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LA COMPTABILITÉ PUBLIQUE À MALTE : VERS UNE ADOPTION DES

IPSAS DANS LE CONTEXTE DE L’UNION EUROPÉENNE

Rowan Jones, Josette Caruana

I.I.S.A. | « Revue Internationale des Sciences Administratives »

2016/4 Vol. 82 | pages 783 à 800


ISSN 0303-965X
ISBN 9782802757337
DOI 10.3917/risa.824.0783
Article disponible en ligne à l'adresse :
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https://www.cairn.info/revue-internationale-des-sciences-
administratives-2016-4-page-783.htm
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Revue
Internationale
des Sciences
Administratives
La comptabilité publique à Malte : vers une adoption
des IPSAS dans le contexte de l’Union européenne
Rowan Jones et Josette Caruana 1

Résumé
Le Gouvernement central de Malte procède à une réforme comptable basée sur la
comptabilité d’exercice depuis 1999. Initialement, la réforme comptable basée sur
la comptabilité d’exercice envisageait le développement et la mise en œuvre d’un
ensemble sur mesure de normes comptables. ­Celles-ci ont été développées, mais pas
mises en œuvre. En 2011, le Gouvernement central de Malte a préféré décider d’adop-
ter les IPSAS dans leur ensemble. Au moyen de recherches documentaires étayées par
des interviews, la présente étude s’efforce d’identifier les facteurs sous-­jacents qui ont
présidé à cette décision. Le cadre institutionnel théorique est utilisé pour analyser les
conclusions. C­ elles-ci démontrent qu’à Malte, la crédibilité est considérée comme le
facteur primordial, qui sera fourni par l’adoption de normes internationalement recon-
nues et acceptées. D’aucuns affirment que les pressions de l’UE n’ont joué aucun rôle
dans la décision du gouvernement maltais en matière de politique comptable, mais un
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courant sous-­jacent de ce type de pression se manifeste.

Remarques à l’intention des praticiens


Le fait que les données d’exercice soient générées à partir du système comptable
compte parmi les avantages d’un système de comptabilité d’exercice ; mais ces don-
nées d’exercice doivent encore être révisées pour être conformes au SEC. La solution
proposée par la Commission européenne consiste à remanier les IPSAS et à minimiser
les différences avec le SEC. La faisabilité de cette solution est sujette à caution, étant
donné que les objectifs des IPSAS et du SEC sont différents et renvoient à des types
de rapports dissemblables. Ils visent à mesurer la même chose, à savoir les déficits et
les dettes d’un gouvernement, mais il n’en est rien. Afin d’envisager une telle conver-
gence, il faudrait qu’une mesure financière cède la place à l’autre.

Mots-clés : réforme comptable, normes comptables, EPSAS, SEC, normes publiques


de présentation de l’information financière

Rowan Jones, Université de Birmingham, Royaume-Uni et Josette Caruana, Université de


 1

Malte, Malte. Email: josette.caruana@um.edu.mt. Traduction de l’article paru en anglais sous


le titre : « Governmental accounting in Malta towards IPSAS within the context of the Euro-
pean Union ».
Copyright © 2016 IISA – Vol 82 (4)  : 783-800
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Introduction
L’émergence des normes comptables internationales pour le secteur public
(International Public Sector Accounting Standards, ou IPSAS) est décrite comme
l’évolution la plus importante parmi les modifications en matière de comptabi-
lité publique qui se produisent (Sutcliffe, 2003). Mais l’adoption des IPSAS par
les gouvernements est entièrement volontaire, dans la mesure où l’Internatio-
nal Public Sector Accounting Standards Board (IPSASB) n’a pas le pouvoir de
contraindre une juridiction à les adopter (IFAC, 2010). Plusieurs gouvernements
sont encore réticents à adopter la comptabilité d’exercice, a fortiori les IPSAS. Et
les pays qui ont adopté une forme de comptabilité d’exercice n’ont pas adopté
les IPSAS dans leur totalité, préférant pratiquer une sélection parmi les normes
comptables disponibles.
L’intérêt manifesté par l’Union européenne (UE) envers les IPSAS pour ses
États membres est devenu manifeste avec l’avènement de la crise économique,
dans la mesure où la Directive 2011/85/EU du Conseil de novembre 2011 fait
partie du « Six-Pack » mis en avant par l’UE en vue de renforcer les cadres bud-
gétaires des États membres. Initialement, la directive UE proposée imposait aux
États membres d’adopter les IPSAS dans les trois ans (Commission européenne,
2011) ; mais elle a été ramenée à l’exigence pour la Commission européenne,
et plus particulièrement Eurostat, de commencer par procéder à une étude sur
l’adéquation des IPSAS pour les États membres de l’UE. Suite à cette évaluation,
la Commission européenne (2013) a conclu qu’en l’état, les IPSAS ne se prêtaient
pas à une adoption directe. Mais les IPSAS seront utilisées comme point de réfé-
rence pour le développement des normes comptables européennes du secteur
public (European Public Sector Accounting Standard, ou EPSAS) applicables aux
États membres de l’UE (Commission européenne, 2013).
Dans ce contexte, un État membre — Malte — a décidé d’adopter les IPSAS
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pour son gouvernement central. Le gouvernement central maltais utilise le sys-
tème de comptabilité de caisse orienté budget traditionnel, et à l’instar d’autres
pays, il est en train de passer à un système comptable plus riche en informations.
Le processus suit toujours son cours.
Le ministre des Finances a instauré en 1999 le groupe de travail sur la comp-
tabilité d’exercice, en lui confiant pour mandat de prendre toutes les mesures
nécessaires pour mettre en œuvre un système de comptabilité d’exercice pour le
gouvernement central. Le projet de ce groupe de travail englobait les spécifica-
tions relatives à un système comptable informatisé adéquat, les révisions néces-
saires à la législation relative à la gestion financière, et la formulation de normes
de comptabilité d’exercice pour le gouvernement.
Les normes comptables publiques maltaises (ou MGAS) ont été conçues en
2002 sur la base des IPSAS et des Normes comptables internationales (International
Accounting Standards ou IAS). Depuis 2002, en l’absence d’un nouveau système
comptable informatisé capable de traiter la comptabilité d’exercice, le Trésor a
compilé des états financiers basés sur la comptabilité d’exercice en intégrant les
données fondées sur la comptabilité d’exercice récoltées auprès de ses ministères et
les données de caisse produites par le système comptable. Ces états financiers n’ont
été ni publiés ni audités, mais le Trésor persiste à les préparer et à en affiner les don-
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nées, dans la perspective de l’implémentation de la comptabilité d’exercice dans le


gouvernement central et en préparation des bilans d’ouverture qui seraient requis.
Malte est membre de l’UE depuis 2004, et a rejoint la zone euro en 2008.
Les données d’exercice récoltées auprès des ministères sont également requises
pour la préparation des rapports statistiques selon le SEC. Il apparaît qu’une fois
les obligations de notification de l’UE remplies, la réforme comptable s’est figée.
La décision d’abandonner le projet MGAS et d’adopter les IPSAS a été prise
en février 2011, à la veille de la manifestation officielle par l’UE de son intérêt
envers les IPSAS pour tous les États membres. Bien qu’étant le plus petit des États
membres, Malte doit respecter toutes les exigences que présuppose l’adhésion
à l’UE. Jusqu’en février 2013, il apparaissait que les autorités maltaises avaient
décidé d’attendre de plus amples instructions de la part de l’UE avant de pour-
suivre quelque réforme comptable que ce soit.
L’administration centrale maltaise a changé en mars 2013. Le ministre des
Finances maltais a désigné le Chartered Institute of Public Finance and Accoun-
tancy basé en Grande-­Bretagne pour procéder à une étude exploratoire en vue
de la mise en œuvre de la comptabilité d’exercice basée sur les IPSAS. Cette
étude a été clôturée en novembre 2013. Le ministre des Finances s’est dit favo-
rable à l’idée de travailler à l’utilisation des IPSAS comme intermédiaire pour les
futures EPSAS, s’appuyant sur la déclaration de la Commission européenne que
les IPSAS représentent un cadre de référence incontestable pour des normes
comptables européennes du secteur public basées sur la comptabilité d’exercice
(ministère des Finances [de Malte], 2013).
Le principal événement examiné dans le présent article est la première mesure
prise par les autorités maltaises en vue d’adopter l’ensemble des IPSAS en février
2011. Les recherches empiriques ont été menées entre 2011 et 2012.
Cette étude avait pour objectif d’examiner les circonstances expliquant la déci-
sion des responsables du gouvernement maltais de prescrire et de soutenir un
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processus comptable spécifique, et de comprendre la base sur laquelle la décision
d’adopter les IPSAS a été prise. Le plus petit des États membres de l’UE cède-
t-il à la pression européenne, ou d’autres facteurs ont-ils joué dans la décision
d’adopter les IPSAS dans leur totalité ? Comment cette décision affecte-t-elle la
réforme de la comptabilité publique au niveau central à Malte ? Sachant que l’in-
térêt de l’UE envers les IPSAS est dicté par la crise de la zone euro, l’influence du
système de comptabilité nationale concurrent basé sur la comptabilité d’exercice
est également examinée.
Suite à cette introduction, qui a présenté le contexte et l’objectif des
recherches, le cadre théorique, la documentation pertinente et la méthodologie
sont décrits. Les conclusions des recherches sont ensuite analysées et passées en
revue dans six sections : le processus entraînant la décision de choisir les IPSAS
comme normes d’information financière pour le gouvernement central de Malte ;
l’identification de la crédibilité comme facteur principal sous-­tendant la décision
en faveur des IPSAS ; la manière dont la décision maltaise se compare à d’autres
pays de l’UE ; les conséquences de la décision sur la réforme comptable au niveau
central ; la taille de la juridiction en tant que variable ; et l’influence de la comp-
tabilité nationale. La conclusion fournit un résumé et des commentaires finaux.
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Analyse documentaire et cadre théorique


Il existe certaines comparaisons internationales de l’adoption des IPSAS qui
portent sur divers pays (par exemple : Benito et al., 2007 ; Christiaens et al., 2010;
2015), mais les études de cas spécifiques au pays qui considèrent explicitement
l’adoption des IPSAS ne sont pas nombreuses. Le cas finnois (Oulasvirta, 2014) est
un exemple de ce type de contribution précieuse.
Les études de la Commission européenne portant sur l’état actuel de la comp-
tabilité publique dans les États membres de l’UE (EY, 2013 ; PwC, 2014) confir-
ment les conclusions de Christiaens et al. (2010), tandis que les raisons soutenant
ou rejetant l’adoption des IPSAS révélées par la consultation publique d’Eurostat
(2012) ne diffèrent pas de celles qu’identifient Christiaens et al. (2010). Ces
derniers ont mis leur étude à jour en 2014 et l’ont élargie pour inclure des pays
d’autres continents que l’Europe, mais les conclusions auxquelles ils parviennent
ont confirmé celles de l’étude de 2010.
Christiaens et al. (2010) identifient deux principales raisons expliquant pour-
quoi les juridictions décident d’appliquer les IPSAS. La première est qu’il est inutile
de réinventer la roue : il est plus intéressant de profiter des connaissances de
l’IPSASB. Par ailleurs, le fait que l’adoption des IPSAS améliorera la comparabilité
des informations financières, tant à l’échelle nationale qu’internationale, est une
conviction forte.
D’autre part, la majorité des juridictions ne choisissent pas d’appliquer les
IPSAS parce que ces normes sont relativement inconnues et que les règles de
comptabilité d’entreprise prédominent. La puissance de règles comptables
d’entreprise spécifiques à un pays ralentit le processus de conformité aux IPSAS,
même si ces dernières sont basées sur les Normes internationales d’information
financières (International Financial Reporting Standards ou IFRS), et un chan-
gement culturel est nécessaire pour surmonter cet obstacle (Christiaens et al.,
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2010; 2015). Ce qui précède est souligné par Oulasvirta (2014) lorsqu’il analyse
l’évaluation des IPSAS par le gouvernement finnois et leur rejet final en utilisant
un contexte institutionnel.
On a souvent admis que le changement comptable est motivé par des facteurs
externes, et attribué à de nouvelles règlementations ou simplement à des com-
portements cosmétiques (Covaleski et al., 2003 ; Ezzamel et al., 2007 ; Lukka,
2007). La théorie institutionnelle se concentre sur le rôle des forces environne-
mentales dans le façonnement et les contraintes des organisations (Meyer et
Rowan, 1977 ; Powell et DiMaggio, 1991). Les nouvelles pratiques sont diffusées
et institutionnalisées suite à des influences sociales et techniques externes (Powell
et DiMaggio, 1991 ; Scott, 2001 ; Dillard et al., 2004). Les théoriciens institu-
tionnels s’efforcent d’appréhender la capacité d’une organisation à changer en
examinant la manière dont les exigences et valeurs institutionnalisées affectent
les choix dont elle dispose. L’isomorphisme et le découplage sont les deux grands
éléments qui sous-­tendent ce cadre théorique.
DiMaggio et Powell (1983) définissent l’isomorphisme comme un processus par
lequel les organisations tendent à adopter des exigences, pratiques et structures
socialement validées similaires en partant de l’environnement dans lequel elles
opèrent. Au centre de l’isomorphisme se trouve la notion de légitimité, qui impose
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aux organisations de se conformer aux exigences externes, sans tenir compte de


l’adéquation de ces exigences par rapport à leur cadre spécifique (Carpenter et
Feroz, 2001 ; Ball et Craig, 2010). Sachant que les activités d’une organisation
sont fortement motivées par un comportement recherchant la légitimité (Dillard
et al., 2004), la quête de légitimité s’est souvent avérée plus importante que les
processus décisionnels nationaux (Connolly et al., 2009). Meyer et Rowan (1977)
avancent qu’en promouvant la légitimité, l’isomorphisme institutionnel améliore le
succès et la survie des organisations. Di Maggio et Powell (1983) identifient trois
mécanismes permettant de transférer les exigences et pratiques légitimées aux
organisations : coercitif, qui consiste en pressions à la fois formelles et informelles
imposées par la législation et exercées par ceux dont l’organisation dépend pour
ses ressources ; normatif, lorsque les organisations entreprennent d’adopter les
systèmes, pratiques et procédures que propagent les organes professionnels ; et
mimétique, lorsque l’incertitude pousse les organisations à copier le comporte-
ment d’organisations similaires considérées comme performantes.
Le découplage renvoie aux cas où les technologies comptables sont non pas
absorbées dans la pratique proprement dite de l’organisation, mais restent un
outil cérémoniel ou un produit de rationalisation sociale permettant à l’orga-
nisation d’apparaître comme légitime (Meyer et Rowan, 1977 ; Oliver, 1991 ;
Rahaman et al., 2004 ; Ball et Craig, 2010).

Méthodologie
Comme toute autre étude sociale, c­ elle-ci a un but explicatif au sens où elle s’ef-
forcera d’identifier les facteurs qui ont entraîné la décision d’adopter les IPSAS.
Une approche qualitative est adoptée, en utilisant des méthodes mixtes d’analyse
documentaire et d’interview.
L’analyse documentaire est le fondement de la recherche sociale Fielding,
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2005). En utilisant des documents pour la recherche, Prior (2003) explique à quel
point il est important de garder à l’esprit la dynamique impliquée dans les relations
entre production, consommation et contenu. Il est idéal de justifier les conclusions
documentaires, ou autres, en interviewant les personnes présentes à l’époque et
qui avaient réellement conscience du phénomène faisant l’objet des recherches.
Selon Richards (2009), il est fréquent qu’une élaboration de projet qualitative
inclue l’utilisation de diverses sources de données, en vue d’éclairer la question
de points de vue multiples. Le fait de recouper les preuves documentaires à l’aide
de sources orales améliore la qualité d’un compte dans l’histoire récente (Gidley,
2004) en renforçant la validité des conclusions grâce à des preuves corrobora-
trices (Scapens, 2004).

Documents
Des directives UE, des rapports et des documents de travail ont été consultés en
ligne, plus spécifiquement le site Internet d’Eurostat, qui est révélateur quant
aux résultats de l’étude IPSAS. Le site Internet du Trésor maltais a constitué une
source d’informations utile concernant la réforme de la comptabilité d’exercice au
niveau du gouvernement central. Les minutes des réunions du Comité Compta-
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bilité publique, également disponibles en ligne, ont fourni d’autres informations


concernant la réforme de la comptabilité publique et ont permis d’identifier des
acteurs de premier plan comme interviewés potentiels.

Entretiens
Les interviewés ont été choisis avec soins pour inclure des fonctionnaires ayant
occupé diverses fonctions dans la comptabilité publique, à savoir le décisionnaire,
les exécutants, les préparateurs des informations et les utilisateurs des informa-
tions (l’Appendice A est disponible en ligne sur http://ras.sagepub.com/supple-
mental). 28 entretiens semi-­structurés ont été effectués en tout.
Les entretiens ont été conçus pour un projet de doctorat portant sur la
réforme de la comptabilité du gouvernement central à Malte 2, ayant appliqué le
Modèle de traitement de réforme de l’administration financière de Lüder (2002).
Le guide de l’entretien était basé sur Lüder et Jones (2003), avec un accent
supplémentaire sur la comptabilité nationale (un élément qui a émergé avec les
questions sur le niveau de consolidation proposé) et l’adoption des IPSAS (ques-
tions centrées sur l’identité du décisionnaire, la manière dont la décision avait été
prise et communiquée, les réactions des autres parties prenantes et la raison pour
laquelle les IPSAS avaient été retenues).

Conclusions de l’étude : présentation et discussion


Normes d’information financières pour le Gouvernement de Malte
L’importance de normes de comptabilité publique adéquates pour guider la
réforme comptable au niveau central à Malte a été admise d’emblée. Un des
sous-­ comités du Groupe de travail Comptabilité d’exercice instauré en 1999
était chargé de cette tâche. Le Comité consultatif technique MGAS ne s’est pas
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contenté d’adopter les normes comptables disponibles à l’époque, mais a estimé
nécessaire de les adapter afin de suivre les exigences du gouvernement maltais.
La réforme comptable au gouvernement central de Malte a été lancée dans
le cadre de réformes plus vastes entreprises dans l’administration publique, dans
un effort pour rendre le fonctionnement du gouvernement plus économique,
plus efficient et plus efficace. L’idée sous-­jacente consistait à être plus semblable
au secteur privé, avec un système de gestion des informations fournissant des
informations actuelles, précises et fiables quant à la situation financière et écono-
mique ainsi qu’aux performances du gouvernement. Les pratiques de la compta-
bilité d’entreprise et les normes comptables sous-­jacentes ont servi de référence
pour les recommandations.
Les normes comptables sont nécessaires en tant que guide permettant d’ob-
tenir les extrants souhaités, soit un ensemble d’états financiers fournissant une
vision authentique et correcte des performances et de la situation financières du
gouvernement. Les conseils locaux et les entités publiques qui appliquaient la
comptabilité d’exercice depuis le début étaient supposés se conformer aux IFRS

Soumis par Josette Caruana à l’Université de Birmingham.


 2
Jones et Caruana  La comptabilité publique à Malte  789

sans poser de questions. Les conseils locaux ont été instaurés en 1993, l’adhésion
aux IFRS étant une exigence légale. Aucune autre alternative n’est envisagée en
dépit des difficultés liées à l’application des IFRS aux entités du secteur public
telles que signalées par la société d’audit consultante (Appendice A : I-14).
L’adhésion aux IFRS est considérée comme allant de soi, et cette situation s’est
maintenue même quand les MGAS ont finalement été formulées.
L’application des IFRS peut avoir du sens pour les entités publiques dont le
fonctionnement est similaire à celui d’une entreprise, mais pourrait donner lieu
à certaines difficultés d’ordre pratique pour les Conseils locaux et les entités
offrant exclusivement des services publics. Le choix des IFRS au niveau des gou-
vernements locaux pourrait s’expliquer, de manière sous-­jacente, par la pression
normative exercée par la profession comptable, sachant que les Conseils locaux
et les entités publiques locales sont audités par des firmes privées.
La situation est entièrement différente pour le gouvernement central. D’abord,
les firmes d’audit n’exercent aucune pression sur le gouvernement central pour
qu’il adopte les IFRS ou n’importe quelles autres normes d’information finan-
cières. Ensuite, l’adoption des IFRS au niveau central n’a jamais été considérée
comme adéquate. Sans doute la différence entre fonctionnement du secteur
public et privé est-elle ici plus prononcée, et la mise en œuvre des IFRS faisait
craindre de nombreuses difficultés. Le ministre en personne a tenté, avec l’aide
d’une firme d’audit consultante, de créer un ensemble de normes comptables
répondant mieux aux exigences de la comptabilité publique, et les MGAS ont été
formulées. Il a été fait référence aux IPSAS, mais c­ elles-ci étaient encore en cours
d’élaboration et, à défaut, c’est aux NCI que l’on s’est référé.
Les MGAS constituaient une tentative de simplifier les normes internationales
d’information financière et de les rendre plus applicables et compréhensibles
pour le scénario maltais. Plus spécifiquement, le Comité MGAS était censé éli-
miner les choix offerts par certaines normes afin d’affiner les rapports financiers
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des départements ministériels et des ministres. Certaines MGAS ont été utilisées
par le Trésor afin de préparer les essais d’états financiers basés sur la comptabi-
lité d’exercice pour le gouvernement central, et les travaux de transposition des
concepts comptables dans les MGAS pour une communication plus compré-
hensible envers les départements ministériels et les ministères sous la forme de
circulaires expliquant les procédures requises avaient débuté.
L’application des MGAS aurait pu se révéler être une solution plus simple,
mais la décision d’abandonner le projet et d’adopter les IPSAS dans leur totalité
a été soutenue par un consensus général des fonctionnaires concernés et des
organes externes interviewés pour la présente étude. La décision d’abandonner
le projet MGAS a été prise par le Secrétaire permanent, qui a repris dans les faits
le Groupe de travail en 2009. La décision d’adopter les IPSAS a donc résulté en
partie d’un changement de l’acteur principal, qui était soumis à un ensemble de
pressions institutionnelles externes (à savoir la qualité d’État membre de l’UE et
ses implications) qui, au vu de la différence d’époque, différaient quelque peu de
celles dont son prédécesseur avait fait l’expérience.
Sur la base de leur titre, on présume que les IPSAS sont applicables au sec-
teur public et qu’elles devraient dès lors fournir un point de référence pour la
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comptabilité publique. Nous présumons qu’elles sont correctes puisqu’il s’agit de


normes internationales préparées par des experts et qu’elles ont été acceptées
par d’autres pays de manière générale. (Appendice A : I-05)
Le fait que les IPSAS soient basées sur les IFRS est considéré comme une bonne
chose plutôt qu’un problème (Appendice A : I-13). Il apparaît que la prédomi-
nance de la pratique de la comptabilité d’entreprise perdure encore, bien que des
agents de la fonction publique affirment que des recommandations de sources
spécifiques au secteur public sont recherchées.
Lorsque la décision d’adopter les IPSAS a été prise en 2011, leur adéqua-
tion par rapport à la comptabilité publique maltaise n’avait pas fait l’objet de
la moindre étude. La décision n’était soutenue par aucun plan soigneusement
conçu concernant leur mise en œuvre. L’idée était d’adopter les IPSAS dans leur
ensemble et de résoudre les éventuels problèmes concernant par exemple une
politique d’exclusion, au fur et à mesure (Appendce A : I-02). L’étude relative à
l’adéquation des IPSAS a été réalisée par la Commission européenne en 2012, et
­celle-ci a conclu que les IPSAS n’étaient pas directement applicables à la comp-
tabilité publique, et qu’elles ne répondaient pas avec une totale efficacité aux
besoins spécifiques du secteur public. Certaines IPSAS exigent des révisions subs-
tantielles suite à des problèmes conceptuels (Commission européenne, 2013).
Il se peut donc qu’en un sens, la procrastination du gouvernement maltais
ait été une bonne chose puisque la Commission européenne se chargerait
du travail de grande ampleur que requéraient les IPSAS pour les rendre plus
adéquates, tout en éliminant vraisemblablement les traitements comptables
alternatifs disponibles dans ces normes afin de promouvoir l’harmonisation dans
la pratique (Commission européenne, 2013). Avec un peu de chance, même la
langue utilisée dans les normes serait quelque peu simplifiée pour les rendre
compréhensibles aux non-­ comptables. Mais il resterait encore à adapter les
EPSAS émergentes au contexte local, ce qui impliquerait la nécessité de réitérer
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ultérieurement le travail à faire sur les MGAS.

Crédibilité
Outre les ressources matérielles et les informations techniques, les organisations
ont également besoin d’acceptabilité sociale et de crédibilité pour survivre (Scott
et al., 2000:237). Les conclusions quant aux éléments qui ont poussé les autorités
maltaises à opter pour les IPSAS permettent de constater que la crédibilité et la
réputation internationale étaient le principal facteur, bien que le Fonds monétaire
international (FMI) classe le pays parmi les économies avancées. Selon le secré-
taire permanent : « C’est une question d’harmonisation ; c’est une question de
reconnaissance ; c’est une question de crédibilité. (Appendice : I-09) ».
La crédibilité apparaît comme la raison primordiale de l’adoption des IPSAS
par le gouvernement maltais. Les personnes interviewées ont été unanimes sur
ce point, y compris les parlementaires qui participaient au Comité Comptabilité
publique (Appendice A : I-05, I-06).
La documentation évoque les pays en développement qui s’efforcent de
modeler leurs systèmes comptables afin de répondre aux exigences des bailleurs
de fonds (Godfrey et al., 1995). Malte n’a pas de prêts auprès du FMI ou de la
Jones et Caruana  La comptabilité publique à Malte  791

Banque mondiale, mais en tant qu’État membre de l’UE, elle fait de son mieux
pour équilibrer les coûts de l’adhésion à l’UE et les fonds européens dont elle
pourrait bénéficier. En ce sens, on peut donc comprendre que le pays fasse de
son mieux pour répondre aux obligations de notification de l’UE afin d’atteindre
ses buts. D’où sa propension à adopter les IPSAS dans leur ensemble.
Tous les États membres de l’UE sont soumis à une tension financière afin de
répondre aux exigences financières strictes de cette dernière. Dans le cas de
Malte, il n’est pas à exclure que cette tension financière ne soit amplifiée par une
certaine insécurité nourrie par des années de colonialisme et de gouvernement
paternaliste, renforçant le problème de la crédibilité.
D’autre part, la réputation internationale et la crédibilité n’ont pas joué de rôle
de stimulus pour une réforme allant vers la comptabilité d’exercice. Si le gou-
vernement maltais donne l’impression qu’il est totalement acquis à l’adoption
des IPSAS, la réticence à mettre la comptabilité d’exercice en œuvre est toujours
apparente, précisément à cause de la crainte de la manière dont elle affectera
le système actuel utilisé pour préparer les rapports UE qui, à ce jour, s’est révélé
satisfaisant pour servir ses fins. Le résultat est donc un système comptable
hybride mêlant comptabilité de caisse et d’exercice ; un système de présentation
de l’information financière illusoire car l’output n’est pas utilisé comme outil
d’administration généralisé permettant d’améliorer les décisions afin de renforcer
l’efficience et l’efficacité du secteur public. Il est utilisé à un niveau macroécono-
mique parce que le but sous-­jacent consiste à satisfaire les objectifs financiers de
l’UE et à ne pas dépasser les critères de convergence.
Selon le Secrétaire permanent (Appendice A : I-09), Malte a besoin d’être
reconnue par les organisations internationales et par des pays respectables et
développés, « et la reconnaissance est obtenue par l’adoption de normes inter-
nationales ». Le Secrétaire permanent a souligné l’importance de la crédibilité,
déclarant que « la survie économique du pays dépend en partie de sa crédibilité »
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(Appendice A :I-09). Pour le Trésorier général (Appendice A : I-13), la transparence,
l’imputabilité et la comparabilité sont autant d’excellentes raisons d’adopter les
IPSAS, mais le facteur le plus important est d’être crédible face aux organisations
internationales. Même si les MGAS étaient basées sur les IPSAS, il leur manquait
la « marque » (Appendice A : I-04). Les MGAS ne sont pas reconnaissables, et
n’auraient donc pas fourni la crédibilité requise (Appendice A : I-09).
Les IPSAS sont reconnaissables et crédibles dans la mesure où elles pro-
viennent de normalisateurs comptables internationaux qui sont considérés
comme des experts dans le domaine de la comptabilité (Appendice A : I-09).
Il existe ici un élément d’ambiguïté car si un certain scepticisme quant à l’adé-
quation des pratiques comptables d’entreprise s’exprime, les fonctionnaires du
gouvernement sont susceptibles d’être soumis à des pressions normatives exer-
cées par la profession comptable. On présume que les IPSAS ont été essayées,
testées et sont correctes parce qu’il s’agit de normes internationales émises par
un organisme international et « qu’après tout, elles sont basées sur les IFRS »
(Appendice A : I-13).
L’isomorphisme mimétique est également flagrant dans la décision concer-
nant les IPSAS. Il se manifeste dans un environnement incertain, comme une
792  Revue Internationale des Sciences Administratives 82 (4)

force puissante encourageant l’imitation. Le manque général de connaissances


comptables dans le service public, l’absence de connaissances relatives aux IPSAS
et l’absence de planning quant à leur implémentation créent un environnement
d’incertitude et d’objectifs ambitieux. Selon des théoriciens institutionnels (March
et Olsen, 1976 ; DiMaggio et Powell, 1983), ce type d’environnement pousse les
organisations à se modeler sur des organisations similaires dont les pratiques sont
considérées comme légitimes ou fructueuses. La majorité des personnes interro-
gées ont l’impression que les IPSAS ont déjà été adoptées par de nombreux pays
ou, du moins, le seront bientôt, de par l’intérêt que la Commission européenne
manifeste à leur égard.

Comparaison avec d’autres États membres de l’UE


Il est possible d’établir une comparaison intéressante entre Malte et la Finlande.
Les deux pays sont membres de l’UE, et on peut supposer qu’ils sont soumis aux
mêmes pressions externes, mais leur attitude v­is-à-vis de l’adoption des IPSAS
est en contraste. La Finlande a rejeté la pleine adoption des IPSAS pour son gou-
vernement central après une étude approfondie qui a duré sept ans (Oulasvirta,
2014). Selon Oulasvirta (2014:278), les normes comptables nationales sont pro-
fondément enracinées et il est donc trop difficile de les remplacer, ce qui a incité
le gouvernement finnois à ne choisir parmi les IPSAS que celles qui ont apporté
des changements cosmétiques à la présentation traditionnelle de l’information
financière publique. D’autre part, Malte n’a procédé à aucune étude sur les IPSAS
avant que la décision de les adopter dans leur ensemble ne soit prise en 2011. Les
normes ont été prises au pied de la lettre de par leur « marque », mais surtout à
cause du besoin de crédibilité.
En Finlande, la pression normative exercée par la profession comptable n’est
pas apparente au niveau du gouvernement central. À Malte, la profession comp-
table ne manifeste pas d’intérêt direct envers une réforme comptable au niveau
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du gouvernement central ; pour autant, les fonctionnaires maltais restent soumis
à une pression normative. Contrairement à la Finlande, qui n’a ressenti aucune
pression pour imiter les quelques autres pays qui avaient effectivement adopté
les IPSAS (Oulasvirta, 2014:281), Malte « anticipe » ces pressions mimétiques en
ce qu’elle escompte que tous les États membres de l’UE appliqueront les IPSAS.
Chistiaens et al. (2010) avaient procédé à une étude visant à comprendre les
raisons pour lesquelles les pays de l’UE envisageaient d’adopter les IPSAS pour
les systèmes de comptabilité d’exercice des gouvernements centraux. Le cas de
la Finlande se compare bien à ses homologues européens inclus dans l’étude
de Christiaens et al. (2010), mais Malte s’en écarte à certains égards, comme le
montre le résumé du Tableau 1.
Le « besoin d’être crédible » n’est pas couvert par l’étude menée par Chris-
tiaens et al. (2010). Le facteur le plus proche pouvant se rattacher à la crédibilité
est le besoin de se conformer aux organisations internationales, mais la crédibilité
implique quelque chose de plus profond que la conformité. Scott (2001:51-52)
affirme que le pilier normatif des institutions fournit une base de légitimité qui est
gouvernée moralement, tandis que le pilier cognitivo-­culturel fournit une base de
légitimité qui est compréhensible, reconnaissable et culturellement soutenue. À
Jones et Caruana  La comptabilité publique à Malte  793

Tableau 1 : Lien entre la législation sur la comptabilité d’exercice et les IPSAS

Raisons justifiant de relier la législation sur la comptabilité (f*) Malte


d’exercices aux IPSAS

Il est inutile de réinventer la roue / il est plus intéressant de profiter 4 √


des connaissances de l’IPSASB
Améliorer la comparabilité (inter)nationale de l’information 2 √
financière
Conforme aux organisations internationales (crédibilité ?) 2 (?)
Faciliter la consolidation des états financiers 2 X
Améliorer la comparabilité public/privé 2 X
Les IPSAS sont définies par des personnes qualifiées 0 √
À des fins de financement 0 √

Raisons justifiant de ne pas relier la législation sur


la comptabilité d’exercice (prévue) aux IPSAS (x)

La législation comptable se fonde sur les règles de la comptabilité 3 X


d’entreprise
Les IPSAS sont relativement méconnues dans ma juridiction 3 X
On a peu d’expérience dans la mise en œuvre des IPSAS 3 X
On a peur de perdre l’autorité de normalisation 2 X
Les IPSAS ne tiennent pas compte de la comptabilité prévisionnelle 2 X
Les IPSAS se fondent sur les IFRS/NCI 1 X
Les IPSAS s’inspirent essentiellement de la législation comptable 1 X
anglo-­saxonne
L’IPSASB a un pouvoir législatif limité 1 X
Toutes les questions comptables pertinentes ne sont pas couvertes 1 X
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par les IPSAS
Les IPSAS ne cadrent pas avec les normes SEC 95 1 X
Les IPSAS ne sont pas suffisamment adaptées aux pouvoirs publics 0 X
f*= Fréquence des réponses des répondants dans l’étude de Christiaens et al.
(2010); √ = d’accord ; X = pas d’accord

ce stade, la décision relative aux IPSAS manque toujours de légitimité basée sur
une sanction légale. La législation maltaise n’y fait aucune référence et, à ce jour,
les directives UE ne demandent pas leur adoption.
Il apparaît que les autorités maltaises ne perçoivent pas l’adoption des IPSAS
comme une perte d’autorité normative ; au contraire, la décision de les adop-
ter est considérée comme une décision souveraine (Appendice A : I-09). Selon
certains répondants (Appendice A : I-17, I-22, I-23), la souveraineté est un luxe
qu’un petit pays comme Malte ne peut s’offrir dans la mesure où il est économi-
quement dépendant d’autres pays. Une autre attitude consiste à dire « à défaut
de pouvoir les battre, autant les rejoindre », autrement dit, adopter les IPSAS pour
que le gouvernement soit alors plus impliqué dans leur formulation (Appendice
A : I-09, I-21).
794  Revue Internationale des Sciences Administratives 82 (4)

L’absence de préoccupation relative à l’objection émise par d’autres pays —


les IPSAS sont inspirés par la législation comptable anglo-­saxonne — est compré-
hensible au vu de l’héritage culturel de Malte et du fait que son secteur privé a
adopté le cadre IFRS voici près de 20 ans 3. Mais l’absence de préoccupation face
à l’éventualité que les IPSAS ne rencontrent pas entièrement les exigences de la
comptabilité du secteur public confirme que la décision les concernant n’était pas
informée. Cette question, avec celle qui concerne la gouvernance et l’autorité de
l’IPSASB, a refait surface dans les résultats de l’étude (2013) de la Commission
européenne, et elles se trouvent dans la ligne de mire. Ce qui reste préoccupant
est que le fait que les IPSAS n’envisagent pas que la comptabilité prévisionnelle
ne se voie pas accorder l’importance qu’elle mérite.

Effet de la décision IPSAS sur la réforme comptable


Selon le Vérificateur général des comptes adjoint (Appendice A : I-15), l’adoption
des IPSAS améliorera la qualité de la réforme comptable. Cet avis est fondé sur les
déclarations du normalisateur comptable l­ui-même et résultent par conséquent
de la pression normative exercée par la profession comptable. Il s’agit dès lors
d’une présomption, dans la mesure où il ne se fonde ni sur une connaissance
approfondie des exigences des IPSAS ni sur des preuves provenant d’autres pays.
Les théoriciens institutionnels évoqueraient ces déclarations comme étant fon-
dées sur un « mythe » (Meyer & Rowan, 1977).
La décision IPSAS n’était pas censée accélérer le rythme de la réforme comptable
au niveau du gouvernement central à Malte. Il a été admis qu’un important travail
était nécessaire pour examiner chaque IPSAS et évaluer son adéquation pour le
contexte local. Mais le Comité IPSAS ne fonctionnait pas. En réalité, il s’est avéré que
le travail sur les IPSAS était à l’arrêt et qu’il existait un consensus parmi les fonction-
naires supérieurs pour dire que si ce travail devait être entrepris par la Commission
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européenne, mieux valait attendre les décisions et instructions de l’UE. C’était très
commode car c’était pour les autorités le moyen de surmonter leurs incertitudes et
de sembler faire ce qu’il fallait : céder à la pression coercitive permettrait d’éviter les
questions gênantes dans l’avenir (Meyer & Rowan, 1977). Cette attitude apparais-
sait comme un moyen de continuer à paralyser la réforme comptable.
Comme on l’a vu dans l’introduction, un changement est intervenu dans
l’administration maltaise en 2013. Les actions du nouveau ministre ont confirmé
l’intention d’adopter les IPSAS, mais à ce jour, aucune décision en matière de
politique comptable n’a été annoncée publiquement, et la législation financière
continue à exiger que la présentation de l’information financière publique suive
la comptabilité de caisse orientée budget, sans référence aux IPSAS. Une nouvelle
législation financière a été promulguée en août 2014 afin de renforcer l’imputa-
bilité et la responsabilité fiscale du processus budgétaire du gouvernement mal-
tais par rapport à la législation européenne. La nouvelle Loi sur la responsabilité
fiscale ne se réfère pas à la présentation de l’information financière publique ou
aux IPSAS, et souligne l’importance des statistiques européennes, de la compta-
bilité nationale, ainsi que le rôle de l’Office national des statistiques (NSO).

La Loi sur les Sociétés (Companies Act) de 1995 a rendu la conformité IFRS obligatoire.
 3
Jones et Caruana  La comptabilité publique à Malte  795

La taille de la juridiction, normes et découplage


La petite taille du pays peut constituer une contrainte pour la mise en œuvre
d’une réforme comptable au niveau du gouvernement central. Les ressources
administratives limitées sont constamment réduites afin de ne pas exacerber la
situation financière ; le nombre effectif de fonctionnaires est limité et la spécialisa-
tion est quasi impossible. D’autre part, comme n’importe quel autre État membre,
le pays est tenu d’adhérer au même niveau de règlementation que dicte le fait
d’appartenir à l’UE. Il en résulte que les mêmes praticiens peu nombreux sont res-
ponsables des diverses propriétés et implications de la réforme comptable et des
exigences européennes en matière de présentation de l’information financière, y
compris des ensembles de règles différents.
En plus d’adhérer aux exigences de la législation nationale pour la comptabilité
publique, le même groupe de personnes doit gérer : les MGAS/IPSAS en collation-
nant les données de comptabilité d’exercice pour la création d’états financiers
basés sur la comptabilité d’exercice ; les IFRS, telles qu’utilisées par les conseils
locaux et les entités gouvernementales ; et des normes relatives à la présentation
d’information financière aux organes internationaux et à la comptabilité natio-
nale, plus particulièrement le SEC. La majorité de ces praticiens ne sont pas comp-
tables professionnels, et il n’est donc pas étonnant de voir comment toutes ces
normes sont ressenties comme des pressions extérieures qui ne restent pas diffé-
renciables. Les efforts que font ces praticiens pour trouver certains raccourcis afin
de tenter de satisfaire toutes les exigences sont également compréhensibles. Des
ressources limitées se concentreraient sur la réponse aux normes et la présentation
de l’information financière, qui sont considérées comme plus importantes de par
les avantages y relatifs ou escomptés, réponse qui semble être le SEC dans le cas
de Malte. Mais le résultat final pourrait être relativement déroutant : si l’objectif
consistant à mettre en œuvre les IPSAS est considéré comme un moyen de mieux
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répondre aux exigences du SEC en matière de présentation de l’information finan-
cière, l’objectif initial des IPSAS — améliorer la prise de décision, la transparence
et l’imputabilité en produisant des informations pouvant être utilisées comme un
outil de management à tous les échelons de gouvernement — peut être perdu.
Les dispositifs institutionnels requis pour gérer la mise en œuvre des IPSAS
existent sous la forme du Comité IPSAS. Mais ce même groupe est également
impliqué dans le Groupe de Travail Comptabilité d’Exercice et dans les autres
sous-­comités qui sont censés traiter les changements de législation et les spéci-
fications IT. Certains de ces fonctionnaires sont aussi impliqués dans le Comité
de Statistique des Finances publiques responsable de la présentation de l’in-
formation financière statistique européenne. Tous ces fonctionnaires ont de
nombreuses autres responsabilités qui ont priorité. Il en résulte que la structure
institutionnelle existante ne fonctionne pas. De plus, le fait que les exigences UE
en matière de présentation de l’information financière sous la forme de rapports
statistiques basés sur la comptabilité d’exercice soient satisfaites peut donner
l’impression que la comptabilité d’exercice a été mise en œuvre :

Je ne puis affirmer que donner satisfaction à l’UE était une sorte de destination
finale. Ce n’aurait certainement pas dû être le cas. Et ce n’aurait pas non plus dû
796  Revue Internationale des Sciences Administratives 82 (4)

être le motif principal. Il n’en demeure pas moins que certains affirment que nous
disposons des informations de comptabilité d’exercice simplement parce que la
notification relative à la procédure concernant les déficits excessifs a été suivie.
Mais ce n’était pas l’intention initiale. (Appendice A : I-13)

Les théoriciens institutionnels parlent de « découplage » pour évoquer ce déca-


lage entre structure formelle et activités de travail (Meyer & Rowan, 1977). L’avan-
tage du découplage est qu’il dissimule efficacement à la vue du public d’éven-
tuelles incohérences et anomalies d’activités techniques et que l’on présume que
la structure formelle fonctionne réellement telle que mise en place ou prédéfinie.
Il peut aussi se produire lorsque l’adoption de la pratique entraîne des avantages
hautement symboliques, mais que sa mise en œuvre intégrale s’accompagne de
coûts tout aussi élevés (Scott, 2001:173), comme dans le cas des IPSAS.

Supériorité du SEC
Les interviews ont examiné les relations entre comptabilité publique et nationale
parce que la justification explicite de l’UE pour sa proposition IPSAS est motivée
par la crise dans la zone euro. La plupart des répondants ne comprenaient pas
les différences techniques, hormis le fait que les données issues du système de
comptabilité publique alimentent les statistiques comptables nationales et que les
statistiques s’amélioreraient si le système en question se fondait sur la comptabi-
lité d’exercice. Néanmoins, tous les répondants considéraient que la comptabilité
nationale est bien plus importante et que la comptabilité publique devrait être
effectuée de manière à répondre à ses exigences. « Le SEC est le cadre qui est
examiné et celui que nous devons utiliser ». (Appendice A : I-18)
Dans le contexte maltais, les rapports statistiques SEC revêtent une impor-
tance capitale, le NSO (I-24) les décrivant comme « les comptes du gouverne-
ment » parce qu’ils sont utilisés pour la prise de décisions au niveau national et
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UE. « Au bout du compte, le fait que le gouvernement adopte les IPSAS ne ferait
aucune différence. Ces [rapports SEC] seront toujours là car c’est sur eux que se
basent les décisions. (Appendice A : I-24).
Le NSO (Appendice A : I-24) apparaît convaincu qu’Eurostat ne modifiera pas
les règles du SEC, et escompte plutôt que les IPSAS soient plus flexibles et plus
proches du SEC. Il apparaît qu’un objectif IPSAS entièrement différent et/ou un
type entièrement différent de comptabilité d’exercice publique est attendu. Le
fait qu’un des objectifs de l’IPSASB consiste à façonner les IPSAS sur les IFRS
pour que la comptabilité publique soit plus proche de la comptabilité d’entreprise
apparaît comme dénué de pertinence : « Rappelons qu’avec les IPSAS, on parle
des comptes du secteur public et que modifier les IPSAS ne changera rien à la
comptabilité d’entreprise. (Appendice A : I-24).
L’attitude du NSO conforme la supériorité du SEC. L’IPSASB nourrit un projet
permanent qui examine l’éventuelle convergence du SEC et des IPSAS (IPSASB,
2005, 2012, 2014). Même le SEC a récemment été mis à jour ; cependant, une
des améliorations très applaudies résultant du SEC2010 (la conversion en capital
des dépenses de recherche et développement) ne cadre pas avec les IPSAS (qui
prévoient des conditions plus strictes pour la conversion en capital).
Jones et Caruana  La comptabilité publique à Malte  797

La documentation qualifie les organes de normalisation comptable de com-


munautés épistémiques. Les communautés épistémiques sont principalement
issues de l’isomorphisme normatif, généralement suite à une professionnalisa-
tion qui rassemble les individus ayant une vocation similaire et les organisant
afin d’établir, de promouvoir et de pratiquer une base cognitive et de légitimer
leurs activités (DiMaggio et Powell, 1983:152-153). En tant que groupe, leur
influence sur le processus de réforme est renforcée (Laughlin et Pallot, 1998).
Lüder (2002:8) reconnaît les communautés épistémiques comme des acteurs de
réforme qui cherchent à faire de la « réforme de la comptabilité publique une
question politique et influencent les décisionnaires politiques d’une certaine
manière ». Heald et Georgiou (2011:467) décrivent le SEC comme une commu-
nauté épistémique, mais il est en fait plus puissant que cela.
La supériorité du SEC par rapport aux IPSAS, à la fois au niveau national et
européen, est évidente du point de vue de l’analyse des conclusions émanant
des interviews et de l’étude de la Commission européenne. Le SEC est la doc-
trine dominante pour la présentation de l’information financière publique parmi
les États membres de l’UE. La pression qu’il exerce sur les gouvernements est
coercitive plutôt que normative. Selon Scott (2001:53), « la force, la crainte et
la convenance sont les ingrédients centraux du pilier réglementaire », et le SEC
peut donc exercer une pression coercitive sur la comptabilité publique, y compris
toutes les réformes proposées. Après tout, contrairement aux IPSAS, la base de
légitimité du SEC est légalement sanctionnée par des directives européennes. Le
SEC est plus qu’une communauté épistémique. Il fait partie du cadre législatif qui
apparaît très puissant à Malte et influence directement toutes les réformes de la
comptabilité publique.

Conclusion
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Cette étude permet de constater que la décision d’adopter directement les IPSAS
a balayé le travail accompli par le gouvernement maltais en vue de développer
une série de normes comptables applicables à son fonctionnement (bien que fon-
dées sur des normes internationales d’information financière existantes). Cette
décision est soutenue par un consensus généralisé des fonctionnaires concernés,
qui pensent que les MGAS n’ont pas la « marque » qui leur conférerait la crédibi-
lité de rigueur.
La décision d’adopter les IPSAS n’apparaît pas comme étant bien informée,
et elle s’est principalement fondée sur la quête de crédibilité et de légitimité.
Ces facteurs sont importants pour la survie de n’importe quelle organisation, et
peut-être plus encore pour un petit pays qui pourrait être plus vulnérable aux
pressions extérieures. Le simple fait de dire que les IPSAS seront adoptées fournit
une « certaine détente » (Appendice A : I-13) ; la mise en œuvre proprement dite
est une autre affaire. La question de savoir si la réforme de la comptabilité d’exer-
cice du secteur public est « rhétorique ou réelle » a déjà surgi dans des recherches
antérieures (par exemple Guthrie, 1998). Si les autorités maltaises attendent des
instructions européennes, cette attente ne pourra se traduire que par un retard
supplémentaire de la réforme de la comptabilité publique à Malte. Toutefois, une
798  Revue Internationale des Sciences Administratives 82 (4)

telle situation serait commode étant donné l’incertitude entourant l’issue, et pour
éviter des questions gênantes dans l’avenir.
Avec la crise financière, le regain d’intérêt que l’UE manifeste pour la standar-
disation de la comptabilité publique de chaque État membre en propageant les
IPSAS, comme le prévoyaient Lüder et Jones (2003), s’est concrétisée. Il apparaît
qu’un petit pays ayant des ressources humaines limitées céderait volontiers à la
pression externe et ferait de son mieux pour plaire afin que sa vie et son travail
s’en trouvent simplifiés. L’adoption de normes comptables définies par un orga-
nisme privé n’est pas perçue comme une question de souveraineté, pour autant
qu’elles portent une « marque » assurant la crédibilité requise. La souveraineté
n’est pas un problème étant donné que les fonctionnaires du gouvernement
considèrent l’adoption de normes reconnues internationalement émises par
des organismes professionnels internationaux comme étant la chose à faire. De
même, le fait que les IPSAS soient basées sur les IFRS semble constituer un élé-
ment rassurant pour les fonctionnaires du gouvernement maltais.
Cette étude spécifique au pays quant à l’adoption des IPSAS contribue à la
documentation limitée et démontre que la taille particulière de la juridiction peut
la rendre plus susceptible d’imiter les d’autres forces dans sa quête de crédibilité
et de légitimité. Elle souligne aussi la nature coercitive des règles du SEC et ses
conséquences sur les réformes de la comptabilité publique tant au niveau natio-
nal qu’au niveau européen.
Malte est un État membre qui occupe une place pari passu par rapport à
d’autres États membres de l’Union, mais il est petit quel que soit la définition
adoptée. Ce contexte soulève des questions particulières. Un petit groupe de
praticiens doit gérer les normes relatives à la comptabilité nationale, tout en étant
tenu de respecter les exigences de la législation nationale et des IFRS. On ne peut
que sympathiser et comprendre les efforts visant à chercher certains raccourcis
pour s’efforcer de satisfaire toutes ces exigences. Mais le résultat final serait la
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perte des normalisateurs initiaux. Les conclusions démontrent clairement que la
véritable raison pour laquelle les IPSAS vont être adoptées revient à simplifier les
choses pour et avec Eurostat, et non à présenter une information financière qui
servira d’outil d’administration pour prendre de meilleures décisions. L’intention
première consiste à être crédible avec l’UE et non à satisfaire au devoir d’imputa-
bilité du gouvernement face au public qu’il sert.
Bien que la comptabilité puisse paraître purement technique, les pratiques
comptables peuvent entraîner d’importantes implications constitutionnelles et
politiques (sociales) (Guthrie, 1998:1). Au final, la comptabilité est un outil de
pouvoir politique et la normalisation comptable est inévitablement un processus
politique (Jones et Pendlebury, 2010 ; Young, 2014). Pour les recherches portant
sur la comptabilité, cela signifie que l’on présume que la comptabilité puisse être
orientée en faveur de préoccupations politiques (Watkins et Arrington, 2007).
Comme tout autre État membre de la zone euro, la principale préoccupation
politique du gouvernement maltais est de ne pas « secouer le navire » européen,
ou du moins ne pas sembler le faire, en adoptant les IPSAS afin de plaire au
« capitaine ». C’est compréhensible au vu de la crise financière, surtout pour un
petit État membre que l’on peut supposer plus vulnérable.
Jones et Caruana  La comptabilité publique à Malte  799

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Rowan Jones est Professeur émérite en Comptabilité du secteur public à l’Université


de Birmingham, Royaume-Uni.
Josette Caruana est chargée de cours au Département de Comptabilité de l’Université
de Malte. Leurs intérêts en matière de recherche portent sur la comptabilité du secteur
public, plus spécifiquement la présentation de l’information financière, l’audit et la bud-
gétisation publics, tant au niveau central que local, ainsi que la comptabilité nationale.

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