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VIEILLESSES ORDINAIRES EN SOLITUDE

Arnaud Campéon

Fondation Nationale de Gérontologie | « Gérontologie et société »

2011/3 vol. 34 / n° 138 | pages 217 à 229


ISSN 0151-0193
DOI 10.3917/gs.138.0217
Article disponible en ligne à l'adresse :
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https://www.cairn.info/revue-gerontologie-et-societe1-2011-3-page-217.htm
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VIEILLESSES ORDINAIRES EN SOLITUDE

ARNAUD CAMPÉON

DOCTEUR EN SOCIOLOGIE
INGÉNIEUR DE RECHERCHE À L’ÉCOLE DES HAUTES ÉTUDES EN SANTÉ PUBLIQUE

La canicule de l’été 2003 a entraîné une prise de conscience de


la vulnérabilité de nombreuses personnes âgées. Elle a permis de
sensibiliser l’opinion publique à la question du lien social et à
son importance au fil de l’avancée en âge. Cet article se propose
d’étudier ce qui se passe lorsque ce lien fait défaut pour les
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personnes âgées vieillissantes. Isolées, parfois dans le dénuement
le plus total, ces hommes et ces femmes peuvent en effet faire
l’expérience d’une vie en solitude qu’ils ont rarement choisie et
qu’ils doivent, tant bien que mal, réussir à « enchanter ». L’enquête
qualitative que nous avons menée auprès d’une soixantaine
de retraité(e)s apporte des renseignements sur ces solitudes
« ordinaires » de la vie quotidienne.

ORDINARY OLD AGE IN SOLITUDE


The heat wave of 2003 led to an awareness of the vulnerability of many
older people. It helped awaken public opinion to the importance of
social ties, especially in advancing age. The article studies what happens
to ageing people when these ties are lacking. These isolated men and
women who are sometimes living in great deprivation may experience
a solitary life, which they have rarely chosen and which they must
manage to enhance as best they can. The qualitative survey undertaken
with about sixty retired people brings information about this “ordinary”
solitude of daily life.

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VIEILLESSES ORDINAIRES EN SOLITUDE

Isolement, solitude et vieillissement sont souvent associés dans


l’imaginaire collectif. Tout de suite viennent à l’esprit les ima-
ges de vieillards au regard perdu, confinés dans leur fauteuil,
épuisés d’ennui dans un centre d’hébergement ou à domicile
devant leur téléviseur. Silencieux et seuls. D’ailleurs, les thèmes du
« vieillissement » et de la « solitude » font parfois les gros titres de la
presse générale comme de la presse spécialisée. Le plus souvent,
ils s’accompagnent de révélations macabres sur la découverte
d’un corps d’un(e) septuagénaire ou d’un(e) octogénaire, mort(e)
depuis plusieurs mois, seul(e) dans son appartement, sans que
personne ne s’en soit rendu compte. L’une des dernières révéla-
tions en date concernait une femme de 76 ans, célibataire sans
enfant : « Elle était décédée depuis au moins un an selon le médecin
légiste, mais cela faisait plus de deux ans que ses voisins ne l’avaient
plus vue. Son corps a été retrouvé au sol, près de son déambulateur,
dans un état qualifié par le médecin de « momifié » (Ouest-France,
10 octobre 2009). Les exemples de ce type seraient nombreux et
les réactions à ces faits divers sont toujours les mêmes. Ils suscitent
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l’indignation. Ces images de la vieillesse esseulée correspondent-
elles à la réalité ? C’est ce que nous avons tâché de savoir à travers
la réalisation d’une recherche qualitative portant sur la solitude au
grand âge (Campéon, 2010).

DE LA SOLITUDE AU GRAND ÂGE ?


Il est souvent admis que le vieillissement s’accompagne d’une
désertification progressive des relations autour de la personne
âgée, avec le risque que celle-ci finisse par se retrouver seule et
isolée. Il convient, tout d’abord, de nuancer ce genre de considé-
ration. En vieillissant, tous les individus ne sont pas condamnés à
l’isolement, encore moins à la solitude. S’il est vrai que le réseau
relationnel tend à se restreindre, la famille, par exemple, demeure
souvent un point d’ancrage privilégié. En ce sens, le nombre de
personnes âgées isolées ne représente qu’une frange minoritaire
de la population âgée, qui, dans son ensemble, demeure familia-
lement bien entourée (Delbès & Gaymu, 2003). Cependant, même
minoritaire, cette frange, qui n’a plus de famille et/ou qui n’a
plus de contacts familiaux, n’est pas négligeable. C’est du moins
ce qu’a permis de mettre en lumière le drame de la canicule de
l’été 2003 qui a révélé la vulnérabilité de nombreuses personnes
âgées et surtout la détresse dans laquelle certaines d’entre elles
ont terminé leur vie.

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Aux lendemains de la canicule, l’attention s’est d’ailleurs sponta-
nément portée sur la condition de ces vieillards morts dans l’indif-
férence, témoignage culpabilisant et dramatique d’une solidarité
nationale en panne. Le 20 août 2003, Le Monde titre ainsi, sous la
plume de Ch. de Singly, « Chaleur d’enfer, glacial individualisme »
tandis que le journal Le Point, le 29 août 2003, affiche de son
côté « Canicule, quand l’indifférence tue » avant de souligner
« l’égoïsme d’une société vouée au jeunisme et à la performance ».
À cette époque, les titres des divers journaux nationaux, recensés
par D. Brard (2004), jouent d’ailleurs sur un registre ouvertement
culpabilisant : « Ces vieillards morts dans l’oubli à Paris lors de la
canicule » (Le Monde, le 4 septembre 2003) ; « 450 morts oubliés :
tous coupables » (Le Parisien, le 26 août 2003) ; « Nous devrions
tous avoir honte » (Le Parisien, le 26 août 2003) ; « Négligence par-
tagée » (Libération, le 26 août 2003) ; « À ses morts oubliés, la patrie
repentante » (Libération, le 4 septembre 2003) ; « Quand l’égoïsme
et l’indifférence ont tué » (Le Figaro, le 28 août 2003). Au centre du
débat qui secoue alors la France, et au-delà des critiques sur les
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imperfections d’un système qui n’a pas su être réactif, tous les
rapports d’enquêtes soulignent ce sentiment unanime de désarroi.
Les réactions suscitées par les « oubliés du cimetière de Thiais » en
ont été l’exemple le plus probant : « ces cadavres découverts tardi-
vement dans les appartements parisiens ont indéniablement fait l’effet
d’un électrochoc affectif » (Villez, 2006), heurtant les esprits, à com-
mencer par l’ensemble de la classe politique dont le constat a été
sans appel : l’isolement et la solitude des personnes âgées consti- 1. Notons aussi à ce sujet
la mobilisation de la sphère
tuent un problème politique de première importance fragilisant citoyenne et associative
à travers, par exemple, la
l’ensemble du corps social en remettant en cause les valeurs répu- création en 2004 du collectif
blicaines sur lesquelles il s’appuie 1. national « Combattre la
solitude », ou encore la
mise en place en 2007 d’un
numéro vert « Solitud’écoute »
COMPRENDRE LA SOLITUDE AU GRAND ÂGE : par l’association des petits
Frères des Pauvres « pour
ENTRE ISOLEMENT ET ÉTRANGETÉ AU MONDE lutter contre l’isolement des
personnes de plus de 50
Plusieurs mécanismes sont à l’origine de la solitude au grand âge. ans, confrontées à la solitude
ou à une détresse matérielle
L’isolement provoqué par la perte des proches, les ennuis de santé, ou morale ».
la démotorisation contrainte 2, l’inaccessibilité de l’environnement,
2. La démotorisation renvoi
etc., en est un, le plus commun et le plus connu. La solitude a, en au phénomène d’abandon de
l’usage de sa voiture. Celle-
effet, grandement à voir avec l’insertion sociale d’un individu, à ci peut être progressive ou
ses relations et aux opportunités d’engagements qu’elles permet- brutale, tout comme elle
peut être négociée (dans le
tent. Toutes les études de terrain en vérifient d’ailleurs la validité. cas de déprise stratégique
Pourtant, celle-ci n’épuise pas la complexité du sentiment. Sinon, par exemple) ou contrainte,
c’est-à-dire imposée par
comment expliquer qu’un individu isolé ne se sente pas seul, alors un tiers.

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VIEILLESSES ORDINAIRES EN SOLITUDE

qu’inversement, il arrive qu’une personne a priori bien entourée


puisse souffrir de solitude. La nature des contacts, par exemple,
est elle aussi essentielle, selon qu’elle correspond ou non aux
attentes des individus, selon qu’elle leur paraît légitime ou pas
(Delisle, 2004). Avoir des relations fréquentes avec ses enfants, par
exemple, ne suffit pas si celles-ci s’avèrent infantilisantes ou si elles
ne sont fondées que sur le registre de l’utilitaire. Inversement, se
sentir valorisé par une professionnelle de l’aide à domicile peut
parfois satisfaire un individu, de telle sorte qu’il ne se sent pas
isolé et qu’il n’éprouve pas de solitude, alors que paradoxalement
il n’a plus de contacts avec sa famille ni avec ses ami(e)s ou ses
voisins. Isolement et solitude ne se confondent donc pas néces-
sairement et il convient de prendre la mesure de cette différence
pour éviter tout amalgame.

Une autre dimension cependant nourrit le sentiment de solitude.


Cette dimension c’est celle de « l’étrangeté au monde » dont on
sait qu’elle est une composante majeure du vieillissement, notam-
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ment aux âges les plus avancés (Caradec, 2007). L’étrangeté, c’est
le sentiment que beaucoup de personnes très âgées ont de ne
plus reconnaître le monde dans lequel elles vivent. Elle se mani-
feste aussi bien dans l’ordre des relations avec la disparition des
proches ou encore l’éloignement générationnel que dans l’ordre
du rapport à la société dans son ensemble, au territoire, à son
environnement de vie, à son logement. Dans tous les cas, l’étran-
geté au monde peut être ressentie et est même à l’origine de dif-
férentes formes de déprise responsables de l’abandon progressif
de l’individu au monde qui l’entoure. Plus encore, cette étrangeté
peut se manifester vis-à-vis de soi-même, lorsqu’une personne
finit par ne plus se reconnaître et par ne plus assumer la tension
entre ce qu’elle est désormais et ce qu’elle aimerait être encore.
« Se devenir étranger » à soi-même, comme le qualifie le philoso-
phe J. Amery (2009), est d’ailleurs la forme la plus ultime de ce
sentiment d’étrangeté au monde pour l’individu vieillissant. Il est
la marque d’une perte irrémédiable, celle de son identité et des
rôles qui, jusque-là, le rattachaient à la société.

LES CONTOURS DE L’EXPÉRIENCE ORDINAIRE


DE LA SOLITUDE AU GRAND ÂGE
Examinons à présent de plus près le ressenti de cette expérience
au sein de la population âgée. Parler de solitude à ces âges de la

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vie, c’est d’abord évoquer la dimension éminemment ancrée de
celle-ci dans « la vie ordinaire » (Juan, 2003), c’est-à-dire autant
dans la vie quotidienne que dans les routines hebdomadaires.
Cela ne signifie pas pour autant qu’il s’agit là d’un sentiment
continuel. Au contraire, on peut considérer que le sentiment de
solitude advient par phases, à savoir qu’il peut être « activé » ou
plus durement redouté à certains moments particuliers de la jour-
née ou dans certains endroits.

LES TEMPS DE SOLITUDE


Comme à chaque période de la vie, la vieillesse crée son propre
temps, et, pour la population d’étude qui nous concerne, il s’agit
bien souvent d’un temps marqué par l’absence de l’autre, l’ab-
sence de projet, par un temps d’attente (d’une visite, d’un appel
téléphonique, d’une émission de télévision, etc.). Les moments de
solitude peuvent donc se lire dans la manière dont le temps passe,
dans le déroulement (trop) ordinaire des journées qui s’écoulent.
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Chez soi, c’est souvent durant les moments d’ennui qu’elle est le
plus intensément ressentie. L’ennui expose en effet à une tem-
poralité vide et mal vécue. Il fait ressurgir le poids de certains
souvenirs, des regrets, de l’absence de projets. Il y a ainsi des
temps plus difficiles à surmonter comme les après-midi qui, à la
différence des matinées (généralement structurées par des tâches
domestiques ou les visites des professionnelles) paraissent souvent
« bien longues » au point de donner l’impression de ne jamais finir.
La charge d’ennui y est trop forte et l’impression de ne rien faire
prépondérante. Ainsi en est-il pour Béatrice (84 ans) : « Je m’en-
nuie chaque seconde. (…) Le temps m’est devenu interminable, je n’ai
plus rien à faire, plus rien à partager… je m’ennuie tellement si vous
saviez ». Tout comme Margaux (86 ans) qui, le cœur serré, avoue
à demi-mot se « mourir d’ennui » depuis quelques mois. Ainsi, il
est fréquent que l’ennui se mêle à l’angoisse, angoisse de ne pas
savoir quoi faire, angoisse de se sentir inutile, angoisse d’attendre
que le temps passe sans autre perspective. Les fins de soirées, mais
plus encore les nuits [où les misères intérieures et l’angoisse de
la (mal) mort solitaire sont particulièrement envahissantes], voire
l’heure des repas, seul(e) devant l’assiette, sans réconfort et sans
partage, ne font que renforcer cette langueur.

Il y a aussi des jours de la semaine et des périodes de l’année


où la solitude se rappelle cruellement à soi, comme le dimanche

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VIEILLESSES ORDINAIRES EN SOLITUDE

(habituellement réservé au regroupement familial), la période


des vacances, désespérément vide, ou encore les jours de fêtes
que l’on passe sans compagnie. L’exclusion de tous ces moments
traditionnels de réjouissance est pénible et au bonheur des retrou-
vailles familiales partagées, se superpose souvent la douleur de
ceux et celles qui en sont privés. Roger (76 ans) se sent éperdu-
ment seul à l’occasion de toutes ces fêtes, en particulier à Noël :
« Quand arrive le moment de Noël, je pleure beaucoup. La saison
est difficile ». Et si elle est difficile, c’est parce que Roger prend
conscience, peut-être plus qu’à tout autre moment de l’année,
qu’il n’a personne à appeler, « personne à qui souhaiter un bon
noël et une bonne année… » et qu’en retour, lui-même ne recevra
pas de signe de reconnaissance : « On ne peut pas imaginer la
souffrance que ressentent ceux qui sont seuls, qui n’ont personne à
qui parler comme moi. (…) Je n’attends plus rien, ni visite, ni appel…
c’est vraiment ce qui peut arriver de pire à un homme ». En situation
de solitude, ces célébrations ont une coloration toute particulière.
Sans présence attentive, aimante, fraternelle, elles favorisent le
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repli sur soi et chez soi.

LA SOLITUDE DU CHEZ SOI : UN TERRITOIRE SANS PARTAGE


La solitude a aussi grandement à voir avec son logement. On le
sait, l’habitat est d’abord et avant tout le reflet de l’identité de
celui qui y habite, faisant très souvent écho à sa construction
identitaire. Or, de l’appartement austère à la maison sur-décorée,
c’est bien souvent l’absence de l’autre qui marque ces logements
dissemblables (Pezeu-Massabuau, 2007). Parfois, c’est la profu-
sion des souvenirs qui retient immédiatement l’attention. D’un
simple regard, il devient possible de reconstituer la trajectoire
de l’individu, ses passions, ses goûts, ses attaches, ses croyances.
Les murs ou encore l’aménagement de son domicile portent les
traces de son existence et de ce qui en a constitué les reliefs : pho-
tos de mariage ou de réunion familiale, souvenirs de vacances,
ornements divers (du diplôme de la « super mamie » au crucifix),
meubles familiaux conservés précieusement, etc. Ces intérieurs
renvoient une certaine chaleur, une atmosphère qui restitue la
plénitude du monde personnel de l’individu et qui en dit long
sur son parcours de vie. Dans d’autres cas en revanche, l’aména-
gement et la décoration se veulent sommaires : une chaise, un
fauteuil, une pièce de vie, même pas de quoi recevoir un ami
ou un voisin. Chez les plus isolés, qui sont aussi souvent les plus
modestes, l’entretien peut y être négligé, le confort souvent réduit

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à son minimum, fait de bricoles récupérées et de rafistolages qui
renseignent sur l’absence de famille et d’aidant dans l’accom-
pagnement à la vie quotidienne. La décoration est épurée, sans
ornement, sans photographie. La trace d’autrui y est inexistante.
Le passé est comme gommé, les centres d’intérêts de l’individu,
ses particularités, rendus invisibles. Ainsi en est-il chez Florence
(75 ans) dont l’intérieur est débarrassé de toute empreinte affec-
tive et relationnelle : « c’est épuré ici, tout comme ma vie ». De fait,
elle reçoit peu, sinon jamais, comme Nelly (86 ans) qui a peu
investi dans les aménagements de confort : « Je n’ai que le strict
minimum pour moi. Je n’ai pas de visites alors je ne m’encombre que
de ce que j’ai besoin ».

La solitude du chez soi ce sont aussi des sensations, diffuses, diffici-


les à appréhender et à mettre en mot, mais qui témoignent d’une
atmosphère : ce sont des odeurs ou encore l’absence de bruits qui
rappellent la douloureuse disparition des proches, au cœur d’une
maison devenue trop grande pour soi. Suite au décès de son
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conjoint par exemple, la trace de l’autre, y a été définitivement
perdue tout comme la familiarité à cet espace qu’on ne reconnaît
plus. « L’expérience du veuvage est d’abord celle du vide, l’impression
de vide dans la maison faisant écho au sentiment de vide intérieur »
nous dit V. Caradec (2004). Dans ces logements, le silence pointe
le vide relationnel et s’accompagne d’un effondrement et/ou
d’une désorientation des repères les plus sécurisants (Le Breton,
2006). Il est le signe que son logement n’est plus marqué par la
présence des autres, qu’il n’est plus en mouvement. C’est ainsi que
l’absence de certaines sonorités font parfois cruellement défaut :
le bruit des conversations familiales animées, le bruit des pas de
l’autre dans l’escalier, le bruit de portes qui claquent, du parquet
qui craque, du téléphone qui sonne. « Le plus dur c’est le silence…
ça me glace le sang, j’en ai une sainte horreur » nous dit Lucie (77
ans). Pour Lucie, comme pour de nombreuses autres personnes
âgées rencontrées, le silence est vécu comme une chape insup-
portable, une sensation écrasante et inintelligible qui fait ressentir
le poids de sa solitude.

DES LIEUX EXTÉRIEURS DE SOLITUDE


Il n’y a cependant pas que l’espace intime du chez soi qui favo-
rise la solitude. De nombreux lieux extérieurs ont également été
cités comme étant propices à son expression. Généralement, ces
lieux sont ambivalents, ils font naître une gamme hétérogène de

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VIEILLESSES ORDINAIRES EN SOLITUDE

sentiments, tantôt mélancoliques, tantôt teintés de reviviscence


heureuse. Il y a d’abord tous ces lieux de balade dans lesquels
certaines personnes âgées ne veulent plus ou ne peuvent plus se
rendre, faute de bras auxquels s’accrocher mais surtout en raison
de souvenirs trop lourds à supporter seules. D’autres, au contraire,
vont se ruer vers ces lieux de souvenirs, ces lieux de familiarité
intime qu’ils considèrent comme autant de « bouées de sauve-
tage » et de « complices d’états-d’âmes » (Ramos, 2006). Certains
d’entre eux, expressément dédiés à la mémoire comme les cime-
tières, sont pour beaucoup de veufs et veuves rencontrés des lieux
de survivance par excellence où ils « retrouvent » leurs défunts.
Il est aussi des « lieux d’anonymats », sorte de « non-lieux » selon
l’expression popularisée par l’anthropologue M. Augé (1992), où
certains individus aiment se rendre pour « voir passer du monde »
et « entendre les bruits de la vie ». Le marché ou encore une gale-
rie commerciale remplissent cette fonction en ce qu’ils participent
d’une inscription à la vie qui peut d’ailleurs se concrétiser parfois
dans certaines formes de sociabilités, certes éphémères, mais qui
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réchauffent l’instant présent. Comme Stéphanie (85 ans) qui met
un point d’honneur à accompagner ses aides à domicile lors des
courses hebdomadaires : « J’aime bien aller avec elles, je les attends
sur le banc et ça me fait voir un peu de monde. [Et vous discutez ?]
Ça arrive quand il y a des gens qui s’assoient à côté… ça n’engage
à rien, ça distrait et c’est très plaisant sur le moment ». Ces espaces
constituent autant de scènes où les échanges verbaux deviennent
possibles. Ce qui prime le plus, c’est le désir d’établir un lien (réel
ou fantasmé) avec autrui, soit une manière comme une autre de
sortir de chez soi et, surtout, « de desserrer l’étau de la réflexivité sur
soi » (Kaufmann, 1999).

LES MODES DE VIE EN SOLITUDE :


ENTRE INDIVIDUALISATION DES PRATIQUES
ET DÉSINVESTISSEMENT DE SOI
Outre ces moments particuliers et ces lieux, la solitude peut éga-
lement se lire à travers la réorganisation de son mode de vie.
L’avancée en âge confronte les individus à une redéfinition de
leur périmètre d’action mais également de leurs pratiques. Par
exemple, en se retrouvant seule, une personne âgée n’a plus
nécessairement l’envie, le courage ou le réseau pour pratiquer
certaines activités. Très concrètement, cela signifie que tout ce qui
avait un sens dans un environnement social donné – conjugal,
familial, amical – peut être définitivement abandonné parce que

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plus partagé. Participer à un atelier de confection, se rendre au
restaurant ou à une conférence font partie de ces activités qui
perdent leur raison d’être lorsqu’elles sont réalisées seules. La
situation de veuvage a ici un impact fondamental, tout comme la
disparition des amis/voisins du même âge qui peut entamer toute
velléité de participation sociale. Avec l’âge en effet, l’individuali-
sation des pratiques et la baisse des opportunités d’engagements
ont tendance à devenir de plus en plus fortes et à restreindre le
champ des possibles aux activités qui se réalisent préférentielle-
ment seules et à l’intérieur de son domicile. On rappellera à cet
égard l’importance grandissante prise par les médias domestiques
à ces âges de la vie, comme la télévision qui offre bien souvent
une présence rassurante évitant de se murer dans une solitude
trop pesante.

Plus encore, le simple fait de vivre seul, hors de tout cadre socia-
lisateur, suffit parfois à contraindre l’action et à déstructurer l’in-
dividu. Le moindre effort risque alors de devenir une corvée :
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se préparer à manger, entretenir son logement, sortir faire des
courses, avoir une activité sociale et/ou intellectuelle, prendre
soin de soi. Et pour cause, n’avoir personne à qui parler c’est aussi
n’avoir personne à voir et à rencontrer. Dans ces conditions, il
peut parfois paraître vain de s’occuper de soi. C’est ce dont témoi-
gne Lucie (77 ans) et qui, après avoir été « très coquette » toute
sa vie, se désintéresse progressivement d’elle-même : « Je ne me
maquille plus, à quoi bon… je n’entretiens plus ma peau… c’est triste
hein ? [Pourquoi ne le faites-vous plus ?] Pour qui voulez-vous que
je le fasse ? ». C’est également un sentiment que partage Marie-
Jo (77 ans) qui déplore ne plus sortir et ne plus avoir d’effort à
faire : « Je ne sors pas, je ne vais pas au cinéma, je m’habille pas…
vous voyez comment je suis fagotée ? Avec des vieux «peillots» qui ne
ressemblent plus à rien (…) C’est désolant mais je m’en contre-fiche ! ».
Face au désert affectif qui entoure ces femmes, certaines finissent
par se désintéresser de leurs corps, de leurs tenues et finalement
d’elles-mêmes. Leur souci de soi s’est émoussé avec le temps. Il
n’est pas rare alors qu’elles renoncent et qu’elles se laissent glisser
tranquillement, entamant ainsi une ultime déprise (Clément et
Mantovani, 1999) que rien ni personne n’arrêtera. Ainsi en est-il
pour tous ces vieux et toutes ces vieilles qui se sentent « perdus »,
« ignorés », « délaissés », qui ont tendance à ne plus vouloir sortir, à
ne plus prendre soin d’eux, à moins manger, et, en définitive, qui
se laissent mourir d’esseulement.

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VIEILLESSES ORDINAIRES EN SOLITUDE

LES SUPPORTS DE LA SOLITUDE AU GRAND ÂGE

L’expérience de solitude n’a cependant rien d’inéluctable et de


manière concomitante, elle peut aussi être positivement vécue et
donner lieu à la reconstruction d’autres formes de liens sociaux
et/ou de recentrement sur des activités signifiantes. De fait, les
personnes que nous avons rencontrées mettent en œuvre d’autres
moyens pour se sécuriser dans leur travail quotidien de concréti-
3. Nous faisons ici référence sation 3 et d’identification, grâce notamment à la mobilisation
à tout le travail de soi
nécessaire pour « durcir » son d’une multitude de supports (Martuccelli, 2002). Tout l’enjeu
quotidien, comme devenir réside alors dans leur capacité, nécessairement différentielle, à se
rigoureux dans l’organisation
de sa vie quotidienne en produire un univers qui leur soit significatif.
s’imposant des contraintes
par exemple.
Au niveau relationnel, ça peut être par exemple de rechercher la
présence d’autrui pour continuer à être en relation. C’est le cas de
certaines personnes âgées qui ont appelé elles-mêmes une asso-
ciation pour recevoir la visite de bénévoles ; d’autres sortent aux
mêmes heures et aux mêmes endroits pour rencontrer des person-
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nes qui leur sont familières et échanger quelques mots ; d’autres
encore s’arrangent pour rencontrer leur facteur, leur concierge, leur
boulanger, etc. La présence des aides à domicile est aussi impor-
tante. Il arrive fréquemment que ces professionnelles deviennent
de véritables supports pour les personnes chez qui elles intervien-
nent : au-delà de l’aide technique qu’elles apportent, elles peuvent
être une « compagnie », une ouverture sur le monde, un soutien
moral, une source de valorisation ou encore d’engagement pour
réaliser certaines activités.

Le deuxième type de support, auquel peuvent se raccrocher de


nombreuses personnes âgées, est lié à leur habitat, lieu de repères
et repaire (Veysset, 1989). En ce sens, il peut devenir un ancrage
identitaire, une part de soi valorisée. Parfois d’ailleurs, c’est à partir
du logement même que s’organise la vie. Tout l’enjeu est de faire
entrer « une part d’extérieur » chez soi : nous faisons ici référence
à la pratique d’achat par correspondance, à l’usage des objets de
communication ou encore au fait de « regarder le monde à tra-
vers sa fenêtre » décrit dans certaines recherches (Clément et al.,
1995). Cette dimension se retrouve également à travers la place
éminemment importante tenue par les objets qui peuplent l’es-
pace du domicile et offrent une « image de permanence et de sta-
bilité » (Halbwachs, 1950). Il y a les objets « animistes », c’est-à-dire
« des objets qui incarnent l’âme de celui ou de celle que l’on a aimé »

Gérontologie et Société - n° 138 - septembre 2011 page 226


(Muxel, 1996) et qui ravivent sa présence. Il y aussi tous ces objets
qui rappellent moins l’être cher disparu que la filiation, une trace
des lignées qui ont précédé les individus et qui les réinscrit dans
une histoire familiale (Ramos, 2010), imaginairement peuplée,
permettant d’entretenir l’illusion d’être toujours entouré(e).

Le troisième type de support mobilisé reflète la capacité des indi-


vidus à pouvoir intérioriser des liens symboliques qui offrent un
cadre de contrainte qui fonctionne comme un garde-fou aux
errements individuels. La richesse d’une vie passée, la curiosité, la
capacité à formuler des projets permettent, par exemple, de sup-
porter des conditions de vie difficile. La foi, la mémoire et, à tra-
vers elle, les souvenirs sont aussi des supports cruciaux lorsqu’on
avance en âge. Le souvenir du conjoint disparu, par exemple,
peut continuer à orienter la conduite de celui ou de celle qui reste
et guider ainsi son existence (Caradec, 2004). Il en est de même
de la foi (spirituelle, religieuse), qui permet de donner du sens
à sa vie tout en créant un lien entre un vécu individuel et une
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expérience collectivement partagée. Les routines remplissent éga-
lement cette fonction : elles conservent les identités parce qu’elles
sont familières, elles sont comme une partie intrinsèque de soi,
sédimentées dans des automatismes corporels (Kaufmann, 1997).
Elles permettent, comme le suggère J. Bouisson (2007), d’instaurer
un ordre rassurant au milieu d’un environnement en perpétuelle
transformation.

Toutes ces micro-constructions personnelles remplissent un rôle


important car elles « familiarisent » et « supportent ». Elles permet-
tent le rassemblement de soi autour de petits plaisirs du quoti-
dien, y compris les plus insignifiants et les plus banals. La solitude
devient alors un outil de maîtrise de son propre vieillissement,
une solitude habitée qui est l’indice d’une identité pour soi ren-
forcée (Schurmans, 2003).

Dans une société qui valorise la rapidité, la performance, la jeu-


nesse, pour ne pas dire le jeunisme, l’attention portée aux person-
nes âgées s’est transformée. De nombreux auteurs le rappellent et
dénoncent d’ailleurs la « douce » exclusion dont fait aujourd’hui

Gérontologie et Société - n° 138 - septembre 2011 page 227


VIEILLESSES ORDINAIRES EN SOLITUDE

l’objet une partie de cette population. J. Maisondieu (2002) appelle


« syndrome de Tithon » cette exclusion spécifique des vieux, cet
« apartheid de la vieillesse [qui se réalise] avec une férocité d’autant
plus redoutable qu’elle est (…) inconsciente, y compris chez ceux qui
en sont les victimes » (Maisondieu, 1991 cité par Puijalon & Trincaz,
2000). Aussi sévères qu’ils puissent paraître, ces propos rejoignent
d’autres critiques, à l’instar de celle du sociologue M. Billé (2010)
qui dénonce la tyrannie du « bien vieillir » qui essaime l’univers de
nos représentations. Il n’est pas difficile de comprendre ce qu’a de
pernicieux ce type de modèle dès lors que les conditions sociales
de sa réalisation ne sont pas réunies. C’est dans ce contexte bien
particulier qu’il faut comprendre l’acuité du sentiment de solitude
de manière générale, et au grand âge en particulier. Comme le
note A. Mayrat (1980), le désintérêt et le repli sur soi ne sont pas
toujours, en effet, les effets de la sénescence, mais bien souvent au
contraire ceux d’un climat social desséchant et décevant.

Face à la vacance culturelle et à l’absence de valeurs sociales signi-


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fiantes pour une fraction importante de la population âgée, il n’est
donc pas surprenant que les signes du délaissement soient nom-
breux dans les discours recueillis. Ils témoignent tous du besoin,
si ce n’est de l’impérieuse nécessité, de changer de regard sur la
vieillesse dans notre société, de passer « d’un regard qui dévisage
à un regard qui envisage » pour reprendre la belle expression du
poète Jean Cocteau.

Gérontologie et Société - n° 138 - septembre 2011 page 228


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