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Le principe de subsidiarité : portée, instruments,

controverses
Bertrand Fragonard
Dans Regards 2023/2 (N° 62), pages 85 à 105
Éditions EN3S-École nationale supérieure de Sécurité sociale
ISSN 0988-6982
© EN3S-École nationale supérieure de Sécurité sociale | Téléchargé le 13/01/2024 sur www.cairn.info (IP: 92.89.167.97)

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DÉCEMBRE 2023 • N°62

Le principe de subsidiarité : portée, instruments,


controverses

Par Bertrand Fragonard, Président de chambre honoraire à la Cour des comptes

Bertrand Fragonard, président de chambre honoraire à la Cour des


comptes, a exercé de multiples fonctions dans le domaine social, au
cabinet de Mme Veil, entre 1974 et 1979 puis en 2002, en tant que
directeur de la Caisse nationale des allocations familiales, de 1980 à
1987, délégué interministériel au RMI, entre 1988 et 1996, directeur
de la Caisse nationale d’assurance maladie en 1997 et 1998, conseiller
maître à la Cour des comptes (chambre chargée de la protection
sociale), de 1999 à 2002, président du Haut Conseil à l’assurance
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maladie, de 2003 à 2009, président du Conseil de la famille, de 2009
à 2016, président du Conseil de l’âge au HCFEA, entre 2016 et 2023,
et membre du Conseil de la famille dans ce même Haut Conseil depuis février 2023.

Résumé

Une partie des prestations d’aide sociale est régie par le principe de subsidiarité.
On fait appel en priorité à la solidarité familiale pour le calcul de la prestation (les
pensions alimentaires versées par les obligés alimentaires sont comptées comme
des ressources de l’allocataire et viennent diminuer le montant de la prestation) et le
moment venu sur l’actif successoral. En tendance, le champ d’application de ce prin-
cipe a régressé avec l’extension de la Sécurité sociale et les modalités concrètes de sa
mise en œuvre ont été allégées.
La subsidiarité reste contestée. Pour des raisons de principe pour certains qui
poussent à l’individualisation des droits. Parce que, pour d’autres, les règles de sa
mise en œuvre sont abusivement dures pour les allocataires et leurs proches et que,
de ce fait, elles contribuent au non-recours. La suppression de ce principe - à supposer
qu’on l’admette - n’aurait pas de conséquences budgétaires radicales sauf dans le
domaine de l’aide sociale à l’hébergement des personnes âgées.

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LE PRINCIPE DE SUBSIDIARITÉ : PORTÉE, INSTRUMENTS, CONTROVERSES

I- INTRODUCTION
L’attribution de certaines prestations « d’aide sociale » est soumise au principe
de subsidiarité. Elles sont certes « de droit » dès lors que les conditions réglemen-
taires requises pour leur octroi sont remplies ; et à ce titre, elles se distinguent de la
« charité » et des aides distribuées par des associations. Mais, domaine historique
des collectivités locales, leur encadrement législatif par le Code de l’action sociale
et des familles est moins contraignant pour les Départements et les communes qui
disposent de fortes marges de manœuvre. Par ailleurs, on tient compte de l’aide que
doivent leur accorder leurs obligés alimentaires.
Par comparaison, les prestations de Sécurité sociale sont des droits propres des
personnes sans qu’il soit tenu compte de cet apport.

I.1/ Définition et instruments de la subsidiarité


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a- Fondements
Le financement public est doublement subsidiaire.
 1° Il n’intervient normalement qu’après mise en jeu de l’obligation
alimentaire telle qu’elle est définie par le Code civil notamment par les
articles 203 (« les époux contractent ensemble, par le seul fait du mariage,
l’obligation de nourrir, entretenir et élever leurs enfants ») et 205 (« les
enfants doivent des aliments à leur père et mère ou d’autres ascendants
qui sont dans le besoin ») qui en définissent le champ d’une part, et l’article
208 qui en précise la logique (« les aliments ne sont accordés que dans la
proportion du besoin de celui qui les réclame et de la fortune de celui qui
les doit ») d’autre part. Cet apport vient alors en déduction du montant de
la prestation.
 2° La prestation accordée (comme un prêt sans intérêt ou une avance sur
l’héritage) peut être récupérée sur l’actif net de l’allocataire à son décès.

b- Deux outils principaux de mise en œuvre du principe de subsidiarité


b.1/ Dans la gestion « courante » de certaines prestations sociales
La prise en compte de l’apport réel, potentiel ou présumé des obligés dans l’attri-
bution de certaines prestations sociales vient diminuer le montant de l’aide publique.
Voici des exemples d’applications.
 Apport réel : les sommes versées par les obligés sont comptées comme
des ressources de l’allocataire pour le calcul de la prestation. C’est la
norme générale.
 Apport potentiel : l’allocataire doit faire valoir ses droits auprès de ses
obligés alimentaires ; la prestation n’est pas ouverte ou est supprimée
s’il se refuse à entreprendre les démarches appropriées. C’est le cas par
exemple pour l’allocation de soutien familial attribuée aux parents isolés.

86 •
DÉCEMBRE 2023 • N°62

 Apport supposé : ainsi pour les aides au logement des étudiants, on postule
dans certaines conditions qu’ils sont aidés par leur famille, ce qui affecte
leur droit à prestation ou son montant. Un étudiant locataire d’un membre
de sa famille n’a pas droit à l’allocation de logement. Depuis juillet 2016, les
locataires qui acquittent un loyer « excessif » voient leur aide au logement
baisser en fonction de l’écart entre leur loyer et le loyer plafond (on présume
qu’ils ne peuvent supporter cette charge « excessive » qu’avec l’aide de
leur famille) 1, 2 ; l’aide au logement n’est pas attribuée à l’étudiant rattaché
fiscalement au foyer de ses parents lorsque ceux-ci sont redevables de
l’impôt sur la fortune immobilière. De même, la présence d’un proche au
domicile d’une personne âgée (voire proche de ce domicile) peut entraîner
une diminution de l’aide-ménagère à domicile.

b.2/ Au décès du bénéficiaire


La collectivité publique « récupère » tout ou partie de la prestation servie sur l’actif
net successoral.
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Elle peut prendre une hypothèque sur les biens immobiliers pour « sécuriser » la
récupération.

b.3/ Hors « aide sociale », la logique d’autres aides ou prestations peut s’inspirer
du principe de subsidiarité
On peut ainsi considérer que les bourses de l’enseignement supérieur en sont
une illustration, dès lors qu’elles dépendent directement des revenus des parents de
l’étudiant.

c- Une contrepartie
Les obligés alimentaires bénéficient notamment d’aides fiscales et d’une augmen-
tation de certaines prestations versées sous condition de ressources. Les sommes
versées sont ainsi déductibles pour l’impôt sur le revenu et de « l’assiette ressources »
qui sert de base de calcul des prestations sociales versées aux débiteurs d’aliments.
Ainsi, un père aisé qui verse une pension alimentaire pour ses enfants verra son
impôt abaissé ; s’il est très modeste, son allocation de logement sera augmentée.

I.2/ Deux tendances

a- La régression du champ des dépenses sociales pour laquelle on


met en œuvre le principe de subsidiarité.
Elle est notamment liée à la progression de la Sécurité sociale qui, améliorant le
revenu des ménages, diminue le recours aux prestations subsidiaires. C’est de façon
exemplaire le cas pour le minimum vieillesse, dont les effectifs diminuent radicale-
ment avec la progression des retraites de Sécurité sociale.

1 Cette règle est d’application générale (et non spécifique aux étudiants)
2 Ainsi, avec un loyer plafond pour une personne seule en zone II de 268,87 euros, à ressources constantes,
l’aide commence à décroître pour un loyer supérieur à 672,18 euros par mois (268,87 x 2,5) et devient nulle
pour un loyer supérieur à 833,50 euros par mois (soit 268,87 x3,1).

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LE PRINCIPE DE SUBSIDIARITÉ : PORTÉE, INSTRUMENTS, CONTROVERSES

b- L’allègement, voire la suppression, des règles de subsidiarité


C’est le cas pour les personnes en situation de handicap (avec notamment la
suppression quasi totale de la récupération sur succession en matière d’hébergement).
De même, le passage par étapes vers l’APA s’accompagne de la suppression de la
mise en jeu de l’obligation alimentaire et de la récupération sur succession.
L’élévation des seuils de récupération du minimum vieillesse et l’aide-ménagère
limite leur incidence.

I.3/ Une contestation politique

Elle se développe sur deux plans :


 1° en doctrine, certains considèrent qu’il n’y a pas lieu de mettre
en place des dispositifs de subsidiarité. Les droits à protection
des personnes dans le besoin ou incapables d’assumer des
charges liées à leur état de santé ou de perte d’autonomie
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doivent être des droits personnels, individuels et inconditionnels.
On peut rapprocher cette revendication de la thèse de la « déconjugalisation »
de certaines prestations. L’évolution de l’AAH est typique de cette tendance :
on considère qu’il ne faut pas tenir compte des ressources du conjoint
dans le calcul de l’allocation (dans un premier temps, on pratique un
abattement sur ces ressources, ce qui permet d’augmenter la prestation ;
puis on supprime totalement leur prise en compte, seules les ressources
de la personne en situation de handicap étant prises en compte). De même,
dans les discussions sur le revenu universel, on a vu une forte poussée des
tenants de son individualisation.
 2° sur le plan pratique :
• on conteste la dureté des règles dont souffrent les ménages modestes et
leurs proches. Elle contraste avec la générosité des prestations de sécu-
rité sociale.
• la subsidiarité de certaines prestations entraîne un non-recours parce
que les procédures sophistiquées de sa gestion éloignent des alloca-
taires potentiels ; parce que ces allocataires sont rebutés par l’obligation
de mettre leurs proches à contribution (avec le risque de dégradation des
rapports familiaux) ; parce que priver leurs héritiers d’un petit héritage
les désole.

II- LES PERSONNES AYANT DES CRÉANCES ALIMENTAIRES À


LA SUITE D’UNE RUPTURE DE LEUR COUPLE
II.1/ les familles monoparentales

Sur l’API/RSA, voir en section II.

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DÉCEMBRE 2023 • N°62

a- Le principe de subsidiarité
Il n’y a de contestation ni sur l’obligation pour les débiteurs d’aliments de payer
une pension alimentaire (la contribution à l’éducation et à l’entretien des enfants,
CEEE) ni sur le principe de subsidiarité. Mais on a le triple souci :
 1° de définir une norme « équitable » pour le calcul de la pension
alimentaire ;
 2° de gérer le principe de subsidiarité dans des conditions et selon les
procédures qui tiennent compte de la fréquente fragilité des créanciers (en
termes de revenu et d’aptitude à gérer des procédures administratives)
et de la modestie de certains débiteurs d’une part, du contexte parfois
conflictuel des relations entre les ex-conjoints, d’autre part ;
 3° de mener une politique active de soutien aux créanciers par les CAF
(y compris pour ceux qui vivent en couple et n’ont pas droit à l’ASF). Cette
politique connaît un fort développement depuis la loi de 1985 et les lois
plus récentes qui organisent une « gestion intermédiée » de la pension
alimentaire par les CAF.
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C’est au regard de ces principes et soucis qu’on analyse le dispositif actuel.

a.1/ La norme de calcul des CEEE


Les ex-conjoints et les JAF sont libres de fixer la pension alimentaire.
Mais le ministère de la Justice a mis en place en 2010 un barème de référence qui
définit le montant de la pension et, partant, le taux d’effort des débiteurs.
La CEEE épargne les débiteurs les plus modestes (on verra infra que les créanciers
sont financièrement aidés dans ce cas) ; le montant de la CEEE par enfant diminue
pour contenir le total des CEEE dues ; le taux d’effort augmente avec le revenu d’une
façon jugée raisonnable compte tenu notamment de la déduction fiscale dont bénéfi-
cient les débiteurs.

Éléments sur le taux d’effort des débiteurs

Application du barème 2010 pour trois situations de « garde classique » pour


un enfant.
 1° Situation d’un débiteur très modeste (en début de barème, soit
700 euros) : CEEE de 13 euros par mois pour un taux d’effort de 1,9 %.
 2° Situation d’un débiteur très aisé, au haut du barème soit
5 000 euros : CEEE de 571 euros par mois (400 euros après déduction
fiscale) pour un taux d’effort de 8 %.
 3° Situation du débiteur pour laquelle la CEEE, établie conformément
au barème indicatif, est égale à l’ASF (188 euros). Son revenu est de
2 053 euros par mois. Son taux d’effort est de 8,1 % après la déduction
fiscale de sa CEEE (21 euros par mois).

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LE PRINCIPE DE SUBSIDIARITÉ : PORTÉE, INSTRUMENTS, CONTROVERSES

a.2/ L’attribution d’une prestation familiale : l’allocation de soutien familial


 1° Le débiteur ne paie pas la pension alimentaire décidée ou convenue. Par
application du principe de subsidiarité, on exige du créancier d’entamer
des démarches en vue de son règlement.
 Pour ne pas retarder la mise en paiement de l’ASF, on ouvre le droit, mais
elle ne peut être prolongée au-delà de quatre mois que si les démarches
précitées ont été enclenchées.3.

Importance du non-paiement des pensions alimentaires.

À la suite d’un divorce ou d’une rupture de pacs, un quart des


parents qui n’ont pas la garde principale de leurs enfants et sont
considérés comme solvables ne déclarent pas de pension alimen-
taire, soit parce qu’aucune pension n’est fixée (ni par décision de
justice ni par accord des parents) soit du fait d’un défaut de paiement.
Cette part est d’autant plus élevée que les ressources du parent qui
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 n’a pas la garde sont faibles.

 Le gouvernement a renoncé4 en 2018 à durcir le barème. Le barème


envisagé se serait traduit, pour les débiteurs d’un enfant en garde classique,
par une augmentation forfaitaire de 78 euros par mois. Le taux d’effort
pour les trois situations précitées aurait augmenté, passant de 1,9 % à
9,5 % pour un revenu de 700 euros (après augmentation de l’allocation
de logement) ; de 8 % à 9 % (après déduction fiscale) pour un revenu de
5 000 euros et de 8 % à 9 % pour le débiteur dont la CEEE serait égale à
l’ASF (après déduction fiscale).
 2° Aucune pension n’a été fixée ou convenue ; la CAF va ouvrir une ASF pour
autant que le créancier engage dans un délai précité les actions judiciaires
nécessaires pour la faire établir puis, le cas échéant, la recouvrer.
 3° La pension alimentaire décidée ou convenue est correctement payée,
mais est d’un montant inférieur à l’ASF. La CAF verse alors une ASF
différentielle.

b- Données

b.1/ Le montant de l’ASF


Il est conséquent
188,18 euros par mois et par enfant. La prestation a été augmentée de façon
substantielle au-delà de l’évolution de la base mensuelle de calcul des prestations
familiales5 avec deux revalorisations spécifiques ces dernières années : la première,

3 DREES. Études et Résultats n° 1179


4 Effort demandé au débiteur modeste trop élevé ; gain pour certains créanciers limité, compte tenu de la
rétroaction de l’augmentation de la pension sur leurs prestations sociales.
5 Qui a évolué grossièrement comme les prix.

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DÉCEMBRE 2023 • N°62

de 25 %, appliquée de façon progressive entre 2013 et 2017 et la seconde, de 50 %,


en 2023.
La dépense, sur la base des effectifs de 2020 et la valeur de l’ASF actuelle, est de
2,9 milliards d’euros.

C’est désormais un montant voisin de la pension moyenne (190 euros par mois et
par enfant)
De ce fait, ce montant est supérieur à nombre de CEEE, et l’ASF différentielle vient
alors le compléter pour améliorer le revenu du créancier concerné.

b.2/ Nombre d’enfants dont l’un des parents est allocataire de l’ASF
En 2029, 1,3 million d’enfants se répartissant en :

Enfants pour lesquels il n’y a pas de « répondant » :


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 enfants dont la filiation n’est établie que par un seul des deux parents :
26,7 % ;
 orphelins d’un des deux parents : 14,1 %.

Enfants pour lesquels un parent est hors d’état d’une part, et pour lesquels il n’y a
pas de pension fixée d’autre part : 40,5 %
67

Les débiteurs hors d’état

Principaux motifs : débiteurs sans adresse connue ; débiteurs réputés insol-


vables (bénéficiaires du RSA) ; débiteurs dont la totalité de ses revenus est
insaisissable ; débiteurs bénéficiaires de l’AAH6 ; débiteur incarcéré ; débiteurs
bénéficiaires de l’ASS7 ; parent mineur ; SDF ; débiteurs ayant fait l’objet d’une
plainte déposée à la suite de menaces, de violences volontaires sur le parent
ou l’enfant, de condamnations pour de telles violences ou en cas de violences
mentionnées dans une décision de justice.

Enfants pour lesquels le créancier perçoit l’ASF pendant au plus, quatre mois, le
temps d’enclencher les procédures prescrites : 2,5 %

Enfants pour lesquels le parent non gardien ne paie pas la pension alimentaire fixée
(ASF recouvrable) : 7,2 %
Enfants pour lesquels la CAF verse une ASF différentielle : 6,8 %

6 Alors que la CEEE pour un enfant « au barème » pour un allocataire au plafond de l’AAH serait de 55 euros par
mois.
7 Alors que la CEEE fixée au barème pour un allocataire au plafond de l’ASS serait de 94 euros par mois.

• 91
LE PRINCIPE DE SUBSIDIARITÉ : PORTÉE, INSTRUMENTS, CONTROVERSES

II.2/ Les attributaires d’une prestation compensatoire

Des prestations sociales (RSA, minimum vieillesse) sont subordonnées au fait que
le créancier fasse valoir ses droits à prestation compensatoire.

III- LES MÉNAGES PAUVRES (HORS MINIMUM VIEILLESSE)


III.1/ L’allocation de parent isolé

Le droit à l’ASF est ouvert comme analysé supra.

III.2/ Le RMI/RSA
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a- La loi de 1988 fait un recours limité à l’obligation alimentaire
a.1/ L’obligation alimentaire dans les relations ascendants/descendants
 On ne retient pas l’obligation prévue à l’article 205 du Code civil selon
laquelle « les enfants doivent des aliments à leur père et mère ou autres
ascendants ». On a considéré que la probabilité que des allocataires aient
des enfants aisés était faible. On a pensé que la mise en jeu de l’obligation
pourrait dégrader les relations familiales. On a craint enfin que les lourdes
procédures de mise en jeu de l’obligation (instruction initiale et suivi)
perturbent le déploiement du RMI.
 L’obligation alimentaire des parents à l’égard de leurs enfants (qui ne
s’arrête pas à leur majorité comme le précise l’article 371-2 du Code civil)
est expressément citée. Elle a été de facto neutralisée. On peut penser que
l’option aurait été tout autre si le RMI avait été ouvert aux jeunes de moins
de 25 ans (voir infra au III).
 Lors de la bascule RMI/RSA, on a modifié cette approche. À l’occasion de
la demande, le postulant est invité à déclarer ses obligés alimentaires.
Mais il peut demander à être dispensé en tout ou partie de faire valoir
cette créance. Dans ce cas, le président du Conseil peut ne pas ouvrir
la prestation ou appliquer un abattement sur son montant. On n’a pas
d’analyse de la pratique des Départements.

a.2/ Autres obligations


L’obligation alimentaire est maintenue8 entre les parents séparés (prestation
compensatoire) et vis-à-vis de leurs enfants (pensions alimentaires). Elle implique
notamment que les créanciers fassent valoir leur créance (quitte à mandater la
Caisse d’allocations familiales pour conduire les démarches de recouvrement)9.

8 On peut servir le RMI à taux plein si l’allocataire est dispensé de mise en jeu de l’obligation lorsque le débiteur
est hors d’état de s’acquitter de sa dette.
9 Qui venaient d’être refondues en 1985 pour les pensions alimentaires des enfants.

92 •
DÉCEMBRE 2023 • N°62

L’application de ce principe peut conduire à un abattement forfaitaire de 188 euros


(quel que soit le nombre d’enfants) sur le revenu garanti, en cas de refus d’intenter
une action en recouvrement.
Cette « pénalisation » est souvent critiquée pour sa dureté.

B- La loi de 1988 ne met pas en œuvre la récupération sur succession


La loi de 1988 avait prévu une récupération des prestations de RMI allouées si elles
dépassaient 250 000 francs (38 000 euros) selon une logique proche de celle retenue
pour le minimum vieillesse.
Il est vite apparu que la gestion de ce principe serait très lourde puisqu’il aurait
fallu « tenir le compte » des allocataires depuis leur première demande jusqu’à leur
décès (en tenant compte des « allers/retours » dont la fréquence est significative).
L’enjeu financier était vraisemblablement négligeable. On a donc neutralisé de facto
la disposition.
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III.3/ La situation des NEET

Deux dispositifs se sont succédé : la garantie jeunes ; le contrat d’engagement


jeunes.

a- Définition de la cible
Les NEET, ce sont des jeunes de 16 à 25 ans10, ni en études, ni en emploi, ni en
formation.
Leur effectif est de l’ordre d’un million (estimation un peu ancienne).
Lorsqu’une prestation monétaire est accordée (pour une durée « normale » d’un
an), son niveau maximum est égal au RSA après application du forfait logement soit
528 euros par mois en 2023.

b- L’application du principe de subsidiarité


On postule que certains demandeurs sont soutenus par leurs parents, ce qui légi-
time qu’on n’ouvre pas la prestation ou qu’on module le versement
L’allocation est calculée en fonction de l’âge du jeune, de ses ressources ou de
celles de son foyer :
 528 euros lorsque le jeune majeur constitue ou est rattaché à un foyer
fiscal non imposable à l’impôt sur le revenu ;
 317 euros lorsque le jeune majeur constitue ou est rattaché à un foyer
fiscal imposable à la première tranche de l’impôt sur le revenu ;
 211 euros pour un jeune mineur lorsqu’il constitue ou est rattaché à un
foyer fiscal imposable à la première tranche de l’impôt sur le revenu.

10 29 ans pour un jeune en situation de handicap.

• 93
LE PRINCIPE DE SUBSIDIARITÉ : PORTÉE, INSTRUMENTS, CONTROVERSES

Cette gestion « automatique » en fonction de conditions objectives et connues des


intéressés évite aux jeunes d’engager des démarches compliquées et susceptibles de
peser sur ses rapports avec ses parents.

Lien avec le RSA éventuel des parents de l’allocataire


Lorsqu’un jeune de moins de 25 ans est éligible à la garantie jeunes, la perception
de l’allocation ne fait pas tomber la majoration de RSA dont ses parents bénéficient
(231 euros par mois).

IV- LES PERSONNES ÂGÉES


IV.1/ Le Minimum vieillesse

Créé en 1956, il prend la suite de l’allocation aux vieux travailleurs salariés.


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a- Tendances
a.1/ Forte diminution des effectifs
Elle est le pendant de la montée des retraites par répartition, notamment en
matière de droits des femmes et pour les exploitants agricoles.
Malgré l’augmentation de la population âgée11, les effectifs diminuent très forte-
ment : 2,55 millions en 1959 ; en 2029 aux environs de 600 000.

Trois caractéristiques de la population des allocataires

 la part des allocataires augmente avec l’âge ;


 la part des isolés est de 73 % ; celle des femmes de 70 % ;
 les allocataires sans conjoint et sans enfant sont rares (élément
important pour comprendre l’incidence du principe de subsidiarité).

a.2/ Une bonne tenue de la valeur du minimum vieillesse


Elle est stable en termes réels entre 1982 et 2005, alors que les pensions du
régime général baissent de 0,1 % par an et que le SMIC progresse de 0,4 % par an ;
elle progresse de façon soutenue entre 2005 et 2023.

11 La population âgée évolue comme suit :


– population de plus de 60 ans : on passe de 16,7 % de la population totale à 25,4 % (+52 %) ;
– population de plus de 75 ans : on passe de 3,6 % à 9,3 % (+158 %).

94 •
DÉCEMBRE 2023 • N°62

Minimum vieillesse et seuil de pauvreté (à 60 %)

Le ratio MV/seuil pour une personne seule est de 82 % en 2020.


Avec intégration de l’allocation de logement éventuelle (pour un loyer au
plafond en zone 2) ou d’un « loyer fictif » du même montant, ce ratio monte à
90 %.

B- Armature juridique
Trois principes sont appliqués. Le MV est régi par une réglementation nationale :
l’allocation est égale à la différence entre la valeur du MV et la totalité des ressources
de l’allocataire ; elle est subsidiaire.

b.1/ La base ressources


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Conjugalisation
« Le calcul des ressources des époux, quel que soit leur régime matrimonial,
des concubins ou des partenaires liés par un pacs est effectué en totalisant leurs
ressources, sans distinction entre les biens communs ou les biens propres12. »

Principe d’exhaustivité
Ce principe - logique dans la conception de ces prestations subsidiaires - appelle
deux séries d’observations.

Dispositions qui appellent un commentaire


 Les biens actuels mobiliers et immobiliers… sont réputés procurer à
l’allocataire un revenu évalué à 3 % de leur valeur vénale fixée à la date de
la demande.
 Deux dispositions tempèrent cette règle :
• la résidence principale n’est pas retenue. Cette exception au principe
d’exhaustivité concerne une partie des 16 % d’allocataires (qui sont
propriétaires immobiliers). Son effet n’est pas négligeable ; ainsi le
MV baisserait de 188 euros par mois s’il « valorisait » une résidence
principale d’une valeur vénale de 75 000 euros.
 Le sort des donations :
• les donations faites aux descendants au cours des cinq années précédant
la demande sont réputées procurer le revenu de 3 % précité (1,5 % pour
les donations entre cinq et dix ans) ;

12 Toutefois en cas de séparation de fait avec résidence distincte et pour les personnes séparées de corps, les
ressources sont appréciées comme pour les célibataires.

• 95
LE PRINCIPE DE SUBSIDIARITÉ : PORTÉE, INSTRUMENTS, CONTROVERSES

• les donations faites à d’autres personnes que ses descendants au cours


des dix années précédant la demande sont réputées apporter à l’allocataire
une rente viagère, calculée à la date de la demande suivant les tables de
mortalité et le taux d’actualisation de référence figurant dans l’arrêté pris
pour l’application du dernier alinéa de l’article R 931-10-17.

Exceptions notables - et pertinentes - à la règle d’exhaustivité intégrale


 Les prestations familiales.
 La prestation complémentaire pour recours à tierce personne.
 L’allocation de logement.
 Les revenus professionnels avec une clé de calcul assurant des gains
substantiels au maintien en activité par un abattement sur ces revenus.

b.2/ Obligation alimentaire


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Selon l’article R 815-30 « le service liquidateur détermine le montant de l’alloca-
tion de solidarité aux personnes âgées compte non tenu de l’aide que lui apportent ou
sont susceptibles de lui apporter les personnes tenues à l’obligation alimentaire ».

b.3/ Récupération tempérée sur la succession


La récupération opérée sur l’actif net de l’allocataire à son décès
Elle est contenue par quatre règles.

Un plafonnement annuel de la prestation récupérable


La créance annuelle retenue est plafonnée à une valeur significativement infé-
rieure au plafond de l’ASPA de l’année considérée soit 7 732 euros (67 % du montant
maximum du minimum) pour une personne seule en 2023). Comme en euros courants
ce plafond augmente avec le temps, la créance finale sera donc inférieure au plafond
de l’année qui précède le décès.
Selon la CNAV13, 25 % des bénéficiaires (régime général) perçoivent un montant
mensuel supérieur à la limite au-delà de laquelle les sommes ne sont plus récupérables.

Dispersion des montants mensuels versés (MV et ASI


au 30 novembre 2019)

 Moins de 100 euros : 9,1 % ;


 300 à 500 euros : 27,8 % ;
 500 à 700 euros : 30,9 % ;
 700 à 900 euros : 11,9 %.

13 Bellavoine-Gaessler, C., et Breuil, P., Retraite et Société n° 89.2022-2.

96 •
DÉCEMBRE 2023 • N°62

La partie récupérable représente 84 % des sommes perçues. Ce sont donc 7 % de


l’ensemble des sommes versées qui ne sont pas récupérables.

La garantie d’un actif protégé


Le recouvrement s’exerce sur la partie de l’actif net successoral qui excède un
seuil dont le montant est fixé par décret. Il ne peut donc avoir pour conséquence
d’abaisser l’actif net au-dessous de ce montant garanti.
Ce montant est resté stable entre 1982 (250 000 anciens francs soit 3 841 euros)
et 2017, où il est porté à 39 000 euros14. Sur cette période, le nombre de récupérations
aurait donc augmenté dans l’hypothèse où l’actif net des allocataires du minimum
vieillesse aurait augmenté en euros courants.
Il est porté à 100 000 € tous départements en 2023. Ce montant sera désormais
revalorisé comme l’inflation.
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Une définition favorable du capital pris en compte pour les exploitants agricoles
Lorsque la succession du bénéficiaire comprend un capital d’exploitation agri-
cole, ce dernier ainsi que les bâtiments qui en sont indissociables ne sont pas pris
en compte. C’est un élément majeur compte tenu du montant élevé du capital net
des exploitants. L’adoption de cette règle a incontestablement augmenté le recours au
minimum vieillesse.

Le différé de récupération sur la part de succession attribué au conjoint survivant,


le concubin ou le partenaire d’un PACS jusqu’à son décès
Il en est de même pour les héritiers qui étaient à la charge de l’allocataire.

Portée et incidence financières du système de récupération


Effet direct
La situation actuelle
L’effet est limité parce que le nombre de bénéficiaires dont l’actif net majoré de la
créance recouvrable est supérieur à 39 000 euros est vraisemblablement très faible.
Certes, 16 % d’entre eux sont propriétaires de leur logement et sont donc poten-
tiellement concernés sauf si leur bien immobilier est de très faible valeur.
Mais d’un autre côté, comme il y a une forte corrélation entre actif successoral et
revenu, on peut penser que les allocataires du MV ont un actif net très inférieur à celui
de l’ensemble des personnes âgées.
Selon une étude précitée, pour une durée de service de 9,3 ans et une allocation
moyenne de 388 euros par mois15, la somme recouvrable finale serait de 43 068 euros.
On ne récupère donc intégralement cette mise que pour un patrimoine net au moins
égal à 72 680 euros.

14 100 000 euros de façon progressive dans les DOM.


15 Cette convention surestime la créance parce qu’elle est calculée sur la valeur du plafond de l’année du décès
et non sur la succession des plafonds depuis l’ouverture du droit

• 97
LE PRINCIPE DE SUBSIDIARITÉ : PORTÉE, INSTRUMENTS, CONTROVERSES

Les recettes en récupération à la CNAV (2018/2019) sont de 75 millions d’euros


soit 7,5 % des attributions de l’année. Mais on n’a d’indication ni sur la fréquence des
récupérations ni sur le montant moyen de la récupération. Sur trois hypothèses de
récupération moyenne, la recette précitée correspondrait à un effectif de 7 500 allo-
cataires pour une récupération de 10 000 euros soit 32 % des décès ; de 3 750 alloca-
taires pour une récupération de 20 000 euros (16 % des décès) et 2 500 allocataires
pour récupération moyenne de 30 000 euros (11 % des décès).

La situation pour 2024


En portant la garantie de patrimoine à 100 000 euros, on écrase le nombre de
bénéficiaires pour lesquels il y aura récupération partielle ou totale puisque le nombre
de succession où l’actif net dépasse 100 000 euros est très faible.
Lors du débat parlementaire, on a conventionnellement estimé que la perte de
recettes serait de la moitié des recettes actuelles.
Si la nouvelle donne en matière de récupérations diminuait le non-recours, il y
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aurait un rebond des effectifs avec en conséquence une augmentation de la dépense.
Cet effet indirect n’a pas été chiffré.
16
Que sait-on du non-recours ?16

Étude DREES pour 2016 :


 forte fréquence : une personne éligible sur deux n’y recourt pas ;
 montant non négligeable (pour l’essentiel intégralement recouvrable
parce que montant inférieur au plafond annuel) : 205 euros par mois
contre 337 euros pour les recourants ;
 enjeu budgétaire : 790 millions d’euros pour les personnes seules ; 1
million, tous allocataires ;
 facteurs analysés dans l’étude de la DREES ;
• (très heureusement) le taux de non-recours est d’autant plus faible
que le montant attendu est élevé. 77 % pour un montant attendu
inférieur à 100 euros par mois ;
• le non-recours est le plus élevé pour les personnes devenues
éligibles, car leurs ressources ont moins augmenté que le barème
d’une part, à la suite d’un veuvage, d’autre part ;
On ne sait pas dans quelle mesure la récupération sur succession amène des
allocataires potentiellement éligibles à l’APSA par leurs ressources à y renoncer.
Mais cet élément est très fréquemment avancé.

16 Le non-recours au minimum vieillesse des personnes seules. Les dossiers de la DREES. N° 89. 2022_2

98 •
DÉCEMBRE 2023 • N°62

IV.2/ Aide à domicile

a- Le système actuel de l’aide à domicile « stricto sensu »


On ne traite ici que de l’octroi des services ménagers (l’allocation simple étant
de facto le fait d’étrangers qui, compte tenu de leur nationalité et en l’absence d’une
convention de sécurité sociale avec leur pays d’origine ne peuvent prétendre l’alloca-
tion spéciale).
L’enjeu est désormais limité depuis la création de la PSD et de l’APA.

a.1/ Le cadrage législatif national est limité et les Départements ont une large
marge de manœuvre
C’est notamment le cas pour le nombre d’heures, le montant de la prestation, les
conditions de ressources et les modalités d’application du principe de subsidiarité.
On combine donc une aide légale, opposable aux départements, et des aides
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extra-légales.

a.2/ L’aide à domicile n’est pas cumulable avec l’APA

a.3/ Nature et montant de la prestation


Elle est ouverte à 65 ans (sauf inaptitude au travail).
Elle peut être versée en espèces ou en nature, avec une préférence pour ce dernier
mode d’intervention qui se traduit par l’exigence d’un refus exprès du mode presta-
taire pour obtenir une aide en espèces17 d’une part, le niveau de dépense consentie,
d’autre part.
La condition de ressources est assez stricte (les ressources des bénéficiaires
doivent être au plus égales au minimum vieillesse). Mais les règlements départemen-
taux prévoient souvent des conditions plus généreuses.

a.4/ L’application du principe de subsidiarité est limitée


Aide « supposée »
Pour bénéficier des prestations légales, il est nécessaire qu’aucune personne
vivant au foyer ne soit en mesure de fournir elle-même une aide ménagère et l’aide
peut être refusée si le demandeur vit à proximité immédiate d’un membre de sa
famille en mesure de lui apporter une aide matérielle.

On ne fait pas jouer l’obligation alimentaire pour ne pas dissuader les personnes
âgées de recourir à la prestation

17 Inspiration parallèle - et plus stricte - dans l’APA « affectée, sauf refus exprès de l’allocataire, à la rémunération
d’un service prestataire pour les personnes 1° les personnes nécessitant une présence régulière du fait de
la détérioration de leur état physique ou intellectuel ou en raison de leur insuffisance d’entourage familial et
social ; 2° les personnes classées en GIR 1 ou 2. »

• 99
LE PRINCIPE DE SUBSIDIARITÉ : PORTÉE, INSTRUMENTS, CONTROVERSES

La récupération sur succession


Elle intervient lorsque l’actif net successoral dépasse 46 000 euros (montant voisin
de celui - 39 000 euros - utilisé pour le minimum vieillesse jusqu’en 2023).
Mais les Départements peuvent choisir des références plus généreuses (par
exemple, 76 225 euros à Paris).

b- De la PSD à l’APA
On se borne à souligner les traits marquants de cette évolution.

b.1/ PSD
Elle offre une aide légale pour les allocataires classés en GIR 1 à 3

La prestation est d’un montant significatif


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Application du principe de subsidiarité
 On ne retient pas l’obligation alimentaire.
 La récupération sur succession n’intervient que pour les actifs nets
supérieurs à 46 000 euros. Son incidence est limitée (compte tenu de la
durée de perception de la prestation et de son montant).
Bien qu’elle soit limitée, la subsidiarité de la PSD a pesé sur le taux de recours.

b.2/ L’APA
Un fort élargissement du champ
 Ou ouvre l’allocation aux personnes en perte d’autonomie classées en GIR
4.
 On supprime les règles de subsidiarité. On assume ce principe malgré
des propositions de loi tendant à réintégrer partiellement le principe de
subsidiarité (propositions de loi Vasselle et Rosso-Debord prévoyant une
option entre le service de la prestation à taux plein assorti de la récupération
et une prestation à taux réduit sans récupération).

Avec l’ouverture aux GIR 4 et la régression des règles de subsidiarité, on enregistre


une forte poussée de la dépense

IV.3/ L’aide sociale à l’hébergement (ASH) des personnes en


perte d’autonomie

C’est la prestation qui retient une mise en œuvre effective et étendue de l’obliga-
tion alimentaire et du recours en récupération dès le premier euro.

100 •
DÉCEMBRE 2023 • N°62

Elle concerne potentiellement près de 75 % des 600 000 personnes hébergées,


celles dont les ressources courantes dépassent les frais de la section d’hébergement
(1 731 euros par mois de tarif médian pour une personne seule). Pour couvrir l’écart
entre ce coût et leurs ressources, elles peuvent alors puiser sur leur épargne, s’en-
detter et liquider une partie de leur patrimoine. Elles peuvent bénéficier du soutien
financier spontané de leurs proches. In fine, elles peuvent recourir à l’ASH.
Dans ce cas, le Département leur verse la différence entre le coût de la section
d’hébergement (et souvent d’autres dépenses) d’une part et la totalité de leurs revenus
et de l’apport des obligés alimentaires d’autre part en leur laissant une somme mini-
male pour leurs dépenses personnelles.

a- L’ASH, une aide opportune mais critiquée


a.1/ L’ASH a un double mérite
Comme indiqué par Fontaine et Fragonard18 dans l’article précité de la RDSS,
« l’ASH « rend » l’Ehpad accessible aux personnes en perte d’autonomie n’ayant pas
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les ressources individuelles et familiales suffisantes. Elle permet aux résidents dispo-
sant d’un patrimoine suffisant mais non liquide (le patrimoine immobilier) de bénéfi-
cier d’une aide financière pouvant être assimilée à un prêt à taux zéro remboursé au
décès en tout (lorsque la valeur du patrimoine est supérieure aux sommes « avan-
cées » de l’ASH) ou partie (sa valeur est inférieure à ces sommes). La récupération sur
succession est finalement proche d’un prêt viager hypothécaire. Dans les deux cas, et
à la différence d’une vente en viager, la personne âgée conserve la pleine propriété de
la résidence principale (où son conjoint vit le plus souvent). Deux différences majeures
rendent cependant l’ASH plus attractive : le prêt se fait à un taux nul ; le montant du
prêt n’est pas limité par la valeur du bien hypothéqué, le département portant le
risque d’insolvabilité.

a.2/ Mais elle est critiquée


Pour certains, il convient de supprimer le principe de subsidiarité contraire à l’évo-
lution de la protection sociale.
Pour d’autres qui admettent le principe de subsidiarité, il faut corriger l’excessive
dureté des modalités de sa mise en œuvre, notamment parce que la récupération sur
succession intervient au premier euro, que son montant peut être élevé et qu’elle peut
absorber intégralement l’actif net successoral, privant les personnes âgées les plus
modestes - celles, notamment les femmes, qui pâtissent du niveau de retraites encore
insuffisant - de laisser à leur décès un peu de biens à leurs enfants.

b- Le cadre juridique et la gouvernance de l’ASH


Les règles générales sont définies par la loi. Mais les Départements qui la financent
ont une marge d’autonomie dans leur mise en œuvre, d’où des variations significatives.
Les départements ont des responsabilités spécifiques, notamment celle de « cali-
brer » le parc habilité à l’aide sociale et de le tarifer.

18 La variété des applications du principe de subsidiarité. RDSS mars-avril 2021.

• 101
LE PRINCIPE DE SUBSIDIARITÉ : PORTÉE, INSTRUMENTS, CONTROVERSES

c- Données chiffrées
 On compte 122 000 allocataires fin 2019, un cinquième des résidents et
27 % des résidents dont les ressources courantes sont inférieures aux
coûts de leur hébergement.
 La dépense brute d’ASH est mal connue du fait de disparités dans le mode
de comptabilisation des recettes d’obligation alimentaire. Elle serait de
l’ordre de 2,5 milliards d’euros soit 1 700 euros par mois et par résident
bénéficiaire.
 Les dépenses nettes des départements après obligation alimentaire et
récupération sur succession s’élèvent en 202 à 1,3 milliard d’euros soit
869 euros par mois et par bénéficiaire.

d- Un enjeu budgétaire
La suppression du principe de subsidiarité aurait un coût élevé qui additionnerait :
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 la perte des recettes précitées ;
 les dépenses d’ASH liée à l’augmentation du taux de recours ;
Le Conseil de l’âge du HCFEA a estimé le coût d’une telle réforme à 6 milliards
d’euros.
Dans la situation actuelle des finances publiques et compte tenu de l’augmentation
- forte et souhaitable - des coûts des EHPAD19, assumer cette charge est problématique.

e- Voies de réforme
Deux approches sont concevables.
Dans la première, on garde pour l’essentiel, le principe de subsidiarité de l’ASH,
mais on en restreint le champ.
Dans la seconde, on aménage l’ASH pour en diminuer la « dureté » pour les
ménages concernés.
On trouvera une analyse plus complète de ces réformes dans le rapport du Conseil
de l’âge20.

e.1/ Restreindre l’assiette de l’ASH


Supprimer la charge que les résidents supportent au titre de la « section
dépendance »
C’est, dans l’essentiel des départements, la part de la dépense qu’on facture
aux résidents indépendamment de leur revenu (le « talon ») : 170 euros par mois en
moyenne (un tiers des dépenses de la section, les deux tiers restants étant pris en
compte par le Département au titre de l’APA).

19 Pour l’essentiel, augmentation du taux d’encadrement et amélioration des conditions de travail et de


rémunération des personnels.
20 Rapport du Conseil « l’obligation alimentaire, le recours sur succession et leur mise en œuvre dans le cadre de
l’aide sociale à l’hébergement ». 20/7/2029

102 •
DÉCEMBRE 2023 • N°62

La charge financière pour les départements sur les bases actuelles serait supé-
rieure à un milliard d’euros. La réforme profiterait à tous les résidents, même les plus
aisés à l’exception - fréquente - des bénéficiaires de l’ASH lorsque le département
« prend » déjà à sa charge leur talon.

Attribuer à tous les résidents une aide publique


Actuellement, les aides à la charge de l’État (la réduction fiscale21 et l’allocation de
logement22) sont d’un faible montant. Elles concernent surtout les ménages les plus
modestes et les plus aisés, les résidents de revenu intermédiaire ne les percevant pas.
Généraliser et augmenter l’aide publique aurait pour conséquence d’alléger la
charge de tous les résidents, et pour les recourants à l’ASH - dont la situation serait
inchangée puisque l’aide, comptée comme ressource, serait « récupérée » par le
Département - la nouvelle prestation diminuerait la part des dépenses soumise à obli-
gation alimentaire et récupération sur succession.
Bien entendu, le bilan pour les ménages variera très sensiblement selon le
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montant et le profil de la nouvelle prestation (forfaitaire ou diminuant avec le revenu).
Attribuer une aide forfaitaire de 300 euros par mois coûterait 1,5 milliard d’euros
net à la charge de L’État (coût limité puisque l’attribution de la nouvelle prestation
s’accompagne de la disparition des aides actuelles). Majorer cette prestation aurait un
coût de 700 millions par tranche de 100 euros par mois.
Pour les Départements, l’opération serait (quasi) neutre pour les bénéficiaires
actuels de l’ASH. Ils supporteraient par contre la dépense liée à l’augmentation du
taux de recours à l’ASH par des ménages qui, voyant diminuer les sommes « récu-
pérables » sur leurs obligés alimentaires puis sur leur succession, se porteraient
demandeurs de l’ASH.

e.2/ Réformer l’ASH pour en diminuer « l’excessive dureté »


Restreindre le périmètre de la subsidiarité
Comme le proposait le CAE en 2016, il s’agirait de limiter le champ de la subsidia-
rité aux dépenses de « gîte et couvert » évaluées à l’époque à 90 % de l’ASPA. Le solde
- qui correspond aux limitations fonctionnelles des résidents - ne serait assujetti ni à
obligation alimentaire ni à récupération sur succession. Cette charge augmenterait
avec un coût direct et un coût indirect si la réforme boostait le taux de recours à l’ASH.

« Caper » les sommes récupérables sur la succession


À l’instar du minimum vieillesse, la récupération ne pourrait pas faire passer
l’actif net successoral au-dessous d’un plancher. Sur la base d’une durée moyenne
de séjour en EHPAD et d’un montant moyen d’ASH, la somme récupérable serait très
inférieure au plancher concerné (100 000 euros). Seules feraient l’objet d’une récupé-
ration (totale ou partielle) les très rares successions de résidents les plus modestes (le
21 Réduction d’impôt égale à 25 % de la dépense dans la limite d’un plafond fixé à 10 000 euros. Elle varie selon
le revenu net imposable entre un minimum d’un euro pour les ménages qui commencent à payer l’IR (seuil
d’imposition pour une part : 1 364 euros par mois) et au maximum 208 euros par mois pour les contribuables
les plus aisés.
22 Au maximum de 260 euros par mois pour les résidents les plus modestes, l’allocation diminue avec leur
revenu pour disparaître pour un revenu proche du SMIC (c’est le « point de sortie »).
• 103
LE PRINCIPE DE SUBSIDIARITÉ : PORTÉE, INSTRUMENTS, CONTROVERSES

montant de leur ASH est élevé) 1° qui ont séjourné de très longues durées en EHPAD
et 2° ont un actif net supérieur à 100 000 à 150 000 euros.
La réforme serait coûteuse puisqu’elle provoquerait - outre la perte des recettes
actuelles de récupération - une augmentation massive du taux de recours.

Supprimer la mise en œuvre de l’obligation alimentaire et du recours en récupéra-


tion au-delà d’une certaine durée : un bouclier contre le risque de longévité
Ce schéma déjà étudié en 2011 a été proposé par le Conseil de l’âge et le rapport
Libault.
Sa logique est de garantir les familles contre le risque de longévité du résident.
Avec ce « bouclier », l’obligation alimentaire et la récupération sur succession
seraient, pour le Conseil de l’âge, limitées à trois ans pour l’ensemble des résidents
quel qu’en soit le GIR.
Compte tenu de la répartition de la durée des séjours dans les EHPAD, un nombre
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significatif de résidents serait concerné. La dépense pour les Départements serait
de l’ordre de un milliard d’euros, somme qu’il faudrait augmenter si des ménages
« rassurés » par cette garantie demandaient à bénéficier de l’ASH, ce qui augmente-
rait le taux de recours.

Définir des règles opposables nationales qui améliorent la situation des résidents
admis à l’ASH
Elles pourraient porter sur :
 la prise en charge de dépenses que les résidents supportent (frais de
mutuelle, impôts locaux…) qui pèsent lourdement sur leur « reste à vivre ».
C’est un mouvement bien avancé par une majorité de Départements ;
 l’obligation alimentaire avec notamment l’adoption d’un barème définissant
la contribution des obligés augmentant avec leur revenu et la suppression
de l’appel aux petits enfants23 ;
 le reste à vivre qui pourrait être porté de 10 à 15 % des ressources du
résident avec un minimum de 1,5 % ou 20 % de l’ASPA (soit 136 ou
183 euros par mois).

V- CONCLUSION
 1) Il n’est pas envisageable de supprimer la possibilité de faire jouer
l’obligation alimentaire dans les rapports entre personnes.
 Il est d’ailleurs logique d’assister les créanciers dans leurs démarches (avec
l’aide juridictionnelle, le soutien de conseils juridiques ou l’intervention des
Caisses d’allocations familiales).

23 C’est déjà le cas dans de nombreux départements.

104 •
DÉCEMBRE 2023 • N°62

 2) Les dispositions concernant les liens entre les prestations des familles
monoparentales et les créances d’aliments sont cohérentes.
 3) S’agissant des personnes âgées,
• pour l’ASPA, la résorption prononcée de la récupération sur succession
avec l’élévation de l’actif successoral « sanctuarisé » rend envisageable
sa suppression : la dépense directe en cause est marginale ; la dépense
indirecte liée à l’augmentation du taux de recours est limitée24.
•
la réforme éventuelle de l’aide à l’hébergement est autrement plus
difficile, ne serait-ce qu’à cause de l’enjeu budgétaire. Elle ne saurait pas
venir en concurrence trop caractérisée avec l’augmentation nécessaire et
importante des dépenses des Ehpad.
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24 Encore faudrait-il mieux comprendre les raisons du non-recours.

• 105

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