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le district sanitaire de Grand Bassam, Côte d'Ivoire », Santé Publique 2011/2 (Vol.
23), p. 113-121.
DOI 10.3917/spub.112.0113
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ARTICLES
point de vue de l’État et ses partenaires. Les objectifs étaient de déterminer le coût par
niveau de dépenses, calculer le coût par enfant ayant reçu trois doses de DTCHepB et le coût
par stratégie. Les vaccins et consommables représentaient 49 % des coûts récurrents. Les
véhicules et motos utilisés par les équipes représentaient 73 % des coûts non récurrents. Le
coût récurrent par enfant ayant reçu trois doses de DTCHepB était 10 797 FCFA soit 16 euros.
Summary: The vaccines of the Expanded Immunization Program are administered free of
charge to beneficiaries. However, these vaccines are purchased by countries and partners of
immunization. These costs need to be estimated to be better understood. We conducted a
descriptive cross-sectional study of the costs of the Expanded Immunization Program in the
health district of Grand-Bassam from January 1 to December 31, 2006, with questions aiming
to understand the costs from the point of view of the state and partners. We aimed to
determine costs by level of expenditure, calculate the cost per child who received 3 doses
of vaccine against Diphtheria-Tetanus-Pertussis-Hepatitis B and cost per strategy. Vaccines
and injection supplies accounted for 49% of recurrent costs. Vehicles and motorcycles for
transport accounted for 73% of non-recurrent costs. The recurrent cost per child who received
3 doses of the vaccine was 10 797 FCFA (16 euros). The recurrent cost per dose administered
was 1,041 FCFA (1,58 euros) for the fixed strategy, 4,232 FCFA (6,45 euros) for the outreach
Santé publique 2011, volume 23, n° 2, pp. 113-121
strategy and 4,058 FCFA (6,18 euros) for the mobile strategy. Because of the scarcity of
financial resources, the Côte d'Ivoire government must strengthen efficient public-health
measures, including vaccination.
Keywords: Costs - Expanded Immunization Program - diphtheria - Côte d’Ivoire.
(1) Département de santé publique et informatique médicale – UFR Sciences médicales – Université de
Cocody-Abidjan – 01 BP V 166 Abidjan 01 – Côte d’Ivoire.
Correspondance : A. Douba Réception : 08/05/2010 – Acceptation : 27/03/2011
114 A. DOUBA, S. N’CHO DAGNAN, P. ZENGBE-ACRAY et al.
Introduction
La vaccination est le principal moyen de lutte efficace contre les maladies
infectieuses. Vue son importance, elle fait l’objet d’un programme spécifique
au niveau mondial : le Programme Élargi de Vaccination (PEV) institué en
1974 à la suite de la résolution WHA 27.57 de l’Organisation Mondiale de la
Santé. Le PEV a pour objectif d’aider les pays à protéger les femmes en âge
de reproduction et les enfants contre certaines maladies pour lesquelles ils
payent un lourd tribut [1]. Ce programme est dit élargi parce qu’il inclut des
vaccins luttant contre plusieurs maladies.
Introduit en Côte d’Ivoire en 1978 [2], les maladies cibles actuelles du PEV
ivoirien sont la tuberculose, la diphtérie, le tétanos, la coqueluche, la
poliomyélite, la rougeole, la fièvre jaune, l’hépatite B et les infections à
haemophilus influenzae b [3]. Chaque pays peut intégrer d’autres vaccins
selon son profil épidémiologique et les moyens financiers dont il dispose.
Les vaccins du PEV sont prestés à titre gracieux aux bénéficiaires.
Cependant, ils ont des coûts supportés par chaque pays et les partenaires à
la vaccination de routine. Ces coûts nécessitent d’être évalués afin d’être
mieux appréhendés.
Ainsi, les évaluations de coûts donnent-elles des renseignements utiles sur
Méthologie
Cadre de l’étude
L’étude s’est déroulée dans le district sanitaire de Grand-Bassam. Au plan
administratif, le district était composé des sous-préfectures de Grand-
Bassam et de Bonoua, il fait partie de la Région du Sud-Comoé. Ses limites
sont au sud l’Océan atlantique, à l’est les départements d’Adiaké et
d’Aboisso, à l’ouest les départements d’Abidjan et d’Alépé et au nord le
département d’Alépé.
Grand-Bassam est distant de la ville d’Abidjan de 45 km.
Le district couvre une superficie de 1 400 km2 (Grand-Bassam 200 km2 et
Bonoua 1 200 km2).
COÛT DU PEV DANS LE DISTRICT SANITAIRE DE GRAND BASSAM 115
Nous avons réalisé une étude transversale descriptive des coûts du PEV
dans le district sanitaire de Grand-Bassam du 1er janvier au 31 décembre
2006.
Le point de vue adopté était celui des autorités sanitaires (Ministère de la
Santé et de l’Hygiène Publique) voulant évaluer le coût du PEV dans un
district sanitaire pour en déterminer la prévision financière dans le cadre d’un
processus de décision budgétaire.
Les données ont été recueillies sur la base des variables pertinentes
contenues dans la fiche d’enquête conçue à cet effet. L’équipe cadre du
district (précisément le Directeur et le Coordonnateur PEV) a coordonné
l’enquête sur le terrain.
Cette fiche d’enquête nous a permis de recueillir :
– les données démographiques ;
– le nombre d’enfants et de femmes vaccinés ;
– le nombre de doses de chaque vaccin utilisées et le prix unitaire de
chaque antigène ;
– le nombre de doses perdues par vaccin ;
– la quantité de consommables utilisée et leur prix unitaire ;
– le nombre de boîtes de sécurité ;
– le nombre de réfrigérateurs et congélateurs ainsi que leur prix unitaire ;
116 A. DOUBA, S. N’CHO DAGNAN, P. ZENGBE-ACRAY et al.
Résultats
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Coûts récurrents
Les principaux intrants, indispensables à la réalisation des vaccinations,
sont entre autres, les antigènes à administrer (vaccins) et les ressources
humaines (personnel). Ces deux intrants représentent, 84 % des dépenses
récurrentes de vaccination, à Grand Bassam, estimées en 2006 à 99 479 euros.
Les autres éléments de coûts sont : la fourniture d’injection (6 %), les frais
généraux/entretien bâtiments (6 %), le transport (3 %), etc.
Tableau II : Répartition des coûts non spécifiques récurrents dans le district sanitaire
de Grand-Bassam en 2006
Tableau III : Coût récurrent et coût total par enfant ayant reçu trois doses de DTCHepB
Santé publique 2011, volume 23, n° 2, pp. 113-121
Tableau IV : Coût récurrent par dose administrée et par stratégie dans le district sanitaire
de Grand Bassam en 2006
Discussion
ci. Il en est de même pour le coût des supervisions organisées dans le district
par le niveau central (Direction de Coordination du Programme Élargi de
Vaccination). La structure des coûts récurrents dans notre étude est
semblable à celle trouvée par Sow, au Sénégal, pour laquelle les vaccins et
consommables représentaient 48 % et les autres postes de dépenses
(formation courte, supervision, surveillance, mobilisation sociale) 2 % [7].
Cependant, elle était différente de celle relevée par Ky dans son étude
réalisée en 2003 dans le district sanitaire de Sebba au Burkina Faso où les
vaccins et consommables occupaient 38 % et les autres postes de dépenses
22 %. Cette différence était due au fait qu’en 2002 et 2003, 25 agents de
santé avaient bénéficié d’une formation à l’exécution du monitoring des
activités prioritaires des centres de santé et de promotion sociale, ce qui a
augmenté les frais de formation d’où l’augmentation du pourcentage des
autres postes de dépenses [8].
120 A. DOUBA, S. N’CHO DAGNAN, P. ZENGBE-ACRAY et al.
Quant aux coûts non récurrents, ils représentaient 24 % du coût total dans
notre étude. La plus grande proportion était représentée par le matériel
roulant, loin devant la chaîne de froid et les bâtiments. Notre résultat était
proche de celui de Coulibaly M (23 %). Pour ce dernier, le matériel roulant
occupait la première place avec 46 % et les bâtiments la seconde place avec
40 %.
vaccinales ont été réalisées en stratégie mobile sur trois planifiées. Il est
donc nécessaire de palier à ces difficultés afin donner aux populations cibles
concernées le nombre de doses de vaccins requis pour leur protection contre
les maladies cibles du PEV.
Conclusion
L’estimation des coûts du PEV dans le district sanitaire de Grand-Bassam
montre que le coût total est dominé par les coûts récurrents. Ces coûts
récurrents sont composés en grande partie par les vaccins et fournitures
d’injection. Quant au coût non récurrent, il est principalement constitué du
matériel roulant. En ce qui concerne le coût récurrent par enfant ayant reçu
trois doses de DTCHepB, il était supérieur à la moyenne mondiale d’un enfant
complètement vacciné (15 dollars US). En raison de la rareté des ressources
financières notamment dans les pays en développement comme la Côte
d’ivoire, l’État doit renforcer les actions efficientes de santé publique
notamment la vaccination.
Publique ; 2004 : 30 p.
3. Direction de Coordination du Programme Élargi de Vaccination de Côte d’Ivoire. Plan d’Action Opérationnel
2009. Abidjan, 2009 : 64 p.
4. Banque Mondiale. Les différents modes de financement de la vaccination. 66 p. Disponible sur : http://
www.vaccinealliance.org [Consulté le 28 novembre 2010].
5. Hessou PSH. Estimation et analyse des coûts de la vaccination de routine dans la zone sanitaire Djidja-
Abomey-Agbangnizoun en 2003, Bénin. Quelle approche pour la pérennisation ? Bull Soc Path Exot 2005 ;
98, 5, p. 418.
6. Bete FH. Estimation et analyse des coûts du PEV de routine en 2003 dans la zone sanitaire de Bassila,
Bénin. Bull Soc Path Exot 2005 ; 98, 5, p. 415.
7. Sow SD. Analyse du programme élargi de vaccination dans le district sanitaire de Thiès, Sénégal. Bull Soc
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8. Ky AY. Étude de la participation communautaire aux activités de vaccination dans le district sanitaire de
Sebba de 2001 à 2003 [mémoire de diplôme interuniversitaire]. Ouidah : Institut Régional de Santé
Publique ; 2004 : 71 p.
Santé publique 2011, volume 23, n° 2, pp. 113-121
9. GAVI Alliance. Investir dans la vaccination par l’intermédiaire de GAVI Alliance : la preuve par les faits.
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10. World Africa Business. PNB/hab 2006 : classement des pays africains 2006. Disponible sur
www.worldafricabusiness.com/pnbhab.php [Consulté le 28 novembre 2010].