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Les plafonnements de taux d'intérêt en microfinance

servent-ils réellement les pauvres et petits opérateurs


économiques ?
Denis H. Acclassato
Dans Mondes en développement 2008/1 (n° 141), pages 93 à 109
Éditions De Boeck Supérieur
ISSN 0302-3052
ISBN 9782804158033
DOI 10.3917/med.141.0093
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Les plafonnements de taux d’intérêt en
microfinance servent-ils réellement les pauvres
et petits opérateurs économiques ?
Denis H. ACCLASSATO 1

D ’aucuns pensent que dès lors que le crédit est rationné, son coût
importe peu. En effet, l’une des hypothèses avancées est celle d’une
demande de crédit très peu élastique au taux d’intérêt pour des populations
jusque-là rationnées. Dans ces conditions, les coûts élevés du crédit en terme
de taux d’intérêt effectif ne déterminent plus la demande du crédit (CGAP,
1997 ; Morduch, 1999). Cela explique, en partie, la persistance d’une demande
de crédit à des coûts élevés dans les institutions de microfinance (IMF). Pour
certains, il est normal que le risque élevé que constitue la clientèle des IMF et
les coûts associés aux faibles montants de crédit soient compensés par des taux
d’intérêt élevés. Si effectivement cette frange compte parmi les plus risquées du
marché, le taux d’intérêt calculé sur leur risque moyen deviendrait plus élevé
que celui des banques classiques (Baudassé et Lavigne, 2000)2. De tels niveaux
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de taux d’intérêt ont amené beaucoup de décideurs politiques à instaurer un
plafonnement des taux. Environ une quarantaine de pays en développement,
ou en transition, ont imposé des contraintes ou des mesures similaires sur les
taux d’intérêt (CGAP, 2004). Dans l’Union Économique et Monétaire Ouest
Africaine (UEMOA), ce plafonnement est de l’ordre de 27% pour les
institutions de microfinance. Les pratiques bancaires actuelles montrent que
plusieurs institutions de microfinance de l’union ne respectent pas ce seuil
d’usure (World Bank, 2004 ; Ouattara, 2003 ; Montalieu, 2002). Pourquoi ces
taux élevés persistent-ils dans des institutions censées aider les pauvres, et cela,
malgré la mise en place d’un cadre réglementaire ? Existe-t-il une alternative au
cadre réglementaire de protection ?
L’objectif de cette étude est de montrer qu’un plafonnement des taux d’intérêt
peut nuire non seulement aux institutions de microfinance mais également aux
petits opérateurs économiques et aux pauvres en les privant des services

1
Laboratoire d’Économie d’Orléans (LEO) et FASEG/Université d’Abomey-Calavi, Bénin,
denacl_bj@yahoo.fr
2
Cette hypothèse suppose que les banques ont sélectionné les meilleurs risques parmi les
bons (voir Baudassé et Lavigne, 2000).

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financiers et en les poussant vers les prêteurs informels. Cet article est organisé
en quatre parties dont la première expose les arguments théoriques relatifs à
l’instauration d’un seuil d’usure. La deuxième présente les pratiques de taux
d’intérêt dans les IMF, ainsi que les raisons qui justifient ces niveaux de taux.
La troisième partie expose les problèmes que posent les taux d’intérêt
subventionnés. La quatrième partie propose des alternatives au plafonnement
des taux.

1. FAUT-IL UNE LÉGISLATION SUR L’USURE ?


LES ARGUMENTS THÉORIQUES
Le taux d’usure est le taux effectif global (TEG) maximal d’intérêt admis pour
les opérations de crédits. Il est calculé en tenant compte de l’amortissement de
la créance, auquel s’ajoutent les frais, les rémunérations de toute nature
intervenues dans l’octroi du prêt, ainsi que les coûts d’opportunité des fonds
engagés (fonds de garantie, commissions diverses…). Le taux d’intérêt d’usure
est fixé à 27% pour les IMF et à 18% pour les banques exerçant dans
l’UEMOA3. Cette issue légale n’est pas la seule. Il existe des plafonnements "de
fait", non édités dans une loi (bancaire, civile, ou encore commerciale) et
consistant en une pression politique et/ou suscités par le besoin de
concurrencer par le biais de programmes gouvernementaux de crédits
largement subventionnés. L’objectif avoué de ces programmes est de maintenir
le taux d’intérêt à un niveau bas. On rencontre de telles mesures en Chine, au
Laos et au Vietnam. Les arguments qui motivent ou rejettent un plafonnement
des taux d’intérêt sont fournis par les travaux de Glaeser et Scheinkman (1998),
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Baudassé et Lavigne (2000) et Diatkine (2002).
Les auteurs les plus radicaux contre une législation sur l’usure sont les
économistes libéraux. L’instauration d’un taux d’usure est contre la liberté des
marchés. La fixation d’un taux d’intérêt au-delà duquel il n’est pas possible de
prêter l’argent est une intervention dans le mécanisme de marché. Cette
intervention est nuisible à deux points de vue. Le premier concerne l’optimum
de Pareto qui ne pourra plus être atteint. En effet, en interdisant le prêt au-delà
du taux d’usure, on réduit non seulement la satisfaction des prêteurs mais aussi
celle de l’emprunteur qui se voit interdire l’accès à un emprunt sans qu’un autre
prêt à meilleur taux lui soit proposé. Pour le prêteur, l’imposition d’un taux
d’usure constitue une barrière à l’entrée sur ce segment de marché plus risqué,
et certainement plus profitable4 pour des IMF qui maîtrisent la sélection et le
contrôle de risque sur ce segment. Cette barrière profite aux IMF installées qui
sont ainsi protégées contre des concurrents potentiels5.

3
Pour les détails et le mode de calcul, voir Ledgerwood (1999).
4
Si le coût opératoire est très élevé par rapport à la taille de l’IMF et des crédits octroyés, la
profitabilité sera moindre.
5
Voir Baudassé et Lavigne (2000) pour les hypothèses de base de ce raisonnement.

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La deuxième distorsion introduite par l’instauration d’un taux d’usure est que
les mauvais risques peuvent être exclus du crédit si les prêteurs disposent des
capacités de discernement entre ‘‘bon risque’’ et ‘‘mauvais risque’’. Tout
individu présentant une probabilité de non-remboursement supérieure à celle
correspondant au taux d’usure sera exclu du prêt. Dans la pratique, les
institutions de prêt globalisent le risque en proposant un taux couvrant le
risque moyen. Ce taux, fixé en dessous du seuil d’usure, a l’avantage de ne plus
exclure les mauvais risques et de compenser les pertes par les excédents des
bons risques. Ainsi, les prêteurs qui ne discriminent pas se verraient repoussés
sur les segments les plus risqués du marché. Sur ces segments, le taux de risque
moyen calculé serait de plus en plus élevé. Il sera difficile de couvrir les coûts si
le seuil d’usure doit être respecté. Les prêteurs de ce segment finiront par
choisir de dépasser le seuil légal ou opteront pour une sélection de clients en
fonction de leur risque à priori, à moins de préférer disparaître. L’instauration
d’un seuil d’usure effectif conduit donc à l’exclusion des emprunteurs les plus
risqués. Dans les cas où les formes de garanties sont non traditionnelles, une
recherche des emprunteurs non risqués peut conduire à l’exclusion des
pauvres. En effet, face à des taux plafonnés, les IMF se retirent des segments
de marchés plus coûteux, notamment les milieux ruraux, car elles ne peuvent
plus couvrir leur coût opératoire. Ce retrait ralentit leur développement et
décourage l’expansion du crédit. Comme les IMF, les banques cesseront
également leurs activités de microcrédit sur ces segments devenus plus
coûteux. En définitive, les taux d’intérêt plafonnés affectent les pauvres en
limitant leur accès aux services financiers, ce qui contribue à creuser davantage
les inégalités. Les plafonnements découragent également la formalisation des
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IMF semi-formelles6 ou l’arrivée de nouvelles IMF sur des segments tout à fait
nouveaux. Une étude réalisée en 2003 sur 23 pays appliquant des
plafonnements et sur 7 pays sans plafonnement de taux ou plafonnement avec
peu d’effet sur le microcrédit a montré, pour les premiers, un taux de
pénétration de 4,6%, contre 20,2% pour les seconds (Christen et al., 2003).
Malgré ces effets, pourquoi certains préfèrent-ils une législation sur l’usure ?
C’est paradoxalement Adam Smith, l’un des grands libéraux qui apporte une
justification analytique au plafonnement des taux. L’argument de cet auteur
vient à la suite de celui des scolastiques qui bien que reconnaissant le motif
légitime de l’intérêt (le risque, le coût d’opportunité et le coût de renonciation
du capital) dénoncent le pouvoir de négociation des prêteurs qui leur permet
d’imposer un taux excédant le prix juste. Adam Smith identifie deux types
d’emprunteurs : ceux à faible risque qui font un usage socialement productif de
l’argent emprunté et ceux à haut risque, qualifiés de dépensiers ou
d’aventuriers. Ces derniers sont disposés à payer un taux d’intérêt plus élevé à
cause de leur caractère prodigue ou savent qu’ils ne rembourseront peut-être

6
Il s’agit des sociétés, coopératives ou mutuelles légalement constituées mais menant la
microfinance en activité secondaire et qui échappent à l’autorité de supervision et de
contrôle des activités financières.

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pas. Si on ne fixe pas un taux d’usure, ou s’il est fixé très haut au-dessus du
taux d’intérêt le plus bas du marché, une part importante des ressources sera
prêtée aux individus de la deuxième catégorie qui en feraient un usage moins
bon que les individus de la première catégorie (Smith, 1950 et 1937 ; Diatkine,
2002). Adam Smith propose de fixer le seuil d’usure légèrement au-dessus du
taux le plus bas du marché pour ne pas exclure les meilleurs risques. Mais
l’argument qui perçoit la législation sur l’usure comme une assurance sociale
vient de Glaeser et Scheinkman (1998).
Ces auteurs distinguent les riches qui peuvent prêter et les pauvres qui doivent
emprunter. L’utilité marginale du revenu étant décroissante, elle est moins
élevée chez le riche (prêteur) et plus élevée chez le pauvre (emprunteur). Une
loi sur l’usure permet de transférer des ressources d’une communauté où son
utilité marginale est faible vers une communauté où son utilité marginale est
élevée. La loi sur l’usure joue ainsi le rôle d’une assurance sociale.
Curieusement, cet argument se rapproche de celui des libéraux qui cherchent à
préserver la liberté des transactions pour un optimum paretien où tous les
agents sont gagnants. Toutefois, pour Glaeser et Scheinkman, il semble exister
un seuil au-delà duquel les gains tirés de l’utilisation des ressources empruntées
ne compenseraient plus globalement les coûts y afférents. Les pauvres ont donc
un seuil au-delà duquel l’utilité marginale du capital ne serait plus optimale. Si
les pauvres empruntaient au-delà de ce seuil, ils se ruineraient au profit des
prêteurs, d’où l’imposition d’un seuil d’usure pour atteindre un équilibre
partiel7. En Afrique, comme en Asie, ces arguments ne présentent pas
nécessairement la même pertinence. Ceux qui recherchent activement le crédit
ne sont pas toujours dépensiers, quoique souvent pauvres et économiquement
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actifs. Le crédit représente habituellement pour eux l’ultime moyen de
financement. De même, la loi sur l’usure ne joue pas en Afrique comme en Asie
ce rôle de transfert entre communautés au sens de Glaeser et Scheinkman
(1998). La mobilité du capital permet à son détenteur d’en tirer le meilleur parti
ailleurs en minimisant le risque plutôt que chez les individus à faible revenu.
Mieux, à ce transfert social, il faut plutôt opposer le droit au crédit, dont
l’objectif dans les pays en développement est de faciliter l’accès à moindre coût
du crédit à un grand nombre de bénéficiaires jadis exclus du système classique
de financement. Le plafonnement du taux d’intérêt leur offrirait ainsi cette
opportunité due à leur faible capacité de remboursement du crédit. Cette
option rencontre cependant dans les pays en développement un obstacle de
taille à cause précisément de la prise en compte de la capacité de
remboursement. En effet, instaurer un plafonnement des taux pour des
institutions dont les clients ont des capacités de remboursement limitées revient
à forcer les institutions de microfinance à ne pas prendre pleinement en compte
la prime de risque que représente cette population et qui aurait normalement

7
Ce raisonnement tient compte d’un avantage de groupe et non d’un raisonnement par
individu qui peut encore révéler une possibilité d’amélioration de l’équilibre vers
l’optimum.

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entrainé un dépassement du seuil d’usure. À cela, il convient d’ajouter les


surcoûts opérationnels importants à couvrir et qui résultent des méthodologies
de proximité utilisées en microfinance. Les institutions de microfinance se
verraient contraintes d’allonger les délais de remboursement, ce qui les expose à
davantage de risques. Cette difficulté est toutefois compensée par la faiblesse du
cadre institutionnel (législations inapplicables ou non-appliquées). Des taux
d’intérêt nominaux bas ne protègent donc pas nécessairement les pauvres car
les États sont souvent incapables de faire respecter la législation sur l’usure.
Bon nombre d’institutions de microfinance ont cherché à la contourner en
imposant de nouvelles charges et de nouveaux coûts. Quand ces restrictions
« de fait » existent, les institutions financières essaient de les contourner en
alignant leur taux d’intérêt courant sur la norme prescrite, tout en y ajoutant
d’autres dépenses ou commissions. Les clients ne comprennent pas toujours,
ou ont peu d’aptitude à comprendre, que ces dépenses relèvent des coûts
imputables à l’opération d’emprunt. Cette absence de transparence affecte les
pauvres en réduisant leur aptitude à comparer les coûts des prêts et à opérer des
choix judicieux (CGAP, 2004).

2. PRATIQUES DE TAUX EFFECTIF GLOBAL ÉLEVÉ


DANS LES IMF : Y A-T-IL DES RAISONS AUTRES
QUE LES COÛTS OPÉRATOIRES ?
Il existe plusieurs modes de fixation du taux d’intérêt effectif applicable aux
prêts dans les institutions de microfinance. Le mode de détermination est
principalement motivé par la couverture des coûts. Généralement, les taux
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d’intérêt affichés sont fondamentalement différents des taux d’intérêt effectifs.
Les intérêts annoncés sont calculés soit sur le montant de capital restant dû,
soit sur la totalité du prêt avec paiement, anticipé ou non. À côté des intérêts,
certaines IMF exigent une commission entre 1 et 3% du prêt, prélevée au
moment du décaissement. Il existe, également, le scénario de constitution d’un
fonds de garantie pour la défaillance de l’emprunteur. Il est opéré à l’aide d’une
épargne volontaire ou forcée. Ce fonds est alimenté à chaque renouvellement
de prêt et constitue un gage pour la résolution partielle du problème de hasard
moral. Il permet également à l’IMF de diminuer les effets d’incitation adverse
au niveau des emprunteurs. Si l’épargne forcée est couplée au prélèvement
d’une commission, le taux effectif supporté par l’emprunteur est bien plus
élevé. Des scénarios similaires ont été développés en 1997 dans une étude
spéciale du groupe consultatif d’assistance aux pauvres (CGAP). Les résultats
en termes de taux d’intérêt effectifs supportés par l’emprunteur sont présentés
en annexe 1.
Les systèmes de prêt qui privent l’emprunteur d’une partie du montant
emprunté améliorent l’efficacité-coût des prêts pour l’IMF, dans la mesure où
le montant net prêté est plus faible que le montant utilisé pour calculer les
paiements d’intérêt. En revanche, ces systèmes de prêt contribuent à élever le

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niveau du taux d’intérêt effectif. Conformément à l’art. 25 de la loi PARMEC


sur les systèmes financiers décentralisés dans l’UEMOA, qui donne une liberté
aux IMF pour la définition et la conduite de leur politique de crédit, l’art. 13 du
décret d’application de la Loi8 précise que les taux d’intérêt applicables doivent
se situer dans la limite des plafonds fixés par la loi sur l’usure. Cette loi,
différente de la loi PARMEC et ratifiée par les assemblées des différents pays
de l’UEMOA, s’appuie sur le taux effectif global (TEG), en supposant usurier
tout prêt dont le TEG est supérieur à 27% l’an. Il est précisé que le calcul du
TEG intègre tous les prélèvements entrant dans le cadre de l’opération de prêt.
Dès lors, la plupart des institutions affiche un taux mensuel de 2 à 2,5% le
mois, auquel s’ajoutent toutes sortes de prélèvements. Le respect du seuil
d’usure n’est donc pas effectif dans nombre de pays de l’UEMOA. Le Bénin
est le premier pays de l’UEMOA où l’activité de microfinance est largement
développée (Ouattara, 2003). Le tableau 1 présente sept institutions de
microfinance recensées parmi les plus en vue au Sud du Bénin qui ont fourni
l’essentiel des informations collectées en 20029.
Tableau 1 : Comparaison entre taux d’intérêt affiché et taux d’intérêt actuariel
de quelques IMF au Bénin (en %)
Taux Taux
Gamme de prêts Taux annuel
IMF Garanties exigées mensuel actuariel
(FCFA) équivalent
affiché mensuel
1 50 000-500 000 Aval et caution solidaire 1,00 2,57 35,62
Aval, caution solidaire et
2 500 000-3 000 000 1,00 2,89 40,75
garantie réelle
3 1 000 000-3 000 000 Salaire, terrains 2,00 3,21 46,05
4 20 000-2 000 000 Terrain 2,00 3,48 50,80
5 50 000-500 000 Aval et caution solidaire 2,50 4,89 77,33
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Caution solidaire, aval,
6 10 000-5 000 000 2,00 3,74 55,37
terrain
Aval et caution solidaire,
7 10 000-5 000 000 2,00 2,53 35,0
terrain et équipement
Les IMF sont répertoriées par numéros pour respecter leur confidentialité.
NB : L’insuffisance de données n’a pas permis la généralisation de ce calcul à toutes les caisses des différents
réseaux.
Source : Données d’enquêtes, 2002

Les résultats montrent que les taux effectifs globaux peuvent aller jusqu’à 77%
dans certaines IMF et que ces taux sont tous supérieurs à 27%. Les IMF les
moins exigeantes en matière de garanties présentent les taux actuariels les plus
élevés, comme si les revenus d’intérêts élevés servaient à contrebalancer les
risques informationnels. Ces calculs des taux ne prennent pas en compte la
rémunération du dépôt initial ou des fonds de garantie (une sorte d’épargne
forcée) qui dans quelques rares cas sont rémunérés à des taux très faibles

8
La loi PARMEC qui intègre l’obligation pour les IMF de respecter le seuil d’usure et la loi
sur l’usure, elle-même ratifiée par les parlements des pays de l’UEMOA. Le décret
d’application de la loi PARMEC mentionné est celui promulgué par la Présidence de la
République du Bénin.
9
Il s’agit de PADME, FINADEV, CODES, MARITIME MICRO-FINANCE, MDB, CBEC
et de la FECECAM représentée par la CLCAM DANTOKPA.

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(généralement 1%). Ils n’intègrent pas non plus les formations préalables et
gratuites offertes par certaines IMF aux promoteurs avant le décaissement d’un
premier prêt (voir supra). Ces taux actualisés corroborent dans la littérature
ceux appliqués par d’autres institutions de microfinance. Beaucoup
d’institutions de microfinance dans les pays de l’UEMOA affichent des taux
effectifs excédant clairement la norme admise (Ouattara, 2003). Mieux, cette
pratique semble généralisée à l’échelle internationale. Montalieu (2002)
rapporte des taux d’intérêt nominaux de l’ordre de 48% en 1999 en Afrique de
l’Ouest, avec 84% au Mali en 1998. Wright et Alamgir (2004) nous rapportent
dans le tableau 2, les taux annuels opérés dans certains pays d’Asie.
Tableau 2 : Taux d’intérêt annuels appliqués par les banques commerciales, les
institutions de microfinance et les prêteurs informels
Pays (en %) Banques Institutions de Prêteurs informels
commerciales microfinance
Indonésie 18 28 – 63 120 – 720
Cambodge 18 ~ 45 120 – 180
11,5 (secteurs
Népal prioritaires) 18 – 24 60 – 120
15-18 (autres)
24 – 120
Inde 12-15 (PME) 20 – 40
(selon les districts)
Philippines 24 – 29 60 – 80 120 et plus
Bangladesh 10 – 13 20 – 35 180 – 240
Bénin (Afrique Ouest) 9 – 18 24 – 77 0 – 600
Source : Wright & Alamgir (2004), Acclassato et Honlonkou (2003) et Lelart (2000).

Les prêts à taux nuls au Bénin concernent les aides financières au sein des
familles ou entre membres de certaines communautés ou associations de
tontines, tandis que le taux de 600% correspond à un taux mensuel moyen de
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50%. Il apparaît qu’une limitation effective des taux d’intérêt à 27% semble
inappropriée. Si la supervision du taux d’usure était stricte, cela aurait rendu
impossible la pérennisation de l’activité de microcrédit ou, tout au moins,
aurait découragé l’approvisionnement des pauvres (Ouattara, 2003). Ces
résultats, en complet déphasage avec le seuil de l’usure, montrent qu’un
plafonnement rigoureux aurait restreint l’activité de microcrédit.
À titre d’exemple, un crédit de 10 000 francs CFA (environ 23 $), payable
normalement en dix échéances, octroyé pour la transformation de la farine de
blé en beignets, a occasionné pour une institution de microfinance au Bénin,
une dizaine de déplacements pour le suivi-remboursement correspondant à la
moitié du principal prêté, à raison de 500 francs par déplacement pour le
carburant. Les IMF ne supportent que très partiellement ces coûts, préférant
les transférer sur l’agent de crédit payé mensuellement, contrôlé et rémunéré,
en partie, sur la qualité de son portefeuille. En général, un prêt de $100 requiert
le même personnel et les mêmes ressources qu’un prêt de $1 000. Les agents
de crédit visitent les clients à leur domicile ou sur leur lieu de travail pour
évaluer leur capacité à rembourser à travers des interviews auprès des
références et de la famille du client. Ces déplacements permettent d’asseoir une
culture de remboursement et facilitent le suivi. En revanche, ils peuvent coûter

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100 Denis H. ACCLASSATO

environ $25. En terme relatif, ce montant représente 25% d’un prêt de $100
que l’institution doit récupérer pour couvrir ses coûts administratifs, ce qui se
traduit par des taux effectifs élevés (RDP, 2002). Ces crédits de faibles
montants foisonnent dans le portefeuille des IMF, sont géographiquement
dispersés et pour la plupart sans garanties réelles. Les institutions de
microfinance tentent généralement de limiter le nombre de prêts en les
groupant. Là encore, elles se heurtent de plus en plus au problème de
formation des groupes solidaires mécaniques, non bâtis sur une accumulation
suffisante de capital social censée régler les problèmes d’anti-sélection et de
hasard moral. On rencontre de telles expériences malheureuses au Bénin avec
les Tout Petits Crédits aux Femmes (TPCF) de la FECECAM et sur la période
2000-2003 avec PADME (Honlonkou et al., 2006). Certaines caisses du plateau
Dogon au Mali ont également fait face à ces difficultés. On observe d’ailleurs
des IMF qui offrent de plus en plus des crédits de montants élevés ou qui
augmentent par là même le crédit minimum, passant de 10 000 francs CFA à
20 000 ou simplement à 50 000 francs. Mais ces éléments ne justifient pas à
eux seuls les taux effectifs élevés. Hormis les coûts directs, on peut
raisonnablement énumérer trois coûts indirects supportés par les bénéficiaires
de crédit et qui contribuent à élever le taux d’intérêt effectif. Il s’agit de coûts
résultant de la formation des bénéficiaires, de l’absence de transparence et de
l’inefficacité des IMF.
Traditionnellement, la formation du capital humain revient à l’État. Celui-ci
met en œuvre la politique d’éducation et d’alphabétisation des adultes. Les
populations majoritairement analphabètes ne sont pas formées pour apprécier
la qualité des services financiers. Une bonne compréhension des services
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financiers requiert des connaissances et des aptitudes pour opérer un choix.
Mahajan et Ramola (1996) ont constaté que sur 600 bénéficiaires de prêts en
Inde, 92% ne connaissent pas le taux d’intérêt, 28% ignorent le montant à
rembourser et 29% ne connaissent pas le solde du principal à rembourser. Les
IMF, conscientes de ce minimum indispensable pour les bénéficiaires, se sont
impliquées dans cette tâche qui n’est traditionnellement pas la leur. L’objectif
des IMF est double. Tout en recherchant des solutions aux problèmes liés à
l’asymétrie d’information pour sécuriser leurs activités, elles apportent leur aide
technique dans la formation des petits opérateurs économiques. Elles le font
car cela participe à l’amélioration de la bonne gestion des crédits qu’elles
doivent recouvrer. Elles ne sont pas tenues de révéler aux clients toutes les
informations qui permettraient un choix optimal, y compris sur l’offre des
produits des concurrents. Or ces informations sont nécessaires pour opérer un
choix rationnel basé sur un meilleur rapport qualité/prix des offres en
présence.
L’éducation financière a pour rôle capital le renforcement des capacités des
pauvres et petits opérateurs économiques à devenir proactifs, utilisant
l’information et les ressources pour renforcer leur sécurité économique. Pour
eux, la bonne gestion financière reste un objectif difficile du fait des tensions à
la fois permanentes et urgentes sur la trésorerie et le chiffre d’affaires (CGAP,

Mondes en Développement Vol.36-2008/1n°141


Les plafonnements de taux d’intérêt en microfinance 101

2004). Seulement, cette formation a un coût qui est répercuté sur le crédit. La
formation du capital humain est essentielle, non seulement pour les finances,
mais également pour la gestion des petites unités économiques. Cependant,
cette tâche revient en priorité à l’État et aux associations d’entraide qui devront
trouver les ressources nécessaires pour accompagner les bénéficiaires de crédit.
La deuxième catégorie de coût indirect supporté par les bénéficiaires est liée à
la non-transparence des offres aggravée par une supervision faible ou non
effective de l’autorité de régulation. En contournant la réglementation sur
l’usure par l’accroissement d’autres frais financiers, les IMF renchérissent ainsi
le taux d’intérêt effectif, ce qui rend cette contrainte du législateur non
effective (Hinkatin, 2001, Acclassato et Honlonkou, 2003). L’instauration d’un
système d’épargne forcée (fonds de garantie…) non rémunérée ou très
faiblement rémunérée participe également de cette stratégie. Parfois, cette
absence de transparence provient de la loi sur l’usure qui n’est pas
suffisamment explicite sur la définition de l’usure, de la méthode uniforme de
calcul et des coûts à intégrer dans son calcul. Cette faible lisibilité est présente
dans les législations de l’Arménie et du Nicaragua (CGAP, 2004). De même,
des éléments de coûts peuvent être consciemment ou inconsciemment omis.
Dans l’UEMOA, la réglementation en vigueur reste néanmoins explicite dans
les procédés de calcul. Elle demeure toutefois limitée pour des contrôles
rapides et faciles lors de la supervision. À contrario, la directive européenne de
protection des bénéficiaires de crédit nous fournit un exemple où tout contrat
de crédit doit inclure les coûts exprimés en taux d’intérêt effectif, avec
l’obligation d’une seule et même formule de calcul pour tous les prêteurs.
Forcer les prêteurs à consigner nécessairement dans un contrat de telles
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informations pourrait faciliter grandement la transparence, ouvrant la voie à
une vraie concurrence.
Enfin, le troisième facteur affectant également le taux effectif est l’inefficacité-
coût observée dans certaines IMF. Une étude de Palli Karma-Sahayak
Foundation (PKSF) sur les éléments de coût des IMF collaborant avec cette
fondation au Bangladesh a montré que ce coût pèse pour environ 2,5% dans la
charge d’intérêt fixe du microcrédit (Uddin, 2003). L’inefficience résulte
principalement de la qualité du personnel utilisé, de la faiblesse des incitations
et des motivations du personnel par rapport à l’ampleur des tâches10, ainsi que
de la vétusté des outils utilisés dans certaines IMF. Les IMF sont
périodiquement amenées à renouveler leur personnel du fait de départs pour
de meilleures opportunités une fois l’expérience acquise. La vétusté de
l’équipement et des technologies utilisées peut aussi être à la base de
l’inefficacité-coût. Cette inefficience a pour finalité l’alourdissement de la
charge de l’emprunteur. Ces facteurs indirects et l’ensemble des coûts

10
Il s’agit d’un problème d’allocation efficace des ressources et pas uniquement d’une
réduction de coût. Un document en cours de rédaction est consacré à cette question qui
n’est pas débattue ici.

Mondes en Développement Vol.36-2008/1-n°141


102 Denis H. ACCLASSATO

opératoires directs contribuent à grever le taux d’intérêt effectif. Faut-il dans ce


cas subventionner le taux d’intérêt ?

3. DES LIGNES DE CRÉDIT À TAUX D’INTÉRÊT


SUBVENTIONNÉS ?
Les spécificités de la microfinance expliquent en grande partie le niveau de ses
coûts révélés par les taux d’intérêt élevés. Ces spécificités sont la clientèle (à
faible revenu, dépourvue d’actifs et recherchant de petits crédits), les modèles
de crédit (des petits crédits non garantis à court terme, fondés sur le profil
individuel ou les garanties de groupe) et la structure du capital (capitaux détenus
en majorité par des bailleurs de fonds et non des investisseurs ou des
actionnaires). Il n’est pas avantageux, financièrement, pour une banque soumise
à des contraintes de rentabilité immédiate et à certains ratios prudentiels de
gérer de très petits dépôts ou des retraits, ni de proposer des crédits de faibles
montants, géographiquement dispersés et sans garanties réelles. La plupart des
banques publiques ou projets de développement avec une composante ‘‘crédit’’
qui assumaient ce rôle ont fermé leurs portes, sous le poids tant des impayés
que de la suppression des subventions (Gentil et Servet, 2002). Les différents
programmes destinés à maintenir artificiellement bas le taux d’intérêt n’ont
jamais été durables, qu’ils soient financés par les gouvernements ou par des
bailleurs de fonds. La promotion de programmes gouvernementaux à taux
d’intérêt bas signifie, en outre, que les institutions prêteuses ne peuvent plus
couvrir leur coût et doivent recourir de façon continue aux aides du
gouvernement et des donneurs (Morduch, 1999). Ce choix a des implications
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budgétaires importantes et finira par être abandonné. Mieux, une littérature de
plus en plus importante révèle l’effet négatif de ces subventions sur la
fourniture de services financiers aux pauvres. Ces programmes de bonification
de taux d’intérêt sont vulnérables aux pressions politiques. Ils peuvent exclure
les meilleurs emprunteurs et générer des situations de rente. Enfin, ils peuvent
ouvrir la voie à des pratiques de corruption. Les prêteurs, dans ce cas, tenteront
de favoriser les gros emprunteurs, soit à cause de la composante politique
présente dans les portefeuilles de prêt, soit afin de réduire les coûts car les
faibles montants de crédit induisent des coûts moyens plus élevés et donc un
niveau accru de taux d’intérêt (figure1). De même, des fonds moins chers
conduisent à des demandes excessives et doivent être rationnés. Finalement,
une politique de subventionnement des taux contribue à accroître davantage
l’inégalité entre les classes sociales (Schreiner & Yaron, 2001).

Mondes en Développement Vol.36-2008/1n°141


Les plafonnements de taux d’intérêt en microfinance 103

Figure 1 : Évolution du taux d’intérêt en fonction de la taille du crédit


Taux d’intérêt

Y’(M)
i2

i1

i’(M)

i3

M1 M2 M3 Taille du prêt

M : taille du crédit ; Y’ (M) : productivité du crédit ; i : taux d’intérêt ; i’(M) : coût marginal d’octroi du crédit.
Source : inspiré de Lanha (2006), pp. 297-298

Si les rendements marginaux sont croissants, puis décroissants, comme dans la


littérature traditionnelle, on peut observer que les taux d’intérêt sont élevés
pour de faibles montants de crédit tels que M2.
Il faut également noter que certains emprunteurs considèrent les fonds du
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gouvernement et des bailleurs comme des aides ou des formes de dons qui ne
doivent pas être obligatoirement remboursés. Cette conception de "l’argent
froid" est à la base des problèmes de remboursement dans les institutions de
microfinance au Sud-Ouest du Bénin (Honlonkou et Acclassato, 2001). Très
souvent, le gouvernement cautionne le suivi peu rigoureux de ces crédits et
apprécie leurs succès par le volume des prêts consentis plutôt que par leur
performance financière (CGAP, 2004). Toutefois, le gouvernement peut alléger
le taux d’intérêt en renforçant la capacité de l’emprunteur par l’alphabétisation
et l’apport de formations spécifiques. L’examen des effets néfastes des
subventions nous interroge sur l’existence d’une alternative pour protéger les
pauvres et petits opérateurs économiques en l’absence d’un plafonnement des
taux d’intérêt.

4. LA CONCURRENCE PEUT-ELLE AIDER À FAIRE


BAISSER DURABLEMENT LES TAUX D’INTÉRÊT ?
La concurrence suppose, du côté de la demande, que les emprunteurs aient une
possibilité de choix effectifs ainsi que la capacité de les distinguer, et du côté de
l’offre, que les institutions prennent en compte le comportement de leurs

Mondes en Développement Vol.36-2008/1-n°141


104 Denis H. ACCLASSATO

concurrents lorsqu’elles arrêtent des décisions sur les termes et les conditions
d’offre des produits et services. La promotion de la concurrence peut être un
meilleur instrument pour faire baisser les taux sans restreindre l’accès des
crédits aux pauvres. L’analyse traditionnelle décrit l’évolution du marché en
quatre étapes : la phase pionnière, le décollage, la consolidation et la
maturation11. Rhyne (2001), dans son analyse, distingue deux étapes assimilées à
des phases : la phase pré-concurrentielle, dans laquelle la préoccupation majeure
est l’accroissement des fonds nécessaires pour une croissance rapide, et la phase
de concurrence dans laquelle l’attrait et le maintien des clients pour soutenir la
part de marché est la préoccupation dominante pour l’IMF. Ces propositions
de découpage montrent que la concurrence en microfinance a des particularités
qui pourraient limiter, ou changer, les résultats attendus. À titre d’exemple, la
concurrence oppose des firmes qui recherchent des profits maximums ; tels
n’est cependant pas le but des ONG impliquées dans la microfinance. De
même, l’implication de donateurs externes peut entrainer une contrainte sur les
prix qui réduit la marge de manœuvre de l’IMF. Enfin, les approches de prêts
groupés qui restreignent la mobilité de l’individu le privent des possibilités de
choix optimaux. Les effets de la concurrence peuvent diverger par rapport à
ceux relevés dans l’analyse traditionnelle.
Le marché de la microfinance est considéré comme extrêmement concurrentiel
en Bolivie. BancoSol, qui est une des institutions pionnières dans ce pays, a
démarré ses activités de banque avec un taux effectif global autour de 67% en
1992. Ce taux a chuté rapidement passant de 50% au milieu des années 1990 à
20% aujourd’hui. Les facteurs accélérateurs de cette baisse sont, selon les
responsables d’IMFs, la concurrence sur les méthodes de prêts, la création du
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Fondos financieros privados (FPP) qui a offert un statut aux organisations de
type ONGs désormais sous surveillance et autorisées à collecter des dépôts, ce
qui a permis de réduire leur coût de financement et d’améliorer leur liquidité
pour une croissance rapide. Des prêts importants et renouvelés à faible taux
d’intérêt ont aussi entraîné une baisse des taux au cours des cycles successifs.
Les IMFs à bas taux d’intérêt ont rapidement accru leur part de marché,
accélérant la baisse des taux (CGAP, 2006). Au Cambodge, la concurrence sur
le nouveau marché de microfinance a ramené le taux d’intérêt courant de 5% à
3,5% par mois en 2002. Même les prêteurs informels en ont été affectés dans
certaines provinces où les institutions de microfinance ont été particulièrement
actives (CGAP, 2004).
En revanche, la concurrence en Ouganda et au Bangladesh n’ont pas conduit
aux résultats escomptés. En Ouganda, les taux d’intérêt n’ont légèrement
baissé en 2002 qu’à la suite d’une baisse du coût du crédit bancaire. Entre 1999
et 2004, le microcrédit était même de 10% moins cher par rapport au crédit
des banques commerciales. Le marché pourrait basculer si le CERUDEB,
l’IMF leader avec 60% de part de marché, baissait significativement ses taux.

11
Voir CGAP (2006) pour le détail des caractéristiques du marché au cours des quatre
étapes.

Mondes en Développement Vol.36-2008/1n°141


Les plafonnements de taux d’intérêt en microfinance 105

Au Bangladesh, le taux nominal est demeuré constant autour de 25%. Il a, par


la suite, été affecté par le taux d’inflation sur la période 1999-2004. Néanmoins,
les taux d’intérêt effectifs n’ont quasiment pas varié, malgré la forte
concurrence entre la Grameen Bank, qui pratique un taux plus bas de 19% par
an avec 18% de part de marché, les institutions de la Palli Karma Sahayak
Foundation (PKSF), qui pratiquent 24%, avec un peu moins de 50% de part de
marché12 et, enfin, l’Association for Social Advancement (ASA) et le
Bangladesh Rural Advancement Committee (BRAC), qui pratiquent un taux
effectif de 29% par an, avec un tiers de part de marché. Plus récemment, le
taux d’intérêt moyen a baissé, non pas sous l’effet de la concurrence, mais
surtout sous l’effet d’une double pression : une pression politique, de plus en
plus forte, et une pression externe de la fondation PKSF.
Certes, il faut admettre que des taux d’intérêt bas limitent les profits et
durcissent les entrées potentielles. De même, les prêts de petits montants
sollicités par les clients pauvres peuvent être progressivement abandonnés au
profit de prêts de taille plus importante (figure1). Mais des gains d’efficience
naitront d’une consolidation des petites institutions en des institutions de taille
plus grande.
Le rôle de la concurrence est bénéfique pour la durabilité des actions des
institutions de microfinance. Cela passe par l’ouverture de nouvelles branches
dans les zones encore non desservies, la flexibilité en termes d’offre de crédit
(délais et montants des prêts), une large ouverture sur d’autres types de prêt ou
de services financiers (épargne, assurance, transferts) et un service administratif
compétent (réduction du temps d’opération : dépôt, demande de prêt,
déboursement, …). Il est également important de s’assurer que le cadre
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fonctionnel de l’activité de microfinance favorise la concurrence à travers la
transparence et la promotion de l’innovation, éléments sans lesquels leur
durabilité demeure menacée.
Le premier élément auquel la régulation doit faire face pour promouvoir la
concurrence est l’absence de transparence dans les opérations, celle-ci ne
facilitant pas la baisse des coûts. En s’inspirant de la directive de l’Union
européenne, il peut être recommandé la conception d’une fiche contractuelle
uniformisée de calcul des taux d’intérêt effectifs pour les IMF. Sur ce
document, tous les frais doivent être obligatoirement mentionnés
(commissions, fonds de garantie, prélèvement de l’intérêt à la remise du prêt,
etc.) et pris en compte dans le calcul du taux effectif. Une mention du type ‘‘sur
100 francs, notre crédit vous coûte n francs d’intérêt’’ est de nature à éclairer
l’emprunteur sur le coût réel qu’il supporte et lui permet d’opérer des choix
rationnels en prenant en compte l’environnement de chaque institution. Cette
fiche pourra être jointe à chaque contrat de prêt entre les contractants (IMF et
client). Toutefois, on peut se demander l’importance d’un contrat pour des

12
ASA et BRAC sont les deux institutions dans le partenariat avec la Fondation PKSF qui
n’ont pas cédé à la réduction de 5% du taux effectif annuel recommandée par la Fondation,
d’où l’existence de trois niveaux de taux d’intérêt au Bangladesh.

Mondes en Développement Vol.36-2008/1-n°141


106 Denis H. ACCLASSATO

populations analphabètes. Plusieurs expériences ont montré que ces


populations ont toujours recours à une tierce personne pour la traduction de
leurs actes contractuels. Cette mesure ne posera pas, à priori, de problème aux
institutions de microfinance si les mesures de plafonnement de taux d’intérêt
ont été préalablement levées. La levée de cette mesure est cruciale pour leur
survie si la supervision de l’autorité de régulation se fait plus rigoureuse sur la
transparence des taux effectifs avec un mode de calcul uniformisé. Cette
mesure permettra d’affranchir le secteur des institutions jusque-là inefficaces. Il
y aura désormais peu d’exclusion de milieux ruraux ou défavorisés, d’autant
plus que ces segments redeviennent rentables sans la contrainte sur le taux
d’intérêt. Mieux, cela a l’avantage de pousser les IMF à innover pour élargir leur
clientèle.
Les succès croissants des IMF reposent, en partie, sur l’introduction
d’innovations dans leurs pratiques bancaires. On peut citer aujourd’hui au
moins cinq innovations principales : les prêts groupés, la responsabilité
conjointe, les incitations dynamiques, les schémas allégés de remboursement et
les substituts aux garanties. La technique du prêt groupé permet de traiter les
problèmes d’information courants des modèles principal-agent. Elle a pour
finalité de forcer les bons risques à se sélectionner mutuellement pour
bénéficier de crédits plus favorables. Ce procédé peut remplacer la caution ou la
garantie. La responsabilité conjointe, quant à elle, essaie de résoudre les
problèmes de hasard moral, contrairement au prêt groupé qui s’intéresse à
l’anti-sélection. Elle assure le respect d’engagement par chaque membre et pour
l’ensemble des membres réunis. Les incitations dynamiques sont un autre
moyen d’obtenir des taux de remboursement élevés chez des populations à
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risque en utilisant la technique des prêts progressifs ou par palier pour nouer
une relation contractuelle durable. Un premier crédit sans incident de
remboursement autorise un deuxième et ainsi de suite… La quatrième
innovation concerne l’apparition de nouveaux schémas de remboursement. Les
IMF fonctionnent avec des délais de grâce très courts et une fréquence élevée
des remboursements. Ce schéma de remboursement leur confère une liquidité
plus forte et permet de détecter très tôt les problèmes éventuels. Enfin, le prêt
sans garantie demeurant toujours une activité risquée, les IMF instaurent
souvent un système de fonds d’urgence ou de garantie constitué à travers une
cotisation proportionnelle au montant du prêt, ou encore une assurance intra-
groupe, avec à la clé une prime prélevée sur les membres. Ces substituts aux
garanties complètent les techniques de prêts collectifs à responsabilité
conjointe. Les IMF continueront assurément d’innover si elles sont obligées
d’opérer dans un environnement fortement concurrentiel.
Toutefois, ces effets peuvent être limités par les conditions particulières
d’exercice de l’activité de microfinance en Afrique, notamment la fourniture
d’un certain nombre de services non financiers normalement assurés par l’État
comme l’éducation, l’alphabétisation des adultes, les formations liminaires sur
les normes de gestion, etc. Ces activités contribueront à grever les coûts aussi
longtemps qu’elles resteront à la charge des IMF. Ces effets positifs étant de

Mondes en Développement Vol.36-2008/1n°141


Les plafonnements de taux d’intérêt en microfinance 107

véritables biens collectifs, une prise en charge publique, par l’État ou par l’aide
au développement contribuerait à alléger les charges d’intérêt. De même, la
promotion de la concurrence pour faire baisser les coûts peut avoir des effets
limités. Ce fut le cas en Ouganda et au Bangladesh, où la concurrence seule
n’aurait pas suffi si elle n’avait pas été suivie d’une pression des politiciens et
des bailleurs de fonds externes (CGAP, 2006).

CONCLUSION
L’objectif de cet article était de montrer qu’un plafonnement du taux d’intérêt
dans le secteur de la microfinance nuit autant aux institutions qu’aux petits
opérateurs économiques. L’expérience révèle que là où les taux ne subissent
pas de contrainte, la concurrence peut contribuer à les ramener à un niveau
raisonnable, mais ce fait n’est pas généralisé. L’exemple du Bangladesh prouve
que la concurrence seule ne suffit pas. La pression politique et la pression des
organismes extérieurs partenaires des institutions concourent également à
atteindre un meilleur résultat si des études préalables identifient des coûts
d’inefficience. De même, la concurrence ne sera effective que s’il existe une
transparence sur les taux et que les emprunteurs possèdent un niveau
intellectuel susceptible de favoriser cette comparaison. En effet, là où les taux
sont plafonnés, les institutions de microfinance usent de plusieurs stratégies
pour compenser la perte résultant de l’imposition d’une norme légale. Cela se
traduit par des taux d’intérêt effectifs plus élevés que le taux officiel d’usure, ce
qui rend cette limite légale non effective. De fait, si la législation sur l’usure
avait été appliquée de façon rigoureuse pour le secteur de la microfinance dans
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les pays de l’UEMOA, cela aurait compromis véritablement la survie du
secteur ou l’exclusion des pauvres et petits opérateurs économiques de l’accès
aux services financiers. Pour promouvoir la transparence, il importe
d’uniformiser la fiche de contrat de prêt pour rendre lisible à l’emprunteur
alphabétisé le taux d’intérêt effectif. Cette transparence est de nature à stimuler
la concurrence et l’innovation. L’exemple de la législation de la CEMAC
(Communauté des États Membres de l’Afrique Centrale) montre qu’un
plafonnement des taux n’est pas nécessaire. Le contrôle des prix est risqué
parce qu’il limite la flexibilité des institutions à offrir des produits appropriés
pour les diverses catégories de bénéficiaires. De plus, si les taux plafonnés sont
trop bas, les institutions vont vraisemblablement délaisser les petits prêts aux
clients pauvres, ou simplement quitter le marché. La prise en charge par l’État
de certains services non financiers des IMF relevant normalement de la charge
publique pourrait alléger les taux d’intérêt, étant donné la nature de biens
collectifs des services des IMFs.

Mondes en Développement Vol.36-2008/1-n°141


108 Denis H. ACCLASSATO

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ANNEXE 1 : Taux d’intérêt effectifs annualisés sur la base d’un prêt de 1 000
unités monétaires
TAUX D’INTÉRÊT EFFECTIFS ANNUALISÉS (%)
Taux Scénario de base Scénario 1 Scénario 2 Scénario 3 Scénario 4
Taux Intérêts appliqués Intérêt constant Intérêt constant Intérêt constant Même scénario que
mensuel sur des soldes appliqué au appliqué au appliqué au montant 3 avec une épargne
annoncé décroissants, montant initial montant initial du (initial du prêt) et forcée de 50%
quatre paiements du prêt, réparti prêt et déduit du commission de 3% ajoutée à chaque
mensuels au pro rata sur montant de prêt déduits du montant paiement et dépôts
quatre mois remis à du prêt remis à rémunérés à 1% par
l’emprunteur l’emprunteur mois.
1,5 18,0 28,5 30,3 46,6 51,5
2,0 24,0 37,8 41,0 58,0 64,5
Source : Extrait de CGAP (1997)

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Mondes en Développement Vol.36-2008/1-n°141

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