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DEUXIEME CHAPITRE : INTORDUCTION AU SECTEUR

D’ASSURANCE ET LE CADRE THEORIQUE DE L’EVALUATION


DES PROVISIONS TECHNIQUES
Introduction

Afin d'obtenir une information fiable et pertinente et une assurance raisonnable sur l'efficacité du
contrôle interne mis en place par la société, les commissaires aux comptes doivent effectuer un
certain nombre d'opérations d'audit afin d'exprimer une opinion sur les informations fournies.

Par conséquent, les assureurs doivent adhérer à un cadre juridique et réglementaire contraignant.

Dans ce chapitre, nous nous concentrons sur le concept d'assurance, le cadre réglementaire de
l'industrie de l'assurance et le cadre théorique de la provision technique des sinistres d'assurance
non-vie.

Section 1 : Introduction au secteur d’assurance


1. Définition d’opération d’assurance

L'assurance est un accord dans lequel la compagnie d'assurance (souscripteur) s'engage à payer
l'assuré à l'avance conformément au contrat d'assurance en cas de sinistre. Cette prestation
pécuniaire est réglée en contrepartie d’une rémunération payée à l’avance appelée prime.

L’opération d’assurance suppose généralement la présence d’au moins deux parties :

 Le bénéficiaire et/ou le souscripteur: La personne (l’assuré) qui perçoit la prestation après la


survenance du sinistre.
 Le prestataire: La compagnie d’assurance (ou l’assureur) qui prend en charge les risques,
perçoit des cotisations ou primes et règles les sinistres lors de leurs survenances.

1.1. Différents types de compagnies d’assurance

Selon FTUSA 3 il existe 22 compagnies d’assurance et de réassurance en Tunisie qui sont présentées


comme suit:

14 entités opérant sous la forme juridique des sociétés anonymes (sociétés résidentes en
Tunisie) qui sont: STAR ; COTUNACE ; LLOYD ; CARTE ; GAT ; SALIM ; COMAR ; ASTREE ;
MAGHREBIA ; ASSURANCE BIAR ; HAYET ; AMINA ; ASSURCREDIT ; TUNIS RE
4 sous forme de mutuelles qui sont: MGA ; MAE ; AMI ; CTAMA
4 entités offshores qui sont: BESTRE ; MEDRE ; BUPA INTERNATIONAL ; MAPFRE Espagnol

1.2. Les chiffres de secteur d’assurance

Selon le rapport annuel de FTUSA 4  de 2020 le marché tunisien des assurances a enregistré les
résultats suivants:
Les primes émises 2 572 ,083 MD
Les sinistres réglés 1 353,170 MD
Les frais de gestion 627,968 MD
Les provisions techniques 5 894,904 MD
Les montants des placements inscrits aux 6 534,100 MD
actifs des bilans
Le résultat technique de l’exercice 284,018 MD
Les bilans consolidés 231,547 MD
Tableau 4 : Chiffres de secteur d’assurance

1.3. Les catégories d’assurance

Selon l’Arrêté du ministre des finances du 2 janvier 1993, fixant la liste des catégories d’assurances
prévues à l’article 49 du code des assurances. La liste des catégories est fixée comme suit :

 Assurance automobile
 Assurance transport
 Assurance construction
 Assurance de responsabilité civile générale
 Assurance des risques agricoles
 Assurance des autres dommages aux biens
 Assurance protection juridique
 Assurance sur la vie et capitalisation
 Assurance contre les pertes pécuniaires diverses
 Assurance de groupe
 Assurance sur la vie et capitalisation
 Assurance contre les accidents du travail et les maladies professionnelles (à titre principal ou
complémentaire)
 Assurance contre les accidents corporels
 La réassurance

2. Le cadre normatif et réglementaire du secteur d’assurance

2.1. Le cadre normatif du secteur d’assurance


 Code des assurances: c’est un document qui régit le droit des assurances. Il contient
un ensemble de lois et de règles qui doivent être appliquées par toutes les
compagnies d’assurance.

 Normes comptables tunisiennes :

- NCT 26: La présentation des états financiers des entreprises d’assurance et / ou de réassurance.

- NCT 27: Le contrôle interne et l’organisation comptable dans les entreprises d’assurance et / ou de
réassurance.

- NCT 28: Les revenus dans les entreprises d’assurances et / ou de réassurance.

- NCT 29: Les provisions techniques dans les entreprises d’assurances et / ou de réassurance.

- NCT 30: Les charges techniques dans les entreprises d’assurance et / ou de réassurance.

- NCT 31: Les placements dans les entreprises d’assurance et / ou de réassurance.


 Normes internationale :
- IFRS 4 : Les contrats d’assurance

2.2. Le cadre réglementaire du secteur d’assurance

 Le système comptable des entreprises des assurances à partir du 1 er janvier 2001.


 La loi n° 92-24 du 9 mars 1992 portant promulgation du code des assurances.
 La loi n° 2002-37 du 01 avril 2002 modifiant et complétant le code des assurances.
 La loi n° 2005-86 du 15 aout 2005, fixant la responsabilité civile de l’assurance
matérielle pourtant usage de véhicule à moteur terrestre ainsi que l’indemnisation
des préjudices résultant des accidents de circulations atteintes aux personnes.
 Le décret n° 92-2257 du 31 décembre 1992 fixant les dispositions types des statuts
des sociétés d’assurances à forme mutuelle.

2.3. Les organes de réglementations

L’organe Rôle

_ Défendre les intérêts généraux de ses membres.


_ Représenter les membres auprès des pouvoirs publics
et des autorités de contrôle.
_ Faciliter les échanges d’affaires, d’expérience et
d’information entre ses membres sur des questions
(FTUSA)La Fédération juridiques, fiscales, financières ,techniques et autres.
Tunisienne des _ Réunir et diffuser toutes les informations concernant
Sociétés des les assurances et la réassurance qui pourraient être
Assurances utiles à ses membres.
_ Réaliser ou faire réaliser des études concernant les
problèmes stratégiques, techniques, financiers et
juridiques et établir des
statistiques rétrospectives et prospectives de
l’assurance.
_ Assurer la liaison avec les autres organismes
professionnels, nationaux ou internationaux, et les
partenaires du secteur de L’assurance et la réassurance.
_ Développer les actions de formation, de prévention,
d’information et de communication.
Le bureau a pour objectif notamment l’application de
toutes les conventions
Le Bureau Unifié et accords conclus :
Automobile  Avec les pays étrangers adhérents au système
Tunisien (BUAT) 6 de la carte
internationale d’assurance-carte verte.
 Avec les arabes signataires de la convention de
Tunis de la
26/04/1975 relative à la carte orange.
Le Comité Général Le Comité Général des Assurances veille à la protection
des droits des assurés et des bénéficiaires des contrats
d’assurance et à la solidité de l’assise financière des
entreprises d’assurance et des entreprises de
réassurance et leur capacité à honorer leurs
engagements.
Dans le cadre des missions qui lui sont attribuées, le
comité est chargé
des Assurances(CGA) notamment :
 Du contrôle des entreprises
d’assurances, des entreprises de
réassurance et des professions liées au secteur
des assurances et
du suivi de leurs activités.
 De l’étude des questions d’ordre
législatif, réglementaire et
organisationnel se rapportant aux opérations
d’assurance et de réassurance, aux entreprises
d’assurance et aux entreprises de réassurance que lui
soumet le ministre des finances et de
l’élaboration des projets de textes y afférents sur sa
demande. 
 De l’étude des questions d’ordre
technique et économique se
rapportant au développement du secteur des
assurances et à son
organisation et la présentation de propositions à
cet effet au
ministre des finances.
 et en général, d’étudier et d’émettre
son avis sur toute autre question
relevant de ses attributions.
Tableau 5 : Les organes de règlementation du secteur d’assurance
Figure 3 : Schéma récapitulatif des organes de réglementation

Section 2 : La notion de la provision technique et son cadre théorique


pour sinistres à payer en assurance non vie

1. Définition des provisions techniques

Conformément au paragraphe 4 de la norme comptable tunisienne 29, les dispositions


techniques sont définies de la façon suivante:

« Il s’agit de l’ensemble des provisions évaluées par les entreprises d’assurance et/ou de
réassurance suffisantes pour le règlement intégral de leur engagement technique vis à vis
des assurés ou bénéficiaires de contrats. Le qualificatif technique, prévu par la
réglementation en
vigueur, permet de faire la distinction avec les autres provisions telles que provisions pour
risques et charges, provisions pour dépréciation. »

2 : Les différents Types de provision techniques


2.1.1 Définition et types de provision techniques vie
Selon la NCT 29, les provisions techniques en assurance vie regroupent :
- Les provisions mathématiques,
- Les provisions pour frais de gestion
- La provision pour participation aux bénéfices et ristournes,
- La provision pour sinistres à payer,
- La provision d’égalisation,
- La provision des contrats en unités de compte

2.1.2Définition et types de provisions techniques non-vie

Définition des provisions techniques non-vie :

Les provisions techniques non vie portent sur les contrats d'assurance dommages et ne sont pas
destinées à la vie de l'assuré.

Les types de provisions techniques non vie :

D’après la NCT 29, les sept types de provisions techniques en assurance non-vie sont définis comme
suit :

 Les provisions pour primes non acquises :


La provision pour primes non acquises est destinée à comptabiliser, pour l'ensemble
des contrats en cours, la part émise et non émise des primes afférentes à la
période23 comprise entre la date d'inventaire et la prochaine échéance de prime
ou, à défaut, la durée du contrat
 La provision pour risques en cours :
La provision pour risques en cours est définie comme étant le montant à
provisionner en supplément des primes non acquises pour la couverture des risques
à assumer et destinée à faire face à toutes les demandes d'indemnisation et à tous
les frais liés aux contrats d'assurance en cours excédant le montant des primes non
acquises et des primes exigibles relatives aux dits contrats. Les prévisions de
recours à encaisser
 Les prévisions de recours à encaisser :
Représentent le produit à attendre des actions exercées par une entreprise
d'assurance en vue d'obtenir, par le responsable d'un préjudice, le remboursement
d'une indemnité ou partie d'indemnité versée au titre d'un sinistre. La provision
d’égalisation et/ou d’équilibrage
 La provision d’égalisation et/ou d’équilibrage :
Représente un montant préparé en vertu des exigences légales et réglementaires
pour compenser les fluctuations des taux de sinistre dans les années à venir ou pour
couvrir les risques spéciaux. Offrir une participation aux bénéfices et des rabais
 La provision pour participation aux bénéfices et ristournes :
Représente les montants offerts aux assurés ou aux bénéficiaires de contrats sous
forme de participation aux bénéfices et de rabais, à condition que ces derniers
n'aient pas déjà été crédités. Cette provision sera utilisée dans/ou les exercices
ultérieurs.
 La provision mathématique de rente :
est la valeur actualisée probable des montants versés sous forme de rentes et de
rentes rattachées après la fin de l'exercice pour des événements survenus avant la
fin de l'exercice.
 La provision pour sinistres à payer :
Correspond à l'évaluation des sommes versées après la clôture de l'exercice pour
des événements survenus avant la clôture de l'exercice. En effet, le PSAP permet
d'imputer le coût des sinistres déclarés par la compagnie d'assurance mais non
encore payés, ou de tout sinistre non déclaré à la date de clôture du compte
(sinistres différés) sur les charges de l'exercice inventaire.

3 :L’audit des provisions techniques dans une compagnie d’assurance :


3.1 Principes et définitions
La provision pour sinistres représente la responsabilité de l'assureur envers les assurés pour les
sinistres, les remboursements, les échéances déclarées mais non encore payées par l'assureur et les
sinistres survenus mais non encore déclarés (sinistres tardifs).

Lors de chaque arrêté de comptes, les entreprises d’assurance doivent inscrire dans les provisions
pour sinistres à payer le montant correspondant aux sinistres survenus mais non encore réglés aux
bénéficiaires des contrats. Ce montant doit être majoré des frais de règlement des sinistres.

Compte tenu du poids relatif de ces provisions au bilan et de l’importance du jugement exercé par la
direction de la compagnie d’assurance, l’audit des provisions techniques est une des opérations
obligatoires a traités par les commissaires aux comptes pour établir des états financiers fiables dans
les compagnies d’assurances

L’audit des comptes dans les compagnies d’assurance se fait principalement à travers :

- Des tests de conformité et de permanence par sondage à partir des dossiers pour s’assurer
du respect des lois et conventions (l’échantillonnage)
- Une revue des événements postérieurs à la date de clôtures
- Une analyse des différentes étapes du cycle
- Un Examen analytique
Les provisions techniques qui présentent le poste le plus important de l’assurance au niveau
de son passif (60% à 80% du total), doivent être représentées au niveau d’actif par des
valeurs réglementées afin de respecter ses engagements envers ses clients.

3.2 Objectif de l’audit des provisions techniques :


L’importance des provisions techniques dans les compagnies d’assurance exige aux organes
de réglementation et de contrôle d’exécuter un audit sur ces provisions afin de s’assurer
que :
 Les provisions techniques sont correctement évaluées et comptabilisées
conformément aux dispositions du code des assurances,
 La couverture des engagements réglementés par des actifs est conforme à la
réglementation en vigueur
 La séparation des exercices
 La bonne comptabilisation des provisions techniques dans leurs comptes appropriés.

4 : Présentation de la procédure de gestion d’un dossier sinistre


Un sinistre est une prestation promise par un assureur à son assuré lors de la survenance d'un
événement couvert par un contrat d'assurance.
Les assureurs doivent maintenir une bonne gestion permanente de leurs dossiers de sinistres afin de
réussir à protéger leurs assurés et leur image sur le marché et d'améliorer en permanence la qualité
de leurs services.

La procédure de gestion d’un dossier sinistre se manifeste en cinq étapes :

 la déclaration du sinistre
 l’ouverture du dossier sinistre
 la gestion du sinistre
 le règlement du sinistre
 la clôture du dossier sinistre

Figure 4 : procédure de gestion d’un dossier sinistre

4.1. La déclaration du sinistre :

La déclaration du sinistre peut se faire de différentes manières, dont :

 Les formulaires à remplir par l’assuré (tel que le constat amiable d’un sinistre auto).
 Une correspondance écrite (fax, courrier postal, courrier électronique…).
 Une communication orale (téléphone).

Le sinistre peut être déclaré par différentes parties, dont :

 L’assuré lui-même ou toute autre personne mandatée par ce dernier (autres que les
 intermédiaires d’assurance).
 Les intermédiaires d’assurance (agents et courtiers).
 Les autres compagnies dans le cadre de la convention IDA par exemple.
 Les huissiers de justices en cas d’action en justice intenté contre l’assuré (le cas d’un
 incendie communiqué par l’assuré à ses voisins qui engage sa responsabilité civile).
 La déclaration du sinistre doit être documenté dans le dossier et renseigner, entre
autre, sur :
 La date de déclaration du sinistre (soit par l’assuré, soit par la date de réception, …).
 La date de survenance du sinistre.
 Le numéro du contrat d’assurance assurant la couverture du sinistre.
 Le cas échéant la description des circonstances du sinistre…
 La réception des déclarations sinistres doit être centralisée, pour assurer l’ouverture
systématique des dossiers à leur réception et minimiser le risque de fraude.

4.2. L’ouverture du dossier sinistre :

À cette étape, nous déterminons d'abord si la police en question permet de couvrir la


réclamation, sinon elle sera refusée. Pour comptabiliser une provision, il faut à ce stade la
baser sur les données disponibles collectées lors de la déclaration de sinistre. Pour les dossiers
ouverts sans pièces justificatives (dossiers vides), nous pouvons estimer le PSAP en fonction
du coût moyen, ou à partir du montant du capital d'assurance défini dans le contrat que nous
ne pouvons pas dépasser, ou tout simplement, nous pouvons aussi utiliser l'expérience du
gestionnaire . Enfin, lors de l'ouverture du dossier de sinistre, la provision peut être assise sur
la valeur du préjudice subi et évaluée par un expert désigné pour la circonstance

4.3. 3. La gestion du sinistre :


Cette étape du processus de gestion du dossier sinistre consiste à rassembler toutes les données
essentielles du dossier pour justifier le versement des indemnités. Des ajustements au montant du
PSAP sont effectués sur une base continue en fonction de la réception des informations nécessaires et
des pièces justificatives. L'ajout de tiers aux fichiers doit être contrôlé afin de minimiser le risque de
fraude.

4.4. Le règlement du sinistre

Les règlements de dossier de sinistre ne peuvent intervenir que si le dossier est rempli des
éléments nécessaires pour le justifier.

Les reçus de paiement doivent être signés par une personne autorisée suite à un transfert de
signatures approuvé par la direction.

Les méthodes de paiement de la facturation doivent être automatisées afin de minimiser les
risques de fraude (comme l'utilisation de chèques postaux).

Lors du règlement des sinistres, il y a lieu de s’assurer du bénéficiaire de la couverture du


risque tel que pour le cas du matériel assuré acquis moyennant le leasing ou un crédit
bancaire, par exemple.

4.4. La clôture du dossier sinistre

Un dossier de réclamation ne peut être clos que si, entre autres, les conditions suivantes sont
cumulativement remplies :

 Le sinistre a été réglé en totalité avec une reconnaissance signée par l’assuré ou la
partie adverse
 Toutes les parties adverses se sont manifestées
 L’affaire a été jugé non avenue en dernier recours
 Absence de recours contre des compagnies adverses
 Ecoulement du délai de prescription du droit de recours, pour l’acquittement des droits
 d’enregistrement des jugements
 La clôture d’un dossier sinistre doit être contrôlée par une personne habilitée
Conclusion 

Le chapitre ci-dessus a introduit le secteur des assurances et s'est concentré sur le concept de
provisions techniques et leurs aspects théoriques, pour bien comprendre les provisions techniques
pour sinistre à payer en assurance non vie. Il est donc important d'examiner en détail un cadre
pratique d'évaluation de ces dispositions dans le chapitre suivant.

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