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PAU
Roberto AGO
Professeur de Droit international à l'Université de Milan
NOTICE BIOGRAPHIQUE
PRINCIPALES PUBLICATIONS
INTRODUCTION
L
E problème de la détermination de la nature juridique
du délit international, c'est-à-dire le problème de l'ori-
gine de la responsabilité internationale des Etats,
constitue sans doute l'une des questions les plus délicates et
les plus graves du droit international public. Il s'agit là
d'autre part d'un domaine qui, malgré les apparences con-
traires, est inexploré de divers points de vue.
Certes, le domaine de la responsabilité internationale des
Etats a fait l'objet d'études qui se classent parmi les plus
connues, les plus sérieuses, les pins profondes de toute la
doctrine du droit des gens. Tous ceux qui se sont penchés sur
les problèmes généraux du droit international n'ont pu
qu'admirer les pages que Triepel a consacrées & la respon-
sabilité des Etats dans son Völkerrecht und Landerescht, et
ce chef-d'œuvre qu'est la Teoria generale della responsabi-
lità dello Stato d'Anzilotti. De ces ouvrages, qui ont jété,
pour ainsi dire, les fondements de la théorie de la respon-
sabilité internationale, aux monographies de Schoen, de
Buxbaum, de Decendière-Ferrandière, de Strupp et de Kelsen;
des analyses si fouillées et documentées de Borchard et de
Eagleton aux études de de Visscher, de Dumas, de Guerrero,
de Hoijer, sans compter les nombreux ouvrages ou articles
étudiant des aspects particuliers de la matière, et les cha-
pitres souvent très étendus qui lui sont consacrés dans les
traités généraux, l'on possède un ensemble imposant d'étu-
des et de recherches sur la responsabilité des Etats.
Et pourtant, quand on examine attentivement ces diffé-
rents ouvrages et qu'on réfléchit sur leur objet et sur leurs
résultats, on s'aperçoit bientôt qu'un domaine très vaste
reste à explorer et que bien des points restent à éclaircir.
Sans doute l'on s'est passionnément adonné à analyser cer-
taines questions des plus importantes, et dont l'intérêt pra-
tique apparaît plus immédiat. Des pages innombrables ont
été écrites, par exemple, sur le problème de la responsabi-
lité de l'Etat à raison des actes des particuliers ou des
organes ayant agi au-delà des limites de leur compétence,
ou bien encore à raison des dommages subis par les étran-
gers au cours d'émeutes et de guerres civiles; les opinions
les plus divergentes ont été exposées sur la question de la
faute et d'autres encore. Dans cette floraison scientifique si
touffue l'on compte notamment les rapports et discussions
qui ont eu lieu au sein de l'Institut de Droit international,
ainsi que les travaux préparatoires de la Iro Conférence de
Codification du Droit international. Mais il n'en reste pas
moins que, pour nombre de ces problèmes, il apparaît
d'abord qu'il est possible de les examiner sous un angle
nouveau, et aussi qu'il existe encore d'autres questions qui
n'ont pas fait l'objet de recherches suffisamment approfon-
dies. Et surtout l'existence de tant d'analyses portant sur
des points particuliers fait sentir plus vivement encore la
nécessité d'une synthèse, d'une vue d'ensemble compiete,
qui donne à chaque élément sa place réelle dans un seul
cadre systématique.
Il convient aussi de remarquer que les études existantes
en matière de délit international, même spéciales et exclusi-
ves, partent toutes du point de vue de la responsabilité,
c'est-à-dire du point de vue des conséquences du délit, beau-
coup plus que de sa nature et de ses éléments constitutifs.'
On peut en conclure que, tout en possédant une série d'ou-
vrages excellents, la doctrine juridique est bien loin de
fournir une étude systématique complète de la nature et de
(7) INTRODUCTION 421
réos par le droit. Mais lo droit subjectif est une possibilité d'exiger d'autrui
nne certaine prestation ou une certaine conduite; il a donc comme pendant
nécessaire nne obligation juridiquo : l'obligntion de fournir la prestation on
de tenir la conduite requise. Par pouvoir juridique, au contraire — comme,
par exemple, le pouvoir de contracter, on le pouvoir d'érticter des rêptles de
droit, etc. — on doit entendre la possibilité de déterminer par sa volonté
un certain effet juridique. La faculté juridique enfin — comme par exemple
la'faculté d'acquérir la propriété d'une chose sans maître par l'occupation
— n'est ni une possibilité d'exiger, ni une possibilité de vouloir, mais sim-
plement une possibilité d'agir en vne d'un effet juridique qui est déterminé
par le droit. Ni le pouvoir, ni la faculté juridiquo n'ont aucune obligation
juridique qui leur corresponde.
Pour ce qui a trait aux effets du délit, donc, il est bien évident «jne si
la demande d'une réparation du tort suhi constitue l'exercice d'un droit
subjectif, et si l'inaccomplisscment de l'obligation correspondante est à son
tour un fait illicite, l'infliction d'une peine n'est, au contraire, que l'exer-
eice d'une faculté : c'est-à-dire une simple action légitime à laquelle le
droit donne l'effet juridiquo de punir de sa conduite l'auteur du délit.
(17) NOTION DU DÉLIT 43»
1. C'est une erreur évidente que d'introduire dans une classification londée
sur un certain critère une distinction établie sur un critère différent. M. Pe-
rasei, par exemple (Introduzione, p. 64 et suiv.), établit d'abord une- classi-
fication des laits juridiques sur la base du critèro de l'effet qui leur est
octroyé par le droit, en distinguant les faits do production juridique des
436 J?. AGO. — DÉLIT INTERNATIONAL (22)
faits volontaires comprennent, suivant cet auteur, aussi bien les actions
matérielles que los actes juridiques proprement dits. Actions et actes juri-
diques, ut leur tour, peuvent être licites ou illicites. D'un point de vue
partiellement différent, M. Zanobini (Corso 'di diritto amministrativo, I,
Milan, 1936) a séparé les faits juridiques objectifs des faits juridiques sub-
jectifs, et ces derniers en actes juridiques et actes illicites, suivant que le
but qu'ils se proposent est conforme ou contraire au droit.
(25) NOTION DU DÉLIT 439
ou d'une faculté, c'est-và-dire d'une possibilité juridique
d'exiger ou de faire quelque chose dans un but juridique,
on a, dans le cadre général des faits juridiques subjectifs, la
catégorie particulière des « faits juridiques licites ». La situa-
tion juridique subjective peut d'ailleurs consister en un
pouvoir juridique, c'est-à-dire en une possibilité juridique de
vouloir, d'établir des conséquences juridiques sur la base
de sa propre volonté. C'est dans ce cas, et dans ce cas seu-
lement, qu'on réalise l'essence de 1'« acte juridique »; et
c'est dans ce sens qu'il faut entendre la valeur de cet élé-
ment volontaire dont on parle si souvent au sujet des actes
juridiques.
Il se peut enfin que la situation juridique subjective dont
on a parlé soit constituée par une obligation juridique. Dans
cette hypothèse, il se peut que le fait envisagé par la règle
de droit consiste en un accomplissement de cette obligation,
en une conduite conforme à cette dernière : conduite qui
pourra alors être définie comme étant un « fait juridique
dû ». Il se peut, au contraire, que le fait considéré soit
représenté par une conduite contraire à cette obligation;
et c'est dans cette hypothèse précisément qu'on rencontre
le « fait juridique illicite ».
La détermination de la place que les délits occupent dans
cette deuxième classification des faits juridiques est donc
réaliséo : les délits ou faits illicites forment une sous-caté-
gorie particulière de la catégorie générale des faits juri-
diques subjectifs, en tant que la présence d'une situation
juridique subjective est requise à titre essentiel dans l'espèce
pour qu'elle soit qualifiée de délit et précisément la pré-
sence d'une obligation juridique, dont la violation de la
part de son titulaire constitue l'essence même de l'illicite.
Les torts se distinguent donc par là non seulement des
faits juridiques licites, ou des faits dus qui sont leur con-
traire exact, mais aussi et tout nettement de cette autre
catégorie des actes juridiques dans laquelle on les a souvent
inclus à tort, et avec des graves conséquences de confusion,
grâce à l'identification erronée du fait juridique subjectif
avec l'acte juridique. Même l'expression courante d'actes
440 R. AGO. — DÉLIT INTERNATIONAL (26I
n'est pas suffisant que cet Etat ait fait preuve de négligence
en la matière : il est encore nécessaire que se produise con-
crètement un événement extérieur, tel que, par exemple,
une attaque de particuliers contre le siège de l'ambassade.
Dans cette deuxième hypothèse, la conduite de l'Etat ne
parvient donc réellement à contraster avec une obligation
internationale — ce qui lui confère l'aspect juridique d'élé-
ment objectif d'un fait illicite international — que s'il s'y
ajoute un élément ultérieur, un événement extérieur à une
telle conduite. Naturellement, il ne suffit pas que la conduite
et l'événement existent tous deux; encore faut-il qu'entre
la première et la seconde il y ait un lien tel que l'on puisse
considérer la conduite comme une condition, nécessaire de
l'événement, autrement dit il faut qu'il subsiste entre la
conduite et l'événement un certain rapport de causalité sans
lequel il ne serait pas possible de voir dans la lésion du
droit subjectif d'autrui une conséquence de la conduite. Si,
par exemple, dans le dernier des cas susvisés, l'attaque con-
tre l'ambassade s'était produite de façon telle qu'elle eût
obtenu un résultat semblable môme si aucune négligence
n'avait pu être constatée dans la conduite des organes de
l'Etat, tout lion do causalité manquerait entre la conduite
négligente et l'événement et il serait impossible do considé-
rer la première comme une infraction à l'obligation d'assurer
l'inviolabilité des ambassades étrangères. Les questions que
peut soulever cette relation de causalité, surtout lorsqu'il
s'agit d'une conduite d'omission, seront examinées lors-
qu'on traitera de la distinction entre délit de commission
et délit d'omission. Qu'il suffise ici d'avoir souligné la diffé-
rence d'hypothèses qu'il peut y avoir quant à l'élément
objectif d'un tort international, différence qui sera le plus
efficacement soulignée en distinguant, d'une part, les délits
de pure conduite et, d'autre part, les délits d'événement,
dans un sens qui est essentiellement le même que celui attri-
bué à cette distinction en droit criminel étatique 1 . Dans le
1. V. Menger, Strafrecht, trad. ital , Padoue, 1035, p. 117 et suiv., qui carac-
térise exactement les « délits de simple conduite » comme étant ceux où
l'espèce juridique pénale s'épuise toute dans la conduite de l'agent; et les
(35) ÉLÉMENTS OBJECTIFS 449
II. — 1W». se
CHAPITRE III
1, V. sur toutes ces questions, et pour les différents points de vue : Anzi-
lotti. La responsabilité internationale des Etats a raison des dommages
soufferts par des étrangers, Rev. gén. de dr. int. public, 1908, p. 18; Moore,
Proceedings of the American Society 0/ International Law, l'Jlfi, p. 18 et suiv.;
Hyfie, international Law, Saint-Paul, 1922, I, 491 et suiv.; Guerrero, Supple-
ment to the American Journal of Int. Law, XX, 1926, p. 92 et suiv.; et Aca-
démie diplomatique internationale, 1928, ITI, p. 23 et suiv., 29 et suiv.;
Horshey, Denial of Justice, Proceedings of the American Society of Interna-
tional Law, 1927, p. 28; Borchard, The Diplomatic Protection, p. 333; Eagle-
ton, Denial of Justice in International Law, American Journal of Int. Law,
1928, p. 547 et suiv.; Fitzmaurice, The meaning of the term : Denial of justice,
British Year Book of International Law, 1932, p. 108 et suiv.; de Visscher, Le
déni de justice en droit international, Recueil des Cours de l'Académie de
Droit international, 193S-II, p. 39fi; Lissitzyn, The meaning of the term
« Denial of Justiço » in International Law, American Journal of Int. Law,
193«, IV, p. R39; etc.
3. V. Enstathindes, La responsabilité internationale de l'Etat pour les actes
des organes judiciaires, Paris, 1938.
4 68 R. AGO. — DÉLIT INTERNATIONAL (5O
1. Coït l'idée qui a ótó soutonuo par Anzilotti dana ses ouvrapes de jeu-
nesse : Teoria generale, p. ICS et Buiv.; La responsabilità, p. 30; et qui a été
suivie par presque toute la doctrine postérieure sur la matière.
2. C'est l'idée plus réconte d'Anzilotti (Corso, p. 418 et suiv.), qui, avant
prouvé efficacement quo l'imputation, dans le domaine international, dépend
exclusivement des roples internationales, admet pourtant que celles-ci éta-
blissent, par un renvoi au droit interne, que l'on no considérera comme
actos de l'Etat contraires au droit des gens que ceux accomplis par des
individus ayant pouvoir do les accomplir en conformité du droit interne.
Cette idée est suivio par Kelson {Unrecht, p. fiOO et suiv.), là où il dit, que
l'ordre international ne peut imputer comme tort à l'Etat qu'un acte qui,
par le droit interne, soit rapporté à l'Etat commo exécution d'une obliga-
tion 011 comme oxercico d'un droit.
3. Cela en s'appuyant sur la distinction établie par Oppenheim (Interna-
tional Law, I, p. 280 et suiv.) ontre original et vicarious lìesponsibilitu, cette
dernière étant, Buivant l'autour, la responsabilité de l'Etat pour les actes
tant des particuliers que des organes incompétents.
Suivant Jess (Politische Handlungen Privater gegen das Ausland und das
Völkerrecht, Tircslau, 1023, p. 12), 1'artion et la volonte des orpanes incom-
pétents suivant lo droit étatique seraient en réalité l'action et la vo'onté
de simples particuliers, par lesquelles l'Etat encourrait une responsabilité
pour fait d'autrui, justifiée par la considération que le droit international,
ne pouvant pas imputer ft l'Etat un tort, pourrait au contraire lui en impu-
ter los conséquences.
(57) ÉLÉMENTS SUBJECTIFS 47'
ferait aux Etats les faits illicites des organes ayant agi
concrètement comme tels 1 , bien qu'ils aient agi hors des
limites de leur compétence, et même, arrive-t-on à dire, si
on réalité ils ne possédaient pas la qualité dans laquelle ils
ont agi. On parle aussi, à ce propos, d'une pratique des
Etats illogique mais équitable — ce sont les propres termes
do Jess —, et de cette pratique on donne des exemples
nombreux.
Or, la coutume internationale sur ce point est certes sûre
et non équivoque; mais elle n'est pas du tout illogique, pas
plus qu'elle ne forme une sorte d'exception à une règle con-
traire, exception inspirée par des exigences pratiques 2 ; c'est
plutôt la théorie qui sonne faux. L'erreur de toute cette döc-
trin« est de croire que, selon la règle, l'ordre juridique inter-
national ne pourrait imputer un fait illicite à l'Etat-sujet du
droit international que si le fait matériel ainsi qualifié est
en même temps imputé directement comme fait juridique
licite et valable à l'Etat-sujet du droit interne par l'ordre
juridique interne. Les conséquences d'ordre pratique sont,
en effet, très peu différentes, que l'on considère — à tort —
que l'imputation d'un fait juridique à l'Etat doit être effec-
tuée toujours et exclusivement par le droit étatique, ou que
l'on affirme au contraire — et justement — que, dans l'or-
dre international, elle doit être nécessairement l'effet de
règles internationales, dès lors qu'ensuite on limite la liberté
d'appréciation de ces dernières par un renvoi au droit
interne, qui subordonnerait en quelque sorte l'imputation
internationale à une imputation interne. On oublie par là ce
que l'on a déjà essayé de mettre en lumière, à savoir que
t. Sur la distinction entre les cas on l'individu apparaît comme tel et le»
cas ou il apparaît comme organe do l'Etat, v. les considérations de Monaco,
Lo responsabilità internazionale, p. 24 et suiv.
+74 A. AGO. — DÉLIT INTERNATIONAL (Go)
o
lious sommes partis : I qu'un Etat-sujet du droit interna-
tional no peut agir matériellement dans l'ordre juridique
international autrement qu'au moyen de ses onianes; 2" que
l'Etat seul peut déterminer son organisation intérieure cl;
indiquer quels sont ses organes, de sorte que le droit inter-
national ne peut se rapporter qu'à la conduite de ces der-
niers comme points matériels de repère pour imputer à,
l'Etat un fait illicite international. Les individus, les simples
particuliers n'ayant donc pas cette qualité d'organe attri-
buée par l'Etat et présupposée par le droit des gons, il est
manifeste qu'une activité purement individuelle, tout comme
une activité d'un organo ayant agi exclusivement dans sa
qualité personnelle, ne peut pas former la condition requise
pour l'attribution à l'Etat d'un fait illicite international.
Et si l'on ne peut pas parler d'une imputation à l'Etat de
¡'action d'un particulier comme délit international, on ne
peut de môme parler d'une imputation à l'Etat des simples
conséquences du fait illicito, tandis que lo sujet du fait
illicite international devrait être le particulier lui-même 4 .
Cela, du moins, tant que l'on accepte le principo quo les
simples individus' ne sont pas des sujets du droit des gens,
ot n'ont, par conséquent, aucune capacité au délit inter :
national.
De môme il ne paraît pas qu'il y ait lieu de s'attarder à
critiquer, à ce propos, la vieille doctrine, déjà suffisamment
attaquée, de la complicité ou coparticipation do l'Etat pour
palienlia et receptas comme fondement de la prétendue res-
ponsabilité de l'Etat pour faits des particuliers?. L'individu
ot l'Etat sont deux entités tellement différentes qu'une com-
plicité entre les deux no peut pas être affirmée dans les
simples hypothèses d'une prévention manqueo, ou, à plus
forte raison, d'une punition manquee, mais seulement dans
l'hypothèse extremo d'une véritable instigation de l'individu
à l'action. Le mérite revient à la doctrine la plus autorisée,
l. Cette conclusion doit valoir, suivant son auteur, même pour les cas de
responsabilité dite à raison des actes des particuliers. On a déià noté que
o'eat le mérite d'Anzilotti d'avoir démontré que cette responsabilité est tou-
jours exclusivement une responsabilité du fait des organes, car elle résulte
uniquoment de la violation par ces derniers d'une obligation internationale
incombant directement à l'Etat : l'obligation de ne pas tolérer le fait du par-
ticulier, et de le punir s'il s'est produit. Or cette obligation, suivant Anzi-
lotti, ne consisterait pas dans un devoir, inconcevable, d'empêcher absolu-
ment la lésion de la part d'un de ces sujets, mais seulement dans le devoir
d'observer, par rapport à un fait, une attitude déterminée do prévention
ot de répression. Si le fait se produit quoique cette attitude ait été obser-
vée, la responsabilité internationale ne surgira pas, non pas parce qu'il
n'y aurait pas de faute de la part de l'Etat, mais parco, qu'il n'y aurait
pas de violation de l'obligation internationale. Même dans ce domaine,
où la doctrine de la fauto s'était affirmée le plus traditionnellement, elle
ne serait que l'effet d'une analogie simple et commode, mais à repousser
d'un point de vne rigoureux. Ce point de vue a été maintenu par l'auteur
mime dans ses onvrages plus récents : v. Corso, p. 131 et suiv.
II. — 1939. 31
4 8a R. AGO. — DÉLIT INTERNATIONAL • (68)
4. V. Heilbora, System des Volk erre cht s, Berlin, 1896, p. 407; Deliktsschuld
und Erfolpshaftnng im Völkerrecht, Zeitschrift /. Sff. Recht, 1028, p. 4 et
Suiv.; Hatschek, Völkerrecht, Leipzig, 1923, p. 388 et BUÍT.; Lauterpaeht,
Private Law Sources and Analogies 0/ International Law, Londres, 1927,
p. 14.1 Ce dernier auteur paraît mettre en lumière- un moment essentiel de
la critique de la théorie objective lorsqu'il dit (p. 139 et sniv.) qu'un organe
peut être en faute selon le droit international, même s'il ne l'est pas enivant
le droit étatique; mais cette observation n'est pas développée.
8. V. Annuaire de l'Institut, 1927, 33, I, p. 468 ot suiv., 470 et suiv.
484 R. AGO. — DELIT INTERNATIONAL (70)
t. V., pour toute cette question, dans la doctrine française : Ortolan, Elé-
ments de droit pénal, I, Paris, 18.15, p. 311 et suiv.; Roux, Cour« de droit
criminel français, 2° éd., T, Paris, 1927, I, Paris, p. 132 et suiv.; Garraud,
Précis de droit criminel, ¡i» éd., Paris, 1934, p. 100 et suiv.; — dans l'ita-
lienne : Manzini, Trattato di diritto penale italiano, Turin, 1933, I, p. 870 et
suiv.; Leone, Reato abituale, continuato e permanente, Naples, 1933, p. 388
et suiv.; — dans l'allemande : Liszt, Traité de droit pénal allemand, trad,
fr.. Paris, 1911, I, p 202; Wachenfeld, Strafrecht, Leipzig, 1904, Il Bd, p. 2S9;
Mezner, Stralrecht. p. 177: — dans l'anglaise : Salmond, The Law of Torts,
7* éd., Londres, 1928, p. 341.
520 R. AGO. — DÉLIT INTERNATIONAL (106)
pacht, Londrca, lOM, p. 114 et suiv.) : « Reprisais are auch ¡murions and
otherwise internationally illegal acts of one State against another as are
oxceptionnalv permitted for the pnrnose of compelling the latter to consent
to a satisfactory settlement of a differpnee created bv its own international
delinquency »: et mieux encore par Ptrnpp (linn \yollierr. Delilrt, p. 1W et
sniv., 108 et suiv.), suivant lequel il faut entendre par représailles tout acto
de l'Etat lésé dirigé intentionnellement contre l'Ftnt auteur d'un fait ¡"icite,
après sommation demeurée vaine, et suspendant temporairement (insqu'a ce
que le résultat poursuivi par lea repré q ailles soit obtenu) une disposition
quelconque du droit des gens, soit coiitnmier, soit conventionnel. V. aussi
Panchine. Trnit.fi.. T, 3« part., p. fif?0 et sniv.; de Visscher, La responsabilité,
p. 100: Vcrdrnss, Ttïnlcs qfnfi.rah« de la paix, p. 401 et suiv., etc. En parti-
culier, liallndore-Pallieri (Bt'u. intern, pubblico, p. 342) a observé que les
représnilles sont une fin par elles-mêmes Sur lo caractère « strafrechtlich »
des représailles, v. Kelsen, Unrecht, p. ÎÎ71 et suiv.
Naturellement, l'idée quo noua avons avancée présuppose que l'exercice
des représnilles est nécessairement subordonné a l'existence d'un fait illicite
international, comme c'est l'opinion do la maiorité de la doctrine. On ne
saurait donc la concilier avec l'idée d'Anzilotti (Corso, 1915, IH, p. 1RS et
suiv.), (jiii fait des représailles un type de ces moyens coercitifs différents de
la guerre, qu'il croit liciten même pour la sauvegarde d'un simple intérêt,
et non aeulrmcnt en conséquence d'un tort snhi. Contra, v. Cnvaglieri. Note
critiche sulla teoria dei mezzi coercitivi all'infuori della guerra, fìiv. di dir.
intcrnaz., 101K, p. 330 et auiv.
1. L'oxpression « retaliation n est d'ailleurs employée souvent par les
auteurs anplo-saxona pour caractériser les représailles, et on la rencontre
aussi dans la pratique anglaise. V. Oppenheim. International Law, II, p. 11K
»t suiv.; Stowell, International Laxo, Londres, 1031. p. 477 et suir.
(usi ESPÈCES DIFFÉRENTES 5*9
(avec quelques limitations); Dricrly, The Law 0/ Nations, 2" éd., Oxford, 1936,
p. 288, etc. Pour le mémo cas, voir la Déclaration des droits et des devoirs
des nations adoptée en 1910 par l'Institut américain de Droit international,
et la déclaration proposée par M. de Lapradelle à la session de 4981 de
l'Institut do Droit international (annuaire, 1921, p. 207).
1. V. Anzilotti, Corso, 1912, I, p. 2S6 et suiv., 4SI et euiv.; Schoon,
Die völkcrr. Haftung, p. 107 et suiv.; Liszt, Das Völkerrecht, p. 28i>
et suiv.; Strupp, Das völkcrr. Delik, p. 122 et suiv.; Notstand im Völker-
recht, Wörterbuch des Völkcrr. u. d. Diplomatie, II. p. Iü2 et suiv.; Ballatlorc-
Pallieri, Diritto internazionale, p. 338.
2. V. Kelsen, Unrecht, p. 564 et suiv.
3. V., à ce propos, les critiques de de Visscher, La responsabilité, p. i l l ;
et de Cavaglieli, Lo stalo di necessità, p. 13 et suiv. de l'extr. L'idée que la
justification de l'acte nécessité doive être déduite d'un prétendu droit des
TCtats à leur existence et à leur intégrité a été invoquée de nouveau par
M. Vitta, La necessità nel diritto internazionale, extr. de la Rivista ital. pei-
le scienze giuridiche, 1936, p. 22 et suiv.
4. C'est l'idée d'Anzilotti, Corso, 1912, p. 2S6 et 486.
ti. Anzilotti, Corso, p. 486.
(lag) CIRCONSTANCES EXCLUANT L'ILLICÊITÊ 543
II. - 11139.
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4. — Littérature anglo-américaine.
5. — Autres littératures.
AcciOLT. — Tratado de Direito Internacional Publico, I, Rio-de-Janeiro, 1933.
ALVAREZ. — Exposé des motifs et déclaration des grands principes du droit
international moderne (approuvée par l'Académie diplomatique interna-
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AIUTO. — Die völkerrechtliche Haftung, Schriften des Inst. f. Int. Recht a. d.
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BURCKHARDT. — Die völkerrechtliche Verantwortlichkeit der Staaten, Berne,
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BOSTAMANTB (DE). — Droit international public, tr. Goulé, II, Paris, 1936.
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RUKGCBB. — Die völkerrechtliche Verantwortlichkeit des Staates für die auf
seinen Gebiete begangenen Verbrechen, Zürich, 1924.
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Revue de dr. intern, et de sciences diplomatiques, 1929.
TRNBXIDBS. — L'épuisement des voies de recours internes comme condition
préalable de l'instance internationale, Revue de dr. int. et de lég. comp.,
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WITBHBBRO. — La recevabilité des réclamations devant les juridictions inter-
nationales, Recueil des Cours de l'Académie de Droit international de
La Baye, 1932-DX
Société des Nations. — Conférence pour la Codification du droit internatio-
nal. Bases de discussions, t. III; Responsabilité det Etats «n et qui
concerne let dommages causés sur leur territoire à la personne ou aux
biens det étrangers, 1929.
TABLE DES MATIÈRES
INTRODUCTION
Caractère des ouvrages doctrinaux consacrés & la responsabilité
internationale des Etats. Nécessité d'une étude systématique de
la notion de délit international, considérée dans tous ses éléments
intrinsèques et sous tous ses aspects. Plan' du cours.
CHAPITRE I. — La notion de délit international
1. Nécessité d'une détermination préliminaire de la notion du
délit dans le domaine de la théorie générale du droit. Le délit
comme fait juridique. Relativité de la qualification juridique d'un
fait comme illicite. Notion préliminaire du délit comme fait auquel
l'ordro juridique attribue la valeur de fait produisant une obliga-
tion de réparer ou bien légitimant l'application d'une sanction.
S. Portée de la notion établie. Réparation et sanction.
3. Détermination, sur la base de la notion établie, de la place
dn délit dans une classification des faits juridiques basée sur le
critère de l'effet attribué par le droit aux faits différents qu'il
prend on considération. Le délit comme fait de relation inter-
subjective et plus particulièrement comme fait de légitimation
subjective.
4. Insuffisance de la notion établie et nécessité d'une notion ulté-
rieure du délit fondée sur les éléments que l'espèce doit présenter
pour qu'il y ait lieu à une qualification d'illicite. Le délit comme
violation d'une obligation juridique de la part d'un sujet.
8. Détermination, sur la base de cette nouvelle notion, de la place
du délit au sein d'une classification des faits juridiques fondée
sur le critère des éléments dont le droit exige la présence dana
l'espèce pour en donner une qualification déterminée. Le délit
comme fait juridique subjectif.
CHAPITRE il. — Les éléments constitutifs du délit international. Elé-
ment objectif
1. L'élément objectif du délit international considéré comme rési-
dant dans une conduite qui contraste avec une obligation inter-
nationale de l'Etat. Caractère erroné de toute autre représentation
de cet élément. Distinction dès faits illicites internationaux d'avee
les faits juridiquement nuls. Inexistence de délits internationaux
ne comportant pas violation d'une obligation juridique internatio-
nale. Nécessité de maintenir une distinction entre la règle qui éta-
blit l'obligation et la règle qui attache une responsabilité & la
violation d'une telle obligation. Différents aspects de la conduite
formant l'élément objectif d'un tort international. Cas où la
conduite fournit à elle seule la base d'un délit international, et
cas où un événement extérieur est en outre requise Importance
de la deuxième catégorie d'hypothèses en droit international.
ss* R. AGO. — DÉLIT INTERNATIONAL
CHAPITRE III. — Le« éléments constitutifs du délit international.
Elément subjectif
1. Nécessité d'imputer comme fait illicite a un sujet du droit des
gens la conduite contrastant avec une obligation internationale.
De cette imputation comme lien juridique. Conditions auxquelles
elle est subordonnée.
ï. o) PRÈSESCB D'ITO SUJET CAPABLE. — La capacité au délit inter-
national par rapport à la personnalité juridique et à la capacité
d'agir internationales. Exemples de sujets internationaux dépour-
vus de la capacité d'agir. Inexistence de sujets totalement dépour-
vus de la capacité an délit. Distinction entre l'imputation du tort
et l'imputation de la responsabilité. Exclusion d'une incapacité
au délit dans les cas de responsabilité indirecte. Hypothèse d'une
limitation de la capacité au délit international.
3. b) ACTION OU OMISSION D'UN ORGANE DU SUJET CAPADLE. — L'impu-
tabilité d'un tort a un snjet-personne juridique. Pleino possibilité
de l'imputation d'un fait illicite international a un Etat et
compétence exclusive de l'ordre juridique international pour effec-
tuer une telle imputation.
Condition de l'imputation : la conduite contrastant avec une
obligation juridique internationale doit émaner d'un organe de
l'Etat. Détermination de la qualité d'organe. L'ordre juridique
international présuppose l'attribution de la qualité d'organe à
certaines personnes physiques par lo droit étatique. Valeur de
simple donnée de fait possédée par la qualité interne d'un organe
pour le droit international qui la présuppose. Erreurs de la doc-
trine en cette matière.
Questions relatives & la détermination des conduites imputa-
bles à l'Etat : o) Problème des organes pouvant tenir une con-
duite susceptible d'être imputée à l'Etat comme fait illicite inter-
national. Caractère des recherches doctrinales en ce domaine. Tout
organe de l'Etat, s'il a la possibilité matérielle de tenir une con-
duite contrastant avec une obligation internationale, peut donner
lieu à un fait illicite international de la part de l'Etat auquel il
appartient, b) Problème de la détermination des conduites d'un
organe qui peuvent être imputées a l'Etat comme délits interna-
tionaux. Question des organes ayant agi hors des limites de leur
compétence : son inconsistance.
Problème de prétendue responsabilité do l'Etat à raison d'ac-
tions individuelles. Le fait illicite international est constitué, en
pareille hypothèse, par la violation, de la part des organes (In
l'Etat, de l'obligation de protéger les Etats étrangers et leurs
ressortissants contre les dommages causés par des particuliers.
Place occupée par l'action du particulier dans la détermination
de l'espèce du délit. Les délits internationaux comme délits
d'événement en cette matière.
4. c) FAUTE DE L'ORGANE AYANT SUIVI LA CONDUITE INCRIMINÉE. — Le
problème de la faute. Evolution de la doctrine à son égard. La
théorie classique faisant de la faute le fondement de la respon-
sabilité. La théorie objective et son importance dans les déve-
loppements successifs de la doctrine. Les théories intermédiaires
et leurs différentes positions.
Nécessité de réexaminer le problème et d'en reviser les pré-
misses. Détermination préliminaire de la notion de la faute ¡ato
(i39) TABLE DES MATIÈRES
sensu comme constituée par une relation psychologique entre le
fait de l'infraction d'une .obligation juridique internationale et
l'auteur de cette; infraction. Discrimination du moment logique
où le problème de la faute doit ótre posé. Le problème est d'établir
si la faute est en droit international nécessaire pour permettre
d'imputer un tort à un sujet.
Critique de la théorie objective et de ses fondements logiques.
Absence de raisons théoriques interdisant a priori de tenir la
faute pour une condition de l'imputation d'un tort international
à un Etat. Nécessité de rechercher la solution du problème dans
Io seul droit international positif.
Examen de la pratique internationale et détermination du
principe général qui fait de la faute lato sensu une condition
nécessaire de l'imputation du tort en droit des gens, aussi bien
dans le domaine des infractions à l'obligation do garantir les
Etats étrangers et leurs ressortissants contre les dommages
canses par des particuliers, que dans le domaine des infractions
à toute autre obligation juridique internationale. Problème du
degré de la faute.
CHAPITRE IV. — Les différentes espèces de délit international
1. De la distinction possible de diverses espèces de délits inter-
nationaux. Valeur et fondements d'une telle différenciation. Dis-
tinctions basées sur les caractéristiques différentes que peut pré-
senter l'élément objectif du délit-: a Délits internationaux de pure
conduite et délits internationaux d'événement. Aspect juridique
de la distinction.
2. 6) Délits internationaux d'action et délits internationaux
d'omission. Raison juridique de la distinction et valeur qu'ello
prend : quant à la détermination du lien de causalité dans les
délits d'omission qui sont en même temps des délits d'événement;
et quant aux caractères que revêt, par rapport aux deux espèces
de délits, l'obligation subséquente do rétablir la situation qui
aurait existé si le délit ne s'était pas produit.
3. e) Délits internationaux simples et délits internationaux com-
plexée. Fondement de cette distinction dans la nature différente
des obligations internationales de l'Etat. Obligations consistant a
obtenir un résultat déterminé par ICB moyens jugés les plus oppor-
tuns. Différentes possibilités do réaliser infraction à do telles
obligations : cas où une conduite unique contraire a la réalisa-
tion du but visé par l'obligation est déjà en elle-même une infrac-
tion définitive à cette obligation; et cas où une telle conduite ne
suffit pas à entraîner infraction, étant donné la possibilité ulté-
rieure de réaliser par l'activité d'autres organes le but à atteindre.
Réalisation de l'infraction, en de tels cas, par un ensemble de com-
duites émanant d'organes différents. Notion du délit complexe,
son importance pour l'explication du sens de la règle de l'épui-
Bement des voies de recours internes, et pour la determination
du tempus commissi delicti. Importance do cette détermination
dans le droit international.
*. d) Délits internationaux instantanés et délits internationaux
continus. Raison juridique de la distinction représentée par la
coïncidence ou par la séparation dans le temps du commencement
et de l'épuisement du délit. Conséquences.
ÍS* A. AGO. — DÉLIT INTERNATIONAL (140)
5. Possibilité d'envisager un type de délit international com-
posé. Caractères et distinction par rapport au délit continu et an
délit complexé. Absence en droit international de toute forme de
participation ou de provocation au délit.
6. Distinctions s'appuyant sur le caractère variable de l'effet
juridique rattaché au délit. De la possibilité de distinguer entre
délit international civil et délit international pénal. Critique, de
certaines positions doctrinales en la matière. L'obligation de répa-
rer et la faculté de sanction également connues par le droit
international. Les représailles comme forme typique de sanction
internationale. Leur caractère pénal. Difficulté qui paraît toutefois
subsister, en ligne générale, d'individualiser un type de délits
internationaux auxquels ou l'obligation de réparer ou la faculté
de sanction soient rattachées è titre exclusif. Difficulté subsé-
quente d'établir la distinction recherchée.
CHAPITRE V. — Les circonstances excluant l'illicéité 838
1. Notion de circonstances excluant l'illicéité. Erreur do l'opi-
nion parlant à cet égard d'une exclusion de la responsabilité
par rapport a des faits objectivement illicites.
2. Le consentement du lésé. Sa valeur comme excuse en droit
international. Conditions. Consentement exprimé et consentement
tacite. Problème do la valeur d'un consentement présumé.
3. Exercice légitime d'une sanction contre un fait illicite inter-
national. Raison juridique de la licéité des représailles, et deB
autres formes de sanction établies .par le droit international parti-
culier.
4. La légitime défense. Exclusion d'une possibilité d'appliquer
le principe en droit international général. Valeur du principe
dans le droit particulier.
B. L'état do nécessité. De sa valeur comme excuse en droit
international. Critique de certaines attitudes doctrinales en la
matière. Conclusion favorable à l'admission du principe en droit
international dans des limites rigoureuses.
BlIiUOGfíAPBIE OM