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© De Boeck Supérieur | Téléchargé le 11/11/2023 sur www.cairn.info via Université Catholique de Lyon (IP: 193.51.243.241)
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Université du Littoral Côte d’Opale
Réseau de recherche sur l’innovation
blandine.laperche@univ-littoral.fr
Nadine LEVRATTO
Economix, CNRS-université de Paris Ouest, Nanterre,
La Défense
Centre d’Études de l’Emploi
Kedge Business School
nadine.levratto@u-paris10.fr
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mique et social dans lequel agissent les entreprises. Cette vision
englobante étend la logique de base de la séquence bainienne
selon laquelle les éléments composant la structure du marché
déterminent les comportements des entreprises qui, eux-mêmes
déterminent les performances du marché. Suivant la vision
étendue du paradigme SCP (Arena et al., 1988 ; Chevalier,
1995 ; Carlton et al., 2008), les conditions de base ou condi-
tions fondamentales de l’industrie et les caractéristiques de
l’environnement économique ainsi que les politiques écono-
miques sont ici incorporées à l’environnement de la firme. Les
boucles de rétroactions introduites par Scherer (1970) com-
plètent l’ensemble du système.
Les articles réunis dans ce numéro ont en commun cette
référence à un environnement élargi qui incorpore la structure
du marché telle que définie dans le triptyque SCP (le degré
de concentration des vendeurs et des acheteurs, le degré de
différentiation des produits, les conditions d’entrée sur les mar-
chés) et s’étend aux ressources humaines, financières, maté-
rielles ou plus immatérielles qui seront autant d’inputs que les
entreprises pourront mobiliser. Les caractéristiques institution-
nelles (lois, règles et normes) contribuent également à struc-
turer les espaces dans lesquels les firmes agissent. La mutation
de ces structures peut être issue du progrès des techniques, des
comportements et des stratégies déployées par les entreprises
ou encore de l’action des politiques publiques au niveau natio-
nal ou régional.
La référence sectorielle est au fondement même du para-
digme SCP pensé comme une méthode d’analyse globalisante
6 n° 50 – innovations 2016/2
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qui intègrent à l’analyse des mutations technologiques ces nou-
velles conditions intervenant tant au niveau des conditions de
base (réseaux, territoires, etc.) que de la définition des critères
de performance au-delà du seul aspect économique.
Les deux premiers articles de ce numéro étudient l’évolu-
tion des structures industrielles, telles que nous les avons défi-
nies plus haut, à l’échelle des territoires. Sana Elouar-Mrizak et
Fabienne Picard s’intéressent aux tendances d’évolution de la
structure techno-industrielle d’une région (la région Franche-
Comté, aujourd’hui Bourgogne-Franche Comté). Pour mesu-
rer ces évolutions, les auteurs recourent à l’analyse statistique
des réseaux sociaux, qui permet de visualiser et d’interpréter
les interactions entre agents économiques et la diffusion des
technologies. Une telle analyse est un outil précieux dans l’éla-
boration de politiques publiques régionales, en particulier dans
le domaine de l’innovation, qui s’inscrivent actuellement dans
l’objectif de construire une « spécialisation intelligente ».
Le second article, rédigé par Didier Lebert, applique la
théorie de la dominance économique, inspirée des travaux de
François Perroux (1948), à l’étude des flux intra- et interterrito-
riaux de connaissances technologiques, permettant ainsi d’étu-
dier la dimension cognitive de la dominance interterritoriale.
Dans un contexte d’approfondissement de la division des pro-
cessus productifs comprenant la recherche et développement,
l’auteur étudie la capacité d’adaptation des territoires, c’est-à-
dire de leur résilience face à ces transformations. Pour ce faire,
il construit des indicateurs structuraux de dépendance, d’inter-
dépendance et d’autarcie territoriale ainsi que de centralité de
n° 50 – innovations 2016/2 7
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les rejets des unes deviennent les ressources des autres, sous un
angle particulier, c’est-à-dire comme un nouveau champ d’ana-
lyse pour l’économie industrielle. C’est ici donc davantage la
manière d’étudier l’évolution des structures industrielles plutôt
que les structures mêmes qui est envisagée. L’écologie indus-
trielle, qui peut être considérée comme un outil de mutation
des territoires dans le sens d’un développement plus durable,
peut aussi apparaître comme un moyen de renouveler le champ
de l’économie industrielle, en tant que discipline. Son étude
conduit en effet, selon l’auteur, à mobiliser de nouveaux cou-
rants de pensée (théorie des conventions, théorie des parties
prenantes, districts industriels) et à poser de nouvelles ques-
tions empiriques (étude du métabolisme industriel, valorisation
des déchets, économie circulaire). En ce sens, et dans la conti-
nuité des travaux de R. Arena et de C. Navarro (2010, p. 381)
qui ont proposé une chronologie des principales approches en
économie industrielle (préoccupations pragmatiques et sta-
tistiques au début des années 1980 ; politique et dynamique
industrielles à la fin des années 1980 ; émergence de nouveaux
courants théoriques et de nouvelles questions empiriques dans
les années 1990 ; économie de la connaissance et des interac-
tions sociales dans les années 2000), l’écologie industrielle
pourrait selon A. Diemer constituer une nouvelle étape dans la
phase de maturité de l’économie industrielle.
Les quatre articles suivants étudient les relations entre,
d’un côté, les stratégies des acteurs et les caractéristiques des
marchés et, de l’autre, les caractéristiques des acteurs et les
performances des entreprises. Dans leur article à visée explo-
ratoire, Jonathan Bainée et Richard le Goff s’intéressent à
8 n° 50 – innovations 2016/2
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gulier. Ils cherchent à expliquer les fondements de ces straté-
gies et à évaluer la portée théorique du nouveau concept mis
en évidence.
Dans le cinquième article de ce numéro, Christian Le Bas
s’intéresse aux performances technologiques des firmes qu’il
relie à la présence et à l’activité des inventeurs très productifs,
dits « prolifiques ». L’étude concerne tous les secteurs indus-
triels et s’appuie sur la base de brevets du NBER. L’auteur uti-
lise l’indice des avantages technologiques révélés dans le champ
technologique dominant comme métrique des performances
technologiques. Les analyses empiriques effectuées à partir
d’un échantillon de 19 000 firmes couvant deux pays (France
et Royaume-Uni) au cours de la période 1976-2002 confir-
ment l’hypothèse centrale d’un effet positif de la présence
d’inventeurs prolifiques sur les performances technologiques
des firmes. L’auteur montre également que le niveau de pro-
ductivité des inventeurs prolifiques agit sur les performances.
La catégorie d’inventeurs stars (inventeurs très prolifiques) a
un impact positif plus fort que celui des inventeurs simplement
prolifiques.
Dans le sixième article de ce numéro, Valérie Ceccaldi
s’intéresse à l’émergence d’une stratégie d’innovation pérenne
dans une très petite entreprise, en s’appuyant sur le cas d’une
petite cave coopérative vinicole. L’analyse théorique, en
management stratégique, de l’innovation dans les très petites
entreprises (TPE) met en avant le rôle du dirigeant et, plus
particulièrement, de sa vision stratégique et de sa capacité d’ap-
prentissage dans la définition, la mise en œuvre et la continuité
n° 50 – innovations 2016/2 9
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de performance. Dans son article, qui constitue le septième
de ce numéro, Sophie Renault étudie la mobilisation de la
foule dans un processus de collecte d’informations marketing.
S’appuyant sur l’étude du cas de l’une des plateformes actives
dans ce domaine et par le biais d’une recherche participative,
d’une démarche netnographique enrichie par la réalisation
d’entretiens, elle esquisse une analyse des atouts et des limites
de cette pratique à la fois pour l’entreprise et pour la commu-
nauté des utilisateurs. Ils s’apprécient en termes d’une part de
réduction de coûts et de gains financiers et ouvrent la voie à
une réflexion sur la nature et les formes du travail dans l’écono-
mie d’aujourd’hui.
L’article suivant ouvre la réflexion sur les différents niveaux
de la performance des organisations ou des stratégies, souvent
restreinte aux critères économiques, qui est ici abordée en
termes d’intégration sociale. Yuna Chiffoleau et Dominique
Paturel abordent les circuits courts alimentaires comme de
nouveaux outils d’analyse de l’innovation sociale. Les initia-
tives récentes en matière de circuits courts alimentaires en
France visent selon les auteurs à faciliter l’accès des consom-
mateurs précaires à une alimentation de qualité. Cet article
montre l’intérêt d’analyser ces initiatives pour comprendre les
mécanismes de construction de l’innovation sociale et explorer
les conditions de son changement d’échelle. Combinant socio-
logie économique et approche par le care, les auteurs s’appuient
sur deux études de cas pour montrer de quelle manière l’inno-
vation sociale se développe à travers de nouveaux types de liens
et de ressources valorisant l’expérience de la vie quotidienne.
10 n° 50 – innovations 2016/2
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les structures socioéconomiques du capitalisme et les motiva-
tions entrepreneuriales (profit, défi, reconnaissance sociale,
innovation, etc.). Les approches contemporaines actualisent et
développent les approches initiales, en relation avec les pro-
blèmes économiques et sociaux (progrès technique, chômage,
emploi, etc.) de leur temps.
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