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Droit des Assurances

Professeur : Oumar N’DOYE


Master en Risques Management et Assurances
School of Risk Management
Saint John’s University
New York

FSEG
A131 Le Droit du contrat d’assurance

Le Droit du contrat
d’assurance

A131

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A131 Le Droit du contrat d’assurance

Sommaire

Introduction Générale
4

Fiche technique 1 8
La nature juridique du contrat d’assurance 4

Fiche technique 2 13
Des pourparlers précontractuels à la formation du contrat 9

Fiche technique 3 22
La durée du contrat 18

Fiche technique 4 26
La faculté périodique de résiliation 22

Fiche technique 5 29
La déclaration du risque lors de la souscription du contrat 25

Fiche technique 6 35
Les sanctions des obligations en matière de déclaration
tant à la souscription qu’en cours de contrat 31

Fiche technique 7 42
Le paiement de la cotisation 38

Fiche technique 8 44
La déclaration de sinistre 40

Fiche technique 9 49
La modification du contrat 45

Fiche technique 10 53
Les exclusions de garanties 49

Fiche technique 11 62
La cessation de plein droit du contrat 58

Fiche technique 12 66
Les circonstances personnelles qui peuvent entraîner la résiliation 61

Fiche technique 13 71
Les autres cas de résiliations du contrat 66

Fiche technique 14 77
La compétence des tribunaux en cas de litige
Fiche technique 15............
Le délai de prescription pour agir en contentieux 80

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INTRODUCTION GENERALE
Au Mali, le secteur de l’assurance est régi par une double réglementation :

- Au niveau supranational, par le code CIMA (Conférence Interafricaine des Marchés


d’Assurances),

- Au niveau national, par les différents textes nationaux.

Dans les pays Francophones d’Afrique Centrale et de l’Ouest, le secteur de l’assurance


est en premier lieu régi par le code CIMA signé à Yaoundé le 10 juillet 1992 et entré en
vigueur le 15 février 1995.

L’esprit de ce code est de rationaliser et développer tout en protégeant les assurés et les
victimes des accidents de la circulation routière. La CIMA est née des cendres de la
CICA (Conférence Internationale des Contrôles d’Assurance des Etats Africains) qui fut
crée au cours de la décennie 1960-1970 grâce à la coopération Française.

Les principaux objectifs de la CIMA sont :

- renforcer la coopération, dans le domaine des assurances, dans les Etats membres en
instituant un marché élargi et intégré de l’industrie des assurances réunissant les
conditions d’un équilibre satisfaisant au point de vue technique, économique et
financier.

- Faciliter les conditions d’un développement et d’un assainissement des entreprises -


d’assurance et accroître les retentions des primes d’assurance au plan national et
sous- régional.

- Favoriser l’investissement local des provisions techniques et mathématiques


générées par les opérations d’assurances, dans les conditions les meilleures au profit
de l’économie des pays ou de la sous- région.

- Poursuivre la politique d’harmonisation et d’unification des dispositions législatives


et réglementaire relatives aux opérations techniques d’assurance et de réassurance
ainsi qu’au contrôle des entreprises d’assurance.

- Poursuivre la formation des cadres et techniciens d’assurances pour le besoin des


entreprises et des administrations dans les Etats membres.

Le code CIMA composé de huit livres :

- Livre I : Le contrat
- Livre II : Les assurances obligatoires
- Livre III : Les entreprises
- Livre IV : Règles Comptables applicables aux organismes d’assurance
- Livre V : Agents généraux, courtiers et autres intermédiaires d’assurance et de
capitalisation

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- Livre VI : Organismes particuliers d’assurances


- Livre VII : Microassurance
- Livre VIII : Réassurance.

Chaque état membre dispose de textes spécifiques dont l’objectif d’adapter ou de


compléter les dispositions du code CIMA.

Ainsi, au Mali les principaux textes régissant l’industrie des assurances sont :

- La loi N°68-11/AN. RM du 17 février 1968, Décret N° 82 PG.RM du 18 mai 1968


portent sur l’obligation d’assurance responsabilité civile des véhicules terrestres à
moteur
- La loi N°81-78/AN. RM du 15 août 1981, N° 85-37/AN. RM du 14 mai 1985, le
décret N° 314/PG. RM du 05 décembre 1983 et l’arrêté N° 3364/MF. DNTCP du 14
juillet 1984 ont rendu obligatoire l’assurance des facultés transportées à l’importation
- L’arrêté N°97- 1595/MFC. SG du 08 octobre 1997, rend obligatoire l’assurance
responsabilité civile décennale en ce qui concerne les marchés publics de travaux
- L’arrêté N° 99- 0741 du 26 avril 1999 fixe les taux minima et maxima des
rémunérations des courtiers et sociétés de courtage
- L’arrêté N°99- 3565 du 1er novembre 1999 exige qu’au moins 30% du capital de toute
compagnie d’assurance implantée au Mali soit détenu par des nationaux
- L’arrêté N° 06/0251/MEF. SG du 10 février 2006 fixe le tarif minimal de l’assurance
responsabilité civile automobile.

Les structures de contrôle chargées du respect de la réglementation sont :

- A l’échelle supranationale : la Commission Régionale de Contrôle des Assurances


(CRCA) basée à Libreville au Gabon.
- A l’échelle nationale : la Direction Nationale des Assurances(DNA) qui relève du
ministère des finances.

Les compétences de la CRCA est étendue et a en charge le contrôle et la supervision de


l’ensemble des marchés des états membres de la CIMA. Ainsi, toute délivrance
d’agrément pour la constitution d’une société d’assurance doit être au préalable soumise
à l’avis conforme de la CRCA. La CRCA veille également au bon fonctionnement de
l’ensemble des compagnies d’assurances de la zone CIMA et prononce des sanctions
allant de l’avertissement au retrait d’agrément en fonction des infractions commises à la
réglementation.

Le relais de la CRCA au niveau national est assuré par la Division Nationale des
Assurances (DNA) qui dispose en son sein d’un corps de contrôleurs. C’est également la
DNA qui donne son avis technique au ministre des finances sur la délivrance
d’agréments aux sociétés de courtage.

Les principaux intervenants du secteur des assurances sont :

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 Le client : le client est l’élément primordial dans toute opération d’assurance. Il


exprime de façon volontaire ou non (assurance obligatoire) un besoin d’assurance
pouvant porter soit sur la protection de son patrimoine ou au titre de la prévoyance.

 L’assureur : l’assureur est la personne morale chargée de proposer des offres adaptées
aux besoins des clients tout en respectant ses engagements contractuels c’est-à-dire le
règlement des sinistres prévus au contrat. Au Mali, les compagnies d’assurances sont
constituées sous formes de sociétés anonymes et sont régis par le livre III du code
CIMA qui détermine les conditions d’agrément et de fonctionnement de la société
d’assurance.

 L’intermédiaire : la distribution des produits d’assurance est assurée par


l’intermédiaire d’assurance. Les principales formes de distribution de l’assurance au
Mali sont l’agent général, le courtier et les mandataires non salariés en assurance vie.
Nous reviendrons beaucoup plus en détail sur ce point dans le titre III du présent
programme.

 Le réassureur : C’est l’assureur de l’assureur. Grâce à sa capacité financière, il doit


assister l’assureur dans le respect de ses engagements, notamment en cas de sinistre. Il
n’existe aucun lien contractuel entre le client et le réassureur. En zone CIMA, deux
réassureurs bénéficient de la cession légale à savoir la CICA RE-(cession légale au
premier franc de 2,25% sur les traités de réassurance et 10% sur les affaires
facultatives) 10% et AFRICA RE -5% sur les traités. Les principaux réassureurs
internationaux intervenants sur notre marché sont SCOR, SWISSRE, BEST RE,
MUNICH RE, TRUST-RE. Nous assistons à l’émergence de réassureurs sous-
régionaux de proximité tels que SEN-RE, GHANA-RE, KENYA-RE, TUNIS-RE,
CONTINENTAL-RE, ANENI-RE, NCA-RE, WAICA RE. En vue d ’éviter la fuite de
capitaux vers l’étranger, le code des assurances interdit la cession en réassurance sur
les risques de masse (accident, maladie, corps de véhicules terrestres autres que
ferroviaires, marchandises, Responsabilité Civile des véhicules terrestres à moteurs,
assurances vie, etc.) et limite à 50% sur les risques de pointes. Toute cession en
réassurance à l’étranger portant sur plus de 50% du risque est prohibée sauf
dérogation expresse accordée par le ministre en charge du secteur de l ’assurance. Il est
à noter cependant que les assurances corps de navires corps de navires, d ’aéronefs ou
de véhicules ferroviaires du fait de leurs spécificités peuvent être cédées à plus de 50%
sans aucune procédure spéciale ou restrictions. Au Mali, le réassureur est notamment
important pour la couverture de certains risques qui posent un problème de capacité
aux compagnies locales tels que le domaine de l ’aéronautique, les mines, l ’industrie du
coton ou le domaine énergétique.

 L’expert : les experts d’assurances peuvent intervenir à la demande d ’une entreprise


d’assurances ou d’un assuré, avant ou après le sinistre. Aussi ont-ils des missions qui,
par exemple en assurance de dommages, vont de la définition de la valeur des biens à
assurer, jusqu’à l’estimation du montant des dommages occasionnés par un sinistre et
la recherche des responsabilités engagées selon l’origine et les circonstances du
sinistre. Le métier d’expert d’assurances fait appel à un niveau de qualification élevé et
à des compétences techniques de haut niveau dans certains domaines tels que
l’ingénierie, architecture, médecine, etc.

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 Les autorités de contrôle : Il s’agit de la CRCA et de la Direction Nationale des


Assurances qui sont chargées de veiller au respect des textes supranationaux et
nationaux régissant l’industrie des assurances.

 Le Comité des Compagnies d’Assurances du Mali (CCAM) : Il regroupe


l’ensemble des compagnies d’assurances et a pour objectifs principaux :

- La promotion du secteur des assurances


- La défense des intérêts des assureurs auprès des autorités publiques
- La sensibilisation de la population
- La formation des opérateurs du secteur de l’assurance

A l’échelle Panafricain, les compagnies d’assurances sont regroupées au sein de la


Fédération des Sociétés d’Assurances de Droit National Africaines (FANAF) dont les
objectifs sont :

- La promotion de l’assurance et de la réassurance


- La défense des intérêts du secteur
- La formation
- Le renforcement de la collaboration entre les compagnies.

 L’Association Professionnelle des Assureurs Conseil du Mali (AP- A.C.M) : Elle


regroupe l’ensemble des courtiers du Mali en vue de la défense de leurs intérêts
spécifiques et la promotion de l’industrie des assurances. En septembre 2005, un
nombre important de courtiers des pays membres de la zone CIMA ont mis en place le
Forum Interafricain des Courtiers d’assurances (FIAC). L’objectif de cette association
est le suivant :

- Apporter une aide aux pouvoirs publics et à la CIMA pour la défense des intérêts des
assurés.

- Assurer la vulgarisation et la promotion du métier d’assureur- conseil

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Fiche technique 1

LA NATURE JURIDIQUE DU CONTRAT


D’ASSURANCE
 Le contrat d’assurance est avant tout un contrat.

 Ainsi, il faudra faire application des dispositions du Code civil régissant les contrats
mais également de celles du Code des assurances, car il s ’agit d ’un contrat spécifique,
par lequel il faut préserver les droits des assurés et ceux de l’assureur.

A. Rappel des notions juridiques relatives


au contrat
Quelles que soient les bases techniques de l'opération d'assurance, elle ne peut en
définitive se réaliser que par le moyen d'une convention, d'un contrat, par lequel
l'assureur et l'assuré fixent la nature, l'objet et les conditions de la garantie ainsi que les
obligations réciproques auxquelles ils s'engagent.

L'acte qui constate le contrat d'assurance est appelé "police d'assurance" ou encore
"convention" ou "contrat" ; les modifications apportées à la police en cours de contrat
sont des "avenants".

Les modalités de chaque contrat diffèrent naturellement suivant les cas, mais tout
contrat d'assurance suppose nécessairement - c'est ce qui le distingue des autres contrats
et lui confère son caractère propre - la réunion des trois éléments essentiels de
l'opération d'assurance : un risque, en vue duquel l'assurance est souscrite; une
prestation de l'assuré, la "cotisation", qu'il s'oblige à payer à l'assureur comme prix de
la garantie; une prestation de l'assureur, la garantie, c'est-à-dire la promesse de
versement en cas de réalisation du risque, à l'assuré ou à un tiers, soit de l'indemnité,
soit du capital ou de la rente prévus au contrat.

D'autre part, nous savons qu'une véritable opération d'assurance implique


nécessairement de la part de l'assureur le groupement d'un grand nombre de risques afin
de compenser les effets du hasard. Cette compensation n'est pas seulement une nécessité
technique de l'opération d'assurance, mais un élément essentiel du contrat, sans lequel il
ne constituerait qu'un simple "pari".

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De ce principe découleront les obligations particulières de l'assuré à l'égard de la


"mutualité des assurés", cette expression désignant l'ensemble des individus groupés
pour la garantie de risques de même nature par un même organisme d'assurance, quelle
que soit par ailleurs la forme juridique de cet organisme.

"Le contrat d'assurance est un contrat par lequel une partie, l'assuré, se fait
promettre, moyennant une rémunération, la cotisation, pour lui ou pour un tiers,
en cas de réalisation d'un risque, une prestation par une autre partie, l'assureur,
qui prenant en charge un ensemble de risques, les compense conformément aux
lois de la statistique." (Hémard)

Ainsi défini, le contrat d'assurance présente un certain nombre de caractères généraux


qui le situent parmi les diverses classifications des contrats et commandent, ou tout au
moins expliquent, un grand nombre des règles positives que nous aurons à étudier.

a. Caractère bilatéral

En premier lieu, le contrat d'assurance est un contrat "synallagmatique" ou bilatéral -


comme la plupart des contrats, par exemple la vente ou le louage - et non pas un
contrat "unilatéral".

En effet, les contractants s'obligent réciproquement l'un envers l'autre, ce qui est la
définition même des contrats synallagmatiques.

L'assuré s'oblige à payer la cotisation et l'assureur à donner sa garantie. L'intérêt de ce


caractère réside en ceci que les obligations réciproques qui naissent d'un contrat
synallagmatique sont non seulement réciproques mais encore "interdépendantes", ce
qui veut dire que si l'une des parties n'exécute pas son obligation, l'autre partie est
fondée soit à retenir sa prestation, soit à demander la résolution ou la résiliation du
contrat.

b. Caractère aléatoire

Le contrat d'assurance est un contrat aléatoire.

En effet, si du point de vue technique et économique, l'assurance a pour but la


neutralisation des effets du hasard par la compensation des risques, le résultat d'une
opération, considérée de façon isolée, est essentiellement aléatoire, et le contrat qui la
réalise présente ce même caractère.

Il y a chance de gain ou de perte pour les deux parties. L'assuré ne sait pas si le risque
dont il a payé le prix se réalisera effectivement et l'assureur ignore s'il aura à verser la
prestation promise.

Au contraire, dans les contrats dits commutatifs, comme la plupart des contrats, la
vente, par exemple, ou le contrat de transport, chacune des parties se trouve en mesure

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d'apprécier dès la formation du contrat l'étendue de ses obligations et le résultat final


de l'opération.

c. Caractère onéreux

Le contrat d'assurance est un contrat à titre onéreux.

L'assuré doit toujours payer une cotisation et même s'il peut attribuer gratuitement le
bénéfice de l'assurance à un tiers (notamment dans l'assurance sur la vie), cela ne
change pas le caractère onéreux de l'opération pour lui-même.

Quant à l'assureur, même lorsque du fait de la non réalisation du risque il n'aura rien à
payer, la cotisation reçue ne constituera pas pour lui un avantage gratuit. La cotisation
aura été la juste contrepartie de la garantie, dont le coût résulte de l'ensemble des
sinistres correspondant à l'ensemble des risques de même nature qu'il prend en charge.

d. Caractère successif

Le contrat d'assurance est un contrat à exécution successive, comme le bail et non pas
instantané, comme la vente.

Il est toujours conclu pour une certaine durée, de telle sorte que les prestations des
parties s'étendent nécessairement sur un laps de temps déterminé. Il en est ainsi
naturellement de la garantie de l'assureur mais aussi de la cotisation, même lorsqu'elle
fait l'objet d'un versement unique, car elle est fonction de la période de temps pour
laquelle est donnée la garantie correspondante.

Comme conséquence du caractère successif du contrat d'assurance, nous trouverons


notamment le principe de la divisibilité de la cotisation et l'obligation faite à l'assuré
de déclarer les aggravations de risques susceptibles d'intervenir en cours de contrat
afin d'adapter celui-ci à la situation nouvelle.

Par ailleurs, lorsqu'il sera mis fin à l'assurance pour non observation par l'une des
parties de ses engagements en cours de contrat, il y aura non pas "résolution"
rétroactive mais "résiliation" pour l'avenir sans modification aux effets du contrat déjà
réalisés antérieurement.

e. Caractère civil, commercial ou mixte

Le contrat d'assurance est un contrat civil, commercial ou mixte suivant la qualité des
parties et son objet.

 Il est civil si l'assureur est une société mutuelle ou à forme mutuelle et l'assuré
un non commerçant, ou même un commerçant n'agissant pas pour les besoins de
son commerce.

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 Il est commercial si l'assureur est une société par actions et si l'assuré agit en
qualité de commerçant pour les besoins de son commerce.

 Dans les autres cas, il est mixte, c'est-à-dire civil à l'égard de l'une des parties et
commercial à l'égard de l'autre.

Ces distinctions serviront essentiellement à déterminer quelle sera la juridiction


compétente pour connaître des litiges concernant l'exécution du contrat (juridiction
civile ou tribunal de commerce).

f. Contrat consensuel

Le contrat d'assurance est consensuel comme la plupart des contrats, c'est-à-dire qu'il
se forme par le seul consentement des parties.

Sans doute nous verrons que la preuve de ce consentement doit être rapportée par écrit
(généralement cet écrit sera la police mais ce peut être n'importe quel écrit établissant
l'échange des consentements) ; mais sous réserve de cette question de preuve, la
validité du contrat n'est pas subordonnée à une forme particulière.

g. Contrat de bonne foi

Le contrat d'assurance est qualifié traditionnellement de contrat de "bonne foi".

En matière d'assurance, on entend par cette expression que l'assuré a le devoir de se


comporter "avec une entière bonne foi". Il doit notamment renseigner très exactement
l'assureur sur le risque à assurer afin que la cotisation qui lui sera demandée
corresponde bien à la gravité du risque garanti.
En effet, l'assureur est, le plus souvent, tenu de s'en rapporter aux déclarations de
l'assuré, faute de pouvoir vérifier toutes les caractéristiques du risque ; cette confiance
à la base de la convention d'assurance lui donne le droit d'exiger de l'assuré une
parfaite loyauté ; cette loyauté, l'assuré la doit en outre à la "mutualité des assurés" à
laquelle il appartient et qui supportera en dernière analyse la charge de la garantie
prévue au contrat.

Le contrat d'assurance est donc en quelque sorte un contrat "d'exceptionnelle bonne


foi" et ce caractère original justifie en particulier la rigueur de certaines sanctions en
matière de déclaration du risque.

h. Contrat d'adhésion

Enfin, on dit aussi que le contrat d'assurance est un contrat "d'adhésion".

On indique par là qu'en pratique l'assuré n'a généralement pas la possibilité de discuter
l'ensemble des clauses rédigées à l'avance par l’assureur; il n'a d'autre alternative que
de les accepter en bloc, c'est-à-dire "adhérer" au contrat qui lui est présenté, ou refuser
de contracter.

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En réalité, il est excessif d'assimiler ainsi le contrat d'assurance à des conventions


telles que l'abonnement au gaz ou au téléphone, par exemple, qui sont, elles, de
véritables contrats d'adhésion.

En effet, l'assureur n'a jamais bénéficié d'un monopole excluant la libre discussion et
le jeu de la concurrence ; d'autre part, les contrats types qu'il présente au public pour
des raisons de commodité pratique et de "standardisation" ne constituent pas un cadre
rigide auquel il ne puisse être dérogé par des conditions particulières adaptées aux
besoins de l'assuré.

Quoi qu'il en soit, la notion de contrat d'adhésion traduit une certaine inégalité entre
les parties au moment de la conclusion du contrat. Elle explique la tendance des
tribunaux à interpréter en faveur de l'assuré les clauses ambiguës ou obscures, puisque
leur imprécision incombe à l'assureur, rédacteur du contrat.

D'autre part, et surtout, elle est à l'origine de la réglementation du contrat d'assurance,


dont les dispositions impératives ont eu essentiellement pour but de protéger l'assuré
contre l'adoption de clauses inutilement ou abusivement rigoureuses.

B. Les spécificités du contrat-groupe


Les assurances de groupe sont désormais définies par la loi ; aux termes de l'article 95
du Code des assurances "est un contrat d'assurance de groupe, le contrat souscrit par une
personne morale ou un chef d'entreprise en vue de l'adhésion d'un ensemble de
personnes répondant à des conditions définies au contrat, pour la couverture des risques
dépendant de la durée de la vie humaine, des risques portant atteinte à l'intégrité
physique de la personne ou liés à la maternité, des risques d'incapacité de travail ou
d'invalidité ou du risque de chômage".

Ce même article du Code des assurances ajoute que "les adhérents doivent avoir un lien
de même nature avec le souscripteur".

L'exclusion d'un adhérent à un contrat-groupe est réduite à deux hypothèses (Art.97) : le


non-paiement de la cotisation ou la rupture du lien avec le souscripteur. En outre,
l'exclusion ne peut faire obstacle, le cas échéant, au versement des prestations acquises.

Enfin, l'information de l'adhérent est désormais organisée : notice d'information sur les
garanties, modalités d'entrée en vigueur, formalités à accomplir en cas de sinistres,
information écrite sur les modifications contractuelles (qu'il s'agisse ou non de réduction
de garantie).

Si le lien entre l'adhérent et le souscripteur ne rend pas obligatoire l'adhésion au contrat-


groupe, l'assuré peut le dénoncer du fait de ces modifications.

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Fiche technique 2
DES POURPARLERS PRECONTRACTUELS
A LA FORMATION DU CONTRAT

A. Les parties au contrat


La formation du contrat d’assurance nécessite la réunion de deux parties : l’assureur et
l’assuré.

Le cas de l’assureur fait l’objet d’un développement dans le cadre de la formation


relative à l’organisation et à la réglementation de l ’activité d ’assurance, aussi, nous ne
développerons pas, ici, sa situation.

Par contre, en ce qui concerne le preneur d’assurance, il convient d ’apporter les


développements suivants car le terme « assuré » est trop souvent employé alors qu’il
convient de nuancer nos propos.

L’assuré est la personne sur la tête ou sur les intérêts de laquelle repose une assurance,
c’est-à-dire celle qui est menacée par le risque couvert, soit dans sa personne, soit dans
son patrimoine.

Le souscripteur est celui qui s’engage envers l’assureur, notamment au paiement des
cotisations.

Le bénéficiaire quant à lui est celui qui percevra l’indemnité.

Le contrat d’assurance peut être souscrit par l’assuré pour son propre compte mais peut
être également souscrit pour le compte de qui il appartiendra.

Dans l’assurance pour compte, le souscripteur souscrit un contrat non seulement pour
son propre compte, mais aussi pour le compte d’autrui qui devient ainsi assuré.

L’assuré pour compte dispose alors d’une action directe contre l ’assureur promettant et
celui-ci peut, en principe, lui opposer toutes les exceptions nées du contrat.

Le processus de conclusion du contrat est souvent complexe, la prise d ’effet du contrat


n’étant généralement pas concomitante de la formation proprement dite du contrat.

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B. L’information préalable réciproque


Lors du processus de formation du contrat d’assurance, il est nécessaire que les parties
puissent s’engager en toute connaissance de cause.

Le contrat d’assurance est un contrat consensuel donc formé dès l ’échange des
consentements des parties. Néanmoins, ce consentement doit être éclairé.

Le futur assuré devra donc, dans un premier temps faire connaître à l ’assureur ses
besoins de couvertures en assurance en lui fournissant tous les éléments d ’appréciation
utiles : c’est l’objet de la proposition d’assurance que l’assureur doit étudier et classer en
fonction de ses statistiques pour déterminer le tarif applicable.

a. La fiche d’information – La notice d’information

En vertu de l’article 6 du Code des assurances, l ’assureur doit obligatoirement fournir


une fiche d’information sur le prix et les garanties avant la conclusion du contrat.

L’assureur doit également remettre un exemplaire de projet de contrat ou une notice


d’information précise sur les garanties et les exclusions.

b. La proposition d’assurance

La proposition est le document par lequel le futur souscripteur demande une garantie
d’assurance pour les risques qu’il déclare.

En pratique, la proposition est constituée par les réponses à un questionnaire établi par
l’assureur. L’assureur recueille ainsi les informations nécessaires à l ’évaluation du
risque.

L’assuré doit répondre aux questions exactement, c’est à l’assureur de poser les bonnes
questions et de les libeller de façon claire et précise faute de quoi les réponses
apportées risqueraient d’être floues et par conséquent peu exploitables ou plutôt peu
précises.
L'assureur ne peut se prévaloir du fait qu'une question exprimée en termes généraux
n'a reçu qu'une réponse imprécise.
L’assureur ne pourrait alors invoquer ce questionnaire pour confondre l ’assuré en cas
de non-conformité du risque avec le contrat.

L’assuré n’a pas à aller au-delà des questions qui lui sont posées, c ’est un
consommateur et il ignore les points intéressant l’assureur.

Néanmoins, la proposition d’assurance n’engage ni l’assureur ni l’assuré comme


l’indique l’article 6. C’est une offre de contracter émanant du proposant qui demeure
libre de retirer son offre tant que l’assureur ne l’a pas acceptée.

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Cependant, si le contrat est ultérieurement souscrit sur la base des déclarations


contenues dans la proposition, celles-ci constituent alors la déclaration des risques
couverts et permettent d’établir la bonne ou la mauvaise foi de l’assuré.

L’assureur n’est pas lié par la proposition d’assurance, il s’agit d ’une simple offre de
contracter.

Il peut refuser, demander des renseignements complémentaires ou bien accepter


moyennant amélioration des systèmes de protection par exemple.

Lorsqu’il accepte dans les termes de la proposition qui lui était faite, il y a
consentement et le contrat est formé. Reste à établir le contrat conformément au Code
des assurances. L’apposition de la signature de l’assureur formalise cet accord.

Cependant, la prise d’effet du contrat est subordonnée au paiement de la prime par le


souscripteur (Article 13 nouveau du 11 avril 2011).

C. La prise d’effet du contrat

La prise d’effet du contrat est subordonnée au paiement de la prime par le


souscripteur.

Il est interdit aux entreprises d’assurance, sous peine des sanctions


prévues à l’article 312, de souscrire un contrat d ’assurance dont la prime
n’est pas payée ou de renouveler un contrat d ’assurance dont la prime
n’a pas été payée.

Par dérogation au principe énoncé aux alinéas précédents, un délai


maximum de paiement de soixante jours à compter de la date de prise
d’effet ou de renouvellement du contrat peut être accordé au
souscripteur, pour les risques dont la prime du contrat excède quatre-
vingt fois le SMIG annuel du pays de localisation à l ’exception des contrats
des branches automobile, maladie et marchandises transportées.

Toutefois, le souscripteur devra signer un engagement express à payer la


prime du contrat avant l’expiration du délai prévu. Lorsque l ’engagement
express de payer la prime est matérialisé par un effet de commerce, le
terme maximum stipulé ne peut excéder le délai de 60 jours ci-dessus.

A défaut de paiement de la prime dans le délai convenu, le contrat est


résilié de plein droit. La portion de prime courue reste acquise à
l’assureur, sans préjudice des éventuels frais de poursuite et de
recouvrement.

Les dispositions des alinéas 2 à 6 ne s’appliquent pas aux risques de l ’Etat


et de ses démembrements pour lesquels des délais de paiement de primes
pourraient être accordés dans les conditions définies par la Commission
Régionale de Contrôle des Assurances.

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Les dispositions des alinéas 2 à 7 du présent article ne sont pas applicables


aux assurances sur la vie.

D. Les conditions de validité du contrat


d’assurance
Le contrat d’assurance est avant tout un contrat et sa validité sera remise en question si
les dispositions tant du Code civil que celles du Code des assurances n ’ont pas été
respectées.

Aussi, les dispositions du Code civil relatives aux conditions de validité du contrat sont
elles applicables.

Quatre conditions sont essentielles pour la validité d’une convention :

 Le consentement de la partie qui s’oblige.


 Sa capacité à contracter.
 Un objet certain qui forme la matière de l’engagement.
 Une cause licite dans l’obligation.

a. L’échange des consentements

Le consentement doit être sain et sans vice faute de quoi le contrat serait nul.

Les vices du consentement, à savoir l’erreur, la violence et le dol, doivent être


appréciés au moment de la formation du contrat. La jurisprudence est rare en matière
de vice de consentement dans les contrats d’assurance, compte tenu des dispositions
spéciales du Code des assurances.

L’assureur peut être victime d’une fausse représentation de la réalité (erreur), parfois
provoquée par son cocontractant (dol).

b. La capacité

Toute personne capable peut souscrire un contrat d’assurance à condition d ’y avoir


intérêt.

La souscription d’un contrat d’assurance est un acte d’administration par opposition à


l’acte de disposition par lequel une personne peut transférer par exemple la propriété
de son bien.

Cet acte étant un simple acte d’administration, il pourra être passé par toute personne
capable mais également par des majeurs sous curatelle habilités à passer de simples
actes d’administration.

FSEG 16/95
A131 Le Droit du contrat d’assurance

Les majeurs sous tutelle ne peuvent quant à eux souscrire ni des actes d’administration,
ni des actes de disposition.

Par contre la souscription d’un contrat d’assurance vie est considérée comme étant un
acte de disposition.

c. L’objet

L’objet doit être certain et exister au jour du sinistre. Ainsi, on ne peut s ’assurer contre
un risque qui s’est déjà réalisé.

D’ailleurs, lorsqu’un assuré déclare un sinistre notamment dans le cadre d ’un dégât des
eaux (DDE), peu de temps après la souscription d’un contrat, il convient d’être vigilant,
de bien vérifier que le sinistre trouve son origine dans une cause postérieure à la
souscription du contrat.

d. La cause

La cause doit être licite et morale.

Ainsi, il ne sera pas possible de s’assurer contre le risque de retrait de permis de


conduire par le biais d’un contrat offrant la mise à disposition d ’un chauffeur de
remplacement.

Ce contrat irait à l’encontre du dispositif de lutte contre les accidents de la circulation.

De même, il n’est pas possible de s’assurer contre les paris.

E. Les conditions de forme du contrat


d’assurance
Le contrat d’assurance est un contrat qui se forme par le simple échange des
consentements, alors pourquoi un écrit ?

Le législateur oblige l’assureur à rédiger un écrit afin d ’attester de l ’existence et du


contenu du contrat.

Il n’est donc exigé qu’à titre probatoire.

Cependant, certaines formes doivent être respectées et certaines mentions doivent


obligatoirement apparaître.

Selon l’article 6 du code des assurances, c’est la police ou la note de couverture qui
constate l’engagement réciproque de l’assureur et de l’assuré.

FSEG 17/95
A131 Le Droit du contrat d’assurance

a. Les mentions obligatoires

 L’article 8 du code des assurances précise quelles sont les mentions que la
police doit obligatoirement contenir :

 Les nom et domicile des parties contractantes, la chose ou la personne


assurée, la nature des risques garantis, le point de départ et la durée de la
garantie, son montant, celui de la cotisation.

 La police se présente sous la forme d’un imprimé établi par l ’assureur, les
conditions générales (CG) et des conditions particulières (C.P), qui sont
manuscrites ou dactylographiées.

b. Les conditions de forme

Les clauses des contrats proposés par les professionnels aux consommateurs ou aux
non professionnels doivent être présentées et rédigées de façon claire et
compréhensible. Elles s’interprètent en cas de doute dans le sens plus favorable au
consommateur ou au non professionnel.

Le législateur, en droit des assurances, a établi un certain nombre de règles qui tendent
à éliminer les abus en avertissant clairement l ’assuré de toutes les exceptions qui
peuvent lui être opposés en cas de sinistre.

La police doit ainsi être rédigée en français et en caractères apparents et certaines


dispositions en caractères très apparents (les clauses d ’exclusion, celles relatives aux
déchéances, aux nullités, aux sanctions et à la durée - Art 8 du code des assurances).

c. Interprétation des contrats d’assurance

Ce sont les juges du fond qui interprètent les clauses des polices d’assurance.
Si les clauses sont claires, précises et licites, elles seront appliquées en l ’état et ne
doivent pas faire l’objet d’interprétation.

Les clauses abusives, illicites seront quant à elles déclarées nulles.

En cas de contradiction entre les conditions générales et les conditions particulières,


ces dernières l’emporteront.

Les clauses équivoques, obscures ou ambiguës seront interprétées en faveur de


l’assuré.

d. La note de couverture

C’est un document dans lequel l’assureur accorde sa garantie de façon temporaire.

FSEG 18/95
A131 Le Droit du contrat d’assurance

Face au besoin urgent de couverture d’un assuré ou d’un futur assuré, l ’assureur peut
délivrer une note de couverture dans l’attente de se décider de façon définitive sur
l’octroi de sa garantie ou non.

Effectivement, l’assureur peut souhaiter obtenir des renseignements complémentaires,


procéder à une visite de risque ou bien exiger que l’assuré réalise des améliorations,
des protections par exemple.

L’assureur souhaite conserver un client ou un futur client mais étudier le dossier avant
de se prononcer définitivement, tandis que l’assuré a un besoin de couverture urgente.

La garantie accordée est alors provisoire et l ’assureur est libre de poursuivre ou non au
terme de cette note de couverture.

La cotisation payée sera conservée par l’assureur s ’il ne souhaite pas poursuivre les
relations tandis qu’elle s’imputera sur la cotisation du contrat définitif en cas de
souscription. Elle n’est soumise à aucune forme et peut être constituée par tout écrit.

e. La police

La police d’assurance se compose des conditions générales qui sont les mêmes pour
l’ensemble des assurés souscrivant contre un même risque. On y retrouve les
dispositions générales régissant la vie du contrat ainsi que les différentes garanties
accordées.

Les conditions particulières, quant à elles, permettent de personnaliser le contrat en


fonction des besoins de l’assuré : on y retrouve l’adresse du risque, la qualité de
l’assuré, le montant des capitaux assurés ainsi que les exclusions et les franchises et
pourquoi pas des extensions de garanties.

Dans certains contrats, des conventions spéciales viennent compléter le tout afin de
préciser le champ d’application de telle ou telle garantie.

FSEG 19/95
A131 Le Droit du contrat d’assurance

Résumons-nous

FSEG 20/95
A131 Le Droit du contrat d’assurance

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FSEG 21/95
A131 Le Droit du contrat d’assurance

FSEG 22/95
A131 Le Droit du contrat d’assurance

Fiche technique 3

LA DUREE DU CONTRAT

A. Les données du problème


La durée de la convention d'assurance soulève certaines difficultés qui procèdent d'un
conflit d'intérêts entre l'assureur (pris en sa qualité de gérant de la mutualité) et le
souscripteur.

Techniquement, il est du devoir de l'assureur de s'efforcer de préserver la mutualité


dans son intégralité. La tâche de celui-ci (compensation et dispersion des risques)
nécessite que les risques regroupés offrent une certaine stabilité, ce qui ne serait pas le
cas s'il était admis que les souscripteurs puissent résilier leur contrat à tout moment. De
plus, l'assureur doit pouvoir observer le portefeuille afin d'étudier le comportement des
risques, et tirer des enseignements statistiques.

Commercialement, l'assureur doit rentabiliser son action, et amortir les frais


d'acquisition des contrats par lui engagés.

Face à ces impératifs, on constate de la part des souscripteurs la volonté (souvent


brimée) de pouvoir quitter la mutualité à laquelle ils appartiennent dès lors qu'ils
estiment ce départ conforme à leurs intérêts.

Pour ceux-ci, le libre exercice du droit de résiliation constitue un objectif primordial.

Le contrat d'assurance étant consensuel, donc soumis aux principes déjà évoqués de
liberté contractuelle, d'autonomie de la volonté - qui postulent de la part de l'assuré la
liberté de contracter ou de ne pas contracter - l'assureur a naturellement utilisé ces
préceptes pour stipuler des contrats de très longue, voire de trop longue durée. Et les
assurés analysaient cette pratique comme contraire à leurs intérêts, sans qu'ils puissent
réellement s'y opposer (la convention d'assurance étant considérée comme un contrat
d'adhésion, dont les clauses sont "imposées" par le cocontractant le plus puissant).

On constate que, face à cette divergence d'intérêts entre les assureurs et les assurés,
le droit libéral ne permettait pas de déboucher sur une solution satisfaisante.
C'est pourquoi le législateur dût intervenir.

FSEG 23/95
A131 Le Droit du contrat d’assurance

La politique législative concentra ses efforts sur les points suivants :

 Amélioration de la qualité de l'information des assurés. Des mesures furent prises pour
que le souscripteur sache effectivement et la durée de son engagement, et les
conditions de résiliation. L'administration de tutelle n'hésita pas à recourir aux
pouvoirs qui lui étaient conférés en matière de clause type pour tendre à ce
résultat.

 La durée des contrats n'a pas été définie de façon impérative par la loi. Il eût certes été
possible de limiter la durée des polices à une période uniforme, par exemple un an.
Mais ce n'est pas cette voie qui fut suivie. De telle sorte qu'à l'heure actuelle, la
durée des contrats d'assurance continue d'être soumise au droit commun ; elle est
librement fixée d'un commun accord entre l'assureur et le souscripteur.

B. L’information des assurés quant à la durée


du contrat
La durée du contrat est en principe fixée librement par les parties. Mais le Code des
assurances contient à cet égard trois dispositions impératives, protectrices des intérêts de
l'assuré:

La durée du contrat doit être mentionnée en caractères "très apparents" dans la police,
ainsi que nous l'avons vu précédemment aux termes de l’article 24 du Code des
assurances, ceci afin que l'assuré ne soit pas tenu de longues années au paiement des
cotisations contre sa volonté.

Faute d'une durée mentionnée en caractères très apparents, le contrat n’est cependant
pas nul mais résiliable tous les ans. Il en est de même pour les durées exprimées en
termes ambigus ou insuffisamment explicites.

La notion de durée du contrat ne doit pas être confondue avec celle de "Périodicité de
résiliation". En effet, si l'assuré se trouve engagé pour une certaine durée, le législateur
a prévu pour lui la possibilité de se retirer avant l'expiration du contrat, lors de la
survenance de certains faits économiques, ou familiaux.

C. La tacite reconduction
La cessation automatique du contrat à l'expiration du terme peut présenter des
inconvénients si l'assuré oublie de reconduire son contrat. Il risque de se trouver à
découvert sans s'en rendre compte. La tacite reconduction permet d'éviter cette situation.

Les conditions, pour qu'un contrat stipule une tacite reconduction, sont les suivantes :

 Le contrat doit avoir une durée déterminée.

FSEG 24/95
A131 Le Droit du contrat d’assurance

 Une clause expresse doit prévoir que par accord des parties, il y aura reconduction.

Pour les contrats à tacite reconduction, à chaque échéance de prime, l ’assureur est
tenu d’aviser à la dernière adresse connue, au moins quarante cinq jours à l’avance,
l’assuré, ou la personne chargée du paiement des primes, de la date d ’échéance et du
montant dont il est redevable.
Cet avis matérialisé par une lettre avec accusé de réception ou décharge devra
rappeler que le contrat sera résilié de plein droit si la prime de renouvellement n ’est
pas payée dans les délais prévus à l’article 13.

FSEG 25/95
A131 Le Droit du contrat d’assurance

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FSEG 26/95
A131 Le Droit du contrat d’assurance

Fiche technique 4
FSEG 27/95
A131 Le Droit du contrat d’assurance

LA FACULTE PERIODIQUE DE RESILIATION


Il était souhaité par les représentants des consommateurs que les assurés souscripteurs
puissent bénéficier d'un droit de résiliation annuelle.

Dans les faits, beaucoup de sociétés d'assurance avaient devancé la réforme en promouvant le
droit de résiliation annuelle. C'était devenu la règle en assurance automobile.

Donc, si la durée des contrats continue d’être fixée librement par les parties, ce qui signifie
que l'assureur est en droit de proposer des contrats de très longue durée (par exemple "durée
compagnie", "durée statutaire"), il n'en résulte aucun inconvénient pour le souscripteur, celui-
ci pouvant résilier chaque année sa police en respectant un préavis de deux mois. L'assureur
dispose des mêmes prérogatives.

A. L’information des souscripteurs et la mise en


œuvre de la faculté de résiliation annuelle
La durée des contrats doit être rappelée dans chaque police de même que la possibilité
offerte à l'assuré souscripteur de résilier annuellement le contrat.

La loi dispose que l'assuré « a le droit de résilier le contrat à l'expiration d'un délai d'un
an, en envoyant une lettre recommandée à l'assureur au moins deux mois avant la date
d'échéance. Ce droit appartient dans les mêmes conditions, à l'assureur ».

Il résulte des débats parlementaires que l'assureur a la possibilité de prévoir dans la


police un préavis inférieur à deux mois au profit du souscripteur, ce qui constitue une
disposition plus favorable pour ce dernier.

Par contre, le préavis est d'au moins deux mois pour les résiliations émanant de
l'assureur.

Le délai de résiliation s'apprécie à partir de la date figurant sur le cachet de la poste de


la lettre recommandée.

B. Procédure
Le droit de résilier la police annuellement est une manifestation de volonté unilatérale,
ne nécessitant pas d'acceptation de la part du cocontractant. On parle dans ce cas d'acte
juridique unilatéral. La loi prévoit donc que cette manifestation se concrétise par l'envoi
d'une lettre recommandée deux mois au moins avant la date d'échéance. La date
d'échéance est la date anniversaire de la prise d'effet du contrat.

FSEG 28/95
A131 Le Droit du contrat d’assurance

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FSEG 29/95
A131 Le Droit du contrat d’assurance

FSEG 30/95
A131 Le Droit du contrat d’assurance

Fiche technique 5

LA DECLARATION DU RISQUE
LORS DE LA SOUSCRIPTION DU CONTRAT
L'assuré a pour obligation principale de payer la cotisation prévue au contrat, ce qui est la
contrepartie de la promesse de garantie de l'assureur. Mais, afin que cette cotisation soit
vraiment la contrepartie du risque pris en charge par l'assureur, il doit, en outre, lui déclarer
exactement les caractères constitutifs de ce risque à la souscription du contrat ainsi que, le cas
échéant, les aggravations de risque survenant en cours de contrat.

A. Généralités
L’article 12 du code des assurances stipule en particulier:

 L'obligation de répondre exactement aux questions posées par l'assureur, notamment


dans le formulaire de déclaration du risque par lequel l'assureur interroge
l'assuré, lors de la conclusion du contrat, sur les circonstances qui sont de
nature à lui faire apprécier les risques qu'il prend en charge.

 L'obligation de déclarer, en cours de contrat, les circonstances nouvelles qui ont pour
conséquence soit d'aggraver les risques, soit d'en créer de nouveaux et rendent
de ce fait inexactes ou caduques les réponses faites à l'assureur, notamment
dans le formulaire de déclaration du risque.

L'assuré doit, par lettre recommandée, déclarer ces circonstances à l'assureur dans un
délai de quinze jours à partir du moment où il en a eu connaissance.

En ce qui concerne la déchéance de garantie pour déclaration tardive d'aggravation du


risque, elle ne peut être opposée que si l'assureur établit que le retard apporté à cette
déclaration lui a causé un préjudice. Elle ne peut également être opposée dans tous les
cas où le retard est dû à un cas fortuit ou de force majeure.

Il faut bien voir que le principe même de l'assurance suppose que l'assuré apporte à la
masse commune constituée par la "mutualité des assurés" groupés par l'assureur pour la
couverture de leurs risques, une contribution pécuniaire proportionnelle à son risque.

Et comme en général, seul l'assuré est en mesure de connaître toutes les caractéristiques
de son risque, c'est à lui qu'il incombe de les fournir à l'assureur pour permettre à ce
dernier de déterminer exactement le montant de la cotisation correspondante.

FSEG 31/95
A131 Le Droit du contrat d’assurance

D'autre part, et pour les mêmes raisons, cet équilibre nécessaire entre la cotisation et le
risque doit subsister pendant tout le cours du contrat.

C'est pourquoi l'assuré a également l'obligation de déclarer à l'assureur les aggravations


de risque survenant après la conclusion du contrat (article 12 du code des assurances).

Enfin, on sait que ces obligations particulières au contrat d'assurance l'ont fait qualifier
de "contrat de bonne foi". On ne sera donc pas surpris de constater que la bonne foi, ou
la mauvaise foi de l'assuré soit prise principalement en considération pour
l'aménagement des sanctions légales de l'obligation de déclaration du risque
(articles 18 et 19 du code des assurances).

B. La déclaration initiale du risque


Selon les termes de l'article 12 du code des assurances, l'assurable doit :

"Répondre exactement aux questions posées par l'assureur, notamment dans le


formulaire de déclaration du risque par lequel l'assureur l'interroge lors de la conclusion
du contrat, sur les circonstances qui sont de nature à faire apprécier par l'assureur les
risques qu'il prend en charge..."

Antérieurement, la rédaction pour ce qui concerne la déclaration initiale du risque était


la suivante:

"L’assuré est obligé de déclarer exactement lors de la conclusion du contrat toutes les
circonstances connues de lui qui sont de nature à faire apprécier par l'assureur les
risques qu'il prend à sa charge."

Quel est l'impact de cette réforme ?

Il réside dans l'abandon du régime de la déclaration spontanée au profit du système


communément qualifié de questionnaire limitatif.

Quels sont les caractères de ces deux systèmes ?

 Le régime de la déclaration spontanée

L'assurable était regardé comme la personne la mieux à même de renseigner l'assureur


sur les caractéristiques du risque dont la couverture était envisagée.

Il était donc attendu que l'assurable fasse un effort personnel pour imaginer quels
pouvaient être les éléments factuels, les circonstances, les antécédents susceptibles
d'intéresser l'assureur, et qu'il les déclare spontanément.

Les critiques

Les organisations de consommateurs mirent en évidence les inconvénients résultant de


la flexibilité du régime de la déclaration spontanée.

FSEG 32/95
A131 Le Droit du contrat d’assurance

Ce régime permettait à l'assureur de contester la validité du contrat en faisant grief à


l'assuré de n'avoir pas déclaré des circonstances déterminantes pour l'appréciation des
caractères du risque proposé, quand bien même aucune question à leur sujet n'aurait
été posée. En caricaturant, il eût été possible de reprocher à l'assuré de n'avoir pas
dévoilé un élément qu'il ignorait.

 Le régime du questionnaire écrit limitatif

Désormais, sous l'effet de la nouvelle rédaction, le régime de la déclaration spontanée


est abandonné. Le système juridique applicable est celui de la déclaration limitée aux
questions posées par l'assureur, notamment à celles figurant dans le formulaire de
proposition.

L'assureur devra veiller à prévoir les questions pertinentes et déterminantes pour lui
permettre de se forger une opinion sur le risque.

C'est l'assureur qui a l'initiative des questions. Il n'est plus requis de l'assurable qu'il ait
l'initiative des déclarations à faire.

L'assurable doit répondre avec exactitude aux questions posées. Il n'est pas tenu de
répondre au-delà.

La déclaration initiale de risque est donc une déclaration guidée par l'assureur, ou
provoquée par l'assureur. Le questionnaire étant conçu comme un questionnaire fermé.

L'assurable jouit-il d'une marge de manœuvre au moment où il déclare son risque ?

Il doit répondre avec précision. En pratique, il y aura sans doute lieu d'apprécier la
qualité de la question posée et surtout sa formulation. Une question mal rédigée, ou
formulée en termes vagues ou insuffisamment précis devrait légitimer une réponse
également imprécise ou ambiguë. Toute maladresse de plume de l'assureur se
retournera contre lui.

La nouvelle rédaction est de ce point de vue, sans ambiguïté :

"Lorsque, avant la conclusion du contrat, l'assureur a posé des questions par écrit à
l'assuré, notamment par un formulaire de déclaration du risque ou par tout autre
moyen, il ne peut se prévaloir du fait qu'une question exprimée en termes généraux n'a
reçu qu'une réponse imprécise."

Il n'est pas défendu à l'assurable de faire une déclaration spontanée qui de son avis
enrichirait l'exploitation du questionnaire et contribuerait à mieux renseigner l'assureur
sur le risque dont la souscription est envisagée. S'il agit ainsi, il aura à répondre de ses
erreurs ou omission.

Sanctions

FSEG 33/95
A131 Le Droit du contrat d’assurance

Les réformateurs voulaient éviter que l'on fasse application des sanctions des articles
18 et 19 du Code des assurances dans les hypothèses où l'assurable avait mal exécuté sa
déclaration de risque en l'absence de questions écrites précises posées par l'assureur.

On rappelle que l'article 18 du code des assurances prévoit la nullité des contrats
reposant sur une fausse déclaration ou une réticence intentionnelle de la part de l ’assuré.
L'article 19 du code des assurances prévoit la réduction de l'indemnité en cas de sinistre
en proportion de la cotisation payée par celle qui aurait dû l'être, si la fausse déclaration
ou l’omission n’est pas intentionnelle.

Il faut en plus que l’attitude du proposant ait été déterminante, au point qu'elle change
l'objet du risque ou diminue l'opinion de l'assureur.

FSEG 34/95
A131 Le Droit du contrat d’assurance

Résumons-nous
FSEG 35/95
A131 Le Droit du contrat d’assurance

Fiche technique 6
FSEG 36/95
A131 Le Droit du contrat d’assurance

SANCTIONS DES OBLIGATIONS EN MATIERE


DE DECLARATION TANT A LA SOUSCRIPTION
QU’EN COURS DE CONTRAT
Elles sont indiquées dans les articles 18 et 19 du code des assurances pour la déclaration du
risque initial et il convient, par analogie et en raison des termes généraux de ces articles,
d'appliquer les mêmes sanctions au défaut de déclaration des aggravations de risque en cours
de contrat.

A. Influence de la bonne ou de la mauvaise foi


Les sanctions seront très différentes suivant que l'assuré aura été de bonne ou de
mauvaise foi et selon les principes généraux en la matière, la bonne foi de l'assuré sera
présumée.

Ce sera donc éventuellement à l'assureur de rapporter la preuve de la mauvaise foi de


l'assuré, d'établir que c'est intentionnellement et dans le but de le tromper, que l'assuré a
omis de déclarer une circonstance constitutive du risque, a fait une déclaration inexacte
ou n'a pas déclaré une aggravation (les sanctions sont applicables même si la réticence,
l'omission d'un fait connu ou la fausse déclaration ont été sans influence sur le sinistre).

On pourrait imaginer que ces faits, pour importants qu'ils soient, ne devraient être pris
en considération qu'à la condition qu'ils aient exercé une influence sur la réalisation du
risque. Il n'en est rien. Toutes réticences, toutes déclarations inexactes faites de
mauvaise foi rendent nulle la convention d'assurance.

Cette solution procède de l'application logique de la maxime juridique "la fraude


corrompt tout".

D'autre part, il conviendra de déterminer quel sera le sort des cotisations.

Si les conditions de la nullité sont réunies, autrement dit, si la mauvaise foi est prouvée
par l'assureur, celui-ci conservera les cotisations payées, et aura droit, à titre de
dommages intérêts, au paiement des cotisations échues non réglées (article 18 du code
des assurances). Les sinistres payés à l’assuré devront également être remboursés.

On constate donc que si la nullité rétroagit, les effets de cette rétroactivité ont un
caractère unilatéral. L’assuré est privé de la garantie, pour le passé et pour l'avenir, mais
l'assureur conserve les avantages pécuniaires qui se trouveraient attachés à ce contrat
nul.

Lorsque la mauvaise foi n'aura pu être établie, l'assuré bénéficiera de la garantie, mais il
ne s'agira que d'une garantie réduite.

FSEG 37/95
A131 Le Droit du contrat d’assurance

En effet, la non-déclaration d'une circonstance importante pour permettre l'appréciation


du risque se traduit très souvent par une cotisation insuffisante par rapport au risque
réel. L'assureur sera donc fondé à appliquer la règle proportionnelle de cotisation "A
cotisation insuffisante, garantie moindre".

a. La mauvaise foi de l'assuré est établie

En cas de réticence ou de fausse déclaration de mauvaise foi, l'article 18 du code des


assurances prononce la nullité du contrat. En conséquence, l'assuré n'aura droit à
aucune indemnité en cas de sinistre et devra restituer à l'assureur les indemnités de
sinistre éventuellement reçues soit depuis la conclusion du contrat (réticence ou fausse
déclaration du risque initial), soit depuis l'aggravation non déclarée.

En outre, contrairement au principe de la divisibilité de la cotisation mais à titre de


pénalité supplémentaire, l'assureur, malgré la nullité de la convention, conservera
toutes les cotisations payées et aura droit aux cotisations échues ou non encore
payées.

La nullité du contrat rétroagit jusqu'au moment où l'infraction a été commise s'il s'agit
de déclaration initiale le contrat est nul dès l'origine ; s'il s'agit d'aggravation en cours,
le contrat est nul à partir du moment où la déclaration aurait dû être faite.

La charge de la preuve de la fraude de l'assuré appartient à l'assureur en vertu de


l'article 1315 du Code civil.

b. La mauvaise foi de l'assuré n'a pu être établie

Mais lorsque l'assuré est de bonne foi, c'est-à-dire lorsque la mauvaise foi n'est pas
établie, l'article 19 du code des assurances fait produire effet à l'assurance dans la
proportion des cotisations payées par rapport aux cotisations réellement dues pour le
risque considéré (cette réduction d'indemnité est ordinairement désignée sous le nom
de règle proportionnelle de cotisation) tout en organisant pour l'avenir le
rétablissement de l'équilibre du contrat.

FSEG 38/95
A131 Le Droit du contrat d’assurance

 L'irrégularité est découverte avant tout sinistre

Si l'omission, ou la déclaration inexacte, est découverte avant sinistre, l'assureur


bénéficiera simplement des mêmes options indiquées plus haut en cas de
déclaration spontanée par l'assuré d'une aggravation risque. Il pourra donc soit
résilier à dix jours de la date avec restitution du prorata de cotisation
(article 19 du code des assurances), soit proposer une augmentation, soit encore
éventuellement consentir au maintien du contrat aux mêmes conditions.

 L'irrégularité est découverte après sinistre

Si l'omission ou la déclaration inexacte n'est découverte qu'après sinistre ou si un


sinistre survient avant qu'un accord ne soit intervenu entre les parties à la suite
d'une omission antérieurement découverte, l'indemnité de sinistre sera réduite
"dans la proportion du taux des cotisations payées par rapport aux taux des
cotisations qui auraient été dues, si les risques avaient été complètement et
exactement déclarés" (article 19 dernier alinéa).

Selon la jurisprudence, cette réduction proportionnelle devra être appliquée


même si les tarifs de l’assureur ne prévoient pas un taux particulier en la matière.

Les tribunaux détermineront selon l'espèce, dans quelle mesure l'indemnité de


sinistre sera réduite pour tenir compte de la circonstance omise ou inexactement
déclarée. D'autre part, en ce qui concerne le sort du contrat, l'assureur
bénéficiera des mêmes options que ci-dessus.

B. La déchéance de l'article 20
du Code des assurances
Sans que cela soit réellement nécessaire, le législateur a cru devoir préciser que le
souscripteur qui effectuait hors délai son obligation d'information en circonstances
nouvelles survenant en cours de contrat, encourait la déchéance.

La déchéance doit, pour pouvoir être opposée par l'assureur, avoir été prévue dans le
contrat.

De plus, l'assureur doit être en mesure de démontrer que le retard dans la déclaration lui
a causé un préjudice. Il s'agit de la même mesure que la sanction à laquelle s'expose
l'assuré qui déclare avec retard un sinistre.

La déchéance est une sanction grave. Trop grave pour sanctionner un simple retard. En
effet, à l'égard du sinistre considéré, la déchéance prive l'assuré du bénéfice de la
garantie. Elle est, du point de vue des effets à l'égard de l'assuré, comparable à la nullité.
Par contre, elle s'en écarte par le fait que, contrairement à la nullité, la déchéance n'est
pas opposable aux tiers. Notamment, aux victimes éventuellement attributaires de
l'indemnité.

FSEG 39/95
A131 Le Droit du contrat d’assurance

De plus, l'article 20 du Code des assurances ne s'attache pas à considérer l'éventuelle


bonne foi de l'assuré, puisque seul le préjudice éprouvé par l'assureur du fait du retard
est retenu. Et il n'y a pas naturellement corrélation entre la valeur économique de la
garantie dont l'assuré se trouverait privé en raison de son retard et le préjudice subi par
l'assureur par ce retard.

Pour ces motifs, la jurisprudence continue d'appliquer les articles 18 et 19 du Code des
assurances. Car indépendamment de la mauvaise foi de l'assuré, qui doit être
sanctionnée par la mise en œuvre de la nullité, sa négligence devrait être soumise à la
règle proportionnelle de cotisation, qui concilie les impératifs techniques auxquels
l'assureur, garant de la mutualité, se trouve soumis, avec le souci de faire contribuer
l'assuré aux conséquences de son comportement laxiste.

La déchéance, même si elle devient inopérante dès lors que le souscripteur a été
empêché par force majeure ou cas fortuit, est beaucoup plus sévère que la mise en jeu
de la règle proportionnelle de cotisation.

Enfin, l'évocation de la déchéance en matière de retard dans l'obligation de déclarer une


circonstance nouvelle, donc même en l'absence de sinistre, introduit une confusion
regrettable entre les sanctions existantes : la déchéance est depuis toujours réservée pour
sanctionner l'assuré souscripteur en cas de manquement à ces obligations nées APRES
SINISTRE.

C. Régimes particuliers

L'erreur sur l'âge de l'assuré en assurance vie

En assurance vie, l'article 80 du code des assurances supprime toute distinction entre
l'assuré de bonne foi et l'assuré de mauvaise foi lorsque l'erreur porte sur l'âge de
l'assuré.

Lorsque l'âge véritable de l'assuré "se trouve en dehors des limites fixées pour la
conclusion des contrats par les tarifs de l'assureur", le contrat est nul de plein droit et
l'assureur doit ici restituer les cotisations reçues même si l'assuré était de mauvaise
foi.

Dans le cas contraire, le contrat est toujours valable : s'il y a un trop perçu, il est
restitué par l'assureur, sans intérêt. Si la cotisation a été inférieure à ce qu'elle aurait
dû être, le capital ou la rente assuré sera réduit en proportion.

FSEG 40/95
A131 Le Droit du contrat d’assurance

D. Exceptions à l’application des sanctions


Conformément au droit commun des obligations, l'assuré échappera à l'application
des sanctions visant la déclaration du risque, dès lors qu ’il établit qu'il a été empêché de
faire des déclarations prescrites par un cas de force majeure.

D'autre part, l'assureur peut toujours renoncer aux sanctions légales ; exemple : en
assurance vie et dans les contrats accidents "complémentaires" à ces contrats, la clause
dite "d'incontestabilité" par laquelle l'assureur peut renoncer à se prévaloir, soit
immédiatement, soit après un certain délai, des omissions ou déclarations inexactes de
bonne foi de l'assuré. Elle se présente en général sous cette forme "Le présent contrat
est incontestable sous réserve des dispositions du Code des assurances".

La renonciation de l'assureur peut être tacite mais la seule connaissance par l'assureur ou
son agent des faits omis ou inexactement déclarés ne suffit pas à la faire présumer; il
faut qu’il s'y ajoute l'intention manifeste de ne pas se prévaloir des sanctions légales.

FSEG 41/95
A131 Le Droit du contrat d’assurance

Résumons-nous

FSEG 42/95
A131 Le Droit du contrat d’assurance

Résumons-nous
FSEG 43/95
A131 Le Droit du contrat d’assurance

Fiche technique 7
FSEG 44/95
A131 Le Droit du contrat d’assurance

Le PAIEMENT DE LA COTISATION
La situation financière des sociétés d’assurances de la zone CIMA longtemps
caractérisée par l’abondance des impayés de primes et l ’incapacité des assureurs à faire
face aux charges de sinistres du fait des tensions de trésorerie a conduit le l2gislateur
supranational à interdire l’assurance à crédit.

Le nouvel article 13 amendé en date du 11 Avril 2011 stipule que :

La prime est payable au domicile de l'assureur ou de l ’intermédiaire dans les


conditions prévues à l’article 541.

La prise d’effet du contrat est subordonnée au paiement de la prime par le


souscripteur.

Il est interdit aux entreprises d’assurance, sous peine des sanctions


prévues à l’article 312, de souscrire un contrat d ’assurance dont la prime
n’est pas payée ou de renouveler un contrat d ’assurance dont la prime
n’a pas été payée.

Par dérogation au principe énoncé aux alinéas précédents, un délai


maximum de paiement de soixante jours à compter de la date de prise
d’effet ou de renouvellement du contrat peut être accordé au
souscripteur, pour les risques dont la prime du contrat excède quatre-
vingt fois le SMIG annuel du pays de localisation à l ’exception des contrats
des branches automobile, maladie et marchandises transportées.

Toutefois, le souscripteur devra signer un engagement express à payer la


prime du contrat avant l’expiration du délai prévu. Lorsque l ’engagement
express de payer la prime est matérialisé par un effet de commerce, le
terme maximum stipulé ne peut excéder le délai de 60 jours ci-dessus.

A défaut de paiement de la prime dans le délai convenu, le contrat est


résilié de plein droit. La portion de prime courue reste acquise à
l’assureur, sans préjudice des éventuels frais de poursuite et de
recouvrement.

Les dispositions des alinéas 2 à 6 ne s’appliquent pas aux risques de l ’Etat


et de ses démembrements pour lesquels des délais de paiement de primes
pourraient être accordés dans les conditions définies par la Commission
Régionale de Contrôle des Assurances.

Les dispositions des alinéas 2 à 7 du présent article ne sont pas applicables


aux assurances sur la vie.

FSEG 45/95
A131 Le Droit du contrat d’assurance

Fiche technique 8

FSEG 46/95
A131 Le Droit du contrat d’assurance

LA DECLARATION DE SINISTRE
Le sinistre est la réalisation de l’événement dommageable prévu et garanti au contrat.

Le règlement du sinistre désigne l’ensemble des opérations qui interviennent après la


déclaration du sinistre et permettent de déterminer les indemnités à charge de l ’assureur.

La liquidation du sinistre désigne les opérations intervenant après le règlement et englobant le


paiement des indemnités.

A. Obligations de l’assuré

a. Contenu des obligations

L’assuré doit déclarer le sinistre dès qu’il en a eu connaissance au plus tard dans les
cinq jours ouvrés.

Ce principe général connaît 3 exceptions :

 En assurance sur la vie, aucun délai n’est prévu.


 En assurance vol, le délai est ramené à 2 jours ouvrés.
 En assurance mortalité du bétail, il est de 2 jours.

Quand il s’agit de jours ouvrés, le décompte s’effectue en fonction des jours


d’ouverture de l’assureur et diffère ainsi selon que l’on considère l’agent, la délégation,
ou le siège d’une même société.

Modalités de déclaration de sinistre


La loi n’imposant pas de modalités particulières, il faut se référer aux dispositions de la
police : lettre recommandée, déclaration orale, contre récépissé

Autres obligations
Tous les contrats stipulent que l’assuré doit communiquer les documents et justificatifs
relatifs au sinistre et qu’il doit fournir toute précision utile.

Sur ce point, il convient de se reporter aux clauses de la police.

b. Sanctions en cas de non-respect du délai de


déclaration

En cas de non-respect du délai de déclaration, l’assuré encourt la déchéance, sauf cas


de force majeure ou cas fortuit.

La déchéance est la perte d’un droit à titre de sanction, qui ne concerne que le sinistre
en question, et laisse le contrat en vigueur.

FSEG 47/95
A131 Le Droit du contrat d’assurance

De plus, la déchéance est inopposable aux tiers victimes en assurance de


responsabilités.

Cependant l’application de la déchéance suppose l’existence d ’une clause expresse au


contrat en caractères très apparents.

En outre, l’assureur ne peut opposer la déchéance que s’il établit l ’existence d ’un
préjudice consécutif au retard dans la déclaration.

B. Les obligations et les droits de l’assureur

a. Les obligations

L’assureur doit verser la prestation promise dans le délai convenu stipulé dans le
contrat.

Il doit couvrir les sinistres résultant de ces fortuits ou de la faute de l ’assuré sauf faute
intentionnelle.

Il est tenu de garantir les dommages occasionnés par les personnes dont l ’assuré est
responsable quelle que soit la gravité de leur faute.

b. Les droits

Il peut outre les possibilités déjà étudiées résilier le contrat après chaque sinistre, s ’il a
prévu une clause à cet effet.

L’assureur n’a pas à justifier la résiliation qui doit être demandée par lettre
recommandée et qui prend effet un mois après notification. Il doit alors rembourser le
prorata de la cotisation non courue.

L’assuré, en contrepartie, a le droit de résilier tous les autres contrats souscrits auprès
du même assureur, moyennant préavis d’un mois et à condition qu ’il formule sa
demande de résiliation dans le délai d’un mois après réception de la lettre de l ’assureur.

Le prorata de cotisation non courue est remboursé.

Mais l’assureur perd le droit à résiliation s'il accepte le paiement d ’une cotisation sans
réserve, plus d’un mois après sa connaissance du sinistre.

FSEG 48/95
A131 Le Droit du contrat d’assurance

FSEG 49/95
A131 Le Droit du contrat d’assurance

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FSEG 50/95
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FSEG 51/95
A131 Le Droit du contrat d’assurance

Fiche technique 9
FSEG 52/95
A131 Le Droit du contrat d’assurance

LA MODIFICATION DU CONTRAT

A. L’initiative de l’assureur
Si l’on faisait application des règles du droit commun des contrats, il faudrait recueillir
l’unanimité des consentements (des parties) pour modifier le contrat conformément aux
dispositions du Code civil.

Ces règles ont été écartées compte tenu du caractère particulier du contrat d ’assurance et
des intérêts en jeu.

Effectivement, le contrat d’assurance est un contrat à exécution successive, il produit ses


effets dans le temps et la situation de l’assuré, du risque peut évoluer.

L’assuré peut avoir, alors, besoin de modifier son contrat, il en fera la demande à
l’assureur mais il ne doit pas pâtir du manque de diligence de ce dernier dans le
traitement de cette demande et risquer de se trouver face à un vide de garantie...

C’est pourquoi, le législateur a conféré au silence de l ’assureur suite à une demande de


modification du contrat à l’initiative de l’assuré une certaine force juridique

L’assureur peut souhaiter également apporter certaines modifications au contrat qu ’il


pourra imposer aux assurés dans certains cas.

Effectivement pour des raisons de normalisation, substitution à une police ancienne une
police plus récente, l’assureur envoie à la signature de l ’assuré un nouveau contrat qui
"annule et remplace l’autre" mais il s’agit, ici d’une résiliation et non d’une nullité.

Par contre, la hausse de tarif exige certaines conditions.

 Les modifications en augmentation de garanties

Lorsqu’il s’agit de l’insertion aux contrats de nouvelles garanties, moyennant une


augmentation corrélative de cotisations, il convient que l ’assureur, dans les avis
d’échéance correspondant à ces offres nouvelles, indique les montants de cotisation à
payer avec et sans la nouvelle garantie de sorte que l ’assuré puisse indiquer s ’il désire
ou non cette garantie supplémentaire.

FSEG 53/95
A131 Le Droit du contrat d’assurance

 Les modifications en diminution de garanties

Elles nécessitent l’accord de l’assuré.

 Les changements de tarifs

Les contrats comportent souvent une clause d’indexation qui est tout à fait légale. Des
clauses contractuelles prévoient également le droit de modifier de façon unilatérale le
tarif applicable. Le plus souvent l’augmentation tarifaire est notifiée à l ’assuré par
l’avis d’échéance. L’assuré peut résilier le contrat en cas de désaccord.

B. L’initiative de l’assuré
La demande de modification faite par lettre recommandée par l ’assuré à l ’assureur en
vue de prolonger, de modifier ou de remettre en vigueur un contrat suspendu restée sans
réponse pendant 10 jours est considérée comme acceptée.

Cette disposition n’est pas applicable en assurance vie.


Le silence vaut donc acception, en l’espèce, ce qui est exceptionnel dans notre droit.

a. Les conditions de la modification

 Existence d’un contrat en cours

Un contrat suspendu peut reprendre son efficacité pour l’avenir.

 Une proposition de modification présentée à l’assureur par lettre recommandée

Le Code exige cette « procédure ». Néanmoins la Cour de Cassation a admis que


la lettre recommandée n'était pas une formalité substantielle et qu'elle ne jouait
qu'un rôle probatoire. Mais en l’absence de cette L.R le calcul des délais sera
difficile.

 Le silence de l’assureur pendant dix jours

Son silence vaut acceptation après l’écoulement du délai de dix jours. Il ne


dispose que d’un délai très court pour refuser ou réserver son acceptation sous la
condition d’un examen approfondi.

Le point de départ est le lendemain à 0 h du jour de la première présentation à


l’assureur de la lettre recommandée, date constatée par les registres postaux, que
les bureaux de la société d’assurance soient ouverts ou fermés.

L’assureur dispose ensuite de 10 jours pour répondre. La modification rentre en


vigueur le 10ème jour à minuit.

FSEG 54/95
A131 Le Droit du contrat d’assurance

b. Le contenu de la modification

Il doit s’agir de prolonger, de remettre en vigueur un contrat suspendu ou de le


modifier.

c. Les effets de la modification

La modification prend effet au terme du délai de 10 jours, à moins que l ’assuré n ’ait
fixé une date dans sa proposition.

Reste à l’assureur à déterminer la cotisation correspondante et à établir un avenant qui


formalisera cette modification.

FSEG 55/95
A131 Le Droit du contrat d’assurance

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FSEG 56/95
A131 Le Droit du contrat d’assurance

Fiche technique 10
FSEG 57/95
A131 Le Droit du contrat d’assurance

LES EXCLUSIONS DE GARANTIES

A. La nature juridique de l’exclusion


Le principe fondamental est que l'assureur et l'assuré sont libres de déterminer ensemble
les risques qui feront l'objet de la garantie, ainsi que les conditions dans lesquelles cette
garantie sera appelée à jouer.

Concrètement, il s'agit de déterminer, puis de formuler juridiquement, les choix relatifs


aux risques pris en charge.

La liberté contractuelle, réaffirmée dans l'exposé des motifs de la loi de 1930 ("Il ne
dépend pas du législateur d'imposer la garantie de tel ou tel risque") devrait conduire à
penser que l'assureur et le souscripteur sont tout à fait autonomes pour choisir les
risques qui feront l'objet de l'assurance, ainsi que le contenu des garanties.

En réalité, il n'en est rien. En effet, l'essor des assurances obligatoires a eu pour résultat
de réduire la liberté de décision quant à la souscription d'une assurance. Le désir de
conduire une automobile est accompagné de l'obligation de couvrir par une assurance de
responsabilité contre les recours de tiers victimes.

La réglementation a parfois pour effet d'interdire la souscription d'une assurance.


Voyez à ce propos le problème de la faute inexcusable commise par l'employeur.

Mais cette restriction de liberté ne concerne pas seulement le principe même de la


souscription d'une assurance.

Lorsque le législateur intervient pour imposer l'obligation d'assurance dans un secteur


déterminé, il ne se contente pas d'en imposer le principe, mais il réglemente également
le contenu de cette assurance (minima de sommes assurées), exclusions de risque
réputées "non écrites", clauses type ).

De plus, afin de permettre à la décision législative d'atteindre son objectif social,


l'autorité de contrôle utilise son pouvoir en matière de clauses type pour homogénéiser
les polices, en orienter la rédaction, afin que tous les assurés et bénéficiaires de contrats
jouissent de garanties équivalentes.

Cette pratique conduit à une certaine standardisation des contrats et à une réduction de
la liberté contractuelle de l'assureur et de l'assuré.
Il ne faut pas négliger non plus l'impact de la morale et du droit sur la détermination du
contenu des garanties.

La loi prohibe l'assurance du dol, de la faute intentionnelle commise par l'assuré, pour
d'évidentes raisons. Mais le contrat d’assurances permet de garantir les conséquences de
cette même faute lorsqu'elle émane de personnes dont cet assuré est civilement
responsable.

FSEG 58/95
A131 Le Droit du contrat d’assurance

L'exclusion de risques, qui consiste à réduire le champ d'application de la garantie,


subit l'influence de la loi et de la jurisprudence.

Par exemple, on pourrait parfaitement concevoir que l'assureur refuse de garantir son
assuré lorsque celui-ci conduit une automobile en état d'ivresse. Cette exclusion
conventionnelle de risque, pour légitime qu'elle soit, est interdite par le législateur en
assurance R.C. (il s'agit d'une exclusion de risque, bien que celle-ci soit qualifiée,
improprement, de déchéance).

La loi présume parfois l'intention contractuelle des parties, en décidant qu'a priori, les
conséquences de certains risques (exemple : risque de guerre) sont exclus de la garantie.
Mais elle n'écarte pas la convention contraire.

Quant à la jurisprudence, on peut constater qu'elle s'efforce de protéger, surtout en


assurance de responsabilité, les assurés et, sans aucun doute à travers eux, les victimes.

L'exclusion conventionnelle de risque devra donc obéir à des règles strictes de


formulation, et porter "sur un point déterminé, précis et délimité".

Dans les assurances de dommages, l'assureur est a priori garant de toutes les pertes ou
dommages, survenus fortuitement ou par la faute de l'assuré, sauf exclusion formelle et
limitée contenue dans la police. Le principe est donc celui de la garantie systématique,
l'exclusion de risque (la réduction de la garantie) étant exceptionnelle.

Selon cette conception, le secteur de la non-garantie est finalement résiduel. C'est du


moins ce que souhaite le législateur. Une police qui ne comporterait que des exclusions,
serait d'un piètre intérêt.

En plus du caractère exceptionnel de l'exclusion, il convient de noter qu'elle doit


respecter des règles de forme particulières. Ce dernier aspect correspondant au caractère
formel et limité. L'assuré doit savoir à quoi s'en tenir. Il convient de bannir toute
ambiguïté dans la rédaction des exclusions.

Les exclusions de risque, grâce auxquelles on parvient à déterminer avec précision quels
seront finalement les risques couverts, sont d'origine légale, ou conventionnelle.

FSEG 59/95
A131 Le Droit du contrat d’assurance

B. Les exclusions de risque d’origine légale


La loi influence de façon marquée la libre détermination des risques couverts dans les
circonstances suivantes :

 la faute intentionnelle ou dolosive de l'assuré,


 le risque de guerre,
 le vice propre de la chose assurée.

a. La faute intentionnelle ou dolosive de l'assuré

Article 11 du Code des assurances :

"Les pertes et les dommages occasionnés par des cas fortuits ou causés par la faute de
l'assuré sont à la charge de l'assureur, sauf exclusion formelle et limitée contenue
dans la police.
Toutefois, l'assureur ne répond pas, nonobstant toute convention contraire, des pertes
et dommages provenant d'une faute intentionnelle ou dolosive de l'assuré."

Il résulte de ce texte que l'assureur prend en charge les conséquences de dommages


causés par des cas fortuits ou par la faute de l'assuré, sauf si cette faute est
intentionnelle.

L'exclusion légale ne concerne que la faute intentionnelle. La faute lourde, la faute


inexcusable sont garanties.

1. Notion de faute intentionnelle ou dolosive

Il existe une abondante jurisprudence sur cette notion. A partir de celle-ci, on


peut avancer que la faute intentionnelle ou dolosive, en assurance, procède de la
réunion de deux éléments, tous deux psychologiques, mais qui n'ont pas la même
assise.

 Premier élément : Existence d'un fait, d'un acte ou d'une attitude volontaire,
blâmable, susceptible en un mot d'être qualifié de faute volontaire
(ex. : brûler un feu rouge, franchir une ligne jaune, lorsque ce fait est commis
délibérément, et que par conséquent, il ne résulte pas d'une cause extérieure:
rupture de freins, véhicule poussé par un autre, malaise du conducteur.).
Très souvent, en automobile, ce premier élément correspondra à la faute
pénale.

 Deuxième élément : Réalisation d'un dommage voulu, qui soit la conséquence


du fait volontaire.

Ces deux éléments doivent être nécessairement réunis pour que l'on puisse parler
de faute intentionnelle.

FSEG 60/95
A131 Le Droit du contrat d’assurance

Exemples

Ne commet pas une faute intentionnelle le chasseur qui, chassant la nuit sur le
terrain d'autrui, blesse le propriétaire du champ. Ce chasseur a commis un délit
de chasse, une "faute volontaire", mais s'il a voulu violer la loi, il n'a pas voulu
causer le dommage qui en résulte (blessure du propriétaire du terrain).

Il en est de même lorsque le suicide par le gaz de l'assuré a entraîné l'explosion


de l’immeuble. Le suicidaire a certes voulu attenter à ses jours, mais n'a pas
voulu les conséquences dommageables (destruction de l'immeuble) qui s'en sont
ensuivies.

2. Le problème de la fauté intentionnelle ou dolosive commise


par des personnes dont l'assuré est civilement responsable

Pour l'assureur, qui techniquement souhaite réduire ses engagements à la


dimension d'un risque normal, la faute intentionnelle, telle qu'elle vient d'être
définie, a pour effet essentiel de faire disparaître l'aléa.

L'assureur ne pourra toutefois pas exclure de sa garantie les conséquences d'une


faute intentionnelle commise par des personnes dont l'assuré est civilement
responsable. Le Code civil édicte en effet différents cas de responsabilité
encourue par le fait d'autrui : enfants, préposés, apprentis...

Il est admis que celui qui souscrit une assurance de responsabilité souhaite
protéger son patrimoine contre les recours de tiers lorsqu'il a causé un dommage,
notamment par sa propre faute, mais aussi lorsque ce dommage a été causé par
une personne dont il est civilement responsable.

Que décider à l'égard des dommages causés intentionnellement par ces


personnes ?

Il n'y a pas d'obstacle moral à ce que le civilement responsable soit garanti,


puisqu'il n'est pas personnellement l'auteur de la faute intentionnelle.

On peut, par contre, éprouver une certaine gêne lorsque l'auteur de la faute
intentionnelle (enfant, préposé) échappe à toute sanction. En réalité, il n ’est pas
ressorti du contrat d'assurance de sanctionner les comportements antisociaux.

Par ailleurs, ces auteurs ne sont pas à l'abri de toute responsabilité effective,
puisqu'ils peuvent subir l'action récursoire de l'assureur, subrogé dans les droits
et actions de l'assuré civilement responsable, lorsqu'ils se sont rendus coupables
de malveillance.

Notons toutefois que ce recours est très théorique, et que l'assureur ne l'utilise
guère, en raison notamment de l'insolvabilité fréquente des auteurs.

Les assureurs sont donc pratiquement tenus de garantir les dommages résultant
de la faute intentionnelle commise par les personnes dont l'assuré souscripteur
est civilement responsable.

FSEG 61/95
A131 Le Droit du contrat d’assurance

Par contre, lorsqu'il s'agit de garantir la responsabilité d'un chef d'entreprise en


raison des dommages pouvant être causés aux tiers au cours d'une activité
professionnelle déterminée, s'il est normal d'exclure en les précisant, certaines
fautes lourdes ou inexcusables de l'assuré, ces mêmes fautes commises par un
préposé de l'assuré doivent être couvertes.

Imaginons, par exemple, que l'assuré ait donné des instructions précises à un
contremaître en vue d'utiliser pour l'exécution de certains travaux, des matériaux
homologués et que ce dernier, pour éviter des déplacements trop fréquents, en
utilise qui ne soient pas homologués. Il serait manifestement contraire à toute
équité, en cas de sinistre résultant du fait de ce préposé, de priver de la garantie
un assuré de bonne foi qui n'aurait commis aucune faute.

b. Exclusion des risques de guerre et événements assimilés

Le législateur souhaite éviter que les assureurs s'engagent à garantir des événements
dont les conséquences dommageables sont difficilement évaluables a priori. D'autant
plus que l'accroissement de la sinistralité, évidente en temps de guerre, est de nature à
rendre difficile, voire impossible, l'exécution, par les assureurs, de leurs engagements.

L'article 38 du Code des assurances présume donc que dans toutes les assurances de
dommages, se trouvent exclus les dommages occasionnés par un fait de guerre
(étrangère ou civile), des émeutes ou des mouvements populaires.

En assurance vie, des raisons analogues ont conduit à l'institution d'un régime spécial
de l'assurance du risque de guerre étrangère et les autres assurances de personnes
comportent généralement, conventionnellement, la plupart des exclusions prévues par
loi pour les seules assurances de dommages. Ce sont encore ces mêmes raisons qui,
dans les assurances ordinaires, conduisent à l'exclusion conventionnelle du "risque
atomique".

Si la loi présume que les faits de guerre et événements assimilés sont exclus, elle
n'interdit pas de les garantir. Mais il faudra une clause spéciale dans la police,
prévoyant la prise en charge par l'assureur, moyennant une surprime adaptée, des
dommages résultant de ces événements.

1. Le régime de la preuve

En cas de guerre étrangère, tous les dommages subis par l'assuré sont présumés
avoir été causés par la guerre. C'est donc à l'assuré qu'il incombe de renverser
cette présomption, en démontrant que le sinistre n'a pas été occasionné par un
fait de guerre.

FSEG 62/95
A131 Le Droit du contrat d’assurance

c. Exclusion des dommages dus aux vices propres


à la chose assurée

Dans les assurances de dommages, mais plus particulièrement dans les assurances de
choses, l'article 37 du code des assurances précise que :

"les pertes subies par la chose assurée et qui proviennent de son vice propre (il ne
s'agit que du vice «accidentel» et non pas de détériorations inhérentes à la nature de la
chose et qui, étant inéluctables, demeurent de toute façon en dehors de toute
assurance) ne sont pas à la charge de l'assureur."

On entend par "vice propre", les défectuosités de la chose, sa mauvaise conformation,


qui normalement n'existent pas dans une chose similaire. Exemple : la "paille" dans
l'acier qui entraîne la rupture de la pièce, telle la rupture d'un arbre de transmission...

L'exclusion légale est limitée et ne vise que les pertes subies par la chose elle-même
affectée d'un vice propre et non celles qui peuvent être causées de ce fait aux autres
objets assurés.

L’exclusion légale ne s'applique pas non plus aux assurances de responsabilité.


Et, là encore, cette exclusion qui se justifie par l'intention présumée de l'assureur, peut
être écartée par une convention contraire (exemple: assurance "Bris de machine").

La charge de la preuve appartient alors à l'assuré (article 1315 du Code civil).

Notons que l'article 37 du code des assurances réserve la possibilité d'une convention
contraire..

C. LES EXCLUSIONS DE RISQUE D’ORIGINE


CONVENTIONNELLE
La loi permet à l'assureur, en principe, de ne pas assurer tel ou tel risque, ou de ne
l'assurer que lorsque certaines circonstances matérielles ou juridiques sont réunies (par
exemple, le vol ne sera garanti que si les bijoux sont enfermés dans un meuble fermé à
clé, le conducteur d'un véhicule automobile ne sera assuré que s'il est titulaire d'un
permis de conduire en état de validité... ).

Le législateur a toutefois réglementé l'exclusion de risque conventionnelle en imposant


aux assureurs de rédiger l'exclusion formellement, en lui assignant une portée limitée.

a. L'exclusion de risque doit être formelle

L'exclusion de risque doit figurer dans la police en termes clairs, exempts d'ambiguïté.
Cette exigence est normale, puisque à priori, l'assureur garantit tous les dommages.

FSEG 63/95
A131 Le Droit du contrat d’assurance

Par formelle, il faut entendre que l'exclusion doit être clairement exprimée et qu'elle
doit figurer dans la police.

Il existe pratiquement deux techniques de rédaction.

1. L'exclusion de risque directe

L'assureur insère dans la police, directement, une exclusion de risque. Par


exemple: "Sont exclus de la garantie les accidents causés par un conducteur non
titulaire du permis de conduire, sauf en cas de vol, de violence ou de conduite à
l'insu de l'assuré ".

2. L'exclusion de risque indirecte

L'exclusion apparaît, en lisant les conditions de la garantie, comme "une


condition sine qua non" de l'application de la garantie. Exemple: "Sont garantis
au titre du présent contrat les accidents causés par un conducteur muni d'un
permis de conduire en état de validité". Cette formulation implique que les
personnes qui conduiraient sans permis de conduire ne seraient pas assurées en
responsabilité civile.

b. L'exclusion doit être limitée

Le législateur a voulu que l'exclusion soit nette, sans ambiguïté. Ce ne serait pas le cas
si la police pouvait exclure toute une série de risques, d'événements ou de
circonstances. Une inflation, au niveau des exclusions, rendrait la compréhension de la
police plus difficile. Or, l'assuré ne doit pas être dans le doute, qui profite toujours à
l'assuré.

L'application du principe, qui prohibe les clauses d'exclusion de risque formulées en


termes généraux, est plus délicate.

Peut-on exclure de la garantie la faute lourde de l'assuré ? De même, peut-on exclure


de la garantie les conséquences dommageables d'une faute inexcusable de ce même
assuré ?

D'une façon générale, la jurisprudence est hostile à ce genre de formulation.


La référence à la faute lourde est insuffisamment précise pour ne pas encourir la
censure de la Cour de cassation.

A été ainsi annulée, une clause d'exclusion de risque visant la violation des règles de
l'Ordre des architectes. Il en est fréquemment de même pour les clauses visant "la
violation des règles de l'art" pour les constructeurs.

L'assureur, qui souhaite légitimement exclure certains comportements indésirables de


la part de ses assurés, devra, de préférence, envisager une circonstance bien précise,
choisie soigneusement parmi d'autres, et constituant une aggravation de risque
majeure, et la formuler sous la forme d'une exclusion de risque.

FSEG 64/95
A131 Le Droit du contrat d’assurance

De la sorte, la clause d'exclusion sera claire et précise, à l'abri de toute équivoque et de


toute ambiguïté ; mais surtout, elle portera conformément aux v œux de la
jurisprudence, sur un point déterminé, précis et délimité+

FSEG 65/95
A131 Le Droit du contrat d’assurance

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FSEG 66/95
A131 Le Droit du contrat d’assurance

Fiche technique 11
FSEG 67/95
A131 Le Droit du contrat d’assurance

LA CESSATION DE PLEIN DROIT DU CONTRAT


Enfin, en dehors de toute manifestation de volonté des parties, le contrat d'assurance prend fin
de plein droit, à l’occasion de nombreuses circonstances, soit à l'arrivée du terme fixé,
(contrats de durée ferme, sans tacite reconduction), soit lorsque l'assureur n'est plus en
mesure de faire face à ses engagements, soit lorsque le risque, qui était l'objet de
l'assurance, a disparu.

A. Retrait d'agrément
Le retrait de l'agrément de l'assureur entraîne de plein droit la cessation des contrats, le
quarantième jour à midi à compter de la publication au Journal Officiel de l'arrêté
prononçant le retrait d'agrément (article 17 du Code des assurances) sauf possibilités
d'aménagements pour les assurances vie.

Les cotisations échues avant la date de l'arrêté sont dues en totalité, mais elles ne sont
définitivement acquises à l'assureur que proportionnellement à la période garantie.

B. Perte totale de la chose assurée


L'article 39 du Code des assurances prévoit que :

"En cas de perte totale de la chose assurée résultant d'un événement non prévu par la
police, l'assurance prend fin de plein droit et l'assureur doit restituer à l'assuré la portion
de cotisation payée d'avance et afférente au temps pour lequel le risque n'est plus
couru."

Cette disposition qui ne concerne que les assurances de dommages, rappelle celle de
l'article 44 du code des assurances (nullité de l'assurance lorsque la chose assurée a
déjà péri au moment du contrat ou ne peut plus être exposée aux risques).

Elle vise le cas où, par exemple, des marchandises assurées contre l'incendie ont été
volées, ou inversement, et tous ceux où il y a disparition du risque de telle sorte que
l'objet même de l'assurance n'existe plus (expropriation pour cause d'utilité publique,
dispersion d'un mobilier par suite de vente aux enchères publiques, etc.).

FSEG 68/95
A131 Le Droit du contrat d’assurance

C. Aliénation d’un véhicule terrestre à moteur


(VTM)

a. Domaine d'application

Il concerne les véhicules terrestres à moteur soumis


à une obligation d'assurance.

Il s'applique aux assurances relatives au véhicules aliéné (R.C. mais également aux
autres assurances telles que vol, incendie, dommages, défense et recours) et, si
l'assurance est relative au véhicule aliéné, aux assurances des accidents corporels
souscrites au profit des personnes transportées.

Il ne concerne que le cas d'aliénation du véhicule (transmissions entre vifs).


Il n'est pas applicable au cas de décès de l'assuré (dans cette hypothèse, c'est l'article
40 du code des assurances qui s'applique).

b. Effets

L'article 41 du code des assurances stipule, dérogeant ainsi à l'article 40, qu'en cas
d'aliénation d'un véhicule terrestre à moteur, l'assurance ou les assurances sont de plein
droit suspendues (c’est-à-dire que la garantie n'est plus due par l'assureur et que celui-
ci n'a plus droit à la cotisation).

L'assureur en conséquence doit restituer le prorata de cotisation postérieur à


l'aliénation.

Cette suspension a lieu de plein droit sans qu'un avenant soit nécessaire.

La suspension prend effet de plein droit "à partir du cinquième jour de l ’aliénation à
vingt quatre heures du jour de l'aliénation".

c. Résiliation de l'assurance

La suspension a été édictée pour que, après accord des parties, l'assurance puisse être
remise en vigueur sur un autre véhicule.

Une faculté de résiliation est accordée aux deux parties, assuré (vendeur) et assureur.

Elle doit être faite avec un préavis de 10 jours. La forme de la résiliation n'est pas
précisée par l'article 41 du code des assurances.

Si aucune des parties ne manifeste l'intention de faire cesser le contrat, l'article 41


décide que la résiliation interviendra de plein droit 6 mois après l'aliénation.

FSEG 69/95
A131 Le Droit du contrat d’assurance

Enfin, sachons qu'en cas d'aliénation d'un véhicule terrestre à moteur ou de ses
remorques ou semi-remorques, l'assurance est suspendue de plein droit.

FSEG 70/95
A131 Le Droit du contrat d’assurance

Résumons-nous

FSEG 71/95
A131 Le Droit du contrat d’assurance

Fiche technique 12
FSEG 72/95
A131 Le Droit du contrat d’assurance

LES CIRCONSTANCES PERSONNELLES


QUI PEUVENT ENTRAINER LA RESILIATION
Nous venons de voir que le contrat d'assurance peut être dénoncé par chacune des parties à
intervalles plus ou moins longs suivant la nature des risques couverts.

Mais en dehors de ces possibilités pour chacune des parties à mettre fin au contrat à certaines
époques, à leur convenance et sans avoir à fournir aucune justification, il y a de nombreux cas
dans lesquels le droit de résiliation est accordé en cours de contrat à l'une ou l'autre des parties
ou aux deux parties réciproquement, en fonction de certaines modifications dans leurs
prévisions sur le plan social, familial ou économique, ou pour sanctionner le manquement de
l'un des cocontractants à ses engagements.

Dans le régime antérieur, les parties n'étaient en droit de se retirer que pour un très petit
nombre d'événements. Or, lorsqu'un changement important intervient dans la vie de l'assuré, il
est parfois très gênant de maintenir un contrat de longue durée.

C'est pour pallier cet inconvénient que l'article 25 du code des assurances autorise le
souscripteur à résilier sa police lors de la survenance d'événements sociaux ou familiaux.

Ce sont :

 le changement de domicile,
 le changement de situation matrimoniale,
 le changement de régime matrimonial,
 le changement de profession,
 la retraite professionnelle ou la cessation définitive d'activité.

L'ensemble de ces dispositions ne concerne pas l'assurance sur la vie. Comme on l'a évoqué,
le souscripteur d'un contrat vie a le droit de cesser ses versements à tout moment.

A. Changement de domicile
Le domicile est le lieu où l'assuré a son principal établissement, quant à l'exercice de ses
droits civils. En l'occurrence, c'est le domicile mentionné dans la police qui sera pris en
considération.

On entend par changement de domicile, soit l'habitation dans un autre lieu, soit
l'intention d'y fixer le principal établissement.

La preuve du changement de domicile doit être rapportée par tous moyens : le double
de la déclaration aux municipalités de l'ancien et du nouveau domicile ne constitue en la
matière ni une condition nécessaire, ni une condition suffisante. En revanche, elle peut
résulter de la production d’un bail.

FSEG 73/95
A131 Le Droit du contrat d’assurance

B. Situation matrimoniale
Elle résulte :

 du mariage,
 de la séparation de corps,
 du divorce,
 du décès.

C. Changement de régime matrimonial


Il peut résulter:

 d'une séparation de biens,


 d'une déclaration conjointe des époux en application du Code civil et résultant
d'un acte notarié homologué par le tribunal.

D. Profession
En l'absence de toute définition légale, on entend par "profession" l'activité
professionnelle exercée par un individu pour se procurer les ressources nécessaires à sa
vie et à celle des siens.

Le changement de profession n'est pas défini légalement, par conséquent seule la


jurisprudence permettra de dégager cette notion.

On peut imaginer que c'est la différence des conditions matérielles dans lesquelles
s'exerce l'activité professionnelle qui doit être prise en considération.

E. Retraite
On entend par retraite professionnelle la "retraite" au sens de la législation sociale
(à partir du moment où l'individu est susceptible d'être pris en charge par un organisme
de retraite).

La résiliation peut être imposée si l'individu cesse définitivement toute activité


professionnelle.

Les risques doivent être en relation directe avec la situation antérieure.

Le contrat d'assurance doit avoir pour objet la garantie de risques en relation directe
avec la situation antérieure et qui ne se retrouvent pas dans la situation nouvelle.

FSEG 74/95
A131 Le Droit du contrat d’assurance

F. Procédure de résiliation
La résiliation doit être notifiée par lettre recommandée avec accusé de réception (article
26 du code des assurances).

La date à partir de laquelle le délai de résiliation est ouvert à l ’assuré en raison de la


survenance d’un des événements prévus à l’article 25 est celle à laquelle la situation
nouvelle prend naissance (article 27 du code des assurances).

Toutefois, en cas de retraite professionnelle ou de cessation définitive d ’activité


professionnelle, le point de départ du délai est le lendemain de la date à laquelle la
situation antérieure prend fin.

Lorsque l’un quelconque des évènements est constitué ou constaté par une décision
juridictionnelle ou lorsqu’il ne peut en être déduit d’effets juridiques qu ’après une
homologation ou exéquatur, la date retenue est celle à laquelle cet acte juridictionnel est
passé en force de chose jugée.

G. Indemnité de résiliation
Étant donné le principe de la divisibilité des cotisations, l'assureur devra verser à
l'assuré la partie de cotisation ou de cotisation correspondant à la période pendant
laquelle le risque n'a pas été couvert.

Le code des assurances prohibe les clauses prévoyant la rétention par l'assureur d'une
portion de cotisation à titre d'indemnité lorsque la résiliation est réclamée par l'assuré
sur le fondement d'un changement survenu dans sa situation personnelle.

L’article 25 dispose : "Il ne peut être prévu le paiement d'une indemnité à l'assureur dans
les cas de résiliations susmentionnés".

Cette précision était particulièrement utile car dans le régime antérieur, la loi autorisait
l'assureur à stipuler à son profit le versement d'une indemnité par l'assuré souscripteur
lorsqu'il demandait la résiliation pour l'un des motifs énumérés à l'article 25.

Cette possibilité légale avait est jugée abusive par la Commission des clauses abusives.

H. Droit de résilier en cas de transfert


de portefeuille
Cette situation fait l'objet de développements dans le cours de réglementation des
entreprises. Lorsqu'une compagnie d'assurance transfère son portefeuille de contrats à
une entreprise cessionnaire, avec l'approbation de l'autorité de tutelle, mais sans le

FSEG 75/95
A131 Le Droit du contrat d’assurance

consentement individuel des assurés, le souscripteur qui se trouve face au nouvel


assureur a le droit de résilier son contrat dans le délai d'un mois à compter de la
publication au Journal Officiel de l'approbation du transfert.

FSEG 76/95
A131 Le Droit du contrat d’assurance

Résumons-nous

FSEG 77/95
A131 Le Droit du contrat d’assurance

Fiche technique 13
FSEG 78/95
A131 Le Droit du contrat d’assurance

LES AUTRES CAS DE RESILIATIONS


DU CONTRAT

A. La faculté de résilier le contrat est accordée


aux contractants dans les cas ci-dessous
 Soit à l’assureur seul : en cas d'inexactitude dans la déclaration du risque initial
(article 19) ou d'aggravation du risque, (article 15) défaut de paiement de la
cotisation (article 13).

 Soit à l'assuré seul : refus de l'assureur de diminuer la cotisation en cas de


disparition des circonstances aggravantes... (article 15).

 Soit à l'assureur et à l'assuré (ou à celui à qui le contrat se trouve légalement


transmis) : aliénation de la chose assurée (article 40), liquidation des biens ou
règlement judiciaire de l'assuré (article 17).

Il convient d'y ajouter la résiliation après sinistre. L'assureur peut en effet se réserver,
et se réserve généralement le droit de résilier la police après sinistre. Cette résiliation est
réglementée par l'article 23 du Code des assurances.

Les conditions de la résiliation après sinistre sont les suivantes :

 Une clause expresse doit nécessairement être stipulée au contrat.

 La résiliation ne peut prendre effet qu'un mois après sa "notification" à l'assuré


(en pratique par lettre recommandée). La notification s'entend de la réception
effective, par l'assuré, de la lettre émanant de l'assureur.

 Passé le délai d'un mois après qu'il a leur connaissance du sinistre, l'assureur qui
accepte le paiement d'une cotisation venue à échéance après le sinistre (ou d'une
fraction de cotisation correspondant à une période d'assurance ayant débuté
postérieurement au sinistre) est censé avoir renoncé à son droit de résiliation
pour ce sinistre.

Rappelons enfin que dans tous les cas où l'assuré a la faculté de résilier le contrat, il
peut le faire soit par lettre recommandée, soit par l'un des moyens prévus par l'article 23
et que, conformément au principe de la divisibilité de la cotisation, toute résiliation
entraîne la restitution à l'assuré du prorata de cotisation restant à couvrir jusqu'à la
prochaine échéance sauf lorsque l'assureur a le droit de le conserver à titre de pénalité
(non paiement de cotisation, etc.).

FSEG 79/95
A131 Le Droit du contrat d’assurance

B. L’aliénation de la chose assurée


Imaginons qu'une personne ait souscrit une police d'assurance portant directement sur
une chose, par exemple, une police d'assurance contre le risque d'incendie. Cette
personne décide de transférer ultérieurement la propriété de cette chose à une autre
personne. L’immeuble est vendu. La vente opère transfert du droit de propriété afférent
à cet immeuble.

L'assurance souscrite par l'ex-propriétaire a-t-elle disparu par le fait même de


l'aliénation, ou bien a-t-elle été transmise au nouveau propriétaire ?

Le législateur étend le régime juridique applicable aux transmissions à cause de mort


aux aliénations entre vifs. L'assurance se trouve donc transmise de plein droit à
l'acquéreur, sous la condition d'en assumer les charges. Assureur et acquéreur pouvant
cependant résilier la police, s'ils le souhaitent.

Ultérieurement, l'obligation pour les automobilistes de souscrire une assurance de


responsabilité a modifié cette manière de voir. En effet, dans ce genre d'assurance, les
qualités personnelles du conducteur sont d'un intérêt primordial, et on ne pouvait
raisonnablement envisager, par exemple, qu'à la faveur d'une vente d'un véhicule
d'occasion, l'acquéreur profite de plein droit de l'assurance souscrite par le précédent
propriétaire.

C'est pourquoi, un régime spécifique a été instauré en matière d'aliénation de véhicule


terrestre à moteur (article 41 du Code des assurances).

a. Le sort du contrat d’assurance en cas de transfert de


la chose assurée (article 40 du Code des assurances)

Afin que le contrat d’assurance subsiste au profit du nouveau propriétaire, au moins


jusqu’à ce qu’il ait pu prendre parti sur son maintien ou sa résiliation, la loi institue et
organise la transmission de plein droit de l’assurance en cas d ’aliénation entre vifs, ou
de transmission à cause de mort, de la chose assurée.
Aux termes de l’article L 121-10 :

"En cas de décès de l’assuré ou d’aliénation de la chose assurée, l ’assurance continue


de plein droit au profit de l’héritier ou de l ’acquéreur, à charge pour celui-ci
d’exécuter toutes les obligations dont l’assuré était tenu vis-à-vis de l’assureur en vertu
du contrat."

"Il sera loisible, toutefois, soit à l’assureur, soit à l ’héritier ou à l ’acquéreur de résilier
le contrat."

Il s’agit d’une transmission de plein droit, par le seul fait que les droits relatifs à la
chose assurée sont transmis dans l’une des deux hypothèses visées par le texte.

Ces dispositions ont un caractère impératif et interviennent à l ’insu de la volonté des


parties.

FSEG 80/95
A131 Le Droit du contrat d’assurance

Mais celles-ci peuvent mettre fin aux effets de la disposition légale en résiliant la
police.

b. La faculté périodique de résiliation du contrat

Le transfert de l'assurance, dans les conditions que nous venons d'étudier, modifie
sensiblement les prévisions contractuelles initiales. L'assureur se trouve face à un
nouvel assuré, qu'il n'a pas choisi, et le nouvel assuré recueille un contrat qu'il n'a pas
personnellement souscrit - et ceci peut constituer une source d'inconvénient - (cf.
supra) dont il peut souhaiter se défaire.

C'est pourquoi il a été prévu une faculté réciproque de résiliation.

1. Résiliation par l'assureur

Le nouvel attributaire des biens assurés ayant été en quelque sorte imposé à
l'assureur par l'effet du transfert des droits, il est normal de reconnaître à celui-ci
une faculté de résiliation. Bien que la loi ne prévoit pas les formes dans
lesquelles il convient de notifier cette résiliation, la pratique est de recourir à la
lettre recommandée.

 Quand l'assureur va-t-il pouvoir résilier ?

La loi lui accorde un délai d'option de mois à partir du moment où il a eu


connaissance du transfert. Il peut donc résilier dans ce délai.

 L'assureur doit-il observer un délai de préavis ?

Bien que l'article ne prévoit rien quant au délai, on ne saurait en conclure que
la résiliation a un effet immédiat.

Il est admis que le délai applicable est celui prévu en cas d'aggravation de
risque (article 15 du Code des assurances). La résiliation notifiée par
l'assureur produira ses effets à l'expiration d'un délai de 10 jours, après l'envoi
de la lettre recommandée, le jour de l'envoi ne comptant pas.

La justification du recours à cet article réside dans le fait que la faculté de


résiliation laissée à l'assureur est motivée par la possibilité que le risque se
trouve changé, dans le sens de l'aggravation, en fonction des qualités
subjectives du nouvel assuré.

Lorsque c'est l'assureur qui prend l'initiative de la résiliation, il doit


normalement, conformément au principe de la divisibilité de la cotisation,
restituer à l'aliénateur (ou aux héritiers de l'assuré) le prorata de cotisation
payée d'avance pour la période comprise entre la prise d'effet de la résiliation
et la prochaine échéance, pendant laquelle le risque n'est plus garanti.

FSEG 81/95
A131 Le Droit du contrat d’assurance

Et l'on admet qu'il ne pourrait pas réclamer une indemnité de résiliation bien
que, en cas d'aliénation entre vifs, la résiliation soit la conséquence de
l'aliénation faite par l'assuré, parce que la loi ne prévoit d'indemnité qu'en cas
de résiliation par l'acquéreur ou l'héritier.

2. Résiliation par le nouvel assuré

 Forme de la résiliation

En l'absence de précisions spécifiques, il convient de se référer aux


dispositions générales consignées dans l'article 21 du Code des assurances. Le
nouvel assuré peut donc résilier en faisant une déclaration au siège social (ou
chez le mandataire de l'assureur) contre récépissé, adresser une lettre
recommandée, ou respecter toute autre mesure qui pourrait être précisée dans
la police.

 Délai de résiliation

La loi ne prévoit aucun délai. En pratique, l'assuré sera conduit à prendre


position assez rapidement. Par exemple, lorsqu'un avis d'échéance lui aura
été présenté.

Notons qu'en cas de vente, l'acquéreur ne pourrait pas résilier si le vendeur et


lui-même avaient passé un accord avant le transfert des droits, aux termes
duquel l'acquéreur s'engageait, envers l'aliénateur, à poursuivre le contrat par
lui souscrit.

 Indemnité de résiliation

En cas de non transmission par l’assuré d’une lettre de résiliation dans le délai
prévu, la résiliation de plein droit pour non paiement de la prime visée à
l’article 13, peut donner droit à l’assureur au paiement par l ’assuré, de
dommages-intérêts. Ces dommages-intérêts sont fixés à 25% de la prime
nette de renouvellement.

Toutefois, l’assureur qui n’a pas transmis l’avis d’échéance conformément aux
dispositions de l’article 14, ne peut se prévaloir du non paiement de la prime
de renouvellement par l’assuré.

Cette disposition n’est pas applicable aux assurances sur la vie.

c. Régime spécial en cas d’aliénation d’un VTM :


Article 41 du code des assurances

FSEG 82/95
A131 Le Droit du contrat d’assurance

1. Domaine d'application

Il concerne les véhicules terrestres à moteur soumis par la loi à une obligation
d'assurance.

Il s'applique aux assurances relatives au véhicule aliéné (R.C. mais également


aux autres assurances telles que vol, incendie, dommages, défense et recours) et,
si l'assurance est relative au véhicule aliéné, aux assurances des accidents
corporels souscrites au profit des personnes transportées.

Il ne concerne que le cas d'aliénation du véhicule (transmissions entre vifs). Il


n'est pas applicable au cas de décès de l'assuré (dans cette hypothèse, c'est
l'article 40 qui s'applique).

2. Effets

L'article 41 stipule, dérogeant ainsi à l'article 40, qu'en cas d'aliénation d'un
véhicule terrestre à moteur, l'assurance ou les assurances sont de plein droit
suspendues, c’est-à-dire que la garantie n'est plus due par l'assureur et que celui-
ci n'a plus droit à la cotisation).

L'assureur en conséquence doit restituer le prorata de cotisation postérieur à


l'aliénation.
Cette suspension a lieu de plein droit sans qu'un avenant soit nécessaire.

La suspension prend effet de plein droit " à partir du cinquième jour de


l'aliénation à vingt quatre heures".

3. Résiliation de l'assurance

La suspension a été édictée pour que, après accord des parties, l'assurance puisse
être remise en vigueur sur un autre véhicule.

Une faculté de résiliation est accordée aux deux parties, assuré (vendeur) et
assureur.

Elle doit être faite avec un préavis de 10 jours. La forme de la résiliation n'est
pas précisée par l'article 41.

Si aucune des parties ne manifeste l'intention de faire cesser le contrat, l'article


41 décide que la résiliation interviendra de plein droit 6 mois après l'aliénation.

Rappelons (cf. section précédente) que l'assureur n'est plus autorisé à prévoir une
clause stipulant le versement d'une indemnité de résiliation à son profit par son
ex-assuré.

FSEG 83/95
A131 Le Droit du contrat d’assurance

Résumons-nous

FSEG 84/95
A131 Le Droit du contrat d’assurance

Fiche technique 14
FSEG 85/95
A131 Le Droit du contrat d’assurance

LA COMPETENCE DES TRIBUNAUX EN CAS DE


LITIGE
Le contrat d’assurance a une nature civile, commerciale ou mixte comme nous l ’avions évoqué
au travers de la séquence préliminaire.

La nature juridique du contrat d’assurance permettra de déterminer le tribunal compétent, il


conviendra également de déterminer le tribunal territorialement compétent.

A. La compétence d’attribution

a. Compétence judiciaire des tribunaux civils et de


commerce

En présence de deux parties civiles, le tribunal sera le Tribunal d ’instance ou le


Tribunal de Grande instance, tandis que le Tribunal de commerce sera compétent en
présence de deux commerçants.

Par contre, si le contrat est mixte, la compétence est en principe déterminée par la
qualité du défendeur, néanmoins la plénitude de juridiction des tribunaux civils permet
au demandeur non commerçant à l’égard duquel le contrat est civil, d ’effectuer un
choix entre le Tribunal civil et le Tribunal de commerce même si le défendeur est un
commerçant.

Par ailleurs, les juridictions civiles sont seules compétentes pour connaître d ’une action
en réparation d’un dommage causé par un véhicule.

b. La compétence limitée des tribunaux répressifs

 Le principe de l’incompétence des tribunaux répressifs à l’égard de


l’assureur demandeur

L’action civile en réparation du dommage causé par un crime, délit ou une


contravention appartient à tous ceux qui ont personnellement souffert du
dommage directement causé par l’infraction.

Le recours subrogatoire de l’assureur contre l’auteur ne pourra se faire en se


portant partie civile devant les juridictions répressives.
 Exception : L du 8/07/83 et la mise en cause de l’assureur du responsable
devant le juge répressif

Art 3 al 2 Code de procédure pénale : l’action civile n’est recevable devant la


juridiction répressive en même temps que l’action publique que pour les chefs de

FSEG 86/95
A131 Le Droit du contrat d’assurance

dommages, aussi bien matériels que corporels ou moraux, qui découleront des
faits objets de la poursuite.

B. La compétence territoriale
 Le principe : la compétence du tribunal du domicile de l’assuré

Dans les instances relatives à la fixation et au règlement des indemnités dues, le


défendeur est assigné devant le tribunal du domicile de l ’assuré, de quelque
espèce d’assurance qu’il s’agisse.

Cette règle est impérative, les assureurs ne peuvent y déroger.

 Les exceptions :

 En matière d’immeubles ou de meubles par nature (assurances de choses) : la


compétence du tribunal de la situation des objets assurés.

 Pour les accidents de toute nature : l’assuré peut assigner l’assureur devant le
tribunal du lieu où s’est produit le fait dommageable.

Résumons-nous

FSEG 87/95
A131 Le Droit du contrat d’assurance

Fiche technique 15
FSEG 88/95
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LE DELAI DE PRESCRIPTION POUR AGIR


EN CONTENTIEUX
La prescription permet par l’écoulement d’un certain délai d ’éteindre un droit ou, à tout le
moins, l’action qui a pour objet de faire valoir ce droit, et en conséquence, de libérer le
débiteur de sa dette.

L’article 28 du Code des assurances traite de la prescription biennale tandis que les règles du
Code civil demeurent applicables en ce qui concerne certains modes d ’interruption et de
suspension de la prescription.

A. Calcul du délai de prescription


Le délai de prescription de deux ans prend naissance le lendemain, à zéro heure, du jour
où est apparu l’événement qui donne naissance à l’action.

Il prend fin deux ans après, à minuit.

B. Information de l’assuré et mentions obligatoires

a. Information

La police d'assurance doit rappeler les dispositions de la loi concernant la prescription


des actions dérivant du contrat d'assurance. Les textes du Code des assurances relatifs
à la durée de la prescription, ainsi qu'à ses modes d'interruption, doivent donc être
reproduits dans le contrat.

b. Sanction non prévue

La sanction du défaut de ces mentions obligatoires n'est pas prévue par la loi. Il
pourrait s'agir de l'inopposabilité, par l'assureur, de l'écoulement du délai de
prescription à l'assuré. Il serait aussi envisageable d'engager la responsabilité civile de
l'assureur si l'assuré démontre que la rédaction défectueuse de la police a eu une
incidence sur son inaction et sur la perte de son droit, par exemple s'il établit qu'il n'a
pas eu connaissance des modes spéciaux d'interruption de la prescription.

c. Insuffisance de l'information

Il conviendrait de s'interroger sur la portée effective de la mention prévue par la loi.

FSEG 89/95
A131 Le Droit du contrat d’assurance

Alors que le contentieux de la prescription est très important, que l'effet de celle-ci est
radical, la mention n'a même pas à être rédigée en caractères très apparents.
En réalité, une information plus efficace pourrait être utilement imposée. Elle devrait
notamment concerner les modes d'interruption du délai biennal.
Plus précisément, la loi a elle-même prévu un mode d'interruption particulier : la lettre
recommandée avec accusé de réception.

Or, les assurés ne le connaissent pas. Ne serait-il pas possible qu'à l'occasion du
sinistre, l'assureur informe son partenaire de l'existence d'une part, du cours de la
prescription, et, d'autre part, de ce procédé d'interruption ? Il ne s'agirait là que d'une
mesure d'information portant sur les droits de l'assuré, comme il en existe dans de
multiples domaines.

D'ailleurs, la loi du 5 juillet 1985, J.O. du 6 juillet, relative à l'indemnisation des


victimes d'accidents de la circulation, prévoit que :

L'information pourrait être mise en œuvre par l'assureur, non seulement à l'occasion de
la déclaration de sinistre, mais suivant une certaine périodicité à compter d'un
événement connu des deux parties, tel que cette déclaration.

C. Nature de la prescription biennale


Le législateur a considéré que le délai trentenaire était beaucoup trop long en matière de
contrat d'assurance.

Il a également constaté que le délai pouvant être conventionnellement abrégé, les


assureurs intégraient fréquemment dans leurs polices une clause destinée à le réduire
sensiblement lorsque tel était leur intérêt, c’est-à-dire pour l'action en paiement de
l'indemnité d'assurance.

Deux années ont finalement été retenues.

Ce délai a été considéré comme suffisamment protecteur des droits de l'assuré quant à la
demande d'indemnité d'assurance et a semblé lui permettre de ne pas rester trop
longtemps exposé aux poursuites de l'assureur en ce qui concerne le paiement des
cotisations.

Le délai de deux ans ne correspond pas à un délai préfix, mais à une prescription. Il
s'agit plus précisément d'une prescription fondée sur l'ordre public, et non sur une
présomption de paiement.

La prescription fondée sur une présomption de paiement repose sur l'idée que le défaut
d'action du créancier résulte très simplement du fait qu'il a reçu le paiement de sa
créance. Au bout d'un certain temps, cette inertie doit être constatée par la loi au moyen
de la prescription de son droit. La loi elle-même libère le débiteur.

FSEG 90/95
A131 Le Droit du contrat d’assurance

Ce type de prescription présente divers traits particuliers, notamment celui d'obéir au


régime de l'interversion de la prescription : si ce délai est interrompu, un nouveau délai
commence immédiatement à courir, mais il s'agit alors du délai de droit commun, c ’est-
à-dire trente ans.

De plus, l'effet libératoire de la prescription acquise peut tomber si, par la suite, le
débiteur reconnaît ne pas avoir payé et être encore tenu de la dette.

La prescription biennale édictée par l'article 28 du Code des assurances n'est pas fondée
sur une présomption de paiement, mais sur l'ordre public comme le rappelle
périodiquement la Cour de cassation.

D. Domaine de la prescription biennale


 Article 28 du Code des assurances

L'article 28 du Code des assurances dispose que "toutes actions dérivant d'un contrat
d'assurance" sont prescrites par deux ans.

La notion même d'action dérivant du contrat d'assurance est discutée. Avant d'en
présenter l'analyse, il convient de préciser que le délai de deux ans ne concerne ni
l'ensemble des actions relatives à un contrat d'assurance relevant du Code des
assurances, ni l'ensemble des contrats d'assurance, certains y échappant en raison de la
nature de l'entreprise d'assurance qui a délivré la garantie.

 Exceptions au principe de la prescription biennale

 Assurances sur la vie - Prescription décennale

Le dernier alinéa de l'article 28 du Code des assurances prévoit que "la


prescription est portée à dix ans dans les contrats d'assurance sur la vie".
Cependant, ce délai n'est applicable que "lorsque le bénéficiaire est une personne
distincte du souscripteur".

 Assurances contre les accidents corporels : Prescription décennale

Pour les contrats d'assurance "contre les accidents atteignant les personnes", le
dernier alinéa de l'article 28 du Code des assurances porte également le délai de
prescription à cinq années, mais cet allongement légal ne joue que "lorsque les
bénéficiaires sont les ayants droit de l'assuré décédé".

 Détermination du domaine de la prescription biennale

La notion d’"action dérivant du contrat d'assurance" est vague, car le terme de "dérive"
l'est lui-même.

On peut tout d'abord le comprendre de façon extensive, en estimant que toute action
relative à un contrat d'assurance dérive de celui-ci : chaque fois qu'une prétention est

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émise à propos de sa conclusion, de son exécution ou de son extinction, par qui que ce
soit et contre qui que ce soit, la prescription biennale aurait vocation à jouer.

Seraient ainsi atteintes, notamment, les demandes visant à un paiement (cotisation ou


indemnité), à une responsabilité liée au contrat (du courtier, de l'assureur, du
souscripteur), que le demandeur soit une partie contractante (souscripteur et assureur)
ou liée à elle par voie contractuelle (agent, courtier, assuré pour compte, subrogé, etc.)
ou ayant la qualité de tiers intéressé (tiers lésé, etc.).

On peut ensuite préférer une conception plus restrictive de la notion d'action dérivant
du contrat d'assurance. Deux conditions sont alors exigées pour l'application de la
prescription biennale : l'une tient à la source de l'action, l'autre aux personnes qui
exercent celle-ci. Telle est la position de la Cour de cassation :

L'assureur peut opposer au porteur de la police ou au tiers qui en invoque le bénéfice,


les exceptions opposables au souscripteur originaire.

Il constitue le fondement de la règle selon laquelle la prescription biennale est


opposable par l'assureur à celui qui, notamment, réclame l'indemnité d'assurance.
Toutefois, le principe n'est pas absolu, car l'action directe du tiers lésé contre l'assureur
de responsabilité échappe à la prescription biennale.

En bref, l'auteur de la demande est un critère d'application de la prescription biennale.


L'objet même de cette demande en constitue un autre.

E. Interruption de la prescription
 Causes ordinaires et causes spéciales

L'article 29 du Code des assurances admet, en matière de contrat d'assurances,


l'interruption de la prescription "par une des causes ordinaires d'interruption de la
prescription".

Il s'agit de la citation en justice, du commandement et de la saisie (Code civil,


art. 2244), ou encore de l'acte du débiteur par lequel celui-ci reconnaît le droit de celui
contre lequel il prescrivait (Code civil, art. 2248).

Ce texte ajoute deux modes d'interruption spécifiques à l'assurance : "la désignation


d'experts à la suite d'un sinistre" et "l'envoi d'une lettre recommandée avec accusé de
réception adressée par l'assureur à l'assuré en ce qui concerne l'action en paiement de
la cotisation et par l'assuré en ce qui concerne le règlement de l'indemnité".

F. Suspension de la prescription
La prescription est suspendue lorsque après qu'elle a commencé à courir, un événement
en arrête le cours pour une durée plus ou moins longue.

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 Causes de suspension

En principe, seule la loi peut prévoir les cas de suspension (Code civil, art. 2251).

La jurisprudence estime néanmoins que l'impossibilité d'agir implique une suspension


du cours de la prescription.

Cette impossibilité d'agir est similaire à celle qui a pour effet de repousser dans le
temps le point de départ de la prescription. Elle peut se traduire de manière plus
particulière et, à proprement parler, par une suspension, quand sa cause prend
naissance postérieurement à ce point de départ. Tel est l'objet du présent exposé.

Le critère fréquemment utilisé par la Cour de cassation pour apprécier si un événement


a suspendu la prescription de l'article 28 du Code des assurances paraît simple : cet
événement a-t-il réellement empêché l'assuré d'interrompre la prescription au moyen
d'une lettre recommandée avec accusé de réception ?

Si la réponse est négative, l'assuré pouvant procéder à cet envoi, la prescription n'a pas
été suspendue. Au fond, le fait que la prescription puisse être aisément interrompue de
la sorte a conduit à restreindre les hypothèses de suspension.

À la vérité, la jurisprudence montre que ce critère d'appréciation n'est pas toujours


utilisé. De fait, on ne voit guère ce qui interdirait radicalement l'envoi d'une telle lettre,
sinon un cas de force majeure.

G. Renonciation à la prescription
 On peut valablement renoncer à la prescription à partir du moment où le droit de
l'opposer est né et peut être exercé. Il est donc interdit de renoncer d'avance à s'en
prévaloir, notamment dès la conclusion du contrat d'assurance.

La renonciation ne peut être valablement réalisée qu'une fois que la prescription est
acquise.

Il convient dès lors de ne pas confondre certaines attitudes qui paraissent similaires.

La reconnaissance du droit de l'adversaire notamment, peut être une cause de


l'interruption de la prescription, si elle intervient avant que le délai de celle-ci soit
expiré.

De plus, elle est susceptible, parfois, de fournir l'un des éléments permettant
d'apprécier la volonté de renoncer à une prescription acquise du fait de l'écoulement
complet du délai légal.

Il convient encore de distinguer la portée de certains faits : si les pourparlers et


négociations n'interrompent ni ne suspendent la prescription qui court, ils peuvent

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éventuellement révéler une renonciation à la prescription s'ils ont lieu après que celle-
ci ait fini son cours.

En outre, la renonciation ne peut être retenue qu'à la condition que le renonçant ait su,
lors de l'acte considéré, qu'il disposait de l'exception de prescription.

 Acte non équivoque

La renonciation doit se traduire par un acte ou un comportement dépourvu d'équivoque


quant à la volonté de renoncer.

L'appréciation des actes la révélant, relève du pouvoir des juges du fond, la Cour de
cassation contrôlant cependant la motivation.

L'équivoque peut être discernée, par exemple, dans les conclusions de l'assuré,
postérieures à l'expiration du délai de prescription, aux termes desquelles il pourrait
"éventuellement" apparaître comme débiteur de cotisations arriérées (Cass. 1- civ., 8
juill. 1986).

 Réserves

Comme pour toute renonciation à un droit, l'émission de réserves de la part de celui


qui peut se prévaloir de la prescription doit être prise en compte.

En d'autres termes, un acte peut être de nature en lui-même, à démontrer la


renonciation. Toutefois, il n'aura pas cet effet s'il est accompagné de précisions telles
que la volonté de renoncer est soit formellement écartée, soit équivoque.

Il reste à préciser d'une part, que la jurisprudence fait abstraction des réserves lorsque
celles-ci ont été suivies d'actes qui, sans en faire à nouveau état, sont incompatibles
avec le droit invoqué, et d'autre part, que les réserves concomitantes à l'acte révélant la
renonciation ne suffisent pas toujours à écarter celle-ci
(Cass. l- civ., 18 juin 1991).

L'acte ou le comportement considéré doit être incompatible avec la volonté de se


prévaloir de la prescription acquise : disposant du droit d'opposer à l'adversaire la
prescription de son action, on ne doit pas adopter une attitude contraire à celle que l'on
aurait suivie si l'on avait réellement eu l'intention d'user de ce droit.

À cet égard, la jurisprudence montre que le fait de créer une illusion de renonciation à
la prescription n'implique pas une responsabilité, mais peut être apprécié comme une
pure et simple renonciation, alors même que la volonté de renoncer serait plus que
douteuse (voir Cass. 1 civ., 14 févr. 1989 : il n'y a pas renonciation si la cour d'appel
constate qu’"à aucun moment l'assureur n'a laissé croire à l'assuré qu'il entendait
renoncer à se prévaloir d'une prescription acquise").

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