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Mémoire de fin d’étude

Pour l’obtention du diplôme de master :


Finance, Audit et Contrôle de gestion

Sous le thème :

Financement des PME marocaines en


temps de crise : cas de la crise de la
Covid-19

Réalisé par : Sous l’encadrement de :


Moussa Abdoul Ramane Mr Abdelkader Charba
Bounyyaminou

Membre de Jury :

Président : Mr Abdelkader Charba ; enseignant chercheur à la Fsjes Meknés


Membre : Mr Lahrech Abdelali ; enseignant chercheur à la Fsjes Meknés
Membre : Mr Zerhouni Laqrib Youness ; enseignant chercheur à la Fsjes Meknés

Date de la soutenance : Le 05 juillet 2021

Année Universitaire 2020-2021


REMERCIEMENTS
Béni soit le nom d’Allah, plein de Majesté, de Noblesse et de Munificence qui
Seule subsistera sa Face. Sans Lui rien ne saurait accomplit.
Il est Le tout puissant, l’omnipotent, l’omniprésent et l’omniscient. C’est lui Qui
m’a créé et c’est Lui qui me guide, Qui me nourrit et me donne à boire, quand je
suis malade c’est Lui qui me guérit, Qui me fera mourir, puis me redonnera la vie.
Seigneur accorde moi sagesse et savoir et fait moi rejoindre les gens de bien.

Nos sincères remerciements vont aussi à l’égard de :


Mr, Abdelkader Charba : mon encadrant pédagogique pour son implication directe
dans la rédaction et l’accomplissement de ce mémoire ;
Mr, Aziz Fertahi, le Directeur général de la CGM Meknès-Ifran, qui, malgré son
emploi très chargé, nous accordé de son temps pour nous permettre de trouver un
lieu de stage.
La société Yura Corporation et la société Iridan qui mon offert la possibilité de
passer un stage au sein de leur entreprise, leur accueille et leur partage
d’expérience au quotidien tout au long de mon séjour ;
Mr, Karim Bennouna Associé gérant du cabinet FI.GEC, grâce à lui nous avons
pu entretenir avec quatre entreprises pour la réalisation de notre étude de cas.

Nos vifs remerciements vont aussi à l’ensemble du corps professoral et


administratif de la Faculté des Sciences Juridiques Economique et Sociales
(FSJES) de Meknès.

En fin, mes chaleureux remerciements s’adressent à toutes les personnes amis et


connaissances qui ont contribué directement ou indirectement avec leurs conseils
et relu lors de la rédaction de ce travail.

Ma chère famille : Pour son soutien indéfectible qui n’a ménagé aucun effort pour
que je puisse poursuivre mes études et concrétiser mes objectifs.
Sommaire
REMERCIEMENTS __________________________________________________________ 1
Sommaire __________________________________________________________________ 2
Sigles et abréviations ________________________________________________________ 3
Liste des figures _____________________________________________________________ 4
Liste des tableaux ___________________________________________________________ 4
Résumé ___________________________________________________________________ 5
Introduction générale ________________________________________________________ 1
I. Problématique de recherche _______________________________________________ 2
II. Hypothèses _____________________________________________________________ 3
II. Délimitation du sujet _____________________________________________________ 4
III. L’organisation et structure du mémoire _____________________________________ 4
Chapitre I : Revu de la littérature _______________________________________________ 5
Section I : généralité sur les crises ___________________________________________________ 6
Section II : Le concept des PME ____________________________________________________ 15
Section III Le financement des PME_________________________________________________ 27
Conclusion du chapitre I __________________________________________________________ 34
Chapitre II L’écosystème marocain face à la pandémie de la covid-19, répercussions et
réactions. _________________________________________________________________ 35
Section I : les répercussions de la pandémie sur l’économie marocaine ______________________ 36
Section II : Les réactions de l’Etat marocain face à la pandémie de coronavirus _______________ 46
Section III : Analyse de l’efficacité des mesures prises par les autorités pour amortir les effets de la
crise sur l’économie marocaine _____________________________________________________ 57
Conclusion du chapitre II _________________________________________________________ 64
Chapitre III : Le cadre opératoire _____________________________________________ 65
Section I : Approche et méthodologie de recherche _____________________________________ 66
Section II : Présentation et traitement des résultats ______________________________________ 71
Section III : Interprétation et discussion des résultats ____________________________________ 82
Conclusion du chapitre III _________________________________________________________ 88
- Les limites de l’étude ________________________________________________________ 88
- Pistes de recherches futures ____________________________________________________ 89
Conclusion générale _____________________________________________________________ 90
Table des matières __________________________________________________________ 93
Bibliographie ______________________________________________________________ 96
Annexe 1 : Schéma d’entrevue au niveau des entreprises____________________________ 99
Annexe 2 : guide d’entretient chez les banques ___________________________________ 99
Sigles et abréviations
AMPME Agence Marocaine pour la Promotion des Petites et Moyennes Entreprises
ANPME : Agence Nationale pour la Promotion des Petites et Moyennes Entreprises
BTI : Bureau International du Travail
CA : Chiffres d’Affaires
CCA Comptes Courant des Associés
CCG : Caisse Centrale de Garantie
CDVM : Conseil Déontologique des Valeurs Mobilières
CGEM : Confédération Générale des Entreprises Marocaines
CIH Bank : Crédit Immobilier et Hôtelier
CM-TPE-PME : Confédération marocaine de Très Petites Entreprise –Petites et Moyennes
Entreprises
CNSS : Caisse Nationale de la Sécurité Sociale
CSO : Conseil Supérieur des Oulémas
CVE Comité de Veuille Economique
FCFA : Franc des Colonies Françaises d’Afrique
FCPI Fonds Communs de Placement dans l’Innovation
FCPR : Fonds Commun de Placement à Risque
FI.GEC : Fiduciaire de Gestion et d’études Comptables
FIP Fonds d’Investissement de Proximité
FMI : Fonds Monétaire International
GE : Grandes Entreprises
GPBM : Groupement Professionnel des Banques du Maroc
HCP : Haut-Commissariat au Plan
MAD : Dirham la Monnaie du Maroc (norme ISO 4217)
MEFRA : Ministère de l’Economie des Finances et de la Réforme de l’Administration
MENA : Middle East and North Africa « Moyen-Orient et Afrique du Nord »
MRE : Marocains résidants à l'étranger
OCDE : Organisation de Coopération et de Développement Economique
OHADA : Organisation pour l’Harmonisation en Afrique des Droits des Affaires
OMS : Organisation Mondiale de la Santé
PEE : Petites Entreprises Exportatrices
PIB : Produit Intérieur Brut
PME : Petites et Moyennes Entreprises
PSA : Peugeot Société Anonyme
RAMED ; Régime Marocain d’Assistance Médicale
RCCM : Registre de Commerce et du Crédit Mobilier
RSI : Règlementation de Santé Internationale
SARL : Sociétés à Responsabilité Limitée
SBA : Small Business Act
SCR : Sociétés Spécialisées dans le Capital Risque
SME : Système Monétaire Européenne
SNGFE « Société Nationale de Garantie et de Financement de l’Entreprise »
TPE : Très Petites Entreprises
TPME : Très Petites et Petites et Moyennes Entreprises
USPPI : Urgence de Santé Publique de Portée Internationale
USS : United States Ship et/ou United Federation Starfleet Ship
UTA : Unité de Travail par Année
Liste des figures
Figure 1 : processus de la crise de 1929 et le « Jeudi noir » .................................................................... 6
Figure 2 : processus et cause de la crise bancaire ................................................................................ 10
Figure 3 : Proportion de PME dans le monde, par région .................................................................... 20
Figure 4 : nombre de PME dans le monde par région ............................................................................ 21
Figure 5 : proportion des entreprises en arrêt provisoire ou en définitif par secteur d’activité .............. 40
Figure 6 : perspectives d’investissement en 2021, par catégorie (%entreprises) ................................... 41
Figure 7 : réserve de trésorerie, par catégorie (%entreprises) ................................................................ 42
Figure 8 : Risque d’insolvabilité des entreprises (% entreprises) .......................................................... 43
Figure 9 : proportion du non recours des populations cibles aux services globaux de santé ................. 58
Figure 10 : pourcentage de baisse du revenu mensuel moyenne ............................................................ 59
Figure 11 : part du revenu mensuel compensé par les transferts monétaires, par catégorie de richesse. 59
Figure 12 : présentation des autres entreprises de l’échantillon ............................................................. 72
Figure 13 : quelques indicateurs de performance de YOURA CORPORATION.................................. 74
Figure 14 : impact de covid-19 par entreprises interviewées ................................................................. 83
Figure 15 : Problèmes financiers induits par la crise par entreprises interrogées .................................. 85
Figure 16 : Appréciation des mesures gouvernementales par les entreprises sous notre étude.............. 86
Figure 17 : problèmes généraux freinant le développement des entreprises selon notre échantillon ..... 88

Liste des tableaux


Tableau 1 : les crises contemporaines ...................................................................................................... 7
Tableau 2 : Seuil de définition des PME de la commission européenne ................................................ 17
Tableau 3 : Critère de définition des PME par l’ANPME et CGEM ..................................................... 22
Tableau 4 : répartition des entreprises par âge ....................................................................................... 23
Tableau 5 : répartition par secteur d’activité .......................................................................................... 23
Tableau 6 : entreprises exportatrices par secteurs d’activité .................................................................. 23
Tableau 7 : proportion de femmes dirigeantes par catégorie d’entreprise et tranche d’âge ................... 23
Tableau 8 : proportion de femmes dirigeantes par secteur et tranche d’âge .......................................... 24
Tableau 9 : les facteurs de blocage d’investissement pour les entreprises marocaines .......................... 24
Tableau 10 : impact de covid-19 par entreprises interviewées ............................................................... 83
Tableau 11 : Problèmes financiers induits par la crise par entreprises interrogées ................................ 85
Tableau 12 : Appréciation des mesures de soutien par les entreprises sous notre étude ........................ 86
Tableau 13 : problèmes généraux freinant le développement des entreprises selon notre échantillon .. 87
Résumé
La crise de covid-19 est une épreuve lourde pour l’humanité qui a impacté l’économie
mondiale. En effet, depuis le début de la crise sanitaire, les autorités du Royaume ont
très vite compris de l’imminence d’une crise économique et les réactions visant à enrayer
les répercussions de la crise économique n’ont pas tardé à venir avec la création au tout
début de la crise du CVE pour guider les mesures à prendre pour faire face aux effets
négatifs induits par la crise.
Pour éviter une faillite massive des entreprises, plusieurs mesures ont été prises afin de
diminuer l’impact de la pandémie sauvegarder la stabilité sociale et la continuité de
l’activité économique.
Ainsi, ce présent mémoire expose les résultats d’une étude exploratoire visant à
répertorier l’impact de la crise sur l’activité des entreprises marocaines, les problèmes et
contraintes de financement induits par la crise ainsi que l’appréciation des mesures
gouvernementales. Pour ce faire, dans un premier temps notre recherche s’est basée sur
les travaux effectués par plusieurs institutions publiques et parapubliques sur la situation
économique pendant la pandémie. Dans un deuxième temps, nous avons effectué une
étude auprès d’un échantillon de 8 entreprises de secteurs différents afin de comprendre
comment elles ont affronté la crise économique.
Mots clés :
Crise de la Covid-19 ; financement ; PME.

Abstract
The crisis of covid-19 is a heavy ordeal for humanity that has impacted the world economy.
Indeed, since the beginning of the health crisis, the Kingdom's authorities have quickly
understood the imminence of an economic crisis and the reactions aimed at curbing the
repercussions of the economic crisis were not long in coming with the creation at the very
beginning of the crisis of the CVE to guide the measures to be taken to face the negative effects
induced by the crisis.
In order to avoid a massive bankruptcy of companies, several measures have been taken to
reduce the impact of the pandemic to safeguard social stability and the continuity of economic
activity.
Thus, this paper presents the results of an exploratory study aiming at listing the impact of the
crisis on the activity of Moroccan companies, the problems and constraints of financing induced
by the crisis as well as the assessment of governmental measures. To that end, our research was
first based on the work done by several public and parapublic institutions on the economic
situation during the pandemic. Secondly, we conducted a study with a sample of 8 companies
from different sectors in order to understand how they faced the economic crisis.
Key words:
Covid-19 crisis ; financing ; SMEs.
Introduction générale
Au 31 décembre 2019 apparu, officiellement, le premier cas de maladie de coronavirus,
provoqué par SRAS-COV-2 dans la ville de Wuhan en Chine. Après les premières alertes
par les autorités chinoises, l’OMS déclare l’état d’urgence de santé publique de portée
internationale (USPPI) le 30 Janvier 2020.
Aux termes du RSI (2005) Cette phase est déclarée pour des évènements extraordinaires
qui constituent un risque pour la santé publique dans d’autres Etats en dehors du pays
concerné, en raison de risque de propagation de la maladie. Ce qui implique une
situation :
 Grave, soudaine, inhabituelle ou inattendue;
 Qui a des implications pour la santé publique dépassant les frontières nationales
de l’État affecté; et
 Qui pourrait nécessiter une action internationale immédiate.
Avec la mondialisation, le monde est devenu comme un village où la circulation des
personnes et des capitaux devient facile, cela nous montre d’une part son avantage au
travers de l’augmentation du développement socio-économique et d’autre part son
inconvénient qui a permis la propagation de la maladie que celle de la COVID-19 qui
était au début une épidémie s’est transformée aussi rapidement en une pandémie à travers
le monde. Cette crise sanitaire a rapidement contaminé d’autres domaines tels que :
l’économie, la politique, le social et la finance.
Grâce à l’évolution technologique le système financier a connu trois évolutions
majeures, à savoir : la déréglementation des institutions de financement, la globalisation
des systèmes financiers mondiaux et la sophistication des nouveaux instruments
financiers, ces dernières ont rendu l’ensemble des institutions financières plus
vulnérables aux chocs macroéconomiques.
Au Maroc le premier cas a été enregistré le 02 mars 2020, les autorités ont pris des
mesures rapides et efficaces pour contenir la pandémie (la déclaration de l'état d'urgence,
l'augmentation des tests et le suivi des personnes contaminées).
Par ailleurs, le Comité de Veuille économique (CVE) a été créé dans le but « d’anticiper
les répercussions économiques directes et indirectes de la pandémie sur l'économie
nationale ». À cet effet, plusieurs mesures économiques ont été prises par les autorités
telles que le transfert d'espèces pour les ménages opérant dans le secteur informel, le
report de certaines échéances fiscales, la garantie de certains prêts pour soutenir la
trésorerie des entreprises et surtout les PME et la suspension des paiements de certaines
cotisations sociales.
L'incertitude générale règne sur l’économie mondiale et le Maroc ne fait pas exception,
restructurations d’entreprise, transformation de plusieurs entreprises de textiles dans la

1
fabrication des masques, fermeture et risque de disparition de plusieurs entreprises. Ces
imprévisibilités sur le marché du travail conduisent des personnes à perdre leur emploi
et leur revenu.
Certains secteurs ont montré des signes précoces de vulnérabilité comme le tourisme, le
transport et la logistique dans les chaînes d'approvisionnement, mais aussi et plus
difficile à mesurer le secteur informel surtout qu’il occupe une place importante dans
l’économie marocaine.

I. Problématique de recherche
Les petites et moyennes entreprises (PME) constituent la base du tissu économique des
pays à l’échelle mondiale et en particulier les pays en voie de développement. Au Maroc,
cette catégorie d’entreprise représente « plus de 93% des entreprises, occupe 50% des
salariés, réalise 31% des exportations, 51% des investissements nationaux et 40% de la
production mais sa participation au PIB se limite seulement à environ de 20% contre
60% dans plusieurs pays »1. On comprend ici qu’un certain nombre d’obstacles existaient
déjà surtout de financements bien avant cette crise planétaire. Ces problèmes qui freinent
les PME marocaines sont diverses mais « le problème de financement constitue la
contrainte la plus visible des PME marocaines » 2 et plus de « 74% des PME invoquent
le manque de financement comme principal frein à l’investissement »3.
Ce nouveau séisme qui se bat sur le monde, loin d’être qu’une crise sanitaire a mis à mal
les ressources financières des PME déjà vulnérables. Ces dernières ont vu leurs carnets
de commande s’amenuiser au fil des mois, dictant à leurs dirigeants de prendre des
mesures en urgence. La plus part d’entre elles n’avaient jamais à instaurer de chômage
partiel, des licenciements économiques, voir se déclarer en cessation de paiement.
Conscient des retentissements de cette crise sur les indicateurs nationaux (PIB, taux de
chômage, exportation…) l’Etat marocain a intervenu aussitôt, sans perdre un instant avec
plusieurs mesures (l’encadrement de délais de paiement, soutien aux organismes
financiers, aide à la recherche et au développement, création des fonds pour garantir
l’accès au financement pour les PME etc.) pour amortir les effets de la crise et préserver
ainsi la continuité d’exploitation de plusieurs petites et moyennes entreprises.
C’est sur le fond de cette crise sans précédente que nous vivions aujourd’hui, qui sera
sans doute, dans les archives des histoires amères qu’a connues l’humanité, que notre
sujet de recherche a été retenu, pour essayer de voir l’impact de la crise sur l’activité des
entreprises, les problèmes financiers induits par la crise ainsi que les mesures de l’Etat
pour aider les entreprises à faire face à la crise.

1
HCP, enquête nationale auprès des entreprises : premiers résultats 2019
2
Conseil Déontologique des Valeurs Mobilières (CDVM), 2011
3
HCP : 2019

2
Dans ce contexte, si particulier, la problématique principale autour de laquelle nous
allons essayer d’apporter des éléments de réponses dans notre recherche est la suivante :
Quelle est l’impact de la crise sur l’activité des PME marocaines et comment elles
se sont financées pendant la pandémie?
Pour répondre à cette problématique mère, plusieurs questions et hypothèses subsidiaires
de recherches peuvent en découler :
1. En dehors des temps de crise, quels sont les principaux modes de financement
dont disposent les PME marocaines pour leur financement ?
2. Quels sont les éléments qui changent en cas de crise pour une entreprise qui
cherche à se financer ?
3. Est-il judicieux de prévoir en amont une stratégie de court, moyen et long terme
en cas de crise, aussi imprévisible soit-elle ?

II. Hypothèses
Afin d’’apporter des réponses aux questions que nous avions posé au niveau de la
problématique, nous avons reformulé les hypothèses suivantes :
 La crise a contraint les PME à des restructurations organisationnelles et à la recherche
d’autres moyens de financement qu’en temps normal.
 Le financement interne constitue la source de financement la plus accessible mais
aussi la plus utilisée par les entreprises pendant la crise ;
 Le financement bancaire est accessible aux PME pendant la crise.
 En amont les PME ne prévoient pas de stratégie pour contrecarrer les crises.
 L’écosystème marocain est réactif et permet ainsi aux PME de s’adapter rapidement
pendant ces crises.
I. Choix et intérêt du sujet
Le choix porté sur le financement des PME en temps de crise comme clé de notre
recherche se justifie par les nombreuses difficultés rencontrées par ces dernières dont
leur première préoccupation s’oriente vers la recherche des voies et moyens de
financement pour assurer leur survie et accompagner leur développement, mais aussi
parce que le financement demeure pour toute entreprise, quelques soit sa nature, sa taille
un théorème d’évaluation de sa performance et aussi une technique d’investigation ayant
pour objet essentiel la recherche des conditions de l’équilibre financier.
Le choix de ce sujet relève aussi d’une perspective d’améliorer nos connaissances en
matière de finance d’entreprise et de découvrir les problèmes et freins de financement
rencontrés par les PME marocaines.

3
L’intérêt de notre projet de recherche réside dans un contexte instable qui a chamboulé
l’économie mondiale créant un séisme dans le monde de l’entreprise. L’incertitude
grandissante dans l’environnement des affaires (cessation d’activités, fermeture
d’entreprises, confinement, couvre-feu) mais surtout les contraintes de financement
rencontrées par les PME autant de facteurs qui justifient l’intérêt de notre sujet.

II. Délimitation du sujet


Délimiter un sujet ou un mémoire de recherche revient d’en préciser son champ
d’investigation ainsi que sa temporalité. Dans ce contexte de la pandémie, les PME sont
confrontées à des divers problèmes et compte tenu de la contrainte temporelle nous ne
pouvons pas aborder tous ces problèmes c’est pourquoi nous nous sommes intéressés à
la problématique de leur financement. Cela nous parait opportun de délimiter notre sujet
de recherche dans le domaine, dans le temps et dans l’espace.
 Dans le domaine : notre recherche est centré sur la situation financière des PME
marocaines dans ce contexte de crise caractérisé par plusieurs aléas financiers,
analyser l’impact de cette dernière et voir quels sont les moyens de financement qui
s’offrent à elles pour un retour à la normale.
 Dans temps : la période qui nous a été accordée pour la réalisation de ce projet de
recherche est de six mois (6) allant de janvier à juin, par conséquent cette contrainte
temporelle ne nous permettra pas d’aborder tous ces problèmes que font face les
PME.
 Dans l’espace : notre projet de recherche va se porter sur l’évaluation et
l’investigation de la situation économique et financière de quelques petites et
moyennes entreprises marocaines dont majoritairement clientes du Cabinet FI.GEC,
et situant dans plusieurs grandes villes du Royaume de Maroc.

III. L’organisation et structure du mémoire


Pour atteindre nos objectifs cités en amont, vérifier les hypothèses et apporter des
réponses aux questions soulevées dans la problématique, nous avons décidé de répartir
notre projet en trois chapitres :
- Le premier chapitre : est une présentation des fondements théoriques de la finance,
la crise et les PME ;
- Le deuxième chapitre : est focalisé sur la crise actuelle dans l’écosystème marocain
pour comprendre ses répercussions sur l’économie marocaine ainsi que les mesures
prises pour soutenir les entreprises à faire face à ces changements radicaux dans leur
environnement ;
- Le troisième chapitre : consiste à mettre en relief, avec des approches pratiques,
l’impact de la crise sur le financement des PME marocain.

4
Chapitre I : Revu de la littérature
La crise sanitaire a beaucoup impacté l’économie mondiale. En effet, suite à la décision
d’un grand nombre des pays de décréter le confinement, ce dernier a entrainé un double
choc économique, d’une part l’offre caractérisé par la baisse de la production liée aux
problèmes d’approvisionnement des matières ce qui conduit à l’arrêt définitif de l’usine
et d’autre part, la demande qui se manifeste par la baisse de la demande extérieure selon
les pays. Ces répercussions ont eu des conséquences très graves sur les PME en
particulier sur le plan financier.
Majoritaires dans le tissu économique de la plupart des pays, les PME jouent un rôle de
moteur de la croissance socio-économique. Malheureusement ces dernières font face à
des nombreux obstacles qui freinent leur compétitivité dont premièrement, la
mondialisation de l’économie pousse les multinationales à s’installer à travers le monde
disposant des ressources importantes qui leurs permettront de faire face à toutes
concurrences, celles-ci disposent des forces nécessaires pour écraser les PME afin de
soutirer des avantages économiques et financiers, deuxièmement, l’obstacle le plus
complexe et le plus dure est celui de leur financement. Au Maroc, divers produits de
financement sont mis à la disposition des PME par le système financier mais l’obstacle
d’accès au financement s’avère complexe.
Le financement est le domaine principal de la finance, ce dernier consiste à fournir
l’argent nécessaire à la réalisation d’une opération économique. Le domaine de la finance
ne se limite pas seulement à la finance d’entreprise ou finance publique, elle concerne
aussi bien les individus que les ménages. Mais les problématiques de financement les
plus récurrentes sont celles des entreprises qu’elles soient privées ou publiques.
La catégorie d’entreprise la plus touchée par les problèmes de financement reste de loin
les PME alors que cette dernière représente le socle, le soubassement et le poumon de
toutes les économies émergentes
Dans ce chapitre, dans un premier temps nous allons voir une généralité sur les crises et
ensuite essayer de comprendre l’importance et le rôle des PME dans les économies, en
fin nous abordons une vue générale sur le financement des PME.

5
Section I : généralité sur les crises
1.1. Historiques
Les dernières décennies ont laissées dans les ouvrages de l’histoire économique, les
traces d’importantes et fréquentes crises dans le système économique et financier
international. Tours sur quelques principales crises qu’a connues l’humanité.
1.1.1. Le « Jeudi noir » et la crise de 1929
Le 24 octobre 1929, la bourse de New York, Wall Street, perd 25%4. La valeur boursière
des entreprises s’écroule. Les petits épargnants et les entreprises se bousculent en
cherchant à vendre leurs actions à tout prix. On assiste alors à l’une des plus graves crises
économiques de l’histoire, c’est le krach boursier de 1929 ou jeudi noir.
Figure 1 : processus de la crise de 1929 et le « Jeudi noir »

Depuis le milieu du XIXème siècle, les


entreprises se modernisent, adoptent de Augmentation
nouvelles méthodes de travail, elles Elles augmentent rapide de la
produisent plus et vendent plus. Leurs leurs investissements production
profits augmentent.

Elles placent une partie


de leurs profits sur le Surproduction
marché boursier
Les entreprises
Le krach boursier
n’arrivent plus à
Hausse rapide des vendre leurs
cours de la Bourse productions

Les salaires augmentent


Augmentation lente de la
moins vite que la
consommation
production

Source : nous même


1.1.2. Les crises contemporaines
Depuis la seconde guerre mondiale, l’ère contemporaine a été le théâtre d’une multitude
de crise. Certaines études estiment que la période des « Trente glorieuses » en quelque
sorte, ont été relativement épargnées. Avec l’effondrement du système de Bretton
Woods, la fréquence des crises s’est accrue depuis les années 1970.

4
11 MAURISE A, « crise mondiale d’aujourd’hui », Clément Juglar, 1999.

6
Tours d’horizon sur les principales crises financières de l’ère contemporaine :
Tableau 1 : les crises contemporaines

Année crises Marchés Mécanisme et enjeu


financiers
en cause

1987 Krach Taux Déséquilibre causé par les accords du Louvre sur le
d’octobre du d’intérêt, marché financier5 ;
marché des actions,
La Bourse de New York connait une hausse
obligations risques
considérable, l’indice de Dow Jones6 a triplé ;
puis celui des systémique
actions Les cours baissent, Dow Jones perd 22,6%7 en une
journée, les autres places boursières, dans la même
journée chutent également.

1980- Crise et Bulle Actions, Le japon est considéré comme la chine actuelle,
1989 spéculative immobilier, hausse de la spéculation ;
japonaise banques
En trois ans, le point culminant est atteint Nikkei
passe de 13.000 à plus de 39.000 fin 19898 ;
Le prix de l’immobilier grimpe en flèche ;

Le financement de Keiretsu9 avec la libéralisation,


par les banques augmente l’inflation, la banque
centrale monte ses taux et les actifs s’effondrent ;

L’indice de Nikkei tombe à environ 14.300 en août


199210.

1990 Invasion de Choc L’Irak cherche à valoriser ses revenus pétrolières,


Koweït par pétrolière, accuse le Koweït de lui voler son pétrole, il envahit
l’Irak taux le Koweït le 2 Août 1990 ;
d’intérêt
Augmentation du prix du baril et haute tension sur
le marché financier.

5
Entre les pays de G7 accepté l’Italie, le 22 février 1987 au musée du Louvre, à Paris.
6
Indice boursier créé en 1897 par le Wall Street Journal et calculé quotidiennement par Dow Jones and Co. Le
Dow Jones Industrial Average, couramment abrégé en Dow Jones ou The Dow, correspond à la moyenne pondérée
du cours de trente valeurs de premier plan, sélectionnées de manière à refléter la tendance générale des cours à la
Bourse de New York (Wall Street). Ses équivalents sont, à Londres (Stock Exchange), l'indice Footsie, à Tôkyô_
l'indice Nikkei, à Francfort, l'indice Dax, à Paris, l'indice C.A.C. 40.
7
ACQUES A., « la crise et après », Paris, Fayard, 2009, pp36.
8
Olivier L., « comprendre les crises financières », EYROLLES PRATIQUES, 2009.
9
Les keiretsu sont des conglomérats, formés d'une multitude d'entreprises diverses, généralement liées entre elles
par des liens financiers tissés à partir d'une banque. Cette banque dispose d'un contrôle important sur les entreprises
du keiretsu, agissant comme une entité de surveillance et un prêteur de court-terme.
10
Olivier L, « comprendre les crises financières », EYROLLES PRATIQUES, Paris, 2009, pp 41

7
1992- Référendum Forex Incertitude sur l’avenir de l’union monétaire
1993 sur le traité de (marché des européenne, le Lire italien doit quitter le système
Maastricht, changes des monétaire européen ;
crise du devises
Tentative de faire céder la parité Deutsche
système convertibles
Mark /franc Français, répercussion sur l’union
monétaire ), taux
monétaire et les relations franco-allemandes.
européen d’intérêt

1997- Crise Marché des Plusieurs monnaies de la région sont encrées au


1998 économique changes dollar US, l’illusion de la garantie fait monter la
asiatique (forex), spéculation, les cours baissent (d’environ 50%
Banques entre début juillet et la fin de 1997)11

2008 Crise Marché La titrisation des créances douteuses issues de la


financière de immobilier, bulle immobilière américaine s’est manifestée par
2007-2009 banques, une baisse de l’immobilier ;
dite aussi actions,
L’effet domino provoque l’effondrement de
crise des risques
diverses banques dans le monde malgré l’injection
subprimes systémiques
d’importante liquidité par les banques centrales

2020 Crise Marché Déclaration de l’état d’urgence de santé publique à


sanitaire et financier, portée internationale, confinement, couvre-feu ;
économique
La propagation rapide de la maladie à travers le
du
monde provoque une chute libre des bourses
coronavirus
mondiales, principalement européenne et
asiatiques.

1.2. Définition et typologie


Dans ce paragraphe nous allons voir la revue de la littérature sur la définition de la crise
et la crise financière. Nous abordons par la suite les différentes typologies des crises
financières.
1.2.1. Définitions
Rosenthal (1986), la crise « est une menace sérieuse affectant les structures de bases ou
les normes et valeurs fondamentales d’un système social, qui en situation de forte
pression et haute incertitude, nécessitant la prise de décisions cruciales ».
Pour les chinois et les japonais la crise présente deux facettes. En mandarin. Le mot crise
se dit weiji, il comprend deux caractères : le wei qui se trouve dans le mot weixian qui
veut dire danger, et le ji dans le mot jihui, veut dire occasion, opportunité.
Ce qui est intéressant pour nous, c’est de comprendre que pour un chinois ou un japonais,
la crise est la concomitance du danger et de l’opportunité, autrement dit : passe à côté de

11
18ALLAIS. M, « crise mondiale d’aujourd’hui », Clément Juglar, Paris, 1999, pp 57

8
l’opportunité, celui qui ne voit que le danger, du même, il risque très gros celui qui ne
voit que l’opportunité.
Les experts du fond monétaires international FMI, « la crise est toute période consécutive
de trois trimestres de croissance négative ou décroissance »12.
L’instabilité financière se manifeste, lorsque des mouvements importants et parfois
brutaux interfèrent dans le système financier, ils peuvent prendre la forme de phases
haussières (les booms) ou baissières (les dépressions) et qui empêchent le système
financier l’équilibre fondamental de guider les fonds vers les opportunités
d’investissement productif. Une instabilité d’une grande ampleur est susceptible de
causer l’effondrement du fonctionnement des marchés financiers. C’est ainsi qu’on parle
de crise financière.
Nous pouvons définir la crise financière comme une perturbation (déstabilisation) du
système financier (allocation du crédit et des capitaux, circulation des moyens de
paiements et l’évaluation des actifs financiers) d’une ou de nombreuses économies, qui
touche un seul ou plusieurs secteurs économiques, il s’agit principalement des
institutions financières et le marché boursier. Cela nous amène à nous pencher sur les
typologies des crises financières.
1.2.2. Typologies des crises financières
Les types des crises financières sont très divers. Avec le temps la forme que prennent les
crises financières se transforment avec l’évolution du capitalisme.
 Aux XVIIe et XVIIIe siècles : elles concernent la spéculation sur le commerce, la
« dette des souverains »13 puis les actions de la Compagnie des Indes14 ;
 Au XIXe siècle : elles s’étendent aux Bourse des valeurs mais aussi prennent une
formes de faillites bancaires ;
 Le XXe et début du XXIe siècle : connaissent les trois formes de crises financières :
les crises bancaires, les krachs boursiers et les crises de changes.
1.2.2.1. Les crises bancaires
Elles sont de nos jours au cœur de crises financières, ce sont des situations d’illiquidité
dans lesquelles les banques n’arrivent plus à payer les dépôts de leurs clients. On en
distingue trois types :
a) La panique bancaire : c’est quand les déposants se précipitent, suite à une
spéculation d’illiquidité, de retirer leurs avoirs. Si la faillite de la banque concerné

12
BARROS, Tonhy, « La crise financière internationale 2008-2009 face à l'économie congolaise » Université
William Booth (U.W.B), 2011
13
Elles sont émises par un souverain (Etat ou la banque centrale) mais en aucun cas une entreprise ou un individu
14
Elles géraient le commerce entre une métropole européenne et ses colonies

9
est important, peut s’étendre à tout le système de financement par crédit « Credit
Crunch »15 ;
b) Les crises de spéculation bancaires : un changement imprévu de la politique
monétaire ou retournement de la conjoncture économique peuvent avoir des
conséquences négatives sur tout le système bancaire. Elles sont alors contraintes de
restreindre l’octroi de crédit, ce qui contribue à fragiliser les entreprises et les
ménages.
c) Les crises de cycle financier : l’excès de l’endettement da la phase d’euphorie
générale, soit pour spéculer sur les marchés financiers, financer des opérations
d’investissement risqué en alimentant une bulle immobilière, cette situation
augmente les appétences pour le risque. Le laxisme des banques augmente un
retournement de conjoncture économique, politique ou sociale et peut provoquer la
crise bancaire et le resserrement de crédit.
Figure 2 : processus et cause de la crise bancaire

d)Agent économique Dépôt Emprunt Agent économique en


en excédant besoin
e)
f)
La banque joue un rôle d’intermédiaire entre les agents économiques en excédant de liquidité et
g)ceux en besoin, en collectant les fonds des premiers à court terme et prêtant aux seconds à long
h)terme avec un taux d’intérêt supérieur à celui des déposants pour se protéger contre le risque.
Dans cette situation, la banque dispose assez de liquidité qui lui permettra d’honorer ses
i) engagements.
j) Agent économique Agent économique
k) en excédant en besoin
Retrait Prêt
l)
La crise bancaire intervient lorsque les déposants à court terme décident de retirer leurs fonds
en même temps et la banque continue à prêter aux autres agents économiques alors face à cette
situation, il arrive à un moment où la banque ne dispose plus de liquidité dans son coffre.
Source : par nous même
Dans toutes ces situations la banque centrale intervient par plusieurs moyennes (« too
big to fail »16, injection de liquidité, taux directeur etc.) pour stabiliser le système
bancaire.
1.2.2.2. Les crises boursières
Crise boursière ou krach boursier sont couramment employés l’un pour l’autre pour
désigner un effondrement brutal des cours des actions côtés sur une place financière et
se propage à toutes les autres places par un effet de contagion mimétique. Le facteur de

15
C’est une pénurie de l’offre de crédit ou une hausse des coûts de l’endettement dues une crise bancaire
16
Pratique interventionniste permettant de sauver des entreprises ou des institutions bien trop grandes et
stratégiques pour être laisser en faillite

10
déclenchement est le bruit et/ou rumeur observés pendant une séance de cotation qui
pousse les investisseurs à céder leurs actions à n’importe quel prix.
L’exemple le plus concret est la crise de 1929 qui a débuté par le fameux « jeudi noir »,
suite à l’effondrement des valeurs financières de la bourse de Wall Street avant de
contaminer toutes les places financières.17.
A la différence des crises du siècle dernier, les crises du 21è siècle présentent la
particularité d’être plus lentes et plus continuent dans leurs déroulement par rapport aux
grandes crises du 20è siècle, ce qui atténue en effet les phénomènes de panique massive.
C’est le contexte nouveau des politiques macro-économiques et du système financier
libéralisé qui évite un effondrement brutales des cours : soutien aux marchés, gestion
collective de l’épargne (investisseurs institutionnels).
1.2.2.3. Les crises de change
Comme nous l’avons abordé dans l’histoire des crises, les années 1990 ont été marquées
par une succession de crises de changes d’une grande violence dans les économies
(Mexique 1994 ; Thaïlande, Malaisie, Indonésie, Singapour et aux philippines 1997 ;
Corée et Brésil 1999 ; Argentine 2001 etc.) en voie de développement récemment
intégrées à la finance internationale.
Associées souvent à des crises de la balance de paiements, les crises de change se
produisent quand les investisseurs perdent confiance dans la monnaie d’un pays
particulier et cherchent à échapper. Selon P. Krugman on distingue au minimum deux
types de crise financière18 :
a) Perte de confiance par les spéculateurs en devise du pays : cela provoque une fuite
des capitaux et conduit souvent à imposer des contrôles de capitaux. Cette perte de
confiance dans la monnaie est accompagnée souvent par un effondrement de devises
libellées en prêt. L’exemple type est la crise Mexicaine ou de l’Amérique latine
en 1982
b) Perte de confiance dans les actifs d’un pays : la perte de confiance des investisseurs
dans les actifs d’un pays, peut les amener parfois à vouloir échapper en cédant leurs
actifs libellés dans ce pays, ce qui peut provoquer un changement brutal de la
conjoncture économique.
1.3. Phénomène de contagion des crises
Les dernières décennies ont été marquées par d’importantes et fréquentes crises dans le
système financier international : attaques spéculatives du SME 1992, fluctuation des
cours sur les marchés dérivés (matières premières), effondrement des prix sur plusieurs
marchés émergeants 1994, crise asiatique qui a créé une panique dans le système
bancaire 1997 et surtout la crise des subprimes. Dans ce paragraphe nous commençons
17
Albert Marouani. LES CRISES FINANCIERES. École thématique. France. 2013.
18
P Krugman - Journal of money, credit and banking, 1979 - JSTOR

11
par l’identification des modèles des crises financières avant de passer aux mécanismes
de leur transmission.
1.3.1. Les modèles des crises financières
Trois modèles de crises financières sont souvent distinguées :
1.3.1.1. Les modèles de première génération
P. Krugman(1979), Flood et Garber (1984) associent ce modèle à une crise de la balance
de paiements19 en faisant référence à la crise mexicaine et d’Argentine des années 197020.
Deux facteurs principaux expliquent ce modèle, l’effet de dégradation des
fondamentaux macro-économiques et une persistance de déficit de la balance de
paiements. On comprend qu’une crise financière n’est pas un phénomène purement
aléatoire, mais un résultat de déséquilibre ou des contradictions des objectifs
économiques. Les politiques économiques et fiscales sont en générales incompatible
avec un taux fixe de change.
1.3.1.2. Les modèles de deuxième génération
Ces modèles ont été développés par Wyplosz, Obstfeld et Eichengreen dans les années
1990 en traitant les premières expériences de la globalisation financières dans les pays
développés.
Ils sont caractérisés par un jeu d’influence entre les politiques économiques, et le marché,
à travers le caractère auto-réalisateur de l’anticipation des investisseurs. La perte de
confiance des marchés en la volonté du gouvernement de défendre le taux de change fixe
peut être à l’origine des crises.
1.3.1.3. Les modèles de troisième génération
Ils sont apparus après la crise asiatique (Pesenti 2000 et Krugman 2001)21 qui s’est
déclenchée en Thaïlande avec la dévaluation du Bath, avant de se propager aux autres
pays émergeants de la région asiatique.
C’est une combinaison des séquences des deux précédents modèles de crises, caractérisé
par une inflation non contrôlée et la fragilité des systèmes bancaires. C’est dans ce
contexte que le concept de crise « Jumelle »22 s’est apparu qui est fait d’une crise de
change (spéculation intense) et d’une crise financière (défaillance bancaire)
1.3.2. Les phénomènes de transmission des crises financières
« Les économistes et les responsables économiques ne sont pas unanimes sur une
définition unique de l’effet de contagion. En effet, Forbes & Rogobon (2000) définissent

19
La balance de paiement est un état statistique dans lequel on trouve, sous forme comptable, les différents flux
d'actifs réels, monétaires et financiers pendant une période donnée entre les résidents d'un pays et les non-résidents.
20
Crise et contagion : cas des pays de l’Europe de l’Est. 2005. ffhalshs-00194873f
21
The economics of currency crises and contagion
22
Journal of Development Economics, 1987, vol. 27, issue 1-2, 263-283

12
la contagion comme une augmentation significative des liens entre les marchés financiers
due à un choc spécifique à un pays ou à un groupe de pays »23.
Avec l’évolution des différents modèles de crises de l’ère contemporaine, trois
évolutions majeures ont été constatées à savoir : la déréglementation des institutions
financières, globalisation des systèmes financiers et la sophistication des nouveaux
instruments financiers, ce qui a provoqué la vulnérabilité des banques et l’ensemble des
institutions financières face aux chocs macro-économiques.
Le passage du système financier avec des barrières nationales à un système financier
global est à l’origine d’apparition de la nouvelle conjoncture économique appelé
« globalisation financière » avec l’interdépendance des marchés à l’échelle mondiale.
Deux théories sont souvent utilisées pour étudier la contagion financière :
1.3.2.1. Les théories non contingentes aux crises
Elles tentent d’identifier les canaux de transmission des chocs en absence de liens
économiques fondamentaux entre pays ou groupe de pays, on en distingue trois
mécanismes :
a) Les déséquilibres multiples : c’est quand une crise dans un pays est utilisé comme
une tache solaire ’’sunspot’’ pour d’autres pays. « Par exemple, Masson (1999)
montre comment une crise dans un pays peut coordonner les anticipations des
investisseurs dans un autre pays, en les amenant à changer leur anticipation du bon
au mauvais équilibre et par conséquent, de causer une crise dans le deuxième pays
considéré »24.
b) Les chocs de liquidité endogène : les investisseurs d’un pays en crise se trouvent
parfois obligé de vendre leurs actifs pour équilibrer leurs portefeuilles, ils peuvent
ainsi transmettre la crise initiale aux autres marchés. Par exemple Goldfajn et Valdez
(1997) « développent un modèle dans lequel une crise dans un pays peut réduire la
liquidité des participants sur le marché. Ceci peut forcer les investisseurs à
recomposer leur portefeuille en vendant des actifs sur un marché d’un autre pays afin
de continuer à opérer sur ce marché »25
c) Les chocs de la contagion politique : Dehove (2003) « montre que, dans un régime
de change fixe, le canal de transmission des chocs est le taux d'intérêt. Plus
précisément, il affirme que «la manifestation de ce mécanisme suppose l'existence
d'une économie centre dont la monnaie est l'ancre et des économies périphériques
dont les monnaies sont stabilisées par les autorités monétaires des pays périphériques
par rapport à la monnaie ancre » »26.

23
Kristinn Forbes and Roberto Rigobon NBER Working Paper N° 7885 septembre 2000 JEL N°. F30, F40, G15
24
P. Masson/ Journal of International Money and Finance 18 (1999) 587–602
25
Rodrigo O. Valdez ; Ilan Goldfajn currency crises December 1, 1997
26
Économie de la panique : faire face aux crises financières Jérome Sgard, Paris ; (2003)

13
L’idée est que l’apparition d’un choc sur l’économie centrale, peut l’obliger à
augmenter son taux d’intérêt. L’interdépendance fait que les pays périphériques
adoptent des politiques similaires du pays centre, cette hausse du taux d’intérêt peut
déstabiliser la situation économique.
1.3.2.2. Les théories contingentes aux crises
Elles essayent d’analyser ce phénomène en présence des liens économiques, quatre
mécanismes sont distingués
a) Le commerce international
Lorsqu’il y a une liaison commerciale forte entre des pays, une dévaluation dans un pays
peut forcer les autres pays à dévaluer pour maintenir leur compétitivité. Par exemple la
crise asiatique de 1997, lorsque la Thaïlande a dévalué, la pression compétitive s’est
immédiatement ressentie sur les pays voisin qui pratiquaient le même type d’exportation
et vers les mêmes pays que la Thaïlande comme la Malaisie et l’Indonésie.
b) La coordination des politiques économiques
Ce mécanisme est mis en évidence par une coordination des politiques économiques.
Lorsque ces politiques lient un ensemble de pays économiquement : la réponse apportée
par l’un des pays suite à un choc économique négatif pourrait contraindre les autre pays
(zone de libre-échange) à suivre des politiques économiques semblables. Par exemple
les mesures adoptées par l’union européenne pour faire face à la crise de la covid-19.
c) La similarité économique : Ce troisième mécanisme de contagion communément
appelé ‘’réévaluation pays’’ – ‘’country learning’’, C’est quand les investisseurs
appliquent les leçons apprises après un choc manifesté dans un pays à un autre pays
avec des politiques économiques et des structures macro-économiques semblables27.
d) Un choc commun à un ensemble de pays : Le quatrième et dernier mécanisme de
transmission est constitué par les chocs communs28 qui peuvent affecter en même
temps les fondamentaux de plusieurs pays. Dans ce sens, une augmentation à
l’échelle internationale du taux d’intérêt pourrait ralentir la croissance économique
dans plusieurs pays d’une manière simultanée.
Les crises financières ont une composante systémique qui provoque des externalités
négatives tant au niveau des Etats concernés qu’au niveau international. Ce qui fait de la
stabilité financière un bien public national mais aussi mondial. Le jeu décentralisé des
acteurs sur les marchés financiers, supposé concurrentiel ne parvient pas à réaliser
spontanément la stabilité financière. Donc l’intervention de l’Etat est plus que nécessaire.

27
Krugman, 1997.”Currency crises. http//web.mit.edu/krugman/www/crises.html
28
Pour certains économistes ce canal ne constitue pas un effet de contagion. Toutefois, la distinction entre un choc
commun à un groupe de pays et l’effet de contagion est difficile à faire en réalité

14
Section II : Le concept des PME
Dans le monde entier, la croissance économique contribue au développement
économique et social et à la réduction de la pauvreté. Il est parallèlement, de plus en plus
admis que l’indice de la croissance sur la pauvreté dépend de la qualité de la croissance
économique (sa composition, sa répartition et de son caractère plus ou moins durable)29.
Les PME apportent une contribution importante et très déterminante dans la création de
revenu et de l’emploi, elles représentent environ deux tiers des emplois dans le monde.
En raison des graves crises d’emplois qui sévirent dans beaucoup de pays industrialisés
et émergeants on fait de plus en plus appel au conseil du BIT30.
Malgré que l’importance des PME tant au niveau économique qu’au niveau social soit
indéniable, cette catégorie d’entreprise ne recevait pas toute l’attention qu’elle mériterait
de la part des gouvernements et les chercheurs en management.
Dans cette section notre travail porte à la fois sur les PME à l’échelle internationale et
dans le contexte marocaine. Dans un premier temps, nous verrons les problématiques de
définition des PME, leurs rôles et importances dans les économies. Puis la situation des
dans le contexte marocain, et en fin un état des lieux de leur situations au Maroc et à
l’internationale.
2.1. Problématique de la définition des PME
Les PME constituent un groupe très hétérogène. On les retrouve dans des activités et des
zones (urbaines ou rurales, régionales ou internationales, locales ou nationales) très
diverses. Dans la catégorie des PME, on retrouve : le petit artisan qui fabrique seul des
outils agricoles en les revendant sur le marché du village, le café dans le coin de la rue,
le café d’internet d’une petite ville, les petites entreprises d’édition ou d’ingénierie de
logiciels qui commercialisent leur produit à l’étranger et des entreprises de taille
moyenne qui fabriquent des pièces détachées vendues sur le marché intérieurs et à
l’étranger à des constructeurs automobiles d’envergures internationale, et elles relèvent
soit de l’économie officielle ou de l’économie parallèle.
A l’heure actuelle il n’existe pas un consensus dans la distinction entre une grande
entreprise et une PME, après plusieurs tentatives de définition standard et universelle de
la PME, cette tentative a néanmoins rapidement été abandonnée au profit de définition
propre à chaque pays.
La définition statistique des PME varie selon les pays31 et tient généralement compte des
effectifs, de la valeur des actifs et/ou le montant du chiffre d’affaire mais la variable

29
Banque mondiale (2000), ACDI (2003), DFID (2001), Sida (2003a) et PNUD (2003).
30
BIT. Conférence internationale du Travail, 104e session, 2015
31
Ayyagari, Beck et Demirgüc-Kunt (2003) énumèrent également les définitions officielles des PME en
vigueur dans 74 pays de l’OCDE, en transition et en développement, complétées par des références aux sources
des données correspondantes.

15
communément utilisée est le nombre de salariés. L’Union européenne et plusieurs pays
de l’OCDE32 et de pays en transition et en développement fixent leur limite supérieure à
200 ou 250 personnes. Rares sont les pays qui utilisent une autre règle : le Japon 300
salariés et les Etats Unis 500 salariés.
En outre deux caractères essentiels sont utilisés pour différencier les PME, il s’agit de
deux familles de critères : des critères quantitatifs et des critères qualitatifs.
2.1.1. Les critères quantitatifs
Cette approche fait référence aux aspects représentatifs de la taille de l’entreprise. Les
indicateurs qui sont couramment utilisés sont ceux qui touchent aux différentes
composantes de l’activité de l’entreprise. Il s’agit des données quantitatives suivantes :
chiffre d’affaires, l’effectif total permanant, l’endettement, le total du bilan ; la valeur
ajoutée, le capital social et la part de marché occupée par l’entreprise.
Cette méthodologie est loin de donner une définition unifiée et homogène des PME parce
qu’elle ne touche qu’aux éléments les plus apparents de l’entreprise mais aussi à cause
de la diversité économique et financière entre les pays et entre les différents secteurs
d’activités, donc sa seule utilisation, d’une manière standard par tous les pays présente
une tâche impossible voir erronée.
2.1.2. Les critères qualitatifs
Ce deuxième critère de distinction d’une PME à une grande entreprise a un caractère
descriptif de l’entreprise et de son environnement social et économique. Cette famille se
base sur des outils théoriques et analytiques qui mettent en avant la dimension humaine
de l’entreprise :
 Rôle du dirigeant dans la gestion ;
 Manque de position de force dans les négociations ;
 La solution la plus utilisée, face aux besoins de financement est
l’autofinancement.
2.1.3. Différentes définitions dans le monde
a) Sur le plan européen
Par la confédération générale des PME françaises, la PME est « une unité de production
ou de distribution, une unité de direction ou de gestion sous l’autorité d’un dirigeant
entièrement responsable de l’entreprise, dont il est souvent le propriétaire et qui est
directement lié à la vie économique de l’entreprise »

32
OCDE (2002), p. 4.

16
Pour éliminer les divergences de définitions données par les pays de l’union européenne,
la commission européenne en 2003, est intervenue pour modifier et standardiser cette
définition33. UTA34.
Tableau 2 : Seuil de définition des PME de la commission européenne

Type d’entreprise Effectif Chiffre d’affaires Total du bilan


Moyenne Entreprise < 250 UTA < 250 millions € < 43 millions €
Petite Entreprise < 50 UTA < 10 millions € < 27 millions €
Micro Entreprise < 10 UTA < 2millions € < 2 millions €
Source : Communication de la Commission européenne

b) Aux Etats Unis : Deux critères sont utilisés


L’indépendance, tant pour la gestion que pour la détention du capital
L’absence de position dominante dans son marché
Pour les autres critères purement qualitatifs, la définition varie selon les secteurs
d’activités. Selon le Small Business Act (SBA), le seuil est fixé à500 salariés mais réduit
à 150 salariés dans l’industrie manufacturière. Le chiffre d’affaire varie aussi selon les
secteurs inférieure à : 5 millions de dollars dans les services, 13.5 millions dans les
activités commerciales et 17 millions dans le secteur de construction.
c) Au Canada : La confédération générale des PME fait la répartition suivante :
 Effectif de 5 à 50 salariés : petites entreprises ;
 Un plafond fixé à 500 salariés, définit de manière variable selon les provinces et
le secteur d’activité : les moyennes entreprises ;
 Dont le totale des actifs ne doit pas excédé 25 millions de dollars canadiens et à
l’instar de l’union européenne elles ne peuvent pas être détenues de plus 25% par
une entreprise de taille supérieur.
d) Au Niger : Elles répondent aux critères suivants :
 Effectif inférieure à 50 employés ;
 Qui tienne une comptabilité selon les normes en vigueurs au Niger et certifié par
un membre inscrit à l’ordre des experts comptables et comptables agréés,
compatible avec les normes OHADA35.
 Inscrit au Registre de Commerce et du Crédit mobilier (RCCM)
 Avec un investissement minimum de 5 millions de FCFA.
 Dont le CA hors taxes supérieur à 50 millions de FCFA et inférieure à 500
millions de FCFA

33
Voir la recommandation de la Commission du 6 mai 2003 concernant la définition des micros, petites et
moyennes entreprises (2003/361/CE)
34
UTA: Unité de travail par année
35
Organisation d’harmonisation des droits des affaires en Afrique pour garantir à ses pays membre une sécurité
juridique et judiciaire pour les investisseurs

17
2.2. Rôle des PME dans les économies
Les PME occupent un rôle particulièrement important dans toutes les économies du
monde, qu’il soit dans les pays industrialisés, les pays en développement ou en transition
économique. Elles constituent une source majeure de revenu, d’emploi et de recette à
l’exportation. En générale entre 1988 et 2001, les grandes entreprises ont contribuées à
des pertes d’emplois alors que le secteur des PME était largement employeur.
2.2.1. Le poids des PME dans les économies internationales
a) L’Union européenne
Elles ont une importance particulière et sont estimées selon la commission européenne
en (2008), environ 20,7 millions, soit 99.8% des entreprises européennes 36, offrent 65
millions d’emplois. Et 92% des PME sont des TPE employant moins de 10 salariés.
Selon les même statistiques, les PME sont responsable de plus de 2/3 des emplois au sein
de l’Union (67,4%), elles contribuent globalement à plus de la moitié du chiffre
d’affaires de l’Union européenne.
b) Royaume-Unis
Elles sont considérées comme l’armature de l’économie anglaise, et contribuent plus que
la moitié du chiffre d’affaires, tous secteurs confondus dans le royaume. Les entreprises
avec moins de 50 salariés contribuent aux environs de 37% de chiffre d’affaires et à
hauteur de 44% des emplois de secteur privé. Cependant, plusieurs échecs sont
enregistrés qui sont souvent dus à des faiblesses de gestion et aux dirigeants, mais surtout
les manques de ressources nécessaires de financement.
c) Les États-Unis
Le pays ou la concurrence est plus que sacrée, et tellement glorifiée, le Small Business
Act promulgué en 1953 puis modifié et amplifié en 1982, occupe aussi une place
importante. Cette loi assure, obligatoirement aux PME une part de tous les marchés
publics, soit d’une manière directe, soit par l’intermédiaire des grands groupes. En effet,
les marchés publics dont la valeur se situe entre 2.500 USS sont uniquement réservés
aux PME. De plus, tous les appels d’offres supérieures à 500.000 USS obtenu par une
grande entreprise, doivent contenir un plan de sous-traitance montrant la part à laquelle
les PME ont droit.
Ces aides aux PME permettent une distorsion de la concurrence, les pouvoirs publics
américains ont pris conscience qu’il convenait d’aider les PME pour qu’elles deviennent
les champions de demain parce qu’elles sont un facteur important de lutte contre la
pauvreté et le chômage.

36
Rapport annuel 2009 de la commission européenne, Entreprise et Industrie

18
Mais aussi c’est aux États-Unis que se trouve le plus grand programme de création
d’entreprises technologiques innovantes (le programme Small Business Innovation
Research) qui est mis en œuvre depuis 1992 toujours dans la cadre de SBA. Ce
programme vise à soutenir l’innovation des PME avec des subventions versées par des
agences fédérales pour encourager la création d’entreprises innovantes.
d) Le Canada
Les PME occupent un rôle de premier rang dans l’économie canadienne. Il pourrait
facilement être surnommé comme un pays d’entrepreneur pour le nombre élevé des
sociétés créées par des entrepreneurs dans le pays. Le succès de cette catégorie
d’entreprise a une incidence directe sur la santé économique du pays car elles sont le
moteur de la création d’emploi dans l’état fédéral, avec un nombre qui s’élève à 2,4
millions d’entreprises avec une densité des plus élevées 70/1000 habitants.
Plus que la moitié de ces entreprises ont moins de 4 salariés et 98% emploient moins de
100 personnes (environ 2.35 millions de PME). Elles représentent 45% du PIB, 60% des
emplois, et ont toujours eu un rôle important dans le pays, représentant 43% de la valeur
des achats du gouvernement et 66% des marchés publics.
e) Les pays de l’OCDE
Au sein de L’OCDE, environ 34 pays membres, les PME représentent plus de 95%37 des
entreprises dans la plus part des pays et emploient plus que la moitié du secteur privé.
Dans cette organisation, plusieurs pays essaient en permanence de promouvoir
l’entrepreneuriat et le développement des PME, avec un nombre incalculables de
programme et d’appui politique. Exemple dans l’Union européenne l’objectif est d’aider
les PME à surmonter les difficultés de financement, de faire face au défi de l’e-
commerce, d’innovation et de technologies, mais aussi à la faiblesse du management et
à la mondialisation. Toutes les PME en Coré du Sud, dans le milieu rural, bénéficient
des taux d’intérêts inférieures à la moyenne, pourrait même bénéficier d’une exonération
fiscale.
2.2.2. La proportion des PME dans la population totale des entreprises, dans
l’économie parallèle et parmi les entreprises détenues par les femmes
Les PME à l’échelle mondiale se situent entre 420 et 510 millions (à l’exclusion des
micro-entreprises) dont 9% sont dans le secteur formel et (80 à 95)% sont dans les pays
à faibles revenus et à revenus intermédiaires. Selon les statistiques du BIT, sur la base
des données de 40 pays et limité à l’emploi non agricole, environ 375 millions de
personnes ont un emploi informel (71% d’hommes et 29% de femmes) et 156 millions

37
OCDE: Les petites et moyennes entreprises: force locale, action mondiale, Synthèses de l’OCDE (Paris, 2000).
La proportion de PME dans la population totale des entreprises est encore plus élevée dans les pays en
développement.

19
sont des travailleurs indépendants dans l’économie informelle et font partie des
entreprises informelles agricole (66% d’hommes et 34% de femmes)38
Malgré les différentes définitions de l’informalité et le manque de données détaillées sur
les entreprises informelles, cette catégorie d’entreprise est incontestablement élevée et
celle-ci constituent une forte proportion de PME. Dans d’autres pays en développement,
les PME informelles sont beaucoup plus nombreuses que les entreprises formelles de
même taille. L’Inde a signalé en 2007 (l’un des rares pays qui disposent de donnes fiables
sur les entreprises informelles), l’existence de 17 PME non enregistrées pour une PME
enregistrée39.
Les PME détenues par les femmes sont rares, sauf pour quelques pays de l’OCDE. Dans
l’Union européenne, 25% des travailleurs de la catégorie (indépendants ayant des
salariés) sont des femmes40. La proportion est analogue aux : Brésil, Canada, États-Unis,
Chili, Japon, République de Corée et au Mexique. Cette proportion relativement faible
de femmes entrepreneurs n’a que légèrement évoluée au cours de la dernière décennie
sauf au Mexique, en République Corée et au Chili où la progression a été marquée,
partant de (moins de 20% en 2000).
La proportion des entreprises individuelles détenues par une femme varie entre (20 et
40)% et s’établit en moyenne à 25%. Cependant le nombre d’entreprises détenues par
une femme augmente plus rapidement que celui détenue par un homme, mais aucune
différence n’est observée sur le plan de performance, concernant les taux de survie et de
création d’emplois : ces taux reste homogènes que le propriétaire de l’entreprise soit un
homme ou bien une femme.
Figure 3 : Proportion de PME dans le monde, par région

Source: SFI: Scaling-up SME access to financial services in the developing world, 2010.

38
Bureau de statistique du BIT; réponses des pays à une demande de données adressée par le BIT, exploitation des
données tirées d’enquêtes sur la population active et extraits de rapports d’enquête. Pour les pays d’Amérique
latine, base ILO/SIALC de microdonnées d’enquêtes auprès des ménages.
39
K. Kushnir, M.L. Mirmulstein et R. Ramalho: Micro, small, and medium entreprises around the world: How
many are terre, and what affects the count? Indicateurs des MPME par pays de la Banque mondiale/SFI
(Washington, DC, 2010).
40
Toutes les informations contenues dans ce paragraphe sont tirées de : OCDE, Inégalités hommes-femmes: il est
temps d’agir (Paris, 2012).

20
Figure 4 : nombre de PME dans le monde par région

Source: SFI: Scaling-up SME access to financial services in the developing world, 2010
2.2.3. Les PME dans les pays en développement et en transition
Elles jouent un rôle particulièrement important, et constituent une source majeure
d’emplois, de revenu et de recette à l’exploitation.
2.2.3.1. Rôles des PME dans les économies en développement et en transition:
 La réduction de la pauvreté : concentrer l’effort sur les PME contribuera à
l’accroissement des recettes publiques par la création des emplois et de revenus pour
les pauvres et éviter ainsi les crises sociales ;
 Dans les pays en développement, les PME sont souvent implantées dans les zones où
vivent les populations pauvres, emploient des pauvres et que leur production sont
destinées aux pauvres ;
 Elles peuvent favoriser le développement de la classe moyenne et la création
d’organisations représentatives des entreprises, capables de défendre un large
éventail d’intérêts.
2.2.3.2. Les caractéristiques et problèmes propres aux PME des pays en
développement et en transition
Si les PME dans les pays en développement font face aux mêmes difficultés que dans les
autres pays du monde, les PME dans le pays émergeants pâtissent plus encore que les
autres la piètre qualité des capacités institutionnelles et humaines mises à leur
disposition. Nous pouvons notamment citer parmi les difficultés auxquelles elles se
heurtent :
 Manque de dialogue entre le secteur privé et public et leur faible capacité de faire
entendre leur voix dans les actions gouvernementales ;
 Problèmes de financement, trop de dossiers pour obtenir des aides et subventions et
l’absence de législation adéquate pour protéger les salariés et droits de propriétés
 Manque d’institutions de soutien (banques organismes financiers etc.) et
d’information sur les (marchés, normes, barrières à l’entrée et à la sortie et de données
statistiques pertinentes) sont des obstacles d’accès aux marchés ;
 Rôle prédominant du secteur public dans les investissements et la promotion des
exportations ainsi la prépondérance des entreprises étatiques ;

21
 Le poids du secteur informel/pourcentage élevé de micro-entreprises et l’absence
d’incitation des entreprises de l’économie parallèle à rejoindre l’économie officielle
ainsi que la complexité des réglementations.
2.3. Les PME dans l’économie Marocaine
Au Maroc la PME constitue le centre névralgique de l’économie avec 40% de la
production et 31% des exportations et sont présentes dans tous les secteurs de l’activité
économique. Trois critères sont retenus pour sa définition officielle :
 Elle est gérée ou administrée directement par des personnes physiques ;
 Son capital ne peut être détenu à plus de 25% par une entreprise ou un groupe
d’entreprises qui ne correspondent pas à la définition de PME ;
 Le dernier critère est relatif à la taille en faisant une distinction entre les anciennes et
nouvelles entreprises. Selon cette loi :
Les PME existantes doivent avoir : un effectif < à 200 employés, un CA hors
taxe qui ne dépasse pas 75 millions Dhs et/ou un bilan limité à 50 millions
Dhs ;
Pour les nouvelles PME : elles doivent avoir un investissement initial <= à 25
millions Dhs et respecter un ratio d’investissement par emploi inférieure à
250.000 Dhs41.
a) La nouvelle définition de l’ANPME et CGEM
Cette définition ne tient compte que du critère du chiffre d’affaire et distingue trois types
d’entreprises :
Tableau 3 : Critère de définition des PME par l’ANPME et CGEM

Type d’entreprise Chiffre d’affaires

Micro Entreprise TPE Moins de 3 millions de MAD

Petite Entreprise Entre 3 et 10 millions de MAD

Moyenne Entreprise Entre 10 et 75 millions de MAD


Source : nous même avec les données de l’ANPME

b) La définition de Bank Al-Maghrib


Les seuils de segmentation ont été revus dans le cadre de la mise en place des approches
« Bâle II » et deux critères déterminants sont retenus : le chiffre d’affaires et le montant
des crédits bancaires dont la PME bénéficie42 :

41
www.cdvm.gov.ma
42
Le circulaire n° 8/G/2010 relative aux exigences en fonds propres pour la couverture des risques de crédit, de
marché et opérationnels

22
 Les grandes entreprises : le CA hors taxe ou celui du groupe d’intérêt auquel elle
appartient est supérieure à 175 millions de Dhs ;
 La PME : y compris les entrepreneurs individuels :
Le CA ou celui du groupe est entre 10 et 175 millions de Dhs ;
Le CA est supérieur à 10 millions de Dhs et le montant global des créances de
son établissement de crédit ou du groupe est supérieur à 2 millions de Dhs.
 La petite entreprise : le CA est inférieur à 10 millions de Dhs et le montant global des
créances détenues à son égard est inférieur à 2 millions de Dhs.
Les entreprises sont concentrées fortement sur l’axe Casablanca-Tanger (63%), 39%
dans la région Casa-Settat, suivit par Rabat-Salé-Kenitra (15%) et la région Tanger-
Tétoine-Al Hoceima (9%). En plus l’axe Casa-Tanger regroupe 68% des entreprises
industrielles dont la plus part se trouvent à Casa-Settat (47%)43.
2.3.1. Répartition des entreprises dans l’économie marocaine
Les entreprises sont Tableau 4 : répartition des entreprises par âge
globalement de création
récente : 75% ont moins
de 20 ans et 35% ont
moins de 10 ans.

Plus que 2/3 opèrent dans le Tableau 5 : répartition par secteur d’activité
secteur tertiaire. Moins de
10% des entreprises dans le
secteur industriel. La
répartition reste quasi
uniforme pour les GE.

7% de l’ensemble des Tableau 6 : entreprises exportatrices par secteurs d’activité


entreprises sont exportatrices et
41% de ces entreprises opèrent
dans l’industrie.
60 % des GE exportatrices sont
dans l’industrie

Tableau 7 : proportion de femmes dirigeantes par catégorie d’entreprise et tranche d’âge

43
Tout le reste de ce paragraphe vient du haut-commissariat au plan : enquête nationale auprès des entreprises les
résultats de 2019

23
Catégories d‘entreprise Moins de 10ans 10 à moins de 20ans 20ans et plus Total
TPE 9,10% 16,80% 16,80% 13,80%
PME 17% 9,90% 8,60% 11,70%
GE 9,90% 7% 8,70% 8,30%
Source : Haut-commissariat au plan : enquête nationale auprès des entreprises les résultats de 2019

Les femmes dirigeantes sont moins présentes dans les GE avec 8% contre 13%au niveau
des TPME.
Tableau 8 : proportion de femmes dirigeantes par secteur et tranche d’âge

Secteurs Moins de 10ans 10 à moins de 20ans 20ans et plus Total


Industrie 4,10% 16,40% 10,70% 12,60%
Construction 0,30% 0,50% 11,70% 2,60%
Commerce 13,40% 16,40% 11% 13,80%
Service 14,90% 20,40% 16,60% 17,30%
Total 11,10% 14,10% 13% 12,80%
Source : Haut-commissariat au plan : enquête nationale auprès des entreprises les résultats de 2019

Le nombre d’entreprises dirigées par les femmes a largement diminué au cours des
années, en effet, il y’a 10 ans 14% des entreprises étaient dirigées par des femmes, alors
qu’en 2019 ce pourcentage n’est que de 11%.

Tableau 9 : les facteurs de blocage d’investissement pour les entreprises marocaines

Facteurs Catégories d’entreprise

TPE PME GE Total

Manque de financement 73,70% 75,50% 72,10% 74,10%

Concurrence du secteur informel 21,70% 23% 26,40% 22%

Étroitesse du marché 22,30% 20,70% 24,80% 22%

Procédures administratives compliquées 9,90% 17,80% 9,10% 11,50%

Politique fiscale compliquée 8,90% 18,60% 22,80% 11,10%

Difficulté d’accès au foncier 4,50% 14,40% 8,40% 6,60%

Absence de main d’œuvre qualifiée 4,90% 10,90% 7,40% 6,20%

Infrastructure non suffisamment développée 3,70% 4,10% 5,30% 3,80%

Autres 2,30% 3,90% 7,20% 2,70%

Source : Haut-commissariat au plan : enquête nationale auprès des entreprises les résultats de 2019.

24
Le manque de finanncement est l’obstacle le plus évoqué par les entreprises comme un
frein à l’investisssement, au total 74% des entreprises ont un manque de financement
parmi lesquelles environ 76% sont des PME.
2.4. Etat des lieux des PME au Maroc et à l’international
Dans le contexte marocain comme à l’international, les PME disposent d’une importance
significative dans les différents tissus économiques et représentent la part la plus
importante des entreprises environ 95% de la population totale des entreprises. Quelques
comparaisons :
2.4.1. Développement et création d’emplois
Depuis plusieurs années, le développement des PME et de l’entrepreneuriat est au centre
de toutes les économies émergentes à travers le monde. Elles font l’objet de l’adoption
de plusieurs mesures ciblées (subventions, aides, prêts bonifiés, régimes fiscaux
préférentiels, etc.), et la création de plusieurs organismes de soutien.
Si les PME sont depuis longtemps la cible d’innombrables actions destinées à
promouvoir leur développement, y compris celles qui relèvent de l’économie parallèle,
elles restent très loin des espérances portées en elles. Les PME emploient environ44 :
 65% des emplois dans les pays à revenu élevé ;
 60% des emplois dans les pays à revenu intermédiaire,
 33% des emplois dans les pays à revenu faible,
 50% des emplois au Maroc.
L’employabilité des PME marocaines sont largement en dessous de celle des pays à
revenu intermédiaire de la tranche à laquelle il devrait appartenir.
2.4.2. La contribution dans le PIB
Outre leur prédominance dans la part de l’employabilité et de la population totale des
entreprises, leur contribution dans la production nationale reste très limitée par rapport à
leur importance45 :
 Dans les pays à revenu élevé 55% du PIB ;
 Dans les pays à revenu intermédiaire 40% du PIB ;
 Dans les pays à revenu faible 15% du PIB ;
 Au Maroc leur contribution reste limitée à 20% du PIB ;
 En Afrique du Sud sa contribution est de 50% du PIB.
La contribution des PME marocaines dans la production intérieure brute est insignifiante,
cette contribution ne représente que 50% de celle des pays à faibles revenus dont le
Maroc fait partie, et encore plus pire comparée à un pays comme l’Afrique du Sud qui a
une économie similaire à l’économie marocaine et cela malgré les difficultés qui

44
https://www.cairn.info/revue-de-l-ocde-sur-le-developpement-2004-2-page-37.htm
45
Conférence internationale du Travail, 104e session, 2015 ; Banque mondiale ; Haut-commissariat au plan

25
secouent le pays comme l’instabilité politique et les scandales de corruption de certains
haut dirigeants. Cette participation des PME marocaines dans l’économie marocaine ne
représente que 2/5 de la contribution des PME Sud-Africaines. Cependant, la situation
des PME marocaines dans l’exportation n’est pas loin de celle de plusieurs pays à revenu
intermédiaire, avoisinant les 30% des exportations de ces pays.
Ces statistiques nous montre à quel point la situation de la PME marocaine est alarmante,
il est très difficile d’expliquer que sa proportion dans la population totale des entreprises
représente environ 95% du tissu économique, emploie plus de 50% de la population et
réalise 40% de la production totale du Maroc alors que sa contribution dans la valeur
ajoutée de l’économie marocaine reste limitée seulement à 20%.
Ces données doivent interpeller l’attention des dirigeants marocains en charges de la
direction des PME qu’ils soient dans le secteur public, privé ou parapublic ainsi les
institutions internationales œuvrant dans ce domaine de collaborer ensemble pour
repenser l’entrepreneuriat marocain.

26
Section III Le financement des PME
Depuis son indépendance, le Maroc a inscrit l’industrialisation de son économie comme
le principal objectif de son développement. Avec l’ouverture de l’économie marocaine
au début de la décennie 80 dans le cadre du programme d’ajustement structurel pour faire
face à la détérioration que connait son économie avec l’appui du FMI et la Banque
Mondiale, plusieurs grandes industries s’y sont installées.
Cependant, la solution pour les grandes unités industrielles est très loin de répondre aux
attentes et aux prévisions de croissance du royaume, il devient dès lors, indispensable de
développer des PME capables de promouvoir l’économie nationale et de donner un
nouveau élan à une croissance qui peine depuis toujours. Donc aujourd’hui il est plus
que nécessaire de soutenir les PME pour qu’elles puissent surmonter leur problème le
plus récurrent, qui est le financement.
3.1. Importance de financement des PME
Ce n’est plus leur importance qui est à l’ordre du jour, mais comment faire pour
promouvoir leur développement, les PME forment l’armature de toutes les économies
du monde, aussi bien dans les pays industrialisés, émergents ou en développement. Elles
sont une source essentielle de revenu de croissance économique, de dynamisme et de
flexibilité dans tous les pays du monde.
Les PME constituent la forme dominante d’organisation de l’entreprise et représentent
d’environ (95 à 99)% de la population des entreprises selon les pays. Dans les pays de
l’OCDE, elles assurent entre 60 et 70% de la création nette d’emploi et environ 55%
dans les pays à revenu intermédiaire46.
S’il est indispensable qu’aujourd’hui la croissance économique dépend largement du
dynamisme des PME47, rares sont les pays dont cette catégorie d’entreprise bénéficie des
droits fondamentaux qui lui reviennent. En effet de nombreuses questions restent encore
posées sans réponse concernant le financement de cette dernière. Certaines de ces
questions renvoient directement au thème de l’accès au financement des PME :
 Quelle est l’importance du déficit de financement ?
 Quelles sont les PME les plus touchées par les problèmes de financement ?
 De quelle forme de financement elles manquent le plus ?
 Quels sont les rôles précis que jouent les garanties dans la consolidation de leur
financement et sous quelle formes mobiliser les financements ?
 Et comment faciliter l’accès au financement des PME ?

46
Ayyagari, Beck et Demirgüc-Kunt (2003) énumèrent également les définitions officielles des PME en vigueur
dans 74 pays de l’OCDE, en transition et en développement, complétées par des références aux sources des données
correspondantes.
47
Source : Chronique des Nations Unies : les économies en transition ; l’importance des petites et moyennes
entreprises.

27
Les autres questions renvoient aux structures et à l’organisation du système financier :
 Est-ce que le financement des PME est-il dépendant du type de banques ou de
l’existence de techniques particulières de crédit mises en œuvre par les banques et les
autres institutions financières ?
 Les banques disposent-elles des capacités nécessaires pour transformer les fonds dans
un contexte où les règlements se renforcent ?
 Ou bien le financement dépend généralement de la capacité du système financier de
financer à long terme le secteur productif ?
Beaucoup de question qui préoccupent les responsables de plusieurs pays à travers le
monde mais encore plus dans les pays en transition économique et/ou en développement.
3.1.1. Plusieurs raisons peuvent expliquer l’importance portée aux PME et à leur
financement nous pouvons citer entre autres :
 Les PME représentent la partie la plus importante de la population des entreprises
qu’il s’agisse des pays développés ou en développement ;
 Elles apportent une contribution importante et très déterminante dans la création de
revenu et de l’emploi, elles représentent environ deux tiers des emplois dans le
monde ;
 Elles constituent un facteur de croissance économique très important. En effet, ce
type d’entreprise est l’armature de toutes les économies aussi bien dans les pays
industrialisés que les pays du tiers monde
 Les PME sont de nos jours indispensables à toutes les économies du monde, elles
sont aussi essentielles au développement des territoires du fait qu’elles peuvent jouer
un rôle important dans la réduction des inégalités en milieu rurale.
 Elles représentent une source majeure de recette à l’exportation dans les pays
industriels et pour certains pays en développement
 Les PME favorisent le développement de la classe moyenne. Elles sont les plus
grands outils et instruments d’amortisseur du chômage et de la pauvreté grâce à leurs
capacités de générer des emplois et des revenus, mais surtout qu’elles sont souvent
situées dans les quartiers où vivent les populations pauvres et que leur production
sont souvent destinées aux pauvres ;
3.1.2. Quelques pratiques exemplaires qu’ils convient à entreprendre pour aider les
PME à se développer
 Les responsables publics et les représentant privés doivent intégrer les PME dans les
stratégies nationale de développement visant à surmonter les blocages et les
insuffisances et de lutte contre la pauvreté ;
 Associer le secteur privé aux décisions stratégiques aux même titre que les pouvoirs
publique et la société civile, le dialogue est un paramètre capital pour bâtir un climat
de confiance ;

28
 Faire jouir les PME les positions privilégiées des GE solidement implantées pour être
directement informer des décisions des pouvoirs publics et tenter de les infléchir, et
cesser de les considérer comme des « observateurs passifs » mais de « partenaires
actifs » ;
 Développer une culture d’entreprise axée sur l’innovation et les nouvelles
technologies pour faire face aux nouveaux défis de la société moderne.
3.2. Les sources de financement destinées aux PME
Les moyens de financement les plus sophistiqués sont souvent destinés aux seules
grandes entreprises, les PME de leur côté sont crucialement dépendant des banques pour
leur financement externes d’exploitation et d’investissement et ne disposent que d’un
accès limité aux marchés financiers.
L’importance de cette catégorie d’entreprises dans les économies48 a amené plusieurs
pays à mettre en place des dispositions incitatifs et de soutien au développement des
PME, comme OSEO49 et la SOFARIS50 en France et la Caisse Centrale de Garantie
CCG51 au Maroc.
3.2.1. Les déterminants d’accès au financement des PME
Dietsch. Et Mathieux, (2014) soutiennent qu’il existe plusieurs déterminants qui
accroissent la probabilité d’accès au financement des PME, pour financer leurs diverses
opportunités d’investissement, parce que les obstacles aux financements sont
généralement les caractéristiques et spécificités de cette dernière :
- La taille de l’entreprise - La possession de l’entreprise (autofinancement) ;
- Le sexe du dirigeant - Les facteurs macro-économiques ;
- La stabilité des revenus ; - Les systèmes d’audit (audit externe) ;
- Le secteur d’activité ; - L’acquisition d’un certificat internationale ISO.
- L’âge de l’entreprise
3.2.2. Type de financements utilisés par les PME
Le système financier dispose d’une large variété de produits financiers qui sont mis à la
disposition des investisseurs et des entreprises. Les PME ont accès au marché des
actions, marché de la dette mais restent largement dépendantes de financement bancaire.

48
Reconnaitre l’importance des PME pour mieux stimuler leur développement ; Centre des jeunes dirigeants
d’entreprises ; (CJDE).
49
Organisme d'aide au financement et à l'accompagnement des PME en partenariat avec les banques et les
organismes de capital -investissement
50
Institution dédiée à apporter la garantie aux différents financements accordés aux PME. Cet organe fait partie
intégrante d’OSEO.
51
La Caisse Centrale de Garantie (CCG) : est une institution publique à caractère financier, assimilée à un
établissement de crédit, créée en 1949. Elle a pour objectif d’encourager la création, le développement et la
modernisation des entreprises marocaines. Elle appuie également le développement social : la garantie des prêts à
l’habitat et les prêts aux étudiants.

29
3.2.2.1. Le financement par l’endettement
Traditionnellement les PME se financent par des sources internes, souvent les fonds
propres de l’entrepreneur et les bénéfices non distribués de la PME. Cependant les crédits
bancaires restent de loin la source de financement externe principale de ces dernières.
Ces financements pourraient prendre plusieurs formes de :
Lignes de crédits : couvrir les dépenses ponctuelles ou besoins ponctuels de trésorerie
grâce à des contrats entre la PME et la banque pour emprunter et tirer des fonds sur un
compte bancaire à tout moment jusqu’à un plafond ;
Crédits-bails : faciliter les problèmes de financement et améliorer l’autofinancement de
la PME ;
L’affacturage : permet un financement immédiat des créances et la transformation des
trésoreries potentielles en trésorerie réelles en transférant le recouvrement de ces
dernières à des organismes financiers (factor) ;
Jusqu’aux emprunts à long terme : l’augmentation des emplois stables crée souvent des
besoins de financement de longue durée (investissement matériels et immatériels)
3.2.2.2. Le financement par quasi-fonds propres
Les PME se financent en général par les crédits bancaires, cependant il est important de
noter que les banques sont souvent absentes au moment de la création des PME. La
rentrée en vigueur dès en 2008 des conditions de bale II ont renforcé les exigences de
rentabilité et la lourdeur de gestion ce qui s’est traduit par un coût en fond propre pour
les banques52. Ces financements proviennent de plusieurs sources :
- Financement mezzanine : Appelé aussi financement subordonné ou quasi-fonds
propres combine les caractéristiques d’un prêt et celles d’un financement par action ;
- Appel public à l’épargne : Généralement destiné au GE, l’entreprise émet des
actions sur le marché et prépare un document d’information permettant aux
investisseurs de s’informer sur ses activités et ses états financiers ainsi que sur les
titres qui sont mises en vente ;
- Le capital investissement : L’investisseur prend des participations en fonds propres
ou quasi-fonds propres dans des sociétés non cotées, il est souvent réalisé par des
investisseurs expérimentés, le capital investissement pourrait intervenir à n’importe
quelle étape du développement de l’entreprise :
 Le capital-amorçage : « speed capital », intervient avant ou juste après le
démarrage d’une nouvelle entreprise ;
 Le capital-création : « Start-Up », il intervient au démarrage ou lors de son
premier développement, on parle aussi « capital post-création » ;

52
Financement en Fonds Propres des PME ; Publication « la Revue » cabinet : Squire Sanders

30
 Capital développement : il est réservé aux entreprises en plein développement
ou pleine maturité qui ont atteint un certain seuil de rentabilité ;
 Le capital transmission : plus connu sous l’appellation LBO (Leverage Buy
Out), consiste d’acquérir la totalité du capital d’une entreprise mature et
rentable en ayant recours à un apport minimal de capitaux et à l’endettement
bancaire.
- Le capital risque : Ce sont souvent les PME et les TPE qui souffrent du système
financier classique. En effet depuis la crise de 2008 les banques sont devenues plus
frileuses et averse aux risques, elles se basent sur la productivité et classent en suite
les risques en attribuant un rating, ce qui laisse les PME et les jeunes entreprises en
bas de la liste des clients potentiels. C’est dans ce contexte que s’inscrivent
l’apparition et la croissance des sociétés de capital risque pour apporter des réponses
aux besoins de financement et renforcer les fonds propres des PME. Il est
généralement mis en œuvre par les intervenants suivants :
 Business-Angels : des investisseurs particuliers qui mettent à la disposition des
PME toutes leurs compétences et expériences ainsi que leurs réseaux
relationnels, principalement en phase d’amorçage. Ils sont estimés à 7.000 en
France, 40.000 au Royaume Uni et 400.000 au Etais-Unis53 ;
 Sociétés spécialisées dans le capital risque (SCR) : elles disposent beaucoup
de moyens financiers mais ne s’intéressent pas souvent aux PME et
n’investissent quasiment que dans la technologie et l’innovation ;
 Fonds de capital risque : des fonds spécialement réservés au capital-création
et n’intervient qu’après l’amorçage ;
 Fonds commun de placement à risque (FCPR) : à l’inverse des SCR, ils n’ont
pas de personnalité morale et sont gérés par des sociétés ad hoc. Ils collectent
des capitaux auprès d’épargnants et les placent dans des opérations de capital
risque.
 Fonds communs de placement dans l’innovation (FCPI) : il s’agit des
« produits d’épargne » proposés par les assurances et les banques en France, en
contrepartie des parts attribués aux épargnants ;
 Fonds d’investissement de proximité (FIP) : ce sont des FCPR investissant
dans des PME régionales en développement qui bénéficient des avantages
fiscaux afin d’attirer les épargnants vers les opérations de capital risque. En
France ils interviennent sur des montants plus modestes entre (7.600 et 76.000
euros). Et 10% de ce fond doit être au minimum utiliser pour des PME de moins
de 5 ans.
3.2.2.3. Le financement par fonds propres
- L’autofinancement - La cession d’actif

53
APCE : Agence pour la Création d’Entreprises européenne

31
- L’augmentation du capital - Les apports en compte courant
- La subvention d’associés
3.3. Les contraintes de financement des PME
Les PME présentent des spécificités qui sont souvent à la source de réelles contraintes
financières. Udell (2013) les solutions de financement apportées par le système financier
laissant subsister pour elles ce que l’on appelle un déficit de financement54. Ce déficit a
un caractère plus structurel que conjoncturel. Il est global et donc pas attaché à telle ou
telle forme de financement.
Ces déficits créent trois grands obstacles susceptibles de freiner l’accès au financement
des PME en crédit :
- L’information sur la valeur des PME et leur potentiel de croissance est très couteuse
et difficile à obtenir ;
- Les PME ne disposent pas de bonnes incitations de croissance pour atteindre une
taille économiquement optimale et financièrement stable.
- Depuis la crise de 2008, les investisseurs ont réduit à des degrés divers leurs appétits
pour le risque, ce qui constitue aujourd’hui un obstacle majeur à leur financement.
3.3.1. Les contraintes de financement associées aux particularités des PME
- Déficit d’information : les PME sont plus difficiles à analyser que les autres
entreprises, cette question a été largement traitée dans la littérature théorique et
empirique, relationship-banking, (Degryse et al, 2009 ; Berger, 2010 ; Deryse et
Ongena, 2012). Il peut être lié aussi à des Asymétrie d’information entre la banque
et la PME ce qui conduit souvent à des rationnements de crédit ;
- Déficit d’incitation à la croissance : les questions concernant la capacité de la PME
à devenir une grande entreprise ne relève pas seulement de la disponibilité de
financement, même si ce dernier reste l’obstacle le plus important depuis 2009
(Fougère et al, 20012 Cabannes et al, 2013) ;
- Le système de gestion : souvent un système de gestion entrepreneurial, mélange des
ressources financières de l’entrepreneur et celles de l’entreprise ;
- Fragilité de la structure financière : dominée souvent par des capitaux externes ;
- La propriété du capital : forte concentration du pouvoir de management dû parfois
au caractère familial du capital ;
- Indépendance financière : privilégient le financement par fon propre pour garder le
contrôle de l’entreprise ;
- Manque des ressources humaines compétentes : augmentation des risques
d’erreurs dû au manque d’expertises et d’expériences, peut faire rater aussi des
opportunités de financement à cause des responsables ;

54
Michel Dietsch, Xavier Mahieux Revue d'économie financière 2014/2 (N° 114)

32
- L’absence des documents responsables et financiers : manque d’information ou
incapacité d’analyser et interpréter ses états financiers ;
- Ignorance des principes de la bonne gouvernance : ce qui est un frein pour la
transparence, l’expertise et la crédibilité de l’entreprise ainsi que la confiance avec
les créanciers potentiels.
3.3.2. Les contraintes de financement liées au système financier
- Manque d’appétit pour le risque des institutions financières : depuis la crise
financière de 2008, qui causa la faillite de plusieurs banque à travers le monde,
l’appétit des banque pour le risque a considérablement diminué et cela malgré de
nombreuses garanties publiques pour garantir les crédits ;
- Structure du système financier : la crise financière et ses répercussions sur le
système financier a conduit à augmenter les conditions de disponibilité des crédits
(exigence de rentabilité, qualité de management etc.)55 ;
- L’inadéquation des produits financiers aux besoins des PME : des conditions qui
dépassent leurs capacités financières et institutionnelles, ce qui les mettent dans
l’obligation de s’octroyer des facilités de crédit pour satisfaire leurs clients.
3.4. Les solutions proposées
Afin d’aider les PME à surmonter leurs défit et particulièrement concernant les
problèmes de financement, plusieurs mesures et pistes de réflexion sont proposés :
Mettre à la disposition des PME une large palette d’outils de financement :
capables de répondre aux différents besoins spécifiques des PME ;
Augmenter les appuis financiers indirects aux PME, les fonds et les mécanismes
de garanties : dans l’objectif de dresser les contraintes de financement des PME, les
Etats ont mis en place un ensemble de fonds et mécanismes visant à garantir des
crédits octroyés à cette population d’entreprises. Cependant ces mesures ne sont
toujours pas à la hauteur des attentes, et pour qu’elles soient efficaces, elles doivent
être accompagnées par des suivis et d’orientations pour une meilleure gestion ;
Attirer les capitaux des investisseurs institutionnels : comme ceux des particuliers
formés et orienter le système financier de l’épargne vers les entreprises et les PME
en particuliers ;
Canaliser l’épargne vers les PME : casser les déséquilibres entre la structure de
l’offre et la demande d’épargne (préférence pour la liquidité et la sécurité du côté des
ménages, besoin de financement à long terme et plus ou moins risqué pour les
entreprises) les intermédiaires financiers peuvent jouer un grand rôle ;
Structurer le système bancaire : appliquer des taux en fonction des conjonctures
économiques, accélérer les délais de traitement des dossiers de crédits et élargir les
produits destinés aux PME ;

55
Financement en Fonds Propres des PME ; Publication « la Revue » cabinet : Squire Sanders

33
L’accès aux marchés financiers : dans un contexte de manque de crédits bancaires,
facilité l’accès des PME aux marchés financiers peut se présenter comme une
solution idéale et abondante pour le financement des PME ;
Développement du secteur du capital risque : il permet aux jeunes entreprises
d’augmenter leur fonds propres et consolider leur structures financières ;
Accroitre la contribution des banques participatives dans le financement des
PME : le financement participatif représente de plus en plus un champ concurrentiel
pour le système bancaire, il permet aussi de répondre aux besoins financiers des
acteurs économiques exclus du marché bancaire ;
Réserver des parts octroyées aux seules PME dans les appels d’offres publics :
ce mécanisme s’est monté très efficace dans quelques pays, où il est appliqué par un
accroissement des nombres de PME.

Conclusion du chapitre I
Avant d’apporter des solutions de financement permettant d’activer la croissance des
PME, il convient d’abord d’identifier les causes du déficit de financement. En effet, les
PME dans les pays en développement et en transition sont marquées par plusieurs défis
notamment la fragilité de la structure financière et managériale, et une sous-capitalisation
importante. Ces faiblesses et d’autres se traduisent par une faible contribution à la
croissance économiques et des difficultés d’accès aux financements.
Même si l’origine des nombreuses difficultés dont rencontrent les PME n’est pas
financière, elles se traduisent toutes indirectement par des symptômes financiers sous
forme de besoins supplémentaires de financement. Cependant les problèmes de
croissance des PME ne peuvent être réduits aux seuls problèmes financiers.
Ces programmes d’appui restent un très bon début et montrent l’importance des PME,
mais pour qu’ils soient efficaces et ceux qui vont suivre, des mesures statistiques et
affinées doivent être prises, permettant de figer une définition formelle et légale que
doivent appliquer toutes les parties prenantes et qui prend en compte la nature et le
secteur d’activité. Cela facilitera la tâche pour les promoteurs des programmes d’appui.
Ils peuvent ainsi agir avec des méthodes ciblées et spécifiques à chaque catégories
d’entreprises.

34
Chapitre II L’écosystème marocain face à la pandémie de la covid-19,
répercussions et réactions.
Le Maroc a enregistré son premier cas de la COVID-19 le 02 mars 2020. Les autorités
marocaines ont déclaré l'état d'urgence sanitaire le 20 mars alors que le pays ne comptait
qu'une dizaine de cas. Depuis lors, la pandémie a suivi une tendance contrôlée, avec un
taux de croissance quotidien moyen d'environ 5,5 %, une faible prévalence de moins de
1 % et un taux de l’létalité moyen de 4 % pendant la période de confinement. Après trois
mois de confinement strict, les indicateurs épidémiologiques ont favorisé un
déconfinement progressif par zone à partir du 10 juin 2020. Selon les données publiées
par le ministère de la Santé, le nombre de cas confirmés de coronavirus à la veille du
déconfinement était de 8508, dont 732 cas actifs et 211 décès. Le taux de létalité a atteint
2,48 % et le nombre de cas guéris a continué de s'améliorer, atteignant 89 % des cas
touchés56.
Le Maroc n'a pas été épargné par les retombée, d'un point de vue macro-économique,
tous les indicateurs ont fortement baissé, ce qui s'est traduit par un déficit budgétaire très
prononcé, une augmentation de la dette publique, une aggravation de l'écart de la balance
de paiements et une chute drastique du produit intérieur brut et des réserves de devises
étrangères de l'année 2020.
De même, de nombreuses entreprises de service ou de production opérant dans différents
secteurs tels que le secteur touristique ou industriel ont été temporairement ou
définitivement en arrêt ou en baisse, engendrant une diminution ou même un arrêt
d'activité et par conséquent de nombreuses pertes d'emplois.
Pour faire face à cette situation complexe, l'Etat marocain n'a ménagé ses efforts dans la
gestion de la première phase de cette pandémie. Des décisions rapides et fermes ont été
prises, ce qui lui a permis d'être classé parmi les premiers pays à avoir bien géré cette
crise et qui ont consacré le plus de ressources financières par rapport au PIB.
Un comité de veille économique a également été mis en place pour discuter et décider
des différentes mesures à entreprendre afin de préserver la situation économique et
sociale du pays face à cette pandémie.
Dans ce chapitre nous allons voir les conséquences de la pandémie sur l’économie
marocaine et les mesures qui ont été prises par le gouvernement pour aider les entreprises
à faire face à la crise économique et sociale.

56
Haut-Commissariat au Plan, Système des Nations Unies au Maroc et Banque mondiale, Juillet 2020

35
Section I : les répercussions de la pandémie sur l’économie marocaine
On ne peut nier que les répercussions de la crise de la Covid-19 se feront sentir dans tous
les domaines. Elles le sont déjà. Elles n'ont épargné aucune région du globe, ni aucun
secteur. La raison en est la virulence et la grande mobilité du virus, combinées à la grande
contagiosité de la maladie. Mais la raison est aussi que l'économie mondiale s'est
fortement mondialisée, sous l'effet de la délocalisation de la production et de la
mondialisation des échanges.
Les flux de personnes, de marchandises et de capitaux n'ont plus de frontières. En fait,
l'impact de cette pandémie va bien au-delà de la grande récession de 2009 et d’autres
économistes la comparent déjà à la grande dépression des années 193057. Tous les
économistes, spécialistes et analystes s'accordent à dire que les effets de la Covid-19
seront particulièrement profonds, douloureux, durables et en cascade. Ils s'accordent à
dire que ces répercussions aboutiront finalement à une grande récession économique.
Les premiers signes en sont déjà visibles dans les secteurs secondaire et tertiaire, y
compris les professions libérales. Ils touchent aussi bien l’économie officielle
qu'informel, et la perte de confiance a sérieusement affecté les marchés des capitaux et
des valeurs mobilières.
Alors que la crise Covid-19 ne fait que commencer, son impact économique se fait déjà
sentir. Personne ne sait quand la situation va se "normaliser", si qualificatif "normal" ait
encore un sens. En tout cas, ce ne sera pas pour demain !
1.1. Les retombées macro-économiques de la covid-19
Le Maroc n'échappe pas à la règle. La contre-performance de la campagne agricole 2019-
2020 (comptant à peine 30 millions de quintaux, soit - 42% en volume)58, viendra
s'ajouter à la pandémie, qui semble avoir volé la vedette !
Les effets de la catastrophe sanitaire au Maroc sont certes endogènes, mais aussi
exogènes, étant donné que l'économie nationale est fortement indexée sur les économies
de l'Europe occidentale, auxquelles elle est ouverte.
L'analyse des derniers indicateurs économiques disponibles, bien que provisoires, a
révélé que le comportement des différents secteurs de l'économie marocaine face à la
crise sanitaire n'a pas été homogène. En effet, certaines branches d'activité, notamment
celles qui dépendent de la demande extérieure, ainsi que celles qui ont été arrêtées par
décision des pouvoirs publics, ont été fortement impactées, tandis que d'autres ont été
touchées à un degré plus ou moins déplorable.

57
Bruno Le Maire ministre de l’économie française, La Croix : Coronavirus : vivons-nous une crise similaire à
celle de 1929
58
Mohammed Taher SBIHI : Chef de la Division Normalisation et Institutions Comptables, Ministère de
l’Economie et des Finances.

36
Compte tenu du contexte, l’impact de cette pandémie à l’échelle nationale voir régionale
est très difficile à cerner. A l’heure actuelle, les études menées qu’elles soient
quantitatives ou qualitatives ne sont basées que sur des estimations très approximatives
et partielles, à cause de l’incertitude qui règne toujours. Ces chiffres ne pourront être
identifiés avec précision qu'avec une meilleure visibilité prospective sur les dégâts réels
de l'épidémie et ses dommages collatéraux.
1.1.1. L’impact de la crise sur les différents secteurs économiques
Selon les études menées par le Haut-commissariat au plan portant sur l’impact
économique de la covid-19 au Maroc, l’économie marocaine a souffert des retombées de
cette pandémie. Du point de vue macro-économique Tous les agrégats montrent une nette
baisse des niveaux, qui risquent de se détériorer encore plus à l'avenir :
1.1.1.1. Répercussion de la pandémie sur la situation économique des ménages
Le deuxième panel du Haut-commissariat au plan59 su l’impact de la pandémie qui
consiste à appréhender l’évolution des comportements socioéconomiques et préventifs
et à évaluer ses impacts sur les populations en terme d’accès aux produits de bases, à
l’éducation, aux soins de santé, à l’emploi et à revenu. On constate que :
 2 actifs sur 3 ont dû arrêter temporairement leurs activités suite au confinement ;
 Le tiers des actifs occupés ayant arrêté de travailler ont repris leur emploi après le
confinement ;
 Les suspensions d’activités ou la réduction de leurs effectifs sont à l’origine de l’arrêt
temporaire de travail ;
 Le télétravail (16% des personnes en situation d’emploi) a été l’apanage mais surtout
des cadres supérieurs ;
 La baisse des revenus d’activité a touché les deux-tiers 2/3 des actifs occupés
exerçant une activité rémunérée pendant le confinement ;
 En période de confinement, le revenu mensuel moyen des actifs occupés a baissé de
moitié par rapport à la période d’avant confinement ;
 Environ 1 personne en âge d’activité sur 4 a bénéficié de l’aide publique pour
compenser la perte d’emploi et la baisse de revenu et l’aide publique a compensé
35% des pertes de revenu de travail ;
 Pour 1 actif occupé sur 4, aucune protection contre le virus n’est prise dans les lieux
de travail
 1 ménage sur 2 a réduit ses dépenses pour certains produits alimentaires, les viandes
rouges, les poissons et les fruits sont les plus touchés, et le manque des ressources
financières est la cause de réduction des dépenses alimentaires ;

59
Haut-commissariat au plan 2ème panel sur l’impact du coronavirus sur la situation économique, sociale et
psychologique des ménages

37
 Les redevances scolaires et les crédits de consommation sont les engagements les
moins honorés, le loyer et la dette auprès de l’épicier les plus négociés et les crédits
de logement les plus respectés ;
1.1.1.2. Les secteurs les plus touchés par la pandémie de corona virus
Selon les études menées par la délégation de l’Union Européenne le 26 Mars 2020. Sur
le point de vu sectoriel, les principaux secteurs touchés sont :
- Tourisme : avec 94% des établissements hôteliers classés ayant cessé leur activité
jusqu’à la fin du mois de mai 2020, la perte estimée de ce secteur est de 34 milliards Dhs
en 2020 en termes de chiffre d'affaires touristique global, et 14 milliards Dhs du chiffre
d'affaires de l'industrie hôtelière, soit une perte de 98% des touristes.
- Le transport aérien : avec une perte de 4,9 millions de passagers et un manque à
gagner de 728 milliards de dollars selon l'Association internationale du transport aérien.
Les transports routiers et ferroviaires ont également été impactés par cette crise suite à
l'interdiction de circulation de tous types de véhicules de transport du 24 mars au 10 juin
2020.
- Le secteur automobile : suite à la décision de suspendre l'activité de Renault et PSA
qui a eu un impact considérable sur presque la quasi-totalité des secteurs et qui a affecté
180 000 employés travaillant dans l'industrie automobile. Considéré comme le premier
secteur d'exportation du Maroc, toute détérioration de son activité aura un impact négatif
sur la balance commerciale du pays.
- L'industrie textile : il souffre d'un double problème. Le premier concerne
l'approvisionnement dont une grande partie de la matière première provient de la Chine.
Le second concerne l'exportation du produit fini suite à la baisse de la demande des pays
européens notamment l'Espagne et la France qui absorbent près de 60% des exportations
marocaines. L'industrie du textile et du cuir a enregistré une chute cumulée des
exportations de 74% à fin mai 2020. Mais ceci n'exclue pas l'impact de cette pandémie
sur d'autres secteurs à différents niveaux.
1.1.1.3. La contraction de l’économie nationale au quatrième trimestre 2020
L'économie nationale s'est contractée de 6% au quatrième trimestre 2020, en raison
notamment de la baisse de 7,3% de la valeur ajoutée dans le secteur agricole et de 5,5%
de celles des activités non agricoles60. En attendant la clôture des comptes annuels
provisoires en juin prochain, l'année 2020, avec cette évolution de l'économie nationale
au quatrième trimestre, devrait se terminer par une récession d'environ 7,1% de la
croissance économique nationale, en baisse de 0,1 point par rapport à la prévision publiée
par le HCP en janvier 2021.

60
Note d’information sur la situation économique nationale au quatrième trimestre 2020. Le reste de ce paragraphe
provient des études réalisées par le Haut-Commissariat au plan sur la contraction économique du quatrième
trimestre publiée en mars 2021

38
- La valeur ajoutée en volume du secteur primaire a enregistré une baisse de 6,8%
au quatrième trimestre 2020, au lieu d'une baisse de 5,2% réalisée à la même période
en 2019.
- Pour sa part, la valeur ajoutée du secteur secondaire, en volume, a connu une
baisse de 1,6% au quatrième trimestre 2020, au lieu d'une hausse de 2,9% au même
trimestre de l'année précédente. A l'exception de l'industrie de l'extraction, qui a
enregistré une croissance positive de 8,9% au lieu de 3%, les autres branches
secondaires ont affiché une croissance négative :
- La valeur ajoutée du secteur tertiaire, en volume, s'est, pour sa part, contractée de
7,5% au quatrième trimestre 2020, après avoir enregistré une hausse de 3,9% au
même trimestre de l'année précédente. Cette forte baisse résulte de l'effet conjugué
de la diminution de la valeur ajoutée :
 les hôtels et restaurants de 57,1% au lieu d'une hausse de 3,3% ;
 les transports de 18,6%, au lieu d'une augmentation de 6,1% ;
 le commerce de 8,2% au lieu d'une augmentation de 2% ;
 les services rendus aux ménages et aux entreprises de 7,1% au lieu d'une
augmentation de 3,6% ;
 Services financiers et assurances de 2,8% au lieu de 4,6% ;
 l'éducation, la santé et les services sociaux de 0,1% au lieu de 3,4% ;
 les postes et télécommunications de 0,1% au lieu de 0,7%.
- Une inflation maîtrisée : aux prix courants, le PIB a reculé de 5% au lieu d'une
hausse de 3,2% un an plus tôt, entraînant une hausse du niveau général des prix de
1% au lieu de 0,9%.
- Baisse de la demande intérieure : la demande intérieure s'est contractée de 5,5% au
quatrième trimestre 2020, contre une hausse de 1,4% à la même période de l'année
précédente, contribuant pour moins de 6,1 points à la croissance, au lieu d’une
contribution positive de 1,6 point.
- Une contribution positive du commerce extérieur : les échanges extérieurs de
biens et services ont, en revanche, apporté une contribution positive à la croissance,
à hauteur de 0,1 point au lieu de 0,8 point au même trimestre de l'année précédente.
Les exportations ont baissé de 8,1% et les importations de biens et services de 6,6%.
- Allègement des besoins de financement de l'économie nationale : Avec la baisse
de 5% du PIB à prix courants et la hausse de 32,1% des revenus nets reçus du reste
du monde, le revenu national brut disponible a baissé de 3,3% au quatrième trimestre
2020 au lieu d'une hausse de 2,8% une année auparavant.
L'impact de cette pandémie à l'échelle mondiale, régionale et nationale est encore très
difficile à cerner, mais se fera probablement sentir à tous les niveaux, notamment sur les
plans économique, financier et social. Quant à la reprise économique, elle sera partout
très longue et ne pourra être que progressive. Elle ne sera probablement pas possible sans
les programmes d'aide et de soutien de l'Etat.

39
Par ailleurs, cette reprise nécessitera aussi et surtout les efforts conjugués de tous les
acteurs du système (pouvoirs publics, opérateurs économiques, banques, assurances et
société civile). Le mot clé étant la solidarité, la synergie de groupe au sein de chaque
communauté et entre les nations. Aux grands maux les grands remèdes ! La guerre en
Covid-19 nécessitera donc, et pour une longue période, une "économie de guerre".
1.2. Difficultés financières des PME pendant la crise
Au début Avril, près de 142.000 entreprises, soit 57% de l’ensemble des entreprises, ont
déclaré avoir arrêté définitivement ou temporairement leurs activités, dont 135.000
temporairement et 6.300 en arrêt définitif. Par catégorie d’entreprises : TPE 72%, PME
26% et 2 % des GE en arrêt temporaire ou définitif61.
Les secteurs les plus touchés sont l’hébergement et la restauration avec 89%, les
industries textiles et du cuir 76%, les industries métalliques et mécaniques73% ainsi que
le secteur de la construction avec près de 60% des entreprises en arrêt.
Figure 5 : proportion des entreprises en arrêt provisoire ou en définitif par secteur d’activité
Total 57%
Industries Métalliques & Mécaniques 73%
Industries Electriques & Electroniques 56%
Industries Chimiques & Parachimiques 55%
Industries Textiles & du Cuir 76%
Industries Agro-alimentaires 34%
Mines 32%
Energie 63%
Pêche 24%
Services aux particuliers 60%
Enseignement et santé humaine 43%
Services aux entreprises 65%
Activités immobilières 63%
Information et communication 48%
Hébergement et restauration 89%
Transports et entreposage 54%
Commerce 46%
Construction 59%

Source : Haut-commissariat au plan


Au terme du deuxième semestre 2020, 83% des entreprises ont déclaré avoir maintenu
leurs activités, alors que 8,1% sont toujours en arrêt temporaire, 6% ont dû arrêter leur
activité après une reprise et 2,2% ont déclaré avoir cessé leurs de manières définitive62.
1.2.1. Les éléments changeants pendant la pandémie dans le financement des PME
Pendant la crise, la conjoncture économique est complètement chamboulée et
l’incertitude grandissante fait perdre la confiance dans le futur. Cela change plusieurs
paramètres dans le financement des PME :

61
Haut-commissariat au plan, Principaux résultats de l’enquête de conjoncture sur les effets du Covid-19 sur
l’activité des entreprises avril 2020
62
Haut-commissariat au Plan, Effets du Covid-19 sur l’activité des entreprises 3ème enquête -Janvier 2021

40
1.2.1.1. L’investissement
Pendant la crise les investisseurs ont souvent tendance à attendre que la tempête passe
ou qu’elle se réduise pour soutenir en priorité les entreprises qu’ils ont déjà financées et
qui figurent dans leurs portefeuilles.
Figure 6 : perspectives d’investissement en 2021, par catégorie (%entreprises)

La crise de la covid-19 a eu un
impact significatif sur le moral
des chefs d’entreprises
marocains et sur leur vision en
matière d’investissement. En
effet selon les études de Haut-
commissariat au plan 81% des
entreprises ne prévoient aucun
projet d’investissement en
2021, 3.9% entrevoient une
baisse du niveau Source : Haut-Commissariat au plan,3ème enquête janvier
d’investissement .63
2021.

Par catégorie, 10,9% des GE sont optimistes et anticipent une augmentation du niveau
d’investissement en 2021. Cette proportion est de 8,3% pour les PME et 5,4% chez les
TPE.
1.2.1.2. Déséquilibre entre la demande et l’offre de financement
De plus en plus les entreprises vont avoir besoin de financement compte tenu du repli de
leur chiffre d’affaire. Les bailleurs de fonds quant à eux deviennent plus fébriles et moins
risquophiles, ils préfèrent se concentrer sur le renforcement de leur positions existantes
plutôt que d’investir dans de nouvelles entreprises et le cash disponible des entreprises
se raréfie. Cette raréfaction va impacter sur la valorisation des entreprises causée par le
nouvel équilibre entre l’offre et la demande de financement.
1.2.1.3. La frilosité des banques au moment de financer les PME
Les banques gèrent l’épargne publique et ne prêtent qu’aux PME solvables. Depuis le
début de la crise les banques sont sous le feu des critiques dans l’octroi de crédit-corona
(manque de créativité, lenteur et manque de réactivité). Les banques marocaines ont été
vivement critiquées ces derniers mois pour leur ‘’inaction’’ face aux conséquences
économiques de la crise de la covid-19. Dans ce cadre des produits de garantie de CCG
ont été mis au point et d’autre en cour de stabilisation pour les PME et des entreprises de
taille intermédiaire touchées par la Covid-19.

63
Haut-commissariat au Plan, Effets du Covid-19 sur l’activité des entreprises 3ème enquête -Janvier 2021

41
1.2.1.4. La cherté des crédits et l’avantage décisif des relations bancaires pendant la crise
Avec les PME les décisions de crédit bancaires sont souvent entachées d’une asymétrie
d’information significative avec les banques. Les PME produisent des informations
financières très peu développées et sont souvent critiquées de falsifier leurs bilans.
Pendant la crise si un PME est fortement liée à une banque, avec laquelle elle a
développée des relations de clientèle très développées, cette capture est renforcée par
une conjoncture économique dégradée. En effet, en période de récession, les PME ont
beaucoup plus de difficulté de changer de banque. Les nouvelles banques sollicitées
pendant une crise par une PME suspecterait que cette dernière a été rationnée par son
créancier historique en raison d’un risque trop élevé.
1.2.2. Impact de la crise sur la trésorerie des PME marocaines
Figure 7 : réserve de trésorerie, par catégorie (%entreprises)

Selon les résultats de l’enquête


réalisée par le Haut-
commissariat au plan 40% des
entreprises ont déclaré ne pas
disposer de réserve de
trésorerie, 8% ont une réserve
permettant de tenir moins d’un
mois. Par catégorie, 25% des
GE disposent de réserves qui
peuvent tenir plus de 6 mois,
cette proportion est de 14% Source : Haut-Commissariat au plan 3ème enquête janvier
pour les PME et 11% chez les 2021
TPE64.
Selon l’ancienneté des entreprises, les résultats de l’enquête révèlent que 44% des
entreprises âgées de moins de 10 ans non aucune réserve de trésorerie. Cette proportion
est de 38%pour les PME et 36% pour les GE de même tranche d’âge.
Les effets de la crise sur la trésorerie des entreprises restent hétérogènes selon les
secteurs d'activité. Au second semestre 2020, 54% des responsables d'hébergement et de
restauration déclarent ne pas avoir de réserve de trésorerie et 9% ont une réserve de
moins d’un mois. L'impact est également important dans le secteur de la construction où
46% des entreprises n'ont pas de réserves de trésorerie et 12% ont une réserve de moins
d’un mois.

64
Haut-commissariat au Plan, Effets du Covid-19 sur l’activité des entreprises 3ème enquête -Janvier 2021

42
A l'inverse, les secteurs qui résistent un peu mieux à la crise sont l'énergie, l'éducation et
la santé, avec respectivement 24% et 27% des entreprises ayant une réserve de plus de 6
mois. Près de la moitié des entreprises craignent une situation d’insolvabilité
Figure 8 : Risque d’insolvabilité des entreprises (% entreprises)

Au terme du second semestre


2020, environ un quart des chefs
d’entreprises anticipent un risque
sévère d’’insolvabilité contre 32%
qui ne prévoient aucun risque.
Pour la moitié environ des TPME,
l’insolvabilité représente un risque
sévère à modéré contre 35% chez
les GE. Source : Haut-Commissariat au plan 3ème enquête 2021

1.2.3. Le coût de la prudence pour les banques marocaines


Les banques n’ont pas aussi été épargnées par la pandémie. Contraintes par les normes
(IFRS 9), les banques marocaines ont dû massivement provisionner en 2020. Le secteur
bancaire est structurellement impacté par les hauts et les bas des cycles économiques. Le
cycle actuel n’étant clairement pas favorable, la charge du risque du secteur est envolée
vers des projections jamais atteintes.
Révélant les dommages économiques qui pourraient causés a posteriori la pandémie, le
coût du risque (CR) a enregistré une hausse de 243%, atteignant 5,5 milliards de Dhs
chez Attijariwafa bank. Ce montant est de 6,1 milliards de Dhs, en hausse de 139% pour
la Banque Centrale Populaire. Au CIH Bank, le coût du risque en consolidé s'élève à près
de 1 milliard de Dhs, affichant la progression la plus rapide d'une année à l'autre à
298,8%65.
La mise en place des garanties par l’Etat a conduit les banques à octroyer de nouveaux
crédits dont elles doivent supporter le risque financier de l’exposition non garantie, qui
se situe entre 5 et 20% selon les produits proposés par la CCG. Néanmoins, cette forte
hausse des crédits accordés ne correspond pas à une reprise économique, mais sert à
financer les pertes liées à la crise. Malgré les garanties de l’Etat pour la majorité des prêts
leur risque reste très élevé.
1.3. La gestion de la crise dans les PME marocaines
Les PME jouent un rôle particulièrement important dans l’économie marocaine, la quasi-
totalité des entreprises marocaines sont des PME. Au Maroc comme dans les autre pays
du monde cette catégorie d’entreprises est reconnue par leur fragilité structurale.

Y. Seddik, Bourse et finance Les banques marocaines n’ont jamais aussi provisionné qu’en 2020, lundi le 15
65

Mars 2021

43
1.3.1. Sensibilité des PME aux chocs macroéconomiques
Les innombrables défis dont les PME font face, rendent leur développement et leur
évolution très difficile, et les rendent très sensibles aux chocs macroéconomiques :
 Manque de connaissances :
 Marketing : difficulté en ce qui concerne la perception des principaux facteurs
de décision et la définition des prévisions de ventes ;
 Management : manque d'expérience et d'expertise, difficulté à gérer la
croissance ;
 Finance : méconnaissance des principes de calcul, absence de prévision des
besoins futurs, ignorance d’autres moyens de financement ;
 Manque de flexibilité : incapacité de l'entreprise à corriger des situations non
optimales, remise en cause des bases managériales, incapacité à évoluer.
 Le manque de ressources :
 Ressources humaines : difficulté à embaucher du personnel compétent ;
 Ressources physiques : Manque de moyens de production permettant une
réactivité, retard de développement, baisse de compétitivité ;
 Ressources monétaires : manque des moyens de financiers, il est souvent à
l’origine de tous les problèmes.
Autant de facteurs qui accentuent l’impact de la pandémie de la Covid-19 sur les PME
marocaine dont l’une des grandes difficultés qu’elles rencontrent résident notamment
dans la faiblesse de leurs fonds propres. Cela s’explique par plusieurs raisons. Il peut
s’agir d’entreprises qui n’ont jamais été dotées de fonds propres suffisants, ou bien
d’actionnaire qui vident ces font car ils ne font pas la différence entre leurs propres biens
et la trésorerie de l’entreprise.
1.3.2. Retour d’expérience de quelques dirigeants sur la gestion de la crise dans les
entreprises
Karim Tazi, patron de « Richbond » déclare que « la principale filiale du groupe
industriel, verse à elle seule 16 millions de dirhams de salaires par mois pour que leurs
salariés gardent leurs revenus, par (avancer de congés, prêts aux salariés, etc.) en absence
de travail ». Il rajoute encore «comment peut-on supporter le choc financier de cette
double situation, qui est la perte du chiffre d’affaires et le maintien d’un certain nombre
de charges »66. Il pense aussi que la vie d’un certain nombre d’entreprises va se jouer sur
le comportement de certaines banques qui ne remplissent pas leurs rôles dans les mesures
vitales mises en place par l’Etat.
Mr Benabbés-Taarji « Mutandis », disait « il fallait tout réorganiser en un temps record.
L’entreprise fait partie d’un écosystème ouvert, très exposée pour subir les conséquences

66
Débat organisé entre 5 dirigeants d’entreprises marocaines de différents secteurs (l’industrie, le tourisme, la
technologie, etc.) : les PME pendant et après la Cocid-19

44
de la crise. Au niveau de l’approvisionnement local et international certains pays non pas
pu exporter au début de la crise ».
« Au niveau de la production, il y a un capital humain à protéger dans les usines. Donc
il faut en un temps record, tout réorganiser de manière à mettre en place les gestes
barrières, les distances de sécurité, etc. il faut être très vigilant à l’égard de tout cela »,
précise Omar Rharbanoui. Il continue « La main-d’œuvre doit être sur le site. Se pose
donc le problème relatif au transport du personnel. Cela implique qu’il faut doubler la
capacité de transport et demander des autorisations aux autorités qui, d’ailleurs, ont été
très réactives et particulièrement efficaces ».
Selon Omar El Hyani « Deux secteurs sont essentiels pour la gestion de cette crise il
s’agit de Fin-Tech el E-gov » il dit cependant regretté de la non opérationnalité du
« mobile money » au Maroc qui aurait pu faire gagner beaucoup de temps et d’argent
mais surtout de l’efficacité dans la distribution des aides et espères que les pouvoirs
publics ont pris conscience de l’importance d’un tel secteur solide. Quant aux « e-gov »,
certains existaient déjà, mais nous avons constaté que plusieurs services ont été mis en
ligne durant la période de confinement.
1.3.3. Quelques défis de gestion dont font fassent les PME pendant la pandémie
 Le télétravail : au Maroc se sont surtout les cadres supérieurs qui ont utilisé le
télétravail comme moyens de travail ;
 La gestion des relations clients : seules les entreprises disposant d’un tel outil
pourraient être en contact permanent avec leurs clients pendant la crise ;
 Le travail à temps partiels : s’adopter à la réduction des personnes dans les lieux
de travail ;
 Le respect des mesures sanitaires et protocoles gouvernementaux ;
 Diminution du CA et baisse de la demande des consommations ;
 La rupture des chaines de production et d’approvisionnement mondiales et
l’implantation de nouvelles réglementations en vigueur ;
 L’utilisation de vidéoconférences et d’outils communications à distance (Zoom,
Skype, Teams…) ;
 Les achats et vente en ligne ;
 La flexibilité et la résilience organisationnelle, etc.
Face aux répercussions de la pandémie, la plus part des pays à travers le monde ont
adopté plusieurs actions allant des mesures de confinement ou de préservation sanitaire
aux différents formes de soutien économique.

45
Section II : Les réactions de l’Etat marocain face à la pandémie de
coronavirus
Au-delà des conséquences sanitaires liées à la pandémie de covid-19, le choc
économique est aussi dévastateur. Le Maroc a choisi d’adapter des réponses et des
stratégies en s’alignant aux côtés des organisations internationales comme l’OMS el la
banque mondiale. Les premières réponses du Royaume étaient de décréter l’état
d’urgence sanitaire et d’imposer un confinement strict dans le pays en vue de réduire le
plus possible la propagation du virus.
Le gouvernement marocain a consenti des efforts notables pour atténuer les
conséquences économiques de la crise par un soutien généraux aux entreprises et aux
ménages. Néanmoins, une amélioration continue des réponses gouvernementales
permettra à long terme, de trouver des moyens efficaces pour atténuer l’impact
économique de la crise et préserver les moyens de subsistances des citoyens tout en
assurant leur sécurité et en préservant leur santé.
2.1. Mesures entreprises par le gouvernement marocain pour faire face à la
crise de coronavirus Covid-19
Le gouvernement marocain a pris conscience très tôt du caractère inédit de la pandémie
et des graves conséquences qu'elle pouvait avoir sur l’économie. Des mesures fortes ont
donc été prises dès le début du mois de Mars 2020 afin d'atténuer les effets d'une crise
économique imminente. Ces mesures ont été décidées par le Comité de Veille
Economique (CVE), organe créé le 11 mars 2020 sous la direction du Ministre de
l’économie et des Finances, pour suivre la situation économique et identifier les mesures
appropriées pour soutenir l'économie67.
En parallèle, le gouvernement a mené une importante campagne de collecte de fonds qui
a conduit à la création du Fonds spécial Covid-19. Ce fonds est destiné à financer les
mesures identifiées par le CVE pour soutenir les secteurs vulnérables, préserver les
emplois et atténuer l'impact social de la pandémie ; il a également été utilisé pour financer
l'achat d'équipements médicaux. Les contributions au fonds ont été faites par le
gouvernement et par des entités publiques et privées sur une base volontaire et étaient
exonérées d'impôts. Au 19 juin 2020, 33 milliards de dirhams ont été collectés, soit
l'équivalent de 3 % du produit intérieur brut PIB68.
2.1.1. Création d’un numéro et un fonds de gestion de la pandémie de
Coronavirus
Le décret portant création du compte d'affectation spéciale intitulé "Fonds spécial pour
la gestion de la pandémie de Coronavirus " a été signé, lundi 16 mars 2020 à Rabat, en

67
Le CVE est également composé du ministère de l'Intérieur, du ministère des Affaires étrangères et du ministère
de la Santé, entre autres instances gouvernementales.
68
Ministère des Finances, « Note de présentation du projet de loi de finances rectificative pour l’année budgétaire
2020 », juillet 2020.

46
application des Hautes Instructions de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, pour assurer le
financement des mesures de prévention et de lutte contre la covid-19 et ses effets. Ce
fonds bénéficie de la contribution du budget Général de l’Etat à hauteur de 10 milliards
de Dhs et est ouvert à la contribution des organismes et institutions ainsi qu’à celle des
personnes physiques. A cet effet un numéro téléphonique a été créé ‘1919’ dédié à la
contribution de ce fonds.
2.1.2. Accès aux services de santé et renforcement du dispositif médical.
Bien que la situation épidémiologique soit en constante évolution, la stratégie adoptée
par le Maroc s'est avérée efficace pour limiter la propagation du virus, du moins pendant
la phase initiale de propagation. Le taux de mortalité au Maroc est inférieur à la moyenne
de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA), des États-Unis et de certains
pays européens. En effet dès le 28 mars 2020, suite aux hautes instructions de Sa Majesté,
un effort substantiel a été consenti au profit du secteur de la santé, avec l’allocation de 2
milliards de Dhs pour renforcer le dispositif médical :
 L'achat de matériel médical et hospitalier (1000 lits de réanimation, 550 respirateurs,
100 000 kits de prélèvements, 100 000 kits d'analyses, matériel de radiologie et
d'imagerie, etc.) ;
 L'achat de médicaments (produits pharmaceutiques et consommables médicaux,
réactifs, gaz médicaux, etc.) ;
 Le renforcement des moyens de fonctionnement du Ministère de la Santé (indemnités
au personnel soignant, désinfection et nettoyage, carburant, etc...).
Par ailleurs et afin d'assurer une meilleure lutte contre la pandémie du Coronavirus
"Covid-19", les opérations de renforcement du dispositif médical se sont poursuivies
conformément aux Hautes Orientations Royales.
2.1.3. Programme de soutien et de redistribution de revenu
Parmi les premières mesures adoptées par le gouvernement figurent les transferts en
espèces aux travailleurs qui ont vu leurs sources de revenus tarir en raison de la
pandémie. On estime à deux tiers le nombre de travailleurs qui ont dû cesser
temporairement de travailler pendant le confinement69. Pour ces travailleurs, les
transferts monétaires ont fourni un revenu de substitution temporaire et ont été introduits
progressivement pour bénéficier, d'abord aux employés du secteur formel, puis aux
travailleurs du secteur informel.
2.1.3.1. Les travailleurs affiliés à la CNSS
Les travailleurs affiliés à la CNSS ont été identifiés sur la base de leur affiliation à la
Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS). Entre la mi-mars et la fin juin 2020, près de

69
HCP, « Répercussions de la pandémie Covid-19 sur la situation économique des ménages », juillet 2020.

47
780 000 salariés ont reçu une allocation mensuelle de 2 000 dirhams. Le coût total du
programme a été estimé à environ 6,3 milliards de dirhams70.
2.1.3.2. Les travailleurs non affiliés à la CNSS ou de l’économie parallèle
Le ciblage des travailleurs du secteur informel s'est avéré plus difficile. En l'absence d'un
registre complet de ces travailleurs, le gouvernement s'est appuyé sur le registre du
RAMED, le régime marocain d'assistance médicale subventionnée pour les pauvres et
les vulnérables. Le RAMED est considéré comme le programme phare de protection
sociale et médicale du pays et comptait 6,35 millions de bénéficiaires en 2016 (19 % de
la population)71.
a. Travailleurs de l’économie informelle enregistrés auprès du RAMED
Dans ce cadre s’est tenue la troisième réunion du CVE le 23 mars 2020 qui s’était
focalisée sur les mesures d’accompagnement du secteur informel directement impacté
par le confinement. Il a été décidé d’une aider de subsistance pour les ménages
Ramedistes à travers le fonds de gestion de Coronavirus Covid-19 :
 800 dirhams pour les ménages de deux personnes ou moins ;
 1000 dirhams pour les ménages de trois à quatre personnes ;
 1200 dirhams pour les ménages de plus de quatre personnes.
Ce programme, appelé « Tadamon », a touché 5,5 millions de ménages (dont 45% en
milieu rural) pour un coût total de 15,3 milliards de dirhams entre avril et fin juin 202072.
b. Travailleurs du secteur informel non enregistrés auprès du RAMED
Une part importante des travailleurs du secteur informel n'étaient pas enregistrés auprès
du RAMED et n'auraient donc pas pu être ciblés par l'assistance publique. Par
conséquent, le gouvernement a donc lancé une plateforme en ligne pour permettre aux
travailleurs du secteur informel non enregistrés auprès du RAMED de bénéficier de
l'assistance publique. Ils bénéficient des mêmes aides monétaires que ceux qui sont
enregistrés au niveau du RAMED.
2.1.4. Programme de protection sociale
Le gouvernement a également mis en place des programmes de protection sociale afin
que les entreprises et les ménages ne subissent pas toutes les conséquences de la crise.
En effet, les entreprises dont l'activité a été temporairement arrêtée et dont le CA a été
réduit de plus de 50% ont été autorisées à reporter le paiement des cotisations de sécurité

70
Ministère des Finances, « Note de présentation du projet de loi de finances rectificative pour l’année budgétaire
2021 ».
71
Dorothee Chen (Groupe de la Banque mondiale), “Morocco’s subsidized health insurance regime for the poor
and vulnerable population: achievements and challenges”, 2018.
72
Ministère des Finances, « Note de présentation du projet de loi de finances rectificative pour l’année budgétaire
2021 », octobre 2021.

48
sociale dues entre mars et juin 2020 jusqu'en septembre 202173. Cette mesure visait les
entreprises comptant jusqu'à 500 salariés74, qui représentaient plus de 90 % des
entreprises en 201875. Selon la CNSS, le coût de cette mesure est estimé à 4,4 milliards
de dirhams76.
Les entreprises ont temporairement cessé de cotiser au système de sécurité sociale et le
gouvernement a pris en charge tous les coûts financiers liés à l'assurance maladie
obligatoire et aux allocations familiales, garantissant ainsi que les travailleurs continuent
à bénéficier de ces services. Si ces mesures ont aidé les ménages à mieux faire face à la
crise économique, les autorités ont aussi incité les entreprises à compenser la perte de
revenus de leurs employés : toute compensation supplémentaire versée par les entreprises
à leurs employés (jusqu'à 50 % du salaire mensuel) a été déclarée non imposable.
2.2. Mesures entreprises pour soutenir et faciliter l’accès au financement des
PME
Les mesures de confinement strictes se sont avérées efficaces pour contenir la pandémie
pendant la phase initiale de la propagation. Cependant, elles ont également eu pour effet
de ralentir le développement de l'activité économique et ont pu affecter les entreprises
de manière disproportionnée. La PME est la catégorie la plus touchée par la crise de la
Covid-19.
La crise sanitaire s’est transformée très vite en une crise économique, il apparut
clairement que préserver l’économie dépendrait de la capacité du secteur privé à résister
à cette crise inédite. Le choc de la demande a provoqué l’effondrement des ventes, il a
été de même pour le choc de l’offre qui a paralysé la production parce que le télétravail
n’était pas envisageable dans tous les secteurs pendant le confinement (exemple la
construction). Ce qui a engendré au niveau des entreprises une rareté de ressources
financières pour payer leurs salariés. Plusieurs mesures ont été prises par le
gouvernement pour apporter un souffle aux entreprises.
2.2.1. Report de certaines échéances fiscales pour les entreprises
Pour anticiper l’impact de la pandémie sur l’activité économique, il a été décidé dès la
première réunion du CVE le 16 mars 2020, une mesure de tolérance pour les entreprises
qui l’exprimeraient et dont le CA est inférieur à 20 millions de Dhs, de bénéficier des
reports des déclarations fiscales et de paiement de l’impôt du 31 mars jusqu’à fin juin.
Les reports des échéances portent sur les obligations suivantes77 :
 La prolongation des déclarations du résultat fiscal et le paiement d’impôt ;

73
Le Brief, « CNSS : le dispositif d'amnistie enfin validé », 29 septembre 2020.
74
Les grandes entreprises peuvent demander à bénéficier du report des cotisations de sécurité sociale ; leurs
demandes sont examinées au cas par cas.
75
OMTPME, « Rapport Annuel 2018 », 2018.
76
L’Économiste, « Le Covid-19 menace les comptes de la CNSS », Septembre 23, 2020.
77
Il s'agit de tous les impôts à l'exception de la TVA et du reversement des impôts retenus à la source dont les
entreprises sont de simples collecteurs intermédiaires.

49
 Le complément de l’impôt sur les sociétés (IS) dû au titre de l’exercice 2019 ;
 Le 1er acompte provisionnel exigible au titre de l’exercice en cours ;
 Suspension des pénalités et intérêts.
Concernant le paiement de l’impôt, un délai supplémentaire a été accordé jusqu'au 30
septembre 2020. En plus de ces mesures, les autorités fiscales ont temporairement
suspendu les contrôles fiscaux et les procédures d’avis à tiers détenteurs jusqu'au 30 juin
2020.
2.2.2. Projet d’investissement Imtiaz-technologies
Depuis le début de la pandémie de coronavirus Covid-19, le gouvernement marocain a
pris plusieurs dispositions pour contenir la propagation du virus et accompagner les
entreprises des secteurs fabricants des produits à forte demande, pour naviguer les
nouveaux défis induits par la crise sanitaire.
Dans ce cadre le ministère de l’Industrie, du Commerce, de l’Economie verte et
numérique a mis en place un projet d’investissement appelé « Imtiaz-technologies »
dirigé par l’Agence Marocaine pour la Promotion des PME (AMPME). Suite à cet appel
de projet « Imtiaz-technologie », le comité de sélection public-privé a approuvé 63
projets d’investissement portés par des PME.
 Les activités couvertes par ces projets consistent en la fabrication de masques et
d'équipements de protection individuelle, du gel hydro-alcoolique et de produits
désinfectants et divers équipements utilisés dans la lutte contre la pandémie.
 La subvention d'investissement a été de 434,3 MDH, et couvrent 9 régions : Rabat-
Salé-Kenitra, Casa-Settat, Marrakech-Safi, Fès-Meknès, Tanger-Tétouan-Al
Hoceima, Souss-Massa, Oriental, Beni Mellal-Khénifra et Laayoune - Sakia El
Hamra78.
 Les projets approuvés bénéficieront d'une subvention d'investissement de 30% du
montant de l'investissement, avec un plafond de 10 Millions de Dhs pour les PME et
de 1,5 Million de Dhs pour les TPE.
2.2.3. La mise en place de la garantie exceptionnelle « DAMAE OXYGENE »
Pour atténuer les effets induits par la pandémie de la Covid-19 sur les entreprises, des
mesures de financement de la dette des entreprises ont été entreprises sous forme de prêts
bonifiés. Ces prêts sont garantis par l'Etat à hauteur de 80 à 95% (selon la taille de
l'entreprise), par l'intermédiaire de la Caisse Centrale de Garantie (CCG)79.
Immédiatement après que la crise a commencé pour éviter des faillites massives, un

78
Finances News Hebdo, « 63 projets d’investissement retenus dans le cadre de Imtiaz-technologies « Covid-19 »,
23 mai, 2020.
79
Etablissement public dont la mission est de soutenir les initiatives du secteur privé en accordant des garanties de
prêt.

50
premier dispositif appelé « DAMANE Oxygène » a été mis en place en mars 202080.Ce
nouveau produit de garantie vise :
 La mobilisation des ressources de financement (trésorerie exceptionnelle) en faveur
des entreprises dont la trésorerie s’est dégradée suite au déclanchement de la crise ;
 Principalement les TPME impactées par la crise dont les CA ne dépassent pas 200
millions Dhs, cependant les entreprises de taille intermédiaire réalisant un CA entre
200 et 500 millions de Dhs et dont l’activité a été impactée peuvent aussi bénéficier
de ce produit
 Des découverts exceptionnels destinés à faire face aux seules charges courantes ne
pouvant pas être reportées ou suspendre (salaires, loyers…) ;
 Le montant du découvert représente un maximum de 20% des lignes de
fonctionnement existantes ou à créer, dans la limite de 20 millions de Dhs ;
 Dans le cas où le niveau de 20% des lignes d'exploitation ne couvre pas 3 mois de
dépenses courantes, le plafond sera alors fixé à 3 mois desdites dépenses ;
 Pour les entreprises ne disposant pas de lignes d'exploitation, possibilité pour la
banque d'accorder un découvert exceptionnel dans la limite de 5 millions de Dhs et
de 3 mois de charges courantes ;
 Le découvert exceptionnel est remboursable, in fine, au plus tard le 31 décembre
2020. Si l'entreprise n'est pas en mesure de respecter cette échéance, le découvert est
alors amorti sur une période n'excédant pas 5 ans81.
2.2.4. La garantie auto-entrepreneurs Covid-19
Dans la poursuite des mesures adoptées par le CVE pour soutenir les entreprises, la CCG
a mis en place un mécanisme pour garantir les crédits bancaires appelé « Garantie Auto-
entrepreneurs Covid-19 » en faveur des Auto-entrepreneurs n’ayant pas bénéficiés de la
garantie « DAMANE Oxygène ». Et qui remplissent les conditions suivantes :
 Etre inscrit dans le registre auto-entrepreneurs ;
 Ne pas être en situation de cessation de paiement (en référence au livre V du Code
de commerce) ;
 Avoir fait une déclaration fiscale datant de moins d’un an et au plus tard au 30 avril
2020.
Ce nouveau produit complémentaire octroyé par les banques aux auto-entrepreneurs a
pour objectif de couvrir des charges nécessaires ne pouvant pas être différées, jusqu’à
hauteur de 85% :
 Montant : l’équivalent de trois mois de CA calculés sur la base de la dernière
déclaration fiscale avec un plafond de 15.000 Dhs ;
80
Semblable à Damane Oxygène mais destinés spécifiquement aux auto6entrepreneurs, la Garantie Auto-
entrepreneurs Covid-19 a été lancée en avril 2020.
81
Crédit-Capital-Garantie : DAMANE OXYGENE: Une mesure exceptionnelle pour appuyer les entreprises
impactées par la crise de Covid19, 30 mars 2020.

51
 Durée : 3 ans dont un an de différé ;
 Taux d’intérêt : 0% avec une commission de garantie de 100 Dhs HT ;
2.2.5. Les mesures de soutien de la Bank Al Maghrib aux secteurs bancaire
Après avoir baissé son taux à un niveau du jamais vu et les mesures décidées par le CVE,
la Bank Al Maghrib a agi sur les liquidités et les règles de la politique monétaire et
prudentielles pour soutenir l’accès aux crédits bancaires au profit à la fois des ménages
et des entreprises en vue de faire face aux impacts de la pandémie. Voici un extrait du
communiqué de la Banque centrale du 29 mars 2020 et modifié le 11 avril 202082. Ce
dispositif permet :
 Aux banque de tripler leur capacité de refinancement auprès de de la Bank Al
Maghrib, et la possibilité de recours par les banques à l’ensemble des instruments de
refinancement disponibles en dirham et en devise ;
 L'extension à une très large gamme de titres et effets acceptés par Bank Al-Maghrib
en contrepartie des refinancements accordés aux banques ;
 L'extension de la durée de ces opérations de refinancement ;
 Le renforcement de son programme de refinancement spécifique au profit des PME,
en y intégrant, outre les crédits d'investissement, les crédits d'exploitation et en
augmentant la fréquence de leur refinancement ;
 Bank Al-Maghrib prend également des mesures d'accompagnement des
établissements de crédit au niveau prudentiel couvrant les exigences en termes de
liquidité, de fonds propres et de provisionnement des créances à l’effet de renforcer
la capacité de ces établissements à soutenir les ménages et les entreprises dans ces
circonstances exceptionnelles ;
 Bank Al-Maghrib continuera à suivre de près les implications de la crise sanitaire sur
l'économie nationale et le système financier et prendra, le cas échéant, les initiatives
nécessaires pour y faire face.
Le circulaire publié le 15 avril 2020 vient fixer les modalités relatives au dispositif de
refinancement des crédits accordés par les banques pour soutenir les PME impactées par
la crise, dans le cadre du programme intégré d’appui et de financement des entreprises.
2.2.6. Les mesures de soutien de la CCG au financement participatif
Dans le cadre de l'accompagnement du marché de la finance participative, la Caisse
Centrale de Garantie (CCG) a lancé son guichet " SANAD TAMWIL ", exclusivement
dédié à l'activité de la finance participative.
La mission de cette fenêtre est de faciliter l'accès aux financements accordés par les
banques et les guichets participatifs, tant pour les entreprises que pour les particuliers, à
travers la mise en place de mécanismes de garantie dédiés.

82
Communiqué de presse : coronavirus: Bank Al-Maghrib sort l’artillerie lourde pour soutenir l’accès au crédit
bancaire par Wadie el Mouden Rabat le 29/03/2020 à 20h43

52
Ainsi, l'offre de la CCG s'est enrichie de quatre nouveaux produits de garantie gérés par
son guichet " SANAD TAMWIL ", à savoir " DAMANE MOUBACHIR ", " DAMANE
DAYN ", " FOGARIM ISKANE " et " FOGALOGE ISKANE ". Des instruments qui,
rappelons-le, ont tous fait l'objet de l'avis de conformité du Conseil Supérieur des
Oulémas (CSO). Il a en effet été lancé deux produits de garantie dédiés aux TPME :
 Le financement participatif "DAMANE MOUBACHIR" destinée à garantir les
projets dont le montant de financement est inférieur ou égal à 1 million de dirhams,
en faveur des entreprises dont le chiffre d'affaires ne dépasse pas 10 millions de
dirhams, et ce avec une quotité de garantie entre 70% et 80%, et ;
 "DAMANE DAYN", destiné à la garantie des projets des entreprises dont le chiffre
d'affaires dépasse 10 millions de dirhams, ou dont le montant du financement est
supérieur à 1 million de dirhams, et ce avec une quotité de garantie allant de 60% à
70%.
Parallèlement à son offre de produits en faveur des entreprises, "SANAD TAMWIL"
propose deux instruments de garantie pour le financement participatif en faveur des
particuliers :
 "FOGARIM ISKANE", dont la quotité de garantie varie de 70% à 80%, et qui cible
les populations à revenus modestes ou irréguliers, afin de leur permettre d'acquérir
une maison ou un terrain et/ou sa construction, et ;
 Le produit "FOGALOGE ISKANE" destiné à garantir un financement participatif en
faveur des ménages de la classe moyenne et des Marocains résidant à l'étranger
(MRE), pour l'acquisition de leur logement ou terrain et/ou sa construction, avec une
quotité variant entre 50 et 80%83.
2.3.La flexibilité et la résilience organisationnelle des PME marocaines
pendant la crise
La pandémie de coronavirus est une crise sans précédente qui a poussé le monde à
prendre des mesures préventives de lourdes conséquences sur les équilibres macro-
économiques. La flexibilité est un enjeu essentiel en matière de management des
entreprises, elle est mise au centre des dispositifs organisationnels modernisés.
Au Maroc comme dans les autres pays du monde, le grand confinement a accéléré
l’expérimentation de plusieurs nouvelles pratiques organisationnelles qui ont eu des
impacts positifs comme négatifs sur de nombreuses entreprises marocaines dont les plus
touchées sont les PME.
Le séisme créé par la pandémie dans le monde des entreprises a provoqué des
changements radicaux dans l’environnement externe et dans le management des

83
Crédit-Capital-Garantie : « Sanad Tamwil » la CCG lance sa fenêtre participative, Rabat, dimanche 07 juin 2020
-

53
entreprises. Dans un tel environnement caractérisé par l’incertitude les décideurs ont été
appelés d’urgence à revoir leurs stratégies ou de définir des stratégies en prenant en
compte des contraintes financières, sociales, techniques, etc. Les entreprises ont devant
elles, deux aptitudes à adopter. Soient elles adoptent des stratégies défensives (réduire
les coûts, l’effectif des salariés, …) pour se prémunir contre la crise, ou au contraire
adopter des stratégies offensives en essayant de saisir de nouvelles opportunités, ce qui
n’est pas donné à n’importe qu’elle entreprise, car certaines entreprises ont pleinement
profité de la crise surtout les entreprises technologiques.
2.3.1. Faut-il attendre une crise pour être flexible ?
Aujourd'hui plus que jamais, la flexibilité organisationnelle parait être une des réponses
clés pour s'adapter aux nouvelles contraintes imposées par la crise de la COVID-19. Ce
terme qui est sur toute l’actualité d’aujourd’hui fait référence « à la capacité d'une
organisation à changer avec succès. Pour assurer leur survie, les organisations doivent
s'adapter à leur environnement en terme de technologie, de structure, d'organisation du
travail, de relations de travail et de gestion des ressources humaines »84.
La flexibilité organisationnelle peut faire référence à la souplesse d’organisation,
réactivité des entreprises, polyvalence, la versatilité…, tous ces termes font référence à
une capacité d'adaptation à une contrainte, un événement ou un environnement qui
permet à l'organisation d'agir rapidement et de devancer la concurrence.
Pour réussir son entreprise on ne doit pas attendre une crise pour être flexible, la
flexibilité doit être un statut incarné par la personnalité même d’un dirigeant, c’est un
point plus qu’essentielle dans la gestion quotidien d’une entreprise qui conditionne la
réussite de l’entreprise.
2.3.2. Comment réussir sa flexibilité
En général, les auteurs classent la flexibilité organisationnelle à deux niveaux : au niveau
de l'environnement externe, on parle de "flexibilité stratégique" orientée vers le marché
et la concurrence. Au second niveau, les auteurs parlent de flexibilité interne ou
opérationnelle, orientée vers le fonctionnement organisationnel, les capacités
technologiques, humaines ou autres. Les caractéristiques du management agile :
 « La satisfaction client : elle est au centre de toutes les actions d’un manager agile ;
 Des relations de confiance : cultiver la confiance et l’authenticité en soi et en ses
partenaires ;
 L’inspiration et le sens : donner du sens au travail et communiquer une vision
mobilisante, dans un contexte incertain et en complète mouvance ;
 L’anticipation et la vision : prendre du recul, faire des veilles stratégiques,
technologique, organisationnelle, sociales et politiques, écouter l’ensemble de ses

84
On jase RH & techno ; La flexibilité organisationnelle : plus indispensable que jamais, 25 août 2020

54
partenaires externes qu’internes afin d’anticiper les tendances dans tous les
domaines ;
 Les décisions et actions : savoir prendre les meilleurs décisions en impliquant ses
collaborateurs et agir sans précipitation ;
 L’amélioration en continu : révision et continuité des processus afin d’éliminer le
gaspillage et d’optimiser les façons de faire ;
 L’innovation intelligente : amorcer l’innovation de façon intelligente et stratégique,
et créer un environnement collaboratif favorisant l’innovation pertinente et
stratégique ;
 L’organisation apparente : en fin un manager agile s’assure de créer des
opportunités d’apprentissage en continu, favorise le dialogue et le questionnement et
encourage l’apprentissage en équipe »85.
Les leçons tirées de cette crise doivent être un moyen pour les entreprises de revoir leur
façon de faire, les managers doivent prendre notes de toutes les embuches qu’ils
rencontrent pendant cette crise, solliciter l’aide des consultants et des coaches si besoin
est et rejeter le « statut quo », c’est-à-dire ne plus être des suiveurs en suivants les
mouvements de l’environnement, mais devenir des vrais acteurs qui ne se contentent pas
de déduire leur stratégies en la construisant eux même.
2.3.3. Le rôle de l’Etat dans la flexibilité des entreprises marocaines pendant la
crise de la covid-19
Sur l’appelle du gouvernement marocain et dans le cadre de la lutte contre la pandémie
du coronavirus covid-19 plusieurs entreprises industrielles (textiles…) marocaines se
sont transformées dans des activités de production de produits de premières nécessité
pour faire face à la crise (la production des masques, les gels hydro-alcooliques et
d’autres produits médicaux). Le gouvernement marocain a adopté plusieurs programmes
ciblés d’aides et d’orientation d’entreprises qui ont permis à plusieurs entreprises
d’absorber les chocs de la crise.
En principe chaque entreprise aimerait être flexible, mais souvent le manque des moyens
(humaines, techniques, technologiques, etc.) et de l’absence d’un modèles de flexibilité
organisationnelle à suivre sont d’autant d’obstacles qui entravent ou retardent les
perspectives d’une mise en œuvre d’une organisation flexible. Normalement tout essaie
de flexibilité doit être accompagné par la réactivité et l’agilité pour s’adapter le plus
rapidement possible. Le temps (la réactivité) et le coût sont des éléments très essentiels
dans la notion de la flexibilité.
Le contexte de la conjoncture économique a un grand impact sur la stratégie des
entreprises qui cherchent la flexible et la résilience organisationnelle c’est pourquoi

85
Claude Riverin – CRHA « TRIGONE » : flexibilité organisationnelle, agilité, organisation apprenante, comment
sortir de la crise actuelle tout en étant aligné sur ma mission et mes valeurs ?

55
l’Etat doit intervenir pour soutenir, accompagner et aider les entreprises pour renforcer
la résilience. L’intervention de l’Etat consiste à repenser le modèle économique, avoir
des plans cohérents avec des orientations spécifiques à la réalité économique du pays.
Si la quasi-totalité des mesures adoptées par l’Etat marocain pour faire face à la crise ont
été des mesures défensives (confinement strict, fermetures…), si l’écosystème même
n’est pas résiliant, il serait très difficile voire impossible pour les entreprises d’être
flexible.

56
Section III : Analyse de l’efficacité des mesures prises par les autorités pour
amortir les effets de la crise sur l’économie marocaine
Depuis le début de la pandémie, le Haut-commissariat au Plan (HCP), chargé de la
collecte, de la production et de l'analyse des données économiques, démographiques et
de l'analyse des informations économiques, démographiques et sociales au Maroc, a
continué de produire et de diffuser en temps réel des indicateurs mensuels et trimestriels.
Il a réalisé plusieurs enquêtes auprès des entreprises et des ménages pour comprendre
l’impact induit par les effets de la crise.
Nonobstant que la fin de cette crise soit encore dans un flou total, et en dépit de
nombreuses mesures entreprises par le gouvernement marocain pour atténuer les impacts
de la crise, l’économie marocaine est d’ores et déjà affecté par l’effondrement
économique globale, qui touche surtout l’Europe qui est son principal partenaire
commerciale. Les mesures de confinement pour faire face à la propagation de la
pandémie, ont montré très rapidement des effets négatifs sur l’économie marocaine.
3.1. L’efficacité des mesures sur la viabilité économique
Les effets négatifs du grand confinement ont été dévastateurs tant sur le plan économique
que social. Bien que la situation économique soit mauvaise, la stratégie adoptée par le
Maroc s’est révélé efficace pour limiter la propagation du virus du moins pendant la
première phase de la pandémie. Au terme de confinement, la situation de la pandémie a
rapidement évolué, cela a poussé le Maroc à accélérer et à renforcer sa capacité à
administrer les tests covid-19 au plus grand nombre de la population.
Outre ces mesures strictes de santé publique qui ont permis au pays de réagir rapidement
à l'évolution de la pandémie, le Maroc a également mis en place le Fonds national
COVID-19 (dont le montant s'élève à près de 3,3 milliards d'euros à la fin du mois de
mai)86 pour atténuer les impacts de la pandémie sur les ménages et les entreprises
vulnérables tout en permettant des prestations de santé plus élevées. En plus des mesures
monétaires, elle a permis la continuité d’exploitation et d'éviter la faillite d'un bon
nombre d’entreprises, notamment les PME, et sauver le chômage pour beaucoup
d’employés.
A noter aussi la création du comité du veuille économique (CVE)87 mis en place au
niveau du ministère de l'économie, des finances et de la réforme administrative de suivre
l'évolution de la situation économique à travers des mécanismes de suivi et d'évaluation
rigoureux et, d'autre part d'identifier les mesures appropriées pour soutenir les secteurs

86
Note stratégique du Haut-commissariat au plan en collaboration avec le système des nations unies au Maroc
(SNUD) et la banque mondial (BM), juillet 2020
87
Le CVE est également composé du ministère de l'Intérieur, du ministère des Affaires étrangères et du ministère
de la Santé, entre autres instances gouvernementales.

57
touchés par la crise. Ce CVE a très vite décidé d'un plan d'action à mettre en œuvre avec
une série de mesures et à préparer un plan national de relance économique.
3.1.1. Le confinement strict
Les mesures de confinement ont permis de diminuer la propagation de la première vague
et après la propagation a monté en flèche. Mais il a également entravé l'accès aux services
de santé, notamment dans les zones rurales.
Une enquête menée en avril 2020 par le Haut-commissariat au plan (HCP) a révélé que
parmi les ménages comptant au moins un membre souffrant d’une maladie chronique
(30 %), près de la moitié (48 %) n'avaient pas accès aux services de santé, dont 46% en
zone urbaine et 52% en zone rurale88.
Figure n°
Figure 9 : proportion du non recours des populations cibles aux services globaux de santé

Dans la même étude du Haut-commissariat au plan, on trouve que les effets négatifs de
confinement tant sur l’économie que sur les populations sont nombreux :
 34% des ménages déclarent n'avoir aucune source de revenu en raison de la cessation
de leurs activités pendant la période du confinement ;
 49% des ménages affirment qu’au moins un de leurs membres actifs occupés a été
contraint d’arrêter son activité, 40% d’entre eux ont reçu une aide de l’Etat ou de la
part de l’employeur ;
 Un ménage sur cinq (19%) a reçu une aide de l’Etat pour compenser la perte d’emploi
: 13% dans le cadre du programme RAMED et 6% dans le cadre du programme
d’aide aux salariés formels (CNSS) ;

Enquête sur l’impact du coronavirus sur la situation économique, sociale et psychologique des ménages »,
88

mai 2020.

58
 60% des ménages ayant un membre qui a perdu son emploi ont des difficultés d’accès
aux aides publiques. 59% d’entre eux affirment qu’ils sont enregistrés mais n’ont pas
encore bénéficié ;
 Seul 48% des enfants scolarisés au primaire poursuivent les cours à distance d’une
façon régulière, et 51% des ménages ayant des enfants au primaire et 48% au collège
ont des difficultés à suivre les cours à distance pour manque de canaux d’accès aux
cours ;
 Pour 49% des ménages, l’anxiété est le principal impact psychologique du
confinement, et 30% expriment un sentiment de claustrophobie.
A travers cette étude nous pouvons constater que le confinement strict a eu beaucoup
d’impacts négatifs sur la population marocaine. Selon plusieurs analystes à travers le
monde le confinement a fait plus de dégâts que le virus lui-même, cela semble vrai car
quelques pays (Taïwan, Corée…) qui ont adopté d’autre façons de faire (tests massifs,
les distanciations physiques…) ont connu moins de contamination et se sont protégés
contre une crise économie. Plusieurs médecins aussi, reconnus mondialement comme
des figures de la médecine moderne ont affirmé que le confinement strict n’a jamais été
la meilleure solution contre une crise sanitaire.
3.1.2. Les programmes de redistribution de revenu
Compte tenu de l’investissement important que représentent les programmes de
transferts monétaires, il est important d'en évaluer les effets afin de déterminer s’ils ont
réellement permis d’atténuer l’impact négatif de la crise sur le revenu des ménages et
s’ils ont garanti le maintien de leur niveau de vie.
Figure 10 : pourcentage de baisse du revenu mensuel moyenne

Il est aussi nécessaire de comprendre comment les transferts monétaires ont compensé
les pertes de revenu.
Figure 11 : part du revenu mensuel compensé par les transferts monétaires, par catégorie de richesse.

59
A travers ses deux figures nous pouvons faire le constat que malgré les nombreux
programmes de redistribution de revenu, le revenu mensuel moyen a baissé de moitié,
mais aussi les transferts monétaires n’ont compensé que 35% de la perte des revenus.
3.2. La pertinence des mesures de soutien au niveau des PME
Pour atténuer le choc économique et éviter une crise sociale, les autorités marocaines ont
adoptés plusieurs mesures de soutien pour les entreprises. Il est aussi important de suivre
leurs effets afin de savoir si elles ont permis aux entreprises de faire face à la crise. Dans
ce cadre la banque mondiale a réalisé une enquête auprès des entreprises marocaines
entre juillet et août :
 « Sur l’échantillon interrogé, seules 30 % des PME ont bénéficié ou comptent
bénéficier d'une mesure d'aide publique et que ce pourcentage est légèrement plus
élevé chez les grandes entreprises (environ 40 %) ;
 Les subventions salariales ont été largement utilisées par les entreprises (près de 80
%) tandis que l'accès à de nouvelles lignes de crédits a été moins souvent utilisé (près
de 20 %) ;
 D'autres mesures comme les transferts monétaires, le report de paiement des crédits
et les exonérations fiscales ont été utilisées par 30 à 60 % des entreprises qui ont eu
recours au soutien du gouvernement »89.
Si nous analysons les résultats de cette enquête il semble indiquer que plus de 60 % des
entreprises n'ont pas cherché à bénéficier de ces programmes (pourquoi ?), mais aussi
les grandes entreprises ayant en général plus souvent recours à ces programmes tandis
que les entreprises de taille moyennes les utilisent moins souvent.
3.2.1. Les programmes d’accès au financement
Après les nombreux programmes de soutien aux entreprises il convient de voir si l’accès
au crédit a eu un impact concret sur les entreprises. Dans ce cadre la CGEM a réalisé une
enquête en juillet dernier, mais l’enquête la plus récente a été réalisée par le Haut-
commissariat au plan en janvier 2021 :
 « 37% des entreprises sondés par la CGEM ont demandé à bénéficier de « Damane
Oxygène » et 35% prévoyaient de demander à bénéficier de « Damane Relance » ;
 24% des demandes ont été rejetées, sans que le motifs exact ne soit précisé ».90
 « 25,8% des entreprises des industries chimiques & parachimiques ont déclaré avoir
bénéficié des prêts garantis par l’Etat ;
 Les entrepreneurs bénéficiant de ces mesures de financement sont moyennement
satisfaits. En effet, la moitié d’entre elles estiment que ces mesures ont contribué à
l’amélioration de la situation de leurs entreprises ;

89
La Banque mondiale, « Enquêtes auprès des entreprises », s’adapter aux effets de la pandémie, renforcer
durablement la résilience du secteur privé marocain juillet 2020.
90
CGEM, « Baromètre CGEM Impacts Covid-19 – Rapport Enquête 2 », juillet 2020.

60
 Pour les entreprises n’ayant bénéficié d’aucune de ces mesures de financement
(67,2%), 24% d’entre elles estiment que la complexité des procédures constitue la
principale raison, suivie du manque d’accompagnement (18%).
 13,7% des entreprises ont déclaré avoir bénéficié du report des échéances fiscales
dans le contexte de la crise »91.
On constate ici qu’une part importante (65%) des entreprises n’ont pas fait recours aux
mesures de financement mis en place par l’Etat, on voit aussi qu’une demande sur quatre
(1/4) a été rejeté. Et parmi la petite poigné (32,8%) d’entreprises avoir bénéficié d’une
de ces mesures de financement ne sont que moyennement satisfaites. Certaines
conditions d’éligibilité concernant d’autres crédits ont été assouplies par la suite92.
3.2.2. Le poids du mécanisme des garanties sur les banques
Les nombreux programmes de garantie mis en place par le gouvernement à travers ses
organes de garantie en fin mars ont conduit les banques à octroyer de nouveaux crédits
dont elles supportent une part importante des risques selon la quotité couverte par la
garantie. Même si les banques disposent d’une garantie de l’Etat leur risque est très élevé
sur la partie résiduelle. Attijariwafa banque a débloqué elle seule 22.6 milliards de Dhs
dans ces crédits de garanties en 2020. A noter aussi que les créances en souffrance ont
explosé dans le système bancaire, c’est pourquoi l’année 2020 a été celle où les banques
ont plus provisionné comme du jamais vu en dépit de leur rentabilité.
3.3. Post covid-19 les perspectives d’une meilleure reprise
Pour amorcer la reprise poste covid-19, et accompagner la relance économique, la
CGEM a relancé deux mécanismes de garantie. Ces deux mécanismes ont pour l’objet
de permettre aux TPME et GE de financer le retour progressif à une activité normale.
3.3.1. Programme de relance économique à la sortie du confinement
Après trois mois environ, de confinement strict, le 15 juin 2020, le CVE a décidé sur la
proposition de la CGEM, deux mécanismes de garantie visant l’atténuation des effets
négatifs de la crise induits par la pandémie de la Covid-19 :
 « Relance TPE » : destiné à garantir les prêts des TPE réalisant un chiffre d’affaires
inférieur à 10 millions de DH ;
 « Damane Relance » : déployé en faveur des petites, moyennes et grandes
entreprises réalisant un chiffre d’affaires supérieur à 10 millions de DH.
Depuis leur mise en place, les deux mécanismes ont profité à pas moins de 15.183
entreprises, pour un total de 22,4 milliards de DH de crédits ayant bénéficié de ces

91
Haut-commissariat au plan « Effets du covid-19 sur l’activité des entreprises 3ème enquête-janvier 2021
92
L’Économiste, « Nouvel assouplissement à Damane Relance », 12 octobre 2020.

61
garanties exceptionnelles, soit un montant global d’engagements s’élevant à 19,7
milliards de DH93.
Lors de la dernière réunion du CVE, vendredi 2 avril 2021, le comité s’était satisfait des
résultats positifs obtenus grâce aux différents produits de garanties mis en place pour
couvrir les besoins de financement des entreprises affectées par la crise. Ces produits ont
couvert 93.419 crédits bancaires pour un montant total de 61.5 milliards de Dhs en faveur
des entreprises. Pour accompagner les demandes exprimées et finaliser les dossiers
encours de formalisation, il a été décidé de proroger au 30 juin 2021, le bénéfice de la
garantie de l’Etat « Damane Relance ». Il a également passé en revue les principaux
chantiers de réformes prioritaires engagées par le Maroc pour favoriser une reprise
dynamique et renforcer la résilience de l’économie, citant, à cet égard, le plan de relance
économique porté par le Fonds Mohamed VI pour l’investissement, le chantier de la
généralisation de la protection sociale et celui de la réforme du secteur public.
Les nombreuses mesures de court terme adoptées par le gouvernement marocain depuis
le début de la crise, ont laissé place à des mesures de plus long terme. Ces mesures ont
été introduites lors du discours Royal du 29 juillet 2020. Le constat était que la crise a
révélé au grand jour plusieurs faiblesses de l’économie marocaine. Il s’agit entre autre
du poids important du secteur du secteur informel dont les travailleurs sont exclus du fait
du système de la protection sociale, et de la dépendance de certains secteurs comme le
tourisme vis-à-vis de la demande extérieure. Dans ce contexte, la relance de l’activité
économique telle qu’envisageait dans le discours Royal s’attache à la dynamique de
création d’emplois, à étendre la protection sociale à l’ensemble des travailleurs et à
stimuler la demande locale.
3.3.2. Le « pacte pour la réforme économique et l’emploi »
Pour soutenir la reprise économique post covid-19, un pacte de relance a été signé entre
la CGEM, le GPBM94 et le ministère des finances en Août 2020. Le plan contient des
engagements de la part de toutes les parties prenantes, il a pour l’objectif le redémarrage
des entreprises, la relance de l’activité économique et le maintien de l’emploi. Il ne s’agit
donc pas de la relance économique stricto sensu mais bien de favoriser le retour à la
situation ante :
 De la part de l’Etat : il a été mobilisé environ 120 milliards de dirhams, soit
l’équivalent de 11% du PIB. Cette somme devrait être en partie allouée via le fond
d’investissement stratégique95. Il est aussi prévu d’une part, la transformation de

93
Crédit-Capital-Garantie activité « Relance TPE » et « Damane relance », Rabat, le 08 septembre 2020
94
Le Groupement Professionnel des Banques du Maroc est une instance de concertation entre ses membres pour
toutes les questions liées aux activités bancaires et sert d’intermédiaire exclusif entre les membres et les pouvoirs
publics ou tout autre organisme national ou étranger pour les questions intéressant la profession bancaire
95
Dénommé le « fonds Mohamed VI pour l’investissement » est un fonds créé en Août 2020 avec une dotation
initiale de 45 milliards de dirhams. Il a pour mission de soutenir les partenariats d'investissement public-privé dans

62
CCG en société anonyme dénommée « la Société Nationale de Garantie et de
Financement de l’Entreprise » (SNGFE) doté d’un capital initial de 5 milliards de
Dhs. Cette structure sera chargée de gérer 75 milliards supplémentaires dans le cadre
de système de garantie aux entreprises96. Ce dispositif de financement a pour objectif
de prendre le relai des différents mécanismes de garantie cités précédemment dans
ce chapitre. D’autre part 45 milliards de Dhs seront affectés à un Fond de Relance
(Essor) alimenté à hauteur de 15 milliards de Dhs par l’Etat et 30 milliards de Dhs
mobilisés auprès d’institutions nationales et internationales.
 Redynamisation du programme « Intelaka »97 : ce programme ambitionne de
faciliter le financement de près de 13000 TPE par année à travers les mécanismes de
garanties et avec des conditionnes avantageuses (garantie 80% du prêt, taux
exceptionnel de 2% en périmètre urbain et 1.75% pour le périmètre rural).
 Réservation des ressources du fonds Covid au soutien social : accélération des
réformes requises pour améliorer le climat des affaires et facilitation de l’acte
d’investir : notamment à travers l’accélération du chantier de simplification des
procédures et leur digitalisation.
 Mise à niveau du dispositif de formation : développer le capital humain pour
permettre l’amélioration de l’adéquation formation-emploi.
3.3.2.1. Plan de relance pour le secteur du tourisme
Très important pour l’économie marocaine, le secteur du tourisme est l’un des secteurs
qui ont plus souffert de la crise de la Covid. Avant la pandémie, sa contribution est à
hauteur de 7% du PIB98, mais la crise aurait provoqué une hausse du chômage de 50%
par rapport à 201999. Le plan de relance élaboré en Août dernier vise à insuffler une
nouvelle dynamique au secteur et s’est concrétisé par la signature d’un accord entre les
ministères des finances, du tourisme et du travail d’une part et la CGEM et la
confédération nationale du tourisme d’autre part. Les professionnels du tourisme
pourront ainsi bénéficier des mesures de soutien mises en place depuis mars 2020.
3.3.3. Les projets de réformes de solidarité et de la protection sociale
Pour relancer l’économie l’Etat a besoin plus de ressources, cela implique qu’il doit
augmenter ses sources de financement. Dans ce contexte le projet de loi de finance 2021
a prévu la création d’une cotisation de solidarité qui s’appliquera aux entreprises et aux

les infrastructures, les industries exportatrices, l'agriculture, l'immobilier et le tourisme, tout en soutenant le tissu
de PME
96
Ministère des Finances, « Note de présentation du projet de loi de finances rectificative pour l’année budgétaire
2020 », juillet 2020.
97
Mis en place sur instructions Royales, il a pour but de booster et densifier le tissu des TPME qui constitue un
fort gisement de création de richesse. Ses produits phares sont « Damane Intelak » qui cible les TPE, Petite
entreprise, Jeune porteur de projets, Jeunes entreprises innoventes, Auto-entrepreneurs et petites entreprises
exportatrices vers l’Afrique et « Damane Intelak Al Moustatmir Al Qarawi » qui vise également les Petites
exploitations agricoles et Projets bâtis sur opération de Melkisation.
98
La contribution totale (directe et indirecte) du tourisme au PIB est estimée à 12 %.
99
Ministère des Finances, Ministère du Travail, Ministère du Tourisme, Confédération nationale du tourisme, «
Contrat programme 2020 - 2022, Relance du secteur touristique en phase post Covid19 », août 2020.

63
ménages pour les revenus générés en 2021100. Après plusieurs débats parlementaires, une
tranche d’imposition supplémentaire (1.5%) a été introduite pour les entreprises dont le
CA est inférieur à 5 millions qui n’ont pas étaient visé initialement par cette réforme.
Pour les ménages le seuil d’imposition fixé initialement à 120000 Dhs a été porté à
240000 Dhs101.
Sur le long terme, une réforme sociale de grande envergure est envisagée dans le but de
généraliser la couverture sociale à l’ensemble de la population. Porté par le ministre des
finances Mohamed Benchaâboun, cette réforme représente une avancée sociétale
majeure et est prévue en deux étapes. Dans un premier temps, la généralisation de
l’assurance maladie et des allocations familiales entre 2021 et 2023, puis la
généralisation du système des pensions, de retraite et de l’indemnité pour perte d’emploi
qui sera mis en place entre 2024 et 2025. Le projet a été lancé par Sa Majesté en avril
2021102.

Conclusion du chapitre II
Avec la pandémie de la Covid-19, le Maroc a connu d’importantes perturbations socio-
économique à l’instar de plusieurs pays dans le monde, qui ont contraint les autorités
marocaines à prendre des mesures fortes afin d’atténuer les effets de la crise. Les
réponses marocaines ont été pilotées par le CVE. Les réponses ont été de multiformes
(transferts monétaires, protection sociales et d’assurance, création de fonds, politiques
de soutien aux ménages et aux entreprises etc.), les mesures ainsi adoptées ont permis
aux ménages et aux entreprises de mieux faire face aux chocs négatifs de financement,
d’offre et de la demande induits par la crise. Cependant, la cessation ou l’arrêt temporaire
de l’activité économique pendant le confinement a laissé ses empreintes dans de
nombreux secteurs, sans même évoquer des secteurs à l’arrêt depuis le confinement. En
outre, beaucoup de faiblesses structurelles de l’économie marocaine révélées par la crise
ont contribué à l’amplification des conséquences de la crise. Ces faiblesses ont été
reconnues par les autorités marocaines et plusieurs mesures ont été prises pour stimuler
l’investissement, faciliter l’accès au financement des entreprises, favoriser l’emploi des
jeunes et renforcer le système de protection sociale.
La période de la crise de Coronavirus Covid-19, est un épisode rare dans l’histoire et
tous les pays sont aujourd’hui confrontés aux mêmes chocs. Malgré la diversité des
cultures et bien que les contextes structurels diffèrent entre les pays, certains aspects
socio-économiques sont partagés. Le Maroc peut ainsi, en parallèle des suivis de
l’évaluation rigoureuse des politiques publiques, s’inspirer de l’expérience d’autres
pays pour éclairer sa réponse face à la crise.

100
Ministère des Finances, « Note de présentation du projet de loi de finances rectificative pour l’année budgétaire
2021 », octobre 2021.
101
Les Ecos, « PLF 2021: L’essentiel des amendements introduits par la Commission des finances », 3 novembre
2020.
102
Medias24, lancement du projet de la généralisation de la protection sociale, palais Royal de Fès, avril 2021

64
Chapitre III : Le cadre opératoire
Ce dernier chapitre est une étude exploratoire concernant des entreprises marocaines
issues de plusieurs secteurs. C’est l’approche qualitative qui sera adoptée pour la collecte
des informations. Ce chapitre a pour objectif de se rapprocher du terrain, pour prélever
l’opinion de quelques petites et moyennes entreprises marocaines sur la crise de la covid-
19. Il s’agit en générales sur la manière dont la crise a été gérée et plus particulièrement
de leur opinion sur les impacts et les problèmes financiers rencontrés pendant la crise.
Nous visons aussi de comprendre comment les subventions et les soutiens de
financement de l’Etat ont été appréciés par les entreprises, si ces dernières ont profité de
ces mesures d’accompagnement et d’avoir leur avis sur leur efficacité sur la continuité
de l’exploitation de leurs entreprises
Notre étude vise aussi, de prendre l’avis auprès des financiers et particulièrement au
niveau des banques qui ont été tout au long de la crise, au centre de toutes les mesures
entreprises par le gouvernement. Mais aussi parce que le système bancaire a été à
plusieurs reprises sur le banc des accusés de ne pas jouer son rôle dans la mise en œuvre
des mesures prise par le gouvernement, dont la dernière accusation a été faite par
Le Président de la Confédération marocaine de TPE-PME, Mr. Abdellah El Fergui, Il
dénonce « un blocage dans la mise en œuvre du programme Intelaka qui est sensé donné
un nouveau souffle à l’économie marocaine » en soulevant plusieurs freins et abus
notamment du secteur bancaire qui entraverait selon lui la réussite de ce chantier lancé
par SM Le Roi Mohammed VI et qui vise à donner une forte impulsion au financement
bancaire des Auto-entrepreneurs, TPE et Petites Entreprises Exportatrices (PEE).

65
Section I : Approche et méthodologie de recherche
1.1. La stratégie de recherche
Un projet de recherche scientifique est une démarche rationnelle ou un processus
dynamique permettant d’examiner des phénomènes, de résoudre des problèmes et
d’obtenir des réponses précises à partir d’investigations.
Le choix d’une méthode de recherche adéquate pour aboutir à un processus de recherche
est un travail difficile compte tenu de la variété des méthodes et la complexité
grandissante des sujets de recherche. Cette démarche oblige le chercheur à tenir compte
des différents facteurs influençant son choix.
L’épistémologie s’intéresse aux conditions d’élaboration de la connaissance. Nous y
distinguons trois courants principaux : le positivisme, le constructivisme et le réalisme.
Pour mener à bien ce projet de recherche, nous avons pris position au côté de deux
courants :
Le courant positiviste : qui recommande une approche hypothético-déductive, cette
approche qui va de la théorie pour le terrain autrement dit, vérifier sur le terrain, les
hypothèses retenues de la revue de la littérature.
Le courant constructiviste : qui repose sur l’idée que l’image de la réalité, ou les
notions structurant cette image, ne sont que le produit de l’esprit humain en interaction
avec cette réalité et non le reflet exact de la réalité elle-même. Pour Jean-Michel, le
constructivisme désigne d’abord « la théorie issue d’Emmanuel Kant selon laquelle la
connaissance des phénomènes résulte d’une construction effectuée par le sujet »103. La
conception constructiviste s’oppose à une certaine tradition dite réaliste, comme
l’indique Ernst Von Glasersfeld, elle marque « une rupture avec la notion traditionnelle
selon laquelle toute connaissance humaine devrait ou pourrait s’approcher d’une
représentation plus ou moins « vraie » d’une réalité indépendante ou « ontologique ».
Au lieu de prétendre que la connaissance puisse représenter un monde au-delà de notre
expérience, toute connaissance est considérée comme outil dans le domaine de
l’expérience »104.
C’est pourquoi dans notre cas nous utilisons les méthodes et techniques suivantes :
1.1.1. Approche et méthodologie de recherche
Le choix des entreprises retenues pour notre étude a été réalisé selon les critères qui
suivent :
 Petites et Moyennes Entreprises PME localisées dans différentes villes marocaines et
se trouvant dans plusieurs secteurs d’activités ;

103
Jean-Michel Besnier, Les Théories de la Connaissance, PUF, coll. « Que sais-je ? », Paris, 2005 (ISBN 978-2-
13-055442-4).
104
Ernst Von Glasersfeld, « Pourquoi le constructivisme doit-il être radical? », 2004

66
 La plus part des entreprises concernées ne sont pas identifiées, afin de permettre
qu’elles restent dans l’anonymat et de respecter l’engagement éthique et
professionnel que nous avons pris dans le cadre de la réalisation de ce mémoire ;
 La possibilité d’une étude de cas sur la société « Yura Corporation » a été abandonnée
vue que cette société fait partie des sociétés exceptions qui ont été épargnées par le
confinement strict, donc qui n’ont pas été frappées en plein fouet par les
conséquences néfastes de la crise.
Le procédé que nous avons choisi pour la collecte des données est l’entretien semi-
directif, aussi appelé entretien qualitatif ou approfondi, qui est une méthode d’étude
qualitative que nous avons jugé plus approprié qu’une méthode quantitative. Son but est
de récolter des informations qui apportent des explications ou des éléments de preuves à
un travail de recherche.
Lincoln, (1995) « L’entretien semi-directif est une technique de collecte de données qui
contribue au développement de connaissance favorisant des approches qualitatives et
interprétatives relevant en particulier des paradigmes constructives ».
Le déroulé de l’entretien suit un schéma d’entrevue semi-dirigée, nous intéressons
d’abord à la situation interne avant la crise et à la gestion interne pendant la crise ainsi
que les ajustements qui ont été apportés pour mieux respecter les mesures sanitaires. Les
répondants seront amenés à décrire quand et comment la crise a été ressentie au sein de
leurs organisations ainsi que les impacts subis sur le plan financier. Ils seront amenés à
présenter les méthodes de gestions mises en place, les résultats obtenus et l’expérience
acquise. Chaque entretien a été enregistré pour permettre de disposer, sans omission, de
l’intégralité des échanges.
L’entretien semi-dirigé permet un libre échange, des questions ouvertes, pour permettre
aux interviewés de bien s’exprimer sans contrainte ni interruption et de donner leurs
points de vue sur certaines questions plus générales. Le questionnaire commence sur des
questions plus générales sur la crise de Coronavirus covid-19, puis sur des questions plus
centrées sur le financement des entreprises interrogées ainsi que sur les mesures
entreprises par l’Etat pour soutenir les entreprises afin de faire face à la crise. En fin nous
terminons sur une question ouverte sur les problèmes de développement des PME
marocaines.
Pour cela, nous avons préparé deux guides d’entretien (Annexe 1 et 2) constitué de deux
groupes de questionnaires. Le premier groupe de questions de recherches est celui qui
concerne principalement notre étude et qui est centré sur l’impact de la crise sur les
entreprises concernées ainsi que les problèmes de financement qu’elles ont dû faire face
pendant la crise. Le deuxième groupe de questions concerne seulement le secteur
bancaire pour prendre leurs avis sur les mesures de financement bancaire mises en place

67
par le gouvernement pour que les banques continuent de financer les entreprises et en
dépit de la crise.
1.1.2. Méthodes et techniques de recherche
Le mot « méthodes » selon les auteurs revêt plusieurs sens. Dans le cadre notre travail,
pour outrepasser ses divergences nous allons nous rallier à la définition de Pirette
Rongere, c’est « la procédure particulière appliquée à l’un ou l’autre de stade de la
recherche »105, une définition que nous trouvons plus adaptée à notre projet de recherche.
a) Nous retiendrons les méthodes suivantes :
Méthode historique : elle concerne surtout le premier chapitre, grâce à cette méthode
nous avons pu déterminer scientifiquement à travers l’histoire, des faits et constats
historiques des problèmes de financement rencontrés par les PME pendant plusieurs
crises qu’a connu l’humanité.
Méthode analytique : l’analyse est une partie incontournable de toute étude de
recherche qu’elle soit quantitative ou qualitative. Après la collecte de données auprès
des entreprises concernées par notre recherche, la méthode analytique va nous servir
comme un moyen de traitement, d’analyse et d’interprétation des informations
recueillies afin de faire les constats nécessaires et les commentaires appropriés.
Méthode comparative : la comparaison dans ce sens n’est pas de ‘’comparer la valeur
d’une entreprise par rapport à une autre’’ mais c’est un outil qui va nous permettre de
(comprendre comment les différentes entreprises interviewées ont pu faire face à la
crise), faire la comparaison des conséquences de la crise pour déceler comment la crise
a impacté ces entreprises l’une par rapport à l’autre afin de pouvoir tirer des conclusions.
b) Techniques de recherche :
Technique documentaire : «Elle consiste en une fouille systématique de tout ce qui est
écrit ayant une liaison avec le domaine de recherche».106 Comme la méthode historique
la technique documentaire concerne principalement la partie théorique, et malgré la
fermeture de notre bibliothèque, nous avons pu accéder à des bibliothèques en ligne ce
qui nous a permis de consulter des ouvrages de (crises financières, finance d’entreprise,
les problèmes de financement des PME…) et de recueillir les informations nécessaires
pour l’élaboration de notre projet de recherche. Nous avons pu aussi consulter des revues
scientifiques d’économie et de gestion ainsi qu’un certain nombre de sites web, etc.
Techniques d’interview libre : « c’est une approche de communication verbale pour
recueillir des informations, en relation avec le but fixé »107. L’utilisation de l’interview
libre se justifie par le fait d’entretien exploratoire que nous avons eu de manière

105
RONGERE (P) : Méthode des Sciences Sociales, éd, Dalloz, Paris, 1971, p.18
106
GRAWITZ, Z.: Méthodes des sciences sociales, 4ème éd. Dalloz, Paris, 1979, p.571
107
IPO ABELELA : Notes de Cours d`initiation à la recherche scientifique, UNILU, G1 ECONOMIE 2004-2005

68
spontanée et sans recours à un questionnaire avec un agent et un cadre de la société Yura
Corporation dans l’objectif de comprendre les conséquences de la crise sur leur
entreprise.
Technique d’entretien semi-directif : Ce type d’entretien permet une collecte
d’informations, sur le même principe que l’entretien directif. Mais à l’inverse de ce
dernier, l’entretien semi-directif permet d’approfondir un sujet en posant des questions
nouvelles par rapport aux réponses données par l’interviewé. Ce type d’entretien se
compose d’une série d’interrogations ouvertes préparées en amont par le chercheur et
les données recueillies devront être interprétées, afin que nous puissions rédiger une
conclusion argumentée. Parmi ses avantages nous avons :
 Il permet d’étudier un phénomène dans son ensemble (entretien à réponses libres) ou
un fait spécifique (entretien à réponses centrées/ciblées) ;
 La structuration de l’entretien grâce à des questions préparées en avance ;
 La possibilité d’interactivité entre le chercheur et la personne interrogée ;
 Approfondir un sujet précis en permettant au chercheur de relancer son interlocuteur
ou de poser des questions nouvelles qui peuvent être engendrées de ses réponses.
1.1.3. Analyse des données
La quasi-totalité des entrevues ont été enregistrées puis retranscrites pour éviter
d’omettre certaines informations importantes pour notre étude. La collecte des
informations suit des formats préétablis (annexe 1 et 2) que nous avons déterminés et qui
est compatible avec notre stratégie de recherche, c’est-à-dire des questions les plus
générales à des questions particulières spécifiques aux problèmes de financement
pendant la crise de coronavirus covid-19.
Certaines parties des entrevues ne feront pas l’objet de transcription, elles seront donc
supprimées, telles que l’introduction, la présentation des personnes interviewées, les
remerciements… ces parties ne se référant pas aux problématiques de notre recherche.
1.1.4. Fiabilité et validité
Gagnon (2008) spécifie « la valeur d’une recherche repose en grande partie sur la
capacité du chercheur à démontrer la véracité de ses résultats », cette véracité comporte
deux éléments essentiels :
La fiabilité et la validité. La première vient de la constance des observations, la répétition
des recherches sur le même phénomène et la même démarche pour arriver aux mêmes
conclusions. Pour la validité, elle renvoie à l’exactitude et la justesse des résultats. Cette
étude a été réalisée dans ces perspectives scientifiques en utilisant des méthodes
confirmées, fiables et en conformité avec les informations recueillies chez les personnes
intervenant ainsi que les engagements tenus avec ces entreprises.

69
Durant les entretient, l’approche que nous avons choisie a été de laissé la parole aux
interviewés de manière quasi unilatérale, nous avons donc réduit nos interventions au
minimum, pour éviter que l’entretien soit long et de laisser les personnes parler en toute
liberté.
La recherche qualitative, en raison de sa complexité, est difficilement mesurable quant à
sa validité et à sa fidélité. Lincoln et Guba (1985 dans Deslauriers) ont défini les critères
de validité et de fidélité suivants :
 Crédibilité : s’assurer que les résultats soient crédibles aux yeux des participants ;
 Transférabilité : le chercheur spécifie le contexte à partir duquel les hypothèses et
les concepts pourraient s’appliquer ;
 Fiabilité : cet objectif est atteint en demandant à un autre chercheur de faire une sorte
d’expertise ;
 Validation : l’expert passe les données en revue pour vérifier et attester que les
résultats obtenus concordent avec les donné recueillies.
Avant l’analyse et interprétation des informations recueillies, les deux entreprises
identifiées dans notre projet de recherche ont reçu un verbatim afin de ne pas publier des
informations confidentielles.

70
Section II : Présentation et traitement des résultats
Yin (2003), « le traitement des données d’une étude doit être effectué afin qu’elles soient
fiables ». Pour cela nous retenons ces trois critères qui nous paraissent nécessaires pour
la fiabilité des résultats d’une étude :
- L’utilisation des sources d’informations multiples afin de permettre au chercheur
d’analyser une variété de données et d’informations diversifiées ;
- Disposer d’une base de données formelle, disponible et vérifiable si nécessaire ;
- Créer une chaine d’évidence des informations pour assurer la cohérence et la fiabilité
des données étudiées. Il est nécessaire aussi de couvrir les circonstances de la collecte
des informations, pour cela on doit disposer d’une personne externe pour vérification.
Dans notre étude nous avons choisi d’utiliser un corpus de recherche sur des Petites et
Moyennes Entreprises marocaines impactées par la crise de Coronavirus Covid-19 avec
des conséquences économiques et financières plus ou moins importantes selon les
entreprises, les conduisant à faire des choix rationnels et à l’utilisation des méthodes de
gestion appropriées.
Une étude exploratoire a été adoptée avec une approche qualitative sous forme
d’entretien semi-dirigé. Notre support de recherche est composé des entreprises de taille
moyenne et intermédiaire, toutes situées sur le territoire marocain. Cependant d’autres
entreprises de notre échantillon sont des filiales d’un groupe d’entreprises, sous forme
des Sociétés à Responsabilité Limitée (SARL).
Les contraintes de temps mais aussi la maigre volonté des entreprises approchées à
participer à notre étude nous ont conduites à choisir un échantillon non probabiliste.
Notre échantillon s’est basé sur le principe de l’échantillonnage ciblé ainsi que sur les
recommandations d’Eisenhardt (1989) suggérant de réaliser sur un échantillon entre
quatre (4) et dix (10) entreprises dans un contexte professionnel.
Toutes les entreprises concernées ont vécu la crise à sa manière, mais sont toutefois, la
baisse d’activité ainsi que les instructions sanitaires le dénominateur commun qui les ont
entrainés dans un cycle de gestion inédite. Face à cette situation d’ampleur inégale, toutes
ces entreprises ont dû réagir.
Sur la base de notre enquête réalisée auprès de six entreprises, il s’agirait pour nous de
comprendre l’impact de la crise sur :
 L’activité de ces entreprises, les méthodes de gestion adoptées pour faire face à la
crise et de respecter les instructions sanitaires ;
 Les résultats obtenus et le retour d’expérience ;
 Leurs situations financières avant et pendant la crise ;
 Les modes de financement utilisés pour faire face aux conséquences néfastes induites
par la crise ;

71
 La couverture des mesures de financement et de soutien de l’Etat ainsi que leur
fiabilité ;
 Les points à améliorer pour réussir la reprise économique.
2.1. Présentation des entreprises
2.1.1. YURA CORPORATION MOROCCO
La société YURA CORPORATION MOROCCO, est une SARL-AU spécialisée dans la
fabrication et l’exportation des câbles automobiles pour répondre aux besoins de ses
clients exclusifs Hyundai et Kia Motors. Elle a été immatriculée au registre de commerce
le 06/04/2016 et appartient à la société Coréenne « YURA CORPORATION CO.LTD
», son siège social est situé au « Quartier industriel, Marjane II, 50000-Meknès ».
2.1.2. IRIDAN 3T
La société IRIDAN 3T, est une Entreprise active, citoyenne et responsable, spécialisée
dans le transport scolaire, touristique et le transport personnel. Avec un parc de 200
véhicules et une présence dans 7 villes marocaines, la société IRIDAN se place parmi
les leaders dans le domaine. Son siège est situé au « Rue Kénitra Place 2 Septembre
Hamria 7ème étage B°26 – MEKNES ».
2.1.3. Les autres sociétés
Figure 12 : présentation des autres entreprises de l’échantillon

Entreprises Alpha Beta Gamma Epsilon

Forme juridique SARL SA SARL SARL

Siège social Casablanca Mohammedia Meknès Azrou

Date de création 2012 2016 2018 2013

Capital sociale 15.000.000 10.850.000 100.000 500.000

Secteur d’activité Réseau et Industrie Agriculture et Ingénierie et


télécommunication automobile agroalimentaire conseil

2.2. Présentation des résultats


Le modèle de présentation des résultats que nous avons choisie est issu des verbatim et
suit la chronologie des réponses données par les interviewés.
2.2.1. YURA CORPORATION MOROCCO
Le secteur automobile fait partie sans doute des secteurs les plus touchés par la crise,
mais la société YURA CORPORATION MOROCCO est dans la fourchette des rares
entreprises, qui ont moins subi les effets négatifs induits par la crise de coronavirus
covid-19, par rapport aux autres entreprises se trouvant dans l’industrie automobile.
a) Impact de la crise sur l’activité de YURA CORPORATION MOROCCO

72
« En cette période de crise inédite, toutes les branches d’activité économique sont
pleinement secouées et désorientées.
Parmi les secteurs les plus touchés d’une manière directe, par la crise sanitaire, est le
secteur d’industrie automobile, à cause des mesures de Confinement et par suite la
réduction des effectifs ou indirectement à travers l’arrêt des donneurs d’ordres ou le
ralentissement des chaînes de logistique et d’approvisionnement.
Détaillés comme suite :
 Réduction de la capacité de production et du nombre de travailleurs.
 Augmentation des coûts supplémentaires du fret et du transport
 Ralentissement dans les chaines d’approvisionnement.
 Le manque de pièces détachées et de certaines matières premières nécessaires pour
achever le processus de production.
Malgré tous les contraints précités YURA CORPORATION MOROCCO a pu assurer la
continuité de sa production avec une capacité réduit ».
YURA CORPORATION MOROCCO a eu à arrêter son activité pendant une seule
semaine à partir du 26 mars 2020, puis sur demande du gouvernement l’activité a repris
sans être arrêté jusqu’ aujourd’hui, « mais avec les mesures de distanciation physique
imposées par le gouvernement et sous contrôle des agents de santé qui viennent vérifier
chaque jour si les mesures en vigueur sont respectées, avec aussi des prises de
températures deux à trois fois par jour. On pensait être dans un film de science-fiction ».
« Pendant la crise sanitaire notre société n’a pas changé ces méthodes de gestion. En
suivant les instructions de l’Etat marocain, notre société a procédé à la fermeture de
cantine, mosquée et serrée l’application des mesures de précaution sanitaires
recommandées par le ministère de la santé ».
b) Les problèmes financiers induits par la crise
Malgré la poursuite normale de leur activité dans les conditions évoquées au-dessus, la
société n’a pas été épargnée de la récession économique mondiale. En effet, avec la
diminution considérable du trafic aérien et maritime, leur chaine d’approvisionnement a
connu une chute notable.
« Avec une diminution de notre CA de 25%, par rapport à l’année 2019, notre trésorerie
a aussi été impactée, nos projet d’investissement et le taux de recrutement ont aussi
diminué ».
« Jusqu’au aujourd’hui notre société n’a pas fait appel à aucun financement externe, on
essaye d’assurer la continuité de notre exploitation avec une gestion de rationalisation
des dépenses ».

73
c) Mesures de l’Etat pour aider les entreprises
« On a bénéficié d’une avance sur la contribution d’un Contrat d’investissement, dans
le cadre des mesures exceptionnelles prises par l’Etat pour atténuer les conséquences
directes et indirectes de la crise provoquées par la pandémie du Covid-19 ».
« Les financements bancaires mis en place par le comité de veille économique (CVE)
couvrent une courte période des charges (3mois), le nombre de sociétés qui vont
bénéficier des garanties de la CCG sont limités ainsi que le montant du découvert est
limité à 20 Millions de Dhs ».
d) Problèmes généraux entravant l’émergence des PME
« Si l’on veut que la reprise économique au sortir de la crise du COVID-19 soit durable
et résiliente, il importe d’éviter les erreurs du passé et ne pas repartir sur des schémas
d’investissement et des activités qui détruisent l’environnement, améliorer les services
de santé essentiels, mis en place des mesures pour protéger les emplois, soutenir les
petites et moyennes entreprises et les travailleurs du secteur informel grâce à des
programmes de relance économique ».
« Les problèmes qui freinent le développement des PME sont les manques de capitaux
et surtout l’incapacité à financer des besoins accrus de trésorerie au cours de chaque
phase d’expansion et la commercialisation des produits ».
Figure 13 : quelques indicateurs de performance de YOURA CORPORATION

2020 2019 variation

Source : nous même avec les données de Yura Corporation


Tous les indicateurs de performance affichent une variation négative par rapport à
l’année 2019.
2.2.2. IRIDAN 3T
Parmi toutes les entreprises concernées par notre étude, la société IRIDAN 3T est
l’entreprise la moins frappée par les conséquences cauchemardesques de la crise. Malgré
que le transport fait partie des secteurs les moins épargnés par la crise et surtout pendant
le confinement, la Société IRIDAN 3T est parmi les exceptions des entreprises qui
sortent la tête de l’eau.

74
a) Impact de la crise sur l’activité d’IRIDAN 3T
« Le grand confinement a conduit à la fermeture des écoles, de la grande partie des
entreprises, le trafic touristique a aussi presque disparu. Notre activité qui était basé
exclusivement sur le transport touristique « IRIDAN TOURS » puis diversifiée vers tous
les types de transports, c’est pourquoi nous avons changé notre dénomination sociale
dénommée désormais « IRIDAN 3T ». Nous avons continué de travailler pendant la
période de confinement, l’activité de notre entreprise a été arrêtée seulement pendant
un seul mois, le mois d’avril. Nous avons travaillé avec un effectif réduit ».
La société IRIDAN 3T a apporté plusieurs modifications et ajustement dans leur
fonctionnement pendant la crise. « Tout a presque été chamboulé, nous avons
pratiquement changé nos méthodes de gestion qu’il soit à l’intérieur comme à
l’extérieur, dans les bus les places ont été réduit de moitié, un bus qui transportait 40
personnes ne transporte que 20 personnes avec les instructions sanitaires de
distanciation physique imposées par le gouvernement. En terme de Chiffre d’Affaire
depuis la reprise de l’activité il a connu une meilleure croissance par rapport à l’année
2019 et cela malgré la crise ». C’est la seule société parmi toutes les autres interrogées
dont la croissance du CA a été à la hausse.
b) Les problèmes financiers induits par la crise
La société n’a pas rencontré des problèmes financiers dans son activité. « Nous n’avons
pas eu à faire face à des problèmes de financement de nos activités mais là où nous
avons rencontré des problèmes c’est au niveau des salaires, il y’avait eu beaucoup de
retard de paiement de personnels surtout ceux qui étaient en arrêt temporaire de travail
(chômage partiel et/ou technique) ».
L’IRIDAN 3T utilise plusieurs moyens pour se financer, la crise n’a pas eu beaucoup
d’impact sur leur mode de financement. « On utilise des modes de financements externes
comme internes. Avec la crise et les mécanismes de garanties exceptionnels mis en place
par le gouvernement nous avons pu bénéficier de certaines mesures d’aide et de
financement ».
c) Mesures de l’Etat pour aider les entreprises
Les salariés de la société IRIDAN 3T ont bénéficié des mesures de l’Etat, ainsi que la
société d’un crédit bancaire garantie par la Caisse Centrale de Garantie (CCG). La
Directrice des Ressources Humaines, « Nous avons bénéficié de deux mesures » :
 « Les programmes de redistribution de revenus entrepris par l’Etat pour aider
les salariés impactés par la crise de coronavirus covid-19 ;
 les programmes exceptionnels de garantie mis en place par la Caisse Centrale de
Garantie CCG, pour atténuer les effets négatifs induits par la crise. Nous avons
pu bénéficier ainsi d’un crédit bancaire garanti par l’Etat marocain ».

75
Notre interviewée pense que le gouvernement s’est donné les moyens nécessaires pour
réduire les conséquences pénibles et lourdes provoquées par la crise de coronavirus et
que quelques soit les efforts de gouvernement il ne peut jamais arriver à satisfaire tout le
monde. « Le gouvernement a fait de son mieux, il y a plusieurs mesures qui ont été
entreprises depuis le début de la pandémie jusqu’à la sortie de confinement, plusieurs
mécanismes de garantie ont été mis en places pour atténuer les effets de la crise pendant
le confinement « Damane Oxygène », et après le confinement des nouvelles garanties
ont été mises en place pour soutenir la reprise économique « Damane Relance » et
« Relance TPE ». Mais les besoins de trésorerie des entreprises sont nombreux pour les
charges de l’exploitation. Le gouvernement n’a pas les moyennes pour satisfaire les
besoins de toutes les entreprises en difficulté, même pour les entreprises qui ont bénéficié
des crédits garantis par la CCG, les montants sont insuffisant pour couvrir la totalité
des dépenses courantes ».
d) Problèmes généraux entravant l’émergence des PME
Elle pense que pour réussir la reprise économique après la crise de covid-19 plusieurs
efforts doivent être déployés. « L’économie marocaine a beaucoup souffert des effets
négatifs de la crise. Pour réussir la reprise économique il faut améliorer plusieurs points
de l’économie, faciliter la mise en place des nouveaux outils de communication et de
gestions des entreprises, sécuriser les emplois officiels et accélérer le processus de
réforme de la protection sociale ».
Son avis est partagé quant aux problèmes qui freinent le développement des entreprises
marocaines. « Je pense que ça dépend de chaque entreprise. D’une part, il y a des
entreprises qui emploient des personnes non qualifiées qui sont sans compétence, pour
ces entreprises cela est un grand problème pour leur développement. D’autre part, les
problèmes de financement, les banques sont beaucoup trop méfiant pour donner des
crédits aux entreprises surtout quand elles sont en difficulté. Cela conduit parfois à la
disparition de certaines entreprises ou bien pour d’autres entreprises d’abandonner
leurs projets d’investissement pour cause de manque de financement ».
2.2.3. Les autres entreprises anonymes
Les quatre autres entreprises ont vécu la crise chacune de sa manière, parmi elles
d’autres ont vu l’arrêt complet de leur activités, d’autres ce sont focalisées sur les
nouvelles méthodes de travail pour poursuivre leurs activités tandis que d’autres n’ont
pu se concentré que sur une de leurs activités principales.
a) Impact de la crise sur l’activité des entreprises anonymes
Gama a vu l’arrêt complet de l’une de ses activités phares. « Nous avons deux activités
principales : agroalimentaires et aménagement des champs agricoles.
L’agroalimentaire a très peu ou pas subi les conséquences de la crise de la covid-19

76
mais la seconde a été arrêtée complétement durant le confinement et peine toujours à se
redémarrer ».
L’entreprise Alpha dit avoir pu continuer son exploitation grâce aux nouvelles méthodes
de travail. « Nous n’avons pas complétement arrêté notre activité, nous avons continué
de travailler avec plusieurs ajustement que nous avons dû apporter mais surtout grâce
au télétravail ».
b) Les problèmes financiers induits par la crise
Les trois entreprises n’avaient pas de problèmes financiers avant la crise mais avec la
diminution de leurs activités, les quatre entreprises ont vu leur CA diminué de 20% à
50% par rapport à l’année 2019. Pour Beta les conséquences ont été très lourdes. « Avec
la diminution d’environ 50% de notre activité par rapport au 2019, notre CA a baissé
d’environ 40% comparé au CA de l’année 2019, on a pas traversé beaucoup de problème
de trésorerie mais nous avons dû ramener à la baisse nos projets d’investissement ».
Parmi les quatre entreprises une seule entreprise fait recours aux capitaux étrangers, le
financement bancaire, les trois autres se financent par les apports des associés, c’est-à-
dire les comptes courant des associés (CCA).
L’entreprise Alpha, « Nous sommes un groupe nous ne faisons pas appel aux
financements externe quand une entreprise est en difficulté de financement c’est le
groupe qui finance par des apports des associés, les comptes courants des associés ».
Pour Beta, « Avant comme pendant la crise, nous avons pas changé de mode de
financement, notre société s’est toujours financée grâce à ses associés, qui ont toujours
apporté les capitaux nécessaires pour financer nos projets ».
L’entreprise Epsilon a répondu que « Notre mode de financement est le compte courant
des associés(CCA) avant et pendant la crise ».
c) Les mesures de l’Etat pour aider les entreprises
Pour les mesures de soutien de subvention et de financement mises en place par le
gouvernement marocain aucune de ces quatre entreprises n’ont pu en bénéficier. Toutes
les quatre entreprises ont donné presque la même réponse, « on n’a pas bénéficié ni des
mesures de subvention ni de financement bancaires des crédits garanties par l’Etat ».
Les trois entreprises pensent que les mesures de financement bancaire mise en place sur
les décisions du Comité de Veille Economique (CVE) dans le cadre la lutte contre les
effets néfastes induits par la crise de covid-19 ne sont pas suffisantes et que beaucoup de
demande ont été rejetées parfois sans donner les motifs du rejet des dossiers de demande
ou bien les crédits accordés prennent beaucoup de temps avant d’être percevoir. Seule
une seule entreprise parmi les trois a un avis positif sur les efforts déployés par le
gouvernement pour aider les entreprises impactées par la crise de coronavirus covid-19

77
à surmonter les retombées de la crise sur leur activité, elle aussi pense que le
gouvernement pouvait avoir un meilleur jeu par rapport à ce qu’il a fait.
d) Problèmes généraux entravant l’émergence des PME
S’agissant des freins qui empêchent les entreprises marocaines de s’émerger vers des
entreprises de taille intermédiaire ou bien des grandes entreprises les avis se convergent
vers les mêmes problématiques. Selon l’entreprise Epsilon, « Les plus grands problèmes
rencontrés par les entreprises surtout de petite taille sont des problèmes d’accès au
financement, mais les problèmes de gestions ne peuvent pas aussi être exclus ».
2.3. Le secteur bancaire
La crise de covid-19 constitue un défi majeur pour les institutions financières, le
bouleversement économique occasionné par la crise s’est caractérisé par un isolement
social et commercial. Les banques sont devenues aujourd’hui l’armature de l’économie
nationale, elles sont l’espoir de plusieurs entreprises pour pouvoir survivre et celui de
l’état pour sauver une crise économique sans précédente. Le secteur bancaire est plus
que condamné à agir pour l’avenir, tout en restant vigilent et éviter le laxisme extrême.
2.3.1. L’impact de la crise sur le secteur bancaire
Un vent de frisson plane sur le secteur bancaire, qui se retrouve face à une situation sans
précédente, les banques sont en effet contraignent d’abandonner le marketing
traditionnel et d’avoir une communication plus rassurante, dans une période caractérisé
par la peur de tomber malade, de perdre son emploi, d’arrêt de son travail, peur du
changement ou de l’avenir. L’industrie bancaire doit faire aujourd’hui une preuve d’un
grand sens d’écoute d’empathie et de compassion et s’attendre à des changements dans
le modèle commercial bancaire avec la nécessité de la digitalisation accélérée. Tous les
secteurs sont touchés par la crise et le secteur bancaire ne fait pas l’exception, ses effets
se manifestent à plusieurs niveaux :
2.3.1.1. Accélération du processus de digitalisation :
Avec la crise sanitaire, pour limiter les contacts, l’OMS a encouragé le paiement sans
contact. Certains clients hésitent à utiliser les distributeurs automatiques des billets de
peur d’attraper le virus. Le désir des consommateurs pour les services bancaires
numériques, ainsi que les paiements électroniques sans contact augmenteront très
probablement même après la crise. Le Maroc s’est bien lancé dans ce processus de
digitalisation, avec la publication par la banque Al Maghrib au début du mois de juin
2021, un guide de paiement dédié au paiement mobile appelé « M-wallet » qui permet :
- Des transferts de personnes à personnes par simple saisie de numéro du téléphone du
destinataire ;
- Des paiements sans frais auprès des commerçants acceptants, que l’on peut
reconnaitre grâce à la mention « MarocPay » affichée ;
- Des paiements de factures d’eaux et d’électricité/vignette/impôt/téléphone, etc. ;
- Effectuer des recharges téléphoniques ;

78
- Des retraits aux niveaux des agences des établissements bancaires ou aux niveaux
des guichets automatiques des banques.
2.3.1.2. Baisse de nombres des agences
Bien avant le coronavirus, un rapport sur la supervision bancaire au Maroc, a indiqué
que l’ouverture des agences bancaires continue de ralentir. Avec le processus de
digitalisation, cette tendance va continuer dans ce sens ;
2.3.1.3. Le risque des créances en souffrance
pour permettre aux entreprises de faire face à leurs problèmes financiers induits par la
crise et surtout de faire faces aux dépenses courantes, le gouvernement a pris plusieurs
mesures de garantie de crédit pour que les banques continuent de prêter aux entreprises.
Les banques sont aujourd’hui exposées aux faillites de plusieurs entreprises clientes ou
bien d’incapacité de remboursement de la part de certaines entreprises. « Avec l’arrivé
de la crise l’Etat a mis en place plusieurs produits bancaires afin de protéger et sauver
les entreprises. Il s’agit du programme « Intelaka » avant la covid-19 pour promouvoir
l’entrepreneuriat des jeunes et jeunes entreprises, après, avec l’apparition de la
pandémie, des nouveaux produits sont apparu comme les crédits oxygènes et crédit
relance, de notre niveau, nos clients ont bénéficié de ces crédits pour assurer les
dépenses d’exploitation et de trésorerie. L’Etat s’est intervenu avec la CCG comme
acteur principale pour garantir les crédits ».
L’augmentation des crédits octroyés par les banques aux entreprises et aux particuliers
avec les nouveaux produits et l’incertitude de l’avenir accroit les risques bancaires.
« Effectivement tous crédit est synonyme de risque, c’est la règle des risques, mais vu la
crise financière avec les nouveaux crédits Oxygènes et Relance, le taux de risque est
encore plus élevé sur tout que la crise continue de sévir. Pour diminuer les risques les
banques ont proposé au niveau du crédit Oxygène, les entreprises qui n’arrivent pas à
honorer leurs engagements au 31 Décembre 2020 (qui fut la dernière échéance pour les
crédits Oxygènes) peuvent transformer ou convertir leurs dettes à des emprunts à court
terme, amortissable sur un nombre d’années choisies par l’entreprise. C’était une issue
pour diminuer les risques, et la majorité des entreprises ont choisi cette option de
convertir leur crédit et les amortir sur plusieurs années. La conversion et transformation
des crédits Oxygènes ont été valables pour toutes les entreprises sans conditions
préalables. Ce mécanisme rentre dans l’esprit d’intervention de l’Etat de subventionner
les banques pour ne pas mettre la pression sur les entreprises ».
2.3.2. Le rôle et la contribution des banques dans le financement des entreprises
et la relance économique.
Le cycle économique actuel, avec l’incertitude grandissante et les mouvements de hauts
et de bas que connait l’économie nationale n’est clairement pas favorable au secteur
bancaire. A cela viennent s’ajouter les critiques et les accusations qui pleuvent au
quotidienne sur les toits du secteur bancaire, même la banque centrale n’est pas épargnée.
Le secteur bancaire avait été considéré comme l’abonné absent pendant le confinement
avec les crédits Oxygène, et est encore sur le banc des accusés dans la mise en œuvre du

79
programme Intelaka sensé donné un nouveau souffle à l’économie marocaine. Certes son
dynamisme a été freiné par la pandémie mais la reprise n’est pas au rendez-vous. Le
Président de la Confédération des TPME A. El Fergui, soulève plusieurs freins et abus
pour la redynamisation du programme Intelaka pour la relance économique, notamment
du secteur bancaire qui entraverait la réussite de ce chantier lancé par SM le Roi
Mohammed VI qui vise à donner une forte impulsion de financement bancaire des auto-
entrepreneurs, TPE et Petites Entreprises Exportatrices (PEE). « Nous avons relevé des
retards conséquents du blocage des fonds notamment pour les dossiers approuvés par
la banque (contrat signé) qui dépassent, des fois, plus de 4 mois. Ce qui n’est pas sans
conséquence sur la pérennité du projet », A El Fergui.
Mr. A El Fergui ne s’est pas arrêté sur ce point, il dit, je cite « nous avons relevé plusieurs
cas de dossiers dont les contrats ont été signés par la banques mais qui n’ont pas été
adressés à la CCG pour traitement et déblocage de fonds. Nous dénonçons les
agissements des banques qui outrepassent leur champs d’intervention défini clairement
par le programme Intelaka ». Il va encore plus loin en martelant que « les banques
participeront à l’échec du programme si cette procrastination continue ». Le Président
de la Confédération TPME dénonce également le silence de la Bank Al Maghrib face à
de tels agissements. « Les victimes de ces agissements saisissent aussi bien Bank Al
Maghrib que la CCG pour dénoncer les faits. Sauf que seule la CCG réagit aux
réclamations pour tenter de débloquer la situation ».
Avec nos interviews nous avons essayé d’approcher deux Directeurs d’agence bancaire
pour trouver des éclaircissements sur les différents points d’incompréhension soulevés
ci-dessus. Comme nous le disons en langue locale « Haray si kanou kala koyo fatara ».
On ne peut pas se fier au seul chant d’un coq et conclure qu’il possède la meilleure voix
par apport à un autre. « Je comprends A. El Fergui il est le président, il doit défendre
les entreprise, mais le programme Intelaka c’est un programme qui est très ambitieux
qui a tous les soutiens de SM le Roi Mohammed VI, le secteur bancaire aussi adhère à
ce programme à 100%, mais il y a des conditions auxquelles doivent répondre les
entreprises ou bien le porteur du projet. Parfois nous recevons des clients ou des projets
qui ont beaucoup de défaillances, qui ne répondent pas aux exigences ou ne sont pas à
la hauteur, et d’autres qui ne sont pas rentables nous avons notre conception des choses,
nous ne pouvons pas financer tous les projets. Même Mr. A. El Fergui, j’ai bien aimé
qu’il nous donne un taux de refus pour minimiser les risques. Avant de donner le crédit
il nous faut savoir qui est le porteur du projet, est-il instruit, le projet est-il valable et
rentable, plusieurs critères. On ne peut pas donner du crédit à tout le monde mais je
pense que c’est une réussite et on continue toujours d’accorder des crédit dans le cadre
du programme Intelaka ». On comprend ici que de leur côté les banques n’ont ménagé
ni épargné aucun effort pour traiter les dossiers et financer les entreprises qui le méritent
et qui répondent aux exigences préétablies. Même pour les retards dans le déblocage des
fonds, il nous explique qu’ils sont dus à plusieurs facteurs qui dépendent de la banque
mais aussi de la CCG qui intervient dans le processus de déblocage :

80
 « Le nombre élevé des demandes de crédits et le traitement des dossiers ;
 L’aval de la CCG, c’est-à-dire sa réponse, son accord et sa validation de garantir le
projet, sinon la banque ne peut pas débloquer le crédit ».
Pour accompagner la reprise économique le secteur bancaire est engagé et déterminé
pour remonter la pente, en mettant en œuvre leur expertise et leur expérience pour le
retour à la situation ante. Les banques sont disponibles pour orienter les clients vers les
domaines porteurs de rentabilité, sur des investissements stratégiques et convaincants,
mais aussi de proposer de temps en temps des produits qui accompagnent, qui sont
adoptés et concordent au climat et à l’environnement économique actuel. « Il faut un
suivi régulier des indicateurs économique et des clients » il nous relève 5 point
importants pour accompagner la reprise économique et le retour la situation initiale :
 Etre disponible en cas de proposition ou orientation de l’Etat vers des nouveaux
produits ou sur des nouveaux champs, mais aussi d’accompagner à chaque fois qu’il
s’agisse d’une initiative d’un grand acteur de l’économie national.
 Suivre et Accompagner les clients
 Orienter les clients
 Conseiller les clients ;
 Proposer aux clients des produits en prenant en compte le contexte économique
actuel ;
La pandémie de covid-19 a affecté les entreprises comme les banques, le gouvernement
s’est appuyé sur les banques pour sauver les entreprises des effets négatifs de la crise.
Un certain nombre de crédits ont été accordés aux entreprises répondantes aux exigences
et aux conditions préétablies par les banques et certaines institutions publiques. Les
banques doivent certes doubler d’efforts sans se lancer dans un laxisme extrême ou une
situation d’euphorie bancaire.

81
Section III : Interprétation et discussion des résultats
Cette étude exploratoire sur le financement des PME marocaines pendant la crise
de coronavirus covid-19 a pour but de confronter la réalité vécue au sein des entreprises
qui ont accepté de participer à notre étude et de répondre à nos questions et aux
différentes hypothèses inspirées de travaux de divers auteurs. En s’attachant tout
particulièrement aux problématiques de financement pendant la crise de covid-19, cette
recherche s’est intéressée aux différents travaux du Comité de Veille Economique qui a
été créé pour éclairer les mesures à prendre pour amortir les effets négatifs de la crise
ainsi qu’aux différentes études menées par le Haut-Commissariat au plan pour mesurer
les répercussions de la crise sur les ménages et les entreprises marocaines.
Après que nous avons exposé les résultats de notre étude dans la section
précédente, dans la section présente, nous allons passer à des interprétations et des
discutions des réponses que nous avions collectées aux niveaux des différentes
entreprises. Sous forme d’entrevues semi-dirigées auprès de six entreprises, notre étude
nous a permis de dégager les constatations suivantes :
3.1. L’impact de la crise sur l’activité des entreprises interviewées
Toutes les entreprises interviewées ont qualifié la situation amenée par la crise de
coronavirus comme un état de crise loin d’être qu’une simple crise sanitaire qui a touché
les quatre coins du monde et causait une récession économique plus que déplorable. En
effet, et en dépit que bon nombres des entreprises ont continué leurs activités ou une
partie de leurs activités pendant la période de la crise de la covid-19. On peut constater
une baisse non négligeable de leurs activités ainsi que dans leurs chiffres d’affaires allant
de 20% à 50%. Une seule entreprise fait exception, la société IRIDAN 3T qui a enregistré
une croissance positive de son chiffre d’affaire malgré la crise.
A travers les réponses des six entreprises interviewées on peut voir que le niveau
d’impact de la pandémie de la covid-19 dépend largement du secteur et des types
d’activités exercées par chaque entreprise. Par exemple les entreprises de
télécommunication ou bien spécialisées dans des activités agricoles et de
l’agroalimentaire n’ont pas été impactées au même degré que les entreprises spécialistes
de l’industrie automobile ou du tourisme.
Pour d’autres secteurs d’activité, l’impact de la crise s’est fait ressentir pendant la
première et la deuxième période de confinement à cause de l’arrêt temporaire de leurs
activité au début du confinement (IRIDAN 3T et la société Beta) et le travail partiel, et
dès la levé du confinement leurs activités ont rapidement repris.
Aussi la crise a contraint trois de nos entreprises interviewées à revoir leurs
méthodes de gestion. Le respect des instructions sanitaires de distanciation physique et
la limitation de nombre de personnes dans les pièces ont eu un impact important dans le

82
management de personnel, d’autres agents pensaient côtoyer des inconnues, pourtant, il
s’agit des mêmes collaborateurs avec lesquels ils travaillaient depuis plusieurs années.
Les quatre entreprises de notre échantillon ont mentionné les retombées de la
pandémie sur les différents outils managériaux tels que l’utilisation des nouvelles
technologies de l’information et de communication (l’adoption du télétravail), les
manières d’aborder et d’interagir avec les parties prenantes et font le constat de la
nécessité d’un effet accéléré des processus de dématérialisation et de digitalisation de
méthodes de gestion et des transactions interentreprises.
Tableau 10 : impact de covid-19 par entreprises interviewées

Arrêt définitif pendant le confinement 1 1 2


Arrêt temporaire 1 3 4
Arrêt au début du confinement 6 6
Les nouvelles Technologies de I et C 1 3 4
Travail partiel/chômage technique 2 3 5
Changement de méthode de gestion 1 3 4
Abandon d'une branche d'activité 1 1
Source : nous même

Figure 14 : impact de covid-19 par entreprises interviewées

L'IPACT DE COVID-19 PAR ENTREPRISES INTERVIEWÉES


Arrêt definitif pendant le confinement Arrêt temporaire Arrêt au début du confienement

Les nouvelles T echnologies de I et C Travail partiel/chômage technique Changement de méthode de gestion

Abandon d'une branhe d'activité

6 6 5
4
3 4
3
3 4
2 1 1
3 1
1 Abandon d'une branhe d'activité
2
1 Travail partiel/chômage technique
1 1
Arrêt au début du confienement
Arrêt definitif pendant le…

Source : nous même


Ces faits confirmes que les entreprises sous notre étude, quelques soient leur taille
ou leur secteur d’activité ont été touchées d’une manière ou d’une autre par les effets
négatifs induits par la crise de coronavirus covid-19.

83
3.2. Les problèmes financiers induits par la crise de covid-19
Les problèmes financiers qu’ont affrontés nos entreprises viennent surtout de la
baisse d’activités et du Chiffre d’affaires. Certaines entreprises on peut compter sur les
aides du gouvernement (subventions, aides aux salariés, crédits garantis…) pour financer
leurs dépenses les plus courantes ou une partie de leur activité. Pour quatre des six
sociétés, les premiers problèmes rencontrés ont été financiers et surtout dans le paiement
des salaires mais encore plus la rémunération des salariés en arrêt temporaire de travail.
Pendant cette crise les entreprises ont beaucoup plus compté sur leur capacité de
financement, ainsi une seule entreprise a fait recours à un emprunt bancaire. Les trois
autres entreprises qui sont constituées par des groupes d’entreprises ont pu compter sur
la solidarité de leur groupe pour financer les entreprises les plus en besoin de
financement. D’autres entreprises (deux, 2) ont adopté des mesures de gestion
rationnelles des dépenses ou de renonciation de distribution de résultat pour assurer la
continuité de leur exploitation. Aucunes des entreprises de notre études n’a fait recours
à des nouveaux modes de financement autres qu’avant la crise
Selon les résultats de notre étude on peut constater que seule deux des hypothèses sont
vérifiées. Les entreprises, en majorité ont augmenté le compte courant d’associés pour
leur financement. Notre étude nous a montré que pendant la crise l’accès au financement
externe est beaucoup plus difficile qu’en temps normal. Ce phénomène peut être
expliquée par la méfiance des investisseurs à investir dans des nouveaux business, ils ont
souvent tendance, pendant une crise de ne financer et/ou soutenir en priorisant que les
entreprises qu’ils ont déjà financé avec lesquelles ils ont des engagements anciens. Il
peut aussi être expliqué par la frilosité des banques pour accorder des crédits pendant
une crise, les risques de faillite des entreprises emprunteuses ou de leur déchéance
poussent les banques à ne donner de crédits qu’aux entreprises solvables ou avec
lesquelles elles ont développées des relations de clientèles très fortes. Rappel des
hypothèses :
- « La crise a contraint les PME à des restructurations organisationnelles et à la
recherche d’autres moyens de financement qu’en temps normal ;
- Le financement interne constitue la source de financement la plus accessible mais
aussi la plus utilisée par les entreprises pendant la crise ;
- Le financement bancaire est accessible aux PME pendant la crise.
- En amont les PME ne prévoient pas de stratégie pour contrecarrer les crises.
- L’écosystème marocain est réactif et permet ainsi aux PME de s’adapter rapidement
pendant ces crises ».

84
Tableau 11 : Problèmes financiers induits par la crise par entreprises interrogées

Premier impact sur la finance 1 4 5


Problème de trésorerie au début 5 5
Problème financiers pendant la crise 6 6
Recours au financement externe 1 1
Solidarité de groupe pour se financer 1 2 3
Gestions rationnelle des dépenses 1 1 2
financement par compte courant des A 2 1 3
Source : nous même
Figure 15 : Problèmes financiers induits par la crise par entreprises interrogées

PROBLÈME FINANCIERS PROVOQUÉS PAR LA CRIES


Premier impact sur la finance Problème de trésorérie au début Problème financiers pendant la crise
Recours au financement externe Solidarité de groupe pour se financer Gestions rationnelle des dépenses
financement par compte courant des A

6 6

5 5 3
5
2 3
4 2
2 1
1 1
1
1 1 financement par compte courant…
1 Solidarité de groupe pour se financer
Problème financiers pendant la crise
Premier impact sur la finance

Source : nous même


Les problèmes financiers ont touché toutes les entreprises de notre échantillon
minimum qu’il soit. Cependant certaines de ces entreprises ont très vite redressé leur
activité, la reprise progressive les a permis de surmonter certaines difficultés financières
et d’éviter le pire.
3.3. Les mesures de l’Etat pour aider les entreprises
Le gouvernement marocain n’a pas attendu longtemps pour réagir face à la crise,
des mesures fortes ont été prises dès le début de la crise afin d’atténuer les effets d’une
crise économique inédite. Une importante campagne de collecte de fond a été menée, ce
qui a permis de mettre en place plusieurs mesures pour aider les entreprises à préserver
les emplois et atténuer l’impact social de la pandémie.
Cependant la majeur partie (quatre sur six) de nos interviewées n’ont pas d’avis
positif sur les mesures mises en place. En effet deux de ces entreprises ont bénéficié de
l’aide étatique, la première a bénéficié d’une subvention pour compensation et la seconde

85
d’un crédit garanti par la CCG et des aides aux salariés. Malgré que les mesures soient
d’une importante capitale pour certaines entreprises n’empêchent qu’elles pensent à
l’unanimité que le gouvernement peut encore mieux faire pour aider les entreprises
surtout les TPE et les PME afin qu’il puisse pleinement jouer son rôle de régulateur de
l’économie.
Tableau 12 : Appréciation des mesures de soutien par les entreprises sous notre étude

L'Etat peut avoir un meilleur jeu 6 6


Louanger les mesures de l'Etat 1 1 2
Mesures insuffisantes 1 2 3
Bénéficiaires des mesures étatiques 2 2
Aider les structures vulnérables (TPME) 6 6
Baisser les charges fiscales pendant la crise 2 1 3
Source : nous même
Figure 16 : Appréciation des mesures gouvernementales par les entreprises sous notre étude

LES MESURES DU GOUVERNEMENT


L'Etat peut avoir un meilleur jeu Louanger les mesures de l'Etat
Mesures insuffisantes Bénéficiaires des mesures étatique
Aider les structures vulnérables (TPME) Baisser les charges fiscales pendant la crise
6 6

6 6 3
2
31
2 2
2
2
1
1 1 Aider les structures vulnérables (TPME)
Mesures insuffisantes
L'Etat peut avoir un meilleur jeu

Source : nous même


Quoique les mesures entreprises par le gouvernement soient louables, l’Etat ne
pourrait jamais se donner les moyens nécessaires pour satisfaire toutes les entreprises
impactées par la crise, car plusieurs entreprises avaient des problèmes bien avant la crise.
‘‘La crise n’est que l’arbre qui cache la forêt’’.
3.4. Problèmes généraux entravant le développement des TPME
Les entreprises sont de plus en plus conscientes de leur responsabilité sociétale et des
conséquences de la dégradation de l’environnement, elles acquièrent des cultures de
développement durable. Yura corporation morocco : « Si l’on veut que la reprise
économique au sortir de la crise du COVID-19 soit durable et résiliente, il importe
d’éviter les erreurs du passé et ne pas repartir sur des schémas d’investissement et des

86
activités qui détruisent l’environnement, améliorer les services de santé essentiels, mis
en place des mesures pour protéger les emplois, soutenir les petites et moyennes
entreprises et les travailleurs du secteur informel grâce à des programmes de relance
économique ».
Depuis toujours la problématique de financement a été au centre des problèmes
évoqués qui empêchent aux PME de franchir le cap des petites structures vulnérables et
atteindre la taille des grandes entreprises. Trois obstacles majeurs ont été relevés par les
entreprises concernées par notre étude il s’agit entre autres des manques des capitaux et
surtout l’incapacité de financer les besoins accrus de trésorerie au cours de chaque phase
d’expansion ce qui conduit souvent à l’abandon de plusieurs projets. Les deux dernières
barrières sont respectivement les problèmes structurels et de gestion. Les PME
marocaines sont souvent des entreprises familiales cloitrées sur elles-mêmes,
caractérisées par des systèmes de gestion entrepreneuriale dont souvent on ne fait pas la
différence entre les ressources de l’entrepreneur et celles de l’entreprise.
Tableau 13 : problèmes généraux freinant le développement des entreprises selon notre échantillon

Problème de financement comme obstacle


premier au développement des PME 1 4 5
Programme de protection des emplois 3 2 5
Soutenir les PME et l'économie parallèle 2 3 5
Repenser la vie et la communication 6 6
Plan de formation de personnel 1 1 1 3
problèmes structurels et de gestion 1 2 3
Promouvoir le processus de digitalisation 6 6
Source : nous même

87
Figure 17 : problèmes généraux freinant le développement des entreprises selon notre échantillon

PROBLÈMES ENTRAVANT LE DÉVELOPPEMENT DES PME


Problème de financement comme obstacle premier Programme de protection des emplois
Soutenir les PME et l'économie parallèle Repenser la vie et la communication
Plan de formation de personnel problèmes structurels et de gestion
Promouvoir le processus de digitalisation
6 6

6 6

5
5 3
5 3
2
4 3
3 1
2 1 1 1
2 Promouvoir le processus de digitalisation
Plan de formation de personnel
1
Soutenir les PME et l'économie parallèle
Problème de financement comme…

Source : nous même

Conclusion du chapitre III


Durant cette étude, nous avons constaté deux étapes importantes dans les actions
de limitation des séquelles et les traumatismes de la crise. Une première étape à court
terme, voir immédiate, a été activée dés au début de la crise pour permettre de cerner les
dommages financiers et sociaux. Toutes les entreprises ont arrêté à leur façon de
nouvelles politiques (formation de personnel, chômage technique, désinvestissement,
limitation des achats) pour contrecarrer la crise. Le manque de visibilité sur la sortie
éventuelle de la crise, a fait installer une période d’austérité au sein de chaque société.
La deuxième étape est une phase de compréhension et de réflexion menée sur le long
terme. Diverses équations à résoudre ont été mises à l’ordre du jour pour reprendre et
poursuivre le développement de chaque entreprise : l’amélioration de communication
interne, plan de formation de personnel sur l’utilisation des nouvelles technologies de
l’information et de communication, la maitrise de la gestion avec des expertises
régulières etc. Toutes les entreprises sont unanimes sur la nécessité des processus de
dématérialisation et de digitalisation, pour repenser le travail et la communication au sein
des entreprises.

- Les limites de l’étude


Il est important pour nous à la fin de cette étude de cas qui vient d’être exposé, de
confirmer un certain nombre de limites endogènes et exogènes :
La première limite est externe et se situe au niveau de l’échantillon. Malgré de
nombreuses sollicitations auprès des entreprises, peu ont été encline de participer à notre

88
étude. Aussi parmi les participantes d’autres ont hésité ou décliné de répondre à d’autres
questions, en dépit des promesses de garder leur anonymité. Ces informations sont
considérées comme top secret par nos répondantes.
La seconde limite de l’étude prend son origine de notre personne elle-même. Il
s’agit principalement de notre inexpérience en matière d’étude exploratoire avec une
approche qualitative. En effet, il s’agit pour nous d’une première expérience de collecte
d’information en utilisant une technique d’interview libre combinée à une technique
d’entretien semi-dirigé avec un guide d’entretien.

- Pistes de recherches futures


L’objectif de ce mémoire a été de mettre en évidence les problèmes financiers
rencontrés par les PME marocaines pendant la crise de coronavirus puis de voir comment
le gouvernement a réagi pour aider cette partie la plus importante du tissu économique
marocaine. Il est aujourd’hui encore trop tôt pour cerner les conséquences réelles de la
crise. On parle depuis des mois de la reprise économique, mais la réalité est tout autre
sur le terrain, on constate en effet, plusieurs contraintes dans cette reprise, les cafés et les
restaurants viennent de sortir dans un mois complet d’inactivité pendant le mois de
Ramadan et jusqu’à maintenant les entreprises vivent sous le couvre-feu.
Par conséquent plusieurs pistes de recherche peuvent être suggérées : la première
est de continuer les recherches sur le même sujet sur un échantillon élargie et plus
représentatif jusqu’à la sortie complète de la crise afin de mesurer les traumatismes
réelles de la crise. La seconde pourrait être constituée d’études de cas sur les
conséquences économiques et sociaux au sein des entreprises marocaines pour éclairer
les mesures à prendre. Une autre piste pourrait s’orienter vers les défaillances révélées
par la crise et les besoins en équipement et en outil pour faire face aux éventuelles crises.
Et en fin des recherches pourraient être menées sur les divers aides et les mécanismes de
garanties mis en place par le gouvernement.
Il ne s’agit ici que de quelques pistes que nous avons eu à aborder dans ce
mémoire. Les PME sont un vivier important pour les économies intermédiaires dont le
Maroc. Elles nécessitent et susciteront longtemps les efforts combinés de tous les
acteurs : les pouvoirs publics et surtout les chercheurs en économies et en gestion.

89
Conclusion générale
La crise de covid-19 a pesé lourd sur l’économie mondiale et le Maroc ne fait pas
exception, tous les secteurs de l’économie ont été touchés, d’autres secteurs comme le
tourisme ou l’industrie ont montré très vite des signes de vulnérabilité dès au début de la
crise. Pour faire face à cette situation inédite, les réactions du gouvernement marocain
visant à enrayer les effets de la crise économique n’ont pas tardées à venir, des décisions
rapides et fermes ont été prises et suivies des actions concrètes avec la création du Comité
de Veille Economique pour guider les décisions à prendre face à la pandémie. Cela a
permis au Maroc d’être classé parmi les premiers pays à voir bien gérer la crise et à y
consacré plus de ressources financières par rapport au PIB.
En effet lors du discours Royal du 29 juillet 2020, Sa Majesté le Roi Mohammed
VI a mis l’accent sur la nécessité d’aider les secteurs les plus touchés par les fâcheuses
retombées de la crise « c’est pourquoi nous avons créé un fonds spécial pour faire face
aux répercussions sanitaires économiques et sociales de la pandémie ». Une partie de ce
fonds a été affecté à la Caisse Centrale de Garantie dans le but d’aider les entreprises.
Aussi dans son discours le souverain a évoqué la mise en place d’un plan de
relance économique pour le Maroc. Le Souverain a annoncé l’injection de 120 milliards
de Dhs, soit l’équivalent de 11% du PIB. « Il faut mobiliser tous les moyens disponibles
en terme de financement en vue d’accompagner les entreprises, essentiellement les
Petites et Moyennes Entreprises (PME) qui constituent le maillon central du tissu
économique national. Dans ce cadre environ 120 milliards de Dhs seront injectées dans
l’économie nationale. Ce taux inscrit le Maroc parmi les pays les plus audacieux en
matière de politique de relance économique post-crise »
A cet effet un fonds d’investissement stratégique (fonds Mohammed VI pour
investissement) a été créé, ce fonds permettra donc de jouer le rôle d’un premier plan
dans la promotion de la relance économique et le relèvement des capacités de l’économie
nationale. « Nous avons estimé qu’un fonds d’investissement stratégique devait être créé
pour remplir une mission d’appuis aux activités de production, d’accompagnement et de
financement des grands projets d’investissement public-privé, dans une diversité de
domaines ».
Ces fonds ont permis de mettre en place plusieurs mesures (des subventions de
secteurs ciblés, création de mécanismes de garantie, redistribution de revenu aux
ménages devenus sans moyens de subsistance…) pour permettre aux ménages et aux
entreprises impactées de résister à la crise. En 2020, rien que sur les produits Oxygène
et Relance, la Caisse Centrale de Garantie a distribué des engagements pour plus de 55
milliards de Dhs de crédits, garantissant des financements pour plus 66.000 entreprises.
Soit près du triple de l’activité d’une année normale.
Cependant, et en dépit des différentes initiatives entreprises par le gouvernement,
plusieurs opérateurs économiques estiment que ces mesures sont insuffisantes pour
assurer une relance vigoureuse et solide de l’économie en générale et particulièrement

90
pour l’économie industrielle. Ces craintes sont d’ailleurs partagées par les pouvoirs
publics, dont Sa majesté le Roi Mohammed VI « malgré ces mesures et en dépit de nos
efforts pour atténuer l’acuité de cette crise sanitaire, Je le dis en toute sincérité, les
incidences seront rudes ».
En 2021, les finances publiques devraient subir des pressions budgétaires énormes
dues aux différents engagements pris par l’Etat et surtout suite à la baisse des recettes
fiscales impactées principalement par des résultats très mitigés des entreprises du
Royaume. Les pressions budgétaires ont jusqu’à conduit à l’adoption d’un projet de loi
de finance rectificative. Il est à noter que depuis les années 1990 aucune loi rectificative
n’a été déposée.
L’étude de cas entreprise nous a permis de nous rapprocher du terrain et de
disposer d’une vision d’ensemble sur la crise de covid-19 mais aussi de comprendre ses
effets au sein des entreprises marocaines. Les informations que nous avons recueillies
nous a permis de nous faire des idées sur :
- L’impact de la crise sur les PME marocaines ;
- Les problèmes de financements entrainés par la crise ;
- Les différentes mesures mises en place par le gouvernement pour aider les
entreprises ;
- Les améliorations nécessaires pour réussir la reprise économique post-covid-19 ;
- Les problèmes généraux qui freinent le développement des PME.
La crise a pris à l’improviste et à dépourvu nos entreprises interviewées, aucune
de nos entreprises n’avait pas prévu un arrêt aussi brutal de ses activités ni ne dispose de
stratégie en amont pour affronter une crise d’une telle ampleur avec des conséquences
très fâcheuses. Mais dès au début de la pandémie elles ont très vite pris conscience de la
lourde épreuve à laquelle elles doivent se mesurer.
Pour éviter une faillite massive de l’entrepreneuriat marocain, beaucoup
d’entreprises marocaines ont trouvé refuge dans les mesures de soutien et les
mécanismes de garantie de l’Etat. Président de la CCG, « le Maroc a permis à son secteur
productif de traverser la crise. Ces injections d’argent ont permis de maintenir les
entreprises en vie. L’idée, c’est de faire de ces financements une sorte de compensation
de la baisse du CA et des pertes réalisées par les entreprises ». Selon les informations
que nous avons recueillies, pas moins d’un tiers (1/3) de nos entreprises sondées ont
bénéficié d’une mesure de soutien étatique.
La crise a permis d’élucider et de mettre en lumière les faiblesses structurelles de
l’économie marocaine. A savoir un marché de travail peu inclusif, l’hypertrophie de
l’économie parallèle et la dépendance de certains secteurs clés vis-à-vis de la demande
extérieure. D’un point de vue managérial, il s’agit principalement de l’inadéquation de
la formation au marché de travail qui exige de plus en plus de travailleurs qualifiés. Il
faut aussi souligner l’importance de la mise à niveau des outils de travail utilisés par les
entreprises marocaines. La pandémie a mis aussi à l’épreuve le fonctionnement

91
managérial des entreprises avec notamment les nouvelles méthodes de travail imposées
par la crise en l’occurrence le télétravail et le travail à distance.
C’est pourquoi, le gouvernement est appelé à mettre en place les moyens
nécessaire pour accompagner les entreprises à faire face aux nouvelles exigences de la
transition numérique mais aussi à travers une mise à niveau des dispositifs de formation
pour le développement du capital humain et l’amélioration de l’adéquation formation-
emploi.
La gestion de la pandémie de la covid-19 et la reprise post-crise représentent des
véritables défis pour tous les pays du monde. Les difficultés engendrées par la crise n’ont
épargné aucun secteur d’activité ni les ménages, et seront profonds, douloureux, durables
et en cascades. En dépit des mesures concrètes adoptées pour atténuer les conséquences
et à booster la reprise économique post-covid-19. L’Etat doit continuer à apporter des
réponses efficaces face à la crise, en intégrant des systèmes de suivi et d’évaluation
rigoureux au sein des politiques publiques pour éclairer la conception et l’efficacité des
programmes futurs. En somme le développement des mesures de soutien et surtout
d’accompagnement en permanence permet aux entreprises de ne pas vivre dans un
contexte de suspicion continue, d’instaurer et cultiver un lien de confiance face aux
éventuelles crises et de retrouver le goût de l’entrepreneuriat.

92
Table des matières
REMERCIEMENTS _________________________________________________________________ 1
Sommaire _________________________________________________________________________ 2
Sigles et abréviations________________________________________________________________ 3
Liste des figures ____________________________________________________________________ 4
Liste des tableaux __________________________________________________________________ 4
Résumé __________________________________________________________________________ 5
Introduction générale _______________________________________________________________ 1
I. Problématique de recherche ______________________________________________________ 2
II. Hypothèses____________________________________________________________________ 3
II. Délimitation du sujet ____________________________________________________________ 4
III. L’organisation et structure du mémoire ___________________________________________ 4
Chapitre I : Revu de la littérature ______________________________________________________ 5
Section I : généralité sur les crises ....................................................................................................... 6
1.1. Historiques............................................................................................................................ 6
1.1.1. Le « Jeudi noir » et la crise de 1929 ............................................................................. 6
1.1.2. Les crises contemporaines ............................................................................................ 6
1.2. Définition et typologie .......................................................................................................... 8
1.2.1. Définitions .................................................................................................................... 8
1.2.2. Typologies des crises financières ................................................................................. 9
1.3. Phénomène de contagion des crises.................................................................................... 11
1.3.1. Les modèles des crises financières ............................................................................. 12
1.3.2. Les phénomènes de transmission des crises financières............................................. 12
Section II : Le concept des PME ........................................................................................................ 15
2.1. Problématique de la définition des PME ............................................................................ 15
2.1.1. Les critères quantitatifs............................................................................................... 16
2.1.2. Les critères qualitatifs................................................................................................. 16
2.1.3. Différentes définitions dans le monde ........................................................................ 16
2.2. Rôle des PME dans les économies ..................................................................................... 18
2.2.1. Le poids des PME dans les économies internationales .............................................. 18
2.2.2. La proportion des PME dans la population totale des entreprises, dans l’économie
parallèle et parmi les entreprises détenues par les femmes ........................................................ 19
2.2.3. Les PME dans les pays en développement et en transition ........................................ 21
2.3. Les PME dans l’économie Marocaine ................................................................................ 22
2.3.1. Répartition des entreprises dans l’économie marocaine............................................. 23
2.4. Etat des lieux des PME au Maroc et à l’international ........................................................ 25
2.4.1. Développement et création d’emplois ........................................................................ 25
2.4.2. La contribution dans le PIB ........................................................................................ 25
Section III Le financement des PME.................................................................................................. 27
3.1. Importance de financement des PME ................................................................................. 27
3.1.1. Plusieurs raisons peuvent expliquer l’importance portée aux PME et à leur
financement nous pouvons citer entre autres :............................................................................ 28
3.1.2. Quelques pratiques exemplaires qu’ils convient à entreprendre pour aider les PME à
se développer .............................................................................................................................. 28
3.2. Les sources de financement destinées aux PME ................................................................ 29

93
3.2.1. Les déterminants d’accès au financement des PME ................................................... 29
3.2.2. Type de financements utilisés par les PME ................................................................ 29
3.3. Les contraintes de financement des PME ........................................................................... 32
3.3.1. Les contraintes de financement associées aux particularités des PME ..................... 32
3.3.2. Les contraintes de financement liées au système financier ........................................ 33
3.4. Les solutions proposées ...................................................................................................... 33
Conclusion du chapitre I..................................................................................................................... 34
Chapitre II L’écosystème marocain face à la pandémie de la covid-19, répercussions et réactions. _ 35
Section I : les répercussions de la pandémie sur l’économie marocaine ............................................ 36
1.1. Les retombées macro-économiques de la covid-19 ............................................................ 36
1.1.1. L’impact de la crise sur les différents secteurs économiques ..................................... 37
1.2. Difficultés financières des PME pendant la crise ............................................................... 40
1.2.1. Les éléments changeants pendant la pandémie dans le financement des PME .......... 40
1.2.2. Impact de la crise sur la trésorerie des PME marocaines ........................................... 42
1.2.3. Le coût de la prudence pour les banques marocaines ................................................. 43
1.3. La gestion de la crise dans les PME marocaines ................................................................ 43
1.3.1. Sensibilité des PME aux chocs macroéconomiques ................................................... 44
1.3.2. Retour d’expérience de quelques dirigeants sur la gestion de la crise dans les
entreprises................................................................................................................................... 44
1.3.3. Quelques défis de gestion dont font fassent les PME pendant la pandémie ............... 45
Section II : Les réactions de l’Etat marocain face à la pandémie de coronavirus .............................. 46
2.1. Mesures entreprises par le gouvernement marocain pour faire face à la crise de coronavirus
Covid-19 ......................................................................................................................................... 46
2.1.1. Création d’un numéro et un fonds de gestion de la pandémie de Coronavirus .......... 46
2.1.2. Accès aux services de santé et renforcement du dispositif médical. .......................... 47
2.1.3. Programme de soutien et de redistribution de revenu ................................................ 47
2.1.4. Programme de protection sociale ............................................................................... 48
2.2. Mesures entreprises pour soutenir et faciliter l’accès au financement des PME ................ 49
2.2.1. Report de certaines échéances fiscales pour les entreprises ....................................... 49
2.2.2. Projet d’investissement Imtiaz-technologies .............................................................. 50
2.2.3. La mise en place de la garantie exceptionnelle « DAMAE OXYGENE »................. 50
2.2.4. La garantie auto-entrepreneurs Covid-19 ................................................................... 51
2.2.5. Les mesures de soutien de la Bank Al Maghrib aux secteurs bancaire ...................... 52
2.2.6. Les mesures de soutien de la CCG au financement participatif ................................. 52
2.3. La flexibilité et la résilience organisationnelle des PME marocaines pendant la crise ...... 53
2.3.1. Faut-il attendre une crise pour être flexible ? ............................................................. 54
2.3.2. Comment réussir sa flexibilité .................................................................................... 54
2.3.3. Le rôle de l’Etat dans la flexibilité des entreprises marocaines pendant la crise de la
covid-19 55
Section III : Analyse de l’efficacité des mesures prises par les autorités pour amortir les effets de la
crise sur l’économie marocaine .......................................................................................................... 57
3.1. L’efficacité des mesures sur la viabilité économique ......................................................... 57
3.1.1. Le confinement strict .................................................................................................. 58
3.1.2. Les programmes de redistribution de revenu ............................................................. 59
3.2. La pertinence des mesures de soutien au niveau des PME ................................................. 60
3.2.1. Les programmes d’accès au financement ................................................................... 60
3.2.2. Le poids du mécanisme des garanties sur les banques ............................................... 61
3.3. Post covid-19 les perspectives d’une meilleure reprise ...................................................... 61
3.3.1. Programme de relance économique à la sortie du confinement ................................. 61

94
3.3.2. Le « pacte pour la réforme économique et l’emploi » ................................................ 62
3.3.3. Les projets de réformes de solidarité et de la protection sociale ............................... 63
Conclusion du chapitre II ................................................................................................................... 64
Chapitre III : Le cadre opératoire_____________________________________________________ 65
Section I : Approche et méthodologie de recherche ........................................................................... 66
1.1. La stratégie de recherche .................................................................................................... 66
1.1.1. Approche et méthodologie de recherche .................................................................... 66
1.1.2. Méthodes et techniques de recherche ......................................................................... 68
1.1.3. Analyse des données................................................................................................... 69
1.1.4. Fiabilité et validité ...................................................................................................... 69
Section II : Présentation et traitement des résultats ............................................................................ 71
2.1. Présentation des entreprises ................................................................................................ 72
2.1.1. YURA CORPORATION MOROCCO ...................................................................... 72
2.1.2. IRIDAN 3T................................................................................................................. 72
2.1.3. Les autres sociétés ...................................................................................................... 72
2.2. Présentation des résultats.................................................................................................... 72
2.2.1. YURA CORPORATION MOROCCO ...................................................................... 72
2.2.2. IRIDAN 3T................................................................................................................. 74
2.2.3. Les autres entreprises anonymes ................................................................................ 76
2.3. Le secteur bancaire ............................................................................................................. 78
2.3.1. L’impact de la crise sur le secteur bancaire ................................................................ 78
2.3.2. Le rôle et la contribution des banques dans le financement des entreprises et la
relance économique. ................................................................................................................... 79
Section III : Interprétation et discussion des résultats ........................................................................ 82
3.1. L’impact de la crise sur l’activité des entreprises interviewées ......................................... 82
3.2. Les problèmes financiers induits par la crise de covid-19.................................................. 84
3.3. Les mesures de l’Etat pour aider les entreprises................................................................. 85
3.4. Problèmes généraux entravant le développement des TPME............................................. 86
Conclusion du chapitre III .................................................................................................................. 88
- Les limites de l’étude ................................................................................................................. 88
- Pistes de recherches futures ........................................................................................................ 89
Conclusion générale ........................................................................................................................... 90
Table des matières _________________________________________________________________ 93
Bibliographie _____________________________________________________________________ 96
Annexe 1 : Schéma d’entrevue au niveau des entreprises ___________________________________ 99
Annexe 2 : guide d’entretient chez les banques___________________________________________ 99

95
Bibliographie
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2020
HCP et ONU FEMMES : « Analyse Genre de l’impact du coronavirus sur la situation économique,
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HCP : « Enquête sur l’impact du coronavirus sur la situation économique, sociale et psychologique
des ménages », Mai 2020
HCP : « Rapports Sociaux dans le contexte de la pandémie de Covid-19 », juillet 2020
HCP : « Répercussions de la pandémie Covid-19 sur la situation économique des ménages», juillet
2020
HCP : « Reprise d’activité des entreprises suite à la levée du confinement », 2ème enquête juillet 2020
HCP : « Approche de l’impact de la pandémie et des effets de son mode de gestion sur la croissance ».
Cette note a été inspirée d’un dispositif mis en place par l’école des politiques publiques de
l’Université d’Oxford destiné à évaluer les efforts entrepris par les Etats pour lutter contre la
propagation de la pandémie.
HCP : « Effets du Covid-19 sur l’activité des entreprises 3ème enquête », Janvier 2021
HCP : « Note d’information sur la situation économique nationale au quatrième trimestre », Mai 2020
HCP : « Principaux résultats de l’enquête de conjoncture sur les effets du covid-19 sur l’activité des
entreprises », Avril 2020
HCP : Système des Nations Unies au Maroc et la Banque Mondiale, « Impact social & économique
de la crise du Covid-19 au Maroc », Juillet 2020
L’impact du Covid-19 sur l’économie marocaine par Mohammed Taher Sbihi », Mai 2020
MEFRA & CCG (Crédit-Capital-Garantie) : « « Relance TPE » & « Damane Relance » pour
accompagner la reprise économique post-Covid-19 », Septembre 2020
MEFRA & CCG (Crédit-Capital-Garantie) : « Lancement de l’offre d’appui au financement des
banques et des fenêtres participatives, « SANAD TAMWIL » », Juin 2020
MEFRA : « Circulaire de M. le Ministre des Finances relative à l'accélération des paiements au profit
des entreprises (PME & TPE) » Mars 2020.
MEFRA : « Mise en place d’un Comité de Veille Economique pour le suivi des répercussions du
Corona Virus et l’identification des mesures d’accompagnement » Mars 2020.
MEFRA : « Discours de sa Majesté le Roi Mohammed VI, 45ème anniversaire de la marche verte »,
novembre 2020
MEFRA : « Discours de sa Majesté le Roi Mohammed VI, Fête du trône », 29 Juillet 2020.
MEFRA : « fonds d’investissement stratégique », Août 2020. Les détails dans le discours de SM le
Roi Mohammed VI du 9 octobre 2020
MEFRA : « le Fonds spécial pour la gestion de la pandémie du coronavirus » Mars 2020
MEFRA: « Avis N°14 du conseil national de la comptabilité, le 22 Mars 2021

96
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MEFRA: « la Garantie Auto-entrepreneurs Covid-19 », Avril 2020
MEFRA: « les travaux du Comité du Veille Economique », du Mars 2020 en Avril 2021
MEFRA: « projet de politique publique intégrée de la protection sociale 2020 – 2030 », Novembre
2019
MEFRA: « Report de certaines échéances fiscales pour les entreprises » Mars 2020
OMTPME, « Rapport Annuel 2018 », 2020. Observatoire Marocain de la Très Petite, Petite et
Moyenne Entreprise OMTPME est le fruit d'un partenariat en 2013 entre la banque centrale (Bank Al-
Maghrib), la CNSS, l’administration fiscale (DGI) et l'Office Marocain de la propriété industrielle et
commerciale (OMPIC),.

Ouvrage collectif
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Webographie
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Calaméo, Publier-Découvrir-Partager : https://fr.calameo.com
CARRN.INFO : https://www.cairn.info
Confédération Générale de Entreprises du Maroc : https://www.cgem.ma/fr/.
Confédération Marocaine de TPE-PME : https://www.tpe-pme.org
Crédit-Capital- Garantie : https://www.ccg.ma/fr.
EcoActu : https://www.ecoactu.ma
Finance News : https://fnh.ma/journaux-numeriques
Haut-Commissariat au Plan : https://www.hcp.ma
https://www.revuegestion.ca/flexibilite-organisationnelle-et-gestion-ressources-humaines.
L’Economiste : https://www.leconomiste.com.
Le 360 : https://fr.le360.ma
LesEco.ma l’actualité en continu : https://leseco.ma
Maroc PME ancien AMPME : http://web.marocpme.gov.ma.
Medias24 la référence de l’information économique : https://www.medias24.com
MEFRA : https://www.finances.gov.ma/fr/Nos-metiers/Pages/news-dispositions-cve.aspx

98
Annexe 1 : Schéma d’entrevue au niveau des entreprises
Catégorie de QUESTIONS
questions
Impact de la crise 1) Une brève présentation de l’entreprise avec l’anonymat possible.
sur l’activité des 2) Quel est l’impact de la pandémie sur l’activité de votre entreprise
entreprises (étiez-vous opérationnel pendant la crise) ?
3) Pouvez-vous nous en parler des méthodes de gestion et les
ajustements que vous avez mis en place ? Quels sont les résultats
obtenus et l’expérience acquise ?
Problèmes 4) A quel niveau la crise a été ressentie pour la première fois
financiers induits (finance, GRH …) ? Comment a été les impacts sur le plan
par la crise financier ?
5) Comment décrivez-vous la situation financière au sein de votre
entreprise avant et pendant la crise ?
6) Quels modes de financement faites-vous recours avant et pendant
la crise ? et quel est le moins coûteux ?
Mesures de l’Etat 7) Avez-vous bénéficié des mesures de financement ou de
pour aider les subvention entreprises par l’Etat pour soutenir les entreprises
entreprises impactées par la crise ?
8) Que pensez-vous des programmes de soutien et de financement
mis en place par l’Etat ? Sont-ils suffisants ?
Problèmes 9) À votre avis quels sont les axes de développement pour une
généraux entravant meilleure réussite de la reprise économique ?
l’émergence des 10) Selon vous, quels sont les problèmes qui freinent le
PME développement des PME ?

Annexe 2 : guide d’entretient chez les banques


1) Que pensez-vous des mesures de garantie de crédit mis en place par l’Etat pour que
les banques continuent d’octroyer des crédits aux entreprises en dépit de la crise ?
2) Les risques des créances en souffrance « les impayés » ont conduit les banques à
provisionner comme du jamais vu sur l’année 2020, pouvez-vous nous en dire plus
sur les risque encourus par les banques.
3) On a vu des voix qui se sont levées disant que les banques n’ont pas remplie leurs
missions, que pensez-vous de ces déclarations ?
4) Concernant le redémarrage du programme « Intelaka », le secteur bancaire est à
nouveau au banc des accusés. Le Président de la Confédération marocaine de TPE-
PME, Abdellah El Fergui, dénonce un blocage dans la mise en œuvre du programme
Intelaka (sensé donné un nouveau souffle à l’économie marocaine) en soulevant
plusieurs freins et abus notamment du secteur bancaire qui entraverait la réussite de
ce chantier, pouvez-vous nous éclaircir ?
5) Selon vous quels rôles doivent jouer les banques pour accompagner la reprise
économique ?

99
Année Universitaire 2020-2021

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