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Le secteur piscicole en Afrique subsaharienne : des outils de financement


adaptés aux enjeux ?

Article  in  Techniques Financières et Développement · November 2016


DOI: 10.3917/tfd.124.0081

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2 authors:

Oswald Marc Olivier Mikolasek


Ecole Supérieure d'agro-développement international ISTOM 52 PUBLICATIONS   452 CITATIONS   
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LE SECTEUR PISCICOLE EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE : DES
OUTILS DE FINANCEMENT ADAPTÉS AUX ENJEUX ?
Marc Oswald, Olivier Mikolasek

Épargne sans frontière | « Techniques Financières et Développement »

2016/3 n° 124 | pages 81 à 95

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Article disponible en ligne à l'adresse :
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http://www.cairn.info/revue-techniques-financieres-et-
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developpement-2016-3-page-81.htm
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Pour citer cet article :


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Marc Oswald, Olivier Mikolasek, « Le secteur piscicole en Afrique subsaharienne :
des outils de financement adaptés aux enjeux ? », Techniques Financières et
Développement 2016/3 (n° 124), p. 81-95.
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Financement des PME
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LE SECTEUR PISCICOLE EN AFRIQUE
SUBSAHARIENNE : DES OUTILS DE FINANCEMENT
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ADAPTÉS AUX ENJEUX ?

Marc Oswald, ISTOM, APDRA


Olivier Mikolasek, UMR ISEM - Persyst - CIRAD, APDRA

Au cours des trois dernières décennies, la production mondiale de poisson de pisci-


culture a été multipliée par douze avec une progression avoisinant les 8 % par an,
faisant de cette production celle qui connaît le plus fort taux de croissance.
En Afrique, la pisciculture pour l’autosuffisance alimentaire n'a jamais décollé
(HLPE, 2014). Pour certains auteurs (Hishamunda et Ridler, 2006), les structures
industrielles aquacoles augmentent les disponibilités en poisson et, à travers les reve-
nus générés par la création d'emplois, facilitent l'accès aux produits alimentaires.
Cependant, cette option est discutée et l’attention des services gouvernementaux
et des agences de financement se focalise aujourd’hui sur une pisciculture un peu
moins grosse (i.e. « medium-scale »), commerciale et portée par des entreprises, avec
l'espoir affiché que ces nouvelles formes auront de meilleurs résultats en matière de
sécurité alimentaire (FAO, 2014 ; NEPAD, 2014 ; World Bank, 2013).
Nous proposons ici une revue des moyens de financement de la pisciculture en
Afrique subsaharienne. Nous nous interrogeons ensuite à leurs impacts sur les
productions piscicoles au vu de leur mécanisme. Enfin, de nouveaux outils de
financement identifiés sont aussi analysés. Cette revue est menée afin d'évaluer les
conséquences techniques induites par les outils de financement et leur capacité à
donner davantage d’efficience aux systèmes présents.

81 TFD 124/125 - Novembre 2016


Des outils de financement différents en fonction des types de production aquacole
Typologie des piscicultures pratiquées en Afrique de l'Ouest
La revue faite par Edwards (2013) des différentes terminologies, dont celles de la
FAO, pour caractériser les formes de piscicultures, peut trouver une bonne corres-
pondance avec la caractérisation faite pour l'agriculture proposée par Belières et al.
(2014). Cette typologie (cf. Tableau 1) s’appuie sur cinq grands types de critères :
l'origine du capital pour l'investissement, la main d'œuvre, le type de management,
la place de l'autoconsommation et les modalités d'accès au foncier.
Cette typologie a été enrichie au niveau des formes familiales pour distinguer parmi
les formes intégrées dans les exploitations familiales, celles qui ont une vocation
commerciale de celles qui ne se sont développées qu'à des fins d'autoconsommation.

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Tableau 1 : Caractérisation des différentes formes de pisciculture
Pisciculture Pisciculture
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d’entreprise familliale
Pisciculture PME de Petite Aquaculture de
industrielle pisciculture pisciculture subsistance
commerciale
intégrée
dans les
exploitations
familiales
(PEPICIEF)
Typologie de la FAO Large scale Small and Small Scale Aquaculture
commercial medium-
scale
entreprises
Main-d’œuvre Salariés déclarés Mixte, Travail familial Travail familial
présence majoritairement majoritairement
de salariés
permanents
Capital Actionnariat Familial ou Familial
association
familiale
Management Financier entre les Familial ou Familial Familial
administrateurs et le technique essentiellement
directeur, technique
sur la ferme
Contribution à Sans objet Possible Sensible Exclusive
l'autoconsommation

Statut juridique Concession Propriété ou faire-valoir indirect, formel ou


juridique, faire valoir informel
indirect formel

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Financement des PME
Le premier type, la pisciculture industrielle, peut s’enorgueillir de réussites connues
mises en place parfois par un investisseur individuel (Tropofarm au Ghana) mais
le plus souvent à travers des joints ventures (Durante Fish Industries Limited au
Nigeria, West African Fish Ltd au Ghana etc.) ou encore par un groupe interna-
tional comme par exemple African Century (Lake harvest Ltd au Zimbabwe) ou
Dominion Group (Dominion Farm in Kenya). Cette catégorie mobilise très sou-
vent l'actionnariat (type fonds de pensions ) et elle emploie des salariés.
La catégorie des petites et moyennes entreprises (PME) a aussi recours à des travail-
leurs salariés, et on devrait s’attendre à une gestion patronale. Or, cette catégorie
est une nébuleuse, particulièrement en Afrique, avec, de façon caricaturale, aussi
bien la ferme de complaisance d’un ministre dans sa résidence de campagne, une
pisciculture mise en œuvre par un fonctionnaire ou un commerçant absentéiste en

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prévision de sa retraite ou d’une authentique petite pisciculture entrepreneuriale.
Ceci se traduit souvent par une absence de véritable gestion financière. Au Nigéria,
Oluwemimo et Damilola (2013) constatent que de nombreux propriétaires de ces
structures ont en fait d’importants moyens et les piscicultures ne constituent qu’une
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activité secondaire au sein de systèmes d’activité complexes (au sens de Gasselin et al,
2014). Cette catégorie mériterait d'être partagée en deux sous-catégories pour dif-
férencier les piscicultures de type patrimonial (propriétaires absentéistes : ministre,
fonctionnaire, commerçant) et les authentiques piscicultures de type patronal, les
seules pouvant être qualifiées d’entrepreneuriales. Néanmoins, ce terme de PME est
très généralement retenu (NEPAD, 2014 ; FAO, 2014, etc.).
Les deux dernières catégories de pisciculture sont aujourd’hui perçues comme inté-
grées aux exploitations agricoles et ne dépendant pas (ou peu) de consommation
marchande (aliment industriel notamment) ; les augmentations de production
reposent souvent sur la mobilisation de ressources autoproduites par la ferme. Ce
sont donc des formes extensives en capital qui sont qualifiées comme non intensives
dans la terminologie piscicole (Edwards, 2013).
La pisciculture d’autosubsistance consiste majoritairement en quelques petits étangs
dont le poisson est exclusivement destiné à l'autoconsommation. Elle a bénéficié de
financements pour sa promotion et reposait sur l’idée simpliste qu’il suffisait qu’il
y ait du poisson pour que les gens soient contents. Elle est reconnue comme un
échec en Afrique (HLPE, 2014) même si de petits étangs continuent de parsemer
le paysage de certaines régions.
La petite pisciculture commerciale intégrée dans les exploitations familiales
(PEPICIEF) est moins connue mais fait pourtant preuve d’un dynamisme dans
quelques pays d’Afrique subsaharienne (Oswald et al, 2015). Elle s’analyse comme
une diversification des exploitations agricoles à des fins commerciales et bénéficie
de la mutualisation de certains facteurs de production ou de synergies écosysté-
miques (Ruf et Schroeder, 2013). Bien que le paysan ait recours au travail familial
et aux ressources de l’exploitation, le poisson est clairement produit dans l’intention
de générer des revenus monétaires.

83 TFD 124/125 - Novembre 2016


Des outils de financement différenciés selon les types de pisciculture
Le financement pour la promotion de la pisciculture industrielle en Afrique montre
que les grandes entreprises, et plus particulièrement les sociétés multinationales
(African Century, Dominiun Group), investissent à la fois leurs fonds propres et
ceux de leurs actionnaires (fonds de pension par exemple). Ceux-ci bénéficient
de déductions fiscales de leurs pays d'origine. De même, certains pays, comme le
Ghana, exonèrent ces investisseurs de taxes de douane et d'impôts sur les bénéfices.
Lors des phases pilotes, certaines ont reçu des aides pour l’assistance technique par
le Centre de développement des Entreprises (CDE), par exemple. Elles ont aussi
accès à des prêts bonifiés : la Banque africaine de développement (BAD) a, par
exemple, accordé en 2011 un prêt de huit millions de dollars US à Lake Harvest
Ltd, premier producteur de tilapias d’Afrique subsaharienne (BAD, 2011) et à des

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cautions bancaires (AFD, 2013).
Parfois, ces entreprises (Lake-Harvest, Royal Fish Benin, Fondation Tonon) se pro-
posent ou sont retenues comme opérateurs de la promotion de la pisciculture, ce
qui leur permet en retour de bénéficier d’autres financements : une démarche en
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phase avec l’encouragement du partenariat public-privé, aussi présent dans le cadre


de la promotion de label (Fishing alliance). Ceci répond aussi au souci des entre-
prises de se doter d’une image facilitant leur relation avec les gouvernements.
Pour les PME de pisciculture, PEPICIEF et pisciculture d’autosuffisance, le méca-
nisme qui prévaut pour l'appui au développement est le subventionnement de
l'investissement (aménagement des étangs, acquisition de cages, souches amélio-
rées et aliments à haute valeur énergétique). Dans ces projets, l’investissement est
présenté comme la principale contrainte justifiant les mécanismes d’allègement des
coûts supportés par le promoteur. Pour certaines technologies les plus high-tech
(élevage en cage par exemple), le besoin de trésorerie avant la première vente est
supérieure au coût des équipements et des infrastructures, ce qui justifierait le choix
de la subvention. Le concept d’industrie naissante est implicitement mobilisé. Par
exemple, la mise en place d’un réseau de distribution d’alevins de qualité améliore
le financement de centres de production de souches sélectionnées. Un dispositif de
crédit spécifique est souvent associé, censé faciliter la gestion de ces fermes face au
coût élevé des intrants.

Tableau 2 : Recensement des outils de financements différenciés


selon les catégories de pisciculture
Aide directe à la production Aide indirecte
Pisciculture - Possibilité d’aide à l’assistance - Exonération dans les pays
industrielle technique intégrée à d’origine des capitaux
l’exploitation
- Caution bancaire
- Déduction fiscale et douanière
- Subvention pour des
- Prêts bonifiés implications dans des
opérations de développement

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Financement des PME
PME de Fréquents dispositifs de Crédits souvent non
pisciculture subventions et de crédits remboursés
pour acquérir des équipements
high-tech correspondant à
l’investissement et le premier
fonds de roulement
Petite Quelques dispositifs de - Conseil technique
pisciculture subvention d’une faible partie
- Exceptionnellement,
commerciale de l’investissement
fonds de sinistre
intégrée dans
les exploitations
familiales

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Aquaculture de Quelques dispositifs de
subsistance subvention d’une partie ou de
l’intégralité de l’investissement
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Dans la revue du CDE (2009), le programme spécial pour le développement de


l’aquaculture (SPADA), les projets de la coopération japonaise (JICA) au Bénin
et à Madagascar sont de ce type. Le soutien de la pisciculture par le Kenya (Kenya
Economic Stimulus Program) était dans la même optique. De nombreuses autres
interventions proposent des subventions pour la mise en place de piscicultures (pro-
gramme ACEFA au Cameroun, les programmes d’appui aux entrepreneurs de la
Banque mondiale - PSDR à Madagascar). Pour mémoire, la pisciculture d’autosuf-
fisance parfois sous forme communautaire, a largement bénéficié de programmes
de financement où l’investissement reposait sur des subventions proposées par les
organisations humanitaires (HCR, PAM, ACF) parfois sous forme de « food for
work » ou de mécanismes équivalents.
Certaines ONG proposent des dispositifs d’appui à des réseaux locaux d’agricul-
teurs pratiquant la pisciculture pour conseiller et accompagner la réalisation de
l’investissement et la montée en production mais ne subventionnent pas les coûts
d’investissement restés à la charge du bénéficiaire. Ces mécanismes sont toutefois
moins fréquents.
Enfin, des dynamiques d’extension de nouveaux étangs ne bénéficient tout sim-
plement pas de dispositifs d’appui, en particulier en faveur des PEPICIEF (Soua
Mboo, 2007 ; Doray et al, 2002) et parfois de pisciculture d’autosuffisance. Le plus
souvent, ces dynamiques d’installation de mares ou d’étangs ne sont pas renseignées
et la pérennité non connue.

Impact de ces différents outils de financement sur le développement aquacole


Les piscicultures industrielles nécessitent une trésorerie importante pour assurer
l’achat d‘aliments, facteur de production qui représente 50 à 70% du prix bord
ferme des poissons. Le poisson produit est commercialisé à un prix bord ferme
supérieur à celui des poissons importés pour la grande consommation dans des pays
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comme le Ghana ou le Kenya. Une condition de réussite de ces élevages est donc
l'accès à des marchés rémunérateurs (Kassam 2014 ; Hamenoo, 2011), tels ceux de
certaines capitales africaines comptant avec une clientèle aisée appréciant le poisson
d'élevage frais et prête à payer pour ce produit un prix équivalent aux poissons les
plus prisés sur ces marchés. Le lien de ces entreprises avec ces marchés a été plu-
sieurs fois décrit. Citons le cas de la Zambie où la dévaluation de la monnaie locale
(Kwacha) a contraint Lake Harvest, en 2015, à réduire sa production de 10 000 à
8 500 tonnes. L'entreprise envisage de la réduire encore en 2016 (8 000 t) en raison
de la baisse considérable (conséquence de la dévaluation) du pouvoir d'achat de la
clientèle aisée du pays.
A côté des quelques réussites historiques déjà citées, nombre d’initiatives de taille
équivalente n’ont pas rencontré le même succès et restent des projets empêtrés dans

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de nombreuses difficultés (exemple d’Hydrofish en Côte d'Ivoire). Les facilités
octroyées à de grands groupes pour attirer leurs capitaux ne garantissent pas la
durabilité des projets. La rentabilité de ces fermes reste précaire (les charges sur l’ali-
ment constituent en elles-mêmes une menace constante au vu de leur importance),
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d'autant plus qu'elles évoluent dans un contexte incertain notamment du fait de


la fluctuation des cours des matières premières agricoles, des devises nationales et
vis-à-vis de la stabilité politique dans des environnements disposant de peu d’infras-
tructures. Elles emploient aussi de nombreux salariés pour lesquels elles doivent
s'acquitter des charges sociales.
En cas de difficulté, ces entreprises, pour se protéger de la concurrence internatio-
nale, n’hésitent pas à militer auprès des gouvernements pour suspendre/taxer les
importations. Tel fut le cas, par exemple, du tilapia chinois au Ghana (Kassam,
2014).
Par ailleurs, l’implication de grosses piscicultures industrielles au sein de pro-
grammes de diffusion de petites piscicultures ne s’est pas traduite par la mise en
place de petits producteurs dynamiques. Les systèmes techniques retenus, basés
sur l’utilisation d’une alimentation intégralement achetée satisfaisant la totalité
des besoins nutritifs des poissons, sont sensibles aux économies d’échelle… Et les
petites exploitations ne sont tout simplement pas ou peu viables, ayant à supporter
le plus souvent des charges supérieures pour leur approvisionnement et pour l’accès
aux marchés.
La participation de ces sociétés dans un dispositif de promotion de la pisciculture
peut être l’occasion d’une recapitalisation ou d’un financement indirect intéressant.
Ainsi Royal Fish Bénin a retrouvé une activité lorsque l’entreprise a reçu une sub-
vention pour promouvoir la diffusion des alevins de Clarias. La vente d’alevins par
SON Fish de l’Ouganda, en lien avec l’Economic Stimulus Programme (ESP) du
Kenya, avait été jugée comme une bonne opportunité par l’entreprise et se serait
récemment poursuivie par un nouvel engouement pour l’aquaculture en cages dans
le lac Victoria avec des investissements d'origine kényane.
Un projet de l’Union européenne soutient l'intégration de petites piscicultures à
la compagnie Lake Harvest. Cette ferme industrielle vend les alevins et l’aliment,
et rachète le poisson marchand aux petits producteurs. Ceci est mené dans une

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Financement des PME
volonté d'affichage social au niveau local et reste économiquement marginal pour
la compagnie. Ce nouveau schéma d'intégration marque cependant une nouvelle
étape : les petites exploitations sont intégrées à la filière de production du groupe. La
compagnie peut y trouver un avantage dans l'allègement de la gestion du personnel
(alimentation, surveillance), le petit exploitant bénéficiant en retour de l'approvi-
sionnement en aliment et de la distribution du poisson sur les marchés distants. Les
actions visant à limiter la consommation d'aliment, en permettant une intégration
aux exploitations agricoles, ne sont pas prévues à ce jour alors qu'elles seraient
susceptibles de réduire le principal coût de ces systèmes, à savoir celui de l’aliment.
Les programmes de subventions aux PME de pisciculture et ceux appuyant l’inté-
gration de systèmes avec aliment au sein des exploitations familiales n’ont pas ren-
contré à ce jour le succès attendu. Les acteurs économiques se retrouvent à gérer

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une activité financièrement risquée, un défaut de trésorerie interdisant la poursuite
de l’élevage et donc la mise en vente du produit au prix attendu. Ces petites struc-
tures sont souvent les premières en difficulté comme au Ghana (Kassam, 2014).
Lorsqu’un dispositif de crédit est proposé pour pallier cette pression sur la trésore-
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rie, une part de la valeur ajoutée revient à l’organisme de crédit, limitant le bénéfice
pour l'entrepreneur, ce qui accroît sa précarité financière. Quagrainie et al. (2010)
trouvent que les petits pisciculteurs recourent très peu au crédit que le gouverne-
ment du Kenya promeut, constatant une interrogation de la part des petits produc-
teurs sur la capacité effective du crédit à accroître leurs revenus. Nombre d’auteurs
recommandent des crédits bonifiés (inférieurs à 5 % au lieu de 20 % et plus), qui
sont les seuls à pouvoir fonctionner ; ceci induit un coût pour la collectivité dont
l'utilité n'est pas discutée puisque le coût de cette bonification est à la charge du
gouvernement.
Quel que soit la combinaison d’outils de financement, au fur et à mesure des cycles
d’élevage, le risque reste élevé, parfois amplifié par les aléas de la production. La fin
des subventions et/ou la hausse du montant des annuités entraînent de nombreuses
faillites. Au Malawi, Dey et al. (2006) montrent que de nombreuses piscicultures
s’arrêtent avec la fin du versement des subventions.
Pour les dispositifs visant à promouvoir des PEPICIEF en facilitant l’investisse-
ment par des subventions, la plupart cherche à alléger le coût du principal poste
de l’investissement, à savoir la construction des étangs. Les services techniques
recourent à des prestataires qui tiennent peu compte des envies des producteurs et
disposent d’une faible capacité à prendre en compte les réalités foncières du fait de
l'existence de très nombreux usufruits reconnus localement et non en phase avec
les législations promues au niveau national. Ceci aboutit, en général, à la réalisation
d'infrastructures bien plus chères que le coût estimé par les producteurs (jusqu'à
un facteur dix), ce qui aboutit à « augmenter les barrières à l'entrée », effet inverse
de celui initialement espéré. Ces prestataires ne survivent généralement pas à l'arrêt
des subventions évoluant sur le marché captif des subventions. Ayant eu tendance
à surenchérir le coût des étangs, ils ont du mal à convaincre les opérateurs écono-
miques de la qualité de leurs prestations.
L'immense majorité des crédits proposés pour cette production est, de plus, perçue

87 TFD 124/125 - Novembre 2016


par les bénéficiaires comme des dons. Du fait de la durée courte des projets propo-
sant ces crédits, l'imprécision des schémas techniques vulgarisés ne garantit pas les
objectifs de production, se traduisant par une non performance des fermes instal-
lées et par l'incapacité généralement constatée de rembourser les crédits octroyés.
Cette situation entraîne des biais dans les motivations réelles pour la demande de
crédit par les bénéficiaires.
Lorsque ces interventions optent pour une pisciculture communautaire afin d’« allé-
ger » les démarches autour de l'identification des propriétaires fonciers et pour
concerner davantage de producteurs, les subventions aux groupements rencontrent
deux difficultés majeures : d’une part, une hétérogénéité et un manque d’implica-
tion des différents membres du groupe qui aboutit souvent à une démotivation et
à un rejet du groupement ; et, d’autre part, des enjeux personnels enchâssés dans

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des ambitions d’accès au foncier ou au crédit, ce qui rejoint l’analyse de Lavigne
Delville et al. (2000) sur les projets d'aménagement dans les bas-fonds sahéliens.
Tout ceci peut expliquer les faibles résultats des programmes de subvention à des
groupements ou coopératives à travers le continent africain. Les difficultés des pro-
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grammes de subventions pour la pisciculture à des GIC (Groupes d’initiative com-


mune) au Cameroun en témoignent (Wassmer, 2013). Crenstil (2014) conclut aux
mêmes difficultés au Ghana autour des coopératives.
A Madagascar, en 2015, certains candidats réalisaient simultanément deux infras-
tructures piscicoles, l'une bénéficiant de subventions et l'autre non. Ceci témoigne
du souci du producteur de rester en lien avec différentes structures, montrant bien
le côté opportuniste et rationnel de ces acteurs au vu du déficit d'information a
priori sur les choix à faire. L’aménagement le plus important était curieusement
réalisé dans le cadre sans subvention. Les auteurs ont rencontré des situations simi-
laires qui questionnent l’hypothèse de la barrière à l’entrée que constitue le coût de
réalisation de l’infrastructure piscicole (Oswald, 2013).

Le fonds de garantie, une alternative originale


Des dynamiques fortes de PEPICIEF sont observées dans des régions où les pis-
ciculteurs ont été responsabilisés sur les coûts de leurs investissements et où des
services d’accompagnement (promus par des associations et/ou publics) leur ont
permis d’atteindre dans le temps des objectifs de production qu’ils jugeaient satis-
faisants. Dans ces régions, certains projets ont refusé de subventionner directement
les investissements mais ont proposé un appui-conseil dans la durée à des groupes
de pisciculteurs avec un engagement concret sur le niveau de production et la taille
des poissons à atteindre, éléments sensibles pour certains marchés refusant les petits
poissons. Cet engagement est parfois matérialisé par un contrat (Halftermeyer,
2009). Pour faire face aux situations dans lesquelles les conseils délivrés par les
agents en charge de la promotion de la pisciculture n’aboutissent pas aux objectifs
annoncés, des dispositifs (fonds de garantie, fonds de sinistre) ont été mis en place
pour dédommager le producteur qui, s’étant engagé avec le projet, ne verrait pas
son effort d’investissement récompensé. Ce type de dispositif fiabilise le conseil

88
Financement des PME
en prenant en compte des situations non attendues. Il incite aussi les producteurs
à suivre les recommandations données afin de pouvoir bénéficier de l’indemnisa-
tion en cas d’insuccès de leur investissement. Globalement, cet outil renforce la
confiance autour du conseil. Il permet une prise de risque plus importante par les
producteurs se lançant dans cette production, puisqu’une certaine garantie existe
autour de l’atteinte des résultats. Accessoirement, il pourrait être un outil de mesure
de la fiabilité du conseil dispensé et donner davantage d’importance à l’agent de
terrain qui dispense les conseils.
En Guinée, le dispositif a connu des évolutions liées à une succession de projets sur
près de quinze ans, à la progression du nombre d’installations, à l’implication d’une
profession dans la diffusion de cette activité et à l’attention croissante du gouverne-
ment. Il a acquis une certaine maturité. Le principe du « fonds de sinistre » propose

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aujourd’hui une discussion tripartite entre la profession, le PDRP-GF (Projet de
développement de la rizi-pisciculture) mis en œuvre par une ONG et les services
étatiques de la pisciculture.
Une commission réunit différents représentants de ces trois entités, traite des
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demandes de dédommagement et définit le niveau de remboursement dans une


situation constatée de dysfonctionnement d’une infrastructure piscicole. Un
ensemble de conditions sont requises avant de présenter un cas à la commission :
le respect des consignes techniques dispensées, et la preuve d’un certain bon sens et
d’une bonne foi. Ce dispositif garantit au final la qualité du conseil et accompagne
une dynamique d’investissement plébiscitée comme intéressante par les acteurs
locaux. Il devrait être aménagé si un doute persistait autour de la qualité du conseil.
Lors de la délibération de 2014, avec près de 1 000 pisciculteurs suivis par le projet,
23 cas ont été présentés à la commission dont 14 ont été validés et neuf écartés, jugés
non éligibles. Les agents du projet chargés du conseil avaient proposé le plus grand
nombre de dossiers. Des règles strictes existent et font l’objet de négociation (par
exemple, un délai de trois ans après sa construction pour signaler un défaut de l’ou-
vrage1). La part couverte par le fonds de sinistre fluctue entre une prise en charge
totale (quatre cas de remboursement intégral avec réfection complète d’étangs de
barrage ou de service) et une prise en charge partielle (cas où la commission statue
que certaines consignes n’ont pas été respectées). Ces dernières portaient sur des
remplacements de moines2 avec des tailles supérieures ou des adaptations de sec-
tions de trop-plein. Parmi les pisciculteurs indemnisés, on trouve quelques piscicul-
teurs bien informés ayant eu des responsabilités dans l’organisation professionnelle
locale, ou des candidats ayant déjà bénéficié de remboursements par l’intermédiaire
d’autres actions de développement.
Ceci montre que ces dispositifs ne touchent pas de la même façon les acteurs, et que
la proximité des producteurs avec les services semble un avantage. La régularité de
l’animation de ces commissions serait probablement en mesure d’amplifier consi-
dérablement les effets de cet outil. Le fonctionnement de la commission pourrait
avoir un coût supérieur aux indemnités versées, ce qui n’est pas gênant puisque son

1 Ceci étant dit, la profession juge cette durée faible pour garantir la rentabilité de l’investissement.
2 Ouvrage en béton permettant le réglage du niveau d’eau dans l’étang et sa vidange.

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fonctionnement intensifie les échanges sur les raisons du succès ou de l’échec de
situations, améliorant le capital global de connaissances autour de la pisciculture et
l’intérêt pour les conseils promus, mais qui ne permet pas d’envisager une privatisa-
tion du service qui ne constitue qu’une alternative, à ce stade, à la distribution des
subventions dans le cadre des projets de lutte contre la pauvreté ou pour dynamiser
le tissu des PME.
Comme mentionné, des dynamiques spontanées de diffusion existent et se tra-
duisent par l’installation d’un nombre important de pisciculteurs pas toujours
bien connus des services piscicoles. Ces processus de diffusion se nouent avec des
enjeux contractuels, privés et/ou personnels entre les pisciculteurs et les apprenants.
Il est assez difficile de savoir la réalité et la cohérence des savoir-faire et connais-
sances transmises mais les observations de terrain montrent que les pisciculteurs

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situés loin3 des noyaux des producteurs les plus expérimentés et les plus efficients
n’atteignent pas le même niveau de performance. Ceci avait été constaté aussi au
Malawi par Dey et al (2006). Dans tous les cas, ces pisciculteurs sont désireux de
recevoir des formations et dépensent de l’argent en transport, en cadeau pour des
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personnes perçues comme compétentes, en déplacement de professionnels jugés


compétents, etc., en vue d’accéder à des réseaux pour bénéficier de conseils.
Face à ces situations de développement piscicole souvent qualifiées d’informelles,
le « fonds de garantie » est l’un des rares outils qui pourrait atteindre ces catégories
délaissées. Il offre un canal de diffusion et de discussion des bases essentielles dont
dépend la pisciculture. Il a davantage la capacité d’inciter à choisir des techniques
valorisant davantage les ressources des exploitations puisqu’il encourage les amélio-
rations du système (au niveau des aménagements par exemple). Il se montre donc
plus ouvert que les dispositifs types crédits de campagne qui garantissent l’accès aux
intrants (essentiellement les aliments).

Rôle des outils de financement dans le développement de la pisciculture


Cette revue montre que les différentes catégories de pisciculture ne bénéficient pas
des mêmes appuis (cf. Tableau 2). Majoritairement, les initiatives privées bénéfi-
cient d’un volume important de financements, directs ou indirects, pas toujours
connus. Le débat qui vise à opposer des formes privées non subventionnées à des
formes qui seraient davantage subventionnées dans une perspective de lutte contre
la pauvreté et de sécurité alimentaire, n’est pas fondé.
La majorité des outils de financement ne cherche qu’à sécuriser le fonctionne-
ment de l’élevage en privilégiant l’utilisation de consommations intermédiaires
marchandes, peut-être du fait qu’elles seraient plus faciles à apprécier, auraient des
performances plus fiables et indiqueraient le chemin d’une industrie moderne et
efficiente4. Les outils de financement décrits imposent des schémas tout faits et des
chemins techniques étroits. Plus inquiétant, les actions de subventions n'intègrent

3 Loin dans tous les sens du terme : en terme physique, social et économique, ce qui rejoint la notion de groupe local de Jean-Pierre Darré (1999)
constituant une condition des innovations.
4 Cette affirmation, présente dans la littérature revue ici, est interrogeable puisqu’elle ne questionne pas le coût de production, l’effet sur les
catégories vulnérables et la création de richesse au niveau de l’État.

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Financement des PME
pas la participation à l'investissement du producteur. Deux situations extrêmes se
rencontrent : des cas où l'investissement est d'abord supporté par le bénéficiaire,
que ce soit le cas des piscicultures industrielles ou des PEPICIEF (avec quelques cas
de PME) ; et des cas de distribution de fonds sans aucun gage de gestion de la part
des producteurs où l'identité des véritables propriétaires est ignorée.
Hishamunda et Ridler (2006) concluaient que les bailleurs de fonds, en se focali-
sant sur la quantité de poisson produite, utilisent un indicateur incapable, à lui seul,
de rendre compte et de comparer les réalités observées. Ils proposent de s’attacher
davantage aux coûts de production.
La très grande majorité de ces outils de financement ne cherchent pas à valoriser les
avantages spécifiques des petites structures et notamment des exploitations fami-
liales souhaitant faire de la pisciculture commerciale. Au Kenya, Nora (2013) s’in-

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terroge sur la très faible performance des fermes ayant fait le choix de l’aliment et
propose d’avoir recours à des techniques valorisant les ressources des exploitations
agricoles (meilleur maintien de l’eau, utilisation de fumiers et de compost,…). Au
Ghana, Crenstil et al. (2014) proposent de mener des recherches pour abaisser
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les coûts de production, en subventionnant notamment l’approvisionnement d’ali-


ments performants (susceptible de générer un bon indice de conversion). Mais ceci
est difficile à conduire comme en témoignent Munguti et al. (2014) dans le cas du
Kenya (nombreuses déceptions suite à l’utilisation d’aliments ou de souches n’ayant
pas apporté les résultats escomptés) ou Awity (2013) dans celui du Ghana (profu-
sion d’aliments de qualité non garantie).
Les « fonds de garantie » se présentent comme un outil incitatif de financement
d’aménagement d’étangs au sein de petites exploitations familiales, à coût réduit.
Il pourrait probablement être transposé aux actions ciblant les PME piscicoles à
condition de travailler dans la confiance et la responsabilisation des producteurs. Il
permet une non-simplification de messages techniques délicats. Il nécessite un dia-
logue constructif entre les différents acteurs. La mise en place de solutions mettant
en valeur les ressources mobilisées au sein des systèmes d’activité privés ne peut être
réussie que si un débat clair et partagé existe autour des choix techniques possibles
et de leurs performances effectives. Ceci permet en retour leur implication dans la
proposition d'évolutions porteuses de performance.
L'implication des pisciculteurs reste cruciale par la meilleure compréhension du
fonctionnement de leur pisciculture et de l'identification des potentialités des dif-
férentes voies. Dès 2000, Brummett et Williams concluaient que l’aquaculture leur
paraissait plus durable lorsqu’elle était conçue comme une composante d’un déve-
loppement rural intégré, la voie la plus prometteuse de son amélioration étant celle
d’un sentier évolutif. La collaboration de petits pisciculteurs avec des universités ou
des chercheurs d’organismes gouvernementaux leur semblait en mesure d’améliorer
progressivement l'utilisation et la combinaison des différents intrants possibles, les
performances de leurs techniques et l’accès aux marchés.

91 TFD 124/125 - Novembre 2016


Conclusion
Le financement en appui au développement de la pisciculture en Afrique subsa-
harienne est surtout déterminé par des principes de simplification de gestion des
projets tenant peu compte de la réalité des marchés et des coûts de production. Le
peu d’attention portée au développement de la PEPICIEF en est une illustration.
Jusqu'à maintenant, les mécanismes ne répondent pas à la demande des petites
exploitations familiales de s'orienter vers cet élevage.
L'orientation politique dominante vers l’appui à la PME de pisciculture ne permet
pas de progresser dans l'identification d'outils financiers susceptibles de résoudre les
exigences de cette production par ses promoteurs et de bien les accompagner. Une
rencontre des intérêts entre des opérateurs de financements et des élites et cadres
locaux à la recherche de systèmes simples pouvant compléter leurs nombreuses acti-

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vités et répondant à leur attrait pour le poisson est-elle en mesure d’expliquer ces
flux financiers qui ne profiteront qu'à un nombre limité ? Est-ce la raison du flou
entretenu sur la notion de PME de pisciculture où se côtoient des exploitations
patrimoniales et quelques authentiques entrepreneurs ? Ces choix conduisent à des
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coûts de production élevés et à une incapacité à offrir un substitut au poisson de


grande consommation dont ces pays ont besoin. Ils ne participent donc pas ou peu
à une réduction à long terme de l'insécurité alimentaire. L’étude systématique des
retombées de ces approches financières pour les pays et de l'intérêt pour la collecti-
vité paraît nécessaire.
Le développement de la pisciculture nécessite un accès à des financements incitatifs
innovants (comme les « fonds de garantie ») qui doivent être couplés avec des dispo-
sitifs d’appui-conseil et de formation, des recherches adéquates permettant de cla-
rifier en amont les choix technologiques posés. Les outils financiers d’aujourd’hui
mettent les petits producteurs dans une situation où ils ne sont pas protégés des
risques de leurs choix, tout en leur imposant des options technologiques qu’ils ne
souhaitent pas. Ils ignorent aussi les évolutions actuelles de la pisciculture en tant
qu'activité commerciale intégrée au sein d'exploitations familiales. Ceci rejoint une
problématique fréquente de l’adaptation des financements aux petits producteurs
(FAN et al., 2013).

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