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SUR LA NÉCESSITÉ DE SIMPLIFIER LA RÉGLEMENTATION
DOUANIÈRE
Ghenadie Radu
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De Boeck Supérieur | « Revue internationale de droit économique »

2015/3 t. XXIX | pages 357 à 372


ISSN 1010-8831
ISBN 9782807301184
Article disponible en ligne à l'adresse :
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http://www.cairn.info/revue-internationale-de-droit-
economique-2015-3-page-357.htm
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Pour citer cet article :


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Ghenadie Radu, « Sur la nécessité de simplifier la réglementation douanière »,
Revue internationale de droit économique 2015/3 (t. XXIX), p. 357-372.
DOI 10.3917/ride.293.0357
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SUR LA NÉCESSITÉ DE SIMPLIFIER
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LA RÉGLEMENTATION DOUANIÈRE

Ghenadie RADU1

Résumé : Fait bien connu, la réglementation douanière, telle qu’appliquée sur


le territoire de l’Union européenne (UE), est particulièrement complexe. Elle se
compose de trois catégories de normes qui s’entremêlent, à savoir : normes inter-
nationales, européennes et nationales des pays membres. Il est bien temps d’inci-
ter le législateur à se pencher sur la question, afin de proposer aux opérateurs
économiques une réglementation en matière douanière plus simple, mais aussi
plus efficace. Quelles seraient alors les pistes de réflexion pour y arriver  ? On
pourrait imaginer de réduire le volume des normes juridiques par deux, voire par
trois ; adopter un seul et unique Code des douanes de l’Union, abandonnant au
passage les vingt-huit codes des douanes nationaux ; mettre en place une seule et
unique administration des douanes européenne ; enfin, renforcer le dispositif de la
« douane électronique » et celui de la formation en matière douanière.

1 Introduction
1.1 Les normes internationales
1.2 Les normes européennes
1.3 Les normes nationales
2 Pourquoi simplifier ?
2.1 Les difficultés liées au classement tarifaire des marchandises
2.2 Les difficultés liées à la détermination du pays d’origine des marchandises
3 Quelques pistes de réflexion
4 Conclusion

1. G. Radu, docteur en droit européen (droit douanier), est chargé de cours en matière douanière
au Conservatoire national des arts et métiers CNAM (Paris), à Sorbonne Paris Cité – Université
Paris  XIII et à l’Université Montpellier  1. Il est membre de l’Observatoire des réglementations
douanières et fiscales (ORDF/Paris) et expert associé au Centre européen de droit et d’économie
(CEDE) de l’ESSEC. Il a fondé et dirige Altaprisma, structure de formation et de conseil en matière
douanière et commerciale internationale (www.altaprisma.com).

Revue Internationale de Droit Économique – 2015 – pp. 357-372 – DOI: 10.3917/ride.293.0357


Sur la nécessité de simplifier la réglementation douanière 358

1 INTRODUCTION

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Corruptissima republica plurimae leges
« Plus l’État est corrompu, plus les lois se multiplient »
Tacite, Les Annales, III, 27
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Cette célèbre maxime attribuée à Publius Cornelius Tacitus, historien et séna-


teur romain, semble être toujours d’actualité. La multiplication des lois et autres
normes, phénomène connu aussi sous le nom d’« inflation législative », a pris ces
derniers temps des proportions inégalées un peu partout dans le monde. Tous les
pays en sont touchés dans une proportion plus ou moins grande, le fait de légiférer
à outrance apportant comme conséquence prévisible une législation de plus en plus
complexe et surtout plus difficilement compréhensible par les usagers2.
Fait bien connu, la complexité de la matière douanière est légendaire. Elle est
due principalement à un très grand nombre de normes juridiques qui la gouvernent.
C’est aussi le cas de la réglementation douanière applicable par les pays membres
de l’Union européenne (UE), échantillon territorial proche de nos préoccupations
et que l’on se propose de retenir pour les besoins des développements qui sui-
vront. Qu’il s’agisse de la France, ou bien d’un autre État membre de l’UE, trois
catégories de normes présentant un lien avec la matière douanière s’entremêlent, à
savoir : normes internationales (1.1.), européennes (1.2.) et nationales (1.3.).

1.1 
Les normes internationales

Nous pensons dès l’entrée à l’Accord instituant l’Organisation mondiale du com-


merce (OMC, 1994) et notamment à son Annexe 1A portant sur les accords multila-
téraux sur le commerce des marchandises3. Cette annexe, d’une importance capitale
pour la bonne organisation du commerce international des marchandises, comporte
treize accords différents, dont certains présentant des liens directs avec les notions
douanières, l’application même de certains de ces accords en dépend étroitement.
Pour s’en rendre compte, il suffit de présenter quelques exemples. Pour commen-
cer, on pourrait évoquer l’Accord sur la mise en œuvre de l’article VI du GATT
19944. Cet accord concerne les mesures antidumping, outils permettant aux États

2. Tout gastronome dira que la réussite d’un plat passe avant tout par le bon dosage des ingrédients :
saler un plat permet de relever le goût ; mettre trop de sel, en revanche, risque de le gâcher. Dans le
même esprit, un dessert bien trop sucré risque d’éloigner plus d’un client. Le bon dosage apparaît
donc comme la clé de la réussite. Il permet d’aboutir à une sorte d’équilibre entre divers ingrédients
composant l’ensemble. Cette idée, transposée au domaine législatif, nous amène à dire que peu de
lois apporteraient peu de protection aux usagers ; en revanche, trop de lois créeraient énormément
d’obstacles afin que les mêmes usagers puissent s’épanouir, tout en respectant la réglementation.
3. https://www.wto.org/french/docs_f/legal_f/legal_f.htm.
4. Pour le texte de l’Accord sur la mise en œuvre de l’article VI du GATT 1994, cf. : https://www.wto.
org/french/docs_f/legal_f/19-adp.pdf.
Sur la nécessité de simplifier la réglementation douanière 359

membres de l’OMC de lutter contre le phénomène de dumping, à savoir « l’intro-


duction des produits d’un pays sur le marché d’un autre pays à un prix inférieur à

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leur valeur normale »5 de vente. Par conséquent, la vente aux prix de dumping peut
sérieusement nuire à la branche de production nationale des produits similaires.
Pour contrer ce phénomène, l’État touché par ce genre de pratiques peut envisager
de se défendre, en instituant, à la suite d’une enquête, des mesures antidumping
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sous forme de droits antidumping. Ces droits, une fois institués, s’appliqueront à
l’importation des produits originaires de l’État dont les marchandises se vendaient
au prix de dumping. Or la mise en place des droits antidumping repose entièrement
sur le critère d’origine des marchandises, notion qui relève de la matière douanière.
On pourrait évoquer aussi l’Accord sur les subventions et les mesures compensa-
toires6. Il s’agit ici des actions de l’État importateur, qui consistent à tenter de frei-
ner l’importation des marchandises subventionnées, c’est-à-dire des marchandises
qui, lors de leur production, ont reçu des subventions (aides publiques) à l’expor-
tation. Il résulte de l’article 1er de cet accord qu’une subvention est réputée exister
« s’il y a une contribution financière des pouvoirs publics ou de tout organisme
public du ressort territorial d’un pays membre » ; « s’il y a une forme quelconque
de soutien des revenus ou des prix » ; et « si un avantage est ainsi conféré ». Pour
se défendre contre l’importation des marchandises subventionnées, l’État impor-
tateur peut, à la suite à d’une enquête, soit obtenir un engagement du pays expor-
tateur de supprimer l’octroi des subventions, soit envisager l’application de droits
compensateurs, ces derniers se fondant aussi sur la notion d’origine des marchan-
dises, notion par définition douanière, on l’a bien compris. Dans le même esprit,
il serait possible également de mentionner ici d’autres accords parmi les treize qui
font partie de l’Annexe  1A de l’Accord instituant l’OMC, citée précédemment,
accords présentant des liens directs avec la matière douanière. C’est ainsi que le
lecteur trouvera que l’Accord sur les règles d’origine, l’Accord sur les procédures
de licences d’importation, l’Accord sur les sauvegardes, l’Accord sur la mise en
œuvre de l’Article VII du GATT 1994 (évaluation en douane), mais aussi l’Accord
sur l’inspection avant expédition, l’Accord sur les obstacles techniques au com-
merce, ou bien l’Accord sur les mesures sanitaires et phytosanitaires, opèrent tous
avec des notions douanières. L’importance de la matière douanière n’est donc point
à démontrer.
Mise à part l’OMC, une autre organisation internationale s’implique pleinement
dans l’élaboration et l’harmonisation des normes en matière douanière. Il s’agit de
l’Organisation mondiale des douanes (OMD), qui a réussi à mettre en place une
vingtaine de conventions différentes portant sur des problématiques douanières7.

5. Cf. le point 1 de l’article VI du GATT de 1947 : https://www.wto.org/french/docs_f/legal_f/gatt47.


pdf.
6. Pour le texte de l’Accord sur les subventions et les mesures compensatoires, cf. : https://www.wto.
org/french/docs_f/legal_f/24-scm.pdf.
7. Pour la liste des conventions conclues sous l’égide de l’Organisation mondiale des douanes, cf. :
http://www.wcoomd.org/fr/about-us/legal-instruments/conventions.aspx.
Sur la nécessité de simplifier la réglementation douanière 360

Parmi ces conventions, au moins deux revêtent une importance capitale pour la
bonne organisation des échanges commerciaux internationaux. La première est la

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Convention internationale sur le système harmonisé de désignation et de codifi-
cation des marchandises (Convention SH)8, conclue à Bruxelles le 14 juin 1983
et entrée en vigueur le 1er janvier 1988. Cette convention représente un système
de codification numérique permettant de classer les marchandises à des fins doua-
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nières et statistiques, en fonction de leur nature et du degré de leur transformation.


En simplifiant, la nomenclature permet de s’assurer que le produit étant désigné
comme « X » dans un pays n’est pas devenu « Y » dans un autre. Presque 200 pays
dans le monde utilisent ce système de classement des marchandises pour élabo-
rer leurs tarifs douaniers. La deuxième est la Convention internationale pour la
simplification et l’harmonisation des régimes douaniers, signée à Kyoto le 18 mai
1973 et entrée en vigueur le 25  septembre 1974. Cette convention a fait l’objet
d’une révision approfondie, qui a conduit à la signature de la variante amendée
de la convention en question le 26 juin 1999, entrée en vigueur le 3 février 2006
(Convention de Kyoto révisée)9. La variante révisée de la Convention de Kyoto
connaît un grand succès et est appliquée aujourd’hui par 94 États. Son texte encou-
rage la facilitation des échanges commerciaux internationaux et l’efficacité des
contrôles grâce à l’adoption de dispositions légales claires, détaillées et simples en
matière de régimes douaniers. Elle met un accent tout particulier sur l’utilisation
maximale des technologies de l’information et sur le renforcement du partenariat
entre la douane et les entreprises. Ainsi conçue, la Convention de Kyoto révisée
contribue à l’amélioration de la transparence et de la prévisibilité dans les échanges
commerciaux internationaux. Sur le terrain, son texte sert surtout de source d’ins-
piration, un peu partout dans le monde, dans le processus d’élaboration des codes
des douanes nationaux.
Il est à noter que les accords commerciaux régionaux, qui conduisent vers la
création de zones de libre-échange ou, à terme, vers des unions douanières, font
appel, eux aussi, aux notions douanières10. En réalité, une bonne partie des normes
composant les accords en question relèvent de la matière douanière11. De plus, il

8. Pour le texte de la Convention internationale sur le système harmonisé de désignation et de codifi-


cation des marchandises, cf. : http://www.wcoomd.org/fr/about-us/legal-instruments/~/link.aspx?_
id=002DC5117CE94EE1BC4B6BFFF4319BE9&_z=z.
9. Pour le texte de la Convention internationale pour la simplification et l’harmonisation des régimes
douaniers, cf. : http://www3.wcoomd.org/fr/Kyoto_New/Contenu/contenu.html.
10. Les accords commerciaux régionaux sont par définition peu compatibles avec la philosophie de
l’OMC, qui prône le libre-échange, tout en mettant l’accent sur la suppression des barrières tari-
faires et non tarifaires. Sur le terrain, en revanche, il s’avère que ces accords peuvent être conclus,
sous réserve du respect d’au moins deux conditions  : les accords en question ne doivent pas
conduire à une augmentation des barrières douanières vis-à-vis des États tiers ; et, les barrières
douanières internes doivent être supprimées pour l’essentiel entre les pays membres de la zone de
libre-échange et doivent disparaître complètement entre les pays qui forment une union douanière
(dans ce dernier cas, les territoires des pays membres forment un territoire douanier commun et
l’application d’un tarif douanier commun extérieur s’impose).
11. Cf., sur ce sujet, G. Radu, « Les Accords de libre-échange de nouveau type. Les aspects doua-
niers », RD aff. int. 2015, pp. 145 et s.
Sur la nécessité de simplifier la réglementation douanière 361

ne faut pas oublier ici les pays en développement, qui bénéficient d’une série de
préférences unilatérales (tarifaires et non tarifaires) accordées par les pays les plus

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avancés, pour qu’ils puissent concilier commerce et développement. En ce sens, le
Système généralisé de préférences (SGP), conçu et mis en place par la CNUCED
à partir de 1971, peut servir d’exemple d’application de cette politique d’aide au
développement. Ce système repose, lui aussi, sur des notions douanières, notam-
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ment sur celle d’origine des marchandises.

1.2 
Les normes européennes

La réglementation européenne en matière douanière est particulièrement com-


plexe. Elle se caractérise par un décalage qu’il est possible d’observer entre les
attentes réelles des opérateurs économiques sur le terrain et l’état de la réglemen-
tation douanière, une réaction réglementaire tardive caractérisant l’ensemble. Pour
ne donner qu’un exemple, l’Union douanière européenne fut lancée le 1er juillet
1968. Il était donc logique de s’attendre à ce que la réglementation douanière soit
codifiée à partir de cette date. En réalité, rien de tel. Il a fallu attendre l’année
1992 pour que le Code des douanes communautaire (CDC)12 puisse voir le jour.
Mais comme son application était conditionnée à la mise en place des disposi-
tions d’application (DAC, 1993)13, l’ensemble est devenu opérationnel seulement
à partir du 1er janvier 1994. En d’autres termes, il a fallu attendre un quart de siècle
pour qu’enfin l’Union douanière européenne puisse se doter d’une réglementation
douanière codifiée ! Les choses se sont améliorées par la suite et la réglementa-
tion douanière européenne (CDC et DAC) est devenue un peu plus réactive par
rapport aux exigences modernes du commerce international. C’est ainsi que l’on
pourrait mentionner, par exemple, quelques modifications récentes qui ont permis
de mettre en place le mécanisme du Renseignement contraignant sur l’origine
(RCO), celui du Renseignement tarifaire contraignant (RTC), ou bien celui por-
tant sur le statut d’Opérateur économique agréé (OEA). Cela étant, et bien que
les intentions du législateur soient compréhensibles, ces nouveaux dispositifs ont
renforcé la complexité de l’ensemble, alors que la matière douanière a besoin de
simplification.
Souvent, le fait de vouloir aller trop vite s’avère contre-productif et peut
conduire à l’échec. C’est bien le cas du Code des douanes communautaire moder-
nisé (CDCM)14. Ce code, dont la mission était de remplacer le CDC vieillissant,

12. Règlement (CEE) n°  2913/92 du Conseil du 12  octobre 1992 établissant le Code des douanes
communautaire.
13. Règlement (CEE) n°  2454/93 de la Commission du 2  juillet 1993 fixant certaines dispositions
d’application du règlement (CEE) n° 2913/92 du Conseil établissant le Code des douanes com-
munautaire.
14. Règlement (CE) n° 450/2008 du 23 avril 2008 du Parlement européen et du Conseil de l’UE éta-
blissant le Code des douanes communautaire modernisé.
Sur la nécessité de simplifier la réglementation douanière 362

est entré en vigueur le 24  juin 2008, mais d’une façon très partielle seulement,
permettant notamment à la Commission européenne d’entamer l’élaboration des

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dispositions d’application du code, qui d’ailleurs n’ont jamais vu le jour ! En théo-
rie, l’application de ce nouveau code aurait dû se faire par étapes, entre le 24 juin
2009 et le 24 juin 2013. Or le CDCM fut complètement abandonné le 30 octobre
2013. Par conséquent, le CDC de 1992 et ses mesures d’application de 1993 restent
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toujours d’actualité et s’appliquent dans leur intégralité. Il est à noter que le CDCM
a échoué notamment à cause des problèmes techniques liés à la mise en place d’un
système informatique européen d’échanges de données à caractère douanier ; à ce
jour, chaque État membre de l’UE continue à utiliser son propre système informa-
tique en la matière.
Le processus législatif ne s’est pas arrêté pour autant. Il a continué avec le
lancement du Code des douanes de l’Union (CDU)15, le 9 octobre 2013. Le nou-
veau code entrera complètement en application le 1er mai 2016 (dans le meilleur
des cas), même si certaines de ses dispositions sont déjà entrées en vigueur le
30 octobre 2013, et ce, notamment pour permettre à la Commission européenne de
commencer le travail afin d’adopter les mesures d’application de ce nouveau code.

1.3 
Les normes nationales

L’une des spécificités de l’Union douanière européenne réside dans le fait que
chaque pays membre de l’UE applique son propre code des douanes16, ce qui
fait que nous avons à ce jour vingt-huit codes des douanes nationaux, un par État
membre de l’UE. C’est une approche peu constructive sur le plan théorique et pra-
tique, que nous sommes obligés de dénoncer. Elle est surtout très difficile à vivre
sur le plan opérationnel par les acteurs économiques. Ainsi appliquée, la réglemen-
tation douanière change en partie dès que l’on passe d’un pays membre de l’UE
à un autre  ; ce changement concerne surtout les sanctions applicables17  ! En ce
sens, il suffit de rappeler que le droit pénal douanier français est particulièrement
sévère, la moindre irrégularité en matière douanière étant considérée comme une
infraction, entraînant une réponse pénale. En quelque sorte, cela permet d’expli-
quer l’attitude d’un certain nombre d’opérateurs économiques européens œuvrant
à l’international, qui préfèrent contourner le territoire français, si possible, allant
dédouaner les marchandises dans l’un des pays du Nord de l’Europe, notamment

15. Règlement n° 952/2013 du Parlement européen et du Conseil du 9  octobre 2013 établissant le


Code des douanes de l’Union.
16. Pour l’analyse détaillée du Code des douanes national (français), cf. E. Natarel, « Construction
communautaire et mutations du droit national : le Code des douanes français en question », Thèse
de doctorat Grenoble II, 2004, 402 p.
17. Cf. C.J. Berr, « L’harmonisation européenne des sanctions douanières. Observations sur un projet
de directive du 13  décembre 2013  », Observatoire des réglementations douanières et fiscales
(ORDF), 2 avril 2014, 5 p., http://www.ordf.eu/actualites-de-l-ordf/ ; G. Radu, « L’Union doua-
nière européenne : bilan et perspectives d’avenir », RIDE 2014, pp. 425 et s.
Sur la nécessité de simplifier la réglementation douanière 363

aux Pays-Bas, où la législation douanière est connue pour sa souplesse et où une


irrégularité est traitée comme telle, n’entraînant pas de réponse pénale, comme

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c’est le cas en France.
Tout compte fait, la réglementation douanière apparaît comme étant particuliè-
rement complexe et difficilement compréhensible par les usagers, qu’il s’agisse des
normes internationales, européennes ou nationales. La réglementation en question
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se trouve loin de la portée du profane, qui devrait être initié pour tenter de com-
prendre ne serait-ce que les grands principes. On constate alors que, dans les faits,
la matière douanière est réservée principalement aux experts et autres conseillers
« passionnés » par sa complexité. Ils y trouvent sans doute ici un terrain d’épa-
nouissement intellectuel, mais aussi une activité lucrative. Or cet état de choses est
bien regrettable et contraire à la nature du commerce international, qui, rappelons-
le, se méfie de la complexité et la déteste. L’action de commercer à l’international
est suffisamment complexe en soi (cultures, langues, mentalités différentes) pour
que l’on ajoute une couche de complexité supplémentaire, relevant de la matière
douanière. Les opérateurs économiques œuvrant à l’international n’hésitent pas à
dénoncer cette situation, où une réglementation aussi incontournable que la régle-
mentation douanière est devenue à tel point complexe qu’elle est regardée de plus
en plus souvent comme une barrière importante aux échanges. En d’autres termes,
il est bien temps d’entamer une réflexion de fond suivie par des actions concrètes
pour tenter de la simplifier. Il est bien temps également d’inciter le législateur à
se pencher sur la question et proposer aux opérateurs économiques une réglemen-
tation en matière douanière simple et efficace. Le défi est de taille, certes ! Mais
rappelons-nous que le droit n’est qu’une invention humaine. C’est le législateur
lui-même qui a imaginé et mis en place une réglementation si complexe. C’est au
législateur que reviendra, in fine, l’ingrate tâche d’inverser le cours des choses en
la matière. Afin de l’aider dans cette entreprise, et à condition qu’une telle aide soit
demandée, il faudrait commencer par préciser les réponses à la question : « pour-
quoi simplifier la réglementation douanière  ?  » (2.). Rien n’empêche d’évoquer
par la suite quelques pistes de réflexion pour tenter de contribuer à la réflexion
générale (3.).

2 POURQUOI SIMPLIFIER ?
S’il ne s’agissait que de répondre par une seule phrase à la question : « pourquoi
simplifier la réglementation douanière ? », on aurait sans doute mis en avant le fait
que cette simplification permettrait d’accroître la sécurité juridique des opérateurs
économiques œuvrant à l’international. La plupart de ceux qui ont déjà eu affaire
aux douanes, et qui ont été confrontés à la complexité de cette réglementation,
savent combien l’insécurité juridique due à cette complexité handicape l’action
de l’entreprise tournée à l’international. Les cas où la complexité des normes en
matière douanière met les entreprises en péril sont loin d’être isolés. Cela arrive
Sur la nécessité de simplifier la réglementation douanière 364

bien plus souvent que l’on ne le pense, même s’il est peu plaisant de l’entendre.
Il n’est pas dans notre intention de dresser ici un tableau complet des situations

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dans lesquelles la complexité de la matière douanière pourrait nuire à l’activité de
l’entreprise. Cela étant, il est difficile pour nous de résister à la tentation de ne pas
apporter quelques exemples, afin de permettre au lecteur de mieux appréhender
l’ensemble. Nous pensons notamment au mécanisme de classement tarifaire des
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marchandises (2.1.) et à celui portant sur la détermination du pays d’origine (2.2.),


car ils posent beaucoup de problèmes sur le terrain, même si aucune entreprise
n’est à l’abri d’une norme juridique particulièrement complexe à appliquer relevant
du domaine de la valeur des marchandises en douane, des régimes douaniers ou
bien d’autres procédures douanières.

2.1 
Les difficultés liées au classement tarifaire
des marchandises

Il est permis de rappeler que le classement tarifaire (espèce tarifaire)18 consiste à


trouver la position tarifaire qui correspond au mieux à une marchandise donnée qui
s’apprête à franchir la frontière douanière. En d’autres termes, l’opération de clas-
sement se réduit à la recherche de la position tarifaire sous laquelle la marchandise
est reprise par la nomenclature tarifaire (une sorte de catalogue où tous les produits
sont classés selon un certain nombre de principes et codes numériques). Le méca-
nisme du classement tarifaire des marchandises représente l’un des piliers de la
matière douanière, car ce classement conditionne le montant des droits de douane
à payer (préférentiels ou pas) et surtout l’application des mesures non tarifaires
(licences à l’importation, mesures sanitaires et phytosanitaires, restrictions quanti-
tatives, obstacles techniques au commerce, formalités douanières excessives, etc.).
Suffisamment complexe et technique, l’opération de classement peut vite se trans-
former en un piège pour l’entreprise, notamment quand deux positions tarifaires se
trouvent en concurrence.
Il suffit d’imaginer, par exemple, qu’un opérateur économique de bonne foi
importe dans l’Union européenne un métronome d’origine japonaise et le déclare
comme relevant de la position tarifaire des « accessoires musicaux ». Une fois toutes
les formalités douanières accomplies et droits et autres taxes payés, la douane, lors
d’un contrôle a posteriori, découvre que le produit en question aurait dû être classé

18. Le tarif douanier de l’UE, appelé TARIC, comprend environ 13 000 lignes tarifaires différentes qui
comportent un code à onze chiffres, où les six premiers relèvent des positions et sous-positions du
système harmonisé (SH, cf. la Convention internationale sur le système harmonisé de désignation
et de codification des marchandises), le septième et le huitième concernent les sous-positions de la
Nomenclature combinée, le neuvième est réservé à l’usage des États membres de l’UE à des fins
statistiques et enfin les dixième et onzième chiffres permettent de codifier les mesures communau-
taires complémentaires. Pour consulter le TARIC, cf. : http://ec.europa.eu/taxation_customs/dds2/
taric/taric_consultation.jsp.
Sur la nécessité de simplifier la réglementation douanière 365

dans la catégorie des «  appareils destinés à mesurer la fréquence du son  ». Ce


reclassement conduit à l’application des mesures antidumping européennes, dont

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les droits sont extrêmement élevés et varient souvent entre 50 et 250 % par rapport
à la valeur des marchandises en douane, avec en prime la possibilité qu’elles soient
appliquées rétroactivement sur trois ans. Il est inutile de dire qu’une telle situation
risquerait de mettre toute entreprise en difficulté, faisant probablement fuir un bon
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nombre de ses clients : qui voudrait continuer à traiter avec un opérateur écono-
mique se trouvant dans le viseur des douanes ? Dans le même esprit, et du point de
vue du classement tarifaire, le fromage frais prenant la forme d’une masse com-
pacte doit-il être considéré comme une « pâte à tartiner laitière », ou bien comme
un « fromage râpé »19 ? Que peut-on penser aussi du reclassement des « pyjamas »
dans la catégorie des « pantalons et hauts », cette dernière position tarifaire condui-
sant à la hausse des droits de douane à payer20 ? Comment faire pour trouver la
position tarifaire à déclarer au regard des autorités douanières, quand le même
produit risque d’être classé soit comme « chemise de nuit », soit comme « robe
de fibres textiles synthétiques », le traitement tarifaire et non tarifaire étant bien
différent d’une position tarifaire à une autre21 ? Que dire aussi du classement d’une
carte réseau, dispositif permettant d’échanger les données avec un autre ordinateur,
au sens de la réglementation douanière ? Ce produit devrait-il relever de la catégo-
rie des « ordinateurs », ou bien du « matériel de télécommunications »22 ? On peut
aussi se poser la question de savoir quelle position tarifaire déclarer concernant
les appareils à fonctions multiples (appareils permettant d’imprimer, de scanner,
mais aussi de faxer des documents ; appareils permettant de téléphoner, de surfer
sur Internet, de photographier, mais aussi pouvant enregistrer des séquences vidéo,

19. Cf. CJCE, 17 juin 1997, Fábrica de Queijo Eru Portuguesa Ld. c. Alfândega de Lisboa (Tribu-
nal Técnico Aduaneiro), aff. C-164/95, Rec. 1997, p. I-03441. Dans cette affaire, et contre toute
attente, le produit a été classé comme « fromage râpé » relevant de la sous-position 0406 20 90 de
la Nomenclature combinée (NC), car ce produit, après déballage et exposition à l’air ambiant, se
désagrégeait en grains irréguliers.
20. CJCE, 9 août 1994, Neckermann Versand AG c. Hauptzollamt Frankfurt/Main-Ost, aff. C-395/93,
Rec. 1994, p. I-04027.
21. Cf. CJCE, 20 nov. 1997, Wiener S.I. GmbH c. Hauptzollamt Emmerich, aff. C-338/95, Rec. 1997,
p. I-06495. Selon le point 21 de cet arrêt, où une question préjudicielle fut posée par la justice
allemande, la CJCE indique qu’il « incombe à la juridiction nationale d’apprécier, compte tenu de
la coupe des vêtements, de leur composition, de leur présentation et des évolutions de la mode (!)
dans l’État membre considéré, si ces vêtements présentent des caractéristiques objectives ou si, au
contraire, ils peuvent être portés indifféremment au lit et en certains autres endroits ». La position
de la CJCE est très étonnante, car, et prenant un raccourci, l’opération de classement tarifaire des
marchandises dépend des « évolutions de la mode ». En d’autres termes, l’unité de l’interprétation
des normes européennes sur le territoire de l’UE risque de ne pas être respectée, car les autorités
allemandes pourraient avoir une vision de la mode bien différente par rapport à l’appréciation de
l’administration suédoise ou espagnole, par exemple.
22. Même si la Commission européenne entendait classer la carte réseau comme relevant du domaine
des télécommunications, la justice européenne a pris une position contraire, en refusant de recon-
naître une « fonction propre » à ce produit. Cf., CJCE, 19 oct. 2000, Peacock AG c. Hauptzollamt
Paderborn, aff. C-339/98, Rec. 2000, p. I-8947 ; CJCE, 10 mai 2001, Cabletron Systems Ltd. c.
The Revenue Commissioners, aff. C-463/98, Rec. 2001, p.  I-3495  ; TPI, 13  fév. 2001, Hewlett
Packard France et Hewlett Packard Europe BV c. Commission des Communautés européennes,
aff. jtes T-133/98 et T-134/98, Rec. 2001, p. II-613.
Sur la nécessité de simplifier la réglementation douanière 366

etc.)23 ? La réponse n’a rien de facile, car il faudrait se pencher sur les caractéris-
tiques techniques du produit, en cherchant à comprendre quel est son « caractère

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essentiel »24 ou sa « fonction principale »25.
Selon les autorités douanières, la solution à ce genre de problème de clas-
sement de marchandises serait le dispositif du Renseignement tarifaire contrai-
gnant (RTC), dont le mécanisme fait l’objet des articles 11 et 12 du CDC et des
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articles 5 à 15 des DAC. Le RTC offre aux opérateurs économiques la possibilité


de demander un avis aux douanes sur le classement d’un produit dans une position
tarifaire ou une autre. Intellectuellement séduisant, ce dispositif s’est avéré très
peu employé sur le terrain, car il demande la constitution et le dépôt d’un dossier
complexe en amont de toute opération commerciale internationale. La décision,
quant à elle, est rendue généralement en quelques semaines, voire en quelques
mois. Par conséquent, la plupart des entreprises ne peuvent pas se permettre de
demander un RTC et surtout d’attendre un certain temps pour connaître la déci-
sion des autorités douanières. La mauvaise adaptation du mécanisme du RTC aux
exigences modernes du commerce international, mais aussi son côté complexe et
contraignant pour les opérateurs économiques (documents divers et variés et autres
schémas techniques à produire), explique sans doute le très faible nombre de RTC
délivrés par an (7926 RTC délivrés en France au titre de l’année 201326), ce qui est
vraiment peu par rapport à des millions d’opérations commerciales internationales
impliquant les entreprises françaises.

2.2 
Les difficultés liées à la détermination du pays d’origine
des marchandises

Le mécanisme de détermination du pays d’origine des marchandises reste, et de


loin, l’un des plus complexes de la matière douanière tout entière. De par sa com-
plexité, il pourrait se comparer aux techniques fiscales ou financières internationales
les plus sophistiquées. Définie le plus souvent comme « le lien géographique qui
unit la marchandise à un pays donné, dont elle est réputée issue »27, la notion d’ori-
gine des marchandises devrait en principe être bien maîtrisée, au moins par la plus
grande partie des acteurs du commerce international. En réalité, c’est loin d’être le

23. Cf., sur ce sujet, F. Goguel, « Le classement tarifaire des appareils à fonctions multiples », RAE,
2005, pp. 615-620.
24. CJCE, 9 oct. 1997, Rank Xerox Manufacturing BV c. Inspecteur des Invoerrechten en Accijnzen,
aff. C-67/95, Rec. 1997, p. I-05401 ; TPI, 30 sept. 2003, Sony Computer Entertainment Europe
Ltd. c. Commission des Communautés européennes, aff. T-243/01, Rec. 2003, p. II-2867.
25. CJCE, 17 mai 2001, Hewlett Packard BV c. Direction générale des douanes et droits indirects,
Rec. 2001, p. I-3981.
26. Cf. «  Douane. Résultats 2013  », DGDDI, p. 18, http://www.douane.gouv.fr/Portals/0/fichiers/
datadouane/publication-douane/bilans-resultats/resultats-2013.pdf.
27. C.J. Berr, H. Trémeau, Le droit douanier communautaire et national, 7e éd., coll. Droit des affaires
et de l’entreprise, Paris, Economica, 2006, n° 181.
Sur la nécessité de simplifier la réglementation douanière 367

cas, car sa nature difficilement compréhensible, voire presque ésotérique, y est pour
beaucoup. Le fait que cette notion n’est pas harmonisée sur le plan international, et

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qu’en outre c’est toujours le pays d’accueil qui définit les conditions d’attribution de
l’origine, apporte sans doute un supplément de complexité à l’ensemble.
La détermination de l’origine des marchandises doit nécessairement tenir
compte du cadre préférentiel ou non préférentiel dans lequel se déroulent les
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échanges, car l’application des mesures tarifaires (droits de douane) et d’une bonne
partie des mesures non tarifaires en dépend. Il suffit d’imaginer que, lors d’un
contrôle a posteriori, les autorités douanières reviennent sur la notion d’origine
déclarée. Cela change toutes les données de l’opération commerciale internatio-
nale. Par exemple, les appareils photographiques déclarés initialement en France,
en toute bonne foi, comme étant d’origine chinoise, peuvent s’avérer être en réalité
d’origine japonaise. Par conséquent, mis à part le fait que l’importateur sera pour-
suivi pour une fausse déclaration d’origine, les droits de douane risquent d’être bien
plus élevés, le passage de la barrière non tarifaire pouvant poser, lui aussi, quelques
difficultés supplémentaires. Dans le même esprit, la douane italienne, à la suite
d’un contrôle a posteriori, est revenue sur l’origine Hong-Kong d’appareils radios
transistors, origine qui accordait à l’époque le bénéfice d’un traitement préférentiel
à l’importation sur le territoire douanier communautaire28. Un autre exemple peut
être cité, celui de la société Carrefour France, qui a connu, elle aussi, des difficultés
liées à l’origine des marchandises, en achetant des bicyclettes à la société française
Veleclair, alors qu’elle pensait qu’il s’agissait bien de produits d’origine chinoise,
ce qui s’est révélé faux par la suite29. Comment ne pas se souvenir aussi du cas d’un
importateur français qui, ayant pensé de bonne foi importer des autoradios d’ori-
gine indonésienne, a découvert, lors d’un contrôle a posteriori entrepris par les
douanes françaises, que l’origine à déclarer était en fait sud-coréenne30 ? Un scé-
nario comparable s’est également déroulé lorsqu’un opérateur économique fran-
çais a importé un lot de bicyclettes et déclaré l’ensemble comme étant d’origine
vietnamienne, pour découvrir ensuite que la valeur des pièces vietnamiennes dans
le produit fini ne représentait qu’un pour cent, le reste étant d’origine chinoise31.
Pour résumer l’état d’esprit des opérateurs économiques œuvrant à l’international,
on pourrait dire qu’ils supportent très mal la réglementation en matière d’origine,
qu’ils considèrent, le plus souvent, comme une sorte de « réglementation piège ».
Qu’il s’agisse du cadre préférentiel ou non, la détermination de l’origine des
marchandises entièrement obtenues dans un seul pays ne pose généralement pas de
problème (cf. § 2 de l’art. 23 du CDC : « produits minéraux » ; « produits du règne
végétal » ; « animaux vivants qui y sont nés et élevés » ; etc.). En revanche, les

28. CJCE, 11 déc. 1980, Administration des Finances c. Entreprise Ciro Acampora, Rec. 1980,
p. 3731.
29. Cf. Cass. com., 7 avril 2004, n° 02-14941.
30. Cf. Cass. crim., 15 juin 2005, n° 04-86190.
31. Cf. Cass. crim., 8 sept. 2004, n° 03-84201.
Sur la nécessité de simplifier la réglementation douanière 368

choses commencent à se compliquer sensiblement dès qu’il s’agit de se prononcer


sur l’origine des marchandises dans la production desquelles sont intervenues les

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capacités industrielles de deux ou plusieurs pays (cf. art.  24 du CDC). Sachant
que les postes de télévision, les ordinateurs et autres voitures se composent de
centaines, voire de milliers, de pièces provenant de pays différents, il n’est pas
difficile de comprendre la complexité de la tâche. C’est surtout à ce stade que le
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législateur, notamment européen, était attendu pour apporter des réponses claires
et simples. Or, et contre toute attente, les solutions qu’il a choisies se sont révélées
difficilement compréhensibles par les usagers, car elles mettent l’accent sur des
critères techniques complexes de détermination de l’origine, à savoir le critère de
la « transformation substantielle » (cadre non préférentiel) et celui de la « transfor-
mation suffisante » et de « produits suffisamment ouvrés ou transformés » (cadre
préférentiel). Afin de pouvoir les appliquer, ces critères techniques s’appuient sur
des règles d’une extrême complexité, comme la règle du changement de position
tarifaire32, la règle des listes de transformations conférant ou non aux marchandises
qui les ont subies l’origine du pays dans lequel celles-ci ont été effectuées (listes de
transformations)33, et enfin sur le critère ad valorem34. Comme si l’ensemble n’était
pas suffisamment complexe en soi, la notion d’origine préférentielle met l’accent
tout particulièrement sur le dispositif de la preuve en matière d’origine, sur la règle
du transport direct et sur les règles en matière de cumul d’origine.

3 QUELQUES PISTES DE RÉFLEXION


Comme il a été mentionné précédemment, la complexité de la matière douanière
apporte une certaine forme d’insécurité juridique aux opérateurs économiques
œuvrant à l’international. Cette complexité est souvent considérée comme étant
un frein aux échanges commerciaux internationaux et de nature à influencer, d’une
manière négative, la compétitivité des entreprises européennes. La complexité de
la matière douanière a également un impact sur l’attractivité du territoire douanier
européen dans son ensemble35. Quelles seraient alors les pistes de réflexion pour

32. Selon la règle du changement de position tarifaire, dite aussi « règle 4SH », si à la fin des processus
de transformation, l’un des premiers quatre chiffres de la Nomenclature des marchandises change,
cela permet de dire (sous certaines conditions) que le pays d’origine des marchandises est le pays
où le « saut de la position tarifaire » s’est produit : par exemple, l’obtention des « tissus de laine
peignée » (position tarifaire 5112) à partir de « laine peignée en vrac » (position tarifaire 5105).
33. Cette règle décrit produit par produit les procédés techniques qui confèrent ou non le caractère
originaire aux produits transformés (par exemple, un bœuf d’origine étrangère, engraissé pendant
au moins trois mois sur le territoire douanier européen, prendra l’origine européenne).
34. Cette règle met l’accent sur un pourcentage à atteindre pour que le produit fini puisse acquérir
le caractère originaire. Par exemple, dans la fabrication des appareils récepteurs de télévision, la
valeur des pièces originaires doit représenter au moins 45 % du prix départ usine des appareils.
35. Par exemple, connaissant la complexité liée à la mise en place du régime douanier de perfection-
nement actif et surtout la procédure à respecter liée à son suivi, il est souvent préférable pour les
entreprises européennes de produire en dehors de l’UE et importer ensuite les produits obtenus à
l’étranger.
Sur la nécessité de simplifier la réglementation douanière 369

rendre cette réglementation plus simple et plus compréhensible pour les usagers ?
Sans prétendre présenter ici une liste exhaustive, il est néanmoins possible d’évo-

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quer quelques solutions qui permettraient de contribuer à la réflexion générale.
Premièrement, il conviendrait de commencer par réduire le volume des normes
douanières au moins par deux, voire par trois. Rappelons que le Code des douanes
communautaire comporte aujourd’hui 253 articles, ses dispositions d’application,
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quant à elles, contiennent 915  articles, et ce, sans compter ses 113  annexes. Le
Code des douanes français comprend, quant à lui, 470 articles. Un simple calcul
mathématique nous permet de dire que l’ensemble de la réglementation doua-
nière (européenne et française) représente à elle seule 1408 articles (!), et ce, sans
prendre en compte les textes d’innombrables accords de libre-échange conclus par
l’UE et autres préférences unilatérales qu’elle accorde36. Dans ces conditions, peut-
on raisonnablement envisager qu’une entreprise, surtout de petite taille ou de taille
moyenne, puisse comprendre et appliquer convenablement ce volume tellement
important de réglementation ? Le droit douanier n’est-il pas devenu excessif, au
point de se retourner contre les opérateurs du commerce international eux-mêmes ?
Deuxièmement, il est permis d’espérer que tôt ou tard la simplification de
la matière douanière passera par la mise en place d’un seul et unique Code des
douanes de l’Union, et l’abandon des vingt-huit codes des douanes nationaux des
pays membres de l’UE37. Il s’agirait alors de faire un saut qualitatif très important,
ce qui permettrait de simplifier la réglementation douanière dans son ensemble.
Combien de temps encore des agissements répréhensibles identiques portant
atteinte au respect des normes douanières continueront-ils à recevoir des réponses
bien différentes d’un pays membre de l’UE à un autre ? La sphère privée est inté-
ressée par la réalisation d’un tel changement depuis longtemps. Le blocage tient
surtout au manque de volonté politique au sein de l’UE pour se diriger vers un
modèle d’organisation plus fédérale. Le même manque de volonté est pointé du
doigt dès qu’il s’agit de se pencher sur la question de la mise en place d’une seule
et unique administration des douanes européenne.
Troisièmement, il importe de renforcer le dispositif de la «  douane électro-
nique » (e-douane). Le recours de plus en plus massif à ce dispositif permettrait de
réduire davantage la présence du facteur humain. À terme, cela pourrait signifier
moins d’erreurs et d’oublis divers et variés dans le processus déclaratif, à condition
que le système soit fiable (transmission et stockage sécurisé des données). Cela
pourrait signifier aussi moins de corruption et une procédure bien plus transpa-
rente pour tous les usagers. Notons au passage que l’un des objectifs du Code des
douanes de l’Union (2013) et de ses dispositions d’application (applicables à partir

36. Pour la liste des accords de libre-échange conclus par l’UE et les préférences unilatérales qu’elle ac-
corde, cf. : http://www.douane.gouv.fr/articles/a11987-liste-des-accords-et-preferences-unilaterales-
de-l-union-europeenne.
37. Cf., sur ce point, G. Radu, « L’Union douanière européenne : bilan et perspectives d’avenir »,
op. cit., p. 425.
Sur la nécessité de simplifier la réglementation douanière 370

du 1er mai 2016) est de mettre en place un système électronique douanier commun


entre tous les pays membres de l’UE. L’ambition est grande et nous soutenons

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vivement cette initiative.
Quatrièmement, et enfin, il s’agirait de résoudre le problème du manque de
formation en matière douanière de la sphère privée. Ce problème n’est pas nou-
veau, mais il devrait trouver une solution complète et rapide. Le fait de simplifier
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la réglementation douanière est en soi une excellente chose. Cela étant, tout pro-
cessus de simplification non accompagné par un vrai dispositif de formation aux
techniques douanières n’apporterait que des résultats modestes. Même simplifiée,
la réglementation douanière restera suffisamment déroutante pour plus d’une entre-
prise œuvrant à l’international. Il n’est point tolérable que la matière douanière soit
enseignée, en France, mais pas seulement, principalement dans les écoles natio-
nales des douanes (formant des fonctionnaires) et très peu dans les universités et
autres écoles de commerce. La formation est sans doute l’une des clés permettant
de comprendre le fonctionnement du phénomène douanier dans son ensemble. Une
entreprise ayant du personnel mieux formé aux techniques douanières aura non
seulement de meilleures relations avec les douanes, relations s’inscrivant par ail-
leurs dans le cadre du partenariat douane-entreprise, mais pourra aussi utiliser les
connaissances acquises pour mieux définir sa stratégie internationale (dans quel
pays acheter ? ; dans quel pays produire ? ; etc.). Dans ces conditions, on salue la
position retenue par le législateur européen qui lie l’octroi du statut d’Opérateur
économique agréé (OEA) au « respect de normes pratiques en matière de compé-
tence ou de qualifications professionnelles » (art. 39, point d, du CDU). En d’autres
termes, et dès l’entrée complète du CDU en vigueur au 1er mai 2016, l’octroi du
statut d’OEA sera conditionné par le respect du critère de la formation en matière
douanière, un référentiel européen des compétences étant en préparation en ce
moment même38.

4 CONCLUSION
Très loin de préoccupations douanières, si dans des conditions intellectuellement
comparables un restaurateur avait été amené à formuler la conclusion, il aurait sans
doute mis en avant le fait qu’il existe au moins deux façons de faire la cuisine.
Tout d’abord, une cuisine de tous les jours, simple et efficace, qui ne cherche pas
la complexité et va à l’essentiel, son rôle étant de nourrir les clients pour un prix
raisonnable. Puis, il serait question d’une cuisine bien différente, bien plus sophis-
tiquée que la première, une cuisine gastronomique, voire moléculaire. Laquelle
choisir ? C’est aux clients de répondre en fonction de leurs budgets et attentes. Ce
n’est sans doute pas au restaurateur de faire le choix. Mais, dès le moment où le

38. Pour le référentiel européen des compétences en matière douanière, cf. : http://ec.europa.eu/taxa-


tion_customs/common/eu_training/competency/index_fr.htm.
Sur la nécessité de simplifier la réglementation douanière 371

client a choisi une cuisine de tous les jours, il n’est point possible de lui imposer
une table gastronomique, car son budget risquerait de ne pas suivre.

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Cette image un peu folklorique, transposée au sujet du présent article, pourrait
nous donner matière à réfléchir, car les usagers du commerce international ne font
que demander depuis longue date une réglementation douanière simple et com-
préhensible, alors que dans les faits le législateur leur impose une réglementation
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extrêmement complexe, difficile à appréhender et à appliquer. Par conséquent, il


est bien temps de revenir à une «  cuisine réglementaire  » en matière douanière
la plus simple et authentique possible, sans pour autant faire des concessions sur
la qualité des «  produits  » (normes) à utiliser. En d’autres termes, simplifier la
réglementation douanière est devenu une nécessité afin de mieux répondre aux
exigences modernes du commerce international !
Paris, le 29 mai 2015

SUMMARY: THE NECESSITY TO SIMPLIFY THE CUSTOMS


REGULATIONS
It’s a well known fact, that customs regulations, as applied in the territory of the
European Union (EU), is particularly complex. Companies working in internation-
al trade do not hesitate to denounce this situation, where an essential regulation as
the customs one has become so much difficult to master, as it is viewed more and
more often as a significant barrier to international trade. It is high time to start a
deep reflection, followed by concrete actions, in order to try to simplify these rules;
it is time to encourage the legislator to address the issue and to offer users of inter-
national trade simpler customs legislation, but also more effective.
Customs rules shall consist of three layers of standards that intermingle: inter-
national, European and national standards. International standards, that have a
link with customs matters, are taken for most of the agreements of the World Trade
Organization (WTO) and in particular of the Annex 1A (Multilateral Agreements
on Trade in Goods) of the Agreement establishing the WTO (1994). This Annex,
of a paramount importance for the successful organization of modern interna-
tional trade, consists of thirteen different agreements, some of which being direct-
ly related with the customs and cover the following mechanisms: anti-dumping
measures; anti-subsidy measures; rules of origin; procedures and import licenses;
customs valuation; pre-shipment inspection; technical barriers to trade; sanitary
and phyto-sanitary measures. Many other international standards in customs mat-
ters were adopted under the auspices of the World Customs Organization (WCO),
including two conventions of utmost importance, namely: the International
Convention on the Harmonized Commodity Description and Coding System and
the International Convention on the Simplification and Harmonization of Customs
Procedures. Concerning the European rules in customs matters, they are part
Sur la nécessité de simplifier la réglementation douanière 372

of the Community Customs Code (CDC, 1992) and its implementing provisions
(IP, 1993). The Customs Code of the Union (CCU, 2013) is currently not applica-

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ble, except for a few articles that allow the European Commission to continue the
work of drafting the implementing provisions of the Code, whose text should enter
into force on 1st May 2016. Regarding the national standards, the specificity of the
European Customs Union lies in the fact that each EU Member State has its own
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National Customs Code, which is very difficult to live operationally by businesses


because some regulatory elements, especially those relating to customs penalties,
differ from one EU country to another.
The CDC contains now 253 articles, its implementing provisions spreading over
915 articles, and this without counting its 113 annexes. The French Customs Code
has, meanwhile, 470 articles. A simple mathematical calculation allows us to say
that the European and French customs regulations alones account for 1,408 arti-
cles (!), without taking into account the innumerable free trade agreements texts
concluded by the EU and other unilateral preferences that it grants. To date,
because of its complexity, customs regulations pose implementation problems for
its most important mechanisms such as the tariff classification of goods, the deter-
mination of country of origin, the custom values of goods, the regimes and customs
procedures. A question arises: customs law is not become too excessive, to the
point of turning against the international trade companies themselves?
What would be the solutions in order to simplify the customs legislation and make it
more understandable for users? These solutions are not lacking, but the implemen-
tation of a solution or the other largely depends on the political will of the national
and EU legislature. In order to begin, we could imagine reducing the volume of
legal standards by two or by three. We could consider the establishment of a single
Customs Code of the Union, leaving at the same time the twenty eight national
customs codes of the member countries of the EU, but also the establishment of a
single European Customs administration. We could also strengthen the system of
“electronic customs”, which ultimately means less errors and other omissions in
the declaratory process. Finally, we could improve the system of training in cus-
toms matters, which is undoubtedly one of the keys for understanding the opera-
tion of the customs phenomenon as a whole: a company with well-trained staff
to customs techniques will ultimately not only have improved relations with the
Customs (“Customs-Business” partnership), but may also use this knowledge to
better define its development strategy internationally.

Mots clés : simplifier la réglementation douanière, classement tarifaire des mar-


chandises, pays d’origine des marchandises, insécurité juridique en matière
douanière

Keywords: simplify customs regulations, tariff classification of goods, country of


origin of goods, legal uncertainty in customs matters

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