Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
D'UNE ALLIANCE
Belgacem Bchini
Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 41.202.219.70 - 11/05/2017 14h01. © Direction et Gestion (La RSG)
Article disponible en ligne à l'adresse :
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
http://www.cairn.info/revue-des-sciences-de-gestion-2005-3-page-93.htm
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 41.202.219.70 - 11/05/2017 14h01. © Direction et Gestion (La RSG)
La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les
limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la
licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie,
sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de
l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage
dans une base de données est également interdit.
Stratégie de la gouvernance
de la performance d’une alliance
par Belgacem Bchini
Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 41.202.219.70 - 11/05/2017 14h01. © Direction et Gestion (La RSG)
Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 41.202.219.70 - 11/05/2017 14h01. © Direction et Gestion (La RSG)
Dossier
94 La Revue des Sciences de Gestion, Direction et Gestion n° 213 - Organisation
– pour favoriser la synergie créatrice et la fertilisation De plus, la performance globale d’une alliance est la
Stratégie de la gouvernance
Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 41.202.219.70 - 11/05/2017 14h01. © Direction et Gestion (La RSG)
tion en général, sinon un constat plutôt négatif, les
auteurs se sont dirigés vers deux voies distinctes pour
discriminer alliances réussies et échecs : Par-delà ses bases conceptuelles et approches typolo-
une approche basée sur l’évaluation d’une forme parti- giques, les frontières des alliances seront exposées au
Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 41.202.219.70 - 11/05/2017 14h01. © Direction et Gestion (La RSG)
Dossier
La Revue des Sciences de Gestion, Direction et Gestion n° 213 - Organisation 95
manufacturières appartenant au secteur industriel de leurs activités pour accéder à certains marchés,
Stratégie de la gouvernance
tunisien, nous avons pu dresser le bilan du partenariat obtenir des ressources, ou prévenir les contraintes. Elle
comme le montre le tableau suivant : n’exclut pas la concurrence sur d’autres activités ou
Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 41.202.219.70 - 11/05/2017 14h01. © Direction et Gestion (La RSG)
– Les alliances commerciales sont des relations très
complexes établies entre clients et fournisseurs, qui
constituent le partenariat vertical.
Dossier
96 La Revue des Sciences de Gestion, Direction et Gestion n° 213 - Organisation
les choix effectués, dans le cadre du projet ou de l’acti- délimiter leurs frontières, il est possible de présenter les
Stratégie de la gouvernance
vité commune. Par contre, pour les alliances, l’engage- différentes contributions qui s’inscrivent dans la
ment des acteurs n’est pas définitif et les partenaires perspective de la définition et la mesure de leur perfor-
2. Les conceptualisations
associés restent indépendants à la suite de la formation mance.
d’une alliance
Le choix entre les deux opérations, dont on vient de
tracer les grandes lignes, dépend, fondamentalement, de
l’idée que l’on se fait du problème à traiter et de l’avan-
tage à acquérir.
Pour étudier la performance d’une alliance, la logique
1.3. Origine historique et évolution impose d’envisager tout d’abord la notion pour l’entre-
des alliances prise en général.
Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 41.202.219.70 - 11/05/2017 14h01. © Direction et Gestion (La RSG)
La simple observation historique montre que les straté- 2.1. La notion de performance
gies d’alliances ne sont pas véritablement une d’une entreprise
nouveauté. En effet, au début du vingtième siècle, de
Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 41.202.219.70 - 11/05/2017 14h01. © Direction et Gestion (La RSG)
nombreuses alliances technologiques ont été créées dans Définir la notion de performance et lui donner une signi-
l’industrie électrique, la métallurgie, le pétrole et les fication juste et arrêtée semble être une tâche difficile.
activités minières. Dans les années cinquante, les En effet, depuis son apparition avec A. Smith jusqu’à
grandes entreprises américaines de l’industrie du fer et nos jours, cette notion n’a cessé de subir des modifica-
de l’acier ont pu, en multipliant les joint-ventures, tions sémantiques.
investir et dominer de nombreuses activités émergentes. Paradoxalement, elle reste encore mal définie compte
Cependant, jusqu’aux années soixante - dix, les tenu de sa complexité et de son ambiguïté.
alliances stratégiques restent limitées à des situations Par ailleurs, il importe de préciser que l’évolution de la
spécifiques (Vasseur J., 1995). Entre 1978 et 1985, le notion de performance semble avoir suivi l’évolution du
nombre d’accords entre firmes américaines, japonaises management. Les différents courants de pensée qui ont
et européennes a ainsi été multiplié par trente (Dussauge jalonné l’histoire, allant du management scientifique de
P. et Garette B., 1996). Dans un premier temps, ce Taylor en 1910 à l’approche de contingence avec
mouvement a concerné les grandes entreprises indus- Lawrence Lorsch en 1970 se sont plutôt limités à la
trielles dans les secteurs à forte intensité technologique définition de la performance au travers de la présenta-
tels que les semi – conducteurs, l’aéronautique civile, la tion d’un ensemble de critères (Payrette A., 1989).
biotechnologie, les télécommunications et l’automobile Cependant, plusieurs autres auteurs se sont mis à définir
(Collins T.M et Doorley T. L., 1992). Depuis le début ce concept, en l’assimilant soit à l’efficacité, soit à l’effi-
des années quatre - vingt – dix, cette stratégie s’est cience, soit à la pertinence, soit à la combinaison de
généralisée, y compris aux activités de services et aux deux ou de tous les paramètres.
P.M.E., on a ainsi beaucoup parlé des alliances Mais, il importe de noter que l’aspect fondamental de la
bancaires, des stratégies de coopération des compagnies performance est sans aucun doute l’efficacité. Celle – ci
aériennes et de la multiplication des accords de distri- se réfère à une finalité.
bution (Vasseur J., 1995). L’évaluation de la performance suppose l’existence de
Après avoir envisagé les alliances dans leur proximité et critères qui tiennent compte des conditions d’exécution
leurs différences par rapport aux autres formes de des travaux des divers agents au sein de la firme, dans
rapprochement ainsi que leur évolution, en vue de sa globalité et au sein de chaque centre de responsabi-
Dossier
La Revue des Sciences de Gestion, Direction et Gestion n° 213 - Organisation 97
lité s’il y a lieu de possibilité de découpage de l’entre- Davidson W. H. (1987), quant à lui avance que les
Stratégie de la gouvernance
prise. critères doivent être liés à des variables qualitatives
comme les responsabilités individuelles, les cultures
Ces critères peuvent être : organisationnelles, les styles administratifs et les philo-
– Le résultat réalisé : résultat global de l’entreprise ou sophies de management.
résultat partiel de chaque centre d’activité. Par ailleurs, Cartwright et Cooper (1989), quant à eux,
– L’effort fourni. ont envisagé les aspects humains comme l’un des
– Le comportement adopté. facteurs de succès. Plus précisément, ils ont proposé
d’expliquer la performance de l’organisation mutuelle
Donc, cette évaluation sera faite sur la base des résultats par la compatibilité des organisations et l’émergence
réalisés, de l’effort fourni et du comportement adopté d’une identité commune. Ils ont établi deux résultats.
par chaque chef d’entreprise ou, en d’autres termes, par D’une part, les organisations qui abandonnent leurs
Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 41.202.219.70 - 11/05/2017 14h01. © Direction et Gestion (La RSG)
les subordonnés qui sont les acteurs principaux au sein différences, réussissent moins bien (en termes finan-
de l’entreprise. ciers). D’autre part, les organisations qui ont les
meilleurs résultats financiers sont aussi celles qui
Définir le cadre général de la performance d’une entre- produisent le plus d’insatisfactions chez leurs employés.
Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 41.202.219.70 - 11/05/2017 14h01. © Direction et Gestion (La RSG)
Dossier
98 La Revue des Sciences de Gestion, Direction et Gestion n° 213 - Organisation
d’évaluation ne sont pas standards, mais qu’ils varient parle en termes de théorie de jeu, comme des situations
Stratégie de la gouvernance
Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 41.202.219.70 - 11/05/2017 14h01. © Direction et Gestion (La RSG)
additionner les jugements d’experts ; celle-ci révèle que et changent les mesures en fonction de ces évolutions.
la performance organisationnelle a été envisagée dans Certaines se servent de mesures standards une fois que
les trois dimensions suivantes : l’alliance a mûri et qu’elle est devenue une affaire
– la stabilité des individus contre la flexibilité de l’orga- stable.
Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 41.202.219.70 - 11/05/2017 14h01. © Direction et Gestion (La RSG)
Dossier
La Revue des Sciences de Gestion, Direction et Gestion n° 213 - Organisation 99
Stratégie de la gouvernance
Performance d’une alliance - Entrées, sorties ou ni les unes, ni les autres. (William O., 1979)
correspond à son succès - Responsabilités individuelles, cultures organisationnelles, styles administratifs et philosophies
de management. (Davidson W. H. 1987).
- Compatibilité des organisations et émergence d’une identité commune. (Cartwright et Cooper 1989).
- Durabilité de la relation. (Ohmae 1990).
- Profit, cash- flow.
- Satisfaction de la clientèle (Anderson E. 1990).
- Alignement sur les objectifs définis par une alliance (Ranjay G, Tarun K., Nitin N., 1994).
Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 41.202.219.70 - 11/05/2017 14h01. © Direction et Gestion (La RSG)
Hypothèse 3 : chaque type d’alliance nécessite un
contributions non exhaustives ci-après nous donnent une
d’évaluation de la performance
– pour agir ;
d’une alliance
– pour aider les dirigeants et les membres du conseil
d’administration de l’organisation commune à évaluer
l’efficacité de la mise en œuvre de sa stratégie ;
– pour permettre aux dirigeants de savoir quand les
La performance d’une alliance est la condition de sa éléments importants du plan stratégique atteignent les
pérennité. Celle –ci constitue également un objectif objectifs et quand les ajustements s’imposent.
majeur pour l’entreprise.
Par ailleurs, la performance d’une alliance constitue Mais la question qui se pose est la suivante : les
aussi un enjeu pour tous, des partenaires aux employés mesures de la performance financière suffisent – elles à
et à l’organisation mise en œuvre. Elle s’exprime en répondre à ces objectifs ?
termes de réussite et s’applique à toutes les dimensions Au plan organisationnel, le fait de disposer de données
de l’organisation commune et de chacun des partenaires, tangibles et objectives sur les résultats de l’activité
et renvoie à la fois aux résultats réalisés et à la façon de favorise une prise de conscience partagée et ouvre la
les atteindre. Le rapport ou l’enjeu est désormais à la possibilité d’une émulation collective. La cible à
fois collectif et individuel. atteindre devient alors visible pour tous. La prise de
conscience collective permet à l’entité de se donner des
De plus, la performance d’une alliance devient une objectifs de progrès.
exigence. Elle pose de ce fait la question de sa mesure. Mais, il y a lieu de noter que les résultats fournis par la
Mais avant d’évoquer le rôle de l’évaluation et des comptabilité sont trop tournés vers le passé, leur
critères de mesure, il semble utile de définir les capacité prédictive est faible. Ils ne rendent compte des
hypothèses suivantes, à savoir : principaux changements qui se produisent dans l’entre-
Dossier
100 La Revue des Sciences de Gestion, Direction et Gestion n° 213 - Organisation
prise qu’avec retard et ne prennent pas assez en consi- mance d’une alliance, c’est aussi s’intéresser ou prendre
Stratégie de la gouvernance
dération les ressources comme le capital intellectuel. en compte les relations individuelles entre ses dirigeants
Chacune de ces raisons laisse entendre que les systèmes fondateurs, le rôle des équipes constitutives et les cadres
de mesure de la performance des alliances devraient intermédiaires et subalternes ainsi que les experts des
permettre d’évaluer tant les résultats non financiers que partenaires détachés temporairement dans l’alliance,
financiers. Mais cela suppose une formulation claire des acteurs-clés de l’alliance.
objectifs : objectifs communs aux partenaires, mais Notre proposition sera donc fondée sur la prise en
aussi objectifs propres à chacun des partenaires compte d’une opération d’alliance dans tous ses aspects,
envisagés séparément, parce que les alliances ont tout en envisageant toutes les perspectives possibles qui
toujours deux dimensions, ce que les partenaires constituent les priorités stratégiques de chaque parte-
peuvent accomplir ensemble et ce que chacun peut y naire et de la combinaison, pour ensuite définir les
gagner pour lui–même. critères de mesure.
Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 41.202.219.70 - 11/05/2017 14h01. © Direction et Gestion (La RSG)
De plus, il y a lieu de préciser que déterminer la perfor- D’où le schéma suivant :
Perspective financière
objectif Mesure du résultat
Perception par les Capacité
stake-holders d’améliorer
Améliorer la croissance.
• Perspective d’innovation et
d’apprentissage perspective éthique ou morale Veiller à avoir une alliance
responsable qui prend en
• Perspective de développement compte des considérations
objectif Mesure du résultat
de nouvelles activités par la sociales, environnementales
cooptation et éthiques.
Dossier
La Revue des Sciences de Gestion, Direction et Gestion n° 213 - Organisation 101
Stratégie de la gouvernance
Tableau 3 : critères de mesure de la performance d’une alliance
En définitive, une alliance permet de réaliser pour
Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 41.202.219.70 - 11/05/2017 14h01. © Direction et Gestion (La RSG)
– amélioration de la qualité ; Le tableau suivant résume notre propos :
– réduction des coûts ;
– minimisation des risques ; En guise de synthèse, deux idées méritent d’être mises
– amélioration de l’organisation ;
en valeur :
Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 41.202.219.70 - 11/05/2017 14h01. © Direction et Gestion (La RSG)
Première idée :
– développement de nouvelles méthodes de production, d’organisation
et de management ;
– relations avec les stake-holders ;
– préoccupations à l’égard de l’environnement, santé et sécurité ; le succès d’une alliance dépend de la réalisation des
– développement de nouvelles activités ; intérêts de chaque partenaire et des intérêts partagés. En
– création de valeurs synergiques qui résultent de la combinaison de d’autres termes :
ressources, de compétences et de connaissances jusque-là séparées ;
Critère permanent
- Tributaire de la conjoncture.
Amélioration de la position concurrentielle 1
Satisfaction des stake-holders Critère aléatoire 0<p<1 - Tributaire des intentions et des degrés
Critère permanent
de motivation de chaque partenaire.
Dossier
Création de valeur sociale et institutionnelle 1
102 La Revue des Sciences de Gestion, Direction et Gestion n° 213 - Organisation
Références bibliographiques
firmes : le cas des technologies de l’information », Revue
on peut le perdre dans la généralisation.
Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 41.202.219.70 - 11/05/2017 14h01. © Direction et Gestion (La RSG)
Akshay R. R et Rueket R. W., « Brand alliances as signals of product gique ; éléments théoriques et application au segment des DRAM »,
quality », Sloan Management Review/ Fall, 1994, p. 87-97. Revue d’Economie Industrielle, n° 78, 4e trimestre, 1996, p. 27-46.
Alcouche C. et Correge N., « Evaluation des performances dans les Contractor F. J. et Lorange P., « Cooperative strategies in
entreprises réseaux de sous-traitants : l’exemple d’Aérospatiale- International Business », Lexington Books, New-York, 1988.
Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 41.202.219.70 - 11/05/2017 14h01. © Direction et Gestion (La RSG)
Matra », Revue Française de Gestion Industrielle, Vol. 18, n° 4, Cusumano ML. A. et Sinha D. K., « Complementary resources and
cooperative research : a model of research joint ventures among
competitors », Management Science, Vol. 37, n° 9, September 1991,
2000.
Anderson E., « Two Firms, one frontier : on assessing joint venture
performance », Sloan Management Review, Vol. 31, n° 2, winter
Davidson W.H., « Creating and managing Joint ventures in China
p. 1091-1105.
Blanchart K et Pealen V., « Ethique et management », les Editions competitors and win », Harvard Business Review, January –
d’Organisation, Paris, 1988. February, 1989, p. 133-139.
Dossier
La Revue des Sciences de Gestion, Direction et Gestion n° 213 - Organisation 103
Dull S., Monet W et Noreon T., « Le partenariat entre marketing et Hubler J. et Meschi P-X., « Alliances, acquisitions et valorisation
stratégie », L’Expansion Management Review, Juin, 1996. boursière » Revue Française de Gestion, n° 131, Novembre -
Stratégie de la gouvernance
Dussauge P., et Garette B., « Les alliances, une illustration de la
Jamila E M., « Hiérarchie et pouvoir dans les alliances. Cas d’appli-
Décembre, 2000, p. 85 – 97.
Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 41.202.219.70 - 11/05/2017 14h01. © Direction et Gestion (La RSG)
p. 5-16.
Dyer J., Kale P. et Singh H., « Value creation and success in
Lowenstein L, Oliva E. et Slowinski G., « L’art de gérer les
77.
Dossier