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ABIDJAN, 2001
Pétronille Zengbé-Acray, Alfred Douba, Youssouf Traoré, N’cho Simplice Dagnan,
Harvey Attoh-Touré, Kouadio Daniel Ekra
DOI 10.3917/spub.094.0383
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Résumé : Nous avons réalisé une étude de coûts dont l’objectif principal était d’évaluer
les coûts opérationnels de la riposte vaccinale contre la fièvre jaune organisée à Abidjan du
21/09/2001 au 02/10/2001. Le point de vue adopté était celui des autorités sanitaires. La
collecte des données a consisté à recueillir de manière rétrospective toutes les informations
ÉTUDES
concernant les ressources utilisées ou activités. La valorisation monétaire des ressources
s’est faite à l’aide de pièces justificatives.
La couverture vaccinale obtenue était de 91,33 % ; 2 584 360 doses de vaccin ont été
administrées. Les dépenses en vaccins et consommables de vaccins s’élevaient à
1 123 177 128 FCFA ; le coût moyen par dose administrée était de 539,40 FCFA.
2 590 personnes ont été mobilisées pour un coût total de 125 678 400 FCFA. Le coût
opérationnel total de la riposte vaccinale était de 1 394 010 829 FCFA. Les vaccins et les
consommables représentaient le premier poste de dépenses, soit 80,57 %.
Les résultats de cette étude pourraient servir d’outil d’aide à la décision en matière de
financement d’une campagne de vaccination. La prise en compte de ces résultats pourrait
Summary: A cost effectiveness study was conducted with the main objective to assess the
operational costs of a vaccination campaign against yellow fever organised and implemented
in Abidjan from September 21st to October 2nd, 2001. The study was carried out from the
perspective of the health authorities. Data was collected retrospectively on all information
related to resources needed and required activities. The justification of the monetary value of
resources was provided with written proof and receipts as well as other supporting
documents. The coverage achieved was 91.33% with 2 584 360 doses of vaccine having been
administered. Spending on vaccines and vaccine supplies amounted to 1 123 177 128 FCFA;
the average cost per dose was 539.40 FCFA. Human resource costs amounted to 2590 people
who were mobilized for a total cost of 125 678 400 FCFA. The total operational cost of the
vaccination campaign was 1 394 010 829 FCFA. Vaccines and supplies were the largest item of
expenditure, or 80.57% of the total spent. The results of this study could serve as a tool for
decision-making related to funding a vaccination campaign. Taking account of these results
Santé publique 2009, volume 21, n° 4, pp. 383-391
could contribute to the development of strategies to effectively reduce the operational cost of
a vaccination campaign.
Keywords: Evaluation - operational cost - vaccination campaign - yellow fever - Côte d’Ivoire.
(1) Département de santé publique, médecine communautaire et informatique médicale, UFR des Sciences
Médicales de l’Université d’Abidjan Cocody, Côte d’Ivoire. 06 BP 6502 Abidjan 06 République de Côte d’Ivoire.
Introduction
En mars 2001, une épidémie de fièvre jaune a débuté à l’Ouest de la Côte
d’Ivoire, dans les districts sanitaires de Danané, Duékoué et Gagnoa puis s’est
étendue à la ville d’Abidjan située au Sud-est du pays [2]. Sur les 62 districts
sanitaires que comptait le pays, 11 ont été atteints avec un total de 280 cas
suspects dont 30 confirmés et 3 décès. A Abidjan, les premiers cas furent enre-
gistrés en Juin 2001 : 31 cas suspects dont 7 confirmés et 6 décès. L’épidémie
urbaine constitue une véritable hantise du fait de sa létalité élevée [9]. Ainsi,
une riposte vaccinale a été menée par les autorités sanitaires en collaboration
avec les partenaires au développement (principalement l’OMS et l’UNICEF) en
vue de rompre la chaîne de transmission et d’empêcher l’extension de l’épidé-
mie dans la ville d’Abidjan. Une telle campagne nécessite d’énormes moyens
humains et matériels engendrant des coûts financiers.
En effet, les campagnes sont généralement considérées coûteuses, ce qui
pourrait constituer un frein à l’appui financier des partenaires au dévelop-
pement. Dans toute intervention de santé de ce genre, le pays concerné ne
peut à lui seul supporter les dépenses y relatives si bien que la contribution
extérieure est toujours souhaitable. Or, très peu d’études évaluant les coûts
d’une riposte vaccinale ont été réalisées en Côte d’Ivoire particulièrement.
Méthodologie
1. Type d’étude et horizon analytique
Nous avons réalisé une évaluation économique partielle centrée sur les
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– 6 mois < population < 10 ans non couvertes par le PEV (Programme
Elargi de Vaccination) ;
– Population > 10 ans non vaccinée ; il s’agit des personnes âgées de plus
de 10 ans qui n’ont jamais été vaccinées ou dont la dernière vaccination
contre la fièvre jaune remontait à plus de 10 ans.
Étaient exclus, les enfants de moins de 6 mois, les personnes déjà
immunisées (dernière vaccination inférieure à 10 ans), les sujets souffrant de
maladies évolutives aiguës et de déficit immunitaire avéré.
L’objectif de couverture vaccinale était d’immuniser 90 % de la population
cible. Le taux de perte (TP) en vaccin anti amaril (VAA) admis était de 5 %. La
stratégie de prestation des vaccinations utilisée a été la stratégie fixe urbaine
et la vaccination était gratuite pour toute la population.
TP en vaccin = [(Nombre de doses utilisées - Pop. Cible vaccinée)/
Nombre de doses utilisées]
3. Catégorie des coûts étudiés
Le coût dans notre étude représentait la valeur monétaire des ressources
mobilisées pour organiser la campagne. Pour ce faire, nous avons recensé les
facteurs générateurs de coût opérationnel des vaccinations de masse [5]. Ces
Résultats
1. La couverture vaccinale et la sécurité des injections
La riposte vaccinale contre la fièvre jaune organisée pour la ville d’Abidjan
et ses banlieues (Anyama, Bingerville et Songon) en 2001 a permis de
vacciner 2 610 994 personnes sur 2 858 826 personnes attendues (popu-
lation cible). Le taux de perte en vaccin était de 1,03 % contre 5 % admis. La
figure 1 illustre la couverture vaccinale obtenue pour cette campagne ; elle
était de 91,33 %.
population
non vaccinée ;
9%
population
Santé publique 2009, volume 21, n° 4, pp. 383-391
vaccinée ;
91 %
Tableau I : Coût total du vaccin antiamaril et des consommables utilisés pour la campagne
dans la région des lagunes en 2001
Tableau III : Coût global des dépenses réalisées au cours de la riposte vaccinale dans la région
des lagunes en 2001
Discussion
mais ce fond n’est pas suffisant pour vacciner une population de plus
de deux millions d’habitants exposée à une menace épidémique. Cette
contrainte financière à justifié la contribution des partenaires au développe-
ment pour la réalisation de cette intervention de santé.
Le coût de la gestion des MAPI
Le coût de la prise en charge des MAPI est tout comme celui des vaccins
un coût variable. Il a été évalué en fonction du nombre de personnes ayant
présenté ces manifestations et il a représenté 0,03 % du coût total. Il
correspond en fait au pourcentage de la somme qui a servi à la prise en
charge des MAPI que nous avons obtenu lors de la collecte de nos données.
Ailleurs comme dans l’étude de TAWEESAPS [12] réalisée en Thaïlande, les
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MAPI n’ont pas été prises en charge, ce qui dans une certaine mesure a réduit
les coûts.
Le coût des ressources humaines
Le coût des ressources humaines (tableau II) dans notre étude correspon-
dait au deuxième poste de dépenses du coût total et la moitié des dépenses
hors vaccins et consommables de vaccins. Les ressources humaines
employées pour les ripostes vaccinales induisent des coûts non négligea-
bles. Le choix de la stratégie fixe urbaine a conduit à l’installation de plu-
sieurs postes de vaccination multipliant les équipes d’agents vaccinateurs. Si
on veut minimiser les coûts, il serait peut être intéressant de réduire le nom-
bre de postes de vaccination, suggestion faite également par Andrew L-C [1].
Notre étude a par ailleurs révélé que le nombre de jours des activités était
élevé (11 jours), on admet généralement que 8 jours sont suffisants pour une
390 P. ZENGBE-ACRAY, A. DOUBA, Y. TRAORE et al.
Conclusion
budgétaire.
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