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ESTIMATION DES COÛTS DU PROGRAMME ÉLARGI DE

VACCINATION DANS LE DISTRICT SANITAIRE DE GRAND BASSAM,


CÔTE D'IVOIRE
Alfred Douba, N’cho Simplice Dagnan, Pétronille Zengbé-Acray, Joseph Aka, Nicaise
Lépri-Aka

S.F.S.P. | « Santé Publique »

2011/2 Vol. 23 | pages 113 à 121


ISSN 0995-3914
Article disponible en ligne à l'adresse :
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Pour citer cet article :


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Alfred Douba et al., « Estimation des coûts du programme élargi de vaccination dans
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le district sanitaire de Grand Bassam, Côte d'Ivoire », Santé Publique 2011/2 (Vol.
23), p. 113-121.
DOI 10.3917/spub.112.0113
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Estimation des coûts du programme
élargi de vaccination dans le district
sanitaire de Grand Bassam, Côte d’Ivoire
Estimated costs of the expanded program of immunization
in the health district of Grand Bassam, Cote d’Ivoire
Alfred Douba (1), Simplice N’Cho Dagnan (1), Pétronille Zengbe-Acray (1),
Joseph Aka (1), Nicaise Lépri-Aka (1)

Résumé : Les vaccins du programme élargi de vaccination sont administrés gracieusement


aux bénéficiaires. Cependant, leurs coûts sont supportés par chaque pays et ses partenaires.
Ces dépenses nécessitent d’être estimées afin d’être mieux appréhendées. C’est la raison
pour laquelle nous avons réalisé cette étude transversale descriptive des coûts du
programme élargi de vaccination dans le district sanitaire de Grand-Bassam du 1er janvier au
31 décembre 2006 à l’aide de questionnaire visant à appréhender l’ensemble des coûts du

ARTICLES
point de vue de l’État et ses partenaires. Les objectifs étaient de déterminer le coût par
niveau de dépenses, calculer le coût par enfant ayant reçu trois doses de DTCHepB et le coût
par stratégie. Les vaccins et consommables représentaient 49 % des coûts récurrents. Les
véhicules et motos utilisés par les équipes représentaient 73 % des coûts non récurrents. Le
coût récurrent par enfant ayant reçu trois doses de DTCHepB était 10 797 FCFA soit 16 euros.

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Le coût récurrent par dose administrée était 1 041 FCFA (1,58 euros) pour la stratégie fixe,
4 232 FCFA (6,45 euros) pour la stratégie avancée et 4 058 FCFA (6,18 euros) pour la stratégie
mobile. En raison de la rareté des ressources financières, l’État ivoirien doit renforcer les
actions efficientes de santé publique notamment la vaccination.
Mots-clés : Coûts - Programme Élargi Vaccination - district sanitaire - Côte d’Ivoire.
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Summary: The vaccines of the Expanded Immunization Program are administered free of
charge to beneficiaries. However, these vaccines are purchased by countries and partners of
immunization. These costs need to be estimated to be better understood. We conducted a
descriptive cross-sectional study of the costs of the Expanded Immunization Program in the
health district of Grand-Bassam from January 1 to December 31, 2006, with questions aiming
to understand the costs from the point of view of the state and partners. We aimed to
determine costs by level of expenditure, calculate the cost per child who received 3 doses
of vaccine against Diphtheria-Tetanus-Pertussis-Hepatitis B and cost per strategy. Vaccines
and injection supplies accounted for 49% of recurrent costs. Vehicles and motorcycles for
transport accounted for 73% of non-recurrent costs. The recurrent cost per child who received
3 doses of the vaccine was 10 797 FCFA (16 euros). The recurrent cost per dose administered
was 1,041 FCFA (1,58 euros) for the fixed strategy, 4,232 FCFA (6,45 euros) for the outreach
Santé publique 2011, volume 23, n° 2, pp. 113-121

strategy and 4,058 FCFA (6,18 euros) for the mobile strategy. Because of the scarcity of
financial resources, the Côte d'Ivoire government must strengthen efficient public-health
measures, including vaccination.
Keywords: Costs - Expanded Immunization Program - diphtheria - Côte d’Ivoire.

(1) Département de santé publique et informatique médicale – UFR Sciences médicales – Université de
Cocody-Abidjan – 01 BP V 166 Abidjan 01 – Côte d’Ivoire.
Correspondance : A. Douba Réception : 08/05/2010 – Acceptation : 27/03/2011
114 A. DOUBA, S. N’CHO DAGNAN, P. ZENGBE-ACRAY et al.

Introduction
La vaccination est le principal moyen de lutte efficace contre les maladies
infectieuses. Vue son importance, elle fait l’objet d’un programme spécifique
au niveau mondial : le Programme Élargi de Vaccination (PEV) institué en
1974 à la suite de la résolution WHA 27.57 de l’Organisation Mondiale de la
Santé. Le PEV a pour objectif d’aider les pays à protéger les femmes en âge
de reproduction et les enfants contre certaines maladies pour lesquelles ils
payent un lourd tribut [1]. Ce programme est dit élargi parce qu’il inclut des
vaccins luttant contre plusieurs maladies.
Introduit en Côte d’Ivoire en 1978 [2], les maladies cibles actuelles du PEV
ivoirien sont la tuberculose, la diphtérie, le tétanos, la coqueluche, la
poliomyélite, la rougeole, la fièvre jaune, l’hépatite B et les infections à
haemophilus influenzae b [3]. Chaque pays peut intégrer d’autres vaccins
selon son profil épidémiologique et les moyens financiers dont il dispose.
Les vaccins du PEV sont prestés à titre gracieux aux bénéficiaires.
Cependant, ils ont des coûts supportés par chaque pays et les partenaires à
la vaccination de routine. Ces coûts nécessitent d’être évalués afin d’être
mieux appréhendés.
Ainsi, les évaluations de coûts donnent-elles des renseignements utiles sur

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les besoins de financement effectifs ou sur les intrants nécessaires pour
assurer un service. Elles permettent aussi aux gestionnaires de programme
qui veulent en améliorer le contenu de choisir parmi différentes solutions
l’une d’entre elles. Par exemple, la décision d’utiliser ou non de nouveaux
vaccins dépend largement des coûts supplémentaires associés à l’utilisation
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des vaccins en question [4].


C’est la raison pour laquelle il nous est paru nécessaire de réaliser ce
travail au niveau du district, spécifiquement celui de Grand-Bassam et d’en
tirer les enseignements nécessaires dans un souci d’efficience.
Les objectifs spécifiques de cette étude étaient de :
– déterminer le coût par niveau de dépenses du PEV dans le district
sanitaire de Grand-Bassam ;
– calculer le coût par enfant ayant reçu trois doses de DTCHepB ;
– calculer le coût par stratégie vaccinale du PEV.
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Méthologie

Cadre de l’étude
L’étude s’est déroulée dans le district sanitaire de Grand-Bassam. Au plan
administratif, le district était composé des sous-préfectures de Grand-
Bassam et de Bonoua, il fait partie de la Région du Sud-Comoé. Ses limites
sont au sud l’Océan atlantique, à l’est les départements d’Adiaké et
d’Aboisso, à l’ouest les départements d’Abidjan et d’Alépé et au nord le
département d’Alépé.
Grand-Bassam est distant de la ville d’Abidjan de 45 km.
Le district couvre une superficie de 1 400 km2 (Grand-Bassam 200 km2 et
Bonoua 1 200 km2).
COÛT DU PEV DANS LE DISTRICT SANITAIRE DE GRAND BASSAM 115

En 2006, sa population totale était estimée à 170 857 habitants avec


145 981 habitants (85,44 % de la population totale) vivant à moins de 5 km
d’un centre de santé, 12 187 habitants (7,13 % de la population totale) entre
5 et 15 km et 12 689 habitants (7,42 % de la population totale) à plus de
15 km. La densité de la population était de 122 habitants au km2.
Le district disposait de seize centres fixes de vaccination et avait comme
moyens de communication, le téléphone fixe et le fax. Ces centres de vacci-
nation recevaient les femmes en âge de reproduction et les enfants de 0 à
11 mois (accompagnés par leur mère). Chaque centre de vaccination possé-
dait comme matériel de chaîne de froid, des congélateurs, réfrigérateurs,
glacières et accumulateurs de froid.
Les stratégies vaccinales utilisées pour la mise en œuvre du PEV de routine
en Côte d’Ivoire sont la stratégie fixe, la stratégie avancée et la stratégie
mobile :
– dans la stratégie fixe les populations situées dans un rayon de 5 km par
rapport au centre de santé s’y rendent pour se faire vacciner ;
– dans la stratégie avancée l’équipe de vaccination se déplace vers les
populations situées dans un rayon de 5 km à 15 km par rapport au
centre de santé pour les vacciner ;

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– dans la stratégie mobile l’équipe de vaccination se déplace vers les
populations situées dans un rayon de plus 15 km par rapport au centre
de santé pour les vacciner.
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Type d’étude et durée de l’étude

Nous avons réalisé une étude transversale descriptive des coûts du PEV
dans le district sanitaire de Grand-Bassam du 1er janvier au 31 décembre
2006.
Le point de vue adopté était celui des autorités sanitaires (Ministère de la
Santé et de l’Hygiène Publique) voulant évaluer le coût du PEV dans un
district sanitaire pour en déterminer la prévision financière dans le cadre d’un
processus de décision budgétaire.

Recueil des données


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Les données ont été recueillies sur la base des variables pertinentes
contenues dans la fiche d’enquête conçue à cet effet. L’équipe cadre du
district (précisément le Directeur et le Coordonnateur PEV) a coordonné
l’enquête sur le terrain.
Cette fiche d’enquête nous a permis de recueillir :
– les données démographiques ;
– le nombre d’enfants et de femmes vaccinés ;
– le nombre de doses de chaque vaccin utilisées et le prix unitaire de
chaque antigène ;
– le nombre de doses perdues par vaccin ;
– la quantité de consommables utilisée et leur prix unitaire ;
– le nombre de boîtes de sécurité ;
– le nombre de réfrigérateurs et congélateurs ainsi que leur prix unitaire ;
116 A. DOUBA, S. N’CHO DAGNAN, P. ZENGBE-ACRAY et al.

– le nombre de matériel roulant et leur prix unitaire ainsi que le nombre de


kilomètres parcourus pour la vaccination ;
– les frais de formation, de supervision, de surveillance, de maintenance et
de mobilisation sociale.
Pour les données concernant les prix des vaccins et des seringues, elles ont
été obtenues auprès du personnel de la chambre froide de l’Institut National
d’Hygiène Publique d’Abidjan.
Quant aux données relatives au matériel de la chaîne de froid (congé-
lateurs, réfrigérateurs, glacières médicales, accumulateurs), aux boîtes de
sécurité et aux motos, elles ont été fournies par la Direction de la coordi-
nation du PEV.
Le prix des véhicules a été obtenu au service commercial d’une société de
la place spécialisée dans la vente de véhicules de même marque que ceux
utilisés pour la vaccination dans le district sanitaire de Grand-Bassam.

Catégories des différents coûts étudiés


Coûts non récurrents
Ce sont les coûts correspondant aux équipements dont la durée de vie est

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supérieure à 1 an : le coût des équipements de la chaîne du froid (congé-
lateur, réfrigérateur, glacière, accumulateur), le coût du matériel roulant
(véhicule, moto) et le coût des bâtiments.
– Coût de l’équipement de la chaîne du froid par type = [prix unitaire de
l’équipement de la chaîne du froid/nombre d’années de vie utile]
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× nombre total d’équipement de la chaîne du froid de ce type utilisé pour


la vaccination.
– Coût du matériel roulant par type = [prix unitaire du matériel roulant/
nombre d’années de vie utile] × nombre total matériels roulants de ce
type utilisé pour la vaccination.
– Coût des bâtiments = [nombre total d’établissements × (coût de la
construction/nombre d’années de vie utile) × pourcentage d’espace
utilisé pour la vaccination].
NB : le nombre d’années de vie utile est de : 10 ans pour les équipements
de la chaîne de froid, 3 à 5 ans pour le matériel roulant (autos & motos) et
de 30 ans pour les bâtiments et installations.
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Coûts spécifiques récurrents


Ce sont les coûts correspondant aux composantes du PEV qu’il faut acheter
chaque année. Ils englobaient les coûts engendrés par l’achat des vaccins et
des fournitures d’injection, le transport, la formation courte, la surveillance,
la supervision, la mobilisation sociale et les frais généraux et d’entretien des
bâtiments.
Les différents vaccins utilisés pour le calcul des coûts récurrents étaient le
BCG, DTCHepB et vaccin polio oral.
Le prix total de chaque type de vaccin a été obtenu en multipliant le prix
unitaire du vaccin par la quantité utilisée.
Le prix global des vaccins a été obtenu en additionnant le prix total de
chaque type de vaccin.
COÛT DU PEV DANS LE DISTRICT SANITAIRE DE GRAND BASSAM 117

Coût récurrent par enfant ayant reçu trois doses de DTCHepB


Le coût récurrent par enfant ayant reçu trois doses de DTCHepB = coût
récurrent du PEV/nombre d’enfants ayant reçu trois doses de DTCHepB.
Coût récurrent par dose administrée par stratégie
Coût récurrent par dose administrée par stratégie = coût récurrent par
stratégie/nombre de doses administrées par stratégie.
Nous avons déterminé le coût récurrent par stratégie en deux étapes.
D’abord nous avons rapporté le coût de chaque composante du coût
récurrent aux différentes stratégies en tenant compte :
– du nombre de doses administrées par stratégie (pour les vaccins, les
fournitures d’injection) ;
– du nombre de personnes impliquées par stratégie (pour le personnel, la
formation courte) ;
– du nombre de stratégies (pour les frais généraux, la supervision/
surveillance, mobilisation sociale) ;
– de la distance parcourue par stratégie (pour le transport).
Ensuite, nous avons additionné pour chaque stratégie, ses parts des

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composantes du coût récurrent afin de trouver le coût récurrent par stratégie.

Résultats
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Coûts récurrents
Les principaux intrants, indispensables à la réalisation des vaccinations,
sont entre autres, les antigènes à administrer (vaccins) et les ressources
humaines (personnel). Ces deux intrants représentent, 84 % des dépenses
récurrentes de vaccination, à Grand Bassam, estimées en 2006 à 99 479 euros.
Les autres éléments de coûts sont : la fourniture d’injection (6 %), les frais
généraux/entretien bâtiments (6 %), le transport (3 %), etc.

Tableau I : Répartition des coûts spécifiques récurrents dans le district sanitaire


de Grand-Bassam en 2006
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Composante Coût récurrent (en F CFA) Proportion (en %)


Vaccins 27 619 476 43
Personnel 26 766 000 41
Fournitures d’injection 4 012 028 6
Frais généraux/entretien bâtiments 3 720 000 6
Transport 2 061 340 3
Formation courte 637 037 1
Supervision/Surveillance 292 430 0
Mobilisation sociale 146 215 0
Total 65 254 526 (99 479 euros)* 100
* 1 euro = 655,957 FCFA
118 A. DOUBA, S. N’CHO DAGNAN, P. ZENGBE-ACRAY et al.

Coûts non récurrents


Les coûts spécifiques non récurrents en 2006 étaient estimés à 20 077 400
FCFA soit 30 608 euros. La durée de vie des équipements affectant leur cycle
de renouvellement, pour une période classique (c’est-à-dire, sans investis-
sement particulier spécifique), le poids relatif des postes de dépenses dans
les coûts totaux non récurrents, est d’autant plus important que l’équipement
a une durée de vie faible. Cette tendance s’observe sur les données de Grand
Bassam et 2006 avec : 73 % pour le matériel roulant (véhicules et motos),
14 % pour les équipements de la chaîne du froid et 13 % pour les bâtiments.

Tableau II : Répartition des coûts non spécifiques récurrents dans le district sanitaire
de Grand-Bassam en 2006

Composante Coût non récurrent (en F CFA) Proportion (en %)


Matériel roulant (autos, motos) 14 674 400 73
Équipements chaîne de froid 2 782 000 14
Bâtiments & Installations 2 621 000 13
Total 20 077 400 (30 608 euros)* 100
* 1 euro = 655,957 FCFA

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Répartition du coût total
Le coût total du PEV en 2006 à Grand Bassam était estimé à 85 331 926
FCFA soit 130 087 euros. Il est constitué à 76 % des coûts récurrents et
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à 24 % des coûts non récurrents. Par rapport aux rubriques de dépenses,


trois (3) postes représentent plus de 80 % des dépenses : vaccins (33 %),
personnel (31 %) et l’acquisition du matériel roulant (17 %).

Coûts par enfant ayant reçu trois doses de DTCHepB


Sur la période de janvier à décembre 2006, le nombre d’enfants ayant reçu
trois doses de DTCHepB à Grand Bassam est de 6 044. Ainsi, pour chacun de
ces enfants, 14 118 FCFA (21 euros) ont été dépensés dont 10 797 FCFA
(16 euros) en dépenses récurrentes.

Tableau III : Coût récurrent et coût total par enfant ayant reçu trois doses de DTCHepB
Santé publique 2011, volume 23, n° 2, pp. 113-121

dans le district sanitaire de Grand-Bassam en 2006

Coût récurrent par Coût total par


Nombre d’enfants
Coût spécifique enfant ayant reçu enfant ayant reçu
ayant reçu trois Coût total
récurrent trois doses de trois doses de
doses de DTCHepB
DTCHepB DTCHepB
10 797 FCFA 14 118 FCFA
6 044 65 254 526 FCFA 85 331 926 FCFA
(16 euros) (21 euros)

Coût récurrent par stratégie


Pour les trois stratégies classiques de vaccination, le nombre total de
doses administrées est de 42 420 et se répartit par stratégie comme suit :
35 620 doses en « Stratégie Fixe », 3 313 en « Stratégie Avancée » et 3 487
en « Stratégie Mobile ».
COÛT DU PEV DANS LE DISTRICT SANITAIRE DE GRAND BASSAM 119

Tableau IV : Coût récurrent par dose administrée et par stratégie dans le district sanitaire
de Grand Bassam en 2006

Stratégie fixe Stratégie avancée Stratégie mobile


Coût récurrent par stratégie (en FCFA) 37 081 372 14 021 733 14 151 421
Nombre de doses administrées aux enfants 35 620 3 313 3 487
de 0 à 11 mois
Coût récurrent (en FCFA) par dose administrée 1 041 4 232 4 058
par enfant de 0 à 11 mois par stratégie (1,58 euros) (6,45 euros) (6,18 euros)

Discussion

Coût total, coûts spécifiques récurrents et non récurrents


Le coût total du PEV dans le district sanitaire de Grand-Bassam en 2006
s’élevait à 85 331 926 FCFA (130 087 euros) et était composé en grande
partie par les coûts récurrents (76 %). Cette prédominance des coûts
récurrents a aussi été constatée par Coulibaly (76 %) dans le cercle de
Sikasso, au Mali [1] et par Hessou (80 %) [5] dans la zone sanitaire d’Agban-

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gnizoun, au Bénin en 2003. Dans notre étude, le coût total par enfant ayant
reçu trois doses de DTCHep B était de 14 118 FCFA (21 euros) supérieur à
celui trouvé par Coulibaly (6 601 FCFA soit 10 euros) dans le cercle de
Sikasso, au Mali [1]. Cette différence serait due à la combinaison du vaccin
contre l’hépatite B au DTC (DTCHepB) au moment de la réalisation de notre
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étude, contrairement à celle de Coulibaly pour laquelle le vaccin utilisé était


le DTC.
Les coûts récurrents spécifiques dans notre étude étaient constitués en
grande partie par les vaccins et fournitures d’injection. Les charges du
personnel occupaient la seconde place. L’ensemble regroupant la formation
courte, la supervision, la surveillance et la mobilisation sociale représentait
une proportion très faible. Le coût de cet ensemble pourrait être sous-estimé.
En effet, le personnel impliqué dans la vaccination bénéficie parfois de
formations financées par des partenaires tels que l’OMS, l’UNICEF et des
organisations non gouvernementales. Le coût de ces formations n’est pas
inclus dans les dépenses du district car elles ne sont pas financées par celui-
Santé publique 2011, volume 23, n° 2, pp. 113-121

ci. Il en est de même pour le coût des supervisions organisées dans le district
par le niveau central (Direction de Coordination du Programme Élargi de
Vaccination). La structure des coûts récurrents dans notre étude est
semblable à celle trouvée par Sow, au Sénégal, pour laquelle les vaccins et
consommables représentaient 48 % et les autres postes de dépenses
(formation courte, supervision, surveillance, mobilisation sociale) 2 % [7].
Cependant, elle était différente de celle relevée par Ky dans son étude
réalisée en 2003 dans le district sanitaire de Sebba au Burkina Faso où les
vaccins et consommables occupaient 38 % et les autres postes de dépenses
22 %. Cette différence était due au fait qu’en 2002 et 2003, 25 agents de
santé avaient bénéficié d’une formation à l’exécution du monitoring des
activités prioritaires des centres de santé et de promotion sociale, ce qui a
augmenté les frais de formation d’où l’augmentation du pourcentage des
autres postes de dépenses [8].
120 A. DOUBA, S. N’CHO DAGNAN, P. ZENGBE-ACRAY et al.

Quant aux coûts non récurrents, ils représentaient 24 % du coût total dans
notre étude. La plus grande proportion était représentée par le matériel
roulant, loin devant la chaîne de froid et les bâtiments. Notre résultat était
proche de celui de Coulibaly M (23 %). Pour ce dernier, le matériel roulant
occupait la première place avec 46 % et les bâtiments la seconde place avec
40 %.

Coût récurrent par enfant ayant reçu trois doses de DTCHepB


Dans notre étude, le coût récurrent pour un enfant de 0 à 11 mois ayant reçu
trois doses de DTCHepB (22 $US) était supérieur à la moyenne mondiale d’un
enfant complètement vacciné (enfant ayant reçu une dose de BCG, trois doses
de DTCHepB-Hib, trois doses de VPO, une dose de VAR et une dose de VAA)
qui était de 15 dollars US [1, 7]. Notre estimation était supérieure à celles de
Bete (6 204 FCFA soit 12 $US) [6] et de Coulibaly (5 059 FCFA soit 10 $US) [1].
Cela pourrait s’expliquer par le fait que ces auteurs n’avaient pas inclus dans
leurs études, les coûts induits par la vaccination contre l’hépatite B dont
l’intégration dans le PEV de routine n’était pas effective dans ces pays au
moment de la réalisation de ces études. Les pays à faibles revenus et/ou ceux
ayant un taux de mortalité élevé doivent fournir les efforts nécessaires pour

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l’introduction, dans le PEV de routine, de nouveaux vaccins tels que ceux
contre l’hépatite B et les infections à haemophilus influenzae b, puisque les
vaccins formant le PEV initial, plus les vaccins contre l’hépatite B et Hib,
évitent plus de 2,5 millions de décès futurs chaque année [9].
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Par ailleurs, il faut noter que la Commission Macroéconomie et Santé de


GAVI Alliance a jugé que les interventions permettant le gain d’une année de
vie en bonne santé (c’est-à-dire une DALY évitée) à un coût inférieur au
produit national brut (PNB) par habitant, étaient d’un très bon rapport coût/
efficacité. Celles qui évitent chaque DALY à un coût compris entre une fois et
trois fois le PNB par habitant ont un rapport coût/efficacité favorable. Pour
les autres, le rapport coût/efficacité n’est pas satisfaisant. L’OMS a approuvé
cette recommandation [9].
En 2006, en Côte d’ivoire, le PNB par habitant était estimé à 870 $US [10].
Le PEV de routine peut y être considéré comme une intervention sanitaire
d’un très bon rapport coût/efficacité.
Santé publique 2011, volume 23, n° 2, pp. 113-121

Coût par stratégie vaccinale


Il ressort de notre étude que la majeure partie de la population a été
vaccinée en stratégie fixe comparativement aux stratégies avancée et mobile.
Ce résultat est le reflet de la répartition de la population dont 85 % est
accessible par la stratégie fixe.
Il ressort de l’estimation du coût récurrent par dose administrée par enfant
de 0 à 11 mois et par stratégie que ce coût est faible en stratégie fixe
(1 041 FCFA soit 1,58 euros) comparativement à ceux des stratégies avancée
(4 232 FCFA soit 6,45 euros) et mobile (4 058 FCFA soit 6,18 euros).
Par ailleurs, il faut souligner que la réalisation des stratégies avancée et
mobile est confrontée à des difficultés essentiellement de disponibilité et de
fonctionnement du matériel roulant. Au cours de l’année 2006, deux activités
COÛT DU PEV DANS LE DISTRICT SANITAIRE DE GRAND BASSAM 121

vaccinales ont été réalisées en stratégie mobile sur trois planifiées. Il est
donc nécessaire de palier à ces difficultés afin donner aux populations cibles
concernées le nombre de doses de vaccins requis pour leur protection contre
les maladies cibles du PEV.

Conclusion
L’estimation des coûts du PEV dans le district sanitaire de Grand-Bassam
montre que le coût total est dominé par les coûts récurrents. Ces coûts
récurrents sont composés en grande partie par les vaccins et fournitures
d’injection. Quant au coût non récurrent, il est principalement constitué du
matériel roulant. En ce qui concerne le coût récurrent par enfant ayant reçu
trois doses de DTCHepB, il était supérieur à la moyenne mondiale d’un enfant
complètement vacciné (15 dollars US). En raison de la rareté des ressources
financières notamment dans les pays en développement comme la Côte
d’ivoire, l’État doit renforcer les actions efficientes de santé publique
notamment la vaccination.

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