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RIDSP
Pr Athanase FOKO
Professeur, Université de Ngaoundéré ;
Pr Emilia ONYEMA
Professor, SOAS University of London;
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Pr Aron LOGMO MBELECK
Professeur, Université de Douala ;
Pr Maurice KOM KAMSU
Maître de Conférences, Université de Maroua
Pr VOUDWE BAKREO
Agrégé des Facultés de droit, Université de Ngaoundéré ;
M. Maxime KALDJONBE
Magistrat, Juge et Juge d’instruction près le Tribunal de Grande Instance de la VINA ;
M. SABABA MAGAZAN
Magistrat, Juge et Juge d’instruction près le Tribunal de Grande Instance de la VINA et Juge
d’instruction près le Tribunal Militaire de l’Adamaoua ;
M. David YINYANG
Magistrat, Substitut du Procureur près les Tribunaux d’Instance du FARO à POLI ;
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COMITE DE REDACTION
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Dr. Gérard Müller MEVA’A Dr. Ibrahima HALILOU
Dr. Sadjo ALIOU Dr. Raissa PAYDI
Dr. Joceline Gaëlle ZOA ATANGANA Dr. Dieu-Ne-Dort BADAWE KALNIGA
Dr. Deguia CHECK IBRAHIM Dr. Bienvenu DOMBA
Dr. Issa Pave ABDEL NASSER Mme Mbissa Valérie HAMBOA ZONGA
Dr Prosper Hugues FENDJONGUE Dr. ARI HAMADOU GUY
Dr ABOUKAR BANGUI AGLA Mme MOUANGA MOUSSENVOULA G.
Dr Ange MESSI MBALLA Dr. Adama SALME
Dr. Linda DJARSOUMNA Dr. Elie SAPITODEN
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M. ALI BOUKOUN ABDOULAYE
POLITIQUE DE REDACTION
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Organisation Mondiale de la Santé, Global status report on violence prévention, 2014, disponible
en ligne sur http://www.who.int/violence_injury_prevention/violence/status_report/2014/en/
Exemple : MINKOA SHE (A.), Essai sur l’évolution de la politique criminelle au Cameroun
depuis l’indépendance, Thèse de Doctorat, Université des Sciences Juridiques, Politiques, Sociales
et de Technologie de Strasbourg, 1987, p.6
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Politique.
Le Rédacteur en Chef
Dr. Timothée MANGA BINELI
Université de Yaoundé II.
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SOMMAIRE
Droit Privé
Riposte contre la Covid 19 en entreprise et relation individuelle de travail en droit camerounais….1
Hervé MVONDO MVONDO
Réflexions sur un essai thérapeutique aux obstacles à l’applicabilité supplétive du Droit OHADA
des procédures collectives à propos des établissements de crédit en difficulté en zone CEMAC…18
EBENE EBONDJI Jeanne Liberté
Libres propos sur la constitutionnalité de certaines dispositions du code pénal camerounais à l’aune
de l’article 11 du pacte international de 1966 relatif aux droits civils et politiques. Regards croisés
entre l’obligation pénale et l’obligation civile……………………………………………………39
Martin Mary AYISSI
La preuve du contrat de travail verbal : Une épée de Damoclès ?.................................................59
BOKAING ELEPIH Michel
Les réquisitions du Ministère Public dans le contentieux non répressif de la propriété industrielle
O.A.P.I. : entre utilité certaine et consécration perfectible………………………………………82
Donald NOUNAMO KEMOGNE
Normes communautaires et protection du consommateur en Zone CEMAC : réflexion sur
l’étiquetage des emballages café usiné au Cameroun ………………………………………….112
OUMAROU SADOU
Le traitement des présumés auteurs d’actes terroristes en phase préparatoire du procès pénal au
Mali……………………………………………………………………………………………..145
Mahamane COULIBALY
Nullité consensuelle ou consentement à l’annulation extrajudiciaire du contrat……………….164
Romy Suzanne MEVOUNGOU ZAMBO
La protection de l’enfant contre le travail dans le transport routier clandestin………………...182
BUTOKI KIRINDERA Daniel
*********************
**********
***
Résumé :
L’institution du règlement CEMAC du 25 avril 2014 n’a pas abrogé l’application des
dispositions OHADA aux établissements de crédit en difficulté dans l’espace CEMAC. Il est
seulement venu rendre plus efficace le cadre règlementaire de traitement des difficultés bancaires
en résolvant les questions techniques et spécifiques du droit bancaire, insaisissables dans le passé
par le droit OHADA. Bien que le cadre normatif de la CEMAC consacre son autorité de principe
dans la résolution des défaillances bancaires, le Droit OHADA des procédures collectives quant
à lui n’a qu’une vocation supplétive pour combler les lacunes du droit spécial. Le constat de la
cohabitation de deux ordres normatifs supranationaux de la CEMAC et de l’OHADA ne se fait
pas sans disharmonies. C’est cette situation conflictogène qui nous a résolu à développer la
présente étude à fin de recenser les obstacles à l’applicabilité supplétive du droit OHADA des
procédures collectives aux établissements de crédit en crise en zone CEMACpour apporter ma
modeste contribution dans la recherche des pistes de solutionnement.
Abstract:
The institution of CEMAC regulation of 25 April 2014 has not repealed the application of
the OHADA provisions to credit institutions in difficulty in the CEMAC space. It has only come to
make the regulatory framework for dealing with banking difficulties moreefficient byresolving the Page | 19
technical and specific questions of banking law, elusive in the past by OHADA law. Although the
normative framework of the CEMAC enshrines its authority in principle in the resolution of bank
failures, the OHADA law of insolvency proceedings has only a supplementary vocation to fill the
gaps in the special law. The finding of the coexistence of two supranational normative orders of
CEMAC and OHADA is not without disharmony. It is this conflicting situation that led us to
develop this study inorder toidentify theobstacles to the suppletive applicability of the OHADA law
of insolvency proceedings to credit institutions in crisis in the CEMAC zone in order to make my
modest contribution in the search for possible solutions.
Introduction
- D’une part, la thèse majoritaire en faveur de l’acceptation d’un risque de conflits entre la
norme OHADA et CEMAC en matière de défaillances bancaires. Les tenants de cette thèse
sont : les Professeurs Alain KENMOGNE SIMO, Paul Gérard POUGOUE, Yvette Rachel
KALIEU ELONGO. De l’avis desquels « S’il n’ya pas en soi risque de conflits entre
l’OHADA telle que conçue à l’origine et d’autres institutions d’intégration, les conflits
deviennent inéluctables lorsque le domaine de l’OHADA s’étend à l’infini »4. ISSA
SAYEGH parlait d’un risque de conflit en termes de danger lorsqu’il affirmait : « Le
danger des normes concurrentes est très vraisemblable, voir avéré entre l’UEMOA ou la
CEMAC et l’OHADA dans la mesure où celle-ci forge le droit commun des affaires5 ; Si
1
Dans sa formulation latine, la règle de droit s’applique « erga omnes »
2
Voir A. KENMOGNE SIMO, « Les défis de la pluralité des sources du droit dans le domaine bancaire et financier
dans la CEMAC et l’UEMOA » in (Les défis du droit des affaires en Afrique), études africaines, juin 2020, p 153
3
Le débat entre le spécial ou le particulier et le général ou le commun montre des disparités entre ces deux notions,
seulement, nous les utiliserons indistinctement.
4
Voir P.G POUGOUE et Y.R KALIEU ELONGO, Introduction critique à l’OHADA, PUA 2008, P 73
5
Voir J. I SAYEGH, « Conflits entre le droit communautaire et le droit régional dans l’espace OHADA » in
https://www.lexbase.fr/revues.juridiques, p 47
à l’origine pour cet auteur, le conflit des lois était juste un danger, de plus en plus dans son
raisonnement, le danger est devenu une certitude. Fort de ce constat, KOUASSI
KOUADIO confirme également l’affirmation de l’existence d’un risque de conflits pour
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ne citer que ceux-ci.
- D’autre part, la thèse minoritaire de la réfutation d’un risque de conflits entre le droit
OHADA et le droit spécial de la CEMAC. Le tenant de cette thèse est le Professeur Hervé
Magloire MONEBOULOU MINKADA. Pour ce-dernier, le risque de conflits entre les
institutions supranationales de l’OHADA et de la CEMAC n’est pas envisageable6. Car le
droit OHADA est un droit commun et ne saurait être de ce fait incompatible au droit spécial
qui porte sur les défaillances des établissements de crédit7.
De l’avis du Professeur Alain KENMOGNE SIMO « Le droit commun est applicable aux
établissements de crédit mais certaines raisons le rendent inadapté… ». Pour sa part, cet auteur
estime que la multitude de sources applicables aux établissements de crédit endifficulté vise à
rechercher plus d’efficacité8.C’est alors cette pluralité de sources qui fait présager un « potentiel
conflit pouvant être théoriquement maitrisé »9. Allant dans le même sens, l’intitulé « Droit
OHADA et conflits de juridictions »10 de monsieur Boniface BANAMBA est fort évocateur de
l’affirmation d’un risque de conflits résultant de la cohabitation de deux institutions
supranationales autonomes.
L’OHADA et la CEMAC sont des institutions d’intégration par l’uniformisation qui, pour
gérer avec efficacité leur mission, se sont pourvues d’organes spécialisés.
Parce qu’il existe deux ordres normatifs de la règlementation des défaillances bancaires,
parallèlement, on retrouvera tout aussi deux ordres juridictionnels indépendants. Cette double
6
Cf. H.M MONEBOULOU MINKADA, « Système juridique et système judiciaire » in la lettre juridique,
https://www.lexbase.fr/revues.juridique , pour cet auteur, le droit OHADA n’est pas un droit communautaire, mais
plutôt une intégration par l’uniformisation.
7
Voir H.M MONEBOULOU MINKADA, « L’OHADA, le système juridique et le système judiciaire »,operecitado
PUEA, 2018, P 5
8
Les sources nationales, supranationales et spéciales
9
Voir A. KENMOGNE SIMO « Le pluriel des procédures collectives » in le Droit au pluriel en hommage au Doyen
Stanislas MELONE, PUA 2018, p 618.
10
Cf. B.BANAMBA, « Droit OHADA et conflits de juridictions » in Droit au pluriel : en hommage au Doyen
Stanislas MELONE, PUA 2018, P 679
existence peut alors être conséquente des risques de conflits. Tout découle du fait que le droit
OHADA qui est le droit commun est inadapté à l’activité bancaire d’une part.
D’autre part, que le droit spécial est incomplet car, ne régule que des hypothèses techniques
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qui échappent au droit commun. La coexistence de cette diversité de sources constitue des
obstacles à l’applicabilité supplétive du droit commun OHADA des procédures collectives aux
établissements de crédit défaillants.
Dès lors, il se pose avec acuité à notre réflexion la question suivante. Quels sont les obstacles
et les solutions éventuelles à l’applicabilité supplétive du droit OHADA des procédures collectives
aux établissements de crédit en crise en zone CEMAC ?
Deux catégories de difficultés seront envisagées. Notamment, les difficultés portant sur
l’existence des conflits normatifs (A) et sur les conflits de compétence (B).
11
Voir A. KENMOGNE SIMO, « Les défis de la pluralité des sources du droit dans le domaine bancaire et financier
dans la CEMAC et l’UEMOA » in Défis du droit des affaires en Afrique, Juin 2020, éd Etudes africaines P 155
12
L’UMAC est régie par la convention de Yaoundé du 25 juin 2008. Celle-ci, dans son titre III intitulé « de
l’harmonisation et du contrôle des règlementations bancaire, monétaire et financière » assigne à l’UMAC, le triple
ensembles régionaux. Par ailleurs on retrouve les législations nationales qui elles aussi
interviennent pour règlementer les établissements de crédit en difficulté. Conséquemment, on
assiste à un chevauchement de normes régissant une même discipline.
Page | 23
L’existence des conflits normatifs s’explique d’une part, du fait d’un constat d’une pluralité
d’origines normatives (1)et d’autre part, le silence du législateur OHADA sur certains aspects
pourrait engranger des conflits (2).
1- La multitude des origines normatives au sein de l’espace CEMAC
De l’avis de la doctrine, l’intégration juridique minimise ou éradique les conflits de lois au sein
des Etats membres d’une même organisation13 . Aussi, l’intégration juridique résultant de plusieurs
organisations supranationales régissant un même domaine, peut en revanche laisser penser qu’il
pourrait avoir des confrontations entre ces institutions quant à la production des règles de droit.
Cette diversité de sources pouvant entraîner des obstacles qui, s’ils ne sont pas rapidement
écartés pourraient être sources de conflits et contrevenir ainsi aux finalités du droit. En matière
bancaire dans l’espace CEMAC, on observe trois origines normatives susceptibles de
confrontations. C’est le cas d’un potentiel conflit entre les normes nationales et celles
supranationales représentées par l’OHADA14et la CEMAC d’une part (a). D’autre part, un conflit
possible mais maîtrisé entre les deux instances normatives de la CEMAC et de l’OHADA (b).
a- Le conflit potentiel entre les normes nationales et celles supranationales de la
CEMAC et de l’OHADA
La rivalité entre le droit uniforme et celui national découle du fait que, pendant longtemps, le
droit bancaire avait été le domaine privilégié des législations nationales des Etats membres de
l’OHADA. Or avec l’institution du droit uniformisé, ses dispositions seront appliquées au
15
Voir A. RACLET, Droit communautaire des affaires et prérogatives de puissance publique nationale, Panthéon-
assas, 2000, P 641
16
Voir A. KENMOGNE SIMO, « Les défis de la pluralité des sources du droit dans le domaine bancaire et financier
de l’OHADA et de l’UEMOA », précité, P 156
17
Voir A. KENMOGNE SIMO, Le pluriel des procédures collectives », PUA 2018, P 616
18
Voir art 10 du Traité de L’OHADA
19
Cf. AUBRY et RAU, Cour de droit civil français, Paris 1869, P 120, qui classait le droit commercial dans le droit
civil spécial
l’émancipation du droit commercial par rapport au droit civil est fortement ressentie au travers du
droit des affaires20 . Le droit bancaire s’inscrit parfaitement dans cette logique.
D’après la doctrine, « le conflit à ce niveau est en apparence maîtrisé »21 . La raison d’être
de cette affirmation est que l’entrée en vigueur du règlement CEMAC a limité le champ Page | 25
d’intervention des législations nationales22 . En interrogeant le droit public sur cet aspect, la
jurisprudence administrative camerounaise nous édifie sur la suprématie du droit uniforme sur
celui interne en ces mots « Tout juge national saisi dans le cadre de sa compétence a l’obligation
d’appliquer intégralement le droit communautaire et de protéger les droits que celui-ci confère aux
particuliers en laissant inappliquée toute disposition éventuellement contraire de la loi nationale
que celle-ci soit antérieure ou postérieure »23 . Dans ce sens, les ordonnances camerounaises
applicables aux liquidations bancaires ne peuvent plus être appliquées que pour des dispositions
qui ne sont pas contraires au règlement CEMAC. C’est ce qui ressort de l’article 156 de ce texte
qui dispose : « Ses dispositions l’emportent de plein droit sur toutes les règlementations nationales
qui leur sont contraires et sur toutes celles légiférant spécialement sur la restructuration des
établissements de crédit ». Il en va pareillement pour les autres législations bancaires dans les Etats
membres au Traité de l’OHADA. Le cas camerounais n’étant qu’une illustration.
Les autres éléments justificatifs sont le fait que, le règlement CEMAC autorise l’autorité
monétaire à ouvrir la procédure de restructuration spéciale pour les établissements de crédit
d’importance systémique. Toutefois la condition préalable à l’ouverture de cette procédure est de
requérir un avis conforme de la COBAC. L’avis conforme de la COBAC, véritable « droit de
véto » pourrait alors entraîner un dysfonctionnement. A notre avis, il serait nécessaire que le
législateur CEMAC convertisse le « droit de véto de la COBAC de donner son avis conforme » à
l’ouverture d’une procédure collective, de restructuration spéciale en un rôle consultatif. En effet,
l’autorité monétaire qui décide de l’ouverture d’une telle procédure a vérifié que les conditions
d’ouverture sont réunies. En plus, elle est plus consciente de l’impact de la déconfiture d’une telle
entreprise sur l’équilibre économique de l’Etat de siège de cet établissement de crédit.
20
Voir RIPERT et ROBLOT, Traité de droit commercial, Paris 1998, LGDJ, P 90
21
Voir A. KENMOGNE SIMO, « Le pluriel des procédures collectives », précité, P 617
22
Cf. art 45 de la loi constitutionnelle camerounaise qui affirme : « Les traités ou accords internationaux régulièrement
approuvés ou ratifiés ont dès leur publication une autorité supérieure à celle des lois … »
23
Cf. TPI de Yaoundé, ord de référé N° 200/C du 30 nov.2000
La dialectique du droit commun et du droit spécial, a généralement pour objectif, d’apporter Page | 26
des solutions à des questions auxquelles, le droit commun ne donne pas de réponses24 . Car, comme
l’a souligné le doyen VEDEL, « le droit spécial intervient lorsque l’application du droit commun
aux situations spéciales engendrent des résultats erronées »25. Le droit spécial intervient tout aussi
lorsqu’il s’agit de revendiquer une législation propre pour une catégorie socioprofessionnelle.
Comme c’est le cas pour les établissements de crédit26. En d’autres termes, lorsque les dispositions
spéciales sont prévues pour une situation, les dispositions générales cessent de s’appliquer27. Le
risque de conflits entre les sources supranationales de l’OHADA et de la CEMAC est
théoriquement maîtrisé du fait de la suprématie du droit CEMAC sur celui de l’OHADA.
Conséquemment, l’OHADA reste donc en la matière une norme subsidiaire dont l’importance
mériterait qu’on déroule les manifestations. On assiste ici à ce que la doctrine a appelé un « faux
conflit ou conflit abstrait ». C’est un conflit qui existe sur les arguments purement théoriques
lorsque deux textes de lois règlementent un domaine identique.28
La subsidiarité du droit OHADA est affirmée en cas de silence du droit spécial CEMAC. C’est
ce qui ressort du règlement CEMAC portant sur les établissements de crédit en difficulté 30 .Les
illustrations de la règle le spécial déroge au général nécessitent d’être exposées pour apporter la
lumière à notre règlement.
24
Voir G. STEFANI, G. LEVASSEUR et B. BOULOC, Droit pénal général, Paris 2000, P 30
25
A titre illustratif, l’inopérationnalité des articles 1134 et 1382 aux situations du droit administratif
26
Voir F. RIPPERT, « Le déclin du droit », Paris, LGDJ, P 9 ; Colloque Université de Rouen 2001, « La responsabilité
professionnelle, une spécificité réelle ou apparente », LPA, 11 juillet 2001
27
Cf. D. D’AMBRA et M.A FRISON-ROCHE, « Résolution bancaire entre le droit commun des procédures
collectives et le droit spécial de la régulation », Paris 2005, LGDJ, P 78
28
Voir PH. WECKEL, « La concurrence des traités internationaux », Strasbourg 1989, P 64
29
Voir B. DUTOIT et P. MERCIER, « Les lacis des conflits de conventions en droit privé et leur solutions possibles »,
11èmesession de la conférence de la HAYE de droit international privé, 1969, P 56
30
Cf. article 85 du règlement CEMAC portant sur les établissements de crédit en difficulté en zone CEMAC
Le redressement judiciaire, qui doit être mis en route par la cessation des paiements aune
signification différente en matière de défaillances des établissements de crédit. Aussi, le retrait
d’agrément est un indicateur de la cessation des paiements bancaire. Or, il en est autrement en
droit OHADA des procédures collectives. De plus, c’est la date de retrait d’agrément de
l’établissement de crédit qui est considérée comme celle de la cessation de paiement. En revanche
en droit OHADA, ce n’est pas le cas31.
La liquidation des biens des établissements de crédit résulte du retrait d’agrément alors que
l’OHADA prévoit la situation irrémédiablement compromise32. Par ailleurs, les opérations de
liquidation des biens entraînent un dédoublement du patrimoine bancaire33 et un double contrôle
de la procédure par la COBAC et par le juge commissaire. A contrario en droit OHADA des
procédures collectives, les règles sont différentes34.
Le silence du législateur CEMAC sur certains aspects des procédures collectives applicables
aux établissements de crédit défaillants, pourrait dans une moindre mesure entraîner un risque de
conflit.
Au sein de l’OHADA, on assiste de plus en plus à la mise en place d’un droit international
privé embryonnaire35car, de nombreuses questions sont ignorées par le législateur. Ce silence
31
Cf. articles 116 alinéa 2 du règlement CEMAC sur les établissements de crédit en difficulté et 34 de l’acte uniforme
OHADA portant sur les entreprises en difficulté.
32
Voir articles 94 du Règlement CEMAC et 32 alinéas 1 de l’acte uniforme relatif aux procédures collectives
d’apurement du passif
33
Le compartiment bancaire qui donne lieu à la liquidation bancaire et le compartiment non-bancaire
34
Cf. art 114 al 2 et 3 du règlement CEMAC portant sur les établissements de crédit en difficulté de la CEMAC
35
Voir B. BANAMBA, « Droit OHADA et conflits de juridictions » in Le droit au pluriel, PUA 2018, P 685
pourrait fondamentalement impacter les procédures collectives internationales car « Une loi
inintelligible exprime l’arbitraire du pouvoir en ce sens que ne fournissant pas au destinataire
l’information sur ce qu’elle vise »36. On le retrouve avec le silence gardé par le législateur sur la
Page | 28
transposition des règles de privilège de juridiction. L’ayant compris, certaines législations ont mis
ces règles à l’écart. La doctrine parle de vrais conflits37.
- Une transposition néfaste des règles de droit interne portant sur les privilèges de juridiction en
droit communautaire : un risque de blocage. L’Acte Uniforme OHADA portant sur les procédures
collectives n’offre pas des règles d’attribution de compétence. C’est donc au Cameroun, le Code
de procédure civile et commercial qui, en raison de la nationalité attribue les compétences aux
juridictions étatiques38. A cet effet, lorsque le demandeur est de nationalité camerounaise, il peut
valablement attraire le défendeur étranger devant les tribunaux étrangers et inversement39.
36
Cf. F. ROCHE et W. BARANES, « Le principe constitutionnel de l’accessibilité et de l’intangibilité de la loi »,
Paris 2000, Chron, p7
37
Voir NGUENE NTEPPE, Les conflits de conventions internationales de droit privé : le cas de la convention de
Bruxelles de 1924 et les règles de Hambourg de 1978 en droit des transports maritimes internationaux, Thèse,
Nantes/Yaoundé –Soa, 2007, P1
38
Voir art 14 et 15 CPCC
39
A titre de droit comparé, voir l’art 853 du Code sénégalais de la famille qui dispose : « les tribunaux sénégalais sont
compétents pour toute action dans laquelle le défendeur ou le demandeur a la nationalité sénégalaise au jour de
l’introduction de l’instance. Il est fait exception à cette règle lorsque le jugement rendu s’exécutera à l’étranger ou
lorsque les parties renoncent au privilège de juridiction qui leur accorde la loi de juridiction dans le Code sénégalais.
40
« …L’inapplicabilité aux nationaux des autres Etats signataires des règles par lesquelles la législation d’un des
Etats signataires déclare ses juridictions compétentes non uniquement de la nationalité du demandeur et sans aucun
titre de compétence en ce qui concerne les contestations relatives à des obligations nées d’un contrat »
41
Cf. Civ 1 ère, 23 mai 2006 PRIEUR. GADIP, N° 87, rev écrit 2006, P 870. Note : H. GAUDEMET. Dans le même
sens, voir CIV 1ère, 22 mai 2007, Banque de développement c/ Cométal, Rév 2007, p 610, Note H. GAUDEMET
TALLO ; VS. CLAVEL, Droit international privé. Hypercours Dalloz, Paris 2010.
privilège de juridiction par une exclusion de certaines disciplines42. Un tel dysfonctionnement est
alors explicatif d’un conflit de compétence.
En matière de droit des affaires, le contentieux est géré par la CCJA en cassation au sein de
l’OHADA en principe44. Or, avec le contentieux des procédures collectives des établissements de
crédit en zone CEMAC, on assiste à une substitution de la CCJA par la CJ- CEMAC45. Cet état de
42
C’est le cas des demandes en partage des immeubles situés à l’étranger, des demandes relatives aux voies
d’exécution étrangères pratiquées en France. Voir aussi HAUSMANN qui parle du déclin irréversible des Fors
exorbitant dans les articles 14 et 15 du CPCC.
43
Cf. J FOMETEU in « Mutations juridiques dans le système OHADA », L’harmattan, Paris 2009, P 52
44
Cf. art 14 du Traité constitutif de l’OHADA
45
Voir art 2 de la convention régissant la cour de justice de la CEMAC qui dispose : « La Cour de justice
communautaire est chargée du contrôle juridictionnel des activités… de la communauté économique et monétaire de
l’Afrique Centrale ».
chose génère autant de conflits négatifs que positifs. C’est surtout sur le terrain des conflits mixtes
que le contentieux est dense46.
L’autre risque de conflit peut être envisagé dans les rapports entre les deux juridictions
Page | 30
communautaires de l’OHADA et de la CEMAC.
46
Voir Aff. BERDAM INTERNATIONAL C/ BIAO COTE D’IVOIRE ; Aff. SOCOM SARL, CCJA, arrêt°
141/2003 du 19 janvier 2003, Recueil CCJA, N°1, janvier-juin 2003, p 19. Dans le même sens, CCJA arrêt N°
22/Juillet-déc. 2014, P 59, Dame MORELLE MICHELLE C/ Dame DOLY TARDJEMAN ; Aff. SNAR LEYMA DE
LA Cour Suprême du NIGER
47
Voir art 7 de la convention régissant la Cour de Justice de la CEMAC qui dispose que : « La Cour de Justice est une
institution indépendante des Etats, des organes et des autres institutions. Ses décisions sont prises au nom de la
communauté ».
48
Cf. arrêt n°10/2013, Aff. Abel SEMENGUE MALENZADA C/ ECOBANK CENTRAFRIQUE et BEAC cité par
BOUMAKANI « Coexistence de la Cour de Justice et d’Arbitrage de l’OHADA et de la Cour de Justice de la
CEMAC », RDAI/IBIJ, N°1, 2005, P 86
même établissement de crédit en difficulté 49doit requérir du demandeur une bonne connaissance
du lieu d’implantation de son principal établissement afin d’éviter un insuccès de sa demande.
C’est ce qui ressort du jugement rendu par le Tribunal hors classe de DAKAR en date du 27 avril
Page | 31
200250 .
Les non-dits du législateur communautaire quant aux conditions d’exécution des décisions
judiciaires étrangères dans un autre Etat partie, posent un réel problème. A priori, le Traité de
l’OHADA laisse croire que les décisions rendues dans un Etat partie peuvent valablement
s’exécuter au sein d’un autre Etat de cet espace juridique51. Toutefois, à la lecture de l’Acte
Uniforme sur les procédures simplifiées de recouvrement des créances et les voies d’exécution,
l’exécution d’une décision judiciaire étrangère sur le territoire d’un autre Etat situé au sein de
l’espace OHADA nécessite préalablement un titre exécutoire52. Le caractère national et non
communautaire de la procédure d’exéquatur ne pose aucun problème. Quoique, ce sont les
conditions d’exéquatur qui créent des discordes d’un Etat à l’autre. En effet, la procédure
d’exéquatur nécessite l’exécution de six conditions en Droits Ivoirien, Malien et Burkinabé. Au
Sénégal et au Gabon à l’opposé, ce nombre est plutôt ramené à cinq conditions. Au Cameroun par
contre, ce nombre est de quatre. De telles contrariétés peuvent entrainer un forum shopping au sein
de cet espace unifié. Car, l’attrait est grand pour un justiciable de faire exécuter sa décision
judiciaire dans un Etat partie où les conditions lui seraient plus favorables. Ce qui pourrait avoir
pour effet de créer des Etats refuges aux procédures plus souples.
Ne pouvant garder une attitude passive face à de tels obstacles, notre formation de juriste
chercheur nous appelle à rechercher des pistes thérapeutiques.
49
Voir art 30 AUPCAP
50
Cf. Aff. du Procureur de la République et le Greffier en Chef du Tribunal Régional Hors Classe de Dakar cité par
Boniface BANAMBA, précité, P 687. En l’espèce, saisi par le Procureur de la République pour l’ouverture d’une
procédure collective contre la multinationale Air Afrique, la procédure collective introduite à Dakar venait après une
procédure collective principale ayant abouti à une décision de liquidation des biens en Côte D’Ivoire. Dans cette
affaire, les juges sénégalais ont admis qu’il était également possible d’ouvrir une procédure collective principale à
Dakar en dépit de la décision ivoirienne. Dès lors qu’elle est engagée sur le territoire d’un Etat parti où le débiteur a
son principal établissement. Or, la multinationale disposait à Dakar d’un principal établissement ayant les attributs
d’un siège social dans la capitale de chaque Etat parti.
51
Cf. art 20 du traité de l’OHADA
52
Cf. art 247 al 3 de l’Acte Uniforme relatif aux procédures simplifiées de recouvrement des créances et des voies
d’exécution
A- Réflexions sur des solutions aux conflits normatifs portant sur la covivance des
règlementations OHADA et CEMAC en matière d’établissements de crédit en
difficulté
Un auteur recommande d’abandonner les règles ordinaires de résolution des conflits normatifs
reposant sur la primauté du droit communautaire sur le droit national lorsqu’on est en présence de
deux droits communautaires autonomes53. Pour aplanir les difficultés normatives résultant de la
confrontation entre les ordres normatifs de la CEMAC et de l’OHADA, il serait judicieux
d’élaborer des règles harmonisées d’attribution de compétence (1) en vue d’une détermination
d’une règlementation commune pour une bonne administration de la justice (2).
53
Cf. (G) VEDEL cité par (J) WALLINE, « L’évolution de la responsabilité extracontractuelle des entreprises
publiques », Revue de Droit Public 1990, P 1525 ; ALKA ZADI MPIANA (J), « La problématique de l’existence d’un
droit communautaire Africain : entre mimétismeet spécificité », Revue Libre de Droit 2014, P 15
Contre un débiteur, plusieurs procédures collectives peuvent être ouvertes. Or, cette situation
pourrait entrainer une contrariété de décisions. Il serait donc avisé que la juridiction saisie à titre
principal puisse également connaitre toutes les autres demandes secondaires. La raison d’être est
que, la juridiction saisie en premier a une meilleure connaissance de la situation économique,
financière et juridique du débiteur. D’autant plus que l’on sait que la révision des décisions
juridictionnelles par les voies de recours est d’ores et déjà un autre moyen de vérifier la pertinence
des décisions de justice en cas de contestation.
D’autres solutions doivent être prévues pour une bonne administration de la justice.
Des correctifs sémantiques pour une litispendance communautaire (a) et l’institution d’un titre
exécutoire communautaire (b) apparaissent salutaires dans les procédures collectives des
établissements de crédit de la CEMAC.
54
Cf. (S) GUINCHARD, (T) DEBARD, Lexique des termes juridiques, éd Dalloz 2017-2018, P 519. Il existe une
connexité entre deux demandes en justice portées devant les juridictions distinctes lorsqu’elles sont étroitement liées
entre elles si bien qu’en les jugeant séparément, on risque d’aboutir à une contrariété de jugements. Il est dans l’intérêt
L’exigence d’un titre exécutoire pour l’exécution d’une décision judiciaire étrangère relativise
la portée de l’autorité de la chose jugée communautaire. Aussi serait-il justifié d’instituer un titre
exécutoire communautaire.
D’une façon générale, la norme communautaire qui a un caractère international, donne droit
par elle seule aux justiciables, sans requérir aucune mesure interne d’exécution, des prérogatives
dont ils puissent se prévaloir au sein du périmètre OHADA. C’est du moins en convoquant le droit
public, ce qui ressort d’un avis de la CPJI traduit en ces termes « On ne saurait contester que l’objet
même d’un accord international, dans l’intention des parties contractantes, puisse être l’adoption
par les parties des règles déterminées, créant des droits et des obligations pour les individus,
susceptibles d’être appliquées par les tribunaux nationaux »57 .
La procédure d’exéquatur des décisions de justice étant une question nationale dans l’espace
OHADA, l’on observe des disparités dans les conditions de sa mise en œuvre d’une législation
d’un Etat à l’autre. Or, une telle hétérogénéité crée une insécurité juridique. A cet effet, il apparait
approprié de procéder à l’institution d’un titre exécutoire communautaire dont les conditions
d’exéquatur seraient harmonisées au sein des Etats parties au Traité de l’OHADA58.
Pour renforcer l’efficacité des lois, leur application par les juges devrait nécessiter quelques
réaménagements.
d’une bonne administration de les faire instruire et juger ensemble, en demandant à l’une de ces juridictions de se
dessaisir et de renvoyer en l’état la connaissance de l’affaire à l’autre juridiction.
55
(B) BANAMBA, précité, P 696
56
(J) STOUFFLET, « Le particularisme des contrats bancaires », Mélanges à JAUFFRET, Aix-en-Provence,
PUF1974, PP 635 et ssv qui affirme que « Régler directement les situations concrètes c’est se condamner à ne faire
qu’une œuvre contingente et presque inévitablement incomplète ».
57
Cf. CPJI, avis consultatif du 3mars 1928 qui donne compétence aux tribunaux de DANTZIG
58
Voir (B) BANAMBA,operecitado, P 691
La réponse à cette question est aisée. Aussi, le justiciable devra saisir la CJ-CEMAC pour une
question de droit spécial. Par contre, il devra saisir la CCJA pour une question de droit commun.
Car, il faut donner à chacun, le sien. Par ailleurs, face à une question préjudicielle, chaque
juridiction doit surseoir à statuer. D’autres solutions doivent être recherchées pour prévenir ou
limiter les potentiels conflits de compétence. Aussi trouvons-nous envisageable de procéder à une
spécialisation des juridictions (1). Par ailleurs, il serait tout aussi louable de promouvoir la
nécessité d’une coordination des juridictions communautaires autonomes fondée sur une
répartition appropriée des compétences (2).
Pour rendre moins conflictuelle les rapports entre les instances juridictionnelles de la CEMAC
et de l’OHADA, en matière de traitement des défaillances bancaires, il semble recommandé de
mettre en place une chambre mixte (a). Cette innovation renforcerait alors la sécurité judiciaire au
sein de l’espace communautaire CEMAC (b).
Créer une chambre paritaire composée aussi bien des magistrats de la CCJA que de ceux
de la CJ-CEMAC résoudrait à bien des égards plusieurs dysfonctionnements. Compte tenu de la
multitude des juridictions intervenant en la matière60.
59
Cf. (K) KOUADIO, « Conflits de normes et application du droit communautaire dans l’espace OHADA » in
www.ohada.com , p 26
60
Cf. (A) KENMOGNE SIMO, « Les défis de la pluralité des sources de droit dans le domaine bancaire et financier
dans la CEMAC et L’UEMOA », éd Etudes Africaines 2020, P 160
De plus, une telle instance de par ses composantes, pourrait contribuer à coup sûr à un
renforcement de la sécurité juridique et judiciaire61.
De l’analyse des situations qui se présenteraient, en l’occurrence lorsqu’un litige porte sur
le droit uniforme et/ou sur le droit spécial, quelle juridiction faudrait-il saisir ?
Nous avons pu constater avec la doctrine une répartition aisée des compétences dans
l’hypothèse d’un litige portant exclusivement sur le droit commun ou spécial (a) et une répartition
malaisée des compétences dans l’hypothèse d’un conflit mixte (b).
Lorsque l’objet du différend porte uniquement sur le droit uniformisé OHADA, ou sur le
droit spécial CEMAC, la solution est évidente. C’est la CCJA qui sera compétente pour connaître
du contentieux relevant de l’application du droit uniformisé OHADA. Pareillement, c’est la CJ-
CEMAC qui sera habilitée à connaitre les questions spécifiques des défaillances des établissements
de crédit.
61
Voir (A) KENMOGNE SIMO, operecitado, p 165
Par contre, la résolution des litiges qui mêlent à la fois le droit uniformisé OHADA et celui
de la CEMAC n’est pas sans difficultés.
b- Une répartition malaisée des compétences dans l’hypothèse d’un conflit mixte
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Plusieurs obstacles se dressent en présence d’un conflit mixte. Acet effet, les critères de
résolution en vue de garantir une répartition appropriée des compétences entre la juridiction
uniforme de l’OHADA et la CJ-CEMAC doivent être recherchés.
Quatre critères de résolution dans la répartition adéquate des compétences ont été dégagés
par la doctrine62 :
62
Cf. (A) KENMOGNE SIMO, operecitado, P 162
63
Cf. (A) KENMOGNE SIMO, précité, P 166
64
Cf. arrêt N° 01-158/C du 16 août 2001, SNAR LEYMA C/ Groupe HIMA SOULEY sur www.ohada.com
Les conflits interprofessionnels opposent les autorités bancaires entre elles, ou une autorité
bancaire à un établissement de crédit ou les établissements de crédit entre eux.
L’instance juridictionnelle à saisir est la CJ-CEMAC dans les deux premiers cas. Par contre,
la réponse doit être nuancée dans la troisième hypothèse. On prend en compte ici l’objet du litige. Page | 38
Aussi, lorsque l’objet du contentieux porte exclusivement sur les règles d’un système juridique,
c’est exclusivement l’instance juridictionnelle y relative qui sera compétente.
A contrario, lorsque l’objet du différend est mixte, la juridiction compétente est celle spéciale.
Notamment, la CJ-CEMAC, quand le litige oppose deux professionnels.
En revanche, dans le cas de figure où le contentieux est non professionnel, c’est-à-dire entre
un établissement de crédit et un client, la juridiction compétente est la CCJA. Mais si le demandeur
est le client, il a le choix entre la CCJA et la CJ-CEMAC.
Conclusion
La spécificité de l’établissement de crédit en raison du rôle clé qu’il joue dans l’intermédiation
financière et la structure de son bilan financier, a nécessité des règles qui lui sont propres aussi
bien en période normale qu’en période de crise. En tout temps, l’on observe en matière de
règlementation des établissements de crédit, une cohabitation des règlesspéciales et communes.
Concernant les établissements de crédit en crise, cette cohabitation se heurte à des obstacles
diversifiés que nous avons pu compartimenter en deux catégories. Notamment, l’existence de
conflits normatifs et decompétence. A la suite de cet inventaire des entraves à l’applicabilité
subsidiaire du droit OHADA des procédures collectives aux établissements de crédit en difficulté
en zone CEMAC, nous avons recherché des solutions à ces maux dans un soucis de renforcer la
sécurité juridique et judiciaire au sein de la CEMAC. Car, si l’un des objectifs majeurs de la
CEMAC est d’assurer un développement harmonieux de ses Etats, ce dessein ne peut se
concrétiser que s’il repose sur une règlementation commune appropriée, facteur d’attraction des
investisseurs qui demeure perfectible.
R.I.D.S.P
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