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« Chez moi je m’ennuie. La solitude me tue à petit feu. Je m’alcoolise pour tenir le coup. Oublier
ma situation. Ne plus penser. Je n’ai ni le courage ni l’envie d’arrêter de boire pourtant. Il n’y a
qu’une chose qui m’obsède : ne plus être seul. »
À l’histoire de nos ancêtres et au message négatif véhiculé par notre
société s’associent nos souvenirs personnels.
Nous sommes tous marqués par des moments de solitude : les
sensations éprouvées à l’époque résonnent encore aujourd’hui en nous. Dès
notre plus jeune âge, la nuit, seul dans notre chambre. Peur du noir et des
ombres des jouets projetées sur les murs. Peur des craquements du parquet
ou des meubles, mais aussi du silence lourd, témoin de notre solitude. Plus
tard, la solitude des ruptures sentimentales, nos pleurs, l’incompréhension
de notre entourage et l’idée folle, mais tenace, que notre vie désormais sera
triste et sans intérêt. Au cours de notre vie, nous vivons tous aussi le décès
d’un proche, son absence que rien ni personne ne pourra remplacer, le vide
qui l’accompagne, le regret des mots jamais prononcés, l’émotion en nous
contenue par pudeur et cette réalité dure et intransigeante qui éteint
brutalement et pour toujours tous nos rêves.
Toutes ces situations désagréables, douloureuses, éprouvantes, vécues
dans la solitude nous en donnent une représentation biaisée et stigmatisée.
Nous associons implicitement la solitude à ces moments de notre vie,
comme si elle était la cause de ce ressenti négatif, alors qu’elle est la
conséquence d’une situation pénible.
À l’inverse, nous n’avons en général pas suffisamment appris à avoir
des moments bénéfiques de solitude.
Nous n’avons pas appris à être seul
« À chaque fois que je me retrouve seul, cela se passe mal. »
« J’ai appris beaucoup de chose, mais pas à vivre seul. »
« Pourquoi faire les choses seul quand on peut les partager à deux ? »
« Pensez aux autres me permet de ne pas penser à moi. »
La solitude fait peur, parce qu’elle ravive en nous des souvenirs
douloureux, mais aussi parce que nous n’avons pas appris à l’apprivoiser.
Nietzsche l’avait souligné : « Le défaut le plus répandu de notre type de
formation et d’éducation : personne n’apprend, personne n’aspire, personne
n’enseigne… à supporter la solitude. »
Chacun s’emploie à ne pas être confronté à cette source de tant de
souffrances sans réfléchir sur la manière dont il pourrait apprendre à mieux
la vivre. Une des craintes des parents n’est-elle pas que leur enfant
s’ennuie, qu’il n’ait, seul, rien à faire ?
Dès leur plus jeune âge, nos enfants sont donc en activité permanente.
Les temps libres sont supprimés. L’oisiveté combattue. Cela a le mérite de
les stimuler. Mais si tel est l’objectif, diminuer le temps libre de l’enfant
augmente-t-il réellement ses performances ? Sera-t-il pour autant plus tard
un adulte plus éveillé, plus cultivé, plus épanoui ? Et quid de la capacité de
penser, du potentiel créatif, des désirs profonds de l’enfant ?
Dans ce programme chargé, qui s’intéresse véritablement à ce qu’il
ressent, éprouve, vit intérieurement ? Qui apprend aux enfants à
comprendre leurs émotions, à identifier leurs besoins profonds, à verbaliser
leur ressenti ? Plus tard, adultes, comment pourront-ils rester seuls s’ils ne
l’ont jamais expérimenté auparavant ? Sauront-ils gérer ce face-à-face avec
eux-mêmes sans angoisse ?
Pourtant, c’est la solitude, et pas l’accumulation des activités ou des
apprentissages, qui permet d’avoir une meilleure connaissance de soi, une
conscience de soi plus juste, élément indispensable à notre épanouissement
personnel. Parce que nous n’avons pas appris à apprécier la solitude, seule
demeure en nous l’angoisse d’une solitude amère, et tous les moyens sont
bons pour y échapper. C’est dès l’enfance que nous devrions éduquer nos
enfants à supporter et aimer la solitude. À nous, parents, d’accepter de les
voir parfois s’ennuyer, perdre du temps afin que naissent les désirs, que se
développent la créativité, le rêve.
Le solitaire dérange
Celui qui jouit pleinement de sa solitude nous paraît étrange, il inspire la
méfiance plus que le respect.
Encore aujourd’hui, dans notre société occidentale, pourtant très
individualiste, le « solitaire heureux », qui assume sa solitude, interroge.
Pourtant, assumer sa solitude, c’est vouloir rester libre d’être soi-même.
Le solitaire s’oppose aux valeurs de notre société de consommation basée
sur le plaisir facile et immédiat. Il n’estime pas que l’homme doive
obligatoirement vivre en société et en famille pour être heureux et se
réaliser. Il prône la liberté individuelle et l’expression de soi. Il s’attache à
développer une vie intérieure ou spirituelle plus épanouissante à ses yeux. Il
se prend en charge, assume ses convictions et ses actes, gère sa peine,
défend ses valeurs. Il connaît la joie de vivre sans être obligatoirement
entouré, apprécie les relations sociales sans se laisser envahir, il connaît ses
limites entre lui et l’extérieur. Sa capacité à supporter la solitude témoigne
de son équilibre intérieur.
Le solitaire remet en cause de nombreuses croyances, une conception du
bonheur facile, la tranquillité quotidienne d’une vie illusoire construite sans
renoncement, sans effort.
Des bienfaits rarement verbalisés
Nous avons plus de témoignages de personnes qui souffrent de la
solitude ou s’en plaignent que de personnes qui la vivent agréablement. Les
descriptions positives des moments de solitude restent rares, et sont souvent
d’ordre mystique ou religieux.
Parfois, un événement ressort de la masse d’informations médiatiques,
qui contrarie notre vision négative commune. Un artiste a décidé de se
retirer de la scène pour profiter autrement de sa vie, un explorateur solitaire
s’aventure dans des régions lointaines et inhospitalières. Ces hommes,
exceptionnels à nos yeux, nous paraissent inaccessibles et doués d’une force
que seuls les héros des temps modernes possèdent. Ils nous fascinent, nous
font rêver, mais qui ose tout quitter pour faire le tour du monde en
solitaire ? Les exemples révélés par les médias apparaissent inaccessibles et
nécessitent pour y parvenir des renoncements incroyables que bien peu
d’individus, en pratique, sont prêts à faire.
La solitude réveille nos peurs, qu’elles soient existentielles et innées,
inhérentes à notre condition humaine, relatives à des faits historiques et
transmises culturellement, ou qu’elles évoquent des souvenirs personnels
douloureux. En toute logique, nous évitons donc d’y être confrontés.
Certains emploient d’ailleurs leur vie à esquiver les moments de solitude au
risque de se perdre.
Pour autant, nous avons besoin de solitude pour intégrer un à un les
événements de notre vie et pour les intérioriser. La solitude fait partie de
notre expérience de vie. Elle est incontournable et vouloir la fuir, c’est se
fuir soi-même.
Chapitre 3
Savoir être seul,
c’est devenir adulte
Ne plus prendre ses rêves pour la réalité
« Jusqu’à présent, je voulais toujours que mon environnement soit différent, qu’il s’adapte à moi.
Et j’en voulais à tout le monde de ne pas me comprendre, de ne pas manifester d’effort pour
m’aider… Maintenant, quand je dois affronter un problème, je me dis intérieurement que je vais
essayer de trouver les forces qui sont en moi pour gérer la situation, et si j’ai des défaillances, je les
accepte comme miennes, je sais que c’est moi et que ce n’est pas la faute des autres… on ne peut pas
changer comme on voudrait les autres. Il faut savoir s’adapter. »
« J’ai réalisé que ma façon de comprendre la réalité, provient de ma perception des choses. Je
suis le résultat des conflits intérieurs qui m’animent, mes luttes m’appartiennent et ce n’est pas
l’environnement qui l’induit en moi… »
Quand la réalité s’impose à nous et nous contraint de reporter nos
projets, nous sommes parfois en colère contre l’injustice qui s’abat sur
nous. Quand nous désirons quelque chose, mais n’avons pas les moyens de
l’obtenir, nous accusons parfois les autres de ne pas nous aider, la société
d’être indifférente à notre cause. Quand, seuls, nous réalisons que nos
capacités ne nous permettent pas d’atteindre les objectifs fixés ou que nous
ne pouvons répondre aux demandes d’autrui, nous sommes animés de
sentiments négatifs comme la déception, la tristesse, la colère… Pourtant,
nous avons tous nos limites et nos désirs trop souvent ne prennent en
compte ni la réalité de nos ressources, ni le contexte, ni les autres. Trop
souvent nous souffrons de ne pouvoir réaliser nos désirs impossibles. Ce
n’est pas parce que nous désirons quelque chose que nous devons
obligatoirement l’obtenir. Nombre de nos désirs ne sont pas indispensables
à notre bonheur. Celui qui confond désir et besoin souffre de ne pouvoir
obtenir ce qu’il veut : c’est la frustration qui lui est si insupportable. Savoir
renoncer à un projet irréaliste, accepter ses limites, comprendre qu’il nous
faut nous construire progressivement, nous adapter en permanence aux
aléas de la vie, toutes ces choses élémentaires, et si souvent oubliées,
s’apprennent dans l’expérience douloureuse de la solitude. Car la solitude
s’éprouve.
L’expérience de la solitude et l’angoisse qui l’accompagne sont à
rapprocher de l’« angoisse de castration » dont parlait Freud, de cette
épreuve de la réalité qui remet à plat nos illusions et nous force à admettre
qu’il ne suffit pas de désirer les choses pour les obtenir. Il nous faut
renoncer « au principe de plaisir » et reconnaître la réalité, le fait que nos
demandes ne seront pas toutes comblées, que les frustrations sont normales
et structurantes, que tout ne tombe pas du ciel, mais qu’il nous faudra
souvent patience et effort pour obtenir ce que nous souhaitons. Que malgré
toute notre bonne volonté, notre ardeur, notre persévérance, certaines
choses nous sont inaccessibles. Admettre que l’autre, quoi qu’il fasse, ne
comblera jamais tous nos besoins.
Accepter cette réalité : nous ne sommes ni le centre du monde ni des
êtres tout-puissants et immortels mais des individus parmi tant d’autres,
vulnérables et au pouvoir limité.
Renoncer à l’omnipotence augmente nos capacités d’adaptation,
améliore nos relations aux autres, nous rend plus réactifs et plus efficaces.
On ne règle pas les conflits en imposant nos désirs, en imaginant que tout
nous est dû, que rien ni personne ne doit nous résister, en remuant terre et
ciel pour obtenir l’impossible. La vie n’est pas un caprice. Les autres ne
sont pas des objets que nous manipulons en fonction de nos désirs. Être
adulte, c’est pouvoir distinguer ce qui est possible de ce qui ne l’est pas, ce
qui dépend de nous et ce qui dépend des autres, différenciation qui vient
avec la conscience accrue de nos propres limites.
La solitude nous apprend à accepter nos limites dans le but de vivre
pleinement la vie qui nous est donnée. L’acceptation n’est pas la
résignation, l’abandon de toute ambition. L’acceptation, c’est être réaliste et
responsable. Changer ce que l’on peut changer, s’adapter à ce qui ne peut
l’être. Toutes les contrariétés que la vie nous réserve, pour être dépassées,
métabolisées, requièrent l’acceptation d’une certaine frustration
indispensable pour apprendre et évoluer. Cette frustration reste une
expérience solitaire.
C’est ce qui est structurant dans l’expérience de solitude : nous
inscrivons alors nos désirs dans le champ du réalisable et non plus de
l’imaginaire. Nous acceptons que nos désirs ne soient pas tous compatibles
entre eux, qu’ils soient parfois fous ou préjudiciables à notre bien-être,
qu’ils ne collent pas systématiquement à ceux de l’autre.
Être responsable de sa vie
« Longtemps, j’ai cru que mes difficultés, mon mal de vivre étaient la faute de mes parents. Je les
rendais responsables de mes défauts. Maintenant que je prends conscience de mes limites, de mes
difficultés, et que j’accepte d’y être pour quelque chose, c’est plus dur et frustrant, mais je peux
porter un autre regard sur les événements, sur mon entourage et sur moi-même. Je me sens seule,
mais non plus abandonnée, délaissée, mal aimée, inutile. Je ne trouve plus la vie injuste, les gens
égoïstes et indifférents. Je me sens seule parce que je comprends que je suis seule maître de ma vie,
que tout dépend de moi. Que c’est à moi de me prendre en charge. C’est éprouvant de réaliser cela,
mais c’est rassurant finalement, cela me donne confiance en moi et surtout me procure un sentiment
de liberté. Je commence à saisir qui je suis, ce que je mérite, ce que je vaux, ce que je veux… »
« Concevoir et accepter que les difficultés que je rencontrais n’étaient pas du fait des autres mais
de moi-même a été pénible au début, mais cela m’a permis de me retrouver, d’être en accord avec
moi-même. Je prends ma vie en main, je m’occupe de moi, je m’assume et je me sens plus apte à
prendre des responsabilités. Aujourd’hui je suis plus capable de mieux me gérer… et de ne pas
toujours projeter à l’extérieur ce qui ne va pas… C’est un peu comme si j’étais devenu propriétaire
de moi-même, de ma vie… je ne suis plus dans l’attente d’être moi-même. Me sentir responsable de
moi modifie la nature de ma relation aux autres, m’apporte plus de légèreté. ».
La responsabilité de soi est essentielle à l’épanouissement intérieur.
Certes nous avons tous besoin d’autrui, mais nous ne pouvons rendre les
autres responsables de nos difficultés, faire porter sur notre entourage la
responsabilité de choix que nous n’assumons pas. Nous ne pouvons pas
nous épanouir et vivre libre d’être nous-même si nous vivons
quotidiennement dans le secret espoir que les autres nous donnent ce que
nous n’osons pas réclamer. Être responsable de soi ne signifie pas tout faire
soi-même, mais se prendre en charge et assumer la conséquence de ses
actes. C’est à nous de décider de la vie que nous voulons. Personne ne peut
vivre à notre place ce que nous ressentons, nous comprendre tout à fait,
répondre à tous nos désirs.
L’expérience de solitude nous conduit à chercher au plus profond de
nous-même les ressources nécessaires pour agir, changer ou accepter de
renoncer. Et ce face-à-face étrange nous donne une juste valeur de nous-
même. Nous prenons conscience de l’importance de nos actes, de notre vie.
Nous réalisons que notre existence dépend étroitement du sens que nous lui
donnons.
Aussi, n’attendez pas des autres qu’ils vous procurent ce que vous
recherchez. L’autre n’est pas tout-puissant. Quel qu’il soit. Quoi qu’il fasse.
Assumez vos besoins et n’accusez pas les autres si vous n’êtes pas satisfait,
interrogez-vous. Vous ne pourrez évoluer si vous faites porter sur les autres
la responsabilité de votre incapacité à vivre pleinement votre vie.
Accepter l’autre tel qu’il est
« Mon mal-être intérieur m’empêche d’apprécier les autres. Je les perçois à la lumière de mes
préjugés… ce que j’attends d’eux dépend de mes angoisses et non pas de leurs possibilités… ni de
leurs désirs… »
« Discerner ce qui est possible de ce qui ne l’est pas, reconnaître ses limites, ne plus idéaliser les
autres, ne plus dépendre d’autrui, pouvoir construire une vie affective sans angoisse excessive et sans
renoncer à son indépendance, m’apporte un bien-être et une force intérieure, la sensation nouvelle,
excitante et émouvante, d’être moi-même, de voler de mes propres ailes. »
Chacun d’entre nous fera l’expérience de séparations successives. Et
chaque séparation s’accompagne du sentiment de solitude. Se séparer pour
trouver son autonomie et construire son identité : l’être humain,
paradoxalement, ne peut être indépendant et autonome que dans
l’apprentissage de la séparation et donc de la solitude. Il ne peut vivre en
harmonie avec les autres que s’il est d’abord en paix avec lui-même.
L’expérience de la solitude, c’est l’apprentissage de l’indépendance qui
passe par la paix avec soi-même. L’autre n’est aimé pour lui-même que s’il
n’a pas pour fonction de combler un vide.
Pourtant, de nombreuses personnes entretiennent des relations sociales
pour se sécuriser, se sentir protégées, aimées et non pour construire une
relation, partager une intimité. Leurs proches sont là uniquement pour
combler un manque, calmer leur angoisse. Elles tissent des relations de
dépendance comme si elles ne pouvaient parvenir à se réaliser par elles-
mêmes. Elles s’organisent pour ne jamais être seules. Elles sont prêtes à
tout pour ne pas être confrontées à elles-mêmes : renoncer à certaines
valeurs, à leur liberté, à leurs projets de vie ou intérêts personnels, à leur
identité. Tout est bon pour ne pas rester seules.
Être vrai en respectant autrui, ressentir la joie d’être au plus prêt des
autres en restant soi-même, pouvoir exprimer sa fragilité sans honte, ni
crainte, abandonner les rapports de pouvoir au profit de relations équitables,
identifier et écouter ses propres besoins sans les imposer, oser faire des
choix qui nous engagent, voilà un vaste projet pour qui veut vivre libre et
responsable. Et le chemin qui nous y conduit passe par la solitude car c’est
elle qui nous éclaire sur nos besoins, nos tourments intérieurs, nos désirs
cachés.
Prendre du temps pour soi
« Qu’il est agréable de prendre du temps pour soi. Ne plus se presser continuellement, s’arrêter de
courir et penser à soi, vivre le moment présent. Apprécier le calme, le silence. Écouter notre corps,
respecter son rythme. Ne pas penser au lendemain, au travail, aux tracas quotidiens… Ne rien faire
d’autre pendant quelques minutes que de vivre l’instant présent intensément. »
« Savoir prendre du temps pour me faire plaisir, prendre soin de mon corps, de mon apparence
physique, de ma tenue vestimentaire, de ma coiffure, de ma peau, toutes ces petites choses ont
longtemps été pour moi superficielles, futiles et inutiles. C’était pour les midinettes des beaux
quartiers. Moi, j’avais toujours d’autres priorités, le quotidien à gérer. Un jour, j’ai réalisé qu’il ne
dépendait que de moi de changer mes priorités. J’ai décidé de me faire plaisir plus souvent, d’être
agréable avec moi-même, comme une super copine qui me voudrait du bien… »
Même si ceux qui vous aiment sont attentifs à votre bien-être, si les
personnes bienveillantes qui vous entourent vous souhaitent du bonheur,
vous restez responsable de votre vie et devez prendre soin de vous. Vous
n’avez pas de meilleur ami que vous-même. Celui qui s’assume profite
pleinement de la solitude, car c’est l’occasion pour lui de faire attention à
ses besoins profonds, de s’écouter et de se réaliser. Le véritable solitaire ne
cherche ni à plaire ni à être réconforté. Sa grande force vient de ce qu’il
n’est point troublé par les agissements et les opinions du monde. S’il ressent
l’envie d’être seul à un moment donné, il s’organisera pour être seul, se
retirer du monde le temps qu’il lui sera nécessaire. Pour autant, partir au
calme pour être au contact de la nature et éprouver le silence, mettre de la
distance avec les autres pour se ressourcer, prier, lire ou bricoler, toutes ces
situations ne signifient aucunement se fermer au monde extérieur. « Il faut
se réserver une arrière-boutique toute nôtre », écrivait Montaigne, car « la
plus grande chose du monde, c’est de savoir être soi ». Être capable d’être
seul n’implique pas de vivre tout le temps seul, que toute la vie s’organise
en dehors de la société, en marginal, en exclu. Cela signifie que l’on a
acquis cette « capacité à être seul » comme le formule si bien D. Winnicott,
que l’on est capable de se retirer dans son arrière-boutique ou son jardin
secret, comme on est aussi capable d’accepter que l’autre souhaite se retirer,
prendre de la distance, sans vivre cela comme un manque d’amour, un
abandon, un drame.
S’accepter et s’aimer pour vivre libre
« Au début, quand j’étais seul, je ne me supportais pas. Je ne voyais en moi que des choses
négatives. Je voulais tellement être quelqu’un d’autre que je ne savais pas m’apprécier à ma juste
valeur. »
« Avec la solitude, j’ai compris qu’il n’y avait qu’une seule personne en qui je pouvais avoir
confiance : moi-même. »
« Depuis que j’ai appris à m’accepter comme je suis, je me sens en paix avec moi-même et je n’ai
plus peur de la solitude. »
Nul n’est en mesure d’établir des relations profondes, durables et
respectueuses si, au préalable, il ne s’estime pas à sa propre valeur avec ses
forces, ses limites et ses besoins. Nul ne peut vivre pleinement la solitude
s’il n’est pas bienveillant envers lui-même, ne s’accepte pas tel qu’il est, ne
s’aime pas de manière inconditionnelle.
Bien sûr, la solitude nous renvoie souvent une image négative de nous-
même. Sentiment d’être exclu, rejeté, différent des autres. Ailleurs,
sentiment d’impuissance, de ne pas contrôler sa vie, d’être prisonnier d’une
situation subie, parfois culpabilité, regret, honte ou mauvaise estime de soi
complètent le tableau. Quoi qu’il en soit, l’expérience de solitude reste
douloureuse et ne nous porte pas à nous aimer a priori. La solitude nous
montre des facettes de notre personnalité dont nous ne sommes pas toujours
fiers, nous révèle une image peu flatteuse de nous-même, souvent justement
parce qu’elle s’est imposée et que nous sommes seuls et en difficulté, dans
l’incapacité de gérer la situation.
Pourtant la solitude est bien l’occasion de nous aimer tel que nous
sommes, indépendamment de nos capacités, de nos performances,
d’accepter que nous ne sommes ni parfait ni tout-puissant, mais que cela
n’enlève rien à notre valeur. Elle nous apprend à nous aimer quand nous
désespérons de nous-même, à nous aimer de manière inconditionnelle.
Celui qui accepte ses limites n’est pas remis en cause quand il y est
confronté : il sait qu’il a fait ce qu’il a pu. Il accepte ses manques et ne se
construit pas uniquement sur ses succès. La solitude nous révèle à nous-
même tel que nous sommes et nous apprend à nous accepter à éprouver du
respect pour nous-même, à construire notre sécurité intérieure. Si nous
acceptons que la solitude puisse faire souffrir, que nos travers ne soient pas
agréables, que l’absence de l’autre soit douloureuse, que l’on puisse être
déçu de soi-même, si nous pouvons ressentir toutes ces choses sans nous en
vouloir et tout en continuant de nous estimer, nous pouvons poser sur nous-
même un regard tendre et aimant.
Aller au bout de soi-même
« Autrefois, quand j’étais seul, je m’ennuyais, je trouvais le temps long et je ne savais jamais trop
quoi faire pour m’occuper. Je ne savais pas ce que je voulais. Je perdais mon temps et je m’en
voulais, mais je ne faisais rien. Je me sentais vide et sans envie. Maintenant que je sais ce que je
veux, et connais mes désirs profonds, les moments de solitude sont l’occasion de me réaliser, de faire
des choses qui me plaisent et me tiennent à cœur. Maintenant que j’ai une meilleure estime de moi,
quand je suis seul, je prends soin de moi. La solitude est un moment où je peux penser à moi. »
La priorité de chacun ne devrait-elle pas être de vivre au plus proche de
soi-même ? Posséder la force de renoncer aux sollicitations multiples de
notre société de consommation ou à certaines relations affectives toxiques
qui nous éloignent de nous-même. Fuir ce qui peut nous distraire et nous
détourner du chemin qui mène à la connaissance et à la réalisation de soi. Et
garder en mémoire, toujours cette pensée de Rainer Maria Rilke : « Une
seule chose est nécessaire : la solitude. La grande solitude intérieure. Aller
en soi-même et ne rencontrer pendant des heures personne, c’est à cela qu’il
faut parvenir. »
Rêver, pouvoir s’écouter, prendre de la distance avec une société qui
vous dicte en permanence ce que vous devez dire, penser, comment agir,
vous comporter. Oser vivre la vie dont vous rêvez et vous en donner les
moyens. Regarder loin en soi. Prendre des risques. Assumer de ne pas
savoir pour pouvoir apprendre. Découvrir en soi des ressources méconnues.
Savoir douter de soi pour se dépasser. Accepter ses limites, réajuster ses
projets à la réalité sans se dévaloriser. Face à un problème, ne pas rester
dans l’attente d’une aide extérieure, mais se donner les moyens de le
résoudre. Se prendre en charge et assumer ses actes, poser ses priorités et
les exprimer, quitte à déplaire. Oser faire des choix de vie qui blesseront
parfois les proches. Choisir ses amis, s’entourer de personnes responsables
qui nous aiment, pouvoir mettre de la distance avec ceux que l’on
n’apprécie pas, savoir être tolérant envers son prochain. Être capable d’être
seul avec soi-même et continuer de s’aimer, de croire en soi alors que les
contraintes de la vie s’opposent à nous. Savoir apprécier le calme, le silence
et écouter les messages de notre corps. Prendre soin de soi. Se préoccuper
de soi. Apprendre à se respecter. Oui tout cela s’apprend dans la solitude.
Car la solitude nous révèle à nous-même. La solitude nous incite à nous
connaître plus profondément, à être juste et authentique envers nous et à
nous accepter.
Pour parvenir à une existence authentique, se saisir comme unique, il
nous faut avoir traversé et dépassé l’angoisse de solitude. Au cœur de la
solitude se découvre notre richesse.
Même si notre besoin de l’autre est très grand, il ne peut remplir
totalement notre vie et nous apporter la sécurité que nous recherchons.
Cette sécurité, il faudra la trouver en nous-même. Avec l’âge et l’expérience
de la vie, nous sommes de plus en plus conscients que les déceptions et les
joies sont des réalités de la vie. Acceptée comme telle, la solitude devient
source de créativité, de dépassement de soi-même. À mesure que nous
avançons en maturité, la solitude devient positive. Elle contribue à élargir
notre conscience d’être, à consolider notre sentiment d’identité et à enrichir
notre vie. C’est pourquoi elle est pour certains une démarche intérieure
voulue, choisie et s’associe alors à un sentiment de plénitude, d’harmonie,
de bien-être.
Deuxième partie
Psychologie
de la solitude
Alors que de nombreux travaux en psychologie se sont attachés aux
relations sociales et à la qualité du lien relationnel – qu’il s’agisse de la
relation d’objet comme le décrivent les psychanalystes, de la théorie de
l’attachement développée par John Bowlby ou des compétences sociales et
de la capacité à avoir de l’empathie, dont parlent les thérapeutes cognitivo-
comportementalistes –, la solitude a peu été étudiée pour elle-même. En
effet, dans ces théories, la solitude et le sentiment douloureux qui en
découle résultent le plus souvent d’un dysfonctionnement relationnel, qui
ferait écho à une relation parent-enfant défaillante. Une problématique
relationnelle dans la prime enfance conduirait à établir ensuite une relation
pathologique avec ses pairs.
Schématiquement, pour les psychanalystes, celui qui souffre de solitude
ne sait pas se séparer, se détacher, et l’absence de l’objet d’amour, vécue
comme un abandon, crée un vide, un manque. L’origine de cette souffrance
est fonction de la nature de la relation mère-enfant et dépend étroitement
des premières expériences de séparation au cours de la petite enfance. Cette
thématique est reprise en partie par les tenants de la théorie de
l’attachement, pour lesquels la nature de l’attachement conditionne ensuite
les relations aux autres. Les théories cognitivo-comportementales et de la
communication envisagent plutôt les relations humaines comme résultant
d’un apprentissage, un certain apprentissage étant nécessaire et
indispensable à l’établissement de relations sociales de bonne qualité : celui
qui souffre de solitude n’a pas appris ou a mal appris à construire des
relations sociales et affectives adéquates.
Au-delà des interprétations différentes, on voit en tout cas que la
solitude est toujours décrite en référence à la vie sociale ou affective :
souffre de solitude celui qui n’est pas inséré socialement, celui qui n’arrive
pas à établir des relations affectives satisfaisantes, soit qu’il n’ait pas
bénéficié d’une relation de qualité dans son enfance, soit qu’il n’ait pas
appris à développer les compétences sociales lui permettant d’entretenir des
relations harmonieuses et épanouissantes.
S’il est indispensable de prendre en compte la nature des relations
sociales et affectives, on ne peut résumer la souffrance liée à la solitude à
l’incapacité à nouer des relations.
N’est-elle pas liée aussi à une mauvaise estime de soi ? À une incapacité
à se réaliser ? Au refus d’être soi-même, de devenir adulte ?
Pour tenter de dessiner une psychologie de la solitude, trois angles nous
paraissent essentiels.
Tout d’abord, définir au mieux la nature du sentiment de solitude : à
quoi correspond-il ? Comment caractériser l’expérience de solitude en
psychologie ?
Quelle est l’origine psychologique du sentiment de solitude ? Quel est,
réellement, l’impact de la relation mère-enfant sur le développement
psychologique de l’individu et sa capacité ultérieure à vivre seul ? Quelle
est la part de l’inné et de l’acquis ?
Existe-t-il des personnes à risques, des caractéristiques individuelles qui
nous rendent plus vulnérables ? Quels sont les processus psychiques qui
nous amènent à souffrir de la solitude ? Quelles stratégies sont mises en
place dans notre fonctionnement psychique ?
Chapitre 4
Des relations sociales
insatisfaisantes ?
La solitude est délicate à définir précisément parce qu’elle s’associe à
toute une gamme d’émotions allant de la tristesse à la joie, parce qu’elle
survient dans des situations très variables, se manifeste ponctuellement ou
inversement traduit un sentiment chronique.
Une idée forte pourtant ressort : la solitude est un sentiment naturel qui
apparaît lorsque notre rapport à l’autre ou à nous-même révèle une distance.
Voyons comment les différentes hypothèses en psychologie rendent
compte de la solitude.
Que révèle la solitude ? : hypothèses en psychologie
« C’est incroyable, quand on est convaincu de quelque chose, à quel point nous ne percevons pas,
nous n’entendons pas tout ce qui pourrait remettre en cause cette croyance. »
D’après la théorie cognitive, la survenue de symptômes psychiatriques
résulte de la réactivation de schémas qui provoquent des jugements biaisés
et des erreurs de raisonnement dans certaines situations et induisent ensuite
des comportements et des émotions inadaptés.
Les schémas sont nos croyances profondes, acquises au cours de notre
plus tendre enfance, sur nous-même et sur le monde. Ces schémas se
construisent au cours des premières années de la vie et permettent à l’enfant
de donner un sens à ce qu’il vit, de comprendre le monde dans lequel il
évolue et de s’y adapter au mieux. Il acquiert ainsi, en fonction des
situations auxquelles il est confronté, de son caractère et de la réaction de
ses proches, une représentation personnelle, subjective des situations
émotionnelles qu’il traverse. Ces schémas précoces lui permettent de
s’adapter à l’univers dans lequel il évolue, de prévoir l’attitude de ses
parents, de répondre au mieux aux stimulations environnementales. Ils
s’activent ensuite dès qu’une situation similaire se présente et orientent la
façon dont l’enfant percevra son environnement.
Pour rendre compte de la répétition de comportements pathologiques
chez l’adulte, Jeffrey Young propose comme hypothèse l’existence de
schémas précoces inadaptés.
Les schémas se construisent à partir de trois éléments distincts :
les besoins émotionnels de base non comblés : sécurité de base,
autonomie, limites réalistes, amour, estime de soi…
les expériences précoces de vie négatives : traumatisme, abus,
maltraitance…
le tempérament émotionnel, qui est inné : passif, timide agressif,
distractif, anxieux…
Il est très important d’intégrer que, quelle que soit l’attitude choisie, in
fine, l’individu réagit en fonction du schéma qui organise son existence. Il
n’est pas libre d’être lui-même. Pour s’en libérer, il devra identifier ses
schémas et les affronter en acceptant de revenir sur des souvenirs d’enfance
pénibles, ceux au cours desquels ils ont pris forme. Cela afin de pouvoir
ensuite les critiquer, les remettre en cause et s’en affranchir.
Les 11 schémas précoces inadaptés
EN COMPAGNIE D’AUTRE(S)
QUAND VOUS ÊTES SEUL(E)
PERSONNE(S)
Est-ce en situation professionnelle ? Est-ce en situation professionnelle ?
personnelle ? entre amis ? en famille ?
Quand cela se produit-il ? le matin ? Quel lien avez-vous avec cette ou
le soir ? en vacances ? pendant les ces personnes ? que pensez-vous
fêtes ? d’elle(s) habituellement ?
Cette situation fait-elle suite à une Cette situation fait-elle suite à un
séparation ? une rupture affective ? conflit ? une critique ? une difficulté
une prise de toxiques ? un à vous intégrer ? un comportement
comportement qui vous déplaît, dont particulier ? une prise de toxiques ?
vous avez honte ?
Était-ce prévisible ou inattendu ? Cette situation s’est-elle déjà
fréquent ? est-ce rare ? produite ? avec la ou les mêmes
personnes ? avec d’autres ? qui ?
quand ? où ?
Combien de temps estimez-vous que S’agit-il d’un problème relationnel
cette situation va perdurer ? ponctuel ? récurrent ? irrémédiable ?
Quelles en sont les conséquences Quelles en sont les conséquences
précises ? sont-elles graves ? précises ? comment réagissent les
irréversibles ? autres devant votre attitude ?
EN COMPAGNIE D’AUTRE(S)
QUAND VOUS ÊTES SEUL(E)
PERSONNE(S)
Comment réagissez-vous Comment réagissez-vous ? pensez-
habituellement ? pensez-vous que vous que cela soit adapté ? que cela
cela soit adapté ? que cela vous vous aide ? que préfériez-vous
aide ? qu’aimeriez-vous faire ? faire ?
Essayez maintenant de quantifier votre malaise, pour chaque situation.
Votre état émotionnel et le malaise qui l’accompagnent évoluent
graduellement en fonction de caractéristiques factuelles et du vécu qui s’y
associe. Par exemple, selon le temps que vous aurez à passer seul. Il
s’intensifie progressivement d’un certain inconfort ou mal-être jusqu’à une
forte angoisse, un état de détresse. La réponse devra s’adapter à cette
gradation. Or, souvent, il vous est difficile de distinguer les nuances, chaque
situation douloureuse est vécue sur le même mode. En vous habituant à
quantifier votre mal-être plus précisément, vous apprendrez à ne plus
fonctionner dans le tout ou rien. Pour vous aider, imaginez un feu tricolore.
Dites-vous qu’au vert la situation est maîtrisable, vous avez les ressources
pour la gérer, vous êtes en sécurité. La couleur orange révèle un risque et
demande un effort de votre part pour vous adapter, pouvoir passer le cap.
Votre état émotionnel est contrôlable, mais au prix d’un ajustement, de
nouvelles stratégies que vous devez mettre en place. Cependant, comme ces
stratégies vous font défaut actuellement, vous entrez dans le rouge dès que
vous quittez le vert. Vous avez le sentiment d’avoir peu de marge de
manœuvre, alors vous prenez peu de risques. C’est pourquoi il est fort
possible que vous ayez peu de situations orange. La couleur rouge signale
un danger. La situation est trop lourde pour vous. Vous êtes dépassé par
l’angoisse. Vous ne pouvez pas avancer. Vos émotions vous envahissent et
une aide extérieure s’impose.
Reprenez les situations et indiquez, pour chacune, la couleur
correspondante (vert, orange ou rouge) selon l’intensité de vos émotions.
Parmi ces moments, lesquels déclenchent, chez
vous, un sentiment de solitude ?
Les soirées
Les week-ends
Les vacances
Les jours fériés
Les fêtes de fin d’année
Votre anniversaire
Les dates anniversaires : décès, rupture sentimentale…
Il est très important de comprendre que chacun d’entre nous est en
danger en zone rouge. La différence entre celui qui gère la solitude et celui
qui ne la gère pas ne tient pas à la façon dont le premier traverse la zone
rouge. Cela lui est autant désagréable ! Mais les situations rouges sont, pour
lui, exceptionnelles car il possède des stratégies qui lui permettent de ne pas
y être confronté. Une de ces stratégies est l’anticipation. Pour autant, les
situations classées rouge sont souvent prévisibles à qui prend le temps
d’observer. Si celui qui est intolérant à la solitude se retrouve régulièrement
en zone rouge, contrairement à celui qui compose avec la solitude, c’est en
grande partie parce qu’il s’organise mal et ne gère pas son temps
correctement. Il se retrouve très souvent seul, inactif, sans rien avoir prévu,
s’ennuie et se tourmente.
Que faites-vous quand vous êtes seul ?
Rappelez-vous, ne rien faire, ressasser ses malheurs dans l’attente d’une
amélioration providentielle est ce qui rend la solitude insupportable. Cette
attente passive qui limite vos initiatives vous place d’emblée en position de
dépendance vis-à-vis de votre environnement qui vous apparaît comme la
seule source de mieux-être possible puisque vous misez tout sur lui, vous
espérez tout de lui. En outre, le fait d’attendre est source d’angoisse,
d’impatience.
Aussi, quand on souffre de solitude, le but n’est pas tant de ne plus être
seul et de trouver immédiatement quelqu’un coûte que coûte pour nous
apaiser, mais surtout de ne pas rester inactif et oisif.
Néanmoins vous ne pouvez pas être en permanence occupé, et il ne
s’agit pas non plus de se lancer à corps perdu dans une fuite en avant pour
ne plus penser. L’objectif n’est pas de vous transformer en hyperactif, mais
de vous organiser, de prévoir une activité pour les situations critiques, pour
ne plus être confronté à un débordement émotionnel.
Les comportements-solitude à éviter
Quand je suis seul….
– Je m’allonge, je dors, je ne pense à rien de particulier, je laisse aller
mon imagination.
– Je mange, je bois, je grignote.
– J’allume la télévision, je vais sur Internet, je joue avec ma console
vidéo ou un autre jeu électronique.
– Je tourne en rond sans but précis.
– Je pense au passé, aux problèmes que je rencontre, au fait que je suis
seul.
– Je dépense mon argent de manière compulsive.
– J’attends que quelqu’un m’appelle, que quelque chose me motive.
Reprenez votre liste et notez ce que vous faites quand vous êtes seul.
Observez le niveau de vos activités, leur nature et voyez si elles changent
en fonction de l’intensité de votre mal-être. La plupart du temps, plus vous
êtes désemparé et moins vous êtes actif et organisé, moins vos activités sont
réfléchies et préparées. Vos conduites automatiques s’enclenchent d’autant
plus que votre solitude vous paraît intense. Il s’agit en général d’activités
assez répétitives et réflexes dont l’unique fonction est de faire passer le
temps sans autre valeur ajoutée. Il reste alors peu de place pour
l’improvisation, la créativité, la fantaisie. Remarquez aussi combien il est
rare de s’ennuyer quand on a prévu auparavant une activité, quand on a un
projet en tête. Vous observerez en examinant attentivement votre liste de
situations-problèmes, que de nombreuses situations auraient pu être évitées,
si vous aviez pris le temps de programmer à l’avance votre emploi du
temps. Et cela d’autant plus que certaines situations sont récurrentes et de
fait prévisibles.
Sachez que plus un comportement se répète, plus nous le reproduisons
automatiquement et que, si dans une situation donnée nous avons un
comportement spécifique, chaque fois que cette situation se présentera, de
manière réflexe, nous allons le reproduire. Ceci explique en partie les
« habitudes » des fumeurs, des boulimiques ou des joueurs pathologiques
qui répètent leurs comportements-problèmes dès qu’ils sont confrontés à
des situations de vie similaires. C’est pourquoi d’ailleurs tous les casinos se
ressemblent étrangement dans leurs agencements intérieurs, les joueurs
étant ainsi conditionnés à leur insu. Pour les personnes qui souffrent de
solitude, ce conditionnement existe aussi. Si vous avez pris l’habitude,
quand vous êtes seul chez vous, de vider votre réfrigérateur et de dormir
ensuite, dès que vous êtes seul, sans même y réfléchir, par réflexe, vous
faites la même chose. Or changer un réflexe, une habitude de vie, demande
beaucoup d’effort.
C’est pourquoi, au début, il vaut mieux apprendre à vous organiser
autrement pour ne plus être en situation « rouge » avant que cette situation
ne survienne, plutôt que de chercher à changer votre comportement quand
vous êtes déjà en situation critique.
Avant de vouloir trouver de nouvelles activités pour combler les
moments « creux », commencez tout simplement par repérer comment vous
auriez pu vous organiser autrement pour différer certaines activités. Par
exemple, si l’idée de passer un samedi soir seul vous est insupportable,
prévoyez de voir vos amis à ce moment-là plutôt que dans l’après-midi, ou
regardez un DVD le samedi soir plutôt que le dimanche matin.
Reprenez votre liste de « situations problèmes » et commencez à
aménager votre emploi du temps pour ne pas être confronté aux situations
de danger classées « rouge ».
Quelques conseils pratiques
Contactez vos amis à l’avance
Joindre vos amis un samedi midi pour savoir s’ils sont disponibles le
soir même risque fort de se solder par une réponse négative. Si votre réseau
relationnel est réduit, quel choix vous restera-t-il ? Rechercher une sortie
attractive un jour férié s’avère délicat et souvent infructueux. Quelle
alternative avez-vous envisagée si vous ne trouvez rien d’intéressant ?
Même si vous présentez une certaine intolérance à la solitude, une grande
partie de votre problème réside peut-être dans votre manque d’anticipation.
N’étant pas suffisamment organisé, ni prévoyant, vous vous retrouvez
régulièrement dans des situations désagréables que vous auriez pu éviter.
N’attendez pas que les autres devancent vos
problèmes
Si en vous rendant à une soirée, vous vous retrouvez seul, sans
connaître personne mis à part l’hôte des lieux, et que vous vous sentez
étreint par l’anxiété sociale, vous regretterez probablement d’être venu.
Vous n’oserez pas aller vers les autres. N’aurait-il pas été plus simple de
vous renseigner auparavant et éventuellement de demander à votre ami
qu’il vous présente quelques convives tout en lui glissant discrètement que
vous appréciez son invitation, mais que vous êtes un peu timide ? Rien ne
vous empêche d’ailleurs de le faire au cours de la soirée, plutôt que de vous
résigner à rentrer chez vous ou attendre que les autres invités viennent à
vous.
Fixez-vous des objectifs précis, réalisables et
appliquez-les
Si votre petit(e) ami(e) vous quitte brutalement, vous vous sentirez
probablement abandonné, mais pensez-vous sincèrement qu’en vous
lamentant sur votre sort ou en attendant passivement son improbable retour,
la situation évoluera positivement ? Plutôt que de vous replier sur vous-
même, pourquoi ne pas essayer de vous comporter différemment ?
Rappelez-vous les fois précédentes, dans un scénario identique ce qui vous
avait (ou aurait) le plus aidé. Écrire ? Verbaliser votre détresse auprès de
proches ? Faire la fête ? Appeler votre ex et lui exprimer ses quatre
vérités ?…
Donnez-vous les moyens de vivre ce que vous
souhaitez
Si vous pensez partir seul en vacances, pourquoi ne pas en profiter pour
mettre en place quelque chose qui vous fasse plaisir ? Inviter des amis, faire
un voyage culturel ou, inversement, plutôt sportif, aller dans un club pour
faire de nouvelles rencontres, rendre visite à votre famille éloignée… À
vous de vous organiser, de vous donner les moyens de passer les vacances
les plus agréables que vous pouvez vous offrir.
Pour être en paix avec vous-même, acceptez
vos limites
Si, malgré tous vos efforts, vous vous retrouvez seul, vous le
supporterez d’autant plus facilement que vous accepterez que tout ne
dépend pas uniquement de vous, que vous ne pouvez pas toujours tout
contrôler. Vous avez vos limites, vous pouvez agir sur certains points, mais
vous ne pouvez pas changer ce qui ne dépend pas de vous. Il faut se donner
les moyens de réaliser ses désirs, mais il faut aussi savoir accepter que vous
n’y arriviez pas, peut-être parce que vos objectifs étaient au-dessus de vos
possibilités. En revanche, si vous ne tentez rien, vous risquez, à juste titre,
d’être déçu par vous-même.
Respectez bien les étapes, quelle que soit l’intensité de votre mal-être.
Gardez toujours cette feuille sur vous, car cela vous rassurera et vous
donnera plus de force. Vous vous sentirez moins seul et plus solide.
Comment pratiquer la respiration abdominale
lente
Placez-vous en position confortable allongée ou assise.
Inspirez par le nez, lentement pendant 3 secondes, en gonflant le ventre
et non pas la poitrine.
Restez en apnée, respiration coupée, pendant 3 secondes.
Expirez doucement la bouche ouverte, en dégonflant le ventre, pendant
6 à 9 secondes. (Le temps d’expiration dure ainsi 2 à 3 fois plus longtemps
que celui de l’inspiration.)
Recommencez trois fois de suite.
Si vous souffrez de solitude… comment ne pas
rester seul
Réagir quand vous êtes seul est fondamental pour lutter contre le
sentiment d’impuissance et de fatalité qui accompagne les moments de
solitude subie. La sensation de solitude peut être comprise comme un
signal, vous avez besoin de vous rapprocher de vos proches, de créer des
relations sociales ou affectives plus satisfaisantes. Un peu comme la faim et
la soif vous poussent à chercher des aliments pour vous nourrir et de l’eau
pour vous hydrater, la solitude vous pousse à chercher des « nourritures
affectives » pour combler votre insatisfaction relationnelle. Aussi activer
votre réseau relationnel quand vous êtes seul est une stratégie
particulièrement efficace.
Consultez votre répertoire et téléphonez à vos amis en commençant par
ceux avec lesquels vous êtes le plus à l’aise, en confiance, complice, et qui
sont les plus disponibles. Prenez de leurs nouvelles, écoutez ce qu’ils ont à
vous dire, racontez ce que vous faites, bavardez de choses et d’autres,
même superficielles et inutiles a priori, car l’important n’est pas d’être
intéressant, mais d’échanger, de passer du temps avec des personnes que
vous appréciez.
Rien ne vous empêche aussi de joindre de simples connaissances, des
relations lointaines justement pour les approfondir, faire plus ample
connaissance. Plutôt que le téléphone, utilisez alors Internet, moins intrusif,
notamment sur les sites de réseau social comme Facebook, MySpace ou sur
MSN.
Vous pouvez aussi sortir de chez vous et vous balader au hasard, vous
arrêter à une terrasse de café, discuter avec un bouquiniste, fouiner dans une
brocante et papoter avec le propriétaire des lieux… Souvent de simples
rencontres inattendues apportent plus de réconfort que vous ne l’auriez
imaginé.
Internet pour faire face à la solitude ?
De nombreuses personnes utilisent Internet pour échapper à la solitude.
Les jeux, le « chat », les forums de discussion, la recherche d’informations
sont autant de solutions efficaces pour gérer la solitude. Dans le même
temps, rester seul devant son ordinateur plusieurs heures, communiquer
anonymement, jouer sans véritable échange entretient l’isolement. Aussi
Internet est autant un moyen d’entrer en communication, de tisser des liens
qu’un piège potentiel, qui enferme son utilisateur dans un monde virtuel
avec le risque d’être rapidement déconnecté de la réalité.
À consommer avec modération et recul donc. Pour vous y retrouver
voici quelques sites Internet :
– Site de réseau social pour rester en lien avec ses amis et développer
son tissu relationnel en fonction de son profil : Facebook, Netlog, Hi5,
Badoo, MySpace…
– Sites communautaires pour rencontrer des personnes et partager une
passion, des activités de loisir : Onvasortir, Allons-sortir, Kikepartant,
Sortiraparis, Peuplade…
– Sites pour retrouver des amis perdus, de vieilles connaissances :
Amisperdus, Chasseursdamis, Copainsdavant…
– Sites de rencontre pour célibataire qui recherche l’âme sœur :
Netinthecity, Meetic, Ulteem, Zoosk, UneRencontre, Serencontrer…
Néanmoins, très souvent, on reste seul aussi parce qu’on manque
d’aisance sociale, on évite de prendre des risques, par peur d’être rejeté ou
de déranger, ce qui explique justement en grande partie l’isolement social.
C’est pourquoi je vous propose d’aborder ensemble, dans les chapitres
suivants, les techniques de communication nécessaires pour dépasser ces
craintes et développer des compétences sociales.
Chapitre 10
Développer
une aisance sociale
Dépasser vos inhibitions
« Ce n’est pas parce que c’est difficile que nous n’osons pas ; c’est parce que nous n’osons pas
que c’est difficile. »
SÉNÈQUE.
La plupart des blocages psychiques qui nous empêchent de nous réaliser
proviennent de croyances personnelles erronées qui s’imposent à nous sous
la forme de pensées automatiques dont nous n’avons pas forcément
conscience tant elles font partie de notre univers psychique. Ces convictions
s’appuient sur notre histoire, les événements de notre vie, mais dépendent
aussi de notre tempérament si bien que nous les critiquons rarement.
Pourtant elles dirigent nos choix de vie et sont à l’origine de préjugés qui
nous conduisent à nous représenter les situations en fonction de notre vécu
intérieur et non plus de la réalité extérieure. L’inhibition sociale procède
pour une large part de ce principe.
Les pensées automatiques
source d’anxiété sociale
Rougir en société, c’est montrer qu’on est faible.
On doit contrôler en permanence toutes ses émotions.
Si je bafouille, on va se moquer de moi.
Si je prends la parole, je dois dire quelque chose d’intéressant.
Si je ne dis rien, je vais les mettre mal à l’aise.
Le silence traduit toujours un malaise.
Si je ne sais pas répondre à une question, je suis nul, stupide,
incompétent.
On ne doit pas faire part de ses émotions aux autres.
On doit toujours être à l’aise quand on parle à quelqu’un.
L’anxiété sociale
Ne nous attardons pas sur les causes de l’inhibition sociale. Des causes
diverses conduisent souvent à un même comportement-problème qui
fonctionne ensuite de manière automatique, comme un réflexe, alors que la
cause originelle a depuis longtemps disparu. Retenons que la gêne,
l’angoisse que l’on peut ressentir en public, en situation sociale, peut
traduire divers troubles psychiques regroupés sous le terme générique
d’anxiété sociale. Voici, résumées dans le tableau ci-dessous, les principales
caractéristiques de l’anxiété sociale en fonction des formes cliniques
considérées.
Savoir s’excuser
Il nous arrive à tous d’être désagréables, d’adopter un comportement
déplaisant, d’avoir des attitudes agressives ou d’irriter nos proches. Pourtant
nous ne le reconnaissons pas toujours ouvertement et nous refusons parfois
de nous excuser, par orgueil, alors même que nous savons avoir incommodé
quelqu’un par notre comportement. Réagir ainsi abîme la relation, crée une
distance, développe du ressentiment chez l’autre et de la culpabilité ou un
malaise chez nous. S’excuser, c’est reconnaître avoir blessé ou importuné
quelqu’un. Cela implique d’avoir conscience des conséquences de notre
comportement sur autrui. Cela demande une capacité d’empathie. S’excuser
permet de rétablir la relation, de soulager celui que l’on a blessé en
reconnaissant l’impact de nos actes.
Ce qui nous empêche de nous excuser
Minimisation et banalisation de la gravité de nos actes.
Non-reconnaissance de notre responsabilité.
Indifférence envers autrui.
Croire que s’excuser équivaut à s’abaisser devant l’autre.
Peur d’être rejeté et non pardonné.
Crainte d’une vengeance.
Comment s’excuser
Pour s’excuser il est indispensable au préalable, de prendre conscience
de la souffrance ou de l’inconfort de l’autre (peine, déception, colère) et
d’identifier ce qui, dans votre attitude, a pu provoquer cette réaction. Cela
étant fait, revenez sur votre comportement (décrire les faits) : « Hier je me
suis mis en colère contre toi », et exprimez l’impact émotionnel observé que
vous supposez relatif à votre comportement : « J’ai vu que cela t’avait fait
beaucoup de peine… » Ensuite, excusez-vous simplement : « Je tenais à
m’excuser pour mon comportement », et laissez l’autre exprimer ce qu’il a
ressenti en l’écoutant attentivement. Révélez votre ressenti et expliquez
votre attitude : « Je regrette vraiment d’avoir réagi ainsi, je ne voulais pas te
faire de peine… Je me suis senti blessé par les critiques que tu m’adressais
et je me suis mis en colère. » Pour conclure, dites-lui combien vous êtes
content d’avoir pu lui parler : « Je suis content d’avoir pu parler de ça avec
toi. La prochaine fois que tu me feras une remarque, si tu vois que je me
mets en colère, préviens-moi, cela m’aidera. »
Encore quelques conseils
Ne vous pressez pas pour répondre
Toutes ces techniques devraient faciliter votre communication et vous
aider à construire et entretenir des relations plus harmonieuses et moins
conflictuelles. Si vous vous trouvez en difficulté, ne cherchez pas à
répondre du tac au tac, immédiatement. Trop souvent vos émotions vous
donnent une représentation partielle sinon fausse de la situation et vous
amènent à réagir, en fonction de votre ressenti intérieur, sans prendre en
compte la réalité de l’autre. Sachez attendre et dites-vous que vous pouvez
toujours revenir sur une situation problème plus tard, après avoir pris le
temps d’y réfléchir calmement ou après en avoir parlé à des proches, pour
qu’ils vous donnent leur point de vue. C’est pourquoi, quand vous êtes
envahi par vos émotions, détendez-vous avant de répondre, en respirant
calmement par le ventre, et proposez de revenir sur le sujet plus tard si
besoin. « J’ai bien écouté ce que tu m’as dit, mais je préfère que l’on en
reparle plus tard, quand j’aurai pris le temps d’y réfléchir au calme… » Si
vous revenez sur une situation quelques jours plus tard, faites une demande
comme cela est indiqué dans le paragraphe « Comment faire une
demande », en précisant bien la situation que vous souhaitez traiter : « Tu
sais, j’ai réfléchi à ce que tu m’as annoncé hier sur (précisez), je
souhaiterais en reparler avec toi. Est-ce que tu es disponible ? »
Pensez au doute positif
Gardez toujours à l’esprit, le doute positif, c’est-à-dire qu’a priori les
autres ne sont pas méchants, ne souhaitent pas vous faire du mal et
n’éprouvent pas de plaisir à vous faire souffrir. En revanche, eux aussi ont
leurs problèmes à régler, leur vision des choses, qui ne s’accorde pas
systématiquement à la vôtre, et leurs limites, qui peuvent les rendre
maladroits, impatients ou leur faire manquer d’empathie. Mais ce n’est pas
parce que le comportement d’une personne réveille en vous la colère, ou
vous fait souffrir, que cette personne le souhaitait. Vous devez distinguer
l’impact émotionnel que vous éprouvez de l’intention de la personne.
N’utilisez l’humour qu’à bon escient
Très souvent, dans les techniques de communication, l’humour est
présenté comme un outil efficace pour désamorcer un conflit, apaiser une
discussion. En fait, répondre par l’humour à une critique est souvent un
moyen facile d’éluder un problème, plutôt que de l’affronter. Faire une
critique avec humour revient à être ironique et finalement à agresser l’autre.
Répondre avec humour à une demande est assez apathique et témoigne
souvent d’une indifférence au problème d’autrui. Enfin, l’utilisation de
l’humour pour obtenir quelque chose est une manière de manipuler l’autre
au lieu de s’affirmer. Aussi, si vous êtes mal à l’aise, je vous conseille de ne
pas aborder les situations avec humour, car cela sonnera faux et l’autre
interprétera votre attitude comme de l’ironie, de l’indifférence, ou de
l’agressivité contenue. En revanche, si vous avez une bonne estime de vous,
rien ne vous empêche évidemment de rire de vous-même si l’on vous fait
une critique : « Oui tu as raison, parfois j’exagère et je suis capable d’être
insupportable », si vous êtes en confiance dans la relation et que vous
sentez en vous l’envie de détendre l’atmosphère, n’hésitez pas à le faire :
« Bon, on va peut-être arrêter de se disputer, sinon le repas va être froid… »
Et n’oubliez pas, plus que les mots employés, votre langage non verbal
témoignera de votre intention réelle, alors soyez détendu, souriant et calme
quand vous utilisez l’humour…
Chapitre 12
Construire
des relations durables
« On ne connaît que les choses que l’on apprivoise, dit le renard. Les hommes n’ont plus le temps
de rien connaître. Ils achètent des choses toutes faites chez les marchands. Mais comme il n’existe
point de marchands d’amis, les hommes n’ont plus d’amis. »
SAINT-EXUPÉRY.
Comme nous l’avons déjà évoqué, la solitude survient lorsque le réseau
social d’une personne est déficient soit qualitativement, soit
quantitativement, d’où l’intérêt de construire des relations épanouissantes.
Si vos relations actuelles ne sont pas satisfaisantes, cela signifie peut-
être qu’il vous faut les modifier, élargir votre tissu relationnel, développer
des relations plus agréables ou à l’inverse en stopper d’autres, parce que
épuisantes et contraignantes. En tout état de cause, si vous ne faites rien,
vos problèmes ne se résoudront pas d’eux-mêmes et leur persistance
augmentera votre sentiment d’impuissance et de solitude.
Faire le bilan de vos relations
Cette mise au point vise plusieurs points : avoir une vision plus
objective de la réalité de vos relations, en apprécier plus justement la qualité
et la quantité, définir plus précisément en quoi certaines relations sont
enrichissantes et d’autres non, développer des stratégies pour les
améliorer…
Pour établir un bilan clair et objectif de vos relations, je vous propose de
remplir un tableau dans lequel vous inscrirez sur chaque ligne le nom d’une
personne et dans les différentes colonnes les caractéristiques de cette
personne. Vous trouverez ci-après un tableau vide que vous pourrez remplir
en suivant les indications ci-dessous.
CONNAISSANCE DE
AMOUR DE SOI CONFIANCE EN SOI
SOI
Je ne vaux pas Je ne serai jamais Je ne sais pas ce que
grand-chose capable je veux
Exercices pratiques
Avant chaque exercice, notez votre degré d’anxiété et vos pensées
automatiques. L’anxiété pour effectuer un exercice doit être inférieure à
6/10. Notez l’anxiété après l’exercice, ainsi que vos pensées. Comparez.