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Le vieillissement de la mémoire : vieillissement normal et

pathologique
Bénédicte Giffard, Béatrice Desgranges, Francis Eustache
Dans Gérontologie et société 2001/2 (vol. 24 / n° 97), pages 33 à 47
Éditions Fondation Nationale de Gérontologie
ISSN 0151-0193
DOI 10.3917/gs.097.0033
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LE VIEILLISSEMENT DE LA MÉMOIRE :
Vieillissement normal et pathologique

BÉNÉDICTE GIFFARD *,
BÉATRICE DESGRANGES *, FRANCIS EUSTACHE **
* INSERM U320, LABORATOIRE DE NEUROPSYCHOLOGIE, CHU CÔTE DE NACRE, UNIVERSITÉ DE CAEN
** ECOLE PRATIQUE DES HAUTES ETUDES (UMR CNRS 8581, UNIVERSITÉ RENÉ DESCARTES, PARIS 5 ;
INSERM U320, UNIVERSITÉ DE CAEN) CORRESPONDANCE : PROFESSEUR FRANCIS EUSTACHE, INSERM
U320, LABORATOIRE DE NEUROPSYCHOLOGIE, CHU CÔTE DE NACRE, 14033 CAEN CEDEX
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Les troubles de mémoire sont quasi-constants chez les personnes
âgées. Nous détaillons dans cet article les différents aspects de ces
déficits au regard des modèles structuraux de la mémoire et
comparons la quantité et la nature des troubles mnésiques dans le
vieillissement normal et le vieillissement pathologique
(notamment la maladie d'Alzheimer). La mémoire épisodique et la
mémoire de travail (système central exécutif) sont les systèmes les
plus perturbés au cours du vieillissement normal, tandis que le
vieillissement pathologique, en plus de ces déficits qui sont plus
nombreux et de nature différente, affecte également
la mémoire sémantique.

NORMAL AND PATHOLOGICAL MEMORY AGEING


Memory troubles are virtually constant in elderly people.
The various aspects of memory deficits are described in this article,
based on structural memory patterns; comparison is drawn between
the amount and nature of amnesiac disorders in normal ageing
and pathological ageing (especially in Alzheimer’s disease).
Episodic memory and working memory (central executive system) are
the two most disturbed systems during normal ageing whilst, over and
above these deficits which are more numerous and of varying nature,
pathological ageing also affects semantic memory.

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LE VIEILLISSEMENT NORMAL ET PATHOLOGIQUE DE LA MÉMOIRE

Les difficultés de mémoire sont les plus fréquemment mises en


avant parmi les modifications cognitives liées à l'âge. Un enjeu
important est de pouvoir distinguer les troubles de mémoire
caractéristiques du vieillissement normal de ceux associés au
vieillissement pathologique et en particulier à la maladie
d'Alzheimer (responsable d'environ 80 % des démences neurodé-
génératives dans la population âgée). Ne disposant pas encore à
l'heure actuelle d'un marqueur biologique permettant d'établir
avec certitude le diagnostic de maladie d'Alzheimer, celui-ci se
base essentiellement sur la mise en évidence de déficits cognitifs
et notamment mnésiques. Dans la maladie d'Alzheimer débutante,
ces déficits peuvent être aisément confondus avec le déclin des
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performances mnésiques lié au vieillissement normal. C'est pour-
quoi, cette baisse du fonctionnement mnésique dans la popula-
tion âgée, normale et pathologique, a fait l'objet de très nombreux
travaux expérimentaux et nous les considérerons en référence aux
modèles structuraux de la mémoire. Selon cette orientation théo-
rique, la mémoire est constituée d'un ensemble structuré de plu-
sieurs systèmes mnésiques ayant des substrats neuro-anatomiques
en partie distincts. Ainsi, en référence au modèle monohiérar-
chique de Tulving (1995), la mémoire épisodique et la mémoire de
travail sont les plus sensibles aux effets du vieillissement normal et
pathologique, à des degrés divers toutefois.

MÉMOIRE ET VIEILLISSEMENT NORMAL

* Voir la définition dans le MÉMOIRE ÉPISODIQUE *


glossaire en annexe.

La mémoire épisodique *, permettant d’enregistrer les informations


autobiographiques situées dans un contexte temporel et spatial,
est le système le plus élaboré dans le modèle hiérarchique de
Tulving (1995). Fonctionnellement dépendant des autres systèmes,
il est aussi le plus fragile, le plus vulnérable à différentes patholo-
gies ainsi qu’aux effets de l’âge. En effet, c’est la mémoire épiso-
dique qui fait l’objet des plaintes spontanées des sujets âgés et les
diminutions objectivées lors des examens neuropsychologiques la
concernent en premier lieu.

Toute une série de recherches, s’appuyant sur des mesures de rap-


pel libre, de rappel indicé et de reconnaissance de listes d’items
divers, l’attribuent à des troubles de l’encodage : les sujets âgés

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auraient des difficultés à utiliser spontanément des stratégies de
traitement sémantique au moment de l'encodage, néanmoins ils
pourraient effectuer un encodage élaboré si les conditions de l'ex-
périence l'indiquent explicitement. Les troubles de la récupération
constituent également une base explicative à l'affaiblissement des
performances observé dans les épreuves de mémoire épisodique :
cette hypothèse s'appuie principalement sur des performances
souvent meilleures en reconnaissance qu'en rappel libre ; cepen-
dant, la complexité de ces deux types de tâches est souvent
inégale, et cette différence apparaîtrait surtout au-delà de 70 ans
(Isingrini et al., 1995). Par ailleurs, le vieillissement normal affecte
les processus de récupération contrôlée, mais non les processus de
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récupération plus automatiques, basés sur le sentiment de familia-
rité (Clarys, 2001). Le stockage ne semble pas mis en cause, comme
le suggère l’absence d’effet de l’âge sur le taux d’oubli ou sa faible
influence sur les performances de sujets âgés dans une tâche d’ap-
prentissage d’une liste de mots en plusieurs essais, tout au moins
pour des intervalles de temps relativement courts.

Plus récemment, la « redécouverte » du concept de mémoire épi-


sodique et la prise de conscience de l’insuffisance des mesures
classiques de laboratoire ont enrichi le domaine du vieillissement
normal de la mémoire. Outre la dimension encodage-stockage-
rappel, qu’il est d’ailleurs très difficile d’évaluer indépendamment
avec des tests de mémoire, l’accent a été mis sur la sensibilité à
l’âge de certains aspects de la mémoire épisodique, comme la
mémoire de la source. Pour certains auteurs, les effets de l'âge sur
la mémoire épisodique pourraient s'expliquer par des difficultés à
encoder ou récupérer le contexte d'une information dont le
contenu est préservé. Cependant, l'amnésie de la source survien-
drait surtout chez les sujets très âgés. La mémoire du passé lointain,
au contraire, est considérée comme plus résistante aux effets de
l’âge que celle des événements récents, en particulier si les événe-
ments ont une coloration émotionnelle. Cependant, rares sont les
études qui ont distingué les aspects épisodiques des aspects
sémantiques de la mémoire autobiographique (mémoire des
connaissances et souvenirs personnels). Grâce au contrôle strict de
la nature des souvenirs, Piolino et al. (2000) ont montré que les
aspects épisodiques sont plus sensibles au vieillissement que les
aspects sémantiques de la mémoire autobiographique.
...
...
Gérontologie et Société - n° 97 - juin 2001 page 35
LE VIEILLISSEMENT NORMAL ET PATHOLOGIQUE DE LA MÉMOIRE

* Voir la définition dans le


glossaire en annexe.
LA MÉMOIRE DE TRAVAIL *
Quand ils existent, les effets de l’âge sur les tâches d’empan peu-
vent être dus à plusieurs facteurs, liés à la nature des processus
intervenant dans la tâche précisément utilisée. En effet, il s’agit
avant tout d’une épreuve de rétention « passive » d’un petit
nombre d’informations, impliquant la boucle phonologique ou le
calepin visuo-spatial selon le type de matériel, mais l’intervention
du système central exécutif et même de la mémoire à long terme
peut se produire, et dans ce cas entraîner un déficit de perfor-
mances chez les sujets âgés. Une mesure plus pure des systèmes
esclaves montre leur préservation au cours du vieillissement nor-
mal (Belleville et al., 1996). En revanche, le système central exécutif
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évalué à l’aide de tâches nécessitant à la fois la rétention et la mani-
pulation d’informations, comme l’empan envers, se montre sen-
sible aux effets de l’âge. Cette diminution des capacités du système
central exécutif, également mise en évidence dans le paradigme
de Brown-Peterson, explique en partie les difficultés rencontrées
par les sujets âgés dans des activités cognitives complexes et pour
certains auteurs, elle en serait même le principal responsable.

MÉMOIRE SÉMANTIQUE *
Des effets de l’âge ont été montrés sur la capacité à dénommer des
objets ou à produire un mot correspondant à une définition et le
phénomène du « mot sur le bout de la langue » augmente avec
l’âge. De façon encore plus nette, la fluence verbale diminue avec
l’âge. Cependant, ce déclin peut être lié à des modifications cogni-
tives non spécifiques (activité auto-initiée, mise en œuvre d'une
stratégie, attention soutenue, rapidité de traitement cognitif et de
production orale). La diminution des performances des sujets âgés
dans ces différentes épreuves ne permet donc pas de conclure à
l'altération de la mémoire sémantique « per se », mais signale plutôt
des difficultés d’accès à des représentations sémantiques qui sont
longtemps intègres comme le montrent, par exemple, les tests de
vocabulaire, de connaissances générales ou les questions-sondes
portant sur les caractéristiques générales (« Est-ce qu'un mouton est
un animal ? ») et les attributs spécifiques des concepts (« Est-ce qu'un
mouton a une crinière ? ») (Eustache et al., 1998). Certains auteurs ont
même décrit une augmentation avec l’âge des performances dans
des épreuves de vocabulaire (Eustache et al., 1995), en particulier
si l’on élimine les effets du niveau d’éducation.

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Au total, l’organisation des connaissances sémantiques serait pré-
servée au cours du vieillissement normal, mais l’exploitation de ces
connaissances pourrait être moins efficace chez les sujets âgés,
expliquant ainsi les difficultés à effectuer spontanément un enco-
dage profond des informations en mémoire épisodique.

EFFETS D'AMORÇAGE * * Voir la définition dans le


glossaire en annexe.

Les effets d'amorçage se traduisent par la modification du traite-


ment d’un stimulus à la suite d’une présentation de ce même sti-
mulus (effets d'amorçage direct) ou d’un stimulus apparenté (effets
d'amorçage indirect) et ce, à l’insu du sujet. De nombreuses études
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ont souligné l’absence d’effet de l’âge sur les effets d’amorçage.
Quelques études ont rapporté un déclin (Small et al., 1995), lequel
peut être expliqué par le fait que les sujets sains se rendent compte
que le matériel a déjà été traité et s'engagent dans des stratégies
de rappel volontaire, ce qui favorise les sujets jeunes. Quand des
précautions sont prises pour réduire au maximum la participation
de la mémoire explicite, les scores des patients les plus âgés sont
strictement comparables à ceux des plus jeunes (Desgranges et al.,
1994).

Tulving et Schacter (1990) ont distingué l'amorçage perceptif (qui


s'appuie sur les caractéristiques perceptives des stimuli et non sur
leur signification) de l'amorçage sémantique (qui s'appuie sur la
signification du matériel). Lorsqu'il existe un effet de l’âge, il
concernerait davantage les effets d’amorçage sémantique que les
effets d’amorçage perceptif.

MÉMOIRE PROCÉDURALE *
La mémoire procédurale est évaluée par des épreuves dans les-
quelles on propose au sujet d’acquérir une procédure (qui doit
donc être nouvelle) grâce à la répétition des essais, et sans recours
nécessaire au souvenir explicite. Malgré l'utilisation de méthodo-
logies diverses expliquant certaines différences de résultats selon
les études, les travaux convergent généralement vers une préser-
vation des capacités d'acquisition d'une procédure nouvelle, per-
ceptivo-motrice (épreuve du Rotor test), perceptivo-verbale (tâche
de lecture en miroir) ou cognitive (épreuve de la tour de Hanoï).
Cependant, certains auteurs ont cherché à mieux comprendre la
dynamique de l’apprentissage procédural et la participation

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LE VIEILLISSEMENT NORMAL ET PATHOLOGIQUE DE LA MÉMOIRE

d’autres composantes cognitives à la mise en place de la procé-


dure. Ainsi, dans l’étude de Beaunieux et al. (soumis), la mémoire
déclarative, la mémoire de travail et les capacités perceptives et
psychomotrices étaient évaluées en parallèle avec les capacités à
résoudre le problème de la tour de Hanoï. Les auteurs ont conclu
à des modifications, avec l’âge, des stratégies utilisées pour parve-
nir à la solution de la tour de Hanoï, ainsi qu’à un ralentissement
de la dynamique de l’apprentissage. En effet, les sujets âgés par-
viennent plus tard que les jeunes à la « phase procédurale » qui
signe l’automatisation de la procédure et constitue la dernière
étape de l’apprentissage.
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La prise en compte des caractéristiques des tâches mnésiques est
cruciale pour comprendre les résultats obtenus, mais d’autres fac-
teurs, propres aux sujets, doivent également être intégrés. En effet,
l’existence d’une importante variation inter-individuelle des per-
formances, à âge égal, a souvent été signalée dans la littérature et
cette variabilité semble même augmenter avec l’âge. Plusieurs
caractéristiques semblent déterminantes dans l’apparition de ces
différences interindividuelles, parmi lesquelles le niveau d’éduca-
tion, la mémoire épisodique, la mémoire de travail et la mémoire
sémantique y sont plus sensibles que les effets d’amorçage et la
mémoire procédurale. En outre, des sujets en bonne santé, de bon
niveau culturel, actifs sur le plan intellectuel et bien intégrés socia-
lement auraient plus de chances d’échapper à la détérioration
intellectuelle et au déclin de la mémoire. Le type de matériel uti-
lisé peut également influencer les résultats des sujets selon leur
intérêt pour ce matériel, la connotation affective de ce dernier,
de même que l’état émotionnel des sujets et la congruence entre
cet état au moment de l’encodage et du rappel (Syssau, 1998,
pour revue).

La compréhension des effets de l’âge sur la mémoire nécessite par


conséquent une approche multifactorielle où différentes variables
doivent être prises en compte à la fois.

MÉMOIRE ET VIEILLISSEMENT PATHOLOGIQUE

Les troubles de mémoire constituent un des critères nécessaires


pour établir le diagnostic de maladie d'Alzheimer (McKhann et al.,
1984) et sont souvent décrits comme étant les symptômes les plus

Gérontologie et Société - n° 97 - juin 2001 page 38


précoces de l’affection. Du fait de leur apparition insidieuse, ils
sont souvent mis sur le compte de l’âge, suivant le stéréotype
selon lequel il est banal de perdre la mémoire en vieillissant. Les
troubles mnésiques les plus évocateurs sont des difficultés à
apprendre de nouvelles informations, des oublis d’événements
vécus récemment et des oublis d’actes à effectuer. Ils sont souvent
associés, dès le début de la maladie, à une désorientation spatiale
et temporelle. L’ensemble des difficultés mnésiques a fait l’objet de
nombreuses investigations neuropsychologiques, lesquelles ont
permis de décrire les systèmes mnésiques perturbés ou préservés
aux stades légers à modérés de la maladie d'Alzheimer.
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MÉMOIRE ÉPISODIQUE
Ce système mnésique est le plus fréquemment et le plus précoce-
ment affecté dans la maladie d'Alzheimer, ce qui se traduit par de
faibles performances dans des épreuves de rappel libre, de rappel
indicé et de reconnaissance. La perturbation porterait essentielle-
ment sur l’étape d’encodage compte tenu de l’absence d’amélio-
ration significative des performances en rappel indicé et en recon-
naissance. Ce déficit prédominant de l’encodage a conduit Grober
& Buschke (1987) à qualifier les troubles mnésiques de la maladie
d'Alzheimer « d’authentiques » par opposition aux troubles « appa-
rents » des pathologies sous-corticales caractérisées par un déficit
de la récupération. Les déficits d’encodage relevés dans la maladie
d'Alzheimer seraient liés à un trouble de l’organisation séman-
tique : le fait que certains items ne soient jamais rappelés suggère
que les patients ont stocké une information insuffisante et sous-
spécifiée de ces items, ce qui ne permet pas de les caractériser de
manière unique, et ils peuvent donc être confondus avec d’autres
items sémantiquement proches.

Les troubles épisodiques pourraient également être dus à une


mauvaise consolidation des nouvelles informations lors de la
phase de stockage. Ce dysfonctionnement se traduit par un oubli
plus rapide des informations correctement encodées, et pourtant
répétées lors d’essais successifs ou par un taux d’oubli important
évalué après rappel différé.

Ces troubles mnésiques seraient également associés à une pertur-


bation de la phase de récupération. Cette perturbation est mise en
évidence par l’efficacité, bien que relative, de la présentation d’in-

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LE VIEILLISSEMENT NORMAL ET PATHOLOGIQUE DE LA MÉMOIRE

dices lors de l’encodage et de la récupération. Malgré tout, les per-


formances en rappel indicé des patients avec maladie d'Alzheimer
restent nettement inférieures à celles des sujets sains et à celles de
patients souffrant de démence sous-corticale.

L’étude de la mémoire épisodique est déterminante pour diagnos-


tiquer précocement la maladie d'Alzheimer car cette affection se
singularise, dès les premiers stades d’évolution, par de nombreux
troubles épisodiques inexistants dans le vieillissement normal :
déficit marqué du rappel libre différé avec un taux d’oubli impor-
tant, présence de fausses reconnaissances, supériorité de l’effet de
récence sur l’effet de primauté, intrusions nombreuses et précoces.
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Néanmoins, les anomalies citées précédemment ne doivent pas
être considérées isolément, car aucune n’est suffisamment sensible
et spécifique pour permettre le diagnostic différentiel d’un sujet
testé.

MÉMOIRE DE TRAVAIL
La plupart des études montrent une perturbation de la mémoire
de travail dans la maladie d'Alzheimer. En effet, on observe des
performances déficitaires dans les épreuves d’empan. Comme l’in-
diquent les performances aux tâches d’attention divisée ou au
paradigme de Brown-Peterson, la perturbation majeure de la
mémoire de travail dans la maladie d'Alzheimer se situe au niveau
du système central exécutif qui contrôle et coordonne les opéra-
tions de traitement. Cependant, le dysfonctionnement du système
central exécutif ne serait pas isolé : il pourrait également être asso-
cié à un déficit de la boucle phonologique, voire à une perturba-
tion du calepin visuo-spatial.

MÉMOIRE SÉMANTIQUE
Les troubles de mémoire sémantique peuvent survenir précoce-
ment dans la maladie d'Alzheimer et se traduisent par un discours
spontané vague, composé de mots imprécis et de circonlocutions.
Les épreuves de dénomination, de fluence (évocation lexicale) ou
de vocabulaire sont les plus fréquemment utilisées pour évaluer
les troubles sémantiques dans la maladie d'Alzheimer et permet-
tent de mettre en évidence certaines erreurs caractéristiques d’une
perturbation de la mémoire sémantique. Ainsi, les épreuves de
dénomination d’objets provoquent des paraphasies sémantiques

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et des réponses superordonnées (Martin & Fedio, 1983). Dans les
épreuves d’évocation lexicale, les patients avec maladie d'Alzhei-
mer ont plus de difficultés en fluence catégorielle (générer des
exemplaires d’une catégorie donnée telle que les animaux ou les
fruits) qu’en fluence orthographique (générer des mots commen-
çant par une lettre précise comme le P ou le R). Malgré ce consen-
sus quant à l’existence de troubles sémantiques au cours de l’éva-
luation de la maladie d'Alzheimer, la nature de ces déficits reste
imprécise et deux thèses contradictoires sont généralement avan-
cées pour les expliquer. Pour certains auteurs (Nebes et al., 1989),
les patients avec maladie d'Alzheimer souffriraient d’un déficit
d’accès aux connaissances au sein d’un stock sémantique relative-
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ment intact. Au contraire, d’autres auteurs (Chertkow et al., 1989)
suggèrent une dégradation de l’organisation et de la structure de
la mémoire sémantique ainsi qu’une perte spécifique et progres-
sive des concepts et de leurs attributs. Bandera et al. (1991) ont dis-
tingué deux sous-groupes de patients avec maladie d'Alzheimer,
l’un se caractérisant par des troubles du stock sémantique, l’autre
par des difficultés d’accès aux connaissances sémantiques. En fait,
le degré de sévérité de la maladie pourrait influencer la nature de
ces troubles : le déficit d’accès aux représentations sémantiques
précéderait leur dégradation (Cardebat et al., 1995). Shallice (1987)
a proposé plusieurs critères en faveur d’une perturbation centrale
de la mémoire sémantique : la constance des erreurs d’une
épreuve à l’autre et lors d’examens répétés, l’absence de facilita-
tion par indiçage sémantique, l’atteinte préférentielle des items
peu fréquents, et la perte sélective des attributs spécifiques des
concepts contrastant avec une préservation des informations
superordonnées. Selon une conception hiérarchique de la
mémoire sémantique, la maladie d'Alzheimer provoque une
dégradation partielle et progressive de la mémoire sémantique,
affectant d’abord les attributs spécifiques et épargnant les connais-
sances catégorielles, au moins au début de la maladie. C’est cette
dégradation de bas en haut de la mémoire sémantique qui entraî-
nerait la production de paraphasies sémantiques, des erreurs dans
les tâches de définition et une réduction du nombre d’exemplaires
cités en fluence verbale (Eustache & Desgranges, 1997).

Malgré l’inconstance des troubles sémantiques, la maladie


d'Alzheimer peut débuter par un déficit marqué de la mémoire
sémantique. L’examen de la mémoire sémantique doit donc se
faire précocement car elle semble constituer une variable perti-

Gérontologie et Société - n° 97 - juin 2001 page 41


LE VIEILLISSEMENT NORMAL ET PATHOLOGIQUE DE LA MÉMOIRE

nente pour distinguer la maladie d'Alzheimer d’autres pathologies


telles que la démence à corps de Lewy.

EFFETS D'AMORÇAGE
De nombreux travaux ont exploré les effets d'amorçage perceptif
dans la maladie d'Alzheimer et ont montré des performances nor-
males dans la plupart des cas. Cependant, lorsque l'amorçage per-
ceptif est évalué à l'aide du complètement de trigrammes, on
relève presque autant d'études qui concluent à un amorçage pré-
servé qu'à un amorçage perturbé. Ceci montre qu’un même para-
digme peut donner des résultats différents selon la nature des
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consignes et des traitements opérés par les sujets (Desgranges et
al., 1996).

L’étude des effets d'amorçage sémantique dans la maladie


d'Alzheimer a mené à des résultats contradictoires puisque tous les
profils de résultats ont été observés ! En effet, certains auteurs relè-
vent des performances inférieures à la population témoin, équiva-
lentes ou encore supérieures (hyperamorçage) (Chertkow et al.,
1989). Cette divergence de résultats est en partie due à la diversité
des paradigmes expérimentaux utilisés. Cependant, le facteur
déterminant l'ampleur des effets d'amorçage sémantique dans la
maladie d'Alzheimer serait le degré de sévérité des troubles
sémantiques des patients ainsi que le matériel d'étude (Giffard et
al., 2001). Le suivi longitudinal d'un groupe de patients a permis
d'observer différents profils d'amorçage sémantique (hyperamor-
çage, amorçage équivalent et inférieur à un groupe témoin) au fil
de la détérioration progressive de bas en haut (c'est-à-dire des
attributs spécifiques aux connaissances superordonnées des
concepts) de la mémoire sémantique (Giffard et al., soumis).

MÉMOIRE PROCÉDURALE
La plupart des études évaluant les capacités de mémoire procé-
durale dans la maladie d'Alzheimer ont proposé l’apprentissage
de procédures perceptivo-motrices et ont montré une relative pré-
servation de cet apprentissage dans les épreuves du Rotor test ou
d'apprentissage de labyrinthe. Les études concernant l’apprentis-
sage de procédures perceptivo-verbales comme la lecture en
miroir dans la maladie d'Alzheimer sont plus rares et moins
consensuelles, et cette hétérogénéité s’explique en partie par des

Gérontologie et Société - n° 97 - juin 2001 page 42


différences méthodologiques entre les études. La littérature
concernant la mémoire procédurale cognitive chez les patients
atteints de maladie d'Alzheimer est encore moins dense. A l’aide
d’une épreuve de résolution de la tour de Hanoï, Beaunieux (1999)
a mis en évidence une altération de l’acquisition des habiletés
cognitives dans la maladie d'Alzheimer, laquelle serait liée à une
réduction des capacités de la mémoire de travail.

Les résultats relevés dans la maladie d'Alzheimer convergent vers


une relative préservation de cette mémoire. Toutefois, les épreuves
qui impliquent des processus perceptifs et/ou moteurs simples
sont vraisemblablement mieux réussies que les tâches qui impli-
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quent des traitements cognitifs complexes.

Les troubles de mémoire constituent le symptôme le plus fréquent


et parmi les plus précoces de la maladie d'Alzheimer. Les études
neuropsychologiques récentes ont cependant montré que les défi-
cits mnésiques n'affectaient pas nécessairement tous les systèmes
de mémoire de la même façon. Elles ont également mis en évi-
dence l'importante hétérogénéité des déficits mnésiques consécu-
tifs à la maladie d'Alzheimer. Par ailleurs, il apparaît que ces diffi-
cultés sont en partie la conséquence de perturbations diverses
telles qu'un dysfonctionnement des fonctions exécutives (Desgran-
ges et al., 2000).

Le vieillissement normal et le vieillissement pathologique (et plus


précisément la maladie d'Alzheimer) semblent affecter de façon
préférentielle les mêmes systèmes mnésiques, à savoir la mémoire
épisodique et la mémoire de travail. La nature de ces déficits mné-
siques est en accord avec le modèle monohiérarchique de Tulving
(1995) selon lequel les systèmes mnésiques du bas de la pyramide
(mémoire procédurale, PRS, mémoire sémantique) seraient plus
résistants que les systèmes du sommet de la pyramide. Cependant,
ces différents systèmes sont affectés à des degrés bien supérieurs
dans le vieillissement pathologique, et la nature de ces déficits est
sensiblement différente de celle du vieillissement normal.

...
...

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LE VIEILLISSEMENT NORMAL ET PATHOLOGIQUE DE LA MÉMOIRE

GLOSSAIRE
Complètement de trigrammes : cette épreuve permet de mesurer
les effets d'amorçage. Lors de la phase d'étude, le sujet doit faire
une tâche avec des mots (bretelle, par exemple). Lors de la phase
de test, il doit compléter des trigrammes parmi lesquels certains
correspondent au début des mots traités lors de la phase d'étude
(BRE) et d'autres n'ont pas été traités précédemment (CAR). Un
effet d'amorçage se traduit par la restitution préférentielle des
mots traités lors de la phase d'étude.

Effets d'amorçage : ils se traduisent par la modification du traite-


ment d’un stimulus, à l’insu du sujet, à la suite d’une présentation
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de ce même stimulus (effets d'amorçage direct) ou d’un stimulus
apparenté (effets d'amorçage indirect). L’amorçage perceptif
requiert un traitement global de la structure du stimulus amorce et
dépend d’un système de représentation perceptive (Perceptual
Representation System, PRS) qui opère à un niveau pré-sémantique.
Au contraire, les effets d'amorçage sémantique dépendent de la
mémoire sémantique et nécessitent un traitement sémantique du
stimulus amorce et/ou un lien sémantique entre l’amorce et la cible.

Mémoire de travail : elle est conçue comme un système de


mémoire à court terme qui permet de conserver momentanément
l'information. La mémoire de travail est composée du système cen-
tral exécutif (contrôle et coordonne les opérations de traitement),
de la boucle articulatoire (système esclave du système central exé-
cutif responsable du stockage et du rafraîchissement de l'informa-
tion verbale) et du calepin visuo-spatial (système esclave impliqué
dans le maintien des informations spatiales et visuelles) permettant
le maintien temporaire et la manipulation des informations (par
exemple, composer un numéro de téléphone que l'on vient de
lire). Les capacités de ce système de mémoire sont mesurées à
l'aide de la tâche d'empan verbal endroit (restituer des chiffres
immédiatement après les avoir vus ou entendus et dans l'ordre où
on les a fourni) ou envers (restituer les chiffres dans l'ordre inverse)
ou du paradigme de Brown-Peterson (apprentissage d'une courte
liste de mots et, après une tâche distractrice d'une durée comprise
entre 0 et 18 secondes, restitution des mots).

Mémoire épisodique : ce système mnésique permet l'encodage, le


stockage et la récupération des expériences acquises dans un

Gérontologie et Société - n° 97 - juin 2001 page 44


contexte spatio-temporel précis. La mémoire épisodique sous-
tend le souvenir des épisodes personnellement vécus (par
exemple, se souvenir d'être allé jouer au tennis avec un ami hier).
Elle est classiquement évaluée par des épreuves de rappel libre
(rappeler sans aucune aide de l'expérimentateur le matériel appris
précédemment), de rappel indicé (rappeler le matériel appris pré-
cédemment à l'aide d'un indice, souvent sémantique, proposé par
l'expérimentateur) ou de reconnaissance (reconnaître dans une
liste de stimuli ceux qui ont été appris précédemment et ceux qui
n'ont pas été traités), que le matériel soit verbal ou non verbal.

Mémoire procédurale : non accessible à la mémoire, elle permet


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d'acquérir des habiletés progressivement, avec l'entraînement,
sans référence aux expériences antérieures. Indissociable de l'ac-
tion, elle s'exprime au cours de l'activité du sujet. La mémoire pro-
cédurale est mise en jeu lors de l'acquisition et de la rétention d'ha-
biletés, comme jouer du piano ou conduire une voiture. Les
capacités d'apprentissage procédural sont évaluées à l'aide du
Rotor test (poursuivre une cible en rotation avec un stylet le plus
longtemps possible), de la lecture en miroir (lire le plus rapidement
possible des mots présentés en miroir), de la tour de Hanoï (recons-
tituer sur une tige d'arrivée une pyramide de palets placés sur une
tige de départ en déplaçant un seul palet à la fois et en ne plaçant
jamais un palet plus grand sur un plus petit).

Mémoire sémantique : elle est la mémoire des concepts, des idées


et des faits indépendants du contexte spatio-temporel d’acquisi-
tion (par exemple, savoir que Paris est la capitale de la France). Cet
ensemble de connaissances conceptuelles acquises permet la com-
préhension du monde environnant. Les capacités de mémoire
sémantique sont évaluées avec les épreuves de fluence verbale
sémantique ou évocation lexicale (évoquer en 2 minutes le maxi-
mum d'exemplaires appartenant à une catégorie proposée), de
dénomination (dénommer des dessins d'objets), ou de vocabulaire
(définir des concepts).

Gérontologie et Société - n° 97 - juin 2001 page 45


LE VIEILLISSEMENT NORMAL ET PATHOLOGIQUE DE LA MÉMOIRE

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