque de Lyon, du 12 juin 2003, Editions juridiques et techniques, 2004 ; J. Normand, « Les
facteurs d’accélération de la procédure civile », in mélanges P. Drai, Dalloz, 2000, pp. 427 et s.
30
V. déjà en ce sens, J.-C. Magendie, Célérité et qualité de la justice. La gestion du temps dans le procès.
Rapport remis au Garde des sceaux, La documentation française, 2004, spéc. p. 19 : « La célérité
n’est qu’un élément parmi d’autres qui favorise une justice de qualité. Elle n’est pas une valeur
en soi ; elle ne constitue pas un objectif en soi ».
31
V. par exemple, Cass. 1re civ., 7 juin 2005, JCP G 2005, I, 183, n° 12, obs. Th. Clay ; D.
2005, p. 2570, note Boursier ; Procédures 2005, alerte 8, Croze ; RTD civ. 2006, p. 151, obs.
R. Perrot ; Dr. et procéd. 2006, p. 35, obs. N. Fricero (qui fonde la recevabilité d’une note en
délibéré sur la loyauté des débats).
Les notes en délibéré dans le procès civil. Etude à partir de quelques exemples africains 37

par les textes (1), tantôt de manière cordé aux parties pour y répondre.
prétorienne, sur la base de fonde- Dans d’autres cas, l’irrecevabilité de
ments rationnels (2). principe des notes en délibéré se pré-
sente sous la forme d’une admission
1. La consécration textuelle du
principe conditionnée de ces écrits. Ces condi-
tions portent tantôt sur les modalités
L’importance pratique des notes en de soumission des notes en délibéré,
délibéré est telle que plusieurs législa- tantôt sur le contenu desdites notes,
teurs africains n’ont pas manqué l’oc- et il n’est pas exclu que les deux soient
casion offerte par la réforme de leur cumulatives.
procédure civile pour en encadrer
S’agissant des modalités de soumis-
l’usage. Si la solution de principe est
sion des notes en délibéré, une des
partout celle de la non admission des
conditions récurrentes à laquelle doit
écrits des parties en cours de délibéré,
s’astreindre la partie qui entend recou-
cette prohibition n’en emprunte pas
rir à cette pratique est la demande de
moins des formes et formules dis-
réouverture des débats. Cette exigence
tinctes.
ressort de l’article 93 du code de pro-
Dans certains cas, la prohibition est cédure civile burundais. Mais les
directe et ferme, sans laisser de place chances pour que cette réouverture
à une quelconque interprétation. Ainsi soit décidée sont extrêmement limi-
de l’article 58 du code sénégalais qui tées. En effet, la réouverture des dé-
interdit clairement le dépôt des notes bats demeure une simple faculté pour
en cours de délibéré. Ne sont admises le juge dans le cas où elle est un préa-
que des notes déposées immédiate- lable au dépôt d’une note en délibéré.
ment après les observations du Minis- Elle n’est obligatoire que dans deux
tère public qui a le dernier la parole. cas qui n’intègrent pas les hypothèses
L’éventualité d’un écrit quelconque in- où les notes en délibéré sont déposées
tervenant longtemps après les obser- proprio muto par les parties. Le juge n’y
vations du procureur est donc écartée. est tenu en effet que lorsqu’il se pro-
Cet imperméabilité face au dépôt de pose de relever d’office un moyen,
notes après l’audition du Ministère d’une part et, d’autre part, lorsqu’un
public, et a fortiori en cours de délibéré, changement est survenu dans la com-
peut paraître par trop rigoureuse position du tribunal appelé à statuer
quand on sait que celui-ci, après avoir entre la clôture des débats et le pro-
reçu communication peut ne pas noncé du jugement33. Cette exigence
« porter la parole » sur-le-champ32. Il préalable de demande de réouverture
peut en effet se voir accorder un des débats est d’ailleurs parfois cumu-
temps nécessaire à la préparation de lée avec la condition relative au
ses observations, délai qui n’est pas ac- contenu de la note.

32
Article 58 précité.
33
Article 94 alinéa 2 du code de procédure civile burundais.
38 Revue africaine de droit et de science politique

En ce qui concerne cette deuxième pect n’en garantit pas pour autant la
condition, elle est diversement formu- recevabilité. Cette recevabilité n’est
lée selon les textes. Si certains insistent donc pas automatique dans la mesure
sur le fait que la note doit avoir un où, dans l’ensemble de ces cas, un
contenu limité aux éléments ayant fait pouvoir discrétionnaire est réservé au
l’objet du débat, à l’instar du code bu- juge quant à sa décision de retenir ou
rundais, d’autres, en revanche, n’ad- non une note en délibéré qui lui est
mettent que des notes qui se bornent proposée. Il peut seul, décider de la
à répondre aux arguments du minis- pertinence du contenu de la note ou
tère public ou encore qui constituent de sa congruence avec les observa-
des explications de fait et de droit que tions faites par le ministère public. Il
le juge estime nécessaires pour dissi- est par ailleurs le juge de l’opportunité
per l’obscurité de certaines données de la réouverture des débats, alors que
du litige34. Le code rwandais de pro- celle-ci constitue le préalable36 à un
cédure de procédure civile, commer- dépôt d’une note.
ciale, sociale et administrative, tout en Quoi qu’il en soit, et même si les rai-
prescrivant que la note en délibéré ait sons qui justifient cette solution de
un contenu déterminé est plus origi- rejet de principe des notes en délibéré
nal, car la note, pour être admise doit sont à chercher en dehors des dispo-
contenir « un fait nouveau et pertinent sitions respectives qui régissent cette
devant servir à la manifestation de la pratique, ces textes ont néanmoins le
vérité »35. Ce texte subordonne par mérite d’exister et de constituer un
ailleurs l’admission d’une note en dé- fondement pertinent pour le juge. La
libéré à sa communication préalable à sécurité juridique du justiciable est
son adversaire par les soins de la par- alors garantie. Leur sévérité vis-à-vis
tie qui entend s’en servir. des notes en délibéré est de nature à
Ces différents textes s’opposent permettre à ces derniers d’adapter leur
ainsi de manière indirecte au dépôt comportement et d’adopter une
des notes en délibéré en érigeant des « stratégie procédurale »37 plus effi-
conditions rigoureuses et dont le res- cace. Elles sont dans ce contexte plus

34
Article 108 du code de procédure civile, économique et administrative tchadien ou article
510 du code de procédure civile, commerciale, sociale et administrative béninois.
35
Article 69.
36
Il est néanmoins un unique cas où la réouverture des débats est plutôt la conséquence de
la note en délibéré (article 69 du code de procédure civile rwandais. Cette considération n’at-
ténue nullement la rigueur des conditions d’admission des notes, mais en révèle plutôt la re-
lative efficacité.
37
Sur cette expression, utilisée dans le sens de la coordination des règles procédurales et du
choix à opérer entre plusieurs règles concurrentes afin d’aboutir au résultat souhaité, v. C.
Martello, « La stratégie procédurale et le paiement des dettes », LPA, 29 mars 2006, p. 56 et
s. Sur les stratégies judiciaires en général, G. Deharo, « Stratégie judiciaire et performance de
l’entreprise : approche dynamique de droit processuel appliquée à l’entreprise » :
RTD com. 2013, n° 2, p. 177 ; adde, « Law et management : l’influence des sciences de gestion
sur la juris dictio », Gaz. Pal., n° 137, mai 2014, p 15
Les notes en délibéré dans le procès civil. Etude à partir de quelques exemples africains 39

aptes à choisir, en toute connaissance clarer l’irrecevabilité des notes en dé-


de cause, entre une demande d’ouver- libéré par une formule elliptique38, la
ture des débats et le dépôt d’une note haute juridiction se raccroche à la qua-
en délibéré. L’anticipation sur la des- lification que les parties ont-elles-
tinée éventuelle de la note agira sur même données aux écritures ou alors,
l’action des justiciables. Les parties, et elle se réfère simplement à sa propre
surtout leurs avocats, sont également jurisprudence.
plus à même de concevoir le contenu C’est donc parfois au moyen de de
de la note en délibéré afin d’en éviter la qualification donnée à ses écritures
le rejet automatique. par une partie que la nature des notes
Si la jurisprudence camerounaise, en délibéré est révélées et leur irrece-
dépourvue de texte encadrant spécifi- vabilité prononcée. Il est admis qu’en
quement les notes en délibéré, se droit, c’est la nature d’une institution
montre également rétive à cette pra- qui en commande le régime juridique.
tique, c’est malheureusement sans vé- L’identification de cette nature juri-
ritable appui textuel et au prix d’une dique s’opère au moyen de la qualifi-
justification quelque fois sibylline. cation qui est le rattachement d’un fait
ou d’un acte à un ensemble de règles
2. L’admission jurisprudentielle
qui lui sont applicables39. Il en résulte
du principe
que pour deux faits ou actes considé-
A défaut de texte régissant spécifi- rés, « toute identité de nature implique
quement le régime des notes en déli- une identité de régime et toute diffé-
béré et notamment leur recevabilité, le rence de nature implique une diffé-
droit camerounais relativement à cette rence de régime »40 .
question est celui qui résulte des arrêts Dans le cas des notes en délibéré,
de la Cour suprême du Cameroun. La leur irrecevabilité – qui est l’aspect
solution récurrente, et qui tient lieu de premier de leur régime – est la consé-
principe est celle de l’irrecevabilité des quence de la définition négative dont
notes déposées en cours de délibéré. elles sont l’objet de la part de la juris-
Les raisons qui justifient cette ten- prudence. Elles sont en effet mises en
dance au rejet de ces écritures ne sont opposition des conclusions qui, elles
cependant pas clairement fixées. bénéficient d’une recevabilité de prin-
Lorsqu’elle ne se contente pas de dé- cipe et en tout état de cause, une fois

38
Sur le vœu d’une motivation plus explicite des arrêts, v. A. Touffait et A. Tunc, « Pour une
motivation plus explicite des décisions de justice, notamment de celles de la Cour de cassa-
tion », RTD civ. 1974, p. 487 s.
39
Sur la qualification, opération qui transcende le clivage droit substantiel/droit processuel,
lire entre autres : F. Terre, L’influence de la volonté individuelle sur les qualifications, préface R. Le
Balle, Paris, LGDJ, 1957, réed. LGDJ, coll. « Anthologie du droit », 2014; H. Croze, Recherche
sur la qualification en droit processuel français, thèse de doctorat, Droit, Lyon 3, 1981; v. « La qua-
lification », PUF, Revue Droits, 1993, n° 18.
40
J.L. Bergel, Théorie générale du droit, Dalloz 2012, n° 181, p. 239.
40 Revue africaine de droit et de science politique

que leur communication a été effec- Cette motivation soulève surtout la


tuée. La note en délibéré est ainsi un question de la portée de la qualifica-
type d’écritures distinct de la catégorie tion par les parties des écritures
des conclusions et le refus de l’inté- qu’elles soumettent au juge. La ques-
grer dans cette dernière catégorie « si- tion n’est pas dépourvue d’intérêt tant
gnifie qu’il a une nature différente de la réponse qui lui est apportée ren-
celle-ci et obéit à un régime juridique seigne sur l’office du juge et sur son
différent »41. pouvoir de qualification ou de requa-
Le juge se contente parfois, pour dé- lification des données du litige. A cet
terminer cette nature juridique, de re- égard, cette position de la Cour su-
prendre à son compte la qualification prême du Cameroun jure avec celles
donnée au document par son auteur. prévue dans les législations africaines
Dans son arrêt du 14 avril 199442, consultées et qui consiste à reconnaî-
pour rejeter le pourvoi formé contre tre au juge le pouvoir de requalifier les
un arrêt de la juridiction de fond écritures en cause, sans s’arrêter à l’in-
n’ayant pas répondu à certains argu- titulé proposé par les parties. Il en est
ments et moyens, la Cour suprême ainsi parce que les notions de conclu-
s’est appuyée sur le fait que « les préten- sions ou de notes en délibéré sont des
dues conclusions sont une note en délibéré notions de droit. Leur qualification ré-
comme intitulée par le demandeur au pourvoi sulte d’une analyse objective des cir-
lui-même ». Cette motivation, qui ne re- constances de leur soumission ou de
pose sur aucun autre fondement, fait leur contenu. La valeur et la portée
de la qualification du document par des écritures et documents versés aux
les parties, le critère décisif d’identifi- débats ne dépend donc pas de la sou-
cation de la note en délibéré. Elle veraine volonté des parties.
pourrait être analysée comme une ap- Le juge devrait ainsi pouvoir requa-
probation faite aux juges du fond de lifier en « simples notes en délibéré »
n’avoir pas dénaturé les actes des par- des écritures auxquelles les parties ont
ties. Elle semble par le même temps entendu donner la qualification de
consacrer la thèse de l’assimilation de conclusions, notamment en souhai-
l’acte juridique et de l’acte de procé- tant leur faire bénéficier du régime
dure43. propre à ces dernières44. A l’inverse,

41
Ibid.
42
Arrêt n° 44/CC, 14 avril 1994, Aff. Njoh John Samuel contre Kemtchouan Bernard
43
Sur la thèse contractuelle appliquée à l’acte de procédure, v. G. Cornu et J. Foyer, Procédure
civile, 1996, n° 126 : « l’acte de procédure n’est rien d’autre qu’une espèce d’acte juridique,
dans la plus pure définition » ; G. CORNU, « L’élaboration du code de procédure civile »,
Revue d’hist. Fac. Droit, 1995, n° 16, p. 243
44
Civ. 2e, 23 mars 1994, Bull. civ. II, 1994, n° 107, p. 61 ; rappr. Civ. 3e, 16 oct. 2013, Gaz. Pal.,
2013, n° 330, obs. J.-D. Barbier, AJDI, 2014-614.
Arrêt n° 01/CC du 14 octobre 1993, Aff. Tchaptet Jean Florent, Laurent Tchounda et Emma-
nuel Kassi contre Essomba Mouandjo Alfred et MounadjoEdimo Black : « Attendu que les écritures
invoquées ne sont en réalité qu’une note en délibéré qui ne constitue pas les conclusions auxquelles les juges se
doivent de répondre puisque produites après la clôture des débats dont elle ne tendait pas à la réouverture »
Les notes en délibéré dans le procès civil. Etude à partir de quelques exemples africains 41

de prétendues notes en délibéré pour- du secours d’un texte précis pour en-
ront être disqualifiées et le juge pourra cadrer une pratique telle que celle des
leur donner leur exacte qualification notes en délibéré. Le pouvoir créateur
de conclusion afin de pouvoir sanc- du juge, qui est aujourd’hui largement
tionner leur dépôt tardif45. admis, trouve un fondement tradition-
Il arrive par ailleurs que, pour juger nel dans l’article 4 du code civil. Le
irrecevable une note en délibéré liti- juge est en effet incité par cette dispo-
gieuse, la Cour suprême se réfère à sa sition à suppléer à l’incurie, aux ca-
propre jurisprudence46. Ce procédé rences et au silence du législateur.
consistant pour une juridiction à rat- Néanmoins, il n’est pas permis au juge
tacher la solution d’un litige à sa pro- d’agir à la manière du législateur en se
pre jurisprudence est critiquable. La prononçant « par voie de dispositions
tentation est en effet grande pour une générales aux causes qui lui sont sou-
cour régulatrice, qui ne craint pas la mises »48. Si cette prohibition des ar-
censure de ces décisions par une juri- rêts de règlement est de plus en plus
diction supérieure, de se contenter relativisée du fait d’une certaine résur-
d’une motivation superficielle résul- gence de cette pratique de l’Ancien
tant de « formules-types »47. Certes, il droit49, il reste que la légitimité de la
n’est pas interdit à une Cour suprême décision du juge tient à la qualité du
de faire œuvre de jurisprudence, sur- raisonnement juridique qui a guidé
tout lorsque les juges ne disposent pas son choix. La décision prétorienne,

45
V. par ex. Civ. 2e, 17 juin 1971, Bull. civ. II,1971, n° 224 ;
46
Il en est ainsi lorsque la juridiction énonce simplement qu’elle retient une solution «confor-
mément à sa jurisprudence» (Cass. crim., 24 juill. 1967 : JCP G 1968, II, 15339), renvoie pu-
rement et simplement à ses décisions antérieures (Cass. 3e civ., 9 mars 1982 : Bull. civ. 1982,
III, n° 60. – Cass. soc., 27 févr. 1991 : Bull. civ. 1991, V, n° 102)
47
L. Cadiet, J. Normand, S. Amrani-Mekki, Théorie générale du procès, 2e éd., PUF, 2013, n° 196,
p. 686.
48
Article 5 du code civil. P. Hebraud, « Le juge et la jurisprudence » art. préc., spécialement
n° 1, p. 339 : il est interdit au juge, non pas d’intervenir dans la création du droit, mais de le
faire «en la forme et à la manière du législateur. – Adde J. Heron, « L’infériorité technique de
la norme jurisprudentielle », RRJ 1993, p. 1083. – P. Morvan, « En droit, la jurisprudence est
une source de droit », RRJ 2001, p. 77
49
O. Tournafond, « Considérations sur les nouveaux arrêts de règlement (A partir de quelques
exemples tirés du droit des obligations et du droit des biens », in Les sources du droit, mélanges
Ph. Jestaz, Dalloz, 2006, p. 547 et s.; et déjà, H. Sinay, « La résurgence des arrêts de règlement »,
D. 1958, chron. p. 85. – A. Audinet, Faut-il ressusciter les arrêts de règlement ? Mél. Brèthe
de la Gressaye : Bière 1967, p. 99. ; A. Seriaux, Le juge au miroir, l’article 5 du Code civil et
l’ordre juridictionnel français contemporain, mél. Ch. mouly, Litec 1998, p. 171. – C. Puigelier,
« D’une approche cognitive de l’arrêt de principe », RRJ 2002, p. 1631 ; La création du droit
(Libres propos sur la norme jurisprudentielle) : RRJ 2004, p. 17 ; J. HUET, « Union euro-
péenne et démocratie : prohibition des arrêts de règlement et avis de décès de l’article 5 du
Code civil », JCP G 2011, 473
42 Revue africaine de droit et de science politique

faute de support législatif pour asseoir sation du droit positif, fonction qui est
son autorité, a donc besoin d’être ra- certes plus prégnante dans un
tionnellement fondée50. contexte d’inflation législative, mais
Cette ratio decidendi fait cruellement qui n’est sans doute pas totalement
défaut lorsque, comme elle le fait, la absente lorsque les textes, comme ici,
Cour suprême du Cameroun évoque sont incomplets ou anciens. Le prin-
une jurisprudence constante51, ou cipe vient ici justifier la solution que
qu’elle renvoie purement et simple- le juge applique praeter legem en lui
ment à ses décisions antérieures. Cette conférant une certaine autorité.
absence de fondement textuel et le Il serait dès lors plus judicieux que le
mutisme sur les déductions logiques juge suprême camerounais, agisse à dé-
permettant d’aboutir à la solution lais- couvert en visant très clairement dans
sent perplexes l’analyste. Elle n’est pas ses arrêts comme fondement au rejet
de nature à emporter l’adhésion des des pourvois critiquant les juridictions
destinataires premiers des décisions du fond de n’avoir pas pris en compte
que sont les justiciables. La motivation une note en délibéré, un principe géné-
des décisions dans lesquelles elle ap- ral. Cette précision serait d’autant plus
prouve les juges du fond de n’avoir utile que la jurisprudence de la Cour
pas tenu compte d’une note déposée suprême constitue, pour l’heure,
en cours de délibéré est donc pour le l’unique référence pour la Cour com-
moins imprécise. Pour essayer de la mune de justice et d’arbitrage appelée
justifier, sinon de l’expliquer, l’on peut éventuellement à connaître des pour-
être tenté de rattacher cette solution à vois émanant des cours d’appels came-
un principe général du droit non for- rounaises posant incidemment le
mulé explicitement par le juge. problème des notes en délibéré.
Se peut-il en effet qu’implicitement, Le recours à ce fondement serait
la Cour suprême se réfère à un prin- d’autant plus normal que, l’article 35
cipe général du droit, celui de l’irrece- (1) (f) de la loi du 29 décembre 2006
vabilité des notes en délibéré ? Du fixant l’organisation et le fonctionne-
moins, le recours à cette notion ne ment de la Cour suprême cite la vio-
manque-t-il pas de justificatifs. Le lation d’un principe général de droit
principe général du droit est, par sa parmi les motifs de cassation des dé-
fonction première, un moyen de pal- cisions des juridictions de fond. Cette
lier une insuffisance de dispositions disposition rend ainsi vain le débat sur
législatives ou réglementaire. Il exerce l’existence ou non des principes géné-
également une fonction de rationali- raux du droit, mais convainc encore

50
Rappr. L. Cadiet, « La fonction d’une cour d’appel, réflexion sur le second degré de juridic-
tion », in La Cour d’appel d’Aix en Provence, PUAM, 1994, p. 27 et s., spéc. p. 56 « La jurispru-
dence ne vaut que par l’autorité de la raison et non pas par sa raison d’autorité, non ratione
auctoritas, sed auctoritate rationis (…)», cité par L. Cadiet, J. Normand et S. Amrani Mekki, Théorie
générale du procès, PUF, n° 293.
51
C.S. arrêt n° 24/CC du 4 février 1993, aff. Hajal Massad contre Noumbissi Williams,
RCJCSC, tome IV, 2e partie, pp. 352-354.
Les notes en délibéré dans le procès civil. Etude à partir de quelques exemples africains 43

sur l’intérêt à rechercher l’essence de défense des intérêts d’une partie et dans
cette catégorie juridique et surtout la recherche de la vérité du procès.
celui de sa coexistence avec d’autres La première hypothèse classique
sources du droit52, dont certaines peu- d’admission des notes en délibéré était
vent restreindre la portée de la règle prévue déjà par l’article 87 du décret
ainsi énoncée. de1808 qui en faisait le seul mode de
réponse aux observations faites par le
B. La recevabilité exceptionnelle Ministère public dont l’intervention
des notes en délibéré est la dernière dans un procès civil. Le
Loin d’être simplement un baroud domaine de cette exception doit être
d’honneur, à l’usage d’avocats procé- précisé car le ministère public peut
duriers, les notes en délibéré sont par- procéder soit par voie d’action en
fois utiles pour la gouverne du juge et étant partie principale au procès, soit
servent très souvent les intérêts des par voir d’intervention en y étant par-
justiciables. Leur prohibition sans ré- tie jointe.
serve peut alors s’avérer préjudiciable Dans le premier cas de figure, ad-
aussi bien pour les parties que pour la mettre qu’il puisse être répondu aux
justice. La recevabilité exceptionnelle conclusions du ministère public agis-
des notes en délibéré est une solution sant comme partie principale est une
plein de bon sens, même si elle peut exigence fondamentale en raison du
paraître « bancale »53 à bien des égards. principe du contradictoire. En effet,
Aussi bien, alors que la règle de l’in- agissant comme une véritable partie,
terprétation stricte des exceptions le Ministère public bénéficie de tous
confinerait aux seules hypothèses de les droits qui sont inhérents à l’action
recevabilité admises par les textes, la en justice, mais doit également, en
finalité recherchée par les limites à l’ir- contrepartie, en supporter les
recevabilité des notes en délibéré charges54. Toutefois, le respect dû à ce
pourrait justifier l’ouverture préto- principe ne saurait permettre de
rienne à d’autres hypothèses. contourner les règles relatives à la clô-
ture des débats. Celle-ci implique en
1. Une énonciation limitative des
exceptions légales effet que les parties ne puissent plus
alors déposer une quelconque écriture
De manière traditionnelle, les notes une fois que le juge a rendu l’ordon-
en délibéré sont admises dans deux hy- nance de clôture ou qu’il a simple-
pothèses en raison de l’utilité qu’elles ment décidé de la mise de l’affaire en
peuvent avoir respectivement dans la

52
Sur cette recherche, P. Morvan, Le principe de droit privé, préface J.-L. Sourioux, éd. Panthéon-
Assas, 1999.
53
J. Heron, Th. Le BARS, Droit judiciaire privé, 6e éd. L.G.D.J., 2015, n° 484
54
N. Fricero, « Le ministère public, partie principale et partie jointe », Cah. dr. de l’entrepr. n°
5, Septembre 2015, dossier 37, p. 64 et s. pour qui le ministère public « revêt les habits d’un
civil comme demandeur ou défendeur à la procédure ».
44 Revue africaine de droit et de science politique

délibéré. Ces écritures, quelle que soit le devoir de faire valoir ces moyens
la dénomination que les parties leur lorsqu’ils sont d’ordre public55. Il est
donnent, et peu importe leur contenu, même en droit de faire état de rensei-
devraient être qualifiées de conclu- gnements ou de documents ignorés
sions tardives. des parties. Il apparaît en somme
En revanche, l’admission des notes comme un « un adversaire objectif de
après la mise en délibéré de l’affaire l’un des plaideurs »56.
est plus justifiée lorsque le ministère Cette intervention peut être d’autant
public intervient comme partie jointe. plus préjudiciable à une partie qu’elle
Son rôle dans ce cas consiste à faire est celle qui précède immédiatement
connaître son avis sur l’application de le délibéré. Il est en effet unanime-
la loi dans une affaire dont il a com- ment prévu que le ministère public in-
munication. Il se borne dès lors, par tervenant comme partie jointe a le
voie de réquisition, à suggérer la solu- dernier la parole57. La jurisprudence
tion à apporter au litige, au regard de française décide d’ailleurs que cette
l’intérêt général. La qualification de règle est d’ordre public58. Cette solu-
« partie jointe » est donc trompeuse en tion, qui est traditionnelle en procé-
ce qu’elle laisse au moins penser que dure civile, a pu susciter quelque
le ministère public joint ses arguments réserve quant à sa conformité aux exi-
et prétentions à ceux du demandeur gences du procès équitable59. Du
ou du défendeur. Ce sentiment peut moins en a-t-il été le cas devant la
s’autoriser néanmoins de la considé- Cour européenne des Droits de
ration que, si elle est neutre du point l’homme dont la jurisprudence a jugé
de vue de son objectif qui est de ga- contraires à l’article 6-1 de la Conven-
rantir l’intérêt général, cette interven- tion européenne de sauvegarde des
tion n’est pas moins préjudiciable droits de l’Homme, les dispositions
pour l’une des parties dont les intérêts qui confèrent au Parquet le droit de
particuliers peuvent être affectés. Il est parler en dernier60. La même juridic-
en effet admis que le ministère public tion reconnaît cependant que l’équité
a la faculté de faire valoir des argu- du procès est sauve lorsqu’il est re-
ments et des moyens nouveaux, voire connu à celle des parties qui se sent

55
N. Fricero, art. préc.
56
V. C.E.D.H, 30 octobre 1991, Borgers c/ Belgique, Série A, n° 214-A. ; J.-F. Burgelin in Rapport
Cour de cassation 1996. 47. ; Civ., 1re, 24 avril 2013, 12-20.559, inédit
57
Article 508 du code béninois, article 93 du code burundais, 58 alinéa 6 du code sénégalais ;
443 du CPC français.
58
Civ. 3e., 18 mars 1974 : Bull. civ. 1974, III, n° 129 ; Civ., 3e , 6 janv. 1982, Gaz. Pal. 1982, 2,
pan. jurispr. p. 183.
59
Une partie de la doctrine y est en tout cas défavorable, V ; notamment, J. Heron, Th. Le
BARS, op. cit., n° 484 : « il n’y a aucune raison solide de donner la parole en dernier au ministère
public ; tout au contraire ce choix perturbe inutilement les parties ».
60
CEDH, 20 fév. 1996, Vermeulen c./ Belgique et Lobo machado c./ Portugal, AJDA 1996, p. 1013,
note J.-F. Flauss ; JCP 1997, I, 4000, n° 19, obs. Sudre.
Les notes en délibéré dans le procès civil. Etude à partir de quelques exemples africains 45

lésée par son intervention d’apporter faits sont de moins en moins l’apa-
des éléments permettant au juge d’ap- nage des parties, celles-ci à l’inverse,
précier la pertinence des arguments aidées par leurs avocats, n’abandon-
développés par le Ministère public. nent pas complètement la recherche
La seconde hypothèse d’admission et l’interprétation de la règle de droit
des notes en délibéré est celle où le aux seules lumières du juge. Plutôt,
dépôt est sollicité par le président de l’observation de la réalité procédurale
la juridiction. On les qualifie de révèle qu’autant les parties sont appe-
« notes en délibéré explicatives » en ce lées, dans leur intérêt bien compris, à
sens qu’elle permettent aux parties de fournir spontanément62 des éléments
fournir au juge, à sa demande, des ex- de droit en support de leurs préten-
plications supplémentaires de fait et tions, autant le juge intervient de ma-
de droit après la clôture des débats. nière active dans la recherche des faits
Que ces explications portent sur des et des preuves63.
points de fait ne constitue en réalité Quoi qu’il en soit, cette seconde hy-
que la mise en œuvre des pouvoirs pothèse d’admission des notes en déli-
d’investigation du juge, qui pour éta- béré paraît particulièrement favorable
blir sa conviction, doit s’appuyer sur aux parties dans la mesure où elle leur
les éléments de la cause, four- fournit l’occasion, même après la clô-
nis spontanément ou à sa demande, ture des débats, de prolonger la portée
par les parties. de leur droit d’être entendu. En tout
En revanche, il est moins convenu état de cause, ces deux hypothèses
que les parties fournissent au juge des poursuivent l’une et l’autre une finalité
explications de droit61 dans la mesure qu’il serait judicieux de mettre en
où celui-ci est censé connaitre le exergue afin d’élargir peut-être la portée
droit : jura novit curia ! Cette répartition de l’admission des notes en délibéré.
traditionnelle des pouvoirs entre les
2. Une possible extension de la
parties et le juge – da mihi factum, dabo portée des exceptions légales
tibi jus – n’a cependant pas la rigueur
tranchée sous les traits de laquelle elle En règle générale, le juge n’est pas
se présente a priori. Outre qu’avec le tenu d’accueillir des notes en délibéré
recul de la conception purement ac- présentées spontanément par les par-
cusatoire de la procédure civile, les ties hors les cas prévus par les textes.

61
V. néanmoins l’article 13 CPC
62
Lorsque cette fourniture ne leur est pas imposée d’autorité, v. par Ass. plén., 7 juill. 2006,
Bull. civ. 2006, ass. plén. n° 8,JCP G 2007, II, 10070, note G. Wiederkehr, D. 2006, p. 2135, note
L. Weiller, RTD civ. 2006, p. 825, obs. R. Perrot ; Procédures 2006, comm. 201, obs. R. Perrot,
JCP G 2006, I, 183, n° 15, obs. S. Amrani-Mekki ; Gaz. Pal. 2006, 2, p. 2515 ; Dr. et proc. 2006,
p. 348, note N. Fricero; H. Croze, « Da mihi factum jusque », Procédures 2006, repère 9.
63
G. Bolard, « Da mihi factum, dabo tibi jus, Une philosophie du procès toujours d’actualité ? »,
JCP G, n° 41, 2009, I, 319
46 Revue africaine de droit et de science politique

Ces notes en délibéré sont qualifiées les accueillir favorablement. Au regard


d’ailleurs d’« irrégulières »64 car, leur des exceptions admises çà et là, il ap-
admission constituerait une violation paraît que la note en délibéré vise soit
flagrante des dispositions textuelles à rétablir l’égalité entre les parties, soit
ou du principe prétorien qui confinent à permettre la manifestation de la vé-
la pratique dans un cadre restreint. rité, voire à favoriser la loyauté des dé-
Envisager dès lors une extension du bats.
domaine de ces cas d’exception peut La première finalité poursuivie par
a priori surprendre dans la mesure où les règles permettant d’admettre à titre
l’idée jure avec la maxime d’interpré- exceptionnel les notes en délibéré est
tation stricte des exceptions. Mais, ju- d’établir l’égalité entre les parties.
dicieusement conçue, la règle L’égalité est, on le sait, l’âme du pro-
d’exception est entendue simplement cès civil et suppose d’offrir à chaque
comme une « règle dérogatoire, exor- partie, d’après un avis remarqué de la
bitante du droit commun »65. Elle n’en CEDH, « une possibilité raisonnable
est pas moins une règle, comme le de présenter sa cause, y compris ses
martelait le doyen Cornu66., Aussi, preuves, dans des conditions qui ne la
bien, comme toute règle de droit, la désavantage pas par rapport à son ad-
réelle portée de l’exception se mesure versaire »68. Cette équité procédurale,
à l’aune de la raison qui en justifie comme il a été déjà démontré, peut
l’édiction67. Il convient dès lors de être rompue par l’intervention du mi-
partir de la raison d’être des cas excep- nistère public en qualité de partie
tionnels de recevabilité des notes en jointe au procès civil69. Par identité de
délibéré pour tenter quelque analogie raison, toute intervention d’une partie
permettant d’extrapoler d’autres hy- ou d’un tiers au procès susceptible
pothèses où le juge a pu ou pourrait d’influencer l’opinion du juge dans les

64
S. Guinchard, F. Ferrand, C. Chanais, Procédure civile, Droit interne et droit européen, 33e éd,
Dalloz 2016, n° 907, p. 619; Cass. com., 15 oct. 1996, Procédures 1997, n° 3 ; Cass. 3e civ.,
10 mars 1999, Procédures 1999, n° 120 ; Cass. 2e civ., 12 févr. 2004, Bull. civ. II, n° 62 ; AJDI
2004, p. 313
65
J. Cornu, Droit civil – Introduction au droit, 13e éd. Montchrestien, coll. « Domat – droit privé »,
2007, n° 330, p. 183.
66
J. Cornu, Droit civil – Introduction au droit, 13e éd. Montchrestien, coll. « Domat – droit privé »,
2007, n° 415, p. 216 : « l’exception est une règle » et n°332, p. 184 : « l’exception est aussi une
règle ».
67
J. Carbonnier, Droit civil, Introduction, 27e éd. PUF, coll. « Thémis- Droit privé », 2002, n°
160, p. 321 : « la loi exceptionnelle est une règle faite une série déterminée de cas, et sa portée
doit être appréciée en conformité de ce but » ; J. Cornu, op.cit. n° 333, p. 184 : « Une loi d’ex-
ception a vocation à être appliquée dans la pleine mesure de sa raison d’être ».
68
CEDH, 27 oct. 1993, Dombo Beheer B. V. c/ Pays-bas, série A, n° 274, § 33.
69
V. supra. Ce risque de rupture d’égalité entre les parties est à prendre au sérieux lorsque
l’avis du ministère public n’est pas donné dans des conditions qui garantissent sa discussion,
voire simplement sa connaissance par les parties. Tel est le cas lorsque ces observations ne
sont pas communiquées à l’avance aux parties ou qu’elles le sont oralement le jour même de
l’audience.
Les notes en délibéré dans le procès civil. Etude à partir de quelques exemples africains 47

conditions qui ne permettent pas à elle véhicule des informations sur la


l’autre d’en atténuer l’effet sur la foi desquelles le juge établit sa convic-
conviction du juge avant la clôture des tion. La note en délibéré permet d’as-
débats pourrait justifier la recevabilité surer une information complète du
des notes en délibéré. Il en est ainsi juge, elle concourt à une meilleure in-
lorsque des pièces ne sont communi- formation du juge.
quées qu’à l’ultime moment avant la Il convient de relever d’ailleurs que
clôture des débats ou que des rapports le lien entre les notes en délibéré et la
d’expertise, sur lesquels le juge entend vérité est établi par l’article 69 du code
s’appuyer pour prendre sa décision rwandais qui y fait expressément réfé-
n’ont pas été soumis au débat des par- rence parmi les conditions nécessaires
ties. Le juge lui-même doit pouvoir à la recevabilité des notes en délibéré.
s’astreindre à ce respect de l’égalité Compte tenu de l’influence que la
des parties lorsqu’ayant connaissance note en délibéré peut exercer sur l’opi-
de certains faits après la clôture des nion du juge, il serait paradoxal que
débats, il entend, sans rouvrir les dé- celui-ci sacrifie la vérité du procès sur
bats, en faire usage. Il y va de l’exi- l’autel du formalisme (légalisme) pro-
gence de vérité et du respect d’une cédural71, car c’est bien à la procédure
certaine loyauté processuelle. d’être au service de la vérité. Le souci
La seconde finalité poursuivie par de bien juger ou l’intérêt d’une bonne
l’admission exceptionnelle des notes justice commande que le juge puisse
en délibéré est la découverte de la vé- solliciter des éclaircissements, s’il es-
rité. C’est la vérité dont elle convainc time qu’il ne peut rendre sa décision.
les parties – et même les tiers – que la La troisième finalité que semble
décision de justice doit en grande par- poursuivre la recevabilité des notes en
tie sa légitimité. La vérité, idéal appa- délibéré est le respect de la loyauté
remment inatteignable réside en processuelle. « Principe émergent de
réalité dans le respect de la procédure la procédure civile contemporaine »72,
et du débat contradictoire70. C’est une la loyauté procédurale est une exi-
vérité qui sourd du débat judiciaire gence qui s’applique évidemment en
dont le juge est le métronome. La matière probatoire, domaine dans le-
note en délibéré participe de cette ré- quel il a éclot et où il a acquis le statut
vélation de la vérité des faits car, de principe général de la procédure ci-
comme les autres écritures judiciaires, vile73. La loyauté est également l’un

70
M.-A. Frison-Roche, préc., n° 171, p. 179 : qui évoque le caractère décisif de l’élément pou-
vant justifier un assouplissement des règles relatives à la clôture du débat.
71
M.-E. Boursier, note sous Civ. 1re, 7 juin 2005.
72
S. Guinchard, F. Ferrand et C. Chainais, op. cit, n° 776, p. 540, M.-E. Boursier, Le principe de
loyauté en droit processuel, Dalloz, coll. Nouvelle Bibliothèque de Thèses, préf. S. Guinchard, vol.
23, 2003
73
Ass. Plén., 7 janv. 2011, D. 2011. 562, obs. Chévrier, note Fourment, ibid. 618, chron. Vi-
gneau ; RTD civ. 2011.127 obs. Fages et RTD civ. 2011. 383, obs. Théry.
48 Revue africaine de droit et de science politique

des fondements du rejet de conclu- n’avait pas daigné la communiquer.


sions tardives, car, selon la jurispru- Son attitude a été jugée déloyale et il
dence française, « caractérise un fut reproché aux juges du fond de
comportement contraire à la loyauté n’avoir pas tiré les conséquences de
des débats, le fait de réitérer le dépôt cette déloyauté en acceptant l’offre de
de conclusions tardives pour empê- dépôt spontané d’une note en délibéré
cher l’adversaire de faire valoir ses de son adversaire76. Selon un com-
moyens en temps utile »74. La loyauté mentateur de cet important arrêt « le
des débats réside donc, comme le re- principe de loyauté des débats dégagé
levaient des éminents auteurs, sur la sur le fondement de l’article 3 du nou-
« communication mutuelle et ponc- veau code de procédure civile oblige
tuelle des moyens de défense et de le juge à accueillir en vertu d’une in-
preuve »75. Ainsi conçu, ce principe est terprétation extra legem des textes, une
le prolongement, voire le perfection- note en délibéré déposée spontané-
nement du principe du contradictoire. ment en raison de circonstances par-
C’est en raison de cet aspect quali- ticulières révélant la déloyauté d’une
tatif qu’elle apporte au contradictoire des parties »77. Selon un autre, compte
que la loyauté peut servir de fonde- tenu des circonstances, « les exigences
ment à la recevabilité des notes en dé- de la loyauté procédurale devaient
libéré en dehors des seules hypothèses l’emporter sur la lettre de l’article 445
prévues par la loi. C’est sur ce fonde- nouv. c. pr. Civ »78.
ment qu’il fut en tout cas reproché à En tout état de cause, l’esprit qui
une cour d’appel son refus d’admettre anime le régime des notes en délibéré
une note en délibéré présentée par et les finalités recherchées par le droit
une partie. La note en question lorsqu’elle admet une telle pratique
consistait en une lettre reçue le jour de dérogatoire aux règles de droit proces-
l’audience par le demandeur et dont le suel, devraient permettre leur receva-
contenu était de nature à modifier bilité au-delà des cas exceptionnels
l’opinion des juges sur le point liti- prévus par la loi79. L’égalité recherchée
gieux. Or, cette lettre avait été adres- entre les parties, la vérité nécessaire à
sée au défendeur à l’instance près de la légitimité de la décision de justice et
deux mois auparavant mais celui-ci la loyauté des débats pourraient ainsi

74
Civ. 2e, 23 oct. 2003, Bull. civ. II, n° 326, D. 2003. 2726 ; v. déjà H. Motulsky, « Le droit
naturel dans la pratique jurisprudentielle : le respect des droits de la défense en procédure ci-
vile », in Ecrits. Etudes et notes de procédure civile, préf. G. Bolard, Dalloz 2009, n° 17, p. 72-73 :
qui parle de « fraude procédurale », à propos de la production clandestine, en cours de délibéré,
de pièces non communiquées.
75
J. Foyer et G. Cornu, Procédure civile, PUF, Thémis, 3e éd., 1996, spéc. n° 102, p. 470.
76
Civ. 1re, 7 juin 2005, Bull. civ. 2005, I, n° 241, RTD civ. 2001, 151, obs. R. Perrot,
77
D. 2005 p. 2570
78
R. Perrot, RTD civ. 2006. 151
79
Rappr. R. Perrot, RTD civ. 1990, p. 561 : « personne n’a jamais nourri beaucoup d’illusion
sur l’interdiction des notes déposées après la clôture des débats ».
Les notes en délibéré dans le procès civil. Etude à partir de quelques exemples africains 49

offrir plus de marge à la pratique des Pour donc apprécier les effets pro-
notes en délibéré, mais devraient éga- duits par l’admission d’une note en
lement réguler l’effet à produire par délibéré, il faut scruter l’intention de
ces notes, une fois admises. leur auteur. Le dépôt d’une note en
délibéré vise d’une part à apporter au
II. L’efficacité conditionnée débat des éléments de faits ou de droit
qui n’ont pas pu être présentés avant
d’une note en délibéré receva-
la mise en délibéré de l’affaire. D’autre
ble part, l’auteur d’une note en délibéré
Lorsqu’une note est en admise en souhaite, à travers son contenu, em-
cours de délibéré, son auteur entend porter la conviction du juge sur le
lui faire produire des effets identiques bien-fondé de sa prétention. La note
à ceux produits par des conclusions. en délibéré produit des effets soit sur
L’essentiel du contentieux relatif à les débats (A), soit sur la décision (B).
cette pratique et la teneur des disposi-
tions législatives qui l’encadrent por- A. Une incidence ambivalente de
la note en délibéré sur les débats
tent sur l’attitude que le juge doit
adopter face à cette tentative d’assimi- La notion de débat est équivoque et
lation de la note n délibéré et des renvoie à des réalités différentes selon
conclusions. Les parties se plaignent que le terme est employé au pluriel ou
en effet, tantôt du refus opposé par le au singulier. Les « débats » désignent
juge de répondre aux arguments dé- principalement l’audience des plaidoi-
veloppés dans une note ou, au ries, tandis que le « débat » fait réfé-
contraire, de la prise en compte des- rence à « l’objet de la procédure
dits arguments sans que l’adversaire elle-même en tant que discussion
ait été mis en mesure d’y répondre. contradictoire des éléments du litige
Les notes en délibéré, comme les entre les parties et le juge 80. Cette am-
conclusions, mettent alors en question phibologie du terme est entérinée par
l’office du juge face aux faits apportés les codes de procédure africains 81. La
par les parties et qui constituent le Cour suprême du Cameroun quant à
débat judiciaire. Elles affectent égale- elle en tient compte dans le traitement
ment les rapports des parties entre des notes en délibéré. Elle évoque non
elles, en contemplation de l’obligation seulement la possibilité de réouverture
qu’elles ont de se communiquer leurs des débats à cause du dépôt d’une
moyens et leur preuve. note en cours de délibéré82, mais aussi

80
Ch. Lievremont, Le débat en droit processuel, Contribution à la théorie générale du débat, PUAM,
2001, préface H. Croze, n° 212 et s.
81
Notamment des codes sénégalais et béninois qui parlent tantôt du « débat » (article 49 in
fine du code de procédure civile sénégalais et article 8 du code de procédure civile béninois),
tantôt des « débats » (article 96 alinéa 2 du code sénégalais et article 157 alinéa 2 du code bé-
ninois).
82
Arrêt n° 30/CC du 6 février 1986, aff. Fongang Moïse contre Dame Mbega Régine, Réper-
toire, 2e partie, Tome IV, pp. 351-352 ;
50 Revue africaine de droit et de science politique

celle d’un débat sur le contenu même Lesdits débats écrits sont engagés et
de la note. Ainsi, lorsqu’elles sont re- menés au moyen des conclusions et
cevables, les notes en délibéré, exer- des pièces qui les soutiennent ou qui
cent une influence sur ces deux y sont annexées. La jurisprudence de
aspects de la notion ; elles constituent la Cour suprême du Cameroun le
un élément des débats (1) et favorisent confirme à travers des arrêts où cette
le débat (2). juridiction sanctionne les juges du
fond de n’avoir pas répondu aux
1. La note en délibéré, élément
conclusions des parties alors que
constitutif des débats
celles-ci ont été « régulièrement dépo-
En droit processuel, les débats ren- sées et acquises aux débats »84. Cette
voient généralement à l’audience des obligation faite au juge de répondre
plaidoiries. Leur caractère oral est pré- aux conclusions des parties constitue
pondérant et correspond à l’image alors tout l’enjeu de l’admission des
commune de la justice qui met en notes en délibéré auxquelles ces par-
scène deux plaideurs qui exposent et ties entendent faire profiter du même
débattent oralement leur cause devant régime. Cette tentative d’assimilation
le juge qui les écoute. Partant de ce est d’autant plus légitime que, par leur
fait, on peut être tenté de restreindre contenu informationnel, les notes ne
les débats en procédure civile à la se distinguent pas fondamentalement
seule forme orale d’expression, c’est- des conclusions.
à-dire aux seuls échanges de paroles Comme les conclusions, les notes en
entre les protagonistes du procès délibéré peuvent contenir des élé-
civil83. Cette conception ignore le fait ments de fait et de droit susceptibles
que les débats peuvent également d’alimenter le débat judiciaire. Les
prendre la forme écrite. En pratique notes en délibéré peuvent également
c’est sous cette forme d’ailleurs que emprunter l’une des formes variables
les débats sont menés devant les juri- des écritures soumises au juge et
dictions statuant en matière civile ; les constitutives des débats. Il peut s’agir
parties, encouragées par le juge, se d’une lettre, d’une attestation, d’un
font connaitre alors leurs prétentions procès-verbal ou de tout autre docu-
et leurs moyens presqu’exclusivement ment intervenant après la clôture des
par un échange d’écritures.

83
S. Guinchard, F. Ferrand et C. Chainais, op. cit. n° 891, p. 606 et s. Les auteurs proposent de
distinguer « les débats (au pluriel) » qui manifestent le caractère oral de toute procédure et « le
débat (au singulier) » sans oralité, par échanges d’écritures ; Ch. Lievremont, op.cit., 284.
84
Notamment, CS Arrêt n° 33/CC du 3 janvier 1980 (aff. Alhadji Ali contre Malam Yacou-
bou), Répertoire 2e partie, tome IV, pp. 199-200 ; arrêt n° 38/CC du 3 janvier 1980, (aff. Transcap
contre Bamileke’s Stores), ibid. pp. 200-201 ; arrêt n° 18/CC du 28 octobre 1982 (aff. Adrian
Philippe contre Ortiz Richard), ibid., pp. 247-248.
Les notes en délibéré dans le procès civil. Etude à partir de quelques exemples africains 51

débats. Quelle que soit leur forme, les rencié selon le contenu de la note en
notes en délibéré peuvent être accom- délibéré. Cette dernière est recevable
pagnées d’annexes85 contenant des lorsque son contenu se borne à déve-
justifications de leur énoncé. lopper des moyens ayant fait l’objet de
Si le fait que les notes en délibéré conclusions et de débats contradic-
fournissent de la matière aux débats toires87.
est avéré, il reste à savoir si elles peu- Par contre, sont rejetées, au même
vent modifier le contenu des débats. titre que des conclusions tardives, des
Autrement dit, les termes du litige, tels prétendues notes en délibéré qui ex-
que figés avant la mise en délibéré de posent des prétentions sous des
l’affaire, peuvent-ils être modifiés par moyens qui n’avaient pas été dévelop-
le contenu des notes déposées ex post ? pées pendant les débats88. C’est selon
La réponse à ces questions relatives cette logique que sont également reje-
aux termes du débat pouvant être sus- tés des documents autres que ceux
cité par une note en délibéré com- sollicités par le juge pendant le déli-
mande de se référer à la raison d’être béré89 et, a fortiori, des demandes re-
de cette pratique. A l’origine, les notes conventionnelles introduites sous le
en délibéré visaient à répondre aux couvert d’une note en délibéré.
observations du ministère public ou à Afin d’éviter un tel rejet, du reste
fournir des explications au juge justifié, les parties peuvent solliciter la
lorsqu’il les sollicitait en cours de dé- réouverture des débats. Ce faisant,
libéré ; ils constituaient alors la « ré- elles font de la note en délibéré, non
plique des parties au ministère seulement une composante des dé-
public »86. Leur recevabilité était donc bats, mais encore un facteur du débat
implicitement conditionnée à leur judiciaire.
congruence aux observations du re-
présentant du ministère public ou aux 2. La note en délibéré, ferment du
questions posées en cours de délibéré débat
par le juge. Cette exigence est d’ail- L’image du procès est celle d’un
leurs rappelée par une jurisprudence débat entre les parties naissant de
traditionnelle de la Cour de cassation l’opposition de leurs intérêts et de
française qui accorde un accueil diffé- leurs prétentions. La préférence de facto

85
Civ. 3e, 28 janv. 1975 : Bull. civ. 1975, III, n° 32 ; JCP G 1976, IV, 6564, note R. Martin ;
RTD civ. 1976, p. 394, obs. R. Perrot ; Soc., 23 mai 2007, Bull. civ. 2007, V, n° 86 ; JCP G
2007, IV, 2340 ; Procédures 2007, comm.181, obs. R. Perrot, RTD civ. 2007, p.638, Perrot ;
Cass. 1re civ., 25 nov. 2015, n° 14-28.263, F-D : JurisData n° 2015-026509
86
Guinchard, F. Ferrand et C. Chainais, op. cit
87
Civ. 2e ,13 juill. 1960, Bull.civ.1960, II, n°472 ; Civ. 2e, 10 mai 1961, Bull. civ.1961, II, n° 328
88
Req., 2 juill. 1873, DP 1874, 1, p. 49, concl. Reverchon ; Civ. 28 févr. 1921 : DP 1921, 1, p.
7 ; Civ.2e, 22 nov. 1961, Bull. civ. 1961, II, n° 778.
89
Civ. 2e,12 juill. 1984, Bull. civ. 1984, II, n° 134. Civ. 2e ,25 juin 1997, Bull. civ. 1997, II,n°
203.
52 Revue africaine de droit et de science politique

pour le mode écrit du débat en procé- tefois, la clôture du débat et le rejet


dure civile90 est justifiée par la sécurité consécutif des explications ou justifi-
qu’offre cette forme d’expression et la cations postérieures des parties peu-
nécessité, dans ce type de contentieux vent paraître préjudiciables à celle des
généralement technique, d’un temps parties qui n’aura pas été en mesure de
de réflexion entre les questions et les répondre aux observations du minis-
réponses. L’on est en effet ici dans tère public, voire aux manœuvres dé-
une situation dans laquelle « le débat loyales de son adversaire. Elle parait
le plus efficace est celui que constitue également devoir s’imposer, au nom
l’échange des conclusions »91. de la loyauté des débats, lorsqu’une
Ce débat est circonscrit matérielle- partie à qui des documents particuliè-
ment par les éléments de fait et de rement volumineux sont réclamés ne
droit fournis par les parties ou relevés dispose pas d’un laps de temps suffi-
d’office par le juge92. Temporaire- sant pour se les procurer et les com-
ment, le débat, entendu dans une pro- muniquer à l’adversaire94.
cédure écrite comme la succession Il est dès lors envisageable que le
d’écritures entre les parties, prend fin dépôt d’une note en délibéré permette
dès la mise en délibéré de l’affaire. La la poursuite du débat au-delà du
clôture du débat a ainsi un effet « cou- temps imparti et dont le terminus ad
peret » et emporte comme consé- quem est fixé au prononcé de la déci-
quence le rejet des pièces et sion de mise en délibéré de l’affaire.
conclusions déposées après cette me- En réalité l’efficacité du dépôt d’une
sure93. L’irrecevabilité des conclusions note en délibéré comme facteur de
et pièces déposées postérieurement à prolongation du débat est relative,
la clôture des débats est une sanction compte tenu du régime propre à la
dont la rigueur permet d’assurer la cé- réouverture des débats95. Cette der-
lérité du procès et d’empêcher l’enli- nière est en principe facultative mais
sement de la procédure du fait des s’avère obligatoire dans certains cas.
manœuvres dilatoires des parties. Tou-

90
Sur l’importance et la résurgence de l’oralité en procédure civile, v. D.-C. Wagoue Tchokot-
cheu, L’oralité dans le procès civil : plaidoyer pour la reconsidération de l’oralité à la lumière du procès équi-
table, thèse en co-tutelle Université de Ngaoundéré et Université de Nantes, 2016.
91
M-A. Frison-Roche, Généralités sur le principe du contradictoire, p. 183 ; v. également en ce sens,
C. Debbasch, Contentieux administratif, n° 21, p. 17, cité par M.-A. FRISON-ROCHE, ibid.,
note 102 : « Mémoires et contre mémoires écrits réalisent la contradiction aussi bien qu’un
débat oral ».
92
M-A. Frison-Roche, op ; cit., p. 153 : « ce sont les parties qui alimentent la matière du débat,
mais le juge peut y procéder lui-même ».
93
En réalité, il s’agit du rejet des pièces et conclusions n’ayant pas été communiquées en temps
utile, v. Article 31 alinéa 2 du code de procédure civile et commerciale camerounais : « Les
conclusions déposées au greffe et communiquées à la partie adverse moins de trois jours avant
l’audience où l’affaire doit être plaidée pourront être rejetées des débats comme tardives, ainsi
que les pièces qui y seront jointes ».
94
Soc., 2 juill. 2015, n° 14-13.778, inédit.
Les notes en délibéré dans le procès civil. Etude à partir de quelques exemples africains 53

La réouverture des débats est, en ment survient dans la composition de


règle générale, une mesure d’adminis- la juridiction et, surtout, chaque fois
tration judiciaire. La conduite des dé- que les parties n’ont pas été à même
bats et leur poursuite sont en effet de s’expliquer contradictoirement sur
sous la direction du président de la ju- les éclaircissements de droit ou de fait
ridiction qui peut y mettre fin dès lors qui leur avaient été demandés98. Cette
qu’il estime que celle-ci se trouve suf- dernière hypothèse rend obligatoire la
fisamment éclairée. Symétriquement, réouverture des débats en cas de
ce magistrat peut ordonner la réouver- dépôt d’une note en délibéré à la de-
ture des débats lorsqu’elle lui paraît mande du président afin de sauvegar-
nécessaire, afin notamment de sollici- der le principe du contradictoire.
ter des parties des explications de fait Cette solution vise à résoudre un pro-
et de droit supplémentaires. Le choix blème qui a jadis divisé la jurispru-
pour l’un ou l’autre terme de cette al- dence française, et précisément sur le
ternative est, en tout état de cause, point de savoir si après le dépôt d’une
abandonné à la discrétion du prési- note en délibéré, la réouverture des
dent de la juridiction96. La prise en débats étaient nécessaires ou si, au
compte de la note en délibéré tendant contraire, un simple échange de notes
à une réouverture des débats est alors écrites entre les parties étaient suffi-
tributaire de l’intérêt que le juge trou- sant pour satisfaire à l’exigence du
vera ou non à rouvrir les débats. La ju- contradictoire99. Si la solution est dés-
risprudence camerounaise est en ce ormais acquise qu’un échange de
sens lorsqu’elle considère que « la ju- notes entre les parties peut dispenser
ridiction de jugement n’est pas obligée le juge de rabattre le délibéré, c’est à
d’accéder à une demande de remise de condition que les parties aient été ef-
cause, ni de mettre l’affaire en délibéré fectivement à même de s’expliquer
pour attendre une éventuelle note en contradictoirement100. L’automaticité
délibéré qui, au demeurant ne le lie de la réouverture des débats ne sem-
pas »97. blent donc plus de mise, cette mesure
En revanche, cette réouverture de- n’étant opportune que lorsque la note
vient obligatoire lorsqu’un change- en délibéré apporte un élément nou-

95
Sur l’équipollence des expressions « réouverture du débat » et « réouverture des débats », v.
Lievremont, op. cit., n° 470,
96
CS, arrêt n° 24/CC du 9 mars 1989, (aff. Mensa Monique contre Zeme Félicité), Répertoire,
2e partie, Tome IV, p. 309-310 ; rappr. article 509 du code béninois de procédure civile.
97
CS, arrêt n° 21/CC du 17 février 1994 (aff. Procureur Général près la Cour suprême contre
Khoury Miguel et Société Forestière Hazim), RCJCSC, 2e partie, tome IV, pp. 413-414.
98
Solution récurrente : art. 509 du code béninois ; art. 447 code comorien, art. 107 du code
tchadien ; art. 96 code sénégalais, art. 444, al. 1er du code de procédure civile français
99
Sur cette question, v. R. Perrot, RTD civ. 1990. 561 ; Lievremont, op. cit., n° 472.
100
Civ. 3e, 14 mars 1990, Bull. civ. III, n° 78, p. 42.
54 Revue africaine de droit et de science politique

veau ou bien révèle « des faits nou- délibéré devant conduire à son pro-
veaux de nature à exercer une in- noncé a été ponctué par le dépôt de
fluence sur la décision » 101. tels écrits. Il s’agit dès lors d’envisager
En somme, la réouverture du débat l’effet de l’admission d’une note en
a une finalité précise qui est d’assurer délibéré admise par le juge sur le fond
une discussion contradictoire des par- et sur la forme de la décision. Si dans
ties sur des points litigieux, notam- l’élaboration de la décision, le principe
ment ceux contenus dans une note en du contradictoire impose sans réserve
délibéré. Le juge doit l’ordonner la prise en considération de la note en
lorsqu’un tel débat est rendu néces- délibéré (1), il ne semble pas que la
saire par le caractère décisif ou com- même rigueur s’étende à son insertion
plexe des éléments contenus dans la dans la structure du jugement (2).
note. En revanche, il est judicieux qu’il
1. La prise en compte de la note
conserve une simple faculté de rouvrir en délibéré dans l’élaboration de
les débats dans le cas contraire afin la décision
d’éviter que le dépôt d’une note en dé-
L’élaboration d’une décision de jus-
libéré soit un prétexte aisé pour retar-
tice est une opération intellectuelle qui
der inutilement le prononcé de la
consiste, pour le juge, à s’appuyer sur
décision.
les éléments de fait et de droit invo-
B. Une incidence justifiée de la qués par les parties ou relevés d’office
note en délibéré sur la décision par lui pour répondre aux questions
litigieuses qui lui sont soumises. En
La distinction de la note en délibéré procédure civile, ce sont les parties qui
et des conclusions s’amenuise, au fournissent à titre principal ces élé-
point de s’estomper, s’agissant des ments. Celles-ci ne se contentent pas
conséquences qui résultent de leur ad- cependant d’avancer des faits bruts ou
mission sur la décision juridictionnelle seulement des faits assortis de leurs
à intervenir. Le juge ayant sollicité une preuves, mais elles fournissent encore
note ou l’ayant reçue d’une partie en le « raisonnement établissant un lien
réponse aux observations du minis- logique entre les faits »102. C’est l’objet
tère public, voire à l’initiative person- de leurs conclusions et des pièces qui
nelle d’une partie, est-il tenu de s’y leurs sont parfois adjointes.
appuyer pour décider et doit-il faire
Le principe est que le juge est tenu
état de son contenu dans sa décision
de répondre à ces conclusions. Il est
? C’est en ces termes, en tout cas, que
par conséquent décidé de manière tra-
se pose l’effet des notes en délibéré
ditionnelle que la non-réponse aux
sur la décision à intervenir lorsque le
101
Arrêt n° 30/CC du 6 février 1986, (aff. Fongang Moïse contre Dame Mbega Régine),
RCJCSC, 2e partie, Tome IV, pp. 351-352, rappr. Com. 9 juin 1980, Bull. civ. IV, n° 246, p. 200,
Gaz. Pal. 1980. 2. panor. 562 ; Soc. 13 janv. 1982, Gaz. Pal. 1982. 1. 243, note J. Viatte, JCP.
1982. IV. 115 ; Soc. 17 déc. 1984, JCP. 1985. IV. 79 ; Soc. 7 janv. 1987, Gaz. Pal. 1987. 1. panor.
61 ; Soc. 10 oct. 1989, JCP. 1989. IV. 396
102
M.-A. Frison-Roche, op. cit. n° 145, p. 156.
Les notes en délibéré dans le procès civil. Etude à partir de quelques exemples africains 55

conclusions est équivalente soit à un des réponses aux demandes d’infor-


défaut de base légale103, soit, plus per- mations du juge. Les notes en déli-
tinemment, à un défaut ou à une in- béré, en rappelant un moyen déjà
suffisance de motif de la décision104 et expliqué lors des débats, permettent
justifie, par suite, la censure de la dé- généralement de préciser ou d’éclaircir
cision ainsi viciée. Cette solution, qui les prétentions des parties
est constante pour les conclusions L’on peut être plus réservé en re-
proprement dites, vaut-elle également vanche sur l’extension de l’obligation
pour les notes en délibéré ? Autre- de réponse du juge aux cas où la note
ment dit, une fois qu’il les admet, le en délibéré contient, comme cela est
juge est-il tenu de répondre à des fréquent, de simples arguments. Selon
notes en délibéré ? la jurisprudence de la Cour suprême
Une réponse affirmative à ces ques- du Cameroun, s’il est tenu de répon-
tions s’impose lorsque la note en déli- dre aux conclusions des parties, le
béré, régulièrement déposée ou juge n’est pas soumis à la même exi-
acceptée, contient des moyens au sou- gence s’agissant des arguments déve-
tien de la demande. Dans ce cas, rien loppés par celles-ci105. Une partie de la
ne les distingue substantiellement des doctrine approuve cette solution en
conclusions et ne justifie un traite- s’appuyant sur la distinction, dans les
ment différent de celui dont bénéfi- conclusions des parties, entre le
cient ces dernières. Dans l’élaboration moyen et l’argument. Cette distinction
de son jugement, le juge pourra ainsi mérite par conséquent d’être précisée
intégrer dans l’analyse des prétentions pour que l’on puisse en mesurer la
des parties, le contenu des notes en portée.
délibéré. Il faut néanmoins convenir Dans une demande, le moyen est
que cette situation est assez excep- défini comme le « motif destiné à fon-
tionnelle dans la mesure où, par leur der en fait et en droit une demande en
objet, ces écrits ne sont pas le support justice ou un jugement »106, l’argument
normal des moyens par lesquels les est quant à lui le raisonnement à l’ap-
parties fondent leurs prétentions, mais pui de ce fondement ou encore l’élé-
seulement des répliques aux conclu- ment de conviction apporté au
sions du ministère public ou encore soutien de ce moyen107. Si l’argument,

103
CS, arrêt n° 13 du 18 févr. 1964, aff. Boyomo Pierre contre Marinos et société Marinos,
RCJCSC, 1re partie, t. IV, p. 49-50.
104
C.S., arrêt n° 31 du 10 févr. 1977, aff. Compagnie d’assurance « La Fortune » contre Lele
Grégroire, in RCJCSC, 1re partie, t. IV, pp. 53-54 – En droit français : (Civ., 1re 24 oct. 2012,
n° 11-22.358 : JurisData n° 2012-024033. – Cass. 1re civ., 7 nov. 2012, n° 11-23.871 : JurisData
n° 2012-024875 ; Bull. civ. 2012, I, n° 228 ; JCP G 2013, 170, note A. Piacitellei-Guedj. –
Cass. com., 28 mai 2013, n° 12-14.049 : JurisData n° 2013-010948
105
C.S., arrêt n° 37 du 21 mai 1968, aff. Tchamba Jean contre Tanko Adolphe, Répertoire chro-
nologique, 1re partie, p. 150 ; C.S., arrêt n° 16/CC du 16 févr. 1984, affaire Compagnie d’assu-
rance La Fortune (Agence de Bafoussam) contre Lele Grégoire, pp. 267-269.
106
G. Cornu (dir.), Vocabulaire juridique, 11e éd. PUF, 2016, v° Moyen
107
Ibid, v° argument
56 Revue africaine de droit et de science politique

faute de définition légale, est entendu argument, le juge ne statue pas sur un
par la doctrine comme « ce qui définit des chefs de demande d’une partie en
la force du moyen, son contenu et ses violant ainsi le principe du contradic-
contours »108, le moyen quant à lui est toire110. Cette violation peut heureu-
« l’énonciation par une partie d’un fait, sement être révélée par l’absence de
d’un acte, d’un texte, d’où par un rai- référence à la note en délibéré dans
sonnement juridique, elle prétend dé- l’énoncé de la décision.
duire le bien-fondé d’une demande ou
2. L’intégration de la note en déli-
d’une défense »109. Il résulte de ces dé-
béré dans la structure de la décision
finitions, que si la note en délibéré
peut exceptionnellement contenir des La note en délibéré trouve ample-
moyens, elle est par contre le support ment sa place dans la structure de la
idéal des arguments des parties. En décision de justice. Celle-ci, en vertu
effet, alors que le moyen est ce par de l’article 39 du code de procédure
quoi l’on appuie une prétention, c’est- civile et commerciale camerounais,
à-dire, un fait ou un acte dont on tire comprend comme éléments princi-
une conséquence juridique utile à la paux, « le dispositif des conclusions,
solution du litige, l’argument n’est que les motifs et le dispositif ». Cette dis-
l’énoncé d’un fait destiné à conforter position est étendue aux arrêts des
la conviction, ; il est ce qui persuade cours d’appel. Ces trois éléments
du bien-fondé d’une prétention. constituent le cœur du jugement ou de
La mobilisation des notes en déli- l’arrêt et l’admission d’une note en dé-
béré dans le cadre de l’élaboration libéré devrait avoir un impact sur cha-
d’une décision va donc s’avérer excep- cun d’eux.
tionnelle compte tenu du fait que l’on Premièrement, le dispositif des
y trouvera rarement de véritables conclusions des parties doit impérati-
moyens, c’est-à-dire des allégations de vement être mentionné dans le juge-
faits et de droit faisant l’objet d’un ment ou l’arrêt. L’importance de cette
« dire et juger ». Cette conclusion mé- mention du dispositif des conclusions
rite cependant d’être nuancée au re- des parties est telle qu’une jurispru-
gard de la difficulté pratique à tracer dence constante de la Cour suprême
une frontière nette entre de véritables du Cameroun en fait une formalité
moyens et de simples arguments. Le substantielle pour la validité du juge-
risque est grand dans ce contexte que ment111. Rien n’exclut d’ailleurs que ce
sous prétexte d’éluder la réponse à un dispositif soit contenu dans une note

108
B. Boccara, « La procédure dans le désordre – Le désert du contradictoire » JCP G 1981,
I, 3004. n°79.
109
J. Voulet, JCP G 1965, I, 1912
110
Rappr. M.-A. Frison-Roche, op. cit., n° 146, p. 157.
111
v. entre autres, CS arrêt n° 25/CC du 16 janv. 1986, aff. Tropala contre SGBC, RCJCSC,
2e partie, tome IV, p. 287 : « attendu que de jurisprudence constante cette mention est une
formalité substantielle dont l’omission entraîne la nullité de la décision ».
Les notes en délibéré dans le procès civil. Etude à partir de quelques exemples africains 57

en délibéré, à condition que son au- vent être contenus dans les notes en
teur ait préalablement conclu au délibéré et ne pas en tenir compte,
fond112. Ainsi, dans un arrêt Ouoham lorsque les conditions de recevabilité
Tchidjo Stanislas contre Bicic en date de ces écrits sont réunies, équivaut à
du 03 février 2000, il a été clairement une amputation de la demande ou de
décidé que la formalité substantielle la défense des parties. La condition
de l’article 39 du code de procédure nécessaire, mais suffisante est par
civile qui impose la mention du dispo- conséquent que les faits ou les élé-
sitif des conclusions « s’étend aux ments de droit développés dans la
notes en délibéré dont les contenus note en délibéré aient été dans le
ont été analysés et pris en considéra- débat. Une fois cette condition satis-
tion par le juge du fond pour justifier faite, le juge ne saurait ignorer ces élé-
sa décision ».113 Cette décision opère ments au risque de statuer infra petita,
un infléchissement de la position an- voyant ainsi sa motivation être sujette
térieure de la haute juridiction came- à critique115.
rounaise qui, jusque-là décidait que les Ensuite, la décision de justice est
juges de fond « ne sont nullement constituée de la motivation, entendue
tenus de reproduire le dispositif, en- comme l’exposé des raisons de fait et
core moins le contenu d’une note en de droit qui ont déterminé la décision
délibéré dans leurs décisions »114. du juge. La motivation constitue « la
Au-delà de la mention laconique du structure juridique et logique de la dé-
dispositif des conclusions, il doit être cision »116. Il en est ainsi parce que les
fait un exposé des prétentions, jugements sont des actes rhétoriques
moyens et arguments des parties. Cet et argumentatifs, le juge devant non
exposé consiste en une relation objec- seulement trancher le litige, mais en-
tive des moyens et prétentions des core convaincre les parties de la recti-
parties et des questions litigieuses sou- tude de sa décision. Outre les parties,
mises à la juridiction. Il est certain que la motivation est destinée à convaincre
des éléments de fait et de droit qui la juridiction pouvant être saisie en cas
constituent la matière du litige peu- d’exercice d’une voie de recours117.

112
CS, arrêt n° 72/CC du 18 mai 2000, aff. Karannis Dimitri contre Meko’o Alphonse, in Ré-
pertoire, 2e partie, Tome IV, pp. 354-355
113
CS arrêt n° 36/CC du 03 février 2000, in Répertoire, 2e partie, Tome IV, pp. 346-347.
114
CS, arrêt n° 24/CC du 4 février 1993 (aff. Hajal Massad contre Noumbissi Williams), in
Repertoire, 2e partie, tome IV, pp. 352-354.
115
Un arrêt de la deuxième chambre civile de la Cour de cassation française (Civ. 2e, 6 juin
2013, n° 11-27.198 : Procédures 2013, comm. 232, obs. R. Perrot ; Bull. civ. 2013, II, n° 11)
décide cependant « qu’aucune disposition n’impose au juge de mentionner dans sa décision
les notes en délibéré, qu’elles soient ou non demandées par le président conformément à l’ar-
ticle 445 du code de procédure civile ».
116
N. Cayrol, « La notion de délibération », Procédures n° 3, 2011, dossier 2
117
Elle serait même destinée, selon la formule de Perelman à un « auditoire universel ».
58 Revue africaine de droit et de science politique

Dans cette opération de persuasion, le du bien-fondé des prétentions d’une


juge a pour tâche d’établir un lien lo- partie. Ne pas en tenir compte pour-
gique entre les conclusions des parties rait dès lors affaiblir la portée de la dé-
et le dispositif. Pour ce faire aucun des cision entreprise.
éléments ayant nourri les débats ne
doit être exclu. Il en est ainsi des Conclusion
conclusions des parties, lorsque celles-
ci ont été échangées suivant les Pratique apparemment banale mais
formes et délais légaux. Il devrait en aux enjeux essentiels pour les droits
être de même de l’énoncé des notes du justiciable et l’office du juge, les
en délibéré et des pièces qui y sont an- notes en délibéré obéissent à un ré-
nexées lorsque les parties ont pu en gime marqué par l’exigence fonda-
débattre à la suite d’une réouverture mentale du contradictoire. Le respect
des débats. En revanche, « le juge ne de la contradiction est en effet la
peut aucunement fonder sa décision condition et la mesure de la recevabi-
sur ceux des éléments qui n’ont pas lité et de l’efficacité de ces écrits tar-
été soumis à la contradiction. Les difs118.
notes en délibéré qui seraient déposés Le respect du contradictoire est,
dans ces conditions sont par nature d’une part et de manière paradoxale,
inopérantes et ne sauraient être pris en le fondement de du rejet de principe
compte comme éléments de la déci- mais encore de l’admission des notes
sion. en délibéré. Dans le premier cas, il vise
Le dispositif enfin qui est l’aboutis- à empêcher qu’une partie de poursui-
sement du raisonnement logique du vre seule la discussion de l’affaire à
juge, doit être en cohérence avec la l’insu de son adversaire. Dans le se-
motivation développée. C’est dans cond cas, le contradictoire permet, au
cette mesure que la note en délibéré y contraire, de rétablir l’égalité ou la
trouve sa place, non pas qu’elle doive loyauté du procès rompus par l’inter-
y être expressément et spécialement vention du ministère public, voire par
évoquée, mais parce qu’elle constitue une manœuvre de l’autre partie au
un des supports des éléments sur la procès. Dans l’un et l’autre cas, la ri-
base desquels le juge décide ou non

118
V. déjà : Civ., 22 mai 1878 : DP 1878, 1, p. 266 ; Req., 15 janv. 1896 : DP 1896, 1, 88 ; Req.,
25 nov. 1903 : DP 1904, 1, p. 183, « si de nouvelles pièces sont remises aux juges pendant le délibéré, et
si ceux-ci croient devoir en faire état dans leur sentence, ils doivent s’assurer et constater d’abord que les docu-
ments nouvellement introduits ont bien été communiqués à toutes les parties en cause, et rouvrir au besoin le
débat pour les soumettre à une discussion contradictoire
119
Il convient de signaler que l’avant-projet de code de procédure civile camerounais ne prévoit
aucune disposition relative aux notes en délibéré
Les notes en délibéré dans le procès civil. Etude à partir de quelques exemples africains 59

gueur de la prohibition, qu’elle soit En tout état de cause, ces principes


textuelle ou prétorienne, peut être sont ceux qui se déduisent du droit
conjuguée avec l’élargissement des hy- positif et leur universalité justifie qu’il
pothèses d’admission des notes en dé- puisse y être fait application même si
libéré, en tant que de raison. aucun texte ne les prévoit expressé-
L’exigence du contradictoire com- ment119 et que la Cour commune de
mande, d’autre part, les effets produits justice et d’arbitrage de l’OHADA
par la note en délibéré dès lors que le puisse traiter la question des notes en
juge l’a estimée recevable. C’est pour délibéré sans avoir à la renvoyer à, titre
pouvoir garantir un débat contradic- préjudiciel, aux juridictions nationales.
toire que l’acceptation d’une note en
délibéré comme élément du débat du-
quel le juge va puiser des données de
fait et de droit pour établir sa convic-
tion conduit celui-ci à rouvrir les dé-
bats.
Protocole de rédaction

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(40 pages au maximum) et des notes de juris- de livres ainsi que les mots et expressions que
prudence. Les textes doivent se conformer à l’on désire mettre en relief.
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les nom, adresse et courriel ; plus bas, le titre
(60 lettres au maximum) de l’article suivi du - Appel des références :
résumé et des descripteurs. Appeler les références dans le texte et les
- Résumé : énoncer en notes de bas de page. Leur pré-
sentation obéit au schéma ci-après :
Fournir un résumé de l’article (50 à 100
mots). - pour ouvrage, thèse et mémoire : exem-
ple: Kamto (M), Pouvoir et droit en Afrique noire :
- Descripteurs : essai sur les fondements du constitutionnalisme dans les
Identifier 5 à 10 descripteurs (ou thèmes États d’Afrique noire francophone, LGDJ, Biblio-
clés de l’article) qui situent le lecteur sur le thèque Africaine et Malgache, Paris, 1987, page
contenu de l’article scientifique. de l’élément cité.
- Mise en page : - pour les articles scientifiques : exemple :
Présenter le manuscrit dactylographié à Ondoa (M), «La constitution duale : Re-
double interligne avec marge de 2 cm, 25 cherches sur les dispositions constitution-
lignes par page. On doit pouvoir en faire des nelles transitoires au Cameroun», Revue
photocopies claires. Africaine des Sciences Juridiques, Vol.1, n°2, 2000,
page de l’élément cité.
- Citations :
Au-delà des éléments déjà énoncés et qui
Lorsqu’une citation a plus de 4 lignes, la peuvent restés en l’état, les publications de
mettre en retrait (c’est-à-dire aller à la ligne). Science politique devront respectées les exi-
Elle est suivie de l’appel de la référence. Met- gences suivantes relatives à l’appel de réfé-
tre entre crochets [ ] les lettres et les mots rences et à la bibliographie :
ajoutés ou changés dans une citation, de
même que les points de suspension pour Enoncer les références à l’intérieur du
l’omission de un ou plusieurs mots. texte. Exemple : à la suite d’une idée dévelop-
pée par le professeur Maurice Kamto, on
- Tableaux : trouvera la référence qui suit, placée avant la
Rendre les tableaux et les graphiques lisi- ponctuation : (Kamto, 1987 : 4). Ici, les deux
bles au premier coup d’œil. points permettent d’indiquer la page. Si c’est
une idée développée par plusieurs auteurs, on
- Mise en relief : fera la même chose en séparant simplement
Mettre en italique les titres de livres, re- les références par des points virgules. Exem-
vues et journaux, les mots étrangers, les mots
ples : (Kamto, 1987 : 4 ; Ondoa, 2000 : 5). Ici, - Liste des références :
le lecteur est renvoyé à la bibliographie pour Dresser la liste des œuvres citées et des
y retrouver les titres des livres et articles, cor- publications utilisées pour préparer l’étude ;
respondant aux références ci-haut mention- les classer dans l’ordre alphabétique des au-
nées. Leur présentation obéit au schéma teurs. La présentation ici obéit au sché- ma de
ci-après : «Appel des références», avec indication du
- Pour les livres et mémoires nombre total de pages de la production scien-
Kamto, M. 1987, Pouvoir et droit en Afrique tifique citée.
noire : essai sur les fondements du constitutionnalisme N.B : Les articles sont envoyés à la Revue
dans les Etats d’Afrique noire francophone, Paris : Africaine de Droit et de Science Politique
LGDJ, Bibliothèque Africaine et Malgache. (R.A.D.S.P) en deux exemplaires dont l’un est
- Pour les articles scientifiques un fichier numérique (Word) et l’autre un ta-
puscrit ou version physique. L’auteur d’un ar-
Ondoa, M. 2000. « La constitution duale : ticle reçoit gratuitement un exemplaire du
Recherche sur les dispositions constitution- numéro de parution de son article. Tout arti-
nelles transitoires au Cameroun », Revue Afri- cle publié à la Revue Africaine de Droit et de
caine de Sciences Juridiques et Politiques, 2(1) : Science Politique devient sa propriété. S’il
80-115 (situer l’article dans la revue, c’est-à- avait déjà été publié dans une autre Revue,
dire indiquer les pages qu’il couvre dans ladite son auteur doit le signaler au directeur de la
revue). R.A.D.S.P.

Cheminement des articles


- Accusé de réception : - Décision de publier :
Sur réception d’un texte, il est émis un ac- Sur réception de ces évaluations, le comité
cusé de réception. scientifique décide de publier ou non le texte.
-Première lecture : L’auteur est informé de la décision et reçoit
Le texte est lu en premier lieu par un un résumé des parties pertinentes des évalua-
membre du comité de rédaction qui évalue sa tions. Il peut lui être demandé de retravailler
conformité avec la politique rédactionnelle de son texte ou de le présenter en se conformant
la revue. Si le texte n’est pas retenu, l’auteur aux suggestions et observations du comité
en est informé. Le manuscrit n’est pas re- scientifique.
tourné. -Assignation au numéro :
- Seconde lecture : Le texte prêt pour publication est assigné
Le texte est ensuite soumis à un comité de à un numéro de la revue en tenant compte de
lecture regroupant les spécialistes ou experts la place disponible .
du sujet, pour évaluation et commentaires (il N.B : La rédaction se réserve le droit de
est donc important de présenter un texte clair modifier les résumés et les descripteurs.
susceptible d’ être photocopié).
Note sur les contributeurs

Patrick Edgard ABANE ENGOLO Henri Martin Martial


Agrégé des Facultés de Droit NTAH A MATSAH
Directeur du Centre d’Etudes et de Recherches Docteur en droit public
Constitutionnelles, Administratives et Financières maître-Assitant à la Faculté des Sciences Juridiques
(CERCAF) et Politiques
Université de Yaoundé II – Cameroun Université de Yaoundé II-Cameroun

Yannick Serge NKOULOU Urbain Noël EBANG MVE


Chargé de cours à la Faculté des Sciences Juridiques Docteur/PhD en droit,
et Politiques Chargé de Cours (FSJP) Université de Yaoundé II
Université de Ngaoundéré
maitre-assistant CAmES
Jean Pierre NGONZO
Docteur/Ph.D. en Science Politique, enseignant à
Dr Aimé DOUNIAN l’Université de Yaoundé II, Ecole
maître-Assistant Supérieure des Sciences et Techniques de l’Infor-
Université de Ngaoundéré (Cameroun) mation et de la Communication (ESSTIC), mem-
bre du CERDEPS, YmIS, GREPDA
Lionel Pierre GUÉSSÉLÉ ISSÉMÉ
maitre-Assistant de droit public
FSJP-Université de Yaoundé 2 (Cameroun)
Imprimé en Tunisie
D.L. Juin 2017
ISSN - 2306 - 191X
DLK
E
Les Editions Le Kilimandjaro
Édition - Publications - Librairie - Consultations - Conseils
B.P. 5 455 Yaoundé - Cameroun
Tel.: +237 222 72 86 49
E-mail: lekilimedit@yahoo.fr
lekilimrevue@yahoo.fr

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