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RECHERCHE JURIDIQUE
ET POLITIQUE
Numéro Varia
Mai 2020
REMERCIEMENTS AUX MEMBRES DU COMITE SCIENTIFIQUE
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BIKORO (J.-M.), « les incompatibilités dans le droit de la fonction publique des Etats d’Afrique noire
francophone », ……………………………………………………………………………….………………….32
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EWANE BITEG (A.-G.), « le pouvoir d’injonction du juge constitutionnel africain. Cas des Etats
d’Afrique noire francophone », …………………………………………………………………….…………..86
BUNUNU NGONO (P.), « Les fonctions extra législatives du sénat dans les Etats d’Afrique noire
francophone. Réflexion à partir des exemples du Cameroun et du Gabon », ……………………………137 3
TAMA AYINDA (T.-O.), « Le conseil des ministres dans le constitutionnalisme des Etats d’Afrique
noire francophone », ………………………………………………………………………..............................161
Par
présentant comme la norme initiale dont toutes les autres découlent politiquement, expansion
d’une idée de droit, elle légitime le pouvoir appelé à en être l’instrument et unifie les sources
d’inspiration politique et instituant les organes de l’autorité. »1. Aussi pouvons-nous dire que
s’il y a un ordre juridique qui doit être maîtrisé par l’ordre constitutionnel camerounais, c’est
sans conteste celui de la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale 118
(CEMAC)2. Puisqu’il est « perçu comme étant à l’origine d’une dilution non maitrisée de la
souveraineté nationale »3, par le transfert de compétences souveraines qui la caractérise.
* Pour citer cet article, EKO MENGUE (A.-S.), « Le statut constitutionnel de la communauté économique et
monétaire de l’Afrique centrale au Cameroun », RARJP, Numéro 1, Varia, Mai 2020, pp. 118-136.
1
BURDEAU (G.), « Une survivance : la notion de constitution », in L’évolution du droit public. Mélanges
offerts a Achille MESTRE, Paris, Sirey, 1956, p. 54.
2
Elle regroupe en son sein six Etats à savoir le Cameroun, le Tchad, le Congo, le Gabon, la Guinée équatoriale,
et la république Centrafricaine. L’élément de partage est la proximité géographique, culturelle, et linguistique
que la majorité de ses Etats partage ensemble, et qui contribue à solidifier leurs liens168. Le processus
d’intégration régionale en Afrique centrale particulièrement la CEMAC va être soumis à une double influence,
tout d’abord celle de la France et enfin celle de la construction communautaire européenne. L’influence de la
France, puissance colonisatrice pour certains Etats, va être importante. Parce que c’est elle qui organisera la
gestion administrative et économique de ses possessions territoriales en Afrique à la manière d’une fédération, et
qui posera les bases d’une Communauté intégrée. Et l’influence de la construction communautaire européenne,
qui va se ressentir sur l’appellation des organes les plus importants de la CEMAC, et également sur les principes
qui structurent son mode de fonctionnement.
3
DUBOUT (E.) et NABLI (B.), Droit français de l’intégration, Paris, LGDJ – Lextenso éditions, 2015, p. 5.
à l’épreuve des identités autonomes. Un ensemble de précision qui au demeurant impose, dans
la forme et le fond, que les normes fondamentales prennent au sérieux et encadrent ces
rapports avec cette entité singulière.
Cela étant dit, la constitution est considérée « comme le socle du projet global de
société, […]»7. Et pour cette raison, l’appréhension du processus d’intégration de la CEMAC 119
devient donc un impératif constitutionnel. Comme instrument juridique d’impulsion,
d’accompagnement, et de coordination, la loi constitutionnelle du 18 janvier 1996, a
l’irréfragable devoir d’appréhender et d’établir une corrélation harmonieuse du phénomène
communautaire avec l’ordre juridique national. Ce d’autant plus que cette appréhension
constitutionnelle est un viatique pour l’ordre communautaire en droit interne.
5
« Le concept d’autonomie du droit communautaire peut être utilisé de façon souple, pour indiquer qu’il existe
un ensemble de règles relevant des traités constitutifs qui ont pour objet l’organisation et le fonctionnement de
la communauté. Il peut aussi être employé de façon plus rigoureuse en liaison avec la constatation selon
laquelle l’ordre juridique communautaire constitue un système de normes distinct d’autres systèmes de
normes ». SIMON (D.), « Les fondements de l’autonomie du droit communautaire », rapport général du colloque
de bordeaux sur le droit international et droit communautaire, perspectives actuelles, Paris, Edition A. Pedone,
2000, p 213.
6
Lire l’article 4 du traité révisé de la CEMAC du 30 janvier 2009 à Libreville.
7
PRISO-ESSAWE (S-J.), « Fondements constitutionnels de l’intégration régionale en Afrique : De
l’opérationnalité du concept d’ « unité africaine », UNU-CRIS papers, 2014, www.cris-unu.edu, p 2.
Néanmoins, afin d’éviter une conclusion trop hâtive, une vérification du traitement de
la CEMAC et de son droit, dans le constitutionnalisme camerounais s’impose selon la logique
de différenciation8 contenue dans la prétention des textes de la CEMAC à la spécificité. Et
d’après cette logique, l’on constate que l’appréhension constitutionnelle de la CEMAC au
Cameroun est loin de se présenter sous sa forme hybride, c’est-à-dire jouant autant sur son
8
« Les traités communautaires, à différence des traités internationaux classiques, ont institué un ordre juridique
propre, intégré au système juridique des Etats membres qui s’impose à leurs juridictions » lire CARMELI (S.),
La constitution italienne et le droit communautaire. Étude de droit comparé, Paris, L’Harmattan, 2002, p. 28.
Le mécanisme d’articulation que le droit de la CEMAC revendique pour son effet utile
dans l’ordre juridique camerounais, ne coïncide pas avec l’assentiment par défaut de la loi
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constitutionnelle du 18 janvier 1996 modifiée le 18 avril 2008. C’est pourquoi dans une
relecture de l’habilitation implicite de l’intégration communautaire dans la constitution du 18
Janvier 19969 et des constitutions antérieures, nous envisagerons au terme d’une interprétation
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globale, fondée sur une dimension sémantique, téléologique, et sur un décodage, de présenter
l’esprit de l’énoncé de ce préambule. Afin de juger de l’existence ou non, de l’idée d’œuvre
du droit de la CEMAC, au Cameroun, et de clarifier son statut dans l’ordre constitutionnel
camerounais. En d’autre terme, il nous incombera, de déconstruire la thèse qui voudrait que
l’habilitation constitutionnelle de la construction de la CEMAC au Cameroun se trouve 121
consacrée implicitement dans le préambule de la constitution du 18 Janvier 1996, et d’ouvrir
le débat sur la véritable représentation nationale du droit issu de la CEMAC, selon le
traitement constitutionnel de sa nature et de ces principes consubstantiels 10. D’où
l’interrogation suivante : l’habilitation constitutionnelle implicite 11 du processus
d’intégration de la CEMAC au Cameroun, suffit-elle d’appréhender son statut et sa qualité
communautaire ?
9
: « Convaincu que le salut de l'Afrique se trouve dans la réalisation d'une solidarité de plus en plus étroite
entre les peuples africains, affirme sa volonté d œuvrer à la construction d'une Afrique unie et libre, tout en
entretenant avec les autres Nations du monde des relations pacifiques et fraternelles conformément aux
principes formulés par la Charte des Nations Unies » lire le préambule de la loi n° 96-06 du 18 Janvier 1996
portant révision de la constitution du 02 juin 1972, également amendé le 14 Avril 2008.
10
L’article 41 du traité révisé de la CEMAC du 30 janvier 2009 à Libreville au Gabon prévoit que « les
règlements sont obligatoires dans tous leurs éléments et directement applicables dans tout Etat membre ».
11
Elle est unanimement reconnue par la communauté scientifique camerounaise pour justifier l’habilitation à
ratifier le traité communautaire et à intégrer son droit dans l’ordre juridique camerounais.
12
Lire à ce propos SINDJOUN (L.), « Les nouvelles constitutions africaines et la politique : contribution à une
économie internationale des biens politico-constitutionnels », Etudes internationales, vol. 26, n° 2, 1995, p. 336.
13
Si le préambule a « une importance capitale pour déterminer la nature et l'inspiration du régime » parce qu'il
serait « l'expression de la conscience collective de la Nation à un moment donné », « l'expression des idées sur
lesquelles la plupart des esprits sont d'accord », il n'en reste pas moins évident que son contenu, pas plus que
son sens ou la valeur juridique des dispositions qu'il comporte n'apparaissent clairement au lecteur. Lire
PELLOUX (R.), « Le préambule de la constitution du 27 octobre 1946 », RDP, 1947, p. 347.
A ce sujet il faut dire qu’une norme de niveau supérieur, ne se contente pas de décrire des
valeurs partagées englobant une norme inferieure, elle énonce aussi des conditions générales
de production d’une catégorie de norme spécifique comme le droit de la CEMAC. C’est ce
que l’on appellera ici la détermination de la forme normative du droit de la CEMAC. Elle peut
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14
Il convient de noter que dans le constitutionnalisme camerounais, depuis les indépendances le Cameroun a eu
matériellement quatre constitutions à savoir la constitution du 1er Janvier 1960, celle du 1er septembre 1961, la
constitution du 02 juin 1972 et enfin celle du 18 janvier 1996 dont le débat reste très tranché sur la question de
savoir si formelle il s’agit d’une nouvelle constitution ou de la révision de celle de 1972. Il faut reconnaître
l’apparition de cet énoncé du préambule est avec la constitution du 4 mars 1960, ensuite on constate sa
disparition avec celle du 1er septembre 1961, et l’énoncé réapparait avec la constitution du 02 Juin 1972. Il faut
remarquer que durant tout ce périple constitutionnel, le préambule est partie intégrante du corpus normatif
constitutionnel avec la loi constitutionnelle du 18 Janvier 1996.
15
ONDOUA (A.), « Le droit international dans la constitution camerounaise » in ATANGANA AMOUGOU (J-
L.) (Dir.), Le Cameroun et le droit international, Paris, Edition Pedone, 2014, pp. 295-307, spec. p. 306.
16
Nous précisons que l’OUA ou l’UA sont des organisations de coopération intergouvernementale.
Parce qu’il fait plus référence à un projet de coordination qui se caractérise par l’absence
d’organes pour la création et l’application des normes de droit contraignant. C’est en partant
de ces éléments que l’on distingue le droit de la CEMAC, du droit international africain
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17
SALL (A.), « Le droit international dans les nouvelles constitutions africaines », RJPIC, n°1, 1997, p. 352.
18
KELSEN (H.), Théorie pure du droit, 2e edition, Neuchâtel, éditions de la baconnierre, 1988, p. 176.
19
Ibidem.
20
C’est nous qui le soulignons.
21
MOUELLE KOMBI (N.), « Les dispositions relatives aux conventions internationales dans les nouvelles
constitutions des Etats d’Afrique francophone », RJPIC, n° 1, 2003, pp. 5-38.
22
« Le peuple camerounais affirme son attachement à la réalisation d’une coopération étroite entre tous les
Etats africains afin de parvenir dans l’indépendance à la formation d’une Afrique unie et libre » lire le
préambule de la constitution du 4 mars 1960.
23
« …Convaincu que le salut de l’Afrique se trouve dans la réalisation d’une solidarité de plus en plus étroite
entre les Etats africains, affirme sa volonté de parvenir dans l’indépendance de la patrie camerounaise à la
création d’une Afrique unie et libre… ». Lire le préambule de la constitution du Cameroun du 2 juin 1972.
24
« Convaincu que le salut de l’Afrique se trouve dans la réalisation d’une solidarité de plus en plus étroite
entre les peuples africains, affirme sa volonté d’œuvrer à la construction d’une Afrique unie et libre… » Lire la
loi constitutionnelle du 18 Janvier 1996.
différents énoncés des constitutions du Cameroun, c’est avant tout un vœu pieu ou tout au
moins une simple volonté de coopération interafricaine, avant qu’elle ne soit une volonté
intégrative économique. L’énoncé en question apparaît bien plus comme une expression
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dilatoire répétée sans conviction dans toutes les constitutions en Afrique pour faire
« politiquement correcte » avec l’air du temps. C’est pourquoi nous pensons qu’au Cameroun,
« si un attachement à l’unité africaine est affirmé, il n’existe toutefois aucun lien avec
l’intégration, qui n’est d’ailleurs même pas mentionnée »26.
Toutefois, l’on ne peut pas nier l’existence des bribes d’une volonté de coordination des 125
économies africaines, construite par l’organisation continentale. D’abord adopté par la charte
de l’OUA lors du sommet d’Addis-Abeba27. Ensuite par la déclaration sur la coopération, le
développement et l’indépendance de l’Afrique 28. Enfin par le plan de Lagos, qui promeut une
véritable intégration de type communautaire devant mené, à terme à la fusion des peuples
africains. Mais au demeurant, l’intégration communautaire avec l’ambition d’effacer les
25
Le mot panafricain est apparu à la fin du XIXe siècle lors de la conférence panafricaine de 1900. Le
panafricanisme est une idée politique et un mouvement qui promeut et encourage la pratique de la solidarité
entre les africains où qu’il soit dans le monde. C’est donc à la fois une vision sociale, culturelle et politique
d’émancipation des africains et un mouvement qui vise à unifier les africains. L’expansion du panafricanisme se
trouve dans les écrits et discours de Edward Wilmot Blyden (théoricien du panafricanisme) et Antênor Firmin.
Au début du XXe siècle, d’autres figures telles que Benito Sylvain ou W.E.B Du Bois contribuent à l’affirmation
politique du projet panafricain. Avec la décolonisation, celui-ci prend une ampleur nouvelle et se retrouve
incarné par des dirigeants tels que Kwame Nkrumah. La plus large organisation panafricaine aujourd’hui est
l’Union Africaine.
26
« C’est le cas de la constitution du Cameroun, dont le préambule proclame la conviction « que le salut de
l'Afrique se trouve dans la réalisation d'une solidarité de plus en plus étroite entre les peuples africains » et
affirme la « volonté d'œuvrer à la création d'une Afrique unie et libre », lire PRISO-ESSAWE (S-J.),
« Fondements constitutionnels de l’intégration régionale en Afrique : De l’opérationnalité du concept d’ « unité
africaine », op cit, p. 8.
27
Donc les dispositions y afférentes déterminent entre autres objectifs, la coordination et l’intensification de la
coopération entre les Etats membres, afin d’offrir les meilleures conditions d’existence aux peuples africains
28
C’est la base sur laquelle vont se créer la CEAO, la CEDEAO et la CEPGL.
Cet énoncé est inadéquat à reproduire le statut communautaire du droit de la CEMAC en 126
droit constitutionnel camerounais. D’ailleurs le contexte qui a vu naître cet énoncé dans les
années soixante ne cadre pas avec les ambitions de cet énoncé, et consolide cette
indétermination communautaire du préambule de la constitution de 1996.
29
Voir sur cette question BURGORGUE-LARSEN (L.), « Prendre les droits communautaires au sérieux. La
force d’attraction de l’expérience européenne en Afrique et en Amérique latine », in Les dynamiques du droit
européen en début de siècle. Etudes en l'honneur de Jean-Claude Gautron, Paris, Pedone, 2004, pp. 563-580.
30
Voir HAURIOU (M.), Principes de droit public, Paris, Sirey, 1916, pp.276-284
C’est pourquoi si lors des « années soixante, les expériences africaines d’intégration
économique avaient été marquées par la volonté d’édifier des ensembles régionaux
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endogènes, en retrait par rapport au marché mondial, celles donc qui seront initiées à partir
des années quatre-vingt-dix se distingueront fondamentalement par leur dilution dans la
dynamique de la mondialisation »35. Ainsi à la différence des autres organisations régionales
et sous régionales nées sous le prisme de l’OUA, la CEMAC est imprégnée des logiques de
mondialisation. On veut pour preuve son institution dans la foulée de la dévaluation du franc
CFA intervenue le 1er janvier 1994, sous la pression exacerbée des institutions financières 127
internationales.
Elle est donc le fruit des programmes ou des mesures d’assainissements des économies
des pays africains et une volonté de réorganisation des structures de production et d’échange,
mais surtout de mettre en avant le secteur privée comme seul vecteur de la croissance
économique36. L’une des manifestations de nos assertions est visible dans le préambule du
traité de la CEMAC de 1994, lorsqu’il est stipulé que « la nouvelle dynamique en cours dans
la zone franc, au demeurant nécessaire au regard des mutations et du recentrage des
stratégies de coopération de développement observés en Afrique et sur d’autres continents
dont l’Europe »37.
31
Voir le traité instituant la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC) signé le 18
octobre 1983 à Libreville au Gabon.
32
JACKSON (W.), « Pour une dynamique de refondation de l’intégration régionale africaine : de la
mondialisation de la CEMAC à la régionalisation de l’Afrique Centrale », in Dynamique d’intégration régionale
en Afrique centrale, tome 2, Yaoundé, Presses Universitaire de Yaoundé, 2001, pp. 525-535. Spec. p 529.
33
Ibidem p.526.
34
KAIL (M.), « Mondialisation et néo-libéralisme », Les temps modernes, n° 607, Janvier-février 2000, pp. 1-14.
35
Ibidem.
36
DE SENARCLENS (P.), La mondialisation, théories, enjeux et débats, Armand Colin, 4e édition, 2005, p 65.
37
Lire le préambule du traité instituant la CEMAC signé le 16 Mars 1994 à N’djamena au Tchad.
multilatérale40, dont le but principal est d’assurer la convergence des politiques macro-
économiques. En ce qui concerne la politique douanière, l’on constatera que le passage de
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38
Lire le préambule du traité révisé de la CEMAC du 30 Janvier 2009 à Libreville au Gabon.
39
Lire KAMTOH (P.), Introduction au système institutionnel de la CEMAC, Yaoundé, AFREDIT, 2014, p. 10.
40
Voir de l’article 51 à 63 de la convention régissant l’Union Economique de l’Afrique centrale (UEAC) signée
le 25 juin 2008 à Yaoundé au Cameroun.
41
Lire l’article 19 de la convention régissant l’UEAC signé le 25 Juin 2008 à Yaoundé au Cameroun.
42
CHEVALLIER (J.), L’Etat post-moderne, Paris, LGDJ-Lextenso éditions, 2008, pp. 46-47.
nationales aux normes communes ayant le même objet (primauté), subordination des citoyens
dont la situation est directement et régulièrement influencée par les règles communes, et
subordination des Etats qui subissent une contrainte plus forte en comparaison à la situation
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43
Ibidem, p. 47.
44
Ibidem.
Le droit extérieur, volontairement consenti par l’Etat, exige une confiance légitime de
l’ordre juridique dans lequel il doit se mouvoir 45. Et la conformité de la norme juridique
extérieure à la norme fondamentale, découle premièrement de la validité de la norme et
deuxièmement sa matérialisation. C’est la raison pour laquelle tout texte juridique validé avec
des fortunes diverses, ne respectant pas sa qualité intrinsèque, court le risque que les
exigences de sa fiabilité, consubstantiel à son plein rayonnement, se trouvent dissout ou
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dilués, dans (et par) un ordre juridique qui lui soit indifférent.
Cela est d’autant important que tout ordre communautaire aspire à une certaine autonomie
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institutionnelle et matérielle. Mais en même temps l’ordre juridique communautaire n’est rien
sans les ordres juridiques nationaux46. Par conséquent, « sans les droits nationaux, leur
organisation juridictionnelle et l’ensemble des règles de procédure, le droit [communautaire]
serait un droit figé, incapable de se mettre en mouvement en dehors des procédures
proprement [communautaire] »47. La loyauté vis-à-vis de ses engagements communautaires
obligerait les Etats membres de prendre toutes les mesures nécessaires, utiles à l’efficacité du
130
droit communautaire et de s’abstenir de toute action de nature à mettre en péril les objectifs
communs. Ce principe est dit de coopération loyale, et est établi par l’article 4 du traité révisé
de la CEMAC48. Il se présente comme un élément central de construction de la Communauté
y compris du droit constitutionnel communautaire, parce qu’il livre sans aucun doute la
véritable philosophie des rapports entre la CEMAC et les Etats membres.
La loi constitutionnelle du Cameroun ne s’inscrit pas dans cette mouvance. On peut même
dire que « le constituant camerounais, y compris dans ses interventions postérieures à 1990,
n’a pas réservé un sort singulier à l’intégration communautaire »49. La politique juridique
45
HUBEAU (F.), « Le principe de la protection de la confiance légitime dans la jurisprudence de la cour de
justice des communautés européennes », cah.dr.eur, 1983, p. 143.
46
BERGE (J-S.) et ROBIN-OLIVIER (S.), Introduction au droit européen, Paris, PUF, 2008, p. 500.
47
Ibidem.
48
« Les Etats membres apportent leur concours à la réalisation des objectifs de la Communauté en adoptant
toutes mesures générales ou particulières propres à assurer l’exécution des obligations découlant du présent
traité. A cet effet, ils s’abstiennent de prendre toute mesure susceptible de faire obstacle à l’application du
présent traité et des actes pris pour son application ». Lire l’article 4 du traité révisé de la CEMAC du 30 janvier
2009, signé à Libreville au Gabon.
49
ONDOUA (A.), « Le droit international dans la constitution camerounaise » op cit, p. 306.
Alors même que le régime constitutionnel des délégations de pouvoirs et des limitations
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des compétences souveraines, n’est pas pris au sérieux au Cameroun. Et que l’intégration de
la CEMAC affecte le droit constitutionnel matériel, notamment les droits et libertés des
citoyens, le principe démocratique ou la souveraineté53, l’on constate que l’assimilation
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constitutionnelle au droit international, semble s’infléchir lorsque l’on quitte le plan des
symboles du droit constitutionnel pour une vision de l’ordre juridique camerounais pris
comme une unité. A l’image « ce qui est bloqué par le haut se réalise par le bas »54.
50
LACHARRIERE (G.), La politique juridique extérieure, Paris, Economica, 1983, 236p.
51
Par l’énoncé du préambule qui solidarise le Cameroun à une idée d’Afrique unie et libre et son consentement
d’y œuvrer, auquel l’article 65 confère une autorité juridique constitutionnelle.
52
Cf. le préambule qui proclame la volonté du peuple camerounais d’entretenir avec les autres nations du monde
des relations pacifiques et fraternelle, conformément aux principes formulés par la charte des nations unies. Et le
titre VI intitulé « traités et accords internationaux » de la constitution du 18 Janvier 1996.
53
GREWE (C.) et RUIZ FABRI (H.), « La situation du droit international et du droit communautaire dans le
droit constitutionnel des Etats », in Droit international et droit communautaire, perspectives actuelles, colloque
de bordeaux-SFDI, Paris, Editions A. Pedone, 2000, p. 255.
54
Ibidem, p. 253.
La deuxième modalité se caractérise par une plus grande perméabilité, caractérisée par
une totale absence d’un mécanisme de recyclage préalable des traités ou des actes dérivés
dans l’ordre interne donnant ainsi naissance au caractère autosuffisant de la ratification des
instruments conventionnels adopté dans les officines communautaires. Ces deux modes
d’intégration-réception du droit de la CEMAC ont le mérite de consolider le manquement en
ce qui concerne la spécificité du droit de l’intégration communautaire, tout en permettant au
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CEMAC56. C’est une technique propre à l’ordre camerounais que nous appelons
d’impressionnisme de l’assimilation, conçue pour éviter les conflits.
Ainsi la primauté des droits primaire et dérivé trouve une solution atténuée en droit
camerounais, la première solution étant utilisée pour intégrer dans l’ordre juridique interne les
accords, traités et conventions ayant plusieurs points d’achoppement avec plusieurs domaines 132
de la loi, parfois domaine de compétence du parlement 57. Et La seconde solution
d’intégration-réception concerne les actes dérivés issus des organes et des institutions de la
CEMAC.
55
Lire SPERDUTI (G.), « Le principe de souveraineté et le problème des rapports entre le droit international et
le droit interne », RCADI, vol. 153, 1976, p. 335.
56
Lire article 66 du traité révisé de la CEMAC du 30 janvier 2009 à Libreville au Gabon « le présent traité sera
ratifié à l’initiative des hautes parties contractantes, en conformité avec leurs règles constitutionnelles
respectives. »
57
Lire l’article 43 in fine de la loi constitutionnelle du 18 Janvier 1996 amendé en 2008, qui stipule que « les
traités qui concernent le domaine de la loi sont soumis avant ratification à l’approbation en forme législative
par le parlement. »
l’assimilation constitutionnelle au droit international 59, mène qu’à une seule conclusion pour
l’ordre communautaire : à une organisation internationale classique, qui produit un droit
international partiel ou un droit international de la Communauté. Malheureusement au mépris
de la logique communautaire inscrite dans l’esprit des textes de la CEMAC.
Pour cerner cette mutation du droit de la CEMAC, il convient de prendre en compte un 133
certain nombre de points, qui vont de la généralisation du statut constitutionnel des droits
venus d’ailleurs dans le constitutionnalisme camerounais, mais aussi le sort réservé au
paramètre de communautarisation du droit de la CEMAC en droit interne.
58
MOUELLE KOMBI (N.), « La loi constitutionnelle camerounaise du 18 janvier 1996 et le droit
international », in MELONE (S.), MINKOA SHE (A). et SINDJOUN (L.) (ss. Dir.), La réforme
constitutionnelle du 18 janvier 1996 au Cameroun. Aspect juridique et politiques, Yaoundé, fondation Friedrich
Ebert/ association africaine de science politique (section camerounaise), 24-25 juillet 1996, pp 126-144, spec. p.
137.
59
Sur cette logique d’assimilation, et concernant les communautés européennes (devenues Union européenne),
cf. BLUMANN (C.), « L’article 54 de la constitution et le contrôle de la constitutionnalité des traités en
France », RGDI publ. 1978, pp. 598-607.
national. Malheureusement ces précisions sont loin d’être réservées aux normes d’origine
externe, comme celle de la CEMAC. C’est ce qui entraîne une transformation insidieuse de la
forme déontique des droits externes.
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60
MOUELLE KOMBI (N.), « La loi constitutionnelle camerounaise du 18 janvier 1996 et le droit
international », op.cit., p. 126.
61
« Jaloux de l’indépendance de la patrie camerounaise chèrement acquise et résolu à préserver cette
indépendance ; convaincu que le salut de l’Afrique se trouve dans la réalisation d’une solidarité de plus en plus
étroite entre les peuples africains affirme sa volonté d’œuvrer à la construction d’une Afrique unie et libre, tout
en entretenant avec les autres Nations du monde des relations pacifiques et fraternelles conformément aux
principes formulés par la charte des nations-unies ».
62
« Les traités et accords internationaux (...) ont une autorité supérieure à celles des lois, sous réserve pour
chaque accord ou traité, de son application par l’autre partie ».
63
Cour fédérale de justice, ch. Administrative, arrêt n° 163 du 08 juin 1971, société commerciale et immobilière
africaine des chargeurs unis c/ Etat fédéré du Cameroun oriental.
64
« Le conseil constitutionnel statue souverainement sur : -la constitutionnalité des lois, des traités et accords
internationaux (…) »
65
L’autre tendance est relative à la dimension téléologique de l’internationalisation, elle correspond à
« l’harmonisation des concepts de droit constitutionnel ».
66
TOURARD (H.), L’internationalisation des constitutions nationales, Paris, LGDJ, coll. Bibliothèque
constitutionnelle et de science politique, tome 96, 2000, p. 5.
En définitive donc, on peut dire que la loi constitutionnelle du 18 janvier 1996 colle à la
CEMAC et à son droit un statut par défaut construit par la sanctification à l’échelle africaine
© Association Internationale des Jeunes Chercheurs en Droits Africains
67
ONDOUA (A.), « La jurisprudence internationale des juridictions constitutionnelles des Etats d’Afrique noire
francophone », in NAREY (O.) (Dir), La justice constitutionnelle, Paris, L’Harmattan, 2016, pp. 293-303, spec.
p. 303.