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UNIVERSITÉ DE LIKASI
Faculté de droit
par
I. IDENTITÉ DU COURS
INSTITUTION : UNIVERSITÉ DE LIKASI, FACULTÉ DE DROIT
INTITULÉ DU COURS : DROIT INTERNATIONAL PUBLIC II :
ORGANISATIONS INTERNATIONALES
PROMOTION : PREMIÈRE LICENCE DROIT
NOMBRE D’HEURES : 60 HEURES : 45 H - THÉORIE & 15 H – PRATIQUE
LIEU D’ENSEIGNEMENT : SITE DE MIVUKA, PAVILLON À INDIQUER PAR LA
FACULTÉ, SAUF INSTRUCTION CONTRAIRE DE
L’UNIVERSITÉ
Le cours présente une introduction au Droit des organisations internationales. Il porte sur
l’examen des traits communs aux différents types d’organisations internationales ainsi que sur
l’historique et les raisons du développement de celles-ci. Le cours traite des cas-types de quelques
organisations internationales en particulier : universelle (Organisation des Nations Unies),
régionales (Union africaine) et sous-régionales (Communauté économique des États de l’Afrique
centrale, SADC,…). Nous examinerons, à partir de l’étude de la théorie générale des Organisations
internationales, la constitution, les règles de fonctionnement ainsi que les principaux organes de ces
organisations-types.
Le cours aborde diverses questions juridiques, telles que celles de la personnalité juridique, les
compétences normatives (domaine réservé, compétences implicites), les activités législatives ainsi
que les règles d’acquisition et de perte du statut de membre. Un autre aspect abordé est le principe
de l’interdiction du recours à la force en droit international et ses exceptions prévues à la Charte de
l’ONU telles que la légitime défense et le mécanisme de la sécurité collective. Dans ce cadre, nous
analyserons les mesures prises par le Conseil de sécurité des Nations unies n’impliquant pas
l'emploi de la force (par exemple, les sanctions économiques et diplomatiques) ainsi que celles
impliquant l'emploi de la force (par exemple, le déploiement de forces de maintien de la paix).
Enfin, le cours donne un aperçu des règles en matière de privilèges et immunités des organisations
internationales et aborde la question de la responsabilité des celles-ci.
À partir de ce descriptif, il faut admettre que l’intérêt de ce cours demeure à la fois pratique et
d’actualité. Si la partie théorique des organisations internationales se base sur le positivisme
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juridique en ce qu’elle fait une étude des normativités internationales y relatives, celle des cas-types
(pratiques) s’inscrit dans une démarche systémique parce qu’elle situe les organisations-types face
au défi des finalités du droit international public.
IV. OBJECTIFS DU COURS
Ce cours vise deux objectifs : généraux et spécifiques
A. Les objectifs généraux
L'objectif du cours est de permettre à l'étudiant.e en droit d'acquérir une connaissance approfondie
des enjeux juridiques fondamentaux liés au droit des organisations internationales. Dans ce sens, il
vise à approfondir le cours de théorie générale du Droit international public étudié en troisième
année et à élargir les horizons des étudiant.es par l’acquisition de connaissances et le
développement d’habiletés qui pourront servir de base, d’une part, à maîtriser le système universel,
régional et sous-régional des organisations internationales et, d’autre part, à œuvrer à connaissance
de cause dans les structures internationales de ces organisations.
Ainsi, à la fin de ce cours, l’étudiant.e en première Licence en droit devra connaître le droit propre
aux Organisations internationales (universelles, régionales et sous-régionales) et être à mesure de
supposer la définition de ces dernières, savoir interpréter les traités internationaux qui les créent,
comprendre le droit constitutionnel de chaque Organisation internationale de façon à appréhender
l’application de la Charte des Nations unies et des traités internationaux qui la crée chaque fois que
ses compétences et ses spécialités sont sollicitées.
B. Les objectifs spécifiques
À la fin du cours, l’étudiant.e qui aspire à rejoindre l’année universitaire finale doit,
particulièrement :
Connaître, comprendre et analyser les grands principes qui gouvernent le droit des organisations
internationales ;
Connaître la définition et les traits communs des différents types d’organisations internationales ;
Connaître l’historique du développement des organisations internationales ;
Saisir la place et l’importance des organisations universelles, régionales et sous-régionales dans
l’univers du droit international;
Connaître et comprendre la constitution, les règles de fonctionnement et les principaux organes
d’une organisation internationale ;
Comprendre et analyser diverses notions telles que la personnalité juridique, les compétences
normatives (domaine réservé, compétences implicites), les activités législatives et normatives
ainsi que les règles d’acquisition et de perte du statut de membre d’une Organisation
internationale ;
Comprendre et analyser le mécanisme de la sécurité collective (Chapitre 7 de la Charte de
l’ONU), incluant les mesures impliquant l'emploi de la force ou non (par exemple, les
sanctions) ;
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porteront non seulement sur la forme magistrale mais aussi sur les exposés et échanges sur les
travaux des étudiant.es.
L’évaluation est répartie comme suit :
A. Présence au cours et travaux dirigés
La présence physique et personnelle dans toutes les séances du cours est obligatoire. Elle sera
évaluée à 15 % de l’ensemble de la moyenne annuelle.
Les travaux dirigés sont des questions posées soit en cours de l’enseignement magistral, soit à la fin
de la séance du jour. Ainsi, à la fin de chaque séance du cours, un travail dirigé peut être posé selon
le vœu et la vision de l’enseignant. L’ensemble des travaux dirigés sera évalué à 5 % de la
moyenne. Sauf pour une raison prouvée par l’étudiant.es et acceptée par le Décanat, toute absence
au travail dirigé ne sera pas acceptée. Et l’étudiant.e absent.e obtiendra la note zéro.
B. Interrrogation (travail en classe) et sous haute surveillance
Une seule interrogation sera évaluée à 15 % de l’ensemble de la moyenne annuelle. Elle aura lieu, à
livre fermé, le ………………………… à ……. heures dans une salle qui sera désignée par le
promotionnel, après concertation avec le Décanat. Cette date peut changer compte tenu de
l’indisponibilité de la salle ou de la programmation d’autres cours ou travaux. Dans ce cas, une
nouvelle date sera fixée.
Recommandation : Toute fraude ou tricherie constatée lors de la présentation invalidera
l’interrogation et l’étudiant.e auteur.e de l’acte obtiendra la note zéro (0), sans possibilité de
rattrapage au cours des évaluations ultérieures.
Sauf pour une raison prouvée par l’étudiant.es et acceptée par le Décanat, toute absence à
l’interrogation ne sera pas acceptée.
C. Travail pratique ou Take home (TP)
Un ou plusieurs sujets à développer peuvent être donnés aux étudiant.es aux fins de recherches à
domicile. Tous les travaux pratiques seront évalués à 15% de l’ensemble de la moyenne annuelle.
Leur cotation se fait à deux niveaux : au niveau de la présentation matérielle (10%), ainsi qu’au
niveau de la présentation magistrale, présencielle et de l’assiduité (5%). Les recherches seront
menées concommitamment avec la période des séances des exposés magistraux du professeur
titulaire. Sauf pour une raison prouvée par l’étudiant.e et acceptée par le Décanat, toute absence au
travail pratique ne sera pas acceptée. L’étudiant.e absent.e obtiendra la note zéro (0).
3. Examen final
L’examen final sera évalué sur 50 % de l’ensemble de la moyenne annuelle. Il peut être soit à livre
fermé, soit à livre ouvert. La matière à préparer contient la partie du cours magistral et celle des
exposés des étudiant.es faits en présencielle. La date et le lieu seront fixés par le Décanat selon
l’horaire et le calendrier établis par ce dernier.
Moyenne
(en points sur sur sur sur sur
ou en notes) 5 2,5 2,5 10 20
N.B. Pour répondre valablement à ces travaux, outre l’introduction et la conclusion, les éléments ci-
après sont attendus :
1. Genèse de l’organisation internationale
2. Mission, buts et objet de l’organisation
3. Droit constitutionnel de l’organisation
a. Personnalité juridique de l’organisation
b. Structure organique de l’organisation
c. Statut juridique de l’organisation
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Contenu du cours
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INTRODUCTION
Tant pour des considérations historiques liées directement à la constitution des États modernes, à
partir du XVIème siècle, que pour l’essentiel de son contenu actuel, le droit international public
comprend l’ensemble des règles qui déterminent les droits et les obligations respectifs des États
dans leurs relations réciproques. Cependant, avec l’apparition et la prolifération des Organisations
internationales qui caractérisent le monde actuel depuis le début du XX ème siècle, cette définition
apparaît de moins en moins exacte dans la mesure où elle laisse dans l’ombre l’existence de
rapports internationaux établis par des acteurs (sujets de droit international revêtus de la
personnalité internationale) qui ne sont pas forcément des États. Ainsi, aujourd’hui, il semble
préférable d’entendre par expression « Droit international public » « un ensemble des normes
juridiques qui régissent les relations internationales, étant entendu que le champ de ces dernières
englobe non seulement les relations entre États mais aussi celles entre États et organisations
internationales de même que celles que peuvent entretenir les organisations internationales entre
elles »1.
Dans le système classique du droit international, l’individu n’existe pas. Cette constatation a
entraîné de lourdes conséquences au double plan de la structure et du fonctionnement du système :
c’est l’État et l’État seul qui jouit de la personnalité juridique internationale, c’est-à-dire de la
capacité d’être titulaire de droits et des obligations. Ce monopole historique de l’État sur la scène
internationale, même s’il est toujours vrai, ne paraît plus aussi exclusif qu’au siècle dernier.
On doit dès lors distinguer entre les sujets premiers ou originaires du droit international (les États),
et les sujets secondaires ou dérivés qui sont reconnus comme tels par les États. Parmi ces derniers,
on peut nommer les organisations internationales, les peuples sous domination coloniale et les
individus. Ainsi donc, à l’heure actuelle, les relations internationales ne se limitent plus seulement
entre les sujets originaires, elles s’étendent aux autres acteurs de la scène internationale dont les
« Organisations internationales ».
Si la matière relative à la théorie générale du droit international étudiée en troisième année de la
formation du juriste a porté sur la constitution et la vie des États (sujets originaires), celle relative
aux Organisations internationales prévue au programme de première Licence en droit va se
pencher exclusivement sur la constitution et la vie des Organisations internationales (un des sujets
dérivés du droit international). Ce cours constitue donc à la fois l’une des parties fondamentales et
l’un des compléments spécifiques du cours de « Droit international public » vu en troisième année.
L’étude des Organisations internationales ou, pour bien l’appeler, du « droit des organisations
internationales », au-delà de la simple analyse normative, examine ces dernières comme un
phénomène tant général que spécifique. Elle devra répondre aux préoccupations liées
principalement à l’examen de la théorie générale des Organisations internationales, régionales et
sous-régionales, mais aussi à celui des cas-types de ces entités.
1
Jean-Maurice ARBOUR, Droit international public, 2ème édition, Québec, Yvon Blais, 1992.
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Le cours présente donc une introduction au droit des organisations internationales. Il porte sur
l’examen des traits communs aux différents types d’organisations internationales ainsi que sur
l’historique et les raisons du développement de celles-ci. Nous examinerons la constitution, les
règles de fonctionnement ainsi que les principaux organes d’une organisation internationale. Le
cours aborde diverses questions juridiques, telles que celles de la personnalité juridique, ses
compétences normatives (domaine réservé, compétences implicites), ses activités législatives ainsi
que les règles d’acquisition et de perte du statut de membre. Pour la bonne compréhension de cette
partie, nous appliquerons ces notions dans le cas-type de quelques organisations internationales
universelles, régionales et sous-régionales.
Enfin, le cours donne un aperçu des règles en matière de privilèges et immunités des organisations
internationales et aborde la question de la responsabilité des organisations internationales.
Le cours contient deux parties : la première analyse la théorie générale des Organisations
internationales alors que la seconde étudie quelques organisations internationales.
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PREMIÈRE PARTIE
Comprendre les organisations internationales requiert de nos jours plus qu’un questionnement lié
aux relations internationales puisqu’il faut aller au-delà et poser la question de leur pertinence dans
un monde marqué par de grandes transformations dont les conséquences sont significativement
importantes.
Poser la théorie générale du Droit des Organisations Internationales, nous conduit, nous l'avons déjà
relevé, à chercher de réponses à une double préoccupation : celle de la définition de la notion même
d'Organisation Internationale d'un côté, étant entendu que la doctrine s'est, de manière générale,
réservée de donner l’historique et la définition de ce concept tout en se limitant à en décrire les
caractéristiques ou à en énumérer les critères d'existence 2. Il pourra alors être possible d'établir la
distinction entre cette notion d'Organisation Internationale et celle qui, comme l' « Institution
internationale, Organe international, Société multinationale, Organisation Non Gouvernementale
internationale » et d'autres encore de cet ordre qui lui sont avoisinantes. Aussi, sera-t-il non d'une
moindre nécessité que d'examiner ceux des mécanismes de création, de participation et de
fonctionnement qui, dans une large mesure, sont communs à la quasi-totalité des Organisations
Internationales.
La seconde préoccupation de l'autre côté s’inscrit dans la logique de chercher à circonscrire le cadre
d'existence et d'action de l'Organisation Internationale. C'est donc l'examen du Droit constitutionnel
des Organisations Internationales. Celui-ci emporte avec lui l'examen de la personnalité juridique,
des compétences et du Statut de l'Organisation Internationale. Car, en effet, il faut convenir avec
Pierre-Marie Dupuy qu'on dit d'une entité qu'elle constitue un sujet de droit lorsqu'elle est dotée par
les normes d'un ordre juridique déterminé, d'un ensemble de droits et obligations, ainsi que des
capacités nécessaires à leur exercice3.
Nous procéderons en deux temps ; premièrement, nous aborderons les Organisations internationales
dans une perspective historique et définitionnelle en discutant de leur origine ainsi que de leur
développement et, deuxièmement, nous aborderons le droit constitutionnel des organisations
internationales, ainsi que leur responsabilité en cas de commission de fait internationalement illicite.
Ainsi, nous avons divisé la première partie en trois chapitres : 1) l’historique et définition d’une
organisation internationale ; 2) le droit constitutionnel des organisations internationales ; et 3) la
responsabilité des organisations internationales.
2
Pierre-Marie DUPUY, Droit international public, 7ème édition, Paris, Dalloz, 1998, p. 148. Voir aussi l'article 1 er a) de
la Convention des Nations Unies sur la représentation des Etats dans relations avec les O.I.G. de 1975.
3
Id., p. 25.
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Chapitre I
Le monde des organisations internationales est très vaste et d’une architecture complexe. Les
Organisations internationales ont fait leur apparition dans un contexte marqué par l’évolution des
modalités de régulation du système mondial au cours du siècle dernier. Ces régulations visaient
premièrement la résolution des conflits entre les États, mais furent élargies vers des domaines
économique et technique afin de gérer les problèmes de reproduction du capitalisme – les crises, les
récessions et les déséquilibres –, puis vers des questions d’ordre juridique et social4.
Les O.I se comptent aujourd’hui par centaines, voire par milliers 5. Qu’elles soient universelles ou
régionales, que leur mandat soit général ou spécialisé (sécurité, droit, politique, économique, social
et autres) ou encore, que leur fonction soit d’être un forum de discussion, d’élaboration de normes
ou d’intervention, on les distingue par le fait qu’elles sont généralement constituées par un accord
(traité, charte, etc.) entre deux États ou plus. Cet accord : 1) spécifie les modalités et
l’opérationnalisation de la coopération entre les États signataires en vue de l’atteinte d’objectifs
communs; et, 2) crée une entité, une organisation, ayant un siège permanent et, souvent, des
bureaux régionaux et nationaux.
Le présent chapitre va nous présenter l’historique des organisations internationales avant de définir
ces dernières.
Si l’origine des associations internationales remonte au V et VI siècle de notre ère, il a fallu attendre
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l’établissement de l’État moderne à la suite des traités de Westphalie en 1648 pour voir éventuellement
apparaître l’établissement de conférences diplomatiques et, surtout au lendemain des guerres napoléoniennes,
pour que se développe le concept de système interétatique.
Dans leur évolution, trois phrases peuvent résumer la naissance des Organisations internationales :
la première situe la naissance des O.I. entre 1815 à 1870 ; la deuxième phrase regroupe les
organisations créées entre 1870 et 1919 ; la troisième phase situe les O.I. à la naissance de la
Société des Nations (SDN) et la quatrième phase est l’étape qui va de la création de l’Organisation
des Nations unies (ONU) jusqu’à nos jours.
4
Michèle RIOUX, « Les organisations internationales », (2012) Cah. Rech. - CEIM 1-43, 6.
5
Pour une liste de plus de 30 000 organisations internationales, dont environ 5 000 seraient des organisations inter-
gouvernementales, voir Yearbook of International Organisations 2011. Voir aussi la banque de données de la « Union
of International Associations », en ligne : <http://www.uia.be/>.
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Si le XXième siècle est l’époque des organisations internationales, le siècle précédent fut celui des
nationalismes, des rivalités entre puissances impérialistes et des mouvements sociaux. De grandes
transformations économiques et sociales eurent d’importantes répercussions sur les systèmes
politiques tout autant que sur le système international en émergence. C’est l’époque de l’Union
Internationale Télégraphique et d’initiatives de pacification des relations internationales qui
tenteront d’établir un équilibre entre des puissances cherchant, d’une part, à étendre leur empire et,
d’autre part, à préserver leur contrôle sur leurs sociétés, leurs territoires et leurs ressources. Un
ordre international apparaît alors que se forme un consensus autour du principe de souveraineté,
lequel deviendra le pilier central de la construction des OI.
Dès 1815, le Congrès de Vienne refonde l’Europe autour du principe de souveraineté qui conforte, à
l’époque, le pouvoir des monarques sur le plan de la politique interne alors que se développe
simultanément, sur le continent, une internationale des Monarques. Le pouvoir politique
subordonne également les marchés aux pouvoirs des nations, ce qui se traduit par le développement
du mercantilisme. Il n'existe pas alors de véritable coopération mais plutôt un ordre précaire et
fragile fondé sur une balance du pouvoir, une sorte de recherche d'équilibre, qui résulte de
l’effervescence des relations diplomatiques mais qui est surtout caractérisée par le secret et ses
effets déstabilisateurs.
C’est donc à la suite du Congrès de Vienne en 1815, qu’ont commencé à apparaître, sous forme de
traité multilatéral et à côté de la codification du droit international, du statut des diplomates et de
l’abolition de l’esclavage, les premiers régimes internationaux à régir des fleuves, soit la
Commission centrale de navigation sur le Rhin (1815) et la Commission du Danube (1856). Ces
entités internationales ont été suivies par la création de l’Union internationale des
télécommunications (1865).
Tissant un lien de plus en plus étroit et paradoxal entre souveraineté et liberté, que ce soit celles des
États, des individus et des peuples, l’histoire des OI contemporaines se met en marche. Deux
éléments contribuent à faire émerger ce lien. D’une part, les forces démocratiques et les
mouvements sociaux en marche forcent la démocratisation des nationalismes avec une plus grande
affirmation de la souveraineté des peuples. Et, d’autre part, les forces économiques s’affranchissent
de plus en plus du politique, tout en l’instrumentalisant lorsque cela s’avère possible. À la fin du
XIXième siècle, l’internationalisme libéral apparaît au centre d’un cosmopolitisme centré sur le
principe de liberté. Souveraineté et liberté sont ainsi conjuguées, malgré les paradoxes que ceci
implique, et l’on réalise encore peu l’importance de créer des organisations qui viendraient se porter
garantes de ces deux principes. Au départ, les efforts d’organisation des relations internationales se
font dans trois grands domaines.
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En premier lieu, comme nous l’avons mentionné plus haut, sur le plan diplomatique, le Concert
européen, sans charte ni pied à terre, est un forum où les États cherchent à maintenir une forme de
concertation et de solidarité qui ne parviendra pourtant pas à s’élever au-dessus des nationalismes,
du moins pas avant la Conférence de La Haye en 1899. On peut noter la création de l’Union postale
universelle (1874), de l’Union pour la propriété intellectuelle (1883) et de l’Union des chemins de
fer (1890).
En deuxième lieu, malgré la faiblesse des mécanismes, le droit international se développe en vue de
la normalisation des relations interétatiques. En effet, c’est lors de la Conférence de La Haye en
1899 que plusieurs pays signèrent une convention sur le règlement pacifique des différends
internationaux. Si la souveraineté des États est assurée, une obligation de coopération volontaire est
mise en place et des mécanismes sont créés afin de permettre d’éviter les conflits et les guerres
meurtrières qui provoquent la colère de l’opinion publique. Elle sera suivie, en 1907, d’une seconde
conférence, toujours à La Haye, organisée à l’initiative des États-Unis, lesquels apparaissent pour la
première fois comme un acteur important sur le plan international. Cette conférence mettra de
l’avant le principe de l’arbitrage obligatoire.
Le troisième domaine, et le plus important, est celui de la coopération technique internationale avec
la création de plusieurs unions administratives et commissions internationales permanentes,
notamment pour assurer la libre navigation (Rhin et Danube), s’occuper des communications (créée
en 1865, l’Union Internationale Télégraphique, l’ancêtre de l’Union internationale des
télécommunications, la plus ancienne des OI), des chemins de fer, des brevets et droits de propriété
intellectuelle citées ci-dessus.
Le premier conflit mondial, la guerre de 1914-18, fut le véritable déclencheur d’un processus de
construction des Organisations internationales au XXième siècle. Les organisations syndicales et
militantes demanderont des protections pour les travailleurs en échange des efforts de guerre et ils
feront valoir l’idée selon laquelle la justice sociale était un élément préalable à toute tentative
d’assurer la paix internationale. L’Organisation internationale du travail (OIT) fut créée 6, mais plus
importante encore fut la création de la SDN.
La première grande guerre allait convaincre les États de créer une structure exerçant des pouvoirs
susceptibles d’assurer la sécurité de la communauté d’États tout en assurant l’indépendance de ces
derniers qui en avaient, pour beaucoup d’entre eux, payé cher le prix. Les États-Unis y jouèrent un
rôle paradoxal alors que le Président Wilson, avec le Français Léon Bourgeois, en fut le principal
architecte, faisant valoir 14 points qui, tout en étant aussi pragmatiques les uns que les autres 7, n’en
exprimaient pas moins tout l’idéalisme de ce personnage historique dont l’exploit de proposer la
6
Cette organisation, exceptionnelle en raison d’une structure tripartite intégrant les employeurs et les travailleurs à la
négociation des conventions internationales, survivra à la mort de la SDN et existe toujours aujourd’hui. À ce sujet, S.
CHARNOVITZ, « The WTO and Cosmopolitics », (2004) 7-3 Journal of International Economic Law 675-682, dans
M. RIOUX, préc., note 4, 10.
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création d’une SDN fut aussi éclatant que son échec lorsque vint le temps de convaincre le Congrès
d’en ratifier le Pacte.
La SDN fut néanmoins créée en 1919 par le Traité de Versailles, lequel établit les conditions de la
paix, tout en punissant, du même coup et ce, fort maladroitement, les perdants. Elle aura du mal à
jouer un rôle efficace en raison des difficultés que posaient la prise de décision par consensus,
l’isolement de l’Allemagne, tenue à l’écart et handicapée par les sanctions qui lui étaient imposées,
ainsi que l’absence notable de certains pays, dont les États-Unis.
En un sens, le traité de paix préparait déjà la seconde guerre mondiale, et, chose certaine, la SDN a
échoué, dans les années 1920-30, dans ses tentatives de prévention et de règlement des conflits
armés qui se multipliaient. De nombreux pays quittèrent l’organisation et l’optimisme initial céda
graduellement la place à l’insécurité collective. Qui plus est, la SDN restait totalement désarmée
devant la crise économique, dont les conséquences politiques et sociales finirent par tuer les
modestes efforts de coopération économique internationale. Il n’est pas étonnant, dans ce contexte,
que la SDN ait été abandonnée à son triste passé et que, plutôt que de construire du neuf sur du
vieux, les États-Unis et les alliés préférèrent fonder l’avenir sur un nouveau système, celui des
Nations Unies.
La Charte de l’Atlantique, qui vint sceller une alliance entre Roosevelt et Churchill, viendrait
conforter la suprématie des États-Unis sur le plan international et la fin des systèmes préférentiels
en imposant un internationalisme économique libéral dont la gouverne serait désormais située à
Washington et à New York plutôt qu’à Londres, suivant les conditions du prêt-bail. Déjà, par
contre, on consacra d’importants efforts sur l’interaction entre cet internationalisme libéral et le rôle
des États en vue de la régulation nationale de cet ordre mondial.
La sécurité et la paix internationales seraient conjuguées dans toutes leurs dimensions. Les causes
de la seconde guerre mondiale étant également d’ordre économique, il n’était plus simplement
question de désarmement militaire, mais également de désarmement économique, avec en toile de
fond un gigantesque bouleversement de l’équilibre des puissances : les États-Unis s’imposent non
seulement comme la nouvelle puissance mondiale, mais aussi comme les principaux architectes
d’un ordre économique qui devait être à la fois international, libéral et ouvert. Plusieurs conférences
avaient tenté d’aborder la coopération économique internationale, sans véritable succès.
7
Parmi les 14 points, l’on retrouvait notamment la fin de la diplomatie secrète, la liberté de navigation sur les mers qui
constituent les principales routes du commerce, la suppression des barrières économiques, l’importance de tenir compte
des revendications des peuples et des colonies et la création de la SDN.
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Le chemin pour en arriver à la Charte de San Francisco fut long et difficile et les heurts entre les
Alliés nombreux, à commencer entre les États-Unis et l’URSS mais aussi entre les premiers et la
Grande-Bretagne. Mais finalement, l’Organisation des Nations Unies fut créée, et avec elle nombre
d’organisations affiliées auxquelles viendront s’en ajouter beaucoup d’autres par la suite, pour
former ce que l’on appelle aujourd’hui le « système des Nations-Unies »8.
C’est ainsi que de nombreuses organisations spécialisées ayant des mandats spécifiques dans des
domaines précis de coopération viennent compléter l’organigramme et la structure du système de
l’ONU. Parmi les plus importantes, l’on retrouve l’OIT (travail), l’Organisation des Nations Unies
pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la
science et la culture (UNESCO), l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’UIT
(télécommunications), l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI), le Fonds
monétaire international (FMI) et le groupe de la Banque mondiale. Chacune de ces organisations est
liée de manière différenciée à l'ONU, laquelle apparaît quasiment comme un gouvernement mondial
dont chacune des composantes doit agir de manière à favoriser et à atteindre une cohérence
d’ensemble.
Le commerce devait permettre l’amélioration des conditions de vie des travailleurs et des
populations partout dans le monde. Cet ordre impliquait la création de plusieurs O.I., notamment
trois qui seraient les plus importantes et qui devaient être sous la gouverne du Conseil économique
et social. Dans le grand projet de reconstruction de l’économie mondiale, une organisation
internationale du commerce (OIC) devait être créée pour travailler de concert avec le Fonds
Monétaire International (FMI) et le groupe de la Banque mondiale (BM), deux institutions
économiques internationales qui furent créées en 1944 lors de la conférence de Bretton Woods (FMI
et BM). Le triptyque FMI/BM/OIC s’imposait dans l’air du temps.
Certains estiment qu'aucun auteur n'a donné une définition de ce que sont les Organisations
Internationales, cette notion étant, ont-ils renchéri, très compréhensible. Cependant, quoique le
concept « Organisation Internationale » paraisse, prima facie, très aisé à saisir, il importe malgré
tout d'en préciser les contours et la portée aux fins de tracer la démarcation d'avec certaines autres
notions voisines.
D’abord, les organisations internationales contemporaines peuvent être divisées en deux grandes
catégories, à savoir les institutions intergouvernementales dites « publiques » et les organisations
non gouvernementales dites « privées » (ONG). Comme les organisations internationales ont des
statuts, des structures, des objectifs, des fonctions, un financement, des langues de travail et des
possibilités d’adhésions fort différentes, leurs définitions peuvent varier.
Certains auteurs précisent la définition d’une organisation internationale. Selon Paul Reuter,
8
James Thomson SHOTWELL, « La grande décision », New York, Brentano’s, dans M. RIOUX, préc., note 2, 10-11.
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9
Paul REUTER, Droit international public, 3ème édition, coll. "Thémis", Paris, Thémis, 1968, p. 132.
10
Vincent de Paul LUNDA BULULU, Vie internationale, Cours syllabus, 3ème édition, Kinshasa/Lubumbashi, 1996
1995, p. 72-73.
11
Id., p. 73.
12
Lire la Convention dans : <http://legal.un.org/ilc/texts/instruments/french/conventions/5_1_1975.pdf> (consulté le 28
octobre 2019).
13
La question qui se poserait ici serait celle de savoir si une Organisation Internationale peut être membre d'une autre
Organisation Internationale.
14
Charles ZORGIBIBE, Les Organisations internationales, Paris, P.U.F., 1986, p. 3.
« Remarquons toutefois qu'il est admis la notion de compétences implicites alors que la Cour internationale de
Justice, dans son avis de 1945 sur l'a « réparation des dommages -subis au service des Nations Unies », a
admis, à propos de l'ONU, qu'on doit lui reconnaître les pouvoirs non énoncés dans la Charte mais essentiels
à l'exercice de ses fonctions
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Il faut préciser que cette notion d’Organisation internationale de caractère universel s’entend, selon
l’article 1er de la Convention de Vienne sur la représentation des États dans leurs relations avec les
organisations internationales de caractère universel, « de l’Organisation des Nations Unies, de ses
institutions spécialisées, de l’Agence internationale de l’énergie atomique et de toute organisation
similaire dont la composition et les attributions sont à l’échelle mondiale ».
Autant Balanda Mikuin Leliel enseigne qu'une Organisation Internationale est une entité dotée
d'une personnalité propre et créée suite à un accord intervenu entre sujets du Droit international en
vue de réaliser une activité déterminée à caractère international 15.
Dans cette même optique, Jean Combacau et Georges Sur font remarquer que l'Organisation
Internationale est « un groupement à vocation permanente, essentiellement composé d'Etats,
constitué par eux sur base d'une convention, généralement multilatérale, doté d'organes propres, et
disposant des compétences d'attribution »16.
Quant à Gilbert Kishiba Fitula, ainsi qu’il procède de l’analyse de ces diverses définitions, il
considère la notion d’Organisation Internationale à travers ses trois aspects caractéristiques
majeurs17 :
une Organisation Internationale est créée par une Charte constitutive qui peut être qualifiée de
diverses manières (Statut, constitution, Charte, Traité, convention, ... ) ;
une Organisation Internationale est dotée d'une personnalité juridique propre;
une Organisation Internationale est créée en vue de réaliser une activité déterminée à caractère
international.
L’Organisation internationale est une entité interétatique, créée par un acte constitutif (un traité, une
entente) qui lui confère une volonté propre, distincte des États membres et lui attribue une
compétence, des structures permanentes et des moyens pour atteindre une fin commune et des
objectifs spécifiques à l’échelon international 18. L’OI est donc une personne morale, ce qui lui
permet de conclure des ententes avec d’autres entités à commencer par l’accord de siège avec l’État
où elle est juridiquement située, de posséder des biens meubles et immeubles, d’ester en justice et
de revendiquer certains privilèges comme des immunités d’impôts ou de taxes. Cela lui permet
surtout d’agir sur la scène internationale.
15
BALANDA MUKUIN LELIEL, Organisations internationales, Cours syllabus, Campus de Kinshasa, Kinshasa,
UNAZA, 1973-1972.
16
Jean COMBACAU et Serge SUR, Droit international public, 7ème édition, Paris, Montchestien, 2006, p. 704. Voit
aussi Jean COMBACAU et Serge SUR, Droit international public, 11ème édition, coll. "Domat droit public", Paris,
LGDJ, Lextenso éditions, 2014.
17
Gilbert KISHIBA FITULA, Droit international public II : Organisations internationales, Cours, Syllabus, première
Licence Droit, Université de Lubumbashi, Lubumbashi, 2009-2010.
18
Louis SABOURIN, « Organisation internationale », dans Dictionnaire encyclopédique de l’administration publique,
coll. "La référence pour comprendre l’action publique", en ligne : <www.dictionnaire.enap.ca> (consulté le 23 octobre
2019).
Droit international public I : Les O. I.
P a g e | 12
Les O.I. disposent de compétences plus ou moins étendues et ont, selon Colas 19, des fonctions de
coopération et d’intégration. Généralement, l’organisation a plus souvent pour ambition de
rapprocher ensemble des politiques qui restent sous la responsabilité des États (coopération) que de
développer des politiques communes qu’elle définit et gère (intégration). Sur le plan des méthodes
de coordination, l’organisation internationale tend à adopter des normes et à en assurer l’application
afin de réaliser ses opérations.
L’architecture générale des O.I. se ressemble beaucoup. La très grande majorité a un secrétariat,
une assemblée générale et divers conseils ou commissions qui siègent de façon permanente ou
périodique, ainsi qu’un tribunal, des instances intermédiaires et, souvent, des bureaux régionaux.
Il existe des concepts en droit international qui se confondent souvent avec celui d’Organisation
internationale : Institution internationale, Société multinationale et Organisation non-
gouvernementale
19
Bernard COLAS, Organisations internationales à vocation universelle : les notices, Paris, La documentation
française, 1993, dans Id.
20
A titre d’exemple, nous pouvons citer BLAU G. « Institutions internationales », (1949) RGDIP, 156-l71 et
FERNAND L’HUILLIER, Les institutions internationales et transnationales, Paris, PUF, 1961.
21
- Art. 57 : « 1. Les diverses institutions spécialisées créées par accords intergouvernementaux et
2. Les Institutions ainsi reliées à l’organisation sont désignées ci-après par l'expression « Institution Spécialisée». -
Art. 63 : « 1. Le conseil économique et social peut conclure, avec toute institution visée à j'art. 57, des accords fixant
des conditions dans lesquelles cette institution sera reliée à l'Organisation ...
3. Il peut donner l'activité des Institutions spécialisées en se concertant avec elles en leur adressant des
recommandations, ainsi qu'en adressant des recommandations à l'Assemblée Générale et aux membres des Nations
Unies ».
22
Il est également utilisé dans le préambule « A recourir aux institutions internationales pour favoriser le progrès
économique et social de tous les peuples ». Dans le contexte du préambule, le concept institution est pris au sens général
et non technique ; il désigne toute Organisation Internationale même si elle n'est pas reliée à l’ONU.
Droit international public I : Les O. I.
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Toute définition de la Société multinationale ou, selon l'expression de Nguyen Quoc Dinh,
« transnationale », doit mettre l'accent sur leur différence avec les Organisations Non-
Gouvernementales d'une part et, d'autre part, la différence des unes et des autres avec les
Organisations Internationales.
La différence majeure entre Société transnationale et Organisation Non-Gouvernementale réside
dans la finalité lucrative des premières. A cette nuance près, on peut adopter la définition proposée
par le Rapport du Groupe de personnalités, créé par les Nations Unies24 :
« Les Sociétés multinationales sont des entreprises qui sont propriétaires
d'installations de production ou de service ou les contrôles en dehors du pays dans
lesquels elles sont basées. De telles entreprises ne sont pas toujours des sociétés
anonymes ou des sociétés privées, il peut s'agir aussi des coopératives ou d'entités
appartenant à l'Etat » que le « GATT de 1994 »25 désigne par l'appellation
« Entreprises commerciales d'Etat »26.
On peut aussi préférer retenir la définition adoptée par l'Institut de Droit International en 1977 :
« Les entreprises formées d'un centre de décision localisé dans un pays et de centre d'activités,
dotés ou non de personnalité juridique propre, situés dans un ou plusieurs autres pays, devraient être
considérées comme constituant en Droit des entreprises multinationales »27.
Toutes ces définitions prennent implicitement partie sur un certain nombre de controverses
terminologiques et de fond28. Plus graves sont les divergences sur le contenu de l'expression, car ce
23
Une telle Organisation pour mériter pleinement l'appellation d'Institution doit être reliée à l'ONU conformément aux
dispositions de l'art. 63 de la Charte. Notons que l'art. 71 de la Charte de l'ONU semble entretenir une confusion entre
Institution et Organisation Internationale.
24
ONU : Groupe des personnalités « Effets de sociétés multinationales sur le développement et les relations
internationales » ST/ESA/6, 1974.
25
A l'issue de l'Uruguay Round (1986-1993), les parties contractantes du GATT (Accord Général sur les Tarifs
Douaniers et le Commerce) signé le 30/10/1947 et entré en vigueur le 01/01/1948, ont adopté le 15/12/1993
un accord, formellement signé à Marrakech le 16/0411994, instituant l'Organisation Mondiale du Commerce
(OMC).
26
Cfr. Mémorandum sur l'interprétation de l'art. XVII de l'accord de Marrakech.
27
Quoc Dinh NGUYEN, Droit international public, 6ème, Paris, L. G. D. J, 1999, p. 691.
28
L'usage terminologique a longtemps été et reste flou. On parle indifféremment des « firmes », « d'entreprises » ou de
sociétés; on les qualifie de « multinationales », « d'internationales », de « transnationales », de « mondiales ». On ne
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sont les critères de la transnationalité donc le champ d'application d'un régime juridique spécifique,
qui sont enjeu29.
En l'absence d'un consensus sur ce point, l'on s'en tiendra à une description empirique : « une
Société transnationale est une société qui cherche à optimiser ses profits par des opérations avec ou
à l'étranger et soumises à des influences nationales diverses ».
Si l'on veut mettre l'accent sur les effets des activités de telles sociétés et sur le paradoxe de leur
situation, on peut dire qu'il s'agit « d'entreprises qui, par la diversité de leurs intérêts internationaux,
peuvent tirer le meilleur profit de la division du monde en Etat souverains »30.
L'Organisation Non-gouvernementale internationale, en ce qui la concerne, s'entend d'une
« institution créée par une initiative privée ou mixte à l'exclusion de tout accord
intergouvernemental, regroupant des personnes privées ou publiques, physiques ou morales, de
nationalités diverses ». Mais, pour être qualifié de « transnationale » et répondre à la définition de
l'association internationale, l'ONG doit fonctionner selon les Statuts qui respectent plusieurs critères
formels, notamment :
regrouper, en tant qu'adhérents directs, des personnes physiques ou morales de nationalités
différentes ;
que ces adhérents se soient soumis au lien associatif sur une base purement volontaire31.
Pour distinguer les ONG des sociétés transnationales, il faut prendre en considération également les
finalités de l'Organisation : les ONG ne poursuivent pas de buts lucratifs ; leur objectif est de tenter
d'infléchir ou de corriger l'action de sujets du Droit international, en principe par une action étendue
à plusieurs États32. Cette définition reste extrêmement compréhensive. La diversité des buts
poursuivis est quasi infinie :
un but humanitaire (CICR, Amnesty International, OXFAM, Association Caritatives diverses) ou
religieux (Eglises, Conseil œcuménique des églises) ;
un but politique (Fédération Socialistes, Communistes, Libérales) ;
un but scientifique (Institut de Droit International, International Law Association) ;
un but économique et social (Fédérations Syndicales et Associations Professionnelles comme
Médecins ou Avocats sans frontières, …) ;
un but sportif (Comité Olympique International) ;
un but écologique (Green Peace).
recule pas devant la formule « cosma-sociétés », parce qu'il est neutre sur le plan juridique, le terme « des firmes» peut
sembler le plus approprié; le qualificatif « multinationales », le plus courant peut aussi être retenu. Mais, on retiendra
l'expression « sociétés multinationales» parce que les Nations Unies semblent s'y être ralliées : Q. D. NGUYEN, préc.,
note 27.
29
Un rapport préliminaire du Secrétariat des Nations Unies à la Commission de Société transnationales fait le bilan des
indices ou critères utilisés: nombre de filiales à l'étranger, composition du capital par des exportations dans le chiffre
d'affaires, nationalité et mêmes « état d'esprit» des dirigeants de [a société considérée (Cfr Recherche sur les Sociétés
transnationales, E/C 10/12, 1976).
30
Q. D. NGUYEN, préc., note 27, p. 692.
31
Par contre, ces critères ne sont pas toujours vérifiés au sein de chaque participant. Chacun des membres de l'ONG
peut, en tant qu'association ou que société, être composé d'adhérents qui n'ont pas cette liberté de choix.
32
Au moins deux Etats selon l'article I" de la Convention de Strasbourg, du 24/04/1986 sur la personnalité juridique des
ONG.
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C'est qu'en définitive, le critère distinctif entre Sociétés transnationales et ONG d'une part et, d'autre
part, Organisations transnationales doit être recherché dans leur Statut juridique respectif : si
l'Organisation Internationale apparaît comme un sujet de Droit international à part entière, la
description de leur régime juridique dans leur rapport avec les sujets principaux du Droit
international montre à l’évidence que la personnalité juridique internationale de Sociétés
transnationales et des ONG n 'est que dérivée, fonctionnelle et relative. Car en effet, tout se passe
comme si une personnalité juridique n'était reconnue à ces personnes d'essence privée dans l'ordre
international que si les solutions purement nationales ont fait preuve de leur insuffisance. Ainsi, il
apparaît que ces personnes d'essence privée, sociétés transnationales et ONG peuvent,
contrairement à l'Organisation Internationale, être des sujets de Droit international, mais elles ne
sont toujours que de sujets dérivés33 et mineurs34.
33
C’est-à-dire que leur personnalité juridique internationale qui trouve son fondement dans la volonté de l’État n'est au
mieux que le prolongement de leur subjectivité en droit interne.
34
Elles n’ont au plan international que les droits et obligations qui sont expressément et limitativement prévus soit par
des traités soit par les règles coutumières.
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Chapitre II
Tout en gardant leur diversité et leur spécialité, les Organisations Internationales répondent dans
leur ensemble de certains mécanismes qui leur sont communs. Ceux-ci se rapportent pour l'essentiel
aux principes qui président à la genèse de toute Organisation Internationale, à la manière de
participation pour les membres ainsi qu'au modèle d'organes qu'on peut retrouver dans toute
Organisation Internationale.
Il faut noter que certains autres mécanismes et principes, tout en restant communs à la quasi-totalité
des Organisations Internationales, ne feront pas l'objet de la présente section, mais seront plutôt
analysés ultérieurement en raison de la particularité et de l'importance spécifique qu'ils présentent,
dans l'étude de la théorie générale des Organisations Internationales. Tel est le cas de la personnalité
juridique, du régime juridique, des compétences et du Statut juridique des Organisations
Internationales, lesquels constituent, stricto sensu, l'objet même du « Droit constitutionnel des
Organisations Internationales ».
et, aux sens à la fois formel et matériel où on l'entend en Droit public interne, une constitution
déterminant les droits et obligations des États liés entre eux de même qu'aux organes institués, dont
il précise les pouvoirs. Les États sont ainsi du fait de l'acte constitutif, parties à une convention et
membre d'une Organisation42.
Trois questions fondamentales se posent lorsqu'il s'agit d'analyser la qualité de membres d'une
Organisation Internationale : la classification des membres, l'acquisition et la perte de la qualité de
membre de même que les droits et obligations des membres.
Jouissent de cette qualité, les États qui ont participé à la création d'une Organisation Internationale.
Dans le cadre des Nations Unies, les cinq membres fondateurs ont le Statut de membres permanents
au Conseil de Sécurité et jouissent à ce titre d'un droit de veto 43 : la Chine, les États-Unis
d’Amérique, la France, le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord) et la Fédération
42
P.-M. DUPUY, préc., note 2, p. 150.
Il faut noter qu'en tant que convention multinationale, le traité institutif doit être interprété par les États selon les
principes généraux du consensualisme, chacune des parties n'étant liée que dans la mesure où elle a
souscrit volontairement à un certain nombre des droits et obligations en vue de la réalisation d'un objet et
d'un but déterminé (application du principe: « Res inter alios acta»). Toutefois, les Etats parties à
l'acte constitutif sont liés par toutes les dispositions normatives de ce traité (application du principe :
« Pacta sunt servanda ». Cependant, en tant que constitution, l'acte constitutif de l'Organisation Internationale affirme
sa spécificité par rapport aux autres traités entre États.
43
L'article 27 de la Charte des Nations Unies.
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de Russie44. Malgré cette particularité, les membres fondateurs ont généralement les mêmes droits
et obligations que les autres45.
Les membres dits « fondateurs » sont donc ceux qui ont été associés aux négociations préalables à
la création d'une Organisation Internationale. Il va dès lors de soi que le Traité constituant
l'Organisation concernée doit être revêtu de la signature ainsi que, le cas échéant, du paraphe des
plénipotentiaires délégués par leurs États respectifs46.
La notion de membres adhérents s'oppose à celle de membres originaires. Un membre adhérent est
donc « celui qui, en instituant une Organisation Internationale, sans avoir pris part aux négociations
originelles, a, postérieurement à la conclusion d'un Traité, manifesté son intention d'accepter de se
voir appliquer les effets de ladite convention relative à cette Organisation ».
La qualité de membre adhérent ne se conçoit par hypothèse que dans les Traités « ouverts ». Sans
donc avoir pris part aux négociations de base ayant abouti à la signature de
la Charte constitutive d'une Organisation Internationale donnée, les membres adhérents
requièrent cette qualité de la notification à l'État (ou à l'organe) dépositaire des instruments
d'adhésion de leur volonté de devenir parties à une convention déjà conclue sans leur participation
ni consultation47.
Certaines Organisations prévoient la qualité de membres associés pour les différencier des autres.
Ainsi, dans le Traité de Rome instituant la CEE, il était prévu l'association des Etats non européens.
Le vocable « association indique » donc la non appartenance au point de vue essentiellement
géographique d'un État ou d'un groupe d'États à l'Europe. Dans ce sens, on parle des Etats Africains
et Malgaches Associés (E.A.M.A.) ; la Turquie, la Grèce et la Grande Bretagne avaient également,
pendant un certain temps, le Statut d'associé 48. C’est le cas également de l’Organisation
internationale de la Francophone (OIF) qui associe les États ne partageant pas la langue française ou
parlant une langue autre que la langue française.
Dans d'autres Organisations49, la qualité de membres associés est conférée aux territoires ou
groupes de territoires qui n'assument pas eux-mêmes la responsabilité de la conduite de leurs
relations internationales. Ainsi, jusqu'en 1956, le Maroc et la Tunisie avaient le Statut des membres
44
L’article 23 de la Charte des Nations Unies.
45
Remarquons que les Organisations africaines en général ne font aucune différence quant aux droits entre ceux des
membres fondateurs et des autres.
46
BALANDA MUKUIN LELIEL, préc., note 15, p. 17.
47
Le professeur Balanda trouve dans la qualité des membres adhérents une similitude avec l'institution du « contrat
d'adhésion » en droit civil.
48
Tout en étant géographiquement séparés des autres membres, les États-Unis d'Amérique sont cependant
membres à part entière de l'OTAN.
49
De ces Organisations qui prévoient la catégorie des membres associés, on peut citer l'OMS, la FAO, l’OIF et
l'UNESCO.
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associés de l'OMS ; la Rhodésie du Sud et la Sarre étaient membres associés du Conseil de l'Europe.
Relevons que nonobstant sa situation juridique d'entité non souveraine, le territoire admis comme
membre associé se trouve personnellement et directement lié à l'Organisation.
De manière générale, le membre associé a ainsi une représentation propre auprès des organes de
l'Organisation ; il s'agira d'une délégation nationale souvent distincte de celle de l'Etat tuteur.
Les droits et obligations des membres associés sont généralement définis dans le Statut de
l'Organisation. De manière générale, les membres associés peuvent participer aux séances de tous
les organes délibérants, proposer l'inscription d'une question à l'ordre du jour, soumettre des
propositions .... Ils n'ont toutefois le droit de vote que dans les commissions et sous-commission à
l'exception de l'Assemblée Générale ou de la Conférence Générale50.
Les membres associés assument par contre les mêmes obligations que les membres ordinaires sous
réserve généralement d'une modération de leur contribution financière51.
Enfin, il importe de souligner que dans la mesure où le membre associé n'est pas en général un sujet
de Droit international à part entière, le changement de son Statut international devra également
entraîner un changement quant à sa qualité. Dans une telle hypothèse, la situation de membre
associé n'est que provisoire52.
Parlant du Statut des membres d'une Organisation Internationale, Jean Combacau et Serge Sur
considèrent qu'au-delà de la diversité des Organisations, celui-ci relève des règles comparables ; ils
en arrivent à considérer qu'en principe, l'entrée dans l'Organisation est doublement volontaire : de la
part de l'État et de la part de l’Organisation elle-même. Celle-ci peut être plus ou moins ouverte,
mais l'entrée suppose le plus souvent une procédure 53. Néanmoins, les données du problème sont
sensiblement différentes pour les Etats originaires et pour les Etats admis postérieurement à la
création de l'Organisation.
Les premiers (États originaires) en sont généralement membres de droit par le seul fait qu'ils sont
parties à la Convention constitutive, à l'élaboration de laquelle ils ont eux-mêmes contribué.
Les seconds (États adhérents et associés) se trouvent par contre en présence non plus et seulement
d'une communauté contractuelle, mais aussi d'une institution dotée d'organes aux compétences
définies. C'est essentiellement par rapport à cette seconde catégorie des membres que la question
d'admission présente un intérêt.
A cet effet, les procédures d'admission sont particulièrement révélatrices de la vocation de
50
Cette règle n'est pas absolue, elle peut varier d'une Organisation à une autre.
51
C'est généralement le cas lorsque le membre associé n'est pas un État souverain.
52
Le statut de membre associé peut être rapproché de celui d' « observateur » reconnu-à certaines entités et
mouvements jouissant de certaines possibilités d'expression au sein d'Organisations Internationales sans toutefois en
être membre parce que n'étant pas sujet de Droit international.
53
J. COMBACAU et S. SUR, préc., note 16, p. 727.
Droit international public I : Les O. I.
P a g e | 20
l'Organisation. Elles sont simples et presque automatiques dans les Organisations ouvertes aux Etats
remplissant des conditions faciles à vérifier (l'ONU et les Institutions spécialisées) 54, plus lourdes
lorsqu'elles comportent des exigences soumises à l'application discrétionnaire d'un organe (Conseil
de l'Europe), très complexes et longues lorsqu'elles supposent pour chaque admission, une révision
des actes constitutifs (Union Européenne).
Par ailleurs, l'admission de nouveaux membres postérieurement à la constitution définitive de
l'Organisation Internationale exige un contrôle par les organes tendant à établir si l'Etat demandeur
remplit les conditions pour devenir membre de cette Organisation d'une part et s'il est en mesure
d'assumer les obligations découlant de la Charte constitutive d'autre part.
La participation aux Organisations Internationales étant généralement l'apanage de seuls Etats
souverains, l'on a tendance à déduire de l'admission d'un Etat à telle Organisation, sa reconnaissance
en tant qu'entité juridique internationale. Cette question joue un rôle important en cas de
changement de gouvernement ; ainsi l'admission aux assises internationales de la délégation d'un
gouvernement qui a renversé un autre signifie la reconnaissance implicite du nouveau régime 55. Si
le gouvernement renversé était membre de cette Organisation, le problème se situera alors au niveau
de la légitimité du nouveau gouvernement. Il s'agit par conséquent d'un problème de Droit
constitutionnel interne.
Toutefois, la reconnaissance d'État ou de gouvernement, ainsi que le note Balanda, est un acte de
haute politique qui, cependant, pour le Droit international, devrait s'accompagner d'éléments
matériels objectifs : le nouvel État ou le nouveau gouvernement doit être notamment apte à assurer
lui-même le maintien de l'ordre public et à organiser l'essentiel de ses services publics.
Lors de l'admission de nouveaux membres, s'exerce donc un double contrôle juridique 56 et
politique57. La procédure d'admission est normalement bilatérale : d'une part, elle comporte
l'engagement du candidat et, d'autre part, l'acceptation de l'Organisation exprimée, sous forme de
vote par les organes compétents. Si la demande est acceptée, l'Etat demandeur devra produire un
acte d'adhésion ad hoc par exemple en déposant un instrument d'adhésion ou en adressent une
notification au Secrétariat Général de l'Organisation ou au gouvernement dépositaire de la Charte
constitutive58.
54
Dans le cadre de l'ONU, Organisation politique par excellence, le problème de l'admission de nouveaux membres a
posé de difficultés au début de la vie de l'institution du fait de la volonté de l'Union Soviétique de subordonner
l'admission de nouveaux États d'obédience occidentale à des conditions non inscrites à l'article 4, al. 1 er de la Charte. Ce
dernier n'en prévoit que quatre : « peuvent devenir membre des Nations Unies tous autres États pacifiques qui acceptent
les obligations de la présente Charte, et au jugement de l'Organisation, sont capables de les remplir et disposés de le
faire ». Cette exigence fut heureusement déclarée incompatible avec l'esprit et la lettre de la Charte par la CIJ dans son
avis du 28 mai 1948 (REC. p. 57).
55
Cfr. cours de Droit international public I : Théorie générale.
56
Le fait d'examiner si le demandeur remplit les conditions objectives exigées par la Charte pour devenir membre d'une
Organisation Internationale.
57
La considération selon laquelle un État est capable ou non de remplir les obligations que la Charte impose aux
membres. Ainsi par exemple, aux termes de l'article 4 de la Charte de l'ONU, le Conseil économique et social examine
en outre si l'Etat demandeur est « disposé » à remplir les obligations de la Charte.
58
Il faut toutefois signaler que l'admission à l'ONU vaut ipso facto droit à l'admission à ses Institutions spécialisées. Il
en est notamment ainsi pour l'UNESCO, l'OMS, l'OIT ...
Droit international public I : Les O. I.
P a g e | 21
La perte de qualité de membre d’une Organisation internationale est collective lorsqu'elle résulte de
la fin du Traité Constitutif, qui entraîne la dissolution de l'Organisation (cas de l'Organisation du
Traité de l'Asie du Sud-Est -OTASE-)59. Sur le plan individuel cependant, elle peut être le résultat
d'un retrait volontaire ou d'une exclusion décidée par l'organe compétent de l'Organisation.
Si l'admission est un acte qui suppose le concours entre la volonté du candidat et les organes de
l'Organisation, le retrait est par contre un acte unilatéral ; il s'agit cependant là d'une simple faculté
et non d'un droit. De la sorte, le retrait volontaire est, en règle générale, « une possibilité
explicitement offerte aux États membres par la Charte constitutive de toute Organisation. Elle
constitue une garantie ultime pour la liberté de chacun »60.
Le retrait apparaît ainsi comme étant le corollaire du principe de la libre participation des Etats aux
Organisations Internationales et constitue une consécration du principe de la souveraineté étatique.
L'exercice de la faculté de retrait est le plus souvent précédé d'un préavis de durée variable61.
Certaines Chartes limitent par ailleurs les conséquences du retrait en précisant que le retrait
n'entraîne pas nécessairement déposition des obligations résultant, pour l'État intéressé, des
conventions internationales auxquelles il a souscrit dans le cadre de l'Organisation62.
B. L'exclusion
Contrairement au retrait, il ne s'agit pas d'un acte impliquant la volonté unilatérale du membre
concerné, mais plutôt d'une sanction prise par l'Organisation à l'encontre de la volonté de l'État qui
59
J. COMBACAU et S. SUR, préc., note 16, p. 729.
60
La question a cependant été posée en doctrine de savoir ce qu'il en est en l'absence de toute disposition
expresse dans la convention constitutive, cas notamment de la Charte des Nations Unies, de la constitution de
l'OMS ou de celle de l'UNESCO à la différence de la plupart des autres Institutions spécialisées. Il faut
toutefois considérer avec Jean Combacau et serge Sur que la pratique d'un retrait non expressément
autorisé soulève des questions plus délicates en théorie qu'en pratique : Id., p. 730. À ce propos, Gilbert Kishiba Fitula
estime en ce qui le concerne que, s'agissant de l'ONU, ainsi qu'il ressort bien des travaux préparatoires, tout en nous
fondant sur l'idée de principe d'une permanence de la participation des Etats membres à la promotion de buts communs,
les auteurs de la Charte ne pouvaient exclure la possibilité d'un retrait unilatéral de l'ONU. Ce qui du reste n'est pas
contraire aux dispositions de l'article 56 de la Convention de Vienne sur le Droit des traités de 1969 selon lesquelles le
retrait unilatéral d'un- traité en dehors de stipulation expresse de ce dernier n'est pas possible « à moins qu'il ne soit
établi qu'il entrait dans les intentions des parties d'admettre la possibilité d'une dénonciation ou d'un retrait ». Une
dernière situation, celle d'un retrait partiel, peut être envisagée. Dans ce cas l'État se retire alors de certains organes mais
non du Traité Constitutif dans son ensemble. Ainsi la France a quitté en 1966 les organes
militaires de l'OTAN, créés postérieurement au Traité de l'Atlantique Nord en vertu des résolutions du
Conseil Atlantique, dont la nature juridique -Conférence diplomatique ou Organe international- est discutée
(lire à ce propos J. CHARPENTIER, « Le retrait français de l'OTAN », A.F.D.I., 1966, p. 409-432 : G. KISHIBA
FITULA, préc., note 17.
61
Deux ans pour l'OIT, un an pour l'OMS.
62
Dans le cas de l'ONU, un tel droit n'a été exercé qu'une fois par l'Indonésie en 1965. Cependant, cet État a pu
reprendre sa place sans procédure de réadmission un an plus tard, son retrait volontaire ayant, semble-t-il,
été considéré comme une simple suspension de participation aux travaux de l'Organisation par l'Assemblée
Générale.
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Qu'ils soient membres originaires ou admis au sein de l'Organisation, les États acquérant la qualité
de membre se voient conférer certains droits et certaines obligations juridiques généralement définis
dans l'Acte constitutif.
Parmi les droits des États membres d’une Organisation internationale, les plus communément admis
sont les six droits suivants :
1. Le droit de vote qui peut être pondéré au sein de certaines Organisations, notamment à
vocation financière, en fonction de la souscription au capital social de l'Institution 65, ou
économique, en fonction de l'importance relative de l'activité des membres 66.
La question de modes de votation concerne les organes collégiaux. L'option de base consiste à
choisir entre le vote à l'unanimité et le vote à la majorité. Une typologie statique conduirait à classer
les solutions en fonction du degré de développement de la coopération entre les membres. À ce
propos, Jean Combacau et Serge Sur67 font observer que l'évolution historique générale des
Organisations Internationales permet de distinguer trois principes importants :
- le principe de l'unanimité qui s'est imposé dans la logique des conférences diplomatiques (Cas de
la SDN, de l’OTAN et de l'OCDE) ;
- le principe majoritaire qui s'accommode des modalités pratiques variées (cas du vote à la
majorité de deux tiers des membres présents et votants sur les questions importantes à
l'Assemblée générale des Nations Unies et à la majorité simple sur les autres articles 18 §2 et 3) ;
63
Il s'agit d'une application à contrario de l'esprit même de la Charte des Nations Unies (voir aussi art. 2, §.4 de la
Charte de l'UNESCO).
64
Remarquons qu'une situation à tous égards très particulière s'est présentée avec la question de savoir si après sa
formation, la République Fédérale des Yougoslavie (Serbie-Monténégro) succédait automatiquement,
comme elle l’avait elle-même prétendu, à la République Fédérale Socialiste de Yougoslavie comme membre
de l'ONU. Le Conseil de Sécurité a répondu par la négative à cette question par sa résolution 777 du 19/09/1992 en
précisant que la nouvelle Yougoslavie devrait présenter une demande d'adhésion aux Nations Unies et
qu'elle ne participera pas aux travaux de l'Assemblée Générale. Point n'est besoin pour nous de relever que le caractère
de sanction de cette mesure ne fait aucun doute si l'on considère le cas exprès de l'ex-URSS et de la CEI d'abord, puis
de la Russie ensuite.
65
Tel est le cas du BIRD, de l'AID, du FMI, de l'AMGI, etc.
66
Voir à ce propos l'art. 148 du Traité de Rome.
67
J. COMBACAU et S. SUR, préc., note 16, p. 736-738.
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- le consensus qui constitue une revanche du principe unanimitaire ; il s'agit d'une sorte
d'unanimité tacite, de recherche d'un accord général traduit par l'absence d'opposition sur un
texte et même formellement par l'absence de vote. On ne doit tout de même pas confondre
« absence de vote » et « consensus ». L'absence de vote peut correspondre à l'évidence d'une
majorité qui s'extériorisée de telle sorte que le vote est perçu comme inutile et que la minorité
préfère l'éviter (cas de la conférence de prorogation du Traité de non-prolifération des armes
nucléaires). Dans l’hypothèse du consensus, un texte est considéré comme adopté parce que,
personne n'ayant l'intention de voter contre, personne ne demande un vote formel. On distingue
ainsi le « consensus sine qua non », dont l'absence empêche toute décision et le « consensus
possible » à défaut duquel un vote formel à la majorité est en dernière ressource utilisable 68.
2. Le droit de participer aux délibérations de divers organes
3. Le droit de faire partie de l'organe exécutif ou d'organes subsidiaires ;
4. Le droit de participer à la procédure budgétaire ;
5. Le droit aux prestations de l'Organisation ;
6. Le droit de retrait dont il a été question ci-dessus.
S'agissant des obligations, il faut noter qu'en contrepartie des droits qu'ils obtiennent et de
possibilités concrètes de coopération qui leur sont offertes par leur participation à la vie de
1’Organisation, les Etats membres ont évidemment un certain nombre d'obligations à son égard.
Parmi elles, la distinction est faite entre celles qui présentent un caractère conventionnel et celles
plus nettement marquées par leur caractère statutaire.
Les premières ne diffèrent pas substantiellement, par leur objet sinon par leur régime encore dominé
par le principe de réciprocité, de celles que tout État peut consentir dans le cadre d'une convention
multilatérale ordinaire. Elles ont généralement trait à l'engagement de collaborer à la réalisation des
buts de l'Organisation dans le respect d'un certain nombre des principes de Droit international.
Les obligations statutaires quant à elles sont directement 1iées à la qualité de membre de
l'Institution. L'une d'entre elles se trouve dans toutes les Organisations, à l'exception de celles, très
rares, qui sont dotées d'un financement propre69. C'est précisément l'obligation de contribuer au
budget de l'Organisation70.
68
Le principe majoritaire, même formellement consacré, est actuellement battu en brèche par cette pratique de
l'unanimité atténuée.
69
Tel est le cas de l'Union Européenne. En effet, les trois Communautés Européennes (CEE, CEEA et UE) sont,
quant à elles, financés depuis 1970 par des ressources propres. Ainsi, dans le cadre de l'Union Européenne,
le traité de Maastricht a abrogé les articles 201 (CEE) et 172 (CEEA) pour poser que « le budget est, sans
préjudices des autres recettes, intégralement financé par des ressources propres ». Celles-ci sont de nature
très hétérogène puisqu'on y retrouve prélèvements et droits de douanes, TVA constituée par un prélèvement
sur les recettes de TVA encaissées par chaque État membre, ressources appuyées sur un pourcentage du
PNB de chaque État membre auxquelles il est fait appel pour équilibrer le budget.
70
Cette obligation varie en fonction de possibilités financières de chaque État membre ; elle est souvent
symbolique, pour beaucoup de pays en voie de développement et, d'autant plus encore pour les États très
petits ou « micro-États» comme par exemple Fidji, Sainte Lucie ou la Principauté de Monaco dont on avait
un moment discuté de l'aptitude à remplir les obligations d'État membre, eu égard à leur exiguïté.
Droit international public I : Les O. I.
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71
J. COMBACAU et S. SUR, préc., note 16, p. 730.
72
L'expression d'organe subsidiaire ne doit pas induire en erreur; il e s'agit pas nécessairement d'organe secondaire. Au
contraire ils peuvent jouer en pratique un rôle aussi important que certains organes principaux. Ainsi la CNUCED ou le
Commandement militaire de l'OTAN Leurs décisions s'imposent parfois même aux organes principaux qui les ont créés
(cas du Tribunal Administratif des Nations Unies). Ils ne peuvent toutefois devenir de nouvelles Organisations
Internationales autonomes que sur la base d'une convention interétatique.
73
Jean COMBACAU et Serge SUR, op. cit., p. 732
Droit international public I : Les O. I.
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On peut distinguer, s'agissant des organes interétatiques, les organes pléniers et les organes
restreints.
- les organes pléniers comprennent des représentants de tous les membres. L'Assemblée
générale de l'ONU en est l'exemple-type (article 9 §1).
- les organes restreints ne comprennent qu'une partie des membres. Les raisons qui conduisent
à les créer sont d'ordre politique et d'ordre technique, mais fondamentalement d'ordre
politique. Ces organes ont en effet un double caractère : aristocratique et fonctionnel. Les
modalités de désignation des membres reposent généralement sur un double critère : l'intérêt
– le plus souvent politique – ou la compétence de certains États, une répartition géographique
équitable74.
74
Le Conseil de Sécurité repose sur une logique encore plus aristocratique puisqu'il comprend deux catégories de
membres, permanents et non permanents (cfr infra).
75
J. COMBACAU et S. SUR, préc., note 16, p. 730-732.
Droit international public I : Les O. I.
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Chapitre III
S'agissant des Organisations Internationales, il faut admettre avec Vincent-de-Paul Lunda Bululu
que les critères de classification sont variables mais que l'essentiel est de retenir ceux qui expriment
le mieux les réalités spécifiques que peuvent renfermer les Organisations Internationales. A cet
effet, l'on se référera à leurs objets, pouvoirs et extension76.
Il s'agit de classer les Organisations Internationales en vertu de l'étendue de leurs pouvoirs à l'égard
des Etats. L'on aura alors :
- les Organisations Internationales qui n'exercent aucun pouvoir à l’égard des Etats membres (cas
de l'ancienne OUA) : ce sont des Organisations interétatiques ;
- celles qui disposent d'un pouvoir propre ne se substituant pas à celui des États membres. Ce
76
V. de P. LUNDA BULULU, préc., note 10, p. 73.
Droit international public I : Les O. I.
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pouvoir peut consister à contrôler l'exécution des obligations des États membres et parfois à
sanctionner ces derniers (OIT, Conseil de l'Europe) : ce sont des Organisations transétatiques77 ;
- celles dont le pouvoir se substitue à celui des États membres dans le cadre de leurs attributions :
ce sont les Organisations super-étatiques (Union Européenne).
C'est aussi au regard de leurs pouvoirs que les Organisations Internationales sont dites de
coopération, en cas d'Organisation interétatique, ou d'intégration, en cas de supranationalité.
Sur la base de ce critère, l'Organisation Internationale sera universelle, si tous les États peuvent en
devenir membres, ou régionales, si seulement les États qui répondent aux conditions d'admission
peuvent avoir la qualité de membre. Ces conditions peuvent être d'ordre politique et économique,
purement géographique, racial ou idéologique (Organisations universelles : ONU, Institutions
spécialisées du système des Nations Unies ; Organisations régionales : Union Africaine,
Organisation des Etats américains, Union Européenne).
En Afrique, depuis l'adoption du Plan d'Action de Lagos, l'on parle beaucoup d'Organisations
régionales et sous-régionales. Le continent africain, envisagé par rapport aux Nations Unies,
constitue une région. Mais, par rapport à lui-même, il a été divisé en cinq régions : l'Afrique du
Nord, l'Afrique de l'Ouest, l'Afrique Centrale, l'Afrique de l'Est et l'Afrique Australe (sud).
A chaque région correspond au moins une Organisation Internationale d'intégration économique.
Ainsi : - pour l'Afrique de l'Ouest, il y a : la Communauté Economique des États de 1'Afrique de
l'Ouest (CEDAO) ; - pour l'Afrique Centrale, il y a : la Communauté Economique des États de
l'Afrique Centrale (CEEAC) ; - pour l'Afrique Australe (sud), il y a : la Communauté Economique
pour le Développement de l'Afrique Australe (SADC), ...
Elles sont toutes des Organisations régionales au sein desquelles existent plusieurs autres
Organisations Internationales dites sous-régionales dans le cadre de la Région-Afrique.
En Afrique Centrale, l'on peut citer comme exemple de ces Organisations : la Communauté
Economique des Pays de Grands Lacs (CEPGL), l'Union Douanière et Economique de l'Afrique
Centrale (UDEAC), la Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale (CEMAC),
toutes faisant partie de cet ensemble régionale qu'est la Communauté Economique des Etats de
l'Afrique Centrale (CEEAC).
77
Id., p. 73 et ss.
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Chapitre IV
On dit d'une entité qu'elle constitue un sujet de Droit lorsqu'elle est dotée par les normes d'un ordre
juridique déterminé d'un ensemble de droits et d'obligations, ainsi que de capacités nécessaires à
leur exercice78. Dans cette occurrence, la personnalité juridique de l'Organisation Internationale
signifie deux choses :
78
P.-M. DUPUY, préc., note 2, p. 25.
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- en premier lieu, qu'elle constitue un corps distinct de chacun de ses éléments constitutifs et plus
précisément de différents États membres, eux-mêmes investis d'une personnalité distincte.
- En second lieu, qu'une telle personne morale est dotée de certaines capacités légales et se voit
conférer par les normes de l'ordre juridique international l'aptitude à exercer des droits et à assumer
des obligations.
Cette personne morale est ainsi également un sujet de Droit international auquel pourront être
imputés les actes des organes et agents individualisés agissant en son nom et investis du pouvoir de
le représenter dans les relations internationales.
Plus encore, la personnalité juridique de l’Organisation Internationale est double : elle s'affirme à la
fois et de façon distincte dans l'ordre juridique interne et dans l'ordre juridique international.
Les Organisations Internationales, à l'inverse des États, n'ont pas de territoire propre. Elles ne
peuvent donc exercer leurs activités que sur celui de leurs États membres.
Pour acquérir des immeubles, passer des contrats de fourniture, acheter des biens meubles par
exemple, il est ainsi pour elles devenu indispensable de se voir reconnaître dans l'ordre juridique
interne de chacun des États membres, l'éventail presque complet des aptitudes ou capacités
juridiques attachées par ces Droits internes à la possession de la personnalité juridique.
De toutes les manières, la possession de la personnalité de Droit interne par l'Organisation dans
chacun des États membres n'a cependant pas pour effet de l'assimiler purement et simplement à un
national de ces États, du fait précisément qu'elle dispose des privilèges et immunités dérogatoires au
droit commun79.
82
P.-M. DUPUY, préc., note 2, p. 177.
83
Id. Selon cet Avis de la CIJ de 1949, la personnalité juridique des Organisations Internationales vaut erga omnes en
ce sens qu'elle est opposable à tous les sujets de droit.
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L'Organisation Internationale étant fondé sur un Traité, lui-même doté d'effet relatif (res inter alios
acta), son existence autonome n'est pas opposable aux États tiers à ce Traité 84. On constate ainsi
qu'en pratique, la reconnaissance d'Organisation s'apparente au subjectivisme de la reconnaissance
d'État ou de gouvernement, dans la mesure où elle est opérée ou refusée de façon parfaitement
discrétionnaire sur la base des considérations d'opportunité politique. Ce subjectivisme va même
plus loin, dans la mesure où l'existence de l'État repose sur un fait juridique, alors qu'elle doit la
sienne à un acte juridique (Traité constitutif)85.
Comme toute personne morale, l'Organisation Internationale possède une mesure minimale de
personnalité susceptible d'être qualifiée de « fonctionnelle ».
La fonctionnalité des Organisations Internationales est dérivée de la volonté des États, et plus
précisément des objectifs qu'ils ont assignés à chaque Organisation.
Le principe de spécialité détermine la fonctionnalité reconnue à chaque Organisation. Ceci signifie
que les Organisations Internationales sont dotées par les États qui les créent des compétences
d'attributions dont les limites sont fonction des intérêts communs que ceux-ci leur donnent pour
mission de promouvoir86.
84
C'est ainsi par exemple que l'Union Soviétique et les pays socialistes ont pendant longtemps persisté dans leur refus
de reconnaître la personnalité internationale des Communautés Européennes.
85
P.-M. DUPUY, préc., note 2, p. 179.
86
Voir CIJ, Avis « OMS » du 08/07/1996, REC 1996, p. 78. C'est au nom du principe de spécialité que par cet avis la
CIJ a refusé de rendre un avis consultatif en réponse à la question formulée par l'OMS relativement à la licéité de
l'emploi des armes nucléaires par un État, question dont elle a considéré qu'elle ne rentre pas dans le champ des
compétences statutaires de cette Organisation spécialisée dans la coopération internationale en matière de protection de
la santé.
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Ce principe de fonctionnalité est fondé, comme dans la théorie de services publics en Droit interne,
sur la conception dominante l'après laquelle les Organisations Internationales constituent des
moyens pour la poursuite en commun d'objectifs internationaux d'intérêt général87.
Les particularités de leur régime juridique, l'étendue de leur pouvoir juridique, ne sont justifiées que
par ces objectifs et ne doivent pas être étendues au-delà, pour ne pas empiéter sur la liberté des
autres sujets de Droit, notamment les États88.
Aussi, peut-on conclure avec Jean Combacau et Serge Sur que les conséquences de droit attachées à
la possession de la personnalité internationale sont doubles :
En premier lieu, du fait qu'elle est sujet actif de droit international, l'Organisation se voit consacrée
comme un être corporatif distinct de ses membres. Les actes juridiques qu'elle accomplit par
l'intermédiaire de ses organes, même s'ils résultent d'un accord de volonté (unanimitaire ou
majoritaire, suivant le cas) émanant des États membres, sont directement imputés à l'Organisation
elle-même. Ainsi par exemple, une résolution adoptée par l'organe plénier d'une Organisation
constitue-t-elle un acte unilatéral, parce que rapporté à un seul sujet, l'Organisation.
En second lieu, parce qu'elle a une personnalité internationale, l'Organisation est dotée de certaines
capacités juridiques dans l'ordre international89.
Sauf dispositions contraires du Traité institutif, l'Organisation possède ainsi le droit de conclure des
Traités et accords internationaux avec des États membres, des États tiers ou d'autres Organisations.
Cette matière a fait l'objet d'une codification, adoptée dans le cadre des Nations Unies sur la base
d'un projet établi par la CDI (Commission de Droit International) : la Convention du 21/03/1986 qui
réalise dans une très large mesure une transposition et une adaptation des règles générales du droit
des Traités codifiées dans la Convention de Vienne du 23 mai 1969. Une disposition fondamentale
est posée à l'article 6, selon lequel « la capacité d'une Organisation Internationale de conclure des
Traités est régie par les règles pertinentes de cette Organisation »90.
87
Voir dans ce sens J. COMBACAU et S. SUR, préc., note 16, p. 180.
88
Il n'existe aucune incompatibilité entre le principe de spécialité et le fait d'attribuer des objectifs très généraux ou
ambitieux à une Organisation Internationale, qu'il s'agisse de l'ONU, de l'OEA, de l'UE ou de l'UA. À leur égard, le
principe signifie qu'elles doivent s'abstenir de sortir des activités correspondant à leurs finalités pour s'immiscer dans le
domaine des affaires « domestiques » des États. Son écho et son corollaire se trouvent dans le principe de la compétence
nationale exclusive posée par les articles 15, §8 du Pacte de la SDN et 2 §7 de la Charte des Nations Unies.
89
J. COMBACAU et S. SUR, préc., note 16, p. 180-181. Avec ces auteurs, il faut entendre par « capacité » l'aptitude à
exercer certains droits et obligations, attachés à la possession de la personnalité et conditionnés par les termes de l'Acte
Constitutif.
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Les Organisations Internationales possèdent aussi, en règles générales, le droit de légation passive
et active.
Au titre de la première, la légation passive, chacune des organisations internationales peut établir
des liens avec les missions permanentes des États membres qui les souhaiteraient. Ces missions
permanentes sont des véritables missions diplomatiques accréditées auprès d'une ou plusieurs
institutions internationales. Elles comportent un personnel diplomatique destiné à servir
d'intermédiaire entre l'Organisation et le gouvernement accréditant à propos de la diversité des
activités qu'elle déploie91.
La légation active permet quant à elle à l'Organisation Internationale d'entretenir elle-même des
missions auprès de certains États, membres ou tiers, ou d'autres Organisations. Elle est pratiquée
notamment par les Institutions des Nations Unies et, depuis quelques années aussi, par les
Communautés Européennes, et pose des problèmes en principe résolus dans les accords passés à cet
effet par l'Organisation92.
Il s'agit pour l'Organisation du droit de présenter des réclamations pour les dommages subis,
notamment par voie de protestations, demandes d'enquêtes, négociations ou demandes de
résolutions arbitrales ou judiciaires, dans la mesure où le Statut de l'organe saisi le permet. Ce droit
a été lui aussi, dans les conditions spécifiques, reconnu comme attaché à la possession de la
personnalité. Il manifeste l'existence au bénéfice des Organisations d'une véritable compétence
personnelle à l'égard de leurs agents, compétences dont il peut exister d'ailleurs d'autres
illustrations.
Au fur et à mesure que les Organisations Internationales développent leurs activités et empiètent sur
des compétences traditionnelles des États, il est de plus en plus important que leurs moyens
financiers ne dépendent plus de la bonne volonté des États membres.
Leur autonomie financière, corollaire de leur personnalité juridique, est un indice et un instrument
d'une meilleure protection de leurs compétences et, en dernière ressort, de leur personnalité
juridique93. Aussi, allons-nous examiner successivement la procédure budgétaire, la structure du budget
et son contrôle.
90
Les compétences de l'Organisation Internationale pour conclure les Traités avec les tiers peuvent se substituer à celles
des États membres pour certaines questions précises. Il en est ainsi, dans le cas des Communautés Européennes.
91
C'est une pratique particulièrement suivie par les États membres de l'ONU et des grandes Institutions Spécialisées
mais elle se trouve aussi bien dans le cadre régional par exemple auprès de l'Union Européenne ou des Communautés
Européennes.
92
P.-M. DUPUY, préc., note 2, p. 182.
93
Lire Daniel DORMOY, « Les opérations de maintien de la paix de l’Organisation des Nations Unies. Aspect récent
de la question de leur financement », (1993) 39 Annu. Fr. Droit Int. 131-155.
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A. La procédure budgétaire
La procédure est comparable, à quelques exceptions près, aux procédures d'élaboration du budget
sur le plan national. Mais, elle est organisée de manière assez différente dans les Organisations de
conception classique telles les Institutions des Nations Unies et dans des Organisations comprenant
des organes représentant directement les populations des États membres94.
Le projet du budget est préparé par les services administratifs longtemps avant l'ouverture de
l'exercice budgétaire intéressé ; il comporte un développement des dépenses et des recettes sous
forme de tableau détaillé. Le projet budgétaire est présenté par le chef de l'administration concerné
(Secrétaire général ou directeur général selon le cas) au Conseil d'administration ou au Conseil
d'exécutif ; il est ensuite soumis au vote de l'Assemblée.
En pratique, cette procédure est allégée dans certaines Organisations. Pour des motifs d'économie,
certaines Organisations établissent la prévision budgétaire pour une durée supérieure à un an
suivant diverses formules ; plan en général des dépenses et détermination du plafond des crédits
arrêtés pour une durée de quatre à cinq ans, adoption de deux budgets complets en une fois,
adoption simultanée de deux budgets, l'un détaillé pour la première année, l'autre succinct pour la
seconde95.
B. La structure du budget
1. Les recettes
A l'instar du budget des États, le budget des Organisations Internationales est alimenté par des
ressources propres qui, suivant la tradition, comprennent des ressources ordinaires et
extraordinaires ou exceptionnelles.
La première catégorie des ressources provient essentiellement des contributions annuelles des États
membres en fonction d'une clé de répartition fixée dans le Traité constitutif ou dans le texte
budgétaire. La contribution de chaque membre tient généralement compte de son niveau de
développement technologique et de ses richesses. Dans la plupart des Organisations Internationales,
la part de contribution de chaque membre est exprimée en « unité des comptes » par référence au
dollar américain.
Les États membres ont l'obligation de verser régulièrement leurs contributions, à défaut leur droit
de vote peut être suspendu. C'est là un moyen de pression dont dispose l'Organisation à l'égard des
récalcitrants afin de ne pas paralyser ses activités ou du moins les handicaper 96. Cependant, en
94
À l'ONU, l'Assemblée Générale est la principale autorité budgétaire ; l'ensemble du budget est voté par cet organe à la
majorité de deux tiers (2/3, art. 17, p.1 et 2 et 18, p.2). il s'agit d'une « question importante »
au sens de la Charte. Par sa résolution 3043 (XXVll) du 19/12/19….., l'Assemblée a adopté le principe de la
budgétisation par programme et du cycle budgétaire biennal.
95
J. J. A. SALMON, « La crise financière de l'ONU », cité par BALANDA MUKUIN LELIEL, préc., note 15, p. 12.
96
L'on se souviendra à ce propos que lors de l'Opération de l'ONU au Congo (ONUC), plusieurs États membres de
l'ONU dont la France et la Grande Bretagne, refusèrent de payer leur contribution. Il en résulta une crise
financière de l'Organisation qui faillit compromettre la mission de paix ainsi menée au Congo si l'ONU
n'avait pas recouru au système de contributions volontaires par les pays qui avaient mis des troupes à la disposition du
Droit international public I : Les O. I.
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raison de leurs structures particulières qui se rapprochent de celles de banques d'affaires, le FMI et
la Banque Internationale pour la Reconstruction et le Développement (BIRD) disposent d'un capital
souscrit par les États membres. La banque peut encore se procurer des ressources en vendant ses
propres actions ou en cédant des obligations.
Les ressources extraordinaires ou exceptionnelles proviennent des libéralités ou de subventions
accordées par les gouvernements ou d'autres Organisations Internationales. Le recours au
financement volontaire par les États ayant mis des troupes à la disposition des Nations Unies lors
des opérations de l'ONU peut être rangé dans la rubrique des ressources extraordinaires.
L'acceptation de libéralités est de la compétence du Conseil ou de l'Assemblée selon les cas ; ils
examinent particulièrement les charges dont ces libéralités pourraient être éventuellement grevées 97.
Dans le cas particulier de l'ONU, et ce depuis la réforme intervenue en 1973, les 33 chapitres de son
budget sont présentés par grande fonction :
politique, direction et coordination d'ensemble;
affaires politiques et affaires du Conseil de Sécurité (maintien de la paix) ;
affaires politiques, tutelle et décolonisation ;
activités économiques, sociales et humanitaires ;
justice internationale et droit international ;
information ;
services communs d'appui ;
dépenses spéciales ;
dépenses d'équipement98.
Les dépenses des Communautés Européennes présentent une structure très différente ; outre des
tâches de gestion, ces Organisations consacrent l'essentiel de leurs moyens à la conduite des
politiques communes, au premier rang desquelles la politique agricole commune mais aussi les
politiques régionales de restructuration industrielle et de réadaptation sociale.
3. Le contrôle budgétaire
En vue d'en assurer l'efficacité et d'éviter le gaspillage, toute gestion administrative doit être
soumise à un minimum de contrôle ; celui-ci porte sur l'exécution du budget : l'on examine à la fin
d'un exercice budgétaire, si l'Organisation a effectué ses dépenses éventuellement ses recettes,
conformément aux prévisions budgétaires. Les règles générales de la comptabilité publique valent
Secrétaire Général.
97
Aux contributions étatiques s'ajoutent quelques ressources dégagées par les activités de l'Organisation d'un montant
le plus souvent modeste : produit de prêts ou de placements, la retenue opérée sur les traitements des agents de
l'Organisation.
98
Relevons que le budget ordinaire de l'ONU n'est pas d'un montant supérieur à celui du PNUD et ne représente qu'un
quart des dépenses du système des Nations Unies.
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Une distinction doit être établie entre, d'une part, compétence et capacité et, d'autre part,
compétence et fonction. La détermination et l'interprétation des pouvoirs de l'Organisation résultent
du jeu combiné de certaines règles du droit international général avec celles des-règles propres à
l’Organisation.
Le droit international général associe, à titre présomptif, à la possession de la personnalité
internationale la jouissance corrélative d'un faisceau de capacités dont on vient d'énumérer les
principales (droit de conclure des Traités, droit de légation, droit de réclamation, la responsabilité
de l'Organisation pour les faits illicites), bref, l'attitude pour elle d'être titulaire des droits et
d'assumer certaines obligations.
Par fonction cependant, on entend les finalités des activités des Organisations: harmoniser des
politiques étatiques, rapprocher des points de vue, créer les conditions d'une plus grande efficacité
de politiques nationales par exemple99.
La typologie la plus largement reçue oppose les fonctions de coopération de celles d'intégration.
Les fonctions de coopération regroupent toutes celles qui ont pour seule ambition de rapprocher des
politiques, lesquelles restent de la responsabilité des Etats.
Les fonctions d'intégration quant à elles, peuvent englober les premières. Mais, en tout état de
cause, elles les dépassent en permettant le développement des politiques communes définies et
99
Q. D. NGUYEN, préc., note 27, p. 598.
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gérées par l'Organisation en cause. Elles supposent donc qu'une entité non étatique assure
concurremment ou parallèlement aux États membres des activités dont ces derniers ont
traditionnellement le monopole (fonctions quasi législatives, exécutives et juridictionnelles) 100.
Les compétences de chaque Organisation par contre, sont des pouvoirs juridiques reconnus aux
Organisations dont le choix est déterminé par leur adaptation aux fonctions prioritaires de chacune
d'elles.
L'on distingue, en doctrine, les compétences déclarées de celles implicites d'une part et, d'autre part,
les compétences normatives de celles opératoires ou opérationnelles101.
L’Organisation, créée par des États souverains peut se voir reconnaître des compétences qui ne lui
ont pas été explicitement attribuées par ses auteurs, sans que les bases du consentement des États à
en devenir membres soient remises en cause.
La théorie des pouvoirs implicites dont la formulation s'est imposée dès la prise des positions de la
CIJ dans son avis de 1949 déjà évoqué, n'est rien d'autre qu'une directive d'interprétation des
Chartes constitutives des Organisations Internationales. Certains ont pu lui reprocher son caractère
assez vague et craindre une utilisation abusive.
En elle-même, cette construction jurisprudentielle n'est pas contestable ; encore faut-il en respecter
le postulat. Autant est l'avis du juge Hackworth qui, dans son opinion dissidente sous l'Avis
consultatif de 1954 de la C.I.J. n'a pas manqué de souligner que « la théorie des pouvoirs implicites
a pour rôle de donner effet, dans les limites raisonnables, aux pouvoirs explicites et non de les
supplanter ou de les modifier » ; l'avertissement a été réitéré par Sir Gerard Fitz Maurice sous l'Avis
de 1971 de la même Cour102.
Comme leur nom l'indique, les compétences normatives sont celles autorisant l'adoption et la mise
en œuvre de « normes » ; c'est-à-dire, des règles juridiques ou financières de portée générale ou
individuelle. Elles sont, pourrait-on dire, « de droit commun ».
Toutes les Organisations Internationales les exercent peu ou prou, ne serait-ce que pour assurer leur
propre fonctionnement. Outre l'adoption des règles conformément à ses procédures de décision, la
compétence normative d'une Organisation comprend le droit de participer à des conventions
100
La distinction entre fonctions de coopération et d'intégration est claire et rigoureuse. Celle entre Organisation de
coopération et Organisation d'intégration l'est beaucoup moins, car toute Organisation peut assumer des fonctions de
deux types. C'est donc leur pondération relative, à un moment donné de la vie de l'Organisation, qui autorise à la
qualifier d'Organisation plutôt de coordination ou plutôt d'intégration.
101
La plupart des classifications retiennent une 3 ème catégorie : les compétences juridictionnelles ou quasi-
juridictionnelles (règlement des différends) parce qu'elles sont difficiles à rattacher exclusivement à l'une ou à l'autre de
deux autres catégories.
102
Recueil de la CIJ, 1971, p. 280.
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internationales.
Les compétences opérationnelles consistent, en ce qui les concerne, dans des activités de gestion
dans le domaine administratif, économique, technique ou financier. Il peut s'agir d'activités des
simples Conseils. Elles regroupent tous les pouvoirs d'action des Organisations autres que
d'édiction des normes : participation sur terrain à des procédures de règlement des différends 103,
sanctions coercitives104, apport d'une assistance économique, administrative ou militaire, aux
Etats105, représentation diplomatique (droit de légation, exercice de la protection fonctionnelle de
l'Organisation et de ses agents106, contrôle de la régularité d'opérations électorales107, ....
Ce Statut est souvent complété par des lois nationales comme « International Organizations
Immunities Act » de 1945 pour les États-Unis d'Amérique110. L'accord de siège précise en
particulier l'étendue du droit de réglementation et de contrôle de l'Organisation dans le périmètre de
ses installations.
Il est fréquent aussi qu'une Organisation soit chargée de contrôler l'exercice par certains États de
compétences territoriales. Ce fût le cas pour les territoires sous mandat, sous tutelle et non
autonomes.
Les Organisations Internationales comme les États, bénéficient des privilèges et des immunités
destinés à garantir le respect de leur personnalité juridique et les exigences de leur fonctionnement
face en particulier aux risques de pression de la part des États membres.
Des principaux privilèges et immunités au bénéfice des Organisations Internationales, il y a lieu de
retenir notamment :
l'inviolabilité des locaux de l'Organisation, généralement reconnue par les accords de siège 111.
L'Organisation en contrepartie s'engage généralement à veiller à la sécurité et au maintien de
l'ordre au sein de locaux ;
l'immunité de juridiction qui permet aux Organisations d'échapper aux poursuites judiciaires
devant les juridictions de l'État du siège112 ;
les privilèges financiers et fiscaux en vertu desquels il leur est généralement accordé la liberté de
détention des fonds et de transfert de toutes devises étrangères et les États hôtes renoncent à
percevoir sur elles tous impôts directs voire indirects lorsque cela est possible 113. Elles sont de
même exonérées de droits de douane.
statut dans le pays concerné, comme l'ONU le fit par exemple le 19 avril 1956 avec la Suisse et Je 26 juin 1947 avec les
Etats-Unis.
110
Lire à ce propos Mamadi KOUROUMA, « Contribution à l’étude des accords de siège des Organisations
internationales implantées en Côte d’Ivoire », (1990) 36 Annu. Fr. Droit Int. 614-631, 614.
111
Voir section 3 de la Convention générale relative à l'ONU et l'art. 4 des différents accords de siège passés par
l'OMS, l'OIT ou l'OMM avec -la Suisse et les articles 5 et 6 de l'Accord du 02/07/1954 passé entre la France et
l'UNESCO.
112
Voir par exemple la section 2 de la Convention générale relative à l'ONU. L'on ne peut donc à cet égard que
déplorer un arrêt rendu en 1982 par la Cour de cassation italienne refusant à la FAO l'immunité de juridiction à propos
d'un différend relatif au contrat de location d'un immeuble de bureau (RDI, 1983, pp. 187-193).
113
Voir par exemple l'article 15 de j'accord passé entre l'UNESCO et la France et l'article 10 de l'Accord entre l'OMS et
la Suisse.
Droit international public I : Les O. I.
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Rappelons qu'au sens de l'Avis consultatif de la CIJ du 11/04/1949, est agent international
« Quiconque, fonctionnaire rémunéré ou non, employé à titre permanent ou non, a été chargé par un
organe de l'Organisation d'exercer ou d'aider à exercer l'une des fonctions de celle-ci. Bref, toute
personne par qui l'Organisation agit »115. Par contre, parmi les agents internationaux, seuls sont
fonctionnaires internationaux ceux qui sont au service de l'Organisation d'une façon continue et
exclusive.
Le Statut juridique de ces agents sur le territoire des États membres dérive nécessairement de celui
de l'Institution Internationale à laquelle ils appartiennent. Les privilèges et immunités qui leur sont
accordés ont la même raison d'être que ceux dont jouit leur Organisation. Ils visent à garantir
l'efficacité de leur action en pleine indépendance tant par rapport à l'État hôte qu'à l'égard de leur
État d'origine, afin de promouvoir des buts internationaux de l'institution116.
De toutes les manières, ces privilèges et immunités ne sont établis que dans la mesure où ils « leur
sont nécessaires pour exercer en toute indépendance leurs fonctions ». Ces privilèges et immunités
sont donc fonctionnels.
Inspirés tant par ceux qui sont reconnus au personnel diplomatique en poste à l'étranger que par
ceux que possède leur propre Organisation, ils sont surtout constitués par l'immunité judiciaire à
l'égard des tribunaux locaux, du moins à raison des actes accomplis dans l'exercice de leurs
fonctions, immunité d'ailleurs susceptible d'être levée par l'Organisation elle-même 117.
Ils possèdent aussi l'immunité fiscale, les dispensant de payer l'impôt sur leur salaire, dont ils n'ont
pas à déclarer le montant à l'administration locale118.
114
Pour plus de précision, voir le cours de droit international public vu en 3 ème graduat. Cfr. également le cours de Droit
diplomatique et consulaire étudié en 2ème Licence Droit public, dispensé par nous.
115
CIJ, réparation des dommages subis aux Nations Unies, REC, 1949, p. 177.
116
P.-M. DUPUY, préc., note 2, p. 199.
117
La CIJ, renseigne Pierre-Marie Dupuy, a eu à deux reprises l'occasion d'indiquer par voie consultative que
la Convention sur les privilèges et immunités diplomatiques s'applique également à des experts désignés par
l'ONU pour accomplir une mission déterminée, en application de la section 22 de l'article VI de cet
instrument. Le premier de ces deux cas concernait M. Mazilu, Rapporteur spécial de la Sous-commission de la lutte
contre les mesures discriminatoires et de la protection des minorités (Avis du 15 décembre 1989,
Réc. CIJ 989 p. 177) ; le second avait trait à la situation du Rapporteur spécial de la Commission des droits de l'homme
en Malaisie, M. Cumaraswumy (Avis du 29 avrill999) ; l'un comme l'autre avaient fait l'objet de contraintes et
poursuites illicites de la part de deux États membres, Roumanie et Russie.
118
Dans le cadre universelle, la CIJ a eu l’occasion d'interpréter une disposition de la Convention sur les privilèges et
immunités des Nations-Unies (section 22 de l'art. 6) pour savoir si une personne n'étant pas fonctionnaire de
l'Organisation agissant en qualité d'agent désigné par l'un de ses organes subsidiaires (en espèce la sous-commission de
la lutte contre les mesures discriminatoires et la protection des minorités) pouvant bénéficier du régime de protection
qu'elle établit. La réponse fut positive (avis rendu dans l'affaire Mazilu, le 15/12/1989, Réc. 1939, p. 177-199, voir
comment : Éric DAVID, Droit des organisations internationales, 1ère édition, coll. "Droit international", Bruxelles,
Bruylant, 2016).
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Chapitre V
Créées en vue de résoudre les objectifs d’intérêt commun, leurs activités ne tardèrent pas à se
révéler dommageables tant à l’égard des particuliers que de la communauté internationale dans son
ensemble, protégeant des intérêts qui transcendent les États « uti singuli »121. En effet, leur
participation, surtout à des opérations de rétablissement ou de maintien de la paix ou à des
opérations militaires, a donné lieu à la présentation de requêtes individuelles rejetant sur ces
organisations la responsabilité de violations présumées des droits de l’homme. A ce jour, la plupart
de ces initiatives sont toutefois restées infructueuses122.
Soudainement, lesdites organisations ayant activement été amenées à prendre part dans les
relations internationales et notamment à des traités internationaux consacrant des droits aux
particuliers, les atteintes étaient inévitables. Conséquemment, la question de la responsabilité et de
son attribution, épicentre d’un système juridique et corollaire de leur personnalité juridique, s’est
vite posée avec comme cohorte que l’intérêt à l’action en responsabilité s’est généralisé. Il fallait
déterminer qui, des membres ou de l’organisation, engagera la responsabilité en pareille situation.
Si pour les États, face à la montée des périls catastrophiques, se développa une démarche qui alla
jusqu’à la réparation pour tous dommages substantiels causés par l’utilisation de techniques ou
d’industries dangereuses placées sous leur compétence matérielle ou personnelle, même ne
procédant pas d’un fait illicite fut exprimée 123, c’est-à-dire « objectiver » la responsabilité, il n’en
119
Actuellement, il existe 197 États officiellement reconnus par l’ONU dont 193 États sont membres de cette
Organisation ; soit la quasi-totalité des États du monde. Informations disponibles sur <www.un.org/fr/members/>.
120
Manuel DIEZ DE VELASCO VALLEJO, Les organisations internationales, Paris, Economica, 2002, p. 3.
121
Santiago VILLALPANDO, L’émergence de la communauté internationale dans la responsabilité des États, Paris,
P.U.F., 2005, p. 150.
122
José Maria BENEYTO, L’obligation des institutions internationales de répondre de leurs actes en cas de violations
des droit de l’homme, AS/Jur (2013) 17, Strasbourg, Conseil de l’Europe / Assemblée parlementaire, 2013, p. 1.
Droit international public I : Les O. I.
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était pas ainsi pour ces organisations soumises à des régimes multiformes. Eu égard à ce qui
précède, une question demeure perplexe : Existe-il en droit international contemporain une règle
rendant les membres d’une organisation internationale responsables du fait internationalement
illicite de l’organisation ?
Sujet de droit international, le voile de la personnalité juridique empêcherait que l’on impute aux
membres de l’organisation internationale la responsabilité des actes de celle-ci. La doctrine souligne
que « les actes de l’organisation sont les siens, ils ne sont pas ceux des États membres, elle
s’affirme comme un acteur à part entière »124. En ce qui est de la responsabilité des membres du fait
de l’organisation, omise délibérément ou involontairement par la Commission du droit international
en 2001, elle adopta en 2011 un texte qui prévoit les hypothèses où leur responsabilité peut être
engagée. Avant d’aborder les questions relatives à la responsabilité des O.I. ou des membres de
celles-ci, distinguons d’abord les deux notions qui lient la responsabilité (responsability) à
l’obligation de rendre compte (accountability).
La possession de la personnalité n'a pas seulement pour effet de rendre l'Organisation titulaire des
droits. En effet, comme les États, les Organisations voient leur responsabilité internationale engagée
du fait des comportements illicites qui leur sont imputables. Il n'y a là qu'une conséquence
nécessaire de leur personnalité juridique qui les oblige à respecter le droit international. Ainsi, toute
action ou omission de l'Organisation incompatible avec les règles de la coutume générale ou les
dispositions d'un Traité auquel elle est partie constitue un fait illicite international qui lui sera
imputable. Sans doute, là encore, le droit international de la responsabilité, conçu pour s'appliquer
aux Etats, pourrait-il, le cas échéant nécessiter certaines adaptations être appliqué aux
Organisations125. Toutefois, il importe de distinguer deux hypothèses dans l’établissement de
responsabilité. Elle assume la responsabilité pour faits des organes et agents qui agissent dans le
cadre de l’exercice de leurs fonctions et ceux qui sont incompétents.
1. Responsabilité pour faits des organes et agents de l'Organisation agissant dans le cadre de
leurs compétences.
La responsabilité de l'Organisation peut être engagé tant pour les initiatives des organes normatifs
que pour les agissements des services administratifs et juridictionnels de l'Organisation. Il n'est pas
123
Jean-Claude TCHEUWA, « Communauté internationale, Guerre et responsabilité : réflexion autour de la
responsabilité internationale des États », (2005) 1 Rev. Hell. Droit Int. 55-123, 90.
124
Robert KOLB, Gabriele PORRETTO et Sylvain VITÉ, L’application du droit international humanitaire et des
droits de l’homme aux Organisations internationales. Forces de Paix et administrations civiles transitoires, Bruxelles,
Bruylant, 2005, p. 20.
125
P.-M. DUPUY, préc., note 2, p. 180. Ces adaptations n'ont pas fait, de manière générale, l'objet d'un
inventaire et d'une analyse approfondie, car la pratique est encore restée très réduite. Elle se limite pour-
l'essentiel aux actions engagées contre l'ONU à la suite des dommages causés par les contingents de la Force
d'Urgence des Nations Unies au Congo (ONUC) lors des troubles consécutifs à la sécession katangaise, au
début des années 1960. A l'époque, alors que plusieurs actions avaient été engagées par des particuliers
devant les tribunaux internes, belges notamment, l'ONU a elle-même entendu placer sa responsabilité dans
l'ordre international et non interne en concluant deux accords d'indemnisation successivement avec la
République du Congo (27/11/1961) et avec la Belgique (20/02/1965).
Droit international public I : Les O. I.
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rare que les Chartes constitutives ou les accords de siège des Organisations prévoient le recours à
l'arbitrage pour certains différends avec les États dans les hypothèses où la responsabilité de ces
Organisations pourraient être engagée. Plus exceptionnellement, il est prévu que leur responsabilité
pourrait être retenue pour des actes normatifs qui ont causé préjudice à des particuliers 126.
En l'absence d'une prévision explicite par contre, le principal obstacle résidera dans la difficulté
d'établir un lien de causalité direct entre l'activité normative de l'Organisation et le préjudice subi.
Bien que l'agent ait agi ultra vires, l'Organisation n'en est pas moins tenu par ses agissements et elle engage
sa responsabilité dans les mêmes conditions que les Etats. Ainsi par exemple, les Nations Unies, alors même
qu'elles refusent d'indemniser les victimes d'actes commis par les forces de maintien de la paix qui résultent
de nécessités militaires, reconnaissent leur responsabilité pour les actes de pillage et de violence commis par
ces forces en dehors des opérations militaires127.
Selon l’article 3 du projet d’articles sur la responsabilité des O.I. pour faits internationalement
illicites adopté par la Commission du droit international (CDI) en 2011, « Tout fait
internationalement illicite d’une organisation internationale engage sa responsabilité ». Il y a « fait
internationalement illicite d’une organisation internationale » lorsqu’un comportement consistant en
une action ou une omission : a) est attribuable à cette organisation en vertu du droit international ; et
b) constitue une violation d’une obligation internationale de cette organisation » (article 4).
La responsabilité de l’O.I. est assumée lorsqu’il y a violation des obligations qui lui incombe. Il y a
violation d’une obligation internationale par une organisation internationale lorsqu’un fait de
l’organisation n’est pas conforme à ce qui est requis d’elle en vertu de cette obligation, quelle qu’en
soit l’origine ou la nature. Cette responsabilité s’applique également à la violation de toute
obligation internationale d’une organisation internationale envers ses membres qui peut découler
des règles de l’organisation (article 10).
La notion d’accountability renvoie, elle, à l’idée de devoir rendre des comptes. Le mot est
abondamment employé dans la littérature anglophone, en particulier en science politique. Ce
126
Voir en ce sens l'art. 215 du Traité d'Amsterdam instituant la Communauté Européenne, art. 288 dans la
version consolidée des Traités sur l'Union Européenne et instituant la Communauté Européenne après l'entrée en
vigueur du Traité d'Amsterdam (V.C.T.U.E).
127
Voir par exemple le cas de certains agents des contingents à la disposition de la MONUC auteurs de violence
et infractions sexuelles dans l'Est de la RDC en 2006-2007.
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concept flou est assez communément entendu dans un sens un peu plus restrictif. Il a ainsi pu être
défini comme « une relation entre un acteur et un forum, dans laquelle l’acteur a une obligation
d’expliquer et de justifier sa conduite, le forum peut poser des questions et adopter un jugement, et
l’acteur peut avoir à en supporter les conséquences128 ».
La mise en œuvre de l’accountability exige alors que soient réunis au moins trois éléments :
- un ensemble de standards au regard duquel une entité doit rendre des comptes ;
- un mécanisme capable de mettre en relation, d’une part, l’entité accountable (comptable de ses
actions) et, d’autre part, ceux qui sont éligibles à demander des comptes (account-holders) et ;
- la capacité du mécanisme à « sanctionner » le non-respect des standards pertinents par l’entité
accountable129.
Même ainsi précisée, la notion d’accountability peut être plaquée sur une étourdissante variété de
situations, tant la palette des standards (moraux, sociaux, économiques, juridiques, etc.) et celle des
mécanismes d’accountability sont susceptibles d’être larges.
Le type d’accountability semble dépendre au premier chef de la nature du rapport existant entre
l’entité qui doit rendre des comptes et ceux qui sont éligibles à en demander. L’accountability est
alors dite juridique quand existe entre eux une relation juridique.
Sous l’angle du droit, l’accountability juridique renvoie d’abord à la responsabilité stricto sensu, où
les standards pertinents sont les règles de droit obligatoire, la relation entre l’entité accountable et
celui qui est éligible à demander des comptes est de nature juridique et délimitée par le droit, et les
conséquences sont une forme ou une autre forme de réparation prévue par le droit.
Le concept d’accountability est pris dans le sens de la soumission des organisations internationales
à des formes de surveillance et de suivi, sans référence aux questions de responsabilité
(responsibility et liability) qui pourraient s’ensuivre. Il s’agit d’amener l’organisation internationale
à accepter que soit examinée sa pratique, tant en interne (l’organisation doit offrir des garanties que
son fonctionnement respecte des principes de bonne gouvernance) qu’en externe (rendre des
comptes aux tiers).
De manière générale, la facette liability (ou responsabilité sans faute) de la responsabilité renvoie à
l’idée selon laquelle une entité doit juridiquement répondre d’un dommage, que ce dommage soit
dû à une violation du droit ou pas, voire dans ces situations prévues par le droit où le fait que les
actes ou omissions de l’entité sont véritablement à l’origine du dommage n’importe pas car le
titulaire de l’obligation de réparer est pré-désigné. La liability renvoie donc à la notion de
responsabilité sans faute tout en constituant un concept plus large.
128
M. Bovens, « Analysing and Assessing Accountability : A Conceptual Framework », European Law Journal, 2007,
vol. 13, p. 449, dans Vanessa RICHARD, « Les organisations internationales entre responsability et accountability : le
régime de responsabilité esquissé par la CDI est-il adapté aux organisations internationales ? », (2013) 1 Rev. Belge
Droit Int. 190-205, 194.
129
R.W. Grant et R.O. Keohane, « Accountability and Abuses of Power in World Politics », American Political Science
Review, 2005, vol. 99, pp. 29-30, dans Id., 194-195.
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La doctrine abondante opine que l’existence de la personnalité juridique empêche que l’on impute,
en principe à l’État membre le comportement ou le fait d’une organisation internationale. A ce
sujet, Fitz Maurice écrit : « La personnalité juridique d’une organisation internationale, condition
préalable pour entrainer sa responsabilité internationale, doit être distincte de celle de ses États
membres »132.
L’organisation est donc titulaire active et passive de responsabilité internationale 133. Les rédacteurs
du projet d’articles sur la responsabilité sont allés plus loin, faisant de la personnalité juridique
internationale un élément constitutif de l’organisation internationale (article 2). La jurisprudence
abonde dans le même sens. En effet, « cet élément, la personnalité juridique, fut ensuite retenu par
la Cour internationale de justice comme critère permettant de reconnaitre des droits et obligations à
130
CIJ, Affaire relative à l’Usine de Chorzów (demande en indemnité), Série A.-N° 9,1927, p.29, en ligne : <www.icj-
cij.org/pcij/serie_A/A_17/54_Usine_de_Chorzow_Fond_Arret.pdf> (consulté le 28 octobre 2019). Ce principe général
du droit international a été codifié par la Commission du droit international dans ses projets d’articles sur la
responsabilité de l’État pour fait internationalement illicite en 2001 à son art.1 et sur la responsabilité des organisations
internationales pour fait internationalement illicite en 2011 à son art.3.
131
Mathias FORTEAU, « La responsabilité des pouvoirs publics étatiques en droit international : les valeurs de
l’approche comparée », dans David RENDERS (dir.), La responsabilité des pouvoirs publics, XXIIème Journée d’Études
juridiques Jean Dabin, coll. "Bibliothèque de la Faculté de droit et de criminologie de l’Université catholique de
Louvain", Bruxelles, Bruylant, 2016, p. 481-530 à la page 495.
132
Il s’agissait d’une formule empruntée par cet auteur dans la définition du terme “international organizationl” qu’il
proposa dans le cadre du droit des traités, Formule citée par la CDI, Annuaire 1956, vol.II,p.110 et par l’Institut de droit
international en 1995 à Lisbonne dans sa résolut sur « Les conséquences juridiques pour les États membres de
l’inexécution par les organisations internationales de leurs obligations envers des tiers », dans (1996) 66 Annuaire de
l’Institut de droit international, Partie II, p.445.
133
Éric DAVID, Droit des organisations internationales, 1ère édition, coll. "Droit international", Bruxelles, Bruylant,
2016, p. 587.
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P a g e | 47
L’organisation internationale est une personne morale. Cela veut dire que le comportement de ses
organes ou de ses agents dans l’exercice de leurs fonctions engage la responsabilité de
l’organisation internationale, quelle que soit leur position dans l’organisation. Ce « comportement
est considéré comme celui de l’organisation même si l’organe ou agent outrepasse sa compétence
ou contrevient aux instructions » (article 8). Il en est de même du « comportement d’un organe
étatique ou celui d’un organe ou agent d’une autre organisation internationale placé à sa disposition
à condition qu’elle exerce un contrôle effectif sur ce comportement » ou du « comportement d’un
tiers qu’elle reconnait et adopte comme sien » (article 7).
Premièrement, on peut souligner les agents et les organes de l’organisation (article 6). L’agent est
pris ici dans son sens le plus large, tel que l’a souligné la CIJ 135. Le terme englobe donc les agents
de facto agissant sous le contrôle, les instructions ou les directives de l’organisation, dès qu’ils sont
soumis à un « degré de contrôle, même informel » ou dont « l’activité est dirigée par les instructions
et placée sous le contrôle de cet organe ». Il doit, selon la jurisprudence, mais être défini à travers la
nature de sa mission ou des tâches opérationnelles. Cela rapproche cette définition de celle contenue
dans l’article 4 du projet d’article sur la responsabilité de l’État qui opine que le droit interne ne
comporte pas nécessairement « une définition exhaustive des organes de l’État ». La responsabilité
est engagée même en cas des « actes ultra vires ». Mais il doit être établi « un lien étroit entre les
fonctions de l’organe ou de l’agent et son comportement »136. Ce lien est inopérant en droit de
conflits armés, domaine où le comportement d’un agent de l’organisation peut être attribué à cette
dernière même en dehors de tout lien fonctionnel137, la CIJ ayant souligné qu’il s’agissait « d’une
134
Lire à ce sujet CIJ, Interprétation de l’Accord du 25 mars 1951 entre l’OMS et l’Égypte, avis consultatif du 20
décembre 1980, Recueil, 1980, p.89, §37.
135
CIJ, Réparations des dommages subis au service des Nations Unies, Recueil 1949, p.177 ; Lire aussi l’article 2 du
Projet d’articles sur la responsabilité des organisations internationales pour fait internationalement illicite.
136
CDI, Rapport sur la 61ème session, doc. A/64/10, p.60
137
Article 3 de la Convention de La Haye de 1907 et 91 du Protocole additionnel.
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P a g e | 48
règle de droit des gens auquel les organisations internationales sont soumises comme les États » 138,
position réaffirmée par l’Institut du droit international139. L’ONU a ainsi, dans le cadre de
l’ONUC140, reconnu la responsabilité pour tous actes dommageables qui ne relevant pas de la
nécessité militaire. L’organisation pourrait se voir ainsi obligée d’une décision ultra vires de ses
organes.
Le critère d’un contrôle effectif sur ce comportement »141 est requis. La rédaction de cette
disposition est justifiée par le fait que les O.I. recourent souvent à des États (membres surtout) et à
d’autres organisations pour accomplir telle ou telle action. Il est de logique que se pose donc la
question de partage de responsabilité, laquelle a fait objet de plusieurs discussions en droit
international. L’organisation d’accueil est seule responsable en principe à condition que l’organe
soit détaché auprès de cette organisation.
La différence avec la responsabilité visée à l’article 6, réside en ce que l’article 7 vise une situation
toute autre, dans laquelle l’organe ou l’agent détaché continue à agir, dans une certaine mesure en
« qualité d’organe de l’État de détachement ou en qualité d’organe ou d’agent de l’organisation de
détachement ».
Dans le cadre des missions de maintien de la paix et c’est le principe, les contingents composant la
mission sont des agents de l’ONU, mais ils agissent aussi comme organe de l’État d’envoi qui
conserve sur eux les pouvoirs disciplinaires et la compétence pénale 142. LONU accepte la
responsabilité dans « les cas où les dommages « seraient dus à une négligence grave ou à une faute
intentionnelle du personnel fourni par le gouvernement » mais le « contrôle qui est exercé dans les
faits » sur le comportement particulier de l’organe ou de l’agent mis à la disposition de l’O.I. reste
déterminant. Ce qui coïncide avec l’article 6 des articles sur la responsabilité de l’État lorsqu’il
énonce que cet organe doit « avoir agi dans les prérogatives de puissance publique de l’État à la
disposition duquel il se trouvait »143.
La « doctrine dominante opine qu’il faut déterminer qui avait effectivement un contrôle sur ledit
comportement »144. Ainsi, il a été jugé que « la décision du colonel qui commandait un contingent
belge de la Mission d’assistance des Nations Unies au Rwanda (MINUAR), d’abandonner de facto
138
CIJ, Activités armées sur le territoire du Congo (RDC c. Uganda), Arrêt, Recueil 2005, p.242, §214.
139
Rés. de 1971 sur les conditions d’application des règles humanitaires relatives aux conflits armées aux hostilités dans
lesquelles les forces des Nations Unies peuvent être engagées.
140
Résolution 143(1960) du 14 juillet 1960 établissant l’ONUC.
141
CDI, Annuaire de la Commission du droit international, 2011, vol II (2), Art.7, p.21.
142
Souvent cela est prévu par l’Accord signé entre l’ONU avec l’État contributeur du contingent, SG A/49/691, §6.
143
CDI, Annuaire de la Commission du droit international, 2001, vol. II(2), p100, plus précisément l’Art. 6 du projet
d’articles sur la responsabilité de l’État.
144
Dans le cas de la Force d’ONUSOM II, il a été soutenu qu’il était difficile d’attribuer à l’organisation la
responsabilité faute de contrôle effectif par elle exercé sur plusieurs contingents nationaux car ces derniers recevaient
des ordres de leurs autorités nationales avant d’exécuter les ordres du commandant des Forces.
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un cas de réfugiés à Kigali en avril 1994 avait était prise ‘sous l’égide de la Belgique’ et non de la
MINUAR »145.
Tout comportement de l’organisation n’engage pas sa responsabilité. Cette dernière ne sera engagée
que si le comportement, consistant en une action ou omission constitue une violation d’une
obligation internationale.
L’obligation peut donc être établie par une norme coutumière, conventionnelle, voire aussi par un
principe général de droit applicable dans l’ordre juridique international. Cela peut avoir une
incidence sur la qualité du sujet pouvant invoquer la responsabilité.
Dire qu’une organisation internationale est responsable de son propre comportement illicite ne
signifie pas que d’autres entités ne peuvent pas elles aussi être tenues responsables pour le même
comportement »146. Les différentes hypothèses dans lesquelles un Etat membre, voire à certains
égards un État tiers, pourrait être tenu responsable du comportement d’une organisation
internationale sont traitées à la cinquième partie du texte codifiant la responsabilité des OI. Ainsi,
pour sa compréhension, nous traitons ci-dessous : le cas d’aide ou d’assistance (§1), des directives
données et contrôle exercé (§2), de la contrainte (§3), du contournement des obligations
internationales (§4) et le cas d’acceptation ou influence à l’égard du tiers lésé (§5). Si dans les trois
premiers cas l’État responsable peut être membre ou non de l’organisation internationale, les deux
derniers visent l’État qui est nécessairement, sans pour autant éventuelle d’un « État tiers ».
145
CDI, Annuaire 2011, vol. II (2), Commentaire de l’art. 7, p.24 citant ainsi la jurisprudence du Tribunal de première
instance de Bruxelles, Mukeshimana-Ngunzira et consorts c. Etat belge et MM.Machal, Dewez, Lemaire, §38, jugement
non publié.
146
Giorgio GAJA, Responsabilité des Organisations internationales, Premier Rapport sur la responsabilité des
Organisations internationales, Document A/CN.4/532, New York, Organisation des Nations Unies, 2003, en ligne :
<http://legal.un.org/ilc/documentation/french/a_cn4_532.pdf> (consulté le 28 octobre 2019).
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§1. Responsabilité des membres pour raison d’aide ou assistance à l’organisation dans la
commission d’un fait internationalement illicite
La commission l’a posé en ces termes : « 1. Un État qui aide ou assiste une organisation
internationale dans la commission par celle-ci d’un fait internationalement illicite est
internationalement responsable à raison de cette aide ou assistance dans le cas où : (a) Il agit en
connaissance des circonstances du fait internationalement illicite; et (b) Le fait serait
internationalement illicite s’il était commis par cet État ; 2. Un fait commis par un État membre
d’une organisation internationale conformément aux règles de l’organisation n’engage pas, entant
que tel, la responsabilité internationale de cet État selon les termes du présent articles »90.
Partant de l’esprit des termes de cette disposition, il se dégage que l’auteur (OI) reste responsable
du fait internationalement illicite alors que l’État l’est par la violation d’une règle primaire
consistant à en avoir assisté ou aidé.
La deuxième hypothèse de la responsabilité des États membres pour le fat internationalement illicite
pour le comportement de l’organisation vise le fait qu’un État, dans la commission dudit fait, dirige
ou contrôle l’organisation internationale : « 1. Un État qui donne des directives et exerce un
contrôle à l’égard d’une organisation internationale dans la commission par celle-ci d’un fait
internationalement illicite est internationalement responsable de ce fait dans le cas où : (a)Il agit
en connaissance du fait internationalement illicite, et (b) Le fait serait internationalement illicite
s’il était commis par cet État. 2. Un fait commis par un État membre d’une organisation
internationale conformément aux règles de l’organisation n’engage pas, en tant que tel, la
responsabilité internationale de cet État selon les termes de ce projet d’article » 94.
Il n’est pas exigé, si l’on scrute la disposition, qu’il y ait contrôle général. Elle vise également et
surtout le contrôle exercé sur un cas bien déterminé, se rapportant aux comportements spécifiques.
Bien que la commission n’indique pas le sens de ces deux qualificatifs, ces derniers peuvent être
expliqués en recourant aux commentaires de ladite commission relatifs à l’article 17 sur la
responsabilité de l’État qui souligne que : « L’expression ‘exerce un contrôle’ renvoie à l’exercice
d’une domination sur un comportement illicite. Celle de donner des directives sous-tend une
direction effective opérationnelle ». De ces termes, nous pouvons, avec Lagrange, en déduire que
l’État n’engagera sa responsabilité tant que n’est pas démontré son contrôle si entier sur
l’organisation que « celle-ci n’agisse que comme instrument ou organe de l’État »147.
147
Évelyne LAGRANGE, La responsabilité institutionnelle dans l’ordre international, Haye, Londres et New York,
Kluwe Law International, 2002, p. 333 ; Voir également Évelyne LAGRANGE et Jean-Marc SOREL (dir.), Traité de
droit des organisations internationales. Droit des organisations internationales, coll. "Traités", Paris, L.G.D.J., 2013.
Droit international public I : Les O. I.
P a g e | 51
§3. Responsabilité résultant de l’exercice par l’État de la contrainte sur une O.I.
De l’analyse de l’article 60 du projet d’articles sur la responsabilité des O.I., il est prévu qu’: « Un
État qui contraint une organisation internationale à commettre un fait est internationalement
responsable de ce fait dans le cas où : (a) Le fait constituerait, en l’absence de contrainte, un fait
internationalement illicite de l’organisation internationale soumise à la contrainte, et (b) L’État qui
exerce la contrainte agit en connaissance des circonstances». Cet article vise donc la contrainte
exercée dans les mêmes circonstances que celles visées à l’article 16, les deux dispositions étant
inspirées de l’article 18 des articles sur la responsabilité de l’État pour fait internationalement
illicite.
La conséquence est donc l’existence d’une responsabilité doublée dans le chef de l’État qui
contraint. « A l’égard des tiers, sa responsabilité découle non pas de la contrainte, mais du
comportement illicite résultant du fait de l’organisation contrainte. La responsabilité pour la
contrainte elle-même est celle de l’État qui l’exerce vis-à-vis de l’organisation sur laquelle il
l’exerce. Mais concrètement, l’article 60 envisage la responsabilité de l’État qui exerce la contrainte
vis-à-vis de la victime du fait résultant de la contrainte »148.
L’autre possibilité pour l’État d’engager sa responsabilité du fait d’une organisation internationale
résulte de l’hypothèse d’après laquelle : « 1. Un État membre d’une organisation internationale
engage sa responsabilité internationale si, en se prévalant du fait que l’organisation est
compétente relativement à l’objet d’une des obligations internationales de cet État, il contourne
cette obligation en amenant l’organisation à commettre un fait qui, s’il avait été commis par cet
État, aurait constitué une violation de cette obligation. 2. le paragraphe 1 s’applique que le fait en
question soit ou non internationalement illicite pour l’organisation internationale ».
Trois conditions peuvent être retenues pour que l’État engage sa responsabilité : l’O.I. doit disposer
des compétences, objet du contournement, existence d’un lien avec le comportement de l’État et le
fait illicite, et ce dernier serait illicite s’il émanait de l’État. L’existence de devra être prouvée même
s’il est admis qu’elle est implicitement contenue dans l’emploi du terme « contournement » et
« amenant » contenus dans le texte. Il n’en serait pas donc ainsi si le « fait doit être considéré
comme le résultat non voulu de l’État membre. En plus, cet article ne vise pas les seuls cas dans
lesquels l’État membre peut être considéré comme outrepassant ses droits »149.
148
CDI, Annuaire 2011, pp.175-176. Cela est justifié car la contrainte ne saurait exonérer l’État qui en est auteur sans
pour autant priver la victime de toute possibilité de recours.
149
L’Institut de droit international a, dans une résolution adoptée en 1995 en son alinéa (b) de l’article 5 fait remarqué à
propos des conséquences juridiques pour les États membres de l’inexécution par des organisations internationales de
leurs obligations envers des tiers que dans des circonstances particulières les États membres peuvent être tenus
responsables desdites obligations en application d’un principe général du droit international tel que l’abus des droits.
Annuaire de l’Institut de droit international, vol.66.II (1996), p.445, en ligne : <www.legal.un.org/ilc/sessions/61/pdfs/
french/2009_rio_articles_and_commentaries.pdf>.
Droit international public I : Les O. I.
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L’État engagera sa responsabilité, que le fait en question soit illicite ou non dans le chef
l’organisation internationale (article 61). Cela suppose qu’il y aura des cas où l’État et l’OI
engagent leur responsabilité et les cas où seule la responsabilité de l’État est engagée lorsqu’il y a
contournement de l’obligation quand l’organisation n’y est pas tenue.
La règle est posée à l’article 62 :« 1. Un État membre d’une organisation internationale est
responsable à raison d’un fait internationalement illicite de cette organisation dans le cas où : (a) il
accepte la responsabilité pour ce fait envers la partie lésée ; ou (b) Il a amené un tiers à se fonder
sur sa responsabilité. 2. Toute responsabilité d’un État en vertu du paragraphe 1 est présumée
avoir un caractère subsidiaire ».
Il importe donc d’analyser les deux cas visés par cette disposition, à savoir : l’acceptation de la
responsabilité (I) et le comportement déterminant de l’État à l’égard du tiers (II), sachant bien que
les « États membres peuvent aussi être responsable en vertu des articles sur la responsabilité de
l’État pour fait internationalement illicite ».
Il n’est pas interdit qu’un État accepte la responsabilité du fait d’une organisation internationale. Il
doit alors le faire d’une manière explicite. Bien que codifiée en 2011, on rencontre pareille
prévision dans certains traités constitutifs antérieurs.
Dans la Convention de 1972 sur la responsabilité pour les dommages causés par des engins
spatiaux, une responsabilité solidaire de l’organisation et de ses membres est établie, la demande en
réparation devant être premièrement adressée à l’organisation150. A l’inverse, d’autres l’excluaient
expressément, « (…) Aucun membre n’est responsable du seul fait de son appartenance au fonds,
des actes du fonds ou des obligations contractées par celui-ci », « (…) Aucune partie n’encourt de
responsabilité individuelle pour les actes et les obligations d’EUTELSAT, sauf si ladite
responsabilité résulte d’un traité auquel cette partie et l’Étant demandant réparation sont parties ».
L’article 62, §1, (b) prévoit une hypothèse particulière. Il s’agit de celle où l’État a « amené le tiers
à se fonder sur sa responsabilité ». Cela se réalise lorsque l’État a créé dans le chef du tiers une
confiance légitime sans laquelle il n’aurait pas traité avec l’organisation. Les membres ont amené le
tiers à supposer raisonnablement qu’ils se substitueraient à l’organisation responsable si celle-ci
n’avait pas les fonds nécessaires pour réparer le préjudice.
Cette hypothèse visée à l’alinéa 2 de l’article 62 voudrait que cette responsabilité ne repose pas
nécessairement sur une acceptation tacite mais qu’elle peut être déduite des circonstances qui ne
peuvent être considérées comme l’expression d’une intention des États membres de se lier, cette
150
Convention sur la responsabilité pour les engins spatiaux de 1972.
Droit international public I : Les O. I.
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intention pouvant être déduite d’un nombre réduit des membres. Le tiers lésé dont question pourra
être soit un État, une organisation internationale.
2ème PARTIE
ETUDE PRATIQUE DE QUELQUES ORGANISATIONS INTERNATIONALES
151
L’art.33 §2 du Projet d’articles sur la responsabilité des États dispose que: « La présente partie est sans préjudice de
tout droit que la responsabilité internationale de l’État peut faire naitre directement au profit d’une personne ou d’une
entité autre qu’un État ». Il s’agit donc d’une clause de sauvegarde sous le model de laquelle est façonné l’alinéa (b) du
§1 de l’art. 62 du projet d’article sur la responsabilité des organisations internationales.
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Au plan politique, une Organisation à vocation universelle est créée conformément au quatorzième
point du fameux message au Congrès du président américain, W. Wilson, du 08/01/1918 : c'est la
Société des Nations (SDN) dont le Pacte, annexé aux Traités de paix de 1919, établit une structure
complexe, reposant sur l'équilibre des intérêts de grandes et de petites puissances. Elle sera installée
à Genève.
Parallèlement, cette période est marquée par l'essor des aspirations régionalistes qui ne se
concrétiseront malheureusement pas en Europe, mais qui permettront, en Amérique, le
renforcement de l'union panaméricaine.
Au plan technique, l'expérience des fédéralismes administratifs prônée par le Pacte a échoué, les
anciennes Unions administratives n'ayant pas accepté d'entrer dans une structure intégrée à la SDN.
A défaut, des nombreux organismes techniques seront créés sous les auspices de la SDN dont
notamment l'Organisation Internationale du Travail (OIT), établie par la partie XII du Traité de
Versailles.
Enfin, depuis 1945, la seconde guerre mondiale, tout en faisant prendre conscience de l'absolue
nécessité d'une coopération internationale qui permettrait de prévenir de nouveaux conflits
mondiaux, créait les conditions d'une collaboration fructueuse des États.
Au plan universel, la Charte des Nations Unies, adoptée à San Francisco le 26 juin 1945, s'efforce
de tirer les leçons de faiblesses de la SDN. Les principes de base sont conservés et développés, mais
les structures, les modes de fonctionnement et les compétences de l'ONU diffèrent assez
sensiblement de ceux de l'Organisation de Genève.
La coopération technique est revivifiée : les plus importantes Organisations préexistantes ou créées
après la guerre sont groupées dans le « système des Nations Unies », expression qui traduit à elle
seule l'ambition d'unification ou au moins, de coordination étroite des institutions techniques 152.
Plus ou moins quinze Institutions spécialisées, Organisations indépendantes mais reliées à l'ONU
par des accords, couvrent à peu près tous les aspects techniques et culturels de la vie sociale 153.
152
Plusieurs autres Organisations qui ne sont pas qualifiées d'Institutions spécialisées, font cependant partie du système
des Nations Unies en vertu d'accords particuliers. C'est le cas de l'Agence Internationale de l'Énergie Atomique (AIEA),
créée en 1956 ; de l'Organisation Mondiale du Tourisme (OMT) dont les statuts adoptés en 1970, sont entrés en vigueur
en 1975. Il en est de même de la Cour Pénale Internationale (CPI) dont le statut a été adopté en 1998 et de l'OMC créée
par l'Accord de Marrakech en 1994.
153
Il s'agit notamment des L'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI), créée par la conférence de Chicago
en 1944, l'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture (OAA ou FAO) créée par la conférence de Hot Springs de
1945, l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) créée par la conférence de
1945, le Fonds monétaire international (FMI) créé par la conférence des Bretton Woods de 1944, la Banque
internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) créée par la conférence de Bretton Woods de 1944,
l'Organisation mondiale de la santé (OMS) créée par la conférence de New York de 1946, l'Organisation Internationale
du travail (OIT) organisée en 1946 par la conférence de Philadelphie, l'Union internationale de télécommunication
réorganisée en 1947 à Atlantic City, l'Union postale universelle (UPU) réorganisée en 1947 et en 1964 à Vienne,
l'Organisation météorologique mondiale (OMM) réorganisée par la convention de Washington de 1947, l'Organisation
Droit international public I : Les O. I.
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Dans le même temps, les solidarités régionales à la fois géographique et idéologique, se sont
considérablement renforcées tant entre les pays occidentaux 154 qu'entre États du tiers monde, sans
compter les Organisations de solidarité entre États développés et sous-développés.
De toutes ces diverses et multiples Organisations Internationales, seules seront examinées, pour des
raisons liées à la fois aux exigences académiques (volume horaire du Cours) et pédagogiques
(illustration), à titre d'Organisation universelle, que l'Organisation des Nations Unies (ONU)
(chapitre I) et comme Organisations régionales (chapitre II), que l'Union Africaine (UA) avec ses
prolongements sous-régionaux que constituent la CEAC et la SADC dont fait partie la RDC.
D’autres Organisations seront développées dans le cadre des travaux pratiques par chacun des
groupes des étudiants.
intergouvernementale consultative de la navigation maritime (OMCJ) créée à Londres en 1948 et devenue Organisation
maritime internationale (OMI) après l'entrée en vigueur des amendements de 1975, la Société financière internationale
(SFI) filiale de la BIRD créée à Washington en 1955, l'Association internationale pour le développement (AlD) ou (IDA),
autre filiale de la BIRD créée à Washington en 1960, l'Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI)
créée par l'Acte de Stockholm en 1967, le Fonds international pour le développement agricole (FlDA) créée à Rome en
1976 et l'Organisation des Nations Unies pour le développement industrielle (ONUD) créée par la résolution 2152
(XXI) de l’Assemblée générale des Nations Unies.
154
Cas de l'intégration européenne d'abord au sein des communautés européennes et ensuite au sein de l'Union
Européenne ; de l'OTAN, de l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économique), de
l'AIE (Agence Internationale de l'Energie), de l'association de libre-échange d'Amérique du Nord (ALENA),
de l'OUA devenue UA, de l'Organisation des pays exportateurs du pétrole (OPEP) et de toutes les
Organisations économiques régionales ou sous-régionales en Afrique et en Amérique Latine.
Droit international public I : Les O. I.
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Chapitre I :
L'ONU apparaît comme le modèle le plus caractéristique de toutes les Organisations Internationales
universelles en raison notamment de l'importance du nombre de ses membres et de la pluralité de
même que de la diversité des fonctions qu'elle se propose de remplir. Pourtant, elle trouve ses
origines dans la Société des Nations qu'elle a remplacée, elle-même l’aboutissement de multiples
Traités de paix conclus avant sa création155.
N’existant plus, l’étude de la SDN ne sera pas étudiée ici, mais elle fait partie des travaux que
présenteront les étudiants dans le cadre des travaux pratiques. Les autres Organisations universelles,
constituant particulièrement les branches spécialisées des Nations Unies feront également l’objet
des travaux des étudiants. Seule l’Organisation des Nations Unies (ONU) fera l’objet d’étude en
tant qu'Organisation Internationale universelle.
L'ONU apparaît comme le résultat inéluctable du déséquilibre socio-éconornico-politique survenu à
la suite d'innombrables problèmes posés notamment par les guerres ou même antérieur à celles-ci.
Et lorsqu'elle est créée sur les décombres de la SDN, des organes assez bien définis dans leur
structure comme dans leurs compétences lui sont dotés. Plusieurs buts et finalités lui sont assignés
qui cependant, se ramènent au désir de sauvegarder la paix et la sécurité internationale en vue de
favoriser le progrès social et d'instaurer des meilleures conditions de vie156.
La création de l'ONU paraît comme une réaction aux causes de l'échec de la SDN. Sa constitution
est passée par plusieurs phases allant des travaux préparatoires à la Conférence de San Francisco en
passant par la Déclaration de Washington, les Conférences de Moscou et de Téhéran, les
Propositions de Dumbarton Oaks et la Conférence de Yalta157.
C'est alors que le président américain Roosevelt ainsi que le premier ministre anglais Churchill
entamèrent des discussions à ce sujet dont les conclusions furent condensées dans un document
célèbre signé le 14 août 1941 sous la dénomination de « Charte de l'Atlantique ». Six phases donc
marquent le processus de création de l'ONU.
155
De ces traités, on peut citer le traité de la Sainte Alliance entre la Russie, Prusse, l'Autriche et la Grande
Bretagne signé le 20/ 11/1815 à l'issue du congrès de Vienne.
156
Voir le préambule de la Charte de l'ONU.
157
Remarquons que déjà au cours de la seconde guerre mondiale, les nations opposées aux puissances de l'Axe « Rome
– Berlin » furent désignées sous l'appellation des « Nations Unies ». Au fur et à mesure que la guerre s'étendait, d'autres
nations de plus en plus nombreuses, la guerre prit fin, plus de cinquante États appartenaient aux « Nations Unies ».
Droit international public I : Les O. I.
P a g e | 57
- l'on décida de la création des Organisations Internationales qui permettraient aux « Nations
Unies » d'étudier les problèmes délicats liés à la paix internationale afin d'arriver à une solution.
Cette Charte avait le mérite d'énoncer quelques grands principes démocratiques devant gouverner la
paix à l'échelle internationale. Parmi ces principes, l'on peut citer : la renonciation à toute politique
d'expansion territoriale ; le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes ; le droit des peuples à se
choisir un gouvernement ; l'accès de tous les États sur un pied d'égalité au commerce international
ainsi qu'aux sources de matières premières ; la collaboration entre toutes les nations sur le plan
économique ; la nécessité de créer un système de sécurité générale fondé sur la renonciation à
l'usage de la force et sur le dévouement.
La Déclaration de Washington du 1 er janvier 1942 marqua une étape décisive dans l'évolution des
Nations Unies. Aux termes de cette Déclaration, les Nations Unies souscrivaient à l'espoir exprimé
dans la Charte de l'Atlantique de « voir s'établir une paix qu'offrira à toutes les nations les moyens
de demeurer en sécurité à l'intérieur de leurs propres frontières, une paix qui apportera à tous les
hommes, dans tous les pays l'assurance de mener une vie normale libérée de la peur et du
besoin »158. Toutefois, contrairement à la Charte de l'Atlantique, la Déclaration de Washington
demeura marquée par des préoccupations militaires et fut centrée sur la conduite de la guerre. Elle
fut aussi marquée par les désirs de grandes puissances alliées de constituer une communauté des
Nations Unies en vue de « défendre la vie, la liberté, l'indépendance et la liberté religieuse aussi
bien que pour conserver les droits humains el la justice »159.
Les « Nations Unies» tinrent ensuite une série de conférences au cours des années de sombre
mémoire durant lesquelles la victoire, liée intimement à la cessation des hostilités, était encore
tragiquement lointaine. Le but de ces rencontres fut sans doute le souci de trouver un mécanisme
par lequel les diverses nations pouvaient maintenir la coopération internationale même après
seconde guerre.
158
Leland M. GOODRICH et André-Marie GUYNAT, Commentaire de la Charte des Nations Unies, Neuchâtel, La
Baconnière, 1948, p. 12-13.
159
Jurisclasseur de droit international, fascicule 120, n°15, dans BALANDA MUKUIN LELIEL, préc., note 15, p. 182.
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La même année, on se réunit à Téhéran. A l'issue des travaux, on reconnut que les Nations Unies
avaient pleinement conscience de la responsabilité que leur incombait « d'édifier une paix à laquelle
soit acquis le bon vouloir de la majorité des peuples et qui bannisse du monde pour des nombreuses
générations le fléau de la guerre et des terreurs que ce fléau inspire ».
Toutefois, les propositions de Dumbarton Oaks laissaient sans solution un certain nombre de points
dont celui capital relatif à la procédure de vote au « Conseil de sécurité » prévu dans cette
Organisation mais qui n'avait pas été spécifié. On était convenu qu'il y aurait aussi une Cour de
Justice Internationale, mais sans trancher la question de savoir si celle-ci serait « permanente de
justice internationale » comme celle autrefois attachée à la SDN ou plutôt une Cour entièrement
nouvelle. Les propositions ne se prononçaient pas davantage sur la nature des compétences à
160
L. M. GOODRICH et A.-M. GUYNAT, préc., note 158, p. 13.
161
Jean- Baptiste DUROSELLE explique ces modifications en ces termes : « Il ne pouvait être question de ressusciter
purement et simplement la SDN ; son échec était patent et l'effet psychologique de sa reconstitution eut été
probablement désastreux. De plus, l'URSS qui en avait été exclu en décembre 1939, s'opposait énergiquement à sa
résurrection. L'idée vint donc de créer une Organisation toute nouvelle », cité dans G. KISHIBA FITULA, préc., note
17.
Droit international public I : Les O. I.
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attribuer à la future Cour. Plus encore, aucune disposition ne visait l'administration des territoires
qui ne se gouvernaient pas eux-mêmes bien que la question eût été largement traitée dans le Pacte.
Toutes ces questions, comme tant d'autres encore, restèrent en suspens jusqu'à la réunion de la
Conférence de Yalta et même jusqu'à celle de San Francisco pour certaines d'entre elles 162.
162
J.-Be DUROSELLE, cité dans Id.
163
L. M. GOODRICH et A.-M. GUYNAT, préc., note 158, p. 19.
164
Il s'agissait de quarante-six États membres de la Charte de l'Atlantique en plus du Brésil, de la Biélorussie, du
Danemark et de l'Ukraine.
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Cependant, il manquait encore une formalité : pour entrer en vigueur, la Charte devait être ratifiée
par les gouvernements d'au moins vingt-neuf nations. Les USA furent le premier à accorder leur
ratification, la vingt-neuvième nation étant l'URSS qui ratifia la Charte le 24 octobre 1945. Dès lors,
la Charte devint partie intégrante des instruments du droit international. L'ONU fut ainsi créée et
son siège fut installé à New York au quartier principal du Manhattan ; mais sa première session fut
organisée à Londres le 10 janvier 1946.
La Charte constitutive des Nations Unies est un acte multilatéral à valeur constitutionnelle dont les
principes et objectifs créent un réseau d'obligations réciproques entre États membres. Elle contribue
ainsi au développement, à la transformation et à la réorganisation du droit international public dans
la mesure où elle établit des bases et principes nouveaux pour les relations entre États, lesquelles
devront désormais s'exercer dans le cadre d'un ordre juridique nouveau.
S'agissant des buts, ceux-ci se trouvent définis dans le préambule ainsi que dans le chapitre premier
de la Charte. Celle-ci distingue quatre buts principaux correspondants aux principales activités de
l'Organisation. Il s'agit de :
Préserver les générations futures du fléau de la guerre qui « deux fois en l'espace d'une vie
humaine, a infligé à l’humanité d'indicibles souffrances » (préambule de la Charte) ; le maintien
de la paix (article 1er §l) et de la sécurité internationale constitue donc, ainsi que dans le Pacte de
la SDN, la raison d'être de la création de l'ONU.
Réaliser la coopération internationale en résolvant les problèmes internationaux d'ordre
économique, social, intellectuel et humanitaire, en développant et en encourageant le respect de
droits de l'homme et des libertés fondamentales pour tous sans distinction des race, de sexe, de
langue ou de religion (article 132).
La promotion et le respect des droits de 1 'homme par tous les peuples. La Charte n'indique
malheureusement pas les moyens nécessaires à la réalisation de ce but. Cette charge est ainsi
laissée au Conseil économique et social ainsi qu'à l'Assemblée générale principalement.
Développer entre les Nations des relations amicales fondées sur le respect du principe de l'égalité
de droits de peuples et de leurs droits à disposer d'eux-mêmes. Cette finalité tout comme
certaines autres encore constituent des simples énonciations au bénéfice desquelles aucun moyen
165
Cette Commission devait notamment régler la question des élections des membres non permanents du Conseil de
sécurité, celle des juges à la CIJ, celle du règlement intérieur des organes principaux, celle du rattachement à l'ONU des
Institutions spécialisées, celle liée à l'Organisation du Secrétariat et au statut du personnel, celle relative au régime
financier de l'Organisation projeté, ainsi que celle liée aux problèmes posés par la liquidation de la SDN.
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de mise en œuvre n'a été prévu par la Charte. Il s'agit entre autre d'établir la justice et d'assurer le
respect du droit international public, de pratiquer la tolérance et le voisinage, de prendre des
mesures appropriées pour promouvoir la paix universelle, d'être le centre d'harmonisation entre
États où les différents buts et objectifs de la Charte seront réalisés.
L'ONU étant née par réaction contre le fascisme et le totalitarisme, la Charte de San Francisco a
préconisé certains principes tels que libéralisme, l'individualisme politique, le respect des droits de
l'homme166 ; l'égalité des droits entre l'homme et la femme, le relèvement du niveau de vie, le plein
emploi, le développement économique et social ...
Tout en apportant certaines innovations, la Charte de l'ONU n'a pas innové dans tous les domaines ;
c'est ainsi qu'elle a parfois rappelé quelques principes fondamentaux du droit des gens. C'est autant
dire que la Charte n'entend pas s'écarter du droit international général en plus des principes qu'elle
énonce.
Le préambule contient la première allusion au droit international public : les Nations Unies se
déclarent résolues « à créer les conditions nécessaires au maintien de la justice et du respect des
obligations créées des Traités et autres sources du droit international » 167. De la sorte, l'article 2
énonce que l'ONU et ses membres, dans la poursuite de leurs objectifs, agissent selon ces
principes :
Le principe de l'égalité souveraine de tous les États membres 168. Il s'agit du principe le plus
fondamental dans les relations internationales actuelles. Faisant référence à la souveraineté des
États, ce principe entend signaler que tous les États sont juridiquement égaux, cette égalité leur
permettant d'acquérir des droits et des obligations. Toutefois, ce principe n'empêche pourtant pas
que, afin de créer un système de sécurité collective une certaine inégalité soit consentie au profit
des grandes puissances jouissant du droit de veto. L'inégalité se rend aussi manifeste à travers les
contributions financières au fonctionnement de l'ONU, certains États disposant des moyens
beaucoup plus importants que d'autres.
Le principe de non-recours à la force et du règlement pacifique des différends (Article 2 §3). Ce
principe se trouve d'abord affirmé dans le préambule de la Charte, les Nations Unies s'engagent à
accepter des principes et instituer des méthodes garantissant qu'il ne sera pas fait usage de la
force des armes sauf dans l'intérêt commun ». L'interdiction du recours à la force oblige en
conséquence le recours aux techniques de règlement pacifique des différends prévues à l'article
33 de la Charte: négociation, enquêtes, médiation, conciliation, arbitrage" règlement judiciaire et
tout autre moyen de règlement pacifique. Cette interdiction se trouve renforcée par l'engagement
des États de ne pas recourir à la force ni à la menace de l'emploi de la force (article 2 §4) sauf
166
Voir préambule, art. 1, 12,55 et 62 de la Charte
167
Voir encore préambule de la Charte.
168
Ce principe est affirmé à l'alinéa 2 du préambule en application de celui-ci, sera élaboré tout le programme de la
décolonisation, de j'assistance aux pays en développement alors que le principe de la non-ingérence dans les affaires
intérieures des États n'est qu'une application du principe de l'égalité. Il s'agit ici de l'égalité sur le plan du droit.
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dans le cas de la mise en œuvre de la légitime défense individuelle ou collective comme prévue à
l'article 51 de la Charte.
L'obligation faite aux membres de veiller à l'exécution des actions coercitives entreprises dans le
cadre des Nations Unies et de ne pas assister l'État contre lequel ces actons seraient entreprises.
De ce fait, les États ont une responsabilité collective pour aider les États non membres des
Nations Unies à se conformer aux principes de règlement pacifiques des différends et de
maintien de la paix et de la sécurité internationale169.
Le principe de bonne foi (article 2 §2). En vertu de ce principe, les États membres s'engagent à
respecter les obligations expressément stipulées dans la Charte mais également celles qui en
constituent le prolongement logique. Il s'agit là d'une règle générale du droit des Traités.
La clause de la compétence nationale ou principe de Non-Ingérence. Il s'agit de la
reconnaissance de la théorie du domaine réservé à la souveraineté exclusive de chaque État tel
que le prévoit l'article 2 §7 de la Charte. Celle-ci ne détermine cependant pas l'autorité habilitée
à décider de ce qui relève ou non de la compétence exclusive des États. Il appartient ainsi aux
États eux-mêmes d'en décider. Il est tout aussi difficile d'établir une nomenclature des questions
qu'on pourrait considérer comme « réservées ». Ne peut toutefois être considérée comme une
violation du principe ainsi énoncé, les mesures de coercition que le Conseil de sécurité peut
prendre en application du chapitre VII de la Charte en vue du maintien de la paix et de la
sécurité internationales170.
La Charte énonce plusieurs autres principes encore, soit dans le préambule soit dans son dispositif.
Il en est ainsi de certains principes du droit international humanitaire, de droits fondamentaux de
l'homme (égalité de l'homme et de la femme), de l'égalité des peuples et de leurs droits à disposer
d'eux-mêmes, de la non atteinte au droit naturel de légitime défense individuelle ou collective en cas
d'agression et de certains principes découlant des dispositions diverses des articles 102 à 105 de la
Charte et devant être détaillés dans des Traités complémentaires171.
L'étude de la structure organique de l'ONU suppose que soient préalablement précisés certains
aspects spécifiques liés à la nature même de cette Organisation. Il s'agit de sa personnalité juridique,
de sa composition et de la représentation des États membres en son sein.
L'ONU, en tant que personne morale de droit international, possède une double personnalité
juridique :
une personnalité juridique de droit interne expressément prévue par l'article 104 de la Charte et
169
Ce principe n'était en partie que transitoire, la quasi-totalité des États étant devenus membres de l'ONU.
170
G. KISHIBA FITULA, préc., note 17.
171
Ces principes sont relatifs notamment à la notification et à l'enregistrement des traités internationaux conclus entre
États membres des Nations Unies en vue de leur publication au secrétariat, à la capacité juridique de l'Organisation en
vue de lui permettre d'exercer son activité sur le territoire des États membres ; les, privilèges et immunités dont jouit
l'Organisation dans l'exercice de ses compétences.
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une personnalité juridique de droit internationale non expressément prévue mais impliquée par la
Charte172.
En vertu de l'article 104 précité, l'ONU jouit sur le territoire de chacun de ses membres, de la
capacité juridique qui lui est nécessaire pour exercer ses fonctions et atteindre ses buts. Et la
Convention sur les privilèges et immunités des Nations Unies, approuvée par l'Assemblée générale
le 13 février 1946 reconnaît, elle aussi, la personnalité juridique interne à l'ONU. En son article 1 er,
elle précise même les droits attachés à cette personnalité. Il s'agit de la capacité de contracter,
acquérir et vendre des biens immobiliers et mobiliers, ester en justice173.
L'ONU a la personnalité internationale et est, à ce titre, titulaire des droits et des obligations. Aussi,
la CIJ a-t-elle confirmé cette proposition dans son avis du 1l avril 1949 précédemment évoqué
relatif à la réparation des dommages subis au service des Nations Unies.
Cette personnalité emporte pour l'ONU les droits et devoirs suivants :
droit de présenter des réclamations internationales174 ;
droit de conclure des accords internationaux avec les États en vertu de l'article 43 de la Charte et
avec les Institutions spécialisées en vertu de l'article 63 de la Charte ;
faculté d'entretenir avec les États des relations de nature diplomatique soit le droit de légation
passive et active. Il s'agit pour l'ONU de recevoir des représentants permanents et des
observateurs et de la possibilité d'envoyer des représentants spéciaux auprès des États membres
pour des missions temporaires dans le cadre de ce que l'on appelle « la diplomatie tranquille» 175
ou des agents pour des missions permanentes.
Cette faculté entraîne aussi pour l'ONU l'éventualité d'engager sa responsabilité internationale
pour acte illicite176.
La Charte de l'ONU distingue deux catégories de membres : les membres originaires (article 3) et
les membres admis (article 4 de la Charte). Cette distinction n'a aucun effet pratique sur le Statut de
chaque membre par rapport à l'Organisation. Cependant, les modalités d'acquisition de la qualité de
membre ne concernent que les membres non originaires. Celles-ci sont prévues à l'article 4 qui,
172
V. de P. LUNDA BULULU, préc., note 10, p. 86.
173
Idem, p. 87.
174
Ce droit est limité dès lors que la personnalité internationale de l'ONU est elle- même limitée à la nature de ses
fonctions supposons-nous (voir Recueil de la CIJ 1949, p. 180 cité par LUNDA BULULU, op.cit., p. 86).
175
LUNDA BULULU, op.cit. p. 86.
176
Tel fut le cas de l'indemnisation des ressortissants belges pour les dommages subis du fait des activités militaires des
troupes de l'ONUC. Cette indemnisation avait été effectuée en vertu des accords SPAAK- UTHANT du 20 février
1965.
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Un État peut être suspendu de sa qualité de membre de l'ONU selon les prescriptions de l'article 5
de la Charte. Si les conditions de forme sont les mêmes que celles de l'admission, une seule
177
V. de P. LUNDA BULULU, préc., note 10.
178
Il est vrai qu'aujourd'hui, l'ouverture de l'ONU est quasi automatique ; mais cette situation est le résultat d'une longue
évolution. Jusqu'en 1955, en raison des divergences entre grandes puissances dans le cadre de la guerre froide, les
admissions se produisaient à compte-gouttes et l'ONU offrait l'image d'une institution fermée, en contradiction flagrante
avec sa vocation à l'universalité. Depuis l'admission en bloc de 16 États (principe du « Package deal » consacré par la
résolution 918 (X) du 8 décembre 1955 de l'Assemblée générale sur proposition du Conseil de sécurité), la situation
s'est inversée. Tous les nouveaux États, y compris les « micro-États », qu'ils soient ou non issus de la décolonisation
(admission du Lichtenstein, de Monaco, du Saint Marin et d'Andorre), ont été admis de façon quasi automatique. Pour
ces États, on a consacré en fait, un véritable droit à la participation aux Nations Unies. Les quelques exceptions ont été
et sont de séquelles de la guerre froide : les deux Allemagnes jusqu'en 1972, le Vietnam jusqu'en 1977, les deux Corées
avant 1 991. L'Assemblée générale a toutefois manifesté son mécontentement pour les retards apportés à l'entrée de
certains États, enjeux et symboles de la guerre froide (résolutions 3366 (XXX) et 3li21 à propos du veto des USA à
l'encontre du Vietnam en 1972 et en 1976); elle a fini par obtenir satisfaction; pourtant il n'est pas certain à considérer
les difficultés rencontrées par le Bangladesh (veto de la Chine en 1972 et 1973) et dans une moindre mesure, par la
Macédoine, que cette pratique sera confirmée par des nouveaux États à venir. Vr ce commentaire dans G. KISHIBA
FITULA, préc., note 17.
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condition de fond est prévue : le membre doit être sous l'empire d'une action préventive ou
coercitive, déclenchée par le Conseil de sécurité.
La perte de la qualité se réalise soit du fait de l'exclusion soit du retrait. L'exclusion est organisée à
l'article 6 de la Charte qui arrête comme condition de fond le fait d'enfreindre « de manière
persistante, les principes énoncés dans la présente Charte ».
Quant au retrait, la Charte ne l'envisage pas. Mais, en vertu d'une déclaration interprétative du texte
adoptée à San Francisco, il est admis qu'un État peut quitter l'ONU. Nous pouvons noter le cas de
l’Indonésie qui s’était retiré des Nations Unies à travers sa lettre du 20 janvier 1965, vingt ans après
la création de l’ONU, au motif que la « Malaisie » néo-colonialiste a été appelée à siéger comme
membre du Conseil de sécurité179.
Par ailleurs, l'ONU étant fondée sur un Traité multilatéral, l'on ne doit pas perdre de vue qu'un État
ne peut pas être obligé de rester membre d'une Organisation Internationale.
Les membres sont représentés par les délégués dans les organes de l'ONU où siègent les
gouvernements. Cette représentation n'est pas expressément prévue pour tous les organes de la
Charte sauf pour le Conseil de sécurité (article 28 §1). Cependant, tous les États membres
entretiennent une représentation permanente auprès de l'ONU, généralement assimilée à une
ambassade180. L'État est représenté par des délégués nommés par le gouvernement. Et en cas de
changement de gouvernement à la suite d'un coup d'État ou d'une révolution, le nouveau
gouvernement nomme habituellement d’autres représentants.
Mais, la situation peut se compliquer lorsque deux gouvernements coexistent sans que l'effectivité
de l'un prime sur celle de l'autre. Et chacun d'eux se fait représenter par sa délégation ou plus
exactement chaque gouvernement prétend que seule sa délégation est habilitée à parler au nom de
l'Assemblée du pays. Pour résoudre ce genre de problème, l'Assemblée générale a créé une
commission de vérification des pouvoirs en vertu de l'article 28 de son règlement intérieur. Elle a
adopté le principe suivant : « Tout représentant dont l'admission soulève de l'opposition de la part
d'un membre, siège provisoirement avec les mêmes droits que les autres représentants jusqu'à ce
que la commission de vérification des pouvoirs ait fait son rapport et que l 'Assemblée générale ait
statué » (article 29 du règlement intérieur). Ce principe est aussi d'application au Conseil de
sécurité181.
179
Depuis son existence, l'ONU offre un seul exemple de retrait ; celui de l'Indonésie effectué le 1 er mars 1965 qui
pourtant réintégra l'Organisation le 19 septembre 1966. Cfr. Lucien NIZARD, « Le retrait de l’Indonésie des Nations
Unies », (1965) 11 Annu. Fr. Droit Int. 498-528, 498 et ss.
180
Née au temps de la SDN, la pratique des missions permanentes n'est visée ni par la Charte des Nations Unies ni par
les conventions sur les privilèges et immunités des Nations Unies (1946) et les institutions spécialisées (1947). Elle est
consacrée en revanche par la Résolution 257 A (III) de l'Assemblée générale, par l'accord de siège entre l'ONU et les
USA du 26/06/1947 (siège de New York) et par la décision du conseil fédéral suisse du 30/03/1948 (Office des Nations
Unies à Genève).
181
L'ONU a connu quelques cas de contestation des représentations des États membres. Le plus célèbre est sans
conteste, celui de la représentation de la chine ; le problème s’était posé en 1949 après le triomphe de la révolution et
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La doctrine, conforme au prescrit de l'article 67 de la Charte de l’ONU, établit une distinction entre
les organes principaux et les organes subsidiaires. Signalons toutefois qu'il n’y a pas lieu à
confondre les organes des Nations Unies avec les Institutions spécialisées reliées à l'ONU en vertu
de l'article 56 de la Charte. Ces dernières ne sont pas en organes de l'ONU, mais des Organisations
Internationales distinctes, dotées d'une personnalité juridique propre, créées par des Conventions
particulières et dont les membres peuvent être différents de ceux de l'ONU (voir aussi les articles 63
et 64 de la Charte).
Figurent dans la catégorie des organes principaux, aux termes de l'article 7 de la Charte :
l'Assemblée générale ; le Conseil de sécurité ; le Conseil économique et social ; le Conseil de tutelle
; la Cour internationale de justice et le Secrétariat.
Rentrent dans la deuxième catégorie, celles des organes subsidiaires donc, tous les autres organes
qui concourent à la réalisation des buts et missions de l'ONU (articles 7 §2, 22, 29 et 68). Ce sont
toutes les Institutions spécialisées relevant du système des Nations Unies mais dont la création
relève de la compétence de l'Assemblée générale (article 22 de la Charte) ou du Conseil de sécurité
(article 29 de la Charte). Ils peuvent être permanents (PNUD, FISE - Fonds International de
Secours à l'enfance- ou UNICEF, CDI, ...) ou temporaires en ce sens que leur durée correspond à
l'exécution d'un mandat limité qui leur a été confié (c'est le cas de différentes missions de paix).
En droit, il n'existe aucune hiérarchie entre les six organes principaux de l'ONU, chacun ayant une
mission propre à remplir et étant doté à cet effet des pouvoirs spécifiques dont l'exercice ne requiert
pas, de façon générale, le consentement préalable d'un autre organe. Certains aménagements
méritent cependant d'être apportés à cette affirmation en vertu des articles 60 et 85 de la Charte qui
disposent que le Conseil économique et social, tout comme le Conseil de tutelle, exerce leurs
attributions sous l'autorité de l'Assemblée générale.
Mais en pratique, on peut dire que le Conseil de sécurité est l'organe prépondérant de l'ONU du fait,
d'une part, de son rôle prioritaire en ce qui concerne le maintien de la paix et de la sécurité
internationales et, d'autre part, du système de veto dont disposent les membres permanents
relativement à toutes questions importantes autres que celle de procédure (article 27 §3 de la
Charte).
n’a trouvé des solutions qu’en 1971 par l’expulsion de la représentation de Taiwan. On ne passera pas sous silence le
cas de la représentation de la république démocratique du Congo (Kinshasa) en 1960. Dans ce cas, deux délégations
s’étaient présentées au siège des Nations Unies à New York : l’une avait été envoyée par le président Kasa-Vubu et
l’autre par le premier Ministre Lumumba. Le 20 septembre 1960, l’Assemblée générale renvoya la question à la
commission de vérification des pouvoirs. Et le 22 novembre 1960, elle se prononça sur la question par un vote
accordant la préférence à la délégation du président de la république Kasa-Vubu.
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I. L'Assemblée générale
La composition de l'Assemblée générale est organisée à l'article 9 de la Charte. Tous les États
membres de l'ONU y sont représentés. Un hommage rituel y est ainsi rendu à la souveraineté et à
l'égalité des États : « ouvertes à tous les États membres, l’Assemblée incarne – selon l'expression
empruntée à Charles Zorgbide – la démocratie à l'échelle internationale » 182. Elle est le seul organe
plénier dont le caractère est défini à l'article 9 de la Charte et chaque État membre y est représenté
par un maximum de cinq délégués.
Pourtant, son domaine de compétence, théoriquement très vaste, est en fait superficiel : l'Assemblée
ne peut faire aucune recommandation sur une question tant que le Conseil de sécurité s'en trouve
saisi et doit renvoyer à ce dernier toute affaire qui appelle à une action en application de l'article 12
de la Charte.
Pour ce qui est du fonctionnement, l'Assemblée générale tient des sessions ordinaires et
extraordinaires183. La session ordinaire est annuelle et a lieu, selon l'article 1 er du règlement intérieur
de l'Assemblée générale, le troisième mardi de septembre. La session extraordinaire est convoquée
par le Secrétaire général sur demande du Conseil de sécurité ou de la majorité des membres de
l'ONU (article 8 du règlement de l'Assemblée).
Chaque année, au début de sa session ordinaire, l'Assemblée générale élit son président parmi les
représentants des États membres et qui devient ainsi le porte-parole de l'Assemblée générale. A ce
titre, l'on pourvoit à son remplacement au sein de la délégation étatique dont il procède.
L'Assemblée générale se réunit en séance plénière et en séance de commission ; elle comprend,
conformément aux dispositions de l'article 101 de son règlement intérieur, sept grandes
commissions :
La Commission de questions politiques et de sécurité y compris la réglementation des
armements;
La Commission politique spéciale ;
La Commission économique et financière ;
La Commission des questions sociales, humanitaires et culturelles ;
La Commission de tutelle et de territoires non autonomes ;
La Commission des questions administratives et budgétaires ;
La Commission juridique dont relève la CDI.
En outre, l'Assemblée peut également créer, en vertu de l'article 22 de la Charte, toute commission
nécessaire à l'accomplissement des travaux qu'elle estime utiles.
182
C. ZORGIBIBE, préc., note 14, p. 23.
183
Parmi les sessions extraordinaires de l'ONU figurent notamment celles de 1947 sur la Palestine, de 1963 sur les
problèmes financiers et budgétaires faisant suite à la crise survenue du fait des interventions militaires au Congo
(ONUC), de 1978 et 1986 sur la Namibie, de 1978 et 1982 sur le désarmement, de 1986 sur la crise en Afrique, celle de
1950 sur la crise du Conseil de sécurité à propos de la guerre de Corée et qui a donné suite à la résolution 377 (V) AG)
dite « Union Pour Le Maintien De La Paix » ou « Résolution Dean Acheson » du 03 novembre 1950, de 1980 sur
l'Afghanistan, la Palestine, la Namibie, de 1982 sur les territoires sous occupations d'Israël.
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Les attributions de l'Assemblée générale peuvent être regroupées en trois catégories même si cet
organe a, en vertu de l'article 10 de la Charte, une compétence théoriquement générale en ce sens
qu'elle peut : « discuter toutes questions ou affaires rentrant dans le cadre de la Charte ». On
retiendra :
- les attributions exclusives (Art. 13, 17, 23, 61, 86 & 96) ;
- les attributions communes, c'est-à-dire celles qui peuvent être exercées par l'Assemblée générale
ou par un autre organe comme le Conseil de sécurité ;
- les attributions conjointes (art 4, 5, 6, 87, 97, Ch. XVIII de la charte et Art 10 du statut CIJ),
c'est-à-dire celles qui sont exercées par l'Assemblée générale et un autre organe comme le
Conseil de sécurité ou le Conseil de tutelle.
Dans son action, l'Assemblée générale agit par les actes ci-après : la recommandation (article Il, 12,
14 de la Charte) ; la décision (article 17, §.2 de la Charte) 184 ; le règlement (article 21 et 10], §1 de la
Charte) ; la déclaration. Ils sont tous pris sous forme de résolution adoptée en principe à la majorité
simple des membres présents et votants (article 18 §3 de la Charte). Cependant, la majorité de deux
tiers des membres présents et votants est exigée pour les questions importantes énumérées à
l'article 18 §2 de la Charte (recommandation sur des questions relatives au maintien de la paix,
l'admission des membres, questions budgétaires ...). Le même article ajoute au paragraphe 3 que des
nouvelles catégories des questions importantes peuvent être décidées à la majorité des membres
présents et votants.
C'est qu'au total, l'Assemblée générale n'a, à proprement parler, aucun rôle véritable défini par la
Charte. Cependant, ses actions ont considérablement animé la vie de l'Organisation à travers les
discussions, les avis, les consultations et les recommandations qui résultent de son sein185.
L'ONU est conduite par un directoire de grandes puissances. Il était admis en effet, dès sa création,
qu'il ne s'agissait plus de sombrer dans le juridisme, mais d'entreprendre une action réaliste et
l'objectif n'était plus « la paix par le droit », mais « la paix par la police des grands ».
Les cinq membres permanents du Conseil de sécurité sont, conformément aux résolutions de la
Conférence de Yalta : les USA, la France, le Royaume Uni d'Angleterre et d'Irlande du Nord, la
184
Ces décisions sont notamment relatives aux contributions obligatoires aux dépenses ordinaires de l'ONU
185
Tel fut le cas des discussions ayant abouti à l'adoption de la Résolution 377 (V) de l’A.G., Union pour le maintien de
la paix en vertu de laquelle la capacité et les compétences de l'Assemblée générale se virent considérablement
renforcées et élargies dans le domaine particulier du maintien de la paix et de la sécurité internationales.
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Russie (succédant à l'ex-URSS) et la Chine. Les dix membres non permanents du Conseil de
sécurité sont élus par l'Assemblée générale (article 23 de la Charte) pour un mandat non
renouvelable de deux ans. Les critères de désignation de membres non permanents sont indiqués à
l'article 23 de la Charte.
Les réunions du Conseil de sécurité sont dirigées par un président du Conseil choisi parmi les
délégations des États membres pour une période d'un mois, selon le système rotatif alphabétique.
En plus de fonctions de coordination, le président du Conseil contrôle l'agenda du Conseil de
sécurité, dirige les débats alors que ses décisions en matière de procédure peuvent être soumises à
un vote sur demande des autres membres du Conseil.
Sont exclusives, les attributions qui sont relatives : au maintien de la paix et de la sécurité
internationale (chap. VII -article 39 à 51- de la Charte) ; à l'exécution forcée des arrêts de la CIJ
(article 94 de la Charte) ; à la tutelle stratégique (article 82 à 85 de la Charte).
Les attributions communes avec l’Assemblée générale ont trait au règlement pacifique des
différends internationaux (chap. VI, article 33 à 38 de la Charte).
Les attributions conjointes entre ces deux organes sont définies notamment par les articles 4, 5, 6
et 97 de la Charte, le chapitre XVIII de la Charte et l'article la du Statut de la CIJ comme
précédemment relevé.
En ordre général, le maintien de la paix et de la sécurité internationale demeurent la fonction
prioritaire du Conseil de sécurité (article 24 de la Charte). A ce titre, le Conseil est appelé à
s'occuper de différends entre États et de toute situation qui constitue ou qui est susceptible de
constituer une menace ou une rupture de la paix ou encore une agression.
En assumant ses fonctions, le Conseil de sécurité doit tenir compte du principe de non-ingérence
même s'il agit toujours au nom de tous les États membres de l'ONU (article 24 §1 de la Charte),
lesquels s'engagent, en contrepartie, à appliquer les mesures adoptées par le Conseil de sécurité
(article 25 de la Charte).
La Charte prévoit aussi que le Conseil de sécurité est chargé de préparer des projets sur la
réglementation des armements (article 26 de la Charte).
Le Conseil de sécurité agit sous forme : de résolution (chap. VI de la Charte) ; par recommandation
(chap. VI de la Charte) ; par décision (chap. VII de la Charte).
Ses modes de votation sont arrêtés, à l'article 27, de la manière suivante : « 1. Chaque membre du
Conseil de sécurité dispose d'une voix.
1. Les décisions du Conseil de sécurité sur les questions de procédure sont prises par un vote
affirmatif de neuf membres.
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2. Les décisions du Conseil de sécurité sur toutes les autres questions sont prises par un vote
affirmatif de neuf membres dans lesquels sont comprises les voix de fous les membres
permanents, étant entendu que, aux termes du Chapitre VI, et du paragraphe 3 de l'article 52, une
partie à un différend s'abstient de voter».
C'est donc l'article 27 de la Charte qui institue le veto en faveur des membres permanents du
Conseil de sécurité. Le professeur Lunda Bululu note à ce propos que les grandes puissances
s'étaient octroyées ce droit qui leur permet de s'opposer à ce qu'une résolution soit adoptée, à la
conférence de Yalta. Il est conçu comme la contrepartie de leur responsabilité particulière pour le
maintien de la paix et de la sécurité internationale. L'argument, poursuit-il, est certes pertinent; mais
le veto constitue une atteinte au principe de l'égalité souveraine des États ; ensuite, et si l'on en
abuse, il peut bloquer le fonctionnement du Conseil. L'inégalité qu'il a instituée est, malgré les
critiques, acceptée par les États membres186.
C'est précisément l'usage abusif du droit veto qui avait poussé l'Assemblée générale à adopter la
Résolution 377 (V A G) intitulé « Union pour le maintien de la paix» ou « résolution Acheson ».
Comme on peut s'en rendre compte, la difficulté serait d'établir la différence entre les questions de
procédure et les autres en vue de l'application de l'article 27 ci-dessus. La déclaration du 7 juin 1945
donne quelques exemples de questions de procédure :
la convocation du Conseil de sécurité;
l'établissement de l'ordre du jour ;
les fonctions présidentielles ;
la représentation des États membres au Conseil ;
la création d'organes subsidiaires ;
l'invitation d'un État à prendre part aux travaux du Conseil ;
la convocation de l'Assemblée générale ;
l'élection des juges de la CIJ ;
la convocation d'une Conférence de révision de la Charte.
Par contre, sont question de fond, toutes celles qui ne sont pas de procédure; l'on peut citer :
le règlement pacifique des différends ;
l'action coercitive ;
la réglementation des armements ;
la tutelle stratégique ;
l'admission, la suspension et l'exclusion d'un membre ;
l'élection du Secrétaire général.
Notons toutefois que, tout en étant pas exhaustive, cette énumération est susceptible de certaines
modifications, le Conseil de sécurité décidant discrétionnairement de l'opportunité de classer telle
ou telle autre question parmi celle de procédure ou non.
186
V. de P. LUNDA BULULU, préc., note 10, p. 92.
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Devenu organe principal sous l'impulsion de petit États, notamment à la Conférence de San
Francisco, le Conseil économique et social comprend, en vertu de l'article 61 de la Charte, dont le
dernier amendement adopté le 20 décembre 1971 et entré en vigueur le 24 septembre 1973,
cinquante-quatre membres dont le mandat a une durée de trois ans.
Chacun de ces membres a un représentant au Conseil économique et social. Toutefois, tous les États
membres de l'ONU y sont éligibles ; et bien que la Charte n'ait pas prévu la qualité de membre
permanent au Conseil économique et social, les cinq membres permanents sont, en vertu d'un
accord politique informel faisant partie des usages onusiens, toujours membres de cet organe.
Les attributions du Conseil économique et social sont prévues aux articles 62 à 66 de la Charte.
Elles concernent la coopération internationale dans les domaines prévus dans la Charte (article 1 er,
§3 et article 55 de la Charte).
A cet effet, le Conseil économique et social est chargé de coordonner les activités des Institutions
spécialisées et même des Organisations non gouvernementales dont la raison sociale est d'organiser
la coopération dans les domaines économique, social, de la culture intellectuelle et de l'éducation,
de la santé publique et d'autres domaines connexes, de promouvoir et d'assurer le respect des droits
de l'homme. Et pour s'acquitter de ses nombreuses tâches, il lui arrive de créer des organes
subsidiaires. Ainsi, en matière des droits de t'homme, fonctionnent sous sa responsabilité, le Haut-
Commissariat des Nations Unies pour les droits de l'homme, la Commission des droits de l'homme
et celle de la condition de la femme ; et en matière économique, des commissions économiques
régionales (article 68 de la Charte).
Le Conseil économique et social dont le but principal est ainsi la promotion du bien-être
économique, social et culturel, tient deux sessions annuelles : l'une au printemps, à New York et
l'autre en été, à Genève. C'est en raison de l'importance même de ses domaines d'intervention que
les deux tiers du budget des Nations Unies sont assignés aux actions économiques et sociales de la
compétence du Conseil économique et social.
Les modes d'action de cet organe sont fort variés : provoquer des études et des rapports sur les
questions internationales qui rentrent dans ses attributions (article 62 §1 de la Charte) ; faire des
recommandations en vue d'assurer le respect effectif des droits de l'homme et des libertés
fondamentales pour tous (article 62 §2) ; préparer des projets de convention sur ces mêmes
questions en vue de les soumettre à l'Assemblée générale (article 62 §3 de la Charte) ; convoquer
des conférences internationales sur des questions de sa compétence (article 62 §A de la Charte) :
faire des recommandations.
Le Conseil économique et social assume de la sorte trois catégories de fonctions :
délibérations et recommandations ;
recherche et étude des différents rapports ;
coordination des travaux de différentes Institutions spécialisées du système des Nations Unies.
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Aussi, les domaines les plus importants ayant fait l'objet de travaux du Conseil économique et
social sont-ils les suivants :
le domaine humanitaire ;
la situation des réfugiés ;
le développement économique et social de même que la coopération culturelle, éducative et dans
le domaine de la santé ;
la coopération dans les domaines du commerce, de communication, de l'habitat, … ;
le développement des États nouvellement créés ;
la recherche scientifique à travers les statistiques et la standardisation des informations ;
la création des commissions fonctionnelles régionales comme l'Annuaire démographique des
Nations ;
la coordination des activités des Institutions spécialisées dans la visée d'éviter les télescopages et
empiètements de compétences entre elles.
Quoique composé des États membres, le Conseil économique et social apparaît comme un organe
essentiellement technique au sein duquel ne règne que la règle de la majorité de membres présents
et votants (article 67 de la Charte).
Selon les dispositions de l'article 86 de la Charte, le Conseil de tutelle comprend trois catégories de
membres :
les États chargés d'administrer les territoires sous tutelle ou puissances tutélaires ou encore
puissances administrantes (article 86 § l. a) ;
les membres permanents du Conseil de sécurité qui n'administrent pas de territoires sous tutelle,
soit tous les quatre membres permanents en dehors des USA (article 86 § 1. b) ;
autant d'autres membres, élus pour trois ans par l’Assemblée générale, qu'il sera nécessaire pour
que le nombre total des membres du Conseil de tutelle se partage en égalité entre les membres
des Nations Unies qui administrent des territoires sous tutelle et ceux qui n'en administrent pas
(article 86 § l.c).
N.B. Tous les territoires sous tutelle ont maintenant atteint la pleine autonomie ou accédé à
l'indépendance, soit comme États distincts, soit en s'associant à des États indépendants voisins. En
1994, le Conseil de sécurité a mis un terme à l'accord qui plaçait sous la tutelle de l'ONU le dernier
des 11 territoires qui figuraient à l'origine sur son ordre du jour : le Territoire sous tutelle des Îles du
Pacifique (Palaos), qui était administré par les États-Unis d'Amérique. Le Conseil de tutelle, qui a
amendé son règlement intérieur à cette fin, ne se réunit désormais que dans les cas et aux endroits
où les circonstances le justifient.
Cet organe n'a qu'une attribution : administrer des territoires sous tutelle sous l'autorité de
l'Assemblée générale et du Conseil de-sécurité. L'on pourrait signaler que l'administration s'effectue
par :
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L’examen des rapports élaborés et soumis par l'autorité administrante (article 87.a.) ;
la réception et l'examen des pétitions des peuples des territoires sous tutelle (article 87.b) ;
l'envoi des missions de visites périodiques dans les territoires sous tutelle (article 87.c).
L'on s'aperçoit qu'en réalité, le Conseil n'administre pas directement les territoires sous tutelle ; il
contrôle plutôt l'autorité administrante. Il agit par recommandation et ses résolutions sont adoptées à
la majorité des membres présents et votants (article 89 de la Charte). Aussi, le rôle de cet organe
s'est-il considérablement réduit du fait notamment de l'indépendance de la quasi-totalité des États
jadis sous tutelle à partir des années 1950. Actuellement, ne sont membres du Conseil de tutelle que
les seuls membres permanents du Conseil de sécurité.
V. Le Secrétariat
Le Secrétariat comprend un Secrétaire général à qui sont attachés plusieurs autres fonctionnaires
internationaux et agents autant que peut exiger le besoin de l'Organisation (article 97 de la Charte).
Le Secrétaire général est nommé pour un mandat de cinq ans renouvelable par l'Assemblée générale
sur recommandation du Conseil de sécurité. L'article 97 in fine de la Charte fait de lui le plus haut
fonctionnaire de l'ONU.
Les fonctions du Secrétariat sont administratives et politiques. Les premières sont énoncées à
l'article 99 : « le Secrétaire général peut attirer l'attention du Conseil de sécurité sur toute affaire
qui, à son avis, pourrait mettre en danger le maintien de la paix et de la sécurité internationales ».
En outre, l'article 98 de la Charte prévoit que le Secrétaire général « remplit toutes autres fonctions
dont il est chargé par ces organes », c'est-à-dire l’Assemblée générale, le Conseil de sécurité, le
Conseil de tutelle.
Comme on peut s'en rendre compte, ces attributions ne sont pas clairement définies ; la pratique
sera donc d'un grand apport pour savoir jusqu'où le Secrétaire général peut aller dans
l'accomplissement de ses fonctions.
Un fait cependant est que dans la mesure où la Charte lui reconnaît un large pouvoir d'appréciation
de toute situation qui pourrait troubler la paix et la sécurité internationale (article 99 de la Charte), il
peut jouer un rôle important pour leur maintien en faisant fonctionner à temps la sonnette d'alarme,
en établissant ou en rétablissant les contacts avec les États ou les groupes d'États. Il va sans dire que
la personnalité du plus haut fonctionnaire de l'Organisation pèsera lourdement dans
l'accomplissement de telles tâches.
Le personnel du Secrétariat, en ce compris le personnel spécial affecté d'une manière permanente au
Conseil économique et social, au Conseil de tutelle et, s'il y a lieu, à d'autres organes de
l'Organisation (article 101 §2 de la Charte), est nommé par le Secrétaire général. Les conditions de
nomination sont :
les hautes qualités de travail ;
la compétence et l'intégrité morale ;
Droit international public I : Les O. I.
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la prise en compte d'une répartition géographique aussi large que possible (article 101 §3 de la
Charte).
Par ailleurs, les États membres et les fonctionnaires sont astreints aux obligations semblables à
celles de toutes les Organisations Internationales en ce qui concerne les relations entre eux d'une
part, et avec l'ONU d'autre part. Concrètement, les États doivent éviter de se mêler de la nomination
et de la promotion des fonctionnaires et doivent sauvegarder l'indépendance des fonctionnaires
internationaux ressortissants de leurs pays. Ces derniers ont en effet, l'obligation de ne recevoir
aucune instruction d'aucun gouvernement ni d'aucune autorité extérieure à l'ONU ; ils ne sont
responsables que devant celle-ci et leur allégeance doit être tournée exclusivement vers l'ONU
(article 100 de la Charte).
En face de ces devoirs se dressent des droits : le caractère international de leurs fonctions ainsi que
leur indépendance sont garantis par un Statut prévoyant notamment en leur faveur la protection
fonctionnelle de l'ONU. Les fonctionnaires jouissent des privilèges et immunités qui leur sont
nécessaires pour exercer leurs fonctions, énoncés à l'article 105 de la Charte et organisés par la
Convention du 13 février 1946 sur les privilèges et immunités diplomatiques ainsi que par les divers
Accords de siège.
En vertu de l'article 92 de la Charte « la CIJ constitue l'organe judiciaire principal des Nations
Unies. Elle fonctionne conformément à un Statut établi sur la base du Statut de la Cour Permanente
de Justice Internationale et annexé à la présente Charte dont il fait partie intégrante » 187.
Il découle de la compréhension de termes de cet article que tout État partie à la Charte est
automatiquement partie au Statut de la CIJ. Cependant, les États non membres de l'ONU peuvent y
souscrire selon les conditions énoncées à l'article 93 §2 de la Charte : elles sont déterminées au cas
par cas par l’Assemblée générale sur recommandation du Conseil de sécurité.
Par ailleurs, celles auxquelles les États non partie peuvent avoir accès à la Cour sont indiquées à
l'article 35 du Statut :
1. Les conditions auxquelles elle est ouverte aux autres États sont, sous réserve des dispositions
particulières des Traités en vigueur, réglées par le Conseil de sécurité et, dans tous les cas, sans
qu'il puisse en résulter pour les parties aucune inégalité devant la Cour.
2. Lorsqu'un État, qui n'est pas membre des Nations Unies est partie en cause, la Cour fixera la
contribution aux frais de la Cour que cette partie devra supporter. Toutefois, cette disposition ne
s'appliquera pas si cet État participe aux dépenses de la Cour ».
187
Le principe de la création d'une juridiction permanente à compétence générale avait été accepté dès août 1944 lors de
la Conférence de Dumbarton Oaks par les experts chargés de rédiger un avant-projet de la Charte des Nations Unies.
Juste avant l'ouverture de la Conférence de San Francisco, un Comité des juristes présidé par J. BASDEVANT, proposa
de ne pas maintenir la CPJI et d'instituer une juridiction nouvelle. Plusieurs considérations militaient en faveur de cette
solution. Les unes étaient politiques : les Nations Unies avaient décidé d'exclure, dans l'immédiat les États ex-ennemis
de toute coopération internationale ; or certains d'entre eux restaient partie au Statut de la CPJI. D'autres raisons par
contre, étaient plus techniques : le renouvellement des juges de la CPJI dépendait d'une décision d'organes de la SDN
qui n'étaient plus en mesure de la réaliser car le processus de dissolution de la SDN était déjà entamé.
Droit international public I : Les O. I.
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Selon l'article 2 du Statut de la CIJ, « la Cour est un corps de magistrats indépendants, élus, sans
égard à leur nationalités, parmi les personnes jouissant de la plus haute considération morale et qui
réunissent les conditions requises pour l'exercice, dans leurs pays respectifs, de plus haute fonctions
judiciaires, ou qui sont des jurisconsultes possédant une compétence notoire en matière de droit
international ».
La Cour se compose de quinze membres ; elle a son siège à la Haye au Pays-Bas et elle reste
toujours en fonction, excepté pendant les vacances judiciaires (article 23 § 1 du Statut). Si l'article 2
du Statut de la Cour précise que la nationalité n'entre pas en ligne de compte pour élire un magistrat,
en réalité, cependant, il en est tenu compte dans la mesure où l'article 3 énonce qu'il ne peut y avoir
plus d'un ressortissant pour un pays et où l'article 9 du même Statut demande aux électeurs d'avoir à
l'esprit que la composition de la Cour doit, afin de réaliser son universalité, assurer dans l'ensemble
la représentation de grandes formes de civilisation et de principaux systèmes juridiques du
monde »188.
Aussi, à la différence des membres de la CIJ, qui sont des juges permanents, certains autres juges
occasionnels, nommés juges ad hoc peuvent être spécialement désignés pour un litige déterminé et
dont la mission prend fin en même temps que le procès qui a motivé leur nomination (article 31 du
Statut de la Cour).
En effet, l'intervention des juges ad hoc se produit lorsque la Cour est saisie d'un différend dans
lequel soit l'un des plaideurs seulement a un juge national comme juge permanent soit aucun des
États intéressés n'a un juge national siégeant en permanence (article 31 du Statut de la Cour).
Les membres de la Cour ne sont donc pas des agents gouvernementaux soumis aux instructions de
leurs gouvernements respectifs. Pour garantir leur indépendance, des privilèges et immunités
(article 19 du Statut de la Cour) semblables à celles des agents diplomatiques leur sont accordés. Ils
sont inamovibles et ne doivent, en principe, exercer aucune autre activité professionnelle (articles
16 et 17 du Statut de la Cour).
Avant d'entrer en fonction, chacun d'eux doit, en séance publique, prendre l'engagement solennel
d'exercer ses attributions « en pleine impartialité et en toute conscience» (article 20 du Statut de
Cour).
Les juges sont élus pour neuf ans et sont rééligibles. Étant donné que le renouvellement intégrale de
la Cour tous les neuf ans pouvant nuire à la continuité de la Cour, il est prévu un renouvellement par
tiers tous les trois ans (article 13 du Statut).
L'élection des juges de la CIJ est, en vertu de leur pouvoir de co-décision, assurée séparément par
l'Assemblée générale et par le Conseil de sécurité189.
188
En fait, chaque membre permanent du Conseil de sécurité, sauf la Chine à certaines époques, a toujours bénéficié
jusqu'ici d'un juge de sa nationalité. En ce qui concerne les autres États, pour se conformer à cette disposition, on a
introduit dans l'élection des juges la règle générale de la répartition géographique équitable. Le jeu de cette règle a
conduit à la réduction du nombre des juges européens qui étaient en majorité à l'origine et a rendu difficile le strict
respect de l'article 2 du Statut qui interdit d'avoir égard à la nationalité des juges.
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S'agissant des compétences de la CIJ, celle-ci exerce à la fois une fonction contentieuse et une
fonction consultative.
Dans ce cas, seuls les États ont, en vertu de l'article 34 paragraphe 1 er du Statut de la Cour, qualité
pour se présenter devant cette dernière. Toutefois, l'exclusion des personnes privées ne signifie pas
que les litiges portés devant la Cour ne concernent jamais les particuliers. Au contre, de nombreuses
affaires jugées par la CPJI puis par la CIJ en matière de responsabilité internationale, résultent de la
mise en œuvre de « la théorie de la protection diplomatique » par des États ayant pris fait et cause
pour leurs ressortissants en vue de la défense des intérêts de ces derniers.
Quant aux Organisations Internationales, l'article 34 du Statut de la Cour leur interdit d'apparaître en
position de demandeur ou de défendeur devant la CIJ. Mais, les paragraphes 2 et 3 de cet article 34
prévoient la possibilité d'une collaboration entre elles et la Cour ; celle-ci peut notamment leur
demander des renseignements relatifs aux affaires qu'elle examine. Les Organisations peuvent
même, proprio motu, adresser des informations à la Cour. Dans cette optique, la mission de la Cour
« est de régler, conformément au droit international, les différends qui lui sont soumis » (article 38
§l du Statut).
A cet effet, la CIJ est compétente pour trancher certaines catégories de litiges de certains
justiciables. L'article 36 §1 énonce en effet que « la compétence de la Cour s'étend à toutes les
affaires que les parties lui soumettront, ainsi qu'à tous les cas spécialement prévus dans la Charte
des Nations Unies ou dans les Traités et Conventions en vigueur ».
Mais, il résulte de cette disposition et de la jurisprudence que l'organe judiciaire ne connaît que des
différends susceptibles d'être tranchés par le droit existant et qui sont d'ordre juridique international.
Et par différend international, il faut entendre « un désaccord sur un point de droit ou de fait, une
contradiction ou une opposition des thèses juridiques ou d'intérêts entre deux personnes » 190. De
cette définition, ainsi que de l'article 36 §2 du Statut, il découle que le différend à trancher doit être
juridique, c'est-à-dire qu'il doit, au sens de cette disposition, porter sur :
l'interprétation d'un traité ;
tout point de droit international ;
la réalité de tout fait qui, s'il était établi, constituerait la violation d'un engagement international ;
la nature ou l'étendue de la réparation due pour la rupture d'un engagement international.
189
Pour être élu, chaque candidat doit réunir la majorité absolue des voix à la fois à l'Assemblée et, au Conseil de
sécurité. Cette double majorité est exigée jusqu'à la 3 ème séance d'élection. Si au-delà il reste encore des sièges à
pourvoir parce qu'il n'y a pas un nombre suffisant des candidats réunissant cette double majorité, le Statut prévoit que
l'Assemblée ou le Conseil peut demander la-formation d'une Commission médiatrice composée de six membres
nommés paritairement par l’Assemblée et le Conseil. Cette Commission propose, suivant certaines modalités, à
l'adoption conjuguée du Conseil et de l'Assemblée, un nom pour chacun des sièges restant à pourvoir. Si cette procédure
échoue à son tour, il appartient aux juges déjà nommés de pourvoir eux-mêmes aux sièges encore vacants (art. 12 §3 du
statut). Cette situation ne s'est encore jamais présentée.
190
CPJI, série A, n° 2, Il Affaire de concessions Mavromatis, en Palestine.
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Les différends d'ordre politique, autrement dit ceux qui visent à changer le droit, ne rentrent pas
dans la compétence de la Cour. Il en est d'autant plus ainsi que la Cour se doit de limiter son rôle à
l'interprétation du droit international lato sensu et qu'elle ne peut ainsi agir comme organe législatif
en créant des nouvelles règles de droit international. Autant s'explique l'adage « jura non no vit,
curia » en vertu duquel « le droit ressorti de la compétence de la Cour »191.
La CIJ ne peut exercer cette fonction consultative qu'à l'égard des seules Organisations
Internationales (article 96 de la Charte et chapitre IV du Statut de la Cour).
Ainsi, selon l'article 96 §2 de la Charte, peuvent demander un avis à la CIJ, sur « toutes questions
juridiques », non seulement l'Assemblée générale et le Conseil de sécurité des Nations Unies, mais
encore tous autres organes de l'ONU et toutes Institutions spécialisées sur « des questions juridiques
qui se poseraient dans le cadre de leur activité » et qui y auraient été autorisés par l’Assemblée
générale de l'ONU.
Quelles que puissent être les analogies entre les fonctions consultatives et contentieuses de la CIJ,
l'une et l'autre restent distinctes de par leur portée juridique.
191
Avis consultatif de la CIJ du 08 juillet 1996 sur « La licéité de la menace ou de l'emploi des armes nucléaires ». Lire
notamment Luigi CONDORELLI, « La Cour pénale internationale sous le poids des armes nucléaires : Juria non novit
curia ? », (1997) 79-823 Rev. Int. Croix-Rouge 9-21.
192
Ce principe souvent assorti de certaines réserves tendant à limiter le champ d'application de l'engagement dans le
temps et d'un point de vue matériel, est affirmé à l'article 36, §2 du Statut en vertu duquel « Les États parties au présent
statut pourront, à n'importe quel moment, déclarer reconnaître comme obligatoire de plein droit et sans convention
spéciale à l'égard de tout autre État acceptant la même obligation, la juridiction de la Cour sur tous les différends d'ordre
juridique ayant pour objet:
a. L'interprétation d'un traité ;
b. Tout point de droit international ;
c. La réalité de tout fait qui s'il était établi, constituerait la violation d'un engagement international ;
d. La nature ou l'étendue de la réparation due pour la rupture d'un engagement international ».
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L'avis consultatif n'est pas un acte juridictionnel stricto sensu ; ne possédant pas la force obligatoire
de l'arrêt, il s'analyse, non comme une décision, mais comme une opinion de la Cour destinée à
éclairer l'organe qui la consulte.
Dans la pratique cependant, les avis consultatifs s'imposent généralement en raison de leur autorité
morale. Ils contiennent au surplus l'une des composantes de tout acte juridictionnel à savoir, la
constatation du droit en vigueur. Aussi, les avis sont-ils placés sur le même plan que les arrêts
dans la détermination de la jurisprudence de la Cour.
Au sein de l’ONU il existe des organes créés et fonctionnant au sein de certains organes principaux
cités ci-dessus. L’Assemblée générale, le Conseil de sécurité et le Conseil économique et social
peuvent créer des organes subsidiaires en leur sein.
Les organes de l’Assemblée générale sont divisés en plusieurs catégories : les Commissions, les
Comités, les Conseils, les Groupes de travail et les Groupes d’experts.
Après avoir discuté les points à l’ordre du jour, en cherchant à harmoniser les différentes approches
des États membres, les organes subsidiaires présentent leurs recommandations sous forme des
projets de résolutions et de décisions pour qu’ils soient examinés lors d’une réunion plénière de
l’Assemblée.
A. Les Commissions
Il existe au sein de l’Assemblée générale des Commissions proprement dites et une Commission
consultative.
2. La Commission consultative
Elle est une Commission consultative de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour
les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (créée par la Résolution 302 (IV)).
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B. Les Comités
Il existe treize (13) Comités au sein de l’Assemblée générale des Nations Unies : Bureau, Comités
des placements, Comité d’attribution, Comité des conférences, Comités d’information, …
Outre ces Comités, il existe des Comités spéciaux, des Comités consultatifs, du Comité exécutif et
du Comité du haut niveau pour la coopération sud-sud.
Pour les Assemblées, il existe une Assemblée des Nations Unies pour l’environnement (ancien
Conseil d’administration du programme des Nations Unies pour l’environnement).
S’agissant des Conseils, il existe :
- Conseil des Droits de l’Homme (CDH) (créé par la Résolution 60/251) ;
- Conseil de l’Université des Nations Unies (créé par la Résolution 3081 (XXVIII)) ;
- Conseil d’administration du Programme des Nations Unies pour les établissements humains (créé
par la Résolution 56/206 et Résolution 32/162).
D. Groupes de travail
Il existe de groupes de travail, un groupe de travail spécial, des groupes de travail spécial à
composition non limitée.
E. Groupes d’experts
Conformément à l’article 29 de la Charte des Nations Unies, le Conseil de sécurité peut établir des
organes subsidiaires qu’il juge nécessaires pour exercer ses fonctions. Au cours des années, il a créé
une grande variété d’organes chargés de traiter de questions concernant à la fois le maintien de la
paix et de la sécurité et ses propres méthodes de travail et procédure.
Ces organes subsidiaires sont les suivants :
- Comités permanents et spéciaux ; - Commission de consolidation de la paix ; - Commissions et
organismes d’enquête ; Groupes de travail ; - Groupes et comités d’experts ; - Missions de maintien
de la paix ; Missions du Conseil de sécurité et du Secrétaire général ; - Missions et bureaux
politiques ; - Organes subsidiaires proposés mais non créés ; Représentants, médiateurs,
coordonnateurs et Bons offices ; - Sanctions et autres comités et Tribunaux internationaux.
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Tout au plus, on peut constater que l’ONU s'est forgée à développer, à la faveur de la normalisation
internationale, certains domaines, dont le traitement, pour être privilégié, n'est cependant pas
exclusif. C'est particulièrement le cas du mécanisme de la sécurité collective et de ses
métamorphoses de l'interdiction du recours à la force et du règlement pacifique des différends, du
développement du droit international, de la promotion du progrès social et du bien-être. Nous
examinons ci-dessous les deux premiers mécanismes.
L'on sait que le maintien de la paix et de la sécurité internationale constitue l'objectif primordial des
Nations Unies. Mais, malgré « le caractère pluriel », selon l'expression de Yves Petit, de la notion
de la paix inscrite dans la Charte, la paix et la sécurité internationales dont le Conseil de sécurité a
la responsabilité principale, s'entendaient, au lendemain de la seconde guerre mondiale, comme
l'absence des conflits armés interétatiques. Cette problématique de la guerre et de la paix qui
correspond à une vision classique considérait la guerre comme « un ensemble d'acte de violence
exercée par un État à l'encontre d'un autre État, pour le forcer à se soumettre à sa volonté » 193.
Cependant, cette dichotomie entre guerre et paix n'est plus adaptée à la contexture du droit
international contemporain notamment pour la raison que les menaces contre la paix ont de moins
en moins pour origine des conflits armés interétatiques en raison de la multiplication des conflits
survenant à l'intérieur des États194.
De la sorte, au lieu d'instituer la fonction exécutive dans sa plénitude, les États ne se sont
préoccupés que de ce qui leur a semblé impérieux : la sécurité collective. Il s'agit d'un effort
d'organisation en vue de mettre sur pied un système centralisé de sécurité internationale soutenue
par un dispositif institutionnel et normatif jugé alors à même d'assurer son efficacité.
Depuis sa mise en place, le système de sécurité collective a dû subir certaines métamorphoses à la
suite d'événements subséquents à l'évolution du milieu international que certains réaménagements,
malheureusement souvent fortuits, disparates et ponctuels, lui ont été apportés dès lors qu'aux
causes classiques des conflits aussi classiques, auxquels il avait initialement été destiné se sont
193
R. FOUGNET, Manuel élémentaire de droit international public, 11ème édition, Paris, A. Rousseau, 1921, p. 40.
194
Yves PETIT, Droit international du maintien de la paix, Paris, L. G. D. J., 2000, p. 14.
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Tout d'abord, la Société des Nations puis la Charte des Nations Unies ont échafaudé un système de
lutte contre le recours illicite à la force armée par des mécanismes de sécurité. Cette « sanction
collective confiée à une autorité supranationale », selon l'expression de Georges Scelle 195, est un
recours à la force présentant un caractère coercitif, le chapitre VII de la Charte permettant la prise
des mesures collectives ou coercitives.
Toutefois, le maintien de la paix est aussi poursuivi dans la Charte en termes d'organes, de fonctions
et de compétence dans le chapitre VI, version préventive du maintien de la paix que complète
l'interdiction du recours à la force. Ainsi, les activités entreprises au titre des chapitres VI, VII et
VIII de la Charte, contribuent au maintien de la paix196.
Les fondateurs de l'ONU se sont efforcés d'éviter toutes les malfaçons du Pacte et ont été ainsi
amenés à édifier un système très différent et beaucoup plus centralisé. Les engagements demandés
aux membres sont beaucoup plus précis, c'est-à-dire beaucoup plus contraignants et limités et
surtout, un mécanisme de décision est créé qui soumet tout le système à une direction rigoureuse.
Dans le système de la Charte, le Conseil de sécurité possède en effet des pouvoirs institutionnels
spécifiques qu'il doit exercer dans le respect de buts et principes des Nations Unies. En amont d'un
conflit, son action est possible dès qu'il y a menace contre la paix ; mais elle est limitée à un pouvoir
d'enquête ou à la possibilité d'inviter les parties à régler leur différend (articles 33 et 34 de la
Charte).
Ses pouvoirs au titre de règlement pacifique des différends ne constituent plus une étape préalable
et ne lui attribuent pas de pouvoirs de coercition, car il peut seulement agir par voie de
recommandation197.
Le chapitre VII de la Charte relatif à l' « action en cas de menace contre la paix, de rupture de la
paix et d'acte d'agression », confère par contre au Conseil de sécurité un pouvoir de décision et de
coercition. Il centralise l'autorisation du recours à la force du fait que les États y ont renoncé en
195
Georges SCELLE, Précis de droit des gens. Principes et systématiques, Première partie, Paris, Sirey, 1932, p. 66.
196
Y. PETIT, préc., note 194, p. 14.
197
L'échec du système de sécurité collective onusienne a cependant mis en évidence l'interdépendance entre règlement
pacifique des différends.et maintien de la paix et a, de ce fait, accru l'importance du chapitre VI de la Charte.
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application de l'article 2 §4 de la Charte ; ce qui constitue une innovation de taille par rapport à la
SDN. Les forces dont doit disposer le Conseil de sécurité grâce au système des accords spéciaux de
l'article 43, doivent normalement permettre de dissuader toute velléité de la part d’une éventuelle
agression.
Les mécanismes de la sécurité collective se caractérisent donc par une double dimension :
dissuasive et coercition. Ainsi, le mécanisme de coercition prévu au chapitre VII (articles 39 à 51)
accorde-t-il des pouvoirs considérables au Conseil de sécurité et impose-t-il un certain nombre
d'obligations aux États membres.
Les compétences énoncées au chapitre VII lui permettent de constater et de qualifier une situation
(article 39), d'adopter des mesures provisoires (article 40), de prendre des mesures coercitives non
militaires (article 41), et de sanctions militaires (article 42).
Afin que le Conseil de sécurité puisse recourir à la force, les obligations pesant sur les États
membres sont de deux ordres :
- mettre certaines forces armées à sa disposition ;
- maintenir des contingents nationaux, des forces aériennes immédiatement utilisables en vue de
l'exécution combinée d'une action coercitive internationale.
Dans le premier cas, un comité d'État-major doit préparer, coordonner et diriger les opérations
militaires entreprises par les forces ainsi mises à la disposition du Conseil de sécurité. De ce fait, les
obligations sont mieux proportionnées à la situation particulière de chaque État et beaucoup plus
supportables. L'objet des articles 43 et 45 de la Charte est de donner une base matérielle à la
sécurité collective. Dans le second cas, le premier de deux articles prévoit que tous les États
membres de l'ONU mettent à la disposition du Conseil de sécurité des forces armées grâce à des
accords spéciaux qui doivent fixer « les effectifs et la nature de ces forces, leur degré de préparation
et leur emplacement général ainsi que la nature des facilités et de l'assistance à fournir ».
Dans l'esprit de ses fondateurs, l'ONU devait constituer avant tout un instrument de maintien de la
paix et de la sécurité internationale. Cet objectif constitue, avec le respect des droits de l’homme
envisagés de façon indissociable avec le progrès économique et social, une de deux idées directrices
du préambule de la Charte des Nations Unies. Selon l'article I er §1 de la Charte, il s'agit aussi du but
premier et primordial que l'ONU entend poursuivre.
Aussi, la CIJ considère-t-elle qu' « il est naturel d'accorder le premier rang à la paix et à la sécurité
internationales, car les autres ne peuvent être atteints que si cette condition fondamentale est
acquise ». Il est de la sorte admis en droit international que le maintien de la paix et de la sécurité
internationale emporte avec lui la mise en application de deux principes interdépendants :
le principe de règlement pacifique des différends;
et le principe de non recours à la force.
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En effet, aux termes de l'article 1 er de la Convention pour le règlement des conflits internationaux,
signée à la Haye le 18 octobre 1907, « en vue de prévenir autant que possible le recours à la force
dans les rapports entre les États, les puissances contractantes conviennent d'employer tous leurs
efforts pour assurer le règlement pacifique des différends internationaux ». Cette disposition est
incluse dans un titre 1, intitulé « Du maintien de la paix générale ».
Parallèlement, l'obligation de résoudre les conflits par des moyens pacifiques qui en est le
corollaire, acquiert le même caractère impératif. Elle est affirmée par les articles 2 §3 et 33 de la
Charte des Nations Unies et, avec plus de force encore, par la « Déclaration relative aux principes
du droit international touchant les relations amicales et la coopération entre les États », votée par
l'Assemblée générale des Nations Unies à travers la résolution 2625 (XXV) AG du 24 octobre
1990. D'après ce texte « tous les États doivent régler leurs différends internationaux par des moyens
pacifiques, de telle manière que la paix et la sécurité internationales ainsi que la justice ne soit pas
mises en danger »198. .
Pour ce faire, on rappellera d'abord la notion de différend international ; ensuite on passera en revue
les moyens ou voies pacifiques indiquées par la Charte pour le résoudre.
La Charte s'est abstenue de définir la notion de différend international. Mais, en doctrine, on entend
généralement par « différend », « une contestation dans laquelle on ne peut pas faire abstraction de
l'individualité des parties en cause »199. Pour la CPJI, le « différend » se définit comme « un
désaccord sur un point de droit ou de fait, une contradiction, une opposition de thèses juridiques ou
d'intérêts entre deux personnes »200.
Le différend est juridique lorsque le désaccord porte sur un point de droit (interprétation d'une
disposition conventionnelle) ou sur un point de fait (fixation d'une indemnité).
Il est politique quand l'une des parties au moins souhaite la création ou la révision d'un droit
(création d'un droit de décolonisation ou de développement)201.
Le droit international général ne contient pas d'obligations pour les États de faire usage de telle
modalité de règlement pacifique plutôt que telle autre. La seule tentative en ce sens, le protocole du
2 février 1924 établi par l'Assemblée de la SDN, a été abandonnée en raison notamment du nombre
insuffisant des ratifications.
198
Dans l'état actuel de son développement, la communauté internationale ne peut exiger que les parties à un différend
aboutissent à un règlement effectif ; toutefois, la tendance est de multiplier les pressions en ce sens par le recours à des
procédures diplomatiques souvent collectives ou par un meilleur encadrement juridique.
199
Q. D. NGUYEN, préc., note 27, p. 808.
200
CPJI série A n° 2, p. 11.
201
V. de P. LUNDA BULULU, préc., note 10, p. 157.
202
A propos des modes de règlement pacifique des différends, on peut lire utilement les manuels de Droit international
public dont ceux de J. COMBACAU et S. SUR, préc., note 16, p. 554 et P.-M. DUPUY, préc., note 2, p. 547 et s.
Droit international public I : Les O. I.
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Actuellement, l'article 33 de la Charte des Nations Unies dresse une liste non limitative de modes de
règlement sans en imposer aucun :
« Les parties à tout différend dont la prolongation est susceptible de menacer le
maintien de la paix et de la sécurité internationales doivent en rechercher la
solution, avant tout par voie de négociation, d'enquête, de médiation, de
conciliation, d'arbitrage, de règlement judiciaire, de recours aux Organisations
ou accords régionaux ou par d'autres moyens pacifiques de leur choix »203.
Les parties à un litige peuvent cependant perdre leur liberté de choix mais seulement dans la mesure
où elles se sont engagées à l'avance, par la voie conventionnelle, à se soumettre à un procédé
déterminé de règlement.
Tout en reposant sur les principes généraux du droit international public, ces modes de règlement
des différends sont non seulement rendus complexes et détaillés, mais aussi accompagnés d'un
engagement des États de ne pas recourir à la force et de régler pacifiquement leurs différends
(article 2 §3 et 4 de la Charte). Cet engagement, rendu explicite par l'article 33 précité de la Charte,
emporte avec lui des procédures auxquelles les parties à un différend doivent recourir avant de
soumettre, si nécessaire, celui-ci aux organes de l'ONU.
Il est à noter que même si la Charte n'institue aucune hiérarchie entre ces divers modes,
l'énumération de l'article 33 donne une suite logique d'où découle qu'on ne peut recourir à la
technique suivante que dans la mesure où la procédure n'as permis le règlement du différend.
C'est lorsque l'ensemble de ces procédés n'aboutit pas à une solution pacifique que n'importe quel
État, y compris les États parties au différend, membres des Nations Unies ou même le Secrétaire
général, peut porter le différend à l'attention soit du Conseil de sécurité soit de l'Assemblée générale
des Nations Unies. Même dans cette occurrence, le Conseil de sécurité et l'Assemblée générale se
doivent de rappeler l'obligation de recourir d'abord aux moyens de l'article 33 de la Charte comme
analysés ci-dessous.
A. La négociation
C'est le mode de règlement le plus courant et le plus élémentaire. Il consiste, selon le dictionnaire de
la terminologie du droit international, en un « examen en commun par les représentants qualifiés de
deux ou plusieurs États, au moyen de pourparlers oraux, ou de communication écrite, ... d'un
différend à régler ... ». Il s'agit, selon la Charte de Bogota du 30 avril 1948, de la procédure qui
« consiste dans les démarches d'un ou de plusieurs gouvernements (américains) ou d'un ou de
plusieurs citoyens éminents de l'un quelconque des États (américains) étrangers à la controverse en
203
Cette liberté de choix est le leitmotiv de la déclaration de Manille sur le règlement pacifique des différends
approuvée par l'Assemblée générale des Nations Unies le 9 novembre 1982 (Résolution 37/10). Selon son point 1 §3,
« Les différends internationaux doivent être réglés sur la base de l'égalité souveraine des États et en accord avec le
principe du libre choix des moyens, conformément aux obligations découlant de la Charte des Nations Unies et aux
principes de la justice et du droit international ».
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vue de rapprocher les parties en leur offrant la possibilité de trouver directement une solution
adéquate »204.
En principe, l'obligation de négocier n'implique pas l'obligation d'arriver à une solution concertée.
Tout au plus, exige-t-elle la poursuite de la négociation aussi longtemps que nécessaire. La
négociation peut être bilatérale ou multilatérale.
On entend par « bons offices », « l'action d'un État tiers qui, spontanément ou sur demande,
cherche, par des moyens diplomatiques, à rapprocher deux États entre lesquels existe un différend
ou a éclaté un conflit et à les amener à entamer ou à reprendre négociations ou à recourir à quelque
autre méthode de règlement pacifique en vue de mettre fin à ce différend ou à ce conflit » »205.
Il s'agit donc du degré le plus modeste de l'intervention, l'État tiers utilisant son influence morale ou
politique pour établir le contact ou le rétablir s'il a été rompu entre les parties et faciliter
l'organisation matérielle de la négociation. C'est autant l'avis de Charles Rousseau selon qui l'État
tiers se limite, par son action, à ramener les parties, autant que faire se peut, à reprendre les
négociations206.
C. La médiation
La médiation est, selon le dictionnaire de la terminologie du droit international, « l'action d'un État
(ou de plusieurs États) tiers, d'un organe international, exceptionnellement d'une personne privée
qui, à la demande ou du consentement des États en cause, cherche, par voie de persuasion, d'abord à
rapprocher des États entre lesquels existe un différend ou a éclaté un conflit, à les amener à
entreprendre ou à reprendre des négociations, puis, suit ces négociations en suggérant une base
opposés sans chercher à imposer telle ou telle solution »207.
Ainsi comprise, la médiation offerte ou demandée, consiste en premier lieu comme les bons offices
à mettre en présence les protagonistes d'un conflit. Mais, elle ne s'en tient pas là. Le médiateur
propose des bases de négociation et intervient dans le déroulement de la négociation pour favoriser
un rapprochement de point de vue des intéressés, sans chercher cependant à imposer une solution.
La différence essentielle réside donc dans l’étendue des tâches confiées au médiateur qui l'autorise à
suivre et même à guider la négociation jusqu'à son aboutissement.
D. L'enquête
Il s'agit de la procédure par laquelle les parties au litige désignent des personnalités généralement
indépendantes en vue d'établir la matérialité des faits.
204
Voir l'article 9 de la Convention de Bogota du 30 avril 1948.
205
Dictionnaire de la terminologie du droit international, p. 92
206
Charles ROUSEAU, « Droit international public », dans V. de P. LUNDA BULULU, préc., note 10, p. 158.
207
Dictionnaire de la terminologie du droit international, p. 383, v° « Médiation ».
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En tant que moyen interétatique de règlement non juridictionnel, l'enquête consiste donc dans une
recherche portant sur des faits présentés comme à l'origine d'un litige, en vue de constater leur
matérialité, leur nature, les circonstances qui les accompagnent et dans la fourniture d'un rapport
aux parties. D'où, sa désignation par l'expression anglaise « fact finding ». Cette tâche est le plus
souvent confiée à un organe collégial dit « Commission d'enquête ».
L'enquête peut aussi être décidée par un tribunal international ou par tout autre organe international.
Le rapport de la commission d'enquête n'a aucun caractère obligatoire ; les parties restent
entièrement libres de suite à lui donner. D'autant que la commission doit s'en tenir à établir les faits
sans chercher à en tirer la moindre conclusion, même lorsque celle-ci découle nécessairement des
faits. Ces caractéristiques font que l'enquête ne se suffit pas à elle-même comme moyen de
règlement; elle est complémentaire des procédés de la négociation ou du règlement juridictionnel ou
arbitral.
E. La conciliation
La conciliation est un mode de règlement par lequel une commission constituée des personnes
nommées par les parties, soit à titre permanent soit à l'occasion et à raison d'un différend, procède à
un examen impartial de ces derniers et s'efforce de définir les termes d'un arrangement susceptible
d'être accepté par elles ou de prêter aux parties, en vue de règlement, tout concours qui lui aurait été
demandé.
La conciliation consiste à faire examiner un différend par un organe, préconstitué ou accepté par les
parties à l'occasion d'un litige, qui fera à celles-ci des propositions en vue d'un arrangement. La
conciliation repose toujours sur un accord. Ne correspondant pas à une obligation coutumière, le
recours à la conciliation ne s'impose aux États qu'en vertu d'un engagement conventionnel208.
F. L'arbitrage ou l'adjudication
C'est un mode de règlement pacifique des différends par lequel les parties soumettent leur différend
à une ou plusieurs personnes en vue de son règlement définitif. A moins que les parties n'en
décident autrement, l'arbitrage se clôt par une sentence ayant un caractère obligatoire dite
« sentence arbitrale ».
La pratique arbitrale enregistre trois différentes formes d'arbitrage :
- un arbitre unique nommé de commun accord par les parties ;
- une commission mixte : cette forme d'arbitrage comprend généralement un nombre égal des
membres désignés par les parties parmi leurs ressortissants respectifs. Pour les départager,
les parties peuvent leur adjoindre un ressortissant d'un État tiers ;
- un tribunal arbitral mixte : il s'agit d'une dénomination adoptée pour désigner les tribunaux
institués par les Traités de paix de 1919 et 1920.
208
P.-M. DUPUY, préc., note 2, p. 549-550.
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L'arbitrage trouve son fondement dans un acte dit « compromis d'arbitrage » qui indique les
arbitres, le mode de leur nomination, la définition du litige et le droit applicable dans ce règlement
arbitral.
L'arbitrage peut être facultatif ou obligatoire. Dans la première hypothèse, l'accord des parties sur le
recours à l'arbitrage, à l'occasion d'un litige donné, s'exprime par voie de Traité ; les conventions
ayant cet objet sont ainsi dénommées « compromis d'arbitrage » auquel s'appliquent donc les
principes du droit de Traités. Dans cette occurrence, les parties fixent librement le contenu du
compromis, lequel constitue la loi de l'arbitrage; on y retrouvera la définition de l'objet du litige, les
conditions de désignation des arbitres, les pouvoirs de ces derniers, les règles de procédure,
éventuellement le droit applicable par les arbitres. Aussi les règles de conventions multilatérales sur
le règlement pacifique des différends n'ont, en général, qu'un caractère supplétif.
Dans la seconde hypothèse, celle de l'arbitrage obligatoire, l'acceptation de l'arbitrage pour des
litiges encore éventuels est un progrès du droit de l'arbitrage en ce qu'elle permet de définir la portée
de ce mode de règlement en l'absence des tensions politiques à l'issue d'une négociation
diplomatique, mais surtout en ce qu'elle autorise le déclenchement unilatéral de la procédure
d'arbitrage lorsque survient un litige209. Pour ce faire, la technique de la Clause compromissoire et
celle du Traité d'arbitrage sont d'usage.
Cette clause dite compromissoire peut avoir une portée de types variés : la clause est dite «
spéciale » lorsqu'elle prévoit le recours à l'arbitrage pour les seuls litiges relatifs à l'application et à
l'interprétation du Traité qui la contient; mais la clause est dite « générale» lorsqu'elle vise tous les
différends susceptibles de naître du fait du Traité qui la contient.
G. Le règlement judiciaire
On envisage ici le recours à un organe juridictionnel permanent, en l'occurrence la CIJ dans le cadre
de l'ONU.
On connaît au préalable la composition de la juridiction et le droit applicable par elle se trouve
préétabli ; seulement les parties disposent de la faculté de demander aux juges de statuer ex aequo et
bono, c'est-à-dire, en toute équité. Toutefois et bien que le droit applicable tout comme les règles de
procédure soient préalablement fixés, le recours à la juridiction de la CIJ n'est pas obligatoire et
repose, on le sait, sur le consentement préalable des parties. Mais une fois la compétence de la Cour
établie du fait des consentements des parties, ses décisions revêtent un caractère obligatoire et leur
sont opposables.
Il s'agit d'une voie de règlement pacifique des différends consistant à recourir aux Organisations
régionales (ex. OEA, UA, Ligue Arabe, ...) entre États membres d'une telle Organisation.
209
En réalité, même lorsque l'engagement est contraignant, il reste souvent nécessaire de conclure un compromis pour
préciser la procédure d'arbitrage et l'objet de la demande. Ceci est d'ailleurs souvent prévu expressément par les parties.
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III. Mise en œuvre des procédures de règlement pacifique des différends par les organes des
Nations Unies
A. Le Conseil de sécurité
La prééminence du Conseil de sécurité dans le règlement des différends est justifiée par l'article 24,
§1 de la Charte en ces termes :
« Afin d'assurer l'action rapide et efficace de l'Organisation, ses membres
confèrent au Conseil de sécurité la responsabilité principale du maintien de la
paix et de la sécurité internationales et reconnaissent qu'en s'acquittant des
devoirs que lui impose cette responsabilité, le Conseil de sécurité agit en leur
nom »211.
Le droit de saisine du Conseil de sécurité est très libéralement attribué par la Charte en vue d'éviter
des procédés dilatoires. En effet, en vertu de l'article 35 de la Charte, tout État membre, partie ou
non à un différend, impliqué ou non dans une situation, peut attirer l'attention du Conseil sur ce
différend ou cette situation.
La Charte réglemente deux autres formes d'initiatives émanant des parties. La première s'écarte de
l'idée de la saisine facultative ; si les parties n'ont pas réussi à régler leur différend par le recours
aux moyens énoncés à l'article 33, elles sont dans l'obligation de soumettre ce différend au Conseil
(article 37)212. La seconde consiste dans la saisine du Conseil « si toutes les parties à un différend le
lui demandent » (article 38).
Un État non membre de l'ONU peut également saisir le Conseil à propos d'un différend auquel il est
partie et moyennant l'acceptation préalable par lui des obligations de règlement pacifique prévues
par la Charte (article 35, §2).
En vertu de l'article 11 §3 de la Charte, l'Assemblée générale peut aussi attirer l'attention du Conseil
sur une situation. Mais l'innovation la plus intéressante réside dans l'article 99 de la Charte qui
autorise le Secrétaire Général à saisir le Conseil d'une affaire qui, à son avis, pourrait mettre en
danger la paix et la sécurité internationales.
210
Romain YAKEMTCHOUK, « Les frontières africaines », (1970) 74 Rev. Générale Droit Int. Public 17-68, 27 ;
Romain YAKEMTCHOUK, Les frontières africaines, Paris, A. Pedone, 1970 ; Jean-Pierre QUÉNEUDEC,
« Remarques sur le règlement des conflits frontaliers en Afrique », (1970) 1 Rev. Générale Droit Int. Public 69-77.
211
Bien que ce texte vise le maintien de la paix et non le règlement des différends, on peut considérer au vu de la
pratique que ces deux missions sont trop interdépendantes pour ne pas autoriser une interprétation large du champ
d'application de l'article 24.
212
La rédaction défectueuse de l'article 37 de la Charte pourrait laisser croire que le Conseil, doit être saisi par une
initiative conjointe des parties; en réalité, leur consentement n'est exigé que si, ensemble, elles souhaitent mettre en
œuvre l'article 38. En 1948, dans le conflit entre l'Inde et le Pakistan, il a été admis que la condition posée par l'article
3'8 était vérifiée lorsque le Conseil était saisi en vertu de deux demandes séparées en application de l'article 35 § 1.
L'article 38 est très rarement invoqué.
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Une fois saisi, le Conseil reste libre d'accepter ou de refuser l'examen du différend ou de la
situation; il ouvre un débat sur l'inscription de la question à l'ordre du jour du Conseil, ce qui
implique seulement que le Conseil accepte d'ouvrir une discussion. On y voit donc qu'une question
de procédure susceptible d'un vote majoritaire sans droit de veto de membres permanents.
S'agissant des modalités d'intervention du Conseil de sécurité, celui-ci peut faire appel à l'ensemble
des moyens non juridictionnels de règlement pacifique des différends offerts par le droit
international général. En principe, il procède par voie de recommandation; mais il semble désormais
acquis qu'il est en droit d'imposer aux parties le recours à un mode de règlement par une décision 213.
Ce faisant, le Conseil intervient par l'exercice direct de ses pouvoirs de règlement des différends ou
par l'invitation adressée aux parties de recourir à un mode de règlement déterminé214.
B. L'Assemblée générale
L'intervention de l'Assemblée générale a été jugée utile parce qu'elle garantit une égalité entre États
que n'assure pas la procédure de vote au Conseil de sécurité et parce qu'elle peut rendre position à la
majorité. En effet, l'article 10 de la Charte lui attribue une compétence tout à fait générale :
« L'Assemblée générale peut discuter toutes questions ou affaires rentrant dans le
cadre de la présente Charte ou se rapportant aux pouvoirs et fonctions de l'un
quelconque des organes prévus par la présente Charte et, sous réserve des
dispositions de l'article 12, formuler sur ces questions ou affaires, des
recommandations aux membres de l'Organisation des Nations Unies, au Conseil
de sécurité ou aux membres de l'Organisation et au Conseil de sécurité »215.
Les articles 11, 12 et 14 de la Charte définissent plusieurs hypothèses qui intéressent le règlement
des différends. L'Assemblée peut discuter et faire des recommandations sur toute question
intéressant le maintien de la paix (article Il §2) ; sa compétence est confirmée par l'article 35. La
saisine est relativement aisée puisqu'elle peut être le fait d'un État membre, d'un État non membre
ou du Conseil de sécurité. Elle peut attirer l'attention du Conseil de sécurité sur les situations
dangereuses pour la paix (article 11 §3). Elle peut enfin et surtout recommander les mesures propres
à assurer l’ajustement pacifique de toute situation (article 14 de la Charte).
Afin de remédier aux inconvénients d'un parallélisme absolu de compétence de l'Assemblée et du
Conseil à l'égard des différends les plus graves, la Charte impose deux limitations à l'Assemblée :
213
Dans l'Avis consultatif du 21 juin 1971, la CIJ a considéré que le libellé de l'article 25 de la Charte n'interdisait pas
de reconnaître la valeur décisoire à des résolutions du Conseil de sécurité qui ne s'inscrivaient pas dans le cadre du
chapitre VII de la Charte (Affaire de la Namibie, Réc., 1971, p. 53).
214
Quand il examine une affaire, le Conseil est d'abord en droit d'ouvrir et de faire procéder sous son autorité à une
enquête et sur base de l'article 34, il peut procéder à une enquête spéciale : déterminer si la prolongation d'un différend
ou d'une situation semble devoir menacer le maintien de la paix et de la sécurité internationales; l'enquête abouti alors à
des conclusions de fond relatives à la qualification juridique des faits.
215
Remarquons que l'article 12 porte sur l'interdiction faite à l'Assemblée Générale de faire des recommandations sur un
différend ou une situation dont le conseil de sécurité remplit à son égard les fonctions lui attribuées par la Charte.
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selon l'article 12 de la Charte, l'Assemblée générale n'a pas le droit de faire des recommandations
sur les affaires qu'examine le Conseil de sécurité. Tout au plus, elle est en droit d'en discuter ;
en second lieu, chaque fois que l'examen d'une affaire appelle une action coercitive régie par le
chapitre VII de la Charte, l'Assemblée générale doit le renvoyer au Conseil soit avant, soit après
la discussion (article Il §2 in fine). Le monopole du Conseil de sécurité en matière coercitive
implique en principe l'incompétence de l'Assemblée pour recommander une telle action.
C. Le Secrétaire général
Le Secrétaire général exerce parfois ses fonctions diplomatiques non pas proprio motu mais sur la
base d'un mandat qui lui est confié par l'Assemblée générale ou le Conseil de sécurité, hypothèse
prévue par l'article 98 de la Charte217.
Même sans habilitation, ni texte, le Secrétaire général se situe dans une position stratégique au sein
de l'ONU qui l'autorise à jouer souvent de manière discrète sinon même confidentielle, un rôle
important pour le règlement de certains différends. En principe, il peut mettre en mouvement tous
les modes de règlement pacifiques218.
Nous examinerons le rôle de la CIJ en matière de règlement pacifique des différends en même
temps que la question de la justice internationale tandis que le recours aux Organisations régionales
216
Sir ce point, les auteurs de la Charte ont tiré la leçon de l'expérience de la SDN dont le Secrétaire général, agent
purement administratif, ne disposant pas d'une compétence semblable, devait rester impuissant face à l'inertie volontaire
et calculée des États membres. Les Secrétaires généraux successifs n'ont fait qu'un usage modéré de cette possibilité en
invoquant expressément l'article 99 à l'exception de DAG HAMMARSKJOLD et récemment du BOUTROS
BOUTROS-GHALI. Cependant, comme il l'avait annoncé dans son premier rapport général, le Secrétaire général des
années 1980, M. Janvier PEREZ DE CUELLAR, a tenté d'y trouver le fondement, le plus souvent implicite, de ses
initiatives en vue de prévenir des différends internationaux.
217
A l'initiative du Conseil de sécurité, l'affaire du conflit Indo-pakistanais (Résolution 218 de 1965) celle du Moyen-
Orient (Résolution 244 de 1967), du différend frontalier entre l'Irak et l'Iran (Résolution 348 de 1974), de violation du
protocole de Genève de 1925 sur l'emploi d'armes chimiques (Résolution CS. 620 de 1988), de prises d'otages en Irak
(Résolution C.S. 674 de 1990) ou les atrocités commises au Rwanda en 1994.
218
Il a pu arriver que le Secrétaire général même une négociation. Ce fut le cas en 1953 après l'armistice en Corée pour
obtenir de la Chine la libération des prisonniers américains non rapatriés; ce fut aussi le cas, par la conclusion du
Mémorandum d'accord de Bagdad du 23 février 1998 qui a dénoncé temporairement la crise relative au contrôle du
désarmement de l'Irak (Résolution C.S. 1154 du 02 mars 1998). Plus fréquemment, le Secrétaire général offre ses bons
offices aux parties : le différend entre les Pays-Bas et l'Indonésie sur l'Iran Occidental (1962) ; le mémorandum d'accord
de Genève de 1988 sur le contrôle du retour à la paix en Afghanistan, ... L'affaire du Sahara occidental présente
l'originalité d'une tentative de solution bicéphale (bons offices du Secrétaire général et du Président en exercice de
l'OUA). Enfin, plusieurs exemples de médiation du secrétaire Général comme dans les cas de l’accord de
désengagement entre l'Égypte et l'Arabie Saoudite dans l'affaire du Yemen de 1963, des affaires du Chypre (1964,
1974), du différend Indo-Pakistanais (1965) ; de l'incident du Rainbow Warrior entre la France et la Nouvelle-Zélande
en 1986.
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Comme analysé ci-dessus, la CIJ, tout en appartenant au système onusien dont elle est l'organe
judiciaire principal (article 92 de la Charte), a un rôle, certes, difficile mais indiscutable en matière
du développement du droit international qu'elle est appelée à interpréter facto sensu. Mais comme
son prétoire n'est pas accessible aux particuliers et que son Statut lui interdit de juger des individus
d'une part et, d'autre part, n'étant compétente que pour le règlement des litiges d'ordre juridique,
d'autres juridictions, spécialement celles de l'ordre pénal, vont voir le jour, pour ainsi contribuer au
développement du droit international.
S'il en est ainsi des juridictions internationales à compétence restreinte, les juridictions pénales
internationales sont aussi, du fait de leur mission de répression des crimes internationaux, des
acteurs agissant dans le même but.
Suite à la création des tribunaux pénaux ad hoc pour l'ex-Yougoslavie et pour le Rwanda, ainsi
qu'après l'adoption de la Convention de Rome de juillet 1998 instituant la première juridiction
pénale internationale à caractère permanent et à vocation universelle, il devient désormais possible
d'affirmer sans équivoque que les juridictions internationales tout en étant révélatrices du
développement du droit international, sont aussi au service de la paix et de la lutte contre les crimes
internationaux. Pourtant, dès leur origine, ces juridictions ont posé la problématique de la nature et
de la valeur juridique des organes et des actes les instituant219.
En réalité, trois modes de création étaient pourtant envisageables pour les tribunaux ad hoc :
- le recours à la voie conventionnelle ;
- une résolution adoptée par l'Assemblée générale ;
- une résolution du Conseil de sécurité.
Nous allons examiner le rôle que joue le Conseil de sécurité dans la création des juridictions pénales
internationales, avant de présenter le rôle de la Commission du droit international dans le
développement de ce dernier.
Il est depuis longtemps admis que la répression des crimes commis par des individus en tant
qu'agents publics revêt une nature mixte à la fois nationale et internationale.
Certaines juridictions internationales ont pu être établies dans des situations où les données
politiques autorisaient un contournement du monopole de la répression nationale. Ainsi, en 1919, le
219
Anne-Charlotte MARTINEAU, Les juridictions pénales internationalisées. Un nouveau modèle de justice hybride ?,
coll. "Perspectives internationales", n°28, Paris, A. Pedone, 2007. Voir également : Elisabeth LAMBERT-
ABDELGAWAD, « Le dessaisissement des tribunaux nationaux au profit des Tribunaux pénaux internationaux : un
encadrement abusif par le droit international de l’exercice de la compétence judiciaire », (2004) 108-2 Rev. Gén. Droit
Int. Public 407-438, en ligne : <http://catalogue.sciencespo.fr/ark:/46513/sc0000621972> (consulté le 4 novembre
2019).
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Traité de Versailles, dans son article 277, créa un tribunal spécial pour juger Guillaume, « coupable
d'offenses suprêmes à la morale internationale et à l'autorité des Traités ».
Lors de la seconde guerre mondiale, instruits de fâcheux précédents, les alliés ont publié à Moscou
en octobre 1943, une déclaration dans laquelle ils affirmaient énergiquement leur détermination de
châtier les criminels de guerre après victoire. La répression proprement internationale n'a donc
concerné, encore partiellement, que les grands criminels de guerre, jugés par les tribunaux militaires
internationaux de Nuremberg et de Tokyo institués respectivement par l'accord de Londres du 8
août 1945 et la décision du Commandement en Chef des troupes d'occupation au Japon du 19
janvier 1946. L'un et l'autre ont fonctionné selon le même principe220.
À la fin de la guerre froide et l'horreur des crimes commis à la grande échelle en ex-Yougoslavie
d'abord, au Rwanda ensuite, ont conduit à relancer le processus amorcé après la guerre. Deux
juridictions pénales internationales ad hoc ont vu le jour mais leurs compétences ratione loci et
ratio ne termporis restent étroitement circonscrites221.
Sur le même modèle que le TPIY, le Conseil a créé le Tribunal Pénal International pour le Rwanda
(TPIR) en adoptant la Résolution 955 du 8 novembre 1994 après la reconnaissance des massacres et
la commission d'un génocide au Rwanda. Les observateurs sont d'accord pour admettre que ce
second tribunal ad hoc a moins bien fonctionné que son prédécesseur.
Mais pour leur mode de création, les deux tribunaux ont toutefois soulevé la question de la
constitutionalité de la procédure adoptée. En effet, la création de ces deux tribunaux ad hoc résulte
d'un procédé que l'on peut qualifier, avec Yves Petit, d'exorbitant 223. Leur fondement juridique,
reposant respectivement sur les Résolutions 808 et 827, pour le TPIY, et la Résolution 955 pour le
TPIR, toutes trois adoptées sur le fondement du chapitre VII, est le fruit d'une interprétation
idéologique de la Charte des Nations Unies.
220
L'accord de Londres, conclu entre la France, les USA, le Royaume-Uni et l'URSS, a reçu par la suite l'adhésion de 18
autres États. Le Tribunal de Nuremberg était composé de 4 juges titulaires et de 4 juges suppléants désignés
respectivement par les USA, la France, la Grande Bretagne et l'URSS. La commission d'instruction et de poursuite de
grands criminels de guerre prévue par le statut a déféré au tribunal 21 accusés dont 16 civils et 5 militaires et lui a
transmis, après approbation, l'acte d'accusation. Le jugement a été rendu le 1 er octobre 1946 : 12 condamnations à mort
par pendaison, 3 à la prison à vie, 2 à vingt ans de prison, 1 à 15 ans de prison, 1 à 10 ans de prison enfin deux
acquittements ont été prononcés. Toutes les peines ont été exécutées ; cependant, le condamné à mort GOERING s’est
suicidé le 15 novembre 1946. Dans son jugement du 12/11/1948, le tribunal de Tokyo a réaffirmé les mêmes principes
que ceux adoptés par le tribunal de Nuremberg : 6 condamnations à mort ont été prononcées.
221
Q. D. NGUYEN, préc., note 27, p. 684.
222
Théodore CHISTAKIS, « Les relations entre la Cour internationale de justice et le Tribunal pénal international pour
l’ex-Yougoslavie. Les premières fissures à l’unité du droit ? », Observateur des Nations Unies no1 (1996) à la page 45.
223
Y. PETIT, préc., note 194, p. 183.
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La conséquence directe est que le Conseil de sécurité, véritable « autorité publique internationale »,
sélectionne arbitrairement les « coupables » de violation du droit international. Il apprécie à sa guise
la gravité des faits constatés et règle librement la gradation de la réaction. Il prétend de la sorte
« dire la loi » internationale et, par le déclenchement de l'action qui lui incombe, en tirer les
conséquences primitives. C'est alors le rôle du juge qu'il exerce de ce fait doublant parfois la CIJ
dans ce rôle224.
Le Conseil utilise le recours au chapitre VII pour adopter le Statut du tribunal. Ce qui lui permet
d'exercer un pouvoir organique, un pouvoir sur les personnes et un pouvoir sur les États. Par le
premier, il se dote d'un organe subsidiaire qu'il juge nécessaire à l'accomplissement de ses
fonctions. Par le second, il entend faire juger les personnes présumées responsables des violations
graves du droit humanitaire et des violations flagrantes des droits de l’homme. Par le troisième, il va
assurer l'effectivité du second parce que le fonctionnement du tribunal n'est pas pensable sans une
collaboration des États pour l'instruction et l'exécution des peines.
Il est clair que le Conseil de sécurité a procédé à une interprétation particulièrement extensive du
chapitre VII pour les besoins du conflit Yougoslave.
Les violations graves et massives des droits de l'homme sont considérées comme constituant
menace contre la paix et le Conseil de sécurité s'« affranchit alors de la lettre du chapitre VII. et ne
peut plus prétendre à la légalité de son action prise au nom de la communauté internationale. En
défense des obligations essentielles que tous ont à son égard »225. Le préambule de la résolution 827
précise d'ailleurs expressément que la création du tribunal contribue « à la restauration et au
maintien de la paix ».
L'institution du TPIR, pour sa part, s'est révélée plus délicate, le processus de création du tribunal
ayant fait ressortir les divergences de vue entre le gouvernement rwandais et le Conseil de
sécurité226.
Par la Résolution 935 (1994), le Conseil de sécurité a créé une commission d'experts pour le
Rwanda qui, pour des raisons pratiques (utilisation des ressources et cohésion jurisprudentielle),
avait recommandé seulement d'« élargir la compétence du TPIY de façon que les affaires
concernant la situation au Rwanda puisse être portées devant lui ». Finalement, comme pour la
Yougoslavie, un tribunal ad hoc sera créé suivant la même technique juridique pour des raisons de
célérité et d'opportunité identiques à celles ayant prévalu pour le TPIY227.
224
Roland SÈTONDJI et Jean-Baptiste ADJOVI, Les missions de maintien de la paix de l’ONU, Paris, Institut des
Hautes Études Internationales (IHEI), 1996, p. 2-3.
225
Pierre-Marie DUPUY, « Sécurité collective et organisation de la paix », (1993) 97-8 Rev. Générale Droit Int. Public
617-627, 626.
226
MUTOY MUBIALA, « Le tribunal international pour le Rwanda, vraie fausse copie du tribunal pénal international
pour l’ex-Yougoslavie ? », (1995) 4 Rev. Générale Droit Int. Public 929.
227
Les décisions Tadic pour le TPIY et Kany Abashi pour le TPIR ont estimé que le procédé utilisé respectait les
dispositions du chapitre VII spécialement son article 41 et que la création des juridictions pénales ad hoc entre bien
dans la catégorie des mesures n'impliquant pas l'emploie de la force armée pour rétablir la paix. Mais lors de la création
du TPIY, la Chine avait souligné qu'elle résultait d'un arrangement ad hoc en raison de la particularité du contexte
yougoslave et qu'il n'était pas question de constituer un précédent. Sa position explique son abstention lors du vote de la
Droit international public I : Les O. I.
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L'on peut seulement déplorer que malgré l'enquête des Nations Unies menée au Cambodge à la fin
de l'année 1998, qui a reconnu la mort de 1,7 million de cambodgiens du fait de l'extermination
d'une partie de la population de cet État par les Khmers Rouges, un tribunal international ad hoc ne
soit pas institué sur le modèle de deux existants. Cette préoccupation peut aussi être partagée à
propos de la R.D.C. où le conflit de 1998 a entraîné la mort de plus de 5 millions des personnes tout
comme à propos du Soudan où les atrocités commises au Darfour sont constitutives, selon
l'appréciation de certains observateurs et analystes, du crime de génocide.
La Cour pénale internationale, née de l'adoption de la Convention de Rome du 17 juillet 1998, est
une innovation de taille dans le processus de développement du droit international, bien que sa
création représente un indéniable progrès vers la fin de l'impunité de grands criminels du fait
notamment du « conditionnement sans précédent de la souveraineté des États » 228, qu'elle implique,
son mode de création incite à un optimisme prudent.
Le Traité instituant la CPI a été adopté le 17 juillet 1998 à Rome, au terme d'une Conférence réunie
sous les auspices de l’'ONU. Parmi les 160 États participants : 120 ont approuvé le projet résultant
d'un marathon diplomatique qui s’est achevé dans la confusion ; sept États, dont les États-Unis, la
Chine, l'Inde, la Libye, l'Irak et Israël, ont voté contre : 21 se sont abstenus (des pays arabes pour la
plupart) et 12 n'ont pas pris part au vote. Son mode d'établissement est sans précédent, car la CPI
n'apparaît pas comme une justice des vainqueurs à l'image de Nuremberg et de Tokyo. Elle n'est pas
non plus le résultat d'un processus de création exorbitant comme celui des tribunaux pénaux ad hoc.
Elle a emprunté la vie normale de création d'une juridiction pénale internationale et permanente
bien que la sortie du tunnel se soit fait longtemps attendre si l'on se souvient que l'article 6 de la
Convention de 1948 sur le génocide prévoyait déjà la naissance d'une telle Cour229.
N.B. Les USA ont estimé que le Statut de la nouvelle Cour favorisait l'impunité des hauts
responsables des États non parties commettant des crimes à l'intérieur de leurs États, alors qu’il
défavorise les États dont le personnel militaire est très présent à l'étranger230.
La Convention conclue en 1998 confirme cette approche sur plusieurs points essentiels tout en étant
moins restrictive quant au déclenchement de l'action contentieuse 231. En effet, il est prévu d'une part,
que le Conseil de sécurité, agissant dans le cadre du chapitre VII de la Charte, peut renvoyer une
affaire à la Cour et, d'autre part, qu'une plainte est subordonnée à la constatation préalable qu'un
État a commis l'acte faisant l'objet de la plainte. Dans tous les autres cas, le dépôt d'une plainte est
subordonné à la double condition que l'État de détention du suspect et celui sur le territoire duquel
le crime a été commis aient accepté la compétence de la Cour pour cette catégorie des crimes 232.
L'article 5 du Statut énumère les crimes relevant de la compétence de la Cour. Elle est limitée aux
crimes les plus graves qui touchent 1’ensemble de la communauté internationale et s'étend aux
crimes suivants :
a. le crime de génocide ;
b. les crimes contre 1'humanité ;
c. les crimes de guerre ;
d. le crime d'agression.
Ces quatre crimes sont ceux qui présentent la filiation la plus étroite avec le maintien de la paix et
de la sécurité internationale. Le crime de génocide (article 6 du Statut) reprend le contenu de
l'article 2 de la convention de 1948. La définition du crime d'agression est reportée à plus tard
comme l'indique le paragraphe 2 du même article 5. L'article 7, consacré aux crimes contre
231
Lire à ce propos : Hélène RUIZ FABRI et Jean-Marc SOREL (dir.), La saisine des juridictions internationales, coll.
Contentieux international, Paris, Pédone, 2006 ; Christine A.E. BAKKER, « Le principe de complémentarité et les
“auto-saisines” : un regard critique sur la pratique de la cour pénale internationale », (2008) 112 Rev. Générale Droit
Int. Public 361-378.
232
Voir article 12 Statut de Rome.
233
Selon cet article 16, « Aucune enquête ni aucune poursuite ne peuvent être engagée ni menée .... pendant les 12 mois
qui suivent la date à laquelle le Conseil de sécurité a fait une demande dans ce sens à la Cour dans une résolution
adoptée en vertu du chapitre VII de la Charte des Nations Unies ; la demande peut être renouvelée par le Conseil dans
les mêmes conditions ».
234
La recherche de l'universalité de la CPI est sans aucun doute le gage de son efficacité et de l'appui de la communauté
internationale. Seulement il nous paraît paradoxal de relever que les USA et la Chine ont accepté assez facilement le
principe de juridiction pénale ad hoc dans le cadre du Conseil de sécurité mais n'ont pas présenté le même
empressement dans la signature du Statut de la CPI.
235
Mauro POLITI, « Le Statut de Rome de la Cour pénale internationale : le point de vue d’un négociateur », (1999)
1034 Rev. Générale Droit Int. Public 817-850.
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l’humanité, définit le crime contre l'humanité de façon détaillée dans son paragraphe 2 en précisant
toute une liste des termes clés contenus dans son paragraphe 1er.
Malgré les imperfections, les crimes de guerre perpétrés lors des conflits internationaux regroupent
ce qu'il est convenu d'appeler le « Droit de Genève » (Droit humanitaire) et le « Droit de La Haye »
(Droit de la guerre), alors que les crimes de guerre intervenant dans des conflits internes constituent
un progrès important en termes de droit international public en général.
Du point de vue de la compétence ratione personae et ratione loci, la CPI n’est compétente, en
vertu de l'article 12 du Statut que dans les conditions suivantes : l'État national du criminel présumé
ou l'État sur le territoire duquel les actes incriminés ont eu lieu est partie au Statut. Dans le cas où il
n'est pas parte au Statut, il doit avoir accepté unilatéralement la compétence de la CPI. La
convention de Rome n'institue donc pas vraiment une compétence universelle236.
Par la compétence ratione temporis, la Cour n'exerce sa juridiction « qu'à l'égard des crimes
relevant de sa compétence commis après l'entrée en vigueur du Statut , c’est-à-dire en 2002 (article
11). Cette restriction est pour le moins surprenante s'agissant de juger de crimes qualifiés
d'imprescriptibles (article 29).
L'article 24 du Statut pose aussi le principe de la non-rétroactivité ratione personae, aucun individu
ne pouvant être « pénalement responsable ... pour un comportement antérieur à l'entrée en vigueur
du Statut ».
Le principe de l'universalité de juridiction n'exclut cependant pas une répression par le juge interne.
La compétence ratione fori permet d'aborder la difficile question de la complémentarité entre la
CPI et les juridictions criminelles nationales, principe souligné dans le préambule et posé à l'article
Ier du Statut237.
Comme l'affirme Serge Sur, l'absence des compétences pour crimes de guerre pendant une durée
initiale de sept ans et la suspension de la compétence de la Cour pour absence de définition de
l'agression sont synonymes de manque d'unité des infractions retenues. L'article 5 §2 prévoit en
effet que « la Cour exercera sa compétence à l'égard du crime d'agression quand une disposition
aura été adoptée conformément aux articles 121 et 123, qui définira ce crime et fixera les conditions
de l'exercice de la compétence à son égard ». La résolution 3314 (XXIX) de l'Assemblée générale
du 14 décembre 1974 contient bien une définition de l'agression mais elle est sujette à caution.
236
A propos de la théorie de la compétence universelle, lire notamment Pierre D’ARGENT, « L’experience belge de la
competence universelle : beaucoup de bruit pour rien ? », (2004) 108-3 Rev. Générale Droit Int. Public 597-631.
237
C. A. E. BAKKER, préc., note 231.
Droit international public I : Les O. I.
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Chapitre II
L'UNION AFRICAINE (U.A.)
Acteur principal à l’échelon continental africain, l'Union Africaine constitue à la fois la résultante
des efforts en vue de l'intégration africaine et le prolongement de l'action entreprise avant elle dans
le cadre de l'OUA. Aussi allons-nous, étudier successivement l'origine et les finalités de l’UA, ses
organes et la question de l’intégration économique en Afrique.
Créée sur les décombres de l’OUA, l'UA entend répondre à certains impératifs qui sont ses objectifs
alors que son action est fondée sur certains principes pour l'essentiel définis sur le modèle de la
Charte de l'OUA à laquelle certains aménagements évolutifs ont été apportés.
Droit international public I : Les O. I.
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Créée à Addis-Abeba le 25 mai 1963, l'OUA apparaît comme la résultante des multiples efforts et
actions menés par les leaders africains dans le cadre du mouvement panafricain d'avant les
indépendances238.
Alors que son siège se trouve à Addis-Abeba en Éthiopie, ses objectifs se trouvent définis à l'article
11 de sa Charte et visent à :
coordonner et intensifier leur coopération et leurs efforts pour offrir des meilleures conditions
d'existence aux peuples d'Afrique ;
défendre leur souveraineté, leur intégrité territoriale et leur indépendance ;
éliminer sous toutes ses formes le colonialisme de l'Afrique ;
favoriser la coopération internationale en tenant dûment compte de la Charte des Nations Unies
et de la Déclaration universelle des droits de l'homme.
En vue d'atteindre ses objectifs, l'action de l'OUA repose sur certains principes qui, aux termes de
l'article III de sa Charte, sont :
l’égalité souveraine de tous les États membres ;
la non-ingérence dans les affaires intérieures des États ;
le respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de chaque État et de son droit inaliénable
à une existence indépendante ;
le règlement pacifique des différends par voie de négociation, de médiation, de conciliation ou
d'arbitrage ;
la condamnation sans réserve de l'assassinat politique ainsi que des activités subversives
exercées par les États voisins ou tous autres États ;
le dévouement sans réserve à la cause de l'émancipation totale des territoires africains non encore
indépendants ;
l’affirmation d’une politique de non-alignement à l'égard de tous les blocs membres.
Par ailleurs, l'OUA entend poursuivre les objectifs qu’elle s'est assignée, principalement par
l’intermédiaire des institutions ci-après :
la Conférence des chefs d'États et de gouvernements ;
le Conseil des ministres ;
le Secrétariat général ;
la Commission de médiation, de conciliation et d'arbitrage.
Conscient des faiblesses du mécanisme mis en place par la Charte de l'OUA, les États africains ont
estimé qu'il était nécessaire de procéder à sa réforme en vue de faciliter la promotion du
développement intégral et l'instauration d'une sécurité durable sur le continent africain. C'est dans
ce contexte que, sous l’impulsion du président libyen, le Colonel Mouammar El Kadhafi, le projet
constitutif de l'Union Africaine a été présenté par la diplomatie libyenne et discuté par les ministres
238
L'OUA, née sur base de deux courants opposés sur le contenu de panafricanisme, il s'agit du courant dit progressiste
ou groupe de Casablanca (Guinée, Ghana, Mali, Algérie), d'une part et, d'autre part, le courant dit réformiste ou groupe
de Monrovia (Nigeria, Togo, Liberia, Sierra Léone, Éthiopie, Zaïre, ... ).
Droit international public I : Les O. I.
P a g e | 99
des affaires étrangères des États membres de l'OUA à Tripoli le 3 juin 2006. Ce projet sera soumis à
l'examen des chefs d'États et de gouvernements lors du 36 eme sommet de l'OUA tenu à Lomé du 6 au
12 juillet 2000.
D'après le calendrier adopté à Lomé, la ratification devait intervenir avant le 3 novembre 2000 ou
au plus tard au cours du premier trimestre 2001. En outre, il était convenu que l’entrée en vigueur
de l'acte constitutif de l'UA devait être approuvée par les deux tiers au moins des pays africains, soit
trente-six États sur un total de cinquante-trois États membres de l'UA.
C'est au sommet de Syrte tenu du 1 er au 2 mars 200l que le projet de l'Acte constitutif de l’UA a été
adopté par quarante-quatre États présents tandis que la naissance officielle de l'UA a été consacrée
par le sommet de Lusaka du 11 juillet 2001 marquant ainsi la liquidation de l'OUA239.
L'Acte constitutif de l'UA, qui est constitué, tout comme la Charte de l’OUA, de 33 articles, indique
clairement que les objectifs majeurs de l'UA sont d' « accélérer la promotion des principes et
institutions démocratiques, la participation populaire et la bonne gouvernance, le développement du
continent par la promotion de la recherche dans tous 1es domaines, en particulier en science et en
technologie mais surtout l'intégration politique et économique de l'Afrique ». Il 'agit d'une
innovation importante qui, selon certains critiques, tranche avec les hésitations qui furent celles des
rédacteurs de la Charte de l'OUA en 1963.
De manière plus précise, ces objectifs énoncés à l'article 3 de l'Acte constitutif de l'UA sont :
réaliser une plus grande unité de solidarité entre les pays africains et les peuples d'Afrique ;
défendre la souveraineté, l'intégrité territoriale et les indépendances de ses États membres ;
accélérer l'intégration politique et socio-économique du continent ;
promouvoir et défendre les positions africaines communes sur les questions d'intérêt pour le
continent et ses peuples ;
favoriser la coopération internationale en tenant dûment compte de la Charte des Nations Unies
et de la Déclaration universelle des droits de l'homme ;
promouvoir la paix, la sécurité et la stabilité sur le continent ;
promouvoir les principes et les institutions démocratiques, la participation populaire et la bonne
gouvernance ;
promouvoir et protéger les droits de l'homme et des peuples conformément à la Charte africaine
des droits de l'homme et des peuples et aux autres instruments pertinents relatifs aux droits de
l'homme ;
créer les conditions appropriées permettant au continent de jouer le rôle qui est le sien dans
l'économie mondiale et dans les négociations internationales ;
promouvoir le développement durable aux plans économique, social et culturel ainsi que
l'intégration des économies africaines ;
239
A propos de la genèse de l'UA, lire LABANA LASA Y A'BAR et KAPANGA, M., « MOUAMMAR KADHAFI et
l'Union Africaine: problèmes et perspectives », in Alternative, n° 005, Kinshasa, juillet 2001, pp. 20-21.
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P a g e | 100
L'article 4 de l'Acte constitutif de l’UA fixe les principes qui déterminent le fonctionnement de
l’UA. La grande innovation dans la consécration du droit pour l'Union d'intervenir dans un État
membre dans certaines circonstances graves que l'Acte constitutif détermine. Il en est ainsi du
principe obligeant au respect des valeurs démocratiques, des droits de l'homme, de l'État de droit et
de bonne gouvernance.
Ces principes, au nombre de seize, et qui sont, pour certains d'entre eux au moins, reconduits de la
Charte de l'OUA qui n'en contenait que cinq, postulent :
l'égalité souveraine et l'indépendance de tous les États membre de l’Union ;
le respect des frontières existantes au moment de l'accession à l'indépendance ;
la participation des peuples africains aux activités de l'Union ;
la mise en place de la politique de défense commune pour le continent africain ;
le règlement pacifique des conflits entre les États membres de l'Union par les moyens appropriés
qui peuvent être décidés par la conférence de l'Union ;
l'interdiction de recourir ou de menacer de recourir à l'usage de la force entre les États membres
de l'Union ;
la non-ingérence d'un État membre dans les affaires intérieures d'un autre État membre ;
le droit de l'Union d'intervenir dans un État membre sur décision de la conférence dans certaines
circonstances graves telles que les crimes de guerre, le génocide et les crimes contre l'humanité ;
la coexistence pacifique entre les États membres de l'UA et leur droit de vivre dans la paix et la
sécurité ;
le droit des États membres de solliciter l'intervention de l'UA pour restaurer la paix et la sécurité;
la promotion de l'autodépendance collective dans le cadre de l'Union ;
la promotion de l'égalité entre les hommes et les femmes ;
le respect des principes démocratiques, des droits de l'homme, de l’État de droit, de la bonne
gouvernance ;
la promotion de la justice sociale pour assurer le développement équilibré ;
le respect du caractère sacro-saint de la vie humaine et la condamnation de l'impunité des
assassinats politiques, des actes de terrorisme et activités subversives ;
condamnation et rejet des changements anticonstitutionnels de gouvernements.
Droit international public I : Les O. I.
P a g e | 101
Au sens de l'article 5 de son Acte constitutif : l'UA fonctionne à travers les organes suivants : la
Conférence de l’Union ; le Conseil exécutif ; le parlement panafricain ; la Cour de justice ; la
Commission ; le Comité de représentants permanents ; le Comité technique spécialisé ; le Conseil
économique, social et culturel ; et les institutions financières240.
240
Il convient de noter que lors du Sommet de l'UA à Addis-Abeba en janvier-février 2009, certaines propositions de
réforme institutionnelle de l'Union ont été discutées et adoptées. Elles portaient notamment sur la mise en place d'une
« Autorité de l'UA », expression préférée à celle de « Gouvernement de l’UA » et de transformation de la
« Commission de l'UA » en « Secrétaire de l'UA ».
Droit international public I : Les O. I.
P a g e | 102
nommer le président, le ou les vice (s) président (s) et les commissaires de la commission et
déterminer leurs fonctions et leurs mandats.
Toutefois, la Conférence peut déléguer certains de ses pouvoirs et attributions à l'un ou l'autre des
organes de l'Union. Par ailleurs, elle tient ses réunions une fois l'an en session ordinaire mais elle
peut convoquer des sessions extraordinaires à la demande de ses membres. Elle est présidée par un
Chef d'État élu pour un mandat d'un an alors que ses décisions se prennent par consensus ou la
majorité de deux tiers des membres.
Le Conseil exécutif est composé des ministres des affaires étrangères ou de tous autres ministres ou
autorités désignés par 1es gouvernements des États membres. Il se réunit en session ordinaire au
moins deux fois par an en session extraordinaire à la demande d'un État membre et sous réserve de
l'approbation de deux tiers des États membres.
Quant à la procédure, le Conseil prend ses décisions par consensus ou à défaut, à la majorité de
deux tiers des États membres de l’Union. Toutefois, les décisions de procédure, y compris celles en
vue de déterminer si une question de procédure ou non, sont prises à la majorité simple.
Les attributions du Conseil exécutif sont définies à l'article 13 de l'Acte constitutif et consistent :
à assurer la coordination et à décider des politiques dans les domaines d’intérêt communs pour
les États membres notamment dans les domaines suivants :
- commerce extérieur ; - énergie, industrie et ressources minérales ; - alimentation,
agriculture, ressources animales, élevage et forêt ; - ressources en eau et irrigation ; -
protection de l'environnement, action humanitaire, réaction et secours en cas de catastrophe ;
- transport et communication ; - assurances ; - éducation, culture, santé et mise en valeur des
ressources humaines ; - science et technologie ; - nationalité, résidence des ressortissants
étrangers et questions d'immigration ; - sécurité sociale et élaboration des politiques de
protection de la mère et de l'enfant ainsi que des politiques en faveur des personnes
handicapées ; - institution d'un système de médailles et des prix africains.
assurer la responsabilité de son action devant la conférence. Pour ce faire, il se réunit en vue
d’examiner les questions dont il est saisi et de contrôler la mise en œuvre des politiques arrêtées
par la conférence. Enfin, le Conseil exécutif peut déléguer tout ou partie de ses pouvoirs et
attributions au comité technique spécialise créé conformément à l'article 14 de l'acte constitutif.
Composé des ministres ou des hauts fonctionnaires chargés des secteurs relevant leurs domaines
respectifs des compétences, ces comités techniques spécialisés sont, aux termes de l'article 14
précité :
le comité chargé des questions d’économie rurale et agricole ;
le comité chargé des affaires monétaires et financières ;
le comité chargé des questions commerciales, douanières et d’immigration ;
Droit international public I : Les O. I.
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Le parlement panafricain est l'une des grandes innovations de l'Union africaine. Institué par l'article
17, son importance tient du fait qu'il est créé en vue d'assurer la pleine participation des peuples
africains au développement et à l’intégration économique du continent. Toutefois, sa composition,
ses pouvoirs, ses attributions ainsi que son organisation restent encore à définir dans le cadre d'un
protocole y afférent.
La Cour de justice de l'UA constitue une autre innovation dont les Statuts, la composition et les
pouvoirs devront aussi, au sens de l'article l de l’Acte constitutif, être défini dans un protocole y
afférent.
L'UA est dotée des institutions financières suivantes dont les Statuts restent à définir dans de
protocoles y afférents (article 19 de l'acte constitutif) : - la Banque centrale africaine ; - le Fonds
monétaire africain ; - la Banque africaine d'investissement.
Il est créé une Commission qui est le Secrétariat de l'UA. Elle est composée, selon l'article 20 de
l'Acte constitutif, du président, du ou des vice (s) président (s) et des commissaires, tous assistés par
un personnel nécessaire au bon fonctionnement de la Commission. La structure, les attributions et
les règlements de celle-ci sont déterminés par la Conférence de l'Union.
Droit international public I : Les O. I.
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Composé des représentants permanents et autres plénipotentiaires des États membres, ce comité est
responsable de la préparation des travaux du Conseil exécutif sur instruction duquel il agit. Il peut,
sur base de l'article 21 de l'Acte constitutif : instituer tout sous-comité ou groupe de travail qu'il
juge nécessaire.
Il s'agit d'un organe consultatif composé, aux termes de l'article 22 de l’Acte constitutif, des
représentants des différentes couches socioprofessionnelles des États membres de l'Union. Ses
attributions, ses pouvoirs, composition et Organisation sont à déterminer par la conférence.
Adopté le 9 juillet 2002 par décision AHG/DEC.160 (XXXVII) lors de la première session
ordinaire de la conférence de l’UA tenue à Durban (RSA) du 9 au 11 juillet 2001, le protocole
relatif à la création du Conseil de paix et de sécurité de l’UA fonde sur :
l'article 5.2 de l’Acte constitutif qui prévoit la création d'autres organes par la conférence de
l’UA ;
la déclaration sur la création au sein de l’OUA d'un mécanisme pour la prévention, la gestion et
le règlement des conflits adoptée par la 29 ème session ordinaire de la conférence des chefs d’États
tenue au Caire du 28 au 30 juin 1993 ;
la décision AHG/DEC.160 (XXXVII) adoptée par la 37 eme session ordinaire de la conférence des
chefs d'États et de gouvernements de l’OUA tenue à Lusaka du 9 au 11 juillet 2001, décision par
laquelle la conférence à décider d'incorporer l'organe central du mécanisme de l'OUA pour la
prévention, la gestion et le règlement des conflits en tant qu'organe de l'Union conformément à
l'article 5.2 de l'Acte constitutif de l’UA et demande au Secrétariat général de procéder à la
révision des structures, procédures et méthodes de travail de l' organe central y compris la
possibilité de changer son appellation ;
les décisions AHG/141 (XXXV) et AHG/DEC/l42 (XXXV) sur les changements
anticonstitutionnels de gouvernement, adoptées par la 35 eme session ordinaire de la conférence
des chefs d'États el de gouvernements tenue à Alger du 12 au 14 juillet 1999 et la déclaration
AHG/DEC/45 (XXXV) sur le cadre pour une réaction de l'OUA aux changements
anticonstitutionnels des gouvernements adoptée par la 36ème session ordinaire de la conférence
des chefs d'États et de gouvernements tenue à Lomé du 10 au 12 juillet 2000 ;
la déclaration solennelle AHGIDECL4 (XXXVI) sur la conférence de la sécurité et la stabilité, le
développement et la coopération en Afrique (CSSDCA) adopté dans la 36 eme session ordinaire
susmentionnée ainsi que la déclaration AHG/DECL.1 (XXXVII) sur le Nouveau Partenariat pour
le permanent pour la Développement de l’Afrique (NOPADA dont ta version anglaise est
NEPAD) adoptée par la 37eme session ordinaire tenue à Lusaka du 09 au 11 juillet 2001 ;
Droit international public I : Les O. I.
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la déclaration AHG/DECL.2 (XXX) portant code de conduite pour les relations interafricaines
adoptée par la 30eme session ordinaire de la conférence des chefs d'États et de gouvernements de
l'OUA tenue à Tunis du 13 au 15 juin 1994 ainsi que la convention de l'OUA sur la prévention et
la lutte contre le terrorisme adopté par la 39eme session ordinaire d’Alger du 12 au 14 juillet 1999.
Le Conseil de paix et de sécurité de l’UA apparait ainsi à la fois comme un prolongement et une
redynamisation de l’ancienne Commission de médiation, de conciliation et d’arbitrage de l’OUA
dont le système n’a jamais fonctionné.
S’agissant de sa nature juridique, le Conseil de paix et de sécurité de l’UA est, au sens de l’article 2
du protocole l’instituant, un organe de décision permanent pour la prévention, la gestion et le
règlement des différends. Il constitue un système de sécurité collective et d’alerte rapide visant à
permettre une réaction rapide et efficace aux situations des conflits et de crise en Afrique.
Quant aux instruments, le Conseil est appuyé par la commission de l'UA, par un groupe des sages
ainsi que par un système continental d'alerte rapide, une force africaine prépositionnée et un fonds
spécial241.
Les objectifs du Conseil de paix et de sécurité de l'UA sont définis à l'article 3 du protocole et
consistent à :
promouvoir la paix, la sécurité et la stabilité en Afrique en vue d'assurer la protection et la
préservation de la vie et des biens, le bien-être des populations africaines et de leur
environnement ainsi que la création des conditions propices à un développement durable ;
anticiper et prévenir les conflits et assumer la responsabilité de rétablir et de consolider la paix
en vue de faciliter le règlement lorsqu’éclatent des conflits ;
promouvoir et mettre en œuvre des activités de consolidation de la paix et de reconstruction
après les conflits pour consolider la paix et prévenir la résurgence de la violence ;
coordonner et harmoniser les efforts du continent dans la prévention et la lutte contre le
terrorisme international sous toutes ses formes ;
élaborer une politique de défense commune de l'Union conformément à l'article 4 de l’Acte
constitutif de l’UA ;
promouvoir et encourager les pratiques démocratique, la bonne gouvernance et l’État de droit, la
protection des droits de l’homme et des libertés fondamentales, le respect du caractère sacré de la
vie humaine ainsi que du droit international humanitaire dans le cadre des efforts de prévention
des conflits.
S'agissant des principes, l'article 4 du protocole énonce que le Conseil de paix et de sécurité est
guidé par les principes énoncés dans l’Acte constitutif de l'Union, la Charte des Nations Unies et la
Déclaration universelle des droit de l'homme. Mais, il est en particulier guidé par des principes
suivants :
241
Le groupe de sages est composé de cinq personnalités africaines hautement respectées venant de diverses couches de
ta société et ayant un rôle consultatif (article 11 du protocole).
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Définissant la composition du Conseil de paix et de sécurité, l’article 5 de son protocole dispose que
celui-ci est composé de quinze membres ayant des droits égaux et élus de la manière suivante : dix
membres élus pour un mandat de trois ans en vue d'assurer la continuité242.
En élisant les membres du Conseil de paix, la conférence applique le principe de la représentation
régionale équitable et de la rotation et tient compte de certains critères spécifiques énumérés au
même article 5.2 pour chaque État membre postulant. Aussi, un membre sortant du Conseil de paix
et de sécurité est-il immédiatement rééligible.
Par ailleurs, la conférence procède à une évaluation périodique pour déterminer dans quelle mesure
les membres du Conseil des paix et de sécurité continuent à remplir les critères énoncés à l'article
5.2 et prendre toute action appropriée à cet égard (article 5.2 et 5.4).
L'article 6 de son protocole détermine les fonctions du Conseil de paix et de sécurité, lesquelles se
rapportent à :
la promotion de la paix, de la sécurité et de la stabilité en Afrique ;
l'alerte rapide et la diplomatie préventive ;
le rétablissement de la paix y compris les bons offices, la médiation, la conciliation et l'enquête ;
les opérations d'appui à la paix et intervention conformément à l'article 4 h) et j) de l'Acte
constitutif de l'UA ;
242
Ont siégé pour la première fois au Conseil de paix et de sécurité : le Gabon, l'Éthiopie, l'Algérie, la RSA, le Nigeria
pour un mandat de 3 ans, le Cameroun, le Congo, le Kenya, le Soudan, la Libye, le Lesotho, le Mozambique, le Ghana,
le Sénégal et le Togo pour un mandat de deux ans.
Droit international public I : Les O. I.
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IV. Les relations du Conseil de paix et de sécurité avec les mécanismes régionaux pour la
prévention, la gestion et le règlement des conflits, les Nations Unies et les autres
organisations Internationales
Les relations entre le Conseil de paix et de sécurité de l’UA et les mécanismes régionaux pour la
prévention, la gestion des règlements de conflit font l’objet de l’article 16 du protocole. Aux termes
de celui-ci, ces derniers font partie intégrante de l'architecture de la sécurité et de la stabilité en
Afrique. A cet égard. Le Conseil de paix et de sécurité et le président de la commission harmonisent
et coordonnent les activités de ces mécanismes régionaux avec lesquels ils travaillent en
collaboration pour assurer un partenariat efficace dans le domaine de la promotion et du maintien de
la paix, de la sécurité et de la stabilité.
Pour sa part, l'article 17 du protocole définit la nature des relations avec les Nations Unies et les
autres Organisations Internationales. Au sens de cet article et dans l'exercice du mandat qui est le
sien dans la promotion et le maintien de la paix, de la sécurité et de la stabilité en Afrique, le
Conseil de paix et de sécurité œuvre sur base des principes de coopération et d'étroite collaboration
avec le Conseil de sécurité des Nations Unies qui assume la responsabilité première et principale du
maintien de la paix et de la sécurité internationales.
Aussi pouvons-nous estimer que l'action du Conseil de paix et de sécurité de l'UA reste, tout au
moins en droit, soumise à la décision du Conseil de sécurité des Nations Unies agissant sur la base
des chapitres VII et VIII de la Charte de l'ONU. Ce qui ne peut aller sans incidence négative sur la
nature et l'efficacité même du droit d'intervention et à l'intervention de l'Union définit à l'article 4 h)
et j) de l'Acte constitutif de l'UA.
Par ailleurs, le Conseil de paix et de sécurité coopère et travaille étroitement avec les institutions
compétentes des Nations Unies pour la promotion de la paix, de la sécurité et de la stabilité en
Afrique, et à chaque fois que nécessaire, recours sera fait aux Nations Unies pour obtenir
l'assistance financière, logistique et militaire nécessaire pour les activités de l'Union conformément
aux dispositions du chapitre VIII de la Charte des Nations Unies.
Enfin, le Conseil de paix et de sécurité coopère également et travaille étroitement avec les autres
Organisations Internationales compétentes pour tout ce qui concerne les questions de paix, de
sécurité et de stabilité en Afrique. Celles-ci peuvent être invitées à prendre la parole devant le
Conseil de paix et de sécurité sur les questions d'intérêt commun si le Conseil estime que l'exercice
efficace de son mandat le requiert.
Le Conseil de paix et de sécurité ainsi présenté est sans doute la plus ambitieuse et la plus coûteuse
des institutions de l'UA. Le protocole qui l'institue est entré en vigueur le 26 décembre 2003 et,
Droit international public I : Les O. I.
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juridiquement, c’est à cette date que le Conseil a remplacé le mécanisme de l'OUA pour la
prévention, la gestion et la résolution des conflits. Et depuis lors, le Conseil de paix et de sécurité
s'est réuni plusieurs fois et s'est exprimé notamment sur le déploiement d'une force de maintien de
la paix au Burundi, les violences du Tchad ou la situation aux Comores alors que sa première
intervention s'est effectuée dans la Darfour au Sud Soudan.
La coopération en vue de l'intégration économique du continent africain passe par certaines étapes
marquées par la signature de certains accords et Traités dont les plus marquants sont : les
conventions de Yaoundé et de Lomé ayant donné suite à l'institutionnalisation des relations Union
Européenne - Afrique Caraïbe Pacifique (ACP) ; le plan d'action de Lagos ayant prévu la mise en
place de la Communauté économique africaine (CEA) et de l'Accra et d'Abuja sur le Nouveau
Partenariat pour le Développement de l'Afrique (NEPAD).
L'association Union européenne – ACP – est passée, pendant une certaine époque, pour la structure
la plus institutionnalisée et la plus opérationnelle dans le cadre de la coopération Nord - Sud. En
effet, les relations entre l'Afrique et l'Europe occidentale ont été au départ organisées autour du
Traité de Rome de 1958 instituant la CEE qui, à son article 131 de sa cinquième partie, octroyait à
cette Organisation entre autre but celui de promouvoir le développement économique et social des
pays et territoires d'outre-mer et l'établissement des relations économiques entre ces derniers et
l'ensemble de la CEE.
Les relations de coopération ainsi établies devraient se réaliser aux travers des conventions de
Yaoundé I et II et celles de Lomé I à IV. Les conventions de Yaoundé constituaient des accords
d'association des anciennes colonies surtout française à la CEE.
Cependant, dès les années 1970 et surtout à partir de 1975, les conventions de Lomé ont introduit
un certain nombre des règles dans le but de rétablir ou d'établir des relations d'échanges moins
inégalitaires que celles soutenant l'économie du marché. Elle inaugurait de la sorte un régime de
coopération préférentielle.
Le système de Lomé établit une association ACP-UE dont les organes sont l'Assemblée paritaire, le
Conseil des ministres et le Comité des ambassadeurs. Son action repose sur quatre moyens
principaux d'intervention que sont :
1. les préférences généralisées : il s'agit d'un régime d’admission de produits agricoles et de jeunes
industries des pays ACP sur le territoire de l’UE sans droit de douane et sans prélèvement.
L’idée de base des conventions de Lomé à cet effet était d’aider au décollage des industries
nouvelles en attendant qu'elles acquièrent un pouvoir compétitif sur le marché mondial ;
2. le Fonds Européen de Développement (FED) : ce fond devait, aux termes de la deuxième
convention de Lomé, opérer un transfert de l’ordre de 32.5 milliards de francs CFA aux ACP
entre 1980 et 19888, de prêts ou des dons à un taux exceptionnel ;
Droit international public I : Les O. I.
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Le Plan d'Action de Lagos (PAL), a été préparé par la commission économique des Nations Unies
pour l’Afrique et l'Acte final de Lagos ont été adoptés par l'Assemblée des chefs d'États et de
gouvernements de l'OUA à Lagos en avril 1980.
Le PAL, élaboré en vue de permettre une restructuration de l'économie de l’Afrique, se fonde sur
les deux principes indissociables que sont l’autonomie collective et le développement autonome 243.
C'est à la suite de ce PAL que la Communauté Économique Africaine (CEA) a été instituée par le
Traité d'Abuja.
243
Lire « Dimension sociale du plan d'action de Lagos pour le développement économique de l'Afrique, 1980-2000 »,
Centre africain de recherche appliquée et de formation en matière de développement social, Tripoli, 1983.
Droit international public I : Les O. I.
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libération des échanges entre États membres ainsi que les droits de douane à l'import et à l'export
par l'abolition des barrières tarifaires entre États membres en vue de la création d'une zone de
libre-échange dans chaque communauté économique ;
adoption d'une politique commune d'échange par la création d'un fonds de de compensation de la
CEA244.
Les organes de la CEA sont plus ou moins identiques à ceux de l'UA et comprennent :
1) La conférence des chefs d'États et de gouvernements
2) Le Conseil des ministres ;
3) Le parlement africain ;
4) Le Conseil économique et social ;
5) La Cour de justice ;
6) Le Secrétariat et
7) Les comités techniques spécialisés.
Disons en définitive qu'en ce qui concerne les techniques institutionnelles de coopération
interafricaine, celles-ci renferment quelques faiblesses. La structure type de toutes ces
Organisations reste cependant la même : conférence des chefs d'États (niveau suprême), Conseil des
ministres (niveau politique) et le Secrétariat (niveau administratif). Cette structure présente peut être
des avantages pour les questions politiques ; elle n'est cependant pas adoptée aux Organisations
économiques comme la CEA pour lesquelles le niveau ministériel et technique devrait suffire ainsi
que dans les cas de la CEE et de l’UE.
244
S'agissant des modalités de mise en place de la CEA et selon le Traité d'Abuja du 3 juin 1991 instituant la
CEA, celle-ci devrait être mise en place conformément à un calendrier fixant une période transitoire de 34 ans
échelonnée en six étapes :
la 1ère étape est relative au renforcement du cadre institutionnel des communautés économiques existants au niveau
régional et à la création des nouvelles communautés économiques là où elles n'existent pas encore au cours d'une
période de cinq ans à dater de rentrée en vigueur du Traité;
la 2ème étape préconise la stabilisation des barrières tarifaires et non tarifaires, des droits de douane et taxes
intérieures au niveau de chaque communauté économique ainsi que le renforcement de l'intégration sectorielle au
niveau régional et continental, en particulier dans les domaines du commerce, de l'agriculture, de la monnaie et des
finances, de télécommunication, de l'industrie, pour une période de huit ans ;
la 3eme étape se rapporte à la mise en place d'une Union douanière par l'adoption d'un tarif extérieur commun dans
les dix ans à partir de la signature du Traité ;
la 4ème étape préconise la signature du Traité relatif à la coordination et à l'harmonisation des systèmes tarifaires et
non tarifaires entre les différentes communautés économiques douze ans après la signature du Traité de la CEA ;
La 5eme étape prévoit l'établissement d'un marché commun africain par l'adoption d'une politique commune dans les
domaines de l'agriculture, du transport et des communications, de l'énergie et de la recherche scientifique, par
l'harmonisation des politiques monétaires, financières et fiscales, par la mise en œuvre du principe de la libre
circulation des personnes et des biens ainsi que par la mise en application du droit de résidence et d'établissement,
seize ans après la signature du Traité ;
la 6eme étape renvoie à la consolidation et au renforcement de la structure du marché commun africain par la libre
circulation des personnes et des biens, des capitaux et des services et par l'application effective du droit de
résidence et d'établissement ainsi que le parachèvement de la mise en place de la structure du parlement africains.
Droit international public I : Les O. I.
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Toutefois, il faut remarquer que la psychologie politique africaine n'a pas encore évolué dans ce
sens et qu'il faudra attendre la consolidation intérieure des États africains avant que la structure de
ces Organisations ne subisse des changements. Tout compte fait, l'Organisation africaine demeure
avant tout une organisation internationale intergouvernementale245.
Le NEPAD est une promesse faite par des dirigeants africains en octobre 2001 à Abuja au Nigeria.
Il fait suite à la déclaration AHG/DECL.l (XXXVII) sur le Nouveau Partenariat pour le
Développement de l’Afrique (NEPADA) adopté par la 37 ème session ordinaire de la conférence des
chef d'États et de gouvernements de l'OUA tenue à Lusaka du 9 au 11 juillet 2001.
Il est fondé sur une vision commune ainsi qu'une conviction ferme et partagée qui leur incombe
d'urgence en vue d'éradiquer la pauvreté, de placer leurs pays, individuellement et collectivement,
sur la voie d'une croissance et du développement durables, tout en participant activement à
l'économie et à la vie politique mondiale. Il est ancré dans la détermination des africains de
s'extirper eux-mêmes ainsi que leur continent du malaise du sous-développement et de l'exclusion
d'une planète en cours de mondialisation.
Pour réaliser ces objectifs, les dirigeants africains se sont promis d’assumer un certain nombre des
responsabilités à travers certaines stratégies qu'ils ont aussi définies.
A. Les stratégies africaines pour assurer un développement durable dans le cadre du NEPAD
2. Buts du NEPAD
parvenir à une croissance annuelle moyenne du produit intérieur brut (PIB) de plus de 7 % et s'y
maintenir pendant les 15 prochaines années ;
faire en sorte que le continent réalise les objectifs convenus en matière de développement
international.
En conclusion, le NEPAD a pour objectif de consolider la démocratie et la saine gestion
économique du continent. Les dirigeants africains s’y engagent envers les peuples d'Afrique et le
reste du monde à œuvrer de concert pour reconstruire le continent. Ils promettent de promouvoir la
paix et la stabilité, la démocratie et la bonne gouvernance, une saine gestion économique et un
développement axé sur les êtres humains et s’engagent à être mutuellement responsables en vertu
des accords contenus dans le programme. En proposant cette association, l'Afrique reconnaît qu'elle
détient la clé de son propre développement.
Droit international public I : Les O. I.
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Chapitre III
LA COMMUNAUTÉ ÉCONOMIQUE DES ÉTATS D'AFRIQUE CENTRALE (CEEAC)
Lors d'une réunion au sommet de décembre 1981, les dirigeants de l'Union Douanière et
Economique de l'Afrique Centrale (UDEAC) ont pris l'accord de principe d'élargir la Communauté
Economique d'Etats de l'Afrique Centrale. La CEEAC a ainsi été créée le 18 octobre 1983 par les
membres de l'UDEAC et les membres de la Communauté Economique des Pays de Grands Lacs
(CEPGL)246 ainsi que Sao-Tomé-et-Principes.
L'Angola a conservé un rôle d'observateur jusqu'en 1999 époque à laquelle elle est devenue membre
de la CEEAC. Celle-ci fonctionne dès 1985 mais elle est restée inactive pendant une grande partie
des années 1990. Elle a par ailleurs signé le Protocole sur les relations entre la Communauté
Economique Africaine et les Communautés économiques régionales en octobre 1999,
Progressivement, la CEEAC s'est vue donner la responsabilité de développer des
capacités de maintien de la paix et de prévention des conflits en Afrique Centrale, Aussi, lors de la
dixième Conférence ordinaire des Chef d'Etats et de gouvernements tenue à Malabo en juin 2002, la
CEEAC a-t-elle adopté le Protocole relatif à l'établissement d'un Réseau des Parlementaire de l'
Afrique Centrale (REPAC), les règlements du Conseil de Paix et de Sécurité de l'Afrique Centrale
(COPAX), la Commission pour la Défense et la Sécurité (CDS), la Force Multinationale de
l'Afrique Centrale (FOMAC) et le Système d'Alerte avancé pour l'Afrique Centrale (MARAC) ( 247).
Progressivement, la CEEAC poursuit des actions visant l’instauration d'une zone de libre échange et
d'une Union douanière ainsi que l'harmonisation des politiques dans certains domaines d'intégration
comme le transport, les communications, agriculture ....
Toutefois, la CEE AC semble se concentrer, dans le court terme, essentiellement sur des études
préparatoires relatives à la mise en place d'un système de libre de certaines catégories de personnes
et d'un mécanisme autonome de financement des institutions.
La CEEAC vise à atteindre une autonomie collective, à élever le niveau de vie des populations
locales et à maintenir une stabilité économique grâce à une coopération harmonieuse. Son objectif
ultime est donc d'établir un marché commun des Etats d'Afrique Centrale.
Lors de la conférence de Malabo en 1999, quatre champs d'activités prioritaires ont été identifiés :
− développer les capacités pour maintenir la paix, la sécurité et la stabilité qui sont les conditions
246
Comprenant à cette date le Burundi, le Rwanda et le Zaïre, la CEPGEL observe une cessation de ses activités à la,
suite du relâchement des relations entre ses membres du fait de la guerre dite « des Grands Lacs» dont le sommet a été
la guerre à l'Est de la RDC (ex-Zaïre) du 02 août 1998. Toutefois, quelque espoir reste permis à la faveur des dernières
avancées observées dans la volonté des États de cette sous-région d'œuvrer pour la normalisation de leurs relations.
247
Lors de cette conférence, le Rwanda a à nouveau officiellement été accueilli au sein de la CEEAC après avoir
renouvelé son adhésion.
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quatre ans et assisté de trois Secrétaires généraux adjoints chargés des départements suivants :
intégration humaine, paix, sécurité et stabilité (II-IP S) ;
intégration physique, économique et monétaire (IPE) ;
programme, budget, administration et ressources humaines (PBARH).
Le Secrétaire général est assisté, dans l'accomplissement de ses fonctions, par un cabinet et des
cellules spécialisées. Les Secrétaires généraux adjoints sont aidés dans l'accomplissement de leurs
tâches par des directions techniques :
la Commission consultative : elle a pour rôle d'étudier ou instruire les questions et projets que
lui soumettent les autres institutions ;
les Comités techniques spécialisés : ils sont créés dans les domaines spécifiques et agissent
dans le cadre des missions confiées à chaque domaine.
La CEEAC comprend actuellement un organisme spécialisé en matière énergétique : le Pool de
l'Afrique Centrale (PEAC), créé le 02 avril 2003 à Brazzaville. Le CEAC vise :
− le renforcement de la sécurité d'approvisionnement en électricité des différents pays membres de
la CEEAC ;
− l'accroissement du taux d'accès à l'électricité des populations et la réduction de la pauvreté ;
− l'amélioration de la fiabilité du système électrique et de la qualité de la fourniture d'électricité
dans l'ensemble de la sous – région ;
− l'institution d'un forum sous-régional où les problèmes du secteur de l'énergie sont examinés et
des solutions appropriées trouvées dans le cadre des procédures et politiques définies en tenant
compte des impacts sur l'environnement ;
− la création d'un marché de l'énergie électrique.
On trouve également au sein de la CEEAC un mécanisme de règlement des conflits institué en juin
2002 dont le protocole a été établi en janvier 2004 : le Conseil de Paix et de sécurité d'Afrique
Centrale (COPAX).
Le COPAX a pour mission de veiller au maintien, à la consolidation et à la promotion de la paix et
de la sécurité en Afrique Centrale. II constitue en particulier l'organe de préparation des décisions
de la Conférence relativement aux mesures de prévention, de gestion et de règlement des conflits. Il
est aussi compétent pour l'aide humanitaire notamment en faveur des déplacés et des réfugiés.
Le COPAX se compose de trois organes techniques :
1. la Force Multinationale de l'Afrique Centrale (FOMAC) ;
2. le Conseil de Défense et de Sécurité (CDS) ;
3. le Mécanisme d'Alerte Rapide de l'Afrique Centrale (MARAC)248.
Certains membres de la CEEAC sont également membres de la Communauté économique et
248
Le COPAX est appuyé par un état-major régional dirigé par un chef d'état-major régional (CEMR) qui a pour rôle
le maintien d'un bon niveau moral du personnel et la protection du patrimoine physique matériel el technique mis à sa
disposition par le secrétariat général de la CEEAC. Il assure ainsi que la cohésion et la coopération entre les forces
armées, les gendarmeries et les polices des Etats membres réunis au sein de la FOMAC.
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monétaire de l'Afrique Centrale (CEMAC)249. Mais le 24 janvier 2003, l'Union européenne a conclu
un accord financier avec la CEEAC et la CEMAC à la condition que les deux Organisations sous-
régionales fusionnent en une seule; ce à quoi les Etats de la sous-région œuvrent depuis250.
249
Signé en 1994 le traité instituant la CEMAC est entré en vigueur en 1999. La CEMAC a pour membres: le
Cameroun, le Gabon, le Tchad, la Guinée Equatoriale, la RCA et le Congo Brazzaville et a son siège à Bangui. Elle
succède à l'ancienne UDEAC instituée le 8 décembre 1964 composé de deux unions, l'union économique de l'Afrique
Centrale (UEAC) et l'union monétaire de "Afrique Centrale (UMAC), ta CEMAC a pour institutions: la conférence des
chefs d'Etats, le conseil des ministres, le comité ministériel de l'UMAC. Le secrétariat exécutif de l'union économique
de la CEMAC, la cour communautaire de justice, la commission inter-parlementaire, la commission bancaire d'Afrique
Centrale et la bourse régionale des valeurs mobilières (site Internet officiel ; www.cemac.net).
250
L'essentiel de données ci-dessus relatives à la CEEAC a été extrait du site Internet officiel de cette Organisation :
www.ceeac-eccas.org.
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Chapitre IV
251
La SADC a été constituée à Lusaka en Zambie le 1 er Avril 1980 suite à l’adoption de la « déclaration de Lusaka-
Afrique australe vers la libéralisation économique ».
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La SADC et ses Etats membres sont sensés agir selon les principes suivants :
égalité souveraine de tous les Etats membres:
solidarité, paix et sécurité;
droits de l'homme, démocratie et Etat de droit ;
équité, équilibre et avantages mutuels;
résolution pacifique des conflits.
Les objectifs de la SADC sont les suivants :
− atteindre le développement et la croissance économique, éradiquer la pauvreté, renforcer le
niveau et la qualité de vie des peuples de l'Afrique Australe et soutenir les plus démunis
socialement par le biais de l'intégration régionale ;
− développer des valeurs politiques, des systèmes et des institutions communs;
− promouvoir et défendre la paix et la sécurité ;
− promouvoir le développement auto-suffisant basé sur l'entraide collective et l'interdépendance
entre les Etats membres ;
− parvenir à une complémentarité entre des stratégies et programmes nationaux et régionaux ;
− promouvoir et maximiser l'exploitation et l'utilisation productive des ressources de la région ;
− parvenir à une utilisation durable des ressources naturelles et à la protection effective de
l'environnement ;
− renforcer et consolider les affinités et les liens historiques, sociaux et culturels de longue date
entre les peuples de la région.
Le principal objectif de la SADC apparaît ainsi être celui d'édifier une région où règne un grand
niveau d'harmonisation et de rationalisation pour permettre le rassemblement des ressources afin
d'atteindre une autosuffisance collective et une amélioration du niveau de vie des populations de la
région.
La SADC a mis en place un encadrement institutionnel décentralisé qui assurerait que les Etats
membres demeurent les acteurs principaux dans la formulation et la mise en œuvre des décisions.
Les principales institutions de la SADC sont les suivantes :
1. Le Sommet
Composé par les chefs d'Etats et de gouvernements, le sommet est responsable de la direction de la
politique et du contrôle des fonctions de la Communauté. Il se réunit ordinairement une fois par an
dans un des Etats membres, généralement vers août-septembre.
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Lors de cette rencontre, un nouveau président et son adjoint sont élus. Toutefois, le Traité de la
SADC recommande que le sommet se réunisse deux fois par an252.
2. La Troïka
Lors du sommet extraordinaire du 9 mars 2001 à Windhoek, il a été décidé de formaliser la pratique
d'un système de Troïka consistant en la présidence, la présidence future et la présidence sortante de
la SADC. Ce système est en place depuis sa création effective lors du sommet de Maputo en août
1999. D'autres Etats membre peuvent être choisis pour se joindre à la Troïka quand c’est nécessaire.
Ce système permet à [Organisation d'accomplir promptement les tâches et à mettre en œuvre des
décisions ainsi que de guider les institutions de la SADC dans les intervalles entre de. réunions
régulières de la SADC. Le système de a Troïka est souvent employé au bénéfice du sommet, de
l'organe sur la politique, la défense et la sécurité, du Conseil des ministres et de la commission
permanente des cadres supérieurs.
3. L'organe sur la politique, la défense et la sécurité de la SADC
Le fonctionnement de cet organe, tel que défini par la commission ministérielle des affaires
étrangères à Harare le 23 novembre 2000, se présente de la manière suivante :
− l’organe est coordonné au niveau du sommet sur base du système de la Troïka ;
− le président de j'organe est institué de façon rotative pour une période dune année ;
− l'Etat membre qui occupe la présidence de l'organe pourvoit aussi aux services de Secrétariat ;
− le président de l'organe ne peut pas simultanément assumer la présidence du sommet ;
− la structure, les activités et les fonctions de l'organe sont réglementées par le Protocole sur la
politique, la défense et la coopération sur la sécurité.
Il faut noter que le sommet extraordinaire de 2001 avait décidé de la suppression graduelle de ces
commissions et unités notamment dans des domaines prioritaires spécifiques.
Il constitue l'ensemble des programmes sectoriels avec leurs objectifs, stratégies et projets conçus
pour accomplir les buts et objectifs globaux de la SADC. Le nombre de projets dans le cadre du
programme d'action pourrait être estimé à plus de 407 représentant un coût estimatif de 8.09
milliards de dollars américains dont à peu près 90 % proviennent des sources externes.
Plusieurs protocoles ont été signés dans le cadre de ce programme d'action dans les domaines de
systèmes de cours d'eaux partagés, énergie, lutte contre le trafic illicite des drogues, transport,
communication et météorologie, commerce, éducation et formation, exploitation minière,
immunités et privilèges, santé, conservation de la faune et application de la loi, tribunal et affaires
juridiques. La plupart d'entre eux ont été ratifiés et sont à différents stades de mises en place.
Le protocole sur le commerce reste le -plus décisif pour le processus d'intégration
de la SADC ; il est entré en vigueur le 25 janvier 2000 alors que sa mise en place effective a débuté
le 1er septembre 2000.
Outre ces protocoles, le sommet de la SADC a signé une Déclaration sur le genre et le
développement, laquelle fait appel à une représentation équitable entre hommes et femmes dans la
prise des décisions au sein des structures à tous les niveaux des Etats membres et de la SADC.
L'objectif était qu'en 2005, il y ait au moins 30 % des femmes dans les structures politiques et de
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A cet effet, le protocole prévoit qu'il utilise la diplomatie préventive, la négociation, la conciliation,
les bons offices, l'arbitrage ou le règlement juridictionnel devant un tribunal international. En cas
d'échec de ces moyens, le président du Comité peut, en accord avec le Conseil des ministres
responsables, recommander au sommet de la SADC une action exécutoire à l'encontre d'une ou des
parties mais uniquement en dernier ressort en conformité avec l'article 53 de la Charte de l'ONU 255.
253
Ces objectifs sont: le trafic de drogue et d'armes, la criminalité, les migrations clandestines et l'éventualité de
créer une force de maintien de la paix.
254
Madeleine ODZOLO MODO, « La SADC et l'architecture de paix pour la sous-région », sine loci sine data
255
Au sens de l'article 54 de la Charte de l'ONU, toutes Ies activités des Organisations régionales en matière de sécurité
sont placées sous le contrôle du Conseil de sécurité qui doit en être informé en particulier; ainsi qu'il ressort de l'article
53, aucune action coercitive ne devrait être entreprise par elle sans autorisation préalable sauf l'exception établie par
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En complément du protocole susmentionné, les Etats membres de la SADC ont conclu, le 26 août
2003 à Dar-es-Salaam, un Pacte de défense mutuelle et le Plan stratégique indicatif de l'organe
(SIPO). Ce Pacte a pour objectif de rendre opérationnels les mécanismes de l'Organe sur la sécurité
en vue d'une coopération mutuelle en matière de sécurité et de défense. A cet effet, les s au Pacte
doivent individuellement et collectivement développer leur capacité individuelle et collective de
défense légitime afin d'assurer le maintien de la paix, la stabilité et la sécurité dans la sous - région.
C'est en vertu de ce Pacte de défense mutuelle qu'une agression contre un Etat partie devrait être
considéré comme étant une menace contre la paix et la sécurité régionales qui nécessitent une action
collective immédiate mandatée par le Sommet de la SADC256.
S'agissant du SIPO, celui-ci porte sur les domaines de la politique, de la défense, de la sécurité de
l'Etat et de la sécurité publique. H fournit des lignes directives pour la mise en œuvre opérationnelle
du Protocole et dresse un cadre institutionnel nécessaire pour la poursuite des objectifs de
coopération en matière de politique de défense et de sécurité257.
Enfin, l'Organe sur la politique, la défense et la sécurité fonctionne à travers les institutions ci-
après :
- le président de l'organe ;
- la Troïka constitué par le président en exercice, son prédécesseur et le président entrant ;
- le Conseil des ministres ;
- le Comité interétatique de politique et de diplomatie composé des responsables des affaires
étrangères ;
- le Comité interétatique de défense et de sécurité composé des ministres ayant en charge la
défense, la sécurité publique et la sécurité de l'Etat.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
A. Textes officiels
Acte constitutif de l’Union Africaine.
Acte constitutif de l’Union Européenne.
Charte des Nations Unies.
Convention sur la responsabilité internationale pour les dommages causés par des objets spatiaux
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organisations internationales du 21 mars 1986.
Projet d’articles sur la responsabilité des organisations internationales.
Projet d’articles sur la responsabilité de l’État pour fait internationalement illicite.
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