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UNIVERSITE GASTON BERGER DE SAINT-LOUIS

UFR DES SCIENCES ECONOMIQUES ET DE


GESTION : MASTER1 ECONOMIE APPLIQUEE

LL
2019-2020 DOSSIER CRISE FINANCIERE
LICENCE 2

PRESENTE PAR: Sous la direction du:


Ndeye Ramatoulaye Ka P261275 Pr A A NDIAYE
Papa Mor Samba Fall P261403
Ameth Gueye P261659
Youssou Diop P251382
Ndeye Fatou Ndiaye P26884

UNIVERSITE GASTON BERGER DE SAINT LOUIS


Introduction
Les crises financières secouent depuis dix ans, presque sans interruption, l’économie
mondiale. Elles ont été spécialement fréquentes et profondes pour les économies les plus
récemment intégrées aux mouvements financiers internationaux, alors que les économies qui
s’inscrivent dans une longue tradition d’intermédiation financière ont été moins sévèrement
touchées. La crise financière de 2008 qui semble s’inscrire « naturellement » dans une série
de crises, est sans doute la plus violente depuis les années 30. Les théoriciens ne sont pas
restés indifférents face aux défis que constituait la formalisation de modèles susceptibles de
reproduire certains des traits majeurs des crises observées au cours des deux dernières
décennies. Les économistes s’orientent vers la recherche des mécanismes de base conduisant
à la fragilité financière et, dans certains cas, à une crise ouverte. La richesse de ces modèles
permet de discuter et d’éclairer les interventions publiques susceptibles de réduire la
fréquence des crises ou à défaut d’en atténuer la gravité.
Cette étude nous conduit alors à se poser la question suivante : comment construire un cadre
d’analyse des crises financière ?
Pour mieux étudier l'ampleur de ces crises, nous allons énumérer dans un premier temps les
caractéristiques et forme de crise, nous aborderons dans un second temps les théories relatives
aux crises, et enfin d'en terminer avec des exemples de crise notamment la crise de 2008 et la
crise libanaise.

I. THEORIES DES CRISES FINANCIERS


1. L’APPROCHE MONETARISTE

Les monétaristes identifient les crises financières aux paniques du système bancaire, qui
peuvent entraîner une contraction monétaire ou aggraver les effets d'une contraction
monétaire antérieure sur l'activité économique. Friedmann et Schwartz (1963), par
exemple, ont constaté que sur six contractions majeures aux Etats-Unis entre 1867 et 1960,
quatre d'entre elles étaient associées à de fortes perturbations bancaires ou du système
monétaire. On a estimé que la panique bancaire résultait d'une perte générale de confiance
en la capacité des banques à convertir les dépôts en liquidités. Cette perte de confiance
était souvent causée par la faillite d'une institution importante qui, à son tour, a pu être
provoquée par l'échec des autorités à poursuivre une politique monétaire stable et
prévisible. Eu égard aux réserves infimes, les tentatives du public pour augmenter la fraction
de ses avoirs monétaires ne peuvent être satisfaites que par des contractions multiples des
dépôts, à moins d'une suspension de la convertibilité des dépôts en liquide, ou d'une
intervention des autorités (en général, des opérations sur l'open-market). Une panique peut
conduire à des faillites bancaires générales, à moins que la Banque centrale n'agisse pour
accroître la masse monétaire, tandis que les banques saines sont poussées à l'insolvabilité
par la baisse de valeur de leurs avoirs due à une ruée sur les liquidités. Bien entendu, la mise
en place d'une assurance sur les dépôts a beaucoup fait pour alléger les dangers d'un tel
syndrome, puisqu'elle a dissipé les craintes du public sur leur capacité à convertir les dépôts
en liquide
2. DETTE ET FRAGILITE FINANCIERE

L'approche monétaire ne souligne que les facteurs monétaires et regarde les réels effets des
crises comme étant principalement l'accélération des baisses entraînées par d'autres forces.
Une autre approche considère les crises financières comme un élément essentiel du
tournant du cycle économique une réponse à de précédents « excès », qui peut agir par
l'intermédiaire de nombreux marchés financiers. Fisher (1933) attribue la phase
descendante du cycle économique au .surendettement et à la déflation. Le mouvement
ascendant est dû à un facteur exogène conduisant à des occasions accrues
d'investissements rentables (ce que Kindleberger (1978) a appelé un «déplacement»). Cela
conduit à accroître les investissements fixes ainsi que la spéculation sur les marchés de
capitaux financiers. Le processus est financé par la dette, principalement par des prêts
bancaires, ce qui augmente les dépôts, l'offre de monnaie et le niveau des prix. La vitesse de
circulation s'accroît également, alimentant en outre l'expansion. Les prix en hausse
réduisent la valeur réelle de l'encours de la dette, compensant l'augmentation de la dette
nominale, et favorisant de futurs emprunts. Cela conduit à un état de « surendettement »,
c'est-à-dire un degré d'endettement qui multiplie outre mesure les risques d'insolvabilité
(autrement dit, un état d'endettement, entraînant une valeur actuelle négative de la valeur
nette des emprunteurs, dans plusieurs états de la nature). Lorsque les agents ont des
liquidités insuffisantes leur permettant de faire face à leurs engagements, une crise peut se
déclencher, peut-être provoqué par une hausse des taux d'intérêt. Les débiteurs incapables de
payer leur dette et de refinancer leurs positions peuvent être obligés par leurs créanciers
à liquider leurs biens (« ventes de détresse »). Si cela se répand, et en l'absence d'une
intervention de prêteur-en-dernier-recours des autorités monétaires, cela entraîne d'autres
crises et une dépression profonde ; que l'ensemble de la communauté procède à des
« ventes de détresse », et cela conduit à des prix en baisse, à un déclin des dépôts
bancaires, alors que les prêts sont supprimés. La déflation accroît la valeur réelle de
l'encours de la dette. Si les taux d'intérêt nominaux sont « collés », les taux réels
augmentent. Cela peut provoquer des ruées vers les guichets, alors que les craintes sur leur
solvabilité s'accroissent, en particulier lorsque la chute des prix réduit la valeur nette des
sociétés et de leurs bénéfices, et conduit à la banqueroute. Minsky (1982) a détaillé
l'approche de Fisher et a introduit le concept de « fragilité », pour tenter de clarifier le
problème du surendettement pendant un cycle ascendant. La fragilité dépend
premièrement du mélange des finances de couverture spéculatives et de « Ponzi » ;
deuxièmement de la liquidité des portefeuilles ; troisièmement de la mesure dans laquelle
les investissements en cours sont financés par la dette. Il y a financement de couverture
lorsque les engagements pour le service de la dette en unité de trésorerie sont tels que les
recettes de caisse excèdent les paiements au comptant sur une longue période ; le
financement spéculatif entraîne, sur une courte période, des paiements qui sont supérieurs
aux recettes de trésorerie ; le financement de « Ponzi » prend place lorsque la part d'intérêt
des engagements de paiement au comptant dépassent les recettes de caisse. Un groupe
« Ponzi » doit accroître sa dette pour faire face à ses engagements en cours. Pour les
groupes spéculatifs et de « Ponzi », une hausse du taux d'intérêt peut entraîner une valeur
nette négative et l'insolvabilité. Comment le mécanisme opère-t-il? Dans la phase
ascendante, la demande d'investissements nouveaux conduit à une demande excessive de
financement, qui augmente les taux d'intérêt, bien que ceci soit partiellement compensé
par des innovations financières et monétaires (donnant une offre de monnaie élastique et
une vitesse de circulation flexible), lesquelles accroissent l'offre de financement pour de
futurs investissements. Des taux d'intérêt plus élevés créent une fragilité via une
augmentation du financement de la dette, une transformation de la dette du long terme au
court terme, un changement de la couverture à la spéculation, ou au financement « Ponzi »,
et une réduction des marges de sécurité des institutions financières. D'autres
augmentations des taux d'intérêt peuvent causer une crise du refinancement pour des
sociétés incapables de surmonter leur dette, conduisant au cycle de « vents de détresse »
de Fisher 2, à moins que la banque centrale n'intervienne. Finalement, Kindleberger (1978)
a insisté sur l'importance de « l'euphorie » pendant le mouvement ascendant, ce qui
conduit les banques à provisionner leurs risques de manière insuffisante, ainsi que les
investisseurs, à un degré élevé d'activité spéculative. Les prix des valeurs suivent la réalité
de très près mais deviennent progressivement plus exagérés. En plus de la fixation faite sur
l'intervention du « prêteur en dernier ressort », les implications politiques de l'approche par
la fragilité financière incluent également une limitation des avantages fiscaux de la dette par
rapport aux capitaux propres.

3. Anticipations rationnelles
Il y a eu quelques tentatives pour donner aux crises un modèle incluant des anticipations
rationnelles. D'après ces modèles, les manies (telles qu'elles sont définies dans les
approches de fragilité financière) sont vues comme des bulles spéculatives rationnelles, les
ruées (le facteur-clé des monétaristes) étant une attaque spéculative sur un système de
fixation des prix, et une panique est une ruée dont la durée est imparfaitement prévue. Par
exemple, les définitions d'une bulle raisonnable (Blanchard et Watson, 1982) incluent de
façon typique une probabilité présumée selon laquelle la bulle demeurera, ou éclatera. Tant
que la bulle dure, le rendement moyen doit être supérieur au risque des taux libres, pour
compenser le risque d'un krach. A fortiori, cela sera vrai pour les agents répugnant à
prendre des risques en effet, alors que la probabilité d'un krach pourrait s'accroître dans le
temps, les prix devront augmenter exponentiellement pour compenser, non seulement la
probabilité plus grande d'une chute, mais aussi le risque accru pour ceux qui détériorent des
biens (on peut opposer cette théorie à la large définition de « l'euphorie » de Kindleberger
où les prix des valeurs perdent progressivement le contact avec les fondamentaux d'une
façon « irrationnelle »). Les ruées sont également explicables en terme d'anticipations
rationnelles (Flood et Garber, 1981). Une ruée étant un événement qui met fin à un plan de
fixation des prix. Un agent (par exemple une banque) peut être prêt à acheter ou à vendre
un bien à un prix fixe donné (c'est-à-dire fixe le coût des dépôts en terme de monnaie
nationale). Les chances de succès du plan dépendent du stock de biens détenu par l'agent. Si
d'autres agents considèrent que la fixation des prix est temporaire, et que ces prix montent
éventuellement (ils auront une perte en capital sur leurs dépôts), ils abaisseront le stock
(des réserves) renforçant le plan de fixation des prix. Autrement dit, ils diminueront le stock
jusqu'à la valeur nette de la société soit nulle. Si le stock est rapidement réduit, c'est une
ruée (conduisant à la fermeture), bien que tous les déposants (ayant une parfaite
clairvoyance) soient remboursés sans pertes4. On peut élargir la théorie en introduisant des
risques calculés admettant des pertes pour les déposants (paniques), mais seulement
jusqu'au point où un événement soudain a conduit directement et proportionnellement à
des pertes réelles dépassant la valeur nette de l'institution.

4. Incertitude
L'incertitude se rapporte aux événements futurs, tels que crises financières et changements
de régime politique, non susceptibles d'être réduits à des probabilités objectives, et fournit
également des occasions de faire des bénéfices sur les marchés compétitifs (voir Knight,
1921 ; Meltzer, 1982). Ces aspects sont étudiés tour à tour ci-dessous. Il n'y a pas de théorie
précise sur la manière dont les décisions sont prises sous le règne de l'incertitude. On peut
l'ignorer (si les événements sont réputés avoir une probabilité d'apparaître suffisamment
basse, et que l'information est coûteuse à obtenir). D'un autre côté, on peut appliquer des
probabilités subjectives, accompagnées d'une prime de risque couvrant des événements
adverses inattendues. Dans les deux cas, le public a tendance à se surveiller et à ne pas
dévier trop largement de la norme en termes de facteurs pris en compte, et du poids qu'il
lui accorde. Lorsque la foule se trompe, c'est ainsi qu'a lieu la crise, mais il n'y a aucune base
objective pour prouver, avant qu'elle n'ait lieu, que la foule aura tort . L'incertitude a de
fortes chances d'augmenter en raison de ce processus d'innovation, et de là, elle pourrait être
plus forte sur des marchés non régulés comme les euromarchés, où l'innovation est
libre des restrictions de la conception du produit. Lorsque l'incertitude est réduite et que les
profits diminuent, l'innovation peut réapparaître, exposant le marché à de nouvelles
incertitudes (voir aussi le débat sur l'innovation et le risque dans BRI. 1986). Un niveau accru
d'incertitude peut conduire à une perte de confiance dans les institutions financières (il est
remarquable que la confiance ne joue aucun rôle dans un modèle de « prévisions
rationnelles » accompagné de probabilité stationnaires). La confiance augmente tant que
les innovateurs reçoivent des profits et que l'on initie leurs pratiques. Des événements
inopinés défavorables, étant données l'incertitude et l'information incomplète, peuvent
provoquer des modifications dans la confiance, et par conséquent des poussées qui
affectent des marchés, garanties bien plus qu'il n'y paraît par leur signification intrinsèque,
car elles conduisent à une nouvelle conception des processus de décision, aussi bien que
des décisions elles-mêmes. Cela aide à expliquer la grande diversité des causes rapprochées
des crises financières.
5. Rationnement du crédit
Les paradigmes de l'encadrement du crédit (Guttentag et Herring, 1984a) suggèrent que les
crises financières sont caractérisées par des aggravations soudaines du rationnement, à la
fois par les prix (c'est-à-dire des primes de risque plus élevées), et par la quantité, soit (selon
Stiglitz et Weiss, 1981) des limites absolues de l'emprunt résultant des différences
d'informations entre l'emprunteur et un prêteur (qui maximise son profit), et du manque de
contrôle de l'emprunteur par le prêteur. De telles aggravations peuvent succéder à des
périodes où, précédemment, le rationnement a été poussé à un point extrême. En étendant
les théories soulignant l'incertitude, ci-dessus mentionnées, on fait une distinction
supplémentaire entre, d'une part, les risques systématiques du marché tels que la récession
et, de l'autre, les crises financières la dernière étant sujette à une incertitude bien plus
grande que celle déjà mentionnée . Dans le cas d'une récession, on suggère que l'on connaît
les probabilités objectives, et que les probabilités subjectives tendent vers les objectives, car
les conséquences défavorables sont suffisamment fréquentes pour garantir qu'un
intermédiaire sur-optimiste soit éliminé du marché (cela suppose toutefois une vue à long
terme) ; mais, en ce qui concerne les crises financières et d'autres événements aléatoires, .
il n'y a pas de telles présomptions: la concurrence peut éliminer du marché des créanciers
prudents par ceux qui ne tiennent pas compte de la probabilité d'une crise financière, par
ignorance, ou par avantage concurrentiel. On pourrait identifier de nombreux facteurs
psychologiques sous-jacents à ce modèle, en particulier une tendance à calculer les
probabilités, avec cette aisance avec laquelle les événements passés reviennent en
mémoire, mémoire qui décline avec le temps, aussi bien que des facteurs institutionnels tels
que ces courtes périodes pendant lesquelles les gestionnaires de crédits sont comparés,
ainsi que l'asymétrie des résultats pour les dirigeants et les actionnaires. Ces tendances, qui
entraînent un déclin des probabilités subjectives de chocs durant les périodes de calme,
peuvent conduire à des positions de capital en baisse, à une réduction du rationnement par
les prix et du rationnement quantitatif du crédit, et de là à augmenter la vulnérabilité
objective des créanciers aux chocs. Les probabilités subjectives et objectives peuvent ainsi
dériver largement durant une période de calme, jusqu'à ce qu'un choc conduise à une
brusque aggravation de l'encadrement du crédit, provoquant une crise, tandis que les
prêteurs deviennent conscients de leur imprudence. Les recommandations politiques
fondées sur cette analyse sont favorables à un contrôle direct des ratios de capital des
banques (c'est-à-dire une surveillance prudente) mais à condition qu'on puisse utiliser des
mécanismes supplémentaires afin d'éviter une myopie des désastres.

II. . CARACTERISTIQUES ET FORMES


A. CARACTERISTIQUES
Une crise financière part d’une instabilité financière qui se manifeste par de mouvements
importants et parfois brutaux de variables financières, notamment les cours boursiers et les taux
de change. Elle prend la forme de phases haussières (les booms) ou baissières (les dépressions).
Dans ces phases, les variables tendent à s’éloigner d’une manière significative et durable de
leur valeur d’équilibre fondamental.
Les crises financières désignent des perturbations sur les marchés bancaires et financiers qui
conduisent au « risque systémique ».
On peut parler de crise financière lorsque l’une au moins des trois fonctions clés du système
financier est mise en danger. Ce sont : l’allocation du crédit et des capitaux, la circulation des
moyens de paiement et l’évaluation des actifs financiers.
Les phénomènes d'instabilité et de crise financière ne sont pas nouveaux.
Dans son livre « Histoire mondiale de la spéculation financière de 1700 à nos jours » (1989),
Charles Kindleberger montre que les crises financières sont un éternel recommencement depuis
que la finance a commencé s’organiser dans le monde (autour des pays tels que la Hollande, la
Grande-Bretagne, l’Allemagne et la France).
Les formes que prend l’instabilité financière se transforment au cours de l’évolution du
capitalisme.
Aux XVIIe et XVIIIe siècles : elles concernent la crise de la dette des souverains, la spéculation
sur le commerce des bulbes de tulipes à Amsterdam puis les actions de la Compagnie des Indes.
Au XIXe siècle, elles s’étendent aux Bourses de valeurs et prennent également la forme de
faillites bancaires (crise de la Baring anglaise en 1890) .Le XXe siècle et le début du XXIe
connaissent les trois formes principales de crises financières : les crises bancaires, les krachs
boursiers et les crises de change.
B. LES FORMES DE CRISES
1. LES CRISES BANCAIRES
Elles sont aujourd’hui au cœur des crises financières. On distingue trois types de crises
bancaires :
 La panique bancaire (« Bank run ») : A la suite d’une défaillance d’une banque qui
peut être due au fait que tous les déposants se précipite aux guichets pour retirer leurs
avoirs. La faillite de cette banque, selon son poids, peut s’étendre aux autres banques et
à tout le système de financement par le crédit « crédit Crunch » et par là à l’économie
toute entière. L’Etat intervient alors pour sauver les banques trop grosses (« too big to
Fail »)
 Les crises de spéculation bancaire : Elles touchent toutes les banques en même temps
car elles ont toutes pris des risques excessifs et se retrouvent toutes fragilisées à la suite
d’un retournement de conjoncture ou de changement imprévu de politique monétaire.
Leur structure de bilan se détériore, les crédits impayés augmentent, leur liquidité
diminue. Elles sont alors contraintes de réduire leurs concours à l’économie en
restreignant l’octroi de crédits alors même que les emprunteurs (entreprises et ménages)
sont tout à fait solvables, ce qui contribue à les fragiliser davantage. Pour éviter les
faillites en chaîne, la Banque centrale intervient pour injecter de la liquidité.
 Les crises de cycle financier : Dans la phase d’euphorie générale, les entreprises et les
ménages s’endettent excessivement, soit dans des opérations d’investissement risquées,
soit en alimentant une bulle immobilière, ou encore pour spéculer sur les marchés
financiers, l’euphorie générale augmentant les appétences pour le risque. La probabilité
de défaut des banques trop laxistes augmente et un retournement de conjoncture, ou un
événement politique ou social quelconque conduit à une réévaluation générale du risque
provoquant la crise bancaire et le resserrement du crédit, jusqu’à ce que la confiance
revienne et que le cycle financier reparte à la hausse.

2. LES CRISES BOURSIERES


 Les Krachs boursiers : Ils se manifestent par une chute brutale du cours de
l’action sur une place financière et se propagent à toutes les autres places
financières par un effet de contagion mimétique. Le modèle de krach boursier
inégalé par son ampleur et ses conséquences économiques et sociales est la
crise de 1929 qui a débuté par le fameux « jeudi noir » qui a vu s’effondrer le
cours de toutes les valeurs sur la place financière de New-York à la bourse de
Wall Streets. Les graves crises boursières du 20° siècle sont celles de 1916,
1937 et 1973.
 La première grande crise financière du 21° siècle : Elle éclate aux Etats-Unis
en mars
2000. En un peu plus de deux ans les cours des actions à Wall Street baissent de 42,5 %. La
crise boursière française quant à elle a été encore plus grave, marquée par une baisse des
cours de 56,66%, trois ans après le début de la crise. (février 2003). Cependant cette crise
boursière présente la particularité par rapport aux grandes crises du 20° siècle d’être plus lente
et plus continue dans son déroulement. Ce qui empêche en effet des phénomènes de panique
massive caractéristiques des crises boursières du 20° siècle, c’est désormais le contexte
nouveau des politiques macroéconomiques et du système financier libéralisé qui évite un
effondrement brutale des cours : politiques budgétaires expansives, soutien au marché
immobilier, comportements prudentiels des banques et des gestionnaires collectifs de
l’épargne (les investisseurs institutionnels notamment). La contrepartie est le caractère
incertain de la fin de la crise boursière.
3. LES CRISES DE CHANGES
Les années 1990 ont été marquées par une succession de crises de change d'une grande
violence dans les économies en voie de développement récemment intégrées à la finance
internationale. Au Mexique, en 1994, puis, en 1997, en Thaïlande, en Malaisie, en Indonésie,
aux Philippines et en Corée, au Brésil en 1999 et en Argentine en 2001, les marchés des
changes ont été pris de panique et le cours des monnaies nationales a brusquement chuté, les
capitaux financiers ont inversé leur mouvement et fui ces économies dans lesquelles, peu
avant, ils affluaient encore en masse, l'activité économique s'est effondrée. Les économies les
plus gravement touchées ont vu un grand nombre de leurs entreprises faire faillite et leur
système bancaire s'écrouler.
 Le contexte empirique de la réflexion théorique sur les crises de change :
Les développements théoriques de la littérature relative aux crises de change conduisent à
distinguer trois types de modèles. Les modèles théoriques de première génération se sont
développés en réponse aux crises de change ayant touché les pays d'Amérique latine au début
des années quatre-vingt. Ils tentent, en règle générale, de repérer les situations de
déséquilibres macroéconomiques qui rendent inévitable l'abandon de l'objectif de change fixe
par les autorités monétaires. Partant de ces modèles, de nombreuses approches empiriques se
sont développées, validant l'influence des fondamentaux dans le déclenchement des crises de
change.
Dans les modèles de deuxième génération, l'évolution des fondamentaux peut être cohérente
avec le régime de change, mais la parité peut être abandonnée car les autorités se basent,
rationnellement, sur d'autres variables que les seules réserves de change. Les agents privés
auront alors tendance à intégrer dans leurs anticipations le fait que la politique des autorités
n'est pas linéaire, mais qu'elle répond à la conjoncture économique au sens large. Dans ce
cadre, c'est la soudaine dégradation des anticipations du marché qui provoque la crise,
validant ainsi les anticipations des agents.
Les crises de troisième génération apparaissent avec la crise asiatique de 1997. Ces modèles
combinent des séquences de crises déjà spécifiées dans les deux générations précédentes. Cette
inflexion touche la nature des chocs ou des déséquilibres susceptibles d'enclencher une attaque
spéculative tout en privilégiant l'imperfection sur les marchés financiers et la fragilité des
systèmes bancaires plutôt que les distorsions macro-économiques.
En particulier, ces modèles apportent un éclairage supplémentaire à la compréhension des crises
financières à travers la notion de "crises jumelles". Cette notion marque un déplacement de
l'analyse vers la sphère bancaire tout en soulignant la place qu'occupent les mouvements
internationaux de capitaux dans les entrées excessives de capitaux et le déroulement des crises.
La particularité des modèles de troisième génération consiste, dès lors, à analyser une
dynamique d'instabilité financière sur la base des problèmes de liquidités et d'imperfection de
l'information.
Les crises financières sont souvent associées à des crises de balance de paiements, mais pas
automatiquement. Un pays dont l’économie et le système financier sont complètements fermés
peut être en proie à une crise financière, mais l’absence de transactions en devises lui évitera
une crise de la balance des paiements. De nos jours, les deux types de crises surviennent souvent
d’une façon concomitante. C’est en partie parce qu’une crise financière pousse les investisseurs
nationaux et étrangers à sortir leur argent du pays. Si le pays ne possède pas suffisamment de
réserves pour couvrir ces sorties de fonds et d’autres obligations comme le service de la dette,
une crise de balance de paiement peut se produire. Le retrait de capitaux internationaux peut
aggraver les difficultés des entreprises et des banques, incapables de reconduire les anciens
prêts ou d’obtenir de nouveaux financements. Ces facteurs peuvent avoir pour effet d’exacerber
une crise préexistante ou de plonger un système financier affaibli dans un état de crise.
Cependant, de nombreux auteurs pensent que les mouvements de capitaux ne peuvent conduire
à eux seuls à une crise financière.
Au cœur des crises financières de la dernière décennie du siècle dernier, la crise asiatique a été
marquée par les comportements spéculatifs des investisseurs internationaux, ainsi que par des
brusques revirements de leurs anticipations. Cela a conduit à un enchaînement violent de crashs
qui a commencé par l'effondrement du Baht thaïlandais en juillet 1997. L'Indonésie (août 1997),
les Philippines (août 1997), la Malaisie (août 1997) et Singapour (septembre 1997) ont ensuite
été affectés successivement par la crise. Au début du mois d’octobre de la même année, des
pressions spéculatives ont ébranlé Taiwan, menaçant alors de se propager vers Hong-Kong et
la Corée du sud. Effectivement, Hong-Kong était en crise à la fin du mois d’octobre 1997 et le
won coréen se dépréciait de plus de 25 % en novembre 1997.
De ce fait, les faits stylisés des crises financières des années quatre-vingt-dix (particulièrement
la crise asiatique) et récemment la crise financière de 2008 montrent la diversité des facteurs
déclencheurs des crises financières et la complexité de ces derniers en matière de modélisation.
Les économistes ont créé, à partir de divers critères, un certain nombre de modèles qui tentent
d’aider les responsables publics à prévoir les crises à venir, mais ils n'ont obtenu jusqu'à présent
que des résultats mitigés. Des tests effectués sur quatre modèles empiriques créés pour
l'essentiel avant la crise asiatique ont montré que le meilleur d'entre eux était capable de prévoir
la moitié des crises «à l'intérieur de l'échantillon» et un tiers des crises «en-dehors de
l'échantillon». Les fausses alertes étaient nombreuses : dans plus de la moitié des cas où tous
ces modèles prévoyaient l'arrivée d'une crise, aucune crise ne s'est produite.
Les modèles ont également mis en lumière les variables qui sont les déterminants les plus
importants des crises. Toutes les approches testées démontrent que la probabilité d'une crise
monétaire augmente lorsque le taux de change réel est surévalué relativement à la tendance, et
lorsque la croissance du crédit intérieur et le ratio de la masse monétaire M2 par rapport aux
réserves sont élevés. Les amples déficits extérieurs courants et les pertes de réserves accroissent
la probabilité d'une crise dans les modèles qui intègrent ces variables. On constate également
que des ratios élevés de dette à court terme par rapport aux réserves conduisent à une probabilité
accrue de crise.
En économie et en finance, le comportement des agents diffère suivant que l'on se trouve en
période d'expansion ou de récession. La consommation des ménages est sensible à l'activité
économique. Il en est de même de l'investissement des entreprises. Les investissements des
entreprises vont ainsi être sensibles aux variations de certains indices économiques. De même
les marchés vont réagir différemment en période de crise, entraînant une augmentation de la
volatilité des prix des actifs.
 Les modèles théoriques des crises de change.
Les modèles de crise de balance de paiements ou d'attaques spéculatives.
Krugman (1979) définit une crise de balance de paiements lorsqu'un gouvernement, ayant
initialement opté pour un régime de change fixe, n'est plus capable de maintenir la fixité de sa
devise. Il définit une telle crise comme « une situation où un pays perd progressivement ses
réserves de change » et où les spéculateurs attaquent la monnaie, généralement avant que ces
réserves soient épuisées, ce qui a pour conséquence de réduire effectivement leur montant à
zéro.
Pour Krugman, l'aptitude du gouvernement à financer le déficit budgétaire en puisant sur les
réserves en devises est déterminée par la volonté des investisseurs de détenir encore de la
monnaie nationale. La crise est donc contrainte par la psychologie des investisseurs-
spéculateurs pour lesquels une attaque sur les réserves en devises représente un moyen de
modifier la composition de leurs portefeuilles en réduisant la part investie dans la monnaie
nationale au profit de la monnaie étrangère, du fait de la différence de rémunération.
C'est en déclenchant la ruée sur les réserves de change que les investisseurs réalisent leurs
profits : ils vendent la monnaie nationale contre les réserves à la parité fixe. Par conséquent, ils
attaquent la monnaie avant la disparition des réserves, de façon anticipée, et forcent ainsi la
transition vers un taux de change flottant. Après l'attaque, les investisseurs possèdent des
réserves en devises mieux rémunérées qu'ils revendent immédiatement au taux de change
flottant, soit à un prix supérieur, d'où la réalisation de leur profit. L'attaque entraîne une
dépréciation de la monnaie qui ouvre des perspectives prévisibles de profit pour les
investisseurs rationnels.
Les modèles des anticipations auto-réalisatrices. Il s’agit d’un processus au cours duquel
une prévision exerce une influence sur les événements actuels et détermine les conditions de sa
propre réalisation dans l'avenir (effet OEdipe). Les crises de change sont alors susceptibles de
se produire indépendamment de l'évolution des grandeurs économiques fondamentales. Si les
analyses précédentes mettent l’accent sur le rôle joué par le déclin des réserves de change
comme cause de l'effondrement de régimes de change fixes, ces modèles insistent sur le fait
que l'abandon de la parité peut être dû à d'autres variables fondamentales de l'économie.
Ces modèles considèrent qu’il existe plusieurs équilibres pour des conditions de marché
identiques et ce sont les seules anticipations auto-réalisatrices des spéculateurs qui décident de
la réalisation de l'un d'entre eux. Une économie peut donc être initialement dans un équilibre
constant avec un régime de change fixe mais un changement soudain des anticipations peut
générer l'effondrement du système.
Ce sont les spéculateurs qui prennent l'initiative de l'attaque et les gouvernements qui décident
de la dévaluation : ceci permet d'établir le caractère auto réalisateur des crises. Autrement dit,
les anticipations des agents sur le maintien du régime de change dépendent de leurs
anticipations sur la réaction du gouvernement face à leurs pressions, réactions guidées par
l'intensité de la spéculation et ses conséquences sur la crédibilité du gouvernement. De ce fait,
même un régime de change soutenable et compatible avec les autres politiques du
gouvernement peut être attaqué et modifié.
On assiste souvent à une «guerre d'usure» entre le gouvernement et les spéculateurs. Le
gouvernement tente de résister aux assauts des spéculateurs en augmentant le taux d'intérêt, ce
qui rend plus rémunérateurs les placements en monnaie nationale et participe au maintien du
régime de change fixe. Néanmoins, une telle politique a un coût pour le gouvernement, et
comme les spéculateurs en sont conscients, ils renforceront leurs attaques.
Le gouvernement du pays dont la monnaie est attaquée peut procéder à des dévaluations
surprises. Mais de tels actes sont déstabilisants pour l’économie et coûteux en termes d'inflation
et de chômage. A ce coût s'ajoute un coût spécifique en termes de crédibilité du gouvernement
qui peut conduire à la fuite des capitaux du pays.
Dans ce type de modèles, la causalité ne joue plus dans un seul sens - exclusivement des
fondamentaux vers les anticipations du marché - mais elle fonctionne dans les deux sens. Les
anticipations de dévaluation dépendent de la réaction du gouvernement qui dépend également
du coût d’ajustement des fondamentaux. En d'autres termes, les fondamentaux peuvent être à
l’origine d'une crise mais en un sens beaucoup plus faible que celui suggéré par les modèles
d'attaques spéculatives. Même lorsque les fondamentaux sont bons ou ne varient pas, la crise
peut toujours se produire. Ces modèles analysent bien les raisons qui poussent le gouvernement
à renoncer à la défense de la parité mais ne peuvent expliquer les raisons qui poussent les
spéculateurs sur un marché des changes, à se coordonner pour attaquer telle ou telle monnaie.
Les modèles de type micro-économique. On s’intéresse ici à la nature des chocs ou des
déséquilibres susceptibles d'enclencher une attaque spéculative. On privilégie désormais
l'imperfection de l'information sur les marchés financiers et la fragilité des systèmes bancaires,
plutôt que les distorsions macro-économiques.
monnaie conduit à une augmentation de la dette des entreprises en devises et par la suite à une
baisse de leurs profits, ce qui réduit la capacité d'endettement des firmes, ceci entraîne la baisse
de l'investissement et de la production et par la suite réduit la demande de la monnaie nationale
et entraîne la dépréciation de cette dernière. Appliqué au contexte asiatique de 1997, cette
approche permet de justifier le choix d'une politique monétaire restrictive pour contrer les effets
de la crise de change.

III. EXEMPLE DE CRISES FINANCIERES


Dans cette partie nous traiterons deux exemples de crises financières : la crise de 2008
qualifiée de la plus grande crise financière que le monde n’a jamais connue et la crise
Libanaise qui est la crise financière la plus récente vu qu’elle est toujours d’actualité.
1) La crise financière de 2008
La crise bancaire et financière de 2008, la banque centrale américaine, la Fed, a introduit une
extraordinaire instabilité dans les taux d’intérêt qui est à l’origine des difficultés du présent. Il
serait absolument inimaginable que l’on puisse enregistrer une telle variabilité des taux
d’intérêt si l'on était dans un monde où les marchés financiers pouvaient fonctionner
librement, sans intervention des autorités publiques. Jamais, au XIXe siècle les taux d’intérêt
ont varié très lentement et dans des marges extrêmement étroites.
Au cours de toute la période de bas taux d’intérêt (2001-2004), il y a eu une croissance
monétaire considérable aux États-Unis. Mais celle-ci ne s’est pas tellement traduite par une
augmentation des prix à la consommation, de telle sorte que les autorités et l’opinion n’ont
pas été alertées par un phénomène inflationniste, généralement défini à partir de l’indice des
prix à la consommation. L’expansion des crédits et de la masse monétaire a plutôt servi à des
achats d’actifs financiers et à des achats de logements (y compris les « surprimes ») : il y a eu
création d’une bulle financière et d’une bulle immobilière.
Ce processus a été aggravé par deux phénomènes Tout d’abord, des pressions très fortes ont
été exercées aux États-Unis sur les établissements de crédit pour qu’ils acceptent d’accorder
des crédits à des ménages qui ne donnaient pas des garanties de solvabilité suffisantes, sous
peine d’être accusés de discrimination. La Fed elle-même a émis un manuel à l’intention des
banques dans lequel on récusait l’utilisation de critères « démodés », parmi lesquels le rapport
montant du remboursement/revenus ou l’historique des précédents crédits du demandeur. Le
Département of Justice a même poursuivi pour discrimination des organismes de crédit qui
avaient refusé d’accorder des crédits, On en est venu à considérer, sous la suggestion de la
Fed, que les emprunteurs donnaient des garanties suffisantes s’ils s’engageaient à participer à
des programmes de « conseil en crédit » ! Ceci a accru le problème des « surprimes ». Or,
comme une grande partie de ces prêts étaient à taux variable, les emprunteurs ont eu du mal à
honorer leurs engagements lorsque les taux sont remontés. On a ainsi délibérément trompé
des personnes a priori mal informées sur le fonctionnement des marchés financiers et sur les
risques encourus.
Mais, dira-t-on peut-être, les banquiers, pour leur part, auraient dû être plus prudents car c’est
tout de même leur métier que d’apprécier le fonctionnement des marchés financiers. Ceci est
certes vrai et signifie que personne n’est à l’abri des erreurs (et c’est pourquoi il serait
d’autant plus souhaitable d’éviter de fournir de fausses informations). Mais il faut ajouter
cependant que les banquiers ont été incités à prendre plus de risques qu’il n’aurait été sage de
le faire, parce que l’expérience leur avait appris que les autorités monétaires seraient prêtes à
les sauver si d’aventure les risques pris étaient trop importants. Et c’est précisément ce qui
s’est passé puisqu’une série de mesures ont été prises aux États-Unis en 2008 pour éviter la
faillite de plusieurs grands établissements bancaires et financiers. Cette pratique incitera à
nouveau dans le futur les banques et les établissements financiers à prendre des risques
excessifs, si une politique d’argent facile était mise en œuvre.
La crise financière de 2007-2008 a d’abord été un phénomène américain, car c’est aux
États-Unis qu’a été menée la politique monétaire la plus déstabilisante. La Banque centrale
européenne (BCE), pour sa part, a mené à juste titre une politique monétaire beaucoup plus
prudente et plus stable. On doit l’en féliciter, d’autant plus qu’elle a été constamment
soumise à des pressions politiques, venues en particulier de France, pour pratiquer une
politique de « soutien à l’activité économique » plus vigoureuse. On lui a reproché et on lui
reproche toujours de ne porter intérêt qu’à l’inflation sans se préoccuper de la croissance
économique. Mais ces critiques ne sont pas justifiées et c’est la BCE qui a raison, d’une part
parce qu’elle a un mandat clair et unique, celui d’empêcher l’inflation, d’autre part parce
que c’est une illusion de penser qu’on peut relancer l’activité économique de manière
durable par une politique monétaire expansionniste. Ce que l’on obtient à plus ou moins
long terme ce n’est pas plus de croissance, mais plus d’instabilité et une mauvaise structure
de production, par exemple en incitant à de mauvais investissements qui semblent rentables
avec un faible taux d’intérêt, alors qu’ils ne le sont pas réellement.
Certes, la crise conjoncturelle américaine a eu des répercussions en-dehors des États-Unis
parce que, dans l’univers heureusement mondialisé où nous sommes, les systèmes bancaires
et financiers sont interdépendants. C’est ainsi que des banques françaises, détenant des
avoirs américains, souffrent des pertes qui en résultent. C’est par ce canal, plus que par le
canal des échanges commerciaux, qu’une interdépendance conjoncturelle peut exister entre
tous les pays.
2) La crise Libanaise
Le Liban est agite par une contestation populaire depuis le 17 octobre 2019. Les manifestants
crient leur rejet de la classe dirigeante, jugée inefficace et corrompue. Le pays s’enfonce
aujourd’hui dans la récession et la débâcle financière. Retour sur la racine de la crise
économique.
Une crise de l’endettement : le Liban croule en effet sous une dette de plus de 86 milliard de
dollars, soit un peu plus de 150% du PIB. Ce taux est comparable à celui de la Grèce en 2010
lors de crise de la zone euro. D’où vient cette crise de la dette ? La classe politique libanaise,
selon Samir Aita, est responsable de cet emballement « l’Etat a eu des dépenses exagérées. Le
gouvernement central emprunt aujourd’hui pour rembourser ses emprunts. L’Etat n’a pas été
gère de manière professionnelle. Des lois de finances sont votées par le parlement. Ces lois
qui programment dépenses et ressources de l’Etat ne sont jamais appliquées. Pire, les budgets
ne sont ni clos, ni publies. Nous ne savons plus depuis 10 ans comment est dépense l’argent
public. Personne n’a accès à l’exercice comptable budgétaire de 2018, par exemple de l’Etat
central ». « Cette mauvaise gouvernance ce manque de transparence est à l’origine de la crise
de la dette du pays », dénonce Samir Aita. « Les créanciers se méfient et donc l’Etat libanais
doit payer des taux d’intérêts élevés pour financer sa dette ».
Cette crise de la dette entraine également une crise de liquidités. Avec l’endettement du
pays, la monnaie nationale est en effet fragilisée. Les Libanais craignant donc une dévaluation
et un effondrement de la livre libanaise se sont rues dans les guichets de banque pour
convertir en dollars leurs avoirs libelles dans la monnaie nationale. Les banques débordées et
sans réserves de changes limitent l’accès au dollar, pilier des transactions au Liban. Un
contrôle des capitaux s’est installé. Le citoyen, libanais ne peut pas ainsi dépenser librement
son argent. Il consomme moins et l’activité économique du pays ralentit.
Une crise économique conjuguée à une crise sociale. L’économie du pays tourne autour du
dollar. Et le Dollar se fait rare. Il est pourtant nécessaire à la vie quotidienne. « Le pays
importe 85% de ses besoins en biens d’équipements et en denrées alimentaires. Les
commerçants doivent payer ces importations en dollars. Or le dollar n’est pas accessible au
près des banques. Un marché informel autour du dollar s’est créé. Le taux fixe du dollar est de
1500 livres libanaises. Sur ce marché secondaire, le prix du dollar monte. Il est passé à 2500
livres. Les commerçants répercutent cette hausse du dollar sur les denrées alimentaires »,
explique Jad Chabaan, économiste libanais à l’université américaine de Beyrouth. C’est ainsi
que le lait importe a augmenté de 30% en novembre. « Si les prix continuent à grimper à ce
rythme, la pauvreté va exploser. La Banque Mondiale estime que le taux de Pauvreté pourrait
passer de 35% à 50% de la population si rien n’est fait pour juguler cette inflation »,
s’inquiète Jad Chanbaan.
La presse libanaise rapporte chaque jour des suicides causes par les difficultés financières. Un
tailleur de pierre de 40 ans aurait notamment été retrouvé pendu, le 1er décembre 2019, dans la
plaine de la Bekaa. C’est le fait d’être incapable de donner à sa fille les 1000 livres (0,60
euro) nécessaire à l’achat d’une galette au thym, qui aurait poussé l’homme à se donner la
mort, raconte la presse locale. Cette montée de la pauvreté intervient au moment où le pays
connait une grave crise de ses services publics.
Les caisses de l’Etat sont vides et le réseau électrique n’est plus entretenu. Les coupures
d’électricité s’ajoutent à celle du traitement des déchets.
Depuis les années 50, le pays dépend des transferts d’argents de la diaspora, selon Jad
Chanbaan « le Liban n’a pas de pétrole mais il jouit d’une autre forme de rente, celle des
transferts d’argent de la diaspora. Plus 700000 libanais travaillent à l’étranger, notamment
dans les pays du Golfe ils envoient de l’argent à leurs familles ». Mais cette dépendance
fragilise l’économie du pays selon l’économiste. « L’arrivée de l’argent de la diaspora
constitue une forme d’argent facile. On préfère importer, consommer plutôt que d’investir ou
produire localement ». Ces derniers temps, la diaspora a perdu confiance dans le système
bancaire libanaise et a limité ces transferts d’argent. Cette méfiance accentue la crise
économique.

Conclusion
On ne parviendra jamais à faire entièrement disparaître les crises financières, mais il est tout
à fait possible d'en réduire la fréquence et la gravité. La prévention des crises est une priorité.
À cette fin, le FMI s'efforce de resserrer sa surveillance régulière des politiques nationales et
de mettre l'accent sur les facteurs qui risquent d'accroître la vulnérabilité des pays aux crises :
politiques macroéconomiques et systèmes financiers déficients, régimes de change inadaptés,
etc. Il offre également aux pays une assistance financière pour leur permettre d'adopter des
politiques qui les rendront moins vulnérables aux crises.

Cependant, aucune mesure de prévention n'est infaillible. Il importe donc de chercher à


faciliter la gestion des crises et à en limiter les coûts sociaux et économiques. Il est désormais
généralement admis que l'association du secteur privé à la résolution des crises peut jouer un
rôle important en ce sens. Cependant, plusieurs questions importantes se posent toujours à ce
propos au sein de la communauté internationale, et notamment celles de savoir comment
faciliter la participation du secteur privé et la rendre plus efficace et comment préciser les
«règles du jeu» sans renoncer aux avantages d'une démarche plus souple.

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