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Facteurs de contingence, TIC et informations dans les

entreprises tchadiennes
Dagobert Ngongang
Dans La Revue des Sciences de Gestion 2013/1 (N° 259-260), pages 153 à 162
Éditions Direction et Gestion
ISSN 1160-7742
ISBN 9782916490373
DOI 10.3917/rsg.259.0153
© Direction et Gestion | Téléchargé le 23/06/2023 sur www.cairn.info (IP: 197.144.117.134)

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La Revue des Sciences de Gestion, Direction et Gestion n° 259-260 – Organisation 153

d’informationetet prises de décision


Facteurs de contingence, TIC
et informations dans les entreprises
tchadiennes

Systèmesd’information
par Dagobert Ngongang

Systèmes
n ce début de millénaire, marqué par le progrès technolo-
gique et secoué par une série de scandales financiers, il est
difficile de nier le rôle considérable joué par l’information
comptable et financière dans le processus de développement
des entreprises. Les informations représentent les données
comptables qui contribuent au processus de prise de décision
dans l’entreprise (Y. Dupuy, 1994). En dehors des exigences
des pouvoirs publics, les entreprises, par les contraintes de leur
environnement, se lancent de plus en plus dans des publications
volontaires (F. Pourtier, 2004) et, afin de moderniser leurs outils
de gestion, adoptent des Technologies de l’Information et de la
Dagobert NGONGANG Communication (D. Ngongang, 2007).
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Département Comptabilité – Finance Les Technologies de l’Information et de la Communication (TIC)
augmentent la capacité de collecte, de traitement et de diffusion
Ngaoundéré Université de - FSEG des informations grâce aux comportements des acteurs, à leurs
Cameroun interaction et coopération. Elles permettent une meilleure diffu-
sion de l’information et un partage plus aisé entre les acteurs
de l’organisation (R. Reix, 1998). L’introduction des TIC au sein
de l’entreprise s’accompagne des changements organisationnels
en termes de création de nouvelles structures et de nouveaux
processus organisationnels. Sur le plan comptable, les TIC
permettent au système d’information comptable de fournir l’infor-
mation comptable présentant un certain nombre de qualités (C.
Disle et C. Noël, 2007).
Les TIC viennent renforcer le système d’information global de
l’entreprise en général et le système d’information comptable
en particulier. Le Tchad, pays en développement, pays enclavé,
ne devrait pas être en marge du développement des TIC. Cette
étude cherche à répondre à une série de questions : Quel est
le degré d’utilisation des TIC dans le système d’information
des entreprises ? Quel est l’impact des TIC sur la qualité des
informations publiées ? Y a-t-il des facteurs qui déterminent
l’appropriation des TIC ?

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Dossier III
154 La Revue des Sciences de Gestion, Direction et Gestion n° 259-260 – Organisation
Systèmes d’information et prises de décision

Cette étude basée sur un échantillon de 76 entreprises tchadiennes échanges à partir des supports informationnels mis à leur dispo-
cherche à apporter des éléments de réponse à chacune de ses sition (N. Gunia, 2002).
interrogations. La philosophie générale de la théorie de contingence est que la
Les développements s’articulent en trois points : Dans une structure d’une organisation est conditionnée par les traits qui
première partie, nous préciserons le cadre conceptuel ; La caractérisent la situation dans laquelle elle opère (H. Affes et A.
deuxième partie présentera la méthodologie ; Enfin, dans la Chabchoub, 2007). Les facteurs de contingence sont qualifiés
troisième partie, nous analyserons les résultats. de « contingence structurelle » lorsqu’ils sont liés à l’organisation
et de « contingence comportementale » lorsqu’ils sont liés au
dirigeant et/ou au comptable ou expert comptable.
1. Cadre conceptuel
Après avoir défini les concepts qui sous-tendent l’étude, nous 1.2. Analyse de l’impact des facteurs
analyserons d’une part, l’impact des facteurs de contingence sur de contingence structurelle
l’introduction des TIC et, d’autre part, l’impact des TIC à la fois
sur la qualité des informations publiées et sur le changement sur l’introduction des TIC
organisationnel.
Les facteurs de contingence structurelle sont des facteurs ou
paramètres influençant l’organisation. Selon la théorie de la
1.1. Définition des concepts contingence structurelle, il existe un lien déterminé entre la
structure des organisations, les traits qui les caractérisent et les
Les informations comptables sont les données comptables qui situations dans lesquelles elles opèrent (D. Ngongang, 2007).
contribuent aux processus de prise de décision des dirigeants (P. R. Brennemann et S. Separi (2001) identifient six facteurs : la
Chapellier, 1993 ; C. Grenier, 2000). M. Furrer (2006), définit les structure, la taille, l’âge et la culture de l’entreprise, l’emploi de
informations comptables et financières comme étant l’ensemble la technologie et l’environnement. H. Mintzberg (1990) identifie
des informations et des données qui décrivent des événements quant à lui des facteurs qui influencent le plus le système de
et des états d’un point de vue quantitatif, ainsi que leurs causa- gestion (l’âge, la taille, la technologie, l’environnement, la culture,
lités et leurs conséquences financières dans une société et son les relations de pouvoir). En plus de ces facteurs, P. Chapellier
environnement. La comptabilité est un système d’informations (1993) ajoute la nature de l’activité de l’entreprise.
permettant de retracer l’activité de l’entreprise et ses relations De nombreux auteurs, à l’image de R. Nadeau et al. (1988)
avec ses partenaires (C. Disle et C. Noël, 2007). La comptabi- relèvent l’existence de disparités entre les comportements
lité a pour but ultime de produire des informations destinées comptables des dirigeants d’entreprises de tailles différentes.
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à orienter les choix de ses utilisateurs, notamment les divers La taille des entreprises influencerait donc le déroulement et la
partenaires de l’entreprise. structure du processus décisionnel. C’est dans ce sens que R.
Le traitement de l’information est un ensemble d’opérations Nadeau et al. (1988) affirment que plus l’entreprise est grande,
élémentaires appliquées aux données d’entrée pour transformer plus le processus de décision tend à être structuré grâce à
l’information qu’elles représentent afin d’obtenir de nouvelles l’utilisation de techniques formalisées. En nous appuyant sur
informations en sortie : les résultats (R. Reix, 1969). ces travaux, nous supposons que cette relation peut aussi
exister entre l’introduction des TIC dans le traitement et la
N. Gunia (2002) définit la technologie comme « l’ensemble publication des informations comptables et financières et la
cohérent organisé des techniques, outils, matériaux, méthodes taille des entreprises. Cette tendance se justifie par le fait que
et savoir-faire, toutes applications du contenu des sciences bon nombre de dirigeants de petites entreprises ne disposant
(physiques, de la vie et du comportement) employées à des que d’outils de gestion embryonnaires utilisent peu les données
fins le plus souvent économiques, dans le but de produire des comptables. Ces dirigeants ont, pour la plupart, une propension
biens ou des services marchands ». De nombreuses définitions naturelle à penser qu’ils sont capables de gérer leurs affaires
ont été proposées pour définir le terme TIC (Technologies de seuls sans aide de support, si ce n’est celle de leur tête, et
l’Information et de la Communication) ; mais nous en retenons sans autre système d’information de gestion que celui constitué
ici une qui semble la plus importante, celle proposée par S. par quelques données comptables qu’ils jugent essentielles (P.
Amabile et al. (2000) : « Les TIC sont définies comme l’ensemble Chapellier, 1993). Autrement dit, ces derniers connaissent tout
des technologies qui sont assignées à l’usage de l’Internet et de leur entreprise et n’ont pas besoin d’un système de données
de ses protocoles ainsi que les différentes formes de réseaux comptables très développé pour cela. Toutefois, à partir d’un
locaux reliant les micro-ordinateurs ou des stations de travail ». certain seuil, la complexité devient trop importante et, pour la
Sur le plan relationnel, ces technologies interactives sont très maîtriser, ces dirigeants ont dès lors besoin de supports écrits
novatrices. Désormais, on propose des interactions fortes aux et de l’utilisation des TIC pour le traitement et la publication des
individus et aux groupes, en les engageant à intensifier leurs données comptables.

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Nous nous basons toujours, sur des travaux antérieurs comme Certains auteurs ne trouvent aucune relation entre le degré
ceux de S. Holmes et D. Nicholls (1988), qui relèvent l’existence d’utilisation et l’expérience de l’utilisateur (R. Reix, 1981 et
de disparités dans les pratiques comptables d’entreprises de 1984). Ainsi, nous affirmons, en nous appuyant sur les travaux
secteurs différents, pour affirmer l’existence de ces disparités existants, qu’il n’y a aucune relation entre l’introduction des TIC
dans l’introduction des TIC dans le traitement et la publication dans les pratiques comptables et l’expérience professionnelle
des informations comptables et financières d’entreprises de du dirigeant. Nous pouvons également soutenir l’idée d’autres
secteurs différents. Relevons à ce sujet que le secteur d’acti- chercheurs, comme J. Martel et al. (1985) et G.W. Nelson (1987),
vité influence l’intensité d’utilisation des TIC ; d’où l’existence selon laquelle les niveaux de production et d’utilisation des
probable d’une spécificité sectorielle d’utilisation des TIC dans données comptables augmentent avec l’expérience pour affirmer
les pratiques comptables. que l’introduction des TIC dans le traitement et la publication des
informations comptables et financières augmente avec l’expé-
rience du dirigeant qui, au fil du temps, acquiert de nouvelles
1.3. Analyse de l’impact des facteurs techniques de gestion.
de contingence comportementale
sur l’introduction des TIC 1.4. Analyse de l’impact des TIC
sur la qualité des informations
En matière d’utilisation des TIC dans le traitement et la publica-
tion des informations comptables et financières des entreprises, L’information comptable diffusée dans les rapports annuels a
l’approche subjective ou comportementale est complémentaire pour objet de rendre des comptes aux multiples partenaires
à l’approche objective ou structurelle. Il s’agit donc de procéder de l’entreprise (investisseurs, créanciers, employés, société,
à un élargissement de l’approche contingente, en intégrant à gouvernement, etc.) (C. Michaïlesco, 2000).
l’analyse certaines variables relatives aux acteurs intervenant Dans un processus de réduction des délais de clôture et,
en entreprise et susceptibles d’influencer de manière significa- compte tenu des immenses possibilités qu’offrent les TIC dans
tive l’introduction des TIC dans les pratiques comptables des le traitement des données, on s’achemine vers la disparition du
entreprises. travail de l’auditeur tel qu’il existe actuellement (G. Melyon et J.
En matière de comptabilité générale, le dirigeant joue un rôle Lopez, 1993). La comptabilité se fera à terme sans intervention
unique car il est le seul à avoir à la fois une fonction de produc- humaine. La comptabilité et, par voie de conséquence l’audit
teur et d’utilisateur (M. Lacombe-Saboly, 1994). Certains auteurs sans papier ni crayon, n’est pas une vue de l’esprit comme le
montrent la relation significative entre l’introduction des TIC dans confirme le développement des techniques telle l’Échange des
le traitement et la publication des informations comptables et Données Informatisées (EDI).
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financières et les déterminants comportementaux (la formation L’EDI se distingue d’autres TIC par un échange de données qui
et les buts du dirigeant, l’implication du comptable externe, s’effectue entre ordinateurs, dans la mesure où il implique des
l’âge et le type de formation du comptable interne). C’est ainsi explicatifs conçus et mis en place pour transmettre et recevoir
que l’introduction des TIC dans les pratiques comptables est les données (M. Belalia, 2010).
influencée par des composantes du profil du dirigeant. Le niveau Les TIC ont des effets multidimensionnels sur l’entreprise. C’est
de formation prédisposerait à une utilisation plus ou moins ainsi qu’elles diminuent les coûts de traitement (W. Bradaï
intense des données comptables. et J. Chaabouni, 2004), réduisent le coût de coordination (G.
Cette relation a été confirmée par de nombreuses études (J. C. Sanchez, 2007), valorisent mieux l’image économique (D.
Martel et al. 1985 ; M. Lacombe-Saboly, 1991 et R. Nadeau et Dovonou et U. Marinelli, 2007) et assurent la survie de l’entreprise
al., 1988). Nous supposons, en nous appuyant sur les travaux (L. Fayard, 2004). C. El Fidha et M. Hédi Charki (2008), analysant
antérieurs, que le niveau de formation prédisposerait à une le lien entre l’utilisation des TIC et le développement de la qualité
introduction plus ou moins intense des TIC dans le traitement de la relation client dans le domaine bancaire, trouvent que les
et la publication des informations comptables et financières. TIC améliorent la qualité de la relation.
Cependant, si la faiblesse du niveau de formation d’un dirigeant Les avantages offerts par l’EDI sont nombreux mais il est générale-
peut être effectivement en partie responsable d’un état de ment nécessaire d’apprécier l’enjeu important que cette évolution
sous-utilisation des TIC, nous pouvons affirmer que le type de représente pour la profession comptable. D’une manière générale,
formation du dirigeant sera lui aussi une variable explicative du la mise en place d’un EDI devrait être, au niveau comptable,
degré d’utilisation de ces outils. Les personnes ont une tendance une amélioration qualitative et quantitative très significative
naturelle à faire ce qu’elles savent faire (P. Chapellier, 1993). permettant d’évoluer vers les quatre zéros (Zéro papier, Zéro
Ainsi, un dirigeant disposant d’une formation de type comptable stock, Zéro délai, Zéro défaut). L’utilisation des EDI n’est pas
et/ou gestionnaire aura sans doute plus tendance à utiliser toujours synonyme de succès. En effet, plusieurs difficultés sont
les TIC dans le traitement et la publication des informations avancées pour expliquer les échecs ; le coût d’implémentation
comptables et financières qu’un autre. important et dissuasif (G. Philip et P. Perderson, 1997), l’intérêt

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Systèmes d’information et prises de décision

accordé à l’outil technique au détriment des conditions de son de l’entreprise (D. Corfmat et al., 2000). Selon ces auteurs,
adoption par les acteurs (M. Belalia, 2010). l’usage des TIC permet par ailleurs au contrôleur de gestion de
jouer un rôle important dans l’aide à la prise de décision. Y. De
Ronge (2000) partage le même avis selon lequel, le contrôleur
1.5. Analyse de l’impact des TIC de gestion va créer de la valeur pour toute l’entreprise dans la
sur le changement organisationnel mesure où son interprétation des chiffres aide la firme à améliorer
ses décisions ainsi que son contrôle.
Dans un environnement complexe et instable, et face aux progrès
technologiques, les formes organisationnelles, les hiérarchies
traditionnelles ne sont plus adéquates. Ainsi, l’introduction des 2. Méthodologie de l’étude
TIC conduit d’une part, à des changements considérables des
structures organisationnelles et d’autre part, permet plus de La méthodologie nous permettra de présenter, d’abord la mesure
cohérence et de coopération entre membres de l’organisation. des variables, ensuite les outils d’analyse utilisés et, enfin, les
(A. Van de Ven et M. Poole, 1995). caractéristiques de l’échantillon.
Y. De Rongé (2000), M. Granlund et T. Malmi (2002) affirment
que la recherche sur les technologies de l’information a souvent
été centrée sur le rôle qu’elles pouvaient jouer dans la conduite 2.1. La mesure des variables
du changement organisationnel. Cette mutation technologique
favorise l’émergence d’un nouveau modèle organisationnel. L’évaluation des facteurs de contingence s’est faite d’une part,
En effet, en plus de favoriser l’émergence d’un nouveau modèle en termes de contingence structurelle (chiffre d’affaires, effectif
organisationnel (R. Reix, 1990), les TIC transforment les conditions du personnel et secteur d’activité) et d’autre part, en termes
dans lesquelles les informations nécessaires à la coordination de contingence comportementale (niveau et type de formation,
des unités d’une organisation sont collectées, échangées ou expérience au poste).
accumulées (E. Brousseau et A. Rallet, 1997) et favorisent la L’introduction des TIC dans le traitement et la publication des
centralisation de la décision (R. Reix, 1998). De plus, l’utilisation informations comptables et financières est mesurée à l’aide de
des TIC est à l’origine d’effets d’apprentissage qui modifient trois items : l’utilisation des logiciels comptables dans l’entreprise ;
progressivement l’organisation des activités (D. Brousseau, 1996). la présence d’un service informatique et d’un personnel qualifié
Le contrôle de gestion semble de plus en plus s’éloigner de son dans le traitement automatique des informations comptables et
rôle antérieur de support du service comptable. Les innovations financières. Chacun de ces items est mesuré par une échelle
en matière de TIC ont un impact sur la fonction contrôle de de Likert.
gestion. En effet, les TIC contribuent à concevoir et à rationna-
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liser les processus de gestion (A. Lajmi, 2005). Les systèmes Les variables sur la qualité des informations publiées (image
intégrés de gestion (ERP) vont modifier le rôle basé sur l’analyse fidèle des comptes, régularité et sincérité, délai de production
pure et la synthèse et vont impliquer une réorientation vers le des comptes) sont mesurées à l’aide de trois items sur une
conseil en organisation. Le contrôleur de gestion figure parmi échelle de Likert.
les acteurs appelés à accompagner l’entreprise dans la nouvelle Quant au degré d’utilisation des TIC, il est mesuré par cinq
démarche (M. Lebas, 1995 ; R. Cooper, 1996 ; R.W. Scapens et items qui sont : la connexion à l’Internet ; le nombre d’outils
M. Jazayeri, 2003). informatiques dont dispose l’entreprise ; l’effectif du personnel
D’autres théoriciens, notamment D. Corfmat et al. (2000), dans le traitement de l’information comptable et financière ; la
décrivent le contrôleur de gestion comme un communicateur fréquence d’utilisation d’Internet dans l’entreprise et l’utilisation
pour expliquer la politique de l’organisation, un facilitateur du de l’ordinateur dans le traitement de l’information comptable et
dialogue de gestion, un garant de la qualité de l’information et financière.
un accompagnateur du changement.
Le rôle du technicien, basé essentiellement sur la mesure et la Le rôle de la fonction contrôle de gestion est mesuré par un
surveillance, a évolué vers un rôle de conseiller fondé principale- seul item, celui de l’existence ou non de cette fonction au sein
ment sur l’interprétation et l’analyse. Outre l’amélioration du rôle de l’entreprise.
du contrôleur de gestion en tant que fournisseur d’informations et
le passage de son rôle de technicien vers celui de conseiller, les
TIC améliorent aujourd’hui son rôle d’aide à la prise de décision 2.2. Les outils d’analyse
(A. Lajmi, 2005).
Les TIC offrent plus de temps au contrôleur de gestion pour faire Pour analyser nos données, nous avons eu recours à quatre
les analyses approfondies et donc pour livrer les interprétations méthodes d’analyses :
les plus pertinentes, ce qui lui permet d’aider les responsables le tri à plat ; l’analyse en composantes principales ; le khi-deux
dans leurs décisions et d’être plus impliqué dans la gestion et l’analyse de la variance (ANOVA).

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Tableau 1. Appréciation du niveau d’appropriation des TIC.

Systèmes d’information et prises de décision


Fonction
Service informatique Personnel de qualité Logiciel comptable informatisé Réseau
Existence ? contrôle
Eff. % Eff. % Eff. % Eff. % Eff. % Eff. %
Oui 33 43.4 6 7.9 27 35.5 76 100 60 78.9 43 56.6
non 43 56.6 70 92.1 49 64.5 0 0 16 21.1 33 43.4
Total 76 100 76 100 76 100 76 100 76 100 76 100

2.3. Les caractéristiques de l’échantillon informations publiées ; puis d’examiner l’impact des facteurs
de contingence sur l’introduction des TIC et l’impact des TIC
Les caractéristiques de l’échantillon seront présentées d’une sur la qualité des informations publiées ; et enfin d’apprécier la
part selon celles liées aux entreprises et d’autre part selon relation entre l’existence de la fonction de contrôle de gestion
celles liées aux répondants. et l’intensité de connexion à Internet/degré d’utilisation de l’outil
informatique.

2.3.1. Caractéristiques des entreprises


3.1. Analyse de l’appropriation des TIC
Les informations liées aux caractéristiques des entreprises de et de la qualité des informations publiées
l’échantillon nous montrent que 51,3 % des entreprises exercent
dans le commerce, 32,9 % exercent dans le service, tandis Le niveau d’appropriation des TIC dans les entreprises de
que 15, 8 % exercent dans l’industrie. 26,3 % des entreprises l’échantillon est présenté dans le tableau 1.
emploient moins de 5 personnes, 42,1 % emploient entre 6 et 19 Le tableau nous montre que 43,4 % des entreprises de l’échan-
personnes, tandis que 31,6 % emploient au moins 20 personnes. tillon disposent d’un service informatique ; seulement 7,9 %
Concernant le chiffre d’affaires, 11,8 % des entreprises ont un déclarent disposer d’un personnel de qualité dans le traitement
chiffre d’affaires de moins de 20 millions de FCFA, 40,8 % ont un automatique de l’information comptable et financière ; 35,5 %
chiffre d’affaires compris entre 20 et 50 millions de FCFA, tandis utilisent des logiciels comptables. Par contre, 100 % des entre-
que 47,8 % ont un chiffre d’affaires supérieur à 50 millions de prises déclarent être informatisées.
FCFA. 14,5 % des entreprises ont moins de 10 ans de fonction-
nement, 61,8 % ont un âge compris entre 10 et 20 ans tandis De plus, 78,9 % des entreprises travaillent en réseau et 56,6 %
que 23,7 % ont un âge de plus de 20 ans. disposent d’un service de contrôle de gestion.
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La cohérence interne du niveau d’introduction des TIC (présence
d’un service informatique, présence d’un personnel qualifié et
2.3.2. Caractéristiques des répondants l’utilisation des logiciels comptables) nous donne un alpha de
cronbach de 0,648 (supérieur à 0,6). Ceci implique que le concept
Les informations liées aux caractéristiques des répondants dans est bien mesuré par les trois variables. De cette analyse, 35
les entreprises de l’échantillon nous indiquent que 56,6 % des entreprises ont un niveau d’introduction des TIC faible (46,1 %)
répondants sont des D. G., 23,7 % des D.A.F. tandis que 19,7 % alors que 41 entreprises ont un niveau d’introduction des TIC
sont des chefs comptables et/ou comptables. 35,5 % ont une élevé (53,9 %).
expérience de moins de 5 ans à leur poste, tandis que 64,5 %
ont une expérience de plus de 5 ans. 86,8 % des répondants Concernant la qualité des informations publiées, les résultats
sont de sexe masculin alors que 13,2 % sont de sexe féminin. du tri à plat sont consignés dans le tableau 2.
S’agissant du niveau de formation, 27,6 % ont un niveau de forma- Tableau 2. Appréciation de la qualité des informations publiées
tion du primaire, 13,2 % un niveau de formation du secondaire
et 59,2 % ont un niveau du supérieur. 51,3 % des répondants Très
Assez bien
ont une formation de type gestion (économie et/ou comptabilité- mauvais Moyen Total
et très bien
finance) ; 18,4 % ont une formation générale et 30,3 % ont une et mauvais
formation sur le tas. Eff. % Eff. % Eff. % Eff. %
Images fidèles
3 3.9 23 30.3 50 68,8 76 100
des comptes
3. Résultats de l’étude Régularité
et sincérité
0 0 31 40.8 45 59.2 76 100

Délai de produc-
La présentation des résultats nous permettra tout d’abord 2 2.6 5 6.6 69 90.8 76 100
tion
d’analyser le niveau d’appropriation des TIC et la qualité des

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3.2.2. Analyse de la relation entre facteurs


Systèmes d’information et prises de décision

La lecture de ce tableau nous montre que, majoritairement, les


entreprises sont concentrées vers les valeurs moyennes des
caractéristiques images fidèles des comptes, la régularité et
de contingence comportementale et l’introduction
la sincérité. des TIC
Le test d’homogénéité entre facteurs de contingence comporte-
De plus, une analyse de la cohérence interne nous donne un mentale et l’introduction des TIC dans les entreprises a permis
alpha de cronbach de 0,725 (supérieur à 0,6). Sur la base d’une d’établir le tableau 4.
moyenne de 11.65 avec un maximum de 15, dans notre échan- L’examen du tableau 4 fait ressortir que 51,4 % des répondants
tillon, nous parvenons au résultat selon lequel 32 entreprises ayant une introduction des TIC faible ont un niveau de formation du
ont une qualité des informations publiées faible (42,1 %) alors supérieur alors que 65,9 % des répondants des entreprises ayant
que 44 entreprises ont une qualité des informations publiées une introduction élevée ont un niveau du supérieur. Concernant
élevée (57,9 %). le type de formation, 48,6 % des répondants des entreprises
ayant une introduction des TIC faible ont une formation de type
gestion alors que 53,7 % des répondants des entreprises ayant
3.2. Analyse de l’impact des facteurs une introduction des TIC élevée ont une formation de type gestion.
de contingence sur l’introduction des TIC S’agissant de l’expérience au poste, 65,7 % des répondants
des entreprises ayant une introduction des TIC faible ont une
Nous examinerons les liens entre les facteurs de contingence expérience d’au moins 5 ans alors que 63,4 % des répondants
structurelle et l’introduction des TIC, d’une part, et les liens entre des entreprises ayant une introduction des TIC élevée ont une
les facteurs de contingence comportementale et l’introduction expérience d’au moins 5 ans.
des TIC d’autre part. Il ressort de ce tableau une différence de moindre importance
entre les facteurs de contingence comportementale et l’introduc-
tion des TIC. Les valeurs des khi-deux sont faibles (inférieures à
3.2.1. Analyse de la relation entre facteurs 3,84). Il en résulte une faible probabilité de signification traduisant
de contingence structurelle et l’introduction des TIC une absence de liaison significative entre les variables en cause.
Les mesures d’association montrent une faible association entre
Le test d’homogénéité entre facteurs de contingence structurelle l’introduction des TIC et le niveau de formation (phi = 0,153
et l’introduction des TIC dans les entreprises a permis d’établir et C = 0,155) ; le type de formation (phi = 0,15 et C = 0,148)
le tableau 3. et l’expérience au poste (phi = - 0,024 et C = 0,024) avec une
L’examen du tableau 3 révèle que 40 % des entreprises ayant une probabilité respective de 0,41 ; 0,425 et 0,835.
introduction des TIC faible réalisent un chiffre d’affaires de plus
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de 50 millions de FCFA alors que 53,7 % des entreprises ayant L’analyse de l’impact des facteurs de contingence sur l’intro-
une introduction des TIC élevée réalisent un chiffre d’affaires de duction des TIC révèle qu’ils n’expliquent pas l’introduction des
plus de 50 millions de FCFA. Concernant l’effectif du personnel, TIC, pourtant des travaux réalisés dans le même contexte ont
22,9 % des entreprises ayant une introduction des TIC faible montré l’impact de ces facteurs sur les pratiques comptables
ont un effectif du personnel d’au moins 20 personnes alors que (D. Ngongang, 2007), et aussi dans un pays voisin comme
39 % des entreprises ayant une introduction des TIC élevée ont le Cameroun (D. Ngongang, 2005). Ces résultats pourraient
un effectif du personnel d’au moins 20 personnes. aussi traduire l’efficacité et l’efficience des TIC dans toutes les
organisations, nonobstant leurs caractéristiques et celles de
S’agissant du secteur d’activité, 51,4 % des entreprises ayant leurs dirigeants. Toutes les entreprises gagnent à moderniser
une introduction des TIC faible exercent dans le commerce alors leur système d’information de gestion en général et leur système
que 51,2 % des entreprises ayant une introduction des TIC élevée d’information comptable en particulier.
exercent dans le commerce.

Il ressort de ce tableau une différence de moindre importance


3.3. Analyse de l’impact de l’introduction
entre les facteurs de contingence structurelle et l’introduction des des TIC sur la qualité des informations publiées
TIC. Les valeurs des khi-deux sont faibles (inférieures à 3,84). Il
en résulte une faible probabilité de signification traduisant une L’information comptable diffusée dans les rapports annuels a
absence de liaison significative entre les variables en cause. pour objet de rendre des comptes aux multiples partenaires de
Les mesures d’association montrent une faible association l’entreprise (C. Michaïlesco, 2000). Pour D. Roux et D. Soulié
entre l’introduction des TIC et le volume du chiffre d’affaires (phi (1997), l’informatisation permet une croissance considérable du
= 0,241 et C = 0,234) ; l’effectif du personnel (phi = 0,312 et C volume des informations que l’on peut prendre en compte, grâce
= 0,175) et le secteur d’activité (phi = 0,122 et C = 0,121) avec notamment à l’augmentation des capacités de mémorisation et
une probabilité respective de 0,111 ; 0,312 et 0,566. de la vitesse de traitement.

janvier-avril 2013
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Tableau 3. Appréciation des facteurs de contingence structurelle sur l’introduction des TIC.

Systèmes d’information et prises de décision


Introduction des TIC
% colonne Faible Élevée X² DDL Prob. Phi C
N = 35 N = 41
CAHT Moins de 20 millions 20 4.9
Entre 20 et 50 M. 40 41.4 4.4 2 0.111 0.241 0.234
Plus de 50 M. 40 53.7
Effectif du 0 à 5 pers. 28.6 24.4
personnel De 6 à 19 pers. 48.6 36.6 2.33 2 0.312 0.175 0.173
Plus de 20 pers. 22.9 39.0
Secteur d’activité Commerce 51.4 51.2
Industrie 11.4 19.5 1.13 2 0.566 0.122 0.121
Service 37.1 29.3

Tableau 4. Appréciation des facteurs de contingence comportementale sur l’introduction des TIC.

Introduction des TIC


% colonne Faible Élevée X² DDL Prob. Phi C
N = 35 N = 41
Niveau de forma- Primaire 31.4 24.4
tion Secondaire 17.1 9.8 1.78 2 0.41 0.153 0.155
Supérieur 51.4 65.9
Type de formation Gestion 48.6 53.7
Générale 14.3 22 1.712 2 0.425 0.15 0.148
Sur le tas 37.1 24.3
Expérience au 1 à 5 ans 34.3 36.6
poste 0.04 1 0.835 - 0.024 0.024
Plus de 5 ans 65.7 63.4

Tableau 5 : Répartition des entreprises selon le degré d’introduction des TIC et la qualité des informations publiées

Qualité des informations publiées TOTAL


Introduction des TIC Faible qualité Forte qualité Effectif %
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Faible introduction Effectif 22 13 35 46,1
% total 62,9 37,1
% ligne 68,8 29,5
% colonne 28,9 17,1
Forte introduction Effectif 10 31 41 53,9
% total 24,4 75,6
% ligne 31,3 70,5
% colonne 13,2 40,8
Effectif 32 44 76 -
Pourcentage 42,1 57,9 - 100,0
DDL = 1 KHI-DEUX = 11,46 Prob = 0,001 Phi = 0,388 C = 0,362

Le tableau ci-après permet de visualiser le lien existant entre tion (0,001) est inférieur au seuil de 0,05. Nous pouvons donc
l’introduction des TIC et la publication des informations comptables conclure qu’il existe une relation entre l’introduction des TIC et la
de qualité. qualité des informations publiées. Cette situation est confirmée
Le tableau croisé ci-dessus indique que 62,9 % des entreprises par les valeurs de φ (0,388) et de C (0,362) qui s’éloignent de 1.
qui publient des informations de mauvaise qualité (faible) ont une Ainsi, l’hypothèse, selon laquelle l’introduction des TIC dans le
faible introduction des TIC alors que 24,4 % de ces entreprises traitement et la publication des informations comptables et finan-
ont une forte introduction. Quant aux entreprises publiant des cières améliore la qualité des informations publiées, est vérifiée.
informations de bonne qualité (forte), 37,1 % ont déclaré avoir Ce résultat permet de comprendre certains travaux à l’image de
une faible introduction des TIC et 75,6 % de ces entreprises ont ceux réalisés par G. Meylon et Y. Lopez (1993) qui estiment que,
une forte introduction des TIC. dans un processus de réduction des délais de clôture et compte
Le khi-deux calculé (11,461) est largement supérieur au khi-deux tenu des immenses possibilités qu’offrent les TIC dans le traite-
théorique (3,841) à un degré de liberté et le seuil de significa- ment des données, on s’achemine vers la disparition du travail

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Systèmes d’information et prises de décision

de l’auditeur tel qu’il existe actuellement. Les travaux réalisés par « existence de la fonction contrôle de gestion ». Les résultats du
B. Soltani (1993) ont montré que l’un des éléments importants croisement sont présentés dans le tableau 7.
qui détermine le niveau de qualité de l’information comptable Tableau 7. Résultat ANOVA.
et financière est, sans doute, le délai à partir duquel elle est
rendue publique. Par ailleurs, H. Isaac et al. (2007) démontrent Intensité de connexion à Internet et existence de la fonction contrôle
que, dans un souci de gagner la confiance des investisseurs, de gestion
les entreprises modernisent leur système d’information en y Sommes Moyennes
DDl F Sign.
introduisant les TIC. des carrés des carrés
Inter-groupes 7,867 1 7,867 8,672 0,004
Intra-groupes 67,133 74 0,907
3.4. Analyse de l’impact de la fonction Total 75 75
Degré d’utilisation de l’outil informatique et existence de la fonction contrôle
de contrôle de gestion sur le degré de gestion
d’utilisation des TIC Sommes
des carrés
DDl
Moyennes
des carrés
F Sign.
Inter-groupes 7,494 1 7,494 8,215 0,005
Il sera question d’analyser la relation qui existe entre le degré Intra-groupes 67,506 74 0,912
d’utilisation des TIC et la place accordée à la fonction contrôle Total 75 75
de gestion.
Nous avons fait une ACP sur les variables de l’introduction des Nous constatons dans la partie supérieure du tableau que la
TIC et l’indice KMO est égal à 0,656, qui tend vers 1. Ce qui est probabilité de signification (0,004) est inférieure au seuil théorique
donc acceptable. De plus, la signification du test de sphéricité (0,05), la relation est donc statistiquement significative et le F
de Barlett est égale à 0. Les données sont factorisables. de Fisher est grand (8,672) à un degré de liberté. Nous pouvons
Tableau 6. Résultats ACP sur le concept degré d’utilisation des TIC Variables dire que l’existence de la fonction contrôle de gestion dans une
entreprise s’explique par la forte intensité de connexion au net
Variables Fact 1 Fact 2 (Fact.1).
Connexion à l’Internet 0,896 Il ressort de la lecture de la partie inférieure du tableau que la
Nombre de personnel dans le traitement de 0,794 probabilité de signification (0,005) est inférieure au seuil théorique
l’information (0.05), la relation est statistiquement significative et le F de Fisher
Fréquence d’utilisation d’Internet 0,902 est aussi grand (8,215) à un degré de liberté. Nous pouvons
Nombre d’outils informatiques dans l’entre- 0,879 déduire que l’existence de la fonction contrôle de gestion dans
prise
une entreprise s’explique par le fort degré d’utilisation de l’outil
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Utilisation de l’ordinateur dans le traitement 0,881
de l’information
informatique (Fact 2).
Valeurs propres 2,530 1,358
Nous constatons que les deux relations sont valides sur le plan
statistique au seuil de 5 %, alors l’hypothèse, selon laquelle le
Alpha de cronbach 0,8385 0,7415
degré d’utilisation des TIC influence le rôle de la fonction contrôle
% des variables expliquées 50, 6 % 27,162 %
de gestion au sein de l’organisation, est donc validée.
% des variables expliquées cumulées – 77, 762 %
Ce résultat corrobore avec ceux obtenus par A. Lajmi (2005),
Nous constatons que les valeurs propres sont supérieures à 1, R. Reix (1990), M. Granlund et T. Malmi (2002), réalisés sur
nous avons aussi les alpha de cronbach qui sont supérieurs à 0,6 les entreprises tunisiennes. Ils ont démontré que l’introduction
et les pourcentages de variables expliquées cumulés supérieurs des TIC, comme Intranet, peut favoriser la centralisation de
à 0,5. Nous pouvons donc retenir les deux facteurs suivants : la décision. Elle permet aux cadres supérieurs d’obtenir plus
– Le premier facteur est corrélé avec les variables : connexion de d’informations leur permettant de prendre des décisions avant
l’entreprise à l’Internet, nombre de personnel dans le traitement les niveaux plus bas.
de l’information comptable et financière et fréquence d’utilisa- Aujourd’hui, le contrôleur de gestion se trouve au cœur du
tion d’Internet dans l’entreprise. Il peut être appelé « intensité processus informationnel de l’entreprise et il a donc été confronté
d’utilisation du net ». aux bouleversements liés à l’usage des TIC. En ce sens, tous ces
– Le deuxième facteur est corrélé avec les variables : nombre bouleversements technologiques ont induit une évolution majeure
d’outils informatiques dans l’entreprise et utilisation de l’ordinateur du rôle « d’informateur » du contrôleur de gestion. Selon A. Lajmi
dans le traitement de l’information comptable et financière. Il (2005), le problème se focalise essentiellement sur l’aspect de
peut être appelé « degré d’utilisation de l’outil informatique dans façonner, traiter, sélectionner et commenter l’information et non
le traitement de l’information comptable et financière ». plus de la manière de produire ou de « sortir » ces données. De
Puisque nous avons deux dimensions du concept « degré d’utilisa- plus, le développement des TIC tels que les systèmes intégrés
tion des TIC », nous avons croisé chacune d’elle avec la variable de gestion (ERP) modifiera le rôle qui sera basé sur l’analyse pure

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La Revue des Sciences de Gestion, Direction et Gestion n° 259-260 – Organisation 161

performance des PME tunisiennes, La Revue des Sciences de

Systèmes d’information et prises de décision


et la synthèse, et impliquera une réorientation vers le conseil en
Gestion, Direction et Gestion, 2007, n° 224-225, p. 59-67.
organisation (A. Lajmi, 2005).
Outre l’amélioration du rôle du contrôleur de gestion en tant que Amabile S., Gadille M. et Meisonier, PME-PMI et nouvelles techno-
fournisseur d’informations et le passage de son rôle de technicien logies et l’information et de la communication, IXe Conférence
vers celui de conseiller, les TIC améliorent aujourd’hui son rôle Internationale de Management stratégique, 2000.
d’aide à la prise de décision A. Lajmi (2005). Belalia M, L’alignement stratégique dans les réseaux d’orga-
nisations : une perspective d’analyse à travers les politiques
relationnelles, La Revue des Sciences de Gestion, Direction et
Conclusion Gestion, 2010, n° 241, p. 23-32.
Bradaï W. et Chaabouni J., Changement organisationnel et
L’objet de cette étude portait sur l’analyse des différents facteurs Internet : cas du secteur de leasing en Tunisie, Acte de 15e
qui incitent les entreprises tchadiennes à s’approprier les TIC Conférence Internationale de Management, 2004.
ainsi que l’impact de celles-ci sur, d’une part, la qualité des
Brenneman, R. et Separi S., Économie d’entreprise, éditions
informations comptables et financières et, d’autre part, sur la
Dunod, 2001, 542 p.
fonction de contrôle de gestion.
Nos résultats empiriques révèlent plusieurs points importants. Brousseau D., Technologie de l’information et de la communication,
D’abord, 100 % des entreprises de l’échantillon sont informa- gain de productivité et transformation des dispositifs de coordina-
tisées ; 43,4 % disposent d’un service informatique, 35,5 % tion, éd. L’entreprise et l’outil informationnel, l’Harmattan, 1996.
utilisent des logiciels comptables et 57,9 % ont une qualité de Brousseau E. et Rallet A., Le rôle des TIC dans les change-
l’information publiée élevée. Ensuite, nous notons une absence ments organisationnels, http://brousseau.info/pdf/1997_l_
de liaison significative entre les facteurs de contingence et l’intro- EBARAixTIC&org. pdf, Université de Paris-Dauphine, 1997.
duction des TIC. Enfin, nous observons l’impact des TIC sur la Chapellier P., Pour un élargissement de l’approche contingente du
qualité des informations publiées et sur la fonction contrôle de système d’information comptable de la PME, Association Française
gestion. Deux aspects importants se dégagent. de Comptabilité, congrès de Toulouse, 1993, p. 339-3547.
– Premièrement, l’introduction des TIC améliore la qualité des
Cooper R., Look out management accountants, Management
informations, ce qui permet aux entreprises de gagner la confiance Accounting, 1996, vol. 77, n° 12, p. 35-39.
des investisseurs.
– Deuxièmement, nous avons relevé une liaison statistiquement Corfmat D. ; Helluy A. et Baron P. La mutation du contrôle de
gestion, édition d’organisation, 2000, 140 p.
significative entre la fonction contrôle de gestion et, d’une part,
le degré d’utilisation de l’outil informatique et d’autre part, Delesalle E., La comptabilité du xxie siècle se prépare, Droit
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l’intensité de connexion à Internet. Comptable, 2002, p. 6-17.
Cette étude a trois implications. Disle C. et Noël C., La révolution des normes IFRS, une conver-
– Premièrement, l’appropriation des TIC n’est liée ni à un secteur gence de la comptabilité vers la finance ?, La Revue des Sciences
d’activité, ni à la taille de l’entreprise, ni au profil du dirigeant. de Gestion, Direction et Gestion, 2007, n° 224-225, p. 17-27.
– Deuxièmement, l’amélioration de l’appropriation des TIC dans
Dovonou D. et Marinelli U., La communication financière, une réelle
le traitement et la publication restaure la confiance entre l’entre-
stratégie d’entreprise, Revue Banque, 2007, n° 694, p. 87-89.
prise et ses partenaires.
– Troisièmement, le contrôleur de gestion devrait utiliser ration- Dupuy Y., Une lecture des recherches actuelles en comptabilité
nellement les TIC pour mieux assurer et assumer son nouveau – contrôle, Annales du Management, XIIIe journées nationales
des IAE, Montpellier, 1994, p. 70 – 76.
rôle de garant de la qualité de l’information et d’accompagnateur
du changement (D. Corfimat et al., 2000). El Fidha Chokri et Hédi Charki Mohamed, Le rôle des technologies
Cette étude présente deux limites : de l’information et de la communication dans le développement
La taille de l’échantillon qui est réduite ; de la qualité de la « relation client » : application à la relation
Les facteurs de contingence choisis n’ont pas mis en évidence banque/entreprise, La Revue des Sciences de Gestion, Direction
et Gestion, 2008, n° 229, p. 121-127.
un lien avec l’appropriation des TIC.
Une extension possible consisterait à choisir d’autres facteurs Fayard L., Les enjeux de la nouvelle communication financière,
de contingence comme la culture, les buts et les préférences Cahier Électronique, 2004.
du dirigeant. Furrer M., Exigence sur la nature des informations comptables et
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Dossier III
162 La Revue des Sciences de Gestion, Direction et Gestion n° 259-260 – Organisation

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