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La classification internationale du fonctionnement, du

handicap et de la santé
François Chapireau
Dans Gérontologie et société 2001/4 (vol. 24 / n° 99), pages 37 à 56
Éditions Fondation Nationale de Gérontologie
ISSN 0151-0193
DOI 10.3917/gs.099.0037
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LA CLASSIFICATION INTERNATIONALE
du fonctionnement, du handicap et de la santé

FRANÇOIS CHAPIREAU
CHERCHEUR ASSOCIÉ AU CENTRE COLLABORATEUR DE L’ORGANISATION MONDIALE DE LA SANTÉ
POUR LA RECHERCHE ET LA FORMATION EN SANTÉ MENTALE. E.P.S. ERASME B.P. 85, 92160 ANTONY.

La Classification internationale du fonctionnement, du handicap et


de la santé (CIF) a été adoptée par l’Assemblée générale de
l’Organisation Mondiale de la Santé en mai 2001. Cet article
donne un résumé de la Classification internationale des handicaps
(CIH) mise au point précédemment par l’OMS. Il donne une
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présentation détaillée du cadre dans lequel s’inscrit la CIF, tel qu’il
a été publié dans un article et dans un livre par le groupe
d’experts qui a coordonné la révision de la CIH. Il donne une vue
d’ensemble précise de la structure, des définitions, du contenu
et de l’usage de la CIF.

INTERNATIONAL CLASSIFICATION OF FUNCTIONING,


DISABILITY AND HEALTH
The International Classification of Functioning, Disability and Health
(ICF) was adopted by the general assembly of the World Health
Organisation in may 2001. This paper gives a summary of the
International Classification of Impairments, Disabilities and Handicaps
(ICIDH), formerly developed by the WHO. It gives a detailed
presentation of the background of the ICF, as published in an article and
in a book written by the group of experts who co-ordinated the revision
of the ICIDH. It gives a precise outlook of the structure, definitions,
content and use of the ICF.

Gérontologie et Société - n° 99 - décembre 2001 page 37


LA CLASSIFICATION INTERNATIONALE DU FONCTIONNEMENT,…

La Classification internationale du fonctionnement, du handicap et


de la santé (CIF) a été adoptée par l’Assemblée générale de
1. Elle est disponible sur l’Organisation Mondiale de la Santé en mai 2001 1. Elle succède à
le site internet de l’OMS :
http://www.who.int/icidh. la Classification internationale des déficiences, incapacités et han-
dicaps (CIDIH), appelée en France : Classification internationale
2. OMS Classification
Internationale des Handicaps :
des handicaps (CIH) 2. Rappelons d’abord ce qu’était cette classifi-
Déficiences, Incapacités, cation.
Désavantages, Traduction
INSERM, Paris, CTNERHI,
1988 (diffusion PUF).
2e édition 1993.
LA CLASSIFICATION INTERNATIONALE
DES HANDICAPS

La CIH, adoptée par l’Organisation Mondiale de la Santé en 1976


et publiée en anglais en 1980, a été élaborée au début des années
1970 lors de la préparation de la 9e révision de la Classification
Internationale des Maladies. Le diagnostic étant jugé insuffisant
pour décrire les troubles, en particulier dans les pathologies au
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long cours, l’OMS a mis au point « un manuel de classification des
conséquences des maladies » (sous-titre de la CIH). La direction du
travail a été confiée à Philip Wood, rhumatologue et professeur de
santé publique à Manchester ; il est courant d’appeler la CIH « clas-
sification de Wood ».

Pour décrire les maladies et leurs conséquences, Wood a proposé


un modèle descriptif formé de quatre plans d’expérience. Les phé-
nomènes morbides ou psychopathologiques se situent sur le plan
de la maladie. C’est là qu’est posé le diagnostic. Il y a les atteintes
d’organes ou de fonction (« impairments »), que les traducteurs fran-
çais ont appelées déficiences. Les limitations des gestes et activités
de la vie ordinaire engagent la personne dans son ensemble, ani-
mée par une intention ou un but. On les appelle incapacités. Le
mot est à prendre dans son sens littéral de ne pas être capable de
telle ou telle action. Enfin, les limitations au libre exercice des rôles
sociaux défavorisent la personne par rapport à la situation qui
serait la sienne si elle était bien portante. Ces limitations résultent
de l’interaction de la personne avec son environnement proche ou
lointain, y compris la solidarité sociale dont cette personne béné-
ficie ou non. Il s’agit du désavantage social, dans quelques
dimensions majeures, choisies pour s’appliquer dans tous les pays :
le besoin d’aide personnelle, la mobilité, l’occupation, le réseau
social, les ressources financières.
...
...
Gérontologie et Société - n° 99 - décembre 2001 page 38
Tableau 1 : Définitions dans la CIH
LES CONSEQUENCES DES MALADIES

DEFICIENCE : Dans le domaine de la santé, la déficience correspond à toute perte ou


altération d’une structure ou fonction psychologique, physiologique ou anatomique.

INCAPACITE : Dans le domaine de la santé, une incapacité correspond à une réduc-


tion (résultant d’une déficience), partielle ou totale, de la capacité d’accomplir une acti-
vité d’une façon ou dans les limites considérées comme normales par un être humain.

HANDICAP, ou DESAVANTAGE SOCIAL : Dans le domaine de la santé, le désavan-


tage social pour un individu donné résulte d’une déficience ou d’une incapacité qui
limite ou interdit l’accomplissement d’un rôle normal (en rapport avec l’âge, le sexe,
les facteurs sociaux et culturels).

L’utilisation de la CIH a lieu en trois étapes. Le modèle descriptif


permet le recueil des informations. Sur cette base, a lieu l’étude
des relations entre les différents facteurs et avec l’environnement :
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c’est l’analyse du processus. Cette analyse permet ensuite de choi-
sir une stratégie d’aide et de soins. Modèle, processus et stratégie
sont trois étapes successives dont chacune est indispensable à la
suivante. La première phase, descriptive, ne préjuge en rien des
causes, pas plus que des moyens d’action. La description est réso-
lument centrée sur la personne et non sur les dispositifs d’aide et
de soins. La démarche d’ensemble est ouverte à des causalités
multiples, en interaction l’une avec l’autre. Elle est propice aux
actions en partenariat : chacun dans son domaine agissant sur un
aspect des difficultés, en coordination avec les autres. Le cadre
conceptuel de la CIH a fourni un outil pédagogique très efficace
pour faire évoluer les représentations du handicap en France, et
pour ouvrir les pratiques de l’autarcie vers le partenariat.

Autre particularité importante de la classification de Wood : elle se


limite au domaine de la santé, comme chacune des trois défini-
tions le rappelle répétitivement (déficience, incapacité, handicap –
voir tableau 1). L’introduction du manuel précise :

« Il y a eu une vogue récente pour promouvoir la notion de handicap


social, attirant l’attention sur des problèmes comme la pauvreté et le
mauvais logement sans relation avec leurs influences directe sur la
santé. Bien que tout effort en vue de combattre les carences sociales
suscite de la sympathie, une telle dilution du concept de handicap
[désavantage social] n’est d’aucun secours parce qu’elle tend à la

Gérontologie et Société - n° 99 - décembre 2001 page 39


LA CLASSIFICATION INTERNATIONALE DU FONCTIONNEMENT,…

confusion lors de l’identification des expériences spécifiquement liées à


3. Notre traduction.
La version française (p. 31
la santé et des moyens par lesquels elles pourraient être contrôlées 3 ».
de la 2e édition française)
contient des erreurs qui
rendent le texte difficile La CIH a donné lieu à différents usages. En médecine de rééduca-
à comprendre. tion, la distinction entre déficience et incapacité a été très féconde,
de même que l’accent mis sur l’importance de l’environnement
matériel. Chez les personnes âgées, les possibilités d’amélioration
des déficiences et des incapacités sont modestes ou nulles ; dès
lors, l’essentiel de l’effort porte sur la diminution du désavantage
4. F. Chapireau, A. Colvez social 4, grâce à des aides appropriées, humaine, financière, et
(1998) Social disadvantage in
the international classification autre. En rhumatologie, la situation est souvent analogue. Pour les
of impairments, disabilities démographes, la notion d’espérance de vie sans incapacité a
and handicaps. Social
Science and Medicine, donné lieu à de nombreux travaux, montrant par exemple que
47, 1, 59-66.
l’allongement de l’espérance de vie dans les pays développés s’ac-
compagne d’un allongement de l’espérance de vie sans incapa-
5. Pour une étude détaillée et
une bibliographie complète
cité. En santé mentale 5, la classification de Wood a permis d’abor-
dans le domaine de la santé der sans clivage les troubles psychopathologiques et leurs
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mentale, consulter B. Azéma
et coll. (2001), Classification conséquences, alors que l’organisation des dispositifs en France
Internationale des Handicaps oblige, avant d’aider une personne, à décider si elle sera malade
et santé mentale, coédition
CTNERHI GFEP. (c’est-à-dire relevant du secteur sanitaire), handicapée (secteur
médico-social), en danger moral (protection judiciaire de la jeu-
nesse), etc…

L’administration française a souvent cité la CIH Les statistiques


ministérielles sont organisées selon la classification des déficiences
de l’OMS (mais ne comportent ni incapacités ni désavantages) ; le
6. Commission guide-barème du 4 novembre 1993 pour les CDES et COTOREP 6
Départementale de
l’éducation Spéciale, et est construit sur la notion de déficience « exprimée en termes d’in-
Commission Technique
d’Orientation et de capacité » ; la loi du 4 décembre 1996 s’appuie sur la notion de
Reclassement Professionnel : « handicap résultant du syndrome autistique et des troubles qui lui
les deux instances
administratives créées par la sont apparentés ». Toutefois, ces nombreuses références ont pu
loi du 30 juin 1975 en faveur créer une confusion préjudiciable à la CIH, en l’absence d’évolu-
des personnes handicapées.
7. A ce sujet, voir : M. Jaeger
tion notable des politiques : le handicap à la française n’a jamais
(1999) Du handicap à désigné l’ensemble des conséquences des maladies visées par la
l’exclusion : des frontières
brouillées. Esprit, 259, 12, CIH, le cloisonnement des dispositifs d’aide et de soins n’a pas été
46-64. Et du même auteur remis en cause 7, pas plus que le recueil des informations à partir
(2000) L’articulation du
sanitaire et du social des dispositifs plutôt qu’à partir des personnes 8 ni le relatif désin-
Paris, Dunod.
térêt pour les conditions d’environnement des personnes en situa-
8. L’enquête Handicaps
Incapacités Dépendance tion de désavantage social.
(dite HID) diligentée par
l’INSEE et construite selon le
cadre théorique de la CIH a Comme l’annonce la première phrase de l’introduction, l’objectif
commencé en 1998. de la CIH est la santé publique :

Gérontologie et Société - n° 99 - décembre 2001 page 40


« L’écart entre les possibilités théoriques et pratiques, c’est-à-dire le
décalage entre ce que les services de santé devraient permettre de réa-
liser et ce qu’ils permettent réellement, constitue un problème majeur
pour les responsables de la santé publique et de l’aide sociale » (p. 3).

Il s’agit de décrire cet écart pour se donner les moyens de le


réduire en connaissance de cause :

« On peut supposer que ces choix [de politiques] seraient beaucoup plus
satisfaisants si le processus de décision était plus directement lié à l’infor-
mation, c’est-à-dire à la description exacte de la situation réelle » (p. 3).

Ainsi, la CIH ne vise pas seulement à décrire et à analyser les fac-


teurs contribuant au processus de handicap : elle vise également à
fournir les informations permettant aux responsables politiques de
dégager leurs priorités d’action. Il s’agit de contribuer à la mise au
point des politiques sociales où l’action publique (et non pas l’ex-
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pert, ni le militant) définit les situations jugées les plus graves, c’est-
à-dire les seuils au-dessous desquels les personnes doivent rece-
voir une aide. En pratique, la CIH n’a pas toujours été utilisée
conformément à ces objectifs, nous l’avons dit.

Au total, la CIH a été pendant plus de vingt ans une référence


internationale, malgré ses faiblesses dans la partie proprement
classificatoire. Rétrospectivement, il semble que cette richesse lui a
été fatale. La consultation de la littérature montre que, d’une spé-
cialité à l’autre, les auteurs se sont très peu cités. Pendant plus de
dix ans, l’Organisation mondiale de la santé n’a pas dépensé un
seul dollar pour assurer le suivi de ses propres travaux. Aucune
autorité scientifique n’a été reconnue par tous. Non que Philip
Wood ait cessé de travailler et de publier : aucun de ses nombreux
articles n’est cité par les commentateurs ou par les critiques, à l’ex-
ception de la notice parue en 1980 dans la revue de l’OMS 9. Les 9. PHN Wood (1980)
Comment mesurer les
travaux de sa collaboratrice Elisabeth Badley sont parfois cités ; conséquences de la maladie.
Chronique OMS,
ceux de son partenaire, le sociologue Michel Bury, jamais. Dans 34, 400-405.
cette situation, la CIH s’est trouvée en grande faiblesse lorsque les
critiques sont devenues plus énergiques. Les années passant, ce
moment ne pouvait manquer de survenir. Il s’est situé entre les
années 1990 (époque d’une série de rapports commandités par le
Conseil de l’Europe) et 1995 (date où le responsable chargé de
cette classification à l’OMS a changé : Bedirhan Üstün a pris la
place de Michel Thuriaux).

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LA CLASSIFICATION INTERNATIONALE DU FONCTIONNEMENT,…

LES PRINCIPES DE LA CLASSIFICATION


INTERNATIONALE DU FONCTIONNEMENT,
DU HANDICAP ET DE LA SANTÉ (CIF)

Le groupe d’experts qui a coordonné la révision de la CIH a publié


10. J. E. Bickenbach, S.
Chatterji, E. M. Badley, T.B. un long article 10, seule référence bibliographique citée dans la CIF.
Üstün, Models of Les auteurs y annoncent que la classification révisée doit être com-
disablement, universalism and
the international classification patible avec les principales conceptions du handicap, qu’ils citent
of impairments, disabilities de la manière suivante 11 :
and handicaps, Social
Science and Medicine,
48, (1999) 1173-1187.
« Ceux qui étudient le handicap [disability] soutiennent depuis long-
11. Notre traduction. Cette
précision s’applique à tous temps que ce qu’on appelle « handicap » physique ou mental n’est pas
les extraits de livre ou simplement un attribut de la personne mais une collection complexe
d’articles ci dessous.
d’états, d’activités et de relations, dont beaucoup sont crées par l’envi-
ronnement social. Ceci est quelquefois appelé la « perspective sociale »
ou « socio-politique » dans laquelle l’incapacité est envisagée comme
une « construction sociale », ou plus fortement comme une « forme
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sophistiquée d’oppression sociale »… Malgré leurs différences, ces
auteurs s’accordent à rejeter le modèle dit médical (ou bio-médical)
dans lequel le handicap est défini comme une déviation observable de
normes biomédicales de structure ou de fonctions qui résultent directe-
ment d’une maladie, d’un traumatisme ou d’un autre état de santé. Ils
soutiennent qu’il y a une facette médicale au handicap [disablement]
mais que le rôle saillant joué par les traits du monde construit et conçu
par les personnes est beaucoup plus important dans la création des
désavantages dont les personnes avec des incapacités font l’expé-
rience.

» Parallèlement à ces développements théoriques, les militants [acti-


vists] sociaux et les militants [advocates] en faveur des personnes avec
des incapacités ont soutenu que le handicap [disablement] est une
question politique, une affaire de droits civils de base. Les personnes
avec des incapacités sont une minorité sociale contre laquelle a été
exercée une discrimination systématique dans tous les domaines de la
vie. Les limitations auxquelles elles font face dans l’éducation, l’emploi,
le logement, et le transport ne sont pas le produit de leur état médical,
mais celui des attitudes sociales de négligence, et des images stéréoty-
pées au sujet de leurs capacités et de leurs besoins… Les théories au
sujet du handicap [disablement] et du militantisme [activism] poli-
tique sont liées… Puisque la source du désavantage est une défaillance
de l’environnement, les stratégies appropriées pour y remédier sont
politiques : changer les attitudes, changer les politiques et les lois… »

Gérontologie et Société - n° 99 - décembre 2001 page 42


» Pour mettre à l’épreuve toutes ces théories concurrentes, nous avons
besoin d’un modèle maniable pour le handicap [disablement] lui
même, qui soit opérationnel pour cadrer les questions de recherche
dans les différentes disciplines par ceux qui adhèrent à des théories
explicatives différentes » (pp. 1173-1174).

Après un développement historique, les auteurs envisagent


l’avenir :

« En fait, dans le futur prévisible, les politiques du handicap [disable-


ment] seront déchirées par un combat interne entre deux stratégies
politiques antagonistes. La première caractérise les personnes handi-
capées [disabled people] comme un groupe social minoritaire qui
doit rechercher ses droits civiques de base et combattre contre la dis-
crimination… La seconde insiste pour dire que le handicap [disable-
ment] est un phénomène humain universel… La version révisée de la
CIDIH… incorpore l’universalisme comme principe conducteur »
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(p. 1179).

En s’appuyant sur les travaux d’Irving Zola 12, ils concluent : 12. Pour une présentation
du courant dans lequel
s’inscrit cet auteur, voir :
J-F. Ravaud (1998)
« Plutôt que d’identifier des besoins spéciaux qui requièrent une atten- La recherche sur le handicap
tion spéciale (et une législation spéciale, des agences spéciales et des aux USA, Society for
Disability Studies, Handicaps
experts spéciaux), nous avons besoin de voir que toutes les personnes et Inadaptations, 78-80,
ont des besoins qui varient de manières grossièrement prévisibles, 225-232.

dans le cours de leur vie. La politique de l’incapacité n’est donc pas


une politique pour quelque groupe minoritaire, c’est une politique
pour tous » (p. 1182).

Autant Wood (dont ni le nom ni les écrits ne sont cités par les
experts chargés de réviser la CIH) s’était fixé un objectif de santé
publique, d’esprit plutôt européen, autant l’objectif de ces experts
vise le militantisme, selon une inspiration plutôt nord américaine.
Ils écartent l’idée d’une « attention spéciale » portée aux personnes
les plus en difficulté, au profit d’une attention universelle portée à
tous. Dans un autre article, les mêmes auteurs énoncent que la CIF,
qui n’était pas encore désignée sous cet acronyme, « enlève la sépa-
ration artificielle et inutile entre « les handicapés » [the disabled] et
tous les autres et rend possible l’étude des obstacles à la pleine parti-
13. T.B. Üstün, J.E.
cipation que la société crée » 13. En langage militant, cela donnerait : Bickenbach, E. Badley, S.
« nous sommes tous des personnes handicapées ». La Classification Chatterji (1998). A reply to
David Pfeiffer, Disability and
internationale du fonctionnement vise, grâce au militantisme, à Society, 13, 5, p. 830.

Gérontologie et Société - n° 99 - décembre 2001 page 43


LA CLASSIFICATION INTERNATIONALE DU FONCTIONNEMENT,…

modifier l’environnement (dans son sens le plus large) pour le


rendre accueillant à tous et permettre la pleine participation de
chacun.

Il en résulte trois conséquences essentielles pour la nouvelle classi-


fication. En premier lieu, celle-ci ne peut plus consister en une liste
de difficultés (« ce qui ne va pas ») car elle fournirait alors un ins-
trument au service de la discrimination. Elle devient une descrip-
tion universelle du fonctionnement humain, présentée de manière
neutre. A partir de cette classification neutre se déduisent éven-
tuellement les limitations de fonctionnement, grâce à l’adjonction
de « qualificateurs » qui indiquent la sévérité des limitations, le
besoin d’aide, et l’effet de l’environnement (environnement « faci-
litateur » ou obstacle). Par définition, le fonctionnement ainsi décrit
est en relation avec un état de santé, satisfaisant ou non, de sorte
que la classification est en effet universelle, sans se limiter aux
conséquences des maladies. « Le handicap [disablement] se com-
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prend désormais comme une variation identifiable du fonctionnement
humain » (p. 1184). Une deuxième innovation importante de la
classification est l’introduction de la notion de « participation » qui
concerne « tous les domaines de la vie humaine » (p. 1184). Un objec-
tif essentiel de la nouvelle classification est de favoriser la « pleine
participation » de tous. Il s’agit d’identifier puis de modifier les obs-
tacles sociaux, ou l’insuffisance des « facilitateurs » nécessaires, qui
s’opposent à la pleine participation de tous. En vue de cet objec-
tif (c’est la troisième innovation importante), la classification inclut
désormais une liste très large de facteurs environnementaux.

LA VALIDITÉ TRANSCULTURELLE
DE LA CLASSIFICATION INTERNATIONALE
DU FONCTIONNEMENT
14. T.B. Üstün, S. Chatterji,
J.E. Bickenbach, R.T. Trotter
Au moment où la CIF était adoptée par l’OMS, paraissait un livre 14
II, R. Room, J. Rehm, S. coordonné par les experts chargés de la nouvelle classification, et
Saxena (eds) (2001), Disability
and culture, universalism and rendant compte de la recherche intitulée « Cross-cultural applica-
diversity, Hogrefe and Huber bility research (CAR) » conduite par l’OMS, avec T.B. Üstün en qua-
Publishers.
lité d’investigateur principal, dans le cadre d’un contrat financé
par le National Institute of Health (USA). Le but de cette étude était
que les instruments scientifiques, parmi lesquels la CIF, soient
« applicables transculturellement et tout autour du monde » (p. 5).
L’ouvrage présente les résultats de quinze centres de recherche

Gérontologie et Société - n° 99 - décembre 2001 page 44


situés au Cambodge, au Canada, en Grèce, en Inde (Bengalore,
Chennai et Dehli), au Japon, au Luxembourg, aux Pays-Bas, au
Nigeria, en Roumanie, en Espagne, en Tunisie, en Turquie, et au
Royaume-Uni. La méthodologie comprend un ensemble de
recherches qualitatives ou quantitatives, qui n’ont pas toutes été
entreprises dans chaque centre : l’analyse linguistique, le tri de
piles de cartes comportant chacune un mot, la cartographie de
concepts, les interviews d’informateurs clés, et les groupes à thème
[focus groups]. L’ouvrage ne mentionne pas les travaux de certains
centres, tel le centre collaborateur français pour la révision de la
CIH, le CTNERHI, où ont été conduites, conformément à la métho-
15. Voir en particulier
dologie indiquée, plusieurs recherches importantes 15, dont il se pour l’étude linguistique :
trouve qu’elles n’allaient pas dans le sens des conclusions de l’ou- C. Rossignol (1999).
Inadaptation, handicap,
vrage. Les quinze rapports de recherche sont encadrés par des Invalidation ? Thèse pour
chapitres de présentation et de conclusion rédigés par les coordi- le doctorat d’Etat. Strasbourg.

nateurs du livre. La conclusion principale de la recherche est qu’il


existe un certain nombre de points concernant le handicap, à
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propos desquels il existe une validité internationale. Une autre
conclusion sur laquelle les auteurs insistent particulièrement est
que les troubles mentaux et leurs conséquences sont l’objet d’une
stigmatisation plus forte que les troubles physiques, y compris
dans des programmes moins étoffés pour l’aide et pour les soins.
Ils nomment cet écart : absence de parité.

Comme dans tout ouvrage scientifique, le texte comporte de nom-


breuses références bibliographiques. Toutefois, l’une d’elles reçoit
une place particulière. Üstün présente de manière détaillée
(pp. 13-16) le livre coordonné en 1995 par les anthropologues
américaines Benedicte Ingstad et Susan Whyte 16, et le cite à nou- 16. B. Ingstad and S. Whyte
(1995), Disability and culture,
veau dans sa conclusion (p. 319). La question de la validité dans University of California Press.
différentes cultures est évidemment essentielle pour toute classifi-
cation internationale. Elle devient particulièrement sensible pour
les auteurs de l’OMS, selon lesquels « la source du désavantage est
une défaillance de l’environnement » (cf. ci-dessus). Voici comment
Üstün s’en explique :

« Récemment, la négation de la possibilité de l’universalité 17 dans le 17. Le mot est employé ici
pour désigner l’usage dans
cas du handicap [disability] a été explicitement formulée par tous les contextes culturels,
et aucunement l’usage pour
Benedicte Ingstad et Susan Reynolds Whyte… De leur point de vue, toutes les personnes,
“les tentatives pour universaliser la catégorie de “handicapé” ont handicapées ou non.

conduit aux problèmes conceptuels de la nature la plus fonda-


mentale”. Elles soutiennent que la supposition selon laquelle des défi-

Gérontologie et Société - n° 99 - décembre 2001 page 45


LA CLASSIFICATION INTERNATIONALE DU FONCTIONNEMENT,…

nitions et des classifications universelles du handicap [disability]


sont possibles est elle-même un point de vue déterminé culturellement,
associé aux sociétés nord-américaines et européennes avec leur fort
attachement aux sciences biomédicales universalistes d’une part,
18. Terme technique visant le
fait d’être une personne, de et les conceptions individualistes de la personnation 18 [personhood],
construire sa vie en tant que d’autre part » (p. 13).
personne reconnue comme
telle par autrui.
Le livre d’Ingstad et Whyte réunit douze études anthropologiques.
Dans leurs contributions personnelles, elles insistent sur le fait que
la notion de handicap est marquée historiquement et culturelle-
19. Dans leur élaboration ment 19. Lorsqu’elle parlent de « problèmes conceptuels de la nature
théorique, elles se réfèrent
aux travaux de Michel la plus fondamentale », ce n’est pas pour dire qu’elles ont rencontré
Foucault, et en particulier à
l’auteur français H-J. Stiker
des obstacles insurmontables, mais pour souligner l’importance du
Corps infirmes et sociétés. « problème de base en anthropologie – comment interpréter d’autres
Paris, Aubier, 1982, réédition
Dunod, 1997. gens qui sont différents » (I & W, p. 278). Ainsi :

« Le relativisme culturel, l’idée que les phénomènes doivent être com-


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pris dans leur contexte culturel pertinent, revêt deux formes. Dans les
discussions à propos du handicap [disability] une position “relativiste
faible” est commune… Le “relativisme radical” cherche à révéler les
présupposés de base à propos de ce que c’est que d’être une personne,
et quelles sortes d’identités et de valeurs existent dans des contextes
sociaux donnés. Qu’est-ce que les gens essaient de réussir ? La version
forte du relativisme interroge les termes mêmes de l’analyse et s’efforce
de dévoiler les catégories implicites dans d’autres visions du monde. Le
concept de handicap lui-même ne doit pas être pris pour argent comp-
tant. Dans beaucoup de cultures, on ne peut pas être “handicapé”
pour la raison simple que le “handicap” n’existe pas en tant que caté-
gorie reconnue » (I & W, p. 6-7).

En réponse, Üstün affirme que « les données présentées dans ce


volume donnent une clarté abondante sur le fait que la position radi-
cale d’incommensurabilité complète et irrémédiable du concept de
handicap [disability] entre cultures est une position radicalement erro-
née » (Ü, p. 319). Il développe ainsi son point de vue :

« En effet, les différences de perception culturelle du handicap [disabi-


lity] ne sont ni hors de propos, ni triviales. Les données présentées dans
les chapitres précédents font apparaître qu’il y a de considérables
variations culturelles de perception de la stigmatisation relative, de
l’estimation, de la parité, et de l’évaluation sociétale sous-jacente, qui
sont cruciales pour la mise au point des politiques… Mais nous sommes

Gérontologie et Société - n° 99 - décembre 2001 page 46


maintenant en position de dire avec autorité que les preuves empi-
riques soutiennent la possibilité d’une compréhension transculturelle
commune du handicap [disability], et, de même, d’un langage inter-
national commun pour le fonctionnement et les catégories de handi-
cap, qui peut être utilisé de pays en pays sans imposer subrepticement
une compréhension culturelle au reste du monde » (p. 319).

Üstün conclut qu’il est possible de reconnaître des points com-


muns universels et de les séparer de ceux qui varient d’une culture
à l’autre :

« Malgré ces différences, cependant, quelques thèmes communs et


clairs ont émergé. Le handicap [disability] est universellement reconnu
comme un aspect de l’expérience humaine de santé. D’une culture à
l’autre, les phénomènes du handicap sont vus comme se produisant au
niveau des structures ou des fonctions du corps, au niveau de la per-
sonne remplissant ses activités au jour le jour, et comme résultat direct
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de barrières ou d’obstacles qu’elles rencontrent dans leur environne-
ment. Partout dans le monde, le handicap est l’objet de stigmatisation,
quoique l’ampleur et la qualité de cette stigmatisation varie, et qu’il y
a une bifurcation claire dans les attitudes et les services destinés aux
personnes avec des problèmes de santé physique, par opposition à
celles avec des troubles d’alcool, de drogue, ou mentaux » (p. 318).

Au total, l’ouvrage le plus récent se veut une réfutation du plus


ancien, au point que Üstün et ses collaborateurs n’ont pas craint
de donner à leur livre le même titre que celui auquel ils s’opposent
– pratique très inhabituelle. Contentons-nous de souligner ici que
les deux recherches ne se situent pas sur le même plan. Là où
Üstün cherche à valider un instrument de recueil de données en
vue d’améliorer le sort des humains, Ingstad et Whyte tentent de
dégager le sens de ce que c’est d’être une personne dans diffé-
rentes cultures. Si « radicale » que soit leur position anthropolo-
gique, elle ne nie certes pas l’existence des inégalités de santé, et
ne récuse pas davantage les efforts pour les réduire. Leur méthode
prend en considération les différences culturelles, et déclare vaine
la recherche d’un point de vue au-delà de toute différence. Par
conséquent, la difficulté dans la démarche de Üstün se situe dans
le choix d’un moyen d’action uniforme : la modification d’un envi-
ronnement décrit partout sur les mêmes bases. Autrement dit,
Üstün préjuge de la priorité d’action, au lieu de rechercher un
moyen de faire le mieux possible des choix divers dans des situa-

Gérontologie et Société - n° 99 - décembre 2001 page 47


LA CLASSIFICATION INTERNATIONALE DU FONCTIONNEMENT,…

tions diverses. Après avoir donné en exemple (dans l’article cité ci-
dessus) la législation des Etats Unis d’Amérique, il se place dans
une contradiction difficile à surmonter lorsqu’il affirme que ses
conclusions sont valables dans tous les contextes culturels.

LA CLASSIFICATION INTERNATIONALE
DU FONCTIONNEMENT, DU HANDICAP
ET DE LA SANTÉ (CIF)

Dès son titre, la CIF s’annonce comme une classification de la


santé, même si elle prend place dans une « famille de classifica-
tions », en relation plus spécialement avec la Classification interna-
tionale des maladies (p. 1). Ainsi, la CIF couvre « tous les aspects de
la santé humaine et certains aspects du bien être relevant de la
santé » (p. 5). Le texte distingue entre les « domaines de la santé »
et les « domaines liés à la santé » sans en définir les frontières, mais
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en annonçant que, avec le temps, les premiers sont destinés à
s’élargir aux dépens des seconds (p. 166).

La vocation de la CIF est annoncée clairement : « On croit souvent


que la CIF ne concerne que les personnes handicapées : en fait, elle
concerne tout un chacun… En d’autres termes, la CIF est d’application
universelle » (p. 5). A l’appui de cette affirmation, est cité l’article
paru dans Social Science and Medicine, analysé plus haut.

STRUCTURE DE LA CIF
La CIF comporte deux niveaux. Le premier, celui du corps se divise
lui-même en deux branches : les organes et les fonctions. Le
deuxième niveau, dépourvu de nom, ne comporte qu’une
branche, qui sert à décrire à la fois les activités et la participation :
c’est la même classification qui sert à coder les deux dimensions. A
ces trois classifications, organisées en deux niveaux, s’ajoute une
liste de facteurs environnementaux. Ces derniers sont définis
comme l’une des deux composantes des facteurs contextuels, qui
seraient décrits de manière complète avec l’adjonction des facteurs
personnels, mais la CIF, qui les prévoit dans son arborescence, ne
les a pas inclus dans la classification. Le chapitre des facteurs per-
sonnels, prévu en théorie parmi les facteurs contextuels, est absent
en pratique.
...
...
Gérontologie et Société - n° 99 - décembre 2001 page 48
Les définitions sont énoncées sous trois formes :
– une définition générale pour chaque terme important (schéma
ci-dessous) ;
– des définitions opérationnelles pour une application plus rigou-
reuse ;
– un modèle global du fonctionnement et du handicap.

Il existe des différences notables entre les trois formulations.

Tableau 2 : Définitions générales de la CIF


CLASSIFICATION INTERNATIONALE DU FONCTIONNEMENT,
DU HANDICAP ET DE LA SANTE

DANS LE CONTEXTE DE LA SANTE

Les fonctions organiques désignent les fonctions physiologiques des systèmes orga-
niques (y compris les fonctions psychologiques).
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Les structures anatomiques désignent les parties anatomiques du corps telles que
les organes, les membres et leurs composantes.

Déficiences désignent des problèmes dans la fonction organique ou la structure ana-


tomique tels qu’un écart ou une perte importante.

Activité désigne l’exécution d’une tâche par une personne.

Participation désigne l’implication d’une personne dans une situation de vie réelle.

Les limitations d’activité désignent les difficultés que rencontre une personne dans
l’exécution de certaines activités.

Les restrictions de participation désignent les problèmes qu’une personne peut ren-
contrer en s’impliquant dans une situation de vie réelle.

Les facteurs environnementaux désignent l’environnement physique, social et attitu-


dinal dans lequel les gens vivent et mènent leur vie.

DÉFINITIONS OPÉRATIONNELLES DE LA CIF


Par rapport au tableau ci-dessus, les définitions opérationnelles 20 20. Une définition
opérationnelle présente
sont plus précises, mais aussi plus restrictives. La participation toute la précision nécessaire
pour que l’usage de la notion
(appelée aussi performance) se définit par ce que la personne réa- soit partout le même, en
lise effectivement. L’activité (appelée aussi capacité) se définit par particulier lorsqu’il s’agit du
recueil de données destinées
ce que la personne réaliserait dans un environnement standard à être comparées entre elles.
international, dont le texte précise qu’il reste à définir (la traduc-
tion française parle de façon inexacte « d’environnement imagi-
naire », p. 13, alors que le texte original anglais vise un environne-

Gérontologie et Société - n° 99 - décembre 2001 page 49


LA CLASSIFICATION INTERNATIONALE DU FONCTIONNEMENT,…

ment supposé [assumed]) : « La différence entre capacité et perfor-


mance est parallèle à celle qui distingue les influences du monde réel
et celles des environnements uniformes. Elle constitue un guide utile
pour déterminer ce qui peut être modifié au cadre de vie de la per-
sonne concernée pour améliorer sa performance » (p. 13). Dans les
définitions opérationnelles de la CIF, la différence entre la capacité
(supposée) et la participation (constatée) résulte par définition de
l’environnement, lequel peut exercer deux types d’actions : obs-
tacle ou « facilitateur ». Ces définitions ne laissent pas de place à
une action de la personne sur son environnement ou à une inter-
action complexe entre l’une et l’autre : c’est en quoi les définitions
opérationnelles sont plus restrictives que les définitions générales
et que le modèle du fonctionnement et du handicap, lesquels
contiennent ces possibilités (p. 16-18).

MODÈLE GÉNÉRAL DU FONCTIONNEMENT


ET DU HANDICAP DANS LA CIF
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Dans le schéma du modèle général du fonctionnement et du han-
dicap, trois facteurs sont placés sur une même ligne, et reliés entre
eux par des flèches, orientées chacune dans les deux directions.
Ces trois facteurs sont : fonctions organiques et structures anato-
miques, activités, et participation. Au-dessus et au-dessous de
cette ligne se trouve à chaque fois un facteur. Au-dessus a été
placé le problème de santé (trouble ou maladie). Au-dessous se
trouvent les facteurs environnementaux et contextuels. Dans les
deux cas, ce facteur est réuni à chacun des facteurs centraux par
une flèche à double direction. Le commentaire précise que ce
schéma réalise l’intégration de « deux modèles antagonistes » du
handicap, le modèle médical et le modèle social.

PLACES RESPECTIVES DE L’ACTIVITÉ


ET DE LA PARTICIPATION
Cette description de l’activité et de la participation par une seule
classification a été décidée au dernier moment avant la présenta-
tion à l’Assemblée générale de l’OMS Les nombreuses années de
consultation internationale venaient de se clore sur un projet diffé-
rent, dans lequel l’activité et la participation formaient deux classi-
fications distinctes. Les deux ont été fondues en une quelques
semaines avant la présentation aux instances internationales. C’est
pourquoi les articles et le livre publiés par les experts de l’OMS, de

Gérontologie et Société - n° 99 - décembre 2001 page 50


même que toutes les contributions à la révision se réfèrent à un pro-
jet en trois niveaux : structures et fonctions, activités, participation.

Toutefois, la CIF laisse les utilisateurs libres de coder la liste « activi-


tés et participation » en choisissant l’une ou l’autre des quatre
modalités de chevauchement possibles (pas d’items communs
entre activités et participation, chevauchement pour certains
items, catégories détaillées en tant qu’activités et catégories larges
en tant que participation, ou enfin, tous les items codés à la fois
comme activités et comme participation) (p. 188-191). Ainsi, les uti-
lisateurs qui le souhaitent peuvent modifier la structure de la CIF,
et rétablir de la manière qui leur convient une séparation entre
activités et participation. Cette souplesse est sans doute un avan-
tage pour chaque utilisateur, qui a le droit de choisir la structure
de classification répondant à ses besoins du moment. Toutefois,
cette flexibilité pourra créer un obstacle au moment de comparer
des données toutes recueillies grâce à la CIF, mais où les mêmes
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codes n’auront pas été utilisés de la même manière d’une structure
de classification à l’autre. Rappelons à ce propos que l’un des
objectifs qui justifie l’existence des classifications de l’OMS est de
permettre les comparaisons. Une autre difficulté pour l’usage de la
CIF tient au fait qu’aucune indication n’est fournie sur l’environ-
nement standard international nécessaire au codage des activités,
conformément aux définitions opérationnelles. Autant on imagine
aisément ce que peut être l’environnement standard de l’item
d4500 « marcher sur de courtes distances », autant il est difficile (voire
impossible ?) de concevoir un environnement standard pour l’item
d710 « interactions de base avec autrui », ou pour l’item d845 « obte-
nir, garder et cesser un travail [un emploi] », par exemple.

LES CHAPITRES DE LA CIF


Les fonctions de l’organisme sont réparties en huit chapitres :
– fonctions mentales ;
– fonctions sensorielles et douleur ;
– fonctions de la voix et de la parole ;
– fonctions des systèmes cardio-vasculaire, hématopoïétique,
immunitaire et respiratoire ;
– fonctions des systèmes digestif, métabolique et endocrinien ;
– fonctions génito-urinaires et reproductives ;
– fonctions de l’appareil locomoteur et liées au mouvement ;
– fonctions de la peau et des structures associées.

Gérontologie et Société - n° 99 - décembre 2001 page 51


LA CLASSIFICATION INTERNATIONALE DU FONCTIONNEMENT,…

La structure corporelle est elle aussi répartie en huit chapitres, qui


correspondent autant que possible à ceux des fonctions :
– structures du système nerveux ;
– œil, oreilles et structures annexes ;
– structures liés à la voix et à la parole ;
– structures des systèmes cardio-vasculaire, immunitaire et respira-
toire ;
– structures liées aux systèmes digestif, métabolique et endocri-
nien ;
– structures liés à l’appareil génito-urinaire ;
– structures liés au mouvement ;
– peau et structures annexes.

Le niveau commun aux activités et à la participation comporte


neuf chapitres :
– apprentissage et application des connaissances ;
– tâches et exigences générales ;
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– communication ;
– mobilité ;
– entretien personnel ;
– vie domestique ;
– relations et interactions avec autrui ;
– grands domaines de la vie ;
– vie communautaire, sociale et civique.

Enfin, la liste des facteurs environnementaux se divise en cinq


chapitres :
– produits et technologie ;
– environnement naturel et changements apportés par l’homme à
l’environnement ;
– soutien et relations ;
– attitudes ;
– services, systèmes et politiques.

CODAGE DE LA CIF
Au premier niveau (celui du corps), les difficultés s’appellent défi-
ciences (de structure ou de fonction), au second (celui qui sert à
décrire à la fois les activités et la participation), ce sont des limita-
tions (d’activité ou de participation). Les fonctions organiques « sont
codées à l’aide d’un code qualificatif qui indique l’étendue ou l’ampleur
de la déficience » (p. 180). Cette étendue se traduit en un taux de la

Gérontologie et Société - n° 99 - décembre 2001 page 52


manière suivante : « 0 », pas de déficience, 0 % ; « 1 », déficience
légère, 5 à 24 % ; « 2 », déficience modérée, 25 à 49 % ; « 3 », défi-
cience grave, 50 à 95 % ; « 4 », déficience absolue, 96 à 100 %. Les
structures anatomiques sont codées avec trois codes qualificatifs
pour indiquer l’étendue, la nature, et la localisation de la déficience
(p. 182). L’activité et la participation « sont codées avec deux codes
qualificatifs – celui de la performance qui occupe la première position
après le point séparateur, et celui de la capacité qui occupe la deuxième
position après celui ci » 21 (p. 183). Pour l’activité comme pour la par- 21. Le manuel ne donne
pas d’exemple pour
ticipation, l’échelle va de 1 à 5 (aucune difficulté, difficulté légère, le codage des déficiences.
La place du code qualificatif
difficulté modérée, difficulté sévère, difficulté extrême/ne peut différencie l’activité de la
pas). A la différence des fonctions du corps, il n’y a pas de taux sur participation ; c’est pourquoi
il convient de laisser vacant
ces plans. A ces deux codes, s’ajoutent trois codes facultatifs pour l’espace inutilisé, et d’utiliser
la capacité avec assistance, pour la performance sans assistance, et dans ce but le signe « _ »
comme l’illustre l’exemple
pour l’implication ou la satisfaction subjective. suivant fourni par le manuel :
la restriction modérée de la
performance de marche sur
Quoique la CIF présente la santé sous une forme neutre, ses défi- de courtes distances se code
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nitions opérationnelles la rapprochent beaucoup d’une approche d4500.3_ ; alors qu’une grave
limitation de la capacité
par la santé négative. Nous lisons : « Les codes de la CIF ne sont com- de marche sur de courtes
distances doit être codée
plets que si on leur ajoute un code qualificatif… Sans ces derniers, les d4500._4 (p. 186).
codes principaux n’ont aucune signification » (p. 20). Ces codes qua-
lificatifs se définissent par rapport à des problèmes (y compris un
code « 0 » qui signifie « pas de problème »). Toutes les explications
sur l’utilisation de la CIF, toutes les directives pour le codage et
tous les exemples portent sur les problèmes ; aucun sur le fonc-
tionnement sous sa forme neutre.

A QUOI LA CIF SERVIRA-T-ELLE ?

Le manuel de l’OMS annonce quatre buts et cinq applications


(p. 3).

Les buts sont les suivants :


– « fournir une base scientifique pour comprendre et étudier des
états de santé et les conséquences qui en découlent, ainsi que leurs
déterminants ;
– « établir un langage commun pour décrire les états de santé et
les conséquences qui en découlent… ;
– « permettre une comparaison des données entre pays, ente dis-
ciplines de santé, entre services de santé et à différents moments ;
– « fournir un mécanisme d’encodage systématique pour les sys-
tèmes d’information sanitaire ».

Gérontologie et Société - n° 99 - décembre 2001 page 53


LA CLASSIFICATION INTERNATIONALE DU FONCTIONNEMENT,…

Les cinq applications sont : outil statistique, outil de recherche,


outil clinique, outil de politique sociale et outil pédagogique.

A côté des objectifs et des applications propres à la CIF, il convient


de la replacer dans le cadre d’un ensemble de recherches coor-
données. Les contrats passés entre l’OMS et le National Institute of
Health des États-Unis (NIH) incluaient également l’élaboration
d’une échelle d’incapacité validée de manière internationale.
22. Disponible sur le site Il s’agit de la deuxième version du WHODAS 22 (Disability
internet http://www.who.int/ici
dh/whodas Assessment Schedule), qui suit le plan de la CIF. Il est remarquable
que, dans ce questionnaire, tous les items sont cotés selon une
même échelle de 1 à 5 (aucune difficulté, difficulté légère, diffi-
culté modérée, difficulté sévère, difficulté extrême/ne peut pas).
Cette méthode, qui n’enregistre pas le besoin d’aide, a été choisie
pour permettre le calcul d’un score global par personne, voire par
population. En parallèle, le groupe d’experts travaille à une com-
paraison internationale des manières de coter une même diffi-
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23. T.B. Üstün, S., J. Rehm, culté 23, en vue de pondérer les résultats par pays. En effet, l’un des
S. Chatterji, S. Saxena, R.T.
Trotter II, R. Room, J.E. projets de l’OMS est de perfectionner son classement international
Bickenbach, (1999) Multiple
informant ranking of the
des systèmes de santé 24.
disabling effects of different
health conditions in
14 countries. The Lancet, Les États-Unis ont tenu une place essentielle dans le financement de
354, 111-115. ces recherches. Parmi leurs objectifs, deux préoccupations princi-
24. World Health Organization pales se dégagent. La première concerne la définition du handicap
(2000) World health report
2000. Health systems : dont, au niveau fédéral seulement, il existe plusieurs dizaines de
improving performances.
Geneva, WHO. versions. Une définition validée au niveau international les aidera
à simplifier leur législation et leurs dispositifs. De plus, une disparité
rencontrée dans tous les systèmes de protection des USA, qu’ils
25. « La prévalence
représente le nombre total soient publics ou privés, est que les difficultés résultant des troubles
de cas dans une population
déterminée, sans distinction mentaux bénéficient d’une protection très inférieure à celles qui
entre les cas nouveaux et les résultent d’autres troubles. La deuxième préoccupation américaine
cas anciens. La prévalence au
cours d’une période donnée concerne les immenses efforts de recherche consacrés à l’épidé-
représente une fréquence miologie en population générale, spécialement en santé mentale.
globale pendant une période
déterminée. » (M. Jenicek, Or, le National Institute of Mental Health, ayant constaté que dans
R. Cléroux (1982)
Epidémiologie, Paris, ses meilleures enquêtes la prévalence à un an 25 des troubles men-
Maloine). taux chez les 15-54 ans approche les 30 %, envisage d’introduire à
26. D.A. Regier, C.T. Kaelber, l’avenir les conséquences handicapantes dans sa définition des
D.S. Rae, M.E. Farmer, B.
Knauper, R.C. Kessler, G.S.
cas 26. C’est sans doute pourquoi l’introduction du livre de Üstün
Norquist (1998). Limitations (cf. ci-dessus) a été rédigée par le directeur de cet institut.
of diagnostic criteria and
assesment instruments for
mental disorders, Archives Pour les pays européens, la CIF posera la question des politiques
of General Psychiatry,
55,109-115. de solidarité. Autant Philip Wood a tenté de contribuer à la pro-

Gérontologie et Société - n° 99 - décembre 2001 page 54


duction de connaissances, en vue de la définition des priorités par
les responsables des politiques de solidarité, autant les auteurs de
la CIF ont pris nettement position (dans l’article de Social Science
and Medicine, cité ci-dessus) contre la législation spéciale, les
agences spéciales, et les experts spéciaux. En Amérique du Nord,
la solidarité à l’européenne est volontiers perçue comme un obs-
tacle à la libre concurrence voire comme un encouragement à la
passivité. Dans un tel contexte, l’efficacité s’obtient par la lutte
pour les droits civiques et contre la ségrégation 27. Ces objectifs 27. Voir la loi fédérale :
Americans with Disabilities
trouvent de forts échos militants en France, car les politiques de Act de 1991, citée en
exemple dans ce même
solidarité y sont organisées à l’intention de « groupes cibles » : elles article.
créent des cloisonnements complexes, et sous estiment les actions
à mener sur l’environnement.

C’est dire qu’on ne saurait trop insister sur l’importance considé-


rable des mouvements de personnes handicapées, dont plusieurs
ont été associés à la mise au point de la CIF, soit dans des groupes
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particuliers, soit au sein des diverses recherches conduites par les
centres participant à la révision et à la recherche CAR, y compris
en France. Pour certains de ces mouvements, il s’agissait de rien
moins que d’un renversement de point de vue : au lieu d’un han-
dicap porté par la personne et soumis à une définition énoncée
par des spécialistes, il s’agit désormais de mettre l’accent sur la
société qui n’accueille pas équitablement tous ses membres, et
crée des différences sociales évitables. Tout naturellement, leurs
interventions ont donné la priorité à l’image des personnes han-
dicapées dont la CIF était porteuse, et aux perspectives militantes
qu’elle pouvait ouvrir ou renforcer 28. Il ne faut pas sous-estimer 28. Pour une mise au point
sur ce sujet, lire : H.-J. Stiker
l’enthousiasme suscité par la CIF dans ces mouvements, et, d’une (1999). Quand les personnes
handicapées bousculent
manière plus générale, l’intensité des débats sur les questions de les politiques sociales.
classification. Esprit, 259, 12, 75-106.

La CIF est beaucoup plus complexe qu’elle ne parait. Elle contient


trois ensembles de définitions ; elle propose quatre options de
codage qui sont autant de modifications de sa structure. Il existe
donc douze manières de l’utiliser correctement. L’avenir dira s’il
29. Conférence internationale
s’agit d’une force ou d’une faiblesse. Pour le moment, certains uti- des Nations Unies sur
lisateurs pressentis 29 se sont intéressés aux listes très complètes les statistiques en matière
d’incapacité. New York,
contenues dans les différents chapitres, où ils retrouvent sans peine 4-6 juin 2001.

Gérontologie et Société - n° 99 - décembre 2001 page 55


LA CLASSIFICATION INTERNATIONALE DU FONCTIONNEMENT,…

leurs objets d’étude. Forts de cette trouvaille, ils concluent qu’ils


n’ont pas à modifier leur manière de travailler. A l’avenir, il est pos-
sible que des courants divers, mais se réclamant tous de la CIF,
exercent une influence groupée. Leur point commun pourrait se
trouver dans la nouveauté de la CIF par rapport à la CIH : l’accent
a cessé de porter sur la solidarité et sur l’action publique, et s’est
déplacé vers les droits de la personne et vers l’action des groupes
militants. Cette évolution dépasse le simple cadre d’une classifica-
tion : elle fait écho à un vaste mouvement contemporain. Plus
qu’un outil utilisable concrètement, la CIF pourrait devenir une
référence emblématique de cette transformation sociale en cours.
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Gérontologie et Société - n° 99 - décembre 2001 page 56

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