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Bertrand Fragonard
Dans Regards 2023/2 (N° 62), pages 85 à 105
Éditions EN3S-École nationale supérieure de Sécurité sociale
ISSN 0988-6982
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maladie, de 2003 à 2009, président du Conseil de la famille, de 2009
à 2016, président du Conseil de l’âge au HCFEA, entre 2016 et 2023,
et membre du Conseil de la famille dans ce même Haut Conseil depuis février 2023.
Résumé
Une partie des prestations d’aide sociale est régie par le principe de subsidiarité.
On fait appel en priorité à la solidarité familiale pour le calcul de la prestation (les
pensions alimentaires versées par les obligés alimentaires sont comptées comme
des ressources de l’allocataire et viennent diminuer le montant de la prestation) et le
moment venu sur l’actif successoral. En tendance, le champ d’application de ce prin-
cipe a régressé avec l’extension de la Sécurité sociale et les modalités concrètes de sa
mise en œuvre ont été allégées.
La subsidiarité reste contestée. Pour des raisons de principe pour certains qui
poussent à l’individualisation des droits. Parce que, pour d’autres, les règles de sa
mise en œuvre sont abusivement dures pour les allocataires et leurs proches et que,
de ce fait, elles contribuent au non-recours. La suppression de ce principe - à supposer
qu’on l’admette - n’aurait pas de conséquences budgétaires radicales sauf dans le
domaine de l’aide sociale à l’hébergement des personnes âgées.
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LE PRINCIPE DE SUBSIDIARITÉ : PORTÉE, INSTRUMENTS, CONTROVERSES
I- INTRODUCTION
L’attribution de certaines prestations « d’aide sociale » est soumise au principe
de subsidiarité. Elles sont certes « de droit » dès lors que les conditions réglemen-
taires requises pour leur octroi sont remplies ; et à ce titre, elles se distinguent de la
« charité » et des aides distribuées par des associations. Mais, domaine historique
des collectivités locales, leur encadrement législatif par le Code de l’action sociale
et des familles est moins contraignant pour les Départements et les communes qui
disposent de fortes marges de manœuvre. Par ailleurs, on tient compte de l’aide que
doivent leur accorder leurs obligés alimentaires.
Par comparaison, les prestations de Sécurité sociale sont des droits propres des
personnes sans qu’il soit tenu compte de cet apport.
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a- Fondements
Le financement public est doublement subsidiaire.
1° Il n’intervient normalement qu’après mise en jeu de l’obligation
alimentaire telle qu’elle est définie par le Code civil notamment par les
articles 203 (« les époux contractent ensemble, par le seul fait du mariage,
l’obligation de nourrir, entretenir et élever leurs enfants ») et 205 (« les
enfants doivent des aliments à leur père et mère ou d’autres ascendants
qui sont dans le besoin ») qui en définissent le champ d’une part, et l’article
208 qui en précise la logique (« les aliments ne sont accordés que dans la
proportion du besoin de celui qui les réclame et de la fortune de celui qui
les doit ») d’autre part. Cet apport vient alors en déduction du montant de
la prestation.
2° La prestation accordée (comme un prêt sans intérêt ou une avance sur
l’héritage) peut être récupérée sur l’actif net de l’allocataire à son décès.
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DÉCEMBRE 2023 • N°62
Apport supposé : ainsi pour les aides au logement des étudiants, on postule
dans certaines conditions qu’ils sont aidés par leur famille, ce qui affecte
leur droit à prestation ou son montant. Un étudiant locataire d’un membre
de sa famille n’a pas droit à l’allocation de logement. Depuis juillet 2016, les
locataires qui acquittent un loyer « excessif » voient leur aide au logement
baisser en fonction de l’écart entre leur loyer et le loyer plafond (on présume
qu’ils ne peuvent supporter cette charge « excessive » qu’avec l’aide de
leur famille) 1, 2 ; l’aide au logement n’est pas attribuée à l’étudiant rattaché
fiscalement au foyer de ses parents lorsque ceux-ci sont redevables de
l’impôt sur la fortune immobilière. De même, la présence d’un proche au
domicile d’une personne âgée (voire proche de ce domicile) peut entraîner
une diminution de l’aide-ménagère à domicile.
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Elle peut prendre une hypothèque sur les biens immobiliers pour « sécuriser » la
récupération.
b.3/ Hors « aide sociale », la logique d’autres aides ou prestations peut s’inspirer
du principe de subsidiarité
On peut ainsi considérer que les bourses de l’enseignement supérieur en sont
une illustration, dès lors qu’elles dépendent directement des revenus des parents de
l’étudiant.
c- Une contrepartie
Les obligés alimentaires bénéficient notamment d’aides fiscales et d’une augmen-
tation de certaines prestations versées sous condition de ressources. Les sommes
versées sont ainsi déductibles pour l’impôt sur le revenu et de « l’assiette ressources »
qui sert de base de calcul des prestations sociales versées aux débiteurs d’aliments.
Ainsi, un père aisé qui verse une pension alimentaire pour ses enfants verra son
impôt abaissé ; s’il est très modeste, son allocation de logement sera augmentée.
1 Cette règle est d’application générale (et non spécifique aux étudiants)
2 Ainsi, avec un loyer plafond pour une personne seule en zone II de 268,87 euros, à ressources constantes,
l’aide commence à décroître pour un loyer supérieur à 672,18 euros par mois (268,87 x 2,5) et devient nulle
pour un loyer supérieur à 833,50 euros par mois (soit 268,87 x3,1).
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LE PRINCIPE DE SUBSIDIARITÉ : PORTÉE, INSTRUMENTS, CONTROVERSES
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doivent être des droits personnels, individuels et inconditionnels.
On peut rapprocher cette revendication de la thèse de la « déconjugalisation »
de certaines prestations. L’évolution de l’AAH est typique de cette tendance :
on considère qu’il ne faut pas tenir compte des ressources du conjoint
dans le calcul de l’allocation (dans un premier temps, on pratique un
abattement sur ces ressources, ce qui permet d’augmenter la prestation ;
puis on supprime totalement leur prise en compte, seules les ressources
de la personne en situation de handicap étant prises en compte). De même,
dans les discussions sur le revenu universel, on a vu une forte poussée des
tenants de son individualisation.
2° sur le plan pratique :
• on conteste la dureté des règles dont souffrent les ménages modestes et
leurs proches. Elle contraste avec la générosité des prestations de sécu-
rité sociale.
• la subsidiarité de certaines prestations entraîne un non-recours parce
que les procédures sophistiquées de sa gestion éloignent des alloca-
taires potentiels ; parce que ces allocataires sont rebutés par l’obligation
de mettre leurs proches à contribution (avec le risque de dégradation des
rapports familiaux) ; parce que priver leurs héritiers d’un petit héritage
les désole.
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a- Le principe de subsidiarité
Il n’y a de contestation ni sur l’obligation pour les débiteurs d’aliments de payer
une pension alimentaire (la contribution à l’éducation et à l’entretien des enfants,
CEEE) ni sur le principe de subsidiarité. Mais on a le triple souci :
1° de définir une norme « équitable » pour le calcul de la pension
alimentaire ;
2° de gérer le principe de subsidiarité dans des conditions et selon les
procédures qui tiennent compte de la fréquente fragilité des créanciers (en
termes de revenu et d’aptitude à gérer des procédures administratives)
et de la modestie de certains débiteurs d’une part, du contexte parfois
conflictuel des relations entre les ex-conjoints, d’autre part ;
3° de mener une politique active de soutien aux créanciers par les CAF
(y compris pour ceux qui vivent en couple et n’ont pas droit à l’ASF). Cette
politique connaît un fort développement depuis la loi de 1985 et les lois
plus récentes qui organisent une « gestion intermédiée » de la pension
alimentaire par les CAF.
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C’est au regard de ces principes et soucis qu’on analyse le dispositif actuel.
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LE PRINCIPE DE SUBSIDIARITÉ : PORTÉE, INSTRUMENTS, CONTROVERSES
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n’a pas la garde sont faibles.
b- Données
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C’est désormais un montant voisin de la pension moyenne (190 euros par mois et
par enfant)
De ce fait, ce montant est supérieur à nombre de CEEE, et l’ASF différentielle vient
alors le compléter pour améliorer le revenu du créancier concerné.
b.2/ Nombre d’enfants dont l’un des parents est allocataire de l’ASF
En 2029, 1,3 million d’enfants se répartissant en :
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enfants dont la filiation n’est établie que par un seul des deux parents :
26,7 % ;
orphelins d’un des deux parents : 14,1 %.
Enfants pour lesquels un parent est hors d’état d’une part, et pour lesquels il n’y a
pas de pension fixée d’autre part : 40,5 %
67
Enfants pour lesquels le créancier perçoit l’ASF pendant au plus, quatre mois, le
temps d’enclencher les procédures prescrites : 2,5 %
Enfants pour lesquels le parent non gardien ne paie pas la pension alimentaire fixée
(ASF recouvrable) : 7,2 %
Enfants pour lesquels la CAF verse une ASF différentielle : 6,8 %
6 Alors que la CEEE pour un enfant « au barème » pour un allocataire au plafond de l’AAH serait de 55 euros par
mois.
7 Alors que la CEEE fixée au barème pour un allocataire au plafond de l’ASS serait de 94 euros par mois.
• 91
LE PRINCIPE DE SUBSIDIARITÉ : PORTÉE, INSTRUMENTS, CONTROVERSES
Des prestations sociales (RSA, minimum vieillesse) sont subordonnées au fait que
le créancier fasse valoir ses droits à prestation compensatoire.
III.2/ Le RMI/RSA
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a- La loi de 1988 fait un recours limité à l’obligation alimentaire
a.1/ L’obligation alimentaire dans les relations ascendants/descendants
On ne retient pas l’obligation prévue à l’article 205 du Code civil selon
laquelle « les enfants doivent des aliments à leur père et mère ou autres
ascendants ». On a considéré que la probabilité que des allocataires aient
des enfants aisés était faible. On a pensé que la mise en jeu de l’obligation
pourrait dégrader les relations familiales. On a craint enfin que les lourdes
procédures de mise en jeu de l’obligation (instruction initiale et suivi)
perturbent le déploiement du RMI.
L’obligation alimentaire des parents à l’égard de leurs enfants (qui ne
s’arrête pas à leur majorité comme le précise l’article 371-2 du Code civil)
est expressément citée. Elle a été de facto neutralisée. On peut penser que
l’option aurait été tout autre si le RMI avait été ouvert aux jeunes de moins
de 25 ans (voir infra au III).
Lors de la bascule RMI/RSA, on a modifié cette approche. À l’occasion de
la demande, le postulant est invité à déclarer ses obligés alimentaires.
Mais il peut demander à être dispensé en tout ou partie de faire valoir
cette créance. Dans ce cas, le président du Conseil peut ne pas ouvrir
la prestation ou appliquer un abattement sur son montant. On n’a pas
d’analyse de la pratique des Départements.
8 On peut servir le RMI à taux plein si l’allocataire est dispensé de mise en jeu de l’obligation lorsque le débiteur
est hors d’état de s’acquitter de sa dette.
9 Qui venaient d’être refondues en 1985 pour les pensions alimentaires des enfants.
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III.3/ La situation des NEET
a- Définition de la cible
Les NEET, ce sont des jeunes de 16 à 25 ans10, ni en études, ni en emploi, ni en
formation.
Leur effectif est de l’ordre d’un million (estimation un peu ancienne).
Lorsqu’une prestation monétaire est accordée (pour une durée « normale » d’un
an), son niveau maximum est égal au RSA après application du forfait logement soit
528 euros par mois en 2023.
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LE PRINCIPE DE SUBSIDIARITÉ : PORTÉE, INSTRUMENTS, CONTROVERSES
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a- Tendances
a.1/ Forte diminution des effectifs
Elle est le pendant de la montée des retraites par répartition, notamment en
matière de droits des femmes et pour les exploitants agricoles.
Malgré l’augmentation de la population âgée11, les effectifs diminuent très forte-
ment : 2,55 millions en 1959 ; en 2029 aux environs de 600 000.
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B- Armature juridique
Trois principes sont appliqués. Le MV est régi par une réglementation nationale :
l’allocation est égale à la différence entre la valeur du MV et la totalité des ressources
de l’allocataire ; elle est subsidiaire.
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Conjugalisation
« Le calcul des ressources des époux, quel que soit leur régime matrimonial,
des concubins ou des partenaires liés par un pacs est effectué en totalisant leurs
ressources, sans distinction entre les biens communs ou les biens propres12. »
Principe d’exhaustivité
Ce principe - logique dans la conception de ces prestations subsidiaires - appelle
deux séries d’observations.
12 Toutefois en cas de séparation de fait avec résidence distincte et pour les personnes séparées de corps, les
ressources sont appréciées comme pour les célibataires.
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LE PRINCIPE DE SUBSIDIARITÉ : PORTÉE, INSTRUMENTS, CONTROVERSES
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Selon l’article R 815-30 « le service liquidateur détermine le montant de l’alloca-
tion de solidarité aux personnes âgées compte non tenu de l’aide que lui apportent ou
sont susceptibles de lui apporter les personnes tenues à l’obligation alimentaire ».
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Une définition favorable du capital pris en compte pour les exploitants agricoles
Lorsque la succession du bénéficiaire comprend un capital d’exploitation agri-
cole, ce dernier ainsi que les bâtiments qui en sont indissociables ne sont pas pris
en compte. C’est un élément majeur compte tenu du montant élevé du capital net
des exploitants. L’adoption de cette règle a incontestablement augmenté le recours au
minimum vieillesse.
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LE PRINCIPE DE SUBSIDIARITÉ : PORTÉE, INSTRUMENTS, CONTROVERSES
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aurait un rebond des effectifs avec en conséquence une augmentation de la dépense.
Cet effet indirect n’a pas été chiffré.
16
Que sait-on du non-recours ?16
16 Le non-recours au minimum vieillesse des personnes seules. Les dossiers de la DREES. N° 89. 2022_2
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a.1/ Le cadrage législatif national est limité et les Départements ont une large
marge de manœuvre
C’est notamment le cas pour le nombre d’heures, le montant de la prestation, les
conditions de ressources et les modalités d’application du principe de subsidiarité.
On combine donc une aide légale, opposable aux départements, et des aides
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extra-légales.
On ne fait pas jouer l’obligation alimentaire pour ne pas dissuader les personnes
âgées de recourir à la prestation
17 Inspiration parallèle - et plus stricte - dans l’APA « affectée, sauf refus exprès de l’allocataire, à la rémunération
d’un service prestataire pour les personnes 1° les personnes nécessitant une présence régulière du fait de
la détérioration de leur état physique ou intellectuel ou en raison de leur insuffisance d’entourage familial et
social ; 2° les personnes classées en GIR 1 ou 2. »
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LE PRINCIPE DE SUBSIDIARITÉ : PORTÉE, INSTRUMENTS, CONTROVERSES
b- De la PSD à l’APA
On se borne à souligner les traits marquants de cette évolution.
b.1/ PSD
Elle offre une aide légale pour les allocataires classés en GIR 1 à 3
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Application du principe de subsidiarité
On ne retient pas l’obligation alimentaire.
La récupération sur succession n’intervient que pour les actifs nets
supérieurs à 46 000 euros. Son incidence est limitée (compte tenu de la
durée de perception de la prestation et de son montant).
Bien qu’elle soit limitée, la subsidiarité de la PSD a pesé sur le taux de recours.
b.2/ L’APA
Un fort élargissement du champ
Ou ouvre l’allocation aux personnes en perte d’autonomie classées en GIR
4.
On supprime les règles de subsidiarité. On assume ce principe malgré
des propositions de loi tendant à réintégrer partiellement le principe de
subsidiarité (propositions de loi Vasselle et Rosso-Debord prévoyant une
option entre le service de la prestation à taux plein assorti de la récupération
et une prestation à taux réduit sans récupération).
C’est la prestation qui retient une mise en œuvre effective et étendue de l’obliga-
tion alimentaire et du recours en récupération dès le premier euro.
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les ressources individuelles et familiales suffisantes. Elle permet aux résidents dispo-
sant d’un patrimoine suffisant mais non liquide (le patrimoine immobilier) de bénéfi-
cier d’une aide financière pouvant être assimilée à un prêt à taux zéro remboursé au
décès en tout (lorsque la valeur du patrimoine est supérieure aux sommes « avan-
cées » de l’ASH) ou partie (sa valeur est inférieure à ces sommes). La récupération sur
succession est finalement proche d’un prêt viager hypothécaire. Dans les deux cas, et
à la différence d’une vente en viager, la personne âgée conserve la pleine propriété de
la résidence principale (où son conjoint vit le plus souvent). Deux différences majeures
rendent cependant l’ASH plus attractive : le prêt se fait à un taux nul ; le montant du
prêt n’est pas limité par la valeur du bien hypothéqué, le département portant le
risque d’insolvabilité.
• 101
LE PRINCIPE DE SUBSIDIARITÉ : PORTÉE, INSTRUMENTS, CONTROVERSES
c- Données chiffrées
On compte 122 000 allocataires fin 2019, un cinquième des résidents et
27 % des résidents dont les ressources courantes sont inférieures aux
coûts de leur hébergement.
La dépense brute d’ASH est mal connue du fait de disparités dans le mode
de comptabilisation des recettes d’obligation alimentaire. Elle serait de
l’ordre de 2,5 milliards d’euros soit 1 700 euros par mois et par résident
bénéficiaire.
Les dépenses nettes des départements après obligation alimentaire et
récupération sur succession s’élèvent en 202 à 1,3 milliard d’euros soit
869 euros par mois et par bénéficiaire.
d- Un enjeu budgétaire
La suppression du principe de subsidiarité aurait un coût élevé qui additionnerait :
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la perte des recettes précitées ;
les dépenses d’ASH liée à l’augmentation du taux de recours ;
Le Conseil de l’âge du HCFEA a estimé le coût d’une telle réforme à 6 milliards
d’euros.
Dans la situation actuelle des finances publiques et compte tenu de l’augmentation
- forte et souhaitable - des coûts des EHPAD19, assumer cette charge est problématique.
e- Voies de réforme
Deux approches sont concevables.
Dans la première, on garde pour l’essentiel, le principe de subsidiarité de l’ASH,
mais on en restreint le champ.
Dans la seconde, on aménage l’ASH pour en diminuer la « dureté » pour les
ménages concernés.
On trouvera une analyse plus complète de ces réformes dans le rapport du Conseil
de l’âge20.
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La charge financière pour les départements sur les bases actuelles serait supé-
rieure à un milliard d’euros. La réforme profiterait à tous les résidents, même les plus
aisés à l’exception - fréquente - des bénéficiaires de l’ASH lorsque le département
« prend » déjà à sa charge leur talon.
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montant et le profil de la nouvelle prestation (forfaitaire ou diminuant avec le revenu).
Attribuer une aide forfaitaire de 300 euros par mois coûterait 1,5 milliard d’euros
net à la charge de L’État (coût limité puisque l’attribution de la nouvelle prestation
s’accompagne de la disparition des aides actuelles). Majorer cette prestation aurait un
coût de 700 millions par tranche de 100 euros par mois.
Pour les Départements, l’opération serait (quasi) neutre pour les bénéficiaires
actuels de l’ASH. Ils supporteraient par contre la dépense liée à l’augmentation du
taux de recours à l’ASH par des ménages qui, voyant diminuer les sommes « récu-
pérables » sur leurs obligés alimentaires puis sur leur succession, se porteraient
demandeurs de l’ASH.
montant de leur ASH est élevé) 1° qui ont séjourné de très longues durées en EHPAD
et 2° ont un actif net supérieur à 100 000 à 150 000 euros.
La réforme serait coûteuse puisqu’elle provoquerait - outre la perte des recettes
actuelles de récupération - une augmentation massive du taux de recours.
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significatif de résidents serait concerné. La dépense pour les Départements serait
de l’ordre de un milliard d’euros, somme qu’il faudrait augmenter si des ménages
« rassurés » par cette garantie demandaient à bénéficier de l’ASH, ce qui augmente-
rait le taux de recours.
Définir des règles opposables nationales qui améliorent la situation des résidents
admis à l’ASH
Elles pourraient porter sur :
la prise en charge de dépenses que les résidents supportent (frais de
mutuelle, impôts locaux…) qui pèsent lourdement sur leur « reste à vivre ».
C’est un mouvement bien avancé par une majorité de Départements ;
l’obligation alimentaire avec notamment l’adoption d’un barème définissant
la contribution des obligés augmentant avec leur revenu et la suppression
de l’appel aux petits enfants23 ;
le reste à vivre qui pourrait être porté de 10 à 15 % des ressources du
résident avec un minimum de 1,5 % ou 20 % de l’ASPA (soit 136 ou
183 euros par mois).
V- CONCLUSION
1) Il n’est pas envisageable de supprimer la possibilité de faire jouer
l’obligation alimentaire dans les rapports entre personnes.
Il est d’ailleurs logique d’assister les créanciers dans leurs démarches (avec
l’aide juridictionnelle, le soutien de conseils juridiques ou l’intervention des
Caisses d’allocations familiales).
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DÉCEMBRE 2023 • N°62
2) Les dispositions concernant les liens entre les prestations des familles
monoparentales et les créances d’aliments sont cohérentes.
3) S’agissant des personnes âgées,
• pour l’ASPA, la résorption prononcée de la récupération sur succession
avec l’élévation de l’actif successoral « sanctuarisé » rend envisageable
sa suppression : la dépense directe en cause est marginale ; la dépense
indirecte liée à l’augmentation du taux de recours est limitée24.
•
la réforme éventuelle de l’aide à l’hébergement est autrement plus
difficile, ne serait-ce qu’à cause de l’enjeu budgétaire. Elle ne saurait pas
venir en concurrence trop caractérisée avec l’augmentation nécessaire et
importante des dépenses des Ehpad.
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