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PERFORMANCE COMMERCIALE
Le cas d'un centre d'appels
Brigitte Charles-Pauvers et al.
2007/7 - n° 176
pages 15 à 33
ISSN 0338-4551
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TIC DOI:10.3166/RFG.176.15-33 © 2007 Lavoisier, Paris.
Pratiques de gestion
des ressources humaines
et performance
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commerciale
P
Le contexte actuel de la armi les nouvelles formes organisationnelles liées
téléphonie mobile en France
mobilise de nouveaux aux technologies de l’information et de la com-
services et technologies et munication, les centres d’appels (CAP)1 connais-
conduit à réexaminer le
sent, depuis une quinzaine d’années, un développement
contenu des missions des
conseillers clients et sans précédent et sont devenus stratégiques pour beau-
l’évaluation de leurs coup d’entreprises (Kislowski, 1996). De nombreux
performances.
L’expérimentation d’une ouvrages sur leur mise en œuvre leur sont consacrés,
solution de quality alors que la littérature académique est beaucoup moins
monitoring, dans un des
féconde, en particulier dans le champ des ressources
centres d’appels d’un
opérateur leader, donne des humaines, de la relation hiérarchique et de l’organisa-
éléments de réponse à deux tion du travail. Frenkel et al. (1998), Pichault (2000)
questions: quel
accompagnement en montrent d’ailleurs le besoin de renouveler les outils tra-
management des ressources ditionnels de ressources humaines pour aborder ces
humaines mettre en œuvre
formes hybrides d’organisation : contrôlés à l’extrême,
pour assurer l’efficacité de
cet outil, quel lien établir soumis à une performance quantitative mesurée en per-
entre l’utilisation de cet outil manence, les téléconseillers suivent un script très strict ;
et la performance
commerciale des équipes
commerciales? La recherche 1. Ce vocable (que nous utiliserons sous le sigle CAP) regroupe toutes
exploratoire menée dans ce les opérations spécialisées pour lesquelles les salariés, avec des ordina-
centre pilote pour la mise en teurs, reçoivent des appels entrants ou émettent des appels sortants qui
œuvre de cet outil sont gérés et contrôlés par un système téléphonique du type « Automa-
informatique éclaire ces tic Call Distribution » ou équivalent et pour lesquelles le couplage télé-
questions.
phonie-informatique est présent.
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dans le même temps, le succès de leur mis- 1. Entre taylorisme du XXIe siècle
sion, la satisfaction de leur client exigent et épanouissement au travail
une implication certaine avec la mise en Les CAP regroupent des réalités variées,
œuvre des conditions susceptibles de la aussi bien en termes d’implications organi-
créer. sationnelles que de comportements atten-
L’introduction, dans un CAP français, dus du personnel, en particulier selon qu’ils
d’une solution de « quality monitoring » sont intégrés à l’entreprise ou au contraire
très perfectionnée offre l’opportunité d’ana- externalisés et que leur personnel est per-
lyser, auprès des téléconseillers et de leurs manent ou en relation d’emploi flexible.
supérieurs, la perception de leur travail. Pichault et Zune (2000) considèrent que le
Cette solution répond, pour la direction des fait de traiter des appels entrants ou sortants
centres clients de cet opérateur de la « télé- et de travailler de manière plus ou moins
phonie mobile », à l’évolution du marché : pérenne pour des clients uniques ou mul-
positionnement dans une logique de fidéli- tiples influencent profondément la gestion
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nombreux, pour qui la réalité est beaucoup tend à évoluer vers le coaching des salariés
plus complexe et soulève des probléma- pour améliorer cette performance et la qua-
tiques de gestion habituelles, même si le lité de leurs interactions avec les clients.
contexte des CAP exige un traitement Ainsi plutôt que d’exiger un respect trop
adapté (Pichault et Zune, 2000 ; Beirne strict des scripts, ils tentent de leur laisser
et al., 2004). Bain et Taylor (1999, 2000), une marge de manœuvre et de favoriser un
Cossette (2000) montrent que la réalité des travail en groupe, sans nuire à la producti-
CAP français ou québécois et nord améri- vité globale (Pichault, 2000 ; Buscatto,
cains est relativement homogène. Les télé- 2002). L’objectif est ainsi de construire une
conseillers sont plutôt jeunes, de sexe fémi- identité collective tout en développant un
nin, pour beaucoup à temps partiel, avec esprit de compétition pour des objectifs
des contrats à durée limitée. Leur mission toujours plus élevés, relevant en quelque
ressemble à « une chaîne de montage dans sorte d’une démarche de « high commit-
la tête » (Bain et Taylor, 1999). Les exi- ment management » (Hutchinson et al.,
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gences de productivité (nombre d’appels, 2000). Le challenge est d’autant plus fort
MÉTHODOLOGIE
Nous avons retenu, pour cette recherche exploratoire, des méthodes d’investigation quali-
tative complétées par l’utilisation d’échelles de mesure des concepts mobilisés dont la vali-
dation interne et convergente est confirmée dans des travaux français8. Cinquante-neuf
entretiens semi-directifs ont été conduits, suivis de l’auto-administration d’un questionnaire
en ligne. Le guide d’entretien identifient les perceptions qu’ont les salariés de leur mission,
de la façon dont ils se sentent aidés et managés, de leur implication dans leur travail et dans
l’organisation, de leurs relations avec leurs collègues, collaborateurs et supérieurs, de leur
satisfaction vis-à-vis de leur travail, de leur hiérarchie et de leur rémunération.
Le questionnaire mesure, par des échelles graduées de 1 à 5, le style de management
(Hersey et Blanchard, 1993), la satisfaction vis-à-vis des collègues et des supérieurs
(Mogenet, 1988), de l’emploi (Weiss et al., 19779), de la rémunération (Henneman et
Schwab, 198510), et enfin l’implication, affective et calculée par rapport à l’organisation
(Mowday et al., 1979 ; Allen et Meyer, 1996) et par rapport à l’emploi (Kanungo, 1982).
Enfin, la performance individuelle est évaluée par la durée moyenne de traitement d’un
appel, le taux de placement brut agrégé des produits offerts et des indicateurs de satisfac-
tion du client, obtenus à partir des relevés de satisfaction réalisés au moment de l’enquête.
7. Ils sont structurellement intégrés dans le centre mais la durée maximale de présence individuelle ne peut excéder 9 mois.
8. Ces échelles ont été choisies car elles semblent faire référence chez les chercheurs français (Neveu et Thévenet,
2002 ; Roussel, 1996).
9. Dans Roussel (1996).
10. Dans Roussel (1996).
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La collecte des données, sous anonymat, a 1. Les salariés face à leur emploi
été réalisée sur le lieu et le temps de travail. Une première série d’analyses concerne
Les données quantitatives ont été analysées globalement la perception de la mission de
avec le logiciel SPSS 11.5 (tests de fiabilité, téléconseiller, la satisfaction globale des
tris à plat, croisés, analyses hiérarchiques salariés par rapport à leur emploi (satisfac-
ascendantes, multivariées). Les indices de tion intrinsèque et extrinsèque) ainsi que
fiabilité des échelles sont corrects (entre sur leur implication dans leur emploi et
0,70 et 0,90). Les données qualitatives, dans leur organisation.
issues des entretiens, ont été soumises à une
analyse de contenu proche de l’analyse de Téléconseiller : une mission ambiguë
l’énonciation. et un métier en construction
Les résultats obtenus visent à permettre une Les différentes catégories de personnels du
réflexion sur l’accompagnement nécessaire centre semblent11 à 32 % plutôt satisfaites
en matière de politique de gestion des res- ou très satisfaites de leur emploi (msqsat),
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Figure 1
SATISFACTION GLOBALE VIS-À-VIS DE L’EMPLOI,
DE LA SATISFACTION INTRINSÈQUE
11. Les échelles sont graduées de 1 à 5, 1 signifiant très insatisfait ; 2, insatisfait ; 3, ni satisfait ni insatisfait ; 4, satis-
fait ; 5, très satisfait. Ils correspondent aux chiffres indiqués en abscisse de toutes les figures présentées.
Pratiques de gestion des RH et performance commerciale 21
tion de leur forfait ou factures plus souvent ; reconnue entre les conseillers, la mission
savoir analyser par rapport à son dossier conseiller client, quelque part, je pense que
donc savoir lire sur un dossier dans toutes c’est pas reconnu…
les applications qui sont liées à un dossier, Oui, je pense que c’est moins valorisant que
rechercher l’anomalie ou la réponse à la d’être conseiller client dans une banque,
question. » ou… Il y en a partout maintenant un peu
La mission revêt une dimension technique des téléconseillers ; mais je pense qu’en
avec l’évolution des produits, des CAP, je trouve que ça dévalorise un petit
demandes des clients (« de plus en plus peu. »
éduqués ») et des outils informatiques ; Enfin, les conseillers regrettent le manque
une dimension commerciale avec le déve- de réflexion sur l’évolution de leur mission,
loppement rapide de l’activité de vente ; et de leur carrière au sein du centre, voire
une dimension organisationnelle liée aux même au sein de l’organisation. Ce constat,
changements dans les procédures, dans les associé au caractère répétitif de la mission
modes et les outils de management (défini- et au manque de reconnaissance, est sou-
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tion des objectifs, indicateurs d’activité, vent cité comme facteur important de
Figure 2
SATISFACTION DE LA RÉMUNÉRATION DIRECTE, GLOBALE,
DES AUGMENTATIONS DE SALAIRES
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conseiller. Ils soulignent également l’usure bale (remglo), des augmentations de salaire Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 86.77.219.46 - 09/02/2013 13h52. © Lavoisier
professionnelle liée à l’ancienneté dans le (remaug).
poste. Ainsi, la satisfaction liée à la rémunération
reste le premier élément spontanément cité.
Des salariés satisfaits de manière La majorité des salariés notent le niveau
extrinsèque et impliqués de manière satisfaisant, voire très satisfaisant, de rému-
calculée nération ; l’introduction de la part variable
Les salariés se déclarent majoritairement sur les ventes est un élément important,
satisfaits des aspects extrinsèques de leur générateur de modification des comporte-
travail, la rémunération et les conditions de ments, et malgré tout, diversement appré-
travail étant très fréquemment citées. cié. La part variable, permettant d’augmen-
La figure 2 donne des résultats globaux de ter considérablement le salaire de base, est
satisfaction vis-à-vis de la rémunération considérée par certains salariés comme évi-
directe (remniv), de la rémunération glo- demment très avantageuse, mais également
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Les entretiens permettent de mieux com- gnent que cet opérateur constitue « une
prendre l’implication affective : l’organisa- carte de visite » pour leur avenir profes-
tion représente aussi bien le CAP, que l’en- sionnel.
treprise de rattachement et le groupe. Les La cohabitation intérimaires - permanents
conseillers s’identifient parfois aux clients : ne semble pas créer de tensions mais
les pratiques de vente « push » les heurtent ; demande, selon quelques-uns, une attention
certaines offres, jugées prioritaires, ne leur particulière des supérieurs, attention parfois
semblent pas du tout adaptées au besoin de jugée absente ou maladroite. Il s’agit plutôt
certains de leurs clients. Considérant que « d’indifférence réciproque », attribuée à la
leurs remarques ne seront prises en compte durée relativement courte de la présence
ni par la hiérarchie ni par la stratégie mar- des intérimaires, à leur nombre important et
keting de leur groupe, ils ne font plus à leur renouvellement incessant.
remonter les informations et prennent de la Aux côtés de la politique de rémunération
distance. et des facteurs externes non contrôlables
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Leur implication calculée, légèrement supé- par l’entreprise, ces résultats pointent l’im-
Tableau 1
LES STYLES DE MANAGEMENT PERÇUS PAR LES SALARIÉS
Groupe 1 Groupe 2
Note : PAT : pas du tout d’accord, PA : pas d’accord, NN : ni d’accord ni pas d’accord, A : d’accord, AT : tout à fait
d’accord.
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licite leur avis, donne des ordres, prend ses seiller, expérience jugée indispensable par
responsabilités, fait preuve de fermeté et est beaucoup.
toujours là en cas de besoin ; ils apprécient Les styles de management perçus interagis-
son soutien. Ceux qui le considèrent sent significativement avec l’implication
comme « absent » déclarent qu’ils ne les affective dans l’organisation : les perma-
aident pas, ne les soutient pas et ne leur nents qui considèrent leur supérieur comme
facilite pas le travail. « absent » sont significativement moins
La perception du management est impliqués que leurs collègues. Les entre-
construite sur celle des pratiques du supé- tiens illustrent les facteurs de cette faible
rieur immédiat, les contacts avec les implication : manque de rigueur des supé-
niveaux supérieurs étant distants, voire rieurs (réunions prévues non tenues, enre-
inexistants. Les discours du supérieur et le gistrements non exploités, etc.), flou dans le
mode relationnel avec son équipe (directif contenu et la mise en œuvre des directives,
ou non, proche ou distant, respectueux ou manque d’information et de communica-
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non), ses capacités à encadrer, à animer, à tion (les conseillers sont parfois informés
12. Des tests de différence de moyenne, des analyses multivariées de la variance (MANOVA) et des analyses uni-
variées de la variance (ANOVA) ont été réalisés afin de tester les relations entre les variables de perception et les
indicateurs de performances.
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2000 ; Frenkel et al., 1998 ; Kinnie et al., construits par la direction de l’entreprise,
2000), la rémunération attractive, compo- sans aucune concertation avec les respon-
sée d’une partie variable directement liée sables d’équipes ; à aucun moment, les
aux résultats reste un élément essentiel de résultats ne sont discutés avec eux. Les
fidélisation des téléconseillers, qui exprime supérieurs, soumis à la forte pression quoti-
très clairement leur implication calculée. dienne, appréhendent difficilement les
Les conditions de travail (horaires groupés leviers d’action. Une fois encore, l’accom-
en demi-journée) constituent un autre élé- pagnement des supérieurs semble essentiel,
ment de satisfaction extrinsèque des sala- de même qu’une cohérence globale entre
riés. Ainsi, l’introduction de la solution de les objectifs de l’entreprise (développer les
quality monitoring se situe à un moment où ventes et améliorer la satisfaction des
téléconseillers mais aussi supérieurs ressen- clients) et leur traduction auprès des per-
tent le besoin d’accompagnement et de sonnes en charge de les appliquer, les télé-
reconnaissance alors que les diverses mani- conseillers et leurs supérieurs hiérar-
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festations organisées par le siège ne sem- chiques. Une réflexion sur la faisabilité de
qui ne sont, en aucun cas, garanties. Par ration des conseillers et… la performance
ailleurs, la situation très paradoxale des du CAP clients. Nos résultats illustrent la
CAP (pressions de productivité extrêmes et complexité de la gestion des ressources
incitation à la performance qualitative des humaines des CAP, dans lesquelles le per-
services) où la mesure de la performance sonnel intérimaire côtoie de manière struc-
est permanente, tend à nuancer l’introduc- turelle les salariés internes à l’entreprise,
tion de mesures d’accompagnement en ges- devant conduire à prendre en compte ces
tion des ressources humaines de type impli- deux catégories de personnel, confrontées
catif ainsi que le montrent les résultats de de manière identique à la demande des
Kinnie et Odhie (2002). En effet, la seule clients et aux exigences de productivité.
mesure réellement prise en compte aujour- Notre cas illustre tout à fait les questions
d’hui reste celle de la mesure quantitative nouvelles que posent les organisations
des performances commerciales sur « perméables » (Rubery et al., 2004) à la
laquelle repose la part variable de rémuné- gestion des ressources humaines.
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