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L’autopraxéographie, une méthode pour participer à la compréhension de la


complexité de l’entrepreneuriat

Article  in  Projectics / Proyéctica / Projectique · January 2017


DOI: 10.3917/proj.016.0069

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1 author:

Marie-Noelle Albert
Université du Québec à Rimouski UQAR
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L’AUTOPRAXÉOGRAPHIE, UNE MÉTHODE POUR PARTICIPER À LA

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COMPRÉHENSION DE LA COMPLEXITÉ DE L’ENTREPRENEURIAT
Marie-Noëlle Albert

De Boeck Supérieur | « Projectics / Proyéctica / Projectique »


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2017/1 n°16 | pages 69 à 86


ISSN 2031-9703
ISBN 9782807391307
Article disponible en ligne à l'adresse :
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
https://www.cairn.info/revue-projectique-2017-1-page-69.htm
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Pour citer cet article :


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Marie-Noëlle Albert, « L’autopraxéographie, une méthode pour participer à la
compréhension de la complexité de l’entrepreneuriat », Projectics / Proyéctica /
Projectique 2017/1 (n°16), p. 69-86.
DOI 10.3917/proj.016.0069
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L’autopraxéographie, une méthode…

L’AUTOPRAXÉOGRAPHIE,
UNE MÉTHODE
POUR PARTICIPER

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À LA COMPRÉHENSION
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DE LA COMPLEXITÉ
DE L’ENTREPRENEURIAT
Marie-Noelle Albert 
Professeure 
Université du Québec à Rimouski 

des exemples d’utilisation épistémologique construc-


RÉ SUM É pour participer à la com- tiviste pragmatique
préhension de l’entrepre- (PECP), les spécificités, le
L’entrepreneuriat est neuriat. processus et les limites
un domaine complexe. Pour ce faire, il commence inhérentes à ce type de
L’autopraxéographie est par présenter la com- méthodes. Enfin, cet article
une méthode à la première plexité pour aborder l’en- propose de se référer à
personne qui peut per- trepreneuriat, par la suite plusieurs exemples d’ar-
mettre d’explorer des élé- il explique l’autopraxéo- ticles ou communications
ments de cette complexité. graphie. Ce faisant, il ayant utilisé cette méthode
Cet article vise à expliquer expose un panorama des en vue d’explorer certains
les spécificités de cette méthodes à la première éléments liés à la com-
méthode et à en montrer personne, le paradigme plexité entrepreneuriale.

Mots-clés : entrepreneuriat, complexité, méthodes de recherche à la première per-


sonne, Paradigme épistémologique constructiviste pragmatique

proyéctica / projectics / projectique – n° 16 69


Marie-Noelle Albert 

to use this method to help epistemological paradigm,


ABSTRACT better understand entre- and reveal the specifici-
preneurship. ties, process and limita-
Entrepreneurship is a To this end, we begin by tions of autopraxeography.
complex field. Autoprax­ presenting the complex- Finally, this article pro-
eography is a self-study ity related to approach- poses several examples

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method that can be used ing this field, and then we of articles or papers that
to explore elements of this explain autopraxeography. have used this method and
complexity. This article In doing so, we present have explored certain ele-
aims to explain the speci- an overview of self-study ments of entrepreneurial
ficities of this method and methods, describe the complexity.
shows examples of how pragmatic constructivist
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Keywords: entrepreneurship, complexity, self-study methods, pragmatic construc-


tivist epistemological paradigm

mostrar ejemplos del uso el paradigma epistemoló-


RE SUME N de este método para parti- gico constructivista prag-
cipar en la comprensión de mática, especificidades, el
El espíritu empresarial la iniciativa empresarial. proceso y los límites inhe-
es un área compleja. El Para ello, se comienza rentes a tales métodos.
autopraxeographia es un presentando la compleji- Por último, este artículo
método para la primera dad en el tratamiento de propone hacer referencia a
persona que puede permi- la iniciativa empresarial, varios ejemplos de artícu-
tirse el lujo de ir a explo- a continuación, presen- los o de comunicación uti-
rar los elementos de esta tar el autopraxeographia. lizado este método y han
complejidad. Este artículo Al hacerlo, se expone una explorado algunos ele-
trata de explicar los deta- visión general de los méto- mentos relacionados con la
lles de este método y para dos en primera persona, complejidad empresarial.

Palabras clave: Emprendimiento, complejidad, métodos de investigación en la pri-


mera persona, pragmático paradigma epistemológico constructivista

Pour pouvoir rendre actionnables des savoirs issus de la recherche en entre-


preneuriat, il est à la fois nécessaire que la posture du chercheur change et que
ces recherches relient, contextualisent et globalisent les situations (Schmitt,
2004). La recherche en entrepreneuriat appelle régulièrement l’usage d’ap-
proches qualitatives, bien qu’elles soient loin de représenter le courant prin-
cipal (Bygrave, 1989 ; Neegaard & Ulhoi, 2007). Si l’on veut pouvoir aller vers
une activation de connaissances produites par la recherche en entrepreneu-
riat et s’affranchir de la proposition de nouvelles méthodes, fussent-elles
qualitatives, il faudrait pouvoir repenser la relation entre recherche et pra-
tique entrepreneuriale (Schmitt, 2004). Afin de réduire l’écart existant entre
la recherche en gestion et les besoins des praticiens, Sandberg & Tsoukas

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L’autopraxéographie, une méthode…

(2011) préconisent le développement de formes de recherche plus collabora-


tives entre chercheurs et praticiens afin de jeter des ponts entre les théories
et les pratiques de gestion.
L’autopraxéographie est une méthode permettant à des chercheurs qui ont
été praticiens ou qui le sont encore de pouvoir explorer des domaines scienti-

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fiques et d’en construire des savoirs génériques. Cette méthode est également
un moyen pour ces mêmes praticiens-chercheurs de pouvoir, éventuelle-
ment, prendre du recul sur une situation difficilement vécue. Ces praticiens-­
chercheurs peuvent être, par exemple, des doctorants en gestion, comme cela
peut être, par exemple, des étudiants poursuivant des programmes doctoraux
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professionnels de type DBA. L’objectif de cet article est de montrer en quoi


l’utilisation la méthode d’autopraxéographie peut permettre une compréhen-
sion de la complexité de l’entrepreneuriat.
Pour ce faire, nous allons donc présenter brièvement dans un premier
temps la complexité pour aborder l’entrepreneuriat, dans un deuxième temps,
expliquer cette méthode pour montrer enfin en quoi l’autopraxéographie peut
participer à la compréhension de la complexité de l’entrepreneuriat.

LA COMPLEXITÉ POUR ABORDER


L’ENTREPRENEURIAT
De nombreux chercheurs ont utilisé les sciences de la complexité pour
aider à comprendre les comportements entrepreneuriaux (Lichtenstein,
2016). Déjà Schumpeter (1934) avait introduit des aspects de la théorie de la
complexité, avec un changement radical produit par des dynamiques auto-
organisées (Corral de Zubielqui et al., 2016). Bygrave (1989) a utilisé ses
compétences de physicien pour appliquer la théorie du chaos déterministe
à l’émergence de la création d’entreprise. Ireland & Gorod (2016) ont mon-
tré l’évolution de la contribution des théories de la complexité à l’entrepre-
neuriat. Ils sont partis de Cheng & Van de Ven (1996) pour arriver à Crawford
et al., 2015). McKelvey (2004) explique, pour sa part, que la science de la
complexité est une plateforme tout à fait pertinente pour comprendre l’en-
trepreneuriat.
En réalité, les PME sont imbriquées dans des environnements externes
incluant de nombreuses parties prenantes opérant dans un système complexe
(Corral de Zubielqui et al., 2016). Schmitt & Bayad (2008) expliquent que les
entrepreneurs doivent construire des problèmes complexes plutôt que de tra-
vailler à trouver des solutions. En effet, « le phénomène entrepreneurial est
sûrement plus complexe que le laissent entendre les approches largement
mobilisées dans la recherche en entrepreneuriat. » (Schmitt, 2009, p14).
Morin (2005) propose une différence entre deux types de complexité, en l’oc-
currence entrece qu’il nomme « complexité restreinte » et ce qu’il qualifie de
« complexité généralisée ». La complexité est restreinte parce qu’elle est limi-
tée aux systèmes qui sont empiriquement complexes, provenant d’une variété
de processus avec des relations multiples, interdépendantes et associées

proyéctica / projectics / projectique – n° 16 71


Marie-Noelle Albert 

rétroactivement. En fait, la complexité restreinte n’est jamais remise en ques-


tion ni pensée d’un point de vue épistémologique. Dans ce genre de com-
plexité, les scientifiques cherchent à décomplexifier pour trouver un principe
universel. La complexité généralisée « se ramène à nos connaissances en tant
qu’êtres humains, individus, personnes et citoyens » (Morin, 2005, p.21). Nous
avons basé notre choix de paradigme épistémologique (cf. infra) sur ce type

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de complexité. La complexité n’est pas simplement un indicateur de tensions
ou de conflits qui se produisent au sein des organisations. Si tel était le cas,
il ne s’agirait que de difficultés – quoique complexes – qui devaient être cla-
rifiées pour qu’une bonne prise de décision se produise. Ils ne semblent pas
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être réduits à une simple source d’incertitude qui devrait être prise en compte
par les bonnes pratiques de gestion des risques organisationnels ni ne doivent
être considérés comme résolubles par l’amélioration des pratiques de com-
munication. En d’autres termes, comme cadre conceptuel, nous réfutons la
complexité comme étant une dimension problématique négative. Nous pro-
posons plutôt de la considérer comme la matrice des caractéristiques fonda-
mentales des situations entrepreneuriales.
Cette complexité des situations entrepreneuriales peut faire en sorte
qu’elle apparaisse fréquemment comme étant un problème et non une solu-
tion (Morin, 1999 ; Alhadeff-Jones, 2008). Une compréhension scientifique de
la complexité nécessite de mettre en place un processus réflexif favorisant la
possible remise en question de chaque postulat sur lequel se fonde l’interpré-
tation et d’entretenir de nouveaux rapports aux savoirs (Alhadeff-Jones, 2008).
Ainsi la modélisation de situations entrepreneuriales complexes ne signi-
fie-t-elle pas la représentation fidèle de la réalité de cette situation, mais
bien la facilitation de sa compréhension à des fins d’action. Dans ce cadre, la
recherche n’a pas pour finalité d’apporter une solution à un problème précis,
mais de favoriser la réflexivité pour faciliter la prise de décision (Schmitt &
Fillion, 2009). Cette compréhension de la complexité peut passer par le déve-
loppement de recherches s’appuyant sur l’expérience vécue de praticiens
pour envisager la situation entrepreneuriale à la fois dans sa globalité comme
avec ses interactions (Schmitt, 2016). L’autopraxéographie est, dans ce sillage,
la méthode qui permet de s’ancrer dans le vécu de praticien-chercheur afin
d’explorer la complexité des situations entrepreneuriales.

L’AUTOPRAXÉOGRAPHIE
L’autopraxéographie (Albert & Couture, 2014a ; Albert & Michaud, 2016 ;
Albert & Perouma, 2017) est une méthode à la première personne. Nous com-
mencerons donc par effectuer un tour d’horizon des méthodes à la première
personne, puis présenter le paradigme épistémologique choisi, pour ensuite
exposer les spécificités de la méthode, le processus méthodologique et les
limites de celle-ci.

72 projectique / projectics / proyéctica – n° 16


L’autopraxéographie, une méthode…

Des méthodes à la première personne


Les méthodes à la première personne ne sont que peu utilisées dans les études
en gestion. On retrouve notamment Boje & Tyler (2008) et Haynes (2006, 2011)
qui utilisent des auto-ethnographies, tandis que l’introspection est en train
d’émerger dans la recherche sur les consommateurs (Gould, 2012). Différents

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types d’approches similaires existent sous différentes dénominations : auto-
biographie, auto-ethnographie, introspection, récits personnels, récits de soi,
des récits d’expériences personnelles, « self-studies », études à la première
personne, essais personnels, « self-observations », ethnographies person-
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nelles, ethnographies réflexives et témoignages, entre autres (Ellis & Bochner,


2003). Les autobiographies et récits de vie que l’on peut retrouver en entrepre-
neuriat ne peuvent être reconnus comme étant des études à la première per-
sonne que si ces récits sont écrits directement par les personnes ayant vécu
l’expérience concernée. Il n’existe pas de réel accord entre chercheurs sur les
frontières de chacune de ces approches (Ellis & Bochner, 2003). Et, cepen-
dant, elles partagent le fait que les chercheurs souhaitent donner un sens à
des expériences personnelles, en utilisant ces méthodes réflexives.
L’utilisation des méthodes à la première personne pourrait être perçue
comme insuffisamment rigoureuse, théorique et analytique (Ellis et al., 2011)
par rapport aux normes scientifiques. Les chercheurs à la première personne
ont également relevé la nécessité de débattre de la question de la validité de
leurs études (Feldman, 2003). Étant donné que ces méthodes ne semblent
pas avoir de contenu scientifique, selon un point de vue positiviste (Holbrooks,
1995 ; Hackley 2007 ; Rod, 2011), il est d’autant plus important d’être pré-
cis quant au choix du paradigme épistémologique. Dans le paradigme épis-
témologique constructiviste pragmatique (cf. infra), la recherche permet de
rendre légitimes les connaissances, à l’aide d’un travail réflexif. Dans ce cas, la
connaissance produite n’est pas le récit lui-même, mais est construite à par-
tir de ce dernier.
Avant de nous intéresser aux spécificités de l’autopraxéographie, regar-
dons celles des principales méthodes à la première personne.
L’introspection émerge de la recherche sur les consommateurs (Gould,
2012). Fondées sur la psychologie (Wallendorf & Brucks, 1993 ; Gould, 2006),
elle est développée dans la recherche sur le consommateur et « consiste en
une narration impressionniste par l’auteur de ses propres expériences de
consommation » (Beji-Becheur et al., 2012, Wallendorf et Brucks (1993) iden-
tifient cinq catégories d’introspection différenciant le chercheur est isolé de
ceui qui est accompagné d’autre chercheur ou d’un praticien : l’introspection du
chercheur, l’introspection guidée, l’introspection interactive, la forme syncré-
tique de l’introspection et la réflexivité au sein de la recherche. L’introspection
peut être individuelle ou collective (Gould, 2012). Holbrook (1995) explique que
l’introspection personnelle subjective « explore des visions imaginatives à tra-
vers la réalité intérieure révélée par une profonde réflexion sur soi » (p.100).
Ces récits illustrent des épisodes instructifs de consommation (Brown, 2012).
Gould (1995, 2006) traite l’introspection comme un processus de transfor-
mation personnelle, couplé à un élément de sensibilisation (Brown, 2012).
Les chercheurs intègrent différents rôles, un rapport facile avec le travail de

proyéctica / projectics / projectique – n° 16 73


Marie-Noelle Albert 

terrain et l’accès illimité aux données (Minowa et al., 2012). L’introspection


pourrait prendre, par ailleurs, une forme poétique comme le montre le poème
de Kozinets (2012). Gould (2012) explique qu’il n’a pas recherché de validation
positiviste, mais qu’il préfère utiliser un processus herméneutique compara-
tif qui ne nécessite pas de résolution finale des différences ni de test de vali-
dité. Il s’arrête quand il en arrive à un point sans plus de conclusions. Mais,

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selon Brown (2006), les « soi-disant introspections » qui pimentent le corpus
de recherche du consommateur ne seraient pas des introspections psycholo-
giques ou scientifiques et porteraient la connotation de l’indulgence, de l’indé-
cision et de l’indolence d’un point de vue nombriliste (Brown, 2012).
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Holman-Jones et al. (2013) expliquent que la caractéristique qui lie toutes


les auto-ethnographies réside en ce qu’elles utilisent des expériences person-
nelles pour examiner et/ou critiquer l’expérience culturelle. Selon ces auteurs,
alors que tous les écrits personnels peuvent être envisagés à la lumière de
la culture, les écrits personnels ne sont pas tous auto-ethnographiques. En
effet, pour entrer dans le cadre des recherches auto-ethnographiques, les
écrits personnels doivent volontairement commenter ou critiquer la culture
et les pratiques culturelles, contribuer à la recherche existante, inclure inten-
tionnellement la vulnérabilité du sujet, créer une relation réciproque avec un
auditoire pour susciter une réponse. L’auto-ethnographie est une approche de
recherche et d’écriture qui cherche à décrire et à analyser systématiquement
(graphie) l’expérience personnelle (auto), afin de comprendre l’expérience
culturelle (ethno) (Ellis et al., 2011). Cette méthode est un écrit complète-
ment réflexif du soi, dans et travers un texte ethnographique, isolant l’espace
où la mémoire, l’histoire, la performance et la signification s’entrecroisent
(Denzin, 2014). Il s’agit soit d’une ethnographie de son propre groupe ou une
autobiographie ayant un intérêt ethnographique (Plummer, 2001). Pour Boyle
et Parry (2007), l’auto-ethnographie permet au chercheur en organisation de
relier intimement le personnel au culturel par un décollement de multiples
couches de conscience, de pensées, de sentiments et de croyances. L’auto-
ethnographie utilise le chercheur comme sujet (Haynes, 2011). Elle permet
l’interrogation dialogique du soi comme « autrui » et du soi par rapport à la
théorie (Haynes, 2011). La recherche auto-ethnographique offre la possibilité
de générer une nouvelle compréhension de situations ou d’événements pré-
cédemment cachés (Bruni, 2002, Ellis et al., 2011). Elle peut être vue comme
étant plus fructueuse quand elle est évocatrice, émotionnellement convain-
cante, où les lecteurs peuvent sentir leur vie profondément touchée par les
histoires qu’ils lisent (Anderson & Glass-Coffin, 2013). Une caractéristique
centrale de l’auto-ethnographie est l’utilisation d’un style esthétique d’écri-
ture (Boyle & Parry, 2007 ; Holman Jones et al., 2013).
Pour Beverley (2003), le témoignage peut prendre des formes hétéro-
gènes. Cet écrit est démotique, c’est-à-dire qu’il utilise le langage familier.
Définir le témoignage est difficile, mais on peut dire qu’un témoignage est un
roman ou un roman-longueur récit, produit sous la forme d’un texte imprimé,
raconté à la première personne par un narrateur qui est aussi le véritable
protagoniste ou le témoin des événements. Il ou elle raconte. Son unité de
narration est généralement une « vie » ou une expérience de vie significa-
tive (Beverley, 2003). Le témoignage se réfère à la voix de la personne qui a

74 projectique / projectics / proyéctica – n° 16


L’autopraxéographie, une méthode…

quelque chose à raconter. Dans l’histoire de vie, l’intention de l’interlocuteur-


enregistreur guide la recherche ; dans le témoignage ; en revanche, c’est l’in-
tention du narrateur direct (Beverley, 2003).
Les autobiographies sont l’expression littéraire de la réflexion de l’individu
sur sa vie (Dilthey, 1910/1961). Dans la recherche en sciences sociales, l’auto­

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biographie est un genre de plus en plus populaire (Hammersley & Atkinson,
1995). Selon Birren & Birren (1996), dont il existe de nombreux usages : comme
matériau pour des études psychologiques et sociologiques, comme matériau
pour des recherches historiques, comme moyen de promouvoir une perspec-
tive personnelle ou comme préparation aux changements dans une vie. Une
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autobiographie peut être définie comme une histoire ou un récit écrit par la
personne agent de l’expérience narrée (Birren & Birren, 1996 ; Denzin, 1989,
Settlemaier, 2007). La recherche autobiographique commence et se concentre
sur les perceptions et les expériences personnelles et subjectives des indivi-
dus, y compris sur soi (Milligan et al., 2011, Brewer (1986), Harrison & Lyon,
1993) et sur leur expérience au travail (Hannabus, 2000). Pour Bertaux (1981),
l’autobiographie peut être la preuve du soutien des relations socioculturelles
de chacun. Certaines méthodes de recherche telles que l’ethnographie et la
recherche-action sont caractérisées par l’utilisation de données autobiogra-
phiques : les ethnographes produisent des notes de terrain ou tiennent des
journaux qui contiennent souvent des données très personnelles, pendant que
des chercheurs d’action analysent et rendent compte de leur propre pratique.
Le choix d’utiliser les données autobiographiques est souvent motivé par les
questions que le chercheur souhaite poser (Tenni et al., 2003).
Dans la littérature, Lejeune (1989) définit le « pacte autobiographique »
comme celui d’un récit rétrospectif, en prose, écrit par une personne réelle
concernant sa propre existence, dans lequel l’accent est mis sur la vie indivi-
duelle et plus spécifiquement sur l’histoire de sa propre personnalité. Bruner
(1986), en se basant sur le travail de Lejeune, définit des critères : sur le lan-
gage, sur le sujet, sur la situation du narrateur (qu’il soit la même personne
que le protagoniste), le narrateur (qui prend un point de vue rétrospectif).
Pour Bruner (1986), les autobiographies viennent d’abord de l’imagination
plutôt que de l’expérience. Le fait et la fiction sont liés (Berryman, 1999 ;
Tenni et al., 2003). Elles ont pour intention un genre littéraire particulier
(Bruner, 1986).
Ces autobiographies critiques sont utilisées en sciences de l’éducation
(Taylor & Settelmaier, 2003). Pinnegar (1998) explique que les études à la
première personne sont méthodologiquement uniques et que dans ce type
d’étude les chercheurs opèrent à partir de la prémisse de la subjectivité de
leur propre expérience. Elles induisent le pouvoir de recherche en pratique
(Allender & Allender, 2008) parce que leurs natures inclusives encouragent
les praticiens à être des chercheurs et des constructeurs de connaissances.
Hamilton & Pinnegar (1998) définissent l’auto-apprentissage comme l’étude
de soi-même, de ses actions, de ses idées, ainsi que de ce qui est extérieur à
soi. Dans cette perspective, la recherche à la première personne est autobio-
graphique, historique, culturelle et politique et prend un regard attentif sur les
textes lus, les expériences vécues, les gens connus et les idées considérées
(Hamilton & Pinnegar, 1998). La recherche sur l’auto-apprentissage diffère

proyéctica / projectics / projectique – n° 16 75


Marie-Noelle Albert 

de la pratique réfléchie en ce qu’elle est une extension de la réflexion sur la


pratique, avec des aspirations qui vont au-delà du développement profession-
nel [à la communication et à la considération des idées, c’est-à-dire la géné-
ration et la communication de nouvelles connaissances et compréhensions]
(Loughran & Northfield, 1998). Les études à la première personne utilisent un
large éventail de méthodes qualitatives – par exemple, l’enquête narrative, la

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recherche sur les études de cas et la recherche-action (Craig, 2009).

Une posture épistémologique : Le paradigme


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épistémologique constructiviste pragmatique


Le fait d’utiliser ce paradigme a un impact important sur les spécificités
de la méthode (cf. infra), c’est pourquoi nous le présentons brièvement. Le
paradigme épistémologique constructiviste pragmatique (Avenier & Cajaiba,
2012) est ancré dans le constructivisme radical tel que conceptualisé par
von Glasersfeld (2001). Avenier (2011) a souhaité substituer le terme « prag-
matique » à celui de « radical » en s’amarrant aux travaux des pragmatistes
James et Dewey. Dans ce paradigme épistémologique, la connaissance ne
prétend ni refléter une réalité ontologique (personne ne pourrait raisonna-
blement prouver son existence) ni révéler ses caractéristiques quand cette
réalité existe. Ce constructivisme n’est pas non plus si excessif qu’il rejet-
terait entièrement la notion d’essence (Grint, 1998). Ainsi ce paradigme, la
construction de savoirs génériques à partir du phénomène étudié, dépend-
il de l’enquêteur. En effet, ce qui résulte du point de vue de l’observateur (une
hypothèse théorique explicite ou implicite) influe sur les observations. Aussi
dans ce paradigme, au lieu d’éviter cette subjectivité, travaille-t-on avec elle.
Le constructivisme pragmatique considère que la vérité n’a de sens qu’en rai-
son de la façon dont la connaissance est construite à partir des représenta-
tions humaines, afin de donner un sens à des situations dans lesquelles elles
sont impliquées. Par conséquent, la production de connaissances ne signi-
fie pas avoir une représentation fidèle de la réalité, mais désigne plutôt des
moyens de comprendre la vie. La légitimation des savoirs passe par la réa-
lisation de divers processus réflexifs dans un processus abductif (Avenier
& Thomas, 2015 ; Albert & Avenier, 2011). Dans ce paradigme, la légitima-
tion des savoirs consiste également par l’étude des réactions à la communi-
cation des savoirs tant auprès de la communauté scientifique qu’auprèsdes
praticiens. Un savoir qui ne ferait pas de sens auprès des praticiens ne pour-
rait être légitime. Ce savoir a comme finalité de pouvoir être activé au sein
d’autres contextes (Albert & Avenier, 2011).

Les spécificités de cette méthode


Cette méthode, tout en partageant un certain nombre de traits avec les autres
méthodes à la première personne, compte tenu du paradigme épistémo-
logique dans lequel elle s’inscrit, ne respecte aucune règle littéraire, ni ne
traite de la vie, ni n’étudie d’aspects culturels particuliers. Il ne s’agit donc pas
d’auto-ethnographie.

76 projectique / projectics / proyéctica – n° 16


L’autopraxéographie, une méthode…

Ainsi cette méthode présente-t-elle trois spécificités. Premièrement, les


études à la première personne sont généralement conçues dans une pers-
pective idiographique. La connaissance construite à partir des pratiques est
un savoir situé (Tsoukas, 2005). Tsoukas (2005) distingue deux manières radi-
calement différentes de concevoir des connaissances construites à partir de
pratiques :

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1) La perspective idiographique, qui les considère comme le
savoir local situé ;
2) La perspective nomothétique, qui les considère comme
une connaissance générale testée empiriquement selon
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une « méthode scientifique ». Une telle connaissance est


considérée comme ayant une portée universelle et valable
indépendamment de tout contexte spécifique. Par consé-
quent, elle est censée être applicable d’une manière
simple.
Les méthodes utilisant la première personne se déploient principalement
dans une perspective idiographique, elles ne précisent pas si ni comment
d’autres praticiens, dans des situations similaires, pourraient utiliser ces
connaissances. De plus, il y a eu peu de tentatives de construction de méta-
connaissances intégratives à partir d’elles. C’est pourquoi ces connaissances
sont souvent considérées comme ayant une portée théorique et pratique très
limitée. L’autopraxéographie est basée sur le Paradigme Épistémologique
Constructiviste Pragmatique (PECP). C’est dans ce sillage qu’elle produit du
savoir générique qui diverge des deux perspectives idiographiques et nomo-
thétiques.
L’autopraxéographie est basée sur le paradigme épistémologique construc-
tiviste pragmatique. Ce dernier permet de produire du savoir générique qui
diverge des deux perspectives idiographiques et nomothétiques. Cela est la
raison pour laquelle cette méthode semble apporter quelques indices aux
praticiens-chercheurs pour démarrer de façon académique. Prasada (2000) et
Carlson & Pelletier (1995) soulignent que la connaissance générique exprime
des propriétés considérées comme essentielles pour caractériser le phéno-
mène étudié. Les témoignages et les concepts générés devraient permettre
une connexion entre les chercheurs et les praticiens (Albert & Couture, 2014).
Cette connaissance générique n’est pas une connaissance généralisée. En
effet, elle doit être adaptée suivant les contextes (Avenier, 2011). Dans cette
perspective, elle pourrait permettre de diminuer l’écart tant décrié (Romme
et al., 2015) entre la théorie et la pratique, en matière de gestion.
De plus, la qualité de cette méthode dépend des critères de qualité
d’études de cas explicatives abductives dans un constructivisme pragma-
tique tels qu’expliqués par Avenier & Thomas (2015). La qualité des infé-
rences dépend de l’intelligibilité et de la force du raisonnement utilisé dans
la construction du modèle à partir du matériau empirique (Avenier & Thomas,
2015). L’autopraxéographie se compose d’allers-retours successifs entre la
pratique et la théorie.
Hibbert et al. (2010) distinguent deux types de processus d’introspec-
tion : reflection et la reflexivity. La langue anglaise distingue reflectivity de

proyéctica / projectics / projectique – n° 16 77


Marie-Noelle Albert 

reflexivity. Le français ne permet pas ce genre de distinction. C’est pourquoi,


dans ce texte, les termes anglais sont inscrits entre parenthèses pour per-
mettre de comprendre cette différenciation. Le premier fait référence à la
métaphore d’un miroir. Il offre la possibilité d’observer ou d’examiner nos
propres actions. Une personne faisant usage de réflexivité (reflectivity) devient
un observateur de sa propre pratique. Le second se réfère à la pensée et à

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ses expériences complexes. La réflexivité (reflexivity) pourrait être considé-
rée comme le processus d’enquêter sur nos propres actions. Par conséquent,
selon Hibbert et al. (2010), la réflexivité (reflexivity) est plus que la réflexion
(reflection). Cunliffe (2004) se réfère à la notion de Schön (1983) de « praticien
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réflexif » (reflective) pour passer à une pratique réflexive (reflexive) critique.


Pour Schön (1983), un praticien réflexif (reflective) est une personne qui modi-
fie et développe ses idées par la pensée comme par la manière de résoudre
rationnellement des problèmes (Hallett, 1997).
Avec une autopraxéographie, pour effectuer des allers-retours entre la
théorie et la pratique, le chercheur va utiliser deux modes de réflexivité :
reflection et reflexivity. La reflection permet au chercheur d’interroger sa
pratique de recherche. La reflexivity utilise un vaste champ de théories pour
prendre du recul sur l’expérience. L’utilisation de théories alternatives per-
met de critiquer et d’améliorer la connaissance en construction (Le Moigne,
1990). La conscience de soi, quant à elle, permet aux gens d’enquêter sur
leurs propres sentiments. L’analyse critique est l’examen des éléments de la
situation, l’identification des connaissances existantes, le défi des hypothèses,
l’imagination et l’exploration des alternatives.
Le fait de commencer par écrire son témoignage permet de ne pas se sen-
tir « obligé » de le garder dans sa mémoire à court terme. En l’écrivant au
passé, le travail de distanciation peut commencer. Par la suite, le travail réflexif
réalisé, en utilisant un autre type de langage, une forme impersonnelle, en
essayant d’appréhender la réalité de chacun des protagonistes de l’histoire,
à l’aide de théories diverses, permet de comprendre différemment la situa-
tion (telle la mouche sur un mur). Ainsi cette compréhension permet-elle au
praticien de prendre du recul à l’égard de la situation difficilement vécue pour
mieux la vivre. Il peut être fréquent de rencontrer des praticiens qui souhaitent
démarrer un programme de recherche, que ce soit dans le cadre d’étude ou
dans un autre, en vue d’approfondir une problématique en lien avec des diffi-
cultés vécues précédemment. En étudiant ce sujet, en faisant fi de son expé-
rience pour « rester objectif », le praticien continue à être submergé par ses
émotions et souvent ne parvient pas à les surmonter. Le fait que le praticien
soit non seulement reflective, mais également reflexive peut permettre de
le faire. De la qualité de l’authenticité de la démarche et de celle du travail
réflexif, va dépendre cette prise de recul. Ainsi, le praticien-chercheur devrait
donc s’appuyer sur des théories diverses pour prendre la distance nécessaire.
Enfin, le praticien-chercheur ne forme qu’une seule personne. Pourtant, le
moment de l’expérience et celui de la rédaction étant distincts, cela fait donc
référence à deux « soi » distincts de la même personne. Le chercheur prend
le point de vue d’un étranger-expert, en utilisant plusieurs types de théo-
ries pour pouvoir prendre du recul et en effectuant à la fois des allers-retours
successifs et une écriture impersonnelle (se distinguant complètement de

78 projectique / projectics / proyéctica – n° 16


L’autopraxéographie, une méthode…

l’écriture naïve et personnelle du témoignage). Cette réflexivité conduit à réé-


crire certaines parties, en se concentrant sur des parties ou des points de vue
qui ont été oubliés. Voilà pourquoi les témoignages sont écrits au passé. Ce
genre d’écriture aide le chercheur à l’étape du retour sur ses expériences.
Cette écriture au passé, tout comme l’utilisation de réflexivités externes et le
fait de ne pas utiliser de perspective idiographique, distinguent cette méthode

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des autres méthodes à la première personne.

Le processus méthodologique
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Tout d’abord, cette méthode consiste à écrire un ou plusieurs témoignages.


Il est essentiel que ces écrits soient sincères. Ces témoignages sont écrits
d’une manière complètement naïve, sans chercher à comprendre au moment
de son écriture ce qui est arrivé ni pourquoi cela est arrivé. Les narrateurs
parlent simplement de leur expérience vécue (ce qu’ils ont vécu et comment
ils l’ont vécu). Il s’agit d’être observateur de sa propre expérience ; c’est une
démarche réflexive (reflective). Les praticiens-chercheurs doivent modifier,
retravailler, déconstruire et reconstruire leur récit jusqu’à ce qu’il soit le reflet
le plus rigoureux possible de leur histoire.
En outre, les chercheurs produisent un travail réflexif (réflexive). Les pra-
ticiens-chercheurs utilisent cette occasion pour revoir leur récit à plusieurs
reprises en vue d’y trouver et de développer ce qui était d’abord implicite ou
inconscient. Pour accomplir leur travail, les chercheurs doivent comparer
leurs expériences personnelles avec la recherche multidisciplinaire existante.
Ces allers-retours permettent aux chercheurs de développer des connais-
sances génériques qui pourraient être activées dans d’autres contextes. En
ce sens, la méthode d’autopraxéographie aborde les deux types de réflexivité.
Dans cette méthode, la réflexivité est désincarnée (Cunliffe, 2003).
Dans le PECP, la communication des savoirs aux scientifiques et prati-
ciens, ainsi que l’activation des savoirs joue un rôle dans la légitimation des
savoirs (Albert et Avenier, 2011). Les savoirs doivent faire du sens à ceux qui
pourraient les utiliser. Ainsi la « validité » d’une histoire peut-elle être évaluée
si elle évoque aux lecteurs le sentiment que l’expérience décrite est authen-
tique et réaliste, crédible et possible. Car la généralisation de l’histoire peut
être jugée si elle parle de leur expérience aux lecteurs (Ellis, 1997).

Des limites à la méthode


Lors de l’utilisation en recherche des méthodes biographiques, nous devons
aussi considérer qu’il y a, sans aucun doute, des limites à notre connaissance
du passé (Santos & Garcia, 2006). Même lorsque l’on essaie d’être aussi sin-
cère que possible, on ne saurait tout raconter. De plus, la mémoire peut être
limitée et, de ce fait, transformer les actions passées. Donc, il est important
de souligner l’étude du passé du point de vue du présent tel que les travaux
de G.H. Mead le suggèrent (Albert & Couture, 2014a). Compte tenu de notre
choix épistémologique, il apparaît bien que la finalité du récit n’est pas de

proyéctica / projectics / projectique – n° 16 79


Marie-Noelle Albert 

représenter la vérité, mais de construire un terrain, d’y avoir des démarches


réflexives et de produire des connaissances pour comprendre le monde qui
nous entoure. La matière première qui est la reconstruction du passé du point
de vue du présent d’une seule personne ne produit pas les connaissances
scientifiques ; c’est le travail réflexif sur elle qui les produit. Une autre limite
concerne l’ensemble des études à la première personne : la source unique

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d’informations empiriques. Elle n’est qu’un point de vue limité et ancré dans
un contexte géographique et institutionnel. Cette limite est néanmoins atté-
nuée par le fait que le travail réflexif externe est réalisé à l’aide d’un large
spectre de littérature. Les connaissances scientifiques produites diffèrent
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du témoignage, elles sont issues du travail réflexif et de la littérature acadé-


mique utilisée pour l’effectuer. Cette littérature ayant obtenu des résultats au
sein de contextes divers, la connaissance produite, même si elle est basée sur
une expérience à la première personne, peut devenir générique et actionnable
dans des contextes différents.

UTILISATION
DE L’AUTOPRAXÉOGRAPHIE
SUR DES TERRAINS LIÉS
À L’ENTREPRENEURIAT
L’autopraxéographie permet d’accéder au terrain tout en permettant tout
autant d’y retourner autant de fois que cela s’avère nécessaire. Il ne s’agit
empiriquement que d’un seul point de vue, mais l’objectif, en utilisant une litté-
rature variée, est de s’affranchir de cette unique façon de concevoir le monde.
Il s’agit également de comprendre en profondeur le point de vue privilégié et
sortir de la sorte d’un réductionnisme souvent utilisé, en explorant les dialo-
giques, les récursivités, les principes hologrammatiques… L’abduction peut,
en effet, permettre de concevoir des émergences et les creuser au besoin.
Cette partie présentera plusieurs exemples d’autopraxéographie conduite
sur des processus entrepreneuriaux. Ces illustrations montreront comment
cette méthode permet de comprendre certaines dimensions complexes des
processus étudiés.

Exemple 1 : de l’autonomie à la dépendance


(Albert & Couture, 2013)
Les entrepreneurs sont souvent associés au concept d’autonomie, mais l’un
des coauteurs, propriétaire unique d’une microentreprise, a vécu une expé-
rience différente. Sur cette base, une méthode autopraxéographique a été
utilisée. L’expérience différente du co-auteur a permis de développer l’idée
selon laquelle les difficultés vécues par un entrepreneur peuvent transfor-
mer l’autonomie en dépendance. Ce processus complexe négatif est fondé

80 projectique / projectics / proyéctica – n° 16


L’autopraxéographie, une méthode…

sur une demande d’aide par l’entrepreneur et sur la relation dissymétrique


entre la personne qui a besoin d’aide et celles qui lui apportent du support. Ce
genre de relations favorise une perte des capacités de l’entrepreneur. Le fait
de ne favoriser une co-construction de la solution (par l’entrepreneur et les
personnes lui apportant du support) est non seulement moins productif, mais
pourrait également développer un processus très négatif. Cette constatation

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est importante pour comprendre le soutien aux entrepreneurs.
Le travail réflexif, en utilisant notamment des écrits issus de travaux en
travail social, a pu mettre en avant des relations récursives entre la recherche
d’aide et le sentiment de faiblesse, entre ce sentiment de faiblesse et l’impact
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sur l’autonomie, tout comme entre la dépendance et la perte de capacité. Le


travail réflexif met également en lumière une dialogique autonomie-dépen-
dance, dialogique par ailleurs peu étudiée au moment de ce travail. Cette
méthode aura donc permis d’explorer la thématique en jeu.

Exemple 2 : la gestion du bénévolat


des proches des entrepreneurs
(Albert & Couture, 2013b)
La gestion du travail de la famille et des proches de l’entrepreneur n’a pas été
l’objet d’études. Or, cette situation est très courante dans la réalité, et la fusion
des sphères privées et de l’entreprise associée à la gestion de bénévoles est
susceptible de générer des tensions. L’utilisation d’autopraxéographie a per-
mis d’explorer ces tensions. La compréhension des liens entre entrepre-
neuriat et GRH dans la TPE amène à conscientiser toute la complexité de la
personnalisation au travail, ce qui peut inspirer la réflexion quant au dévelop-
pement d’une gestion intégrée des intérêts personnels et organisationnels.

Exemple 3 : la vulnérabilité de l’entrepreneur


(Albert & Fortier, 2015)
Cette communication a interrogé la vulnérabilité de certains entrepreneurs.
Même si la vulnérabilité et l’esprit d’entreprise semblent être deux notions
contradictoires, de nombreux entrepreneurs vivent avec vulnérabilité. Une
méthode autopraxeographique a été utilisée pour explorer ce nouveau sujet.
L’opinion des parties prenantes à l’entrepreneur vulnérable peut conduire
à une défaillance des entreprises. Même si la littérature académique ne se
réfère pas directement à la vulnérabilité, le concept de l’entrepreneur par
nécessité en est assez proche. La présente étude montre qu’il est important
d’améliorer la façon dont nous soutenons les entrepreneurs par nécessité,
tout en évitant la stigmatisation, comme elle explore les liens entre l’entre-
preneur, sa vulnérabilité et les différentes partie-prenantes au projet. Les
entrepreneurs par nécessité souhaitent construire leurs rêves ou essayer de
gagner leur vie par nécessité. Cependant, selon toute vraisemblance, la plu-
part d’entre eux échouent. Les entrepreneurs sont considérés comme des

proyéctica / projectics / projectique – n° 16 81


Marie-Noelle Albert 

membres appréciés de la société, mais seulement dans certaines conditions.


En un sens, ils doivent réussir parce que l’échec n’est pas une option. Cela
crée un paradoxe qui favorise la chose même que les entrepreneurs essaient
d’éviter (c’est-à-dire les vulnérabilités). Il est d’ailleurs crucial que nous déve-
loppions une perspective différente de la vulnérabilité de l’entrepreneur. Le
processus décrit ci-dessus offre des conclusions instructives aux décideurs.

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L’échec de l’entreprise est fréquent (Olaison et Sorensen, 2014), et ce docu-
ment a donné quelques suggestions de la façon de mieux comprendre cer-
taines dimensions négligées dans l’explication de ce processus.
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Exemple 4 : la transmission des entreprises


(Albert, 2017)
Le travail réflexif sur les entrevues et les autopraxéographies sur les reprises
d’entreprise a mis en lumière l’idée de communauté. Les cédants et les repre-
neurs sont des personnes et, par conséquent, des êtres complexes. Ces per-
sonnes ont des finalités différentes. Et malgré tout, elles devraient pouvoir
partager le processus de reprise. Ce processus apparemment commun au
cédant et au repreneur n’est pourtant pas naturellement commun aux deux.
Plus exactement, l’idée de ce terrain commun peut revêtir de nombreux impli-
cites et s’arranger de sorte à ne pas être le même pour chacune des parties. Il
pourrait donc être important de favoriser cette mise en commun (même dans
un processus relativement court) en favorisant la mise en place de support.

CONCLUSION
L’objectif de cet article était de présenter une méthode où le chercheur et
le praticien collaborent afin de proposer des savoirs qui peuvent être acti-
vés dans d’autres contextes. La méthode autopraxéographique est une
méthode permettant d’explorer la complexité des éléments, notamment dans
la recherche concernant l’entrepreneuriat. L’entrepreneuriat est complexe.
Cette méthode à la première personne, basée sur le paradigme épistémo-
logique constructiviste pragmatique, permet de construire des savoirs géné-
riques qui pourront être recontextualisés. Pour ce faire, elle utilise deux types
de réflexivité. Ainsi l’autopraxéographie rend-elle possibles l’interrogation et
la réinterrogation à de multiples reprises d’éléments entremêlés et imprévi-
sibles. Elle permet également de mettre à nu des vulnérabilités qui sont diffi-
cilement appréhendables. Cette méthode est donc un moyen supplémentaire
qui existe pour comprendre en profondeur des éléments complexes et créer
des savoirs qui fassent du sens pour les praticiens. Cet article présente à la
fois les spécificités de cette méthode et réfère à des exemples d’utilisation
dans des recherches dans le champ de l’entrepreneuriat. Ainsi y sont exposés
à la fois l’information théorique sous-jacente à cette méthode et des exemples
concrets susceptibles d’aider des chercheurs qui souhaiteraient l’utiliser ou
guider des étudiants qui le feraient.

82 projectique / projectics / proyéctica – n° 16


L’autopraxéographie, une méthode…

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Marie-Noelle Albert 

Docteur ès sciences de gestion, Marie-Noelle ALBERT a été durant 10 ans


gestionnaire au sein du groupe Saint-Gobain, puis entrepreneure. Ses travaux
portent principalement sur les notions de personne en tant qu’employé, cadre
ou entrepreneur, ainsi que sur la complexité liée à leur gestion. Aussi est-elle
sensible aux notions de respect, de reconnaissance et de vulnérabilité des

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personnes, tout comme aux principes dialogiques. Ses travaux portent également
sur la méthode d’autopraxéographie, ainsi que sur le paradigme épistémologique
constructiviste pragmatique. 
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86 projectique / projectics / proyéctica – n° 16

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