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management de la diversité
Yvan Barel, Sandrine Frémeaux
Dans Management & Avenir 2013/8 (N° 66), pages 85 à 102
Éditions Management Prospective Editions
ISSN 1768-5958
DOI 10.3917/mav.066.0085
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Résumé
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Confrontées à de nouvelles obligations légales en matière d’égalité
professionnelle mais aussi en matière d’intégration des séniors et des
personnes en situation de handicap, les directions d’entreprise adoptent
des attitudes variées, allant d’une attitude réactive minimaliste à une
approche proactive consistant à réaliser une véritable politique d’intégration
professionnelle. S’appuyant sur 31 entretiens semi-directifs réalisés auprès
de DRH et de chargés de mission diversité, cette étude montre comment
la réussite d’un management proactif de la diversité tient à l’importance
accordée par la Direction à une approche managériale du travail et non à
une approche catégorielle ou psychologisante de la diversité.
Abstract
24. Yvan Barel, Maître de conférences HDR, LEMNA, Université de Nantes, yvan.barel@univ-nantes.fr
25. Sandrine Frémeaux, Professeur, Audencia. Nantes - École de management, sfremeaux@audencia.com
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Ce management est touché par l’opposition existante entre les deux visions de la
responsabilité sociale de l’entreprise : une conception néoclassique pour laquelle
une initiative sociale n’a lieu d’être que si elle est profitable aux actionnaires et
une conception éthique qui affirme l’existence d’un devoir moral de l’entreprise
d’agir de manière socialement responsable (Donaldson et Preston, 1995).
Cette distinction est devenue celle opposant la vision pragmatique ou utilitariste
qui instrumentalise la diversité à des fins économiques à la vision éthique ou
responsable qui analyse la problématique de la diversité en termes sociétaux.
Les travaux plus précis de Dass et Parker (1999) ont mis en exergue quatre
approches de la gestion de la diversité. L’approche fondée sur la « résistance »
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nie la problématique de la diversité et tend à invoquer l’analyse morale pour
justifier l’inaction au plan collectif. L’approche fondée sur la « discrimination » et
la justice sociale a eu ce mérite d’influencer diverses régulations (Ely et Thomas,
2001), mais risque d’aboutir à une discrimination positive qui vise un équilibre
statistique sans prendre nécessairement en compte les difficultés réelles
d’intégration (Bender et Pigeyre, 2004). L’approche fondée sur l’« accès » des
individus à l’entreprise en fonction des capacités réelles et des compétences
risque de privilégier l’amélioration de la performance individuelle à la lutte contre la
marginalisation des minorités à certaines fonctions (Gagnon et Cornélius, 2000).
Enfin, l’approche de l’« efficacité » d’une gestion de la diversité est visiblement
fondée sur le postulat d’un lien entre diversité et performance. Aucune de ces
approches n’est parfaitement satisfaisante.
Tandis que les études académiques foisonnent sur ces différentes approches
(Sabeg et Charlotin, 2006 ; Peretti, 2007 ; Barth et Falcoz, 2007 ; Cornet et
Warland, 2008), les obligations légales qui sont souvent inspirées de la logique
de discrimination positive se multiplient. Dans la continuité de la loi du 10 juillet
1987, la loi du 11 février 2005 augmente la contribution compensatrice à verser
à l’Agefiph en cas de non respect de l’obligation d’emploi d’au moins 6% de
travailleurs handicapés. La loi du 17 décembre 2008 relative à l’intégration des
séniors et la loi du 9 novembre 2010 relative à l’égalité professionnelle imposent
également des pénalités en cas d’inobservation de l’obligation d’effectuer des
plans d’actions. Dans tous les cas, on peut observer une diversité d’attitudes
des responsables par rapport à ces nouvelles contraintes légales : de l’approche
réactive consistant à faire le minimum en se limitant à la réalisation de rapports
ou de recrutements ciblés à l’approche proactive qui consiste à réaliser une
véritable politique d’intégration professionnelle des personnes handicapées, des
séniors ou des femmes en transformant la culture d’entreprise, le management
et les pratiques RH (Point et al., 2010). L’attitude proactive vise à aller au-delà
d’une lecture minimaliste de la loi, mais aussi à dépasser une vision minimaliste
de la fonction managériale. L’une des particularités du comportement proactif est
d’avoir une visée transformative de soi et de l’environnement (Grant et Ashford,
2008), et de traiter ou résoudre des problèmes en allant au-delà des frontières
des métiers (Morrison, 2006, p. 8).
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et comme source potentielle de performance avait déjà été mis en évidence par
Bruna et Chauvet (2010). Dans le prolongement de ces travaux, cette étude a
pour objet de mieux comprendre ce que pourrait être un management proactif
de la diversité. S’appuyant sur des entretiens semi-directifs réalisés auprès de
DRH et de chargés de mission diversité, cette étude montre que la réussite d’un
management proactif de la diversité tient à l’importance accordée par la Direction
à une approche managériale du travail et non à une approche catégorielle ou
psychologisante de la diversité.
1. Cadre théorique
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Pour autant, le management de la diversité n’est pas mis en place dans les
entreprises pour des raisons exclusivement économiques et financières. Une
analyse des discours stratégiques montre que les DRH et dirigeants d’entreprises
valorisent rarement la diversité comme une source de performance et d’avantage
compétitif (Point et Van Singh, 2005). Les visions fondées sur la discrimination
et les compétences sont plus fréquemment exprimées par les dirigeants que
celles qui s’appuient sur l’efficacité et la performance. De façon plus générale,
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il est impensable de restreindre le sens de l’action à son aspect économique
(Brief et Nord, 1990). Les travaux psychologiques portant sur le sens du travail
(Isaksen, 2000 ; Morin, 2008) ont dénoncé l’emprise des exigences économiques
en montrant que le travail constitue une nécessité vitale pour le développement
de la personne indépendamment de l’aspect économique. S’interrogeant sur les
motivations réelles qui sous-tendent les actions de la diversité, et en particulier
les actions d’intégration professionnelle des personnes en situation de handicap,
Barel et Frémeaux (2010) relèvent trois points d’entrée du sens que les DRH
et chargés de mission donnent aux démarches d’intégration des personnes en
situation de handicap : l’autonomie dont ils bénéficient particulièrement dans
l’exercice de cette mission, la qualité de la relation avec chacun des salariés et
le sentiment que les démarches sont bénéfiques aux personnes en situation de
handicap. Cette étude montre que le sens donné aux actions de la diversité est
intimement lié au sens donné au travail.
De même que les attitudes des DRH en matière de diversité sont fonction du
sens qu’ils prêtent aux actions d’intégration, elles sont également liées à la façon
dont ils appréhendent la contrainte légale. Ewick et Silbey (1998) envisagent
les approches du droit en questionnant les perceptions du sens, de l’autorité
et des pratiques du droit. Ces auteurs ont classé les perceptions cognitives
du droit en trois catégories : la « résistance » (on envisage le droit comme un
pouvoir arbitraire contre lequel on se sent impuissant), le « jeu » (on utilise le
droit conformément à ses propres intérêts) et la « conformité » (on reconnaît
l’autonomie revendiquée par le droit lui-même). Observant les pratiques
d’entreprise dans le domaine de l’intégration professionnelle des personnes
handicapées, Point et al. (2010) opposent deux attitudes : l’attitude « réactive »
qui consiste à se limiter au minimum légal en faisant uniquement progresser le
taux d’emploi ou en privilégiant le versement de pénalités ; l’attitude « proactive »
qui vise à mettre en place une véritable politique d’intégration des personnes en
situation de handicap. Everaere (2010) dénonce les risques de stigmatisation
en évoquant la normalisation des outils, la prédéfinition des postes de travail
jugés compatibles avec des handicaps ou les facilités de reclassement dans
l’administratif et souligne l’intérêt de pratiques managériales telles que la
nomination de responsables ou l’approche par compétences. Reprenant le cadre
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théorique d’Ewick et Silbey (1998) et la distinction élaborée par Point et al. (2010),
Barel et Frémeaux (2012) proposent une typologie affinée des attitudes face à
la contrainte légale et distinguent quatre attitudes : l’attitude réactive « passive »
inspirée par la résistance, l’attitude réactive « instrumentale » inspirée par le
jeu, les attitudes proactive et réactive « contrainte » inspirées par la conformité
(Tableau 1).
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11/02/2005 Pratiques des entreprises
(Ewick et Silbey, (Barel et
1998) (Point et al., 2005) Frémeaux, 2012)
proactive proactive Véritable politique d’intégration
Négociations obligatoires et paiement des
conformité pénalités
réactive contrainte
Absence de véritable politique d’intégration
en raison du déficit managérial
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est compris dans son sens le plus large, relève en fait d’une nouvelle vision
du management, du rôle des dirigeants et au-delà d’un état d’esprit commun
à tous les participants à la création de valeur dans l’organisation » (p. 349). Ils
prônent un management stratégique de la diversité qui comprend non seulement
les attributs de la diversité tels que le genre, l’âge ou le handicap, mais aussi
« la variété des processus décisionnels et des configurations organisationnelles
choisies ou subies » (p. 349). L’importance du management dans la réussite
d’une démarche de la diversité avait déjà été mise en avant dans un Cahier de
la chaire Management et Diversité de l’Université Paris-Dauphine intitulé « La
diversité, levier de performance… sous condition de management ». Bruna et
Chauvet (2010) y énoncent que « la diversité n’est pas de manière automatique
et intrinsèque source de performance pour les organisations. (…) c’est bien la
manière de manager la diversité qui peut être source, ou non, de performance
pour les entreprises ».
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2. Problématique et méthodologie
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managériales leur permettent de basculer d’une attitude réactive à une attitude
proactive en matière d’intégration professionnelle des personnes en situation
de handicap, des séniors et des femmes (qui représentent les trois catégories
touchées par des exigences légales nouvelles) ?
Des entretiens semi-directifs individuels d’une durée moyenne de 1h30 ont été
réalisés auprès de 22 DRH et 9 chargés de mission diversité entre novembre 2008
et février 2010. Sollicités en raison de l’existence d’un lien entre leur entreprise
et différentes structures spécialisées dans l’aide aux personnes handicapées
(Cap Emploi, Handi-up, divers Centres de rééducation et de réadaptation
professionnelle), les 22 DRH sont a priori sensibles à la question du handicap,
et à d’autres thématiques de la diversité. Le choix des responsables interrogés
tient compte de la taille de l’entreprise (voir Tableau 2). Dans ce même souci
de représentativité qualitative, une approche plurisectorielle a été privilégiée
(voir Tableau 3). La plupart des questions sont délibérément ouvertes, afin de
permettre aux professionnels de s’exprimer librement sur leurs expériences
en matière d’actions de la diversité et sur les pratiques mises en œuvre. Les
entretiens ont été enregistrés et retranscrits intégralement, notamment parce que
le choix des mots utilisés n’est pas neutre et révèle la façon dont l’interviewé
perçoit la diversité et le management de la diversité. La première partie de
l’entretien qui concerne les démarches de l’entreprise en matière d’insertion
professionnelle des personnes handicapées a déjà été l’objet d’une publication
(Barel et Frémeaux, 2012).
La deuxième partie de l’entretien qui est exploitée dans cette étude vise à
savoir si les actions de la diversité concernant les personnes en situation de
handicap, les séniors et les femmes représentent un objectif unique ou si elles
sont envisagées comme les conséquences d’une dynamique managériale. Les
questions portent sur les différentes thématiques de GRH que Everaere (2010)
envisage dans son analyse des politiques d’intégration professionnelle : le
recrutement, la communication et la gestion de la santé au travail. Les questions
portent également sur le dialogue social, celui-ci pouvant être un levier d’action
pour faciliter le changement en faveur de la diversité. Kirton et al. (2007)
montrent en effet que les responsables des politiques de diversité développent
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les différences entre les pratiques réactives et les pratiques proactives de la
diversité.
Tableau 2 : Tableau 3 :
Effectif des entreprises interrogées Secteur d’activité des entreprises interrogées
Nombre Nombre
Entre 20 et 49 salariés 4 Recrutement (intérim, CDD, CDI) 4
Entre 50 et 199 salariés 12 Industrie 4
Entre 200 et 749 salariés 11 Grande distribution 3
750 salariés et plus 4 Administration publique 2
TOTAL 31 Assurance 2
Banque 2
BTP 2
Énergie 2
Informatique 2
Transport et logistique 2
Biscuiterie 1
Découpe de matériaux composites 1
Veille documentaire et commerciale 1
Industrie chimique 1
Traitement des déchets 1
Secteur plastique - sanitaire 1
TOTAL 31
Des actions de la diversité existaient-elles avant l’apparition des contraintes légales ? Celles-
ci ont-elles eu pour effet de changer des pratiques managériales ou de mettre en évidence
Analyse des pratiques existantes ?
dynamique des
processus de Y a-t-il un effet d’entraînement entre les différentes actions de la diversité ? Les actions
gestion de la en faveur de l’intégration professionnelle des personnes handicapées favorisent-elles les
diversité actions en faveur de l’égalité professionnelle ou des séniors ? Les actions en faveur de
l’égalité professionnelle, des séniors et des personnes handicapées favorisent-elles la mise
en œuvre d’autres types d’actions de la diversité (ethnie, religion, syndicat…) ?
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Le management du travail, condition de
réussite du management de la diversité
Questions ciblées sur les différentes thématiques de GRH liées au management de la diversité
Les actions de la diversité sont-elles toujours ciblées ou certaines d’entre elles profitent-elles
à tous ?
Y a-t-il eu des changements dans les pratiques managériales concernant le recrutement,
Recrutement et l’organisation du travail et la gestion des carrières ?
carrière La volonté éventuelle de recruter des personnes en situation de handicap a-t-elle modifié le
processus de recrutement ?
Si l’entreprise procède à des recrutements ciblés, quels dispositifs met-elle en place pour
faciliter l’intégration ?
L’entreprise réalise-t-elle des événements sur la diversité ? Si oui, comment ces évènements
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sont-ils perçus par le personnel ?
Communication Communiquez-vous en interne et à l’extérieur sur votre volonté d’agir en faveur de la
interne diversité ?
Y a-t-il également une communication sur la volonté (de la Direction) d’être à l’écoute des
difficultés individuelles d’intégration ?
3. Résultats
Les entretiens révèlent que seule une petite minorité des responsables interviewés
ont évoqué des attitudes allant au-delà du minimum légal requis. Les résultats
de cette étude se concentrent sur les pratiques proactives de la diversité, par
comparaison aux pratiques réactives, en fonction des quatre thématiques de
GRH précitées : recrutement et carrière, communication interne, dialogue social,
bien-être et santé au travail (Tableau 5).
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3.1. Recrutement et carrière
Non ciblés sur les séniors, les femmes ou les personnes en situation de handicap,
les pratiques proactives de la diversité visent avant tout à s’adapter à des situations
différenciées. Elles contournent le piège d’une gestion catégorielle des individus
consistant à réaliser des recrutements ciblés sur des postes secondaires, à
promouvoir des prises de responsabilités qui demeurent artificielles ou à proposer
de façon quasi-systématique certaines tâches (socialement dévalorisées) à des
femmes ou certaines fonctions (tuteurs) à des séniors : « Des recrutements
ciblés peuvent être une première étape, mais s’ils ne s’accompagnent pas d’une
intégration réelle, ils génèrent des désillusions pour tous » [Chargée de mission,
Recrutement]. Les responsables adoptant un management proactif de la diversité
vont également au-delà des actions qui étaient ou auraient été de toute façon
réalisées : taux d’acceptation des demandes de temps partiel ou des demandes
d’évolution, analyse de la candidature d’au moins une femme pour tout poste
d’encadrement, analyse des candidatures séniors pour tous les postes…
Afin d’éviter que les personnes aient le sentiment d’être confinées dans des
rôles prédéfinis indépendants de leurs aspirations individuelles, le comportement
proactif s’appuie sur une approche par compétences. En matière de recrutement,
celle-ci permet une sélection plus pertinente en offrant des critères non subjectifs
et non discriminatoires : « Ce qu’on valorise, ce sont les compétences, point
à la ligne. Tout individu, quel que soit son profil, a des compétences. Si elles
nous intéressent, on recrute » [DRH, Industrie chimique]. Le vivier de candidats
potentiels est donc avantageusement élargi : « On avait une mauvaise approche.
Au départ, on pensait que certains métiers de la logistique n’étaient pas destinés
aux femmes. On a testé une intérimaire, parce que l’agence a insisté. Expérience
très positive qui a fait tomber les préjugés » [DRH, Transport et logistique].
L’approche par les compétences permet aussi d’éviter la considération souvent
excessive - et dommageable à l’entreprise - des diplômes : « Tout est très formaté
dans la banque, mais j’ai fini par faire admettre qu’un niveau Bac au guichet est
suffisant. Il n’est pas indispensable d’avoir un bac+2 » [DRH, Banque]. L’analyse
des compétences réelles et des capacités d’apprentissage des candidats rend
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est également intéressante dans le cadre de la gestion des carrières : « Même si
certains séniors n’ont pas le niveau d’études habituellement exigé par le poste,
ils ont été promus parce qu’ils ont fait preuve de leurs compétences » [DRH,
Traitement des déchets]. Une gestion des évolutions professionnelles basée sur
une considération des compétences réelles permet ainsi de rompre le cercle
vicieux selon lequel les séniors de 45 ans craignent de subir ultérieurement la
démotivation de leurs aînés : « En permettant une évolution des séniors de 55
ans vers des prises de responsabilités, on redonne espoir aux séniors de 45
ans » [DRH, Industrie chimique]. Elle permet aussi de lutter contre un autre
cercle vicieux, celui des faibles possibilités d’évolution des salariés travaillant à
temps partiel, et donc des femmes très largement surreprésentées dans cette
population : « On avait tendance à évaluer les résultats de la personne sans
prendre en compte son éventuel temps partiel. C’était discriminatoire envers les
femmes. On ne s’en rendait pas vraiment compte » [DRH, Énergie].
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fortifier la relation de confiance : « Il faut dire ce que l’on fait. Il faut dire ce que l’on
veut faire. Il faut les deux » [DRH, Veille documentaire et commerciale].
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les ressources organisationnelles en faveur de l’intégration professionnelle.
4. Discussion
Cette étude montre ainsi que les différentes actions de la diversité, bien qu’ayant
pour objet des thématiques différentes, participent de la même dynamique
managériale. L’intégration des différences peut créer un environnement positif
dans lequel chacun se sent valorisé pour ses talents, ses compétences et sa
participation aux objectifs organisationnels. Notre étude montre quelles pratiques
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Notre étude n’oppose pas les responsables réactifs aux responsables proactifs,
les managers adoptant des attitudes réactives sur certaines thématiques, et
proactives sur d’autres. Elle souligne l’importance d’une attitude proactive capable
de transformer le management du travail, et suggère en conséquence que cette
dynamique managériale crée un sentiment d’ouverture permettant d’aborder dans
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la confiance toutes les composantes de la diversité. Il serait pertinent de vérifier
dans le cadre de futures études en quoi une attitude proactive de la diversité
en matière d’intégration des séniors et des personnes en situation de handicap
comme en matière d’égalité professionnelle peut avoir une incidence positive sur
les autres domaines moins réglementés de la diversité, en particulier la diversité
culturelle, la diversité syndicale, la diversité d’appartenance syndicale, la diversité
d’appartenance religieuse ou ethnique, la diversité d’apparence physique ou la
diversité d’orientation sexuelle.
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• approche par compétences
• engagements sur des taux d’acceptation
Recrutement et • mises en situations professionnelles
des demandes d’évolution ou de temps
carrière comme outil de sélection
partiel
• engagements sur l’analyse des • maintien du dialogue en cas de congés
candidatures séniors ou femmes pour (maternité, maladie, parental d’éducation)
tous les postes, en particulier postes à et organisation d’entretiens avant et après
responsabilités le congé sur les possibilités d’évolutions
Communication forte
• expression spontanée par les directions
Communication faible de leur volonté d’écoute et d’accueil des
Communication sollicitations individuelles
interne • communication limitée au descriptif des
actions existantes et/ou évènements • engagements liés à la législation et/ou à
l’obtention d’un label
• rappel détaillé des droits des salariés
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Conclusion
Cette étude montre les limites d’une analyse économique des actions de la
diversité, non pas seulement parce qu’une telle analyse enferme la diversité
dans une fonction économique, mais aussi parce que ce ne sont pas les actions
de la diversité mais bien les évolutions organisationnelles et managériales qui
favorisent l’intégration professionnelle et influencent la performance. Les actions
de diversité déconnectées d’une transformation managériale peuvent être
contreproductives. Les discours et pratiques de la diversité risquent d’être perçus
comme des moyens de concentrer les esprits sur des valeurs mobilisatrices
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afin de dissimuler la souffrance vécue, les difficultés organisationnelles et
managériales, la réalité décisionnelle ou la performance insuffisante (Bardelli et
Allouche, 2012).
Aussi, cette étude conclut que le management de la diversité ne peut pas être
pensé en dehors du management du travail. Pour reprendre les termes de
Cochoy et de Lachèze (2013), il y aurait une triple « illusion » à vouloir parler
des questions d’intégration professionnelle au nom de la diversité en occultant
le travail. La première illusion est « longitudinale », dès lors qu’une partie des
pratiques dites de la diversité existait préalablement à son annonce. L’action
de la diversité serait alors simplement un processus de requalification et de
revalorisation de pratiques antérieures. Tel est le cas lorsque l’entreprise affirme
un taux d’emploi des personnes en situation de handicap plus élevé à la suite
d’une manœuvre visant à inciter les personnes déjà en poste à se déclarer.
L’illusion serait également « latérale », les porteurs de la diversité présentant
la partie pour le tout : « L’attention est focalisée sur un petit nombre d’éléments
qui ont tendance à être présentés ou perçus comme valant pour l’ensemble de
l’entreprise » (Cochoy et Lachèze, 2013, p. 20). Par exemple, l’augmentation
du nombre de femmes dans les conseils d’administration et les directoires sous
l’effet de la contrainte légale peut constituer une illusion latérale, lorsque le taux
de femmes diminue ou reste très faible dans les autres comités de direction ou
de management. Enfin, les auteurs parlent d’une illusion « profonde », lorsque
les actions de la diversité semblent concerner toutes les activités de l’entreprise,
alors qu’elles ne permettent pas d’enserrer l’ensemble des pratiques impliquées.
Des postes, souvent dévalorisés, créés de façon artificielle au nom de la diversité
peuvent être une illusion profonde. C’est donc pour éviter ces désillusions que
les pratiques de la diversité doivent être conçues comme des déclinaisons du
management du travail.
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Le management du travail, condition de
réussite du management de la diversité
basés sur une approche par compétences, écoute des besoins et des aspirations
individuels, écoute des partenaires sociaux considérés comme des alliés dans
la démarche diversité, amélioration des conditions de travail et approche
managériale des problèmes d’intégration et de santé au travail.
Bibliographie
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