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PERFORMANCES
2003/6 - no 147
pages 247 à 258
ISSN 0338-4551
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BENCHMARKING
PAR XAVIER MESNARD,
JEAN-CLAUDE TARONDEAU
Utiliser l’audit
par benchmarking
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L’
audit externe évoque le contrôle par des
est un outil d’amélioration
tiers des performances financières de l’en-
des performances
par comparaison
treprise et de la conformité de ses pratiques
des pratiques d’entreprises par rapport à la réglementation ou aux règles couram-
ou par transfert ment admises. Or les performances financières ne
d’innovations d’une s’obtiennent pas ex nihilo. Elles naissent de la plus ou
industrie à une autre.
moins bonne gestion du portefeuille produits ou ser-
Ce texte analyse les
méthodes d’audit utilisées
vices et de leur positionnement sur le marché, du
par A.T. Kearney et évalue niveau de performance des principaux processus stra-
les conditions à remplir tégiques tels que processus de R&D ou processus
pour que le benchmarking logistique, de la qualité des ressources mises en
débouche effectivement sur œuvre, du talent de son personnel et de ses aptitudes
des actions d’amélioration.
pour identifier et mettre en œuvre les meilleures pra-
tiques de management.
L’identification et l’évaluation de ces facteurs de perfor-
mance exigent de disposer de cadres de références. On
les obtient généralement en exploitant des comparaisons
systématiques et organisées de performances et des fac-
teurs explicatifs correspondants au sein d’un échantillon
d’entreprises choisies pour offrir un spectre suffisant de
situations exploitables. Ces méthodes, dites de « bench-
248 Revue française de gestion
1. Pour traiter les problèmes de Xerox qui perd rapidement de sa compétitivité par rapport aux producteurs japonais
de photocopieurs, R. Camp mène, au début des années 1980, une étude comparative approfondie des produits et
processus de production de Xerox avec Fuji-Xerox et d’autres concurrents japonais. Cette première expérience de
« benchmarking », qui permit à Xerox de redresser rapidement sa position, est relatée dans Camp (1989).
2. Définition donnée sur un site internet spécialisé : www.stratenet.com
L’audit par benchmarking 249
meilleure acceptation des résultats par les retenir celles qui réalisent les meilleures
parties prenantes. L’accès facilité, car au performances. Philips se compare à General
sein de la même entreprise, aux facteurs Electric, General Motors à Toyota, l’Essec
explicatifs de cette performance permet à l’Insead. Le but de la démarche est de
également d’accélérer le travail d’analyse mesurer l’écart de performance par rapport
des différences, d’identifier les facteurs de au meilleur de la classe et tenter de mettre
succès correspondants et, le cas échéant, de en évidence les principaux facteurs explica-
prendre les mesures pour remédier aux tifs de cet écart. C’est le point de départ du
écarts de performance constatés processus de fixation des objectifs à
Dans le cadre de cet article, nous limiterons atteindre pour rivaliser avec les meilleurs.
notre propos à l’audit externe et traiterons En conséquence, les changements réalisés
donc uniquement du benchmarking s’ap- le sont par mimétisme. On s’aligne sur les
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Figure 1
POTENTIEL DES DIFFÉRENTS TYPES DE BENCHMARKING
250 Revue française de gestion
3. SelfAssessor est un outil disponible sur internet qui permet à une organisation de s’étalonner en temps réel sur
des échelles de performances telles que celle de l’EFQM (European Foundation for Quality Management), du
MBNQA (Malcolm Baldrige National Quality Award) ou de l’AQA (Australian Quality Award). Pour plus d’infor-
mation, voir : http://www.benchnet.com/selfassess/index.htm.
4. Surveyor est un outil d’enquête en ligne où les entreprises à la recherche d’informations peuvent administrer leurs
propres questionnaires et obtenir les réponses par courrier électronique de façon quasi instantanée. Pour plus d’in-
formation, voir : http://www.industrymetrics.com
5. Les deux auteurs de ce texte ont directement participé à l’administration de GEO, l’un comme responsable du
programme pour la France, l’autre comme membre du GEO Academic Advisory Board.
L’audit par benchmarking 251
Figure 2
LA STRUCTURE FORMELLE DE L’OUTIL GEO
252 Revue française de gestion
innovation, qui sont, dans le concept GEO, tain nombre de forums de rencontre
les fondements de la création de valeur. ouverts aux participants et à d’autres entre-
Ces hypothèses font l’objet de nombreuses prises, et permettant d’échanger sur les
vérifications. Ainsi à titre d’exemple, les niveaux de performance, facteurs explica-
cinq meilleures entreprises du programme tifs et meilleures partiques. Chaque entre-
GEO 2001 créent 2,5 fois plus de valeur prise participante reçoit un rapport indi-
économique que la moyenne de l’échan- quant sa position par rapport aux cinq
tillon des firmes participantes et elles sont entreprises leaders et par rapport à la
significativement plus performantes que la moyenne des participants ainsi que des
moyenne sur ces cinq indicateurs agrégés. hypothèses d’explication de ces positions
et des recommandations de domaines
2. Le processus de collecte et traitement d’amélioration et de types d’actions.
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6. Abernathy (1978).
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sont pas contraintes par son organisation. fut une division médicale du groupe Sie-
Ne prenant en compte qu’un ensemble mens qui avait développé un système mon-
homogène de produits-processus, l’unité dial de webcam sur internet permettant la
productive est une partie de l’entreprise gestion visuelle des sites où sont installés
parfois assimilable à une division dans une les équipements qu’elle livre à ses clients.
structure multidivisionnelle. Mais associant Cette entreprise était excellente à tous
clients, fournisseurs et autres partenaires points de vue sur les aspects classiques de
des processus opératoires, l’unité produc- la gestion des opérations comme le mon-
tive déborde les frontières juridiques de traient les résultats de l’analyse menée en
l’entreprise. L’unité productive met en première phase mais fut distinguée en
œuvre des processus, consomme des res- deuxième phase grâce au flair et au ques-
sources, développe des compétences dans tionnement ouvert des équipes de visite.
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lots, etc. Ceux-ci sont influencés par la poli- Sélectivité des domaines à analyser
tique d’investissement, la stratégie de main- C’est le corrolaire de la profondeur d’analyse.
tenance, la performance des équipes de pro- Il s’agit de focaliser l’analyse sur les
duction, l’offre de service, etc. Sur quel domaines qui font vraiment la différence plu-
domaine focaliser ses efforts ? tôt que de rechercher l’exhaustivité au détri-
Pour dépasser la notion d’audit et jouer ment de la pertinence. Pour une entreprise,
pleinement son rôle de déclencheur de l’ac- l’exercice d’étalonnage concurentiel devra
tion visant à améliorer la performance opé- donc être précédé ou accompagné d’une ana-
rationnelle, l’exercice de benchmarking ou lyse des leviers de performance et de sélection
d’étalonnage concurentiel doit présenter les des plus importants dans son contexte propre.
caractéristiques suivantes : L’approche GEO vise à permettre de faire le
lien entre étalonnage et amélioration de per-
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