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Université des Sciences Sociales et de Gestion de Bamako

(USSGB)

Cours d’économie bancaire

Niveau : Licence 2
Spécialité : Assurance-Banque-Finance

Année universitaire 2023-2024

Comité pédagogique d’économie bancaire


Introduction générale

L’économie bancaire fait partie des champs d’analyse économique abordant questions des
spécificités des banques et leur forte réglementation comparativement à d’autres firmes ; des
questions de la libéralisation financière et l’accroissement corrélatif de la concurrence dans le
secteur bancaire, accompagnés le plus souvent d’une « épidémie » de crises bancaires et des
questions relatives à la protection et faillite des banques. Toutes ces questions sont âprement
discutées par les économistes, qu'ils soient académiques ou praticiens. L'économie bancaire fait
en effet partie de ces rares champs d'analyse économique où ces deux catégories d'économistes
ne peuvent s'ignorer (Scialom, 2013). En d’autres termes, le cours d’économie bancaire est un
cours d’analyse économique appliquée à la banque qui a pour objet l’étude des contours de
l’activité des banques, des déterminations de ses capacités, de leur comportement
microéconomique en relation avec leur marché ainsi que des implications en matière de
réglementation et de son contrôle.

La théorie économique dominante s’est traditionnellement focalisée sur l’économie réelle,


considérant tant la monnaie que l’intermédiation financière comme inessentielles. Cependant,
la période récente est marquée par un foisonnement de travaux infléchissant cette tendance. On
assiste depuis les années 1980 à un fort renouvellement des recherches en économie bancaire.
Ce regain d’intérêt est multiforme. Il concerne particulièrement la microéconomie bancaire,
l’économie industrielle appliquée à la banque, le rôle des banques dans la croissance, dans la
transmission de la politique monétaire et la question de la réglementation bancaire.

L’industrie bancaire présente aujourd’hui un visage radicalement différent. Cette mutation


s'explique par trois facteurs essentiels. Tout d'abord, les innovations majeures dans le domaine
du traitement et de la circulation de l'information ont été un vecteur puissant d'évolution des
métiers bancaires. Deuxièmement, la déréglementation et le développement corrélatif des
marchés financiers ont fortement conditionné la transformation de l'activité des banques. Enfin,
la globalisation financière a poussé à l'internationalisation des banques.

La mutation de l’industrie bancaire a donc été considérable. On est passé en quelques décennies
d’une situation de segmentation et cloisonnement, où les petites institutions spécialisées sur des
lignes d'activité prédominaient et étaient relativement peu connectées entre elles, à un système
dominé par de très grosses institutions bancaires présentant un excès de similarité. Ces banques
systémiques opèrent sur les mêmes marchés globaux, sont engagées dans des activités

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similaires et sont exposées aux mêmes risques de financement. Ce manque de diversité qui crée
des expositions communes majeures est très coûteux pour la société car il accroît le risque que
les problèmes bancaires ne soient plus singuliers, mais d'emblée collectifs.

L’importance du cours d’économie bancaire réside dans la relation qui existe entre le système
financier en général, le système bancaire en particulier et la croissance économique.

PLAN DU COURS

Chapitre I : Intermédiation financière

Chapitre II : Analyse des activités de la banque

Chapitre III : La règlementation bancaire

Chapitre IV : Mécanisme de titrisation des banques

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Chapitre I : Intermédiation financière

Section 1 : Système financier

1. Définition et fonctions du système financier

Le système financier désigne la manière dont sont mis en relation au sein d’une économie les
agents qui ont des ressources excédentaires notamment les ménages avec ceux qui sont dans le
besoin, les entreprises et l’Etat. Autrement dit, il permet de transférer des fonds depuis les
agents économiques qui épargnent, car leurs dépenses sont inférieures à leurs revenus, vers les
agents économiques qui souhaitent emprunter, c’est-à-dire dépenser plus que leur revenu.
Ainsi, le système financier sert d’écran (intermédiaire) entre les agents à capacité de
financement et les agents à besoin de financement.

Selon Levine (2005), le système financier, en outre de mettre les agents économiques en
relation, a d’autres fonctions, à savoir :

-la facilitation des échanges des biens et services à travers l’exécution des paiements, la
mobilité des capitaux et l’accès à l’information associé à ces échanges

-la facilitation de la gestion et la diversification du risque en permettant aux épargnants de


détenir les portefeuilles d’actifs diversifiés, ce qui encourage les agents divers dans les projets
plus risqués.

-la production d’une information suffisante et de qualité sur la profitabilité des projets
d’investissements ou la capacité d’endettement des agents, ce qui conduit à l’efficacité de
l’allocation des ressources. Autrement dit, un système financier, c’est aussi un système de
contrôle, un système de règles, de pratiques et d’institutions permettant la conclusion de
contrats

De part ces multiples fonctions, le système financier est ainsi composé des banques, des
marchés de valeurs mobilières, des fonds de pension et des fonds communs de placement, des
infrastructures de marché, de la banque centrale et de même que des instances de réglementation
et de contrôle (FMI, 2016).

La fonction d’intermédiation qui l’objet de ce chapitre peut être réalisée de deux manières
principales qu’on appelle finance directe et finance directe, et la prédominance du type de

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financement aboutit à la distinction entre l’économie des marchés de capitaux et de l’économie
d’endettement.

2. Finance directe versus finance indirecte

L’analyse des flux de fonds propose une représentation utile des deux modes de financement
existants, la finance directe et la finance indirecte.

La finance directe désigne les configurations où l’endettement contracté par les emprunteurs
ultimes l’est directement auprès des prêteurs ultimes. En d’autres termes, dans la finance
directe, les emprunteurs obtiennent directement des fonds de la part des préteurs en leur vendant
des titres (les instruments financiers) sur le marché financier. Les titres sont des droits de
créance sur les revenus futurs de l’emprunteur ou sur ses actifs. Ils sont donc des actifs pour
ceux qui les achètent (les préteurs), mais des dettes (engagements) pour ceux qui les émettent
(les emprunteurs ou émetteurs).

Par exemple, l’Etat malien, face un déficit budgétaire important ou de besoin des fonds afin de
construire des infrastructures, peut émettre des bons du Trésor ou des obligations (qui sont tous
les deux des titres de court et de long terme, respectivement) sur le marché financier. Ce faisant,
l’Etat malien se reconnaît une dette envers les détenteurs de ces obligations, dette qu’elle
s’engage à rembourser par des versements échelonnés, durant une période donnée, et selon les
modalités précisées au départ. Il en va de même pour une entreprise qui a besoin de fonds pour
construire une usine ou de trésorerie, elle va émettre une obligation ou un billet de trésorerie
sur le marché financier et être acquis(e.) par un agent à capacité de financement.

Par contre, on parle de finance indirecte quand l’ajustement entre l’offre (fonds à prêter) et la
demande (fonds à emprunter) de financement nécessite l’intervention d’un intermédiaire
financier. Autrement dit, dans ce cas de financement, les emprunteurs obtiennent des fonds en
s’adressant à des intermédiaires financiers (en particuliers les banques) qui leur consentent des
prêts. Les préteurs quant à eux prêtent leur argent non directement aux agents à besoin de
financement mais aux intermédiaires financiers, spécialement sous forme de dépôts. Comme
leur nom l’indique, les intermédiaires financiers servent d’intermédiaires entre agents à capacité
de financement et agents à besoin de financement.

Par exemple, lorsque l’Etat malien à un excèdent budgétaire (il a plus d’argent qu’il n’a
réellement besoin, chose peu probable) ou un ménage dont le revenu est supérieur à ses

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dépenses peut déposer directement ses fonds auprès d’un intermédiaire financier (banque).
Ainsi, une entreprise qui à un besoin de financement demande un emprunt auprès de cet
intermédiaire financier (banque). Ainsi, dans ce type de financement, les agents à capacité de
financement et les agents à besoin de financement sont séparés par un écran qui est les
intermédiaires financiers.

Les deux types de financement externe sont représentés par la figure suivante ci-dessous.

En analysant les deux les types, nous pouvons nous dire pourquoi avoir recours aux
intermédiaires si nous pouvons directement aller emprunter auprès des agents à capacité de
financement ? La section suivante essai de répondre à cette question.

Section 2 : Intermédiation financière


1. Pourquoi l’intermédiation financière ?

Pourquoi les agents à capacité de financement ne peuvent rencontrer directement les agents à
besoin de financement ? La réponse à cette question nécessite de mettre l’accent sur les coûts
et les asymétries découlant de la finance directe.

Les travaux de Gurley et Shaw (1960) sur l’intermédiation financière soulignent


l’incompatibilité souvent de désirs d’emprunt et de prêt des agents dans leurs formes. Le rôle
des intermédiaires financiers consiste donc à transformer les caractéristiques des actifs
financiers. Autrement dit, si les agents à capacité de financement sont offreurs de capitaux alors

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que les agents à besoin de financement sont demandeurs, rien ne garantit que les offres des uns
et les demandes des autres soient compatibles.

Tous ces problèmes peuvent aboutir à la non réalisation des transactions entre les agents
économiques. Nous pouvons les scinder en deux groupes, les coûts de transaction et les
asymétries d’information.

a- Les coûts de transaction

Les coûts de transaction désignent le temps et l’argent dépensés pour réaliser les transactions
financières. Ils représentent un réel problème pour un agent à capacité de financement. Pour
des montants faibles, ces coûts de transaction peuvent s’avérer très important de sorte que le
prêteur se trouve parfois dans une situation où ces coûts sont supérieurs aux intérêts à percevoir
et empêcher la réalisation de la transaction.

Par exemple pour un ménage à capacité de financement et qui connait un entrepreneur à besoin
de financement, et souhaite lui prêter de l’argent, doit pour se protéger contre toute éventualité
payer un juriste pour rédiger le contrat de prêt et de préciser les conditions de paiement des
intérêts et du remboursement. Si le montant du prêt est peu élevé, le paiement de ce spécialiste
risque de lui coûter plus cher que tous les intérêts qu’il pourra obtenir, de sorte que le prêt peut
ne pas être réalisé.

Ces coûts de transaction en partant de l’exemple ci-dessus empêchent donc la réalisation des
prêts mutuellement bénéfiques pour les petits épargnants et de petits emprunteurs d’où le rôle
spécial que les intermédiaires financiers. A côté des coûts de négociation des conditions
financiers, il y a d’autres obstacles tels que les coûts de recherche de la contrepartie de la
transaction financière, les coûts de contrôle de la bonne exécution des échanges, les coûts
d’acquisitions d’information sur le débiteur.

Ces désajustements entre les desiderata des uns et des autres sont autant de limites à la
réalisation d’opérations de financement si celles-ci devaient s’effectuer directement, sans
intermédiaire donc, entre les deux catégories d’agents économiques, au détriment, par
conséquent, des uns et des autres. S’ajoute à cela que ce type d’opérations de financement
mettant directement en rapport les agents à capacité de financement et les agents à besoin de
financement serait de surcroît obéré par les inévitables asymétries d’informations entre prêteurs

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et emprunteurs rendant plus difficile l’évaluation précise par les premiers des risques qu’ils
encourent en accordant des prêts aux seconds.

b- Les asymétries d’information

Si la présence des coûts de transaction sur les marchés financiers explique en partie pourquoi
les intermédiaires financiers sont si importants, une autre raison, peut-être encore plus
importante, est qu’il fréquent que les prêteurs connaissent trop peu les emprunteurs et leurs
projets pour pouvoir prendre de bonnes décisions. Cette situation porte le nom d’asymétrie
d’information. Les agents intervenant sur le marché n’ont souvent pas le même niveau
d’information. Cette inégalité d’information crée deux problèmes différents, avant la
transaction et après : antisélection et alea-moral.

L’antisélection est le problème que crée l’asymétrie d’information avant la transaction n’ait
lieu. Il y a antisélection sur un marché financier lorsque les emprunteurs les plus susceptibles
de conduire à e mauvais résultats (projets risqués) sont ceux qui recherchent le plus activement
du crédit et qui ont le plus de chance d’en obtenir (d’être sélectionnés). En raison de
l’antisélection, beaucoup de prêts risqués sont accordés, mais si les prêteurs craignent trop de
fait de perdre leur argent, ils peuvent décider de ne pas prêter du tout alors même qu’il y a de
bons risques (de bons emprunteurs potentiels).

L’aléa moral ou encore le risque moral est le problème créé par l’asymétrie d’information
après la réalisation d’une transaction. Le risque moral sur un marché est le risque que
l’emprunteur s’engage sans prévenir (de donc « immoralement ») dans des activités
considérées comme indésirable par le prêteur parce qu’elles augmentent du projet auquel est le
consacrée le prêt.

Le rôle de l’intermédiation financière est de rendre compatible les attentes des uns et des autres
en sécurisant autant que possible les transactions et d’ajuster l’offre et la demande de capitaux.
Cela correspond précisément à son activité de transformation : transformation des montants
(A), transformation des échéances (B), transformation des taux (C) et transformation des risques
(D).

2. Le rôle de l’intermédiation financière

Le rôle de l’intermédiation financière est de rendre compatible les attentes des uns et des autres
en sécurisant autant que possible les transactions et d’ajuster l’offre et la demande de capitaux.

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Cela correspond précisément à son activité de transformation : transformation des montants
(A), transformation des échéances (B), transformation des taux (C) et transformation des risques
(D).

a- La transformation des montants

Les intermédiaires financiers (IF) peuvent collecter auprès d’un très large public d’épargnants
des ressources d’un montant individuel chaque fois limité (ressources procurées par l’épargne
individuelle des ménages de salariés par exemple) qui, additionnées les unes aux autres, leur
donnent la possibilité d’accorder les crédits d’un montant élevé que souhaitent obtenir des
demandeurs de capitaux qui cherchent à financer par l’emprunt des investissements coûteux.

b- La transformation des échéances

Les intermédiaires financiers peuvent collecter des ressources d’épargne liquide (compte sur
livret…) et les utiliser, dans des conditions définies, pour accorder des crédits à moyen ou long
terme, autrement dit pour adosser de tels crédits sur des ressources exigibles à court terme.

Mais le risque que les IF encourent en procédant à cette transformation des échéances ne doit
cependant pas être sous-estimé. Les circonstances qui peuvent conduire les épargnants à vouloir
retirer leur épargne liquide déposée auprès des IF peuvent être très diverses. De sorte que
l’éventualité de retraits massifs ne peut être exclue.

c- La transformation des taux d’intérêt

Les taux d’intérêt sont normalement hiérarchisés en fonction des échéances. Ils sont d’autant
plus élevés que le terme des emprunts est plus éloigné. Le temps à venir est un facteur
d’incertitude, et celle-ci s’accroît lorsque les échéances s’éloignent, ce qui justifie et explique
que la rémunération exigée par les prêteurs s’élève au fur et à mesure que la durée des prêts
augmente. Les intermédiaires financiers tirent parti de cette différence des taux d’intérêt du
court terme et du long terme. Si, par exemple, l’épargne à court terme est rémunérée à un taux
d’intérêt de 3 % et que les crédits à long terme le sont à un taux de 6 %, l’intermédiaire qui
emprunte à court terme et prête à long terme prélève la différence. Une partie des bénéfices
bruts ainsi réalisés doit cependant couvrir les coûts de fonctionnement (gestion des comptes,
guichets, gestion des dossiers de prêts, etc.).

En empruntant à court terme pour prêter à long terme, l’intermédiation financière court
cependant un risque lié à l’évolution respective des taux d’intérêt. Ce risque se concrétise

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lorsque se produit une inversion de la hiérarchie des taux d’intérêt entre les taux longs et les
taux courts. Si les différents compartiments du marché des capitaux sont interdépendants, il
reste que, à certaines périodes, le marché des capitaux à court terme peut subir des influences
auxquelles échappe le marché des capitaux à long terme et que les taux d’intérêt à court terme
soient tirés vers le haut sans incidence immédiate sur les taux d’intérêt à long terme. Dans ces
conditions, l’intermédiaire financier qui a prêté à long terme à un taux d’intérêt donné se voit
contraint de renouveler les emprunts à court terme auxquels ses propres prêts à long terme sont
adossés à des taux d’intérêt de plus en plus élevés.

d- La transformation des risques

Les « petits épargnants » ont généralement une aversion pour le risque et souhaitent retrouver
l’intégralité de l’épargne qu’ils déposent auprès des IF. De fait, il existe des mécanismes de
garantie qui permettent de prémunir les clients des IF contre le risque de défaillance de ces
derniers.

Section 3 : Catégories d’intermédiaires financiers et la spécificité de la banque


1. Différentes catégories d’intermédiaires financiers

Maintenant que le rôle des IF sont bien établis, il convient d’examiner qui sont ces
intermédiaires et comment ils remplissent ces rôles.

La différenciation des IF se fait le plus souvent sur leurs sources des fonds (passif) et les
emplois de ces fonds (actif). Selon Mishkin, on peut classer les IF en trois grandes catégories :
les établissements d’épargne contractuelle, les entreprises d’investissement et les institutions
de déports.

a- Les établissements d’épargne contractuelle

On appelle institutions d’épargne contractuelle les institutions financières auxquelles des fonds
sont apportés régulièrement sur la base d’un contrat à long terme. Les compagnies d’assurance-
vie, les compagnies d’assurance dommages et les fonds de pension sont les principales
institutions.

Les compagnies d’assurance-vie assurent les particuliers contre la conséquence, financiers d’un
décès, et garantissent le versement de pensions annuelles à partir d’une date prédéterminée (la
retraite en général) aux adhérents qui ont payé régulièrement leurs primes pendant leur vie
active. Ces primes ne restent pas coucher au fond d’un coffre-fort par ces compagnies, mais

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elles sont utilisées pour acheter des obligations, des hypothèques et des actions. Cependant, la
proportion qu’elles doivent détenir est fixée par la loi ; car imaginez les conséquences de leur
faillite sur les adhérents.

Les compagnies d’assurance dommages assurent leurs clients contre des accidents tels que le
vol, l’incendie, ou les dégâts des eaux. Elles reçoivent aussi des primes et paient des prestations
lorsque les accidents assurés surviennent. Elles investissent les primes reçues en achetant des
obligations, des actions ou encore d’autres actifs plus liquides tels que les billets de trésorier
(entreprises) ou encore les certificats de dépôts (les banques).

Et enfin nous avons les fonds de pension qui sont des institutions contractuelles qui proposent
le versement de pensions de retraite en échange de cotisations (des salariés et souvent des
employeurs) durant la vie active. A l’instar de deux compagnies évoquées, les fonds de pension
achètent aussi des actifs financiers avec les primes qu’ils reçoivent.

b- Les entreprises d’investissement

Les sociétés financières lèvent des fonds grâce à la vente de certificats de trésorerie (commercial
paper), qui sont des instruments de dette à court terme, et grâce à l’émission de titres à long
terme (actions ou obligations) pour pratiquer des prêts aux particuliers (crédit a la
consommation en particulier) ou aux petites entreprises.

Les fonds collectifs d’investissement (mutual funds) vendent des parts au public et utilisent leurs
produits pour acheter des portefeuilles diversifiés d’obligations ou d’actions cotées en Bourse,
pour prendre des participations dans des entreprises non cotées. Ces fonds permettent ainsi aux
investisseurs de mutualiser, c’est-à-dire de mettre en commun leurs ressources, pour diminuer
les coûts de transaction quand ils achètent en bloc.

Les fonds de placement monétaire (money market mutual funds), comme pour les fonds
collectifs d’investissement, ces fonds vendent des parts pour lever des ressources, et ils les
utilisent pour acheter des instruments de marché monétaire qui sont à la fois sans risque et très
liquides.

Les banques d’affaires (investment banks) sont des instituions qui ne reçoivent pas de dépôts et
ne sont pas vraiment pas des IF. Elles aident les entreprises à émettre des titres, d’une part en
les conseillant sur le type d’opération à réaliser, ensuite en garantissant les émissions et en

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organisant leur placement dans le public. Elles aident par ailleurs les entreprises à préparer les
fusions et les acquisitions.

c- Les institutions de dépôts

Les institutions de dépôts (banques) collectent des fonds en acceptant des dépôts à vue des
agents économiques, en ouvrant des comptes d’épargne et des comptes à terme. Les banques
ces fonds reçus de déposants octroyer des prêts aux particuliers et pour acquérir des obligations
du Trésor et d'autres titres publics.

Nous développons dans la sections suivante la particularité de ce dernier type d’IF.

2. Banque, un intermédiaire financier spécial

La banque contribue au financement externe (par opposition au financement interne ou


autofinancement) des agents de l’économie. Son intermédiation entre apporteurs de fonds et
emprunteurs lui permet de remplir un rôle de transformation, des échéances, des risques et des
rendements. Elle contribue à réduire l’asymétrie d’information entre emprunteur et prêteur par
une meilleure connaissance de ces agents que celle qui ressort des marchés. Enfin, elle génère
des économies d’échelle sur la production de services financiers par volumes qu’elle assure et
permet aussi une meilleure diversification (dispersion) des risques (notamment le risque de
contrepartie) Cependant, il s’agit d’un intermédiaire financier qui est lui-même différent des
autres intermédiaires financières. Au contrario des autres intermédiaires financiers, les banques
représentent la catégorie d’IF la plus importante, car elles détiennent les portefeuilles d’actifs
les plus diversifiés.

L’économie monétaire accorde une attention particulière à ce groupe d’intermédiaires


financiers parce qu’ils ont, sur le plan macroéconomique, un rôle particulier de création de
dépôts, et que ces dépôts représentent une partie importante de la masse monétaire. En effet,
l'octroi de crédit par une banque ne se fait pas sur la base de ressources préexistantes. La banque
ne se contente pas de transformer les caractéristiques d'une épargne préformée. Elle crée par le
crédit un dépôt bancaire au bénéfice de l'emprunteur.

Au niveau macroéconomique, le pouvoir de création monétaire du système bancaire lève une


contrainte majeure sur l'accumulation du capital : le financement des projets nouveaux
d'investissement n'est plus assujetti à l'épargne formée au cours de la période. Les banques ne
se contentent pas de recycler des ressources qu'elles ont préalablement collectées. Elles prêtent

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des sommes qui viendront ensuite se déposer dans leurs comptes. Les banques font ainsi des
paris sur des projets industriels, elles anticipent sur des profits à venir. Parmi les intermédiaires
financiers, les banques disposent d'un avantage additionnel du fait de la multiplicité des services
financiers qu'elles rendent à leurs clients et qui est source de recoupement d'information. En
particulier, leur fonction de tenue des comptes et de gestion des moyens de paiement représente
un élément d'appréciation fondamental de la qualité spécifique de l'emprunteur. Selon Guille
(1994) les relations bilatérales que la banque entretient dans la durée avec ses clients lui assurent
donc la production d’un savoir idiosyncratique.

On peut distinguer, selon l’activité principale qu’elles exercent, deux grandes catégories de
banques :

− Les banques de détail ou traditionnelles : leurs activités sont principalement orientées


vers une clientèle non financière (ménages, entreprises, collectivités), avec une
prédominance de la collecte de dépôts et l’octroi de crédits ;

− Les banques universelles : contrairement aux précédentes, qualifiées de banques


spécialisées, ces banques exercent toutes les activités bancaires possibles et
élargissement même leur gamme à d’autres activités non bancaires (assurance par
exemple).

A côte de la multiplication des banques en ligne, il faut remarquer l’apparition d’établissements


qui, grâce à Internet, offrent des services très concurrentiels et pour lesquels le législateur a dû
établir des statuts particuliers : les établissements de paiement et les établissements de monnaie
électronique.

Références
Gurley, J. G., & Shaw, E. S. (1960). Money in a Theory of Finance (No. 332.4/G97m)
Levine, R. (2005). Finance and growth: theory and evidence. Handbook of economic growth, 1, 865-
934.

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Chapitre II : Analyse des activités de la banque
Dans ce chapitre nous allons analyser le fonctionnement de l’activité bancaire.

Section 1 : Principaux postes du bilan et hors bilan d’une banque

1. Le bilan

Le classement des éléments de l’actif et du passif relève de deux critères. Le premier, comme
pour un bilan traditionnel, est le degré de liquidité (disponibilité) pour l’actif et le degré
d’exigibilité pour le passif (capitaux propres/empruntés ; dette long terme et court terme). On
notera par rapport à ces critères que la présentation du bilan d’une banque se fait dans l’ordre
inverse de celui adopté par la comptabilité traditionnelle : ordre de liquidité décroissante à
l’actif, ordre d’exigibilité décroissante au passif. Le second critère repose sur le type
d’opération ; ceci amène à distinguer entre différentes catégories d’agents (agents non
financiers, établissements de crédit) ou différent mode de financement (crédit, titre)

I. Principaux postes du bilan

Au passif (ressources) :

− Les emprunts auprès de la Banque centrale ou d’autres institutions financières


(interbancaires) ;

− Les dépôts de la clientèle (dépôts à vue, comptes d’épargne, comptes à terme…) ;

− Les opérations sur titres (pensions, certificats de dépôt et obligations émises) ;

− Les fonds propres et provisions.

A l’actif (emploi) :

− Les avoirs liquides (caisse, avoirs en compte à la Banque centrale) ;

− Les prêts à d’autres institutions financières (interbancaire) ;

− Les crédits à la clientèle (agent non financiers) ;

− Les portefeuilles – titres (placements participations) ;

− Les valeurs immobilisées (prêt subordonnés, immobilisations, crédit – bail…).

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On notera la forte progression des fonds propres depuis 1984 (France), passant en moyenne de
2% à 4% du total du bilan actuellement ainsi que du financement par acquisition de titres,
caractéristique de la montée de la finance directe. La part des opérations interbancaires est
structurellement forte en France des deux côtés du bilan, ce qui implique une forte
interdépendance entre banques et le rôle déterminant du marché interbancaire dans le bon
fonctionnement du système financier. Lorsque celui – ci ne fonctionne plus correctement, la
Banque centrale doit prendre des mesures exceptionnelles.

1.2. Le hors – bilan

Il regroupe l’ensemble des engagements donnés ou reçus par la banque, mais qui ne donnent
pas directement lieu à des mouvements de fonds :

− Engagements de financement (par exemple, l’ouverture d’une ligne de crédit) ;

− Engagement de garanties (cautions, avals…) ;

− Engagements sur titres et instruments financiers à terme (swaps, options notamment).

On notera l’importance de la taille du hors-bilan : il représente en moyenne pour les


établissements de crédit plus de trois fois le montant de leur actif. De même la progression des
engagements sur instruments financiers est depuis plusieurs années impressionnante : elle
correspond essentiellement à la forte expansion des marchés dérivés.

Section 2 : Analyse de la rentabilité

Le compte de résultat d’une banque retrace de façon exhaustive ses produits ou charges sur une
période donnée ($ 3.1.). Le calcul des soldes intermédiaire de gestion permet de dégager des
gradeurs bruts caractéristiques ($ 3.2.) tandis que les coefficients (ou ratios) de rentabilité
rendent possibles les comparaisons entre établissements ou entre centres de profit ($ 3.3.). Cette
rentabilité peut être améliorée par des économies d’échelle ou de gamme ($ 3.4.).

2.1. Principaux postes du compte de résultat

On distingue trois catégories de produits et charges :

− Les produits et charges d’exploitation bancaire :

• Intérêt (versé ou reçu) ;

• Commissions (versées ou perçues) ;

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• Gain/pertes sur activités de marchés (titres, change, instruments financiers) ;

− Les autres produits et charges ordinaires, qui sont principalement constitués :

• Des charges générales d’exploitation (frais de personnel et autres frais administratifs) ;

• Des dotations aux amortissements ;

• Des dotations aux provisions (créances irrécupérables, risques, charges) ;

• Des soldes, en bénéfice ou perte, de correction de valeur de créances, d’immobilisations,


ou d’élément de hors-bilan.

− Les produits et charges exceptionnels.

Aux charges s’ajoute l’impôt sur les bénéfices.

De l’ensemble du compte de résultat se dégage un bénéfice ou une perte de l’exercice.

Les frais de structure (ou frais généraux) se composent des charges générales d’exploitation et
des dotations aux amortissements.

On notera la place importante des frais de personnel dans le total des charges d’exploitations
d’une banque, la part prépondérante de la marge sur intérêt (intérêt reçu moins intérêts versés)
dans les résultats, bien que l’on assiste à une remontée progressive de la part des commissions.
Enfin, les dotations aux provisions peuvent représenter un poids important, selon l’exposition
de l’établissement en matière de risques (risque de crédit, principalement).

2.2. Les soldes intermédiaires de gestion (SIG)

Ces soldes restent des grandeurs de références dans l’analyse des résultats, en particulier le
produit net bancaire et le résultat net. On distingue généralement quatre soldes :

Produit net bancaire (PNB)= Produit d’exploitation bancaire - Charges d’exploitation


bancaire

Résultat brut d’exploitation (RBE)= Produit net bancaire + Autres produits d’exploitation-
Autres charges d’exploitation-Frais généraux (ou structure)

Résultat d’exploitation (RE)= Résultat brut d’exploitation +/– Dotations nettes aux
provisions

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Résultat net (RN) = Résultat d’exploitation (RE) +/– Résultats sur immobilisations
financières +/– Dotations nettes au FRBG1+/– Résultat exceptionnels -Impôt sur les bénéfices.

2.3. Les coefficients de rentabilité

Ils se basent très largement sur les soldes intermédiaires de gestion e sont de deux types : ratios
de rentabilité d’exploitation, ratios de rentabilité globale.

− Ratios de rentabilité d’exploitation :

𝑫é𝒑𝒆𝒏𝒔𝒆𝒔 𝒅′ 𝒆𝒙𝒑𝒍𝒐𝒊𝒕𝒂𝒕𝒊𝒐𝒏
• 𝐂𝐨𝐞𝐟𝐟𝐢𝐜𝐢𝐞𝐧𝐭 𝐛𝐫𝐮𝐭 𝐝′ 𝐞𝐱𝐩𝐥𝐨𝐢𝐭𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 = 𝑹𝒆𝒄𝒆𝒕𝒕𝒆𝒔 𝒅′𝒆𝒙𝒑𝒍𝒐𝒊𝒕𝒂𝒕𝒊𝒐𝒏

Où :

Dépenses d’exploitation = Charges d’exploitation bancaire + Frais de structure

Recettes d’exploitation = Produits d’exploitation bancaire

𝑭𝒓𝒂𝒊𝒔 𝒅𝒆 𝒔𝒕𝒓𝒖𝒄𝒕𝒖𝒓𝒆
• 𝐂𝐨𝐞𝐟𝐟𝐢𝐜𝐢𝐞𝐧𝐭 𝐧𝐞𝐭 𝐝′ 𝐞𝐱𝐩𝐥𝐨𝐢𝐭𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 = 𝐏𝐍𝐁

C’est la part de la production absorbée par les frais de structure.

− Ratios de rentabilité globale :

𝑹é𝒔𝒖𝒍𝒕𝒂𝒕 𝒏𝒆𝒕
• 𝐂𝐨𝐞𝐟𝐟𝐢𝐜𝐢𝐞𝐧𝐭 𝐝𝐞 𝐫𝐞𝐧𝐭𝐚𝐛𝐢𝐥𝐢𝐭é = 𝐓𝐨𝐭𝐚𝐥 𝐛𝐢𝐥𝐚𝐧
ou ROA
(return on assets)

Il exprime le rendement moyen de l’ensemble des actifs.

𝑹é𝒔𝒖𝒍𝒕𝒂𝒕 𝒏𝒆𝒕
• 𝐂𝐨𝐞𝐟𝐟𝐢𝐜𝐢𝐞𝐧𝐭 𝐝𝐞 𝐫𝐞𝐧𝐭𝐚𝐛𝐢𝐥𝐢𝐭é = ou ROE (return on equity)
𝐂𝐚𝐩𝐢𝐭𝐚𝐮𝐱 𝐩𝐫𝐨𝐩𝐫𝐞𝐬

Il exprime pour les actionnaires, le rendement de leur investissement, mais peut être faussé par
une sur ou sous – capitalisation de la banque.

2.4. L’amélioration de la rentabilité : économie d’échelle, économie de gamme

1
FRBG : Fonds pour Risques Bancaires Généraux, ne constitue pas des provisions proprement dites.

Comité pédagogique d’économie bancaire 2023-2024 Page 17 sur 28


Outre une maîtrise des frais et des risques, les banques peuvent espérer améliorer leur rentabilité
en réalisant des économies d’échelle (economies of scale) ou des économies de gamme
(economies of scope).

Les économies d’échelle correspondent à une diminution du coût unitaire lorsque la taille de la
production s’accroît. Ces économies reposent en particulier sur l’étalement de charges fixes,
engendrées par exemple par des investissements en systèmes de traitement, sur un volume de
production plus large.

Les économies de gamme (ou d’envergure) correspondent à une baisse du coût unitaire
imputable à l’extension de la gamme des services fournis par la banque, les mêmes éléments
(personnel, système d’information, de traitement) pouvant être utilisés pour des services
différents (banques et assurances, par exemple).

Section 3 : Risques bancaires et gestion prudentielle

3.1. Les types de types de risque bancaire

Il est dans la nature même de l’activité d’une banque de prendre des risques (en les évaluant) et
de recevoir une rémunération en retour.

On distingue plusieurs risques bancaires :

− Le risque de crédit (ou de signature ou de défaillance) est le risque de subir une perte
dans le cas où la contrepartie (l’emprunteur) ne serait pas en mesure de remplir ses
engagements (de paiement d’intérêt ou de remboursement) ;

− Le risque d’illiquidité ou d’immobilisation est constitué par le risque pour une banque
de ne pas pouvoir faire face à ces demandes de remboursement de dettes à brève
échéance, en particulier ses dépôts à vue, parce que les actifs qu’elle détient seraient
insuffisamment liquides. Du fait de la transformation des échéances assurée par les
banques, celle – ci doivent en permanence faire face à ce risque ;

− Les risques de prix (ou marché) proviennent du risque de perte (moins-value) en cas
d’évolution défavorable du prix concerné : risque de cours, risque de change, risque de
taux d’intérêt ;

− Les risques opérationnels correspondent aux pertes ou manque à gagner engendrés par
des dysfonctionnements dans le déroulement de l’activité de la banque : défaillance des

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procédures, des personnes, des systèmes ou encore en raison d’événements extérieurs
(attaque informatique, par exemple) ; bien qu’il ne s’agisse pas d’un risque
exclusivement bancaire, il fait l’objet d’une attention de plus en plus grande (systèmes
de surveillance, de reporting, etc.)

− La solvabilité est une notion plus générale qui fait référence à la capacité d’un
établissement à rembourser ses dettes ; elle repose sur l’importance des fonds propres
par rapport aux risques encourus.

Pour faire face à ces risques, la banque doit gérer de façon dynamique tant l’actif et le passif de
son bilan que sa situation hors – bilan. Cette gestion est devenue d’autant plus nécessaire que
les risques prix, en raison de l’instabilité accrue des marchés de capitaux depuis le début des
années 1980 ont considérablement augmenté. Durant les crises financières récentes, ce sont les
risques de crédit et d’illiquidité qui sont apparus au premier plan.

Les autorités bancaires, pour s’assurer que les banques ont un minimum de capacités à faire
face à ces risques ont mis en place une réglementation prudentielle, essentiellement constituée
encore aujourd’hui de ratios que les établissements de crédits doivent respecter : ratios de
liquidité, de solvabilité, de division des risques, de ressources permanentes. Avec la mise en
place progressive de l’accord dit de Bâle III et la pression des crises successives, cette
réglementation est en pleine évolution.

3.2. Mesure des risques

Ces ratios mesurent la capacité des banques à faire face aux risques :

Ratio de liquidité :

Avoirs à moins d’un mois


𝑅𝑎𝑡𝑖𝑜 𝑑𝑒 𝑙𝑖𝑞𝑢𝑖𝑑𝑖𝑡é = ≥ 100%
exigibilités à moins d’un mois

Ratio de solvabilité :

Fonds propres
𝑅𝑎𝑡𝑖𝑜 𝑑𝑒 𝑠𝑜𝑙𝑣𝑎𝑏𝑖𝑙𝑖𝑡é = ≥ 8%
Total des risques de crédit

Ratio de division des risques : x/Fonds propres

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Montant des engagements
𝑅𝑎𝑡𝑖𝑜 𝑑𝑒 𝑑𝑖𝑣𝑖𝑠𝑖𝑜𝑛 𝑑𝑒𝑠 𝑟𝑖𝑠𝑞𝑢𝑒𝑠 =
𝐹𝑜𝑛𝑑𝑠 𝑝𝑟𝑜𝑝𝑟𝑒𝑠
≤75%

Ratio de ressources permanentes :


𝐹𝑜𝑛𝑑𝑠 𝑝𝑟𝑜𝑝𝑟𝑒𝑠 𝑒𝑡 𝑟𝑒𝑠𝑠𝑜𝑢𝑟𝑐𝑒𝑠
𝑅𝑎𝑡𝑖𝑜 𝑑𝑒 𝑟𝑒𝑠𝑠𝑜𝑢𝑟𝑐𝑒𝑠 𝑝𝑒𝑟𝑚𝑎𝑛𝑒𝑛𝑡𝑒𝑠 = ≥ 60%
𝐸𝑚𝑝𝑙𝑜𝑖𝑠 > 2𝑎𝑛𝑠

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Chapitre III : La règlementation bancaire

Les concepts d'asymétrie d'information et de risque moral permettent de comprendre le


pourquoi et le comment de la réglementation bancaire.

Section 1 : Les asymétries d'information

Il existe une asymétrie d'information entre la banque et ses déposants. En effet les déposants
n'ont guère la possibilité de contrôler la gestion des risques opérés par leur banque, alors que
les banques ont conscience des risques qu'elles prennent. Plus précisément, les déposants
manquent d'informations quant à la qualité de ces prêts et n’ont pas la capacité de surveiller
l’activité bancaire Cette asymétrie d'information pose différents problèmes qui se résument en
la possibilité de paniques bancaires avec des conséquences systémiques et macroéconomiques.
En effet, si les déposants ignorent fondamentalement tout ce qui concerne l'institution à laquelle
ils ont confié leur épargne et leur capital, il est évident qu'en cas de signal indiquant la mauvaise
qualité du système bancaire, une inquiétude naisse parmi les déposants. Cette inquiétude née
de l'incertitude due à l'asymétrie d'information est au fondement des différents problèmes que
cette dernière cause : perte de confiance des déposants et ruées bancaires, panique auto-
réalisatrice même si la banque est solvable, et risque d’effondrement du système bancaire via
l'effet domino. C'est pourquoi il est nécessaire d'introduire la réglementation prudentielle qu'est
le filet de sécurité ou safety net. Ce dernier regroupe l’assurance-dépôts et la fonction de
prêteur de dernier ressort dévolue à la banque centrale. Mais toute la difficulté d'un dispositif
de garantie des dépôts réside dans le bon dosage : trop élevée, la garantie des dépôts provoque
l'aléa moral car l'assurance fournie à la banque et ses déposants peut amener les uns et les autres
à relâcher leur vigilance ; trop faible, elle ne dissuade pas les paniques bancaires comme on a
pu le voir avec la banque Northern Rock en 2007. En effet elle avait une garantie des dépôts à
hauteur de 38 000 euros contre 70 000 euros en France à l'époque, cette banque cinquième
prêteur immobilier de l’Angleterre fut touché par une crise de liquidité. Ainsi il existe un autre
problème lié à ce « safety net » qui est au fondement de la réglementation bancaire : le risque
moral.

Section 2 : Le risque moral

Le risque moral incite les banques à prendre plus de risques. D'une part, les déposants savent
qu'ils seront remboursés en cas de faillite donc ils ne sanctionnent plus la banque s'ils la

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soupçonnent d'avoir pris trop de risque. Ainsi les banques ont tendance à prendre « trop » de
risque. D'autre part, les grandes banques ont plus de chance de mettre en péril le système donc
elles savent qu'elles sont trop importantes pour faire faillite, qu'elles sont « Too big to fail ».
Ainsi il est d'autant plus important de les sauver si elles font faillite et il y a une hausse du risque
moral pour les grandes banques. C'est pourquoi il est nécessaire d'identifier les « Too big to fail
» ; de mettre en place des règlementations prudentielles de fonds propres et de liquidité afin
d'améliorer la solvabilité de banques en diminuant les risques pris ; et enfin d'établir un plan de
faillite bancaire ordonné. Ainsi les systèmes réglementaires sont bâtis sur les enseignements
que l’on peut tirer des défaillances du système bancaire lui-même.

Section 3 : Les objectifs de la réglementation bancaire

Les objectifs de la réglementation bancaire se résument donc à :

• Limiter le coût social : Coase, 1960 ;

Les banques génèrent des couts sociaux énormes non seulement par leur défaut éventuel qui
entraine l’aide publique, mais aussi par le fait qu’elles mènent des activités pour leur propre
compte qui n’ont pas d’intérêt pour l’économie réelle.

• Limiter les risques de marché liés aux innovations bancaires ;

Les innovations perpétuelles, souvent mal maîtrisées des systèmes bancaires ont fragilisé les
banques dans tous les pays. Une « re-réglementation » est indispensable.

• Renforcer la sécurité́ bancaire ;

L'assurance des dépôts offre un filet de sécurité à de nombreux créanciers, ce qui renforce la
confiance du public dans les banques et stabilise le système financier.

• Prévenir le risque systémique

Tout système financier comprend trois composantes :

• des marchés de capitaux sur lesquels se réalise le processus de la finance directe : échange
de liquidités contre des instruments financiers matérialisant la dette de l’emprunteur ;

• un secteur bancaire qui assume le processus de finance indirecte en transformant les


échéances et les risques ;

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• des systèmes de règlements qui permettent aux agents économiques d’effectuer leurs
paiements dans les meilleures conditions de coût et de sécurité et on observe que le secteur
bancaire est en charge de la gestion des systèmes de règlements.

Chaque sous-système présente des structures, des intervenants, un mode de fonctionnement


mais aussi des régulations qui visent à en assurer le bon fonctionnement.

Le risque systémique est caractérisé par la discordance entre les comportements au sein des
différents sous-systèmes et les mécanismes de régulation qui provoque un déséquilibre général
et de grande ampleur. La manifestation du risque systémique est la crise systémique.

Le déséquilibre de l’un des sous-systèmes, par le jeu de réactions en chaîne, se propage à


l’ensemble du système financier. Puis, le déséquilibre de la sphère financière s’étend à
l’ensemble de l’économie. Dans la mesure où les banques sont parties prenantes des trois sous-
systèmes, elles sont au cœur du risque systémique.

Le risque systémique se définit alors comme la fragilisation, par le jeu d'un effet domino, de
toutes les banques du fait du défaut d'un grand établissement fortement débiteur, et très lié aux
autres.

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Chapitre IV : Mécanisme de titrisation des banques

Dans ce chapitre, nous examinons le rôle de la titrisation dans le secteur bancaire et nous nous
concentrons sur l'économie du processus plutôt que sur les détails administratifs précis. Il est
tout d'abord nécessaire de faire la distinction entre la titrisation en soi et la titrisation adossée à
des actifs (ABS). Cumming (1987) définit la titrisation comme le processus de `` mise en
correspondance des emprunteurs et des épargnants, totalement ou partiellement par le biais des
marchés financiers ''. Cette définition comprend : (i) l'émission de titres financiers par les
entreprises par opposition à l'obtention de prêts ; (ii) les dépôts organisés via le système bancaire
; et (iii) des titres adossés à des actifs, c'est-à-dire des ventes de titres financiers qui sont eux-
mêmes adossés à des titres financiers.

Section 1 : Les types de titrisation

1. Ventes de titres sur les marchés financiers

Ce type de titrisation peut être considéré comme impliquant trois catégories ; à savoir, le
remplacement direct des créances (1.1), le placement direct des créances souscrites sur les
marchés financiers (1.2) et le remplacement des dépôts (1.3).

1.1. Remplacement direct

Le remplacement direct nécessite le remplacement des emprunts bancaires par la vente de titres
tels que des obligations ou des actions sur les marchés financiers. La plupart des ventes de ces
titres sont souscrites par des institutions financières, de sorte que les banques et autres
institutions sont impliquées.

1.2. Remplacement souscrit

La plupart des émissions de titres à long terme, telles que les obligations et les nouvelles
émissions de capitaux propres, sont souscrites. Cela implique une institution financière qui
accepte de racheter l'un des titres qui ne sont pas repris par le marché. Les deux parties à l'accord
en bénéficient. L'émetteur a la garantie que l'ensemble de l'émission est repris et, par
conséquent, une certitude quant au volume des fonds levés. De son point de vue, l'institution
financière perçoit des frais pour fournir la garantie.

Il en va de même pour les prêts à court terme sous forme de papier commercial et les prêts à
quasi-court terme, tels que les facilités d'émission de billets (Note Issuance Facilities (NIFs)) et

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les billets à taux variable (Floating Rate Notes (FRNs)). Dans le cas des NIFs, les emprunteurs
émettent un flux de billets à court terme pour une période donnée souscrits par des institutions
financières sur une base de roulement de 1 à 6 mois, le taux d'intérêt étant automatiquement
ajusté à chaque date de roulement selon un taux de référence, comme le taux d'offre
interbancaire de Londres (LIBOR). A chaque étape, le souscripteur garantit l'émission afin que
l'émission soit garantie des fonds à moyen terme. Les FRNs sont similaires avec des maturités
comprises entre 5 et 15 ans mais sont principalement émis par des institutions financières.

On voit donc qu'il existe des alternatives aux prêts bancaires. Le papier commercial a
partiellement remplacé les prêts bancaires à court terme et les NIFs ont eu tendance à remplacer
les prêts bancaires, en particulier les prêts syndiqués, pour les prêts à plus long terme.
Néanmoins, les banques sont impliquées en vue de leur souscription d'émissions de titres de
sorte que la titrisation n'a remplacé que partiellement le rôle des banques dans l'intermédiation
financière.

En d'autres termes, le coût total d'obtention de fonds sur les marchés financiers, y compris les
frais de souscription et de notation (le cas échéant), doit être inférieur aux coûts d'emprunt
auprès des banques. Comme nous l'avons déjà indiqué, cela pourrait être le cas en raison de
l'augmentation des coûts pour les banques en raison de facteurs réglementaires (g), du
développement de la gestion du passif et des taux de dépôt plus élevés en raison de la
concurrence mordant dans `` l'effet de dotation '' et également en raison d'une cote de crédit de
certaines banques

1.3. Remplacement des dépôts

Les dépôts peuvent être caractérisés par une certitude de la valeur nominale et un degré élevé
de liquidité. Les certificats de dépôt (CD) ne correspondent pas tout à fait à cette caractérisation
car ils sont sujets à des variations, quoique minimes, en valeur nominale jusqu'à leur échéance.

Qu'est-ce qui a conduit au taux de croissance plus rapide des intermédiaires financiers non
bancaires ? Une des raisons est que si les dépôts bancaires sont fixes en termes nominaux, leur
valeur réelle et leur rendement réel varient avec l'inflation si le taux d'intérêt ne compense pas
entièrement l'inflation. En revanche, le rendement réel des engagements des institutions
financières non bancaires à moyen terme a été plus élevé que celui des dépôts bancaires.
Deuxièmement, il y a probablement un effet de richesse présent avec la croissance des titres

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favorisant la richesse, qui offrent des avantages à long terme sous forme de retraites et
d'assurance-vie.

2. Titrisation adossée à des actifs (assets-backed securities ABS)

Il s'agit d'un processus par lequel des actifs illiquides sont mis en commun et vendus à des
investisseurs en tant que garantie financière composite qui comprend les futurs produits en
espèces. Une large gamme d'actifs a été vendue en ABS, notamment par les banques mais aussi
par d'autres institutions financières et des particuliers. Les catégories d'actifs les plus souvent
titrisées comprennent les obligations de créance garanties, qui comprennent les obligations de
prêt garanti et les bonds d'obligations garanties ; obligations de carte de crédit ; les prêts
automobiles ; les prêts à la consommation ; et les hypothèques.

3. Le processus de titrisation adaptée aux actifs

La banque regroupe les crédits qu'elle veut sortir du bilan ;

Les crédits mis en pool sont sortis du bilan de la banque et sont logés dans des structures
spéciales appelées « Special Purpose Vehicle (SPV) ». Ces structures sont équivalentes à des
banques de marché non régulées et non supervisées. En contrepartie des pools de crédits qu'elles
acquièrent, elles émettent pour les financer des titres qui ressemblent à des obligations : les
ABS ou, en français, des titres adossés à des actifs. Les flux de paiements associés au pool de
crédits initial (intérêts et remboursement du capital) servent au paiement des intérêts et au
remboursement des obligations émises par les véhicules de titrisation.

Figure1 : Processus de titrisation adaptée aux actifs

Banque (source)

Portefeuille Paiement en
de prêts espèces
Cote
Agence de notation Special purpose Garantie Agence de garantie
de crédit vehicle (banque, compagnie
Frais Frais
d’assurance)
Instruments Produit en
titrisés espèces
Marché des capitaux

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Le SPV achète ensuite la tranche ABS auprès de l'initiateur, puis vend des titres (généralement
des FRNs) pour financer l'achat des titres qu'il détient en fiducie pour leur compte. Ces titres
bénéficient d'un rehaussement de crédit sous la forme d'une garantie d'une banque (il peut en
être l'initiateur) ou d'une compagnie d'assurance. Cela permet aux titres d’être notés par une
agence de crédit, puis vendus sur le marché par tranches, dont la composition est conçue pour
répondre aux préférences des clients. Cette partie du processus est essentielle car la clé de tout
le processus est la négociabilité des créances financières émises par le SPV. Si les créances ne
sont pas négociables, l'ensemble du processus échoue car les banques ne pourront pas retirer
les actifs de leur bilan.

En d'autres termes, des investisseurs achètent ces titres et perçoivent en contrepartie des revenus
(intérêts et remboursements du principal) issus des prêts sur lesquels ils sont adossés.

4. Les gains de la titrisation adossée à des actifs

Les banques tirent un certain nombre d'avantages de l'ABS. Premièrement, ils retirent des actifs
de leur bilan, allégeant ainsi la pression exercée par la réglementation des fonds propres. Selon
la réglementation en vigueur issue d'un accord conclu par le Comité de Bâle sur le contrôle
bancaire (1988), une banque doit maintenir un capital égal à au moins 8% du total de ses actifs
ajustés au risque.

Deuxièmement, émettre des ABS équivaut à lever des fonds supplémentaires. La décision de
s'engager dans l'ABS par une banque dépendra du coût pour la banque de lever des fonds de
cette manière étant inférieur à celui d'attirer des dépôts ou d'émettre des obligations. La
condition nécessaire pour cela est :

où CP sont le produit en espèces de l'ABS, CH sont les coûts de rehaussement de crédit, CR


sont les frais d'agence de notation de crédit, rD est le coût d'attraction des dépôts et rB est le
coût de levée de fonds par le biais d'émissions obligataires.

Troisièmement, les ABS contiennent généralement des prêts de qualité supérieure qui, comme
indiqué précédemment, sont soumis aux mêmes exigences de fonds propres que les prêts de
qualité inférieure qui offrent des rendements plus élevés. Ainsi, l'ABS permet d'augmenter les
rendements des banques en titrisant des prêts de haute qualité avec des rendements relativement
faibles et en conservant des prêts de qualité inférieure avec des rendements plus élevés.

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Quatrièmement, la titrisation permet à une banque de gérer son risque. Si la banque estime que
ses prêts sont trop fortement orientés vers un ou plusieurs emprunteurs, une région ou un secteur
en particulier, elle peut parvenir à une plus grande diversification en supprimant certains prêts
de son portefeuille par l'émission d'un ABS.

Un problème se pose en ce qui concerne la titrisation des prêts - la condition éventuelle de


l’autorisation de l’emprunteur. Même si ce n'est pas le cas, la relation entre la banque et le client
peut être endommagée par le transfert du prêt. Un autre inconvénient pourrait résulter des coûts
encourus dans le temps et des dépenses impliqués dans la conception des émissions afin qu'elles
soient attrayantes pour les acheteurs potentiels. Cela pourrait rendre ces questions peu
attrayantes pour les banques dont les coûts de financement sont faibles.

ll y a aussi la question de savoir si le développement de l'ABS a profité à l'économie dans son


ensemble. En substance, le processus d'ABS relie les marchés financiers au marché des
capitaux. Cette connexion devrait réduire les coûts d'agence et d'intermédiation en offrant aux
investisseurs une gamme plus large de titres et en permettant une levée de fonds moins chère.
En revanche, on fait parfois valoir que les facilités de crédit ont été augmentées. Ceci est
bénéfique pendant les périodes de croissance plus rapide d'une économie, mais pourrait
conduire à une plus grande détresse financière en cas de ralentissement. Si tel est le cas, la
volatilité de l'économie peut avoir augmenté.

5. Résumé

• La titrisation fait référence aux processus. Le premier concerne le processus de


désintermédiation. Le second concerne la titrisation adossée à des actifs.

• Les banques perçoivent des commissions en aidant les entreprises à émettre des titres
lorsque les entreprises lèvent des fonds directement sur le marché des capitaux.

• Les banques procèdent à la titrisation pour alléger les restrictions dues aux ratios capital
/ actif imposés et pour réduire les coûts d'attirer des fonds.

• L'ABS peut être bénéfique pour l'économie dans son ensemble grâce à une liquidité
accrue et à une réduction du coût de la levée de fonds. D'un autre côté, le potentiel de
détresse financière accrue peut être accru en cas de ralentissement de l'économie.

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